Open menu

 saison 1 saison 3

Sherlock Holmes (1984-1994)

SAISON 2 (1986/1988)

 


1. LA MAISON VIDE
(THE EMPTY HOUSE)

Trois ans après sa 'mort', Sherlock Holmes rend visite à Watson sous un déguisement. Il lui conte sa fuite à travers les continents pour échapper à un agent de Moriarty. Holmes et Watson tendent un piège à l'individu dans une maison vide juste face au 221b Baker Street.

Le changement de Watson passe pratiquement inaperçu ! Burke ou Hardwicke ? Je les trouve tous les deux très bien. Cet épisode met un peu de temps à démarrer. La scène au tribunal est trop longue et bien ennuyeuse. En fait, la seconde partie, les retrouvailles et le récit de Holmes, marque vraiment le début de l'épisode (mais il faut que cela fasse 50 minutes au total !). Trois ans d'attente pour Watson et la réplique qui fait mouche : "Watson, do you mind if I smoke a cigarette in your consulting room ?". Super ! Mimique exagérée de Holmes lorsque Watson lui confirme qu'il viendra avec lui le soir.

J'aime bien également la dernière partie, l'attente dans la maison vide, scène malheureusement gâchée par la bagarre guignolesque entre Holmes et Moran. L'inspecteur Lestrade est de nouveau là, présence sympathique ainsi que celle de Patrick Allen en Colonel Moran.

Jeremy Brett, qui venait de perdre sa femme juste avant le tournage de la seconde saison, met son expérience personnelle pour tourner un Holmes plus sombre. Le ‘hiatus’ fut aussi le meilleur moment pour le changement de Watson, devenu médecin légiste après la disparition de son ami. Hardwicke, à l’aspect plus âgé, incarne parfaitement le changement survenu pendant ces trois années avec l’interprétation d’un docteur nostalgique et vivant dans le souvenir.

o L’épisode est basé sur l’histoire de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Empty House, qui fut publiée dans le magazine Collier's en septembre 1903.

o Cet épisode est le quatrième en ordre de production de la seconde saison, mais il fut, naturellement, le premier diffusé en Grande-Bretagne le 9 juillet 1986. Cela devait permettre aux acteurs de mieux se connaître pour tourner cette aventure charnière. En France, il fut diffusé dans l’ordre de production – ce qui est assez incohérent – le 16  avril 1989 sur FR3.

o La période entre 1891 et 1894, pendant laquelle Holmes se fait passer pour mort, est appelée le Grand Hiatus.

o Lors du tournage du Dernier problème, l'équipe avait filmé des plans supplémentaires pouvant servir à l'épisode La maison vide. Par contre, toutes les séquences de Watson/Edward Hardwicke découvrant la disparition de son ami ont été tournées en 1985, dans le nord du Pays de Galles.

o Dans toutes les scènes tournées à Reichenbach, Jeremy Brett portait ses bottines favorites, les mêmes depuis le début de la série et qui présentaient de sérieux signes d'usure. Il refusait de s'en séparer et elles étaient tellement endommagées que son assurance ne prit pas en charge les risques encourus au bord des chutes…

o Patrick Allen avait également joué un rôle de salopard dans Le jeu s'arrête au 13 des Avengers 20 ans plus tôt. Décédé en 2006, il était la voix du gouvernement britannique dans les années 70 pour la série Protect and Survive (ou que faire en cas d'attaque nucléaire !).

o La toute dernière scène (lorsque Holmes et Watson trinquent) n'est pas remasterisée (différence incroyable).

o À noter que sur ce coffret DVD, les épisodes sont divisés en cinq chapitres - alors qu'ils l'étaient en dix ou onze avec titres sur le premier coffret ! Économie oblige ?

Retour à l'index


2. LE MANOIR DE L'ABBAYE
(THE ABBEY GRANGE)

Sir Brackenstall a été sauvagement assassiné à Abbey Grange dans le Kent, victime a priori d'un cambriolage qui a mal tourné. Trois verres de porto vont persuader Holmes que la femme du défunt ne dit pas la vérité.

J’ai beaucoup mieux apprécié cet épisode à la revoyure que lors de l’édition de la fiche ; c’est d’ailleurs, le premier que je réévalue (juillet 2015). Après un bon début – le cortège de police du Kent s'avançant dans la brume, Holmes réveillant Watson en deux temps –, certains faits sont par la suite tirés par les cheveux comme les découvertes de la pierre tombale du chien et de la quincaillerie dans le lac.

Néanmoins, l’évolution de l’intrigue, le jeu des acteurs et la réalisation à la photographie exceptionnelle compensent largement. À part le combat excessivement violent et réaliste entre Brackenstall et Crocker, le récit est lent et joue sur une atmosphère particulièrement mystérieuse et dramatique. Pourquoi la jolie lady au visage tuméfié ment-elle lorsqu’elle déclare avoir vu un trio de malfaiteurs envahir la demeure et tuer son mari ?

Les acteurs sont tous très bien choisis – en une seule scène, Conrad Phillips transmet la violence bestiale de Sir Eustace - et les magnifiques scènes en extérieur enchantent le téléspectateur (l'arrivée de Holmes et Watson dans le parc est superbe). La vue du mort, sauvagement défiguré, souligne l’atrocité de l’acte et fait contrepoids avec la beauté de Lady Brackenstall, une sérieuse candidate au titre de Miss de la série,  juste derrière Miss Violet. A ce propos, lorsque la lady saute au cou de Holmes, la réaction du détective laisse songeur….L’exposition du lord massacré au tisonnier et la relaxe de l’assassin mettent en évidence la personnalité sauvage et inhumaine de Brackenstall et le détective juge qu’il a subi un sort mérité.

Une romance est au cœur de cette intrigue qui a failli tenir en échec Holmes : un parfait subterfuge, les mensonges étudiés d’une lady maltraitée, une nourrice dévouée et complice, si ce n’est pour un verre de porto….

o Cet épisode – le premier tourné de la seconde saison - est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Abbey Grange, qui fut publiée dans le Strand en septembre 1904.

o Cet épisode fut diffusé le 26 mars 1989 sur FR3, avant The Empty House, ce qui est une grosse erreur de programmation.

o Le manoir de l'abbaye a nécessité l'utilisation de trois demeures différentes aux alentours de Manchester : Adlington Hall pour les extérieurs (comme l’épisode The Speckled Band), Dunham Massey Hall pour l’intérieur (salle à manger, cour) et Tabley House à Knutsford dans le Cheshire.

o Anne-Louise Lambert interprète une Australienne, ce qu'elle est réellement ! Elle a vécu quelques années (dans les années 80) en Angleterre mais elle est retournée en Australie.

o Le lac n’était pas gelé au moment du tournage et le trou dans la glace de la nouvelle devient une bûche flottante dans l’épisode.

o La production a utilisé l’édition US des textes de Doyle et Crocker est prononcé à l’américaine (comme dans Kojak !).

Retour à l'index


3. LE RITUEL DES MUSGRAVE
(THE MUSGRAVE RITUAL)

Alors qu'ils passent un week-end à la campagne chez un ami, les disparitions du maître d'hôtel et d'une femme de chambre vont amener Holmes et Watson à s'intéresser au Rituel des Musgrave, une relique familiale.

Tourné dans de très beaux extérieurs, The Musgrave Ritual est une tragédie saisissante et palpitante d'un bout à l'autre. Les premières images sont énigmatiques, mais tous les détails auront a posteriori leur importance dans le récit. Sherlock Holmes apparaît enrhumé et sarcastique envers Watson, alors qu’ils sont en route répondant à l’invitation d’un ancien camarade de collège du détective, qui vit dans un somptueux manoir du Sussex. La séquence suivante expose les effets de la piquouze et la réaction de Holmes à l'évocation des origines du piccolo est cocasse et son rire nerveux communicatif.

La disparition soudaine de Brunton, le butler, puis celle de Rachel, une servante à qui il avait fait la cour, intrigue Reginald Musgrave, le maitre des lieux, et permet à Holmes de se lancer dans la résolution du mystère d’un document familial vieux de plusieurs siècles, qui est constitué d’une série de questions et de réponses censée situer un endroit précis de la propriété.

Le temps fort est la piste suivant les étapes du Rituel, qui se révèle être une chasse au trésor. C'est Watson qui trouve le dernier maillon (« And so under ») ! Une musique agréable au clavecin accompagne l'épisode et la réplique du détective à l'évocation du célibat de Musgrave est en accord avec le personnage (« How wise ! »). C’est le premier épisode qui dépeint Holmes en proie à son mal-être, mais le personnage était de plus en plus marqué par l’évolution du caractère de Jeremy Brett. C’est pour cela qu’Holmes se balade continuellement avec sa couverture, mais il est majestueux sur la barque tel Napoléon.

La triste fin de Brunton nous rappelle Poe, mais il a néanmoins marqué l'épisode, car il est le protagoniste le plus en vue de cette aventure : un majordome coureur de jupons distingué, intelligent et cultivé, qui avait percé le mystère que les ancêtres de son maitre n’avaient pu résoudre. En déchiffrant à son tour l’énigme fascinante, Holmes retrouve le malheureux Brunton – excellent James Hazeldine - et reconstitue son atroce agonie. Finalement, le détective découvre que les fragments de métal, dont l’importance avait échappé au couple diabolique, constituent la couronne brisée des Stuart.

La course nocturne de la foldingue Rachel avec son baluchon fait froid dans le dos, tout comme les dernières images terrifiantes, qui concluent d’une façon adéquate une aventure qui manie avec excellence l’humour, le mystère et le dramatique.

o Jeremy Paul remporta pour le script  l'Award Edgar Allan Poe du meilleur épisode TV en 1988.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Musgrave Ritual, publiée dans le Strand en mai 1893.

o L’épisode fut diffusé en France le 2 avril 1989 sur FR3.

o La demeure est Baddesley Clinton, un manoir médiéval dans le Warwickshire.

o Dans la nouvelle, Holmes raconte cette histoire à Watson alors qu’il fait l’inventaire de ses premières affaires découvertes dans une malle, qui se sont déroulées bien avant sa rencontre avec le docteur. Elle se passe une vingtaine d’années auparavant et c’est la troisième affaire du détective. Dans l’épisode, elle se situe au présent et Watson accompagne Holmes. Au début, le détective évoque de vieilles affaires inconnues dans une malle qu’il a emportée et c’est évidemment un clin d’œil aux circonstances de la nouvelle de Doyle. Les producteurs ont rendu justice au Maitre en modifiant l’histoire. Il en est de même pour la fin, car Doyle ne précise pas ce qui est advenu de Rachel.

o Le scénariste a remplacé la hauteur du chêne –une incohérence de la nouvelle – par une girouette perchée sur le bâtiment.

Retour à l'index


4. LA DEUXIÈME TACHE
(THE SECOND STAIN)

Le Premier Ministre demande à Holmes de retrouver une lettre d'État qui a disparu mystérieusement de la valise d’un haut responsable politique. Son contenu confidentiel peut entrainer l’Angleterre dans une guerre imminente. Une tache de sang sur le plancher d'un espion assassiné va orienter le détective sur la piste d'un chantage.

Encore un très bon épisode au scénario bien construit. Après un premier quart d’heure bavard et un brin laborieux (sauf lorsque Watson retire la tasse à Holmes à l'arrivée du Premier Ministre), l'histoire s'emballe avantageusement avec de nombreuses petites scènes attachantes. Le détective restreint sa liste de suspects à trois et l’assassinat de Lucas simplifie ses investigations. Il lui faut néanmoins découvrir la raison pour laquelle la lettre ne refait pas surface et le rôle de l’intrigante Lady Hope. Le vol du document et le meurtre ne peuvent être une coïncidence pour le détective, qui doit faire preuve de patience.  

Jeremy Brett personnifie à la perfection le célèbre détective passant de la perplexité à la joie. “Who shifted the carpet and why?” réveille tous ses sens. J'aime beaucoup lorsqu'il se jette sur le parquet à la recherche de la cachette et son grognement: ‘Empty!' Du grand Brett dans cette scène clé et culte.

D’autres passages cocasses agrémentent l’aventure : lorsque le détective met le feu par inadvertance aux journaux et qu’il s'impatiente chez Lady Hope. La réplique au docteur au sujet de cette ravissante femme est savoureuse : 'The fair sex is your department, Watson !'. Sherlock Holmes et le carillon de Big Ben, Holmes et Watson quittant l'appartement de Lucas et se rendant chez la Lady sont des scènes londoniennes bien filmées, qui donnent un cachet particulier à cet épisode. Sans oublier l'excellente musique tout au long de cet opus. Enfin, un peu de français en VO mais pas du plus flatteur (pute). Comme toujours, l’interprétation est magistrale – on retiendra ici Harry Andrews, le Premier Ministre, et Patricia Hodge en Lady Hope -, et les décors et l’éclairage recréent admirablement l’époque.

Un bon divertissement avec Holmes/ Brett en pleine forme, souligné par la dernière image qui sert de générique de fin, dans une histoire de chantage au document mieux fournie que celle du Scandale en Bohême.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Second Stain, publiée dans le Strand en décembre 1904. A cette occasion, Sydney Paget illustra le Premier Ministre sous les traits de Gladstone, Premier Ministre de Sa Majesté à plusieurs reprises.

o Cet épisode fut diffusé le 9 avril 1989 sur FR3.

o Le chantage, très présent à l'époque victorienne, est un des thèmes récurrents de l'œuvre de Conan Doyle. Ici, on part d’une affaire politique confidentielle, où le sort de l’Angleterre est en jeu, pour aboutir en définitive à sauver l’honneur d’une Lady dans une simple histoire de correspondance privée dérobée, ce qui, alors, était considéré comme un fléau social.

o C'est le seul épisode à avoir été tourné à Londres, sauf bien entendu, au 10 Downing Street (première scène).

o Granada voulait coller au récit de Conan Doyle et au début de cette nouvelle, Watson rend visite à Sherlock Holmes qui se consacre désormais à l'apiculture. Bien que tournée, la scène fut, malheureusement, coupée au montage. Il n’en reste que quelques photographies.

o La scène finale est une idée de Jeremy Brett et celle du journal qui s’enflamme du réalisateur John Bruce.

o Watson laisse tomber son journal dans la rue, erreur ou scène voulue ?

o Yves Beneyton (1946), Eduardo Lucas, a joué dans de nombreux films et séries dont Les Brigades du Tigre, dans l’épisode Les fantômes de Noël de la sixième saison. Il est le mari d’Elisabeth Margoni.

Retour à l'index


5. L'HOMME À LA LÈVRE TORDUE
(THE MAN WITH THE TWISTED LIP)

Sherlock Holmes enquête sur la mystérieuse disparition d'un journaliste de la City dont le pardessus a été retrouvé dans la Tamise.

Un épisode relativement conforme à la nouvelle, mais ce n'est pas un de mes préférés. Cette aventure nous fait pénétrer dans les quartiers malfamés londoniens pour la première fois de la série : l'opium, la mendicité, la pauvreté ('destitute')...des aspects pas évoqués jusqu'alors. Le passage de Mrs St Clair dans la rue misérable d'Upper Swandam Lane constitue le choc de deux mondes hermétiques.

Les extérieurs sont bien rendus et la double interprétation de Clive Francis représente le clou de l’épisode. Plusieurs séquences intéressantes procurent un bon divertissement, même si la rediffusion estompe bigrement le suspense dans une intrigue comme celle-ci. La façon de réveiller Watson est cocasse avec un catégorique : 'I see you downstairs in five minutes !'. Mais comment ce bon docteur peut-il s'endormir avec Holmes fumant la pipe dans la pièce ?

Neville St Clair, un homme respectable, s’est rendu compte que personnifier un mendiant repoussant et érudit pouvait être fort lucratif mais, lorsque sa femme le découvre par hasard, il préfère organiser sa disparition plutôt que de faire face au déshonneur.  

J’aime particulièrement la scène du début lorsque le docteur arrive dans la brume et inspecte la fumerie d’opium. Holmes est bien déguisé et difficilement reconnaissable (mais par où agrippe-t-il Watson !). Les flashbacks expliquent, entre autres, la présence de Holmes à pareil endroit et, même si on ne connaît pas la nouvelle, la fin peut être anticipée. La scène de l'éponge et le regard épouvanté du 'mendiant' avant la ‘toilette’ est la meilleure de l'épisode, qui reste fortement ancré dans la période victorienne.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Man with the Twisted Lip, publiée dans le Strand en décembre 1891.

o L’épisode fut diffusé le 23 avril 1989 sur FR3.

o L'image du DVD a des problèmes de compression et de grain : regardez, par exemple, lorsque Watson et Holmes se rendent de nuit dans le Kent.  C’est nettement mieux en Blu-ray.

o L’épisode fut tourné à King’s Lynn dans le Norfolk. L’intérieur de la fumerie fut reconstitué en studio.

o The Man with the Twisted Lip pâtit de l’incohérence de la nouvelle. Comment un mendiant peut-il gagner autant d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille richement installée ?

o La scène finale où Boone/ St Clair jette ses vêtements au feu est un ajout des scénaristes.

o Denis Lill interprètera l’inspecteur Bradstreet dans deux autres épisodes : The Bruce-Partington Plans et The Mazarin Stone.

Retour à l'index


6. L'ÉCOLE DU PRIEURÉ
(THE PRIORY SCHOOL)

Le fils d'un duc richissime a disparu d'une école privée renommée. Holmes et Watson devront parcourir la lande pour résoudre ce drame familial.

Une enquête sombre et angoissante au rythme soutenu. Il faut bien deux passages pour comprendre toutes les subtilités (histoires de pneus de vélos et de sabots en particulier) et les modifications apportées à l’œuvre de Doyle ne sont pas dérangeantes. Brièvement résumé, l'adaptation de la nouvelle est grandiose.

Lord Arthur Saltire, le fils de neuf ans du très discret duc de Holdernesse, a été kidnappé alors qu’il était censé se trouver dans sa chambre d’internat. Un professeur d’allemand a également disparu avec sa bicyclette et il se retrouve de facto le principal suspect.

La lande est superbement filmée ainsi que les intérieurs cossus. Holmes et Watson à cheval, le premier nommé plus à l'aise, est un grand moment de cette aventure. Le docteur pense à son ventre avant tout et il permet d'orienter l'enquête là où il faut ! Une histoire triste et un bel aperçu sur l'éducation privée de l'époque. J'ai eu beaucoup de difficultés à reconnaître Christopher Benjamin en sérieux principal Huxtable de l’école du Prieuré, habitué à le voir en excentrique dans trois épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir.

Une excellente photographie, une réalisation maitrisée – l’évocation de l’enfant disparu dans le générique -, un dénouement sordide et une musique étrange rendent cette enquête complexe à l’atmosphère angoissante particulièrement intéressante. La résolution de cette affaire dramatique n’est pas aussi évidente que le sont certaines autres, mais la noirceur des évènements n’empêche pas quelques pointes d’humour comme le repas ‘disgusting’ à l’auberge Champion Jack ! Un des épisodes les plus sombres et réussis de la série.

o C'est l'épisode préféré d’Edward Hardwicke. Il est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Priory School, qui fut publiée dans Collier’s en janvier 1904.

o Cet épisode est la seule adaptation filmée de la nouvelle. Il fut diffusé le 30 avril 1989 sur FR3.

o Le tournage eut lieu sur plusieurs endroits : les extérieurs de la demeure du duc sont ceux du château de Chatsworth dans le Derbyshire. Les intérieurs appartiennent à Lyme Park (Cheshire). L’école a également bénéficié de deux lieux de tournage différents : les intérieurs sont ceux de la bibliothèque de Chetham à Manchester, tandis que le bâtiment  est Haddon Hall (Derbyshire).

o C’est à cette époque du tournage que Jeremy Brett a commencé à montrer des changements de caractère et de comportement, qui furent les premiers signes de sa dépression.

o Le duc est descendant du Hellfire Club (en VO) ; je renvoie, pour plus de détails sur ce club, au sulfureux épisode des Avengers, Le club de l'enfer, longtemps interdit.

o Le chœur de Winchester Abbaye a participé à la bande son de cet épisode sous la musique de Patrick Gowers. 

o Edward Hardwicke est doublé lorsque le cheval de Watson est au galop.

o Toute la séquence finale dans l’obscurité de la  ‘Cathédrale’ présente une image dégradée, y compris sur la version blu-ray.

Retour à l'index


7. LES SIX NAPOLÉONS
(THE SIX NAPOLEONS)

Des petits bustes en plâtre de Napoléon sont détruits chez des particuliers aux quatre coins de Londres. Lorsqu'un meurtre accompagne un de ces méfaits, Holmes se met en quête des effigies intactes du lot.

Excellent épisode. Un des meilleurs de la série. Comme souvent dans l’œuvre de Doyle, le thème de la vengeance est présent, mais il est, cette fois-ci, associé avec l’honneur et, surtout, le grotesque. Qui peut en effet en vouloir à Napoléon au point de massacrer tous ces bustes ? Une 'idée fixe' (en VF dans l'épisode) de fracasser des effigies de l’Empereur... et dire que j'en ai une moi-même sur mon bureau ! La longue séquence pré-titre de six minutes exclusivement en italien est fort mouvementée et apporte une partie de la réponse.

Cette aventure foisonne de moments intéressants, souvent comiques, qui sont de véritables références de la série Granada. On note d’abord une connivence entre le docteur Watson et l’inspecteur Lestrade, toujours magistralement interprété par Colin Jeavons. La scène d’ouverture au 221b conclue par ‘Tell us about it’ de Holmes est superbe.  L’inspecteur Lestrade n'est (presque) pas ridiculisé cette fois par Holmes : il est pratiquement traité comme le troisième larron. Tandis que le policier focalise ses recherches sur les origines italiennes du défunt, le détective préfère orienter l’enquête vers Chiswick où le criminel sera finalement appréhendé. Les séquences de la morgue (sûrement la meilleure), de la nappe (la plus surprenante) et de la découverte de la perle noire des Borgia (avec la jubilation de Holmes : ‘Observe... and learn!’) sont autant de grands passages qui ravissent/raviront les fans de cette série culte.

J'adore également comment Watson déclare à Holmes qu'il a deux minutes avant de prendre le cab. Cela change de voir le bon docteur donner des 'ordres' ! L'attente, Watson proposant des bonbons, est cocasse ; les 'attentes' sont toujours particulières comme celles du Ruban moucheté et de La ligue des rouquins.  

Les seconds rôles sont choisis avec justesse et j’en ai noté deux particulièrement : la jolie actrice d’origine grecque Marina Sirtis (bien connue des fans de Star Trek) et Vernon Dobtcheff qui a participé à tant de séries de Chapeau melon… aux Brigades du Tigre. Le suspense est ménagé jusqu’au dernier moment et le spectateur est d'ailleurs autant surpris par le dénouement que les deux comparses du détective. L’ultime scène montre que justice est faite et que la vendetta est close. Passionnant et comique, truffé de scènes d’anthologie, l’épisode des Six Napoléons est une référence pour les fans et conclut superbement la première partie de la saison.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Six Napoleons, publiée dans le Collier’s en avril 1904.

o Cet épisode fut diffusé le 7 mai 1989 sur FR3.

o La dépression de Jeremy Brett était bien présente pendant le tournage de cet épisode ; à ce titre, la scène finale avec Lestrade, superbement jouée, trahit l’état de santé de l’acteur, qui s’appropriait le personnage.

o Après l'arrestation du criminel déjanté Beppo, le cab se met en route alors que Jeremy Brett n'est pas encore à l'intérieur !

o Napoléon Bonaparte a été choisi par Doyle car la haine des Anglais à son égard à l’époque victorienne était encore bien vive ; à ce sujet, la réplique de Holmes lorsqu’il apprend les destructions est significative : ‘It is certainly very noble’.

o En activant les sous-titrages, le passage en italien est sous-titré français, alors qu'en VO, il n'y a pas de sous-titres anglais....Les Anglais ont cette fois la version italienne, à plusieurs reprises, du mot 'putain' – version française dans La deuxième tache et espagnole dans L'énigme du pont de Thor !

Retour à l'index


8. L'AVENTURE DU PIED DU DIABLE
(THE DEVIL'S FOOT)

En convalescence dans les Cornouailles, Holmes, accompagné de son fidèle Watson, est confronté à une histoire de…fous !

C’est une aventure inquiétante, angoissante et parfaitement construite qui ouvre la seconde partie de la saison tournée presque deux années après les Napoléons. La grande particularité de l’histoire est les Cornouailles, véritable carte postale et invitation au voyage ; une sorte de publicité pour promouvoir le tourisme dans cette région sauvage qui sied admirablement à l’intrigue et au mental de Holmes/Brett.

En proie à une réelle crise existentielle, Holmes prend part à une enquête singulière, dont la résolution ne sera pas sans danger pour la santé du détective. Ravi de sortir de l’ennui de vacances forcées, Holmes se rend sur les lieux d’une dramatique soirée. Après une partie de cartes, trois personnes – deux frères et une sœur – ont été découvertes le lendemain matin dans une scène épouvantable : la femme est décédée et les hommes sont en état de démence. Mortimer Tregennis, le seul rescapé de la fratrie, donne un compte-rendu énigmatique qui le rend suspect, mais, peu après, il subit le même sort atroce que sa sœur, Brenda. C’est le confinement des lieux qui mènera le détective vers la solution des deux morts mystérieuses.

L’épisode réserve deux scènes fortes: la première constitue la découverte par Mortimer puis Mrs Porter des frères fous à lier, dont un a l'écume à la bouche, et de leur sœur morte, le regard fixe dans une terreur absolue. L’horreur des hallucinations, parfaitement décrite dans la nouvelle, est fascinante à l’écran. La seconde est le délire de Holmes, qui veut tester le résultat de ses investigations au péril de sa vie ; il  transpire du sang et revit son combat avec Moriarty, un passage qui fut très controversé.

J'apprécie aussi le moment lorsque Holmes commence à péter les plombs sous l'effet de la cocaïne à la première visite du pasteur. Watson, protecteur, s'en rend compte et pousse littéralement l'homme d'église vers la sortie. Grâce à ce genre de scènes, un épisode sombre a les facultés de tirer un sourire au téléspectateur.

Il s'était écoulé presque deux ans depuis l'épisode précédent ; le thème de la dépression est donc palpable, car l’acteur était dans un état aussi déplorable que son personnage. Cependant, le changement chez Jeremy Brett ne m'a pas choqué tant que cela, même si le traitement lui faisait prendre du poids.

Comme dans les autres grands épisodes de la série, de nombreuses scénettes attirent l’attention du fan ; pour ma part, j’ai noté Watson, lorsque le duo rencontre pour la première fois le docteur Sterndale – excellent Denis Quilley - qui ne répond pas à son bonjour : 'Cornish hospitality !' ainsi que la réplique de Holmes : 'I have never loved', qui correspond bien au personnage. Néanmoins, le détective peut se mettre à la place de Sterndale et il laisse ce dernier partir en Afrique : la morale est sauve. Comme dans The Abbey Grange, le détective se substitue donc à la justice.

Encore une fois, Doyle a recours à la vengeance, son thème de prédilection, ainsi que celui de contrées lointaines, mais en dire plus serait déflorer une énigme qui mérite qu’on s’y attarde, qu’on soit fan de la série ou non.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Devil's Foot, publiée dans le Strand en décembre 1910.

o Il fut diffusé le 26 mars 1989 sur FR3.

o The Devil’s Foot fut entièrement tourné dans différents endroits des Cornouailles, comme Doyle avait situé son histoire : Cadgwith, West Penwith Moors, Kynance Cove au Cap Lizard (Caerleon Cottage)…

o Gary Hopkins, le scénariste de l’épisode, ne faisait pas partie de l’équipe d’écrivains de la série. Il envoya son manuscrit à la productrice June Wyndham-Davies, qui le trouva si bon qu’elle l’acheta. Bien lui en a pris, car l’épisode remporta le prix Edgar Allan Poe, meilleur épisode de série TV, en 1989.

o Jeremy Brett pensait que l'usage de cocaïne donnait un mauvais exemple pour la jeunesse. Il demanda à la fille de Sir Arthur Conan Doyle avant qu'il fût décidé que Sherlock Holmes abandonne définitivement la cocaïne dans la série (scène de l’enterrement de la seringue dans le sable).

o Jeremy Brett sortait d'une grosse dépression ce qui explique qu'il apparaisse avec les cheveux courts ; il les avait lui-même coupés. Incroyablement, Conan Doyle avait écrit cette nouvelle après le décès de sa femme et il était en proie lui-même à une sévère dépression. Holmes est en phase d’anéantissement et d’ennui et Doyle a décrit son propre état dans son personnage. Jeremy Brett avait vécu les mêmes évènements et son jeu ne peut qu’être criant de véracité, car il était dans le même état mental que Holmes. L’acteur avait été admis dans un hôpital psychiatrique londonien pour une durée de dix semaines peu après le tournage des Six Napoléons et il était à peine rétabli au moment de cet épisode.

o Certaines extravagances de l’acteur, dues à sa maladie, ne correspondaient pas au canon, ni à ses interprétations précédentes ; ainsi, l’accoutrement de l’écharpe entourant son chapeau fut jugé ridicule et décrié dans le Sunday Times comme ‘Sherlock Holmes as a teapot’ (Sherlock Holmes comme une théière).  

o Aucun plan de Baker Street dans cet épisode, ce qui est très rare (également dans The Boscombe Valley Mystery).

o Au terme du délire, Holmes appelle Watson : 'John !'. Cela doit être aussi courant que Steed interpellant Mrs Peel : 'Emma' !

Retour à l'index


9. FLAMME D'ARGENT
(SILVER BLAZE)

Un cheval, favori d'une course hippique, a disparu et son entraîneur a été retrouvé mort dans la lande. Holmes et Watson vont devoir se familiariser avec le monde des courses pour résoudre cette affaire.

Cet épisode m’a produit une meilleure impression que lors de l’élaboration de la fiche. Il ne fait pas partie des plus intéressants de la saison mais, le niveau de celle-ci étant très relevé, l’aventure est néanmoins divertissante.

Il y a de bons moments, la lande est bien filmée et la présence du grand comédien Peter Barkworth, décédé en 2006, agrémente le récit. L’acteur a changé physiquement depuis ses rôles dans Chapeau melon et bottes de cuir et il est même méconnaissable avec son monocle et le haut-de-forme à la première apparition.

Comment Silver Blaze, le fameux pur-sang du colonel Ross, a-t-il disparu ? Un suspect est arrêté pour le meurtre de John Straker, l’entraineur, dont le corps a été découvert dans la lande environnante. Mais où est passé le cheval ? Ne croyant pas au déroulé des évènements émis par l’inspecteur Gregory, Holmes mène son enquête dans la lande et remarque que les traces du cheval conduisent aux écuries de Mapleton.

Certaines expressions de Holmes font partie des grands moments de l’épisode : sa réaction lorsque Ross déclare : 'I don't like amateurs.', son rire lorsqu'il empoche ses gains aux courses, le bêlement et le coup d’œil au 'bruit de soupe' du colonel Ross (ça me fait penser à la chanson de Brel). À noter que Holmes refuse le potage ...mais quelle précision avec la pomme ! La performance de Brett retranscrit avec justesse les méthodes du détective, qui mentalement reconstruit la scène du drame.

Les décors, l’interprétation – excellent récit de la maid des évènements du soir de la disparition et de la présence d’un intrus – compensent une intrigue à la conclusion un peu décevante, mais la lande est toujours un plus et il y a certaines scènes très intéressantes ; la meilleure étant la finale à table. Par contre, la séquence de la course de chevaux est longue et lassante et quand on sait que la reconstitution a coûté si cher qu’elle a hypothéqué la fin de la saison, on se dit que l’argent a été bien mal placé.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, Silver Blaze, publiée dans le Strand en décembre 1892.

o L’épisode fut diffusé le 14 mai 1989 sur FR3.

o La reconstitution de la Wessex Cup, avec les nombreux figurants, les chevaux et les locations de costumes, coûta si cher qu'il ne restait presque plus de crédit pour tourner la fin de la saison. Quatre épisodes furent réalisés dans cette seconde partie de saison au lieu des six prévus.

o L'épisode fut tourné au Pays de Galles (le champ de courses de Bangor-on-Dee), à Peover Hall dans le Cheshire (les étables Mapleton) et à Knowlmere Manor dans le Lancashire (pour représenter King’s Pyland du colonel Ross).

o Peu de modifications par rapport à la nouvelle. John Hawkesworth, le scénariste, a réparé l’erreur admise de Doyle, à savoir qu’un cheval ne peut courir une course maquillé. Les retrouvailles avec Silver Blaze et le toilettage de l’animal se situent donc avant la course dans l’épisode.

o Ce sont vraisemblablement des peintures placées en 'insert' et non des vues réelles que montre Ross à Holmes sur le chemin. En tout cas, le résultat est étrange...

o Holmes semble étonné par la couleur du journal de Watson dans le train (la gazzetta dello sport n'existait pas à l'époque !).

o Pour la seule fois, un panneau jaune et blanc avec l'inscription Granada apparaît avant le générique (DVD).

Retour à l'index


10. L'AVENTURE DE WISTERIA LODGE
(WISTERIA LODGE)

Un curieux personnage vient demander conseil à Holmes au sujet de ses énigmatiques hôtes qui ont mystérieusement disparu. Le détective va se trouver au cœur d'une terrible vengeance.

Au second passage, l'épisode présente davantage d’attraits, bien qu'il soit l'un des moins intéressants de la saison. La première scène à la gare est plus claire, car elle est incompréhensible au premier passage. L'histoire du tyran de San Pedro n'est guère passionnante. Même Scott Eccles est énervant.

L’intérêt du récit réside dans la disparition mystérieuse des hôtes de Wisteria Lodge avec le compte-rendu du naïf Eccles, cartographe éclairé, mais dès que Holmes a retrouvé la maison du dictateur, l’intrigue devient plus conventionnelle, avec l’enlèvement politique de la gouvernante, en réalité la femme d’un opposant assassiné par le despote.

C'est fidèle à la nouvelle ; cependant, je me souviens qu'elle m'avait déjà ennuyé. Il y a peu d'action convaincante mais beaucoup de violence dont la scène du meurtre de Garcia, une des plus dures de la série. Néanmoins, la photographie est superbe avec des jeux de lumière et de miroirs, lorsque, par exemple, Holmes et Baynes s'entretiennent à Wisteria Lodge ou quand Holmes et Watson enfourchent leur vélo dans la brume pour arriver à temps à la gare.

Le rusé inspecteur Baynes, et son sachet de bonbons, est excellent et traite d'égal à égal avec Holmes, même si leurs méthodes s’opposent diamétralement. C’est un atout de cette aventure assez quelconque.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of Wisteria Lodge, publiée dans le Collier’s au mois d’août 1908.

o L’épisode fut diffusé le 28 mai 1989 sur FR3.

o L’épisode a été intégralement tourné dans le Cheshire (l’action est censée se passer dans le Surrey).  La demeure High Gable des Henderson est Arley Hall à Knutsford et le cottage loué, Wisteria Lodge, est Nether Alderley Rectory à Alderley Edge.

o Au début de l'épisode, le terme 'grotesque' permet l'évocation de deux aventures, dont une ne fut jamais, malheureusement, portée à l'écran pour la série (Les cinq pépins d'orange). Sinon, La ligue des rouquins est aussi clairement évoquée.  

o L’adaptation de la nouvelle a fait disparaître qu’Eccles devait servir d’alibi à Garcia ; d’ailleurs, il annonce dans la nuit à Eccles l’heure qu’il est supposé être mais on ne le voit pas avancer les pendules. Contrairement à la nouvelle, Holmes s’est renseigné sur l’identité du dictateur et il en sait autant que l’inspecteur. Heureusement, toutes les références à la sorcellerie ont été supprimées dans le scénario.

o Les amateurs de Chapeau melon et bottes de cuir ont peut-être reconnu dans l'inspecteur Baynes, Freddie Jones, le Basil de Qui suis-je ??? (Personnellement, j'ai eu du mal). Sa superbe composition à l’articulation exagérée est à voir en VO.

Retour à l'index


11. LES PLANS DU BRUCE-PARTINGTON
(THE BRUCE-PARTINGTON PLANS)

Au nom du gouvernement britannique, Mycroft Holmes vient demander à son frère d'élucider la mort d'un secrétaire de l’Amirauté qui avait en sa possession les plans du Bruce Partington, un nouveau sous-marin.

Après deux épisodes moyens, le second coffret se termine en beauté. Le thème du vol de secrets d’Etat est de nouveau plébiscité - après Le traité naval et La deuxième tache -, mais l'aventure est singulière, bien construite  et ponctuée de scènes très intéressantes et parfois cocasses.

Le corps de Cadogan West, un fonctionnaire à l’arsenal de Woolwich, est retrouvé le crâne défoncé dans un tunnel du métro près d’Aldgate Station. On découvre dans ses poches une partie des plans secrets d’un sous-marin révolutionnaire, et le jeune homme est indéniablement soupçonné d’avoir trahi. Un aiguillage va mettre Holmes sur la voie et permettre au détective et à son fidèle compagnon de récupérer les trois documents manquants.

Holmes chante et s'ennuie avant l'arrivée de son frère qui lui demande de retrouver des plans de sous-marin ; cela fait penser à La vie privée de Sherlock Holmes. L'histoire se passe dans le brouillard dès le début ce qui donne un côté intrigant. J'ai aimé particulièrement le passage lorsque le détective et Watson sont pris pour des croque-morts ('Are you not the undertakers ?'). Holmes se transforme en gentleman cambrioleur malgré les réticences initiales du docteur Watson et il se montre un peu sec envers Mrs Hudson afin qu’elle débarrasse la table rapidement : 'Please, disappear !'.

Mycroft Holmes et l’inspecteur Bradstreet (de nouveau là après L'homme à la lèvre tordue) sont des personnages convaincants et attachants. Charles Gray est un Mycroft très plausible ; l'affaire de L'interprète grec est évoquée et il est plutôt surprenant qu'il ne puisse pas se rappeler du nom du bon docteur. A noter que l'agent ennemi s'exprime en allemand au moment de son arrestation.

Un épisode aux rebondissements multiples et à l’intrigue passionnante conclut cette seconde saison d’un excellent niveau.  

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Adventure of the Bruce-Partington Plans, qui fut publiée dans le Strand en décembre 1908.

o L’épisode fut diffusé le 4 juin 1989 sur FR3.

o L’épisode fut tourné à Crosby Hall (Liverpool).

o C'est Lestrade, et non Bradstreet, qui est l'inspecteur dans l'œuvre de Conan Doyle. Les deux acteurs sont, de toute façon, excellents et Colin Jeavons était peut-être indisponible pour le tournage de cet épisode.

o Mycroft Holmes n’apparaît que deux fois dans le Canon : L’interprète grec et Les plans de Bruce-Partington.

o Vu la qualité de cet épisode, il est fort dommage que la seconde saison ne comporte que onze épisodes contre treize à la première. Faute d’argent, les deux derniers n’ont pu être tournés.

o Le prénom Violet devait être très répandu à l'époque victorienne car il est de nouveau à l'honneur, cette fois-ci pour la fiancée de Cadogan West, Violet Westbury.

o Un souci plutôt rare pour cette série : il y a du grain et un problème de compression pendant la majeure partie de l'épisode sur le DVD. Le Blu-ray, par contre, est impeccable.

Retour à l'index

Crédits photo : ELEPHANT FILMS.