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Kojak (1973-1978)

Saison 2

 


1. CRIME DE LÈSE-MAJESTÉ - 1
(THE CHINATOWN MURDERS : PART 1 )



Dans le quartier de Chinatown, un trio de gangsters asiatiques s'attaque à des mafieux italiens qui se soupçonnent mutuellement. Kojak doit empêcher une guerre des gangs.

Comme dans pratiquement tous les épisodes en deux parties, un volet est plus 'fort' que l'autre et l'ouverture de la seconde saison de Kojak ne fait pas exception. La première partie, plus bavarde et moins mouvementée que la seconde, est une sorte de présentation des évènements et des protagonistes.

Un trio de truands asiatiques profite du succès d'un casse pour se montrer entreprenant et organise des rapts de mafieux italiens contre rançons. Néanmoins, l'enlèvement du neveu de Don Scalesi, Giancana, n'est pas lucratif car la femme volage du truand n'est pas chagrinée, bien au contraire, à l'idée d'être veuve ! Les seconds rôles sont très hétéroclites ; Don Scalesi, joué par Michael Constantine, est dialysé et constamment alité et il n'est qu'une caricature du fameux Don Corleone jusqu'à dans la voix, Milton Selzer est le porte parole du rival, Crespi, et n'apparait que dans une seule scène avec Scalesi et, en définitive, on retient surtout la prestation de Sheree North, présente à la fin de la première partie, en femme de truand ravie d'apprendre qu'elle sera veuve si elle ne réunit pas une grosse somme d'argent.

Si les répliques sarcastiques du lieutenant sont toujours distillées avec à propos, il est à noter le caractère violent de certaines scènes impliquant le trio asiatique, aussi dangereux que le frelon du même nom ! Ainsi, La Rocca, petit truand qui joue sur deux tableaux, est découvert accroché à un croc de boucher dans sa saucisserie ('He was a long time dying') et le sort de Giancana semble scellé au générique final !

Quant à Kojak, l'enquête le mène à Chinatown vers la petite amie de La Rocca, Nancy Wong, qui est la sœur d'un membre du trio. Les scènes notables sont l'ouverture - le fric-frac et les cambrioleurs mafieux doublés par le trio de Chinatown-, la réunion déjeuner des policiers 'rustres' au precinct, l'enlèvement de Giancana à la salle de jeux, mais le meilleur passage de l'épisode est la rencontre pleine d'humour dans la cabine téléphonique entre Kojak et Barney, le bookmaker (sosie de Zanini), qui apprend au policier la dette contractée par La Rocca, ce qui explique son double jeu dans le casse du début. Conclusion to follow in part 2. 

o Le premier épisode de la seconde saison fut diffusé le 15 septembre 1974 sur CBS mais seulement le 19 novembre 1978 en France, sur Antenne 2. Une diffusion anarchique car certains épisodes de cette seconde saison furent diffusés dès 1976 !

o Contrairement aux éditions britannique (Medium rare) et française (Eléphant), qui ont coupé les deux parties à des endroits différents, l’américaine Shout présente ce double épisode sous forme d’un film de 101 minutes.

o Jeannot Szwarc (1939) a réalisé treize épisodes de la série dont trois lors de la première saison.

o Jack Laird (1923-1991) a écrit quatorze histoires pour la série dont six de la première saison. Il est aussi 'Supervising Producer' pour 72 épisodes.

o Michael Constantine (1927), Don Frank Scalesi, est d'origine grecque. Il a commencé sa carrière en 1957 et il fut récompensé en 2002 pour My Big Fat Greek Wedding. Il a joué dans Les Incorruptibles (5 épisodes) et dans de nombreuses séries renommées comme Le fugitif, Les envahisseurs, Les rues de San Francisco

o Sheree North (1932-2005), Mrs Giancana, fut engagée à ses débuts pour palier aux frasques de Marilyn Monroe. Elle joua dans de nombreuses séries dont Les Incorruptibles et Les rues de San Francisco. Elle décéda d'un cancer.

o Roger Robinson (1940), est Gil Weaver, un policier souvent infiltré, dans onze épisodes de la série. Il n'agit pas en couverture mais comme bras droit de Kojak dans cette enquête. Il est aussi le proxénète Bobby Martin dans le pilote.

o Leonardo Cimino (1917-2012), Ruby Kabelsky, a souvent joué des rôles de mafioso. Il a participé à trois épisodes d'Equalizer.

o Milton Selzer (1918-2006), Nathan Davidoff, est une figure familière de tous les amateurs de séries américaines des années 70-80. D'après le livre Television Guest Stars : An Illustrated Chronicle for Performers of the Sixties and Seventies, il est l'acteur à avoir joué dans le plus grand nombre de séries télévisées. Citons Les Incorruptibles (4 épisodes), Le fugitif, Les envahisseurs, Chaparral, L'homme de fer, Mission impossible, Mannix, Cannon, Hawaii police d'état, Les rues de San Francisco (2 épisodes)…

 o Robert Ito (1931), Sammy Loo, est connu pour le rôle de Sam Fujiyama dans la série Quincy (148 épisodes). Vu aussi dans L'homme de fer, Mannix, Kung-fu, X-Files

o Shirlee Kong, Nancy Wong, fait une carrière de vocaliste de jazz en Polynésie française et dans la région de Los Angeles.

o Ralph James (1924-1992), 'Fats' Giancana, apparaît dans le premier épisode de la première saison, Siege of Terror.

o Demosthenes apparaît au générique de début, après Dan Frazer et Kevin Dobson (also starring), alors qu'il n'était qu'au générique final lors de la première saison.

o Telly Savalas est habillé par Botany 500 pour cette saison. Etonnant qu'il ne renverse pas de café sur ses costumes à sa façon de tenir le volant d'une main et son café et petit pain de l'autre lors de son arrivée sur les lieux du casse toutes sirènes hurlantes :"If I have to get up at six o'clock in the morning, so can the rest of Manhattan." [Si je peux me lever à six heures du matin, tout Manhattan le peut aussi !]

o Kojak en parlant du propriétaire de la saucisserie : 'He looks like he's just lost his breakfast !'. Crocker: 'Three times' puis au bookmaker qui l'appelle Kojak: 'Lieutenant! Every time I hear it, it's like a chill upon down my spine!'

o Le portail de la demeure de Don Scalesi est celui de la résidence cambriolée par Soames dans Deliver Us Some Evil de la première saison.

o A noter le jeu de mots de Kojak à Nancy sur 'the book' (bookmaker et bottin téléphonique).

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2. CRIME DE LÈSE-MAJESTÉ - 2
(THE CHINATOWN MURDERS : PART 2 )

Après un enlèvement non lucratif, l'impitoyable trio de truands asiatiques kidnappe Don Scalesi, l'éminent parrain gravement malade. Kojak déploie tous ses hommes dans Chinatown pour coincer les criminels lors de la remise de la rançon.

On rentre cette fois-ci dans le vif du sujet avec la découverte de Giancana étranglé dans le coffre d'une voiture volée et toujours ce degré de violence du trio de Chinatown (l'index du mafieux a été sectionné). Persuadé que cet enlèvement sans rançon obtenue ne sera pas sans lendemain, Kojak n'est pas étonné d'apprendre la disparition de Don Scalesi et fait mettre sur écoutes la demeure du parrain pour s'informer des évènements à venir. L'enlèvement de Don Scalesi doit rapporter gros au trio mais les tueurs n'ont pas prévu un manque de médicaments qui peut s'avérer fatal au parrain.

La séquence à la pharmacie est déterminante à plus d'un titre ; l'arrivée inopinée d'un rookie sur les lieux procure un excellent suspense et le truand blesse le policier mais aussi Nancy, sa sœur, dans la fusillade. D'autre part, la photo subtilisée par Weaver, représentant Nancy et son frère, permet au pharmacien de reconnaître ses agresseurs. Les écoutes sont essentielles pour les policiers mais le rendez-vous de la remise de la rançon à Chinatown leur complique les surveillances. Il est en effet impossible de ne pas se faire repérer et imaginez Stavros déguisé en touriste et en galante compagnie ! Toute la seconde partie de l'épisode est très intéressante, que cela soit la filature rapprochée du bus à touristes, la supercherie du truand et la poursuite en voitures (malgré les 'erreurs'). Le final en lui-même est dominé par la retranscription de l'imperméabilité du quartier de Chinatown et des mœurs différentes de ses habitants, parfaitement résumées dans l'échange, par interprète, entre Kojak et la grand-mère de Nancy, qui finit par révéler le repaire des truands …qui se trouve juste à coté de sa boutique ! Cette seconde partie est bien plus plaisante que la première faisant la part belle au suspense et à l'action sans oublier les échanges caustiques. Ainsi, Kojak, dans la seconde scène de l'épisode, met à jour magistralement ('Don't bite') les états d'âme de Mrs Giancana, excellente Sheree North, et conseille à la dame de trouver une fable plausible car le capot ne sera pas ravi d'apprendre que son neveu a été massacré pendant que sa femme batifolait !

o Il n'y a pas de résumé de la première partie et le début de l'épisode est identique avec le souci principal de dérouler la distribution.

o Deux erreurs de continuité lors de la poursuite entre la Buick de Kojak et le cab jaune du truand. Il y a d'abord un raccord maladroit quand la Buick fait demi-tour (une marche arrière aurait été nécessaire dans la continuité) puis, lorsque le cab défonce la barrière, un phare est endommagé et un bout de bois est coincé dans le pare-choc. Pourtant, lors des plans suivants de la poursuite en ligne droite, les deux phares sont intacts mais lorsque la Buick bloque le taxi, ce sont les deux phares qui sont cette fois-ci cassés et un morceau de la barrière est toujours derrière le pare-choc!

o Kojak à Don Scalesi en lui mettant le sac de la rançon sous le nez : 'I believe this is yours'. Le parrain répond par la négative préférant passer pour ce qu'il n'est pas.

o Kojak et ses hommes investissent le repaire des truands avec des fusils de chasse, arme rarement utilisée par le lieutenant (précédemment dans Girl in the River).

o A la dernière image, Kojak va rendre la photo des petits-enfants, qui sont décédés, à la vieille dame prostrée derrière sa vitrine.

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3. TAIS-TOI, SINON TU MEURS
(HUSH NOW, DON'T YOU DIE)

Kojak recherche une jeune femme qu'il suspecte d'avoir été violée mais qui est trop effrayée de rapporter le crime après avoir vu un des agresseurs tuer l'autre. 

Le thème du viol, tristement d'actualité, a suscité de nombreux épisodes de séries policières plus ou moins bien traités. La référence en la matière est sûrement Nightscape de la série Equalizer mais cette histoire au titre farfelu, aussi bien en VO qu'en VF, présente des facettes inédites. Kojak estime une scène de crime et un homme tué par balles et il en déduit les circonstances grâce à divers indices trouvés sur place (griffures sur le visage, semence sur le pantalon, barrette à cheveux). Il ne fait pas de doute pour le lieutenant que deux autres personnes étaient également présentes : une femme, vraisemblablement violée, et un second violeur, aussi meurtrier (excellente déduction sur les portières de voiture ouvertes). John Campbell, l'ami du mort, est le premier suspect mais il n'est pas arrêté après deux interrogatoires qui n'ont rien donné de concret.

Pourtant, si la victime, Janet Conforti, vieux jeu et soucieuse d'oublier cette terrible expérience, avait rapporté les faits, Campbell, affublé de lunettes loupes reconnaissables, aurait été vite confondu. Le père de la jeune femme - très bonne interprétation de Mike Kellin-est désireux de ne rien révéler à la police et il piste le violeur en menant sa propre enquête auprès des proches du mort. Pendant ce temps, Kojak essaie de retrouver l'identité de la jeune fille par la barrette, heureusement artisanale. Il n'y a pas beaucoup d'action ni d'humour dans cette histoire dramatique mais un suspense et un plaidoyer intéressants où Kojak déplore qu'il n'y ait pas de protection suffisante pour les victimes et une certaine impunité pour les violeurs.

C'est un épisode violent - même si le viol n'est que suggéré - mais on y discerne une prise de conscience indispensable de l'opinion, une femme violée n'est que victime et en rien coupable, et la vision est éloquente à travers les parents des violeurs qui pensent que leurs rejetons sont incapables de commettre de tels actes, comme la mère castratrice de Campbell ('nice boys'). La scène, pourtant clé, dans laquelle Janet avoue le viol à son petit ami est plutôt longue et trop mélo, mais il y en a d'autres à retenir comme la tentative du père, qui a Campbell au bout de son arme (mais un camion passe au même moment), la visite cruciale de Kojak chez les parents de Janet qui, après réticences, disent la vérité ce qui fait dire au policier : 'We had our hands on him twice !', et le final à l'université où Campbell veut éliminer Janet, témoin gênant, de peur d'être démasqué tôt ou tard.

o Charles S. Dubin (1919-2011) a réalisé quatorze épisodes de la série dont quatre lors de la première saison.

o Vince Conti est le détective Rizzo dans 76 épisodes à partir de la seconde saison. Il avait deux autres rôles très brefs lors de la première. Il est photographe professionnel et il est le photographe de la police dans sa première courte apparition (Before the Devil Knows). Il n'a fait aucune autre incursion au petit (ou grand) écran à part la série et un téléfilm de Kojak, The Belarus File en 1985.

o Kathleen Quinlan (1954), Janet Conforti, a percé grâce au film de George Lucas, American Graffiti. Elle fut nominée pour un Oscar pour le film Apollo 13. Vue dans Sergent Anderson, Alfred Hitchcock présente, Associées pour la loi (68 épisodes dans le rôle de  Lynn Holt) et Prison Break (8 épisodes).

o Mike Kellin (1922-1983),  Frank Conforti, a joué dans trois épisodes des Incorruptibles et il fut souvent vu dans  des rôles de flic bourru, gangster ou soldat.

o Brendan Burns, Tony, le petit ami, a fait beaucoup de télévision et on a pu le voir dans Cannon, Les rues de San Francisco (3 épisodes), Hawaii police d'état et…Les feux de l'amour !

o Carmen Zapata (1927-2014), Ellen Conforti, la mère de Janet, a participé à deux épisodes 'hispaniques' des Rues de San Francisco. Elle fut enseignante, productrice, traductrice, narratrice…C'était une grande figure hispano-américaine dans le monde des arts.

o Borah Silver est le docteur Prince dans dix épisodes dont cinq de la première saison.

o Kojak au macchabée: 'What did you do to get a chalk mark around you?'

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4. JEU DANGEREUX
(A VERY DEADLY GAME)

Kojak collabore avec des agents du FBI dans la recherche d'un trafiquant responsable de la mort d'un policier mais l'entente entre le lieutenant et les deux membres des services secrets n'est pas très cordiale.

Le mélange des genres n'est pas toujours, loin s'en faut, une réussite et, après un excellent début, cette intrigue mi-policière mi-espionnage s'enlise et devient quelconque. Kojak travaille avec Cass, agent du FBI, sur un trafic de drogue mais la souricière dans un hôtel ne se passe pas comme prévu. Blue, un dealer surveillé, abat un policier et il est tué, à son tour, à un étage inférieur par son complice qui file avec l'argent de l'appât. Cette première longue séquence de l'épisode est en fait la meilleure ! Tandis que Kojak enquête ensuite sur l'identité de ce mystérieux assassin, Cass est convoqué par Watkins, son collègue, qui le renseigne sur l'individu, un certain Fria, mais lui ordonne de ne rien dire à Kojak. Néanmoins, le lieutenant devient méfiant, conscient que ses infos sont exfiltrées, dont le portrait-robot, et il apprend l'existence de Fria par la fiancée de Blue.

Dans une excellente scène, Kojak file Cass puis confronte Watkins qui a un compte personnel à régler avec Fria ce qui explique la rivalité police/service secret. Le trafiquant amasse assez d'argent pour acheter de la drogue à un gros fournisseur de Los Angeles et toute l'action se déplace alors sur la côte Ouest pour le dernier quart d'heure et, pour la première fois de la série, le coupable est arrêté sur une plage dans un final atypique ! La drogue aux fédéraux et le criminel pour Kojak.

Une intrigue bien moyenne qui présente quelques passages intéressants – la séquence d'ouverture, la discussion à l'hôpital entre Kojak et la femme du policier, où sont évoquées les conditions des Noirs dans la police ('My husband has been used because he is Black) et la confrontation Kojak/Watkins - mais l'épisode n'enthousiasme guère. On espère que ce n'est qu'une exception et que la série restera à l'avenir exclusivement policière avec une action centrée dans la Grosse Pomme.  

o Seymour Robbie (1919-2004) commence sa carrière de téléaste au début des années 50. Il réalisa de nombreux épisodes de séries dont Des agents très spéciaux (3 épisodes), Hawaii police d'état (4 ép.), Le virginien (3 ép.), Mannix (3 ép.), Cannon (6 ép.), Les rues de San Francisco (7 ép.), Les enquêtes de Remington Steele (17 ép.). Il ne réalisa que deux épisodes de Kojak.

o C'est la première des trois histoires écrites par Sean Baine pour la série. Il écrivit des scénarii pour Les rues de San Francisco (3), Police Story (6), Sergent Anderson (6).

o Burr DeBenning (1936-2003), Cass, a tourné pour le cinéma et la télévision dans une centaine de rôles. Il est présent dans les grandes séries US de l'époque : L'homme de fer, Columbo, Cannon, Matt Helm, Police Story, Switch, Starsky & Hutch, Hawaii police d'état, Magnum… Il est un tueur, Waco, dans l'excellent Permis de tuer des Rues de San Francisco.

o Ji-Tu Cumbuka (1940-2017), Blue, est le partenaire de Robert Conrad dans douze épisodes de Sloane, agent très spécial.

o A noter lors du rendez-vous à l'hôtel (première séquence), la discussion 100% black avec l'accent particulier entre Blue, le trafiquant, et Ben Keller, le policier infiltré.

o Kojak soupçonnant que Cass ne lui dit pas tout: 'There's a smell floating around here and I want to know where it's coming from!'

o Référence de Kojak à l'agent 007 : 'If you like James Bond…'

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5. MAUVAISES ACTIONS
(WALL STREET GUNSLINGER)

Deux truands dérobent vingt millions de dollars en actions et tuent un piéton dans leur fuite mais ils sont rapidement éliminés à leur tour. Pour coincer les commanditaires, Kojak se fait passer pour un millionnaire grec.

C'est une intrigue plutôt rébarbative pour les non-initiés à la Bourse mais on retiendra néanmoins deux passages très prenants et au suspense infaillible.

Le premier est l'ouverture : le vol en plein Wall Street, la course poursuite à pied, l'assassinat du vieux chiffonnier juif - un brave homme au mauvais endroit au mauvais moment - et les comptes-rendus des témoins, qui sont, pour une fois, assez nombreux, même si les témoignages laissent parfois rêveur (la fille n'a remarqué que les deux pigeons qui 'faisaient l'amour'). Le second passage, la fin de l'épisode, met en valeur un Kojak cabotin à l'extrême qui joue les milliardaires avec un manteau très envié par ses collègues ! Kojak démasqué, le final est curieux car Stavros sort de sa réserve légendaire et fait preuve d'initiative en étant aux avant-postes lors de la fusillade.

Au milieu de ces deux séquences, le reste de l'épisode n'est pas inintéressant mais pas non plus captivant : Kojak fait suivre deux traders, Grenfell et Sheik Ali ( !), car un des truands s'était enfui dans leur limousine mais, finalement, le lieutenant concède son erreur et se sert de Grenfell pour entrer en contact avec le responsable, un certain Paulus. Il n'y a aucun acteur au jeu ou à l'attitude mémorable dans cet épisode ; d'ailleurs, fait rarissime, aucun n'est cité dans le générique de début. En cherchant bien, on remarque le personnage de petite peste de Felicity, qui fait exploser la couverture de Kojak, mais l'actrice, Ann Coleman, n'est connue que pour sa participation à L'attaque de la moussaka géante !

Un épisode moyen dont on retient l'existence grâce surtout à la prestation de Telly Savalas en dandy fortuné qui engendre quelques scènes cocasses comme celle du chapeau avec Demosthenes alias Stavros ('Where is my chapeau ?').

o A la vue des ordinateurs qui servent à retrouver la traçabilité des actions, l'épisode a pris un sérieux coup de vieux…

o Richard Donner (1930) a réalisé deux autres épisodes de la série. Il a débuté à la télévision mais il est renommé au cinéma pour Superman, L'arme fatale, et ses suites, et Maverick, entre autres. On reconnaît déjà la maitrise du réalisateur dans cet épisode sur certaines images comme l'arrivée de la Buick de Kojak filmée en arrière-plan du chiffonnier assassiné derrière le cordon de police.

o Vilis Lapenieks et Sol Negrin furent nominés pour un Emmy en 1975 pour cet épisode dans la catégorie ‘Outstanding Achievement in Cinematography for Entertainment Programming for a Series’.

o Le moment humoristique de l'épisode : Kojak prend le téléphone de Grenfell et imite la voix de sa secrétaire :'Can you call him back in ten minutes, he's busy !'

o Lors de la filature finale, on a une belle vue du pont de Brooklyn (Brooklyn Bridge). C'est l'un des plus anciens ponts suspendus des États-Unis. Il traverse l'East River pour relier l'île de Manhattan au borough de Brooklyn. Long de deux kilomètres, il a été ouvert à la circulation le 24 mai 1883, après 14 ans de travaux. (Source : Wikipedia).

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6. DÉFENESTRATION
(SLAY RIDE)

Trois suicides lors d'une convention laissent Kojak perplexe mais le lieutenant ne croit pas aux coïncidences lorsqu'il découvre qu'une jeune femme s'est donnée la mort pendant le même évènement deux ans auparavant.

Cet épisode conte une excellente histoire de vengeance, sans beaucoup d'action mais au suspense prenant, qui débute par la mort de Steven Marly, membre d'une convention qui se déroule dans l'hôtel. Saoul, il est balancé du haut du gratte-ciel par un homme qui le tient pour responsable du décès d'une certaine Ruth de façon analogue. Suite à cette mort apparemment accidentelle, Kojak procède à une enquête de routine qui le mène à interroger la (ravissante) veuve puis une 'amie' de Marly, amateur de jus de carottes.

Qu'a poussé cet homme à devenir un ivrogne et à se faire expulser du domicile conjugal ? Alors que Kojak poursuit ses investigations, un couple atypique peaufine la suite de son action ; la femme, Shelby Phillips, est dans un état léthargique tandis que l'homme, Paul Nelson, est concentré sur l'aboutissement de sa mission qui consiste à venger la mort de sa femme, Ruth. Les circonstances ne sont pas dévoilées et l'affaire prend une tournure différente avec la défenestration d'un autre participant à la convention, un ami de Marly. Stavros met alors à jour le suicide d'une jeune fille prénommée Ruth pendant la même rencontre deux ans plus tôt et, ne croyant pas aux coïncidences, Kojak fait rechercher Paul Nelson, stationné en Allemagne à l'époque, et Shelby Phillips, la sœur de Ruth. Par recoupements, il devient évident que quatre hommes, présents à cette même convention, sont ciblés par le tueur et qui d'autre que le mari de Ruth pourrait vouloir se venger ?

Kojak ne peut empêcher un troisième homme de subir le même sort que ses collègues et il doit découvrir de toute urgence ce qui s'est passé deux ans auparavant pour stopper l'expédition punitive. Il aura satisfaction en extirpant la vérité à Shelby dans la séquence forte de l'épisode. Ce soir-là, Shelby avait été abusée et droguée par quatre hommes et Ruth était entrée à l'improviste dans la chambre d'hôtel. Dans sa fuite, la jeune sœur avait été poussée du toit. Achetée cinq mille dollars pour garder le silence, Shelby a sombré dans la drogue et le remords mais elle a tout raconté à Paul Nelson et la volonté de vengeance de son beau-frère lui a redonné une raison de vivre.

L'intrigue s'avère être une bonne histoire, interprétée de surcroit par de jolies femmes ce qui n'est pas négligeable : Melendy Britt (la veuve), Francine York (la maitresse) et, surtout, Julie Gregg, superbe dans le rôle de cette femme abusée qui s'autodétruit pour se punir de la mort de sa sœur. Le naufrage de Shelby Phillips est palpable et son mal de vivre, qui l'oblige à se prostituer pour trouver de la drogue, est souligné par la musique mélodieuse et mélancolique que la jeune femme passe en boucle sur son tourne-disque. Les deux meilleures scènes sont les confrontations Kojak/Shelby. Dans la première, la jeune femme toise et aguiche le lieutenant ('Do you want something cold ? Cold drink ?') tandis que dans la seconde, où Julie Gregg effectue un sacré numéro d'actrice, Kojak fait cracher la vérité à Shelby, en sanglots et prise de convulsions par manque de drogues. 

o Russ Mayberry (1925 à Glasgow-2012) a réalisé neuf épisodes de la série. Il a travaillé sur de nombreuses autres séries dont Le virginien (3 ép.), L'homme de fer (11), Un shérif à New York (7), Magnum (12), Equalizer (12), In the Heat of the Night (18)…

o Julie Gregg (1937-2016), Shelby Phillips, a débuté sa carrière en 1964 et elle joua dans Bonanza, Ma sorcière bien aimée, Hawaii, police d'état, Mission impossible, Cannon, L'homme de fer. Au cinéma, elle est Sandra Corleone dans Le parrain. Elle a reçu le Theatre World Award pour sa performance dans The Happy Time.

o Stephen McHattie (1947), Paul Nelson, a commencé sa carrière en 1970. Il a joué dans Starsky & Hutch, Kojak (trois épisodes), Equalizer (très bon en schizophrène assassin dans le mauvais épisode Out of the Past de la première saison), Deux flics à Miami,  Star Trek (dans un épisode mémorable, paraît-il), X Files, Les enquêtes de Murdoch. Il a un rôle récurrent dans Cold Squad.

o Melendy Britt, Joan Marly,  a été la première actrice à prononcer la fameuse phrase de L'Oréal : "Because I'm worth it". Elle a joué dans Mannix, L'homme de fer, Sergent Anderson

o Francine York  (1936-2017), Linda, a commencé sa carrière en 1959. Elle a participé à de nombreuses séries dont Les Incorruptibles (Le garçon boucher de la dernière saison), L'homme à la Rolls, Opération vol, Les mystères de l'Ouest, L'homme de fer, Mannix, Mission impossible, Columbo, Les rues de San Francisco (3 épisodes)…

o Kojak fait référence à Icarus (Icare) à la découverte du corps de Marly.

o Stavros emploie le terme ‘defenestration’ qui existe également dans la langue anglaise.

o Kojak et Crocker suivent Shelby Phillips, qui se prostitue pour acheter de la drogue, ce qui fait dire au lieutenant : ‘She scored enough for a fix’.

o Un peu d'humour dans cette histoire noire : Kojak est persuadé que Saperstein a fait le café car il est buvable alors que c'est Stavros qui s'est appliqué !

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7. TÉMOIN À CHARGE
(NURSEMAID)

Un armurier, redevable d'une dette, est contraint de fournir des armes à des truands mais ceux-ci l'assassinent lorsque l'enquête de Kojak risque de les compromettre. Le lieutenant ne peut compter que sur le témoignage de la comptable. 

Une histoire bavarde en deux parties bien distinctes dont l'ensemble ne présente que peu d'intérêt. Koster est obligé de céder cent pistolets automatiques à des gangsters, ce qui alimente des règlements de comptes entre bandes rivales. Suite à une fusillade mortelle, Kojak enquête (apparition du lieutenant qu'à la septième minute) et remonte jusqu'à l'armurier. Ces investigations constituent la meilleure phase de l'épisode mais elles sont très brèves ! Clifford, le chef des truands, est conscient que Koster est un danger et il charge son homme de main, Bayliss, de le supprimer ('The rule is always : safety first'). Le pauvre armurier est retrouvé dans le coffre d'une voiture mais sa comptable, Bernice Sandler, a été témoin de l'enlèvement et elle identifie Bayliss. Kojak doit la protéger des tueurs pour la faire témoigner au grand jury.

Cette protection meuble toute la seconde partie de l'épisode qui est particulièrement ennuyeuse. L'interprétation de Kay Medford, en comptable âgée aux faux airs de Miss Marple, ne pallie pas aux piètres jeux des acteurs/truands, bien au contraire. L'intrigue est banale et bavarde, les acteurs sont fastidieux voire parfois pénibles, le suspense est inexistant, les situations sont bancales (le faux serveur, le truand qui téléphone à Stavros), la musique au thème vieillot est seulement appropriée à la comptable et fait penser aux brigades de Clemenceau et ce n'est pas la fusillade et poursuite finales, à la conclusion prévisible, qui va nous réconcilier avec cet épisode !

En fait, la meilleure scène se situe dans le local du gang lorsque Kojak houspille un membre pour obtenir le nom du chef ('Take me to your leader') et cela ne dure qu'une petite minute ! Espérons que cela ne soit qu'une parenthèse dans la saison.

o C'est le premier des quatre épisodes de la série réalisés par Jerry London. Il a mis en scène la minisérie Shogun en 1980.

o C'est la seule histoire écrite par Joel Oliansky (1935-2002), qui a réalisé quatre épisodes de la série.

o Frank Christi (1929-1982), Marty Clifford, a été abattu par des tueurs commandités par un mari jaloux ! Il avait fait quelques autres apparitions dans des films et séries policiers dont quatre épisodes de Mannix et deux de Mission impossible.

o Lynette Mettey (1943), Doris, a joué dans un autre épisode, Knockover, et elle a fait des apparitions dans des séries connues : Columbo, L'homme de fer, Hawaii, police d'état, Cannon, MASH, Les rues de San Francisco

o Len Lesser (1922-2011), Hinton,  est une gueule connue du cinéma mais surtout de la télévision sur 60 ans, de 1949 à 2009 !  Citons pour la télévision Alfred Hitchcock présente, Gunsmoke, Les Incorruptibles, Les mystères de l'Ouest, L'homme de fer, Police Story, Cold Case, Castle (son dernier rôle) et au cinéma, De l'or pour les braves, Papillon, Josey Wales hors-la-loi. Il est Mr Morgan dans l'excellent épisode de la première saison Dynamo-thérapie.

o Ray Sharkey (1952-1993), Gallagher le tireur, fut renvoyé d'un tournage pour possession de drogue. Accroc à l'héroïne et la cocaïne, il contracta le sida par une aiguille infectée. Il a joué dans Les rues de San Francisco, Deux flics à Miami, Equalizer (il est le tueur dans l'excellent épisode Par désœuvrement), La loi est la loi.

o La seconde saison fut diffusée anarchiquement sur Antenne 2. Cet épisode passa le 10 novembre 1976 et le suivant…deux ans plus tard, presque jour pour jour, le 12 novembre 1978 !

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8. CHASSÉ-CROISÉ
(YOU CAN'T TELL A HURT MAN HOW TO HOLLER )

Un petit délinquant noir, accusé d'un meurtre commis par une de ses connaissances, refuse de coopérer avec Kojak car il considère que la police est raciste.

Hawthorn Yantzee assiste Wexler qui vient d'être abattu devant un restaurant italien mais il est pris en chasse par une patrouille et plus tard arrêté chez sa petite amie après le témoignage du serveur. L'histoire met en opposition deux Blacks, le 'gentil' Yantzee et le 'méchant' Stutz, et les clichés sont inévitablement présents et un tantinet 'lourdingues'. Stutz, le véritable meurtrier, paie la caution de son 'ami' Yantzee pour, en fait, mieux l'impliquer et le faire accuser du meurtre de Wexler, un bookmaker.

Kojak semble être le seul à douter de la culpabilité de Yantzee ('That's it' de McNeil) et le lieutenant doit convaincre le petit délinquant, soupçonneux de l'impartialité de la police pour les gens de couleur, que son enquête n'a pour but que de prouver son innocence. Le policier le persuade, non sans mal, de piéger Stutz, son 'frère de couleur', alors que  Yantzee, conscient d'avoir été dupé, voulait se venger. Cet épisode a de bons moments dès la première scène avec les rues désertes et la musique jazzy si caractéristique de l'époque (quel changement avec celle de l'épisode précédent !).

Le récit réserve ensuite quelques autres passages intéressants comme celui de l'hôpital, où Stutz, déterminé, achève Wexler sur son lit (deux plans paradoxaux : Yantzee endormi, Wexler mort), et la dernière séquence avec la découverte du magnétophone sur Yantzee et la cavalcade finale. A côté de cela, certains passages ne sont que du remplissage ; les plans de l'opération à l'hôpital sont inutiles, l'évasion de Yantzee, qui assomme l'agent Weaver, toujours présent lorsque l'intrigue côtoie le milieu Black, n'est pas crédible et les longues palabres dans le parking souterrain sonnent faux. Deux bons échanges sont à souligner ; Kojak avec Lula, la copine de Yantzee, puis avec Stutz, sirotant un cocktail.

Il est dommage que le message de l'épisode tombe à plat et suscite l'effet inverse de celui escompté. Yantzee personnifie la méfiance du peuple noir américain pour sa police (sentiment justifié et très présent dans les années 70) mais ce complexe, poussé à l'extrême et très caricatural, tourne au ridicule comme le souligne Kojak dans une réplique à Lula. Ce thème, qui revient continuellement, fait malheureusement passer l'intrigue au second plan et l'ensemble ne rivalise pas avec le pilote, The Marcus-Nelson Murders, qui est plus ou moins sur le même registre. L'excès nuit en tout.

A noter à ce propos la dernière réplique de l'épisode qui a suscité des controverses sur des forums américains ; lorsque Crocker s'étonne de l'ingratitude de Yantzee, Kojak répond :'What do you expect ? Thank you officer ?'. [Qu'espères-tu ? Un merci, monsieur l'agent ?]

o Seymour Robbie (1919-2004) a réalisé un autre épisode de Kojak, A Very Deadly Game.

o Albert Ruben a écrit deux  histoires pour Kojak et cinq pour Les rues de San Francisco.

o Roger E. Mosley (1938), John Stutz, a débuté sa carrière dans un épisode de Cannon en 1971. Il est connu pour avoir été TC dans 155 épisodes de Magnum de 1980 à 1988.

o Kojak décrit Stavros: 'He's very good looking. He has black curly hair and looks like a gorilla!'

o Le lieutenant parle d'un restaurant chinois, en se rendant sur les lieux de la fusillade, alors qu'il est italien.

o Un échange de répliques qui résument très bien l'épisode ; Yantzee déclare à Kojak qu'il tient déjà un coupable noir et il se demande pourquoi le policier tient absolument à ce que cela soit le bon. Le lieutenant lui répond: 'I can answer that but you'll never believe me... '

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9. PRÉVARICATION
(THE BEST JUDGE MONEY CAN BUY)

Un avocat véreux exerce un chantage sur un juge influent pour faire libérer un truand. Le magistrat doit trancher entre remettre en liberté un criminel et ternir la réputation de son fils décédé.

Une bonne intrigue n'a pas besoin obligatoirement de beaucoup d'action pour produire un épisode intéressant et captivant et cette histoire en est la parfaite illustration. Kojak enquête sur la mort du juge Mackie Junior, asphyxié par les gaz d'échappement de sa voiture dans son garage. Meurtre ou suicide ? Le juge aisé (il roule en Mercedes cabriolet) avait une maitresse, Kimberly Hyatt, et sa femme, Ellen, venait de demander le divorce à la stupéfaction du père, le juge Philip Mackie Senior (des noms qui ne facilitent pas les comptes-rendus !).

Un chiffon taché de graisse et une agrafe de bandage mettent rapidement le lieutenant sur les bons rails et il décide, par intuition, de faire filer Martin Bronson, un avocat marron contre lequel le juge a bizarrement perdu la plupart de ses procès. Bronson doit effectivement négocier la libération de Norman Kilty, décrit par Kojak comme étant 'New York's number one garbage man', et il ordonne l'élimination de la maitresse du juge, qui lui a innocemment confessé avoir trouvé chez elle une valise de son amant pleine d'argent. De son coté, Kojak découvre qu'un détective privé avait mis le magistrat sur écoutes mais le lieutenant se heurte au mutisme du juge Mackie Senior, qui vient d'accepter le chantage de Bronson de faire libérer Kilty contre la destruction de l'enregistrement salissant la mémoire de son fils.

Les deux passages mouvementés sont brutaux et l'œuvre des tueurs de Kilty ;  l'agression et l'assassinat atroce du juge en scène d'ouverture puis la tentative sur sa maitresse, qui doit la vie sauve à l'intervention rapide de Stavros (eh oui, c'est possible !). Le discours du juge Mackie dans la séquence finale, dans laquelle il associe la corruption, la politique et le pouvoir (sujet d'actualité), fait mouche mais, à mon avis, c'est le passage précédent qui est le climax de l'intrigue. Ellen révèle au juge qu'elle a conclu un marché avec Bronson ; elle devait lui fournir un enregistrement compromettant afin d'obtenir la libération de Kilty contre l'assassinat de son époux volage et elle termine cyniquement en disant qu'elle prenait un bain pour ne pas entendre le bruit du moteur alors que son mari mourrait.

On apprécie le fait que Kojak n'ait pas une vision complète, contrairement à nous téléspectateurs, de tous les méandres de l'intrigue. Le juge Mackie sera par conséquent d'un grand secours pour boucler l'affaire car le policier ne connaissait pas la teneur des écoutes téléphoniques ni l'implication d'Ellen dans le décès de son mari. Cet épisode conte une excellente histoire complexe très bien interprétée et au thème musical à la harpe très agréable où seul l'esclandre de la femme bafouée au precinct constitue un bémol  à un ensemble fort plaisant. 

o Leo Penn (1921-1998) a réalisé cinq autres épisodes de Kojak ; trois de la première saison et deux de la cinquième et ultime.

o Bill Brame fut nominé pour un Eddie à l’American Cinema Editors en 1975 dans la catégorie ‘Best Edited Episode from a Television Series’.

o John Randolph (1915-2004), le juge Philip Templeton Mackie, Sr, fut placé sur liste noire pendant quinze ans pour activités anti-américaines par McCarthy. Il tourna ensuite dans Serpico, L'honneur des Prizzi et dans de nombreuses séries télévisées dont Police Story, Columbo et Equalizer.

o Walter McGinn (1936-1977), Martin Bronson, est décédé à l'âge de 40 ans. Il a joué dans A cause d'un assassinat, Adieu ma jolie et Les trois jours du Condor. Il a également participé à un autre épisode de la série ; A Hair-Trigger Away, saison 4.

o John Aniston (1933), Webster, est le truand Albert Dancik dans Down a Long and Lonely River (saison 1 avec Paul Michael Glaser). Né en Crête, il était un des meilleurs amis de Telly Savalas. Il est le père de Jennifer Aniston dont Telly Savalas était le parrain.

o Abe Vigoda (1921-2016), Kilty le meurtrier emprisonné, est réputé pour ses rôles de mafiosi ; le plus célèbre étant celui de Tessio dans Le parrain.

o Le titre français, plutôt pompeux et pour initiés, ne vaut pas l'original qui est une réplique prononcée par Bronson au juge Mackie Sr au sujet de son fils.

o A l'arrivée de Kojak, on remarque que les paupières du défunt bougent légèrement.

o Les enregistrements des conversations téléphoniques sont de la marque Sony.

o Agajanian, le médecin légiste interprété par Darrell Zwerling (1928-2014), n'apparaît pas au générique.

o Le centre correctionnel d'Attica, rien à voir avec la librairie des langues, est une des prisons les plus connues des États-Unis. Elle est située à Attica, dans l'État de New York.

o Les sous-titres de l'édition française Eléphant sont très approximatifs ; on se demande par exemple pourquoi la valise contient 93 000$ en sous-titres et 94 000$ dans le texte original et pourquoi Ellen prenait un bain en VO et une douche en S-T lorsque son mari agonisait !

o A deux reprises, dans des courtes scènes, la doublure de Telly Savalas remplace l'acteur. Lorsque Kojak monte les escaliers, derrière Stavros, pour se rendre à la salle de boxe et lorsqu'il sort de sa voiture pour aller interroger le détective Revelson ('Don't you want to hear the dirty tape ?'). La doublure est à chaque fois de dos prenant soin de ne pas  montrer une partie du visage mais la démarche et l'allure ne sont pas celles de Telly Savalas.

o La séquence d'ouverture ne fut pas filmée en continu : lorsque la voiture des truands tourne à gauche, on aperçoit un véhicule sur la droite avec le capot relevé. Il n'est pas là quelques secondes plus tôt.

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10. SOUVENIR
(A SOUVENIR FROM ATLANTIC CITY)

Kojak enquête sur un attentat dans un bowling qui a tué deux policiers en civil, mais il se retrouve au centre d'une rivalité de services car le suspect est un indic d'une brigade anti-terroriste.

A l'instar de A Very Deadly Game (quatrième épisode de la saison), la série s'oriente parfois sur des sentiers inconnus comme si, de temps à autre, elle avait besoin d'une bouffée d'oxygène et de troquer les buildings et la grisaille de Manhattan contre des plages ensoleillées. Kojak charge Gomez de pister Paolo Olivarez qui a décampé après l'explosion d'une bombe dans une salle de bowling en laissant sur place une paire de bottines reconnue par un témoin ( !). Le lieutenant Danena, policier d'une section spéciale, recherche également le suspect car c'est un informateur précieux sur un réseau terroriste. Gomez, qui est l'équivalent aux affaires hispaniques de ce que Weaver est aux enquêtes black, retrouve l'individu qui est arrêté sur la plage d'Atlantic City.

Remis en liberté, Olivarez se rend compte qu'il est grillé dans le réseau extrémiste et que Marinella, sa sœur, a été enlevée pour le démasquer. En fait, celle-ci a épousé la cause et désire ardemment attirer son frère dans un piège pour l'abattre! Kojak et Danena tentent de localiser le repaire des terroristes. Un épisode assez moyen qui alterne les bons moments et les passages quelconques. Ainsi, la longue séance de déminage à l'ancienne du domicile d'Olivarez freine le récit et que dire du lien ténu entre les chaussures blanches du terroriste et une profession hospitalière !

Parmi les points positifs, l'arrivée dans l'hôtel d'Atlantic City de Kojak et Gomez pour procéder à l'arrestation du suspect est intéressante. Il faut ensuite attendre le dénouement final pour assister à du grand spectacle ; l'interrogatoire cocasse de Kojak avec la petite fille sur le pas de porte qui coûte trois sucettes au policier car l''indic' a deux sœurs ('Women !') et la fusillade finale où le naïf Olivarez se fait abattre en essayant de sauver Marinella, qui crache sur le corps de son frère !

o C'est le premier des cinq épisodes réalisés par Daniel Haller (1926) pour la série. Il est connu surtout pour avoir mis en scène 28 épisodes de la série L'homme qui tombe à pic.

    o Daniel J. Travanti (1940), le lieutenant Charles 'Chuck' Danena, est le Capitaine Furillo dans 132 épisodes de 1981 à 1987  (7 saisons).

o Victor Campos (1935) est le détective Gomez dans 6 épisodes ; trois de la première saison et deux de la troisième complètent cette apparition.

o Il y a environ 130 miles entre Atlantic City (dans l'état du New Jersey) et New York City. 

o Il y a de nouveau cette fameuse scène maintes fois utilisée lors de la première saison lorsque la Buick de Kojak  prend une bretelle pour s'insérer sur l'autoroute. On l'a vue pour la première fois dans Knockover.

o Crocker à Saperstein : 'C'est la vie, baby. Here we go !'.

o On remarque le mur de l'immeuble en carton-pâte lorsque Crocker interpelle Olivarez dans la cage d'escalier.

o Dans l'appartement vacant depuis un mois (juste en face du domicile d'Olivarez), un échange entre Kojak et Crocker concernant la nourriture chinoise retrouvée dans les lieux passerait pour du politiquement incorrect de nos jours…

o Le final se déroule à  Jackson Avenue dans le Bronx.

o Kojak répond au terroriste qui feint de vouloir tuer Marinella, 'prise en otage' : 'Be my guest'. Depuis quand, une otage offre des bonbons à une petite fille ?

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11. CHANTAGE À LA MORT
(A KILLING IN THE SECOND HOUSE)

Un ancien policier, devenu enquêteur privé, fait passer le suicide d'un de ses clients pour un meurtre afin de récupérer la prime de l'assurance-vie.

Le scénario de l'épisode est digne du grand Hitchcock à qui on ne peut s'empêcher de penser en observant le déroulement de cette sublime machination. Un détective privé, Ray Kaufman, ancien policier et vieille connaissance de Theo Kojak, prend des photos suggestives qui font penser à son client âgé, Jack Seymour, que sa jeune épouse le trompe avec Tony Howard, son collaborateur et ami. Le suicide immédiat du vieil homme ne risque pas d'être lucratif mais Kaufman convainc Howard de le laisser le maquiller en crime crapuleux en échange de dix mille dollars, une part négligeable des cinq cent mille dollars de l'assurance.

Tout pourrait en rester là mais la cupidité de Sherry Kaufman, la femme du détective, qui demande à son mari d'exiger une rente mensuelle, va précipiter les choses. Devant le refus, le limier profite que la police a découvert les clichés compromettants pour glisser les indices qu'il a conservés –arme et paire de souliers - dans l'appartement d'Howard. En plein milieu d'épisode, la scène des confrontations est anthologique ; Kaufman accuse Howard d'avoir assassiné Seymour par rivalité amoureuse puis d'avoir déplacé le corps de la chambre au bureau pour faire croire à un cambriolage. L'ancien policier fournit même le pantalon taché de sang d'Howard qu'il a récupéré au pressing pendant que Crocker découvre l'arme, d'autres photos et les chaussures.

Howard, coincé, raconte le véritable scénario à Kojak mais, en absence de preuve, il est incarcéré bien que le lieutenant soupçonne son ancien collègue. L'enquêteur privé a tout prévu car il est toujours en possession de la photo annotée par Seymour avant de commettre l'irréparable et Sherry Kaufman contacte l'avocat d'Howard pour la lui vendre. Néanmoins, les époux Kaufman sont conscients que leur plan et alibi ne tiendront pas si une certaine Elaine Miller parle. Sherry Kaufman arrondit ses fins de mois par des séances astrologiques et Elaine Miller, présente le soir des faits, harcèle la femme du détective qui n'a pas su prédire que son petit copain allait la plaquer ! Ray Kaufman doit la faire taire par n'importe quel moyen et une mauvaise chute tombe à pic pour une autre mise en scène criminelle.

Cette fois, Kojak, par un indice aussi extravagant que les chaussures blanches de l'épisode précédent, se retrouve sur la route de l'ancien policier pour un final fatal. Kojak recouvre de sa veste le corps de son ex-collègue et le long plan sur l'insigne du lieutenant est significative et annonce la séquence finale. Il considère, en effet, que Ray Kaufman a été dupé par sa femme manipulatrice qui avait déjà pris seule le chemin pour l'aéroport et Paris et il comprend enfin pourquoi ce flic si dédié à son travail s'était soudainement transformé. La présence de Martin Balsam, acteur hitchcockien, est un atout prépondérant dans la réussite de l'épisode. L'acteur est impeccable et il crève l'écran en privé malsain et calculateur allant jusqu'à faire de l'ombre aux autres seconds rôles qui ne déméritent pourtant pas.

Cette histoire est riche en rebondissements et toutes les scènes sont intéressantes même les plus anodines comme cet échange de regard entre Kojak et l'informaticienne. On peut simplement considérer que les trois confrontations Savalas/Balsam sont les plus déterminantes de l'intrigue. Certains aspects renvoient à des classiques du suspense comme le coup de feu qui claque au milieu de l'orage et lors de la première des trois rencontres entre Kojak et Kaufman où le détective privé réussit le plus banalement possible à exposer ses exigences pécuniaires à Howard. Indiscutablement, cet épisode est un classique de la série.

o Christian Nyby (1913-1993) a commencé sa carrière en travaillant avec Howard Hawks au début des années 40 sur Le port de l'angoisse, Le grand sommeil et La rivière rouge où il fut nommé aux Awards pour le montage.

o Martin Balsam (1919-1996), Ray Kaufman, a débuté à l'Actors' Studio. Il a tourné dans de nombreuses productions à la télévision et au cinéma et tout le monde se souvient de lui dans Psychose, le policier qui dévale les escaliers après avoir été poignardé par Bates. Il a joué dans deux épisodes des Incorruptibles dont le sublime Tunnel des horreurs où il a un rôle équivalent à celui de cette histoire (un ancien policier qui a mal tourné). L'acteur est décédé d'un arrêt cardiaque dans un hôtel de Rome.

o Dimitra Arliss (1932-2012), Sherry Kaufman, parlait couramment le grec et elle a souvent joué dans des films sur la mafia. Un de ses rôles les plus connus est dans L'arnaque.

o Kaufman à Howard, qui se rend compte que les photos ont été mal interprétées par Seymour :'I just take them. I don't write the captions.'[Je prends les photos. Je n'écris pas les légendes.]

o Stavros téléphone à Kaufman et lui rappelle qu'ils ont travaillé ensemble sur une enquête trois ans auparavant.

o Deux détails n'échappent pas à Kojak : les chaussures utilisées pour faire croire à un cambrioleur sont celles d'un boiteux comme l'était Seymour et les photos prises dans la chambre de Seymour montrent qu'un miroir est placé trop bas pour un grand homme comme la victime et qu'il cache en fait l'impact d'une balle. On peut apprécier la différence de taille lorsque Seymour remet le chèque à Kaufman au début de l'épisode.

o D'après le calendrier exhibé par Sherry Kaufman, l'action se passe au mois d'octobre.

o Kojak raconte l'histoire connue du médecin qui donne six mois à vivre à son patient puis six mois supplémentaires lorsque le malheureux ne peut pas régler les honoraires.

o Dans la dernière scène, Kojak comprend l'infortune de son ancien détective si prometteur en recevant dans son bureau la machiavélique Sherry Kaufman : 'I think I'm looking at the reasons right now !' et il poursuit par une réplique empruntée à une autre célèbre série policière de l'époque : 'Stavros, book her !'.

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12. LA GUERRE DES GANGS
(THE BEST WAR IN TOWN)

Un agent de police stagiaire interrompt fortuitement un règlement de comptes entre truands. La mort accidentelle d'une passante lors de la fuite des tueurs incite Kojak à se débarrasser des deux chefs de bandes en les montant l'un contre l'autre. 

Cette intrigue ressemble beaucoup à celle de l'ouverture de la seconde saison, le double épisode, The Chinatown Murders mais, si l'histoire sent le 'déjà vu', l'intérêt du fan se portera davantage sur le one-man show de Telly Savalas qui régale la galerie. Le scénario est assez banal et rappelle de nombreux films et épisodes du genre policier mais les fameux Kojakisms pullulent et constituent la grosse attraction de l'épisode. Le 'patrolman' Ralph Warren, bleubite chouchouté par sa mère, est témoin accidentellement de la tentative de pendaison sur la personne de Joseph Laggo, un truand notoire. Ce dernier opte pour la loi du silence et le lieutenant Kojak se retrouve à court d'hommes dans une guerre des gangs naissante. Mis de côté, le jeune Warren rend son insigne, ce qui satisfait sa mère qui fut veuve d'un policier très tôt, mais la visite et le sermon de Kojak dans une superbe scène (détails dans les infos supp) remettront le rookie en selle.

L'intrigue se partage entre les balbutiements dans le métier de Warren et les manœuvres du lieutenant pour anéantir les bandes. Kojak traine comme un sparadrap le sergent Sumar, responsable des recrues, et décide de monter les deux chefs de gangs, Laggo et Fisher, l'un contre l'autre, mais un troisième larron espère en profiter pour tirer les marrons du feu. On assiste alors à une succession de bons mots et de situations qui mettent en vedette notre héros à la sucette et tout y passe pour notre plus grand plaisir ; des répliques habituelles ('Tell me about it', et 'Fish, who loves ya, baby ? You're beautiful') à des anecdotes et attitudes cocasses et croustillantes. Ainsi, Kojak sirote son café, mange son petit pain à la morgue tandis que Warren, impressionné, tente d'identifier les truands sous les draps et Sumar vient au secours de son protégé en précisant au lieutenant que c'est une première pour lui, ce qui fait dire à Kojak que c'est la même chose pour les deux macchabées à la morgue et qu'en plus, eux, ils restent ici !

La meilleure scène est peut-être l'arrivée de Kojak et de ses hommes au domicile de la mère de Laggo, qui sert au gangster de quartier général pour sa troupe. A l'occasion, la réplique du lieutenant au vieil homme débrayé qui ouvre sa porte remporte la palme :'If you let me use your telephone, I won't arrest you for indecent exposure' [Si vous me laissez téléphoner, je ne vous arrête pas pour exhibitionnisme] et l'individu obtient une sucette comme récompense ('My last one, thanks').  Dans cette explosion de scénettes, il est impératif de mentionner également la partie de carte Kojak/Fisher à l'hôtel, à voir absolument en VO même si vous ne comprenez rien, et le final où Kojak, en pose Harry Callahan sur le toit d'une voiture, stoppe le bandit Lairdson aux faux airs de Jean-Pierre Marielle.

La prestation de Telly Savalas influence souvent l'intérêt d'un épisode et c'est ici incontestablement le cas car si on n'aime pas cet épisode, on n'aime pas la série. Parmi les seconds rôles, on notera la performance honnête de Mark Shera pour ses débuts (le rookie) et de l'inconnu Buffy Dee (le gros parrain Catonsky attablé dans deux courtes scènes) tandis que David Doyle, à la voix désagréable, est assez transparent mais il est vrai que l'univers glauque et cynique de Kojak n'est pas un royaume angélique…

o Richard Donner (1930) a réalisé deux autres épisodes de la série, One for the Morgue (saison 1) et Wall Street Gunslinger (saison 2).

o Burton Armus, le scénariste de cet épisode, est 'technical advisor' sur 93 épisodes de la série. Il a parfois un petit rôle ('himself' au générique). Au sujet de cet épisode, il déclare dans l’interview (en bonus sur le site): ‘That was based on an actual event, but not mine.  It was the Gallo Brothers – they ran Brooklyn. What happened is, the cop walked in when there was going to be an execution in a bar, when they were going to hang the guy.  And he got shot at'. [Cette histoire est basée sur un fait réel mais pas avec moi. C’était les frères Gallo qui régnaient sur Brooklyn. Ce qui est arrivé est que le flic est intervenu alors qu’il y allait avoir une exécution dans un bar, au moment où ils allaient pendre le type. Et on lui a tiré dessus].  

o Mark Shera (1949), Ralph Warren, débutait sa carrière dans cet épisode. Il est J.R. Jones dans 93 épisodes de Barnaby Jones (1976-1980). 

o David Doyle (1929-1997), le sergent Harry Sumar, est surtout connu pour le rôle de Bosley dans 110 épisodes des Drôles de dames.

o Norman Burton (1923-2003), le truand Fisher, est décédé dans un accident de voiture. Il a joué des petits rôles dans quelques films connus comme La planète des singes, Les diamants sont éternels (il est Leiter), La tour infernale et aussi dans des séries (deux épisodes des Incorruptibles).

o Richard Karlan (1919-2004), le capitaine en uniforme, a joué de nombreux petits rôles ; entre autres dans quatre épisodes des Incorruptibles et trois de Kojak.

o Kojak au capitaine, qui prend l'arme de la recrue Warren: 'You can take his socks if you like!'[Vous pouvez prendre ses chaussettes si vous voulez!]

o Kojak à Laggo, qui demande au policier de s'occuper de ce qui le regarde :'You punk, you're my problem!'.

o Lors de sa visite au domicile des Warren, le lieutenant Kojak disserte sur le métier de policier dans une scène très forte. Il secoue le bleu dans des termes durs: 'It's a very tough job and I'm good at it. You're paid to be a victim. The public does it for free. Them, I got a feeling for.  You've got one year experiment in one boom-boom moment. Don't waste it, kid' [C'est un boulot très dur et je suis bon. Tu es payé pour être la victime, les gens le sont gratuitement. Pour eux, j'ai de la compassion. Tu as acquis une année d'expérience en un seul instant. Ne le gâche pas, mon 'p'tit.]

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13. AMOUR FOU
(CROSS YOUR HEART AND HOPE TO DIE)

Une jeune femme dépressive assiste au meurtre de son petit ami mais sa mémoire défaillante ne lui permet pas de dénoncer à Kojak le coupable, son voisin obsessivement jaloux.

Lisa Walden, une jolie jeune femme dépressive, est témoin du meurtre de son petit ami du moment, Greg Hallick, poignardé par Joyce Harrington, son voisin jaloux. Ce dernier vit avec sa mère, cardiaque, et élimine toute personne s'intéressant à sa ravissante voisine, fragile psychologiquement. L'enquête laborieuse de Kojak, si elle ne peut s'appuyer sur la mémoire défaillante de la jeune malade, tend à disculper Lisa et à s'orienter vers Harrington, qui semble aussi être responsable de la disparition soudaine, sept semaines plus tôt, de Ralph Damon, le psychiatre de Lisa, également un de ses prétendants. De plus, la lame est allée jusqu'à l'os ce qui ne correspond pas à la frêle corpulence de Lisa.

Cet épisode au faux rythme lent est incontestablement un somptueux hommage au grand maitre Hitchcock tant par les situations et clins d'œil (l'oiseau dans la cage) que par l'ambiance oppressante renforcée par le violent orage dans le final. Harrington épie à la jumelle et surveille par écoutes les avancées de l'enquête de Kojak qui recrée les détails de la soirée du meurtre (liqueur, disque de Sinatra) afin que Lisa retrouve la mémoire. Le gant taché de sang sera finalement l'élément qui permettra à Lisa de se remémorer pleinement l'instant fatal après les quelques flashs épisodiques qui perturbaient la jeune femme (un tournevis devenait le couteau du crime par exemple).

Les moments de démence d'Harrington constituent les temps forts de l'intrigue et les réactions vont crescendo. Il espionne d'abord sa voisine et Kojak ('Just leave her alone') mais le comportement devient plus problématique au fur et à mesure que l'étau se resserre. Harrington lacère ainsi de rage un coussin puis tout s'accélère au décès de sa mère ; la raison d'Harrington vacille dans une scène superbe mais dérangeante où il s'adresse au corps de sa mère avant de s'emparer des vêtements et de la perruque de la défunte, tel Norman Bates, pour prendre sa place sur le lit mortuaire et piéger Kojak.

L'interprétation des deux personnages principaux est excellente ; Lisa, l'héroïne dépressive, et Joyce, l'assassin perturbé, sont tous deux malades ce qui donne une touche très originale à l'ensemble. La mère de Joyce est également diminuée par la maladie et importune son fils pour qu'il soit attentionné ('Get me a cup of soup') mais la découverte du gant ensanglanté sera pour elle le coup de grâce. Cet épisode au suspense prodigieux, au thème musical envoutant et au climat pesant laisse peu de place à l'humour cynique habituel du lieutenant et les derniers instants – Lisa, détruite, subit le contrecoup de la terrible expérience – accentuent encore le sinistre de l'histoire.

o David Friedkin (1912-1976) fut réalisateur, producteur et scénariste. Cet épisode est le premier d'une série de cinq qu'il réalisa pour la série. Il écrivit, en autres, les scénarii de 16 épisodes des Espions (série pour laquelle il était producteur) et de deux épisodes des Rues de San Francisco. Il fut nominé pour un Emmy en 1975 dans la catégorie ‘Outstanding Directing in a Drama Series’ et il remporta un DGA Award aux Directors Guild of America en 1975 pour la réalisation de cet épisode.

o Andrea Marcovicci (1948), Lisa Walden, fait surtout, avec succès, du théâtre. Elle jouera dans un autre épisode de la série, Once More from Birdland, saison 5, le rôle d'une chanteuse (ce qu'elle est aussi).

o Lenny Baker (1945-1982), Joyce Harrington, est décédé à 37 ans d'un cancer. Il remporta un Tony Award pour sa prestation dans I Love My Wife.

o Lenka Peterson (1925) refera une autre apparition dans le rôle du Dr Barbara Kirk.

o Le titre est l'équivalent français de 'croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.'C'est le sermon échangé par Lisa, perturbée, et Joyce, calculateur malade.

o Ol' Blue Eyes est le surnom du crooner Frank Sinatra (1915-1998). Greg veut faire écouter un disque de l'artiste à la jeune femme dans son appartement (bien que celle-ci n'ait pas de 'disques populaires').

o Le pharmacien au carnet d'adresses rempli de personnes féminines a une lampe qui clignote 'All night service' ! 'Sure, it's a bit cheeky' s'apostrophe le lieutenant.

o Joyce Harrington fait référence à l'auteur irlandais James Joyce (1882-1941) en toisant Kojak ('You probably never read').

o Kojak tend une sucette au docteur Kirk alors qu'elle prend une cigarette : 'Try one of these !'. 

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14. L'INDIC
(THE BETRAYAL )

Un informateur utilise un détective pour gravir plus rapidement l'échelle du crime.

Une sombre histoire policière classique où un informateur et son policier référant essaient de tirer parti de la situation pour leur intérêt personnel. Bien que l'intrigue se situe au moment des fêtes de Noël, elle n'a rien de gai et le début n'est pas original. Le détective Sam Calucci espère une promotion suite à ses nombreuses arrestations obtenues grâce aux informations fructueuses de son indicateur Buddy Maus.

Néanmoins, après un nouveau tuyau, Calucci est obligé d'abattre en légitime défense Courland, un cambrioleur de bijouteries. Le policier n'a pas conscience que ses prouesses servent également le petit informateur qui dévalise l'appartement du cambrioleur et clame à un bonnet de la drogue qu'il a un flic dans sa poche. Averti par Weaver (toujours en couverture là où il faut), Kojak met en garde Calucci dans un tête-à-tête qui constitue la meilleure scène de l'épisode. Le grain de sable est la prostituée Karen Legovitz qui a vu Maus dans l'appartement de Courtland.

Maus assassine le témoin gênant (elle saute ?) avant que Calucci et lui ne s'entretuent. Le seul relâchement par rapport à l'accoutumée est de voir le lieutenant, en première partie d'épisode, dans des chemises olé-olé en compagnie d'une blonde bien roulée (après tout, Mister Savalas était derrière la caméra !). Les deux seconds rôles principaux sont convaincants, sans plus. Paul Anka est l'indic et Richard Romanus est le policier mais la scène où Maus vole au secours de Calucci est peu crédible.

Le final palpitant et dramatique rattrape les imperfections notées plus tôt et l'histoire rappelle certaines véritables affaires où des policiers franchissent la ligne jaune avec leurs indics. Parmi les autres bons points de cet épisode, on peut retenir la (trop courte) présence de l'incorruptible Paul Picerni, l'interrogatoire de la concierge et la visite de Kojak à la collègue de Karen dans son loft (et la claque sur les fesses)…et puis,  il y a la vieille femme qui tient la caisse du cinéma porno !

o Cet épisode marque les débuts de réalisateur de Telly Savalas. Il mit en scène quatre autres épisodes de la série.

o Joseph Polizzi a écrit l'histoire de deux autres épisodes de la série. A son actif, citons aussi un épisode des Rues de San Francisco, Merchants of Death.

o Paul Anka (1941), Buddy Maus, est connu dans le monde de la chanson depuis les années 50 en tant qu'interprète mais aussi compositeur (My Way pour Sinatra). Il joua dans quelques films dont un rôle remarqué dans Le jour le plus long (film pour lequel il composa la musique).

o Paul Picerni (1922-2011), le détective Albert Cohen, est célèbre pour le rôle de l'agent Lee Hobson, l'adjoint d'Eliot Ness, dans 86 épisodes des Incorruptibles, à partir de la seconde saison. Il jouera dans un second épisode de la série, Sixty Miles to Hell.

o Tony Burton (1937-2016), Eddie Ellis, était boxeur professionnel et il a participé aux six films Rocky.

o Molly Kramer, la concierge, se confie à l'oreille du lieutenant sur son locataire assassiné. Kojak: 'He stole for his living, he paid for his loving.'

o A noter, le sapin de Noël avec des avis de recherche en guise de décorations. Kojak : 'A mass murderer, very festive !'

o L'arnaque (The Sting) est à l'affiche du cinéma à coté de la bijouterie cambriolée. Le film est sorti le 25 décembre 1973 aux USA.

o L'échange final entre Kojak et Crocker. Ce dernier demande à son lieutenant : 'Sam, was he straight ?' [Sam, il était réglo ?] et Kojak répond :'Yeah, he was straight'.

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15. QUI GAGNE PERD
(LOSER TAKES ALL)

Une femme complote un vol de diamants avec son amant mais l'assassinat de son mari, petit malfrat, change la donne.

La participation de Leslie Nielsen en gangster impitoyable est l'attraction de cet épisode mouvementé mais au scénario bancal sur la dernière partie. Michael Hagar, le personnage qu'interprète l'acteur, a une importante présence à l'écran et le lieutenant Kojak est même relégué au second plan n'ayant qu'une brève apparition dans le premier quart d'heure. Le tempérament violent d'Hagar est dépeint dès la première scène (il rosse le messager envoyé par Waverly) mais on a du mal à imaginer ce personnage infâme sous les traits de Leslie Nielsen, peut-être l'habitude de le voir jouer des rôles légers sur sa fin de carrière.

Les rumeurs d'un casse obligent Kojak à se fier aux confidences d'un indic, Benny, interprété par Antonio Fargas, qui connaitra son heure de gloire quelques années plus tard dans un rôle similaire. Hagar retrouve Paula, sa maitresse, qui le renseigne sur la possibilité de faire main basse sur des millions en diamants. Waverly, le mari de Paula (mais 'nothing to do with sex'), n'est pas de taille à lutter avec Hagar mais il espionne son rival ce qui lui sera fatal. L'assassinat de Waverly dans un parking permet au lieutenant d'être présent dans le récit, d'orienter son enquête vers Paula et de faire le rapprochement avec Hagar.

Les investigations sont facilitées avec la chaussure de bouffon de Benny retrouvée auprès du corps ($36.50 la paire !) et les dernières paroles accusatrices du mourant. La meilleure scène de l'épisode n'est pas le final ; elle se situe au milieu de l'intrigue à l'aéroport lorsque Hagar, déguisé en chauffeur, se fait remettre les diamants. Son regard croise celui de Kojak (superbe instant) et, au terme d'une poursuite dans l'aérogare, le lieutenant est touché par balle et transporté sur une civière pour la première fois de la série. Après quelques temps à l'hôpital Bellevue, le scénario devient alambiqué dans la dernière phase  et gâche l'ensemble ; personne n'identifie Hagar dans le tapissage au precinct et il est donc relâché, faute de preuve !

Kojak rend ensuite visite à Paula et lui révèle qu'un certain Hagar est impliqué dans l'assassinat de son mari. Fausse note ou acte délibéré car Kojak insiste lourdement puis le lieutenant apprend par hasard les liens entre Hagar et Paula (ce qui a poussé Waverly a renseigné Kojak par le biais de Benny). Dans tous les cas, la fin est prévisible et les policiers ne peuvent empêcher Paula d'abattre Hagar. Un épisode prometteur qui n'est en définitive que moyen à cause d'un final rapiécé et peu crédible.

o Allen Reisner (1924-2004) a réalisé un autre épisode de la série, Death Is Not a Passing Grade (avec James Woods), saison 1.

o Robert C. Dennis (1915-1983) a écrit l'histoire d'un autre épisode, Eighteen Hours of Fear, saison 1. Le second scénariste de l'épisode, William P. McGivern (1918-1982), était un romancier qui fut élu President of the Mystery Writers of America en 1980.

o Leslie Nielsen (1926-2010), Michael Hagar, a joué des rôles dramatiques avant de sombrer dans des comédies ridicules (qui firent néanmoins sa gloire). Notons un épisode des Incorruptibles (Three Thousand Suspects) et surtout trois épisodes des Rues de San Francisco où il est un clochard (Legion of the Lost), un flic condamné par la maladie (Before I Die) et un policier alcoolique qui abat son collègue en état d'ivresse (One Last Shot).

o Ja'net DuBois (1945), Paula Thomas, a débuté au théâtre puis elle s'est orientée vers la chanson et le cinéma. Elle composa la musique des Jeffersons et elle tourna dans quelques séries dont Shaft et Cold Case, et, bien entendu, Good Times de 1974 à 1979.

o Antonio Fargas (1946), Benny, est célèbre pour son rôle d'Huggy-les-bons-tuyaux dans 89 épisodes de Starsky & Hutch.

o Benny fait allusion à Danny Thomas, lorsque Kojak lui demande s’il connait Waverly Thomas,  ce qui fait dire au lieutenant, mécontent qu’on se paye sa tête : ‘Danny Thomas…you creep, sit down !’. Danny Thomas (1912-1991) était un acteur et producteur américain.  

o Il y a la scène maintes fois réutilisée lorsque la Buick rentre sur l'autoroute en empruntant une bretelle ; ici, lorsque Kojak se rend à l'aéroport dans le final. Néanmoins, ce passage est mal employé car la Buick de Kojak n'a pas la sirène (bien qu'on l'entende) alors que le lieutenant vient d'ordonner au téléphone à ses inspecteurs de se rendre à l'aéroport 'red light all the way'.

o Lorsque Kojak/Telly Savalas retourne à Paula's Place, il ouvre violement la porte qui se referme brièvement sur le visage de l'acteur.

o La dernière scène est énigmatique. Kojak descend l'escalier roulant suivi de Paula puis il se tourne vers elle. Est-elle arrêtée ?

o A noter que Weaver est l'inspecteur le plus sollicité de l'épisode et que Crocker, habituellement aux côtés du lieutenant, est en retrait.

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16. FAUSSE PISTE
(CLOSE COVER BEFORE KILLING)

Un homme engage un pyromane pour mettre le feu à ses bureaux mais son associé, scrupuleux, est un obstacle à éliminer. 

Le scénario de cette intrigue a sûrement fait l'objet d'épisodes de toutes séries policières vu son classicisme ; Le feu dans la ville des Rues de San Francisco a, par exemple, le même thème. Un homme d'affaire a recours à un incendiaire pour mettre le feu au bureau de l'entreprise afin de toucher la prime d'assurance. Dans le cas présent, Morton Tallman tue avec un objet contondant son associé, qui rechigne à passer à l'acte, avant que l'incendie ne se propage dans les locaux.

Néanmoins, Kojak découvre que la victime est morte, assassinée, avant le départ du feu. Les soupçons du lieutenant se portent ensuite rapidement sur Tallman et le suspense est, par conséquent, assez restreint. Deux personnages permettent de tenir la longueur requise : Luis, le suspect, vu dans la maison en compagnie d'une jolie femme (mariée ce qui explique les silences) et Vince Hackley, l'incendiaire, qui va se retrouver menacé dans le final car Tallman est pressé par son créancier ('Kill the matcher').

Des personnages nécessaires mais qui génèrent de nombreuses scènes inutiles et bavardes ; ainsi, le passage Vincent/Linda est long et ennuyeux. Kojak se lance sur la piste du criminel, dont l'identité est déjà connue, mais surtout de l'incendiaire qui peut confondre son commanditaire. L'intrigue, solide, servie par des acteurs au jeu satisfaisant, est trop classique et rappelle moult histoires semblables et même le final, quelconque,  n'enthousiasme guère. 

o Sigmund Neufeld Jr a réalisé dix épisodes de la série (celui-ci est le premier) mais il fut editor sur vingt autres dès les premiers épisodes de la première saison.

o Peter S. Fischer, le scénariste, a travaillé sur 16 Columbo et 264 Arabesque !

o Alex Rocco (1936-2015), Morton Tallman, a joué dans un épisode de la première saison, Autorité.

o Erik Estrada (1949), Luis, est Poncherello dans 139 épisodes de Chips.

o C'est la dernière des cinq apparitions 'officielles' de Darrell Zwerling dans le rôle de l'incomparable' médecin légiste Agajanian (mais il est souvent présent sans être au générique.)

o A la manière de Sherlock Holmes, Kojak soupçonne que la victime est morte avant l'incendie car la bibliothèque qui lui est tombée dessus n'a pas de cendre consumée et un objet trouvé à coté du corps, et ayant pu servir au meurtre, avait sa place initiale sur le bureau et pas sur la bibliothèque.

o A noter le coup d'œil entendu de Crocker à l'égard de la réceptionniste, Theresa Ryan (interprétée par la jolie Catlin Adams).

o Kojak à Luis et Theresa: 'Marriage council isn't my line of work.'

o Les initiales VJH sur le rapport correspondent à Vincent Joseph Hackley,  le professeur de chimie engagé pour  commettre des incendies.

o A plusieurs reprises, l'incendiaire est surnommé The Matcher.

o McNeil, choqué, dans le dos de Kojak qui vient de tremper son croissant dans le café du capitaine : 'What a bore !'.

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17. ACTE DE DÉSESPOIR
(ACTS OF DESPERATE MEN)

Un comptable paumé se prend de sympathie pour un ancien soldat qui exécute les responsables de l'assassinat de son père.  

Une excellente histoire à la réalisation nerveuse et sans temps mort. Keith Wicks a été soldat au Vietnam et ce qu'il a vu l'a perturbé mais l'homme est un tireur d'élite et les premières images font penser à l'entame de Dirty Harry (sauf qu'ici, la victime n'est pas une jolie fille dans une piscine mais un homme d'affaire infâme au cigare puant dans son bureau). Peu de temps après le premier meurtre, un policier à la retraite subit le même sort. McNeil et Kojak trouvent un lien entre les deux assassinats et soupçonnent Seymore Haywood, le comptable de l'homme d'affaire véreux, qui a été arrêté à une adresse relais.

C'est finalement Jo Anne Yager, l'ancienne petite amie de Wicks père, qui met le lieutenant sur la piste du fils qui, blessé en tentant de récupérer un courrier compromettant, a trouvé refuge chez Haywood. L'assassinat de son père, qui ne voulait pas vendre son restaurant au promoteur, est resté impuni et l'a transformé en justicier ce qui fait l'admiration du comptable, à la vie ratée de son propre aveu, qui procure les renseignements nécessaires à la vendetta du jeune homme ('All I want is finish that job'). Un lien père/fils se tisse entre eux mais Wicks ne veut pas compromettre davantage son nouvel ami.

Piégé dans son appartement, Keith Wicks est abattu dans un échange de tirs avec Kojak sous les yeux d'Haywood qui reprend la croisade à son propre compte en ajoutant à la liste le nom du lieutenant. Alors que Kojak pense être arrivé au bout de ses soucis (pour une fois, McNeil a plus de flair que lui), deux nouveaux meurtres surviennent ('It's very impressive for a ghost'). L'épisode, très bien construit et sans préambule inutile, comporte de nombreux passages intéressants ; la première scène déjà décrite, la séquence d'interrogatoire musclé superbement filmée par le réalisateur Szwarc, la rencontre émotive Wicks/Haywood et la fusillade à l'issue tragique.

Le final, dans l'obscurité des appartements de la jolie Anne Yager (faussement soupçonnée d'être dans le complot) et d'Haywood, est captivant et maintient un suspense prodigieux jusqu'aux derniers instants. Cet épisode de haute facture est interprété par de très bons seconds rôles (on oubliera les deux tueurs pâlots) et il symbolise la constance dans la qualité de la série. 

o Gene R. Kearney (1930-1979), le scénariste de cette histoire, a participé à 72 épisodes de la série en tant que producteur, scénariste, réalisateur ou 'story editor' ! C'est la quatrième histoire de la seconde saison qu'il écrit et elles sont toutes à quatre étoiles.

o Eugene Roche (1928-2004), Seymore Haywood, était connu pour ses nombreux rôles dans des comédies et il joue également un détective dans plusieurs épisodes de la série Magnum.

o Bruno Kirby (1949-2006), Keith Wicks, a joué dans des films connus comme Le parrain 2, Quand Harry rencontre Sally, Good Morning Vietnam, Donnie Brasco.

o Robert Modica (1931-2015), l'homme de main, a joué dans trois épisodes d'Equalizer.

o Lorsque Haywood ajoute le nom de Kojak sur la liste, il s'apprête à le faire de la main gauche (Eugene Roche est sûrement gaucher) mais il est filmé dans le miroir et la main en gros plan qui écrit le nom du lieutenant est celle d'un droitier. 

o Les tueurs lisent le New York Chronicle, journal fictif.

o Saperstein détaille l'état de l'enquête à l'arrivée de Kojak (découverte des douilles). Il a rarement autant parlé depuis le début de la série !

o Une pointe d'humour pour l'anniversaire de Stavros qui reçoit une multitude de plantes comme cadeaux. Stavros se permet même d'emprunter à Kojak la phrase 'magique': 'Lieutenant, who loves you ?' Et le lieutenant répond: 'Fatso, Cheers ! Happy birthday! Where's the fireplace?'

o Le cynisme de Kojak, essentiel à tout bon épisode, est présent lorsqu'il s'adresse au corps sans vie du tueur du syndicat : 'You'll be pushing (daisies) instead of pulling' et dans la dernière réplique : 'Most people live lives of quiet desperation. Maybe, it's better that way.''

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18. LA REINE DES GITANS
(QUEEN OF THE GYPSIES)

Témoin du braquage d'une banque, une gitane retrouve l'équipe de truands pour lui faire dévaliser une demi-douzaine d'établissements financiers en une journée.

C'est le même duo scénariste/réalisateur (Kearney/Szwarc) que l'intrigue précédente mais le résultat est diamétralement opposé. Zohra Lampert étouffe par sa présence tout l'épisode ne laissant que quelques miettes aux autres seconds rôles (dont Robert Emhardt, présent dans seulement deux scènes dont une avec Telly Savalas) et l'enquête de Kojak et de ses inspecteurs est inexistante vu qu'ils se contentent de prendre en filature un petit faussaire pour remonter à Marina Sheldon et l'interroger.

Malgré un bon début avec le casse du trio grimé en Groucho Marx et la poursuite de Crocker et Stavros, l'intrigue est plombée par les nombreuses invraisemblances qui s'enchainent régulièrement pour terminer par une cerise sur le gâteau que je ne révèlerai pas mais qui classe définitivement l'épisode dans la catégorie 'à ne voir qu'une fois' !

Comment Marina peut-elle subtiliser la photo d'un suspect dans le precinct ? Comment Marcus peut-il se rendre compte que celle-ci justement manque au milieu de tous les avis ? Comment le trio de braqueurs peut-il se laisser embobiner par la fable de Marina ? Bref, rien ne tient dans cet épisode surtout si on y ajoute les longues palabres ennuyeuses comme lors de l'interrogatoire final, une sorte de poker bluffeur entre Kojak et Marina. Parmi les rares bons moments, Kojak se sert de sa sucette comme d'une boule de cristal et certains faits et commentaires bien sentis qui seraient aujourd'hui taxés de 'stigmatisation de la communauté des gens du voyage'…

o Zohra Lampert (1937), Marina Sheldon, a fait quelques apparitions TV remarquées mais elle n'a pas obtenu un succès mérité au cinéma. Elle a remporté un Emmy pour ce rôle en 1975. On peut citer des rôles dans les séries Des agents très spéciaux, Serpico, Hawaii police d'état, Equalizer, entre autres et au cinéma dans La fièvre dans le sang. Elle participera à un second épisode de Kojak ; The Halls of Terror, cinquième saison.

o Robert Emhardt (1914-1994), Marcus, a joué dans de nombreuses séries cultes ; 250 apparitions dans des séries TV dont Alfred Hitchcock présente (6 épisodes), Les Incorruptibles (3 épisodes), Les mystères de l'Ouest (2 ép.), Les envahisseurs, Des agents très spéciaux, Mannix, L'homme de fer, Les rues de San Francisco…

o Charlie Picerni (1935), Dennis, est le frère de Paul, l'incorruptible. Il est le coordinateur des cascades sur une soixantaine d'épisodes de la série. Il joue aussi quelques rôles comme celui du cambrioleur Lewis Kowalski, abattu par Crocker après une poursuite en voitures, dans Le corrupteur, saison 1. Il est également la doublure de Paul Michael Glaser dans la série Starsky & Hutch et il a coordonné les cascades sur de nombreuses séries cultes comme Les Incorruptibles, The Time Tunnel (doublure de James Darren), Mannix (doublure de Mike Connors sur 25 épisodes), Les rues de San Francisco, Drôles de dameset il continuait toujours en 2017 sur Fast & Furious 8 ! Il est très actif sur sa page Facebook où il écrivait en octobre 2017 que Telly Savalas était 'The Best' avec qui il avait travaillé.

o Scènes tournées à Los Angeles: l’attaque de la banque par le trio grimé, la poursuite de Crocker et Stavros, le camion de fonds bancaires en surchauffe, la fusillade finale.

o Lors de la poursuite, l'ambulance des truands est bien devant la voiture de Crocker et Stavros mais les policiers sont en mesure, au plan suivant, de bloquer le véhicule des fuyards.

o Ce n'est pas la même photographie que Marina prend sur la fiche puis qu'elle glisse dans son sac. 

o Kojak: 'Since then, God has given to the Gypsies the right to steal'. 

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19. PHILATÉLIE
(NIGHT OF THE PIRAEUS )

Kojak enquête sur trois meurtres liés à l'intrusion illégale sur le territoire américain d'un timbre excessivement rare.

Une intrigue aux effluves grecs qu'ont dû savourer les frères Savalas si on en juge par la chanson interprétée par Demosthenes au début et à la fin de l'épisode. L'histoire est solide et pleine de rebondissements même si l'arrestation du tueur à bord d'un camion avant le véritable final donne l'impression d'avoir été conçue à la va-vite.

À l'arrivée d'un bateau en provenance du Pirée, Elaine, une jolie femme, trahit son ami grec qui est abattu et sa ceinture dérobée. Kojak attache de l'importance à ce vol et le policier se demande ce qu'elle pouvait dissimuler : diamants, secret militaire, recette d'un horrible vin grec (McNeil) ou autres. Peu après, la femme (quel gâchis !), qui avait perdu une chaussure telle Cendrillon, et un des tueurs sont, à leur tour, supprimés. Le commanditaire est Harry Fein, un homme d'affaires qui a dorénavant en sa possession un duo de timbres du troisième Reich d'une valeur inestimable. Le lieutenant va remonter la piste grâce à une mère maquerelle aguicheuse, ancienne 'amie' d'Elaine qui a servi d'entremetteuse, et, surtout, Henry Keiler, un philatéliste excentrique témoin du premier meurtre, pour qui la cote d'un timbre s'estime par son histoire mouvementée et, si possible, meurtrière.

De nombreux personnages, bien interprétés, agrémentent l'épisode et une des scènes les plus marquantes est le face-à-face Fein/Keiler où l'opposition d'un businessman cupide et d'un philatéliste acharné. Le geste calculateur de Fein, détruire un timbre pour augmenter la valeur de l'autre, signe sa perte car Keiler voit dans cette action un véritable meurtre, bien plus important à ses yeux que les trois assassinats que ce timbre a engendrés. La séquence d'ouverture sur le port, la rencontre Kojak/Betsy ('bald head, large nose') et la visite de Kojak à Keiler ('I buy, lieutenant, I never sell') sont trois autres passages très intéressants d'un épisode divertissant teinté de musique grecque agréable et de 'Kojakisms' savoureux.

o La chanson interprétée par George Savalas s'intitule After Now.

o Norman Lloyd (1914), Harry Fein, commença sa carrière en 1939 et il joua dans deux films d'Hitchcock, Cinquième colonne et La maison du docteur Edwardes. Hitchcock le nomma producteur associé et réalisateur pour la série Alfred Hitchcock présente. Il devint ensuite coproducteur et producteur exécutif sur la série sur laquelle il travailla pendant huit années. A noter qu'il réalisa également un épisode de Columbo - Lady in Waiting.

o Ivor Francis (1918-1986), Henry W. Keiler, a joué dans un épisode de la première saison, Deliver Us Some Evil. Il y est Mr Hale…un collectionneur qui s'est fait dérober une pièce rare !

o Gale Garnett (1942), Elaine Kastos, est née en Nouvelle-Zélande. Elle débuta sa carrière en 1960 et dans sa filmographie limitée, citons un (très bon) épisode d'Equalizer et le film Mariage à la grecque. Trois scènes dans cet épisode de Kojak dont celle, très remarquée, où elle pose sur le lit. Elle gagna un Grammy Award pour une chanson en 1964 battant d'illustres figures comme Bob Dylan. Elle écrit maintenant des romans à Toronto.

o Kojak à Crocker, qui vient de citer 'Piranha' comme nom du bateau : 'That's Piraeus, Crocker ! It's a port, not a fish !'. [C'est Le Pirée, Crocker ! C'est un port, pas un poisson !'].

o Kojak lit la fiche du suspect : 'Not known accomplice. Prefers the company of women' [Pas de complice connu. Préfère la compagnie des femmes] et il s'exclame à McNeil: 'That could be me!' [Cela pourrait être moi.]

o Kojak devant le corps d'Elaine lorsqu'il apprend que Betsy, la mère maquerelle, retenait 50% à la victime :'Fifty percent, it's a bargain compared to this'. [Cinquante pour cent, c'est une affaire comparé à cela]

o Dans une discussion Kojak/McNeil, il y a une référence à la nouvelle d'Edgar Allan Poe, The Gold Bug (Le scarabée d'or). Cette nouvelle, parue en juin 1843, est le texte le plus lu du vivant de l'auteur. La trame romanesque sur laquelle se base la nouvelle continue également de motiver les chasseurs sur les traces d'un trésor enfoui sur l'île Sullivan en Caroline du Sud, lieu de résidence de Poe.

o Kojak préfère le chewing-gum à la sucette ou au cigarillo (avec Stavros au precinct).

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20. VENGEANCE DE FEMME
(ELEGY IN AN ASPHALT GRAVEYARD)

Kojak est affecté par la mort d'une connaissance, une call-girl retrouvée pendue dans son salon. Il ne fait aucun doute pour le lieutenant qu'il s'agit d'un meurtre.

Cet épisode au rythme lent et pesant a la particularité de faire découvrir le lieutenant Theo Kojak sous des aspects rarement explorés dans la série jusqu'à présent. La singularité de l'épisode est soulignée par l'interprétation de Telly Savalas d'une chanson post-générique qui démontre des talents qui n'ont rien à envier aux meilleurs crooners. Le policier est attristé par le décès d'Azure Dee, ancienne toxicomane, qu'il connaissait depuis six ans et on assiste à une belle performance de l'acteur qui dépeint son personnage sous un angle différent de l'accoutumée : Kojak tance Weaver et Stavros sur leurs résultats mais son visage se ferme soudainement et devient grave à la vue du nom de la personne décédée : 'Are you sure about this name ?'. Dans l'appartement de la jeune femme, le policier porte la victime, la place sur le canapé et la rechausse puis, dans la séquence suivante, il reconnaît son erreur après avoir suspecté Billy Jo, un livreur, l'ancien petit ami de Dee.

Kojak est interpellé par le changement de vie d'Azure Dee, une call-girl sélective qui côtoyait le luxe et avait deux amants : un d'âge mur et un autre beaucoup plus jeune. Les deux tueurs ont effacé toute trace du meurtre, qui devait passer pour un suicide, mais ils n'ont pas pris le courrier du jour dont la facture téléphonique qui s'avère instructive. L'enquête mène alors Kojak à un couple de notables, Tyler et Regina Meadows, et, plus tard, au frère de Tyler qui allait épouser Azure Dee. Sans savoir le mobile de l'assassinat, le spectateur connaît le méchant très tôt et, lors de la première scène du couple Meadows, une altercation s'achève par une gifle et un 'You bastard' de Madame !

De son coté, Billy Jo est revanchard mais il ne sert qu'à brouiller les pistes du scénario (et à proposer la seule séquence d'action de l'épisode) car le lieutenant découvre surtout la liaison antérieure de la jeune femme avec un juge qui met fin à ses jours en apprenant la nouvelle. Les pièces du puzzle se placent lentement lorsque Kojak apprend que Tyler Meadows avait fait chanter le juge pour qu'il intervienne favorablement sur une affaire de société.

Comment Tyler pouvait-il ensuite empêcher son frère d'épouser la call-girl, qui fut également sa maitresse, au risque qu'elle révèle toute l'histoire ? Le policier sait mais n'a pas de preuve et le seul recours du lieutenant se trouve… dans le titre français. Deux points négatifs sont néanmoins à relever dans l'épisode ; le mauvais casting qui fait passer le frère de Tyler pour son fils et l'idée saugrenue qui amène Kojak à faire analyser les coussins du canapé (et prouvera que Dee a été étouffée avant d'être pendue).

C'est un très bon épisode noir à l'aspect inhabituel et sans scène d'action spectaculaire mais le meurtre sauvage d'une connaissance implique personnellement Kojak, flic jusqu'alors apparemment insensible. Le début est parfait - la chanson de Telly Savalas sur fond d'images by night de quartiers chauds new-yorkais, les deux tueurs aux chapeaux en caméra subjective dans l'appartement d'Azure Dee sur une musique de Vivaldi et l'arrivée de Kojak sur les lieux du drame. La suite est intéressante et comporte même des passages mémorables, comme l'échange entre Kojak et O'Malley cité ci-dessous, et l'absence d'action ne pénalise pas une intrigue mystérieuse qui se conclut, une fois n'est pas coutume, par un final à la Poirot.  

o Telly Savalas interprète la superbe chanson Azure Dee au début et à la fin de l'épisode. Les paroles sont de James McAdams et la musique de John Cacavas.

o Christian Nyby (1913-1993) a réalisé un autre excellent épisode de la série, A Killing in the Second House, également de la seconde saison.

o Denyce Liston, qui interprète brièvement Azure Dee, jouera dans deux autres épisodes de la série.

o Scènes tournées à Los Angeles : la fusillade qui entraine la mort de Billy Jo et la demeure des Meadows est  sur Hudson Avenue.

o La série est véritablement tournée en extérieurs ; pendant toute la conversation de Kojak avec Billy Jo, on peut entendre un marteau-piqueur, qui a tendance à couvrir parfois les répliques des acteurs.

o Kojak à Weaver devant le corps pendu :'Cut her down'.

o Kojak, alors que Billy Jo s'enfuit en le voyant : 'That's a hell of a welcome !'.

o O'Malley, le gardien de la résidence, a beaucoup d'estime pour la décédée et il essaie de relativiser les agissements de la dame :'Miss Dee would entertain occasionally.' [Miss Dee divertissait occasionnellement]. Kojak: 'You mean she was turning tricks' [Vous voulez dire qu'elle faisait le tapin] ce que réfute O'Malley: 'Not as bad as you think. She was not a common call-girl'. [Ce n'est pas ce que vous pensez, elle n'était pas une call-girl ordinaire.]

o La Buick est marron dans l'insert de l'autoroute lorsque Kojak se rend chez les Meadows mais elle est noire lorsque le policier se gare devant la demeure.

o Il y a de la neige lorsque Kojak arrive à pied chez le juge Lavery ; une excellente scène entre les deux protagonistes dans laquelle le lieutenant montre qu'il veut la vérité à tout prix : 'I don't care for my badge. I don't care for my pension.' L'épisode fut tourné pendant l'hiver 74-75.

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21. LE POSEUR DE BOMBES
(THE GOODLUCK BOMBER)

Un poseur de bombes met en échec la police new-yorkaise et Kojak requiert l'aide d'un ancien artificier criminel mais, lorsque ce dernier demande un million de dollars, le lieutenant sent qu'il y a anguille sous roche.

Quelle que soit la série, en regardant certains épisodes, on se demande parfois pourquoi les producteurs ont accepté que des histoires insignifiantes gâchent l'ensemble d'une saison.  Inévitablement pour faire le chiffre et c'est le cas avec cette intrigue soporifique de poseur de bombes dont les engins ne peuvent être désamorcés.

Cela n'a rien à voir avec l'excellent Dynamo-thérapie de la première saison et c'est dû à plusieurs raisons. D'abord, l'absence de suspense et les longues séances ennuyeuses de déminage et, surtout, le méchant d'alors, Danny Zucco (superbement interprété par Steven Keats), avait de la consistance contrairement à Joe Milner qui est ici le pâlot Richard Bradford, qui est bien l'homme d'un rôle. Il est méconnaissable avec une moustache et une bonne dizaine de kilos en plus et son jeu est insipide. Entre les interminables séquences de déminage – la seconde dure près de sept minutes et elle constitue le passage le plus pénible de la série jusqu'à présent-, il y a peu de places pour des scènes intéressantes.

Tout est prévisible car on se doute dès le début que Milner/Bradford est le coupable et l'utilisation de montres rares dans le mécanisme de chaque bombe permet à Kojak de faire le lien avec le criminel. Le seul bon point de l'épisode est la façon avec laquelle Kojak amène Milner à se découvrir, à minimiser son importance et à l'inciter à se rendre à Staten Island où il a placé son cinquième et dernier engin diabolique. Trop peu pour un épisode…

o Ray Brenner fut nominé aux Writers Guild of America en 1976 dans la catégorie ‘Episodic Drama’ pour cet épisode.

o Jack Ging (1931), le lieutenant Becker, est présent dans quelques Clint Eastwood dans de petits rôles : Pendez-les haut et court, Un frisson dans la nuit, L'homme des hautes plaines. Il est aussi le lieutenant Dan Ives dans 8 Mannix.

o Richard Bradford (1934-2016), Joe Milner, est McGill dans les 30 épisodes de L'homme à la valise en 1967-68.

o A l’arrivée de Kojak sur les lieux (début de l’épisode), on remarque, comme souvent, les nombreux figurants et badauds. Il y en a un qui s’y prend à deux fois pour photographier Telly Savalas, lorsqu’il sort de sa Buick.

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22. PARTENAIRES INDÉSIRABLES
(UNWANTED PARTNERS)

Crocker doute qu'un ami d'enfance soit impliqué dans un racket de boites de nuit et la mort d'un homme.

Cet épisode marque le début d'une certaine mise en relief des personnages constants de la série ; cette fois-ci, il s'agit de Crocker mais il ne sera pas le seul de la fin de saison. Un employé est assassiné lors d'une tentative de racket d'une boite de nuit et Kojak apprend par un de ses indics qu'un ami d'enfance de Crocker est dans le coup.

Le détective Valano refait une apparition surprenante après un an d'absence. Infiltré pour démanteler la vague de rackets, il renseigne le lieutenant mais la rencontre avec Kojak du début de l'épisode interpelle : A quelle autre enquête ce personnage a-t-il participé ? Benny Mareno, le copain de collège de Crocker et ancien repris de justice, est surveillé par les inspecteurs et le groupe de truands auquel il appartient est finalement lâché par Arnie, leur patron, l'oncle de Benny, qui les considère 'grillés'. L'intrigue est axée sur les rapports Crocker/Mareno et leur copine commune, devenue la femme du gangster, et il n'y a pas d'enquête à proprement parler, seulement des filatures.

Crocker admet difficilement que son ami est irrécupérable mais il obtient néanmoins de son chef d'essayer de le capturer vivant. L'histoire est intense et captivante et elle ne comporte pas de passage larmoyant généralement associé à ce genre de situation. Comme tous bons épisodes, les répliques acerbes de Kojak font mouche ; la séquence initiale, où il remet en place Grubert, le propriétaire du night-club, qui vient d'apostropher Crocker par 'kid', est croustillante. Quelques autres scènes se détachent dans une solide histoire policière jouée par des acteurs convaincants : le double jeu de Grubert, qui débranche les écoutes et permet à Arnie de s'en tirer en contrepartie de son témoignage, et le final tragique mais prévisible où Valano abat Mareno en légitime défense.

o Une bonne histoire pour cet épisode mais ce n'est pas étonnant car le scénariste est Burton Armus. Il était détective dans le Bronx  lorsque Telly Savalas l'engagea comme conseiller technique sur la série ce qu'il fit pour 93 épisodes. Il a parfois un petit rôle ('himself' au générique). Il fut également scénariste et producteur pour d'autres séries et il fut nominé plusieurs fois pour NYPD Blue.

o Brad Dexter (1917-2002), Arnie, était l'un des 7 mercenaires dans le film de John Sturges en 1960. Il aimait dire à ce propos qu'il était le mercenaire que personne ne se souvenait. Il sauva Frank Sinatra de la noyade sur le tournage de L'île des braves. Dexter reçut la Red Cross pour bravoure mais Sinatra coupa les ponts avec Dexter lorsque celui-ci lui conseilla de ne pas épouser Mia Farrow, alors âgée de 20 ans.

o James Sutorius (1944), Benny, est Lawson, le chauffeur de taxi dérangé, dans A Strange Kind of Love de la cinquième saison.

o Michael Delano (1940) reprend le rôle du détective Valano qu'il tient dans l'épisode Dark Sunday de la première saison. Il a joué un rôle différent dans un autre épisode, One for the Morgue.

o Richard Karlan (1919-2004) est déjà le capitaine qui s'oppose verbalement à Kojak dans The Best War in Town. Il a joué de nombreux petits rôles ; entre autres dans quatre épisodes des Incorruptibles et trois de Kojak.

o La chanson du début d'épisode dans la discothèque s'intitule Born To Be Wild, paroles et musique de Mars Bonfire. Cette chanson, écrite par Mars Bonfire en 1968, rendit célèbre le groupe de rock canadien Steppenwolf. Elle est souvent utilisée dans la culture populaire comme chanson de référence aux bikers. Cette chanson est considérée comme ayant inspiré le nom du genre heavy metal. En effet le second couplet de la chanson mentionne le « heavy metal thunder » (« lourd tonnerre métallique ») en parlant du bruit des moteurs de motos, première référence écrite au « heavy metal ». (Source : Wikipedia).

o Kojak à Stavros, qui rentre dans le bureau avec un café : 'I didn't ask for coffee'. A la réponse de Stavros : 'It's mine', Kojak s'exclame : 'You selfish beast !'.

o Kojak à Grubert en prenant sa licence encadrée : 'The glass is a little dusty. Do you mind if I remove it?' [La glace est un peu poussiéreuse. Ca vous dérange si je la retire?] Et Kojak casse la vitre du cadre sur le comptoir.

o McNeil fait allusion à sa femme, Lillian ; une sorte d'anticipation pour un prochain épisode….

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23. QUIPROQUO
(TWO-FOUR-SIX FOR TWO HUNDRED )

Le vol d'un camion de peinture dans un entrepôt amène Kojak à s'intéresser à deux gangsters qui ont projeté de piller la chambre forte d'un hôtel.

L'histoire de ce casse est assez banale et son originalité réside dans trois facteurs : le vol d'un camion qui appartient à une entreprise qui ne travaille que la nuit, un code très énigmatique et la fête de la St Patrick's, qui trouve son importance dans le dénouement. La séquence initiale est la seule scène d'action de l'épisode ; le duo Stavros/Saperstein s'y comporte comme des pieds nickelés et ils sont à deux doigts d'être suspendus ; on n'est guère surpris vu les gaffes accumulées par Stavros depuis presque deux saisons ! L'arrestation du truand Pataki à l'entrepôt n'empêche pas que le camion convoité soit volé peu après malgré l'intervention de Crocker.

Kojak n'a qu'une suite de chiffres entendue sur place comme piste mais l'enquête s'oriente vers deux gangsters chevronnés, Cassidy York et Harry Collins. Le premier est rusé et intelligent, le second rustre et violent. Ils ont planifié de grimer une équipe de truands en peintres pour obtenir l'accès au coffre d'un hôtel select. Quelques éléments de l'intrigue sont un peu 'gros' ; Cassidy York joue l'avocat de Pataki et lui explique, entre quatre yeux, dans le bureau de Kojak, ce qui va se passer et, dans un autre passage, York place sa charge d'explosifs très facilement sur le coffre de l'hôtel.

Une histoire trop classique qui se démarque du 'maintes-fois-déjà-vu' par la découverte du code (numéros de chambres) et la dernière scène de la banderole mais l'épisode est mineur et il ne reste pas dans les mémoires.

o La fête de la Saint-Patrick ou fête nationale irlandaise est une fête chrétienne (catholique) qui célèbre, le 17 mars, saint Patrick, le saint patron de l'Irlande.  New York abrite la plus grande parade pour la Saint-Patrick, avec plus de deux millions de spectateurs sur la Cinquième Avenue, devant les tours du sanctuaire dédié à Saint-Patrick, construit au XIXe siècle dans le style flamboyant. Les premières manifestations de la Saint-Patrick à New York remontent à 1762, quand les soldats irlandais défilèrent dans la ville le 17 mars. (Source : Wikipedia). Sur la banderole, on peut lire : 'Erin Go Bragh', une allégeance à l'Irlande. 

o Beaucoup de plans de New-York, du World Trade Center et, surtout, de sirènes de voitures de police 'meublent' l'épisode ('Estimated time of arrival : two minutes').

o George Loros (1934), Harry Collins, est le tueur de Mauvaises actions, également de la seconde saison.

o Après leur gaffe, McNeil ordonne à Stavros et Saperstein d'être en uniforme à sept heures du matin pour la St Patrick's car il y a un manque de policiers sur place. Saperstein rétorque qu'il est juif  mais McNeil lui répond :'So was the mayor of Dublin !'. Pas certain que cela passerait de nos jours… Lors de la dernière réplique, McNeil propose la même chose au lieutenant qui esquive : "I'm a super cop.  I'm only out for big busts, and besides, I'm not Irish. I don't even look Irish. Do I?'[Je suis un super flic. Je suis seulement sur les gros coups et, de plus, je ne suis pas irlandais et je n'ai même pas l'air irlandais !]

o La peinture jaune, dans laquelle Crocker s’est agenouillé à l’entrepôt, permet à l’entrepreneur de savoir lequel de ses dix-sept chantiers est concerné !

o Les décors de l'entrepôt sont ceux utilisés pour l'épisode Dark Sunday de la première saison, également une histoire contant un vol (d'armes de la police).

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24. C'EST MA FEMME, THÉO!
(THE TRADE-OFF)

La femme du capitaine McNeil est kidnappée pour forcer Kojak à l'échanger contre les preuves qui impliquent un gangster dans un trafic de cocaïne.

Après Crocker, c'est au tour de McNeil d'être sur le devant de la scène dans un épisode distrayant qui sent néanmoins la fin de saison. Il n'y a pas de temps mort ni de passage 'bouche-trou' malgré la présence de la femme de McNeil. Après huit ans de surveillance, Manny Steiner est enfin arrêté pour trafic de cocaïne dans une longue et bonne séquence introductive dans laquelle Kojak prend plaisir à titiller le gangster : 'It looks like smack !'. L'enlèvement rapide limite à une seule scène la présence de Lillian McNeil et c'est tant mieux !

Le lieutenant n'est pas en service lorsqu'il reçoit l'appel du ravisseur et il tente de gérer la crise sans en avertir ses inspecteurs ni, bien entendu, le capitaine. Le deal est un échange de Lillian McNeil contre les preuves du trafic de Steiner. Kojak cherche seul et, préoccupé, il délègue les tâches subalternes à des inspecteurs désorientés et c'est au sergent Vine qu'il va se confier. Une séquence bizarre car on n'imagine pas Kojak s'en remettre au jugement d'un de ses hommes.

En tout cas, Vine, absent de toute la saison, fait nettement de l'ombre à Crocker, relégué au niveau de Stavros et Saperstein dans cette aventure.  McNeil aperçoit le mot de sa femme dans la main de Kojak (superbement bien joué) et la fin s'emballe par la découverte de l'indice astucieux sur l'enveloppe ('Follow the instructions to the letter') et la filature du truand travesti en blonde ! C'est en définitive une histoire correcte avec des personnages intéressants, en particulier les deux méchants, Manny, le gangster dandy, et Blaise, l'homme de main moustachu aux basses besognes.

 o Première apparition dans la seconde saison du sergent Al Vine interprété par Bruce Kirby. Il est présent dans six épisodes dont trois de la première saison.  Kirby est aussi un sergent dans le pilote, The Marcus-Nelson Murders. Il est aussi le…sergent George Kramer dans six épisodes de Columbo.

o Jean Le Bouvier (1920-1983) n'a fait qu'une seule apparition dans le rôle de Mrs Lillian McNeil. Comme dirait McNeil : 'She's going to drive me bananas' [Elle va me rendre fou.] Peut-être un jeu de mots car en 1971, Fraser a participé au film Bananas de Woody Allen, effectivement passablement allumé !

o On apprend que les McNeil sont mariés depuis vingt-deux ans. C'était la même chose pour Dan Frazer, décédé le 16 décembre 2011. Il avait épousé Lillian Lee, même prénom que dans l'épisode, en 1943 et ils étaient restés ensemble jusqu'à la mort de celle-ci en 1999.

o Victor Kilian (1891-1979), Clarence le poivrot (pas crédité), fut battu à mort lors du cambriolage de sa maison ('The lady talks funny').

o Robert E. Swanson n'a écrit qu'un seul épisode de la série et il est surtout connu pour avoir produit Arabesque.

o C'est très rare qu'un scénario nous fasse découvrir Kojak en dehors de son travail. Ici, il est dans une salle de billards.

o Kojak à Crocker:'Make the decision, Crocker, that's what the city pays you for!'

o Deux scènes déjà vues dans l'épisode de la première saison Deliver Us Some Evil: la grille d'entrée de la demeure de Steiner et le van bleu dans les rues de New York.

o Le terme ‘horse’ en V.O. signifie ‘héroïne’ (et non pas ‘cheval’!).

o Kojak dit à Manny qu’il aura le temps d’écrire ses mémoires en prison comme Jo Valachi. Joseph Valachi (1903-1971) est le premier mafieux à révéler publiquement l'existence de la Cosa Nostra aux Etats-Unis, devant la Commission d'enquête sénatoriale McClellan en 1963. Il est aussi la personne qui fit du terme « Cosa Nostra » (signifiant « notre chose »), un terme d'usage courant. En 1968, le journaliste Peter Maas publie une biographie de Joseph Valachi, intitulée The Valachi Papers. Elle est adaptée au cinéma par Terence Young en 1972 sous le titre Cosa Nostra, avec Charles Bronson dans le rôle principal et Lino Ventura dans celui de Vito Genovese (Source : wikipedia).

o McNeil fait référence à la Guerre de sécession en montrant ses chaussettes dépareillées : grise et bleue.

o Kojak et l’autosatisfaction: ‘Who loves you, Theo? Eight years. How sweet it is’

o Scènes tournées à Los Angeles : la planque des kidnappeurs (final), la rencontre de Kojak et Stavros avec le poivrot.

o A noter le ridicule du titre français…

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25. SPIRITISME
(I WANT TO REPORT A DREAM)

Une dame âgée, qui pratique assidument le spiritisme, a des visions prémonitoires des assassinats par strangulation de femmes mariées. Le meurtrier, qui est un client du médium, a été perturbé par sa mère infidèle et il se venge des femmes volages.

On termine cette seconde saison par un épisode sans scène d'action et avec un coupable connu très tôt ce qui fait un peu penser à un Columbo. Certains passages sont bigrement prenants mais ces histoires de médiums, quelle que soit la série, contiennent inévitablement des séances de spiritisme bien laborieuses.

A côté de cela, on est enchanté par la réalisation de Telly Savalas, excellente comme le montre ces deux exemples.  La scène de la vision meurtrière de la première victime et, surtout, l'excellent passage du taxi filmé du lumineux ; on devine que l'assassin monte dans le cab car le taxi s'affaisse légèrement puis le lumineux change et la caméra, au départ du véhicule, fait un lent travelling pour se figer sur le corps de la jeune femme blonde dans la neige.

L'intrigue bénéficie du jeu d'Andy Robinson dans le rôle de Leon, un chauffeur de 'yellow cab', qui rentre en contact avec son père par l'intermédiaire de la voyante et il explique à son 'paternel' qu'il part en croisade contre les femmes infidèles comme sa mère l'a été avec lui. Robinson est bien plus à l'aise dans ces personnages de déjantés (Scorpio est la référence) que dans des rôles sympathiques qui ne lui vont pas du tout (dans les Rues de San Francisco par exemple). Si on ajoute à cela la musique d'atmosphère, on peut prétendre à un excellent épisode.

Néanmoins, Miss Eudora Temple, jouée par Ruth Gordon, est assez pénible et ses interventions ennuyeuses, en particulier celle au commissariat avec la psychanalyste. Elle semble avoir reconnu le meurtrier sur le portrait-robot mais elle refuse de coopérer avec des 'incroyants' et le dénouement avec McNeil, dans la peau du mari de la première victime pour localiser le tueur, est peu crédible. Une fin de saison mitigée et même décevante car il est évident que le spectateur s'attend à mieux mais Robinson/Leon est trop en retrait et il est malheureusement sacrifié dans une intrigue qui fait la part belle à la voyante monotone et souvent fastidieuse ('Aren't they revolting ?').

o Après The Betrayal, cet épisode est le second réalisé par Telly Savalas lors de cette seconde saison. Trois autres le seront également dans les saisons suivantes. Telly Savalas fut nominé pour un Emmy en 1975 pour la réalisation de cet épisode ; catégorie ‘Outstanding Directing in a Drama Series’.

 o Andrew Robinson (1942), Leon, est surtout connu pour le rôle de tueur infâme dans Dirty Harry en 1971. Il a joué dans un autre épisode de la cinquième saison. Il a participé également à d'autres séries policières - L'homme de fer, Les rues de San Francisco (deux épisodes) mais surtout, dans un autre genre,  Star Trek où il est Garak dans 37 épisodes.

o Après le billard de l'épisode précédent, Kojak est chez le dentiste et on a droit à l'histoire du patient qui a tué son dentiste. 'He can't stand the pain'  d'après le praticien. 'He can't stand the bill' s'exclame le lieutenant!

o On sent Kojak très attiré par la bonne, Miss Cunningham, interprétée par Tracy Reed, 'Miss Teenage Los Angeles' ('Call me Theo !') puis par Helen Fielding, la femme délaissée par son mari, qui fréquente le Jubilee Bar. Il lui retire sa cigarette : 'You smoke too much' avant de la lui remettre entre les lèvres après avoir tiré une bouffée : 'Put it out'. Helen Fielding sera la dernière proie…

 o Lenka Peterson (1925) était déjà le docteur Barbara Kirk dans l'excellent Cross Your Heart and Hope to Die du milieu de saison. A cette occasion, fait exceptionnel, Kojak fait référence à l'affaire Harrington, le meurtrier de cet épisode. C'est la première fois qu'il y a un lien entre deux histoires. 

o Kojak s'adressant au meurtrier imaginaire : 'Freak, wherever you are, take a night-off, okay?'[Tordu, où que tu sois, prend une nuit de congé, Ok?]

o Après le meurtre de la blonde dans la neige, le barman fait référence à Cary Grant avec une réplique que l’acteur a soi-disant dit ‘Judy, Judy, Judy’ (Garland).

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Crédits photo: Universal.

Images capturées par Denis Chauvet.