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LE RETOUR DU TRAÎTRE

( THE OUTSIDE-IN MAN)

Tournage : février 1964

Diffusion : ITV, 22 février 1964 – 13ème Rue, 11 juin 1998

Scénario : Philip Chambers

Réalisation : Jonathan Alwyn

Ronald Radd (Quilpie), James Maxwell (Mark Charter), William Devlin (Ambassador), Basil Hoskins (Major Zulficar), Beryl Baxter (Helen Rayner), Arthur Lovegrove (Michel Lynden), Virginia Stride (Alice), Philip Anthony (Sharp), Anthony Dawes (Edwards), Ronald Mansell (Jenkins), Valentino Musetti (Guard), Eddie Powell (Guard).

Résumé

Alors que Sharp, un traître devenu ministre des armées d’une ancienne colonie britannique, vient négocier à Londres un important contrat d’armement, son pays libère Charter, un agent du Ministère ayant tenté de l’assassiner voilà cinq ans et incarcéré depuis. Steed, chargé de la sécurité de Sharp, et son supérieur Quilpie le soupçonnent de vouloir se venger en terminant sa mission. Charter disparaît soudainement après avoir avoué vouloir abattre Sharp et Quilpie envoie Mrs Gale à sa poursuite tandis que Steed apparaît étrangement absent…


CRITIQUES


Estuaire44 10 août 2008

Alors que l'on s'achemine doucement vers la conclusion de la saison 3, avec, globalement, une place accrue accordée à la fantaisie, la série opère un véritable retour aux sources avec Le retour du traître, pur récit d'espionnage.

Philip Chambers montre beaucoup de savoir-faire et de métier dans l'écriture de son histoire, même s'il ne retrouve pas le souffle visionnaire du Cocon dans ce récit moins ambitieux. Les différentes pièces du puzzle s'imbriquent parfaitement alors que l'on retrouve les intrigues compliquées et l'atmosphère délétère propres aux romans d'espionnage composés selon les règles de l'art. Le coup de théâtre final paraît ainsi très bien amené. Malgré cela, les contraintes pratiques de production font que tout ceci se traduit à l'écran par une succession ininterrompue de scènes de dialogues, avec une seule bagarre, vite expédiée, comme unique moment d'action. L'intérêt du spectateur finit donc fatalement par faiblir au cours des allées et venues, à force un peu répétitives, de Cathy Gale. Heureusement l'alternance des scènes s'avère rapide, avec des piques de tension habilement disséminées de-ci de-là pour maintenir un minimum de tension. L'ensemble échappe au piège des bavardages soporifiques, à défaut de se montrer vraiment enthousiasmant.

La mise en scène de Jonathan Alwyn reste fluide et animée, elle participe activement à éviter l'ennui, du moins en partie ! On reste néanmoins loin de la virtuosité d'un Destination Danger à côté duquel l'épisode fait pale figure. On regrette également que la seule scène de bagarre se voit filmée d'une manière expéditive et surtout partiellement dissimulée par les piliers du décor, ce qui est tout de même un comble ! Les décors semblent assez quelconques, hormis l'antre de Quilpie, très amusant.

Quilpie représente d'ailleurs un des points forts de l'épisode. Avec ses colères au téléphone, son évidente relation de confiance avec Steed et sa partenaire féminine, le décor étrange de son QG au sein d'une boucherie et la toujours excellente faconde de Ronald Radd, il constitue un sympathique prototype de Mère-Grand, même si clairement sur un mode mineur. On regrette sincèrement qu'il ne soit pas apparu plus tôt dans la saison, voire devenu un personnage récurrent en se substituant au transparent Charles, d'autant que Macnee et Radd s'entendent à l'évidence comme larrons en foire.

James Maxwell parvient avec conviction à faire exister son personnage d'agent d'élite en rupture de banc, fringant et très anglais ! Il manifeste suffisamment d'ambiguïté pour laisser planer le doute nécessaire au déroulement de l'épisode. Mais le fait que Steed demeure ainsi inexplicablement sur la touche suffit à nous mettre la puce à l'oreille et à nous faire supposer une entourloupe, ce qui constitue une faiblesse de l'intrigue. En fait on soupçonne l'écrivain Philip Chambers d'avoir tenté d'appliquer une idée préconçue aux Avengers. Il y est certes parvenu avec plus de réussite que Ludovic Peters dans Le marchand de secrets mais la juxtaposition en demeure pour autant imparfaite. On s'interroge aussi sur le bon état de santé et le dynamisme de Mark Charter après un aussi long et difficile emprisonnement... Quilpie pose d'ailleurs explicitement la question, mais l'épisode se garde bien d' y apporter une réponse !

Alice apporte de la vie et du glamour à l'épisode, tandis que les adversaires aburiens apparaissent bien plus en retrait, voire limités à de simples silhouettes. Pour un peu on en viendrait à regretter que l'ambassadeur ne nous fasse pas un numéro à la Brodny !

Cathy Gale développe une activité proprement stupéfiante durant cet épisode, où ell ne cesse de courir à travers Londres et le Sussex, tout en manifestant cette causticité acide que l'on apprécie tant. Cette omniprésence permet à Honor Blackman de briller par son talent d'actrice, tant elle s'avère convaincante au cours de ses rencontres successives. On demeure tout de même confondu de la voir aussi manipulable, alors que jusqu'ici elle s'était toujours montrée clairvoyante face aux petits jeux où se complaît parfois Steed. Il reste particulièrement surprenant de voir Steed douter de la discrétion de Cathy alors qu'elle s'est toujours révélée aussi irréprochable lors de ses diverses missions. On s'attend à plus de confiance et de franchise entre Avengers et Cathy Gale n'est pas Vénus Smith ! À l'évidence nous trouvons ici une ficelle un peu grosse destinée à permettre le retournement de situation final. Encore une fois on conserve l'impression tenace que Chambers a collé un schéma préexistant ne convenant pas totalement à des Avengers ne pouvant en aucun cas s'assimiler à des agents secrets ordinaires.

EN BREF : Cet épisode de pur espionnage s'avère abouti, mais manquant du grain de folie propre à des "Avengers" auxquels il demeure étranger. Quilpie s'impose comme l'un des supérieurs de Steed les plus intéressants de l'ère Cathy Gale, à l'égal d'un One-Ten.


VIDÉO


Cathy chez le garagiste !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité  


Détails

o On retrouve le goût pour les acronymes que Philip Chambers manifestait déjà dans Le cocon : PANSAC signifie Permanent Agency for National Security and Counterintelligence. Le sous-titrage en fournit un équivalent français : APSICE, Agence Permanente pour la Sécurité Intérieure et le Contre Espionnage.

o L’acronyme le plus long est russe : Niiomtplaboparmbetzhelbetrabsbomonimonkonotdtekhstromont, comporte 56 initiales (54 en Cyrillique). Il signifiait : Laboratoire pour des opérations de couverture, de renfort, de béton et de béton armé pour les constructions composées-monolithiques et monolithiques du département de la technologie des opérations du bâtiment assemblé de l'institut de recherche scientifique de l'organisation pour la mécanisation de bâtiment et l'aide technique de l'académie du bâtiment et de l'architecture de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

o Charter sait ou se trouve le QG de Quilpie, qui est donc basé dans sa chambre froide depuis au moins 5 ans ! Mère-Grand se montrera moins casanier…

o Cathy s’étonne de ce que Charter ne connaisse pas l’autoroute M1, reliant Londres à Birmingham. Cette première grande autoroute construite au Royaume-Uni fut inaugurée le 2 novembre 1959, tandis que, selon la fiche d’Alice (3’55’’), Charter est porté manquant depuis mai de cette même année ! La M1 fut édifiée en plusieurs tronçons successifs, entre 1959 et 1999. Elle relie principalement Londres à Leeds (plus quelques extensions) et mesure 311 km.

o On distingue le titre de quelques livres de la bibliothèque d’Helen Rayner : Marterpieces of European sculpture, Encyclopedia of Art, Hellas and Rome.

o L’amie de Cathy vend une Vengel Prentice. Cette marque de voiture est imaginaire.

o Le garagiste a toute une série de photographies érotiques accrochées au mur de son atelier !

o Entre ces photographies on remarque un texte intitulé Factories Act. Les Factory Acts sont des textes votés par le Parlement édictant les règles encadrant les conditions de travail dans les usines et ateliers : temps de travail (y compris des clauses spéciales pour femmes et enfants), éclairage, ventilation, température etc… Celui voté en 1961, en vigueur lors du tournage de l'épisode, apparaît comme particulièrement important et novateur. Encore renforcé par un texte de 1974, il reste largement pratiqué en 2008.

o Cathy semble très efficiente dans l’organisation de la sécurité d’un hôte étranger à son hôtel. Ce n’est guère étonnant, elle a déjà pratiqué exactement le même travail dans Mort à la carte, cette même saison.

o La voiture de l’Ambassade présente le logo CD inscrit à côté de sa plaque minéralogique, ce qui signifie Corps Diplomatique.

o Cathy place son revolver dans un holster attaché à sa cuisse ! C’était déjà le cas dans Combustible 23 (saison 2).

o Cathy est végétarienne, du moins c’est ce que Steed déclare à Alice !

o Durant la guerre, Charter a exécuté des missions en France, en Normandie en 1943 et à Meaux, lors d’une infiltration dans le bâtiment local de la Gestapo.

o Austin Mini : Quand Cathy Gale rend visite au garagiste, celui-ci travaille sous une Austin Mini surélevée. Construite à Birmingham, la « Mini » fut une petite voiture anglaise très populaire durant les années 60, notamment auprès des femmes, même si sa production s'est prolongée de 1959 à 2000. Cette voiture, devenue une véritable icône des Sixties anglaises, était très innovante pour l'époque (moteur compact, suspensions révolutionnaires...) et bénéficia également de vastes campagnes de publicité modernes. Elle fut adoptée par de nombreuses vedettes de l'époque (dont les Beatles dans leurs films) et séduisit également par ses nombreuses possibilités de customisation. Elle fut produite en tout à 5,3 millions d'exemplaires et commercialisée dans plusieurs pays sous des appellations diverses. BMW, désormais propriétaire de la marque, a lancé de nouveaux modèles, Mini 2 (2001) et Mini 3 (2006), toujours avec réussite. Une variation à succès de la Mini fut la Mini Moke, se rapprochant de la jeep. Elle apparaît dans de nombreux films et séries, dont les fameux taxis du Village (Le Prisonnier) et plusieurs James Bond. Mère-Grand en utilise une particulièrement spectaculaire dans Brouillard (saison 6), Mrs Peel et Steed une nettement plus classique (Dans sept jours le déluge, saison 4).

o Gentlemen's clubs : Charter se rend dès son retour à son club londonien, où il retrouve son fauteuil réservé ! Les clubs, cette institution très anglaise, accueillent les gentlemen dès le XVIIe (Coffee Houses) et connaissent leur apogée à l'époque victorienne. Les plus prestigieux se regroupent dans les beaux quartiers de Londres (West End, Pall Mall...). On y discute affaires et politique, tout en y jouant gros aux cartes ! Comme évoqué dans l'épisode, on y trouve des chambres pour la nuit, les gentlemen anglais cherchant souvent à passer le moins de temps possible auprès de leurs épouses... Le XXe siècle voit leur nombre décroître, ainsi qu'une ouverture aux femmes et à des classes sociales plus diverses. Moins influents aujourd'hui, les clubs demeurent un élément important de la culture populaire anglaise, apparaissant dans de nombreux films et romans (y compris à l'étranger, comme chez Jules Verne). La toute première apparition de James Bond (Docteur No, 1962) le voit dans son club londonien. Steed aura également le sien dans le film de 1998. Mais le club imaginaire le plus célèbre demeure sans doute le très silencieux Diogenes Club, d'où Mycroft Holmes, frère de Sherlock, dirige les services secrets britanniques ! (L'interprète grec).

Acteurs – Actrices

o Ronald Radd (1929-1976) a participé à deux autres épisodes de la série : Le point de mire (saison 2) et Mission très improbable (saison 5). Également vu dans Destination Danger (deux épisodes), Le Prisonnier (c'est la tour dans Échec et mat), Le Saint (trois épisodes), Les Champions, Département S, Jason King, L'Aventurier, Thriller, Poigne de Fer et Séduction. Il est décédé d'une hémorragie cérébrale après une représentation.

o Basil Hoskins (1929-2005), également vu dans Le dernier des cybernautes (saison 7, TNA), était un acteur réputé Outre-Manche. Il a étudié à RADA et a passé cinq ans avec la troupe théâtrale de Shakespeare Memorial Company de Stratford. Il a participé aux séries Le Prisonnier, Les Professionnels, Le Retour de Sherlock Holmes

o Valentino Musetti est apparu dans un total impressionnant de cinq épisodes des Avengers : Le décapode (saison 2), Mort à la carte, Le marchand de secrets, Le retour du traître et Le quadrille des homards (saison 3). Dans Le décapode il est par erreur crédité sous le prénom Valentine ! Il mène une double carrière comme acteur (Doctor Who, Cosmos 1999, Mission Casse-Cou, Batman…) et cascadeur (Amsterdamned, Alien, plusieurs James Bond…).

o James Maxwell (1929-1995) a également participé à l’épisode Le dernier des sept (saison 5). Cet acteur américain fut une figure régulière des séries télévisées anglaises, où il s’illustra dans maints seconds rôles (Le Saint, Armchair Theatre, Destination Danger…) Un de ses rôles les plus mémorables demeure Jackson, figure importante de Doctor Who : Underworld (1978). Maxwell fut également un grand acteur de théâtre. Il fut l'un des fondateurs du Théâtre Royal de Manchester, où une légende tenace veut que son esprit hante encore les lieux !

o Virginia Stride (1936), issue de la Royal Academy of Dramatic Arts, se fit connaître dans les séries télévisées des années 60 (Le Baron, Public Eye …). Elle tint le rôle récurrent de Kathy Horkins dans 21 épisodes de Z Cars, de 1962 à 1973. En 1964 elle participa également aux débuts de Play School, la grande émission enfantine de la BBC, où Julie Stevens s’illustra dans les années 70. Encore active, Virginia Stride participe régulièrement à une troupe théâtrale adaptant sur scène les œuvres d’Agatha Christie.

À noter que…

o L’épisode a eu comme titre temporaire : The Twice Elected.

o Steed semble être un grand amateur des Aventures de Tintin et Milou ! Nous le voyons ici lire The Secret of The Unicorn. Dans L’homme au deux ombres c’est Tintin au Tibet, dans La toison d’or il lit Tintin au pays de l’or noir (traduit en Anglais seulement en 1972), et dans Clowneries (saison 6) Le Lotus Bleu encore en Français. Ce dernier ouvrage n’a effectivement été traduit qu’en 1983 !

o Philip Chambers a aussi écrit l’épisode Le cocon au cours de cette saison. Durant sa très courte carrière télévisuelle il a également participé à Adam Adamant lives !. Son activité principale demeure l’écriture de romans policiers ; il est notamment l’auteur de nombreuses aventures de Sexton Blake, détective privé.

o Jonathan Alwyn (1940) a dirigé sept épisodes : Missive de Mort, Combustible 23, Festin de pierres, Inter-crime, L’école des traîtres (saison 2), Le marchand de secret, Le retour du traître (saison 3). Sa carrière de réalisateur (Armchair Theatre, The rivals of Sherlock Holmes…) et de producteur (Maigret, the Rivals of Sherlock Holmes…) s’est prolongée jusque dans les années 90.

Fiche du Retour du traître des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-22.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/323.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-22-OutsideInMan.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale49.htm

 

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