All About Steve (2011) Résumé : Mary Horowitz, cruciverbiste, est persuadée qu’un certain Steve est l’homme de sa vie. Comme il est caméraman et se déplace constamment, elle se met à le suivre à travers tout le pays. Critique : Un morceau très mineur dans la filmographie de Sandra Bullock. Cette comédie vaguement sentimentale est un peu étrange et sa narration laisse perplexe. Le scénario n’a pas beaucoup de consistance mais il a une certaine folie douce et on se demande si l’ensemble de l’équipe n’a pas consommé de ces champignons qui font rire. Dommage cependant qu’on s’ennuie ferme une partie du temps, que les personnages soient complétement creux et qu’on se demande bien où le réalisateur veut aller. Le premier problème, et pas des moindres, c’est le personnage de Mary Horowitz. Quel est le fichu crétin qui a eu l’idée de teindre Sandra Bullock en châtain clair ? S’il n’y avait que ça mais Mary est très caricaturale et seule la performance de l’actrice l’empêche de sombrer. Nous avons donc une femme intelligente, bosseuse acharnée, cruciverbiste, célibataire (encore !) et qui vit chez ses parents. Vous aurez pratiquement reconnu Lucy, la brillante avocate de L’amour sans préavis mais, ici, la belle énergie accoutumée est transformée en moulin à paroles qui lasse très vite. Certes, c’est un des ressorts de l’histoire : sa logorrhée verbale fait fuir Steve alors que le rendez-vous arrangé par les parents respectifs (un petit côté Ainsi va la vie) s’annonçait prometteur. Bradley Cooper avait réussi son entrée. Sourire engageant, mine ouverte, Steve était l’image du « beau mec » avec qui une belle femme peut passer une belle soirée et plus si affinités. L’acteur nous fait bien rire quand le torrent de mots transforme son visage de souriant a paniqué ! Mais s’il s’en va, il ne rompt pas franchement et c’est le début d’un malentendu. Le souci c’est que durant pratiquement tout le film, Mary ne va être défini que comme une intello outrageusement bavarde et c’est très pénible. Toute retournée, Mary compose une grille de mots croisée entièrement consacrée à Steve (d’où le titre) ! Personne n’y comprend rien évidemment et elle se fait virer ! Le motif est quand même très léger, même pour les Etats-Unis ! En France, on dirait que « le licenciement est sans cause réelle et sérieuse ». Pas grave, car cela permet à Mary de se lancer sur les traces de Steve. Cameraman, il bouge tout le temps. Ça ressemble quand même à une facilité scénaristique. Lorsque l’équipe avec qui travaille Steve nous est présentée, c’est la dimension de comédie qui l’emporte : le journaliste Hartmann Hughes est un bellâtre égocentrique et Angus, le producteur, un agité. C’est donc une solide impression de caricature qui s’impose ! Une grande partie du film va désormais être composé des vas-et-viens de Mary à travers trois Etats...très similaires géographiquement ! On économise sur le tournage ! Les sujets couverts hésitent entre le sensationnalisme et le n’importe quoi, si bien qu’on se demande si Kim Barker voulait critiquer les médias ou faire rire. Le spectateur a, lui, un sourire quand Mary se fait débarquer d’un bus où elle a saoulé tous les passagers en parlant sans cesse. L’écrivain Ambrose Bierce avait ainsi défini l’érudition : « Poussière tombée d’un livre dans un crâne vide » et c’est l’image qu’on commence à se faire de Mary. Mais le sourire c’est surtout de se dire que Sandra Bullock a des soucis avec les bus ! En Oklahoma, Mary va sympathiser avec deux manifestants. L’une est une bimbo, brune pour la touche d’originalité, parce qu’intellectuellement, c’est pas Byzance. L’autre est un brave garçon qui sculpte des figures dans des pommes. Des personnages qui laissent perplexes et on se demande bien où cela nous mène. Eloge de la différence ? Aimons-nous les uns les autres ? Sans doute mais la clarté du propos est obscurcie par une absence de ligne directive et un mauvais usage de l’humour qui verse trop souvent dans la caricature. L’énergie avec laquelle Sandra Bullock incarne Mary fait penser à son interprétation de Grace Hart dans Miss FBI sauf qu’ici, l’actrice y croit davantage et donc nous convainc davantage aussi. Caricature encore avec Steve qui vire parano parce que Mary le suit sans cesse. Bradley Cooper en fait trop sur ce coup mais, heureusement, c’est bref et l’acteur trouvera mieux à s’employer ensuite. Dommage qu’il soit plus ou moins minoré par la place prise par Thomas Haden Church. Le personnage d’Hartmann est certes rigolo mais, trop présent et qui relance sans arrêt Mary (il profite de son érudition pour ses papiers !), il alourdit le propos et prolonge artificiellement le postulat de départ. En fait, le scénario a fait l’erreur d’ajouter Hartmann quand un centrage sur le couple Mary/Steve eut été bien plus dynamique. Le talent de Bradley Cooper, ici clairement bridé, aurait trouvé à s’employer. L’histoire décide de s’arrêter au Texas quand des enfants sourds tombent dans une ancienne mine qui s’est ouverte sous leurs pieds ! Nouvel exemple de l’incapacité du scénario et du réalisateur à choisir un ton. La nouvelle est dramatique mais la façon dont elle survient plutôt drôle. De même, Mary, qui se précipite vers Steve, tombe dans la mine ! Outre que le trou était quand même assez gros et qu’il fallait vraiment y mettre du sien pour tomber, la scène laisse dubitatif. La manière dont les médias s’emparent de la chose et en font des caisses pourraient passer pour une satire mais voilà que l’on voit Mary mal en point, couverte de saleté et de sang et aux côtés d’une petite fille oubliée ! Plus vraiment envie de rire mais qu’est-ce que ce morceau de vrai drame vient faire là ? Il est d’autant moins crédible qu’il n’a pas été bien préparé et, surtout, que, peu avant, les autres enfants avaient été sauvés de manière facile pouvait laisser croire le film. Or, voilà que soudain, on nous montre une crevasse profonde avec un puit avec une eau sombre et boueuse et le tout empli d’obscurité. Cette rupture de ton ne convainc pas du tout mais, heureusement, c’est à ce moment que Sandra place un monologue dense, intelligent, touchant dans lequel Mary se demande si elle n’a pas fait tout cela pour rien. Pourquoi vouloir être normal ? Enfin, une question intelligente ! Il aura juste fallu 70 minutes sur 98 pour y arriver ! Après la scène grotesque d’Hartmann se prenant pour un héros, nos héros se sauvent par eux-mêmes sous le regard des caméras. Steve semble vouloir se rapprocher de Mary mais celle-ci a fini par comprendre le message. Quand on harcèle quelqu’un, c’est sans doute qu’il n’est pas pour vous. Quelle profonde intelligence ! Espérons que Kim Barker a postulé pour l’Académie américaine, tellement c’est brillant !! Heureusement, Sandra Bullock et Bradley Cooper donne une certaine dignité à la séparation de leurs personnages. Anecdotes :
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