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La nuit du loup-garou (1961)La Gorgone (1964)

Saga Hammer

Le fantôme de l’Opéra (1962)


LE FANTÔME DE L'OPÉRA
(THE PHANTOM OF THE OPERA)

Résumé :

Alors que la première de l’opéra « Saint Joan », écrit par Lord Ambrose d’Arcy, dont la production a été perturbée, a lieu, un homme meurt assassiné ! En fait, d’Arcy s’est approprié l’œuvre d’un autre, que l’on croit mort. Défiguré, portant un masque, le Fantôme vit dans un repaire souterrain. Il tombe amoureux de la nouvelle vedette féminine, Christine, et veut qu’elle chante divinement.

Critique :

Adapter Le fantôme de l’Opéra, la Hammer y songeait depuis 1958 et le début de son partenariat avec Universal, qui avait produit les versions de 1925 (avec Lon Chaney) et de 1943 (avec Claude Rains) mais, faute de moyens, cela ne s’était pas fait. Ce qui change, en 1962, c’est le souhait de Cary Grant de jouer dans un film d’épouvante. Aussitôt, Anthony Hinds reprend l’idée, et retravaille le scénario. Il crée le personnage du Nain, qui se charge des basses besognes, et permettrait à Grant de ne pas abîmer son image. Malheureusement, l’agent de Grant finira par refuser le rôle. Néanmoins, le budget est enfin là.

Un budget qui se voit dans les décors. Si Hinds transpose l’action de Paris à Londres (une idée originale), il dispose d’un théâtre conséquent mais aussi, pour le fantôme, on a un repaire baroque avec de l’espace, un orgue. La condition de ce budget, c’est que la Hammer va, pour la première fois de son histoire, viser le classement A, c’est-à-dire « grand public » au lieu du X habituel.

Cela change tout et alimente les regrets de Terence Fisher. Le réalisateur a, en effet, mal vécu les compromis nécessaires. Il y a édulcoration de l’histoire, très peu de violence, pas de gore évidemment, et aucun érotisme même léger. Heather Sears est charmante mais, sur le strict plan du sex-appeal, ne rivalise aucunement avec Veronica Carlson et surtout pas Barbara Shelley. Quelque part, la Hammer tourne le dos à ce qui a fait sa renommée. La suggestion (on ne voit presque pas le visage défiguré du fantôme) ne plaisait pas à la direction de la Hammer qui ne la trouvait pas assez rentable. Le public bouda le film et les critiques furent mitigés, même les aficionados français de Midi-Minuit ! C’est dire si Terence Fisher et la Hammer avaient raté leur cible. Cet échec relatif sonna le glas des rêves de la Hammer de jouer dans la cour des grands. Dorénavant, elle ne produirait que des séries B.

Terence Fisher ne s’offusqua guère de la censure car, pour lui, comme dans La Nuit du loup-garou, ce qui compte, c’est l’histoire d’amour tragique et cet élément reste intact. Le fantôme, habité par l’idée de vengeance, trouve une forme de rédemption en se faisant le professeur de Christine. Sa sincérité, évidente, malgré le masque, touche – belle réussite d’Herbert Löm qui n’a que quelques scènes à visage découvert (un retour en arrière rendu visible car filmé de biais alors que le fantôme est filmé droit, hiératique, voire avec le doigt levé en majesté) – et le spectateur se demande un instant si l’amoureux officiel (l’un peu fade Edward De Souza, un habitué de ce type de rôle) va accepter ou non la proposition du fantôme. Le masque du fantôme créé par Roy Asthon n’est pas mal et participe de la création de la silhouette de ce nouveau « monstre ».

Le souci, c’est que l’aspect romantique prime sur le fantastique. Terence Fisher s’était plaint d’un trop grand « réalisme », notamment avec l’enquête sur le personnage disparu. La photographie d’Arthur Grant participe aussi de ce rendu « réel », loin d’une atmosphère mystérieuse qui aurait conféré plus d’attrait au film. Les scènes d’opéra prennent beaucoup sur le temps du film. Les numéros chantés sont bien mais ce n’est pas tellement ce que l’on recherche dans un Hammer, ou dans un film en général. Si le public souhaite voir un opéra, il va à l’Opéra ! Avoir confié les premiers rôles à Edward De Souza et à Heather Sears était périlleux car aucun des deux n’est particulièrement charismatique. L’histoire d’amour entre leurs personnages intéresse sans plus.

En revanche, le film est l’occasion d’un défilé de stars « maisons ». Le rôle de l’antagoniste, un aristocrate pervers et arrogant, convient plutôt bien à l’impeccable Michael Gough qui se rend parfaitement détestable. Thorley Walters hérite d’un rôle plus sérieux que d’habitude et montre ses qualités d’acteur en faisant évoluer son personnage de larbin obséquieux à homme responsable. Aux détours de petites scènes, on croise Patrick Thoughton en chasseur de rats (dans la seule mais réussie scène comique du film), Marne Maitland en maître d’hôtel ou Michael Rippert en cocher. Décevant, certes, le film l’est quelque peu mais il ne faut pas pour autant le jeter dans la Tamise.

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 25 juin 1962 Sortie française : 23 février 1963

  • Scénario : John Elder, d’après le roman de Gaston Leroux

  • Réalisation : Terence Fisher

  • C’est le plus coûteux film d’épouvante réalisé en Angleterre : 400 000 £ contre 60 000 pour Frankenstein s’est évadé.

  • Le film a été tourné aux studios Bray.

  • Aux États-Unis, le film bénéficia d’une publicité agressive. Les exposants pouvaient trouver l’inspiration dans les gadgets inclus dans le dossier de campagne publicitaire. L’idée du marketing de rue était commune à de nombreux films Universal et consistait, ici, à déguiser un membre du personnel en fantôme.

  • Christopher Lee voulait le rôle du fantôme car c’était un passionné d’art lyrique mais Anthony Hinds ne voulait pas faire du fantôme un chanteur (ce qu’il est dans le roman). Lee n’eut donc pas le rôle et digéra fort mal la chose.

  • Herbert Löm/Le fantôme : acteur tchèque naturalisé britannique (1917-2012), de son vrai nom Herbert Charles Angelo Kuchacevich ze Schluderpacheru, il se réfugie à Londres en 1939 à l’arrivée des nazis. Il a joué dans Le septième voile (1945), Le mystère du camp 27 (1948), Les forbants de la nuit (1950), Guerre et paix (1956), Au bord du volcan (1957), L’affaire Dreyfus (1958), Spartacus (1960), Quand l’inspecteur s’emmêle (1964), Opération Marrakech (1966), Pancho Villa (1968), Les Brûlantes (1969), Les nuits de Dracula (1970), Asylum (1972), Le retour de la panthère rose (1975), Quand la panthère rose s’emmêle (1976), La malédiction de la panthère rose (1978), Une femme disparaît (1979), A la recherche de la panthère rose (1982), L’héritier de la panthère rose (1983), Dead Zone (1983), Allan Quatermain et les mines du roi Salomon (1985),  Le fils de la panthère rose (1993). A la télévision, il a joué dans un épisode de Miss Marple (2004).

  • Heather Sears/Christine Charles : actrice anglaise (1935-1994). Au cinéma, elle a joué dans Le scandale Costello (1957), Les chemins de la haute ville (1959), Amant et fils (1960), Le spectre maudit (1964). A la télévision, ella joué dans The Informer (1966-1967), W. Somerset Maugham (1970), Bizarre, bizarre (1981).

  • Martin Miller/Rossi : acteur autrichien né sujet austro-hongrois sous le nom de Rudolph Muller (1899-1969), il émigre en Angleterre dans les années 1930. Au cinéma, il a joué dans La guerre de l’ombre (1943), Service secret contre bombe atomique (1946), La grande révolte (1948), Le prisonnier du harem (1954), La nuit est mon ennemie (1959), Le voyeur (1960), Les 55 jours de Pékin (1963). Il a également tourné pour la télévision : Douglas Fairbanks Jr présente (1953, 1954), Destination danger (1960), Docteur Who (1964), Le Saint (1964, 1965), Alias Le Baron (1966), Le Prisonnier (1967), Département S (1969).

  • Biographie de Thorley Walters dans Dracula, prince des ténèbres, d’Edward DeSouza dans Le baiser du vampire, de Michael Gough dans Le cauchemar de Dracula , de Marne Maitland et Michael Rippert dans La femme reptile, de Miles Malleson dans Les maîtresses de Dracula.

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