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Les étrangleurs de Bombay (1960)Le fascinant capitaine Clegg (1962)

Saga Hammer

L’empreinte du dragon rouge (1961)


L'EMPREINTE DU DRAGON ROUGE
(THE TERROR OF THE TONGS)

Résumé :

Hong Kong, 1910. Sa fille Héléna ayant été tuée par la confrérie des Tongs, des criminels chinois dirigés par le cruel Chung King, régnant sur tous les vices possibles à Hong Kong, le capitaine anglais Jackson Sale décide de se lancer dans une croisade mortelle contre eux.

Critique :

Second film « exotique » après Les étrangleurs de Bombay, L’empreinte du Dragon Rouge ne prétendait nullement ressembler à un documentaire mais s’ancrait au contraire dans le style Hammer.

Il y a néanmoins de fortes ressemblances. Dans les deux cas, nous avons un décor « exotique » (ici la colonie anglaise de Hong Kong), une secte secrète et criminelle, un officier britannique intrépide se battant contre elle. Toutefois, les différences sont légions. A commencer par le portrait peu reluisant des Occidentaux. Si Sale est un homme intègre, honnête et droit, il n’en va pas de même de plusieurs de ses compatriotes perclus de vices et dénoncés comme des occupants ! Le film montre avec une certaine verdeur une fumerie d’opium et ses accortes serveuses. Avec leur costume, la Hammer se moquait ouvertement de la censure : certes, elles sont couvertes mais la tunique s’arrête juste en haut des jambes et leur profession est avouée dans leurs gestes et postures ! La faiblesse humaine est évoquée sans fard, tout comme la richesse que l’on peut en tirer. Aucune morale ne vient à la rescousse du spectateur : Sale est un vengeur, pas un justicier.

S’il y a peu de décors, la production les a soignés. Le port est peu décrit mais très crédible. Tout comme la demeure de Sale, réduite certes à deux pièces, mais empreintes d’un calme et d’une douceur qui volent en éclat avec le meurtre. Enfin, chapeau aux décorateurs pour la fumerie qui sert de quartier général aux Tongs ; c’est luxueux, soigné, très crédible là encore.

Ces décors soignés n’en font que mieux ressortir l’extrême violence du film. Sale est ainsi torturé avec un instrument servant à racler les os. Certes, la torture proprement dite est habilement hors champ mais le gros plan sur le visage de Geffrey Toone suffit à faire serrer les dents au spectateur. C’est confortablement assis que Chung King délivre ses sentences de mort mais c’est dans une atmosphère licencieuse qu’il donne mission. Curieusement, la préparation des candidats à ces « attentats-suicide » n’est pas sans évoquer celle des Assassins, la célèbre secte musulmane du XIIème siècle en Syrie.

Le scénario de Jimmy Sansgter dont « les ingrédients principaux sont le sexe, la vengeance, le mystère et le meurtre » (Kinematograph Weekly) est très efficace. Pas de temps morts, beaucoup d’action tout en ménageant des moments de calme très appréciables (lorsque Lee se met au service de Sale par exemple) qui permettent de pleinement apprécier la montée en puissance de l’histoire. Si le démarrage est un peu poussif, le scénario se rattrape pleinement par la suite et finit en apothéose avec une bataille rangée et une violence débridée. Comme d’habitude, les critiques détestèrent mais le public fit un triomphe au film !

Geoffrey Toone donne une solide interprétation dans son rôle de capitaine vengeur à qui la colère sert de boussole. Normalement blonde coupée court, la gracieuse Yvonne Monlaur se retrouve affublée d’une perruque de cheveux noirs longs. Elle a beaucoup de charme mais ne parvient pas à faire naître une vraie émotion. Ses scènes avec Toone ne crépitent pas assez. En bras droit froid et dur, Roger Delgado a trouvé un rôle parfait. Mais le clou de la distribution, c’est la magnifique et plus que crédible composition de Christopher Lee en Chung King ! On comprend que le rôle de Fu Manchu lui est ensuite échu tellement c’est bluffant. En outre, le maquillage est subtil. En VO, il joue avec un accent anglais sans se donner un accent « asiatique » qui eût été ridicule. 

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Anecdotes :

  • Réalisation : Anthony Bushell. Acteur et réalisateur anglais (1904-1997), il joua notamment dans La fin du voyage (1930), Le fantôme vivant (1933), L’assassin frappe à minuit (1951), Les bérets rouges (1953), La bataille du Rio de La Plata (1956), Atlantique, latitude 41° (1958), The Invisible Man (TV, 1959), Drama 61-67 (TV, 1964). Comme réalisateur, il tourna L’assassin frappe à minuit (1951), Sir Francis Drake (TV, 2 ép., 1961), Le Saint (TV, 1 ép., 1962).

  • Scénario : Jimmy Sangster

  • Sortie anglaise : 29 septembre 1961 Sortie française : 3 mai 1961

  • La couverture du dossier de presse consacra pour la première fois Christopher Lee en tête d’affiche d’un film de la Hammer.

  • Dans le pack de photos d’exploitation, on trouvait celle où le garde du corps de Chung King torture Sale par raclement d’os.

  • Le dossier de presse accordait aussi de l’espace à un portrait du producteur Anthony Nelson-Keys, producteur associé, qui venait d’être nommé directeur général des studios Bray en 1959.

  • Le film fit l’objet d’une novellisation par Digit Books.

  • Geoffrey Toone/Jackson Sale : acteur irlandais (1910-2005), vu au cinéma dans L’homme de Berlin (1953), Capitaine Mystère (1955), Capitaine Sindbad (1963), Docteur Who contre les Daleks (1965). Il a aussi tourné pour la télévision : Alfred Hitchcock présente (1955), Cheyenne (1957), Ivanhoé (1958), Amicalement vôtre (1971), Docteur Who (1972), Chapeau melon et bottes de cuir (1976), Winston Churchill (1981), Jeeves and Wooster (1991, 1992, 1993)

  • Yvonne Monlaur/Lee : actrice et danseuse française (1935-2017), vue au cinéma dans Mannequins de Paris (1956), Le cirque des horreurs (1960), Les maîtresse de Dracula (1960), Le temps des copains (1963), Un cercueil de diamants (1966). Elle cesse de tourner à la fin des années 60.

  • Brian Worth/Harcourt : acteur anglais (1914-1978), vu au cinéma dans Le lion a des ailes (1939), Vacances sur ordonnances (1950), Le chemin de la peur (1960),  et à la télévision dans Douglas Fairbanks Jr présente (1953), Robin des bois (1955), Emergency Ward-10 (1959), Le Saint (1965), Le prisonnier (1967), Département S (1969), Poigne de fer et séduction (1972).

  • Roger Delgado/Wang How : Acteur anglais, de son nom complet Roger Caesar Marius Bernard de Delgado Torres Castillo Roberto, il est né dans le quartier londonien de Whitechapel (1918-1973). Au cinéma, il a joué dans Meurtre sur la Riviera (1954), La bataille du Rio de la Plata (1956), Les étrangleurs de Bombay (1960),  Les enfants du capitaine Grant (1962), Dans les griffes de la Momie (1967), Antoine et Cléopâtre (1972) et à la télévision dans The Three Musketeers (1954), Robin des Bois (1958), Destination Danger (1961), Chapeau melon et bottes de cuir (1961, 1969),  Sir Francis Drake (1961-1962), Le Saint (1962, 1966), Sherlock Holmes (1965), L’homme à la valise (1968), Amicalement vôtre (1971). Il reste surtout connu pour avoir joué le Maître dans Docteur Who (1971-1973). Il décéda dans un accident de voiture en Turquie.

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