L’empreinte du dragon rouge (1961) Résumé : Hong Kong, 1910. Sa fille Héléna ayant été tuée par la confrérie des Tongs, des criminels chinois dirigés par le cruel Chung King, régnant sur tous les vices possibles à Hong Kong, le capitaine anglais Jackson Sale décide de se lancer dans une croisade mortelle contre eux.
Critique : Second film « exotique » après Les étrangleurs de Bombay, L’empreinte du Dragon Rouge ne prétendait nullement ressembler à un documentaire mais s’ancrait au contraire dans le style Hammer. Il y a néanmoins de fortes ressemblances. Dans les deux cas, nous avons un décor « exotique » (ici la colonie anglaise de Hong Kong), une secte secrète et criminelle, un officier britannique intrépide se battant contre elle. Toutefois, les différences sont légions. A commencer par le portrait peu reluisant des Occidentaux. Si Sale est un homme intègre, honnête et droit, il n’en va pas de même de plusieurs de ses compatriotes perclus de vices et dénoncés comme des occupants ! Le film montre avec une certaine verdeur une fumerie d’opium et ses accortes serveuses. Avec leur costume, la Hammer se moquait ouvertement de la censure : certes, elles sont couvertes mais la tunique s’arrête juste en haut des jambes et leur profession est avouée dans leurs gestes et postures ! La faiblesse humaine est évoquée sans fard, tout comme la richesse que l’on peut en tirer. Aucune morale ne vient à la rescousse du spectateur : Sale est un vengeur, pas un justicier. S’il y a peu de décors, la production les a soignés. Le port est peu décrit mais très crédible. Tout comme la demeure de Sale, réduite certes à deux pièces, mais empreintes d’un calme et d’une douceur qui volent en éclat avec le meurtre. Enfin, chapeau aux décorateurs pour la fumerie qui sert de quartier général aux Tongs ; c’est luxueux, soigné, très crédible là encore. Ces décors soignés n’en font que mieux ressortir l’extrême violence du film. Sale est ainsi torturé avec un instrument servant à racler les os. Certes, la torture proprement dite est habilement hors champ mais le gros plan sur le visage de Geffrey Toone suffit à faire serrer les dents au spectateur. C’est confortablement assis que Chung King délivre ses sentences de mort mais c’est dans une atmosphère licencieuse qu’il donne mission. Curieusement, la préparation des candidats à ces « attentats-suicide » n’est pas sans évoquer celle des Assassins, la célèbre secte musulmane du XIIème siècle en Syrie.
Le scénario de Jimmy Sansgter dont « les ingrédients principaux sont le sexe, la vengeance, le mystère et le meurtre » (Kinematograph Weekly) est très efficace. Pas de temps morts, beaucoup d’action tout en ménageant des moments de calme très appréciables (lorsque Lee se met au service de Sale par exemple) qui permettent de pleinement apprécier la montée en puissance de l’histoire. Si le démarrage est un peu poussif, le scénario se rattrape pleinement par la suite et finit en apothéose avec une bataille rangée et une violence débridée. Comme d’habitude, les critiques détestèrent mais le public fit un triomphe au film ! Geoffrey Toone donne une solide interprétation dans son rôle de capitaine vengeur à qui la colère sert de boussole. Normalement blonde coupée court, la gracieuse Yvonne Monlaur se retrouve affublée d’une perruque de cheveux noirs longs. Elle a beaucoup de charme mais ne parvient pas à faire naître une vraie émotion. Ses scènes avec Toone ne crépitent pas assez. En bras droit froid et dur, Roger Delgado a trouvé un rôle parfait. Mais le clou de la distribution, c’est la magnifique et plus que crédible composition de Christopher Lee en Chung King ! On comprend que le rôle de Fu Manchu lui est ensuite échu tellement c’est bluffant. En outre, le maquillage est subtil. En VO, il joue avec un accent anglais sans se donner un accent « asiatique » qui eût été ridicule.
Anecdotes :
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