Don Camillo et les contestataires (1971) Résumé : Alors que les élections municipales approchent, rien ne va plus à Brescello : l’autorité de Peppone est contestée par les éléments gauchistes du Parti, tandis que Don Camillo doit faire face au jeune Don Francesco, tenant d’une Église résolument contemporaine, issue du concile Vatican II. Caterina (dite "Cat"), nièce de Don Camillo est également influencée par la vogue hippie touchant le village, tandi qu'une idylle se noue avec le propre fils de Peppone. L'impensable va survenir : Don Camillo et Peppone vont faire front commun, afin de contrer la génération montante ! Peppone est réélu maire, Don Francesco part pour une autre paroisse et l'histoire se conclue par le beau mariage de Cat et de son promis. Critique : Si on passe outre l'aspect moral douteux d'une entreprise visant à perpétuer par pur esprit de lucre une saga désormais dépourvue de son duo vedette après la maladie bientôt fatale de Fernandel, force est de constater que Don Camillo et les Contestataires ne constitue pas une catastrophe cinématographique. Le film doit ainsi beaucoup à l’adaptation de Gastone Moschin que l’on doit créditer d’avoir réellement accompli le maximum pour espérer réussir l’impossible : remplacer Fernandel. L’acteur italien s’immerge véritablement dans le rôle, a visiblement opéré toute une étude du jeu de son prédécesseur et anime l’ensemble du film en ne ménageant jamais sa belle énergie. Si, en définitive, il ne parvient jamais à réellement rivaliser avec son modèle, la production lui doit de demeurer à flot et de préserver une certaine décence, ce qui n’allait pas de soi au départ. Quasiment la seule non Italienne au sein de l’équipe, la magnifique Carole André apporte une appréciable touche de charme et de fraîcheur, tout en perpétuant la belle tradition des collaborations franco-italiennes de naguère. On reste malheureusement davantage dubitatif quant au jeu de nombre de seconds rôles, de même que l’américain Lionel Stander semble assez effacé dans sa reprise de Giuseppe Botazzi, dit Peppone. Sans être absolument fade, son interprétation fait que le duo vedette résulte plus inégal qu’il ne l’aura jamais été précédemment. Le scénario exploite une intéressante idée de base : faire s’engouffrer la modernité au sein de l’immuable Brescello. L’avènement du gauchisme maoïste et du concile Vatican II (mais aussi de la vague hippie) face au Communisme ouvrier et au Catholicisme social traditionnel, incarnés par les deux protagonistes est bien observée, de même que l’alliance de ces derniers pour y faire face. De même on se plait à découvrir l’irruption de la vie contemporaine d’alors au sein de la petite ville (voitures, vêtements, chevelures, électroménager, musiques…). L’avènement de la couleur accompagne idéalement ce mouvement, même si le choix d’une autre localisation de tournage que Brescello limite l’intérêt de la comparaison. Par contre, en s’insérant dans la continuité d’une déjà longue saga, Don Camillo et les Contestataires en subit inévitablement l’usure et de trop fréquentes péripéties ont un goût de déjà-vu, avec la circonstance aggravante de versions antérieures bien plus savoureuses (on a bien entendu droit à une énième romance débouchant sur un mariage). La perte du moteur que constituait le binôme Fernandel / Gino Cervi ne s’en fait que davantage ressentir. La mise en scène souffre également d’une forte présence des tics reconnaissables des films italiens de l’époque, comme ces brusques gros plans finissant par lasser. Au total Don Camillo et les Contestataires souffre bien de l’inévitable comparaison avec les opus précédents. Mais, pour peu qu’on lui laisse sa chance, il représente une sympathique curiosité se découvrant sans ennui, sachant évoquer en périphérie les tiraillements de l’Italie du début des 70’s, tandis que commence à s’abattre la chape des Années de plomb. Anecdotes :
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