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Saga Alain Delon

Mort d'un pourri (1977)


MORT D'UN POURRI

Résumé :

Xavier Maréchal reçoit la visite de son meilleur ami, député, Philippe Dubaye. Ce dernier vient lui apprendre qu'il a tué Serrano, un de ses collègues qui le faisait chanter. Xavier découvre, que Philippe n'a pas seulement tué Serrano, mais a également volé chez lui, un dossier compromettant sur des malversations incriminant des hautes personnalités. Xavier le récupère et le cache, il fait la connaissance de la maîtresse de Philippe : Valérie. Peu après, Philippe est assassiné, et Xavier commence à recevoir des propositions pour le dossier de Serrano. Les pressions s'accentuent pour le dossier Serrano, jusqu'au meurtre de la femme de Philippe. Xavier divulgue alors des bribes du dossier Serrano à la presse. Les meurtres continuent, et grâce à Fondari, un truand que connaît Xavier il découvre que le meurtrier de Philippe n'est autre que le commissaire Moreau et qui est chargé de l'affaire.

Critique :

C'est un bon film de George Lautner (Il était une fois un Flic, Le Guignolo, Flic ou Voyou) un spécialiste de ce genre. Malgré quelques longueurs, par exemple lors du meurtre de la femme de Philippe Dubaye, interprétée par Stéphane Audran (La Rupture, Le Cri du Cœur, Les Liens de Sang) ça traîne un peu trop avec la mise en scène, avec la musique, etc. c'est un peu trop longuet, néanmoins on retrouve Henri Decaë (Le Cercle Rouge, Jo, Flic ou Voyou) en directeur de photographie et de suite en voyant ce nom, on sait pertinemment que la qualité technique de l'image sera au rendez-vous et ça ne loupe pas ! C'est bien filmé, c'est pro, rien à redire, avec des jolis plans extérieurs de La Défense à Paris des années 70, c'est un vrai régal.

Lautner de son côté, nous livre un film prophétique, lorsque l'on voit le palmarès de nos chers hommes politiques français de ces dernières années. Bien évidemment, cela concernait des affaires politiques de cette époque-là, mais malheureusement, il est toujours d'actualité dans ce cas précis. D'ailleurs une phrase du personnage de Delon à la fin, lorsqu'il dit que rien ne changera, que les truands en cols blancs qui vont être éclaboussés par le dossier de Serrano, et ceux qui vont tomber, seront en disgrâce pendant quelques temps et se referont un visage de république pour mieux revenir, si cela ne rappelle pas un certain maire de Bordeaux ! Delon livre une bonne prestation de son personnage, on croit vraiment à sa sincérité de trouver le meurtrier de son meilleur ami. C'est vraiment bien joué, il montre assez ses émotions avec des regards, des attitudes, ça change un peu de son jeu habituel, c'est pas mal du tout.

On retrouve à ses côtés Mireille Darc, dans un rôle mineur, elle fait juste sa petite amie et on ne la voit pas beaucoup à l'écran. Non, l'autre acteur qui retient l'attention est sans conteste (avis personnel) Jean Bouise (Z, Le Juge Fayard dit le Shérif, Coup de Tête) un grand acteur de théâtre et qui ne sera hélas qu'un immense second rôle au cinéma, personnellement j'estime qu'il est comme Charles Denner : un talent immense qui se voit dès que l'on aperçoit ce genre d'acteur à l'écran. Jean Bouise, incarne le commissaire Pernais, un flic droit et honnête comme on aimerait qu'il y en ait plus souvent dans la réalité et qui représente une certaine idée que l'on se fait de la justice. Pour la partie féminine, c'est la très très jolie Ornella Muti (Romances et Confidences, Flash Gordon, Jet Set) et qui assure parfaitement le rôle de la petite amie du tué en plein détresse, car en danger de mort par ce qu'elle pourrait savoir et surtout les documents qu'elle a en sa possession.

Dans les autres rôles un peu plus étoffés, nous avons également Julien Guiomar (La Zizanie, Inspecteur la Bavure, Plein Fer) qui incarne un enfoiré de première, prêt à tout se protéger et protéger ceux qui le commandite. Pour les autres seconds rôles vous retrouverez au hasard : Daniel Ceccaldi, François Chaumette, Klaus Kinski, ou encore Henri Virlogeux. Il y a même Philippe Castelli dans le petit rôle d'un tenancier d'un bistro/PMU où vont se réfugier Delon et Muti pendant un court instant. Maurice Ronet qui est un ami de Delon, assure le rôle de son ami politicien qui se fait tué au début du film, après avoir lui-même tué un de ses collègues politicien qui le faisait chanter.

Il y a pas mal de cascades dans ce film, où l'on voit à certains moments que ce n'est pas Delon qui conduit la voiture qu'il est censé conduire par exemple, toutes ne sont pas vraiment justifiées, c'est réellement pour donner un côté action au film qui n'avait sans doute pas besoin de ça, je suis par exemple dubitatif sur celle où Delon se rend à la propriété de Tomski pour la partie de chasse, et coincé entre deux camions, un cortège de voitures s'écrase sur la sienne. C'est spectaculaire, mais la vraisemblance du fait que Xavier s'en sorte vivant est plus contestable. Pour la musique, signée Philippe Sarde (Adieu Poulet, Flic ou Voyou, Buffet Froid), assez douce et jazzy, je trouve personnellement, que ça ne colle pas à ce qui se passe à l'écran par moment, notamment lors des courses poursuites.

On termine par le fait que ce soit Michel Audiard qui soit aux dialogues, alors rien d'exceptionnel, mais quelques pics bien acérés envers les dirigeants de l'époque. Le film marchera plutôt pas mal en France avec un peu plus de 1.8 millions d'entrées, et un peu plus de 210 milles entrées en Espagne. Un film de qualité à avoir dans sa filmothèque de Delon.

Anecdotes :

  • Alain Delon avait enchaîné des films ayant fait des semi-échecs à cette période, à cause du rythme auquel il tournait. Il voulait se refaire un box-office avec George Lautner sur celui-ci, ce qui ne sera pas vraiment le cas. Alain Delon décida alors après Mort d'un Pourri de passer au rythme d'un film par an.

  • L'histoire du film n'est évidemment pas sans rappeler une affaire politico-financière du début des années 70, celle de la Garantie Foncière et qui fit scandale en 1971.

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