Saison 5
1. À DÉCOUVERT Scénario : Shane Brennan Réalisation : Thomas J. Wright Résumé : Lorsque la voiture de Tony explose, c’est le début d’une série de révélations fracassantes qui soldent la lutte du NCIS contre la Grenouille. Critique : Suite directe du dernier épisode de la saison 4, cet épisode n’améliore pas la situation de DiNozzo que l’on croit même mort durant exactement 7 minutes. Vu qu’il s’agit du premier épisode de la saison, cette mort était on ne plus plausible. La construction narrative maintient une tension permanente. Après l’explosion vient l’enquête du NCIS qui s’ouvre sous une chape de plomb. La lenteur calculée de la réalisation fait cruellement ressortir le professionnalisme des agents mais le refus obstiné d’Abby d’y croire est non seulement émouvant mais il redonne de l’humanité à l’histoire. Lorsque DiNozzo revient, son rapport permet un retour en arrière ou lorsqu’il révèle à Ziva ce qui s’est passé ; nous revenons au début de l’épisode, juste après l’explosion. La saison 4 était la « saison des secrets » ; il n’y en a plus mais à quel prix ! Hormis le bref moment où DiNozzo se rend compte que ses collègues lui ont pris ses affaires parce qu’ils le croyaient mort, il n’y a guère d’humour dans cet épisode ; certainement un des plus durs de la série. L’épisode fait ressortir trois duels. Celui de Gibbs et de Shepard (superbe prestation de Lauren Holly dont le visage fermé tout au long de l’épisode lui confère une autorité supérieure et glacée) ; celui de DiNozzo et de Shepard (extrêmement tendu et on constate alors que le directeur Shepard n’a pas la confiance de ses subordonnés) et, enfin, le clou, celui de Shepard et de La Grenouille. L’homme raffiné et courtois face à sa plus obstinée ennemie. Cette scène est extrêmement pénible par la fureur glacée qui ressort du comportement de Shepard et son aveuglement stupide et criminel. La mise en scène place quasiment Shepard et La Grenouille sur le même plan et cela ne tourne pas en faveur de celle réputée être « la gentille » ! Anecdotes :
2. CES LIENS QUI NOUS UNISSENT… Scénario : Steven D. Binder Réalisation : Martha Mitchell Résumé : La mort d’un quartier-maître amène le NCIS à s’intéresser à une ancienne arnaqueuse devenue mère porteuse. Critique : Un épisode assez moyen qui sert à solder les séquelles de la saison précédente en ce qu’elles concernent DiNozzo. La séquence de l’accident qui lance l’épisode est extrêmement dynamique et Martha Mitchell accroche d’entrée le spectateur sauf que, par derrière, l’histoire est assez poussive. Les agents interrogent beaucoup ; ce qui donne beaucoup de verbiage et beaucoup de scènes statiques. Le portrait de Heidi est, lui, plutôt réussi avec l’ambigüité qui perdure : était-elle rangée des voitures ou bien toujours en activité ? L’épisode s’amuse à confronter la technologie qui toussote pour obtenir des résultats (alias McGee) et les « méthodes à l’ancienne » qui apportent des pistes (alias DiNozzo). C’est pourtant Abby qui trouvera l’indice capital, peu après en avoir trouvé un des plus original ! Pauley Perrette a une pêche qui fait sourire et permet de passer de bons moments. Mais le fond du scénario, c’est de savoir comment Tony gère l’après-Jeanne Benoît. De nombreux inserts nous rappellent lourdement quelques moments du couple et toutes les situations croisées par les enquêteurs sont prétextes à ces réminiscences. Cela alourdit quand même le propos au final. Anecdotes :
Scénario : Alfonso H. Moreno Réalisation : Dennis Smith Résumé : Le meurtre d’un capitaine de la Marine amène Gibbs à travailler avec le colonel Mann alors qu’un des suspects est une de ses ex-femmes ! Critique : Un épisode bien équilibré entre l’enquête policière et la part émotionnelle inhabituellement remise entre les mains de Mark Harmon dont ce n’est pas le point fort mais qui s’en sort honorablement et avec humour. Avec habileté, le scénariste ne se contente pas de refaire travailler ensemble Gibbs et Mann (dont on découvre qu’ils sont toujours ensemble) mais ajoute d’abord l’ex-femme, Stéphanie (la « numéro 3 » pour ce qui sera sa seule apparition dans la série) ; ce qui donne un interrogatoire assez étrange par…le colonel Mann ! La compagne interrogeant l’ex de son compagnon : une situation de vaudeville qui met DiNozzo en joie ! Michael Weatherly et Cote de Pablo jouent d’ailleurs le rôle de porte-parole du public en commentant la comédie de boulevard qui se joue devant eux. Ajoutons la scène dans le bureau de Shepard comme autre élément comique (parce que l’utilité de Lauren Holly est mince ici à part le fait que Shepard est une autre ex de Gibbs !). Le scénariste ajoute ensuite un autre élément de jalousie, mais concernant McGee cette fois. Toujours protecteur envers Abby, il prend assez mal l’arrivée d’un expert de la Défense chargé de superviser le travail de cette dernière. La scène du soda caféiné entre les deux hommes est traitée en mode western et c’est hilarant ! La comédie de boulevard seule aurait déjà fourni un bon substrat à l’enquête policière clairement minorée dans l’écriture. Le scénariste ajoute pourtant une forte dose d’émotion avec les révélations sur le passé matrimonial de Gibbs (le coup de la cassette dans le garage, c’est fort et c’est bien réalisé puisqu’on est très surpris et déstabilisé par ce que l’on entend ; ce qui est très bien rendu par Susanna Thompson) et, si Stéphanie est une femme haute en couleur (et rousse), Kathleen York n’en rajoute pas mais parvient à lui donner corps et sens. Mark Harmon réussit de son côté à montrer combien Gibbs est remué. Du rire certes mais quelques larmes également. Anecdotes :
4. LE VISAGE DU DIABLE Scénario : Jesse Stern Réalisation : Thomas J. Wright Résumé : Alors qu’il donne une leçon de médecine légal, Ducky constate que le corps censé venir d’un mort par accident est en fait celui d’un homme qui a été assassiné ! Critique : Bel épisode qui illustre le concept de « faux-semblant ». C’est drôle tout en proposant un scénario qui tient la route. L’accidenté est donc un assassiné d’où colère de Ducky, furieux contre le légiste qui a laissé « passer ça », mais qui est décontenancé quand il se retrouve face à une femme très séduisante, tout à fait compétente et qui est, malice suprême du scénario, va se révéler très utile pour la résolution finale. Le mort est-il un simple indic du FBI ou bien était-il en fait le « gros poisson » que le Bureau Fédéral essayait d’attraper ? Le livreur est-il vraiment ce qu’il paraît être ? Le concept s’illustre aussi par l’humour quand DiNozzo et l’agent du FBI Courtney Krieger se font passer sans difficulté pour un couple au restaurant ! La notion de confiance est tout aussi importante. Ziva ne fait pas confiance à Krieger mais, est-ce parce que celle-ci s’est plantée, montrant son manque d’expérience ? Ou parce que Tony la regarde avec plaisir (un plaisir visiblement partagé d‘ailleurs)? La jalousie de l’officier israélienne devient palpable et alimente les supputations sur le « Tiva ». La confiance se gagne par le travail bien fait et les missions conjointes reposent sur cet équilibre délicat. Anecdotes :
5. LA VEUVE NOIRE Scénario : George Schenk et Frank Cardea Réalisation : Dennis Smith Résumé : En essayant de raisonner un Marine suicidaire, le NCIS se retrouve à enquêter sur un meurtre. Critique : Alerte et bien mené, cet épisode de bonne facture se suit avec plaisir. Son scénario manque de clarté mais la réalisation est sans temps morts (beau final dans le parking notamment) et les relations entre les personnages sont nettement privilégiées. En principe, le NCIS travaille en équipe mais, là, c’est un savant chaos qui préside. En effet, chacun des agents a sa théorie sur la mort du lieutenant Artnett. Chacun a ses arguments et une scène les réunit tous avec une ambiance qui tient davantage de la cour de récré de maternelle que d’une agence fédérale ! L’arrivée de l’agent Jardine, nécessaire car contact du défunt dans ses missions (relevant de la sécurité nationale d’où absence de collaboration du Pentagone ; on a déjà vu ça mais ça fait aussi plaisir de voir le NCIS raccrocher au nez du ministère de la Défense !), est particulièrement réussi. Susan Kelechi Watson campe une analyste très capable mais très handicapée par une phobie des germes. La scène où Jardine essuie le combiné du téléphone alors que l’équipe de Gibbs fait son rapport au chef à plumes est un bijou de comédie ! Le fil rouge de l’histoire aurait pu être mineur mais les auteurs savent monter une mayonnaise scénaristique avec talent. La rumeur du départ d’Abby pour un poste plus coté ne cesse de prendre des proportions chaque fois plus grosse et tout le monde s’y met…jusqu’à ce qu’Abby n’y réponde elle-même. Sous le vernis de l’humour, c’est tout de même quelque chose traité plus sérieusement que la mort du lieutenant Artnett ! Preuve qu’au royaume du NCIS, ce sont les personnages qui sont rois. Anecdotes :
Scénario : Dan E. Fesner Réalisation : Terrence O’Hara Résumé : A bord du vaisseau « Chimera », un homme meurt après de violentes convulsions. Le NCIS se retrouve à enquêter sur un vaisseau fantôme. Critique : Joli coup pour le 100ème épisode de la série. Prévu pour être le 5ème en ordre de diffusion, il s’est retrouvé 6ème quand la production s’est rendu compte que le sujet était bien plus fort. Non seulement l’histoire tient la route, et ménage de fort bons moments d’humour (Michael Weatherly est à l’honneur avec DiNozzo en plein délire hypocondriaque et qui joue les assistants à distance pour Abby) mais le mystère sur la nature et la mission du « Chimera » est savamment entretenu. En outre, la réalisation ménage une tension constante en jouant des codes du film d’horreur et notamment du vaisseau fantôme, un classique du cinéma ! Que ce soit par les bruitages, les vues sur le vaisseau désert et ses couloirs, la brume (l’épisode s’ouvre par une séquence digne du « Hollandais Volant »), le spectateur est plongé dans une ambiance angoissante, d’autant que, pendant un moment, il y a une suspicion mortelle qui plane sur les agents. Ensuite, on change de registre quand l’ennemi se montre, pour passer à celui du western. Nous avons d’un côté des agents peu armés face à un ennemi qui l’est beaucoup plus. La mise en place de la défense est amusante et on pourrait croire à un final léger comme de coutume mais pas du tout ! C’est même une des fins les plus glaçantes de la série ! Anecdotes :
Scénario : Shane Brennan Réalisation : Tony Wharmby Résumé : En tentant de sauver une jeune fille qu’il a connu autrefois, Gibbs se retrouve bloqué dans une voiture engloutie par les eaux. Critique : Un très bel épisode qui lève un voile sur le passé de Gibbs révélant des moments qui auraient dû être joyeux mais que le drame recouvre désormais de nostalgie. Il y a beaucoup d’émotion et Mark Harmon sait nous les faire ressentir. La question que pose Ducky à Gibbs : « Qui essais-tu de sauver ? » résonne douloureusement et explique l’attitude et les choix de l’agent fédéral. Ce qui aurait pu constituer un fil rouge devient le moteur de l’enquête policière et pas une mince ! Au passage, Shane Brennan s’en prend sans ménagement à la façon lamentable dont les Etats-Unis se sont attelés à « la reconstruction de l’Irak » ; ce qui aurait été inconcevable sous Bellisario. Plus de sensibilité chez Gibbs et moins de salut au drapeau : NCIS grandit et s’émancipe ! Tony Wharmby avait un scénario solide pour poser sa caméra et il s’en sort excellemment. La séquence d’ouverture, qui plus est quasiment muette, est un morceau de bravoure, à la fois somptueux visuellement, dynamique et émotionnellement très fort. Plongé d’emblée dans l’action, le spectateur n’a pas le temps de souffler avant que démarre le générique et sans que l’on sache si Gibbs s’en est sorti ou non. Cette tension ne sera qu’en partie contrebalancée par l’humour habituel, plutôt en mode mineur ici mais davantage par le temps pris par l’évocation émue d’un passé révolu. Anecdotes :
8. ERREUR SUR LA CIBLE
Scénario : Reed Steiner Réalisation : Colin Bucksey Résumé : En enquêtant sur l’assassinat d’un contre-amiral, le NCIS se retrouve à rechercher un réfugié politique burundais. Critique : Un épisode inhabituel par la mise en avant du contexte politique d’un État méconnu, le Burundi. Inhabituel également par l’évocation du thème de l’immigration mais aussi, plus sentimental, des « âmes sœurs ». Son final doux-amer est assez rare pour être évoqué. L’entrée en jeu, très dynamique, brouille les pistes et oblige les enquêteurs à se demander qui était la victime et qui était le « dommage collatéral ». L’enquête dans le milieu des taxis est menée tambour battant. On apprend au passage que Tony a travaillé dans la police des taxis de Baltimore. En se penchant sur les agressions de chauffeurs de taxis burundais, le NCIS empêchera un assassinat politique. L’épisode montre aussi que, dès 2010, la Chine était présente en Afrique de l’Est, une région où, effectivement, elle investit beaucoup. Les personnages sont mis en avant comme rarement et sans que cela ne nuise à l’équilibre général. McGee a une copine « fêlée », Abby veut arrêter la caféine et s’enthousiasme de réussir à manger et à dormir ( !), Ziva se montre curieusement particulièrement zélée à vouloir retrouver l’homme menacé quand elle sait que son épouse le recherche. Concernant l’immigration, le discours de Tony, rappelant ses origines familiales, peut facilement s’interpréter plus largement : l’Amérique est terre d’immigration. Dans un autre épisode, le personnage dit carrément qu’il est le rêve américain ! La traduction française est particulièrement relâchée par contre. D’abord, le titre est complètement à côté de la plaque. Ensuite, quand Ziva et Tony entrent dans le café burundais, en VF, elle lui dit que la langue officielle est le kirundi et que « les gens parlent aussi votre langue » alors qu’en VO, elle précise que « the official language is kirundi and french. But these people speak English ». Anecdotes :
9. UN GARÇON D'EXCEPTION Scénario : David J. North Réalisation : Martha Mitchell Résumé : En participant à un test lors d’une visite au NCIS, un jeune garçon déclenche une enquête sur le passé mystérieux de son père. Critique : Décidément, NCIS prend goût aux épisodes pleins d’émotions, fort peu policiers à vrai dire et même sans réelle intrigue. Pourtant, à aucun moment le spectateur ne n’ennuiera. Au contraire ! Il vivra chaque péripétie avec attention et inquiétude. C’est que le jeune Dominic Scott Kay qui incarne Carson Taylor est diablement adorable. Plein de dynamisme, d’allant, d’humour, il garde néanmoins des côtés enfantins et ces accès de mélancolie parce qu’il ne peut rentrer voir sa mère ou s’inquiète pour son père sonnent justes. Il y a beaucoup de tendresse dans cet épisode et, une nouvelle fois, Mark Harmon est impeccable dans ce registre. Quand il joue avec des jeunes, l’acteur est brillantissime. L’humour n’est pas oublié avec ce décalque savoureux présentant Carson comme un « mini DiNozzo ». Tout le monde le voit sauf Tony naturellement ! La partie proprement « policière » arrive assez tard et, sincèrement, nous touche peu mais ce n’est pas son objectif. D’emblée, l’attention bienveillante portée sur Carson (et la caméra de Martha Mitchell excelle à rendre affectueux le petit garçon) a réduit à néant l’hypothèse que son père soit un meurtrier en cavale. Le bémol, c’est que le coupable saute aux yeux puisque, à part se faire arrêter, il ne sert pas à grand-chose. Anecdotes :
10. SUPER SOLDAT Scénario : Jesse Stern Réalisation : Arvin Brown Résumé : Le caporal Werth, un Marine revenu d’Irak, souffrant de troubles mentaux, s’échappe d’un hôpital. Le NCIS comprend que Werth fait l’objet d’expériences secrètes. Critique : Épisode certes intéressant et qui se suit sans ennui, il est pourtant avare de surprises, même si la révélation finale peut éventuellement surprendre. Le scénario commence par parler de stress post-traumatique avant de glisser vers les « super soldats ». La référence à Captain America est explicite ! Seulement, Jesse Stern ne tranche pas et l’on reste à la surface des deux sujets aussi intéressants l’un que l’autre ; le côté science-fiction du second (que l’on retrouve de façon anecdotique quand McGee et Abby détaillent les programmes de BioTech) étant plus propice à l’audace et à l’amusement. Dommage. Une nouvelle fois, et ce ne sera pas la dernière, ce sont les personnages qui intéressent. On note ainsi la franche hostilité dont Abby fait d’abord preuve envers Werth parce que ce dernier s’en est physiquement pris à ses amis (une belle bagarre !) ainsi que sa difficulté face à la froideur dont Ziva s’entoure et se montre analytique. La nature franche de la laborantine fait qu’elle dit tout haut ce qu’elle éprouve ; ce qui choque l’officier du Mossad. Pauley Perrette montre ainsi une Abby plus dure mais une dureté fondée sur un sens de l’amitié particulièrement fort. Une Ziva très troublée par le caporal et qui, dans une scène très drôle, essaye d’expliquer ce qu’elle ressent devant McGee et DiNozzo hilares parce qu’ils ont bien compris, eux ! Paul Telfert, qui joue Werth, est très crédible en « super soldat » et rend bien compte de la désorientation du soldat face à un environnement qui lui échappe. Anecdotes :
Scénario : Reed Steiner Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Un Marine de confession musulmane est retrouvé mort près d’une mosquée soupçonnée d’être un centre de recrutement d’Al-Qaeda. L’enquête se complique pour le NCIS quand Ducky refuse de procéder à l’autopsie. Critique : S’il est un peu daté (on parle encore d’Al-Qaeda et non de Daesh), cet épisode est intéressant par le regard qu’il porte sur la communauté musulmane (il prend la peine de distinguer sunnite et chiite dans leurs pratiques), par l’affirmation qu’on peut être Marine et musulman et dénonce fermement les radicalisés. En outre, le scénario montre de la compréhension envers les pratiques funéraires musulmanes. Les efforts de Ducky pour concilier le respect des traditions des uns et les exigences de l’enquête des autres sont admirables et plein d’empathie. Le dialogue entre Ziva et l’imam est à la fois très sobre et plein d’espérance. Le scénario de Reed Steiner dénonce, sans les confondre, la méfiance à courte vue du renseignement américain (même si le scénariste parvient à placer un peu d’humour avec le personnage de Langer), la crainte basée sur la méconnaissance (belle remise en place de Palmer - qui est un peu le porte-parole de nombre d’Américains - par Ducky) et le délire des radicalisés. La plume du scénariste se fait carrément grinçante quand il dépeint un converti particulièrement rigide et zélé. Il n’y a pas plus convaincu qu’un converti de fraîche date ! Notons pour faire un brin de vocabulaire que « zélé » vient du grec et désigne à la base quelqu’un de particulièrement attentif à servir Dieu (d’où les Zélotes juifs) et qu’assassin vient d’une secte musulmane. Seul bémol, « Guantanamo » fait figure de facilité pour faire parler le suspect. Il fallait bien un peu d’humour pour alléger le propos et c’est le sujet du fil rouge avec Ziva devenue brusquement une experte en cinéma (allant jusqu’à regarder un film sur son ordinateur de bureau !) ! D’abord surpris, un peu admiratif, DiNozzo va chercher à comprendre. Anecdotes :
12. ÉTROITE SURVEILLANCE Scénario : George Schenk et Frank Cardea Réalisation : Tony Wharmby Résumé : Alors que l’équipe du NCIS surveille un entrepôt pour piéger le voleur potentiel d’un prototype de radar, elle est témoin d’un meurtre. Par-dessus le marché, le radar disparaît sous leurs yeux ! Critique : Un épisode résolument mineur mais plaisant à suivre. La planque étant une activité particulièrement ennuyeuse, les scénaristes (qui ont fait bien mieux) distraient le spectateur avec un meurtre. Convention de la série policière, ce crime « civil » va se trouver relié à l’enquête « militaire » et donc occasionner une coopération mais le NCIS coopère mieux avec la police qu’avec une autre agence fédérale, surtout si l’inspecteur de la Criminelle est une inspectrice plutôt sexy ! Le radar sert de moteur à l’action (une sorte de « McGuffin ») et, même si on en parle à longueur d’épisode (et on parle beaucoup sans que cela n’apporte grand-chose), on ne le voit jamais ! Dans une autre série, le coup du vol mettrait le chef d’équipe sur la sellette, mais, ici, bien que cela soit mentionné, on ne peut pas croire sérieusement que Gibbs soit menacé. En fait, l’humour désamorce cette inquiétude. Omniprésent, il obère cette fois tout l’aspect policier. La surveillance tape sur les nerfs des agents qui se font des crasses pour passer le temps. Ziva développe d’ailleurs une véritable paranoïa sur les représailles potentielles de DiNozzo après son propre gag. Pour un officier du Mossad, pas très glorieux ! Ensuite, on filme beaucoup les fessiers dans cet épisode ! Il en résulte une atmosphère légère peu propice à l’évocation de crime ni de vol. Même Gibbs sourit en mentionnant la « sécurité nationale » ! Enfin, la présence de Nikki Jardine ajoute une couche supplémentaire de comédie. L’arrivée de l’analyste allergique aux germes sidère l’inspecteur Sparr et nous fait éclater de rire ! Le grand sérieux que Susan Kelechi Watson apporte à son personnage achève d’en faire un élément de comédie. Anecdotes :
13. LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME Scénario : Dan E. Fesman et Alfonso H. Moreno Réalisation : Oz Scott Résumé : Abby met sa carrière en danger en voulant à tout prix prouver l’innocence d’un chien accusé d’avoir tué son maître, qui était soupçonné de trafic de drogue par le NCIS. Critique : Comme le dit joliment DiNozzo, « une enquête policière, c’est tout un art. Il faut de la créativité, de l’inspiration » ; toutes choses que les scénaristes du jour ont parfaitement su trouver. L’enquête policière est solide avec de nombreux suspects plausibles et, vu que la drogue est à l’honneur, qu’un chien renifleur de drogue soit le personnage principal du jour est absolument normal. Le chien – baptisé « Jethro » par Abby (!) mais dont ne saura jamais le vrai nom – entre par effraction dans cet épisode (scène très réussie !) et va s’y incruster soit comme porteur d’indices soit, en tant que « meilleur ami de l’homme » soupçonné de meurtre et plus prêt de l’injection létale que de la promotion. L’épisode met en avant le côté « ami des bêtes » d’Abby mais Pauley Perrette, impériale et qui profite du temps de jeu en plus dont elle dispose, en fait une Pasionaria ; ce qui est conforme d’ailleurs à son caractère enjoué, dynamique, passionné. Elle rend tangible combien la foi en l’animal obère la rigueur de la scientifique. Symptomatique est la confrontation, rarissime, entre elle et Ducky. L’un accuse le chien ; l’autre le défend avec les mêmes indices mais il apparaît vite qu’Abby s’appuie sur sa croyance et non sur sa raison. Là où on a plutôt l’habitude d’une Abby pleine de joie et d’empathie, on retrouve une femme bornée même si extrêmement touchante. Bornée mais non aveugle. C’est un peu l’éternel duel de la raison et de la foi. Anecdotes :
14. AU BANC DES ACCUSÉS Scénario : Jesse Stern et Reed Steiner Réalisation : Tony Wharmby Résumé : Le FBI place soudainement toute l’équipe de Gibbs sous sa surveillance pendant que se déroule l’enquête pour savoir qui a tué La Grenouille. Critique : La saison 4 joue les prolongations avec ce soudain rappel du célèbre trafiquant d’armes René Benoît alias La Grenouille dont le spectateur se souvient avoir vu le cadavre flotter dans la baie en toute fin de l’épisode 5-1 qui clôturait la « saison des secrets ». Brillante idée que d’avoir fait intervenir Joe Spano. Avec son interprétation toute en nuance de Fornell, on sourit beaucoup mais sans que jamais le sérieux du fond ne soit altéré. Il y a beaucoup de dialogues dans cet épisode puisqu’il est essentiellement constitué des interrogatoires des membres du NCIS mais Tony Wharmby va jouer sur un tempo lent pour créer une mise en scène qui alourdit l’atmosphère petit à petit. La meilleure image est celle du collet qui se serre autour d’un cou. Mais ce n’est pas autour de celui de Shepard, pourtant relevée de ses fonctions, qu’il se noue mais autour de DiNozzo ! Sur la foi d’un seul témoignage mais ô combien pesant. Même si le dénouement ne surprend pas, en fait, on se rend compte que cette déviation, surprenante mais crédible, empêche de tout dire, de tout solder. Un non-dit demeure et ce non-dit a un nom : Shepard. L’épisode introduit le « directeur assistant » (dixit Shepard) ou « directeur adjoint » (dixit lui-même) Léon Vance. C’est la première mention du poste et il paraît étrange qu’un directeur d’une agence fédérale n’ait pas un adjoint sur place pour le suppléer. On a vu qu’au NCIS, Gibbs pouvait tenir ce rôle ; ce qui est absurde. Qu’il y ait un directeur adjoint à San Diego est plus crédible vu la distance. Shane Brennan saura s’en souvenir quand il créera NCIS : Los Angeles puisque l’équipe sur place sera vite chapeautée par un directeur adjoint (à partir de 3-12 précisément). Élégant, Vance a une place bancale ici puisqu’il est chargé de l’intérim ; mais, Rocky Carroll le joue avec finesse et lui donne une certaine ambigüité. Quant à Joe Spano, il se régale à passer ses collègues sur le grill ! Il est visible, grâce à lui, que Fornell éprouve de la sympathie pour le NCIS (notamment quand Abby « délire », il paraît trouver cela amusant ; juste le temps pour que le spectateur garde à l’esprit que la situation est sérieuse et qu’on ne parte pas de travers). L’humour se niche aussi dans le bricolage de McGee dans la cave de Gibbs ! Un épisode qui compte dans l’évolution de la série. Anecdotes :
15. GOOD MORNING BAGDAD Scénario : Linda Burstyn Réalisation : Terrence O’Hara Résumé : Un Marine est tué en Irak ; son assassinat a été maquillé en attaque insurgée. Le NCIS dépêche DiNozzo et Nikki Jardine sur place tout en enquêtant aussi aux États-Unis. Critique : Pour son premier épisode sur la série (elle en écrira un autre la saison suivante), Linda Burstyn se montre brillante. Son histoire mêle une solide enquête policière à un approfondissement réussi d’un personnage secondaire. Il y a de l’humour et aussi une part d’émotion. Avec ce caviar, Terrence O’Hara déroule. La scène d’ouverture est rigoureusement menée ; d’un plan large sur des hommes qui jouent au basket à un plan serré lorsque l’un d’eux est retrouvé mort. C’est dynamique tout au long de l’épisode tout en mettant en valeur l’agent Jardine. Curieusement, mais on saura pourquoi en cours de route, c’est l’agent qui craint les microbes plus que les bombes, qui s’est porté volontaire pour aller enquêter à Bagdad. Ceci au terme d’une course à l’échalote où tous les coups fourrés sont permis. A ce petit jeu, le très naïf McGee n’avait aucune chance ! Il est amusant de voir comment son intelligence se retourne contre lui et l’empêche et de voir le piège et d’agir. Si l’enquête qui se mène sur deux fronts est intéressante, elle le doit aussi à un casting de bon niveau. Mention spéciale à Patrick Fischler, un des meilleurs seconds rôles de la télévision américaine. En une scène, il réussit à nous faire rire avec son personnage nerveux et angoissé, complètement écrasé par le simple fait d’être interrogé par un agent fédéral mais aussi à transmettre des informations. Efficacité maximale ! L’épisode est également dominé par l’excellente prestation de Susan Kelechi Watson, dont on ne peut que regretter qu’elle n’ait pas poursuivi son compagnonnage avec la série. Mise en avant comme jamais pour sa troisième apparition, elle capitalise sur les points forts de Nikki Jardine (analyste efficace, gag ambulant pour sa mysophobie, la peur des microbes) et rajoute une grande sensibilité, un grand sens de l’empathie et une capacité à transmettre de l’émotion. Anecdotes :
Scénario : George Schenk et Frank Cardea, d’après une histoire de Dan E. Fesman Réalisation : James Whitmore Jr Résumé : Alors qu’elle est sous couverture pour confondre un tueur en série, Ziva se retrouve en danger. Critique : Mise en avant, Cote de Pablo développe tout son potentiel dramatique et montre qu’elle est indéniablement une bonne actrice. Elle sait ainsi rendre visibles les failles de Ziva ; elle fend l’armure de l’Israélienne pour atteindre la femme sous l’officier du Mossad. L’épisode alterne le chaud/froid créant une ambiance lourde et presque glauque. Il n’y a que peu d’humour mais Pauley Perrette et Michael Weatherly s’y emploient, chacun dans son registre. La séquence d’ouverture de l’épisode nous fait entrer de plein pied dans l’action en passant du glaçant au surprenant, de l’angoissant au libératoire. Si tant est que survivre soit une libération. Le scénario évite de se focaliser uniquement sur le traumatisme de Ziva pour relancer son enquête policière en introduisant de nouveaux suspects plutôt crédibles. L’un d’entre eux est particulièrement mis en avant par la mise en scène de James Whitmore Jr. Mais c’est évidemment la situation personnelle de Ziva qui nous intéresse vraiment. Sur la scène de crime, Cote de Pablo la joue comme un zombie : une bonne illustration de l’état de choc. Les conséquences psychologiques ne sont pas passées sous silence ; fini le temps des héros positifs qui surmontent tout ! Ziva refuse toute aide, a perdu l’envie de rire, est hantée par la dernière scène. Elle a besoin de réponse, dit-elle. Pour cela, il faut oser poser la question. La première étape pour sortir du trauma. Anecdotes :
17. LE VRAI COURAGE Scénario : Alfonso H. Moreno et Reed Steiner d’après une histoire de Jesse Stern Réalisation : Dennis Smith Résumé : Sur une scène de crime, Jimmy Palmer manque de se faire tuer par un tueur qui prend la fuite. Critique : Sur sa lancée des derniers épisodes, NCIS met à l’honneur un de ses membres, ici, Jimmy Palmer, l’assistant de Ducky. C’est le signe que le personnage est désormais bien intégré dans la série et n’est plus l’ombre du légiste, un figurant ou un faire-valoir. Palmer, qui a réussi à nous intéresser comme personnage dès sa première apparition, accède ici à une pleine reconnaissance et tout le mérite en revient à son interprète, Brian Dietzen. Si toute l’enquête ne tourne pas autour du fait de savoir qui est celui qui a tiré sur Palmer, c’est tout de même l’essentiel. Le reste est un très bon habillage comme la série sait de mieux en mieux en faire. On est désormais très loin de la série d’origine ! Il est appréciable, en dépit du titre français abscons, que les scénaristes se soient abstenus de transformer Palmer en héros. Au contraire. C’est son incapacité à répondre aux attentes des agents fédéraux, entraînés, eux, qui fait de Palmer un personnage normal, à sa place. L’immense majorité des personnes sur Terre auraient aussi le « cerveau grillé » dans des circonstances similaires. La frustration des agents du NCIS donne un vernis réaliste à l’histoire. Cet épisode est un succès parce que c’est Palmer le centre de l’attention. Gibbs ou Ziva auraient immédiatement pu mettre des mots sur ce qu’ils avaient vu mais c’eût été une autre histoire. L’humour tient une place très honorable. Tony surnomme Palmer « Mini Mallard », une référence à Austin Power. Mais le clou du spectacle, c’est la séance d’hypnose par Abby ! ce n’est pas très sérieux mais pas grave parce qu’on en découvre quelques bonnes sur Palmer !! Brian Dietzen est très bon tout au long de l’épisode. Décontracté mais sérieux en début d’épisode (Palmer est à l’aise dans une situation habituelle) puis choqué et, surtout, il rend parfaitement la déstabilisation du jeune homme qui ne parvient pas à reprendre le contrôle de son cerveau, lui qui est un scientifique. C’est l’irrationnel qui surgit dans un univers rationnel. Voir tous les autres personnages, et en particulier Gibbs, soutenir Palmer fait chaud au cœur et signe son intégration dans le show, prélude à d’autres développements et enrichissements. Anecdotes :
18. LE JUGEMENT DERNIER, 1RE PARTIE Scénario : Steven D. Binder et David J. North Réalisation : Thomas J. Wright Résumé : A l’enterrement d’un ancien agent du NCIS, Jenny Shepard entend un nom issu du passé. Elle appelle secrètement Mike Franks à l’aide. Critique : Cette première partie est extrêmement oiseuse avec beaucoup de discours et de surplace. Il ne se passe pas grand-chose mais le plus irritant, c’est la sensation qu’on attend quelque chose. Un quelque chose qui intervient dans les dernières minutes de cette première partie (vers 42’). C’est quand même long. Que Shepard veuille écarter ses gardes du corps peut se comprendre mais que lesdits gardes du corps (DiNozzo et Ziva) se laissent faire est incompréhensible. Les agents passent leur temps à désobéir aux ordres (cf. 5-16 juste pour un exemple) mais, ici, soudainement, ils décident que, même si l’ordre leur paraît étrange, de s’y conformer. Que Ziva joue les mouches du coche en harcelant DiNozzo (vraiment trop peu consciencieux même si Michael Weatherly montre tout de même que son personnage s’accroche plus à une espérance qu’il n’est vraiment jementfoutiste) ne change rien au final. Personne ne s’offusque également que Gibbs rentre chez lui en pleine journée sans un mot. Il pose des questions à Ducky et Abby sans qu’on sache trop pourquoi. La partie où Shepard fait équipe avec Franks n’est guère plus emballante puisqu’ils se contentent de remonter une piste qu’ils ont facilement trouvé et…attendent en parlant. On apprend deux/trois choses dont on n’a pas grand-chose à faire. Même à ses derniers moments, Lauren Holly aura peiné à intéresser au sort de Jenny Shepard. Ce n’est pas tant de la faute de l’actrice, qui a su donner de bonnes interprétations de-ci delà, mais à un personnage peu crédible et pas très bien écrit et dont l’autorité n’aura jamais été évidente. A la différence de celle de son directeur adjoint. Anecdotes :
19. LE JUGEMENT DERNIER, 2E PARTIE Scénario : David J. North et Christopher J. Waild, d’après une histoire de Steven D. Binder Réalisation : Thomas J. Wright Résumé : Jenny Shepard morte, le NCIS est sous le choc. Léon Vance, directeur adjoint, prend le pouvoir. Critique : Cette seconde partie est peu animée mais bien plus intéressante parce qu’elle confronte les agents du NCIS à un choc. Obligés de faire face, tous ne réagissent pas de la même façon. Il est toujours amusant de retrouver Muse Watson qui s’éclate à jouer Mike Franks mais, hormis sa dernière scène, il n’est utilisé que pour donner à Gibbs des informations. Le spectateur les a déjà et doit donc subir une redite. La partie policière est simple et concerne surtout McGee mais Sean Murray marque ses progrès par son allant et la conviction qu’il y met. C’est la réaction des agents à cette mort absurde et violente (mais on meurt rarement dans son lit dans les séries policières. En principe, on meurt sérieusement à la différence d’autres séries !) qui interpelle le spectateur. Abby est dévastée, Ziva silencieuse, Tony agressif. Quelque part, ces réactions sont logiques et conformes aux profils des personnages mais c’est la sincérité du jeu qui capture le spectateur et, en particulier, celle de Michael Weatherly. L’acteur montre brillamment comment la culpabilité ronge DiNozzo. Là, on y croit. L’émotion semble également participer au rapprochement de Tony et Ziva. L’éloge funèbre de Shepard prononcé par Ducky a la beauté des choses simples. L’épisode a également un dernier intérêt : il marque la prise du pouvoir de Léon Vance. Le personnage a été rodé sur plusieurs épisodes et il en est ressorti le charisme de Rocky Carroll. L’acteur le conserve au long cours sur tout un épisode. Symboliquement, McGee appelle Vance « patron » ; l’autorité, que Shepard n’a eu qu’épisodiquement, est évidente chez Vance. Le final de l’épisode, qui est aussi celui de la saison, le marque concrètement : il démantèle l’équipe de Gibbs et donne trois dossiers à ce dernier. Sa nouvelle équipe. La Reine est morte. Longue vie au Roi ! Anecdotes :
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