Saison 3 2. Le Martyre de Cordelia (That Vision Thing) 3. Le Sens de la mission (That Old Gang of Mine) 4. Dans la peau d'Angel (Carpe Noctem) 13. Les Coulisses de l'éternité (Waiting in the Wings) 16. Bonne nuit Connor (Sleep Tight) 18. Quitte ou double (Double or Nothing) 19. Le Prix à payer (The Price)
Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt Angel revient à Los Angeles après trois mois de pèlerinage dans un monastère Sri-Lankais pour surmonter la perte de Buffy. Pour son retour au bercail, Angel tue la cheftaine d’un groupe de vampires, se rendant compte trop tard qu’il s’agit d’Elisabeth, une ancienne compagne de tuerie au XVIIIe siècle. Fou de rage et de douleur, James, son amant, est décidé à se venger d’Angel… La critique de Clément Diaz Pour ouvrir cette troisième saison, David Greenwalt nous parle d’amour, d’amour fou. Il croise intelligemment les croyances et les réactions des deux vampires face à ce sentiment séculaire. Sur cette base, il brode une haletante course-poursuite tout en semant les graines de cette saison : tournant dans les relations du Fang Gang, Cordélia en route vers son destin d’héroïne, Fred dans l’équipe, Darla et sa « surprise », vendetta sans merci, etc. Une ouverture dense, émouvante, et complète. Le premier acte, amusant, plante le décor en attendant le démarrage de l’intrigue : nous voyons Wesley et Gunn et leur virile amitié, Cordélia toujours désopilante bien que plus mature dans son attitude, Angel bastonnant des moines maléfiques à la Kill Bill, et une Fred toujours dans sa folie douce. Amy Acker est irrésistible en fofolle. Si le vieux coup du gars qui en a après le héros (et Dieu sait combien la saison va jouer sur ça !) n’est pas nouveau, ici, il est intéressant par leurs psychologies. Là où Angel a cherché une guérison spirituelle pour surmonter la mort de Buffy, James s’abîme dans une vengeance suicidaire. Les superbes flash-backs en costumes en disent long sur son amour paroxystique de ses amours envers Elisabeth. Il ne vit que pour elle, et choisit de mourir pour la rejoindre. Décidément, les amours vampiriques sont toujours très maximalistes ! Le final du métro, en plus de son adrénaline, confronte les choix de vies de James et Angel : le premier a vécu plus pleinement et richement sa vie, mais n’avait qu’une seule raison de vivre, qu’un petit pieu a suffi à volatiliser, le deuxième a accepté que ses sentiments amoureux ne remplissent pas tout son cœur, cherchant également une voie pour lui-même, une voie de rédemption et de justice. Avec subtilité, l’égocentrisme d’Angelus devient une attention équilibrée à son propre bien personnel chez Angel. Pendant ce temps, Lorne chante et on se met à genoux ; on retrouve avec plaisir le punching-ball Merl qui n’arrive jamais à imposer ses conditions d’indic. L’on voit aussi une Cordélia très consolatrice envers Angel, qui s’ouvre plus avant à elle. Ce rapprochement intrigue mais creuse davantage les personnages. Le twist final de Darla est un gros coup de poing. Ouhlàlà, ça sent les emmerdes… Super ! La critique d'Estuaire44
- This your idea of love, James? It's not real unless it kills you ? - Yeah, what's yours? "It's fun as long as it doesn't cost me anything?" You don't know what love is. You think you won because you're still alive ? I lived. You just existed. Avec Hertthrob, Greenwalt impose sa marque à la nouvelle saison, intervenant à la fois comme réalisateur et comme auteur. Il parvient ici à satisfaire à un cahier des charges particulièrement chargé. Les nécessités traditionnelles d’un pilote de saison concernant la mise en place de la nouvelle période se voient traitées efficacement, avec le twist retentissant de la grossesse de Darla, les souffrances de Cordy mais aussi la présentation d’Holtz à travers un flash back une nouvelle fois réussi. Les tenues d’époque vont toujours aussi bien à nos héros, même si l’on peut regretter, de manière quelque peu cocardière, que Marseille ne soit pas davantage mise en scène dans un décor restant très interchangeable. D’emblée Holtz impressionne par sa présence et l’intensité déjà tragique de sa haine, exprimée avec talent par un Keith Szarabajka évitant la grandiloquence. Fred commence timidement à prendre sa place au sein de l’équipe, tandis que la gestion de la disparition de Buffy s’effectue habilement, même compliquée par des diffuseurs désormais distincts et les problèmes de droit attenant. La thématique de l’histoire du jour trouve ainsi une résonnance particulière en interrogeant en miroir Angel quant à la nature exacte de sa relation avec Buffy. Deux visions de l’amour se confrontent, entre lui (ne résumant pas son existence à l’être aimé) et James (ne vivant qu’a travers elle, sur un mode très Twilight et plus juvénile). Angel réagit d’ailleurs comme Buffy elle même, qui, après un moment de faiblesse en début de sa troisième saison avait su trouver la force de poursuivre son existence et son combat. L’auteur laisse toutefois le dernier mot à James, permettant au spectateur de choisir son camp. Episode habile, Heartthrob souffre néanmoins de la comparaison avec Somnambulist la précédente intervention d’un Vampire issu du passé d’Angel, récit davantage virtuose et complexe, questionnant encore plus intimement notre héros.
2. LE MARTYRE DE CORDELIA Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Bill Norton Les visions de Cordélia empirent à un point critique : son corps reçoit des dégâts physiques causés par les monstres qu’elle voit en visions ! Angel Investigations se mobilise pour comprendre pourquoi les Puissances Supérieures infligent un tel supplice à leur collègue. A moins que la vérité ne soit tout autre… La critique de Clément Diaz Cet épisode marque l’entrée en scène de Jeffrey Bell, scénariste-clef qui sera showrunner de la série durant la deuxième moitié de la saison 4, coécrivant et réalisant également l’épisode final. Bell montre derechef sa compréhension de la série et ses talents d’écrivain. On ne s’étonne donc pas que Whedon lui ait donné une place dans son « gang » (il sera de nouveau de la partie pour Agents of S.H.I.E.L.D). L’introduction choc laisse place à une enquête un peu décevante, avec une course au trésor peu mémorable, McGuffin uniquement destiné à préparer le troisième acte. Le pastiche de combat de Kung-Fu est drôle, mais le montage confus enlève de sa saveur. L’intérêt se porte logiquement vers Cordélia. Queen C ne fait pas seulement face contre son terrible maléfice, mais aussi à un conflit intérieur (une habitude chez Whedon) : elle ne rêve que d’être débarrassée de ces visions douloureuses, mais veut conserver ce don à la fois pour satisfaire son besoin d’héroïsme, et par peur du rejet de ses amis, car alors, elle ne serait plus qu’un boulet (elle n’a pas les dons d’observation et de cœur du « normal guy » Xander). On est touché du témoignage d’affection d’Angel pas seulement en paroles mais aussi en actes (son lancer de barre de fer). Le Scooby fait front autour d’elle, même le valeureux Lorne qui n’a pourtant rien demandé, et surtout pas un vol plané de 20 mètres. Lindsey parti, cela signifie place nette pour Lilah Morgan. Stéphanie Romanov peut donc accroître son aura de Némésis, ricanant des efforts de ses associés et manipulant même Angel. Quelle délicieuse opposition, entre charme glacé et cerveau diabolique ! Quant à Darla, elle et sa « surprise » comptent bien rendre visite à Angel, on s’en régale d’avance… La séquence de la dimension infernale a ce décalage hilarant typiquement Whedonien : au lieu de s’entretuer direct, Angel et le garde causent tranquillement pendant trois minutes avant de se friter. On voit à quel point Angel est prêt à risquer le pire pour sauver ses amis. L’évolution depuis le solitaire de la saison 1 est manifeste ! La caution humour est assurée par Freddy, sourire extra large et débit ultrarapide de paroles insensées et déphasées. Amy Acker a toujours l’air d’avoir humé un mélange d’opium, d’héro, de LSD, d’ecsta, de coke, et d’acide (non dilué), quel spectacle ! La critique d'Estuaire44 - So, ah, you live in here, Skip? - No. I commute. It's not too bad - about twenty minutes. That Vision Thing n'apporte pas grand chose de nouveau sur Angel Investigations, mais achève tout de même de planter le décor de ce début de saison, cette fois du côté des adversaires. Gavin s'impose doucement mais sûrement comme étant davantage d'une négligeable menace pour Lilah. Ayant vu son destin scellé par le départ de Lindsey, la belle avocate se lance à corps perdu dans la seule voie lui demeurant, se dévouer totalement au Mal, le Cursus Honorum assurant son succès chez Wolfram & Hart. Lilah passe donc logiquement à un niveau supplémentaire de cruauté et de machiavélisme, assumant son état. Stephanie Romanov joue avec délectation cette partition, tout en demeurant délicieusement féminine. Pour le reste la galerie de créatures assure le spectacle; Skip amuse évidemment beaucoup par son ôté ultra décalé mais aussi par son aspect ultra démoniaque ripoliné au LSD. Le télépathe se montre également spectaculaire avec sa touche onctueuse de Gore mêlée à une avidité assez juvénile. On apprécie son emploi d'un couvre-chef exotique, comme on le sait, les fez sont cools. A défaut d'une profondeur particulière, le récit brille par on aspect visuel, avec les maquillages spectaculaires de Cordy et l'abominable fosse infernale, mais aussi l'exécution impitoyable du télépathe par Angel, dont il se confirme (s'il en était besoin) qu'il n't pas homme à contrarier impunément. On apprécie aussi sa manière bien à lui de n plus être le patron d'Angel Investigations.
3. LE SENS DE LA MISSION Scénario : Tim Minear Réalisation : Fred Keller Plusieurs massacres de démons, indifféremment bons et mauvais, ont été perpétrés. Gunn soupçonne qu’il s’agit le fait d’un gang de tueurs de démons, dirigé par un vieux complice arrivé depuis peu à Los Angeles. Il hésite à en parler à Angel Investigations, une hésitation qui vaudra à ces derniers d’être retenus en otages… La critique de Clément Diaz: Tim Minear reprend un thème déjà évoqué dans Are you or have you ever been ? (saison 2) : le fanatisme idéologique, rejeton de l’ignorance aveugle et bête. Il utilise une efficace situation de prise d’otages, qui devient un débat sur cette affaire en cours. Le tout en ne perdant pas de vue une tension explosive bien réelle (qui manquait à l’épisode de l’hôtel maléfique). Malgré un premier acte très lâche, l’épisode offre d’excellents numéros : Gunn face aux conséquences de sa « loyauté divisée », Angel toujours aussi « sacrificiel », et plus surprenant, l’éveil de Fred. R.I.P Merl, sympathique démon punching-ball transformé en confettis. S’il ne se passe pas grand-chose pendant le premier quart d’heure (Gunn chez Angel, chez le gang, chez Angel, chez le gang…), Minear expose d’entrée des motifs éthiques : Gunn ne comprend pas l’utilité de l’enquête en cours, non imposée par les Puissances Supérieures (Cordy apprécie d’arrêter le Doliprane). Son préjugé contre les démons lui fait voir le monde sous un jour manichéen - déjà le thème du pilote de la saison 2 - Minear se grise de renverser les clichés en montrant des démons inoffensifs face à des humains barbares. Cette parabole trouve son aboutissement lors de la formidable prise d’otages d’Angel Investigations. Le suspense est toutefois gâché par la performance outrée et irritante de Khalil Kain ; et la ficelle qui veut que le sortilège protecteur de Lorne ne concerne pas les humains est assez grosse. Mais pour le reste, on apprécie Gunn déchiré entre « son » gang et sa féodalité envers Wesley. Son irrésolution finale permet une coda pleine de doute et d’amertume : Gunn n’est pas encore prêt à faire son choix de loyauté. On admire Angel prêt à se sacrifier pour éviter le bain de sang, mais plus encore le coup d’éclat de Fred, au courage insubmersible. Amy Acker fait vibrer le cœur du fan, tout en donnant toujours l’impression d’être sous trip acides. L’actrice débutait peut-être, mais quelle solidité de jeu ! La fin de Gio fait penser non sans humour à celle de Snyder lors de Graduation Day. Deux notes de burlesque : Cordélia rendant visite aux trois furies… assez excitées, une scène totalement décalée ; ça fait très Charmed (voire Xéna en mode délire). Et puis Fred la folle qui chante au Caritas Crazy, I’m crazy (!!!!!), c’est juste mythique. La critique d'Estuaire44: - Crazy. I'm crazy for feelin' so lonely. I'm crazy... - I swear to God, She picked out the song herself. On pourrait considérer que That Old Gang of Mine représente une exploitation sensationnaliste et hyper violente de l'ancien groupe de Gunn, un thème déjà passablement éventé en cette troisième saison. Toutefois le traitement montre de vraies qualités, notamment une parabole, certes transparents, mais aussi bien trouvée concernant les périls du racisme mais aussi des groupes d’auto défense, comme portes ouvertes sur tous les excès imaginables. L’utilisation de Caritas comme scène de l a confrontation apporte beaucoup à l’opus, de par sa dimension profanatoire, mais aussi par l’aspect d’arène qu’il prend naturellement dès le massacre initial. Un parfait décor pour une seconde partie très théâtrale, au meilleur sens du terme. Toutefois le propos se voit en partie plombé par des antagonistes volontiers caricaturaux, un élément accentué par le manque de finesse de leurs interprètes cabotinant sans génie. Comme souvent chez Whedon l’humour relaie par contre efficacement le drame, avec notamment la séquence hilarante des excuses si sincère des excuses d’Angel, la chanson Crazy choisie par Fred, ou l’apparition hollywoodienne et sexy de Furies n’ayant que peu de rapport avec celles du Panthéon ! En concomitance avec son principal discours le récit s’intéresse également aux personnages, avec notamment une Fred toujours davantage drôle et attachante (et prenant quelques des allures plus légère de la River Tarn de Firefly). Le flottement de Gunn et la réaction en acier trempé de Wes apportent une intensité dramatique supplémentaire, à travers une nouvelle crise au sin d’Angel Investigations ; la série affirme sa personnalité propre, car, s’il y a eu des tiraillements au sein du Scooby Gang, on n’y a jamais entendu de pareils propos. Angel emporte l’affaire avec son héroïsme mais aussi sa noirceur réaffirmée, notamment lors de sa déclaration finale, emblématique du personnage (You'll prove I can trust you when the day comes that you have to kill me - and you do).
4. DANS LA PEAU D'ANGEL Scénario : Scott Murphy Réalisation : James A. Contner Angel enquête sur un homme qui s’est évanoui en ne laissant que sa peau derrière lui ! Cela le conduit dans une maison de retraite où Marcus, un vieil homme, récite une formule magique : aussitôt, un échange de corps se produit !! Marcus profite à fond du corps d’Angel, accumulant les gaffes sous les yeux d’Angel Investigations. Enfermé dans un vieux corps, Angel est lui, prisonnier, de la maison de retraite… La critique de Clément Diaz: Après le This year’s girl/Who are you ? de la saison 4 de Buffy, Whedon s’implique de nouveau dans une histoire de changement de corps à la Who’s who ? des Avengers. Scott Murphy traite évidemment l’histoire sur un mode comique, une rareté dans Angel. Il n’y a pas à s’en plaindre, car même si l’épisode manque de folie, le faux Angel cause gaffes, bévues, et boulettes plus vite que son ombre. David Boreanaz prend un malin plaisir à se parodier jusqu’à l’absurde, surtout dans le registre dragueur lourd. La pointe d’émotion finale rehausse encore le niveau de l’épisode. On regrette qu’Hannah Baxter ne soit pas l’une des escorts de l’introduction, on aurait eu droit à un crossover de légende avec Secret Diary of a call-girl, même si la meilleure escort de l’histoire de la télévision a eu droit aussi à son épisode « vampirique ». Lilah compte rendre visite à Angel, Fred a un big crush pour le bô Angel (Amy Acker est encore plus déchaînée, c’est jouissif), Cordélia demande à Angel de mettre les choses au point mais ne se prive pas de flirter avec des bodybuilders en pleine enquête. Queen C a toujours eu un sens aigu des priorités. Dès que le changement de corps se produit, ça part en live. En plus des tentatives ratées d’Angel de s’échapper, on se fend la pêche par les tentatives de séduction totalement nazes du faux Angel envers Cordy et Fred : phrases toutes faites, tête de con, tchatche vide, David Boreanaz se fait plaisir, et c’est communicatif. Le sommet est cependant quand il drague nul autre que Lilah Morgan !! Aussi énorme que Drusilla vampant Xander dans le Bewitched, Bothered, and Bewildered de Buffy ! En plus du burlesque de la scène, on se demande ce que ressent la perverse avocate : se donne-t-elle pour faire apparaître Angelus, ou a-t-elle réellement un désir pour le beau vampire ? Stephanie Romanov, sensualité et mur de glace mêlées, déchaîne l’enthousiasme. Le faux Angel gaffe souvent en présence de ses « amis » qui ne le reconnaissent pas tout en essayant de « conclure » sans succès. Dommage qu’on ait pas vu Angel sortir en plein jour ou le Fang Gang s’assommer en apprenant l’incartade Lilah… L’émotion pointe son nez quand Angel avoue publiquement que ce qu’il a de plus cher au monde, ce sont ses quatre amis. On se quitte sur Angel consolant Fred, et le fameux coup de fil de Willow qui donnera lieu aux retrouvailles Buffy-Angel, dont on ne saura jamais la teneur. Un épisode modeste mais bien drôle. La critique d'Estuaire44: On pourra difficilement louer l'originalité du sujet de Carpe Noctem, l'échange de corps demeurant l'un des marronniers des séries relevant de la Science-fiction ou du Fantastique. Le Buffyverse y a d'ailleurs déjà eu recours lors du tonitruant retour de Faith (Who Are You ?), mais aussi, déjà, lors de l'un des tous premiers épisodes de cette série, Witch. A l'instar du Dreamland des X-Files, le récit opte ici franchement pour la comédie, à travers ds rouages éprouvés relevant souvent de la meilleure tradition du Vaudeville. Parfaitement relayé par un Boréanaz que tout ceci amuse visiblement beaucoup, l'auteur Scott Murphy manifeste de l'astuce autour d'"Angel" possédé par le voleur de corps. Il tire le meilleur parti du relationnel particulièrement riche édifié par la série autour de son protagoniste. Y compris avec une Lilah Morgan, qui parait ici tomber le masque, mais on ne jurera pas qu'elle agit sans arrière pensée, on a appris à connaitre la donzelle. Néanmoins Murphy choisit d'ignorer une faiblesse majeure de scénario, le fait que Marcus ne se rende pas immédiatement compte qu'il n'est plus dans un corps humain. Absence de respiration, de battements de cœur,etc., la confusion dure trop pour ne pas apparaître artificielle. L'épisode trouve cependant un second souffle en ne négligeant pas le volet plus sensible d'Angel prisonnier d'un corps en bout de parcours, avec notamment l'émouvante rencontre de la fille de Marcus. Au détour d'un rebondissement relevant là aussi du Vaudeville, il situe astucieusement Fred au centre de l'action. Décidément la narration de sa progressive affirmation tient lieu de semi fil rouge à une saison dont le sujet demeure encore dans les coulisses. Au total la série réaffirme la solidarité des membres d'Angel investigations, jouant joliment du chaud et du froid avec l'opus précédent. Malgré l'amusement ressenti au fil du récit, on sent malgré tout qu'il est temps que le thème principal de la saison... prenne corps.
5. LES DÉMONS DU PASSÉ Scénario : Mere Smith Réalisation : Marita Grabiak Bombshell à Angel Investigations : Roger et Trish Burkle recherchent leur fille Fred dans le but de la ramener chez eux ! Malgré leur attachement à elle, Angel, Gunn, Wesley, et Cordélia acceptent de la laisser partir, mais Fred a surpris les événements, et, ne voulant point revoir ses parents, s’est enfuie. Pendant ce temps, un insecte géant semble surveiller de près Angel Investigations… La critique de Clément Diaz: Angel recycle quelque peu les thèmes de Buffy. Après le changement de corps, l’épisode en question évoque Family où Tara est confrontée à ses parents. Malheureusement, la comparaison n’est pas heureuse pour Fredless. La visite des parents de Fred ne débouche sur aucune tension, le happy end est beaucoup trop facile, très loin de l’émotion bouleversante de Family, et l’histoire monster-of-the-week est piètrement écrite. Mere Smith évite toutefois le zéro pointé grâce à l’humour, et en se reposant à juste titre sur la fantastique Amy Acker, dont le personnage franchit un nouveau palier dans sa vie. On comprend que Whedon ne voulait pas copier son précédent opus avec une famille indigne comme celle des Maclay, mais l’option choisie demeure médiocre. Le duo parental reste périphérique à l’action tout en occupant presque chaque scène. A part inquiétude et amour paternel, ils n’apportent rien. L’histoire des œufs de démon est non seulement tirée par les cheveux, mais indépendante du reste de l’histoire, servant seulement de McGuffin pour la scène finale. Aucune des deux histoires ne peut donc se développer pleinement. On préférait quand Whedon mêlait l’intrigue familiale et l’intrigue fantastique. Le revirement final de Fred est trop « miraculeux » pour qu’on y croit. Le Fang Gang n’est pas assez mobilisé pour permettre l’émotion de s’installer, y compris dans les scènes-clés des adieux et des souvenirs. Le look du monstre est si peu pratique que Marita Grabiak doit multiplier les tics irritants de caméra pour faire illusion (accélérations gratuites, montage confus, effets spéciaux mal incrustés). Rien ne marche vraiment, si ce n’est Amy Acker, grandiose d’un bout à l’autre. Elle sait montrer chaque émotion sous l’armure de folie douce de Fred. Témoin, la scène de retrouvailles où elle se libère enfin de cinq années de souffrance. On aime aussi son brillant enchaînement de déductions, et le gag du lance-haches. La coda est toutefois trop précipitée, alors qu’on était dans la situation opposée cinq minutes avant. Alors, en plus de Fred, on se console avec quelques pépites d’humour comme une scène chez l’impayable Lorne (en peignoir !!) ou l’hilarante introduction voyant Wesley et Cordélia parodier l’histoire d’amour Buffy-Angel sans se rendre compte de la présence de ce dernier. Quelques perles dans un scénario embourbé. La critique d'Estuaire44: - It turns out massacres are a lot like sitting through Godfather III: once is enough. Fredless tombe à point nommé pour apporter une coda à l’évolution et affirmation de Fred, qui auront tenu lieu de fil rouge à ce début de saison, avant que cette dernière ne trouve son sujet principal avec le retour de Darla. L’opus revêt quelques aspects communs avec le Family de Buffy contre les Vampires, mais diffère néanmoins sur les points clés du récit. Il en va bien entendu ainsi à propos de la personnalité des adorables parents de Fred, aux antipodes des dégénérés de Tara. Outre une jolie composition de deux comédiens vétérans, ils permettent au scénario d’introduire une jolie astuce. Leur paisible normalité apparaît en définitive comme étrange au sein de cet univers fantastique hors normes (sinon fantasmé…) que demeure le Buffyverse, où tant de protagoniste connaissent des relations pour le moins difficiles avec leurs parents. Il reste très amusant d’observer les membres d’Angel Investigations sentirent que quelque chose ne va pas chez ces braves gens, sans parvenir à mettre le doigt dessus (poussé à l’extrême cela pourrait devenir un bon sujet pour Rod Serling). L’épisode déroule joyeusement là dessus, en les confrontant à quelques uns des monstres les plus over the top découverts depuis le début de la série. diffère également de son alter ego de Sunnydale par la place accordée à sa protagoniste. Tara était émotionnellement au cœur des débats, mais, assez passive, ne figurait vraiment au centre d’une action en définitive résolue par le plus improbable des Paladins, Spike. Ici l’opus prend un parti-pris jusqu'au-boutiste, audacieux mais parfaitement abouti : tout l’épisode repose sur Fred, y compris sa résolution factuelle. Les quelques scènes où elles ne figurent pas sont pu destinées à ses parents ou plaisamment anecdotiques (comme l’imitation acidulée d’Angel et de la patronne). Pour le reste, tous les membres évènements et les membres d’Angel investigations (y compris Lorne) ne prennent place qu’au service exclusif de la jeune femme, mettent en exergue sa lumière. Cela pourrait sembler déséquilibré, mais cela fonctionne car l’épisode devient de fait un véhicule destiné à une actrice absolument magique nommée Amy Acker, au talent déjà entier. Elle dévore toute l’image par sa sensibilité, son talent et son aura, en un fabuleux récital. On assiste au fabuleux spectacle d’une nouvelle venue effaçant littéralement des comédiens talentueux et installés de longue date. On connaît peu d’exemples d’une survenue aussi magistrale (peut être récemment Misha Collins dans Supernatural) et c’est l’immense mérite de Fredless (excellent titre original) que d’avoir osé jouer cette carte comme elle le mérite. Amy Acker brille ainsi lors de l’ultime scène, où l'amateur des Avengers s'amusera de constater un parallèle avec la peinture murale exprimant le sentiment de son auteur, avant d'être également recouverte (The Hidden Tiger). Fred dit adieu au rêve éveillé du Héros surgissant soudain pour la sauver du trépas et, sur son destrier, la conduire vers la liberté. Un moment non dénué d'amertume mais sans doute une étape nécessaire de son épanouissement dans le réel.
Scénario : Tim Minear et Jeffrey Bell Réalisation : David Grossman Billy, le jeune homme qu’Angel a dû libérer de sa prison infernale (cf. épisode Le martyre de Cordélia) fait parler de lui en étant toujours sur les lieux lorsqu’un homme s’en prend violemment à une femme. Angel et Cordélia enquêtent chacun de leur côté pour le retrouver. Malheureusement Wesley a lui aussi été « contaminé » par Billy, et commence à s’en prendre à Fred… La critique de Clément Diaz: Cet épisode malin repose sur les relents enfouis de misogynie au sein du mâle humain. Derrière cette allégorie sombre et subtile, les auteurs développent une double histoire croisée dont les segments ont leur lot de suspense effréné. Un épisode solide, qui ouvre également d’autres fenêtres sur Wesley et Lilah Morgan. Billy n’incarne pas la misogynie en elle-même, il n’est que révélateur de ce penchant caché chez les hommes « civilisés » d’aujourd’hui ; moins une dénonciation (même si évidente chez un féministe tel que Whedon) qu’un constat sur les faces les plus sombres de l’homme. Si on pouvait attendre plus du fameux Billy, Justin Shilton incarne très bien sa suffisance prétentieuse. On se réjouit positivement quand il mord la poussière. Cordélia prend son indépendance, en allant au charbon toute seule, dégainant arbalète avec conviction. Sans devenir une néo-Buffy, la cheerleader superficielle s’efface derrière l’héroïne, même si elle reste toujours incollable en mode et en mascara, comme dans le mythique interrogatoire de Lilah. Parlons-en de la Lilah : oui, elle est une « vicious bitch », mais en tant que femme, a du mal à cautionner les actes de Billy qui salissent l’image de son sexe. Sa scène avec Cordy et son intervention finale deus ex machina fêlent son armure d’acier. Un espoir pour son âme damnée ? Bonne bataille finale, et un twist certes un peu forcé mais efficace. La partie la plus réussie demeure toutefois Wesley qui commence à développer des sentiments pour Fred. Sa contamination apparaît comme la métaphore de l’incompréhension des hommes de la psychologie féminine, de la frustration sentimentale, ici surcompensée par la violence. Bien sûr, c’est aussi un excellent moyen de créer un dernier acte d’une tension frénétique. Cette poursuite dans l’hôtel, hommage évident à Shining, doit beaucoup à l’animosité d’Alexis Denisof, plus convaincant dans ce registre que Nicholas Brendon dans The Pack de Buffy. Lorsque Gunn est à son tour touché, Fred est dans le pire merdier qui soit. On applaudit donc son coup d’éclat, que seule elle pouvait imaginer (on est pas loin de Tex Avery). La triste coda, avec un Wesley totalement effondré, est émouvante. Un excellent épisode à suspense, qui rend hommage aux femmes - comme toujours chez Whedon. La critique d'Estuaire44: - I never hated my victims, I never killed out of anger, it was always about the pain and the pleasure. Billy apparaît comme un loner extrêmement solide, valant notamment pour son discours féministe, évidemment un thème particulièrement cher à Whedon. La mordante dénonciation de la violence sexiste sonne juste, tant elle rencontre encore et toujours de tristes échos dans l’actualité. Le récit rend également un bel hommage à ces dames, chacune des protagonistes de l’opus s’imposant sans nulle aide du Héros providentiel : Fred prouvant qu’elle n’a pas survécu sans raison à Pyléa durant cinq années, Cordy traquant avec succès sa proie mais aussi Lilah, justicière de la onzième heure. Cette dernière s’impose d’ailleurs étonnamment, après son mémorable face à face avec Cordy et s’affranchissant in fine de cette dévotion au Cabinet et à sa carrière, devenue le moteur de sa vie. L’épisode sait éviter toute allure de pensum en demeurant un spectacle à part entière, comme le démontre le parfait hommage à Shining, avec un soudainement angoissant Hypérion revêtant avec un naturel confondant des allures d’Overlook Hotel. Wes a sa manière bien à lui d’entamer sa relation avec Fred, avec un surprenant Alexis Denisof en parfaite association avec Amy Acker. Minear veille aussi à ne pas s’acharner sur Angel lui permettant de briller par des compétences rarement mises en scène (saut, vitesse, odorat de Vampire), variant agréablement des simples prouesses martiales. Le rendre imperméable au pouvoir de Billy car son démon intérieur est encore pire résulte très astucieux. Malgré la bonne composition de Justin Shilton, la seule réserve à propos de l’épisode provient du manque de dimension de Billy, apparaît davantage comme un imbécile prétentieux que comme un adversaire à la hauteur, on est loin de l’aura du Pousseur des X-files, au pouvoir quelque similaire. La démonstration aurait aussi été plus efficace s’il avait été humain et non partiellement démoniaque.
Scénario : David Greenwalt Réalisation : Turi Meyer Wesley et Gunn trouvent un parchemin qui pourrait éclairer le sens de la prophétie Shanshu. Darla débarque à l’hôtel Hyperion, enceinte jusqu’aux dents. Son enfant pouvant être lié à la prophétie, Angel Investigations enquête pour découvrir ce qui va se passer et comment deux vampires peuvent avoir un enfant, ce qui est naturellement impossible. Darla, furieuse et angoissée, pose toutefois pas mal de problèmes… La critique de Clément Diaz:
Après six épisodes de prélude, Greenwalt lance les deux arcs principaux de cette troisième saison (le divin enfant, vengeance d’un fantôme du passé). Le retour de Darla tient ses promesses, chamboulant totalement Angel Investigations, et annonçant un arc prometteur. La montée en puissance de Cordélia et de Fred, et l’effarant cliffhanger participent au dynamisme de cet épisode, véritable début de cette saison. Angel s’intéresse de plus en plus à Cordélia. Leurs scènes pétillent d’humour et d’une plaisante incommunicabilité, on est en pleine comédie romantique, dialoguée avec précision et drôlerie. Cordy montre des aptitudes au combat ; elle évolue ; tandis que Fred devine ce à quoi pense Angel tout en faisant continuellement des calculs compliqués. Folle, courageuse, intelligente, et maintenant psychologue et déterminée, Fred évolue plus rapidement que l’éclair tout en gardant sa spécificité, hourra ! Le cambriolage de Wesley et Gunn mixe high-tech, sens de l’improvisation, et amateurisme hilarant : un bon moment comique. Le flash-back romain prépare la scène finale. Soudain la terre tremble quand Darla réapparaît. Enceinte à s’en éclater le ventre, elle en est que plus dangereuse, pourvoyeuse de gnons (Il est amusant qu’Amy Acker sera elle aussi confrontée à une héroïne enceinte de 8 mois ET super bastonneuse dans la saison 5 d’Alias), courant, et se promenant sans effort. Voilà une image inédite d’une femme enceinte ! Cordélia exprime une compassion envers le calvaire de Darla, pourtant son ennemie mortelle. Mais là où elle parvenait à convaincre Lilah, Darla n’attend que la première occasion pour la mordre. Darla, tout en puissance, en perfidie, inextinguible sanguinaire, est toutefois avant tout une femme blessée, maudissant sa progéniture ainsi qu’elle-même, jusqu’à supplier Angel de la tuer. Ce double visage, Julie Benz le réalise avec un t alent monstre. Sa honte et sa rage culminent lors de son incroyable bataille contre Angel et son stupéfiant twist. La suite promet d’être mouvementée, surtout avec un cliffhanger renversant ! La réalisation de Turi Meyer utilise plusieurs effets spéciaux et changements de photographie assez audacieux. Mentionnons enfin le toujours désopilant Lorne, qui aide Angel en tirant la gueule. Un petit vent de folie souffle avec le retour des trois Furies en chaleur. Au final, l’épisode qui lance la saison avec efficacité ! La critique d'Estuaire44: - Darling, shouldn't we be killing Holtz now ? - I know, but it's just so much fun ruining his life. He's like family now. Offspring permet d'entrer le cœur de la saison, avec l'arrivée d'Holtz et de Darla. Le retour de cette dernière permet de renouer avec l'intensité particulière de la période précédente, avec cette relation toujours si enchevêtrée et enténébrée entre Darla et Angel. Le raccordement entre les diverses prophéties énoncées depuis le début de la série permet de donner toute une cohérence à celle-ci, décrivant une vaste fresque. Cette plaisante sensation d'une authentique supervision du récit se renforce d'ailleurs avec la réaction solidaire de Darla, en écho de son expérience similaire dans Expecting. De plus, Darla n'arrive pas toute seule et il s'avère particulièrement piquant de voir le Héros se réfugier dans le déni face à la quasi panique qui le secoue. La mise réalise quelques jolis coups, notamment lors des visions de Cordy. Évidemment l'humour demeure présent, notamment au Caritas, où l'on retrouve, hélas déjà pour l'ultime fois, les Furies en pâmoison. On ne peut que regretter que nos amies n’y aient jamais eu droit à leur chanson. On vote pour le Vampires Will Never Hurt You, des My Chemical Romance, ou le Vampire Blues de Neil Young. Comme toujours cet élément reste parfaitement dosé et n'entache pas l'impact de la déchirante confrontation entre Angel et une Darla bouleversante, au bord de la folie et aspirant à la mort. A chaque fois que ces deux là sont ensemble, il se passe quelque chose de fort à l'écran, d'autant que les comédiens résultent toujours autant en phase. On reste légèrement moins convaincu par les autres aspects du récit. Le flash back reste réussi et Holtz devient d'emblée une recrue de choix pour la série, grâce à l'imposante prestation de Keith Szarabajka. Mais il s'agit en définitive d'une énième figure issue du passé d'Angel, il ne faudrait pas que cela devienne un procédé répétitif, d'autant qu'un Chasseur de Vampires à la Van Helsing n'a en soi rien d'original. De plus cela entrave la rencontre d'Angel et du Los Angeles contemporain, un fascinant et inépuisable sujet. cela se confirmera par la suite, on reste d'une incrédulité de glace face au développement de la relation entre Angel et Cordélia, que l'on n'imagine pas du tout se lier avec une connaissance commune de Buffy. On a l'impression que l'on sacrifie une belle amitié au profit d'une romance de plus. Tout comme les résurgences du passé d'Angel, il ne faudrait pas que cela devienne mécanique.
Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Skip Schoolnik Daniel Holtz apprend à s’adapter dans ce monde nouveau pour lui avant de commencer sa croisade de vengeance contre Angel. Angel Investigations découvre que beaucoup de monde, y compris Wolfram & Hart, s’intéressent au bébé de Darla et se retrouve bientôt encerclé dans toutes les directions…
Ce n’est pas sans consternation que l’on voit Whedon, fan des X-Files, s’engager dans la même voie narrative des Super Soldats, l’arc mythologique le plus raté de la série de Chris Carter : héroïne enceinte, bébé guetté par tout le monde qui pourrait décider du sort du monde, scènes hospitalières, culte adorateur, prophétie fumeuse… la conjonction forme un Fantastique de bazar caricatural et grotesque. Jeffrey Bell devant présenter tous ces éléments au cours d’un seul épisode, Quickening s’impose sans peine comme un des épisodes les plus pénibles à regarder de la série. Pour présenter toutes les forces en présence, Bell prend 30 minutes (sur 39), refusant donc toute action en cours : discussions interminables du Fang Gang, Wolfram & Hart paniqué par l’événement préparant la contre-attaque, Holtz restant dans son abri souterrain à regarder la télé pour apprendre tout ce qui s’est passé depuis 225 ans, culte adorateur tiré d’un chapeau magique d’auteurs commençant à délirer, et pas dans le bon sens. Linwood Murrow est le remplaçant d’Holland, mais on se demande s’il va être à la hauteur, car il est dénué de sa verve et de sa roublardise, qu’il compense seulement par un humour à froid. La rivalité Park-Lilah ne provoque guère d’étincelles (Lindsey avait plus de gueule). Alors, on essaye de trouver un peu d’humour avec une Darla aussi maternelle et aimable qu’une porte de prison, le gag du faux couteau (on t’aime Fred, t’es la meilleure), ou bien le givré leader du culte de vampires (José Yenque, en roue libre), dont on se demande si l’interprète n’a pas emprunté ce que doit sniffer Amy Acker avant chaque prise. Si la bagarre contre les vampires retient un peu notre attention, la scène la plus forte n’arrive qu’à la toute fin avec un double cliffhanger affûté. De cette purge et de cette orientation narrative douteuse, le seul élément de réconfort consiste en la performance de Keith Szarabajka en Holtz, « baddie » suffisamment fort pour être digne d’affronter Angel. Il est bien le seul élément qui nous rassure quant à la conduite de cette saison. La critique d'Estuaire44: - What of England? Has it survived the years and destruction ? - Yes. It went through a rough patch about sixty years ago, but it's mostly unchanged. Warm beer, boiled meat, bad teeth... That's why I moved to L.A.. Quickening poursuit directement l'action d'Offsping, mais ne bénéficie plus de l'effet de surprise ni de l'atout d'ouvrir toute une nouvelle époque de la série. De plus ce prolongement s'effectue de manière bien inégale et ne suscite pas grand chose de nouveau. Alors qu'il apportait précédemment une cohérence bienvenue aux évènements, tout le discours autour des prophétie apparaît désormais redondant, voire s'assimilant à du remplissage. L'ésotérisme de pacotille n'est pas, ni ne sera jamais, un moteur pour la série. Lors de sa mémorable arrivée à Sunnydale, Spike avait proclamé : From now on, we're gonna have a little less ritual... and a little more fun around here. On éprouve ici comme un pénible sentiment de retour en arrière, de même qu'avec cette secte de vampires surgie de nulle part et aussi dépourvue d'intérêt que les démons apocalyptiques de Doomed. Même excellemment interprété par John Rubenstein, Linwood Murrow apporte également une déception, sa brutalité tranchante manquant singulièrement de piquant face à l'aura maléfique d'un Holland Manners ou à l'onctuosité trompeuse d'un Nathan Reed. On pourra arguer d'un réalisme accru comme cadre supérieur, mais n'en demeure pas moins un vraie perte de saveur. Avec un zeste de cruauté, ou pourrait énoncer qu'il s'agit d'un épisode de camelot, promettant monts et merveilles pour l'avenir, mais n'offrant guère d'éléments substantiels. L'épisode se voit néanmoins sauvé par l'impeccable Keith Szarabajka, allant au-delà du côté unidimensionnel de la quête de vengeance d'Holtz (son acolyte se montre lui aussi plaisant). Quickening reste aussi l'occasion de vérifier tout ce que Julie Benz a pu apporter en intensité et en profondeur dramatique à la série. Heureusement le prochain opus va signifier une approche bien plus sensible et porteuse de ce que signifie le bébé pour Angel.
Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear Angel échappe à Holtz. Ce dernier est troublé par le fait qu’il a maintenant une âme, et se demande quelle conduite adopter. Malgré des contractions de plus en plus rapprochées, Darla n’arrive pas à accoucher. Un séide de Wolfram & Hart en explique la raison à Lilah : La prophétie prédit non une naissance, mais la mort… La critique de Clément Diaz: Cet épisode fondamental est marqué par deux brusques disparitions : le Caritas de Lorne, et surtout Darla. Après 400 ans de vie, et une bonne vingtaine d’épisodes, Darla arrive au terme de son existence en arrachant in extremis sa rédemption lors d’un final éblouissant. Mais l’épisode, malgré un scénario peu animé, ne se résume pas aux adieux de Darla ; il approfondit de même la personnalité de Holtz, et marque l’entrée dans la partie de Connor. La relation si alchimique entre Angel et Darla retrouve au moment ultime les grands feux de jadis, puisqu’ils sont de nouveau du même côté, l’âme de l’enfant forçant le « bon côté » de Darla (encore une super idée de scénariste). Les retrouvailles sur le toit sonnent d’une émotion vibrante, et plus encore au Caritas, où l’effervescence s’emparant des personnages devant l’issue fatale est palpable. Le running gag de Fred giflant Gunn détend l’atmosphère avant qu’on reparte de plus belle. Lilah est égale à elle-même : il faut la voir totalement décontractée pendant qu’Holtz tourmente Angel, puis de causer tranquillement avec le nouveau-venu, puis émerger de l’explosion pour prendre les parchemins, etc. Quel sang-froid, quel sens de l’improvisation, quelle efficacité ! Lilah ou la définition littérale de « garce qu’on adore détester ». La prophétie déclenche un coup de tonnerre qui saisit immédiatement. Holtz est pris dans un piège éthique quand il apprend qu’Angel a une âme : Angel l’innocent doit-il payer pour Angelus le criminel ? Mais Holtz reste quand même un bad guy, et pour le prouver, il détruit le Caritas en un éclair (excellente exploitation des dons de Lorne en passant), acte profanatoire prouvant s’il en était besoin que s’il n’est qu’un humain, il faut pas le sous-estimer ! La scène où il marche au ralenti dans les flammes lui donne une aura étourdissante, déjà mise en valeur dans les terribles flashbacks - traumatisante scène de l’infanticide forcé. Vient ce déchirant finale, avec le sacrifice de rédemption de Darla qui achève avec éclat et génie l’épique destin de la vampire. Et le surprenant sursis d’Holtz. Holtz n’a pas la force de tuer Angel en le voyant avec son enfant, mais il n’a pas dit son dernier mot. Tout au long de la saison, Holtz montrera une étonnante souplesse dans ses plans diaboliques : à chaque fois qu’un événement le forcera à renoncer à un plan, il en trouvera toujours un autre, encore plus pervers, qui servira ses desseins de vengeance. La critique d'Estuaire44: - Holtz. My God. - You have no God, demon. Lullaby opère un magistral passge de témoin entre les saisons deux et trois. On renoue ainsi pleinement avec le grand atout de la précédente période : la captivante narration de la déchirante relation entre ces âmes à la fois sœurs et antagonistes que seront demeurés jusqu'au bout Angel et Darla. Julie Benz brille de tout son talent lors de l'ultime acception de son personnage, un monstre inhumain ayant finalement perçu la lumière et désormais capable d'amour, refusant de rechuter dans les Ténébres. Un portrait déjà bouleversant en soi, mais d'autant plus fort qu'il signifie enfin de pleines retrouvailles avec Angel, au sentiment si au diapason. Un parcours couronné par le rachat obtenu in fine par le sacrifice suprême, lors d'une naissance de Connor au parallèle très affirmé avec la Nativité (lumineuse et angélique Fred). Le contraste entre feu et pluie est superbement mis en valeur par la photographie. Diverses annotations chrétiennes insérées au fil du récit indiquent également la dimension christique conférée au nouveau né. Au-delà du salmigondis prophétique, Connor vaut déjà principalement pour la perspective de rédemption qu'il offre à son tour à Angel, avec un Boréanaz lui aussi saisissant. Un élément saie d'emblée par un Holtz visiblement prêt à déployer une machination que ne renierait pas Angelus lui même. Lullaby demeure de fait l'occasion d'affirmer la dimension du nouvel adversaire d'Angel en saison trois, dont le machiavélisme sublime la haine pure et que Keith Szarabajka. dote derechef d'une indéniable stature (quasi à la Terminator). Le flashback nous révélant la source de son obsession s'impose comme l'un des plus marquants et cruels proposés par la série. Dans la grande tradition du Buffyverse, le changement d'époque s’opérant ici s'effectue via la destruction d'un décor emblématique. On comprend parfaitement la nécessité d'évoluer, mais l'on restera nostalgique du Caritas, de ses cocktails et de ses chansons, hilarantes ou émouvantes, mais toujours issues du meilleur répertoire. On regrettera derechef le manque d'envergure de Lindwood, le seul souci de se couvrir lui attribuant une crédibilité nulle en tant que Big Bad. Mais cela permet à une combattive et sarcastique Lilah de confirmer que c'est elle qui tient la boutique en cette saison.
Scénario : David H. Goodman Réalisation : Fred Keller Lorne convoque les Furies pour ériger une barrière de protection autour de l’hôtel Hypérion pour éviter que tous ceux qui veulent mettre la main sur le bébé puissent entrer. Mais Wesley pointe un danger : un groupe de démons Lilliads va préparer un enchantement pour détruire la barrière. Nos amis doivent se préparer à la bataille, mais Angel décide de ne pas y prendre part pour s’occuper de son fils… La critique de Clément Diaz: Pour protéger William contre les Super Soldats, Scully, malgré l’absence de Mulder, est prête à tout… euh pardon, je rectifie : Pour protéger Connor contre les Super méchants, Angel, malgré l’absence de Darla, est prêt à tout. Voilà, c’est mieux (ou pas). Adonc, dans Dad, nos amis préparent la résistance tandis qu’Angel fait des grimaces, chantonne, change, nourrit bébé Connor. S’il y’a un brillant twist, on doit supporter avant de longs pensums d’Angel en papa poule, que le décalage humoristique de la situation ne suffit pas à justifier. Goodman introduit heureusement humour et nouveau personnage, permettant à l’épisode de se suivre sans déplaisir. Passons sur les scènes à rallonge entre le Dark Avenger et son fiston. C’est très pesant, malgré un Lorne irrésistible. Au-dehors, c’est plus intéressant, avec cette archiviste omnisciente qui fait mariner pendant 14 heures la pauvre Lilah. On s’amuse des références cinéma de Wesley et Gunn, tandis qu’Holtz gagne en force : son coup d’éclat devant un Sahjhan pour la première fois dépassé par les événements, signifie que bon maintenant, on a assez joué, on va faire avec MA méthode, à savoir débaucher une Tueuse de vampires (bien que non-officielle). La sauvagerie de Justine, incarnée par une Laurel Holloman totalement à fleur de peau, est la bonne nouvelle de l’épisode, avec notamment une scène de cimetière qui rappelle ces fameuses visites de routines de la Tueuse à Sunnydale. Que de souvenirs... Leur duo d’Avengers au sens premier du terme présage du meilleur. Holtz approfondit son portrait en plaçant la loyauté au-dessus de l’argent, et se montrant troublé par l’éthique de la situation : sa vengeance est-elle « morale » devant un assassin qui œuvre maintenant pour le bien, et dont la compagne égocentrique et sanguinaire a préféré mourir pour sauver son fils ? Entre vengeance et doute, Keith Szarabajka a droit à tous les éloges, et l’on comprend que Holtz fasse partie de ses rôles favoris. Le dernier acte est très chargé en adrénaline, avec une galopante course-poursuite en voiture tandis qu’Angel Investigations range la subtilité au placard et sort les lance-flammes ; euphorisant ! On termine sur une belle note d’humour noir avec Angel nommant son ennemi parrain de son fils, et une coda émouvante. Bon épisode. La critique d'Estuaire44: - No one is going to put their hands on this child. I promised his mother. Dad apparaît comme un épisode mineur du fait de son manque relatif de propos et d’intensité. Après les fracas de Lullaby, on atterrit brutalement dans une interminable veillée d’armes à l’Hypérion, verbeuse et statique. Le fil rouge en demeure un Angel d’abord amusant en père archétypal, un effet ensuite trop prolongé pour ne pas lasser. Il faut attendre le dernier quart de l’épisode pour que le récit se décide à accélérer, par le biais d’un joli twist. Mais l’effet demeure mal dosé, car pour le coup on passe à une course poursuite digne d’un Cartoon de Tex Avery. En soit le procédé résulte divertissant et fait plaisamment songer au final usuel des chasses au trésor en vogue dans les productions des années 60 et 70, mais cela reste hors sujet dans Angel. Par ailleurs, il faut bien constater que le scénario accumule les facilités, comme Angel pénétrant avec une facilité déconcertant dans le Saint des Saints de Wolfram & Hart (trop d’effet tue l’effet) ou l’équipe de l’hôpital ne demandant aucun justificatif d’identité pour Connor. Si les caméras couvrent tout l’hôtel, on se demande également comment nos amis ont pu se concerter pour mener une telle arnaque. Heureusement certains à-côtés viennent au secours de l’opus, tel le sketch de Lilah et de l’Archiviste ou la bagout de Lorne, inépuisable source de dialogues hilarants. Il se confirme qu’il n’a pas besoin du Caristas pour apporter immensément à la série. Justine effectue également une entrée en lice réussie, sur un astucieux mode de Slayer humaine, avec Holz comme Observateur en mode formation de l’Elue. Laurel Holloman est étonnante, à des lieues de l’aimable Tina de The L Word. L’épisode présente également le mérite de distinguer Hotz des autres prédateurs tournant autour de Connor, tissant patiemment sa toile au lieu de foncer tête baissée. Un habile élément de dramatisation pour la suite des évènements.
Scénario : Mere Smith Réalisation : David Grossman Pendant sa fête d’anniversaire, Cordélia est violemment projetée contre une armoire sous le choc d’une vision. Elle sombre dans le coma. Son esprit rencontre le démon Skip (cf. épisode Le martyre de Cordélia) qui lui apprend que si elle revient dans son corps, sa prochaine vision la tuera. Il l’amène dans un univers alternatif où Cordélia n’a pas rencontré Angel et exaucé son rêve : être une actrice riche et célèbre… La critique de Clément Diaz: Cet épisode très riche (voire surchargé) fait s’enchaîner trois intrigues très différentes de thématiques et de ton. L’impression de confusion ne doit pas masquer l’écriture impeccablement maîtrisée de Mere Smith du surprenant et émouvant voyage initiatique de Cordélia, manifestement inspiré de La vie est belle de Capra. Cordélia sombre dans le coma. La chaleureuse introduction est ainsi brisée en miettes pour un effet maximum. L’errance de son esprit développe un étouffant suspense : l’angoisse de ses compagnons à l’idée de la mort de leur amie est rehaussé par l’incompréhension et la terreur de la jeune femme. Cachant ses graves problèmes neurologiques à ses amis, elle ne veut pas leur admettre qu’elle est mourante parce qu’elle veut être une héroïne active, quitte à y laisser la vie. Contrairement à ce que l’on croit alors, ce n’est pas de l’orgueil issu de son perfectionnisme. Il y’a toujours cette petite émotion quand « Phantom Dennis » manifeste tout son amour pour Cordélia. L’apparition tonitruante de Skip lance le 2e acte. Deuxième acte : Grâce à Skip, Cordélia prend du recul par rapport à sa vie en allant dans un centre commercial vide, image de l’entre deux-vies où elle ploie sous une avalanche de révélations : ambiguïté des sentiments de Doyle et d’Angel, coups du destin, ironie tragique de son « cadeau », triomphe de l’intuition face à la logique… ce deuxième acte est d’une grande richesse à propos des concepts de destin et de libre-arbitre. Pour détendre l’atmosphère, il y’a quelques références cinéma de la part de Skip (chez Whedon, tout le monde est geek, même les gardiens des Enfers !). Le troisième acte est la bascule dans une autre réalité, l’immersion apparaît plus réussie que dans le The Wish de Buffy (bien que pas aussi vertigineuse que le transgressif Normal again). Cordélia est devenue une actrice adulée, héroïne de sa propre sitcom. L’effet marche à plein : générique de la sitcom, fandom enthousiaste, Cordy dans son petit nuage de bonheur, de luxe, et de serviteurs obséquieux. Aussi, le télescopage avec la réalité de Wesley-Gunn-Angel est brutal. Nous apprenons ce qui se serait passé si Cordélia, la Xander du groupe, donc son cœur aimant, n’avait pas rencontré Angel : Angel devenu fou sous l’effet de sa solitude, Wesley et Gunn chasseurs de vampires sombres faisant simplement leur job, absence évidente de Fred. Queen C peut alors ÊTRE définitivement une héroïne, en accomplissant ce que tout héros doit faire : un sacrifice déchirant. La superficielle pom-pom-girl est définitivement enterrée lorsqu’elle accepte d’être un Champion avec toute la douleur et le détachement de soi qui vont de pair. Plus que la reine de Pylea, cet épisode est le vrai sacre de Cordélia, emmené par la performance impériale de Charisma Carpenter. La critique d'Estuaire44: - It was an honor being your guide, Cordelia Chase. Nouvelle variation sur le thème des univers parallèles, Birthday se montre certes efficace, mais sans parvenir à égaler le succès du The Wish de Buffy. Il reste un bon épisode d'acteurs, mais son intrigue ne suscite que modérément l'enthousiasme. Ainsi toute une première partie s'attarde à décrire une Cordy en plan astral, sur un mode à la Ghost ultra balisé. Cela retarde le moment où l'épisode atteint la cour de son sujet, sans strictement apporter quoique ce soit de neuf à cette figure imposée et rabâchée. Tout ceci demeure hautement prévisible, mais aussi peu onéreux pour la production, même si les comédiens jouent parfaitement le jeu. Après avoir perdu de précieuses minutes les auteurs se trouvent fort dépourvus au moment de décrire le nouvel univers. Le générique de la sitcom est une excellente et réjouissante idée (d'ailleurs reprise quelques années plus tard dans Supernatural) mais cela ne compense pas l'absence quasi totale de vue d'une Cordy devenue star de l'écran, un épatant sujet de comédie dont l'absence de traitement génère une frustration. Le focus résulte également singulièrement plus restreint que lors de The Wish, où les conséquences du changement intervenu embrassaient tout l'univers de la série, dont Sunnydale, tandis qu'ici ne sont concernés que les seuls membres d'Angel Investigations, Los Angeles demeure Los Angeles, d'où un souffle moindre du récit. Quelques facilités scénaristiques minorent encore l'impact de l'ensemble. La discussion d'Angel avec les entités se voit simplement abandonnée en cours de route et le déjà-vu providentiel et si pratique de Cordy occupe un part trop grande dans la résolution de l'intrigue (contrairement à The Wish). Le fait que la jeune fille sauvée dans l'univers miroir le soit également dans le notre demeure confus. On sent trop que les auteurs veulent à tout prix que Cordy deviennent plus qu'humaine pour que le Cangel s'instaure à marche forcée. Fort heureusement l'abattage et le talent de Charisma Carpenter rendent l'opus malgré tout très divertissant, de même que l'humour toujours si présent chez Skip. Boreanaz se montre lui aussi fabuleux dans l'expression de son personnage hanté par les visions.
12. SOUTIEN DE FAMILLE Scénario : Scott Murphy Réalisation : Bill Norton Dans le but de gagner plus d’argent pour assurer l’avenir de Connor, Angel fait de la publicité pour l’agence. Il y’a bientôt foule, et les membres doivent se diviser (sauf Cordélia, qui garde l’hôtel et Connor) : Angel doit détruire un nid de vampires, Gunn et Wesley doivent protéger une femme du harcèlement de son ex devenu un zombie, Fred doit résoudre un problème mathématique très compliqué pour un groupe de démons, Lorne servant d’interprète…
Tout comme Jane Espenson, Scott Murphy n’aura écrit que deux scénarios, résolument orientés humour. Malgré quelques maladresses, l’épisode est un carnaval comique, aux dialogues et aux situations givrés. L’excellente réalisation de Bill Norton parachève cette réussite qui se teinte parfois d’émotion et de suspense. Après une intro déjà bien allumée (le faux numéro, le pastiche des Monty Python), on se marre non stop quand la foule se presse chez Angel Investigations : bestiaire bigarré, demandes hallucinées, héros gardant difficilement contenance. Wesley et Gunn jettent leur dévolu sur Fred, ce qui nous vaut des battles de vannes décalées. Front Fred : l’Einstein de la série doit résoudre un problème compliqué sans se douter qu’elle va tomber dans un traquenard. Lorne en traducteur à moitié bourré n’ouvrant la bouche que pour lancer des répliques à se pisser dessus et Fred en chercheuse surexcitée nous régalent grâce à l’abattage perpétuel des comédiens. Front Wesley-Gunn : ces messieurs doivent faire face à un zombie harceleur, mais surtout à l’harcelée, joyeusement consternante. La résolution de l’intrigue est un magistral twist façon Quatrième Dimension, 100% ironique, 200% déjanté ! Front Angel : Le Dark Avenger doit casser trois vampires, empocher le flouze, et see ya ! Sauf que non, c’est plus compliqué que ça : d’abord y’en a pas que trois, puis, le client n’est pas ce qu’il prétend, ensuite, pour l’argent, ben ça va pas le faire non plus. Même le « client » qui cherche sa rédemption (oui, lui aussi) et qui veut se sacrifier, ne peut faiblir cette machine humoristique, vu qu’Angel expédie les vampires tout en grommelant. On regrette seulement qu’on nous explique pas trop comment la cavalerie arrive à la rescousse de Fred et Lorne. La dernière tirade de l’Angel a un message assez mièvre (famille et mission plus importants que l’argent) mais est compensée par la vision de nos amis se jetant sur le fric. On regrette que les hommes fassent tout le boulot pendant que Fred est réduite à l’impuissance et Cordélia s’occupe de Connor. On se console avec Holtz qui forme Justine à la dure. C’est une relation maître-élève acérée, sauvage, mais curieusement fusionnelle. Laurel Holloman est d’une férocité assez saisissante, ça promet ! La critique d'Estuaire44: - Helping the helpless, finding Holtz, and making money are out three number one priorities Provider nous fournit malheureusement la première authentique déception de la saison. Après un prologue au stimulant humour noir (rappelant celui de The Dark Age, de Buffy contre les Vampires), la narration va en effet se révéler particulièrement décevante. Alors que Joss Whedon nous avait habitués à mêler subtilement les niveaux de discours, ici on se retrouve face à une démonstration particulièrement tirée à la ligne d’une conclusion déjà simpliste, la vénalité exacerbée, c’est mal. C’est d’autant plus triste que la contradiction de la nature duale d’Angel Investigations (entreprise à la fois privée et philanthropique), présente dès la constitution de la série, aurait permis un questionnement autrement plus ambitieux sur la moralité en économie. De plus le débat est faussé puisqu’Angel échoue globalement dans sa quête d’argent (hormis pour le gag final), cela aurait été bien davantage été porteur de l’y voir pleinement réussir, débutant ainsi le chemin menant jusqu’à Wolfram & Hart. L’épisode comporte il est vrai quelques authentiques pépites de drôlerie, notamment grâce à un Lorne toujours autant en verve. A l’instar d’un Spike, il devient une intarissable source d’excellentes vannes. Il s’avère également astucieux d’établir l’ex Material Girl de Sunnydale High comme conscience morale du groupe. Mais pour le reste l’humour apparaît singulièrement moins décalé qu’à l’ordinaire, après avoir pastiché une sitcom lors de l’opus précédent, la série en devient elle-même une ici, avec une structure narrative simplement décalquée et à l’ambition sociologique minorée par le discours moraliste sur l’argent. Une option divertissante mais hors sujet, au point que l’on pourrait débaptiser l’épisode pour l’intituler The One Where Angel Needs Money, en hommage à la série reine du genre. Heureusement, à côté des mésaventures des Friends d’Angel, Justine et Holtz s’activent pour conserver de l’intensité au récit, dans une évocation aussi sombre que puissante de la relation entre un mentor et son disciple (applaudissements nourris dans le public pour Laurel Holloman). The One Where Angel Needs Money demeure l’illustration d’un intensité trop intermittente de cette saison, vis à vi de la précédente.
13. LES COULISSES DE L'ÉTERNITÉ Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Angel Investigations assiste à une représentation du ballet Giselle d’Adolphe Adam par une compagnie russe. Mais Angel s’aperçoit qu’il s’agit des mêmes danseurs qu’il a vus lors d’une représentation en 1890 ! Il enquête avec Cordélia dans les coulisses… en réalité un labyrinthe infini sans issue ! Les sentiments qu’Angel éprouve pour Cordélia, et ceux de Wesley et Gunn envers Fred vont sans qu’ils s’en doutent jouer un rôle-clé dans les événements de ce soir… La critique de Clément Diaz: Bien que le Boss supervisât tous les scénarios de ses séries, Whedon écrivit (et dirigea) rarement directement un épisode dès lors qu’il dut s’occuper de deux séries à la fois. C’est donc avec une attention toute particulière qu’on regarde un opus où il s’investit pleinement (scénario et réalisation). Le résultat est quasi systématiquement un chef-d’œuvre, et Waiting in the wings ne fait pas exception. Malgré un scénario astucieux faisant la part belle aux sentiments, c’est la fastueuse réalisation du Joss qui capte l’attention, énorme claque visuelle tirant au maximum profit du décor de l’opéra. Les premières minutes plantent le décor, l’occasion de voir nos héros en smoking d’une rare élégance ou en superbes robes de soirée (généreux décolleté de Cordélia, robe très moulante de Fred). La tension sexuelle frétille d’entrée par les rapprochements entre personnages, et sont la raison d’être du prélude à cette histoire. Une atmosphère fantastique et onirique baigne toutes ces scènes, car l’Opéra est un lieu unique en son genre, temple sacré où la Beauté, l’Harmonie, et la brillance visuelle en seraient les dieux. Whedon filme avec maestria toutes les scènes de ballet dont l’argument - ce n’est pas anodin - est quasiment celui de l’épisode (triangle amoureux, danse jusqu’à la mort). Hymne à la danse classique, à sa musique, et à l’amour, cet épisode à la splendeur baroque nous fait admirer décors, intérieurs, couloirs d’une beauté irréelle. Même le peu émotif Gunn est sensible à ce spectacle (contrairement à Queen C qui pionce). La tension sexuelle explose lors des scènes Angel-Cordélia, lorsqu’ils sont possédés par des esprits amoureux tourmentés. C’est beaucoup plus érotique que dans le I was made to love you de Buffy, et le scénario est bien meilleur. L’errance dans ces couloirs peuplés de créatures au rire frissonnant, produit par ailleurs un suspense phénoménal, dont les batailles sont magnifiquement chorégraphiées. On admire aussi l’élégance de la sérénade à trois de Fred et ses boys, qui tourne à l’avantage de Gunn. Un choix douloureux pour les fans de Wesley, mais impeccablement amené. L’ex-ballerine Summer Glau manifeste un étonnant don d’actrice pour son tout premier rôle, avec son long monologue. L’on comprend que Whedon s’adjoignit ses services à l’avenir, notamment dans Firefly. La fin du comte pervers couronne ce conte de fées opératique de luxe. Whedon se paye même un tragicomique twist final qui avorte la relation Angel-Cordélia, un inachèvement très beau qui prolonge l’intérêt de leur relation. Tous les comédiens sont à leur sommet. Un chef-d’œuvre total. La critique d'Estuaire44: - And then we have to find a dress for you. Something that will make Angel crazy. - Fred, sweetie, Angel *is* crazy. On pourra certes reprocher à l’intrigue de Wainting in The Wings un relatif manque d’originalité, de part la figure bien connue du Fantôme de l’Opéra ou la reprise partielle du thème du déjà très réussi I Only Have Eyes for You, de Buffy contre les Vampires. Mais Whedon réussit de nouveau magistralement une entreprise dans laquelle il s’implique personnellement. Il rend ainsi un somptueux hommage à toute une famille féconde du Fantastique, autour du thème de l’Opéra et de ses coulisses comme pont entre notre monde et celui de la féérie, un domaine particulièrement vaste s’étendant de Gaston Leroux jusqu’à Dino Buzzati (Panique à la Scala), en passant par le Disque Monde de Pratchett (Maskerade, fabuleux roman). Entre Gentlemen et Jokers, les démons s’avèrent également particulièrement réussis, évoquant le Santiago du Théâtre des Vampires (on ne nous enlèvera pas de l’idée que les auteurs de la série ont lu leur Anne Rice). Mais, avant tout, il nous l’offre ici l’une des plus belles introductions que l’on connaisse à la magie intrinsèque du Ballet et de l’Opéra, à travers plusieurs prestations époustouflantes de Summer Glau, filmée par avec une passion et talent fou par Whedon. L’actrice brille déjà de cette grâce qui caractérisera les danses de mort de River Tam et du Terminator Cameron, sublimée ici par le mystère et la beauté hors monde de l’art lyrique. La rencontre d’Angel et de la danseuse demeure d’ailleurs l’un des moments de pure émotion les plus mémorables de la série. Les coulisses et leur atmosphère mystérieuse bénéficient également d’une mise en scène inspirée et d’un travail de production particulièrement soigné. On pardonne volontiers aux épisodes précédents d’avoir été en demi-teinte, pour préserver le budget nécessaire à ce chef d’œuvre. On sait à quel point l’Amour véritable reste une clef de voute de l’ouvre de Whedon, il en va pareillement ici, avec tout un fin discours le différenciant de la passion monomaniaque et possessive. L’auteur sait également incorporer le destin de ses protagonistes au drame encours, apportant une dimension supplémentaire de tragédie à l’opus. La conjointe cruelle infortune de Wes (impérial Alexis Denisof) et d’Angel émeut, même si l’on tiquera toujours sur le développement de la relation entre ce dernier et Cordy, en impénitent nostalgique de Buffy. On adore l’enthousiasme de Gunn, car il n’est point besoin d’une culture particulière pour apprécier le ballet, mais aussi que Cordy ‘ennuie à périr et ne vienne que la robe, car on aime que subsiste la Queen C de jadis. Fred est évidemment chez elle à l’Opéra. Au total Whedon démontre avec éclat tout son talent d’auteur et de metteur sn scène, s’imposant derechef comme l’homme ayant donné un cœur à la Pop Culture.
Scénario : Tim Minear et Jeffrey Bell Réalisation : Tim Minear Tensions chez Angel Investigations : les romances Fred-Gunn et Cordélia-Groosalugg développent des sentiments de jalousie envers les éconduits Angel et Wesley. Mais tout n’est pas simple pour les heureux couples non plus : Cordélia se refuse à faire l’amour avec le Groosalugg car elle a peur de perdre ses visions, tandis qu’à force de se bécoter, Fred et Gunn ne sont plus efficaces pendant les enquêtes… La critique de Clément Diaz: Couplet est l’épisode le plus léger du Whedonverse. C’est un soap opera, où les sentiments amoureux sont traités très basiquement (romances, dilemmes, et jalousie). Mais Minear et Bell ont l’excellente idée de traiter le sujet avec humour, sans se prendre au sérieux, loin des poses outrées des Daytime series. On savoure cette fondante pâtisserie (aux pépites amères) avant les peu rigolards épisodes suivants. Le Groosalugg est de retour, douchant impitoyablement les espoirs d’Angel quant à une relation avec Cordélia. Il a toutes les qualités d’un prince de conte de fées, mais tellement caricaturées qu’il en paraît bouffon : courageux jusqu’à la stupidité, superhomme d’action si efficace qu’il en devient un cliché, répliques lyriques si excessives qu’elles en deviennent ringardes, amour courtois envers sa Dame qui confine à la sottise - y compris se couper les cheveux et mettre un beau costume, il est encore plus terrifiant comme ça. Mark Lutz ne fait rien pour cacher l’idiotie sympathique de son personnage, merci beaucoup. Cordy confirme son statut d’héroïne en refusant de céder à ses pulsions, mais heureusement son côté Queen C n’a pas disparu ; son admiration béate de son « champion » nous vaut un hilarant cabotinage de l’actrice. L’intrigue de la « potion préservatif » est une des plus comiquement débiles de la série - scène immense du b ordel de démons. Angel a l’occasion de jouer un autre registre en frustré jaloux. Ses pathétiques tentatives de compliquer leur relation font sourire. Le destin étant heureux, il sera obligé de passer à tabac le Groo pour le sauver, et il le fait de bon cœur. Plus dramatiquement, son sentiment d’inutilité devant cet héros plus fort et moins limité que lui sonne juste, et il faut tout le confort de Wesley pour qu’il ne dévie pas encore une fois de sa mission. Fred et Gunn se smackent joyeusement devant un Wesley en cocotte-minute sur le point d’exploser. La comédie est teintée de l’amertume du renoncement de Wesley qui doit lâcher prise. Très digne, Alexis Denisof est enthousiasmant. Wes accepte ce sacrifice, tout comme Angel se sacrifie (on se sacrifie beaucoup dans Angel) pour donner des vacances à Cordy et Groo. L’intrigue, très simple, est joliment excentrique. Le cliffhanger est par contre inquiétant. Un intermède charmant. La critique d'Estuaire44: - Just tell me what I can do. - I need you to help me have sex. With Groo. Couplet signifie une nouvelle interlude au sein d’un arc Connor déjà trop distendu et manquant jusqu’ici d’une intensité dramatique comparable à celui de Darla, mais il compense largement ce défaut par la déferlante humoristique le caractérisant. Plusieurs excellents sujets de comédie s’enchevêtrent ainsi avec bonheur. Ainsi l’arc de Pyléa avait notamment diverti en plongeant Angel Investigations dans un univers de Fantasy. Ici c’est le contraire qui se produit avec Groo faisant irruption à Los Angeles en véhiculant tout cet univers. Plus grand que la vie, mais aussi d’un esprit binaire et grandiloquent, caractéristique des Héros épiques. Le contraste avec ses interlocuteurs déclenche immanquablement le fou rire. De fait on retrouve ici en germe l’idée géniale caractérisant l’irrésistible film Enchanted (2007), mais aussi les séries en dérivant, telle Once Upon A Time, la nature décalée de figures de contes de fées devenues des transfuges dans notre univers. Boreanaz, en liberté aucunement réfrénée en matière de cabotinage génial, est à se tordre de rire per son dépit humilié et d’une mauvaise foi constante, là encore en irrésistible rupture avec son personnage. Déjà observée cette saison, y compris lors du classieux Wainting In The Wings (Angel dissimulant son émoi avec sa veste), la verdeur des propos et des situations atteint ici son zénith, donnant comme une aura de scandale à cet opus d’une série américaine grand public. La visite sous acide de la maison close procure une vision hallucinée de ce que pourrait produire un cross over avec Secret Diary of a Call Girl. Mais l’humour ne demeure pas gratuit, exprimant la nature profonde des personnages. Ainsi Cordy transforme-t-elle Groo en un évident clone d’Angel, montrant la persistance de son désir, mais pour un Angel dépouillé de se sa personnalité ténébreuse. Elle se distingue ainsi de Buffy, pour on sait à quel point il est important dans l’attraction éprouvée. Wes, Fed et Gun s‘avèrent aussi émouvant, mais aussi Angel quand il domine son humiliation et offre des vacances (une lune de miel) à ses amis. Le cliffhanger final rattache habile cet épisode virtuose à l’arc principal, dont il est temps que débute la conclusion.
Scénario : Mere Smith Réalisation : James A. Contner La prophétie ne laisse pas Wesley en repos, qui cherche à tout prix un moyen de la contrer. Pendant ce temps, Holtz envoie des espions pour se renseigner sur Angel Investigations. Fred et Gunn traversent une première crise de couple… La critique de Clément Diaz: Qu’a-t-il donc pu bien arriver à Mere Smith ? Cette brillante scénariste commet une contre-performance à l’occasion de Loyalty. Figeant toutes les lignes narratives en cours, elle impose un immobilisme qu’elle essaye vainement de cacher par des écrans de fumée et par la performance d’Alexis Denisof, effectivement parfait. Elle réussit bien quelques scènes-clés, mais se noie par ailleurs dans des intrigues stupides. Tout repose sur Wesley, sur ses doutes, ses peurs, ses indécisions. Comment peut-il protéger Connor de son propre père ? Grâce au comédien, on est solidaire de ses tourments, de son dilemme de loyauté. Il faut toutefois avouer que le scénario s’étire en longueur de ce côté-là, Wesley passant son temps à se morfondre sans faire grand-chose. On apprécie toutefois quand lui et Angel démasquent Aubrey mais qu’ils ne peuvent que la laisser partir puisqu’ils comprennent que trop bien ce qui la motive, et qu’eux-mêmes agiraient de la même façon. Bon, la discussion avec le Loa appartient aux moments les plus délirants de la série - on est quand même à la limite du ridicule - et voir Wesley venir soudainement dans l’antre de Holtz donne ce pétillement électrique qu’on aime quand un scénario exécute un coup d’audace. La discussion morale entre les deux ennemis (immense Keith Szarabajka) est le sommet climatique de cet épisode. Laurel Holloman, toujours plus dingue, plus enflammée, est impressionnante. On se permet quand même de tiquer avec le Fantastique besogneux, presque ringard des scènes finales, en dépit d’un dernier plan glaçant. Côté Sahjhan, qui perd le contrôle de sa créature, on assiste à une alliance assez bizarre avec Lilah, suffisamment drôle et inquiétante pour nous intéresser. La place vide laissée par Lindsey permet à Lilah de rayonner de rouerie, de réparties, de charme… on regrette que Stéphanie Romanov soit réduite depuis le début de la saison à quelques apparitions, car elle apporte beaucoup au show. En revanche entre Fred et Gunn, le pastiche de soap opera de l’épisode précédent vire au soap opera tout court, et là ça fait mal. Malgré les excellents jeux de J.August Richards et d’Amy Acker - qui à notre grand regret perd un peu de sa folie - cette bluette sentimentale ne fait qu’enfoncer un épisode pas très fameux. La critique d'Estuaire44: - You don't have an appointment. - That's it? No, "Wow, how'd he do that?" No screaming in terror? You twenty-first century types are so jaded. Ouvert par l'une de ces puissantes séquences oniriques dont le Buffyverse a le secret, Loyalty remplit parfaitement les fonctions de pilote de l'ultime séquence de la saison. Il permet de recentrer les débats sur les machinations d'Holtz et la destinée de Connor, thèmes qui auront été trop dilués cette saison. Surtout il centre le focus sur Wes et les interrogations le minant, soit l'architecte, à son corps défendant, du drame à venir. Comme l'indique le titre original, le récit suscite une habile réflexion à propos de la notion complexe de la loyauté, finalement assez peu abordée dans les séries télé d'aventures, où elle va souvent de soi envers un Héros toujours positif. Les questionnements assaillant Wesley à propos d'Angel et des résurgences de son démon intérieur rejoignent ainsi celles de Chloé considérant Jack Bauer, mais là où celle-ci demeurait d'une fidélité adamantine, Wes sombre dans le doute. Ce choix apparaît narrativement plus sombre, en accord avec la tonalité de la série et sollicitant davantage le spectateur sur la conduite à tenir. Le drame psychologique se voit merveilleusement exprimé par le talent et l'expressivité d'Alexis Denisof. Mais aussi par le recours révélateur à un oracle, même si l'humour du passage de fast food ne cadre pas avec la nouvelle période de la saison. il en va de même de la confrontation brillamment dialoguée avec un Holtz aux certitudes morales en acier trempé et difficiles à contredire. Les autres segments de l'histoire participent également à cette impression de désastre imminent irriguant tout l'épisode, comme la prometteuse convergence entre Sahjhan et la toujours épatante Lilah, ou l'exaltation morbide toujours plus marquée chez Justine. On peut toutefois regretter un abus des vas et viens tenant lieu d'action et une relation entre Gunn et Fred trop passe-partout pour le Buffyverse. Mais l'opus tire magistralement parti de la complexité de Wesley, en nous narrant avec une cruelle clarté comment un honnête homme doublé d'un ami loyal s'engage inexorablement sur le voie de la trahison, dans la meilleure tradition de la Tragédie.
16. BONNE NUIT CONNOR Scénario : David Greenwalt Réalisation : Terrence O’Hara Le comportement d’Angel devient de plus en plus violent et inquiétant, Le sang de cochon qu’il boit a été mélangé à celui de Connor par Lilah. Lilah veut mettre la main sur Connor pour le compte de Wolfram & Hart, et Holtz pour sa part veut l’enlever à Angel pour assouvir sa vengeance. Wesley doit prendre une décision difficile, mais personne n’a prévu que le Sahjhan avait aussi son mot à dire… La critique de Clément Diaz: Lorsque la routine grippe une série dramatique, le meilleur moyen de la relancer est de balancer un ouragan de noirceur et choquer le spectateur. Pari gagné par David Greenwalt, qui se déchaîne dans une histoire stressante et fulgurante courant à toute vitesse vers un final d’une cruauté furieuse. Les trahisons et retournements de vestes s’imbriquent les uns les autres : chacun manipule chacun, et l’enchaînement de tromperies est à donner le tournis. Pendant toute la première partie de l’épisode, les accès de démence d’un Angel surexcité et sanguinaire, quasiment en Angelus, prennent le spectateur à la gorge. On retient son souffle quand il s’en prend carrément à Gunn. Wesley agit derrière le dos d’Angel pour découvrir une échappatoire à l’implacable prophétie, allant jusqu’à interroger Holtz sur ses intentions. Étonnant dialogue avec Justine, qui ne sait plus à quel saint se vouer devant la noblesse d’âme de Wesley et qui agit également dans le dos de Holtz. Holtz lui-même agit sans avertir Sahjhan à qui il a pas très respectueusement donné congé. Ce dernier se tourne vers Lilah, toujours plus garce, toujours plus femme fatale, qui passe un pacte pour lui pour mieux le réduire en miettes, ou qui fait perdre les pédales à Angel avec le sang de Connor. Elle n’a peur de rien, et lorsqu’Angel la confronte, c’est elle qui prend l’ascendant sur lui. On reste pantois devant le courage de cette bad girl, qui semble prendre plaisir à se mettre toujours plus en danger pour atteindre ses objectifs, quel Némésis, quelle prestance, et quelle flamboyante Stéphanie Romanov ! Le twist énorme de la berceuse de Wesley est une brillante idée qui injecte une scène d’un concentré de suspense puissant. Greenwalt joue avec virtuosité sur toutes les gammes du roman noir. Les interventions dévastatrices de Holtz tombent toujours au pire moment pour le Dark Avenger, quoiqu’on arrête de respirer quand Justine lance un foudroyant coup de Jarnac. La prestation à double face de Laurel Holloman, est cinglante. Le final est un des plus terrifiants de la série. Jusqu’ici, on rigolait plutôt devant les déboires du Sahjhan qui se faisait rabrouer à chaque fois. Sauf que là, il commence à en avoir ras-la-casquette, et il fait exploser une tension déjà folle. Le coup de folie d’Holtz fait basculer la série dans la tragédie pure, dans l’horreur la plus complète. Angel, brisé et anéanti, est une saisissante conclusion. La critique d'Estuaire44: - You look like hell. And not the fun one where they burn you with hot pokers for all eternity, but, the hard-core one - you know, Nixon and Brittany Spears. L'action de Sleep Tight poursuit immédiatement celle de l'opus précédent, au cœur d'un arc de trois épisodes particulièrement relevé. Lequel aurait sans doute du s'assimiler davantage au corpus de la saison. On ne retrouve pas ici la profondeur psychologique de Loyalty, le focus se portant quasi exclusivement sur le développement de l'action. Toutefois ce dernier se montre particulièrement haletant, le spectateur se voyant happé par une infernal le succession de coups de théâtres et de péripéties spectaculaires. Si un face à face frontal résulte souvent dramatiquement intense, Greenwalt tire ici le meilleur parti possible de la multiplicité des partie s en présence, afin de dynamiser le récit. Il s'avère particulièrement porteur que Lilah, Wolfram & Hart, Holtz, Sahjhan, Wesley et Angel aient chacun une optique différente concernant Connor. Une remaniable performance de l'auteur, autorisant toute une sarabande de félonies, de confrontations électriques et de cruautés insignes (par moments on se croirait à Westeros). Greenwalt s'autorise même le luxe d'inclure une mini intrigue de loner au sein de son scénario plein à craquer. L'historiette reste plaisante en soi, même si les maquillages des démons semblent plus ridicules qu'autre chose. La mis en scène se montre également tonique, même si parfois légèrement confuse (la caméra n'est pas toujours idéalement disposée lors des évènements voyant l’ouverture du portail vers l'Enfer). Mais, outre des dialogues virtuoses, l'intrigue est puissamment relayée par une parfaite interprétation. Denisof continue à enthousiasmer dans l'expression d'un Wesley assumant ses choix jusqu'au tragique (notamment de la scène particulièrement épouvante face à Lorne) Boreanaz assure le spectacle quand Angel subit le sang contaminé (tout comme Mulder jadis le LSD). Le voir songer çà une nonne quand l'appétence de sang humain se fait jour est un poème; on ne se lasse jamais de ces moments où Angelus frappe à la porte, immédiatement autrement plus abominable que Spike. Stéphanie Romamov montre également une vraie présence en une Lilah lucide et redoutable, manifestant beaucoup de classe face à Angel. Sahjhan le mystérieux et Justine la fanatique dévoyée tiennent pleinement leur rôle dans la tragédie tandis que le saut jusqu’au-boutiste d'Holtz apporte une formidable bascule à la saison. Un épisode et captivant, idéal mitan de l'arc de Wesley.
Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Turi Meyer Dévasté par la disparition de son fils, Angel cherche un moyen de combattre le Sahjhan et de le forcer à rouvrir le portail vers Quor-Toth, sans s’apercevoir qu’il recommence à basculer dans les ténèbres. Fred et Gunn tentent de retrouver Wesley, mais Justine, totalement assommée par les événements, refuse de le leur dire… La critique de Clément Diaz: En saison 2, Angel s’éloignait de sa mission à cause de l’influence négative de Darla. Mais en cette saison, il se laisse dévorer par ses propres ténèbres. Sa métamorphose hallucinante irrigue tout cet épisode où, torturé au-delà du supportable, il s’enfonce dans une vengeance destructrice. Jeffrey Bell multiplie les rebondissements, dans un impitoyable crescendo de fureur pure, jusqu’à une coda, citée à raison comme la plus choquante d’une série qui compte pourtant pas mal de finishs éblouissants à son actif. En miroir à Birthday, l’on sent que Cordélia est l’élément qui empêche Angel de franchir les limites de sa noirceur. Refusant de l’appeler, Angel se prive de la seule personne qui pourrait le retenir. Son chemin sanglant va si loin que les auteurs parviennent même à surpasser la noirceur de l’arc Darla, une performance. Son kidnapping de Linwood, qu’il n’hésite pas à torturer ou à menacer de le tuer en est une nouvelle manifestation. La scène de la chambre blanche, avec ce démon sous forme de petite fille (satisfecit à la très jeune Kay Panabaker, tout à fait dans le ton) est une excellente idée d’auteur, très étrange et forte. Entre Angel utilisant la magie noire et sa vengeance envers Wesley, le Dark Avenger le devient au sens propre pour notre plus grand effroi. La magistrale révélation du Sahjhan, tacticien sadique mais hors pair, est révélateur du génie des showrunners qui nous ont brillamment mené en bateau. Tout est perdu pour Connor, et Angel franchit le point de non-retour. Malgré le réconfort de Fred, la coda, brutale et choquante, avec un David Boreanaz qu’on a rarement vu aussi féroce, hante encore longtemps le spectateur après l’avoir vue. L’acteur sert au mieux l’histoire des auteurs, quelle présence ! Les événements heurtent également Justine, devant faire face à la trahison de Holtz. Laurel Holloman, bombe de confusion, de colère, et de chagrin, est l’autre cheville ouvrière de cet épisode dense. Se maudissant d’avoir été dupée, et projetant sa haine sur tout le monde, elle compose un bouleversant portrait de femme dénuée de toute joie ou de tout but. Son revirement final laisse pourtant augurer un peu d’espoir. Un épisode-clé, rude, et cauchemardesque. La critique d'Estuaire44: - I'll kill you! You're dead! You're a dead man, Pryce! You're dead! I'll kill you! I'll kill you! You're a dead man! Dead! Dead! Forgiving conclue l’excellent arc de Wesley de la meilleure, en abordant le thème du pardon en miroir à celui de la trahison, traité lors de l’ouverture, avec Loyalty. Dans le sillage de cette série particulièrement enténébrée, l’échec d’Angel à pardonner clôt la tragédie ouverte par l’incapacité de Wesley à conserver sa foi en son ami. Tout deux scellent leur destin, mais aussi celui d’Angel Investigations, groupe désormais déchiré et au bord de l’anéantissement, en témoins impuissants du drame qu’ils ne peuvent que commenter, à l’instar du chœur antique des Grecs. Le panorama dévasté issu de l’inoubliable scène du courroux homicide d’Angel (à la surprise brillamment préservée par le scénario) résulte d’autant plus sombre que les deux protagonistes agissent en fonction de ce qu’ils perçoivent comme une juste cause, y compris dans la violence. Une sortie de crise par une épiphanie achevant un dévoiement manifeste d’Angel, comme en saison 2, apparaît dès lors exclu. Cette remarquable intrigue psychologique doublée de tragédie ne sacrifie ni le spectaculaire, avec de nouveaux affrontements et rebondissements, ni les seconds rôles. Le machiavélisme retors de Sahjhan, la maîtrise dans la tempête de Lilah ou la dérive nihiliste de Justine (Laurel Holloman en état de grâce) apparaissent comme autant de moments forts. Le scénario, toujours plus ambitieux, va jusqu’à s’offrir un étrange interlude avec une White Room très à la Black Lodge de Twin Peaks. Le nouveau joueur entrant dans la partie s’impose comme un régal de perversité ludique, Angel ne sera jamais autant apparu aux abois. A l’issue du double échec du héros, moral et factuel, quelques éléments d’espoir perdurent, telle la lucidité retrouvée de Justine ou, surtout, le retour prochain de Cordy. Les auteurs l’ont judicieusement retiré du vaste échiquier qu’est devenu Los Angeles, car, grâce à sa personnalité, son bon sens et le liant qu’elle assure face aux mâles parfois très introvertis, elle aurait sans doute su contrer les évènements. Elle a désormais l’opportunité de devenir une héroïne, bien davantage que par l’adjonction de pouvoirs surnaturels ou démoniaques.
18. QUITTE OU DOUBLE Scénario : David H. Goodman Réalisation : David Grossman Cordélia (et Groosalugg) sont de retour. Mis au courant des événements récents, Cordélia tente de réconforter Angel. Un démon vient voir Gunn, lui disant qu’il doit payer dans les 24 heures une « dette » qu’il a contractée envers Jenoff, le « suceur d’âmes » : rien moins que sa propre âme !… La critique de Clément Diaz: Après deux épisodes sinistres, ce n’est pas sans soulagement qu’on en revient à un loner moins glauque, et de surcroît teinté d’optimisme. Centré sur Gunn, cet épisode peu apprécié (il est vrai qu’il n’y a pas vraiment d’action) rend cependant honneur au personnage qui il faut le dire, n’avait jamais été vraiment approfondi. On assiste à un discret retour de l’humour, et plus réconfortant, Angel Investigations commence à se ressouder (moins Wesley, toujours persona non grata). A l’échelle de la série, on peut presque parler de feel good épisode… avant de replonger dans la tourmente. Cordélia revient, et apporte avec elle tout le réconfort dont elle est capable. Angel, emmuré dans son chagrin, ressassant les mêmes pensées et regrets, commence à faire son deuil, mais sent tout le poids de sa si longue vie. Cordy lui dit moins ce qu’il a envie d’entendre que ce qu’il a besoin d’entendre. Cette pause dans le chemin trop épineux de la vie du vampire est salutaire, il a besoin de ce moment d’abattement pour ensuite se relever. Le déclic se produit quand Gunn est en danger et qu’Angel déclare qu’il ne veut pas perdre quelqu’un d’autre de la « famille » (sic). L’histoire de Gunn est intéressante, superbe variation du pacte avec Méphistophélès (ici le directeur d’un casino !!). Mais Gunn n’est pas un vieillard recherchant la jeunesse, mais un jeune homme qui sept ans avant ne croyait plus à rien, ne voyait qu’un futur sombre et gris, et vendit son âme pour un bonheur présent immédiat. Il n’avait pas la foi en une « providence » ou « destinée » et encore moins en lui. Lorsqu’il comprend enfin que le futur peut être beau (pour lui grâce à Fred), c’est trop tard, son funeste pacte le rattrape. Il est touchant de voir sa réaction : il passe les derniers moments qu’il lui reste avec Fred, la gâtant en tous points. Comme elle devient suspicieuse, Gunn, honteux de son erreur de jeunesse et devant sauver l’âme de Fred, doit lui aussi faire son « sacrifice » et accepter de passer pour un salaud à ses yeux pour la sauver. Angel doit encore se sacrifier - une habitude chez lui, mais toujours émouvant pour le public - mais son quitte ou double du titre est réellement étourdissant. L’intensité est à son comble, et on est reconnaissant à Goodman de clore tout cela par l’humour, une acceptation par Angel de son deuil, et la réconciliation Fred-Gunn. Malgré un Wesley esseulé et peu réconforté par le quasi-abandon de Fred, l’optimisme du message de l’épisode, qui incite à la confiance dans l’avenir même quand tout est noir, brillamment métaphorisé ici, met vraiment du baume à l’âme ! La critique d'Estuaire44: - If Angel sees you again, he'll kill you, Wesley. This time for real. Don't come back to the hotel. Ever. Double or nothing présente le mérite de se positionner idéalement au sein de la saison. En effet il suscite une césure au sein de l'arc majeur de Connor, suspendant les évènements de la trame principale, afin d'exposer les sentiments ressentis par les deux protagonistes malheureux de la récente catastrophe, Wes et Angel. Alexis Denisof accomplit une formidable prestation lors de l’exercice de style toujours malaisé d'un rôle muet. Il exprime à merveille l'amertume d'un Westley blessé dans chair, mais surtout meurtri dans ses sentiments. La confrontation avec Fred se montre d'une rare cruauté, non seulement par la condamnation prononcée par celle lui étant si chère, mais aussi par ce que personne d'autre ne vient le voir, le rejet apparaît. L'acteur fait ici naître toute une nouvelle version de son personnage, car Wes, et c'est déjà une évidence, sortira changé du drame, désormais autrement plus froid et distant. Boreanaz sort lui aussi le grand jeu, avec un monologue sur son rapport à Connor à fendre les pierres. La présence de Cordy à ses côtés s’avère aussi précieuse que l'on pouvait l'imaginer. Celle-ci initie de faite une reconstruction, avec un humour apporté par Groo fort bienvenu dans cette optique davantage positive. Il s'avère émouvant de la voir aider Angel à prendre conscience qu'il existe toujours un futur pourvu qu'on refuse la fatalité, un thème très américain et déjà exprimé lors du Graduation Day de Buffy ou quand celle-ci décide de surmonter le départ d'Angel. Angel fait également son deuil du départ de Connor, démonter son berceau impulse aussi bien de l'amertume qu'un nouveau départ, c'est dramatiquement très fort. Mais si la trame principale de la saison confirme son potentiel, on reste quelque peu déçu du sujet du jour. L'idylle entre Fred et Gunn, quoique charmante, demeure trop lisse pour réellement passionner. Gunn lui même ne sort guère grandi de cette histoire de vente d'âme contre un camion. L'épisode approfondit son background mais échoue à lui obtenir une dimension supplémentaire. Tenter une conclusion renouvelant le traditionnel combat est positif, mais l'on reste sur notre faim avec une sortie de crise ultra expédiée. Les antagonistes demeurent toutefois pittoresques et bénéficient de maquillages croquignolets. Alors que thème central de l'opus demeure le futur, il est regrettable que les dialogues de Jenoff demeurassent flous sur le fait de savoir si Gunn vent le sien ou plutôt son âme. On regrettera également la catastrophique nouvelle coiffure de Cordy. De plus, lui conférer la blondeur après un pouvoir surnaturel édifie laborieusement un substitut de Buffy permettant de mettre le Cangel en orbite, que c'est lourd.
19. LE PRIX À PAYER Scénario : David Fury Réalisation : Marita Grabiak Le rituel de magie noire invoqué par Angel (cf. épisode Impardonnable) connaît un choc en retour : de petites créatures invulnérables aux armes issues d’une autre dimension infestent l’hôtel. Si elles s’accrochent à un hôte, elles provoquent en lui une soif terrible qui finit par le tuer. Fred apprend que les petites bêtes mortelles fuient en fait quelqu’un qu’elles craignent : le « Destructeur »… La critique de Clément Diaz: Quelle forme olympique des auteurs ! Sur un argument proche des Darkness falls et Medusa des X-Files, David Fury développe un épisode d’une grande force dramatique, respectant à quelques amendements près la triple unité de lieu, action, temps, et s’achevant sur l’apparition spectaculaire d’un nouveau joueur dans la partie. Supporté par le savoir-faire de l’équipe des effets spéciaux et de Marita Grabiak, qui nous gratifie d’une mise en scène imaginative, Fury explore toutes les gammes anxiogènes du huis clos : menace suspendue, menace directe, chasse aux monstres qui finalement donnent la chasse aux héros, conflits éthiques, confrontations, membre de l’équipe atteint, présage d’une nouvelle menace, aide lointaine compromise… En plus de l’obbligato crescendo, les scénaristes réussissent donc à maintenir tout en la renouvelant l’angoisse de l’intrigue. La « momie » assoiffée est une belle création des maquilleurs de la série. Les rauques We’re thirsty scandant l’épisode provoquent toujours leur effet. La course dans l’ombre contre les bébêtes, se déroulant dans des lieux variés de l’hôtel, devient de plus en plus désespérée et prenante au fur et à mesure qu’elles se multiplient. Il y a cette scène tranchante où Gunn implore l’aide de Wesley, mais ce dernier, se sentant trahi, les laisse à leur sort, n’acceptant que de sauver la vie de Fred, mais pour le reste, débrouillez-vous ! Fred atteinte permet à Amy Acker de changer totalement de registre en assoiffée obsédée, luttant vainement contre le monstre. Elle y est effarante de vérité. Quant à Cordélia et Groo, on sent qu’on se dirige vers le game over quand la demi-démon, fidèle à son statut d’héroïne, fait passer Angel avant le preux chevalier. On aime la voir combattre avec l’énergie du désespoir aux côtés d’Angel avant l’ébouriffant twist final. Les dernières secondes ne laissent même pas à l’ordre le temps de se réinstaller, le cliffhanger final étant l’un des moments les plus WTF de l’histoire de la série télévisée moderne. On sent que le finale de saison s’approche, et que ça va pas être triste ! La critique d'Estuaire44: - Hi Dad ! The Price vaut évidemment pour sa mémorable chute finale, digne de figurer en bonne place dans la salle d’honneur du musée du cliffhanger. Son argument ne brille cependant pas tout à fait pour son originalité, a facture à régler pour un usage déplacé de la magie constituant l’un des marronniers du Buffyverse (victoire contre Adam, résurrection de Buffy, dérive de Willow…). Fury saisit donc simplement l’opportunité de présenter l’addition à Angel, mais le traitement du sujet vaut néanmoins le coup d’œil par son efficacité. On apprécie vivement l’humour noir autour du client malheureux d’Angel Investigations, permettant en outre de remettre Angel à cheval, même si la blessure intime perdure. Mais l’opus reste avant tout un impressionnante démonstration de mise en scène, Marita Grabiaktirant le meilleur parti d’un Hérion devenu au fil du temps un membre à part entière d’Angel Investigations. Le décor se développe conservant sa tonalité joliment Fifties mais devenant progressivement sinistre grâce à l’habile caméra. La paranoïa devenue progressivement étouffante, le huis clos, la présence invisible d’un ennemi pouvant surgir de nulle part et la déambulation cauchemardesque de l’équipe évoque ainsi irrésistiblement le grand succès d’Alien, le Huitième Passager (1979). La transcription dans le Fantastique du chef d’œuvre de la Science-fiction horrifique s’effectue avec brio et naturel. Le récit s’autorise néanmoins des ruptures de continuité d’intérêt inégal. Denisof a ainsi l’opportunité d’étrenner davantage sa nouvelle incarnation d’un Weskey assombri, barbu et dépourvu de lunettes, mais l’interlude chez Wolfram & Hart résulte aussi gratuit que contre-productif (et puis avouons que l’on n’aime pas voir Gavin marquer des points contre Lilah).
20. UN NOUVEAU MONDE Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Tim Minear Après avoir sans succès essayé de tuer Angel, Connor s’enfuit, mais est déboussolé par le nouveau monde qu’il découvre. Angel Investigations se lance aussitôt à ses trousses pour le retrouver pendant que Lorne tente de trouver quelqu’un pour refermer le passage inter dimensionnel avant que d’autres monstres n’arrivent… La critique de Clément Diaz: L’entrée en fanfare de Connor, fils d’Angel, s’essouffle malheureusement très vite. Bell se retrouve contraint d’écrire un scénario simplet racontant la difficile adaptation du personnage à un nouveau monde. Malgré quelques bons moments, l’épisode devient très vite prévisible. Bien qu’adolescent, Connor fait étalage rapidement de ses talents de lutteur, envoyant même au tapis Gunn et le Groosalugg. Angel lui-même a beaucoup de mal à arrêter son fils. En dehors de ses aptitudes, Connor est un être renfermé, méfiant, instinctif, mais comprenant vite sa nouvelle réalité. La composition très monolithique de Vincent Kartheiser n’est toutefois pas sans diviser, et on a déjà l’intuition qu’il va être le Dawn d’Angel : le personnage boulet sur les bords. Cela dit, on ne peut nier son énergie brute, explosive, captée grâce à l’excellente réalisation de Minear, qui use de plusieurs artifices efficaces (ralentis, dilatation, effets spéciaux bien dosés). Rien de bien passionnant dans cette aventure toutefois, où Connor se bagarre, connaît un bref émoi sentimental pour une demoiselle en détresse, fait face aux ravages de la violence et de la drogue en ce monde, ou persifle contre papounet. Une intrigue sans suspense, sans développement, archi balisée. Quelques crépitements lorsqu’Angel le retrouve pour une explication père-fils assez compliquée. Le plan final est toutefois peu surprenant. Ce qu’on retient de plus dans cet épisode, c’est finalement l’incompréhension mutuelle entre les deux compères, prisonniers du poison instillé par Holtz qui a tout fait pour salir Angel aux yeux de son fils. A la fin de l’épisode, et ayant vu de quoi pouvait être capable « Dad », Connor est troublé mais toutefois pas assez pour franchir le rubicon. Affaire à suivre. L’intrigue de la sorcière ne casse pas trois pattes à un canard, la poursuite en plein jour est vite avortée, le Groosalugg fait fichtrement tapisserie. La seule intrigue secondaire à retenir est Lilah-la-garce qui s’invite chez Wesley dans le but de lui faire joindre Wolfram & Hart. Tension électrique assurée. La critique d'Estuaire44: - Couple weeks ago, he was wearin' diapers. Now he's a teenager? - Tell me we don't live in a soap opera. Consacrer tout un épisode à présenter le nouveau Connor était sans doute inévitable mais A New World traite le sujet de manière fort maladroite. Ainsi le scénario sépare totalement les totalement scènes d’action et d’exposition psychologiques, rendant les premières gratuites et et les secondes passablement ennuyeuses. Les péripéties abusent également des images générées par ordinateurs (zooms, ralentis, incrustations), domaine où les techniques vieillissent particulièrement vite. Pour une fois le titre original s’avère trompeur, l’exotisme de Connor se résume à peu de choses et il se repère étonnamment bien à Los Angeles (jusqu’à retrouver Holtz dans une ruelle secondaire, en pleine nuit), ce qui minore beaucoup la crédibilité de l’ensemble. Retrouver le veine réaliste de la première saison au pu intéresser, mais tout l’aspect drogue se résume à de l’imagerie d’Epinal, passablement démonstrative, à l’image du Beer Bad de Buffy, concernant l’alcoolisme. Les retrouvailles avec Angel manquent également d’intensité, principalement du fait de ce côté Dawn au masculin que prendra souvent Connor dès qu’il quitte les combats. Un aspect encore accentué par le jeu insuffisamment nuancé d’un Vincent Kartheiser encore rugueux. Au total, jaillissant de Quor'toth, on aurait pu espérer un Conan le Barbare, on se contentera d’un Connor le Barbant. Toute l’affaire de la magicienne dimensionnelle semble destinée à meubler. Heureusement le retour d’Holtz promet une belle conclusion de saison, tandis que la tentatrice Lilah nous vaut la meilleure scène de l’opus quand elle aborde Wes. Aussi brillamment dialogué qu’interprété (quel duo !), le passage est un real de bout en bout. Même si l’on ne croit pas à une chute morale de Wes, on ne peut qu’applaudir la plaidoirie de l’avocate, Holland aurait apprécié.
Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear A la demande de Holtz, Connor accepte de retourner vers Angel pour le connaître un peu mieux. En fin de vie, Holtz retrouve Justine pour lui demander « un dernier service »… La critique de Clément Diaz: Épisode à multiples surprises, Benediction s’intéresse à l’affrontement à distance des deux pères de Connor : Angel et Holtz. Ce dernier quitte la scène dans cet épisode, mais non sans un dernier coup d’éclat. Si le scénario est très lâche et que la boule de confusion et de rage qu’est Connor crispe assez souvent, l’étude psychologique des personnages, en particulier de Holtz, Justine, et Cordélia, est extrêmement bien écrite. En plus des craquantes scènes entre Wesley-en-rupture-de-ban et Lilah-la-mutine-perverse-au-sourire-light, tout l’épisode repose sur le mystère Holtz : quel jeu joue-t-il ? L’interprétation énigmatique de Keith Szarabajka, qui a valu à cette saison 3 ses meilleurs moments, apporte toute la densité nécessaire à son personnage. Connor apprend à connaître Angel, mais endoctriné par Holtz, ne voit ses bonnes actions que comme des illusions. Cela n’empêche pas que le lien du sang soit si fort que lui-même ne peut s’empêcher de partager un moment d’allégresse avec son géniteur - complice bataille dans le bar, ludique empoignade dans l’allée. De son côté, Cordy se hâte de couler sa relation avec un Groosalugg devenu hélas simple élément du décor. Rien n’est laissé au hasard dans cet épisode où Minear joue sur tous les claviers narratifs, maîtrisant notamment la conduite psychologique de Connor. Vincent Kartheiser a toujours cette énergie indispensable à son personnage, mais son jeu reste très limité. Mais plaisir de retrouver Justine, avec l’incandescente Laurel Holloman, touchante en disciple aimante, avec toujours cette flamme vivace dans le regard. L’épisode tend tout entier vers la confrontation finale entre les deux ennemis. La longue tirade d’Holtz porte ce personnage à son zénith de complexité et d’astuce. Son plan était de se venger d’Angel en kidnappant son fils et en l’élevant dans sa haine. Mais il comprend qu’il ne peut lui assurer un quelconque avenir, et surtout que Connor finira par comprendre qu’Angel n’est point le monstre qu’il lui a décrit. Son renoncement n’en reste pas moins déchirant. C’est alors qu’il dévoile son plan ultime, simplement « réadapté » aux circonstances : d’où un cliffhanger absolument génial qui consomme définitivement sa vengeance. Holtz a vécu par la vengeance, il mourra pour servir sa vengeance, mais tout en ayant été capable d’amour paternel sincère. Un personnage décidemment complexe et brillant, Good bye Holtz ! La critique d'Estuaire44: - Okay, so he survived an unspeakable hell dimension. Who hasn't? Benediction vaut par son habile utilisation du thème du remords tourmentant des hommes jusqu’à les miner et à les rendre vulnérables à des manipulateurs rusés. Angel ; reste ainsi poursuivi par le souvenir de ses tueries, en particulier celle de la famille d’Holtz. Il s’avère poignant de le voir de ce fait baisser sa garde et prêter le flanc à la nouvelle machination de son inépuisable Némésis. De même on sent bien qu’à son corps défendant Wes pourrait s’entrouvrir à une Lilah toujours au diaboliquement tentatrice, ne serait que pour racheter ses tords en la dupant. Une relation venimeuse mais intense se met en place, entre attraction physique et joie de faire mal, avec une précision chirurgicale. Un bel exemple d’amour vache, un thème parfois humoristique mais ici au combien enténébré, conformément à la série. Mais le récit condamne également l’absence de remords chez Holtz, le condamnant à instrumentaliser Connor de manière abominable alors même qu’il ressent pour lui une affection sincère. Un discours subtil sur les conséquences d’un sentiment dévoyé, dans son excès ou sa négation. Mais si l’épisode convainc dans la trame principale, il sacrifie par trop les personnages dits secondaires. Précédemment une irrésistible source de bons mots, ils e confirme ici que Lorne est désormais sous-employé, car est progressivement devenu une simple utilité scénaristique, introduisant magie et artefacts. Les efforts pesants et passablement ineptes accomplis pour transformer Cordy en semi Buffy ont Groo comme victime collatérale. Connor était déjà le Dawn de la série, Groo achève d’en devenir le Riley, privé d’intérêt en dehors de son environnement, trop lise et comprenant la fin de sa relation avant même l’aimée. D’où un sentiment de redite, mais aussi de gâchis, tant le personnage s’est montré divertissant par le passé. Le couple Gunn/ Fred continue à pu imposer sa marque au récit et les scènes de Connor s’avèrent toujours aussi plombées par son interprète inexpressif. On songe à ce qu’aurait pu devenir l’arc de Darla avec une actrice autrement moins douée que Julie Benz et on frémit. Le cliffhanger ouvre néanmoins la finale de saison sous de meilleurs auspices.
Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt
Le dernier plan d’Holtz a fonctionné : Connor est décidé à se venger d’Angel qu’il juge responsable de sa mort. Avec l’aide de Justine, il échafaude un plan diabolique dont la première étape sera de gagner la confiance de son père naturel. Angel et Cordélia se découvrent des sentiments l’un pour l’autre, mais la destinée de Cordélia va l’amener à se séparer de ses amis… La critique de Clément Diaz: David Greenwalt s’arc-boute tout entier sur les dix dernières minutes de l’épisode, qui forment une conclusion cruelle et terrible à cette saison 3. Mais avant cette résolution, il faut accepter d’être maintenu pendant une demi-heure dans un état d’attente où les héros tournent en rond, attendant sagement que le destin leur tombe dessus. Selon un procédé toujours efficace, Connor se garde bien de nous dire ce qu’il réserve pour « Daddy ». C’est ainsi que nous le voyons se rapprocher curieusement de son père : retour à l’hôtel, sortie cinéma (un film d’action bien sûr !), apprentissage des techniques de lutte vampiresques, ou serments d’amour. Ce crescendo de fausseté nous surprend, et l’on attend non sans angoisse que le voile de la vérité se déchire. Mais en elles-mêmes, ces actions ne font pas avancer le récit (le face-à-face avec Linwood tombe comme un cheveu sur le soupe). On essaye donc de trouver de l’intérêt ailleurs avec notamment les touchants départs de Groosalugg et de Lorne, le premier se rendant compte que sa belle ne l’aime pas, le second ayant envie de changer d’air. Deux beaux adieux qui sonnent juste. La série n’oublie pas les surprises excentriques, et c’est ainsi que nous voyons, médusés, Wesley et Lilah entamer une liaison !!! On a déjà certes eu des couples improbables dans Buffy (Xander-Cordélia, Xander-Anya, Buffy-Spike), mais entre l’expert en démonologie et l’avocate diabolique, on franchit allégrement plusieurs bornes en la matière ! Ces quelques moments offrent un peu d’intérêt pendant que le récit stagne au niveau de la mer. Le final sur la plage coule de la plus belle plume de Greenwalt : furieux et désespéré, l’affrontement entre le fils et le père, verbal et physique, est trépidant et stressant, culminant dans une ultime scène où on a l’impression d’avaler des cubes de glace. Angel est condamné à un horrible châtiment qui n’est pas sans rappeler celui d’Arvin Sloane à la toute fin d’Alias (et remontant à l’Escape Clause de La Quatrième Dimension). Ce cliffhanger de fin de saison est un des plus rageants qui soient, tant on a envie de hurler pour savoir immédiatement comment le Dark Avenger va s’en sortir. L’ascension de Cordélia est extrêmement bizarre, et il est assez gros qu’il advienne précisément où Angel aurait le plus besoin d’elle (à tous les sens du terme), mais sa scène avec ce bon vieux Skip, dilemme insoluble, permet de transcender l’évolution de la jeune femme, qui se sacrifie une nouvelle fois pour servir sa quête. L’on regrette que David Greenwalt quittât alors la série, car il y fut l’artisan majeur depuis son commencement (peut-être plus que Whedon, occupé également sur Buffy). Disons-lui au revoir, et remercions-le d’avoir vaillamment dirigé les trois premières saisons de la série. La critique d'Estuaire44: - Don't go making more of this than it is. I'm not one of the doey-eyed girls of Angel Investigations. Don't be thinking about me when I'm gone. - I wasn't thinking about you when you were here. Tomorrow apparaît comme une authentique déception, constituant sans nul doute la plus faible conclusion de saison de la série. Son manque total de rythme aurait éventuellement été acceptable pour un épisode lambda, ici il apparaît conne une indéniable faiblesse ; Durant la majeure partie du récit l’action se traine en scène verbeuse ou d’un intérêt très limité. Les départs de Lorne et de Groo restent des moments empreints d’émotion et de dignité, mais il ne s’agit que de confirmations largement anticipées. Ces sorties nos rappellent surtout à quel point ces personnages ont été minorés en seconde partie de saison. La pitoyable attaque de Wolfram & Hart ne fait guère illusion étant destinée à meubler. La mise en scène ne fournit d’ailleurs aucun effort pour filmer la panique qui devrait s’emparer des spectateurs La pire demeure sans doute le sucré à la Charmed de la scène du Miroir à Cordy, totalement incongru dans Angel. Ces paillettes, vraiment… A l’inverse, lors de l’opus précédent Justine s’était vu refuser la dignité de combattre les vampires telle une Slayer humaine, ici on la réduit à l’outil d’Hotlz, une évolution tragique que le talent. Laurel Holloman rend prenante. La concrétisation de la relation entre Wes et Lilah (toujours entre tirs de missiles) apporte enfin une vraie surprise et promet pour la suite/ teste que l’action s‘étire, la saison aurait sans doute du ramasser ses trois derniers épisode en seulement deux. Le final joue tout sur un cliffhanger horrifique, effectivement très efficace mais entaché de défauts. Connor et Justine réalisent des préparatifs conséquents, alors que seul ll coup de téléphone de Cordy indique que le rendez-vous se tiendra en bord de mer, soit très peu de temps auparavant. On sacrifie la vraisemblance au sensationnel. De plus le parallèle entre Angel sombrant dans l’abysse et Cordy s’élevant dans le ciel résulte vraiment lourd. Outre l’ineptie d’une romance avec Angel, on pressent déjà que détroncher ainsi Cordy de l’équipe est une voie sans issue.
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