Open menu

 saison 1 saison 3

Sherlock Holmes (1984-1994)

Téléfilms

 


1. LE SIGNE DES QUATRE
(THE SIGN OF FOUR)

Une femme demande à Holmes d'enquêter sur la disparition de son père survenue dix ans auparavant. Elle reçoit depuis une perle chaque année. Cette fois-ci, elle est conviée à un rendez-vous. L'enquête mène Holmes vers un trésor, un unijambiste et une créature repoussante…

The Sign of Four est un très bon téléfilm de la série Granada. L'atmosphère des premières saisons est bien présente. Je n'ai pas lu le roman de Conan Doyle depuis plus de 20 ans mais, a priori, le film est assez fidèle à l'auteur. Ce téléfilm était censé marquer le 100e anniversaire de la création du personnage et c'est une réussite. La réalisation sophistiquée de Peter Hammond contribue au succès : les décors sont magnifiques et le Londres de la fin du XIXe siècle est bien rendu...bien que la scène du théâtre ait été tournée à Liverpool et celle de la ménagerie à Manchester ! On reconnaît néanmoins Big Ben, The White Tower, Tower Bridge et la Tamise pendant la célèbre poursuite. Le récit de Small fut tourné sur l'île de Malte.

Jeremy Brett est au sommet de sa forme et il ne fut pas doublé lorsqu'il grimpe sur les toits. Beaucoup de scènes intéressantes pour une histoire qui s'avère finalement n'être qu'une simple vengeance (cela rappelle, par certains côtés, The Crooked Man). Le déguisement de Jeremy Brett est, comme toujours, très convaincant, et il a recours aux Irréguliers pour retrouver l’embarcation. J'adore la façon dont il brosse ses vêtements. J'appréhendais la fameuse poursuite en bateau critiquée ailleurs mais elle est superbement filmée dans le brouillard (eh oui, elle est lente, ce n'est pas Vivre et laisser mourir, certains ont dû oublier que c'était la vapeur à l'époque !). Elle constitue, en fait, un des temps forts du film. On a également droit, à l'instar des Avengers, à un excentrique qui veut lâcher ses 43 chiens (!) sur Watson ! Bref, un excellent téléfilm ; une bonne musique, une réalisation recherchée (le passage avec les ombres est remarquable). 103 minutes de grand divertissement avec très peu de relâchement. Le mort, Bartholomew, est dérangeant, Little Tanga, le sauvage, effrayant, et l'inspecteur Jones, plutôt sympathique.

Pour finir, c'est Holmes qui prend le revolver et Watson la canne. Watson, amoureux de Miss Morstan (dans le roman, il l'épouse d'ailleurs) et la dernière réplique du film résume la situation. Watson : 'What a very attractive woman !' [Quelle belle femme !] ; Holmes : 'Was she ? I hadn't noticed !' [Vous trouvez ? Je n'ai pas remarqué !] et il s'endort !

o Le téléfilm est basé sur l’histoire, The Sign of Fourqui fut publiée dans le magazine Lippincott's  en février 1890. 

o Ce téléfilm fut diffusé le 29 novembre 1987 en Grande-Bretagne ; il devait servir de pilote à la série. Il reçut l'approbation de la Sherlock Holmes Society of London. En France, il fut diffusé le 26 septembre 1989 sur FR3. 

o La VF a deux fois l'expression 'Élémentaire, mon cher Watson !' jamais utilisée par l'auteur....et le livret Elephant fait état de 9 chapitres alors qu'il y en a 10.

o Pour les acteurs, on reconnaît, bien entendu, Ronald Lacey (vu dans Le legs et surtout Le baiser de Midas) qui interprète... les deux frères à la fois ! John Thaw, décédé en 2002, est l'inspecteur Morse mais également Regan dans la série policière du même nom dans les années 70. Alf Joint vu dans de nombreuses séries britanniques des années 70 comme cascadeur (doublure de Moriarty) ou acteur (dont Le club de l'enfer et Meurtres distingués). Il est électrocuté dans la séquence d'ouverture de Goldfinger.

o Deux éléments du roman sont supprimés : l’addiction d'Holmes à la cocaïne ; le dialogue Holmes/Watson sur ‘la solution à sept pour cent de cocaïne’ avait déjà été utilisé dans le premier épisode, Un scandale en Bohême. Par conséquent, le récit de Miss Morstan commence l’épisode. Il manque évidemment le mariage de Watson avec Miss Morstan. Granada tenait absolument au concept de célibat des deux héros.

o Jeremy Brett était sur l’île de Malte bien qu’il n’ait aucune scène à tourner. Sa santé était bien meilleure après son séjour à l’hôpital au terme des deux premières saisons, et il était très satisfait d’avoir vaincu sa peur du vide pour la séquence sur les toits. 

Retour à l'index


2. LE CHIEN DES BASKERVILLE
(THE HOUND OF THE BASKERVILLES)

Holmes doit mettre fin à la malédiction qui frappe la famille des Baskerville. La légende voudrait qu'un chien monstrueux parcoure la lande depuis des générations pour assouvir une vengeance.

The Hound of the Baskervilles est moins captivant que le téléfilm précédent, The Sign of Four. Le roman est, dans l'ensemble, bien respecté et il est plutôt surprenant que Le chien des Baskerville soit l'une des œuvres les plus connues de Doyle car, après tout, Holmes est absent durant une grande partie de l'histoire quelle que soit l'adaptation. Doyle ne l'a ajouté qu'après. Sinon, le téléfilm Granada est moyen et je comprends Jeremy Brett qui aurait bien aimé le refaire. Il y a de bons moments, comme la déduction au sujet de la canne au début et la dernière partie lorsque Holmes réapparaît (bien que la disparition de Stapleton dans les marais soit un peu rapide).

Entre la 22e et la 75e minute, Sherlock Holmes n'apparaît pratiquement pas – à part quatre inserts rapides dont un provient de l'épisode L'interprète grec. Malgré une excellente interprétation des autres personnages, il est difficile de ne pas avoir des passages ennuyeux. Il y a des longueurs dans cette version : l'arrivée de Watson, de Sir Henry et du docteur Mortimer à la demeure est interminable, la partie de billard endort. Un manque de rythme se fait sentir et un épisode ordinaire aurait suffit vu la réalisation (et le montage car, parfois, les scènes ont une étrange continuité). Le chien, tant décrié ailleurs, laisse perplexe mais il n'est pas la cause de la déception du film surtout qu'on le voit très peu….c'est sûrement cela qui rend l'épisode un peu poussif et pas du tout 'effrayant'. La lande est reconstituée dans les studios Granada de Manchester et c'est visible particulièrement au début. La copie est d'ailleurs bien abîmée surtout dans les premières minutes (taches, griffures, moirages…).

Il y a aussi des points qui restent obscurs (à moins que ce soit moi qui étais un peu ailleurs vu l'heure tardive). Qui est l'homme en noir que poursuivent Holmes et Watson dans l'hôtel ? Stapleton avec une barbe ? Mme Stapleton est-elle un peu complice ou innocente vu qu'elle prévient du danger en envoyant la lettre ? L'histoire de la botte disparue puis retrouvée est bizarre ainsi que le rendez-vous orchestré par Stapleton pour faire venir Sir Charles…

Bref, un téléfilm moyen car il comporte quelques zones d'ombre bien que d'importance secondaire mais surtout à cause d'une mise en scène lente et molle. Les Avengers ont fait mieux avec les chats que Granada avec ce chien…

o Jeremy Brett disait au sujet de ce film quelques mois avant sa mort : « Le script partait à la dérive… ce qui est fatal. Holmes était absent beaucoup trop longtemps. Tant de choses n'étaient pas parfaitement exactes. J'aimerais pouvoir le refaire… dans une autre vie… »

o Le manque de moyens est à l'origine de la médiocrité du film. Il ne fut pas possible de tourner dans la lande ou à Londres. La lande fut reconstituée dans les studios Granada pour les scènes nocturnes.

Retour à l'index


3. LE MAÎTRE CHANTEUR D'APPLEDORE
(THE MASTER BLACKMAILER)

Sherlock Holmes reçoit une lettre posthume qui le met sur la piste de Milverton, un impitoyable maître chanteur qui sévit depuis des années dans l'aristocratie londonienne. Le détective doit déjouer les plans de l'individu qui a déjà une autre victime en vue. Une véritable partie d'échecs s'engage entre les deux hommes.

Ce Master Blackmailer est un peu particulier. Je n'avais aucun souvenir du film ou de la nouvelle. L'histoire d'un maître chanteur à l'époque victorienne est assez banale et il y a, inévitablement, des longueurs dans ce long-métrage de 102 minutes. L'histoire de Doyle est très courte et il fut nécessaire de faire des ajouts : ainsi, le passage du général homosexuel au club de travestis n'est pas dans la nouvelle et le résultat à l'écran tire en longueur. Néanmoins, l'aspect coincé et hypocrite de l'époque victorienne est très bien rendu et le 'vilain', Charles Augustus Milverton, tire profit de la situation. Il est interprété magistralement par Robert Hardy, très fidèle à la nouvelle. Le film bénéficie d'une très belle photographie et d'une parfaite reconstitution des décors de l'époque. La confrontation à Baker Street rappelle celle avec Moriarty mais CAM s'en tire mieux que les deux compères. Holmes considère même cet adversaire comme plus redoutable que la cinquantaine de criminels auxquels il a eu affaire. C'est dire...Lady Diana Swinstead n'hésite pas à préciser : "This man must be silenced". CAM (qui a même ses pantoufles à ses initiales) est le personnage détestable par excellence. Holmes est dégoûté par ce genre d'individus, il n'a pas de prise et il est obligé d'avoir recours à un cambriolage pour gagner la partie d'échecs ce qui explique pourquoi il préfère que Watson garde l'histoire 'deep in his pocket' !

La première partie installe les protagonistes et il faut attendre la seconde pour que l'épisode s'emballe. D'ailleurs, à ce sujet, quelques mystères demeurent. Si on se doute que Holmes entre en contact avec le français, Bertrand, grâce aux dires de la bonne, je me demande toujours ce qu'il lui donne comme document pour avoir le nom de la prochaine victime (Blackwell) ! De même, la dernière image de l'épisode : que signifie la lueur dans l'œil de la statue que Holmes vient de détruire comme dans Les six Napoléons ?

On note une apparition trop courte de Lestrade au début de l'épisode et quelques scènes cocasses : le clin d'œil d'Holmes à Watson juste avant l'ouverture du coffre et, surtout, le baiser pleine bouche d'Holmes, déguisé en plombier, avec la bonne. Scène devenue culte qui ne figure évidement pas dans le 'canon' et qui interloqua les téléspectateurs britanniques ! À noter que même le chien aboie ! La réaction de la bonne (pas très jolie à mon goût) lorsque Holmes revient voir CAM sans déguisement est drôle. Sinon, avez-vous remarqué que le cheval pousse de la tête Holmes (lorsque la Lady tombe de cheval) et que sur le plan suivant, Jeremy Brett a du mal à tenir les bêtes par les rênes ?

Le final, à partir de la scène de bal, est très bien accentué par une superbe image qui n'est pas trahie par la qualité du DVD (pas de grain dans tout le film, même pour les scènes tournées dans l'obscurité).

En conclusion, un très bon film, Jeremy Brett est en grande forme et on regrette qu'il n'ait pu, comme évoqué dans l'interview, tourner tout le canon. Deux bons et un moyen. Que me réservent les deux derniers films ?

o C'est la première fois qu'un titre de l'œuvre de Conan Doyle, The Adventure of Charles Augustus Milverton, a été changé.

o La fille de Conan Doyle aimait le script de l'épisode qui ne représente que douze pages dans les écrits de son père. Elle prenait toujours connaissance des scripts avant le tournage. Il y a quatre chantages au lieu d'un dans la nouvelle.

o La vieille dame du début (celle qui parle à Holmes de ses deux petits-fils) est Dame Gwen Ffrangeon Davies. Elle avait 100 ans, elle buvait du champagne et elle fumait. Elle déclara après le tournage (elle ne joue qu'une scène) : « I've enjoyed this so much, I think I'm going to make one film a year from now on. » [J'ai tellement aimé cela que je pense que je vais faire un film par an à partir de maintenant.] (nb, elle décéda quelques semaines après le tournage).

o Au sujet de la scène du baiser, Brett disait : 'C'est merveilleux d'être embrassé cinq fois par une fille de 22 ans et d'être payé pour ça !'. Néanmoins, après l'accueil mitigé du public, il dit : 'Je souhaiterais que cette scène ne soit pas dans le film". Il disait aussi à propos de la fin : « Lady Diane tire six fois sur Milverton et lui écrase le visage avec son talon. C'est facile à lire, mais c'est autre chose à tourner… » (nb : la scène est furtive et pas très explicite mais, mine de rien, Jeremy Brett révélait dans cette interview la fin du film !).

Retour à l'index


4. LE VAMPIRE DE LAMBERLEY
(THE SUSSEX VAMPYRE)

Un révérend vient demander conseil à Sherlock Holmes. Depuis l'arrivée d'un étranger dans sa paroisse, plusieurs évènements inexpliqués se sont produits. Certains habitants lui prêteraient des pouvoirs surnaturels…

Ce Vampyre est un film déconcertant, complètement à part dans la production Granada.

Contrairement à ce que dit Jeremy Brett dans une interview juste après le tournage du Master Blackmailer, on peut se demander si la fille de Sir Arthur Conan Doyle a lu le script de ce téléfilm. Il reste, en effet, peu de choses de l'œuvre initiale et il aurait été préférable de se contenter d'un épisode normal collant à la nouvelle, Sussex Vampire. On tourne plus ici vers le récit fantastique que policier ce qui, personnellement, ne me convient pas du tout. Les vingt premières minutes de ce téléfilm de 101 minutes sont intéressantes même si elles ne collent pas aux écrits de Doyle ; après tout, la première partie du Master Blackmailer est également 'inventée' mais elle reste dans l'esprit. Ensuite, cela devient petit à petit un peu n'importe quoi (cela débute au moment où Holmes voit, en fermant les yeux, Stockton lui faire signe de venir tel le Diable !). Certains points sont expliqués (la mort de l'enfant ainsi que celle du maréchal-ferrant) mais il y a de nombreuses zones d'ombre. Ainsi, Stockton aurait voulu se faire passer pour un vampire et il aurait utilisé du curare, ramené d'Amérique du Sud, et une petite fourchette pour entretenir cette rumeur. Puis, il aurait passé ce 'savoir' à Jack ! Les femmes tomberaient alors sous le charme et suivraient béatement ! Bref, j'ai vu ce film un soir assez tard et je dois dire que certaines choses m'ont échappé…. Ainsi, qui a sucé la ravissante coquine Dolorès dans les bois ? (Je l'aime bien, celle-là !).

Sinon, ce téléfilm a coûté cher pour ce piètre résultat : £ 30,000 rien que pour l'incendie de la bâtisse du début ! Le village est bien reconstitué et la demeure de Ferguson, une maison de quatre cent ans, est très bien choisie. Holmes est cabotin (les fausses dents au début) et Watson se plaît en compagnie des deux jolies dames. C'est malheureux que ce téléfilm ait aussi peu de rapport avec l'œuvre originale. Il est parfois dur et tragique, mais il est surtout le plus déroutant et absurde de la série. Il s'appuie sur les croyances ancestrales de l'époque mais les fans furent déroutés par une intrigue où le rationnel n'a pas sa place. Il est, évidemment, en deçà des trois films précédents et même du dernier mais, contrairement à ce que j'ai pu lire ailleurs, Jeremy Brett n'est, en aucun cas, responsable de cet échec. Lorsque je lis que le point faible de la série est Jeremy Brett…il ne faut pas avoir peur du ridicule pour écrire cela ! L'acteur s'est investi énormément dans ce personnage, au détriment de sa santé, et il donne une version la plus fidèle possible. Il dépoussière le personnage mal dégrossi d'anciennes versions inégales…parfois un peu trop comme ici.

o Jeremy Paul, le scénariste du film : « Le scénario final s'en éloigne tant (de la nouvelle), qu'on peut le considérer comme un pastiche de Holmes contenant seulement quelques lambeaux du texte d'origine. »

o Peter Cushing devait interpréter le rôle du prêtre mais sa santé l'empêcha d'accepter.

Retour à l'index


5. LE MYSTÈRE DE GLAVON MANOR
(THE ELIGIBLE BACHELOR)

Lord Robert Saint Simon vient demander l'aide de Sherlock Holmes. Sa femme a disparu le jour de leur mariage. Le détective, de santé vacillante, va s'intéresser à la particularité de cette affaire et se rendre compte que ce noble célibataire a déjà été marié. Une femme voilée est au cœur du mystère.

Le dernier film de la série, que je ne connaissais que par les divers commentaires assassins le concernant, n'est, certes, pas bon mais je le préfère au Vampyre. Les premières scènes sont inquiétantes et laissent présager un bon spectacle – femme en camisole embarquée de force (qui rappelle Meurtre par décret) et le brouillard à couper au couteau. Holmes sombre ensuite dans des cauchemars horribles et prémonitoires – fort heureusement, on ne glisse pas vers l'irrationnel complet comme dans le Vampyre mais on en n'est pas loin – et ces scènes répétitives (on a deux fois exactement la même) lassent et démontrent qu'un film tiré de l'œuvre de Conan Doyle étalé sur 94 minutes a toujours, plus ou moins, des longueurs. Holmes revoit les fameuses chutes de Reichenbach et son combat avec Moriarty et il avoue même qu'il regrette la mort de cet adversaire à sa hauteur ! Une trop longue première partie montre la déchéance du grand détective jusqu'à le voir courir après la dame voilée dans la rue en apparat de nuit, scène consternante et affligeante.

Il ne se passe pratiquement rien durant les trois premiers quarts d'heure où le téléspectateur est agressé d'images sans explication ; il 'voit mais ne regarde pas' ! Souffrant d'une étrange mélancolie, Holmes est tiraillé entre raison et hallucination. Il expérimente des rêves prophétiques inquiétants qui seront inexplicablement connectés à l'enquête. Je suis persuadé qu'en remontant le film, en le coupant pour en faire un épisode de cinquante minutes par exemple, il aurait une autre 'gueule'. Il faudrait supprimer les cauchemars, le passage de Holmes assis dans le caniveau, la ménagerie dans le château et l'histoire de la femme gardée sept ans en captivité. L'intrigue, sans tout cela, serait intéressante.

L'histoire est 'lancée' après la disparition de la mariée et la visite du lord va enfin précipiter (tout est relatif) les choses. En fait, Holmes va vraiment activer l'enquête dans les vingt dernières minutes du film en se rendant à l'hôtel pour rencontrer le mari d'Henrietta. Le spectateur a, contrairement à de nombreuses aventures, la possibilité de deviner l'intrigue bien avant la fin. Le mot, que remet la dame voilée à Watson, révèle que le lord est au cœur de l'intrigue ; le personnage est encore plus détestable que le maître chanteur Milverton, ce qui n'est pas le cas dans la nouvelle.

The Eligible Bachelor, titre mieux choisi que le français, Le Mystère de Glavon Manor, n'a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Doyle, The Adventure of the Noble Bachelor. Je ne me souviens pas de l'avoir lue mais la femme défigurée à la fourchette pour faire croire que c'est l'œuvre du félin, c'est un peu gros ! La femme enfermée comme une bête sauvage pendant sept ans est également l'œuvre des scénaristes. L'intrigue est finalement assez simple, le lord, criblé de dettes, se débarrasse de ses épouses riches successives en les tuant ou en les séquestrant. Survient alors le problème que la dernière en date reconnaît dans l'église, lors du mariage, son mari qu'elle croyait mort !

Le film est beaucoup trop lent, des passages entiers pourraient donc être supprimés pour en faire un épisode normal et on a l'impression que le montage laisse parfois à désirer. Il y a, néanmoins, quelques bonnes scènes, Holmes en haut-de-forme dans les bas fonds de Londres, la crédibilité historique dans la reconstitution des quartiers victoriens et une belle photographie qui font que cet épisode n'est pas un ratage complet. À noter qu'il y a du grain dans les scènes en obscurité ce qui est rarement le cas pour cette série. Le classement des films en ce qui me concerne : The Sign of Four, The Master Blackmailer, The Hound of the Baskervilles, The Eligible Bachelor, The Sussex Vampyre.

o Le film s'inspire de trois nouvelles de Doyle, La pensionnaire voilée, L'aristocrate célibataire et du Ruban moucheté pour les animaux sauvages.

o Dans les derniers mois de sa vie, quand Jeremy Brett parlait de ce film, il exprimait, tout simplement par une énorme grimace, son opinion. Quand il évoquait la scène controversée dans sa dernière interview, il avouait : "Oh, la scène de la chemise de nuit ! Quelle abomination ! J'aimerais ne l'avoir jamais faite. Quand je l'ai vue, j'ai mis ma tête dans mes mains avec horreur. C'est si mauvais". Plus que les critiques acerbes de la presse, c'est la désapprobation de la fille de Conan Doyle qui toucha profondément l'acteur.

o Les éditions Éléphant ont intitulé cet épisode The Noble Bachelor en VO (alors que c'est le titre du roman). Sur l'emballage, c'est mieux mais...le titre a une faute d'orthographe (elligible au lieu de eligible).

o C'est Lestrade qui est dans la nouvelle et je pense que la présence du gallois Colin Jeavons aurait donné un peu de punch vu la transparence de l'inspecteur Montgomery !

o Anna Calder-Marshall (qui joue le double rôle des sœurs Helena et Agnes Northcote) est la femme de David Burke, le premier Watson de la série.

Retour à l'index

Crédits photo : ELEPHANT FILMS.