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Les Brigades du Tigre (1974-1983)

SAISON 1 (1974/1975)

 

1. Ce siècle avait 7 ans...

4. Visite incognito

5. La confrérie des loups

6. La Main noire

 


 

 1. CE SIÈCLE AVAIT 7 ANS...


Résumé :

L'inspecteur Valentin est désabusé par les moyens de la police et doit courir après les petits souteneurs. 1907 marque la création des Brigades Mobiles (d'où le titre de l'épisode), et le commissaire Valentin, promu pour l'occasion, les rejoint. Il y fait la connaissance de Terrasson et Pujol, mais surtout des nouvelles techniques : empreintes digitales, machines à écrire, automobiles...

Critique :

Cet épisode met en évidence les manques de moyens de la police au début du XXème siècle : vélos et chevaux contre véhicules à moteur pour les bandits. La première partie dévoile ces carences et l'impossibilité des forces de l'ordre à faire face. Toutes les nouvelles techniques et un peu de chance (tomber sur la sœur du malfrat au pouce amputé) permettront aux Brigades d'anéantir le gang des Charbonniers.

Le ministre de l’Intérieur, Georges Clemenceau, est à l’origine de la création des Brigades Mobiles. Dans l’épisode, la question est soulevée à la Chambre par le député Bonnerive auquel Valentin a fait part de son désarroi. La police de l’époque – principalement à cheval - est en effet incapable de rivaliser avec l’organisation d’une délinquance nouvelle qui s'appuie sur le progrès technique et fait échec à une police archaïque dont les méthodes et le matériel n'ont guère évolué depuis Vidocq. Dans la chasse aux Charbonniers, Valentin côtoie également les magouilles politiciennes avec le chantage subi par le député. Les meilleurs passages de l’épisode sont la filature du début  Valentin en vélo suit le fiacre de Bary, le truand de la bande des Charbonniers au pouce amputé –, l’attaque du fourgon de police qui transporte Bollich, et l’arrestation de Bary. À noter que la fainéantise des fonctionnaires de police est parfaitement soulignée avec le planton qui observe une fourmi à la loupe et l’autre qui se dégage les sinus… Quant à la distinguée Lorraine Rainer – Juliette Bary, l’employée de banque et sœur du truand –, elle fit une carrière très discrète aussi bien à la télévision qu’au cinéma.

C’est une excellente introduction à la série : de somptueux décors, de parfaits extérieurs reconstitués, de nombreux figurants ; une vraie leçon d'histoire !

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 21 décembre 1974 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. 

o Alfred Baillou (1915-1982) est le crieur de journaux dans trois épisodes de la première saison.

o Yves Brainville (1914-1993) sera de nouveau le député André Bonnerive dans La confrérie des loups.

o Gérard Denizot, Etienne Bollich, jouera également dans Les enfants de la Joconde et Rita et le caïd.

o Alain Halle-Halle, Charles Bary, réapparaîtra dans deux autres épisodes de la série : Bandes et contrebandes, S.O.S. Tour Eiffel.

o Bernard Lajarrige (1912-1999), Masson, jouera dans Bandes et contrebandes. Il est Joseph, le planton de la PJ dans Les enquêtes du commissaire Maigret.  

o Le metteur en scène Jean Sagols (Les cœurs brulés, Terre indigo), ici le truand Louis, reviendra dans De la poudre et des balles.

o Dominique Zardi (1930-2009) est le souteneur Rafa (une seule scène, au café avec Valentin). Il a souvent joué des rôles de truands dans des films de Claude Chabrol et Jean-Pierre Mocky. Il sera un clochard dans L’homme à la casquette.

o Le Gaulois est un journal littéraire et politique français fondé le 5 juillet 1868 par Henry de Pène et Edmond Tarbé des Sablons. Devenu la propriété du patron de presse Arthur Meyer, il sera publié jusqu’en 1929 avant d’être fusionné avec Le Figaro, propriété de son dernier patron, le milliardaire François Coty. Le Gaulois, qui se voulait indépendant, va s’avérer être l’un des plus grands succès de ventes de son époque. Très critique vis-à-vis de ses concurrents qui se contentaient uniquement de sources officielles, Le Gaulois était sans aucun doute l’un des journaux les mieux informés de l’époque. (Source : wikipedia).

o La voix-off est présente exceptionnellement au milieu de l’épisode pour préciser les modalités qui ont conduit Georges Clemenceau à décider la création des Brigades le 4 mars 1907.

o L’inspecteur Valentin devient commissaire en rejoignant les Brigades Mobiles.

o Faivre, Pujol, et Terrasson apparaissent après presque une demi-heure de film, à l’arrivée de Valentin au quartier des Brigades Mobiles. Pour se distinguer, Pujol tape à la machine et Terrasson, alias le colosse de Rodez, fait des barres fixes.

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2. NEZ DE CHIEN

Résumé :

En 1912, la bande à Bonnot est sous les verrous, sauf Louis Lacombe dit 'Nez de chien' surnommé ainsi à cause de son flair pour détecter le danger. Il nargue la police et il est prêt à tout pour libérer ses camarades emprisonnés.

Critique :

Un épisode que je me souviens d’avoir vu à sa première diffusion, à Noël 74. L’action se déroule cinq années après la création des Brigades Mobiles et la tristement célèbre bande à Bonnot vient d’être anéantie. Pourtant, un dernier membre, Louis Lacombe, écrit aux Brigades sous le pseudonyme Nez de chien pour leur lancer un défi. C’est le moins connu mais peut-être le plus dangereux de la bande. Il promet à la police qu’il va libérer ses camarades et il commence une campagne d’intimidation en perpétrant plusieurs attentats visant les magistrats qui vont juger les hommes de Bonnot. L’assassinat d’un contrôleur de train permet finalement d’avoir un cliché du mystérieux Nez de chien jusqu’alors inconnu des services de police.

L’interprétation de Gérard Lecaillon est magistrale dans, sûrement, le meilleur rôle de sa carrière. Il est l’anarchiste Lacombe qui nargue la police et plus particulièrement Valentin en jouant un double rôle qui bluffe le commissaire et le téléspectateur. Il incarne incroyablement cette mystérieuse femme censée aider Valentin à appréhender Lacombe. Les rencontres sont sidérantes, surtout celle du restaurant. Même à la rediffusion, l’illusion est trompeuse car Lacombe/Lecaillon se travestit de façon étonnante et sans la moindre vulgarité, une transformation qui permet de se rendre compte de l'étendue et de la puissance de son jeu d'acteur. Selon Victor Vicas, c’est un des plus beaux rôles de la série. En tout cas, il est inoubliable pour le téléspectateur.

La première partie est un jeu du chat et de la souris. Lacombe n’a pas le soutien des anarchistes parisiens et il agit en solo. Sûr de son fait, il manipule Valentin par son double rôle, ce qui prendra fin avec la filature de Pujol, déguisé en cocher de fiacre. À partir de là, Valentin prend l’ascendant et le colis piégé désamorcé permettra à la police de déloger le terroriste et de précipiter les évènements, car Lacombe est alors persuadé qu’il a été trahi par Guillaume.

Les seconds rôles sont tous magistralement interprétés y compris les plus anodins comme la voyageuse ou le patron de l’hôtel. Lecaillon vole la vedette au trio de policiers des Brigades, et les autres participants ont beaucoup de mal à briller et à se faire remarquer. Néanmoins, l’anarchiste pacifique Guillaume est mis en évidence dans son logement coquet et bourgeois en désaccord avec les idées défendues. Lacombe a fixé l’exécution des trois personnes – Guillaume, sa femme et sa fille  à six heures du matin, et c’est le laitier qui favorise l’avortement de ce funeste dessein.

C’est un épisode violent, prenant, constitué d’une chasse à l'homme palpitante ; c'est aussi un incontournable de la série, superbement filmé et aux dialogues ciselés. La prise d’otages et la recherche des policiers pour localiser Lacombe sont des moments de tension extraordinaires.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 24 décembre 1974 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. 

o Gérard Lecaillon, Lacombe, aura de nouveau un rôle inquiétant neuf ans plus tard : le balafré dans l’épisode Les princes de la nuit. Il est aussi Micky, un chanteur travesti dans un cabaret, dans Funny Boy.

o Comme dans l'épisode précédent, Alfred Baillou est le crieur de journaux. Lacombe lui achète Le Gaulois qui vante son arrestation !

o Robert Audran, Guillaume l'anarchiste maitre imprimeur, a joué dans Les rois maudits.

o Après une traque de plusieurs mois, la liquidation de la bande à Bonnot  le célèbre groupe anarchiste, auteur de nombreux attentats et crimes est accueillie avec soulagement par la France entière. Le 28 avril 1912, le repaire a été assiégé par la police à Choisy et Bonnot est mort de six balles dans le corps.

o La ‘mystérieuse femme’ veut voir Raymond Callemin dit Raymond la Science, qui est un des adjoints de Bonnot. Il sera guillotiné le 21 avril 1913 devant la prison de la Santé. Il déclara à son arrestation : « Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c’est le prix exact d’une balle de browning ! »

o Louis Lacombe est fictif, mais le personnage fait vraisemblablement référence à Edouard Carouy, un rescapé de la bande à Bonnot, qui se suicida le 27 février 1913 en absorbant une capsule de cyanure. Il venait d’être condamné aux travaux forcés à perpétuité.

o Terrasson : ‘Fiez-vous aux femmes ! Une sacrée comédienne en tout cas !’

o Le désamorçage des paquets suspects était rudimentaire à l’époque : une caisse en bois, une paire de ciseaux, une tige de fer, et l’agilité des doigts !

o Le restaurant où Valentin invite ‘la mystérieuse femme’ s’appelle ‘Pierre Petit’, qui est le nom du directeur de la photographie ! 

o Gérard Lecaillon : « Il y avait peu de répétitions… une bonne mise en place suivie de deux ou trois prises... car le temps coute cher, mais Victor Vicas avait cherché bien longtemps son personnage pouvant le satisfaire… il m'est arrivé de volontairement le surprendre au moment du tournage avec un geste que je n'avais pas fait pendant les répétitions… pour lui laisser la surprise… par exemple me recoiffer simulant l'ajustement d'une pince de mon chignon… sur la réplique "Rentrons, voulez-vous"... un geste typiquement féminin, ce qui avait déclenché le rire du metteur en scène visiblement agréablement surpris par mon initiative ! » (Facebook, le 3 octobre 2015).

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3. LES VAUTOURS

Résumé :

1909 Deux aviateurs, Hubert Latham et Louis Blériot, rivalisent pour être le premier à traverser la Manche. Les sabotages successifs vont progressivement orienter les recherches vers une tierce personne.

Critique :

Cet épisode est particulier dans la mesure où le générique traditionnel n’est pas présent, Valentin apparaît après presque neuf minutes et les deux inspecteurs, Pujol et Terrasson, au quart d’heure. Comme Les Incorruptibles, les aventures des Brigades ne sont pas en ordre chronologique, passant de 1907 à 1912 pour revenir à 1909. Cette année-là, l’aviation est en plein essor et l’épisode nous conte la lutte entre deux célèbres aviateurs pour entrer dans l’Histoire.

Cet affrontement loyal entre les deux hommes est aussi un enjeu économique qui fait des envieux. Oswald est ainsi recruté contre une forte somme d‘argent par des agents ennemis pour faire capoter toute traversée historique d’un des deux Français. Oswald, parfaitement interprété par Jacques Harden, est un salopard de première classe, froid et méthodique, qui n’hésite pas à éliminer des complices gênants. La distribution, comme le plus souvent dans la série, est impeccable et joue juste. René Havard, aux faux airs de de Funès, est le parfait lampiste Lemaire, mécanicien de Blériot et soupçonné de sabotage à cause de son briquet retrouvé dans le hangar. Son alibi est plutôt étrange, car qui pourrait croire que la ravissante Yvette lui accorderait ses faveurs ? Hélène Manesse est une des plus jolies actrices de la série (et pourtant, il y en a une belle brochette !), et elle dévoile même ses charmes dans la violente scène où l’impitoyable Oswald l’étrangle. Osé et brutal pour les années 70. Valentin : ‘La pauvre, elle n’était pas de taille…’

Comme toujours, la reconstitution est fidèle : les gendarmes de campagne encore à cheval, la police de la ville et ses nouvelles techniques (les empreintes), les vieux tacots... un vrai régal. Les meilleures séquences sont l’enquête initiale du brigadier à l’auberge de Sangatte pour identifier le propriétaire du briquet, les trois passages au garage des Perrotey, mais c’est surtout la seconde partie – avec l’arrivée d’Yvette à la demeure cossue d’Oswald qui procure tout le suspense et la tension de l’épisode. Le coup de téléphone héroïque d’Yvette sauve finalement Blériot.

Le cynique et cruel Oswald et la jolie garce Yvette (craquante Hélène Manesse !) donnent un peu de violence et d’érotisme à cet épisode ludique et très distrayant. Bien que le coupable soit connu, le dénouement final est assez inattendu.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 26 décembre 1974 sur la 2ème chaine de l’ORTF.

o Dans le dernier quart d'heure de l'épisode, Valentin porte deux costumes totalement différents. Tout d'abord, il est habillé dans une tenue foncée au moment de quitter les locaux des Brigades Mobiles, puis on le retrouve tout de blanc vêtu, avec un magnifique canotier, quand il parvient à prévenir Louis Blériot de l'imminence d'un attentat contre son avion ! (Source : site, Le magazine des séries). Mais, à mon avis, les gros plans avec Jean-Claude Bouillon pour cette séquence, ainsi qu’une réplique, ont été ajoutés au montage et l’acteur ne conduit pas la voiture. Ceci explique peut-être cela…

o Le seul épisode de la série qui n’a pas de prologue expliquant la situation sur fond de dessins ni de voix-off avant le générique final. Les premières images montrent directement le début de l’épisode avec le générique et la chanson.

o Jacques Harden (1925-1992), Oswald, a co-écrit les 52 scénarios de Thierry la Fronde.

o Hélène Manesse (1941), Yvette Perrotey, a surtout joué au théâtre, mais aussi dans Les nouvelles aventures de Vidocq, Les évasions célèbres et, plus récemment, Les Cordier, juge et flic.

o René Havard (1923-1987), Gustave Lemaire,  tournera de nouveau dans Les princes de la nuit.

o Antoine Marin (1926-1994), Tavernier, reviendra dans Don de Scotland Yard.

o Jean-Pierre Sentier (1940-1995), Julien Perrotey, jouera aussi dans L’ère de la calomnie.

o La carrière d’aviateur d’Hubert Latham (1883-1912) commença en 1909 par une double tentative de la traversée de la Manche. Deux fois il essaya le difficile exploit, deux fois il échoua, la seconde fois au port, si l’on peut dire, à moins de 500 mètres de la côte anglaise. C'était le 19 juillet 1909. Le 25 de ce même mois, Louis Blériot (1872-1936) réussissait cet exploit et recevait le prix du Daily Mail pour cette traversée de Sangatte à Douvres. La traversée s'effectua en 37 minutes. La course pour être le premier à rejoindre la Grande-Bretagne par la voie des airs a fait rage en juillet 1909. Cependant, Blériot laissa la priorité à Hubert Latham dans la mesure où ce dernier s'était engagé dès le 2 juillet. (Source : wikipedia).

o Oswald est recruté par des intérêts britanniques même si cela n’est jamais précisé ; Monsieur Burton a des répliques qui ne trompent pas : ‘Damnation’, ‘Incredible’.

o Il y a de l’humour lorsque Robert, le cafetier, parjure sur sa ‘Germaine’ auprès de Pujol !

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4. VISITE INCOGNITO

Résumé :

1909  Au moment de l’Entente cordiale, la visite (incognito) du prince de Galles à Paris est source d’inquiétude. Les Brigades Mobiles sont chargées de la protection, mais les Allemands vont se servir d’un sosie du prince pour tenter de ridiculiser et d’anéantir l’Entente avec l’Angleterre.

Critique :

Cet épisode humoristique fait figure de transition car il tranche, par son aspect comique, avec la noirceur des précédents (et des suivants). Le Kaiser est inquiet du rapprochement franco-anglais, et la visite du prince de Galles à Paris est l’occasion pour les espions allemands d’agir et de saborder l’Entente. Valentin et son équipe des Brigades Mobiles sont chargés de la protection de l'hôte princier pendant son séjour.

La scène de la substitution par malle interposée à l’hôtel Nemrod sous le nez de Pujol est bonne ; celle de la soirée au cabaret avec le faux prince ‘soûl’ est hilarante et constitue le meilleur passage de l’épisode. Le reste est dans la même veine : divertissant et léger. Malgré quelques bavardages, l’intrigue est bien construite, sans être ‘tortueuse comme un esprit prussien’ (réplique de Valentin). Les Allemands veulent ridiculiser le prince et créer un scandale, puis l’assassiner dans un attentat à la bombe lors d’une projection cinématographique de Méliès.

Le commissaire Valentin rencontre, par hasard, Thérèse, une ex, qui sera d’un grand secours dans l’enquête. Le personnage est interprété par la pétillante Marion Game, qui pousse la chansonnette avec La pension des dames Duplantin. Elle n’éclipse pas néanmoins Pierre Londiche, grandiose en prince de Galles éméché et amateur de champagne et ‘de jambes en l’air’. À noter que la musique n’a pas ses tonalités angoissantes habituelles et que de nombreux vieux tacots sont de sortie. Un épisode agréable et distrayant, mais dont l’atmosphère reste, heureusement, une exception dans la saison.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 28 décembre 1974 sur la 2ème chaine de l’ORTF.

o Philippe Brigaud, Berval, le maitre d’hôtel, a tourné dans quatre autres épisodes de la série : Collection 1909, Don de Scotland Yard, Les demoiselles du Vésinet et le dernier de la série, Lacs et entrelacs.

Vernon Dobtcheff (1934, France), l’inspecteur Howard de Scotland Yard, a joué dans plus de 250 films ou séries dont trois épisodes des Avengers : Avec vue imprenable (saison quatre), Le mort vivant (saison cinq), et Haute tension (saison six). Il est à l'affiche, entre autres, au cinéma de The Assassination Bureau (avec Diana Rigg et Telly Savalas), Le crime de l'Orient Express, L'espion qui m'aimait, Le nom de la rose... À la télévision, il a participé aux séries Le Saint, Les champions, Poigne de fer et séduction, Regan, Le retour de Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Les petits meurtres d’Agatha Christieet un autre épisode des Brigades : Cordialement vôtre.

o Marion Game (1942), Thérèse alias ‘Mamzelle Rirette’, a commencé sa carrière en 1967. Elle joue la barmaid dans l’épisode S.O.S. Tour Eiffel, tourné huit ans après celui-ci. Depuis 2009, elle est Huguette dans Scènes de ménages.

o Pierre Londiche, le prince de Galles, reviendra dans l’un des meilleurs épisodes de la série : Le village maudit. Il a commencé sa carrière en 1970 (Les choses de la vie) et il a tourné dans de nombreux films, téléfilms et séries.

o Le Royaume-Uni et la France signèrent le 8 avril 1904 une série d'accords bilatéraux que l'on désigne généralement sous le nom d'« Entente cordiale ». Théophile Pierre Delcassé (cité dans le préambule), ministre des affaires étrangères, est l'un des artisans du rapprochement de la France et de la Grande-Bretagne qui aboutit à la signature de l'Entente cordiale (Source : wikipedia).

o Georges Méliès (1861-1938 ) est connu pour les développements qu'il apporta aux techniques du cinéma, essentiellement des scénarios et des trucages. Il est considéré comme le père des effets spéciaux, le premier réalisateur, le créateur du premier studio de cinéma en France, ainsi que l'un des premiers initiateurs du cinéma de divertissement (Source : wikipedia).

o Il y a des passages en anglais et en allemand non traduits ni sous-titrés ; parfois les deux langues dans la même séquence, comme la première scène du prince : le faux qui s’entraine devant le miroir en anglais puis suit les explications du colonel Schonberg en allemand. Il faut être trilingue pour suivre ces passages car ils sont instructifs et humoristiques.

o Soyez vigilant : Valentin donne un indice au téléspectateur en demandant à Lafleur de ramener le prince à l’hôtel… car Thérèse révélera au commissaire un peu plus tard qu’il manquait l’œillet à la boutonnière du prince.


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5. LA CONFRÉRIE DES LOUPS

Résumé :

1911 - Une prostituée renseigne le commissaire Valentin sur les agissements du milieu, qui s'est structuré en confrérie secrète. Pujol participe à l’évasion d’un truand pour infiltrer l'organisation.

Critique :

Depuis quatre ans – et la création des Brigades –, les bandes, qui ravageaient le pays, ont été éliminées, mais la vague de criminalité a pourtant soudainement empiré, principalement en région parisienne. Ces actions semblent organisées et une ère nouvelle a commencé dans le domaine du crime. Les assassinats et les hold-up se multiplient, mais quelque chose a changé dans le milieu qui s’est hiérarchisé, et toutes les activités criminelles sont dorénavant contrôlées par un syndicat : la Confrérie des loups.

L’ambiance pesante de l’intrigue est très bien retranscrite par le jeu des comédiens – excellents –, même les plus petits rôles. Tous les personnages sont intéressants, en particulier Monsieur de Sermeuze, qui est un méchant hors pair. Beaucoup de scènes sont prenantes : la visite de Valentin à la prostituée-indic, qui met le commissaire sur la confrérie du milieu (mais pourquoi ne la fait-il pas protéger ?), les réunions des truands dans le grenier du château, l’attentat à la grenade, l’évasion du fourgon et l’unique rencontre Valentin/de Sermeuze. C’est aussi l’épisode de Pujol qui remarque d’abord le type bizarre dans la cour (peu avant l’explosion), puis se retrouve infiltré dans l’organisation grâce à une évasion programmée ; il est Gustave Delarue, le ‘cheval de Troie’ des Brigades Mobiles.

Un très bon épisode malgré quelques longueurs  la lente arrivée d'un complice à la réunion –, mais le suspense est croissant et l’atmosphère lourde. Dans la seconde partie, Pujol participe à l’assassinat simulé de Valentin mais, à vouloir griller trop vite les étapes, il se fait démasquer, pris à son propre coup de bluff, par un truand marseillais. Le final est palpitant avec la fouille méthodique de la bâtisse, qui se clôt par la poursuite dans les catacombes et le combat au couteau entre Pujol et le chef de la meute. Comment Valentin ne remarque-t-il pas que Sermeuze n’est pas dans le groupe arrêté ? C’est le seul reproche que l’on peut formuler à cette histoire parfois violente et bien filmée (remarquez par exemple le jeu avec le miroir lorsque Valentin interroge la prostituée dans sa chambre). Le tournage en extérieur ‘d’époque’ donne un cachet, qui fait de cette série une merveille de la télévision.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé à la St Sylvestre 1974 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. Pratiquement toute la première saison – cinq épisodes sur six – fut diffusée en dix jours dans la volonté de l’ORTF d’en laisser le moins possible à Antenne 2 qui vit le jour le 1er janvier 1975.

o Alfred Baillou (1915-1982) fait sa troisième et dernière apparition de la série en crieur de journaux (aussi dans Ce siècle avait 7 ans…, Nez de chien). Il est enterré à Ris-Orangis.

o Jean-François Rémi (1927-2007), Guillaume de Sermeuze, joue dans un autre épisode, Rita et le caïd . Il a un personnage récurrent dans Aux frontières du possible.

o Myriam Boyer (1948) est Germaine, la putain. Elle renseigne Valentin et elle est surinée au départ du policier (elle aurait besoin d’une crème dépilatoire !). L’actrice joue le rôle de la mère de Mesrine dans le film sorti en 2009 au cinéma. Dans la vie, elle est la mère de... Clovis Cornillac qui est Valentin dans le film Les Brigades du Tigre de 2006 !

o Raymond Bussières (1907-1982) joue dans Le lion et la licorne des New Avengers, ainsi que dans de nombreux films et séries. Il tient le rôle de L'africain dans cet épisode, un membre de la confrérie qui veut garder un peu de liberté malgré qu’il soit d’accord pour ‘l’union contre les flics’.

o Bernard Salvage, Clarence, le spécialiste en faux, jouera également dans Les compagnons de l’Apocalypse et Les princes de la nuit.

o Yves Brainville est mentionné au générique dans le rôle du député André Bonnerive, apparu lors du premier épisode, Ce siècle avait 7 ans… Or, le personnage n’est pas présent dans cette histoire : il a dû être coupé au montage ou ne figurer que dans le script.

o Didier Albert, le laborantin, reviendra dans De la poudre et des balles.

o En 1911, la passe était à 3 francs !

o L’invention du gilet pare-balles, porté par Valentin, est évoquée.

o Spaggiari, ‘le plus grand spécialiste mondial du coffre-fort’ est une coïncidence avec l’homonyme, auteur du célèbre casse de Nice. Celui-ci eut lieu en juillet 1976, soit quelques années après le tournage de cet épisode.

o La confrérie voulait un rapprochement avec Marseille, déjà gangréné à l’époque par le crime.

o La musique de la poursuite finale dans les catacombes de la demeure n’est pas habituelle, ni caractéristique – heureusement  de la série.

o Pierre Maguelon trébuche sans conséquence lors de l’assaut dans le grenier.

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6. LA MAIN NOIRE

Résumé :

1910  Trois enlèvements en plein Paris intriguent les Brigades Mobiles. Les noms slaves des victimes orientent l’enquête vers la Main noire, société secrète serbe. Valentin doit se rendre en Belgique pour finalement découvrir que l’organisation a décidé d’inonder l’empire austro-hongrois de fausse monnaie.

Critique :

Un excellent épisode achève la saison, sûrement le meilleur de cette première fournée de haute volée. Il n’y a pratiquement aucun temps mort ni de pause dans l’action de cette intrigue aux multiples rebondissements. Trois kidnappings en plein jour en l’espace de deux semaines alertent le Ministère de l’Intérieur, surtout qu’aucune plainte n’a été déposée et que l’identité des personnes enlevées n’est pas connue. Un mystérieux coup de fil au commissaire Valentin et une canne particulière retrouvée sur les lieux d’un enlèvement mettent les Brigades sur la piste de la redoutée Main noire. La disparition du graveur serbe Milan Bekelevitch épaissit le mystère, surtout que sa fille, Beba, change d’attitude et ment au commissaire. Elle est ensuite enlevée à son tour en trompant la vigilance de Pujol. L’aventure est mouvementée avec de nombreuses scènes en extérieur, dont une poursuite en forêt qui se termine… par une panne d’essence de la voiture des Brigades ! « De ce côté-là, au moins, les chevaux avaient du bon ! ».

Le passage, où les garde-frontières belges et français se demandent de quel ‘côté’ le corps du grand chauve moustachu est tombé, est cocasse. ‘On a tiré dessus en Belgique et il est mort en France. C’est qui que ça concerne ?’. La séquence constitue une sorte de transition, car l’action se transporte définitivement en Belgique à partir de ce moment. La partie belge décrit les difficultés de la collaboration entre polices étrangères à l’époque, et l’arrivée de Valentin/Valère en touriste à l’auberge de La Cigogne précipite les choses avec la découverte de Beba, étroitement surveillée. Même si le piège de l’écluse est grossier et peu crédible (le mannequin est trop visible), le combat de savate qui s’ensuit avec l’homme de la Main noire est un avant-goût du final. 

Le dernier acte se déroule à proximité et dans l’usine à papier piégée (la scène de la barque est ingénieuse), et Valentin livre une bagarre lors du final qui est considérée comme étant l’un des plus âpres et célèbres affrontements des Brigades. Tel Pujol à l’aventure précédente, Paul Valentin est à l’honneur, et il apparait seul dans de nombreuses scènes : les visites à l’appartement des Bekelevitch et le séjour en Belgique. Les deux inspecteurs, Pujol et Terrasson, sont en retrait avant d’être appelés en Belgique et de participer activement, déguisés en électriciens, au final. 

L’épisode bénéficie de beaux extérieurs comme les alentours de l’appartement du graveur et la forêt environnante, et la pléiade de seconds rôles – nombreux sont belges – est excellente, avec une mention spéciale au grand truand chauve aux somptueuses bacchantes, même si son rôle d’agent de l’empereur alambique inutilement l’histoire et prive la fin de sa présence.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 2 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Les combats de boxe française sont chorégraphiés par Jean-Pierre Julémont, champion belge de la spécialité dans les années 1969/1970.

o L’épisode fut effectivement tourné en partie en Belgique, dans la région de Namur. (Source : site, Le magazine des séries). Les séquences furent filmées au château de Ronchinne, à l’auberge de La Cigogne, à Lustin, à Bruxelles au Moulin Rouge et rue de la Charité, et aux verreries de Fauquez près de Charleroi (Source : Les brigades du Tigre, les limiers des temps modernes, éditions Yris).

o De nombreux acteurs belges participent à l’épisode : André Daufel (Bekelevitch), décédé un an après ce tournage, Suzy Falk (Mademoiselle Saudemont), Pierre Laroche est l’inspecteur Bogaert dans sa première interprétation, Guy Lesire (Kostia) est un véritable médecin liégeois, Claire Wauthion dans le rôle de Beba et Lucien Froidebise est l’énigmatique Kupljeka.

o Charles Millot (1921-2003) est né en Yougoslavie, ce qui colle avec le rôle de Dimitrijevitch (colonel de la Main noire). Il participera aussi à l’épisode calamiteux La grande duchesse Tatiana. Il est le colonel Stanislav de l’épisode en deux parties des New Avengers : Le long sommeil.

o Un des deux douaniers belges est interprété par l’humoriste Guy Montagné. Il a également joué l'inspecteur Guyomard dans la série Commissaire Moulin aux côtés d'Yves Rénier. Il était dans les années 90 un des piliers de l'émission radiophonique de Philippe Bouvard, Les grosses têtes.

o La voix-off de Claude Dasset présente la situation – comme d’habitude – avant la chanson du générique, mais également, pour cet épisode, lors des premières images.

o D’après le procès-verbal de déposition de témoin, l’action se déroule le 19 mars 1910.

o Lorsque Valentin se rend chez Bekelevitch, il n’y a pas d’affiche dans l’escalier. Pourtant, il y en a une au mur à sa seconde visite, mais elle a disparu lorsque le commissaire remonte après avoir été assommé. 

o Faivre menace Valentin d’un retour à la PJ après la panne d’essence (avec son ami Civelle, vu dans Ce siècle avait 7 ans…).

o La devise ‘bien travailler, bien s’amuser’  qu’on voit sur le mur de l’usine  est du belge Arthur Brancart, l'inventeur de la Marbrite, un verre opale qui connut un développement spectaculaire grâce à l'Art Déco. Dès 1915, Brancart construit tout un village autour de ses verreries à Fauquez ; il y organise la vie de ses 1000 ouvriers selon sa devise : Bien travailler, Bien s'amuser.

o L’inspecteur Bogaert dit à Valentin : ‘Vous avez des méthodes révolutionnaires. Il faudra que vous me donniez des tuyaux à propos des travaux de ce monsieur Bertillon’. Alphonse Bertillon (1853-1914) est un criminologue français. Il fonda en 1870 le premier laboratoire de police d'identification criminelle et inventa l'anthropométrie judiciaire, appelée « système Bertillon » ou « bertillonnage », un système d'identification rapidement adopté dans toute l'Europe, puis aux États-Unis, et utilisé jusqu'en 1970. Les méthodes de Bertillon, qui rédige des ouvrages traduits dans de nombreuses langues, sont reprises et adaptées par toutes les polices du monde (Source : wikipedia).

o Le tournage des scènes de combat de l’épisode est particulièrement bien décrit en pages 19 et 20 du livre des éditions Yris, Les brigades du Tigre, les limiers des temps modernes. Ainsi, Jean-Pierre Julémont témoigne et déclare qu’il a failli remplacer Guy Lesire (le truand Kostia) qui avait du retard pour l’affrontement dans l’escalier de l’auberge. Il refusa car il aurait dû se couper la barbe et ne garder que le bouc ! Le mobilier de l’auberge fut abimé et la production dut indemniser l’établissement ! Julémont raconte aussi la préparation du combat final ; Jean-Marie Deblin (Jacquet) ne voulait pas recevoir un coup dans le ventre après une récente opération à l’estomac et c’est une main (dans une chaussure) qui touche l’acteur brièvement. Du coup, c’est Jean-Pierre Julémont, en homme de main, qui se bat avec Valentin et pas le directeur. L’exigüité des lieux a rendu complexe le tournage du combat, tous les objets dangereux furent retirés du bureau, et la séquence fut découpée en plusieurs parties. Elle fut néanmoins difficile à réaliser et connut quelques péripéties ; entre autres, Jean-Claude Bouillon s’est cogné la tête à un meuble et a été à moitié assommé et Jean-Pierre Julémont s’est relevé trop tôt dans la cour et la dernière partie a dû être recommencée.

o Le site Le magazine des séries a consacré un dossier à cet épisode. Le titre de la série inscrit sur la couverture du script était Les hommes du Tigre.

http://www.lemagazinedesseries.com/index.php?option=com_content&task=view&id=113&PHPSESSID=d229d7e496a3efb3431cc98b48cd6af6

o La Main noire était une société secrète nationaliste fondée en Serbie en mai 1911 (ndlr : l’action de l’épisode se situe pourtant en 1910). Son objectif était de réunir au sein d'un unique État l'ensemble des territoires faisant partie de l'Autriche-Hongrie (Croatie, Bosnie, sud de la Hongrie), qui étaient habités par des Serbes, ainsi que le Monténégro. Elle est liée à l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche le 28 juin 1914 à Sarajevo : les auteurs de l'attentat avaient été armés par la Main noire. L'attentat de Sarajevo est considéré comme l'évènement déclencheur de la Première guerre mondiale. La Main noire était dirigée par le responsable de la police secrète serbe. En 1917, le gouvernement serbe en exil fit arrêter et juger les chefs de l'organisation, devenue trop influente au sein de l'armée et du pouvoir politique, ce qui marqua la fin de la Main noire (Source : wikipedia).

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Captures réalisées par Denis Chauvet.

Crédits photo : TF1 Vidéo.