Saison 1 2. Message de l'au-delà (Message from Beyond) 3. Une feuille dans la forêt (The Leaf in the Forest) 4. Mort en différé (Dead Man's Tale) 5. Manger, boire et mourir (Eat, Drink and Be Buried) 6. Le Dangereux Alibi (The Taker) 7. Les Évadés dans la maison (An Inside Job) 8. Les nombres qui tuent (Tagged for Murder) 9. Les Deux Frères (Let My Brother Go) 10. La Lumière au bout du voyage (Light at the End of the Journey) 11. Mystère à l’exposition (The Monster of Comus Towers) 12. Sa dernière chanson (The Man Who Believed) 13. Vol sans laisser de trace (A Very Cool Hot Car) 14. L’Heure perdue (The Past Is Prologue) 15. Une fille dans la nuit (Girl in the Night) 16. Sa dernière course (The Fourteenth Runner) 17. La Deuxième police (Force of Arms) 18. En souvenir d’une crème glacée (Memory of an Ice Cream Stick) 20. Son propre otage (The Lonely Hostage) 22. En service commandé (All in a Day’s Work) 23. La Dette (Something for Nothing) 24. Qui êtes-vous Barbara ? (Barbara Who) 25. Crime parfait (Perfect Crime) 26. Bob et Bobby (Officer Bobby) 27. Visite au pays des hippies (Trip to Hashbury) 28. La Course de la justice (Due Process of the Law) 29. Le Retour du héros (Return of the Hero)
Scénario : Adaptation : Don Mankiewicz, d’après une histoire de Collier Young. Réalisation : James Goldstone. L’inspecteur principal Robert Dacier manque être tué par un tireur inconnu. Il en réchappe mais reste paralysé. Désormais assistant, il enquête sur son propre attentat. On est vite dans l’action avec ce pilote. Raymond Burr ne marchera pas plus que quelques minutes au début de la série. Aidé des sergents de police Eve Whitfield et Ed Brown, il recrute un voyou qu’il a fait arrêter : Mark Sanger pour l’aider dans les tâches quotidiennes. Il se constitue un équipe pour continuer un métier qui ne veut plus de lui de manière officielle en raison de son handicap. Raymond Burr en Dacier s’affirme d’emblée comme un homme autoritaire et cassant, cachant un grand cœur. Don Galloway en Ed est le jeune premier type des années 60, tandis que Barbara Anderson, dans le rôle d’Eve, symbolise la femme non émancipée, obéissant à son chef sans discuter. La seule insolence, qui ne durera pas, vient au début de Don Mitchell, dont le personnage Mark dit préférer être handicapé que noir. La série est très datée années 60. Dacier ne semble pas abattu par ce qui lui arrive et mène l’enquête à partir du projectile. Cela le conduit à une école militaire et à un délinquant juvénile (et poète), Anthony, qui s’était lié à une sculptrice professeur, Honor Thompson (Geraldine Brooks). L’action se déroule sur un mode trop rapide pour laisser du temps à la psychologie, excepté pour les rapports orageux sur fond de question raciale entre Dacier et Mark. Mais sur ce thème, on reste à la surface des choses et la série se veut de pure distraction. Le pilote aux Etats-Unis durait 98 minutes, il a été réduit en France, dès sa première diffusion en novembre 1969, à 55 minutes, d’où sans doute ce sentiment que les choses vont trop vite. Série conservatrice, filmée de façon académique, il ne faut pas attendre autre chose de « L’homme de fer » qu’une série de pure distraction. Elle eut un grand succès dans la France de Pompidou, correspondant au conformisme de l’époque. Pour des raisons assez obscures, l’ORTF acheta massivement, jusqu’en 1973 (soit durant trois tranches de 13 épisodes en 69, 71, 73) des épisodes de la saison 1. Elle vaut aujourd’hui pour la nostalgie. Pour les français de l’époque, Raymond Burr n’avait pas été Perry Mason et à part les cinéphiles qui l’avaient remarqué dans « Fenêtre sur cour », il fut identifié à Robert Dacier. Comparée à « Hawaii Police d’état », série contemporaine, la série a mal vieilli. On passe un bon moment, les quinquas retrouvent un peu leur enfance. Si la série se passe à San Francisco, on ne voit pas assez la ville, et trop les studios. « L’homme de fer » semble cependant mieux avoir résisté à l’outrage du temps que « Mannix », autre grand succès américain sous l’ORTF.
2. MESSAGE DE L'AU-DELÀ Scénario : Don M. Mankiewicz. Réalisation : Michael Caffey. Sur un champ de courses a lieu un vol de 175 000 dollars. Dacier se trouvait là par hasard pour parier. Les responsables du champ de courses font appel à lui. Principal suspect : un employé nommé Blackwell. Ce qui choque d’emblée dans la mise en scène, c’est l’abus de scènes de studio. Le champ de courses a de toute évidence été filmé avant (aucun acteur de la série ne s’y montre). A part un plan du fourgon avec en perspective le Golden Gate, histoire de rappeler que nous sommes à San Francisco, tout est filmé en studio. Je ne me rappelai pas que Dacier avait un tel caractère de chien, aussi son équipe ne peut avoir de personnalités fortes. Seul Mark se permet de lui faire des remarques, ce qui provoque des disputes. Voilà qui ne passerait pas la barre du politiquement correct aujourd’hui, on taxerait Dacier de négrier. Tout le monde doit supporter son mauvais caractère, y compris l’infirmière masseuse. Mc Garrett par comparaison est un trésor de diplomatie ! Notons aussi qu’il est invraisemblable que les propriétaires s’adressent à Dacier au lieu de la police. Tout au long de la série, nous aurons droit au même plan travelling sur la façade de l’immeuble où réside Robert Dacier. Bien sûr, il y a une poursuite en voiture (Blackwell tente d’échapper aux policiers), mais elle est vite expédiée, sans cascades. Lorsque le chef Dacier sort pour se rendre pour les besoins de l’enquête ailleurs, les scènes d’extérieurs sont souvent des prises de vue banales de la circulation et l’on revient vite en studio. Pourquoi cette obsession d’Universal de faire des économies ? Si l’on voit Eve et Ed en voiture, cela dure deux secondes et pas plus. Eve est une femme soumise, qui se laisse parler comme à un chien, fait la vaisselle, ne bronche jamais. On est loin des héroïnes féministes comme Cathy Gale et Emma Peel. On peut regretter qu’avec un tel physique, elle n’ait jamais joué le moindre rôle sexy. Elle est habillée comme une bonne sœur, avec tailleurs stricts, alors qu’elle est belle comme le jour. On n’est pas près de la voir en minijupe Le commissaire Randall est toujours associé de près aux enquêtes de Dacier. Gene Lyons son interprète était un ami personnel de Raymond Burr. Le téléspectateur ne peut le deviner car ici ils restent toujours dans leurs personnages sans manifester de complicité. Scénariste du pilote où il avait fait du bon travail, Don Mankiewicz s’est adjoint une initiale « M » après le prénom mais ne s’est guère creusé les méninges avec cette histoire de vol d’un joueur maladif, simple comparse dont s’est servi le cerveau. Le fait de laisser un message sur une vieille guimbarde pour indiquer le lieu de la cachette est tiré par les cheveux. Le réalisateur parvient cependant à nous livrer un épilogue à suspense, mais c’est bien maigre. Madlyn Rhue (une scène) et surtout James Gregory (le « fiancé » de Linda Day-George dans un mémorable « Mission Impossible », deux scènes) sont sous-employés. Il manque à cet opus des moyens financiers et un script plus solide. La série, pour nous montrer la ville où elle est située, n’est pas prête de rivaliser avec « Les rues de San Francisco ». Raymond Burr joue un ours qui est tout sauf sympathique. Ses partenaires habituels ne sont mentionnés qu’au générique de fin. Don Galloway n’a quasiment rien à jouer sinon les boy scouts. Notons pour l’anecdote le nombre invraisemblable de vieilles voitures des années 50 dans San Francisco (on se croirait aujourd’hui à Cuba !), bien davantage que celles des années 60 que l’on voit dans « Les Envahisseurs » ou « Mannix ». Le fourgon de Dacier est une antiquité (il en changera suite à sa destruction dans un épisode pour le troquer contre un plus moderne).
3. UNE FEUILLE DANS LA FORÊT Scénario : Don M. Mankiewicz. Réalisation : Leo Penn. Il y a deux ans, quand il était valide, Robert Dacier n’est pas parvenu à arrêter un étrangleur. Des crimes similaires ayant repris, il décide de mener une enquête parallèle à celle de la police. Mais uniquement sur la cinquième et dernière victime en date, Esther Garrison, le modus opérandi de l’assassin ayant changé. Le réalisateur Leo Penn, pour son unique épisode de « L’homme de fer », nous ballade un peu dans San Francisco, plus que Michael Caffey dans l’opus précédent. Côté invités vedettes, nous ne sommes pas gâtés : j’ai dit dans le dossier « Le Virginien » ce que je pensais de Barbara Barrie (ici Mme Dupont, femme du comptable de la victime) : toujours le même jeu geignard quel que soit le rôle. Si l’on regarde à la file ses interprétations de l’infirmière Gale Frazer dans l’épisode des « Envahisseurs : l’ennemi », d’Aimee dans l’épisode 17 de la saison 2 du « Fugitif » et d’Ellen Beecher dans « Le Virginien : The small parade » (Saison 1), on est édifié à ce sujet. Son rôle est moins important ici. Tant mieux ! John Larch (« Hawaii Police d’état », « Les Envahisseurs », « L’inspecteur Harry », « Un frisson dans la nuit ») incarne le mari, Pierre Dupont, ancien escroc que Dacier a jadis coffré. Il est le principal suspect. Habituellement excellent (rappelons-nous de Joseph Trinian l’un des pires adversaires de Mc Garrett), il constitue une erreur de casting en homme d’affaire. L’intrigue est ici passionnante. Dacier trouve un point commun entre toutes les victimes (il y en a une sixième) sauf Esther Garrison. Déguisée en vieille dame, avec un maquillage ridicule, Eve va le piéger, sans avoir les techniques de combat des avengers girls. Le piège fonctionne et le tueur en série est pris à la 37e minute. On regrette alors le manque de suspense sur l’identité de l’autre meurtrier, qui semble évident. Si le téléspectateur se souvient de ce que Dacier a dit en début d’épisode, il ne s’agit pas de l’étrangleur qu’il a raté pour cette enquête. En effet, ce dernier, comme Monte Markham dans l’épisode de « Hawaii Police d’état » : « Les clefs de l’énigme » met à profit une série de meurtres d’un fou pour en rajouter un de nature crapuleuse. La tension continue entre Mark et Dacier, mais dans cet épisode se teinte d’humour afin d’apaiser les choses. La série n’est pas très réaliste lorsque Dacier choisit d’enquêter sur une des victimes, laissant les autres au détective Keeley (Bert Freed). On lui accorde une bien grande liberté alors qu’il n’est plus inspecteur officiel comme avant son handicap mais simple consultant.
4. MORT EN DIFFÉRÉ Histoire de Don M. Mankiewicz. Adaptation : Donald A. Brinkley et Don M. Mankiewicz. Réalisation : Don Weis. Warren Stuart, numéro 2 du syndicat du crime, veut commencer une nouvelle vie et livrer son patron l’avocat véreux John Trask à Robert Dacier. Il a été tué mais avec l’accord de Randall, Dacier le fait passer pour grièvement blessé et toujours susceptible de parler. On est tellement habitué à Jack Lord dans « Hawaii Police d’état » que le voir ici ou dans « Les Envahisseurs : Vikor » semble étrange. Toutefois, lors de la première diffusion française en 1969, les téléspectateurs français ne connaissaient pas « Hawaii Police d’état », qui ne débarquera, et encore sur la 3 alors peu captée, que le 15 juillet 1973. Si l’on veut apprécier l’opus, il faut faire abstraction de notre image de Jack Lord. On peut toutefois reconnaître que le comédien, homme assez glacial dans la vie, peu apprécié sur le tournage de sa série culte, est crédible en mafioso. Il aura fallu la magie de la télévision pour le rendre sympathique à partir de 1968 dans sa saga exotique. En uniforme d’infirmière, Barbara Anderson est absolument craquante. Elle rivalise de charme avec la petite amie du « mort », Tina Mason (Susanne Cramer). Mais Barbara/Eve a une longueur d’avance. La starlette allemande était dans son registre habituel. Barbara est un fantasme ambulant. Malheureusement, même plus tard, en criminelle dans « Hawaii Police d’état », elle ne se départira jamais de son look de jeune fille sage. D’ailleurs, dans cet opus, la belle revient vite à ses tailleurs, jupes strictes et pulls de jeune femme sage. Un crime ! Dacier affronte ici le syndicat du crime. Raymond Burr s’en donne à cœur joie en interprétant le coup de bluff de Robert Dacier. Ce qui fait s’arracher les cheveux au commissaire Randall. Trask a un « patron », une sorte de Capone moderne, Mr Gregory (Byron Morrow). Dacier a toutes les audaces et ne respecte aucune procédure pour en venir à bout de Trask. Les scènes principales sont toujours faites en studio, mais entrecoupées de séquences prises en extérieurs, comme celles de l’aéroport. Ce qui donne l’illusion de moyens financiers conséquents. Et ceci sans l’aspect factice des décors exotiques de la série « Le Saint » filmés à Elstree. Le réalisateur Don Weis a trouvé le juste équilibre, il signera d’ailleurs 57 épisodes de la série. A la 34e minute, l’enlèvement de Tina semble donner l’avantage à Trask. Cela nous vaut de bons moments d’action (poursuite de l’ambulance, arrivée à l’aéroport, suspense final). Certes, avec l’identification Lord/Mc Garrett, nous devons surmonter un petit handicap pour véritablement entrer dans l’histoire. Une fois cela fait, on apprécie l’opus à sa juste valeur, et il est bien le premier à égaler la qualité du pilote.
5. MANGER, BOIRE ET MOURIR Scénario : Tony Barrett. Réalisation : William Graham. Francesca Kirby manque d’être enlevée lors d’une soirée par un homme grenouille venu de l’océan. C’est une animatrice radio que Dacier connaît mais n’a pas vue depuis quelques années. Cet épisode a été diffusé en France le samedi 3 février 1973, avec treize opus censés représenter une sélection des plus récents épisodes, soit la saison 71-72, or la diffusion US datait du 5 octobre 1967. Le téléspectateur français n’y voyait que du feu, ne disposant pas des moyens de savoir de quelle saison américaine l’opus était un élément. Cela montre qu’après 13 épisodes fin 69 et 13 en 71, l’ORTF n’acceptait pas l’évolution de la série, un peu comme si elle avait continué d’acheter des « Mannix » saison 1 avec Joseph Campanella sans Gail Fisher. Ce ne sera pas le seul « saison 1 » à être programmé en de janvier à mars 73. On ne risquait pas ainsi de voir vieillir les comédiens, ni de savoir que Barbara Anderson avait quitté la série. Lee Grant incarne ici Francesca Kirby, une sorte de Ménie Grégoire américaine. Son personnage faisait les chroniques judiciaires, ce qui explique que Dacier la connaisse. Mark commence l’enquête dans une boite de jazz. Il y retrouve une vieille connaissance, Les Appleton, du temps où il était voyou. On reconnaît immédiatement dans le rôle d’Appleton … Quincy Jones en personne ! Il joue très bien la comédie .Michel, le mari de Francesca, faisait partie de son orchestre. Dacier se rend chez son improbable amie qui vient d’être empoisonnée à la strychnine. Le mari Michel met l’homme de fer sur la piste de Doris, sœur de Francesca, photographe de mode. Elle est interprétée par une inconnue, Maria Lennard, qui n’a tourné qu’une dizaine de rôles à l’époque et a disparu de la circulation depuis. Darren Sanford (Richard Anderson), ancien amant de Francesca, a divorcé à cause d’elle. Il est suspect aux yeux de Dacier. On a toujours le sentiment que la production est regardante sur le budget. Dès que Dacier sort dans son fourgon, on voit le pont du Golden Gate, mais juste après les scènes sont tournées en studio. Les Kirby sont un couple libre, chacun ayant des aventures de son côté. L’amitié Francesca-Dacier au fil de l’opus n’est jamais plausible. Burr impulse à son personnage un côté dur, conservateur, râleur, que l’on imagine mal cohabiter avec une grande bourgeoise délurée. On regrette que Barbara Anderson soit assez en retrait, Eve étant envoyée en mission comme script girl pour protéger Francesca. Elle en a profité pour s’habiller comme une grand-mère, on se demande bien pourquoi. Ah, cet ensemble en laine jaune ! En plus de Doris, Darren et du mari, un certain Vic Durant (John Lodge) constitue un quatrième suspect. Tel un Maigret ou un Barnaby, Dacier élucide l’énigme dans les dernières minutes. Aucun téléspectateur ne risquait de deviner tellement l’affaire était compliquée. Episode médiocre, le plus mauvais depuis le début de la série. Le scénario n’est pas crédible une seconde, les personnages sont à peine esquissés et trop nombreux pour une durée de 48 minutes. Je préférais Farley Granger chez Hitchcock, et Lee Grant ne m’a pas convaincu de son talent. Il est insolite de voir un célèbre musicien un balai à la main faire le ménage dans son club de jazz et Susanne Benton est bien jolie mais tout cela ne vaut pas plus d’une étoile.
6. LE DANGEREUX ALIBI Histoire d’Irving Gaynor Neiman. Adaptation : Irving Gaynor Neiman et Winston Miller. Réalisation : Don Weis. Andy Anderson, un policier que Dacier avait fait entrer dans la police, est assassiné. Randall refuse que Dacier s’en occupe car l’officier s’était laissé corrompre. Le tueur présumé est un certain Johnny Utrecht. L’actrice de l’épisode, censée avoir déclenché des passions, Jan Sheppard (dans le rôle d’Adrienne May) n’est pas terrible. Elle aurait pu être la cause du meurtre car on lui prêtait une liaison avec Frasier (Peter March Richman) et qu’elle était la maîtresse de la victime. Un Frasier dont la femme a été assassinée autrefois sans que l’on retrouve le coupable. L’enquête semble orientée dès le départ pour blanchir Anderson, et en cela, Dacier fait preuve de mauvaise foi. Il rouvre le dossier de la mort de Mme Frasier. Il interroge Arkoff (William Schallert), photographe, employé du mari. En dehors des intérieurs, les seuls extérieurs où l’équipe semble pouvoir filmer sont les clubs nautiques, on en voit un ici, il y en avait un dans « Manger, boire et mourir ». On ne tarde pas à retrouver le cadavre du photographe. Adrienne admet avoir été la maîtresse de Frasier. A la 39e minute, dans une scène, on se rend compte à quel point c’est mal filmé. Le fourgon de Dacier arrive, mais lorsque Mark l’en descend, nous sommes en studio. L’épisode est vraiment ennuyeux et raté. Dacier se contente d’interroger les témoins et trouve vraiment le menteur (et triple assassin en fin de compte) plus par chance que par déduction. Un opus à zapper sans regrets. La mise en scène est cette fois paresseuse, alors Don Weis s’en était bien tiré avec « Mort en différé ».
7. LES ÉVADÉS DANS LA MAISON Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Charles S. Dubin. Carter et Baines, deux prisonniers, s’évadent du quartier général de la police qui est dans l’immeuble où se trouve l’appartement de Dacier. Ils le prennent en otage. Début 1970, cet épisode concluait la première tranche de treize épisodes (pris dans les saisons 1 et 2) que les téléspectateurs français venaient de découvrir. La série faisait un triomphe. C’est la première fois que nous constatons que dans l’immeuble de Dacier se trouve un poste de police avec des cellules. Ce jour-là, Dacier est d’une humeur massacrante car Eve est en retard de quarante minutes et il doit faire un discours qu’il prépare en le tapant à la machine. Mark finit par craquer tellement l’humeur du chef est exécrable. Le fait que tout soit fait en studio, vu le bon scénario n’est pas gênant. Mark s’étant rendu à la bibliothèque chercher un document, les assaillants prennent en otage Eve. John Saxon et Don Stroud font merveille en évadés. Ils ont tout à fait les têtes de l’emploi. Dacier réussit à prendre l’ascendant sur les deux brutes avec son autorité naturelle. On a quand même l’impression qu’il en fait parfois un peu trop dans le genre « mauvaise humeur », aboie plus qu’il ne parle et que son courage est démesuré. Si aujourd’hui l’épisode est un peu daté, pour l’époque, il constituait un bon spectacle. Pour une fois, l’absence d’extérieurs et le tournage en studio n’est pas un problème. Moment d’humour involontaire lorsque Carter (John Saxon) voit l’efficacité du mauvais caractère de Dacier : « Je peux dire que vos méthodes sont très différentes des nôtres, vous, c’est l’intimidation ». Dans la mesure où le manque de moyens n’influe pas sur la mise en scène en huis clos, on passe un excellent moment. Avec le recul, on trouve les évadés parfois un peu naïfs. Mais le réalisme n’est pas le point fort de la série. Raymond Burr se taille la part du lion, reléguant ses collaborateurs au rang de simples sujets, mais c’est un peu le principe de la série.
8. LES NOMBRES QUI TUENT Scénario : Art Weingarten. Réalisation : Charles S. Dubin. Le sergent Brown trouve la mort par électrocution d’un certain Bellingham suspecte et décide de mener une enquête pour meurtre. Bonne nouvelle avec cet épisode : introduction de l’humour (On ne peut pas dire que la série brillait par cela auparavant). C’est aussi la première fois que nous avons des tournages en extérieurs assez conséquents. On ne se limite pas à quelques plans par ci par là. C’est aussi le cas dans l’épisode suivant, donc MCA-TV Universal a peut être augmenté le budget alloué à la production ? Les tournages non confinés au simple studio apportent indéniablement un plus. Si l’on peut trouver l’idée de départ un peu saugrenue (la police n’a pas assez de travail avec les crimes avérés pour qu’Ed aille enquêter sur ce qui a l’air d’un accident), très vite la piste du meurtre en série est confirmée. Tout au plus peut-on trouver que les bandits dans cet épisode sont étonnamment patients. Ils ont volé un magot pendant la seconde guerre mondiale caché dans un coffre en Suisse, mais par prudence, ils n’y touchent pas, cela fait tout de même 25 ans à attendre, donc peu vraisemblable. La pauvre Antoinette Bower, qui incarne une prostituée italienne Andra, épouse de la victime, est dotée d’un accent espagnol ridicule. Quand elle répond à Dacier, l’accent, en VF, est tout sauf italien. Elle a l’accent de Julio Iglesias dans une interview française ! Un peu plus tard, il se révèle qu’Andra n’est pas italienne, Eve le dit à Dacier parce qu’elle parle de « gamina », terme utilisé par Andra. La conclusion d’Eve est qu’Andra est (je cite) « suissesse », avant de parler d’elle ensuite comme une « suisse ». Auquel cas l’accent espagnol est encore plus ridicule ! Le téléspectateur se doute bien qu’un type qui manipule son téléviseur au bord d’une piscine de laquelle il sort n’est vraiment pas fûté (encore qu’un célèbre chanteur idole des minettes de notre pays ait connu une fin semblable dans une salle de bains) ou alors que c’est un meurtre déguisé. Dacier, ancien militaire, comprend vite que la présence de la plaque militaire sur place est anormale. Toutes les victimes, car il y en a bientôt légion, avaient à portée de main leur plaque avec leur numéro militaire, datant de 1942, et nous sommes en 1967 ! Le fils d’un des morts est un professeur de karaté joué par Bruce Lee, qui sortait alors du tournage du « Frelon Vert », mais n’était pas la légende qu’il est devenu avec « La fureur de vaincre », « La fureur du dragon » et « Opération dragon ». Ceux qui ont vu l’épisode (ou le verront) seront un peu étonnés que ce professeur de karaté dispense des cours durant lesquels on passe sans transition du karaté… au judo ! Dacier s’est enfin décoincé et arrête de hurler toutes les cinq minutes. Dans une scène, il se moque même de son sale caractère, pourvu que cela dure ! Les numéros de plaques sont amputés chacun d’un chiffre afin que cela corresponde au code secret d’un coffre dans une banque suisse. Ils sont bien confiants ces voleurs, puisque Bellingham leur dit d’attendre pour éviter de se faire prendre. L’un des comparses, qui donc a profité d’une opération militaire en Italie en 1942 pour faire un vol – avec meurtres – est devenu clochard, et il reste dans la rue sans demander sa part ? Il est ici rappelé que les meurtres sont imprescriptibles aux Etats-Unis, et les survivants sont censés rendre des comptes à la justice s’ils se font prendre. Il est bien étonnant que Bellingham ait épousé une prostituée (dans la VF, le mot « catin » est utilisé) qui donc a partagé ses faveurs avec nombre de soldats américains que le mari connait. L’amour est aveugle. J’ai apprécié l’opus pour les scènes de poursuites enfin dans les rues de San Francisco et pas en studio. Si l’on fait abstraction de l’accent ridicule d’Andra, on passe un bon moment, il y a du suspense, aucun temps mort, et Dacier s’est enfin calmé.
9. LES DEUX FRÈRES Scénario : Donn Mullally. Réalisation : Don Weis. Dacier veut sauver une bande de délinquants noirs en les détournant du crime par le sport, se servant en cela d’une vedette de football noire, « Bat » Masterson auquel le policier lambda blanc demande un autographe. Mais le frère de Bat a franchi la ligne jaune et son frère le couvre. Episode non programmable aujourd’hui en raison du « politiquement correct », ou alors il faut refaire la bande son française. En effet, le gang de délinquants que Dacier veut sauver (Il se transforme ici en assistante sociale !) parle avec des voix que l’on peut trouver dans le registre de Michel Leeb imitant un africain du fin fond de la jungle. Cela donne évidemment aux personnages un côté totalement ridicule dans chaque échange avec Dacier. « Bat », le footballeur célèbre (Ivan Dixon 1931-2008) symbolise l’homme qui a réussi en 1967 en Amérique malgré la couleur de sa peau. Il est ici un sportif très généreux, prêt à aider ses frères de couleur à ne pas tomber dans le crime, tout en ayant des scrupules à ne pas livrer son propre frère de sang cette-fois, Joe. L’épisode est « moralisant » d’un bout à l’autre, et révèle l’état d’esprit des années soixante sur la condition des noirs. Mais Dacier en fait trop (en raison du script) dans le genre bisounours-Joséphine Ange Gardien face à quelques crapules qui méritent la prison et non la rééducation par le sport sous la férule d’un grand champion. Si l’épisode se regarde sans ennui – Bat se faisant accuser d’un homicide involontaire à la place de Joe – avec un suspense constant, un Dacier bien patient par rapport à son sale caractère, et à nouveau beaucoup de scènes en extérieurs, séquences de foot oblige, on peut à l’arrivée tout cela très moyen. C’est bourré de clichés (le gentil noir qui comprend le message d’humanité de Dacier, le méchant pour qui les blancs sont tous des « sales flics »). Il faut remettre ce film dans le contexte historique de 1967 pour l’apprécier. On est loin des gangs de black que l’on voit dans « The Closer LA Enquêtes prioritaires » qui font peur à voir. L’épisode a été diffusé aux USA le 2 novembre 1967 soit quelques mois à peine avant le meurtre du pasteur Martin Luther King le 4 avril 1968. C’est bourré de bonnes intentions mais un peu artificiel et lassant. L’épilogue n’est pas crédible, et « L’homme de fer » s’ancre dans un monde déconnecté de la réalité sociale et historique. On veut absolument nous prouver qu’aucun policier blanc n’est raciste, une patrouille de police va même tolérer que « Bat » Masterson laisse sa voiture mal garée sans lui dresser de contravention, l’un des policiers lui demandant de dédicacer un ballon. « Pour votre fils ? » demande le champion. « Non pour moi » répond le policier. Le seul qui se montre agressif envers Bat et les délinquants est… Mark, définitivement convaincu que Dacier est le sauveur de tous les maux.
10. LA LUMIÈRE AU BOUT DU VOYAGE Histoire de Jeannot Szwarc. Adaptation : Robert Van Scoyk et Sy Salkowitz. Réalisation : Charles S. Dubin. Une jeune femme aveugle, Norma Wales, a été le témoin d’un meurtre. L’assassin, qui a tenté de la tuer, ne connaît pas son handicap. Cet épisode inaugurait en 1971 la deuxième série de 13 épisodes programmée par l’ORTF. Lors de la rediffusion en septembre 1975 après « Aujourd’hui Madame », Télé Poche indiqua, de façon complètement erronée, qu’il s’agissait d’épisodes inédits ! (Ceux-ci arriveront vers avril 1976 sur Antenne 2). J’ai eu un peu de mal à identifier le comédien qui incarne le tueur, aux faux airs de James Coburn, dont le nom n’est jamais précisé. Il s’agit de Bill Fletcher, qui jouait un rôle tout aussi menaçant dans « 200 dollars plus les frais ». Même s’il y a ici peu d’extérieurs, l’épisode tient le téléspectateur en haleine pendant 47 minutes et constitue l’une des grandes réussites de la saison. Le jeu de Katherine Crawford est assez approximatif, raison qui explique sans doute qu’elle n’ait pas fait carrière. Robert Reed est un fiancé de l’héroïne aveugle plutôt antipathique, il n’était pas encore le lieutenant Tobias de « Mannix », mais les téléspectateurs le reconnaissent immédiatement. Au début de l’épisode, on a l’impression de retrouver le Dacier qui aboie tout le temps des premiers épisodes, mais il se calme vite. Bien entendu, il s’agit d’une intrigue classique, la protection du témoin clé, mais elle est ici rondement menée. Aujourd’hui, on a revu cent fois ce genre de films et cela n’étonne plus personne. Pour 1967, c’est un résultat tout à fait honorable. Mais aussi sans surprises. Robert Reed en fait parfois un peu trop dans le rôle du fiancé outré, qui causa l’accident de voiture (et la cécité) de Norma. Si l’on creuse l’intrigue, l’histoire est un peu tirée par les cheveux, mais ce qui compte ici est la situation de départ et la façon dont elle est réalisée. Dans le même genre, on se souviendra d’un opus de « Hawaii Police d’état » : « Merci pour la lune de miel ». On passe un très bon moment et les amateurs de séries policières sont gâtés. Que demander de plus. On doute qu’en huit saisons, « L’homme de fer » puisse dépasser ce niveau de qualité, donc si l’on ne doit en voir qu’un, il faut choisir celui-là, assez représentatif de la série.
11. MYSTÈRE À L’EXPOSITION Histoire de A.J. Russell. Adaptation : A.J. Russell et Stanford Whitmore. Réalisation : Don Weis. Un tableau est volé dans un building hautement protégé. Le voleur s’est hissé le long d’une paroi lisse. Un peu plus tard, les voleurs demandent une rançon de 250 000 dollars pour restituer l’œuvre d’art. On se croit au début dans « Chapeau melon et bottes de cuir : le vengeur volant », les français ont découvert les deux épisodes la même année, en 1973 (le vengeur le vendredi 28 septembre). Mais l’on s’il y a un mystère, c’est bien celui d’avoir acheté tardivement et programmé, en France, cet épisode le samedi 3 mars 1973, au lieu d’un opus plus récent. En effet, « Mystère à l’exposition » est d’un bout à l’autre d’un ennui mortel. Sur le principe du whodunit, plusieurs suspects sont sur la liste de Dacier : qui a fait le coup ? Même si on laisse parfois au cours de l’histoire planer le doute sur un voleur ayant grimpé le building de l’extérieur, l’intrigue s’enlise dans l’ennui total. A noter pour le doublage français que nous avons un couple d’italiens, les Rossi, qui s’expriment tous deux avec l’accent espagnol, commençant toutes leurs phrases par « Yé ». Cet opus est soporifique, avec des allées et venues incessantes entre l’appartement de Dacier et le building de Comus, diverses fausses pistes lancées par des protagonistes dont on pense qu’ils mettent (comme dans la série « Columbo ») le téléspectateur dans la confidence. On soupconne un temps Amanda (Joan Huntington), la secrétaire particulière de Comus, que l’on voit rejoindre un certain Vincent Longo, en fait son amant. Longo est une vieille connaissance de Dacier, car c’est un repris de justice qu’il a arrêté. De façon fastidieuse, Dacier essaie de reconstituer le vol, on voit ainsi Mark déguisé en ouvrier d’entretien comme si l’on était dans « Mission Impossible ». Dacier organise une reconstitution finale pour arrêter les voleurs (et assassins puisqu’un gardien a été tué, et plus tard Rossi empoisonné – il avait trouvé la solution et les auteurs du vol). On est loin d’être dans un mystère à la « Banacek », et si l’épisode se veut riche en action, le scénario tourne à vide. J’ai aussi relevé qu’il est souvent mentionné que le building est doté d’ordinateurs modernes, mais on ne les voit jamais.
12. SA DERNIÈRE CHANSON Scénario : Stephen Kandel. Réalisation : Tony Leader. La chanteuse Samantha Dain se serait jetée du haut du Golden Gate. Dacier se souvient que lors de l’attentat qui l’a rendu infirme, elle lui avait écrit de ne pas perdre espoir. Il est donc persuadé qu’il s’agit d’un meurtre. Il est bien improbable qu’une chanteuse qui se produisait dans un cabaret « psychédélique » se soit intéressée à un inspecteur de police, comme le dit Dacier, en faisant lire la lettre à Mark. On fait un parallèle entre le début de l’intrigue de cet opus et « Les nombres qui tuent » où Ed voyait un crime là où un accident semblait évident. D’ailleurs, Ed est cette-fois le plus acharné à prouver la thèse du suicide. Samantha se droguait et avait fait une cure de désintoxication. Le thème de la drogue sera abordé dans un des meilleurs épisodes de la série, lors de la saison 2, « Où est la limite ? ». Cet épisode a le charme désuet des sixties et de l’atmosphère un peu « hippie ». L’intrigue nous attire par son originalité. Dacier fait preuve de plus de psychologie que d’habitude. Et d’humanité. Il est révolté par la façon dont la chanteuse était exploitée comme un produit commercial. Dans la distribution, la remplaçante de Samantha est une certaine Bonnie (Barbara Rhoades) d’une vulgarité épouvantable. Cela tranche beaucoup avec la morte dont Dacier fait une sainte. Cet opus nous dévoile une facette cachée de l’inspecteur, ce que l’on constate avec l’épilogue très mélancolique. Au-delà de l’habile intrigue policière à tiroir, un assassin en cachant un autre, la fin est particulièrement émouvante. On ressent un peu l’émotion qui reviendra, de façon plus intense, dans le formidable épisode de la saison 2 « Où est la limite ? » avec la nièce toxicomane mais au combien touchante d’Eve Whitfield. Aucun souvenir de la diffusion française, mais M6, de 1989 à 1992, programma beaucoup d’inédits pour remplir ses grilles de programme.
13. VOL SANS LAISSER DE TRACE Scénario : Luther Davis. Réalisation : James Sheldon Le commissaire Randall demande à Dacier d’enquêter sur un de ses collègues, le lieutenant Adams, chargé de retrouver des voleurs de voiture, et dont il soupçonne qu’il néglige l’enquête voire pire, d’être coupable de corruption. Episode diffusé le samedi 10 février 1973, soit très tardivement après sa diffusion us le 30 novembre 1967, et au détriment d’épisodes plus récents sans Barbara Anderson. Encore un épisode politiquement incorrect aujourd’hui. Mark pense que le lieutenant Adams (Bernie Hamilton) est innocent. Réaction de Dacier : « Pourquoi ? Parce-qu’il a la même couleur de peau que toi ? ». Véronique Denize, dans le chapitre consacré à « L’homme de fer » dans « Les grandes séries américaines des origines à 1970 », aux éditions 8e Art, en 1994, précise : « L’homme de fer » fut tourné en studio, utilisant pour les scènes d’extérieur des images d’archives (stock-shots) filmées à San Francisco ». Je mentionnai qu’à partir de l’épisode 8 « Les nombres qui tuent », les tournages se faisaient en extérieurs. On dira donc que les stock-shots sont plus habilement insérés dans l’action qu’au cours des sept premiers épisodes pilote compris. Il y a quand même des plans avec la camionnette de Dacier dans les rues de San Francisco, on ne peut donc dire que ce ne sont que des images d’archives. Pour la première fois, Mark Sanger mène seul l’enquête sur le terrain, alors qu’il n’a pas le statut de fonctionnaire de police contrairement au reste de l’équipe. Il est évident qu’il le fait pour innocenter le lieutenant Adams. Mark travaille dans une entreprise de casse automobile où il va vite se faire repérer et risquer sa vie. Il faut dire qu’il se débrouille mal, en vrai amateur détective qu’il est. Nous avons droit ensuite à une belle scène de cascade automobile lorsque le sergent Brown qui suit un voleur est pris en chasse par un complice qui déporte sa voiture sur le bord de la route. Le reste de l’enquête, consistant à tendre un piège aux voleurs, est terne et routinier, sans jamais le moindre éclat. Les scènes dans la casse de voitures sont de toute évidence filmées en studio. Ce sont des hippies pacifistes qui sont complices du trafic sous le prétexte marxiste que « la propriété, c’est le vol ». On reste un peu sur sa faim avec l’épilogue bâclée. Un opus vraiment très moyen.
14. L’HEURE PERDUE Scénario : Paul Mason. Réalisation : Don Weis. Un ami de Dacier, Wally Stowe alias Frank Tomlichek, est arrêté au cours d’une réception pour un meurtre commis il y a 19 ans. Il doit être extradé vers New York pour être exécuté. Aucun souvenir de la vision de cet épisode. Wally Stowe (Victory Jory) est-il coupable ? C’est un charpentier. Son fils Tom (Harrison Ford, alors inconnu) a l’honneur d’une réception. Mais la veuve de la victime supposée de Stowe, Mrs Chase, le reconnaît et le dénonce. Il s’agit d’un suspense absolument passionnant, une course contre la montre et contre la mort. Victory Jory est convaincant dans le rôle, mais une amitié avec Robert Dacier est hautement improbable. Wally Stowe est un ouvrier, et de part ses fonctions et sa célébrité, l’homme de fer avait peu de chances de croiser la route de Frank Tomlichek/Wally Stowe. Dacier fait pression sur la police en s’appuyant sur la presse. Il se met à dos le commissaire Randall. Notre inspecteur part pour New York (en fait, tout se passe dans les studios Universal). Il plaide la cause de Wally auprès de Mrs Chase (June Vincent). Mais en vain. Il interroge ensuite la fille de la victime, Phyllis (Jill Donohue) qui fut la cause de la dispute entre Wally et Richard Chase. La petite peste avait monté un cheval dangereux et cravaché Tomlichek, l’employé de son père. Ce dernier avait administré à la gamine une fessée en public. Dacier apprend que Richard Chase, la victime, était atteint d’une tumeur au cerveau le condamnant à brève échéance. On condense en un épisode de « L’homme de fer » toute la série « Le Fugitif ». Dacier refait à toute vitesse l’enquête. Les allées et venues de l’inspecteur entre San Francisco et New York sont expédiées par quelques images d’avion. Cet opus est une réussite sur toute la ligne. Pas un temps mort. Si l’on fait abstraction que la série est tournée en studio et sachant que les extérieurs ici n’apporteraient rien de plus, on passe un moment vraiment très agréable, et cela constitue une des grandes réussites de la saison 1.
15. UNE FILLE DANS LA NUIT Histoire de Dean Riesner. Adaptation : True Boardman. Réalisation : Ralph Senensky. A Las Vegas, Ed a un flirt avec une inconnue rencontrée à Las Vegas qui l’a abordé, une chanteuse nommée Elaine Moreau. Il est assommé, et lorsqu’il revient sur les lieux, l’inconnue a disparu. Un épisode romantique, avec une chanteuse dont un gangster, Joe Varona, s’est emparé, menaçant son fiancé pianiste Johnny Foster de lui briser les doigts un à un. Je n’avais pas reconnu Susan Saint-James avec son look Liza Minnelli. Cette comédienne jouait dans la série « Les règles du jeu », alternant d’un épisode à l’autre comme « patron » les journalistes joués par Robert Stack, Gene Barry et Anthony Franciosa. Elle a aussi, comme autre titre de gloire, la série « Mac Millan and wife » avec Rock Hudson, que je n’ai pas vue. L’histoire est très forte, très dramatique, jusqu’au dénouement final. Elaine est une victime et l’on devine que la fin sera tragique. Eve n’est pas jalouse, ce qui prouve qu’aucun sentiment n’existe entre elle et Ed. Bien entendu, le Las Vegas que nous voyons ici se résume à quelques scènes d’archives, et tout est ensuite tourné en studios. L’histoire rappelle un peu « La mort aux trousses » lorsque le sergent Brown revient dans la maison (comme Roger Thornhill/Cary Grant après que les tueurs de Philip Vandamm/James Mason aient tenté de le tuer). A la différence de l’épisode suivant, soporifique histoire d’espionnage, j’ai bien aimé cette incursion de « L’homme de fer » dans une histoire d’amour. Chacun des protagonistes en connaîtra une (« Eve et son prince charmant », « Candy » pour Mark Sanger) et à chaque fois, pour la cohésion de l’équipe, nos héros restent célibataires. En gangster Joe Varona, le comédien Donnelly Rhodes est abject, ignoble, et détruit non seulement la belle histoire d’Ed et Elaine, mais aussi la vie de la belle chanteuse. Rarement, on est aussi triste à la fin d’un épisode de « L’homme de fer ». Varona lui aussi perd celle qu’il aime et croit posséder de force par la bêtise d’un de ses tueurs, Stulka (George Keymas). En effet, Varona a fait tuer un rival, Cardoff (Simon Scott) et Elaine a été témoin. Même le gangster amoureux qui a pris de force la femme qu’il aimait la perd. Bien que les coupables soient arrêtés, c’est la première fois que Dacier et son équipe perdent à la fin, n’ayant pas sauvé la belle Elaine. L’épilogue nous laisse un goût amer inhabituel pour une série habituée aux happy ends.
16. SA DERNIÈRE COURSE Histoire de Leon Tokatyan. Adaptation : Don Mullally. Réalisation : Don Weis. Yuri Azneyeff, athlète soviétique coureur à pied, travaille pour la SIA et traître à son pays, cherche à disparaître lors d’un séjour à San Francisco. C’est à se demander si Universal n’avait pas peur de problèmes de droit en détournant le nom de CIA en SIA, ce qui sera le cas l’année suivante dans la série « Opération vol ». Bien que cela ne trompe personne. Cette première incursion de « L’homme de fer » dans le monde de l’espionnage est un ratage total (à la différence de celles que fit Mc Garrett dans « Hawaii Police d’état », un épisode comme « L’affaire du Guarnérius » ressemblant beaucoup à ce script). L’intrigue est embrouillée au possible et surtout ennuyeuse. Edward Asner est assez peu crédible en chef de la « SIA » Marlon Davis, qui fait peu d’effet sur Dacier qui ne se laisse pas impressionner. Comme toujours, Steve Inhat est excellent, il incarne ici Zarkov, l’agent du KGB. Avec sa moustache, je ne l’avais pas de prime abord reconnu. Nous sommes dans une phase diplomatique critique, la SIA doit rendre des secrets volés aux russes, mais sans perdre la face. On sait bien que Robert Dacier est doué pour … la diplomatie. Yuri se fait passer pour « suicidé », mais les soviétiques n’y croient pas une seconde. Ensuite, on s’ennuie ferme entre traitres, agents doubles… Dacier enquête auprès de la fiancée de Yuri (Ingrit Pitt, une actrice de la Hammer, qui incarne une hongroise Irina Novas). Nous sommes en pleine guerre froide. Mais ce n’est pas dans les cordes de Robert Dacier et il mène mal l’affaire. Yuri, méconnaissable, ne veut pas être retrouvé. Il s’est teint les cheveux et fait un look d’américain du sud, un mexicain, et attire Dacier dans un piège au bord d’une falaise pour pousser le fauteuil dans le vide. On a du mal à avoir de la compassion pour ce transfuge qui a quitté le KGB pour la SIA. Notons que l’on retrouvera cette image négative de la « SIA » dans « Opération vol » où des innocents seront tués, en total déphasage par exemple avec l’équipe de « Mission Impossible », qui eux sont des héros du monde libre. Le happy end qui suit avec de possibles retrouvailles à la Saint Valentin entre Irina et Yuri est totalement improbable, Dacier n'est pas rancunier avec ceux qui veulent le jeter d'une falaise!
17. LA DEUXIÈME POLICE Histoire de Warren Duff. Adaptation : Ivan Goff, Ben Roberts, Warren Duff. Réalisation : Tony Leader. Dacier enquête sur la mort soit disant accidentelle de Bug Denison, un membre d’une milice, « la deuxième police », qui veut renforcer la police officielle qui ne lui a rien demandé. Cette intrigue à tiroirs est plus compliquée qu’il n’y paraît. Au début, Dacier affronte Marcus Weathers (Gene Raymond) dont la femme infidèle, mais sans charme et plus âgée que son amant Jeff Hanson (Linden Chiles), membre de la deuxième police a des intentions meurtrières cachées et veut vite devenir veuve. On est déçus parce-que l’affrontement entre la police officielle (Dacier, Randall) et Weathers, n’est finalement pas le sujet de l’épisode. Tout le monde se trahit dans cette brigade de la mort qui veut faire régner l’ordre et la justice sans respecter ladite loi. Weathers voudrait que Dacier accepte son aide : « Nous sommes dans le même camp ». Le procès de la milice n’est jamais vraiment fait. Weathers est en fait un cocu en danger de mort. Dacier condamne l’armée privée et évoque certains pays qui les ont adoptées. La scène où Mrs Weathers accompagnée d’Eve roule en voiture dans San Francisco est fort mal filmée. La voiture ne bouge pas, elle est fixe, avec un décor filmé qui se déroule derrière comme dans les années 40, et en plus c’est mal cadré. La victime Denison va être remplacée par un policier chassé pour brutalité, Jim Connolly (Harold J. Stone). Ce qui met Dacier en colère. Mais le sujet de fond n’est jamais vraiment abordé en raison de la liaison entre Susan Weathers (Diane Brewster) et Jeff Hanson qui ont prévu de liquider le mari. Un bon sujet non exploité et détourné, des images lamentables (voir ci-dessous la scène d’Eve et Susan Weathers en voiture), on peut parler de beau gâchis.
18. EN SOUVENIR D’UNE CRÈME GLACÉE Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Charles S. Dubin. Dacier soupçonne un certain Sam Noble d’être un meurtrier. Cela met hors de lui Mark Sanger qui a des souvenirs de l’homme quand il avait dix ans et qu’il lui offrait des crèmes glacées. Je me souviens avoir découvert cet épisode sur TMC en 2004. Il s’agit encore d’une déclinaison de l’aspect racial de la série. Mark défend un homme qui fut bon pour lui autrefois, mais qui est devenu un tueur. Dacier essaie de la raisonner. L’élève se rebelle contre le maître. L’inspecteur détruit un souvenir d’enfance de Mark. Celui d’un black qui offrait à Mark des ice cream. Mark va mettre un moment à ouvrir les yeux sur son ami Sam. Ici, l’homme de fer se montre paternaliste et l’on voit qu’il considère Mark comme son fils. Dans cette série, les bons sentiments triomphent au détriment du réalisme. Sam Noble prend Mark en otage, et l’on voit comment Dacier est perturbé. Ce qui passe très mal aujourd’hui avec cette série, c’est l’aspect Bisounours. On s’écarte de séries de police procedural réalistes comme « Hawaii Police d’état », « Kojak » et « Les rues de San Francisco » pour tomber dans un univers proche de « La petite maison dans la prairie ». Raymond Burr montre ici ses limites. Il n’a pas le talent d’un Scott Bakula pour détourner une série policière vers un message humaniste. Donc, au lieu de nous offrir un divertissement sans prise de tête, nous avons une intrigue d’un manichéisme un peu trop intrusif. On en demande pas tant à « L’homme de fer », série brillante quand elle propose un suspense (« L’heure perdue ») mais qui fait dans le cas présent de la psychologie de comptoir, ce qui n’est pas ce qu’on lui demande. S’il faut, parce que Don Mitchell est noir devoir à chaque fois supporter une thèse sur le racisme, où est la distraction, vocation première de la série ? Encore un épisode tout juste passable.
19. LE SERGENT MÈNE L'ENQUÊTE Scénario : Donn Mullally. Réalisation : Anton Leader. Le sergent Brown est accusé de brutalité policière. Un certain Frank Vincent, qui n’arrête pas de traiter de « sale flic » le sergent, le provoque et essaie de le faire renvoyer de la police. Episode diffusé le samedi 27 janvier 1973, on se demande pourquoi, car c’est un opus mineur de la saison 1. Notons que le téléspectateur attentif pouvait deviner lorsqu’on lui passait un épisode inédit ancien. Dans la saison 1, Dacier se promène dans un vieux fourgon qui semble dater des années 40. Dans l’épisode 01-03 « Les péripéties du sergent Brown », le véhicule brûle et est remplacé dès le 01-04 dans « Fumez des mirages » par un modèle plus récent de 1969. En 1973, à chaque fois qu’un saison 1 est diffusé, on nous remontre ce vieux fourgon qui a brûlé. Pernell Roberts de « Bonanza » est ici un méchant. Il incarne Frank Vincent, un restaurateur auteur de deux meurtres. Il se dit harcelé par la police et victime de violences. Le comédien Pernell Roberts semble plus à l’aise dans les rôles de mauvais garçons qu’en héros dans « Bonanza ». Avec des moyens limités, le réalisateur Anton Leader réussit à faire illusion lors d’une scène de filature entre Vincent et Brown sur le pont Golden Gate. Tout est fait en studio mais on n’y voit que du feu. Bravo. C’est un peu l’épisode de Don Galloway, mais le scénario ne suit pas. Le comédien sera bien plus gâté avec « Les péripéties du sergent Brown » dans la saison 3. La fin de l’histoire (l’arme planquée par Vincent dans une église de Bayville) se suit sans passion.
20. SON PROPRE OTAGE Scénario : Norman Katkov. Réalisation : Charles S. Dubin. Un policier, Fred Hickman, qui travaille à temps perdu pour une banque, se fait surprendre en train de voler par un garde et le tue. Traqué, il accepte de se rendre uniquement si Dacier, un vieil ami, vient le chercher seul. Episode « inédit » pour moi car aucun souvenir. Ce ne sera pas le premier en 189 épisodes. Donc aucun effet « nostalgie » en ce qui me concerne ici. On a beaucoup de mal à croire qu’un tueur (même policier) puisse être un ami de Dacier. Robert Lansing (1928-1994), comédien vu dans « Equalizer », donne de l’épaisseur au personnage de Fred Hickman. Il explique au chef Dacier que son salaire de policier ne lui permettait pas de vivre décemment. La majeure partie de l’épisode, en huis clos, se déroule dans le fourgon. Bien entendu, la tension est au rendez-vous, comme dans « Les évadés dans la maison » et « L’heure perdue », c’est l’atout de l’opus. Avec un tournage en studio, il faut chercher la distraction dans l’intrigue. La situation est assez crédible, prise d’otage certes insolite. On tremble vraiment pour Mark, même si on sait qu’il sera présent encore après, car Hickman a bien envie de l’abattre après qu’il ait tenté de le piéger. L’épisode comporte de longues scènes nocturnes. Eve, Ed et le commissaire Randall tentent de deviner les intentions du fuyard qui visiblement ne cherche pas à passer une frontière par la route. Jane, l’épouse (Kathie Browne) arrive au moment où Hickman allait se débarrasser des témoins gênants. C’est par ses seuls discours (convaincants) que Dacier obtient la vie sauve pour Mark et lui. Le téléspectateur se pose alors la question : pourquoi Dacier s’est-il fourré dans une telle galère ? On quitte le claustrophobe fourgon pour un chalet un peu plus spacieux. Dacier va ébranler la conscience de Jane, la femme du fuyard. Kathie Browne a une présence étonnante (mais comment son personnage a-t-il pu épouser ce tueur) et rend le suspense davantage crédible lors de la scène de la blessure de Mark. On passe un bon moment, mais c’est presque du théâtre filmé vu le peu d’extérieurs même simulés.
Scénario : John Mc Greevey. Réalisation : Tony Leader. Le professeur Carl Anderson, un psychiatre, joue aux échecs avec Dacier et l’avertit qu’un des artistes dont il lui montre les œuvres est un assassin. Dacier ne le prend pas au sérieux mais Anderson est assassiné. Très bon script. Même si s’oriente plus vers le whodunit que le police procedural. Dacier culpabilise et veut trouver le meurtrier. Il y a cinq artistes, donc cinq suspects, liste réduite à trois car deux sont à l’étranger. Ceux sont des œuvres modernes et abstraites, et comme Mark, je serai partant de tout flanquer à la poubelle. Pas étonnant que des types qui pondent des « œuvres » de ce genre aient l’esprit quelque peu dérangé. Cependant, deviner, de la part du psychiatre, des intentions criminelles à partir de « sculptures » aussi saugrenues, laisse perplexe. Nous avons droit à toute une galerie d’allumés, dont une peintre qui asperge des couleurs en les jetant au hasard sur des toiles vêtue d'un bikini sous une cape en plastique transparente ! La fille fait des avances à Ed n’a guère de succès, mais il faut dire que je partage totalement son manque d’enthousiasme, la comédienne Sue Ane Langdon n’ayant pas un physique à tomber raide. Ce qui n’est pas vraisemblable, c’est qu’en tant que simple consultant pour le compte du commissaire Randall, Robert Dacier puisse choisir les enquêtes qui lui plaisent et que personne ne semble trouver à y redire. Un à un, les suspects sont interrogés, et tous présentent des problèmes psychologiques : une femme obsédée par son enfant mort noyé sous ses yeux, une dingue en bikini qui jette de la peinture en portant une cape, un « artiste » colérique prêt à découdre avec les poings pour récupérer son « œuvre » car quelqu’un d’encore plus cinglé est prêt à lui en donner une fortune. Ce dernier, Mike Celino est interprété par le réalisateur Nicholas Colasanto (qui a signé des épisodes de « Match contre la vie »). Celino est un repris de justice et tient plus du boxeur ou du garde du corps que d’un sculpteur moderne. On apprend un peu plus tard dans l’opus (28e minute) que Dacier lui aussi considère comme des tas de ferrailles les œuvres. Sans parler des tableaux que Rhea Prentiss (Sue Ane Langdon) éclabousse de peinture pour se venger de la vieille tante qui l’a élevée strictement. C’est une bonne énigme policière, et la présence des artistes excentriques ne gâche rien. Ce n’est pas du tout représentatif de la série (d’ailleurs aucun souvenir de l’avoir vu avant cette édition vidéo), mais c’est le premier épisode drôle (au second degré, car Dacier n’a pas du tout envie de rire) et dotée d’une intrigue à la Agatha Christie. Le ton décalé aurait mieux convenu toutefois à une série un peu un peu moins conventionnelle et sérieuse comme « Chapeau melon et bottes de cuir », « Annie Agent très spécial » ou « Des agents très spéciaux ». Le meurtre de Celino en cours d’épisode limite la liste des suspects, et nous livre bêtement le nom de l’assassin.
22. EN SERVICE COMMANDÉ Scénario : Ed Mc Bain. Réalisation : Charles S. Dubin. En sortant du cinéma, Dacier et son équipe surprennent des voleurs attaquant une bijouterie. Eve s’approche et réplique aux tirs. Elle abat un jeune de 17 ans. Elle est effondrée. Quand j’ai accepté de chroniquer la série, c’était entre autres en pensant à cet épisode diffusé en France le samedi 17 février 1973. Un « saison 1 » qui aurait dû être diffusé lors de la première sélection d’épisodes montrée en 1969-70. Il fut plusieurs fois rediffusé et n’a pas pris une ride. La jeune femme a agi en état de légitime défense. Mais Eve est une fille profondément gentille et fragile, trop pour être policier. Ce n’est pas une héroïne émancipée comme Emma Peel. Tuer quelqu’un est pour elle une épreuve. Au début de l’opus, on a bien la notion d’une « famille ». Dacier, de mauvaise foi, qui voulait aller voir un match, s’est plié à la majorité souhaitant se rendre au cinéma, mais a prétexté que le film était mauvais. C’est un des épisodes mettant en vedette Barbara Anderson comme plus tard « Eve et son prince charmant ». On comprend complètement Eve, sauf que dans ce cas, il faut changer de métier. Dacier pour la maintenir à sa place et faire une sorte d’électrochoc oblige Eve à interroger la fiancée de celui qu’elle a tué. Dacier semble se montrer dur, mais en fait il cherche à la remettre en selle. D’autant que son cas est totalement irréprochable, elle a agi en légitime défense. Barbara Anderson fait sa meilleure composition depuis le pilote. Elle trouve le ton juste. Elle évite la mièvrerie, tout en exprimant sa détresse sous une certaine froideur. Eve Whitfield n’est pas Harry Callahan. On ne peut pas attendre d’elle le même self control. Ce n’est pas la capture du complice qui compte ici, mais l’enjeu de la carrière d’Eve. Dacier l’oblige à aller au centre de tir. Elle se ressaisit et réagit. Mais doit encaisser les réactions hostiles de gens comme le patron du jeune voyou, la fiancée, la mère. Eve craque et veut démissionner. Dacier prend le contrepoint total de son attitude conciliante envers les délinquants dans l’épisode 9 « Les deux frères ». A la 36e minute, on a perdu Eve, elle a pris la décision irrévocable de démissionner. On a un peu envie de lui souffler qu’elle est comme un pompier qui aurait peur du feu ! Nous sommes le 15 février 1968 pour la diffusion us et Fran Belding n’est pas prête à prendre la relève. La superbe Elizabeth Baur tourne « Le Ranch L ». Cela se fera, mais en 1971 dans la saison 4, où Barbara tournera « Silence de mort », son 92e et dernier épisode. Et il faudra attendre l’épisode 107 « Jeux dangereux » pour qu’Elizabeth débarque de son ranch Lancer dans l’équipe de Dacier. Donc Eve va rester. Lors de la capture du complice, Eve est partagée entre deux sentiments : soit ne plus tirer, et laisser un de ses partenaires se faire tuer, soit retourner au charbon. Dacier ne lui laisse pas le choix, il se lance face au complice désarmé et Eve doit tirer à nouveau. Elle blesse l’homme à l’épaule. A la 46e minute, elle maintient sa décision de partir et s’en prend violement à l’équipe avant de faire volte face. Ouf, on a eu chaud ! Un des meilleurs épisodes de toute la série.
23. LA DETTE Histoire d’Anthony Terpiloff. Adaptation : Anthony Terpiloff et Stephen Kandel. Réalisation : Robert Butler. Une chanteuse amie de l’homme de fer vient le trouver car son fiancé, également artiste, qui a perdu au jeu est victime de menaces de la part d’un bookmaker, Faber. Retour de Susan Saint James, encore en chanteuse, morte dans l’épisode 15 « Une fille dans la nuit ». Habituellement, un acteur invité vedette ne revient pas deux fois dans une même saison. Le fait est assez rare pour être signalé. Cela dit, on la voit très peu dans cet opus. Tommy Cusack (James Farentino), un chanteur de night club, doit 32 000 dollars de dettes de jeux à Faber (Vincent Gardenia). Ce dernier en fait ne souhaite pas que l’homme rembourse, mais commette un hold-up pour lui. Cela fait huit ans que Dacier veut le coincer. Il y a plus d’extérieurs que d’habitude. On voit énormément James Farentino au détriment de l’équipe de Dacier. Il y a du suspense, mais pour une intrigue pas folichonne. Don Galloway, qui sert de garde du corps à Cusack, montre ses limites de comédien. Le fonds de l’histoire est la volonté de Robert Dacier de faire témoigner le chanteur contre Faber. Le téléspectateur s’ennuie. C’est la première fois que l’équipe est mise au second plan au profit de l’invité vedette, mais cela n’est pas une réussite. Un opus qui ne sert qu’à faire du remplissage pour obtenir 28 opus (hors pilote) pour la saison. On s’en serait dispensés.
24. QUI ÊTES-VOUS BARBARA ? Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : James Sheldon. Barbara, infirmière qui soigna Dacier lors de l’attentat qui l’a rendu infirme, est restée une amie. Elle était déjà amnésique alors. Elle vient trouver Dacier car quelqu’un a essayé de la tuer. Vera Miles, infirmière amnésique, n’était évidemment pas dans le pilote. Mais le téléspectateur n’en sait rien, puisque la rencontre entre Barbara et Dacier a pu se faire hors caméras. On greffe ici des éléments scénaristiques datant de l’hospitalisation de Dacier que l’on n’a pas vu dans le pilote. Le spectateur qui prend la série en cours de route ne le sait pas et peut supposer que Barbara y figurait déjà. L’homme de fer reprend l’enquête depuis le jour où – avant son attentat – Barbara fut retrouvée amnésique. Dans le premier acte, soit le premier quart d’heure, il se passe pas grand-chose sinon l’exposition des personnages. Barbara/Vera Miles s’intègre dans la famille de « L’homme de fer » très rapidement. C’est la première fois que nous voyons Dacier ébaucher une romance. Tout au plus nous a-t-on dit dans le pilote que l’inspecteur était veuf depuis longtemps. Un camionneur, celui a déposé Barbara là où on l’a trouvée, accepte de témoigner. Il raconte qu’un inconnu lui a demandé de déposer un « paquet » contre une somme rondelette. Le routier pensait qu’il s’agissait d’un cadavre. La piste remonte à la ville de Rawlins dans l’Utah. Barbara serait une certaine Louise Richards, considérée comme morte. « Louise » se retrouve face à son mari Vic (Philip Carey). Ils auraient deux fillettes : Leslie et Thérèse. Mais outre la perte de mémoire, Louise aurait tué son oncle Joe Meeker. On passe donc d’une enquête à l’autre à cinq minutes de la fin ! Dacier fait venir le camionneur de San Francisco et le confronte à Billy (Kiel Martin), le neveu de Joe. Pour être franc, je pensais mettre la note maximale à cet épisode découvert sur TMC en 2004, mais à la vision en DVD, j’ai été déçu. Il aurait fallu au moins 90 minutes pour développer une telle intrigue, de plus ici le réalisateur perd 30 bonnes minutes sans que l’on sache grand-chose de nouveau. Malgré Vera Miles, l’histoire d’amour insolite avec Dacier, le formidable mystère, je suis resté sur ma faim.
25. CRIME PARFAIT Histoire de Leonard H. White. Adaptation : Norman Katkov. Réalisation : Charles S. Dubin. Robert Dacier donne une conférence dans un collège sur le crime parfait. Des étudiants lui disent qu’il existe, le policier répond qu’il n’y a que des enquêteurs incompétents. Quelqu’un, au sortir de la conférence, tire sur un étudiant. Cet épisode m’a immédiatement fait penser à celui de « Columbo » : « Criminologie appliquée ». Les jeunes gens un peu toqués ne manquent pas : Peggy Fortune (Brenda Scott) fille d’une championne de tir, Jonathan Dix (Pete Duel), Larry Wilson, petit ami de Peggy (Ron Russell), Roger Simmons (Shelly Novack). Autant de suspects pour Dacier. Le décor de l’école nous change un peu des scènes habituelles. Même si c’est tourné dans les studios Universal, on ne s’en rend pas compte. Le tireur fou blesse Eve et manque bien la tuer. L’épisode aurait pu être un grand opus comme son alter-ego de « Columbo », mais Raymond Burr n’a pas la finesse de jeu de Peter Falk. Son style me fait penser à John Wayne (en moins bien) : le vétéran un peu prétentieux qui prétend en imposer et n’avoir rien à prouver. Burr a mis de l’eau dans son vin se rendant compte que le mauvais caractère outrancier des premiers épisodes de la saison le menait dans une impasse et lui faisait interpréter un Dacier caricatural. Mais lorsque, comme ici, le scénario laisse de la place aux interprètes, Raymond Burr ne semble pas savoir en profiter. Quant à Pete Duel, il en fait trop dans le style antipathique. Le scénario de Leonard H. White, pourtant remanié, accuse de sérieuses faiblesses. Une interprétation fabuleuse aurait pu sauver les meubles, mais ce n’est pas le cas. « L’homme de fer » se révèle une série inégale avec des joyaux (« En service commandé », « L’heure perdue ») mais aussi des intrigues très datées, qui me font penser à la série « Le Saint » avec Roger Moore ou « Mannix ». On estime que c’est bien au nom de la nostalgie, mais confronté à la vision, on doit constater que cela a mal vieilli. Malgré le twist final, « Crime parfait » est loin d’atteindre, si j’ose dire, la perfection.
26. BOB ET BOBBY Scénario : Brett Halliday et Bill S.Ballinger. Réalisation : James Sheldon. Robert Dacier et à l’aéroport pour partir à un congrès durant trois jours. L’avion qu’il va prendre explose. C’est alors que Dacier trouve dans son fourgon…un nourrisson. Voulant sans doute « faire original », les scénaristes ont imaginé une histoire de bébé trouvé dans la camionnette de Robert Dacier. S’agissant d’une série policière pas du tout humoristique, l’effet tombe à plat. On perd un quart d’heure avec cet intermède sans que l’enquête progresse. La femme de la protection de l’enfance, Mrs Brinker (Jeanne Cooper) est une garde chiourme caricaturale qui ne pense qu’aux statistiques. Dacier qui se trouve une vocation de nounou lui interdit de prendre l’enfant. Le bureau de l’inspecteur Dacier transformé en nurserie, il faut attendre la 23e minute pour qu’il se passe quelque chose d’intéressant. Je craignais le pire, mais l’épisode évite la niaiserie. Cela devient une enquête normale de « L’homme de fer », ni pire ni meilleure que le niveau habituel. Paul Carr est Harry Hidgon, qui veut se venger de la mère de l’enfant. Elle l’a quitté après qu’il ait fait un braquage et envoyé à l’asile. Nancy Malone se débrouille plutôt bien en May Evans, la mère qui a épousé un soldat actuellement au Vietnam. Cela se regarde sans déplaisir. Tout au plus peut-on trouver que Raymond Burr surjoue parfois son personnage de papa gâteau d’occasion.
27. VISITE AU PAYS DES HIPPIES Scénario : Norman Jolley. Réalisation : Tony Leader. Ed Brown se fait piéger par une fille, Barbara Chase qui l’accuse de brutalité policière lors d’une perquisition dans un squat de hippies où il cherchait, avec Eve, une mineure de quinze ans. Barbara est la fille d’Eldon Chase, avocat influent. Barbara succombe à ses blessures à l’hôpital. Sur le thème de la drogue et des jeunes en rébellion, présentés ici de façon caricaturale, nous aurons un chef d’œuvre dans la saison 2, « Où est la limite ? ». Les premières minutes nous laissaient présager le pire épisode de la saison, avec une vision des hippies de carte postale. Mais la tension dramatique arrive avec la mort de la fille de l’avocat qui avait une fracture du crâne. Le sort d’Ed dans cet épisode tient à un fil. Bien entendu, « L’homme de fer » nous présente les policiers comme des anges et les hippies, drogués au LSD et autres comme démoniaques. Ce n’est pas une série réaliste (des policiers comme Eve se feraient descendre en deux temps trois mouvements dans la « vraie vie » ou des séries réalistes comme « Kojak », « Les rues de San Francisco » et « Hawaii Police d’état »), et plus simplement, personne ne supporterait les sautes d’humeur du chef Dacier. « L’homme de fer » rejoint « Drôles de dames », « Mannix » ou « Magnum » dans le spectacle pur et l’absence d’ancrage dans la réalité. En père de la victime, William Window fait une bonne composition. Il n’est pas dans l’outrance, a le jeu juste du père effondré par la perte de son enfant. Il s’avère que Barbara menait une enquête chez les hippies, et toute la classe décide sous la férule de leur professeur, Miss Partridge, d’en faire autant, avec Dacier, Eve et Mark. Ils feront surgir la vérité. L’épisode atteindrait les trois étoiles s’il nous évitait trop de clichés (groupe rock psychédélique qui nous inflige une bouillie sonore, gourou, messages pacifistes avec fleurs) qui sont ce que le téléspectateur s’attendait à voir.
28. LA COURSE DE LA JUSTICE Scénario : Don Brinkley. Réalisation : Dick. Colla. Mark Sanger sert de chaperon lors d’une soirée à une jeune femme, Helen Tobin. Il est appelé par Dacier d’urgence et sur son insistance la laisse sans la ramener à ses parents. Le lendemain, on la retrouve morte. On retrouve David Carradine (« Kung Fu ») dans cet épisode dans le rôle de Pogo Weems, un dealer. On note que lorsque Mark sort avec une jeune fille à laquelle il sert de grand frère, elle est noire. Les blancs et les noirs, même pour les intrigues sentimentales, ne se mélangent pas en 1968 dans « L’homme de fer ». A chaque scène de rue, de circulation, où apparaît l’un des acteurs de la série, on se demande s’il s’agit d’une reconstitution en studio chez Universal (ce qui est le plus probable) ou de San Francisco. On a le sentiment d’être dans « Le Saint » où Roger Moore faisait le tour du monde… dans les studios d’Elstree ! Cela date la série et gâche beaucoup notre plaisir. Mais en 1968 aux USA et lors des premières diffusions françaises, cela faisait illusion. Le principal suspect est l’homme avec lequel Helen Tobin est partie, Joe Fenway, incarné par un comédien incontournable des années 60-70, Burr DeBenning (« Match contre la vie », « Cannon », « Columbo », « Kojak », « Le Virginien », « Les rues de San Francisco »). Mark en fait une affaire personnelle. J’ai noté que le comédien Roy Glenn, qui incarne le père de la victime, n’en fait pas assez et là où certains parfois surjouent, il est presque « ailleurs ». Fenway meurt bien trop vite dans l’épisode alors qu’il était le suspect idéal, ce qui fait de Mark un potentiel meurtrier. A la 28e minute, on commence donc une seconde intrigue greffée à la première. Carol Booth, qui fit une courte carrière et abandonna le métier en 1970, est une piètre interprète de Corinne Goshen, la petite amie de Fenway. Elle est kidnappée à la 33e minute et l’identité de son ravisseur (dont on peut supposer qu’il est l’assassin d’Helen Tobin) est censée être un gros mystère. Sauf que le réalisateur, qui cache le visage et nous montre de dos l’acteur David Carradine, nous laisse entrevoir sa tignasse, tuant tout suspense pour le téléspectateur ! Grosse erreur de la part du metteur en scène. J’ai trouvé que David Carradine jouait vraiment mal dans cet opus. Il ne semble pas concerné pas l’intrigue et fait le minimum syndical. Après une apparition au début, il faut attendre longtemps pour le revoir. Il était vraiment peu prévisible en 1967 qu’il deviendrait un héros de série et tournerait quelques films en tête d’affiche au cinéma. Pour la première fois depuis le début de la série, Dacier se montre peu scrupuleux avec la loi et les procédures, étant certain de l’identité du meurtrier. Lui habituellement si pointilleux sur l’exercice de la fonction de policier va au plus vite et se comporte (depuis son fauteuil !) comme un Dirty Harry ! On note que ses assistants (dont Mark concerné au plus haut point) désapprouvent sa conduite. Cette transgression du cahier des charges de la série n’est cependant pas révolutionnaire et l’on reste dans un opus lambda.
29. LE RETOUR DU HÉROS Scénario : Robert Pirosh. Réalisation : Ralph Senensky. Malgré le témoignage de Robert Dacier, le capitaine David Larkin, héros de la guerre du Vietnam, est jugé coupable des meurtres de sa femme infidèle et de Frank Bryson l’amant et condamné à mort. Quelqu’un tente alors de venger Larkin et tue le juge en faisant sauter sa voiture. Plusieurs vedettes dans ce dernier épisode de la première saison. Gary Collins (« Le Sixième sens »), Gavin MacLeod (« La Croisière s’amuse »), Ron Hayes (« Dallas »). Nous retrouvons ici le Gavin MacLeod pré croisière s’amuse. Avant d’être le capitaine Stubing, il fut l’un des pires ennemis de Mc Garrett dans le rôle du proxénète Beau Sourire dans « Hawaii Police d’état » dans deux épisodes mémorables. Gary Collins, à l’inverse de son jeu habituel, incarne son personnage de façon outrancière et hystérique. Son amitié avec Dacier (qui a vraiment beaucoup d’amis !) est hautement improbable. A la 21e minute, Daniel Gerber (Gavin MacLeod) est agressé, et l’on entend en VF la voix du personnage du sergent (Ron Hayes). On pense que l’on nous a révélé le spoiler et le pot aux roses, mais nenni. Ce n’est qu’une astuce scénaristique. Gerber avait témoigné contre Larkin. Un accusé qui nous semble de moins en moins sympathique. Dacier et Ed comprennent que Gerber a été menacé. Ils ne se trompent pas : il est vite tué par une explosion dans sa douche. Puis un autre témoin est blessé de la même façon, Paul Rutledge (Hank Brandt). Le suspense est bien mené, avec un condamné peu sympathique, et l’on ne sait pas où le scénariste veut nous emmener. Dacier pense que le meurtre de la femme, Frank Bryson, cache en réalité le motif de l’élimination de l’amant pour brouiller les pistes. C’est dans les dernières minutes que nous avons la solution, un peu tirée par les cheveux, ce qui est bien dommage. A force de surcharger l’intrigue avec divers suspects, des gens qui veulent aider Larkin en intimidant les témoins, et le meurtrier qui a tué l’amant pour de bien crapuleuses raisons, accumulant les victimes pour envoyer tout le monde sur une fausse piste, on aboutit à un résultat un peu indigeste. Je n’ai pas compris pourquoi le nom de famille du sergent joué par Ron Hayes n’est jamais révélé. Hayes figure au générique de début (où les noms de personnages ne sont pas indiqués à la différence du final) juste après Gary Collins. Rien non plus sur le site Imdb. Or, c’est un des personnages principaux ! Pour une intrigue aussi compliquée, il fallait disposer de 90 minutes, en 47, c’était peine perdue.
Images capturées par Patrick Sansano.
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Saison 2 1. Le Jeu du petit pois (Shell Game) 2. Une épitaphe adéquate [1/2] (Split Second to an Epitaph [1/2]) 3. Une épitaphe adéquate [2/2] (Split Second to an Epitaph [2/2]) 4. Le Sacrifice (The Sacrifice) 5. L’Émeute (Robert Phillips vs. the Man) 6. Rencontre désespérée (Desperate Encounter) 7. La Voix du peuple (I, the People) 8. L’Homme aux abois (Price Tag Death) 9. Culpabilité évidente (An Obvious Case of Guilt) 10. Retour en arrière (Reprise) 11. Le Macabre Micawber (The Macabre Mr. Micawber) 12. Échec au champion (Side Pocket) 13. Sergent Mike (Sergeant Mike) 14. L’Énigme du tableau (In Search of an Artist) 15. Où est la limite ? (Up, Down, and Even) 16. Les cartes mènent à tout (Why the Tuesday Afternoon Bridge Club Met on Thursday) 17. Un champion craintif (Rundown on a Bum Rap) 20. Le Chroniqueur mondain (And Be My Love) 21. Police et taxi (Moonlight Means Money) 22. Conséquence d’une découverte (A Drug on the Market) 23. Trouvez les bijoux (Puzzlelock) 24. Lettres anonymes (The Tormentor) 25. Dénominateur commun (A Matter of Love and Death) 26. Bombe ou pétard (Not With a Whimper, But a Bang)
1. LE JEU DU PETIT POIS Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Tony Leader. Dès son arrivée à San Francisco, le célèbre voleur Arthur Justin est appréhendé par Robert Dacier. Il pense que ce célèbre hors la loi prépare un vol de bijoux. Le passage de la saison 1 à la 2 est marqué par une nouvelle orchestration du générique de Quincy Jones, joué cette-fois à la guitare électrique, ce qui donnait, pour l’époque, une sonorité plus moderne. En décembre 1969, cet épisode était diffusé en France une semaine après le pilote sur la première chaîne de l’ORTF. On ne se souciait pas à l’époque des saisons américaines et de la chronologie. Glass, l’assureur des bijoux, est joué par Charles Aidman, le remplaçant occasionnel de Ross Martin dans « Les mystères de l’ouest ». Personne ne se demande pourquoi la protection d’un convoi de bijoux venus de New York pour une exposition est confiée à un simple consultant de la police officielle, Robert Dacier. On croit au début que le ton de l’épisode est léger. Mais on apprend très vite que le voleur compte utiliser des gaz mortels contre les gardiens et Ed. Justin dispose d’une « taupe » dans la place pour lui donner des informations sur les mesures de sécurité prises. Il manque l’humour que l’on pouvait goûter dans un épisode un peu similaire de « Hawaii Police d’état » : « Le voleur au Monopoly ». A la 24e minute, la taupe se révèle : c’est Waltham (Simon Scott). L’œil averti du spectateur d’aujourd’hui repère que les rues de San Francisco lorsque les comédiens y restent un certain temps sont reconstituées en studio. Peu de trafic automobile, de passants, on se croirait dans le Londres de « Chapeau melon et bottes de cuir » ou dans une bourgade de province américaine, mais certainement pas à San Francisco. Sorrell Booke en Justin n’a pas du tout l’envergure d’un Goldfinger. En regardant cet épisode, on a l’impression d’être dans une autre série, « Opération vol », avec Robert Wagner. Le suspense ne s’installe jamais vraiment, peut-être que les autres séries vues depuis nous ont rendu difficiles. L’ensemble dégage un parfum de naïveté. En voyant cet épisode, je me suis demandé comment « L’homme de fer » avait fait pour durer huit saisons, et « Les rues de San Francisco » seulement cinq.
2. UNE ÉPITAPHE ADÉQUATE [1/2] Histoire de Richard Landau. Adaptation : Sy Salkowitz et Don M. Mankiewicz. Réalisation : Leonard J. Horn. Robert Dacier a un espoir de remarcher s’il se fait opérer par le docteur Benjamin Stern. Mais pour cela, il lui faut renoncer à une enquête en cours qui lui tient à cœur. Il a, avec son fauteuil, été renversé par un voleur de morphine auquel il a arraché son masque mais qui s’est enfui. Premier épisode en deux parties de la série. La voix française de Raymond Burr a changé, ce qui est vraiment gênant. Il semble que cet opus ait été doublé tardivement, et la voix de Burr, suite au décès de Jean Martinelli fut assurée par Jacques Berthier. Mark a aussi une nouvelle voix : Pascal Renwick, qui ne le convient pas. La voix bien connue auparavant serait celle de Med Hondo (d’après le livre « Les grandes séries américaines des origines à nos jours » d’Alain Carrazé et Christophe Petit, 8e art, dans le chapitre rédigé par Véronique Denize). Don Galloway garde sa voix hexagonale (Daniel Gall), mais Barbara Anderson, doublée par Nicole Favart, a aussi changé (pas trouvé qui prend la relève). Joseph Cotten incarne le chirurgien, le docteur Stern, qui doit opérer Dacier, lequel est empoisonné et ne doit la vie qu’à un bouche à bouche qui lui fait Mark. Nous savons que le délinquant que Dacier a vu a décidé de le tuer là où il est le plus vulnérable : à l’hôpital. A la 31e minute, grand moment de panique : un prêtre arrive et tout le monde pense que Dacier a rendu l’âme, mais c’est un ami. Infirmière tueuse complice du malfaiteur, patient noir atteint de la même paralysie que Dacier avec lequel il devient copain tout en faisant de grandes leçons de morale à son épouse. Il y a plus de psychologie que d’intrigue policière ici. Le téléspectateur français retient surtout une chose : à part pour Ed Brown, on lui a changé les voix de ses héros.
3. UNE ÉPITAPHE ADÉQUATE [2/2] Histoire de Richard Landau. Adaptation : Sy Salkowitz et Don M. Mankiewicz. Réalisation : Leonard J. Horn. Louise Prescott, infirmière, veut tuer Robert Dacier sur l’ordre de son amant Albee. L’opération que doit subir l’inspecteur est d’emblée risquée en soit, le docteur Stern ne lui a pas caché qu’elle pourrait être fatale. Après un résumé de la première partie, nous retrouvons Dacier dans son hôpital en proie, mais il l’ignore, à une infirmière complice de tueur. L’épisode alterne les rêves et cauchemars du malade, des flash-back et la préparation de l’opération. Notre inspecteur, qui parle dans son sommeil, inquiète son entourage. On a inséré dans cet opus une intrigue sentimentale secondaire, celle d’un jeune père, Ernie Norton, venu assister la mère de son enfant mais qui ne veut pas le reconnaître, et doit subir les reproches du prêtre. Andrew Prine, jadis vu dans « Grizzly, le monstre de la forêt » se colle à la tâche de cet écervelé d’Ernie. Alors que la jeune mère meurt en couches, Ernie est effondré. Nous vivons donc un intermède entre Ernie et Ed Brown. Le jeune homme est une vieille connaissance de Dacier. Margaret O’Brien est bigrement inquiétante en Louise Prescott tueuse. Avec elle, le suspense s’accroît et la mort rôde dans cet hôpital qui s’en serait bien passé. On regrettera une trop grande présence de religieux : Sœur Agatha (Lilia Skala), déjà omniprésente dans le premier volet, faisant la chasse à Dacier pour qu’il ne boive pas d’alcool, qui joue aux cartes avec le prêtre, le père Dugan (Troy Donahue) et qui refuse à présent que post mortem, le pêcheur Ernie reconnaisse son enfant. Cette intrigue typiquement moralisatrice et puritaine semble avoir été insérée pour « faire durer » l’épisode. On se doute, mais je ne révèle pas un spoiler, que l’opération rate et que Dacier reste paralysé. Un épisode où l’on ne s’ennuie pas, mais qui n’est jamais passionnant. Il y a trop de personnages, de disgressions.
4. LE SACRIFICE Scénario : Gerald Sanford. Réalisation : Abner Biberman. Un certain Gino Martinez a des informations à donner à Mark. Ce dernier trouve son cadavre sur place et se fait assommer. Mark accuse un policier, le sergent Cervantes. Cet épisode évoque l’avortement, alors prohibé aux Etats-Unis. Gino Martinez, la victime, en pratiquait. Les soupçons se portent sur son avocat, Hobarth (Robert Alda), tandis que Mark dit que Cervantes (Riccardo Montalban) l’a assommé sur les lieux. Le droit à l’avortement en Amérique fut reconnu en 1973. Cet épisode date d’octobre 1968. On ressent aussi dans l’épisode la rivalité entre la communauté hispanique et les noirs. Cervantes pense que Mark veut se venger de son comportement passé, le sergent étant jugé partial par le jeune noir et fermant les yeux sur la délinquance des latinos. Le scénario est assez inutilement compliqué, et au bout de vingt-cinq minutes, on comprend que cela ne sera pas un chef d’œuvre. Montalban joue bien, mais c’est le scénariste qui ne s’est pas creusé la tête. Cervantes est le policier bon père de famille, qui aide un jeune boxeur Kid Valdez (Rafael Campos) à devenir champion. Teresa, la petite amie du boxeur de Gino Martinez a disparu. On la retrouve morte, victime d’un empoisonnement du sang post avortement. Elle était la fille de l’architecte Ortega (Phillip Pine). L’avocat Hobarth se révèle véreux. Nous avons droit à une leçon de morale de Dacier sur les pères (Ortega en l’occurrence) qui accueillent mal leur fille enceinte et les conduisent à recourir à des charlatans. Beaucoup de plans sont tournés devant des baies vitrées, par exemple chez l’architecte Ortega, donnant sur le…Golden Gate. Entre deux scènes avec les comédiens, les images d’archives de San Francisco abondent. La juxtaposition avec des scènes de studio en extérieurs est flagrante. S’il n’y a rien à reprocher à la distribution, on peut regretter que le thème de l’avortement ne soit qu’effleuré. Un épisode écrit à la va vite, dommage. D’autant plus, qu’on nous impose une fin mélodramatique avec la révélation du nom de l’assassin. Un épisode à zapper.
5. L’ÉMEUTE Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Nicholas Colasanto. Aux cours d’émeutes raciales qui ont été filmées, Robert Phillips, militant activiste noir violent et extrémiste était sur les lieux. Il est accusé du meurtre d’un commerçant. Randall demande à Dacier de prouver son innocence. Episode diffusé dès la première tranche de treize en France début 1970. Phillips est ici un noir haineux, raciste anti-blanc et les termes qu’il utilise ont peu de chances de figurer dans nos séries modernes. Phillips (Paul Winfield) appelle à la révolte et au meurtre des blancs. Quant au groupe qu’il dirige, ils font plus penser à des terroristes qu’à des militants. Mark Sanger est considéré par les autres comme un traître. Il est même taxé de ne pas être un vrai noir, de s’être passé la figure au cirage et d’être au service d’un « policier à roulettes ». Bien sûr, le but de Dacier est d’éteindre les colères et de faire que le calme revienne. Il est bien le seul à rester calme dans le contexte. A la différence de l’avortement dans le précédent opus, la question du racisme est abordée ici sans détours. On se demande pourquoi Dacier prend tant de gants avec Phillips, haineux et méprisable à souhait. Face à lui, l’homme de fer représente le blanc pacifiste, plein de bonne volonté, voulant un monde équitable et sans discrimination. L’action policière bien entendu n’est pas négligée. Le meurtre du commerçant Arthur Stavely pourrait bien être étranger à l’émeute. La trop jolie épouse du défunt, incarnée par la rousse Diane Shalet, est suspecte. Une milice blanche d’extrême droite veut en découdre avec les noirs et prétend aider Dacier. Ils tombent mal avec l’inspecteur qui les envoie paître. Le mot « race » est prononcé toutes les cinq minutes. Le traitement du sujet est ici de montrer la haine de tous les côtés qu’elle vienne. Le sujet du racisme est trop vaste pour être traité en 48 minutes. Paul Winfield nous évoque le docteur Kananga dans le James Bond « Vivre et laisser mourir » qui était joué par Yaphet Kotto lequel aurait toute sa place dans cet épisode. Robert Dacier me rappelle assez Joe Mannix, même s’ils n’exercent pas la même profession. Avec eux, les pires situations s’arrangent toujours avec des happy ends mais ce sont des héros détachés du monde réel. Dacier a lui seul a la prétention de calmer tout le monde et de faire éclater la justice et de rétablir la paix. Ed Barnard (Jack Hogan), profitant de l’émeute, a racheté le stock de Stavely. On le sort comme d’une pochette surprise pour éteindre l’incendie. Tout cela – bien que le sujet ait été abordé sans pudibonderie – aboutit à un résultat simpliste. Dans « L’homme de fer », tout s’arrange toujours. Cela pouvait faire illusion lors de la première diffusion, mais aujourd’hui cela a un côté image d’Epinal. Notons qu’à la fin de l’opus, Phillips reste haineux et raciste, face à un Dacier placide et stoïque.
6. RENCONTRE DÉSESPÉRÉE Scénario : Donn Mullally. Réalisation : Dick Colla. Robert Dacier se rend en vacances en Haute Sierra avec Mark pour une visite à un ami nommé Franklin dans un endroit isolé. Mais sur place, il est confronté à un shérif corrompu, Douglas. Très vite, il s’avère que l’ami de Dacier a disparu. Après l’émeute typiquement urbaine, voilà un épisode champêtre qui rappelle beaucoup « Cannon ». C’est le genre d’endroits que le gros détective affectionne. Ron Hayes après « Le retour du héros » où il était sergent revient en marshall Douglas. Episode diffusé en douzième en France en 1970 avant « Les évadés dans la maison » et après « L’émeute » lors de la première sélection ORTF. C’est une intrigue policière classique qui tient plus de l’enquête de détective que du police procedural. On évolue dans des décors forestiers et montagnards. L’opus nous propose surtout Raymond Burr et Don Mitchell, mais les deux autres sont présents au début, puis à la 25e minute pour une simple apparition. Toutefois, Barbara Anderson et Don Galloway ont des rôles minorés par rapport aux autres enquêtes. Ils ne reviendront que pour l’épilogue à la 47e minute. Les voisins, les Huff père et fils, veulent acheter la maison de Franklin. Mais c’est une feinte car ils prennent Dacier en otage, l’homme se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Il est insolite de voir la camionnette du chef Dacier arpenter des chemins de montagne. Mark est parti chercher Douglas car Dacier a trouvé la tombe de Franklin sous un amas de bois. Il est arrêté arbitrairement par le policier corrompu. Ce dernier est complice des Huff. C’est de l’aventure sans prétention, mais qui permet de passer un bon moment. Le MacGuffin échappe au téléspectateur (une histoire de vente de terrain que le défunt Franklin refusait). En revoyant cet épisode en dvd, je me suis souvenu que c’est celui qui m’avait fait la plus forte impression jeune (en 1970) car on y voit notre infirme ramper et s’échapper de la cabane où il est prisonnier par une fenêtre. C’est bien entendu invraisemblable, mais Dacier va se mouvoir comme il peut jusqu’à se retrouver au volant d’une voiture pour s’échapper. La tentative d’évasion constitue un des grands moments de la série. « L’homme de fer » excelle avec des scénarii de ce genre, bien plus qu’avec les problèmes sociétaux. Infirme, Dacier réussit à leurrer son gardien et à le mettre KO. Cet épisode avait connu un immense succès lors de sa première diffusion sur l’ORTF début 1970. Il a moins vieilli que d’autres, jouant la carte de la pure distraction et du suspense. On se régale toujours autant après les décennies.
7. LA VOIX DU PEUPLE Scénario : Milton Berle et Stephen Lord. Réalisation : Barry Shear. Dacier est chargé par le commissaire Randall de protéger un animateur de télévision, Ross Howard, menacé de mort. Et ce d’autant plus que l’homme a des visées sur le sénat. Ross Howard (Milton Berle) est un démagoque populiste dont on comprend qu’il soit menacé. Il est en permanence dans l’outrance. Il fait venir des gens pour se moquer d’eux, s’en prend aux enseignants, aux allocations familiales. On se demande si tout cela n’est pas truqué. Si les invités ne sont pas des comparses. Dacier a du mal à trier le vrai du faux. Howard se prend pour la voix du peuple. Il est félicité par les anciens combattants. Mais l’un de ses ennemis manque l’envoyer ad-patrès avec de l’arsenic dans des chocolats. Dacier ne défend pas de gaité de cœur cet homme excentrique pour lequel il éprouve un sentiment mitigé. D’autant plus que le présentateur s’en prend à un inspecteur qu’il juge violent avec sa femme et accuse de brutalités policières. On a l’impression que l’émission de ce Howard est l’ancêtre de la télé réalité. Norma, sa femme (Julie Adams) est un alcoolique. Dès le début, on comprend que l’épisode ne va pas être bon : trop bavard, avec un personnage peu crédible. Phil Manning (Dane Clark) est un ennemi d’Howard tout en travaillant pour lui pour un salaire confortable. C’est un ancien présentateur TV qui a eu son heure de gloire, mais est tombé en disgrâce suite à une histoire de pots de vin. On se demande vraiment ce que Dacier vient faire dans cette enquête : que Ross Howard ait un garde du corps ou soit protégé par un détective privé semblerait plus vraisemblable. Randall ici gaspille l’argent du contribuable puisque Dacier est un consultant de la police. On ne comprend pas bien pourquoi le comédien Milton Berle, également scénariste, s'est écrit un personnage aussi fantasque et impossible à interpréter. Nous assistons aussi à ses déboires conjugaux : sa femme demande le divorce ce qui n’arrange pas sa candidature au sénat. A la 34e minute, j’avais deviné, tellement c’était téléphoné, qu’en mettant le contact de sa voiture, Norma Howard allait déclencher l’explosion de la voiture. Les suspects ne manquent pas, mais le téléspectateur se désintéresse de l’intrigue. La mayonnaise, dès les premières images, ne prend pas. C’est la première fois que Dacier et son équipe semblent en retrait de l’enquête, apparaissent moins souvent à l’image que le fameux présentateur et son entourage. Notre intérêt s’éveille à la 44e minute quand Dacier entre dans l’arène pour faire éclater la vérité en direct devant des millions de téléspectateurs. Raymond Burr fait son numéro mais c’est trop tard. L’épisode est raté.
8. L’HOMME AUX ABOIS Scénario : Robert Earll. Réalisation : Dick Colla. Un clochard est assassiné. Dacier découvre que le meurtrier a volé une machine fabriquant des chèques, un « protectographe ». Il s’agit d’un certain Jack Brody. Les premiers plans sont cruels : filmés au bord du Golden Gate, en fait en studio devant des images défilant derrière. Même en novembre 1968, Universal et NBC prenaient les téléspectateurs pour de grands naïfs. Ici, Dacier s’occupe d’un ancien flic devenu clochard. On se demande si le malheureux n’aurait pas préféré rester dans la rue tant il subit les colères de l’inspecteur Dacier. On envie le beau Clu Gulager de 1968 qui entrant dans une discothèque séduit en deux temps trois mouvements une fort jolie fille, Cindy (Erin O’Reilly). La belle lui faussera compagnie au petit matin après l’avoir détroussé de son précieux appareil à chèques. Brody a une famille, une ex-femme et des enfants. C’est un looser vite arrêté pour conduite en état d’ivresse. On découvrira que, bien que meurtrier et voleur, il agit par altruisme. L’ex-flic, Ralph (Ralph Meeker) s’installe chez Dacier. Ce dernier agit avec les humains comme un autre recueillerait des chiens perdus sans collier. A la différence de l’opus précédent, le scénario est bien écrit. Brody est vite un homme traqué. Les chèques sont négociés entre des sociétés et des commerçants et il manque se faire prendre. En cours de route, on comprend que Brody vole des épiciers pour nourrir des clochards. Il achète des denrées alimentaires qu’il dépose dans des lieux où des démunis les trouveront. Beaucoup de questions ne trouveront pas de réponses à l’épilogue. Mais j’ai passé un bon moment. On sollicite l’imagination du téléspectateur avec une fin non conventionnelle. Ce n’est pas vraiment le but de « L’homme de fer » où les conclusions sont toujours rationnelles. Ralph Meeker et Clu Gulager jouent vraiment très bien. Pas de secret : dès qu’il y a un bon script dans cette série, c’est une réussite. Cependant, on ne peut donner la note maximale en raison de la fin trop approximative. Dommage !
9. CULPABILITÉ ÉVIDENTE Scénario : Brad Radnitz. Réalisation : Abner Biberman. Carolyn White, ancien flirt de Dacier, déjeune avec lui. Elle regrette qu’il ait refusé, il y a quelques années, qu’ils se marient. C’est alors qu’Ed apprend à Dacier que le mari de Carolyn a été assassiné, mais le cadavre a disparu. La nouvelle voix française de Don Galloway (Ed) ici nous déstabilise. Elle est très différente de celle de Daniel Gall, haut perchée et perturbante. On note qu’en début de saison 2, Robert Dacier a accumulé un nombre impressionnant d’amis et d’anciens flirts. Tout cela au-delà du vraisemblable. Dacier est ici vite isolé en raison de son état d’ancien prétendant de Carolyn. Son statut de consultant auprès du commissaire Randall est même remis en question. Pourtant l’homme de fer ne semble pas s’inquiéter. Lorsque tout s’affole autour de sa personne, il garde un calme olympien. On a plus le sentiment d’être dans une famille que dans une intrigue policière. Le mari Jason serait parti avec sa secrétaire Candy Erikson, que l’on ne verra pas, puisque l’on découvre son cadavre. Au mépris de toute crédibilité, la présumée coupable assiste à tous les développements de l’enquête. Dacier fait ici sa loi, et personne n’y trouve à redire, tout au plus Eve et Ed protestent-ils du bout des lèvres. Dacier mène l’enquête à sa manière, peu orthodoxe. Le procureur Layton marque le retour du comédien Warren Stevens, qui incarnait Howard Comus dans « Mystère à l’exposition ». Raymond Burr, trop sûr de lui, a un jeu présomptueux et parfois agaçant. Il ne semble pas se préoccuper de ses partenaires. Il évoque parfois, avec ses airs bougons, Jean Gabin dans ses plus mauvais rôles. C’est Dacier qui va trouver la vérité, effarante. L’épisode a été diffusé lors de la deuxième tranche ORTF en 1970-71 et rediffusé en 1975. On se souvient de la solution. Lorsque l’on trouve un cadavre, on n’en cherche généralement pas un second enterré en dessous. En visionnant l’épisode, je me suis rendu compte que je le confondais avec un autre intitulé « Conséquences d’une découverte ». Le script est bon et a servi ensuite pour un remake dans une autre série, mais Burr en fait trop et surjoue en permanence alors que rien dans l’intrigue ne lui permet d’avoir cette assurance.
10. RETOUR EN ARRIÈRE Scénario : Albert Aley. Réalisation : Don Mc Dougall. Eve est grièvement blessée lors d’un hold-up chez un prêteur sur gages en venant chercher un cadeau d’anniversaire pour le chef. Ce dernier se rappelle comment il l’a engagée et se reproche de l’avoir entraînée dans son équipe. Episode rempli de flash-back qui va nous permettre de connaître le passé d’Eve. Pour l’occasion, nous voyons la première rencontre entre Eve et Dacier, qui marchait alors. Elle était témoin à charge dans une affaire criminelle. Eve est la fille d’un riche banquier. Elle appartient à un milieu aisé. Dans ce « passé », nous découvrons une Eve bien plus sûre d’elle, émancipée et libérée que par la suite. Son intégration dans l’équipe de l’homme de fer aura donc fortement brimé sa personnalité. Bien entendu, dans les scènes de flash back, Barbara Anderson a une coiffure et une allure différentes. Son fiancé de l’époque est un certain Paul Fulham (Quinn K. Redeker). Nous suivons deux enquêtes en parallèle, celle qui permit à Eve de connaître Dacier, et la présente affaire. Ce qui est un peu dommage, c’est que l’on se doute qu’Eve va s’en sortir. Les choses auraient été différentes en saison 4 lorsque Barbara Anderson allait quitter la série et où son personnage pouvait mourir. Margaret est la mère d’Eve. Irene Hervey (1909-1998) incarne le personnage tout à fait comme l’on pouvait l’imaginer. « Retour en arrière » est un scénario en béton, et évidemment cela donne une réussite. On est parfois un peu perturbé par les passages entre passé et présent. Barbara Anderson et Raymond Burr jouent sur du velours. Nous assistons au recrutement d’Eve par Dacier. L’intrigue policière passe au second plan. Ce sont les sentiments qui sont mis en avant. On ne s’ennuie pas une seconde, le temps passe même trop vite. Le tournage en studio n’est ici pas du tout gênant. Les féministes hurleront de la métamorphose faite par Robert Dacier sur Eve. De riche héritière indépendante et altière, il a modelé une femme assez soumise, officier de police plutôt effacée. Dans un autre flash-back, Ed se souvient qu’Eve l’a empêché de se livrer à la loi du talion. Eve faisait alors ses classes comme une de nos « pervenches » en uniforme. Cela nous renseigne sur le fait qu’avant de rejoindre l’équipe de Dacier, elle a suivi un cursus normal, sans privilège obtenu par son rang social de grande bourgeoise. Un épisode très important, qui pourtant ne semble pas avoir été diffusé lors des premières sélections par l’ORTF. La conclusion est trop hâtive, cet opus aurait mérité un double épisode bien davantage que « Une épitaphe adéquate ».
11. LE MACABRE MICAWBER Scénario : Bill S. Ballinger et Brett Halliday. Réalisation : Jeannot Szwarc. Un millionnaire est assassiné avec lequel Dacier avez rendez-vous. Ernest Carney, le valet de chambre d’Horace Shiller la victime, dérobe un mainate qui a assisté au crime. Ernest est poursuivi et sévèrement battu par Arnie Simms, un tueur. « L’homme de fer » est une série inégale. Après un opus formidable, une enquête banale. La vedette en est cette-fois un oiseau, un mainate nommé Micawber ! Burgess Meredith incarne un pauvre bougre, souffre douleur de son patron, et qui n’a pas fait de mal à une mouche. Dacier a beaucoup de compassion pour lui et fera en sorte qu’il se retrouve à la tête d’une animalerie. L’appartement de Dacier est incendié. Une bombe fumigène a été déposée, et l’un des faux pompiers est Alan Simms que Mark surprend en train de voler l’oiseau. Elda Thompson (Kathie Browne) est la complice d’Alan, et elle est furieuse qu’il n’ait pas réussi le vol du mainate. Un certain Mc Kay veut aussi acheter l’oiseau. La jolie Kathie Browne se fait passer pour une journaliste et vient espionner Dacier. L’intrigue traîne en longueur et est fort complexe. Nos héros doivent interpréter ce que répète le mainate. La solution est peut être dans les mains d’un prisonnier, Edgar Gromes (Anthony Corbi), dresseur d’oiseau, complice de Simms d’un vol de 150 000 dollars et de l’assassinat d’un garde suite à l’attaque d’un fourgon blindé. Dacier croyait que Simms avait gardé le magot, mais pense à présent s’être trompé. Gromes d’après Dacier s’est servi du mainate pour lui dire où se trouve le magot. Mais un accident de voiture a envoyé Simms a l’hôpital, et Ernest a acheté le mainate. Le meurtre d’Horace Shiller est donc fortuit, puisque Simms venait voler le mainate. Le scénario est travaillé mais trop, et perd le téléspectateur en route. Ce n’est pas nul, mais plutôt ennuyeux.
12. ÉCHEC AU CHAMPION Histoire de Charles A. Mc Daniel. Adaptation : Norman Katlov et Sy Salkowitz. Réalisation : Abner Biberman. Dacier aide un jeune homme, Tim, qui vola une voiture il y a deux ans. Il veut faire des études. Or, Vance, un dangereux gangster, voulait mettre la main dessus car c’est un champion au billard. Vance fait pression sur son frère Bobby pour qu’il n’abandonne pas le billard. Il a en effet avancé de l’argent à Bobby sur des paris et le frère est lourdement endetté. Cet épisode aborde le problème des jeux (ici le billard) dans lequel les gangsters investissent, en la matière un certain Vance (H.M. Wynant). Le jeune Tim après quelques erreurs de jeunesse a demandé une recommandation à Dacier pour entrer à l’université, ce que le policier bienveillant fait de bon cœur. Mais Vance a prêté de l’argent à son frère Bobby, et c’est l’engrenage infernal. Tim doit-il choisir son avenir ou sauver son frère en jouant un match contre un vétéran, un champion du nom de Money Howard (Jack Albertson) ? Il semble choisir la seconde solution. Les scènes de billard prennent beaucoup de place et l’on se croirait dans « L’arnaqueur ». Le suspense est constant d’un bout à l’autre, peut être un peu lassant pour qui (comme votre serviteur) ne connaît pas trop les règles de ce jeu. Le problème de cet épisode est que l’homme de fer triomphe contre un dangereux mafioso là où dans la vie (ou dans une série réaliste), il en serait à compter les cadavres. C’est de l’angélisme, une vision familiale de la société dans laquelle, en dépit de nombreuses invraisemblances, Dacier va sauver les agneaux innocents. Money Howard est présenté comme le meilleur joueur au monde. Bobby a organisé le match avec le vétéran pour payer la dette de son frère à Vance. Bobby parie 15 000 dollars avec l’argent de Vance contre son frère Tim, pensant que le champion va gagner. En gagnant la partie, Tim en fait des cibles vivantes. Le bien naïf Tim va alors proposer de doubler la mise au mafioso et de perdre. Mais les agneaux n’ont jamais berné les loups. On arrive donc, une fois de plus, à un scénario bancal qui donne un épisode moyen, car il ne faut pas compter sur l’interprétation pour sauver quoi que ce soit. La scène choc de l’épisode est le fait que Bobby ait parié contre son frère, ce qui sidère Tim quand il l’apprend. Visiblement, Dacier, simple consultant, a les pleins pouvoirs, puisqu’il va mobiliser une quantité infinie de policiers pour sauver deux jeunes. Les scènes de la fin, avec Mark affrontant pour le plaisir le champion Money Howard, tentent de détendre l’atmosphère et de donner le change. Dans « Kojak » ou « Hawaii Police d’état », tout se serait terminé par un carnage. Ne parlons pas de la scène où la si effacée Eve défie dans une boutique de mode l’amie de Vance. Elle a décidé elle aussi de jouer les kamikazes. On mettra deux étoiles pour le suspense, mais on aurait aimé un peu plus de réalisme. Barbara Anderson en Eve se faisant passer pour une mauvaise fille fréquentant la mafia n’est pas convaincante une seconde. Robert Dacier continue sa mission de sauver de jeunes délinquants en leur facilitant l’accès aux études. Il rejoint ici le discours lénifiant de « Les deux frères » (01-09), « En souvenir d’une crème glacée » (01-19) ou « L’émeute » (02-05). Raymond Burr n’est pas convaincant une seconde en assistante sociale !
13. SERGENT MIKE Scénario : Carey Wilber. Réalisation : Tony Leader. Dacier enquête sur un meurtre dont le seul témoin est un chien loup. La femme, Mrs Neufane, est la sixième victime d’un tueur en série. Le chien est ici l’invité insolite un peu comme le nourrisson dans « Bob et Bobby ». Dacier accepte cette enquête à contre-cœur. Son premier suspect est le neveu de la victime, Edward Neufane (Bill Bixby). Les cinq premières victimes étaient des hommes et la sixième une femme. On ne sait pas, au début, à qui appartient le chien. Il serait à un enfant, Charlie (Robert Bruce Lang). L’animal s’appelle « Sergent Mike ». Mais le véritable propriétaire est un certain « Colonel » qui est en prison (John Debner). Le colonel est en fait un looser qui faisait de menus travaux chez Mlle Emma Neufane. Il prétend avoir assisté au crime. Au bout de vingt minutes, l’opus devient bavard et quelque peu ennuyeux. Dans une scène qui dure environ cinq minutes, on se demande si Dacier n’est pas devenu gâteux, il échange avec le chien comme si c’était un être humain. Mal réalisé, l’épisode nous propose une scène de rue avec Dacier et Ed devant des écrans qui défilent. Le raccord studio/images d’archives a été fait sans aucun soin. Emma Neufane avait répondu à une annonce matrimoniale d’un certain Judson Trumble (Robert Cornthwaite) qui constitue vite un second suspect. Cela devient une autre piste. On a le sentiment que tant scénariste que réalisateur ont trop spéculé sur l’intérêt de la présence du chien. Nous ne sommes pas « Daktari » et tout cela tombe à plat. Bill Bixby habituellement excellent a un jeu rigide et peu inspiré. Vers la 37e minute, la lumière se fait un peu sur l’intrigue nébuleuse. La victime n’était pas une sainte et pratiquait des abus de confiance. Le sentiment qui se dégage est l’ennui. Aucun suspense, une intrigue à l’intérêt mitigé. Des comédiens peu inspirés. D’ailleurs l’épisode est tellement bâclé que la piste Judson Trumble que le Colonel fait chanter est oubliée en cours de route ! Je ne suis pas certain que cela soit volontaire mais que plus simplement le scénariste n’a pas relu sa copie rédigée à la hâte.
14. L’ÉNIGME DU TABLEAU Scénario : Joseph Bonaduce. Réalisation : Abner Biberman. En cherchant un cadeau d’anniversaire pour Eve, Robert Dacier tombe sur un tableau peint par un de ses amis Danny Fielder, présumé mort. Robert Dacier a beaucoup d’amis. Et comme s’il n’y avait pas assez de crimes à élucider, il se met à ressortir des affaires classées. L’épisode nous permet de découvrir le milieu des peintres et des artistes. Dacier rouvre donc l’enquête. L’affaire date de deux ans. La victime était le chauffeur Ralph Neil, Dacier ayant présenté le peintre à la riche Leona (Lorraine Gary), devenue vite une épouse volage. Leona alcoolique et nymphomane est la fille de Jack Stuart (Broderick Crawford), un homme très puissant qui finit par exercer des pressions sur Randall. Dacier choisit ses enquêtes, alors qu’en qualité de consultant, il n’est pas fait pour cela. Pour retrouver son ami peintre disparu qu’il pense vivant, Dacier se rend au Mexique, n’en faisant qu’à sa tête. La volonté est ici de rechercher le dépaysement et une ambiance exotique. Le téléspectateur avec « L’homme de fer » attend une intrigue policière, du suspense, et cherche à passer un bon moment pendant 48 minutes. L’objectif est loin d’être atteint dans le cas présent. Lorsque l’on retrouve Danny vivant, on ne croit pas une minute à l’amitié avec Dacier. C’est un scénariste-producteur et chanteur d’opéra qui fait l’acteur occasionnellement, William Paul Burns, qui incarne le peintre disparu Danny Fielder. Bien trop jeune pour être ami avec un personnage joué par Raymond Burr, trop beau gosse pour être un mari trompé. Avec beaucoup de péripéties hélas peu développées, qui évoquent l’épisode « Qui êtes vous Barbara ? », l’intrigue est dense. Trop tarabiscotée, les explications finales noient le spectateur qui a bien du mal à se souvenir de qui est qui vu la multiplicité des personnages. A la différence de l’épisode avec Vera Miles, où j’hésitais entre deux et trois étoiles, ici deux étoiles ne sont pas méritées. La véritable note serait intermédiaire, 1.5 par rapport à « Sergent Mike » vraiment difficile à regarder jusqu’au bout. Heureusement, dans une série inégale, il y a des hauts et l’opus qui suit est un sérieux candidat au titre de « meilleur épisode de la série », avec un scénario bouleversant qui nécessite d’avoir des kleenex à portée de main.
15. OÙ EST LA LIMITE ? Scénario : Robert Earll. Réalisation : Don Weis. Kim Channing a tout pour être heureuse. Belle comme le jour, des parents aimants, nièce d’Eve Whitfield, elle a la jeunesse et la vie devant elle. Hélas, elle est tombée dans l’enfer de la drogue. J’ai vu cet épisode sur TMC vers 2004. Il m’avait bouleversé, et des années après, l’émotion est intacte. Tout d’abord, il s’agit d’un scénario en or. Mais il est servi par une multitude de bons comédiens : Richard Anderson en père de Kim, Alfred Ryder (le chef des « envahisseurs ») en policier, et Susan O’Connell, dont on la voyant jouer on penserait qu’elle a fait une carrière d’actrice fabuleuse. Elle jouait un bref rôle au début de « Voyage au pays des hippies », celui de Barbara Chase vite tuée et dont Ed était accusé du meurtre. Ici, elle fait une formidable composition éclipsant tout le reste de la distribution. Kim est emprisonnée car récidiviste comme usager de Marijuana. On a envie de la sauver, de la prendre dans ses bras, de l’arracher à l’enfer. Mais elle ment. Eve et Dacier entreprennent ici la plus délicate démarche depuis le début de la série, puisqu’elle est la nièce d’Eve. Le script de Robert Earll est si noir que l’on se doute qu’un happy end est impossible. Pour l’occasion, on supporte mal l’inspecteur Randall harcelant Dacier. L’épisode est composé de chansons qui illustrent la bande sonore, ajoutant au côté dramatique et terriblement réaliste (pour une fois) de l’intrigue. A la 18e minute, afin de faire un « électrochoc » à Kim, Eve lui fait visiter un pénitencier de femmes de haute sécurité. Susan O’Connell par son jeu irréprochable nous montre la détresse évidente mais muette de son personnage devant des prisonnières aguerries. Elle ressemble à un ange, perdue au milieu de démons. Le seul petit bémol est le fait que Susan joue tellement bien que Barbara Anderson n’est pas du tout à la hauteur à ses côtés. La scène de la visite du pénitencier est difficile à supporter. Même le téléspectateur le plus insensible est remué. On pourra objecter que si le sort de Kim nous fait frémir, c’est qu’elle appartient à la haute bourgeoisie. C’est une oie blanche, belle, bien habillée, il est sans doute injuste de s’apitoyer sur son sort pour cela. Eve tente de la raisonner dans une conversation de tante à nièce. Mais Eve se met à hurler et on trouve le sergent Whitfield bien incapable. Dacier, Ed et Mark veulent s’infiltrer dans l’école de Kim pour capturer les dealers. Ed se fait donc passer pour un professeur. Don Galloway n’a pas d’immenses qualités de comédien et parvient difficilement à ne pas se montrer comme un flic. Plus tard dans l’épisode, un document des étudiants (lls ont une presse clandestine qui vante les bienfaits de la drogue) le répertorie comme espion. Sur 4200 étudiants, il y a 30% de drogués dans l’établissement. On regrette qu’au lieu de tout mettre en œuvre pour sauver Kim, Dacier et son équipe se limitent à de fonctions purement policières. C’est d’autant plus décevant que l’on a vu Dacier dans certains épisodes chercher à remettre dans le droit chemin des racailles qui ne valaient pas la corde pour les pendre. Kim échappe vite à la surveillance de sa tante Eve, trop tentée par ses démons. Ce sont cette-fois de belles musiques symphoniques qui remplacent les chansons, et ajoutent à la tension ambiante. Kim se détruit, mais en aucun cas on ne peut la considérer comme une criminelle, ce dont la série ne manque pas. Il lui faudrait un hôpital, pas un pénitencier. Dacier la recherche auprès de ses copines d’université, toutes de haute extraction. Mais il se heurte à un mur. Il comprend que ces filles sont des droguées. Il réussira cependant à en « retourner » une contre les drogués : Christine (Cynthia Hull). On est surpris de la justesse de la présentation des ravages de la drogue dans une série comme « L’homme de fer ». Par contre ni Dacier, ni son interprète Raymond Burr ne sont à la hauteur du sujet. Pourquoi Dacier cherche-t-il à coffrer l’ex sportif Terry Lawrence (Charles Brewer) au lieu de tenter de sauver Kim ? On y retrouve dans la chambre à coucher Kim en petite tenue et Eve lui fait la morale. Pour Dacier, Terry Lawrence est un criminel, alors qu’il revend à prix coûtant la drogue, étant lui-même consommateur. La scène de l’entrée au pénitencier est déchirante, et le scénariste fait dire à Kim quelques vérités. Ainsi, elle fait face à Dacier : « Dommage que je n’ai pas été alcoolique, ça a l’avantage d’être légal l’alcool ! ». L’homme de fer ne répond rien, que pourrait-il rétorquer ? Il n’y a pas de happy end, le cœur n’y est pas. Dacier se félicite d’avoir gagné dans son camp Christine, qui vient moucharder pour sauver sa petite sœur d’un dealer. Dans cette triste histoire, on trouve que l’équipe de Dacier a été incompétente d’un bout à l’autre. C’est, de loin, le plus bel épisode depuis le pilote. Et côté interprétation, Susan O’Connell a du talent à revendre, se situant dans un registre infiniment supérieur à Raymond Burr et ses acolytes.
16. LES CARTES MÈNENT À TOUT Scénario : Irve Tunick. Réalisation : Don McDougall. La tante de Robert Dacier, Victoria, l’informe qu’une de ses amies, Rosanna, avec laquelle elle joue aux cartes est morte mystérieusement. Le mari, Harvey McPhee, lui apprend que sa femme l’a quitté après une dispute. « L’homme de fer » n’a jamais été une série humoristique, et cet opus à l’ambiance « Arsenic et vieilles dentelles » arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Harvey Mc Phee (Arthur O’Connell 1908-1981) avait 61 ans début 1969 au moment de cet épisode. Il est censé avoir une liaison (non explicite cependant) avec sa secrétaire Val Singleton (1932-2013) qui elle avait 37 ans, ce qui donne un côté ridicule à l’intrigue. Il y a un aspect « Barbe bleue » avec Harvey empêchant sa maîtresse de descendre dans la cave. Nous sommes partagés entre l’intérêt pour l’intrigue policière et un peu consternés par le ridicule de la situation. Arthur O’Connell est confronté à l’impossible interprétation d’un personnage mal écrit et saugrenu. Victoria mène une enquête à la Miss Marple mettant son neveu dans une situation délicate, le mari Harvey se plaignant au commissaire Randall et menaçant de saisir la presse. Jessie Royce Landis vole un peu la vedette à l’équipe, mais ce n’est pas une réussite. Nous assistons à des allées et venues entre l’appartement de D acier et la demeure d’Harvey. Le suspense est parfois présent comme la descente dans la cave de Tante Victoria et Val, qui manquent se faire surprendre par la mari un tisonnier à la main. Une musique de circonstance, légère et sautillante, a été composée pour l’épisode. Le téléspectateur devine toute l’histoire d’avance, et la découverte du cadavre, signe du peu d’imagination du scénariste, vient nous conforter qu’il ne faut attendre aucun retournement de situation. Cette enquête fait allusion à une célèbre affaire criminelle survenue en Angleterre, celle du docteur Crippen, qui fut pendu en 1910 pour le meurtre de sa femme Cora. L’épisode finit par se prendre très au sérieux après avoir adopté un ton humoristique, ce qui se révèle incohérent et médiocre.
17. UN CHAMPION CRAINTIF Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Allen Reisner. Mark Sanger fait ses études de droit. Il est appelé par un certain Arnold Baker, ancien boxeur, arrêté par la police pour avoir frappé un homme, agression qu’il nie. Puis, libéré sur parole, l’homme disparaît. Mark tente de séduire Maria, sa prof de droit (Janet MacLachlan), et se fait éconduire. Il demande à cette dernière de venir en aide à un certain Arnold Baker (James Gregory). C’est un peu l’épisode de Mark, ami d’un ancien champion de boxe. Le scénariste semble ne pas savoir dans quelle direction aller et désoriente le spectateur. Au bout de vingt minutes, on comprend qu’il n’y a rien à espérer de cet opus : intrigue ennuyeuse, interprétation minimale. Nous ne sommes intéressés que lors de cours du soir de droit de Mark. Encore que ce soit un peu trop sérieux, gommant toute notion de divertissement policier. L’argument scénaristique est mince. La démarche de Dacier pour tirer d’affaire Baker est poussive, le comédien y met peu de conviction. L’enquête s’oriente vers la victime Wilson (Leonard Stone) dont le train de vie et les revenus sont inexplicablement hauts pour l’emploi modeste qu’il occupe. On cherche un peu de lueur dans cette intrigue terne dans les relations entre Maria et Mark. Mais l’ennui revient vite. On se croirait dans les séries policières les plus fades genre « Brigade criminelle » et « Sam Cade ». Un épisode à zapper.
18. LES PRÉDICTIONS DE FRANCINE Scénario : Jackson Gillis. Réalisation : Don Weis. Dans une réception mondaine, Robert Dacier retrouve une voyante, Francine Miller. L’inspecteur a su qu’il y avait une exposition de tableaux du Louvre et s’est fait inviter, avec son équipe, par Randall. Un vol de tableau de Leonard De Vinci a alors lieu. Encore une amie de longue date de Dacier, qui une collection d’amis digne d’un annuaire téléphonique. Il s’agit cette-fois d’une voyante, Francine Miller (Martha Scott). On a l’impression qu’elle n’est qu’un prétexte car après être apparue lors de la soirée, on la voit moins au début de l’enquête. Elle ne revient qu’à la 25e minute. Une demande de rançon est faite pour 200 000 dollars en liquide. Une des pistes scénaristiques est abandonnée : Francine avait prévu un accident d’avion à Dacier au moment où il allait partir en vacances, mais il est mobilisé par le vol sur place. Les talents de voyance de Francine laissent à désirer : elle pense que Dacier va mourir, alors que nous savons qu’il va encore enquêter durant six autres saisons. A cause d’un article de Francine, également journaliste, les voleurs augmentent le montant de la rançon du tableau. Le vol a été organisé par un certain Mantini (Richard Angarola), avec la complicité du gardien blessé. L’enquête est routinière, sans originalité. Les sempiternelles scènes de studio n’arrangent rien, mal coordonnées avec les images d’archives, ce qui donne un coup de vieux à la série. La déception de cet opus vient du titre, car les prédictions ne sont qu’un argument de départ vite oublié, peu exploité par le scénariste. On peut imaginer le même épisode sans voyante. Plus que la tableau volé, c’est la vie d’Ed Brown, otage, qui est en jeu. On se demande comment la production peut enchaîner des intrigues aussi creuses à la file. Le suspense final nous montre Dacier sur son fauteuil sur un radeau, dans le brouillard, dans la baie de San Francisco. Encore un ratage, à la hauteur des visions erronées de Francine qui se révèlent toutes fausses.
19. DANS UN MONDE DE CHACALS Histoire d’Anthony Spinner. Adaptation : Anthony Spinner et Irving Pearlberg. Réalisation : Don Mc Dougall. Une amie de Mark, Janet Holmes, l’appelle au secours depuis un hôtel. Ils conviennent d’un rendez vous mais elle est kidnappée. Tout cela semble en lien avec la disparition de la star de cinéma Gloria James dont Janet était la femme de chambre. Un épisode où règne le plus grand mystère. Au bout de trente minutes, on ne voit toujours pas où le scénariste veut en venir. Une vedette de cinéma, Gloria James (Lynn Borden), a disparu. On la croit en Suisse, mais Dacier établit qu’elle n’y a jamais mis les pieds. Frank Rich (William Smithers), mafioso, se projette les films de Gloria et fait enlever sa femme de chambre. Cette intrigue nébuleuse et très dramatique nous plonge dans la perplexité. L’épisode rappelle « Qui êtes-vous Barbara ? » avec une enquête bien trop longue pour 48 minutes. A la 34e minute, on retrouve le cadavre de la star au fond d’un étang dans sa voiture. Elle était dépressive. Mais Dacier pense qu’on le trompe et que c’est une autre fille qui était dans l’automobile, un corps embaumé déterré. La piste de Gloria se poursuit à Carmel. Dépressive, devenue folle, elle a été mise au secret par le gangster amoureux mais s’est enfuie. Dans une salle de cinéma, où l’on projette son premier film, qui fut son seul succès, Gloria (Lynn Borden) se regarde à l’écran. Un film à la fin morbide où l’héroïne se suicide en entrant dans l’océan. Le titre du long métrage est « A world of jackals ». Le scénario est fouillé, mais laisse le téléspectateur assez froid. William Smithers est peu crédible en gangster collaborant avec Dacier pour le sauvetage d’une dépressive. Ed, tel Zorro empêchera le pire. Un opus mi figue mi raisin, d’un niveau quand même supérieur aux précédents opus. Toute l’intrigue criminelle, une fois la solution trouvée, semble avoir été greffée un peu artificiellement à l’ensemble.
20. LE CHRONIQUEUR MONDAIN Histoire de Dale et Katherine Eunson. Adaptation : Dale et Katherine Eunson et Sy Salkowitz. Réalisation : Charles S. Dubin. Randall demande comme un service personnel à Dacier de mettre sous les verrous un cambrioleur qui sévit à San Francisco et a volé un membre de la haute bourgeoisie de ses amis. En enquêtant chez une autre victime, Larry Curtis, Eve en tombe amoureuse. La victime d’un vol, Larry Curtis, un chroniqueur mondain (Larry Van Druten) séduit Eve. Pour l’occasion, elle retrouve son milieu d’origine : la haute société. Dacier est assez agacé, et l’on ne comprend pas ce qu’Eve trouve de si particulier à Curtis. La série de vols continue. Très vite, Eve soupçonne Larry Curtis d’être mêlé à l’affaire. La victime du nouveau vol, Dave Tidwell, venait de rencontrer le couple. Alors que l’équipe de Dacier enquêtait sur un meurtre, et s’est chargée pour complaire à Randall des vols, Eve mène une troisième enquête parallèle sur son prétendant. Dacier soupçonne Curtis, qui connaissait toutes les victimes de vol, et estime qu’il courtise Eve pour être au courant des progrès des investigations de la police. Pour des raisons différentes, Eve et Dacier se posent les mêmes questions. Le journaliste est ruiné et aux abois. Cette-fois, l’épisode est de meilleure tenue que la moyenne des récents vus. Il y a une bonne histoire mais trop prévisible. Par une standardiste, Roberta O’Gorman (Amzie Strickland), Dacier réussit à connaître l’identité de la prochaine victime de vol. Coup de théâtre à la 36e minute : Curtis ne tombe pas dans la souricière, mais cela provoque la rupture entre Eve et lui. L’épisode, prometteur, devient bavard. C’est là que l’on comprend que l’on passe à côté d’un grand opus. Un autre piège est tendu, à plus grande échelle, mais les ficelles sont un peu grosses. Même s’il n’est pas le coupable, l’histoire d’Eve et de Curtis ne survivra pas aux soupçons qui ont pesé sur ce dernier. Après un bon début, on finit par s’ennuyer un peu. Dommage.
21. POLICE ET TAXI Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Ed et sa petite amie prennent un taxi dans lequel le policier trouve un paquet de drogue. Le sergent Will Leonard qui sans autorisation fait l’activité de taxi fait demi tour et rattrape le dernier client. Leonard se croyant menacé tue l’homme désarmé. Tant Ed que Leonard sont suspendus. Sale affaire pour Ed et un collègue à lui. D’autant qu’Ed a pris un taxi qui ne lui était pas destiné, brûlant la politesse à un autre client. Le commissaire Dennis Randall est vraiment compréhensif, acceptant que Dacier reprenne l’enquête durant des « vacances ». C’est bien entendu peu crédible. L’épisode aborde les salaires de misère octroyés aux policiers, ce qui les oblige à cumuler deux emplois. Faisant fi de la procédure (il est suspendu), Ed Brown distribue des portraits robot du client recherché. Chose qui n’étonne personne, et visiblement aucune autorité ne se mêle de rappeler à l’inspecteur qu’il est dans l’illégalité totale. Dans une casse automobile, on découvre les trafiquants à l’œuvre. Quant à Will Leonard, son cas, au départ simple, devient glauque : il a fait feu trois fois sur l’homme désarmé et vient de déposer 15 000 dollars sur son compte en banque. Mais l’accusé proteste que cela lui vient d’un héritage pour les études des enfants. C’est une intrigue policière classique dont on comprend vite qu’il ne faut pas attendre de miracles. Will Leonard est pris dans la tourmente de ce qui en France correspond à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale). Le téléspectateur ne sait plus quoi penser de Leonard. Innocent ? Ripoux ? On tremble pour Ed qui se met dans un véritable pétrin à cause de ce collègue. Il est totalement anachronique que l’on ne voit quasiment que Don Galloway à l’image alors que son personnage est suspendu de ses fonctions. Le réalisateur joue avec nos nerfs, dans une séquence, Will Leonard semble innocent, dans la suivante complice des trafiquants. La fin est moralisante. On passe un bon moment, mais l’épisode n’est pas inoubliable.
22. CONSÉQUENCE D’UNE DÉCOUVERTE Scénario : Arthur Weingarten. Réalisation : Barry Shear. Une amie veuve de Robert Dacier, Karen Martin, est harcelée. Elle a peur et refuse de se confier à l’inspecteur qui constate qu’elle possède une arme sans permis de port. Elle finit par avoir un accident de voiture sans gravité, mais Dacier constate qu’elle possède des barbituriques. Nous entrons de plein pied dans une intrigue complexe réunissant plusieurs personnages : Karen Martin (Betsy Jones-Moreland), son frère Avery Corman (Ray Danton) et son épouse Judith (Victoria Shaw), et enfin un chimiste le docteur Braven (Fred Beir) qui courtise l’amie de Dacier. Au début, on prend Karen pour une folle : elle prétend recevoir des coups de fils anonymes, mais personne ne peut le confirmer, même une fois le téléphone mis sous écoute par Dacier. Comme dans l’épisode de la saison 6 de « Chapeau melon et bottes de cuir » : « Miroirs », on entend une voix flottant dans l’espace. Avery chercherait à rendre sa sœur folle pour prendre possession de leur laboratoire. Le frère veut mettre en vente une drogue appelée l’amphéticitine créée par son défunt mari. Ce produit est destiné aux greffes d’organes. Mais dangereux et fatal à échéance de deux ans. Judith ne semble pas dans le coup. Dacier déclenche une enquête auprès des gens qui ont été soignés par l’amphéticitine. Mais les choses sont plus compliquées que de prime abord. Il y a ce que le téléspectateur entend et voit, comme Karen, la plongeant dans la folie, et ce que les autres personnes perçoivent de l’amie de Dacier, prise pour une folle. La réalisation est superbe, avec des images de cauchemar qui évoquent presque une série fantastique genre « Le sixième sens », une première dans « L’homme de fer ». Le seul problème est que l’intrigue nécessite plus de 48 minutes pour un bon développement. Toutefois, le coup de théâtre final nous ravit, surprenant le téléspectateur le plus perspicace. Le thème (vouloir faire perdre la raison à quelqu’un) rappelle un épisode de « L’homme à la valise » : « Qui devient fou ? ». On passe un excellent moment, avec une atmosphère digne d’Hitchcock. Mais sans toutefois atteindre la perfection.
23. TROUVEZ LES BIJOUX Scénario B.W. Sandefur. Réalisation : Allen Reisner. Mel Grayson tue sa femme Frida et se sert de bandes magnétiques pré-enregistrées avec la voix de la morte pour se donner un alibi. Il s’arrange pour dîner avec Dacier lorsque la nouvelle de la mort est annoncée. Malgré le bon plan organisé par le meurtrier, Dacier va vite avoir des soupçons. Pour lui, cela coïncide trop bien pour ne pas avoir été voulu. Aussi malin que Columbo sur cette enquête, Dacier connaît donc quasiment tout de suite le coupable, Mel Grayson (Simon Oakland). Les bijoux de Frida ont disparu. Il s’avère que Grayson s’y est plutôt mal pris, et que tout l’accable. Contrairement à Columbo, moins subtil, Dacier accuse assez rapidement Mel Grayson. Grayson est un ancien policier qui s’est marié avec une femme riche. Le seul autre suspect possible serait le neveu de Frida, Paul Dekes (Dennis Cooney). Les bijoux sont retrouvés chez un receleur, Shelby (Alvin Hammer). Grayson feint de le défendre et de ne pas le croire coupable. Moins malin que Columbo, Dacier hésite comme coupable entre Grayson et Paul Dekes. On se demande si cela n’est pas une astuce du scénariste pour atteindre les 48 minutes syndicales. Après un bon début, le rythme de l’épisode stagne. Dacier bluffe en faisant arrêter Paul et réussit à arrêter Grayson, un peu trop facilement. Un épisode dans la moyenne.
24. LETTRES ANONYMES Scénario : Norman Jolley. Réalisation : Don Weis. Clint Atkins, un joueur de baseball ami d’Ed Brown, est menacé de mort par un fou. Après des lettres anonymes, on lui tire dessus avec un pistolet à air comprimé. Peu après, l’inconnu demande une rançon de 100 000 dollars, où il tuera Clint, sa femme ou sa fille. Cet épisode a été diffusé le samedi 24 février 1973, lors de la troisième sélection de 13 épisodes par l’ORTF. Or, aux USA, il date du 27 mars 1969. Il s’agissait donc d’une volonté des programmateurs français de montrer des épisodes de l'équipe première manière. En 1973, ils auraient dû piocher dans la saison 5 1971-72, celle avec Elizabeth Baur en Fran Belding. Gary Collins (« Le sixième sens ») incarne Clint, l’ami pour une fois non de Dacier mais d’Ed, pour sa seconde et dernière apparition après « Le retour du héros ». Le script est très bon, le thème rappelant parfois l’épisode « Le paranoïaque » de la série « Hawaii Police d’état ». Par rapport aux autres intrigues, la part consacrée à l’invitée vedette Gary Collins, sans la présence de l’équipe de Dacier, est plus grande. L’épisode est excellent si l’on excepte les scènes de stade où les raccords images d’archives/studio sont mauvais. On ne s’en apercevait pas lors de la première diffusion. L’intrigue est censée de poursuivre à Phoenix, en Arizona. Ed y retrouve la trace de Lou Wilson (Noam Pitlik) – le prénom de Wilson est Ernie dans la VO - un champion qui fut éclipsé par Clint davantage doué. Passionnant de bout en bout, on doit ce succès à la fois à l’interprétation de Gary Collins, au scénariste et au réalisateur, et peu à Raymond Burr et son équipe. On voit d’ailleurs très peu Dacier, Mark et Eve. Si l’épisode mérite largement quatre étoiles, on regrettera quelques erreurs du directeur de la photographie, par exemple, dans une scène, un gros plan sur Gary Collins batte de base ball en mains le montre dans une atmosphère nocturne, alors que le plan suivant (images d’archives) est en plein soleil. Même chose lorsque Ed enquête dans les tribunes, assez obscures (studio), alors que l’on en voit d’autres fort ensoleillées juste à côté. Les réussites (« En service commandé », le sublime « Où est la limite ? » ou le présent opus) sont dues à une écriture excellente et auraient pu figurer dans d’autres séries. On imagine facilement Kojak ou Mc Garrett protéger Clint Atkins. Ce n’est pas le concept de l’homme de fer, inspecteur paralysé, qui génère les bons épisodes.
25. DÉNOMINATEUR COMMUN Scénario et réalisation : Jeannot Szwarc. Une femme meurt dans un square d’un avortement. L’équipe de Dacier recherchait une fille disparue, et ce n’est pas la victime. Mais Eve s’intéresse à ce cas. Elle va jouer les femmes enceintes pour piéger un avorteur clandestin. Episode qui se veut « social » mais reste strictement policier. Eve Whitfield, émue, en fait une affaire personnelle. On comprend que cela va être plus un épisode dramatique que policier au sens strict. La morte est une certaine Arlene (Connie Kreski), qui étudiait l’allemand. L’ambiance générale rappelle le chef d’œuvre « Où est la limite ? », mais ici, le thème traité est trop général, trop ambitieux. Kim Channing/Susan O’Connell ne se contentait pas d’être une illustration du problème de la drogue, mais aboutissait au portrait d’un destin personnel. Nous sommes moins concernés par Arlene, que l’on ne voit que dans le début de l’épisode, juste après le générique. Barbara Anderson se met plus en avant que d’ordinaire. L’actrice est ravissante, mais ce n’est pas une grande comédienne. Un peu le même cas que Don Galloway. Elle est crédible en collaboratrice de Dacier, mais pas en enquêtrice solitaire. Je trouve que c’est très moralisateur. L’épisode devient vite bavard. L’émotion qui devrait nous atteindre rate sa cible. Avec sa postiche brune, Barbara Anderson est un peu gauche et ridicule. Elle se fait appeler Laura White. Même Don Galloway en solitaire s’en tire mieux dans l’opus précédent. Pour piéger l’avorteur, Eve a une alliée qui collabore avec la police : le docteur Pat Manners (Bettye Ackerman) qui a refusé d’avorter Arlene. Eve infiltre le centre pour jeunes femmes célibataires où vivait Arlene. Elle y joue la chèvre. Jo Lyons (Susan Howard), qui a eu recours à l’avorteur, est estropiée pour le reste de sa vie. Elle prend en pitié Laura/Eve. L’avorteur a une complice au centre, Betty Ross (Barbara Shannon). Il y a de la tension et du suspense, mais jamais d’émotion. On reste dans la caricature. Endroit glauque, ruelle sombre, ambiance « Les Misérables ». Nous avons en fait une « faiseuse d’ange » en guise de criminelle : Eve ne semble pas une femme policier mais une poupée fragile non émancipée ni autonome, qui traumatisée se réfugie dans les bras de Dacier comme dans ceux d’un père. La fin est bâclée. Le dénominateur commun était l’infirmière Lois (Lillian Adams) qui entre 1966 et 1968 a changé plusieurs fois de patron, ce qui a attiré les soupçons de Dacier. Un bon suspense, mais sans plus, et malheureusement mal joué par Barbara Anderson.
26. BOMBE OU PÉTARD Histoire de Robert Hamner. Adaptation : Carey Wilber. Réalisation : Abner Biberman. Des militants gauchistes veulent faire sauter un journal, mais dans un premier temps, se servent de bombes inoffensives, des farces. Un tueur va se servir de ces fausses alertes pour régler un vieux compte. On regrette que ce soit avec un épisode très mineur que se termine la saison 2. On y retrouve Edward Asner qui revient après l’épisode 16 de la saison 1, « Sa dernière course ». Pour ses deux participations à la série, Asner, le héros de « Lou Grant », n’aura pas été gâté : deux navets. On a du mal à adhérer à cet épisode, où des démineurs (dont l’officier Frank Simpson/Edward Asner) sont mis à contribution dans un journal, dans une université. L’équipe de Dacier paraît quelque peu en retrait. L’intrigue est censée nous plonger dans un grand suspense qui traîne à arriver. L’épisode change brusquement lorsqu’une fausse bombe en cache une vraie (une double amorce) qui blesse grièvement Simpson. Le téléspectateur l’avait deviné avant que cela ne se produise, gage en général de mauvais scripts. Tout comme la mort de Simpson un peu plus tard. On ne peut pas dire que les surprises soient l’atout de cet opus. L’intrigue ressemble à une poupée russe, une énigme en cachant une autre. C’est à partir des messages de menaces, différents des premiers attentats au dernier, que l’homme de fer cherche le coupable et mène son enquête. Dacier pense que le meurtrier de Simpson s’est servi des fausses alertes avec les bombes factices pour perpétrer le crime. Tout est téléphoné et rempli de clichés. Le spectateur devine avant Dacier le mobile et le coupable. Heureusement, quelques bons épisodes nous attendent dans la saison 3, et un changement de taille y surviendra avec la destruction du vieux fourgon de Dacier et le remplacement par un modèle plus moderne.
Images capturées par Patrick Sansano.
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Saison 4 1. Meurtre à échéance (A Killing Will Occur) 2. Interdit au amateurs (No Game for Amateurs) 3. Hallucinations (The Happy Dreams of Hollow Men) 4. Huit ans après (The People Against Judge McIntyre) 5. L'homme pressé (Noel's Gonna Fly) 6. Solitaire (The Lonely Way to Go) 7. Echec et Meurtre (Check, Mate; and Murder) [1/2] 8. Echec et Meurtre (Check, Mate; and Murder) [2/2] 9. Overdose (Too Many Victims) 10. Trahison (The Man on the Inside) 11. Retour de manivelle (Backfire) 14. Silence de mort (Blackout) 15. En quinconce (The Quincunx) 16. Bons baisers de Hruska (From Hrûska, with Love) 18. Dopage (Killing at the Track) 20. Meurtre au théâtre (Love, Peace, Brotherhood and Murder) 21. Faux témoin (The Riddle in Room Six) 22. Fumée d'Orient (The Summer Soldier) 24. Terrorisme (Lesson in Terror) 25. Les bijoux de ma grand-mère (Grandmother's House) 26. Enfermés dehors (Walls Are Waiting)
1. MEURTRE À ÉCHÉANCE Scénario : Alvin Sapinsley. Réalisation : Don Weis. L’homme de fer reçoit des coups de fils anonymes d’un homme qui veut commettre un meurtre. A la rentrée 1970, « L’homme de fer » est programmé le jeudi sur NBC face à « The CBS Thursday night movie » et sur ABC une série vite annulée, « Barefoot in the park ». Ce premier épisode ne laisse rien augurer de bon, car NBC persiste dans ses tournages en studio, qui rendent la série ringarde, tout en multipliant les plans du fourgon de Dacier dans les rues de San Francisco. Pour les téléspectateurs français, qui ont connu trois tranches de 13 épisodes (novembre 1969, juin 1971, janvier 1973), l’effet nostalgie de cette saison 4 ne joue pas puisque ces épisodes n’ont pas été achetés à l’époque et qu’on les a découverts bien tard, sur M6, en 1989. De plus, en pleine saison, une catastrophe survient : Barbara Anderson plante l’équipe avec armes et bagages, et il faudra attendre la saison 5 pour qu’elle soit remplacée par une héroïne de série populaire, Elizabeth Baur, la Teresa O’Brien de la série « Le Ranch L ». Il est souvent avancé que Barbara a quitté la série car elle s’est mariée, mais en réalité c’est un conflit avec la production sur son salaire qui est à l’origine de son départ. Ce premier épisode, qui a mal vieilli en raison de sa mise en scène, bénéficiait d’un bon scénario, et de la présence de deux comédiens talentueux, Dane Clark et Barry Brown. On comprend vite que l’histoire est liée au passé de Dacier, qui fut le seul à témoigner il y a quinze ans en faveur d’un policier, Borrow. Il rend d’ailleurs visite à sa veuve dans l’épisode. Le fils, Charles (Barry Brown) apparaît vite au téléspectateur le plus distrait comme l’auteur des coups de fils. Dane Clark est bon comme d’habitude. Mais le peu de charisme de Raymond Burr au bout de quatre saisons devient flagrant, tout comme l’inutilité de Don Galloway qui en 79 épisodes n’a pas trouvé ses marques. Trop de bavardages dans cet opus, et pas assez d’action, avec une fin interminable dans un autocar. En raison de la faiblesse des moyens mis à la disposition du réalisateur, ce dernier ne parvient pas à nous tenir en haleine malgré une bonne histoire. Années 70 obligent, le personnage de Mark commence à s’émanciper et à faire de l’ombre à ses partenaires. Il bénéficie d’ailleurs d’une scène plutôt pittoresque, montant sur le toit d’une maison qui abrite une station de radio à l’enseigne du capitaine Crochet. On reste sur sa faim avec trop de scènes nocturnes et une réalisation qui n’a pas les moyens de ses ambitions.
2. INTERDIT AU AMATEURS Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : John Florea. Un jeune homme, Johnny, et Nancy, veuve enceinte d’un soldat tué au Vietnam et militante pacifiste, font une halte au bas d’un immeuble. Johnny quitte quelques instants sa compagne, monte dans un étage et abat un témoin crucial lors d’un procès. Barbara Anderson, sur le point de quitter la série, a complètement changé de coiffure. Pendant le premier quart d’heure, Dacier nage complètement par manque d’indices. Mais dès qu’il comprend le subterfuge (Nancy ayant servi de moyen au tueur Johnny/Martin Sheen pour passer les barrages après le crime), le suspense retombe quelque peu. Pamela Mc Myler en Nancy manque d’assurance et de métier, et c’est regrettable pour son personnage de militante pacifiste acharnée. Une actrice qui a tourné une quarantaine de rôles entre « Des agents très spéciaux » en 1964 et « Côte Ouest » en 1989, dont le talent est dans un registre nettement moins étendu que Martin Sheen. L’épisode est bien ancré dans son époque (les réseaux de déserteurs qui ne veulent pas partir pour le Vietnam, au look de hippies). On a même droit dans un café pour étudiants à une Joan Baez du pauvre. Une véritable paranoïa existe dans ce réseau de fuyards, filière restituée de façon crédible. Mark s’y intègre sans peine avec sa coiffure afro qui est de plus en plus affichée au fil des saisons. Le personnage de Mark évolue, tandis que ceux d’Eve et Ed stagnent au rang de simples comparses de Dacier comme en 1967. Le tournage en studios, avec une intrigue solide et beaucoup de scènes nécessitant des intérieurs, n’est pas cette-fois gênant. A partir de la 30e minute, on comprend que l’homme de fer a gagné la partie. Pourtant, on ne s’ennuie pas. La dernière partie, avec un retournement de situation en faveur de Johnny, change la donne. Sheen joue nettement mieux que le reste du casting, est-ce l’influence de la suite de sa carrière qui nous saute aux yeux ? Mais son talent et sa maîtrise de jeu sont évidents. L’épisode aurait mérité quatre étoiles sans la fin bâclée et un peu mielleuse, Dacier se rangeant au mépris de toute vraisemblance du côté des déserteurs (et donc contre la guerre du Vietnam). L’épisode fut diffusé le 24 septembre 1970, signe d’une opinion américaine en train de changer d’avis sur la question ? Le problème est que Raymond Burr agit avec les pacifistes comme avec les jeunes délinquants repentants, affichant un paternalisme (et un angélisme) assez déconcertants. Même si l’épisode fut peu et tardivement diffusé en France, on peut considérer que ce genre d’épilogue improbable a bien mal vieilli. Les admirateurs de Martin Sheen seront aussi frustrés par la fin, alors qu’il dominait, de très loin, toute la distribution. « Interdit aux amateurs » reste quand même une réussite car adaptée au tournage en studios. Eve et Ed sont relégués au rang de figurants, et l’on comprend que Barbara Anderson outre un litige sur son salaire n’ait pas eu envie de s’éterniser dans la série.
3. HALLUCINATIONS Histoire de Carol et Sy Salkowitz. Adaptation : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Mark conduit Dacier dans un chalet en haute montagne chez un vieil ami, Harry Peters, qui ne semble pas dans son état normal. L’homme de fer est seul isolé du monde avec un drogué. Episode doublé tardivement, avec de nouvelles voix françaises qui déconcertent le téléspectateur. Roger Rudel, voix de Ross Martin dans « Les mystères de l’ouest » double Joseph Campanella. Les voix de Burr et Mitchell ne leur vont pas du tout. L’opus rappelle parfois un peu, en beaucoup moins bien, le sixième numéro de la saison 2, « Rencontre désespérée ». Mais dans ce huis clos, tous les codes de la série sont joyeusement transgressés et envoyés loin de ce que nous voyons habituellement. Dacier sert de « nounou » à un ancien copain drogué à l’héroïne. On comprend vite que l’entreprise est vouée au désastre total. Le téléspectateur, à aucun moment, n’a l’impression de regarder « L’homme de fer ». Une tempête de neige coince le toxicomane Harry, en manque, avec Dacier. Très bavard, l’épisode nous montre les limites évidentes de Raymond Burr, et même l’excellent Joseph Campanella est mauvais. A l’impossible, nul n’est tenu, on lui fait jouer ici un personnage artificiel et pas crédible une seconde. On se doute qu’il n’était pas question de montrer un spectacle aussi scabreux lors de l’ère ORTF (Après tout, l’épisode aurait pu être inclus dans les vingt six opus diffusés à partir de juin 71 et janvier 73). D’une violence psychologique intense, mais fondée sur un script ressemblant à un édifice construit sur du sable, « Hallucinations » nous montre à nouveau (après « Rencontre désespérée ») Dacier capable de remonter sur son fauteuil après s’être déplacé en rampant. Au bout de trente minutes, le téléspectateur s’est soit endormi, soit a zappé sur une autre chaîne. Le couple Salkowitz croyant innover a bâti un épisode qui n’a rien à voir avec la série. Les scènes avec Mark/Don Mitchell, qui est resté attendre le chef Dacier, dans une station de sports d’hiver en bas de la montagne, nous permettent de faire une pause. En effet, la confrontation Burr-Campanella est pénible. On a parfois l’impression de voir un documentaire contre les méfaits de la drogue. Pour une fois, la production tourne en décors naturels, dont elle use et abuse, un paysage de montagne enneigée. L’entreprise était perdue d’avance. On ne peut pas dire que c’est mauvais, c’est hors sujet. Don Weis essaie de distiller un peu de suspense en nous montrant Mark côtoyant le pourvoyeur de poudre blanche d’Harry Peters. L’homme, un certain Mickey Blain, interprété par Llyod Battista, est un lâche, un pleutre qui ne constitue aucun danger. Il tente de fuir et se laisse arrêter. Pour être franc, le comédien n’a pas grand-chose à jouer, son personnage de dealer étant totalement inconsistant. 48 minutes de leçon de morale : « La drogue, ce n’est pas bien ». La dernière scène nous montre Burr jouer les nounous et plus les inspecteurs de police, ce qui est quand même un peu gênant.
4. HUIT ANS APRÈS Histoire de Liam O’Brien et Mark Rodgers. Adaptation : Liam O’Brien. Réalisation : Abner Biberman. Le juge McIntire, qui enseigne le droit à Mark, a été victime d’une tentative de meurtre et demande à Dacier de trouver le coupable. Il est question ici d’un procès datant de huit ans jamais évoqué dans la série, l’affaire John Parkman. On reconnaît avec peine une Tyne Daly juvénile en étudiante, Joanna Leigh. Parmi les étudiants, Drescher (Alan Hale Jr.), un témoin à charge contre Parkman, lequel a été exécuté pour meurtre avec préméditation. L’ambiance tourne vite au whodunit à la Agatha Christie. L’un des étudiants, le plombier Anderson (George Murdock) a une attitude bizarre et hystérique. Juré persuadé de l’innocence de Parkman, il semble assez dérangé. Deux étudiants d’âge mûr sont donc mêlés à l’affaire. Parmi les suspects possibles, l’épouse du juge, Evelyn (Mala Powers), la jeune étudiante Joanna venue semble-t-il de nulle part et affichant une arrogance perpétuelle. Le téléspectateur dispose de toute une palette d’assassins possibles. La première demi-heure est passionnante. Il s’agit d’une reconstitution du procès plus vraie que nature où les interlocuteurs, qui rejouent les rôles de protagonistes, se prennent au sérieux, se mettent en colère. La tension est palpable. Joanna Leigh s’avère être la fille de Parkman. La confrontation des Daly père et fille vaut la peine d’être vue, même si de toute évidence, Tyne n’est pas à la hauteur de ce que le réalisateur lui demande. James Daly éclipse un peu toute l’équipe de l’homme de fer. Mal équilibré, le script dans sa seconde partie est moins percutant. L’attention du spectateur fléchit. Dans cette affaire, Dacier était impliqué comme policier et a omis de faire un examen, ce qu’il considère comme une négligence. A la 42e minute, le téléspectateur est mis dans la confidence et voit l’auteur des tentatives de meurtre. Après la réflexion, l’action. Mais on nous abreuve de trop de péripéties, de retournements de situations, en 48 minutes. La fin moralisante est un peu pesante. Après un bon début, l’opus rate sa cible. A force d’accumuler les invraisemblances du scénario, le spectateur décroche. Lors de sa première diffusion US, le 8 octobre 1970, l’épisode a dû avoir beaucoup de succès, mais aujourd’hui, ce type d’intrigues aux ficelles épaisses donne un coup de vieux à la série. Parti pour obtenir quatre étoiles, « Huit ans après » n’en récolte finalement que deux. Ce n’est pas un désastre, mais on passe à côté d’un grand moment avec une seconde partie ratée. Quant aux français, ils seront agacés de constater que seul Don Galloway garde sa voix doublée, peut-être une incitation – car c’est assez agaçant – à regarder la série en VO.
5. L'HOMME PRESSÉ Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Noel Seymour a des hallucinations. Il voit des grilles devant la société où il travaille ainsi que devant les fenêtres de sa villa. Il finit par s’enivrer et être arrêté pour tapage sur la voie publique. Puis s’enfuir. Episode inhabituel, c’est vraiment le moins que l’on puisse dire. La quasi-totalité est consacrée à Noel Seymour (Richard Basehart). Aujourd’hui, on dirait de cet homme d’affaires qu’il est victime d’un burn-out. Il décide de subventionner un jeune musicien, Richie (Tim Considine), qui a besoin de 1500 dollars et se laisse prendre dans les filets d’une jeune femme qui pourrait être sa fille, Judy Blue (Jill Banner), sans avoir d’aventure avec elle alors qu’elle ne serait pas contre. Très vite, Seymour se fait escroquer par les musiciens qui sont en fait une bande de filous. Beaucoup de hippies dans cet épisode. Il n’y a pas vraiment d’enquête policière ni d’énigme, et tout cela ne relève pas des compétences de Robert Dacier, Seymour ayant plutôt besoin d’un psychiatre. Le scénariste semble avoir laissé libre cours à son imagination en oubliant complètement qu’il écrivait pour « L’homme de fer ». Richard Basehart fait un beau numéro de comédien, préfigurant Michael Douglas dans « Chute libre » en 1993, film auquel cet opus fait beaucoup penser. Mais ici, le drame est évité. On se demande si Robert Dacier, qui ici joue les conseillers matrimoniaux et les psys n’est pas tombé sur la tête. D’inspecteur de police consultant, il semble avoir changé de vocation, et ce pour un homme qu’il connaît à peine, l’ayant croisé lors d’une soirée. Le scénariste est en roue libre, mais le résultat n’est pas la catastrophe que l’on aurait pu craindre. Une bonne partie du temps, l’équipe de l’homme de fer est absente, on assiste à la déchéance (provisoire) de cet homme d’affaires qui donne sa démission à son patron, s’adonne à la boisson, décide d’arrêter de penser toujours aux autres (sa sœur divorcée qui avec trois enfants ne travaille pas et qu’il entretient, sa mère, sa femme qui ne pense qu’à faire ses parties de bridge) pour, en proie à une crise d’adolescence, déambuler dans San Francisco pas rasé, 5000 dollars en poche, puis croiser des hippies dans un parc, et le tout à l’avenant. J’ai passé un bon moment grâce à un Richard Basehart au sommet de son talent, sauvant du naufrage un épisode tout de même étrange dans une série policière. Je ne mets cependant que deux étoiles car il y a ici tromperie sur la marchandise, ce n’est pas un véritable épisode de « L’homme de fer » mais une sorte de délire visuel. L’opus rappelle parfois « Le grand voyage » dans la saison 1 de « Hawaii Police d’état » lors des scènes de drogue. L’exploit de Basehart est de nous faire croire à ce personnage en dérive. Mais le téléspectateur lambda, qui attend une enquête de Robert Dacier, s’ennuie au bout de cinq minutes et éteint son téléviseur au bout de quinze, d’autant plus que la virée dans San Francisco est agencée de façon assez catastrophique, avec des scènes filmées en arrière-plan quand Noel prend un taxi, les boîtes de nuit ressemblant à des décors en carton pâte. Tout est réalisé en studios alors que notre homme est censé tomber dans les bas fonds de la grande ville. Sans doute l’épisode où l’on voit le moins, montre en main, l’équipe de Robert Dacier.
6. SOLITAIRE Scénario : Donn Mullally. Réalisation : Richard Benedict. Jason Banning s’accuse du meurtre de sa secrétaire Kathy. Elle était sa maîtresse, pour laquelle il avait quitté sa femme, mais se rappelle du meurtre comme l’ayant vu lors d’un cauchemar. Enfin un bon épisode ! Le scénario de cet épisode rappelle beaucoup un « Mannix » : « La nuit hors du temps ». L’homme de fer a été diffusé le 22 octobre 1970, et Mannix : « Night out of time » le 7 décembre 1968. Jason Banning se croit coupable. Mais Dacier doute de son récit. La victime, Kathy Dana, monnayait ses charmes. Nous disposons d’une bonne intrigue policière, avec une énigme solide, ce que « L’homme de fer » peut nous offrir de mieux. Pour une fois, le tournage en studios n’est pas un obstacle à notre plaisir. Banning n’est pas un inconnu pour Dacier, car il administre les fonds de retraite de la police. L’enquête est menée conjointement par l’homme de fer comme consultant et le lieutenant Carl Reese (Johnny Seven) dont c’est la première des vingt-sept collaborations jusqu’à la saison 8 en 1975. Seven a aussi joué trois autres rôles différents dans les premières saisons. A mi-chemin, le script s’écarte complètement de celui de « Mannix » et il faut reconnaître que l’intrigue est particulièrement astucieuse. On regrettera que le grand et baraqué Denny Miller ait été choisi pour incarner un peintre délicat et amoureux, une erreur de casting évidente, car ce n’est pas du tout dans son registre. Eve et Ed disposent de plus de temps que d’ordinaire pour enquêter, mais malheureusement, Don Galloway ne se départir jamais du monolithisme de son jeu en sergent Brown. L’épisode comporte de bons mots comme Dacier s’indignant que sa subordonnée Eve lui parle familièrement : « Depuis combien de temps mademoiselle Whitfield commence-t-on un rapport par « je vous le donne en mille ? ». L’homme de fer fait aussi des entorses à la vérité pour minimiser les actes d’un homme amoureux, mais lorsqu’il s’agit d’une tentative de meurtre, on peut se poser des questions sur les droits que s’arroge le héros en fauteuil roulant, enquêteur, juge et partie. Le personnage de Mark Sanger est mis en retrait dans l’épisode. Carl Betz en Banning fait un sacré numéro d’acteur, car il va en quarante huit minutes, et nous n’en dirons pas plus pour ne dévoiler le spoiler, changer trois fois de personnalité tout en restant toujours dans une tonalité crédible. Il fallait beaucoup de talent pour cela, et un autre comédien aurait pu s’y casser les dents. Banning est le levier de cette intrigue, et le téléspectateur passe son temps à se demander pourquoi un innocent tient tant à se déclarer coupable, jusqu’à convoquer un journaliste dans sa cellule pour faire des aveux. On peut considérer l’épisode comme une partie d’échecs entre l’homme de fer et Banning. Elle est passionnante du début à la fin. Jusqu’aux dernières images, le téléspectateur est dans le brouillard, ne pouvant déterminer qui est le coupable. Le scénariste Donn Mullally a eu le génie de nous entraîner sur une fausse piste, le fait que la victime vive de ses charmes : nous n’en dirons pas plus. On aimerait que tous les épisodes de la série soient de cette teneur.
7-8. ECHEC ET MEURTRE Scénario : Sandy Stern. Réalisation : David Lowell Rich. L’homme de fer arrive à Montréal pour un congrès de criminologie. Il y a vingt ans, il a vécu une folle histoire d’amour avec une certaine Jeanine qui s’est mariée mais est veuve depuis un an. Il la retrouve tandis qu’un quatuor de terroristes pose des bombes pour la libération du Québec. Ce double épisode est un des plus gros ratages de toute la série. Pour la première fois, l’intrigue combine quatre lignes scénaristiques différentes, qui vont se croiser : Une histoire d’amour entre Dacier et une canadienne française, Jeanine (Karin Dor), datant de 1950. La lutte contre un groupe terroriste dont le fils de Jeanine, Robert, appelé ainsi en mémoire de Dacier, est membre. Un groupe de voleurs de jeux d’échecs de grande valeur qui n’hésitent pas à tuer en tentant de faire croire à des actes du groupe séparatiste. Les mésaventures d’une vieille dame excentrique, Ernestine Mugford (Hermione Gingold), romancière, qui se prend pour un personnage d’Agatha Christie et empiète sur les plates bandes de la police. Le tout, parsemé de stock shot de Montréal, étant filmé au rabais en studios à Universal, où l’on reconnaît même des « rues » de San Francisco, figurant dans des plans utilisés dans les premières saisons. Le résultat est indigeste. Tout d’abord, pas une seconde, on ne croit à l’histoire d’amour de Jeanine et Dacier. Notons que Jeanine en vingt ans n’a pas pris une ride, et pour cause, en 1950, l’actrice qui l’incarne, Karin Dor, avait douze ans ! Pour mémoire, Raymond Burr était né en 1917. Cet épisode ressemble à un cadeau dont l’emballage serait énorme, mais qui à l’ouverture ne révélerait une verroterie. Les effets sont téléphonés, les situations vues mille fois ailleurs. Le groupe terroriste, qui comporte un professeur et trois jeunes élèves paumés, est caricatural. A eux quatre, ils espèrent bouter l’anglais hors du Canada. Le script de Sandy Stern est si confus que l’on ne sait plus très vite si les méfaits sont le fruit du groupe ou des voleurs d’un jeu d’échecs précieux. Personne ne s’étonne de voir quatre touristes américains, Dacier, Eve, Ed et Mark, s’arroger le droit de mener l’enquête officielle et arrêter des suspects en pays étranger ! Quand à l’ersatz de Miss Marple, elle devient vite irritante, se prenant au sérieux, mais semble amuser Dacier, sauf lorsqu’elle s’incruste à un dîner en amoureux qu’il mène avec Jeanine. On tombe dans le mélodrame. Jeanine révèle qu’elle était enceinte d’un certain Jacques, qui deviendra son époux, qu’elle n’aimait pas, lors de sa folle passion avec Dacier qui dura trois semaines et demi. Vingt ans après, veuve, elle croit pouvoir tout recommencer, laissant un homme de fer songeur devant une telle perspective. L’époux défunt était un séparatiste québécois, Duvalier, dont le fils, Robert ( !) veut reprendre la cause en tuant des innocents avec des bombes à la façon de l’IRA. Les personnages se multiplient, mais l’intrigue ne s’étoffe jamais. Ed devenant « docker » pour les besoins de la cause, espionnant les poseurs de bombes et les trafiquants de jeu d’échecs volés, rend Don Galloway hautement ridicule. La belle Karin Dor fait ce qu’elle peut, mais à l’impossible nul n’est tenu, et ici l’entreprise était perdue d’avance. A la différence de Vera Miles dans « Qui est vous Barbara ? », elle n’est pas un instant crédible en grand amour de l’homme de fer. Nous sommes donc conviés à assister à un désastre total, à la différence des épisodes double de « Hawaii Police d’état ». Le suspense a un goût de mégot refroidi, et les grosses ficelles du scénario ne passent pas auprès du téléspectateur le plus naïf. Sandy Stern dans l’écriture rivalise de médiocrité avec le malheureux David Lowell Rich qui n’a que des décors de carton pâte à nous offrir, passant d’un hôtel à un aéroport sans que l’on remarque la différence. Le summum du ratage est le mauvais raccord entre les scènes filmées de la fête québécoise (une immense parade à la française) et les gros plans sur les acteurs, tandis que le fils repenti de Jeanine veut désamorcer la bombe. On a de plus la nette impression que les stock shots sont là pour faire durer l’intrigue deux fois 47 minutes, aussi s’attarde t’on sur les chars et les majorettes. Lors de l’arrivée à l’aéroport dans la première partie, une grande limousine vient cueillir les invités, mais défile en second plan un décor filmé dans la pare brise arrière qui fait très « fauché ». Que diable la malheureuse Karin Dor est elle venue faire dans cette galère ? Sans doute des impôts à payer, car si l’on compare sa prestation dans « L’homme de fer » avec « On ne vit que deux fois » et « L’étau », on a pitié pour elle. Lorsque Raymond Burr tente de nous faire croire à cette idylle du passé, il joue terriblement faux. Il semble même s’ennuyer. Aucune allusion n’est faite à son handicap entre 1950 et 1970 que Jeanine n’évoque pas. Les flash-back d’ailleurs ne nous montre jamais Burr et seulement Karin Dor, tant l’histoire d’amour d’il y a vingt ans est improbable. Barbara Anderson en rajoute dans le mauvais goût en changeant de tenue et de coiffure à chaque séquence. Eve semble en pleine représentation de mode, comme si le personnage se moquait de l’enquête. Don Galloway, avec des lunettes et en habits de docker, est fier de gagner, comme touriste, 400 dollars par jour, mais il est censé donner le change aux trafiquants de jeu d’échecs en portant simplement des lunettes, pour ressembler à Arnold Berckman (William Lanteau), plus âgé que lui. Le scénariste a misé sur le fait que les trafiquants étaient myopes et n’allaient pas le reconnaître. La scène m’a fait penser au ridicule moment du James Bond « Au service secret de Sa Majesté », où après une confrontation dans l’épisode précédent (Sean Connery/Donald Pleasence), Blofeld/Telly Savalas est censé ne pas reconnaître James Bond/George Lazenby juste parce qu’il porte des lunettes. Le gâchis est tel que l’on comprend que la France n’ait pas acheté l’épisode en son temps. L’image que donne la série « L’homme de fer » est ici pathétique : tournage au rabais, intrigue qui ressemble presque à une enquête policière au sein de « La croisière s’amuse ». Hermione Gingold en rajoute dans l’insupportable, semblant fière d’incarner cette Miss Marple de pacotille. Mal écrit, mal réalisé, mal interprété, « Echec et meurtre » est surtout un des plus gros, sinon le plus gros, échec tout court de la série.
9. OVERDOSE Scénario : Irving Pearlberg. Réalisation : Corey Allen. Barbara, la fille d’un ami de Dacier, Milt Stein, se drogue et a un grave accident de voiture. En moins dramatique, cet épisode évoque le meilleur épisode de la série toutes saisons confondues, « Où est la limite ? » que j’ai évoqué longuement dans la saison 2. Le fléau de la drogue sur les jeunes frappe ici la fille d’un valeureux policier. L’épisode a un côté pédagogique, mais nous émeut jamais comme l’a fait Susan O’Connell dans la saison 2. C’est la première fois que l’on voit Barbara Anderson se mettre en colère. Cela nous permet de constater les limites de son jeu de comédienne. La grande faiblesse de l’épisode est la fade interprète de Barbara, Kathleen Lloyd, qui ne convainc jamais dans son personnage. Elle ne s’investit pas et nous offre le minimum syndical, là où Susan O’Connell, dans un rôle similaire, nous remuait les tripes. La déontologie policière est abordée avec le fait que Milt Stein, le père, pour confondre le dealer, cache de la drogue chez lui. Dacier réprouve ce genre de méthodes, et déclare que c’est le chemin ouvert vers les milices. Politiquement correct avant l’heure, Robert Dacier semble protéger les délinquants si on compare son attitude avec celle du père de Barbara. Raymond Burr n’est pas très à l’aise dans le rôle. Il nous fait regretter un Karl Malden, un Telly Savalas ou un Jack Lord à sa place. Au contraire, alors que Stein lui a sauvé la vie jadis, il veut le faire chasser de la police. Sans tomber dans la justice expéditive de Dirty Harry, on aurait pu attendre un peu plus de fermeté chez un inspecteur qui a de la bouteille. Forrest Tucker est très bon dans son personnage, mais sa partenaire Kathleen Llyod ne lui renvoie pas la balle. Lors d’une scène d’hystérie contre Dacier vers la fin, l’actrice fait un peu illusion. La conclusion est consternante et marque la première défaite de la police, une immense surprise dans la série. Voir le méchant gagner et être libéré, et le policier sanctionné plonge le téléspectateur dans un profond malaise. Arrivant à la fin, on a l’impression d’être dans un mauvais rêve, qu’il va se passer un coup de théâtre, mais non. L’épilogue est d’ailleurs complètement bâclé. Il y a habituellement une petite scène de débriefing (même dans « Où est la limite ? » après l’emprisonnement du personnage de Kim Channing, la nièce d’Eve). Il n’y en a pas ici. L’opus se termine comme si sur l’écran allait s’inscrire « to be continued », mais non, il faut se résoudre à cette incohérente victoire du crime. Première défaite de Dacier, mais pas crédible pour un sou. Le cahier des charges de la série vole en éclats. On se croirait dans les années 2000 dans « Cold Case », lorsque le tueur George Marks de l’épisode 9 de la saison 2, « Chasseur de têtes », incarné par John Billingsley, s’en tire (provisoirement) à la stupeur de l’équipe. Ici, l’abominable narcotrafiquant Marty Beale (Jonathan Steele, un inconnu qui n’a quasiment fait que cet épisode) s’en sort la tête haute et le policier plonge. On regrette presque que Dirty Harry ne soit pas dans les parages pour lui régler son compte tellement cette fin est révoltante. Une aberration.
10. TRAHISON Histoire de Brad Radnitz. Adaptation : Brad Ratnitz et Sy Salkowitz. Réalisation : Don McDougall. Un membre important de la police serait acheté par le syndicat et compromis dans un trafic de drogue à grande échelle. Les soupçons se portent sur ... Robert Dacier! Episode dont on aurait espéré qu’il soit la suite du précédent, puisqu’il s’agit de drogue encore (d’héroïne et non plus de Marijuana). Mais ce n’est pas le cas. Plus que de drogue, il est question de corruption de la police, comme dans « Hawaii Police d’état » : « Massacre sur commande », premier épisode de la saison 5 avec le climat de paranoïa entre deux services de police et le fameux traître Lahani joué par George Chakiris. L’épisode d’Hawaii date du 12 septembre 1972, et celui de « L’homme de fer » du 19 novembre 1970, on ne peut donc accuser les scénaristes de « Ironside » de plagiat. C’est dans les deux cas la même construction scénaristique. C’est Robert Dacier qui se retrouve ici dans la tourmente, accusé d’être un ripoux. Un drogué et un petit trafiquant le mettent en péril. Bien entendu, seule l’équipe de l’homme de fer ne doute pas de lui. On a du mal à se passionner pour cette intrigue, assez tirée par les cheveux, et loin d’atteindre la réussite deux ans plus tard de Mc Garrett. Tout d’abord, Raymond Burr ne semble pas concerné par les accusations qui pèsent sur son personnage. Dacier se retrouve suspendu, sans s’en émouvoir plus que cela. Dennis Randall/Gene Lyons, chef de Dacier qui n’est que consultant, n’a pas l’air plus étonné que le héros. On atteint le sommet du ridicule lorsque le sergent Ed Brown vient perquisitionner son chef tandis qu’Eve proteste. Ed trouve des preuves contre Dacier ! Pourtant on n’y croit pas, quoiqu’avec la conclusion de l’opus précédent, on peut s’attendre à tout désormais. L’homme de fer acheté par le syndicat, compromis avec des titres fonciers et de la drogue cachés chez lui. Lorsque Dacier veut corrompre Ed, on réalise qu’il s’agit d’une manipulation du téléspectateur (et de l’équipe de l’homme de fer). A la 38e minute, Dacier est incarcéré. Mc Garrett se faisait arrêter volontairement dans « Les voies de l’amour », mais le téléspectateur était dans la confidence. Ici, nous sommes dans le brouillard. Deux minutes plus tard, Dacier manipule l’un des hommes qui l’a fait mettre sous les verrous. Le vrai coupable se fait avoir comme un enfant de chœur. Dacier avait manigancé tout depuis le début, créant les fausses preuves qu’Ed a trouvé à son domicile. Cet opus nous fait mesurer la faiblesse de la série, puisqu’on peut ici la comparer directement avec une série quasi contemporaine, « Hawaii Police d’état ». « Massacre sur commande » était une réussite, et « Trahison » un épisode anecdotique sans aucune vraisemblance. La fin faussement comique avec les talents de peintre amateur de Dacier saccagés par une étourderie d’Eve et de Mark nous fait croire que l’on est en train de regarder « Les Cordier, juge et flic » ! On sauvera quelques scènes avec Gerald S. O’Loughlin qui compose un brillant lieutenant Burwell. Bien entendu, je ne révèlerai pas le spoiler que constitue le nom du véritable traître (son arrestation trop facile est une véritable déception), mais l’ensemble est très convenu, faussement innovateur. Dacier ne sera pas resté longtemps en prison, et l’on aurait aimé davantage d’audace dans le script.
11. RETOUR DE MANIVELLE Scénario : Frank Telford. Réalisation : John Florea. En cours de droit, Mark étudie une véritable affaire criminelle qui s’est déroulée il y a quatre ans, quand Dacier venait d’être blessé et était à l’hôpital. Mais en rouvrant le dossier, il met dans l’embarras Ed Brown qui se retrouve accusé de persécution policière et de mensonge. Le statut d’étudiant en droit de Mark devient de plus en plus important au fur et à mesure que l’on avance dans la série. Mark et Ed se trouvent pris dans la tourmente, mais se réconcilient vite. L’intrigue, verbeuse, devient vite ennuyeuse. Des stock shot d’un incendie qui menace San Francisco sont mal raccordés aux images de studio. Gerry Foster, en semi-liberté, travaille avec les pompiers et s’évade facilement. James Wainwright incarne Foster sans grande conviction. Il fait très « beau gosse » et pour quelqu’un qui est emprisonné (injustement ?) depuis quatre ans, il joue trop sobrement. Johnny Seven en lieutenant Carl Reese revient et est nettement plus crédible et intéressant que le commissaire Randall. Reese nous devient familier et complète l’équipe de l’homme de fer. Le thème de l’innocent accusé à tort est rebattu, et n’impressionne plus personne aujourd’hui. Au bout de trente minutes, le téléspectateur est tenté par une certaine somnolence. Il y a quelque chose d’artificiel dans la construction du script, trop d’invraisemblances, de coïncidences, et on veut nous faire croire qu’un étudiant en droit (Mark en l’occurrence) peut remettre en question l’autorité de la chose jugée. Un deuxième coupable est trop facilement trouvé. Les scènes de flash back sont intercalées avec 1970. Le nouveau p meurtrier est un certain Garvie Durko (Robert F. Lyons). Dans un de ces flash back, on voit Garvie et sa petite amie sur une plage, scène grotesque faite en studio devant un écran. Cela saute tellement aux yeux que l’on se demande comment le téléspectateur de 1970 pouvait admettre cela vu la qualité d’autres productions de l’époque. Mark n’a pas le pouvoir de mener cette enquête, n’étant qu’étudiant et adjoint d’un consultant de la police, mais personne ne s’en émeut. La fin mélodramatique, moralisante et larmoyante, achève de dater l’épisode. Un coup de théâtre survient à la 42e minute alors qu’un nouveau coupable est sorti d’un chapeau, mais que Gerry Foster détient Eve en otage. Tout cela atteint péniblement deux étoiles. L’utilisation du flou artistique dans la dernière scène n’est pas une réussite. Raymond Burr joue mal, et s’il faisait illusion à l’époque, il donne un terrible coup de vieux à la série. Toute la galerie des rôles secondaires (à part l’excellent Vaughn Taylor) semble fade. Il faut dire qu’elle n’est guère aidée par le scénario. J’ai noté que le titre original, retour de flamme, convenait à la fois à l’incendie et à l’affaire criminelle. Ce que le titre VF occulte.
12. IMPOSITION DES MAINS Scénario : Tom Seller. Réalisation : Don McDougall L’épouse handicapée d’un ami de Dacier est victime d’un charlatan, un gamin de quatorze ans, qui prétend la faire remarcher en faisant l’imposition des mains. Robert Dacier a véritablement une armada d’amis, en 195 épisodes, nous en découvrons toujours un nouveau. Celui du jour est Frank Wickham, mari d’une femme qui a passé sa convalescence avec Dacier. Pablo Esteban (David Barton) serait doté de pouvoirs extraordinaires. Le tout sur fond d’église et de religion. Cet épisode typiquement américain sur ce sujet laisse un peu froid le spectateur français. C’est le genre d’intrigues que l’ORTF écartait systématiquement (on peut penser aussi à certains « Mannix » ou à l’épisode des « Envahisseurs : le prophète »). Un miracle se produit sous les yeux ébahis de Dacier à la 14e minute : l’épouse de Wickham, Jeannie (Phyllis Love) remarche. Je ne savais pas que Jésus Christ avait été guest star dans « L’homme de fer ». Ed Brown, sceptique, consulte son médecin et pense que Jeannie (il est prononcé « Janice » en français) n’était pas aussi paralysée que l’on pouvait le croire. Plus que le jeune mexicain Pablo, ce sont deux escrocs qui gravitent autour de l’enfant prodige qui intéressent la police, Carter (Alan Hewitt) et Wade (Paul Fix). A la 33e minute, le jeune homme comprend qu’il a été dupé, Carter et Wade payant des simulateurs à chaque séance de guérison. Cet épisode n’est pas du tout déplaisant, et se suit avec intérêt. Son thème est intemporel. Mais à partir de la fugue de Pablo, dans la dernière partie, le rythme faiblit. On est plus dans le registre social que policier. Le jeune David Barton, à la carrière éphémère (9 rôles) est convaincant en Pablo. Mais la fin est une fois de plus mélodramatique et moralisatrice. Cet aspect mièvre nuit à la crédibilité de Dacier, une fois de plus davantage assistant social que policier. Ed : « Chef, qui sait, les miracles ça existe peut-être ». Dacier : « Pour ceux qui veulent bien y croire ». Ed : « Et pour les autres ? » Dacier : « Il faut espérer qu’un jour ils croiront ».
13. SOUVENIRS PERDUS Histoire de Stephen Cannell. Adaptation : Stephen Cannell et Sy Salkowitz. Réalisation : James Neilson. Dacier accepte, à la demande du commissaire Randall, de participer à une expérience pour la Maison Blanche. Mais des mafieux veulent lui arracher le nom d’un « donneur ». Episode à l’intrigue bancale : Dacier doit subir des tests psychologiques, faisant partie d’une liste de quatre candidats pour une expérience à la maison blanche. Pendant ce temps, des truands du syndicat veulent faire parler l’homme de fer pour retrouver un homme qui les a trahis. On n’adhère pas à l’histoire dès le début, tant tout est tiré par les cheveux. Bradford Dillman joue complètement faux, alors que c’est un excellent comédien habituellement. Il est un médecin, le docteur Danner, dont la femme et les filles sont kidnappées par la mafia. Dillman fait preuve d’une froideur et d’une absence d’émotion qui nous laisseraient presque penser qu’il se moque comme l’as de pique du sort de sa famille. Robert Dacier veut jouer les psychologues et inverser les rôles, mais Raymond Burr ne nous fait pas croire une seconde à son personnage dans cette situation, comme un comédien qui sur scène étoufferait un fou rire. On se demande bien aussi comment le syndicat du crime a pu infiltrer un centre ultra-secret d’expériences du gouvernement, piratant les circuits de télévision et surveillant Danner et Dacier. Pourquoi aller régler leurs comptes dans un endroit aussi risqué ? Le test du début est téléphoné. Et le reste ne vaut pas mieux. En représentant de la mafia, George Grizzard est celui qui tire le mieux son épingle du jeu, en fait le seul vu que Dillman passe complètement à côté de son rôle. Il faut un sacré talent avec un scénario aussi plombé pour jouer juste, Grizzard s’en tire avec les honneurs dans le rôle de Larry Saunders. Eve et Mark manquent cruellement, car Ed, joué par Don Galloway au faible charisme, associé à un Raymond Burr limité, constituent une distribution faible. On regrette de ne pas voir davantage la réceptionniste infirmière du début, Mary (Ann Whitfield) qui rappelle un peu Patricia English en Dr James dans « Chapeau melon » : « Interférences ». Stephen Cannell (pas crédité de son « J ») a écrit un scénario qui ne permet pas aux comédiens de le défendre. James Neilson tente de distiller du suspense au sujet du sort des otages, mais en vain. A la 34e minute, on se lasse complètement, l’intrigue tournant en rond. L’ennui s’installe alors, Dillman semblant quant à lui se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. Le spectateur devine facilement la fin. L’ambiance nocturne de cette partie dénote une photographie médiocre. Une fois de plus, tout est sacrifié avec le tournage en studios. L’histoire, qui consiste à trouver la faille, la peur, la phobie d’abord chez Dacier pour qu’il livre l’homme recherché, puis chez Saunders sommé de dire où se trouvent les otages, évoque « Les marchands de peur » des « Avengers ». Mais dans le cas présent, la mayonnaise ne prend pas. Ne parlons pas de l’épilogue abracadabrante où les hommes du syndicat attendent gentiment qu’on vienne les cueillir. Un gros ratage.
14. SILENCE DE MORT Scénario : Robert Pirosh. Réalisation : Don McDougall. Une panne générale d’électricité survient à San Francisco. Elle a été provoquée par des gangsters avec des explosifs. Au quartier général de la police où des microfilms les intéressent, quelqu’un les informe et Dacier doit trouver son identité. Mais ceci cache un autre complot. Les ambiances nocturnes ne réussissent pas à la série, en raison de prises de vue à l’économie. L’image laisse vraiment à désirer. Bien entendu, le téléspectateur n’est pas étonné des cambriolages et autres vols commis à la faveur de la panne. Eve au tout début annonce qu’elle a rencontré un garçon et que c’est sérieux, rejoignant presque la réalité de Barbara Anderson qui s’est mariée le 15 juin 1971 avec l’acteur Don Burnett. Le dernier épisode de la saison 4 fut diffusé deux mois auparavant, le 15 avril. D’après le livre « Les grandes séries américaines des origines à 1970 » (8e art), « Silence de mort » serait son dernier tournage pour la série. Elle ne fait ici qu’une apparition éclair mais on la verra encore dans des épisodes ultérieurs. On s’ennuie très vite, Raymond Burr cabotine, Don Galloway fait des rondes « de nuit » pour traquer les voleurs, Don Mitchell est toujours là fidèle au chef, tandis que Barbara Anderson brille par son absence. C’est un épisode très bavard. De faux policiers prêtent la main à des cambrioleurs qui s’affairent à un gros coup. Les pistes se multiplient, mais l’état de crise au commissariat devient l’objet d’une overdose d’informations diverses que le spectateur peine à retenir. Eve est de retour dans les dernières minutes (l’actrice mérite-t-elle d’être payée pour un épisode complet ?), annonçant qu’elle ne s’est pas entendue avec l’homme de son rendez-vous. Dacier est content d’avoir démasqué le ripoux, mais le téléspectateur a l’impression qu’il a subi une panne d’inspiration et non vu l’intrigue une panne générale d’électricité. Toute cette mise en scène pour voler des papiers, qui devaient servir à faire de faux titres. L’inquiétant Sandy Kenyon (« Les envahisseurs : La soucoupe volante ») incarne avec maladresse Kinney, que le spectateur le moins attentif soupçonne dès le début, ce qui nuit au suspense. En voyant des épisodes aussi faibles, on se demande comment la série a pu durer huit saisons, alors que par exemple en 1972-73, elle était diffusée à la même heure que « L’homme de Vienne » avec Robert Conrad. Les scènes extérieures nocturnes nous laissent de marbre, et pour le huis clos dans le commissariat, si l’on compare avec un autre épisode de ce genre, « Une heure à tuer » (03-21), la baisse de qualité est vertigineuse. La panne d’électricité était une bonne idée de départ, mais elle est vraiment mal exploitée. Il ne se passe quasiment rien sinon une multiplication de discours de Robert Dacier dans le commissariat, sans jamais que le suspense ou une quelconque tension puissent s’installer. On aurait aimé une intrigue comme la fera en 1976 John Carpenter pour « Assaut » ou encore un des meilleurs épisodes de « Mannix » : « Par delà la mort » qui se déroule également durant une nuit, dans un endroit isolé où les protagonistes sont cernés par des policiers corrompus, avec un suspense autrement plus convaincant. C’est ce qui manque ici, de façon flagrante, on devrait trembler, et l’on s’ennuie.
15. EN QUINCONCE Scénario : Max Hodge. Réalisation : Don Weis. Une amie d’Eve, Jane Gaylord, membre d’un trio de chanteurs folk psychédélique, a disparu. En menant l’enquête, Eve est courtisée ardemment par le leader du groupe, Luke Roberts, tombé amoureux d’elle. Enfin un bon scénario, innovant. Cela donne un coup de fouet à la série. Barbara Anderson y tient la vedette autant que dans « En service commandé ». Bien qu’elle n’ait que changé de coiffure, elle, enfin son personnage, est courtisée de toutes parts. Même un homme qui lui donne un simple renseignement, et qui pourrait être son père, tente de lui donner un rendez-vous. David Carradine incarne ici avec justesse, et sans tomber jamais dans la caricature des rock stars, Luke Roberts, qui tombe amoureux d’Eve, une fille différente de ses conquêtes habituelles, et qui en retour ne lui montrera que de l’indifférence. L’amitié entre Eve, qui vient de la haute société, et Jane (Carla Borelli, qui arrive trop tard dans l’épisode pour réussir une prestation éblouissante comme dans « Mannix » et « Opération vol »), aurait pu paraître factice, mais reste plausible. On est surpris ici par la justesse de ton de l’ensemble de la distribution, il est vrai portée par un scénario sans failles de Max Hodge. Le gimmick de l’épisode est la façon dont le public du trio applaudit, en claquant des doigts et non des mains pour ne pas tomber, je cite, « dans l’idolâtrie ». David Carradine, deux ans avant « Kung Fu », est excellent en idole « sexe, drogue et rock and roll », même si son personnage de Don Juan en fait un peu trop avec le personnage d’Eve. Barbara Anderson vole la vedette à ses partenaires, et montre une détermination absente jusqu’ici. L’équipe de Dacier est donc un peu en retrait. Aucun temps mort, mais le réalisateur prend le temps de raconter l’histoire sans nous submerger d’informations ou de rebondissements inutiles. Comme toujours, le tournage en studios se voit, notamment dans la poursuite en voiture finale. Mais les nombreuses scènes de cabaret ou de boutiques hippies nécessitent des tournages en intérieurs. Cela permet à l’opus de rester majeur. L’introduction est d’une rare violence, montrant en flash back le meurtre sauvage d’une jeune femme, Olivia, juxtaposée au concert de deux des membres du trio, Jane ayant disparu. Cette dualité « chanson pacifiste/violence » est magnifiquement présentée par le réalisateur Don Weis, un des habitués et des plus doués de la série. Carradine efface un peu son partenaire Michael Blodgett (1940-2007) en Mathieu, personnage pourtant crucial. Le scénario dose savamment la partie enquête policière et le marivaudage (les tentatives de séduction d’Eve par Luke). Nous ne sommes jamais surpris de voir Robert Dacier dans un cabaret hippy entouré de son équipe et écouter des ersatz de Simon et Garfunkel (Nous n’assistons, en raison de l’absence de Jane, qu’à des duos Luke-Mathieu). Témoin de son époque (la présence des hippies en Californie en 1971), l’épisode pourra surprendre les nouvelles générations. On y voit, mais sans jamais le caricaturer, le décor de ce monde qui disparaîtra au cours de la décennie. C’est Eve et non Dacier qui mène l’enquête au premier plan, n’hésitant pas à s’exposer au danger. Luke est à la fois un ange et un démon, mais dès qu’il est en présence d’Eve, qui qualifie de « poulette et de femme policier », il devient un agneau. Vers le dernier quart de l’épisode, Dacier reprend les rennes de l’enquête et sa place naturelle de leader. L’assassin va donner bien étrangement des indices avec un code secret bien difficile à déchiffrer sur l’endroit où se trouve Jane et ce dans une chanson. Il fallait des as de la police en face, munis d’un magnétophone, pour le décrypter. Cette réussite montre que la série souffre trop souvent de mauvais scénarii. Elle serait un joyau s’il n’y avait que des titres comme celui-là, mais aussi « L’ombre d’un doute », « En service commandé » et « Où est la limite ? ». Pour une fois, la conclusion n’est pas bâclée. Spectaculaire, elle donne son lot de sensations au téléspectateur. Elle est cohérente par rapport à tout ce que l’on a vu auparavant. Nous avons donc une réussite totale.
16. BONS BAISERS DE HRUSKA Scénario : Robert Shapiro. Réalisation : Alf Kjellin. Un échange doit avoir lieu au Mexique entre la veuve d’un réalisateur tchèque arrêtée par le FBI et un savant américain prisonnier à l’est. Dacier comprend que la jeune Hruska veut fuir le régime communiste et rester aux Etats-Unis. Un gang se substitue aux agents tchèques pour récolter une rançon pour la restitution de Hruska. Les intrigues d’espionnage se marient mal d’ordinaire avec l’action policière de « L’homme de fer ». Cet épisode possède un grand atout, la présence (durant tout le métrage en minijupe !) de la belle et regrettée fiancée de Travolta, Diana Hyland, fauchée par le cancer à 41 ans en 1977. Jolie fille, mais excellente actrice, elle a joué dans trois épisodes des « Envahisseurs » (« Vikor » et le double « Conférence au sommet ») mais aussi un excellent opus de la saison 4 du « Fugitif » : « Les anges sataniques », diffusé en France dès 1969 où son personnage avait un destin tragique, membre d’une bande de motards « hell’s angels », elle faisait une chute bousculée par un membre de sa bande et se cassait les reins. C’est à nouveau une absence de happy end qui nous attend après l’épisode 9 « Overdose ». Un tournant dans la série ? On nous a habitués à des fins moralisantes et familiales, ce qui n’est pas le cas ici. Toute la partie qui se déroule au Mexique sent les studios Universal, mais le malaise que l’on éprouve en voyant cet opus aujourd’hui est l’extrême misère des mexicains symbolisée par le petit garçon cireur Emiliano Zapata Hernandez (Lee Joseph Casey, qui fit une carrière éphémère d’enfant acteur). Le gosse est prêt à donner son âme pour avoir quelques dollars de Mark. Il propose pelle mêle d’aller visiter un endroit où Pancho Villa a laissé sa signature dans le marbre, et moult autres services. La misère du Mexique n’émouvait pas le téléspectateur américain de 1971. D’où cette vision de carte postale à laquelle personne ne trouvait à redire. Au début, dans cet épisode qui reflète l’anticommunisme de l’époque, Dacier n’a guère de compassion pour la jeune tchèque. Mais lorsqu’il apprend qu’elle-même ne souhaite pas retourner dans son pays contre lequel elle s’est révoltée, il la prend sous son aile. Malheureusement, la jolie « espionne » tchèque devra se sacrifier à la raison d’état. On note durant les échanges verbaux entre Burr et Diana Hyland que le premier n’est pas un grand comédien, se cantonnant à son interprétation assez fade du personnage, alors que la comédienne dispose d’une palette d’émotions assez large et d’un talent sûr. Diana Hyland n’a pas du tout le physique d’une fille de l’Est, mais le téléspectateur s’en moque. Le destin a été cruel avec elle, car c’était une grande comédienne, disparue alors qu’elle avait encore tant à offrir. On comprend l’immense chagrin de John Travolta, qui brisé par la mort de sa compagne, ne goûta pas le triomphe de « La fièvre du samedi soir ». La guerre froide très présente dans les esprits encore en ce début 1971 évoque le printemps de Prague et sa figure de proue, Alexander Dubcek. La démocratie n’a pas vaincue et les espions tchèques (soviétiques ?) qui « récupèrent » l’infortunée Hruska ont des airs de robots comme on en voit dans le pitoyable « Halloween 3, le sang du sorcier » de Tommy Lee Wallace (1982) ou surtout les envahisseurs à apparence humaine qu’affronte David Vincent. Barbara Anderson est omniprésente à l’écran, ce qui nous surprend car elle est sur le point de quitter la série. Eve Whitfield n’a jamais eu autant de responsabilités que dans cet opus ou le précédent, « En quinconce ». Mais pour NBC et MCA-Universal, le sort de Barbara Anderson est scellé, litige avec les producteurs sur son salaire, toutefois il ne faudrait pas d’avance avoir des préjugés sur sa remplaçante, la merveilleuse Elizabeth Baur, populaire pour son rôle de Teresa O’Brien dans « Le Ranch L » qui n’est strictement pour rien dans le départ de l’interprète d’Eve. Seul Don Galloway, piètre acteur, ne tire pas son épingle du jeu, disposant pourtant de nombreuses scènes en solo, le chef Dacier étant retenu prisonnier avec l’espionne. Don Mitchell et le jeune Lee Joseph Casey ont des réparties brillantes, représentant chacun des minorités (les noirs, les hispaniques), et leur teneur sociale a peut être échappé au téléspectateur de 1971. Alf Kjellin, avec des moyens limités, nous fait croire à ce western dans un Mexique de pacotille, tout en donnant libre cours à l’émotion (les parties jouées par Diana Hyland). Cet épisode méconnu, tardivement diffusé en France avec des voix différentes (Le DVD ne propose pas la VO), mérite tous les lauriers et constitue consécutivement une seconde réussite totale dans cette saison 4.
Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Gordy, un prisonnier libéré sur parole père d’un petit garçon, travaille sur un chantier où des terroristes veulent qu’il récidive en leur procurant de la dynamite pour faire sauter un laboratoire. Devant son refus, ils kidnappent son fils. Après deux épisodes exceptionnels, on revient au niveau habituel de « L’homme de fer » avec un suspense tiède et une inventivité du script limitée. Gordy est un protégé de l’homme de fer et malgré les menaces des ravisseurs, il le prévient. Ce que l’on peut reprocher à cet épisode est son intrigue linéaire au déroulement prévisible, l’homme prévient Dacier, un piège est tendu, l’inspecteur accepte qu’il livre la dynamite pour sauver son fils, puis veut évidemment coincer les malfrats. Earl Holliman est tellement propre sur lui que l’on a du mal à croire que c’est un repris de justice qu’il incarne. Il règne une certaine tension au début sur le chantier avec le chef de Gordy, Franklin, corrompu, qui pensait que le nouvel employé allait accepter l’offre sans sourciller. Dès la quatorzième minute, Gordy avertit l’équipe de Dacier. Il ne doute pas une minute qu’il met en danger la vie de son fils. L’absence d’hésitation, la confiance aveugle en Dacier, nous paraissent assez simplistes et manquer de véracité. Avec la libération de l’enfant, Sonny (Vincent Van Patten) par Ed et Gordy son père, il n’y a plus guère d’enjeux de suspense. Il y a une bombe à trouver, posée par les terroristes kidnappeurs dans une valise. L’abus de scènes nocturnes n’est pas une réussite. Gordy prête main forte à l’équipe et aide à désamorcer la valise trouvée providentiellement dans une conduite d’air conditionné. Dacier et Gordy se retrouvent coincés avec la bombe dans un immeuble. On ne croit pas une seconde, avec le jeu réservé de Raymond Burr et Earl Holliman, que leurs personnages puissent échouer et mourir dans l’explosion de la bombe. Ce sont des situations vues mille fois ailleurs. Comme dans Fort Knox dans le James Bond « Goldfinger », c’est à une minute près que le danger est écarté. Si cela produisait de l’effet lors de la première diffusion américaine de 1971, ce genre de script est téléphoné et le suspense n’opère pas aujourd’hui. Le trio de terroristes Ned Harrison/Mel Jackson/Nina Loring est joué par des acteurs assez fades, sans aucun relief. Darwin Joston qui incarne le chef Ned, avec sa fine moustache et son allure hispanique assez fière, semble s’être trompé de série et sortir de « Zorro » dans le rôle du commandant Monastorio. L’épisode est trop bavard (L’interrogatoire du contremaître Franklin-Joe Mantell est interminable). Tout cela semble conçu pour gagner du temps et atteindre les 47 minutes syndicales. Idem pour la savante préparation de la valise explosive par Ned et Mel. Notons la facilité déconcertante avec laquelle le trio capture deux vigiles. Le scénario n’est pas assez fouillé, et les clichés abondent. Sy Salkowitz ne s’est pas creusé la cervelle avec cette histoire passe partout. Les motifs des terroristes sont à peine esquissés (« ébranler le pouvoir en place »). Cette-fois, Barbara Anderson, Don Mitchell et Don Galloway retrouvent leurs rôles secondaires comme en 1967, sans aucune marge d’initiative. Mais le duo Burr-Holliman ne fait pas des étincelles.
18. DOPAGE Histoire de Robert Pirosh. Adaptation : Robert Pirosh et Max Hodges. Réalisation : Don McDougall. Le commissaire Randall demande à l’homme de fer d’aider Bill O’Brien, qui surveille le dopage dans le milieu des courses hippiques. Dacier découvre que c’est un jockey qui est dopé à son insu, et pousse Eve à renouer avec un ancien amant propriétaire d’une écurie. Du point de vue réalisation, cet épisode est irregardable aujourd’hui, mêlant avec une maladresse inouïe des images d’archives et des scènes tournées en studio. Reste le scénario, où l’on retrouve la signature de l’excellent Max Hodges. On est assez choqué de voir Dacier demander à Eve ce qui frise la prostitution : renouer avec un de ses anciens amants, Scott Bradley (Ron Ely, le Tarzan télévisuel). Aujourd’hui la chose choque profondément. L’épisode nous rappelle qu’Eve vient de la haute société que fréquente Bradley. Joel Grey incarne le jockey drogué à son insu, Mike Yeager, dont la femme tremble à chaque nouvelle course. C’est la très belle Sherry Lansing qui incarne l’épouse. On retrouve le chef de « Mac Gyver », Dana Eclar, en Bill O’Brien, policier chargé de surveiller les courses. En dehors du bémol du tournage en studios ici catastrophique (dans une scène, il est évident que Dacier parle à son interlocuteur depuis les studios Universal, alors que l’autre est dans un haras), cette enquête a le mérite de l’originalité. Ron Ely n’est pas très crédible et semble plus un très beau gosse qu’un acteur. C’est la première fois qu’il est clairement évoqué une ancienne liaison d’Eve, pas si sainte nitouche que les premières saisons voulaient nous le faire croire. Joel Grey en fait parfois un peu trop dans son rôle de jockey piégé et drogué à son insu. Le méchant est à peine évoqué en fin d’épisode, comme si l’on s’en moquait allègrement, il faut dire que l’on a tellement mis en valeur Ron Ely en Scott Bradley – dont le personnage gagne sur tous les plans, prouvant son innocence et refaisant la conquête d’Eve – que l’autre protagoniste est plutôt mis en marge. Cochran (Frank Corsentino) n’est même pas certain d’être arrêté à la fin, tout au plus mentionne-t-on dans l’épilogue, dont le téléspectateur se fiche, sa culpabilité. Il est vrai que les retrouvailles d’Eve avec Bradley, alors qu’elle était très réticente à jouer ce petit jeu, accaparent l’attention. Très présente au début, Sherry Lansing en Marcia Yeager est un peu perdue de vue à la fin. Il s’agit pourtant d’un personnage émouvant, et sa scène avec Raymond Burr est le grand moment d’émotion de l’épisode. Dana Eclar également passe au second plan vers la fin, alors que c’est lui qui a demandé l’enquête, enfin Bill O’Brien. On imagine mal aujourd’hui une chaîne de télévision programmer « L’homme de fer », série plombée par des tournages en studios bien pires que ceux du « Saint » avec Roger Moore. Si l’on fait fi de ces grosses ficelles de mise en scène, c’est un très bon épisode. Le script est solide d’un bout à l’autre et nous confirme le talent de Max Hodges. Barbara Anderson n’a jamais été aussi présente, et le spectateur devait être loin de se douter, devant le développement du personnage d’Eve, qu’elle était sur le départ.
Scénario : Adrian Spies. Réalisation : John Florea. Eve et Ed enquêtent dans un état imaginaire d’Amérique centrale, Santa Cruz, pour sauver un ressortissant américain soupçonné d’un double meurtre. Tout l’épisode est présenté comme un long flash back de 47 minutes. Cet épisode constitue une première dans la série puisque Dacier et Mark en sont quasiment absents, toute l’enquête est donc menée par Eve et Mark, qui forment un couple genre Purdey et Gambit ou Dempsey et Makepeace. En dehors de l’intrigue policière, cet épisode montre les tensions qui existent entre les USA et le Mexique. Notons que ce pays n’est jamais cité, l’action se déroulant dans un pays imaginaire de l’Amérique centrale, Santa Cruz (Rien à voir avec la ville de Californie). Mais à de nombreux indices, on comprend qu’il s’agit du Mexique non cité, comme dans le James Bond « Permis de tuer » (Isthmus City). Deux frères policiers se ressemblant assez, les Mercado (Nico Minardos et Cal Bellini) entendent mener une justice expéditive envers un certain Lonnie Burnett (Scott Glenn), et le trouver coupable, mort si possible, d’un double meurtre sur une plage de Santa Cruz. Or, avant de mourir, une des victimes a identifié Lonnie qui est un protégé de Dacier. L’homme de fer l’a fait libérer de prison à San Francisco, accusé de meurtre, pour insuffisance de preuve. Eve correspondait avec ce dernier en prison et au cours de l’intrigue le vrai coupable (à San Francisco) est retrouvé, ce qui aux yeux des Mercado n’est pas une preuve d’innocence. Le couple s’en sort assez bien, face à des policiers « mexicains » méprisants et détestant les américains. Ce n’est pas tellement l’enquête policière, dont l’action est rondement menée, que l’on retient mais l’ambiance. Barbara Anderson et Don Galloway s’en sortent avec les honneurs. La diplomatie dont les policiers américains doivent faire preuve nous fait parfois penser qu’ils agissent dans une dictature ! Lonnie est fiancée à Teresa Delgado (Victoria Racimo), une compatriote des Mercado. L’épisode accumule les rebondissements, avec nos deux sergents obligés de marcher en permanence sur des œufs. Le happy end est de rigueur, il n’y a d’ailleurs pas de surprise puisque c’est un flash back et que l’on parle d’un mariage au début (Celui de Lonnie et Teresa). Don Galloway pour une fois fait illusion et se montre à la hauteur. Toutefois, c’est un Mexique de carte postale, caricatural, qui est présenté. On insiste sur le caractère hautain et fier mais aussi complexé des officiers de police de Santa Cruz. La police est corrompue, puisque le capitaine Emilio Mercado (Nico Minardos) a pistonné son frère au grade de lieutenant. Les deux hommes préfèrent commettre une injustice plutôt que de perdre la face. Le double meurtre (une mère et sa fille) a été fait pour des motifs obscurs par un nommé Moreno qui a trouvé de l’aide, pour écarter tout soupçon, auprès d’un journaliste américain hostile à Dacier et qui a publié un pamphlet contre lui dans son quotidien. Le fonds de l’intrigue est simpliste, et la conclusion nous montre Eve n’hésitant pas à risquer sa vie. On veut, mais un peu tard, en faire un alter égo d’Emma Peel ou de Cinnamon Carter. Elle est convaincante dans la scène finale. On voit à peine Don Mitchell, et très peu Raymond Burr, ils avaient sans doute besoin de vacances. Un opus hors normes pas du tout représentatif de la série, mais réussi.
20. MEURTRE AU THÉÂTRE Histoire de Robert Earll. Adaptation : Robert Earll et Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Robert Dacier a investi, comme producteur, 900 dollars dans une pièce de théâtre jouée par des jeunes hippies. Le jour de la présentation, l’une des actrices est retrouvée morte d’une overdose. Il s’agit en fait d’un meurtre. L’homme de fer, fidèle à ses penchants d’assistante sociale, subventionne des hippies qui le traitent malgré cela de « bourgeois réactionnaire » et de « flic ». Sans commentaires ! Cela nous donne une version Ironside des « Dix petits nègres » d’Agatha Christie. En huis clos, il faut trouver l’auteur d’un meurtre et de deux tentatives. Le problème vient du ridicule de la situation. La bande d’acteurs ou supposés tels est affligeante, et évoque plus un cours de yoga de personnes ayant fumé des substances douteuses qu’un théâtre. Dans la distribution, seule Rhoda Ontkin (Ellaraino) émerge en flirt de Mark, et échappe à la stupidité ambiante. Les supposés participants à la pièce en font des tonnes, dans leurs tenues bariolées, et invectivent le pouvoir bourgeois et la police. On se demande si Dacier n’est pas masochiste d’investir son argent pour eux. Le schéma policier multiplie les fausses pistes : le producteur, Bonner (David Bailey) avait une liaison avec la victime, et son épouse Marge (Karen Arthur) l’a mis dehors. Mais c’est dans le passé que Dacier trouvera la clé de l’énigme et le mobile, certes un peu tiré par les cheveux. Une infirmière s’est glissée dans la troupe et jugeait responsable de la mort de son petit ami la victime Carol Fisher. Là où l’histoire devient grotesque, c’est qu’il y a plusieurs infirmières dans la troupe. Une compagnie à laquelle ce serait faire trop d’honneur de la qualifier de théâtrale, tant les énergumènes gesticulent comme des pantins sans âme, évoquant parfois, en beaucoup moins bien, le Big Bazar de Michel Fugain. Dacier coincera la coupable, mais celle-ci est sans étoffe, et l’épisode ne nous a pas permis de faire vraiment connaissance avec elle, privilégiant l’infirmière qui fait la cuisine, Sandy (Sally Struthers), une petite grosse sympathique qui est vite écartée de la liste des suspectes. La criminelle a tout de même des motifs tirés par les cheveux pour agir, après avoir tué Carol, elle veut éliminer tous ceux qui peuvent l’identifier. Mais c’est un personnage secondaire, qui n’attire pas l’attention, et le téléspectateur est un peu déçu à la fin. Ce qui plombe l’intrigue, c’est cette troupe d’amateurs improbables qui sont fauchés et veulent bien l’argent des riches pour ensuite prôner des idées révolutionnaires et collectivistes. C’est caricatural et peu inspiré. Eve et Ed quittent leur statut de privilégiés de l’épisode « Evasion » pour redevenir de simples subordonnés de Dacier, tandis que Mark tire son épingle du jeu en flirtant avec la diabétique Rhoda
21. FAUX TÉMOIN Scénario : Stephen Cannell. Réalisation : John Florea. Dacier doit trouver un juré véreux qui a offert à un mafieux ses services contre une forte somme. J’ai trouvé cet épisode long et ennuyeux, là où « Hawaii Police d’état » nous a offert « Procès » (Jury of one), 24e épisode de la saison 5 diffusé le 13 mars 1973 sur un thème similaire. « Le faux témoin » date du 25 février 1971, et est infiniment moins inspiré. Le méchant, Barbosa, qu’incarne Paul Stevens, familier des séries de l’époque et au physique menaçant, est un vieil ennemi de Dacier. Capturé par la justice, il veut se débarrasser d’un témoin que l’homme de fer à mis sous haute protection, son comptable Nick Kirby (incarné par Bruce Kirby, le sergent Kramer dans neuf épisodes de « Columbo »). Malheureusement, Bruce Kirby a plutôt l’air d’un looser et d’un pauvre type que d’un comptable ayant frayé avec la mafia. Raymond Burr a pris soin d’éviter une ambiance à la « Perry Mason », il y a donc peu de scènes de procès et beaucoup de place est accordée à l’enquête sur les jurés (et non les témoins comme le titre français l’indique faussement). Deux jurés sont soupçonnés : Molina, dont l’épouse et les enfants ont été menacés, et le businessman Howard Benson (Anthony Eisley, vu dans deux épisodes consécutifs des « Envahisseurs : « Les défenseurs » et « La rançon »). Benson a reçu un virement d’un compte en Suisse au moment opportun où son entreprise vacillait et menaçait de faire faillite. Le suspense est surtout centré sur le comptable Kirby, qui commet la folie de s’échapper au lieu de rester bien tranquille dans le programme de protections de témoins que lui propose Dacier. Mal distribué, Andrew Duggan, en avocat de Barbosa, a l’air de se demander ce qu’il fait là. Je l’ai rarement vu si mal jouer. Quant au juge, une femme aux faux airs d’Hilary Clinton, Mme Kline (Marsha Hunt), elle ne fait pas le poids. Face à un Paul Stevens majestueux et menaçant en mafieux, elle ne semble pas du tout à la hauteur de la situation. Mark est assez en retrait, Eve a quelques scènes, et c’est Ed qui apparaît le plus après Dacier. Il lui incombe notamment de retrouver Kirby, le comptable. Le procureur, Bill Turner, est incarné par l’excellent Joe Maross, seul acteur avec Stevens qui tire son épingle du jeu dans cet épisode improbable. Le ratage de cet opus est dû à trop de bavardages, d’explications de scènes que le téléspectateur a compris depuis longtemps, et le faux suspense sur la nature du juré corrompu fait long feu. Stephen Cannell est bien peu inspiré en travaillant sur cette série. Pas ou peu de scènes d’action (l’évasion de Kirby qui menace son ange gardien, un policier et le séquestre), une fin prévisible. Un épisode à éviter, trop terne, sans aucune étincelle créative qui puisse sortir le spectateur de sa torpeur.
22. FUMÉE D'ORIENT Scénario : Jameson Brewer. Réalisation : Don Weis. Un vieil arménien, Arschag Divinian, propriétaire d’une fabrique de tabac, dont la nièce Adrina est amie avec Eve, se retrouve mêlé en raison de ses neveux, à un trafic d’héroïne. Je dois dire que l’épisode est gâché par une VF épouvantable, ce pauvre Theodore Bikel en Divinian étant affublé d’un accent ridicule et, si l’on ose encore employer ce terme de nos jours, parlant en « petit nègre ». Notons que la notion d’Orient est ici vague, les arméniens tenant un cabaret qui évoque un harem, avec des danseuses voilées à demi nues. L’épisode dégage un parfum de profonde naïveté, et un manichéisme assez maladroit, avec les deux neveux dont la culpabilité se lit sur la figure. On regrettera que la très belle et trop rare Linda Marsh quitte quasiment l’image à la 27e minute, lorsque l’un des neveux la projette contre un mur où une tige en métal fixée la transperce. Elle s’en sort par miracle, mais sa participation à la suite du métrage est anecdotique. Si « Fumée d’Orient » nous impose une fois de plus des scènes de studios approximatives, et un cabotinage de Theodore Bikel évident (Son personnage en fait des tonnes dans le genre « bon citoyen »), le téléspectateur sera ravi de voir Eve partir en mission déguisée en femme de harem comme Emma Peel dans « Du miel pour le prince ». Mais à la différence de Diana Rigg, Barbara Anderson incarne ici la femme soumise. Son personnage subit sans s’émouvoir les avances du patron et les mains baladeuses des clients. C’est au moment où elle quitte la série que l’on assiste à son émancipation de sage petite inspectrice sous les ordres de Dacier. L’épisode, au-delà de la participation de ravissantes créatures, de scènes de danse du ventre anachroniques chez les arméniens, ne décolle jamais vraiment. Les neveux sont trop coupables, et le vieil homme, arrivé depuis 62 ans d’Arménie suite au massacre des turcs, trop propre sur lui, trop naïf. On ne croit pas une seconde à l’amitié entre Eve et Adrina, Linda Marsh jouant une orientale de carte postale et ne perdant jamais son identité et son allure d’américaine des classes moyennes. Ce que l’on ne comprend pas surtout dans ce scénario assez faible est la mollesse de la police alors que la culpabilité des neveux trafiquants d’héroïne est évidente dès les premières images. La réalisation de Don Weis joue à fond la carte de l’exotisme, mais ne suffit pas à en faire un opus majeur. Il y a également trop de personnages (la famille arménienne est grande) et l’on s’y perd quelque peu.
Histoire de William Douglas Lansford. Adaptation : William Douglas Lansford et Irving Pearlberg. Réalisation : Don McDougall. Mark renverse accidentellement une vieille dame noire, Melissa Babcock. Mais un avocat, Carl Sloan, tente de profiter de l’affaire en tenter d’établir que Mark était endormi au volant. En réalité, Mme Babcock a mis au point une escroquerie à l’assurance pour simuler de faux accidents. L’homme de fer s’intéresse lui à une affaire de vol de bijoux. Les choses sont viciées dès le début du fait que la victime de l’accident est noire, comme Mark. Une romance s’installe avec la fille de la victime, Nancy (Chelsea Brown), mais elle reste à peine amorcée. La mère au lieu de gagner sa vie en faisant des ménages a mis au point une escroquerie à l’assurance. C’est un peu tiré par les cheveux. Le chevauchement de deux enquêtes policières (le vol des bijoux, l’escroquerie montée par Melissa) donne un scénario totalement bancal. L’intrigue de l’accident passe au premier plan. Le gros problème de cet épisode est qu’il s’écarte du genre policier pour tomber dans le mélodrame avec happy end obligé. Rien ici n’est réaliste pour un sou. Une femme qui a passé sa vie à escroquer les assurances promet de tout rembourser (au passage, elle a payé les études de sa fille) et on donne un coup d’éponge sur l’ardoise. On regrette la trop faible participation de l’excellente et regrettée Ahna Capri. Don Mitchell vampirise l’épisode par sa présence, et il n’y en a que pour lui, comme par exemple dans « Candy », ses partenaires et son chef étant satellisés. La fin qui promet d’aléatoires retrouvailles entre Nancy et Mark faisait illusion dans les années 70, c’est le genre d’épilogues que l’on retrouve souvent dans « Mannix », mais ce n’est pas crédible. Au lieu d’un suspense policier, nous subissons de nombreuses scènes en milieu hospitalier, de discours où l’on refait le monde de façon succinte. Un script aussi léger, destiné à faire pleurer dans les chaumières, donne un coup de vieux à la série. Les scénaristes passent complètement à côté de leur sujet en ne creusant pas la piste de l’avocat marron qui pourrait mettre Mark dans l’embarras. Reste donc un fatras de bons sentiments indigestes, que la présence des belles Ahna Capri et Chelsea Brown ne permet pas de sauver. « L’accident » est typiquement le genre d’épisodes qui donne à « L’homme de fer » un aspect suranné et peu regardable aujourd’hui. Le voleur Hansen, brillamment interprété par Bill Fletcher, est laissé au second plan et on a davantage qu’une série policière l’impression de regarder « La petite maison dans la prairie », avec une absence de suspense et une surabondance de bons sentiments. Dommage.
24. TERRORISME Scénario : Donn Mullally. Réalisation : James Neilson. Un jeune homme, Ted Berringer Jr, fils d’un avocat, fait un stage chez Dacier. Il a de la sympathie pour un groupe de révolutionnaires anarchistes, les prédateurs, dont le leader, Houseman, vient de s’évader. Les anarchistes des années 70 vus dans « L’homme de fer » sont évidemment limités à la caricature et aux poncifs. Un fils de la grande bourgeoisie, Ted Berringer Jr, fils de l’avocat du même nom, s’est laissé entraîner par une jeune et jolie fille en mini jupe, Lori (Heather North, dont le reste de la carrière semble avoir été consacré à la série animée « Scoubidou » pour la part vocale dans la VO). Le moins que l’on puisse dire est que ses motivations de départ n’ont rien à voir avec le petit livre rouge ! Trois ans après la mort de Che Guevara, les révolutionnaires affrontent ici l’ordre établi symbolisé par Robert Dacier. Tout cela a un aspect terriblement factice. Un certain Houseman (David Burk) est au centre de l’intrigue. Il est le leader qui une fois repris par la police, prend en otage le fils de l’avocat qui va vite revenir de ses idées révolutionnaires. La sœur de Lori, Edie (Christina Crawford) fait partie du noyau dur des anarchistes. On n’imagine pas une seconde Ken Hutch du fameux tandem Starsky et Hutch en ardent révolutionnaire. En fait, le groupe est un quatuor d’allumés qui joue à se faire peur, et pense avoir une chance de prendre le pouvoir aux Etats-Unis « réactionnaires ». C’est encore un épisode complètement raté. Si l’on veut éprouver la nostalgie du début des années 70, mieux vaut revoir les premiers « Columbo » infiniment plus regardables. Dans « Terrorisme », tout est rempli de clichés, et le téléspectateur n’a aucune surprise. Bien évidemment, le jeune Ted fait acte de repentance et trouve qu’à côté des « prédateurs » anarchistes, la démocratie américaine est tout à fait acceptable. Le fonds moraliste de l’intrigue, qui s’appuie sur une intrigue peu solide, tombe complètement à plat. Les quatre enragés iront se morfondre de longues années en prison à méditer sur le renversement de la société capitaliste. On a l’impression que les comédiens n’y croient pas et jouent faux sans pouvoir faire autrement. « L’homme de fer » n’est pas une série qui permette une étude socio-politique sérieuse des révolutionnaires. Le quatuor ressemble à de simples malfrats qui auraient fait un hold-up ou un quelconque trafic. On aurait aimé moins d’ambition (vu le résultat) et passer un bon moment avec une intrigue policière classique.
25. LES BIJOUX DE MA GRAND-MÈRE Scénario : Preston Wood. Réalisation : Don Weis. Une vieille dame amie de Dacier, Margaret Brainard, veuve du chef des services de police, se fait voler son sac dans un parc. Il contenait des bijoux précieux (250 000 dollars) que Margaret voulait montrer à une petite fille. Depuis « La main au collet » et « La mort aux trousses », on connaît le jeu de Jessie Royce Landis, qui est le même à chaque fois. Elle incarne ici Mrs Brainard qui passe pour une folle en faisant appel à Robert Dacier pour retrouver un sac à main. Un des administrateurs, l’avocat Martin Cahill de la société qu’elle dirige souhaite en profiter pour l’écarter de sa compagnie. Son petit-fils Peter (Burr DeBenning) aimerait bien aussi qu’elle passe la main. L’intrigue est d’emblée ennuyeuse. Voilà le genre de suite d’épisodes médiocres qui ont dû consoler Barbara Anderson de quitter la série. Le suspense ne prend pas, le téléspectateur au bout de vingt minutes a envie de zapper. L’enjeu pour Dacier est de prouver que son amie n’est pas sénile, c’est un bien faible argument pour un scénario policier. Le téléspectateur n’arrive pas à se passionner pour cette histoire. Les voleurs se sont fait avoir par le recéleur qui leur a dit que c’était des copies sans valeur. L’un des truands a gardé une broche et l’offre à une fille aux mœurs légères, Bonnie, dont l’amant découvre l’authenticité du joyau. Raymond Burr lui-même semble s’ennuyer. Il fait ce qu’il peut pour nous faire croire que Dacier prend cette mission au sérieux, mais il accuse une forme de lassitude. Eve, Mark et Ed pour leur avant-dernière mission ensemble sont comme dans la saison 1 relégués aux corvées. Intrigue bien peu passionnante qui traîne en longueur. La tentative de meurtre sur les deux voleurs par le petit ami de la fille bénéficiaire de la broche oblige Dacier à rendre l’affaire publique, menaçant ainsi le statut de présidente du conseil d’administration de Margaret Brainard. Vers la fin, avec la mort d’un des voleurs, l’intrigue prend une tournure dramatique. Mais ce sont des efforts en vain. L’épilogue sur la jetée, dans l’obscurité, ne nous sort pas de notre torpeur. Il est incompréhensible que « Kojak » ait duré cinq saisons et que « L’homme de fer » ait été renouvelé jusqu’à la huitième. Est-ce le prestige acquis par la série « Perry Mason » qui permettait à Raymond Burr de maintenir les audiences au beau fixe ? Voilà une véritable énigme à résoudre, bien plus intéressante que ce vol de bijoux à une vieille dame fort riche.
26. ENFERMÉS DEHORS Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Barry Shear. Dernier épisode avec Barbara Anderson, qui reviendra dans le téléfilm reunion “Le retour de l’homme de fer” en 1993. L’homme de fer fait tout pour qu’un libéré sur parole, Tommy Sanchez, ne retourne pas derrière les barreaux. Le procureur Don Brand, lui, est menacé de mort et victime d’une tentative de meurtre. Or, il s’acharne contre Sanchez. Quand on a vu William Shatner dans « Star Trek », on a un peu de mal à ne pas le voir en capitaine Kirk dans ses autres rôles. C’est pourtant un excellent acteur, vu dans « Columbo », « Mission Impossible », « Mannix », « Le fugitif », « Le Virginien », « Hawaii Police d’état », et fut la vedette de « Hooker ». Ici, il incarne Don Brand, l’homme qui veut renvoyer le protégé de Dacier en prison. L’homme en apparence dur cache une faille : sa sœur internée en psychiatrie, ravagée par la drogue. En ce sens, Shatner est convaincant en homme voulant voir tous les trafiquants de drogue derrière les barreaux. Mais ici, on a l’impression qu’il fait toujours le minimum syndical, qu’il s’économise, et on peut aisément penser qu’un autre acteur aurait mieux convenu. Beaucoup d’action dans cet épisode décousu, où une fois de plus, Dacier joue les assistantes sociales. A la fois avec le libéré sur parole, mais aussi avec Millie Brand (Patricia Mattick), sœur de Don. Un élément crucial nous est révélé à la 28e minute, brisant l’énigme, du moins le croit-on. Quant au trop jeune Lazaro Perez, il a l’air d’un agneau, et n’est pas convaincant une seconde en libéré sur parole Tommy Sanchez. Grosse erreur de casting. Qui veut tuer Brand ? Brand fait il une mise en scène lui-même pour accuser Tommy ? Mike Elman, l’avocat marron de Tommy (Roger C. Carmel), Ted Morgan, le petit ami (Michael Larrain), Tommy le repris de justice ? Pourquoi nous montrer Ted manipuler une arme dans l’obscurité ? On jurerait que Dacier a des dons d’extra-lucides soupçonnant Ted Morgan sur le champ et lui promettant la prison. L’évasion de Millie et la fin poignante remettent tout en question. Le spoiler de la 28e minute était une fausse piste. L’identité du coupable est un électrochoc pour le téléspectateur et rehausse considérablement la qualité de l’ensemble. C’est sur cette fin pleine de tension que se termine « L’homme de fer » première équipe, avec le départ de Barbara Anderson. Il ne faut pas chercher une comparaison avec sa remplaçante, Elizabeth Baur, qui a un style différent mais plein de charme et de sensibilité . Les producteurs ont eu la bonne idée, au lieu de prendre une inconnue, de choisir une actrice populaire (héroïne du « Ranch L »), jouant ainsi sur une valeur sûre et évitant une déception. Notons que Barbara et Elizabeth se rencontreront en 1993 dans le téléfilm réunion alors qu’elles ont toutes deux quitté le métier, Elizabeth se dédiant à la peinture après « L’homme de fer ». Barbara Anderson ne fera jamais de cinéma et est sans doute passée à côté d’une belle carrière, mais elle est l’un des atouts de « L’homme de fer ». Même si « Enfermé dehors » nous permet de terminer la saison 4 sur une note positive, on regrettera les tournages en studio et la faiblesse de beaucoup de scripts. Le visionnage en 2015 de « L’homme de fer » écorne un peu le souvenir que l’on avait (sans doute une impression embellie) de la série des années 60.
Images capturées par Patrick Sansano.
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Saison 3 1. Alias Mr. Braithwaite (Alias Mr. Braithwaite) 2. Adieu hier (Goodbye to Yesterday) [1/2] 3. Adieu hier (Goodbye to Yesterday) [2/2] 4. Les péripéties du Sergent Brown (Poole's Paradise) 5. Fumez des mirages (Eye of the Hurricane) 6. Une balle pour Marc (A Bullet for Mark) 7. Des négociations difficiles (Love My Enemy) 8. Le Sergent sans alibi (Seeing Is Believing) 9. Les bérets bleus (The Machismo Bag) 10. Agression par programmation (Programmed for Danger) 11. Haute altitude (Five Miles High) 13. L'ombre d'un doute (Beyond a Shadow) 14. Vol sur commande (Stolen on Demand) 16. Candy (Beware the Wiles of the Stranger) 17. Le paradis qu'il faut quitter (Eden Is the Place We Leave) 21. Une heure à tuer (One Hour to Kill) 22. Le trésor de l'indien (Warrior's Return) 23. Le fils du prisonnier (Little Jerry Jessup) 24. Eve et son prince charmant (Good Will Tour) 25. Un métier de chien (Little Dog, Gone) 26. Liberté surveillée (Tom Dayton Is Loose Among Us)
1. ALIAS MR. BRAITHWAITE Histoire de Frank Telford et Robert Ward. Adaptation : Frank Telford. Réalisation : Don Weis Deux faux agents du FBI, Baker et Stark, escroquent la tante de Mark en lui faisant retirer ses économies de la banque. L’équipe identifie vite Baker comme un repris de justice, Raymond Otis Baker qui se fait appeler, dans la haute société, Robert Braithwaite. Le générique a encore changé, nouvelle orchestration qui rappelle la saison 1, et les noms des partenaires de Dacier y figurent désormais. Dans ce premier épisode, le tournage en studio ne se voit pas trop, l’essentiel étant filmé dans un hôtel de luxe avec piscine. Barbara Anderson et Don Galloway ont beaucoup de scènes où ils ne sont pas sous la coupe du chef, et livrés à eux-mêmes, on se rend compte que leur jeu est très limité. C’est assez flagrant face à un comédien expérimenté comme Joseph Campanella qui joue Braithwaite, leur proie. Barbara Anderson n’a jamais été aussi épanouie et semble contente d’elle, souriante. On se surprend à regretter Raymond Burr, trop peu présent dans l’épisode. Le suspense est présent (arrivée à l’hôtel du vrai couple Bixby qu’Eve et Ed interprètent pour piéger l’escroc), et l’histoire d’une manière générale bien écrite. Certains détours du script sont toutefois peu crédibles (Ed et Bixby se connaissent). Que le « pauvre » sergent Brown soit copain avec le riche Edward Bixby n’entre pas dans le champ du probable. L’intrigue est hybride entre le police procedural et l’enquête de détective. Escroc rusé, Baker/Braithwaite demande au faux couple Bixby de parier sur un cheval. Lorsque Dacier demande au strict commissaire Randall d’avancer la somme de 30 000 dollars (1969) pour finaliser la capture de Braithwaite, le commissaire manque prendre une attaque. Mais la petite amie de Stark, Goldie, reconnaît le sergent de police Ed Brown dans un ascenseur. La mécanique du piège, trop parfaite, s’enraye. On a parfois le sentiment d’être dans la série « Drôles de dames » : enquête insouciante, décors à l’avenant. On est très loin du réalisme policier. On s’ennuie un peu vers la fin, alors que cela ne dure que 48 minutes. C’est ce point qui coûte sa troisième étoile à l’épisode, dont les scènes de piscine et d’hôtel de luxe changent de l’ordinaire. Le plan pour piéger Braithwaite semble parfois quelque peu laborieux. Cet opus démontre que Barbara Anderson est certes une jolie fille, mais pas une grande comédienne, la comparaison avec Pat Priest en bad girl est à ce titre cruelle pour la première.
2. ADIEU HIER [1/2] Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Barry Shear. Cet épisode est la suite de « Qui êtes-vous Barbara ? », 23e épisode de la saison 1. La fille de Barbara Richards est enlevée. Cette femme amnésique avait croisé la route de Robert Dacier devenant son grand amour. Elle l’appelle à son secours. L’épisode comporte de nombreux flash back nous montrant des images de « Qui êtes vous Barbara ? ». On retrouve d’ailleurs dans cette suite les mêmes comédiens (le mari joué par Philip Carey). Parmi les nouveaux, Dane Clark dans le rôle de Ben Ames, le ravisseur, ainsi que le shérif, qui n’avait pas de nom jadis, et s’appelle désormais Metcalf, joué par un autre comédien. La plus jeune fille de Barbara, Tracy, interprétée en février 1968 par Susan Olsen l’est à présent par Heather Harrison. Des détails dont le téléspectateur n’a cure. Barbara n’a pas retrouvé sa mémoire, et son mari lui parle de séparation, réalisant qu’elle aime Robert Dacier. Un effort a été fait pour les tournages en studio qui se voient de moins en moins. Il faut avouer que l’aspect « romantique » a un peu vieilli, Vera Miles et Raymond Burr peinant parfois à nous émouvoir. Au terme de cette première partie (aux USA, ce fut un seul épisode de 100 minutes), on reste assez frustré. « Qui êtes-vous Barbara ? » bénéficiait d’un grand script que le manque de temps empêchait de développer, alors qu’ici, le scénario n’a pas été assez fouillé. L’ensemble est verbeux, très daté, et la présence de Vera Miles ne parvient pas à en faire un grand épisode.
3. ADIEU HIER [2/2] Ben Ames a enlevé la fille de Barbara, puis rejoint une certaine Molly Strong, qui ne semble plus avoir toute sa raison. Vic Richards envisage de divorcer de Barbara qui n’a aucun souvenir de lui. En voulant remettre la rançon seule, Barbara fait une terrible chute du haut d’un rocher. En regardant cet épisode, on se dit que les producteurs ont sous estimé l’objectif : ils ont Vera Miles dans la distribution, c’est la suite d’un épisode assez bon, ils ne se sont pas creusés davantage la tête et l’ensemble a vieilli. A la 27e minute, la découverte de l’enfant sain et sauf met un peu un terme au suspense. D’autant qu’après sa chute, nous ne voyons plus Barbara. Quant à l’équipe de l’homme de fer, elle passe au second plan, puisque l’affaire est du ressort du shérif et de ses hommes. Les scènes consacrées à Dane Clark/Ben Ames sont trop longues et finissent par lasser. La fin relève le niveau, (spoiler) et réserve un coup de massue à Robert Dacier. On est plein mélodrame. Jamais l’homme de fer ne nous aura paru aussi vulnérable. En flash-back, les images de l’épisode « Qui êtes-vous Barbara ? » viennent en rajouter. Vera Miles reviendra dans la saison 5 dans l’épisode « La femme en noir » dans un nouveau personnage. Il ne sera plus question de Barbara.
4. LES PÉRIPÉTIES DU SERGENT BROWN Scénario : Richard Shapiro. Réalisation : Abner Biberman. Lors d’une étape dans un self restaurant, Ed se fait braquer par un évadé, Donnelly qui l’oblige à partir avec le fourgon de Dacier. Sans le savoir, l’équipe se retrouve coincée dans un endroit perdu où la police locale est corrompue. Un épisode diffusé tôt en France, en 1971, rediffusé en 1975 sur Antenne 2 après « Aujourd’hui Madame », puis sur TMC en 2004, et qui m’est donc familier. C’est l’opus « historique » dans lequel le vieux fourgon que le chef Dacier utilisait depuis le pilote brûle. A la fin, Dacier a un van dernier cri, alors que le précédent semblait dater des années 40. Toutefois, l’opus a mal vieilli, même s’il fut en son temps grandiose. On distingue aujourd’hui les scènes réellement tournées en extérieurs, et parfaites, des dernières faites en studio avec des imags de rues ou de routes qui se déroulent en arrière plan. Cela déséquilibre considérablement un opus dans lequel la distribution est remplie de visages connus : Steve Forrest en shérif corrompu (« Le Baron »), William Smith en policier (Falconetti dans « Le riche et le pauvre »), Louise Latham (« Pas de printemps pour Marnie ») et Clu Gulager en accusé innocent que l’on ne présente plus. Si c’est un bon épisode, on reprochera la fin bâclée, le retournement de situation final contre toute une équipe de police corrompue étant une ficelle un peu grosse lorsque tout est fait en deux temps trois mouvements. Cela lui coûte la quatrième étoile, avec les plans studios incompréhensibles lorsque les ¾ de l’épisode ont été fait en décors naturels.
5. FUMEZ DES MIRAGES Scénario : Donn Mullally Réalisation : Don McDougall Après avoir visité un prisonnier, Terry Wilson, Dacier et Mark sont pris en otage avec un couple dont le mari est gravement blessé par deux prisonniers qui veulent s’évader. L’épisode reprend le canevas d’un de la saison 1, « Les évadés dans la maison ». Dana Eclar (« Mc Gyver », « Les têtes brûlées ») et Johnny Seven sont les deux méchants de l’opus. Terry Wilson (Jackie Coogan Jr dont ce fut le tout dernier rôle) rejoint les deux hommes. Mais ici, on laisse vite le mari blessé avec un médecin lui faisant une transfusion de plasma, pour que la prise d’otages continue à bord du van de Dacier. Ed les suit depuis un hélicoptère, Eve à partir d’une automobile. On se demande pourquoi, d’un épisode à l’autre, les scènes en studio sont bien ou mal traitées. Ici, on a l’illusion que toute est tourné en extérieurs. C’est, on le devine, un épisode au suspense haletant. Johnny Seven est le gangster le plus menaçant dans le rôle de Sims. Habile substitution en cours de route, Dacier et les évadés prennent le bus VW « Tube » décoré de façon psychédélique d’une fort jolie conductrice complice, Joy (Claire Brennen, emportée par le cancer à 43 ans en 1977). Résultat : un bon suspense, des vues aériennes d’autoroute et d’océan, de l’action, des comédiens crédibles, que demander de plus, et pourquoi aller chercher des histoires d’amour improbables avec Vera Miles amnésique quand il est si simple de réussir un bon polar ?
6. UNE BALLE POUR MARC Scénario : Richard Bluel. Réalisation : Richard Benedict. Quelqu’un, en tentant de tuer Dacier alors qu’il se rend à une réception, blesse grièvement Mark. Le commissaire Randall, à l’hôpital, est furieux que Dacier refuse d’avoir un garde du corps. Le pronostic vital de Mark Sanger est engagé après qu’il ait reçu une balle apparemment destinée à son chef. L’épisode nous propose des flash-back sur la façon dont Mark fut recruté par Dacier que nous n’avons jamais vu depuis le pilote. Nous ne sommes pas gênés ici par le tournage en studio (scènes de salles d’attente d’hôpital, puis investigations dans un night club). A la 16e minute, on apprend que Mark est hors de danger. La piste mène à un tueur à gages, Fred Murdoc. Mais lorsqu’en faux infirmier il tente de tuer Mark, les données changent. L’homme est rapidement abattu. L’enquête tourne ensuite autour de Charlie Tattersall (Felton Perry) que Dacier cherche dans une boîte de nuit. Dacier en conclut que Mark a dû voir quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir. Mark se souvient alors d’un évènement survenu durant ses cours du soir de droit. La vision de la série pour une diffusion en 1969 est tout de même conservatrice. Les danseuses dans les boîtes de nuit sont présentées de façon caricaturale. Poussé à chercher dans ses souvenirs par l’équipe de Dacier, Mark se souvient qu’en faisant le plein d’essence du van et en allant chercher une boisson, il a vu un mécanicien avec une mallette bizarre affairé à une réparation. Une mallette qui pourrait bien avoir servi à transporter de la drogue cachée sous le véhicule. Dacier confond, preuves filmées à l’appui, Farrell (Don Red Barry) et Thorne (Robert Alda) qui tentent de jouer les oies blanches, mais Dacier a plus d’un tour dans son sac pour faire parler le mécanicien complice d’un trafic de drogue mais qui n’a jamais été d’accord pour un meurtre. Excepté pour les arrière-plans de San Francisco sur le pare brise arrière du nouveau van de Dacier, l’effet tournage en studio n’est pas nuisible à l’épisode. Plus qu’une équipe de policiers, celle de Dacier évoque une famille. L’épisode est excellent, on aurait peut être pu faire durer le suspense plus longtemps sur le pronostic vital de Mark. A la fin, il est loin d’être rétabli puisqu’il est convalescent en fauteuil roulant, comme son chef. 7. DES NÉGOCIATIONS DIFFICILES Scénario : Irve Tunick. Réalisation : Don Weis. Robert Dacier est chargé d’assurer la sécurité d’une conférence secrète et diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis. Il se rend compte que le chef de la délégation chinoise, le docteur Feng, est victime d’un empoisonnement. Opus très bavard et ennuyeux, dans lequel le contexte policier s’efface au profit de l’espionnage. Toutefois, il est difficile de se passionner pour ce sujet tant il y a peu d’action et beaucoup de discours. Khigh Dhieg se retrouve cette-fois du bon côté de la barrière, après avoir été l’ennemi mortel de Mc Garrett en Wo Fat. Pas plus que dans « Hawaii Police d’état », ce comédien, qui avait certes un physique d’oriental, n’est crédible en chinois (à la différence d’un James Shigeta par exemple). L’explication est simple : ses ancêtres étaient égyptiens et soudanais, et le comédien américain. Sans doute sa prestation en Wo Fat a-t-elle incité les producteurs de « L’homme de fer » à l’engager ici. Episode atypique de « L’homme de fer », où l’on voit surtout Mark (avec une belle chinoise (Cecile Ozorio qui n’a quasiment rien fait d’autre à part une apparition dans « Des agents très spéciaux ») et Dacier, et dans lequel tant Eve qu’Ed sont sacrifiés à la portion congrue – quelques rares scènes au bout de 25 minutes – « Des négociations difficiles » plonge le téléspectateur dans une torpeur totale. Ce n’est pas tant le fait que l’épisode soit tourné en studio qui est gênant mais la minceur de l’intrigue et les dialogues interminables. On peut trouver aussi l’histoire trop politique et désertant complètement le terrain du suspense et du divertissement. L’analyse américaine de 1969 distingue ici les bons des méchants chinois, le malheureux Feng et Hsai Hsu Mak (un alter-égo de Dacier) appartenant à la première catégorie parce que souhaitant la paix et le rapprochement avec l’Amérique. Très daté, tout cela est soporifique et l’on peut zapper l’épisode sans regrets.
8. LE SERGENT SANS ALIBI Scénario : Charles Nichols et Don Galloway. Réalisation : Barry Shear. Don Galloway est coscénariste de cet épisode. Ce fut sa seule expérience dans ce domaine. Ed Brown est reconnu par cinq témoins comme ayant agressé un certain Frankie Baum, un bookmaker. Avant de mourir sur son lit d’hôpital, la victime identifie Ed. Ce dernier n’a pas d’alibi, ayant passé le week end seul, et il se retrouve en prison. Quand elle reste dans son domaine, la série propose de bons épisodes comme celui-ci. On est un peu surpris de voir la façon dont la police de San Francisco faisait les portraits robots en 1969, car le dessin est très approximatif, et l’on se demande bien comment le policier chargé de l’enquête, le lieutenant Haines (Excellent Norman Fell) fait le rapprochement avec Ed. L’épisode est aussi une réflexion sur la fragilité du témoignage humain. Quelques scènes sont excellentes, comme le pompiste black qui se réjouit que le policier ait besoin d’un alibi et a droit à une petite mise au point avec Mark. Censée se dérouler à la campagne, cette séquence ne fait pas du tout « studio ». Comme l’aurait fait Mc Garrett (rappelons-nous de l’épisode où il doit laver de corruption Duke « Massacre sur commande » avec George Chakiris), Dacier mène sa propre enquête, qui nous entraîne vers une piste sur la vie privée de Frankie Baum. Julie Willis (incarnée par la jolie Anne Whitfield) est enceinte des œuvres de Baum qui en voulait pas l’épouser. Ce couple nous paraît bien improbable (bookmaker minable au physique peu avenant, jeune fille bien sous tous rapports), mais pourtant, c’est au bout de cette piste que se trouve la vérité, avec un improbable sosie d’Ed, lequel ressemble moins au portrait robot que l’acteur Don Galloway. La série livre là ce qu’elle peut donner de meilleur : une bonne enquête policière, des rebondissements, le réalisateur prenant son temps pour les ménager sans nous abreuver d’invraisemblances comme dans « Qui êtes vous Barbara ? ». Trois étoiles et pas quatre parce que ce n’est quand même pas un chef d’œuvre, et l’ensemble parfois souffre de quelques longueurs.
9. LES BÉRETS BLEUS Scénario : William Douglas Lansford. Réalisation : Don Weis. Mark Sanger en faisant ses études de droit voit son attention attirée par un groupe de jeunes mexicains qui se prennent pour des révolutionnaires. En amateur de Che Guevara d’opérette dont il n’a pas oublié le béret, A Martinez, dans le rôle de Manolo Rodriguez, est risible. D’emblée, l’épisode est très daté et caricatural. On se retrouve à la fin des années soixante, l’épisode fut diffusé le 13 novembre 1969, mais l’effet nostalgie ne joue pas au profit d’une intrigue qui a mal vieilli. Est-ce le recul mais je trouve qu’A Martinez joue comme un cochon, cabotine et donne à son personnage déjà stéréotypé un côté pesant. Face à lui, Raymond Burr se montre particulièrement mou, en Robert Dacier manquant de fermeté, ressemblant plus à une assistante sociale qu’à un policier. Insultant le juge avec l’arrogance d’un étudiant révolutionnaire des sixties, Manolo Rodriguez donne à cet opus une tonalité politique qui ne réussit jamais à la série, on l’a vu avec « Des négociations difficiles ». « L’homme de fer » n’est pas fait pour cela, on peut en espérer de bons polars, des suspenses, mais pas de grandes théories fumeuses. Seule bonne surprise, en compagne de Manolo, Dolores Sanchez interprétée par une actrice fort jolie mais à la carrière éphémère, Socorro Serrano. On remarque que la distribution étiquette acteurs latinos Vito Scotti, aux origines napolitaines, et son « fils » A Martinez (par son père origines apaches et mexicaines). Au bout de trente minutes (affrontement entre père et fils), on n’attend plus rien de cette intrigue foireuse. Même Mort Mills habituellement brillant (« Les envahisseurs », « Mannix », « Le rideau déchiré ») a l’air de s’ennuyer en lieutenant Rambau. Raymond Burr est ici nettement sous-employé, tant A Martinez prend de place. Je me suis ennuyé d’un bout à l’autre de cet opus ni fait ni à faire. Quant à Eve et Ed, ils sont relégués au rang de simples figurants.
10. AGRESSION PAR PROGRAMMATION Scénario : True Boardman. Réalisation : John Florea. Trois tentatives d’agressions sur des jeunes filles ont lieu dans le même quartier. La dernière, qui échappe de peu à l’étrangleur, Veronica Keel, est une amie d’Eve Whitfield. Dacier enquête. Les victimes étaient inscrites dans une agence matrimoniale. Alice Flynn (Anne Baxter) a mis au point une agence matrimoniale qui fonctionne par ordinateur, avec un système de sélection par affinités. Roy Flynn (Roger Perry), l’associé et frère d’Alice Flynn, est l’agresseur que nous avons vu dans le pré-générique. Il semble mentalement dérangé. Dacier rencontre les hommes qui ont contacté Veronica. Ce défilé de suspects nous permet de voir plusieurs comédiens de l’époque et des personnages pittoresques (une mère abusive, un homme qui était en prison à l’heure de l’agression et n’est pas libre sentimentalement, un homme marié, un pompier, etc…) L’enquête, sans temps morts, est passionnante. Eve se propose de servir de « chèvre » en s’inscrivant à l’agence. Elle se fait passer pour une standardiste de nuit ne travaillant qu’avec des femmes, et n’ayant pas l’occasion de faire des rencontres (un peu invraisemblable vu la beauté de l’actrice Barbara Anderson). Bien entendu, les ordinateurs géants de l’époque constituent une curiosité pour le téléspectateur d’aujourd’hui. Anne Baxter en impose dans le genre « femme de tête ». Le suspense est présent bien que nous connaissions l’identité du coupable. Eve prend des risques insensés. Comme dans « Columbo », l’intérêt est de savoir comment le policier va coincer le coupable. Cet épisode qui nous fait oublier le tournage en studios est une réussite totale. Barbara Anderson est meilleure comédienne que d’ordinaire, et Roger Perry constitue un méchant bon pour l’asile. On ne s’ennuie pas une seconde.
11. HAUTE ALTITUDE Scénario : Margaret et Paul Schneider. Réalisation : Don Weis. L’homme de fer est à Hawaii et doit prendre l’avion pour San Francisco. Jack Brady, comptable pour la mafia, sera témoin à charge dans un procès. Les scènes à Hawaii sont faites dans un restaurant, le reste, à bord d’un avion, est uniquement du studio. C’est donc un suspense en huis clos et un whodunit. Lequel des passagers est là pour tuer Jack Brady ? Ce naïf comptable joué avec talent par Milton Seltzer est l’enjeu de l’épisode. Dacier veut le faire témoigner devant le grand jury contre son patron Lou Coster. On est un peu perdu devant le nombre de suspects possibles parmi les voyageurs. Dacier a deux suspects qui connaissent Lou Coster, Irene Wilson (Dorothy Green) et le manager d’un boxeur. Mark est un admirateur du champion de boxe noir Jimmy Otis (Robert DoQui) dont le manager, Sid Leppich (Joe Mantell) est suspect. En fait, à chaque interrogatoire, Dacier met à jour une nouvelle situation, en l’occurrence le déclin du boxeur que son manager est contraint de droguer. L’homme de fer procède par élimination. Le scénario est excellent. La liste des suspects s’agrandit lorsque l’on apprend que Coster offre 50 000 dollars à qui tuera Brady. Les coups de théâtre se succèdent. Le capitaine Lasker (Regis Cordic) s’avère être un imposteur. Les candidats pour tuer le comptable se bousculent. La mise en scène accentue (avec peu de moyens) le suspense. Bien entendu, le coupable est celui que l’on soupçonnait le moins, une des règles du genre. Donc un excellent épisode, sans atteindre la perfection. Le final comporte quelques fausses notes en raison des raccords images d’archives/studio. Eternel problème de cette série et qui l’empêche d’accéder au statut de série culte. Eve et Ed sont limités au minimum dans cet épisode, tandis que Mark, lui, bénéficie de scènes intéressantes aux côtés de son patron.
Scénario : Mort Thaw. Réalisation : Tony Leader. Une synagogue est saccagée et le rabbin se retrouve à l’hôpital. Des croix gammées sont peintes aux murs et on dérobe la torah, un objet sacré. Episode hautement politique en 1969, à une époque où en France le sujet de l’holocauste n’était que timidement abordé. On se souviendra que « Hawaii Police d’état », un peu plus tard, a traité le sujet des néo-nazis (« Tonnerre lointain », sixième épisode de la saison 11). On s’écarte ensuite un peu du sujet antisémite pour un vol plus crapuleux. Ce sont deux petits minables, Jim Trannon (Shelly Novack) et Clay Royce (Greg Mullavey) qui sont les auteurs du vol. Au fur et à mesure que l’épisode avance, l’ennui nous gagne (au bout de trente minutes). Le script de Mort Thaw ne suffit pas à tenir cinquante minutes. Une collecte est faite auprès des offices religieux du quartier pour payer la rançon demandée. Sulfureux au début, le sujet devient convenu. C’est l’histoire d’un vol raté, car une Torah n’a de valeur que si l’on peut en donner l’origine, ce qui explique qu’à un moment, les deux voyous pensent s’en débarrasser. La traque traîne en longueur, comme si le scénariste manquant d’inspiration, le réalisateur « meublait » avec des scènes inutiles. Il est aussi hautement improbable que la rançon soit confiée à un enfant de treize ans, même surveillé par l’équipe de Dacier. Notons que c’est la première fois que les coupables sont arrêtés dix minutes avant la fin, la course contre la montre restant pour Mark et Ed de retrouver la Torah cachée au bord de l’océan avant l’arrivée de la marée. Toute la fin avec l’équipe de Dacier dans la synagogue écoutant des chants religieux hébreux renforce cette idée que l’on a épuisé le sujet et qu’il faut tenir cinquante minutes, ce qui est regrettable.
13. L'OMBRE D'UN DOUTE Scénario : Martha Wilkerson. Réalisation : Richard Benedict. Tracy Oliver, une amie de Dacier, tente de suicider en s’ouvrant les veines. Episode diffusé le samedi 20 janvier 1973 lors de la troisième série ORTF qui comportait beaucoup d’opus de la saison 1, c’est une intrigue bien connue des amateurs car elle eu la faveur de plusieurs rediffusions. Tracy Oliver est passée en justice il y a trois ans au moment où le chef Dacier a été blessé et s’est retrouvé en fauteuil, soupçonnée du meurtre de son mari. Il y a eu un non lieu. Dana Wynter rappelle ici Vera Miles dans « Qui êtes-vous Barbara ? » et « Adieu hier ». On comprend que Dacier en est amoureux, même si c’est moins explicite qu’avec le personnage de Barbara. Il l’appelle d’ailleurs de son nom de jeune fille Tracy Lovell. Un journaliste teigneux, Len Leavitt (Mort Sahl) ressort une idylle ou supposée idylle entre Tracy et Dacier, alors jeune policier. Auprès de son équipe, l’homme de fer admet juste avoir passé une soirée avec la jolie femme après qu’il ait arrêté deux cambrioleurs qui s’étaient attaqués au domicile de la belle. La chose, comme le dira plus tard le journaliste, date de quinze ans. A la différence du précédent opus, le scénario est très travaillé. Tracy a voyagé en Europe après la mort de son mari et venait juste de rentrer. Le père, John Lovell (Simon Scott) fait un portrait peu flatteur de son défunt gendre Walter Oliver. Robert Dacier rouvrant les vieilles enquêtes est un classique de la série. Dana Wynter apporte beaucoup à son personnage. L’équipe de Dacier en est réduite à passer les plats, Raymond Burr occupant tout l’espace. Le père de Tracy est un alcoolique, et se retrouve en tête de la liste des suspects de Dacier. A la trentième minute, on comprend que Tracy a découvert la vérité sur la mort de son mari. Les coups de théâtre se succèdent. La piste du père criminel s’étoffe. Le suspense est à son comble. A la 43e minute, Dacier révèle l’incroyable vérité. A la différence de « Qui êtes-vous Barbara ? », on a ici le temps de savourer cette formidable intrigue, qui en fait un des épisodes les plus mémorables de la série pour les téléspectateurs français. Quant à Dana Wynter, elle est tout simplement sublime.
14. VOL SUR COMMANDE Scénario : Arthur Weingarten. Réalisation : Bill Foster. Mark entraîne des jeunes au basket ball. Une bande organisée pratique le vol sur commande dans des entrepôts. Or, l’empreinte du pouce de Mark est retrouvée sur un schéma de basket ball qu’il a remis à chacun des joueurs. Il est difficile de chroniquer un épisode qui suit un chef d’œuvre comme « Où est la limite ? » ou « L’ombre d’un doute ». Mark est ici contraint de prouver son innocence dans une histoire de vols organisés. Le scénario est assez bon. Notons que la mère du jeune Danny, le voleur, Sarah Goodson (Marion Brash), qui marche avec une canne, rappelle dès qu’elle apparaît à l’écran Louise Latham dans le rôle de la mère de Tippi Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » (hommage ou coïncidence ?). Mark ne tarde pas à comprendre que Danny (David Cassidy) est le complice des voleurs. Mais il refuse de le livrer à l’inspecteur Dacier. Derrière Danny se cache le sinistre chef de bande Arnold Cane (Alan Oppenheimer). L’épisode se suit agréablement la première demi heure. Danny n’a pas de chance entre une mère malade imaginaire et une petite amie, Jamie Wagner (Pamela Mc Myler) atteinte de démence. Elle est internée dans un asile. David Cassidy n’est pas vraiment crédible en jeune voyou, trop « minet » et gentil pour le personnage. Il n’est jamais expliqué comment Danny peut fréquenter Jamie alors qu’elle est dans un hôpital psychiatrique. L’épisode marque un peu le pas au bout de trente minutes. Jamais bon signe quand on commence à regarder sa montre. Ce n’est pas un ratage, mais plusieurs séquences se succèdent sans grande cohérence. Le scénariste manque de conviction. La fin s’étire un peu en longueur.
Scénario : Frank Chase. Réalisation : John Florea. Dora Copeland, vieille amie de Dacier, dirige une entreprise de fruits et légumes. Les banques refusent de lui prêter 5000 dollars. Une société louche propose d’avancer les fonds. Dora fait appel à Dacier qui reconnaît un dangereux gangster en la personne du prêteur. Le milieu des maraîchers est inhabituel pour cette série. Del Laver (Hank Brandt) est une vieille connaissance de Robert Dacier. Mais l’on est un peu surpris que la première réaction de Dora Copeland (Ann Doran) soit d’appeler l’homme de fer quand on lui propose un prêt. Laver s’acharne sur la famille Copeland et l’on ne comprend pas trop pourquoi, puisqu’il sait que Dacier le connaît. Un chantage est mis au point contre Paul Copeland (excellent Stewart Moss), fils de Dora. Une soit-disant infirmière Kathy sollicite Paul alors que sa voiture est en panne, puis simule une tentative de viol. Si la mère comprend la situation, l’épouse enceinte de Paul est plus sceptique. Le scénario de Frank Chase est un peu tiré par les cheveux. D’autant que la tentative de chantage est mise tout de suite sous les yeux de Robert Dacier. Le syndicat du crime veut s’implanter dans le milieu des maraîchers de San Francisco. En ce début 1970, les hippies à San Francisco sont un passage obligé, montré de façon caricaturale. L’enquête se traîne et le suspense est plutôt tiède. L’obstination de Laver est incompréhensible, dans la mesure où le syndicat du crime qui ne veut pas de publicité lui a demandé de renoncer. La partie est presque trop facile à la fin pour Dacier.
16. CANDY Scénario : Robert Earll. Réalisation : Don Weis. Des membres d’un centre de jeu clandestin se font braquer en pleine nuit par un gangster déguisé en clown pour un montant de 100 000 dollars. Il a une complice, Candy, que Mark prend en stop dans la nuit. « Candy » diffusé le 24 mars 1973 en France est un peu considéré comme « l’épisode de Mark ». C’est la première fois que durant les 28 premières minutes, Don Mitchell est seul à l’écran. On voit lors d’un coup de fil Eve à ce moment là. Puis Dacier et Ed. Candy (Tina Louise) est trop jolie pour être honnête. Elle et Mark sont coincés par la pluie et le mauvais état des routes, mais Candy a à ses trousses les organisateurs de la partie, dont Bryce (Charles Aidman). Le personnage de Candy se conjugue mal avec Mark. Elle est assez vulgaire, pratique vite le tutoiement. Elle est complice d’un tueur. J’avais gardé un meilleur souvenir de l’épisode. Candy n’est pas une minute attachante. A partir de la 29e minute, Raymond Burr et son équipe prennent les choses en main, mais à distance, laissant encore l’écran à Don Mitchell, dont le personnage de Mark comprend toute l’affaire. Fred (John Ericson) est le cerveau de l’affaire. Il n’y a jamais de romance esquissée entre le l’adjoint de Dacier et la jeune femme. Le dernier acte (à partir de la 38e minute) retrouve les codes de la série, Raymond Burr reprenant les rennes de l’enquête. Le suspense est constant, et l’épisode hors normes. La fin cependant remet pas mal en question l’originalité de l’aventure, la série retrouvant avec Dacier et son équipe son canevas habituel. Mais les admirateurs de Don Mitchell ne l’auront jamais autant vu seul à l’écran en Mark.
17. LE PARADIS QU'IL FAUT QUITTER Scénario : John Kneubuhl. Réalisation : Daniel Petrie. Un protégé de Robert Dacier, Loi Tala, boxeur, envoie son adversaire aux portes de la mort. Il veut arrêter de boxer mais subit les pressions d’un homme nommé le Matai. Les membres d’une communauté insulaire exotique, les Samoan, vouent une obéissance aveugle à leur maître, le Matai. On ne sait pas trop au début où le scénariste veut nous mener. Le Matai est une sorte de gourou. Loi a des talents de photographe, mais le Matai veut qu’il continue à boxer. Lorsqu’il le fait, Loi devient fou furieux. Il a envie de tuer. Son premier adversaire succombe à ses blessures. Plusieurs invraisemblances dans cet opus : le jeune boxeur n’affronte que des adversaires qui lui sont inférieurs. Le Matai apparaît comme une sorte de manipulateur fanatique du peuple samoan. En voulant faire trop original, le scénariste a pondu un récit auquel le téléspectateur habitué de la série n’adhère pas. Le manager de boxe de Loi, Bucky Crawford (Sandy Kenyon) essaie d’aider l’inspecteur Dacier après le bannissement du jeune homme par le Matai. Robert Dacier ici n’affronte pas de racketteurs ou de tueurs, mais joue les assistantes sociales (ou les psys) auprès d’un jeune exclu de sa communauté. Le téléspectateur est donc totalement déstabilisé, ne trouvant aucun des repères de la série. Un épisode absurde, à zapper sans regrets. Il constitue ce que l’on appelle un « hors-sujet ».
18. NI LE LIEU NI L'HEURE Scénario : Sy Salkowitz et Norman Borisoff. Réalisation : John Florea. A l’aéroport de San Francisco, l’équipe de Dacier attend un certain Riker venu prendre un magot volé. Mais la présence d’une starlette de cinéma sur les lieux provoque une confusion et Riker en voulant s’enfuir se fait écraser par un camion. Episode bien connu des anciens téléspectateurs, diffusé le 13 janvier 1973 (avec la troisième fournée d’épisodes), programmé ensuite plusieurs fois après « Aujourd’hui Madame », il présente une intrigue policière classique. Vivian Page, la starlette (Tiffany Bolling) est interrogée par Ed, qui cherche la clé que Riker transportait sur lui, cachant 250 000 dollars fruit d’un hold-up. Ed se fait draguer par Vivian… qui déteste les policiers. Le titre original est plus explicite : l’actrice s’est trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Ces épisodes familiers car diffusés assez tôt en France ont parfois laissé une bonne impression non justifiée, ou ont mal vieilli. C’était déjà le cas de « Candy », et malheureusement aussi en la matière de celui-là. Une starlette anti-police qui déplore le métier que fait Ed et souhaite que l’enquête de Dacier échoue. Vivian symbolise la révolte des jeunes post 1968. Aujourd’hui, le personnage nous semble artificiel et puéril. On peut se consoler en regardant d’autres opus diffusés tôt en France comme « En service commandé » qui eux n’ont pas pris une ride. L’idylle improbable de Vivian et Ed dans des décors de cartons pâte censés représenter San Francisco rappelle la série « Le Saint » avec Roger Moore. C’est difficilement regardable aujourd’hui, alors que cela faisait de l’audience à l’époque de la première diffusion française. Le plan qui tue des amoureux devant le Golden Gate ne fait plus illusion aujourd’hui. Cette réalisation désastreuse est dommageable à un scénario qui tenait la route.
19. VACANCES AUX FIDJI Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Chacun des membres de l’équipe a droit à trois semaines de vacances. Dacier part aux îles Fidjis y retrouver un ancien colonel, Walter Branford, avec lequel il y a vingt-cinq ans il combattit au Guadalcanal. Arrivé sur place, Dacier constate que le colonel a été enlevé. Puis Dacier disparaît et Ed et Mark le recherchent. Tout ceci dissimule une histoire de trafic d’or. Enorme frustration, tout est ici tourné en studios. Quelques images d’archives sont censées donner le change. Cet épisode exotique a dû ravir les téléspectateurs de 1970 mais ne fait plus illusion aujourd’hui. Ed et Mark sont dans des tenues tropicales pour nous mettre dans l’ambiance. L’épisode est une éternelle partie de cache-cache où les protagonistes se cherchent. La nièce du colonel, Marcia (Anne Collings) est l’otage de trafiquants d’or. Elle, seule, par ses fonctions, peut laisser de l’or quitter les Fidjis. L’intrigue ne décolle jamais. Il y a ici un fossé entre les ambitions du scénariste et les pauvres moyens alloués à la mise en scène. La production se prend trop au sérieux (musique grandiloquente, absence totale d’humour). Les morceaux de bravoure rappellent l’épisode de la saison 2 « Rencontre désespérée », Dacier faisant fi de son handicap pour remonter dans son fauteuil alors qu’il est alité et prisonnier. La fin est bâclée. Un épisode qui promet beaucoup mais reste très moyen.
Scénario : Arthur Weingarten. Réalisation : Abner Biberman. Eric Saginor, marié à la belle Susan, est déçu de son déroulement de carrière à la banque. C’est alors que Susan est enlevée en même temps que sa meilleure amie Eve qui intervenait. John Saxon est ici méconnaissable avec des lunettes et un look de looser en Eric Saginor. Le couple qu’il forme avec la superbe Carla Borelli est improbable. Après l’ambitieux « Vacances aux Fidjis », on retrouve une intrigue classique de la série. Dacier apprend que Saginor s’est vu refuser de l’avancement dans la banque, il a eu une mésentente avec sa femme, ce qui lui a occasionné quelques erreurs. L’homme de fer le soupçonne d’avoir organisé lui-même l’enlèvement de sa femme. Malgré la présence de Carla Borelli, l’opus est vite ennuyeux. On sort de notre torpeur lors de la tentative d’évasion d’Eve et Susan. Dacier se met à soupçonner le supérieur de Saginor, Paul Friedland (Fritz Weaver). Le fait que ce soit des hippies qui gardent les prisonnières date bien l’épisode dans son époque. Eve sera très déçue par sa meilleure amie mais Dieu que Carla Borelli est fascinante.
21. UNE HEURE À TUER Scénario : Sandy Stern. Réalisation : Richard Benedict. Après une audience, Robert Dacier libère Mark assez tard pour aller à son cours de droit. Seul dans son appartement, il réalise qu’il est la proie d’un tueur venu se venger. Episode choisi par l’ORTF pour débuter une « saison 3 » le 6 janvier 1973. Bonne sélection en l’occurrence. Il s’agit d’un suspense diabolique. Eve et Ed sont à l’opéra où ils ont l’air de s’ennuyer au possible, Mark a ses cours du soir de droit, Randall vient rendre une petite visite de courtoisie, mais Dacier, resté seul, est tombé dans un piège. Comme tous les épisodes multidiffusés très tôt en France, on se souvient tout de suite de l’intrigue si l’on était devant son petit écran ces années-là. Au cours du soir, un faux meurtre est perpétré pour que le professeur puisse illustrer la fragilité du témoignage humain. Pendant ce temps, l’homme de fer, coupé du monde chez lui, a rendez-vous avec un ancien adversaire, un ennemi diabolique. C’est admirablement bien joué et le tournage en studios ne dessert en rien l’intrigue, au contraire. Sans armes, Dacier doit se défendre et surtout identifier le tueur. On est surpris qu’Eve et Ed qui ne sont que des collègues de travail aillent ensemble à l’opéra. Mark brille face à son professeur au cours de droit en se rappelant beaucoup d’éléments de la fausse agression. On comprend qu’ici tout est dans le passé de Dacier (mais jamais évoqué dans la série). Ce genre d’intrigues rappelle un peu « L’héritage diabolique » dans « Chapeau melon et bottes de cuir ». Imperturbable, jouant les McGyver avant l’heure, Dacier prépare un piège pour son assaillant. Digne d’Hitchcock, le suspense est sans failles. Richard Benedict réussit là une réalisation superbe après un autre opus de la saison, « L’ombre d’un doute ». Jimmy Chard, le tueur, n’est jamais apparu dans la série. Fort bien interprété par Robert Lipton, il est le frère d’un homme, Billy, que Dacier a envoyé il y a trois ans à la chaise électrique. Chard prétend être un héros du Vietnam, mais Dacier lui prouve qu’il était en fait dans un hôpital psychiatrique. La fin est bien entendu à la hauteur du reste de cet épisode inoubliable.
22. LE TRÉSOR DE L'INDIEN Histoire : Joyce Perry. Adaptation : Irv Pearlberg. Réalisation : Don Weis. John Walala, un indien qui sort de prison, bénéficie de l’aide de Dacier pour sa réinsertion qui lui trouve du travail. Mais il est suspecté d’avoir aussitôt libre dérobé 60 000 dollars de bijoux en perçant le coffre de l’homme qui l’a employé. Episode diffusé le 31 mars 1973 en France, marquant la fin durant trois longues années de la programmation d’inédits. Un coffre a été percé et Walala est suspect. Leavitt, le patron qui l’a embauché le regrette amèrement et le reproche à Dacier. Le thème de la réinsertion a été déjà abordé dans la série. Ici, l’épisode est délibérément pro-indien. Dacier prend fait et cause pour cette communauté qu’il décrit à Mark comme fort défavorisée. Le scénario est caricatural. Au lieu d’un polar, on a un plaidoyer pro-indien. Peu de suspense, beaucoup de bavardages. Fowler demande à Eve le jour où elle se mariera de le choisir comme bijoutier. Parmi les suspects, Carew (Dabbs Greer) dont la femme très malade nécessite des soins coûteux, employé de M Leavitt et Fowler. Il ne se passe pas grand-chose à l’écran et le téléspectateur s’ennuie. Une fois le plaidoyer pro indien subi, on est vraiment déçu par le script, pourtant écrit à deux mains. Walala menace d’un fusil son bienfaiteur Dacier avant de se rendre. Ned Romero en suspect Walala est peu expressif. Le personnage est mal écrit, et c’est Dacier qui doit raconter l’intrigue au téléspectateur. Le meilleur ami et cousin de Walala, Craig Cheppa, fournit aussi un bon suspect. D’autant que Carew est innocenté par sa femme opportunément, elle avoue à Ed qu’il était avec sa maîtresse. Lors d’une scène, Mark retrouve Cheppa dans sa voiture décapotable sur les hauteurs de San Francisco. Nous avons droit à un affreux plan fait en studio. « L’homme de fer » n’est pas en forme, c’est un épisode raté, plombé par un scénario anémique. La seule défense de la cause indienne ne fait pas un bon film. L’absence d’action et l’intrigue verbeuse n’avantagent pas cet opus. Dacier arrête sans difficultés le coupable qui est une surprise, la seule de l’épisode. Un bien mauvais choix en 1973 par l’ORTF.
23. LE FILS DU PRISONNIER Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. L’épouse de Marty Jessup, Fran, est tuée alors que son mari purge une peine de prison. L’enfant, Jerry, est choqué et ne parle pas. Une fin de saison 3 bien mal inspirée avec plusieurs épisodes ratés. Ici, Dacier est confronté à l’enfant d’un homme qu’il a arrêté. L’enfin rouquin est incarné par Mitch Vogel qui cabotine beaucoup. Afin de lui éviter l’orphelinat, Dacier offre l’hospitalité au gamin. Dès le début, on comprend que cela ne sera pas un grand épisode. Scénario faible à nouveau. Mark est chargé de distraire Jerry en lui apprenant le basket ball. Il lui fait également un cours d’instruction civique. L’enfant est rebelle à l’ordre et à la police. Comme dans l’opus précédent, on tombe dans les discours sans fins. Au mépris de toute vraisemblance, sans doute pour que l’on voit William Shatner, Marty est libéré pour un interrogatoire chez Dacier au lieu que cela se passe en prison, puis qu’il aide le policier dans l’interrogatoire des témoins. La confrontation père fils, par Shatner et Mitch Vogel est complètement ratée, l’enfant acteur ne renvoyant pas la balle à son partenaire. Le suspect principal est un complice de Marty en fuite, Al Carter (Michael Bell). L’aspect mélodrame supplante l’intrigue policière. C’est l’épisode typique pour fournir à la chaîne le nombre d’épisodes requis pour la saison. Il est difficile de réaliser que la même série peut nous proposer « L’ombre d’un doute » et « Une heure à tuer » et des histoires brouillonnes. Les scènes en extérieurs ne sont pas une réussite, problème du tournage en studios. La culpabilité de Carter ne fait pas de doute, on l’apprend de sa bouche à la trentième minute, écartant tout mystère et suspense. Dacier fait une confiance aveugle aux truands, laissant Marty sortir avec son fils acheter une glace. Cela frise l’inconscience. Et brise toute crédibilité. Heureusement, Mark est moins crédule. Il comprend que Marty veut filer. Mais c’est l’enfant qui convaincra son père de ne pas faire une bêtise. La surveillance devant la maison d’Al Carter est trop longue et pesante. Réalisation plate, scénario décousu, un épisode à zapper.
24. EVE ET SON PRINCE CHARMANT Scénario : Norman Katkov. Réalisation : Robert F. Day. Un prince, Mikael, favorable aux Etats-Unis, fait escale à San Francisco et tombe dans un piège. Il se laisse entraîner dans une randonnée nocturne. Eve et Ed le suivent. Bradford Dillman en prince charmant est une grosse erreur de casting, il est plus à l’aise dans l’emploi de « bad boy ». Mais il est très bon comédien. Eve sort le prince d’un mauvais cas. Il manque être enlevé par un couple qui l’accuse d’avoir voulu le voler. Ceci avec la complicité de son serviteur Boudaris (Wesley Addy). Barbara Anderson a un rôle plus important que d’habitude dans l’opus. Eve semble prendre beaucoup de plaisir à la tâche, ce que l’on aurait mieux compris avec un autre comédien que Dillman. Le prince se fâche lorsqu’il découvre qu’Eve est un policier. Eve semble avoir envie de devenir princesse, devant un prince Mikael timoré et coincé qui ne semble pas goûter son charme. Bradford Dillman rend le prince totalement ridicule dans la scène de danse de la boîte de nuit « The lighthouse », forçant son jeu. L’épisode n’est pas désagréable mais sombre dans l’anecdote, avec une fin malheureusement bâclée.
25. UN MÉTIER DE CHIEN Scénario : Frank Telford. Réalisation : Don Weis. Sissy Cardwell, une riche donatrice de la police demande au commissaire Randall de retrouver son chien. Il s’agit en fait d’un gang qui kidnappe, contre rançon, des chiens. Hors sujet pour « L’homme de fer ». Il se trouve que le prétendant de la nièce de Sissy, Marla (Belinda Montgomery), un certain Derek, est complice de cette dernière pour extorquer 500 dollars. Les vols sont faits par un certain Denby (Abner Biberman). Belinda Montgomery accuse un manque de maturité certain. Derek Brenner (Martin West) agit par haine de la bourgeoisie, à laquelle appartient Marla qui aime fréquenter les hommes plus âgés et devient sa complice. Au départ futile, l’argument de l’intrigue devient très vite grave. On a du mal à se passionner pour ces rapts de chiens par un gang organisé. Dennis Randall habituellement pointilleux sur les dépenses que fait Dacier gaspille ici l’argent du contribuable. Très vite, l’équipe de l’homme de fer soupçonne Marla qui commet plusieurs erreurs. C’est une petite fille gâtée voleuse d’occasion. Il faut bien avouer que Belinda Montgomery, qui joue ici de façon approximative, nous déçoit. Elle se montra plus douée dans la suite de sa carrière. Son personnage est une petite écervelée. Dans tous les cas, cet opus était indigne de figurer dans « L’homme de fer ».
26. LIBERTÉ SURVEILLÉE Scénario : Francine Carroll. Réalisation : Don McDougall. Il y a sept ans, la fiancée d’Ed a été assassinée par Tom Dayton, qui vient d’être libéré sur parole. Le trop sympathique et regretté Bill Bixby du « Magicien » et de « L’incroyable Hulk » en assassin Tom Dayton, c’est en demander beaucoup au téléspectateur. Il faut dire que le comédien a commencé sa carrière en 1961 et n’a pas tout de suite endossé les rôles des héros Tony Blake et David Banner. Son personnage a ici commis un crime odieux, tuant une infirmière fiancée d’Ed Brown. En fait, atteint mentalement, il ne supporte pas l’autorité d’une femme chef hiérarchique. William Smithers en avocat antipathique Ross Farley est lui bien à sa place dans son personnage. Une bonne partie de l’épisode se déroule en flash-back. Ed travaillait déjà pour Dacier qui a l’époque était valide. Tom Dayton n’a pas tué volontairement la fiancée d’Ed. Dans la scène de flash-back, pris de folie, il veut étrangler sa patronne, l’infirmière s’en mêle et en la bousculant, elle fait une mauvaise chute et se tue. Il n’en est pas moins dangereux. Mais l’on aurait préféré un Anthony Perkins dans le rôle que Bill Bixby (également connu à l’époque des américains comme héros de « Mon martien favori »). Ce pur drame de la récidive schizophrène est réussi avec le talent de Bixby qui nous fait oublier la sympathie naturelle qu’il dégage. A cause des allers et retours incessants dans le passé avec Dacier sur ses jambes, on s’embrouille légèrement parfois. Bill Bixby était un bien meilleur comédien que Don Galloway, ce qui est flagrant ici (D’ailleurs le premier a fait une plus grande carrière que le second). C’est Smithers, en avocat, qui joue ici les salauds parfaits. Bill Bixby incarne le pur malade mental avec grand talent. Si on l’aime, c’est tout de même pour les séries dont il fut le héros. Il fait cependant en Dayton une grande performance, incarnant un pauvre type malade qui n’a pas conscience du mal. La scène finale est poignante, et l’équipe de l’homme de fer abandonne toute haine pour le déséquilibré. La morale est très belle, Eve déclare « j’avais de la pitié pour lui en dépit de tout ce qu’il a fait », Ed concerné au premier plan répond : « Le jour où vous n’éprouverez pas de pitié pour un malheureux comme Dayton, il faudra changer de métier ». Après plusieurs opus médiocres, la saison 3 se termine en beauté.
Images capturées par Patrick Sansano.
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Saison 5 1. Folie meurtrière (The priest killer) 2. Tuez-le (Contract : Kill Ironside) 3. Les professionnels (The professionals) 4. Jeux dangereux (The gambling game) 5. L’anneau des prières (Ring of prayer) 6. La femme en noir (In the line of duty) 7. Des fiançailles mouvementées (Joss sticks and wedding bell) 8. Improvisation de meurtre (Murder impromptu) 10. Le petit témoin (If a body see a body) 11. Bon samaritain (Good samaritan) 14. Premier amour (Class of ’57) 15. Sans motif apparent (No motive for murder) 16. Irresponsabilité (But when she was bad) 17. Et s'il n'en reste qu'un... (And Then There Was One) 18. Le numéro de la mort (Death by the Numbers) 19. Poupées, Sorcières et Assassins (Bubble, Bubble, Toil and Murder) 20. Le talon d'Achille (Achilles' Heel) 21. Poupées, sorcières et assassins (Bubble, bubble, toil and murder) 22. Le talon d’Achille (Achille’s heel) 1. FOLIE MEURTRIERE Histoire de David Levy et Robert Van Scoyk. Adaptation : Robert Van Scoyk et Joel Oliansky. Réalisation : Richard A. Colla. Episode d’une heure trente six minutes. En France, l’épisode est diffusé en deux parties. Résumé : Trois prêtres sont assassinés à peu de temps d’intervalle. Très vite, il apparaît que ces crimes ne sont que le prélude d’un massacre de masse de prêtres que veut commettre un fou, Vincent Wierthel. Critique : Nous retrouvons Dacier dans une enquête insolite qu’il mène conjointement avec un sergent de police devenu prêtre à la mort de sa femme, le père Cavanaugh (George Kennedy). En fait, on voit autant sinon plus George Kennedy que Raymond Burr. Dans le rôle du fou criminel, Anthony Zerbe livre une composition étonnante de vérité. Le problème de cet opus est sa durée, pourquoi avoir voulu tenir 1h36 lorsque le format 48 minutes suffisait ? De ce fait, le rythme est lent, les bavardages se multiplient. NBC nous montre plusieurs fois San Francisco « en vrai », mais les scènes sont présentées simultanément avec d’autres en studio, problème depuis la saison 1. On nous révèle aussi trop rapidement l’identité du meurtrier, qui ne fait pas mystère. Ses motivations restent obscures et les scénaristes en font une sorte de pantin sans âme. Louise Latham incarne Martha Gordon, qui servait la première victime, le père McMurthy. Le téléspectateur ne retient que ces trois personnages d’une longue distribution, les autres n’ayant qu’une importance relative. On ne comprend pas trop pourquoi l’on nous présente une organisation néo fasciste pour vite l’oublier, le chef étant tué par Wierthel. Robert Dacier semble plus passif que d’habitude, ayant du mal à contrôler les initiatives du père Cavanaugh. Ed et Mark sont inexistants, n’ayant que des tâches subalternes à acquitter. Il manque une présence féminine : Elizabeth Baur en Fran Belding piétine dans les coulisses. Le réalisateur s’attarde sur des décors d’églises, et l’on n’a pas lésiné sur le nombre de figurants. Mais la mise en scène n’est jamais spectaculaire. On retient quelques scènes près du Golden Gate. Les trois scénaristes s’éparpillent dans des détails qui nous laissent de marbre. C’est plus l’enquête du père Cavanaugh qu’une aventure de Robert Dacier. Le temps d’écran de George Kennedy à l’antenne nous paraît bien plus long que celui de Burr. Folie meurtrière manque singulièrement de suspense et de rythme. La fin est très prévisible. L’opus lui-même n’est pas un grand cru. Anecdotes :
2. TUEZ-LE Scénario : Stephen et Elinor Karpf. Réalisation : Don Weis. Résumé : Dacier doit témoigner devant le grand jury contre Alvin Kresser, soupçonné d’extorsion de fonds. Afin de l’en dissuader, quelqu’un met une charge d’explosif dans le fourgon de l’inspecteur pendant qu’il assiste à un concert. Pour assurer la sécurité de Dacier, le commissaire Randall le fait emprisonner. Critique : On retrouve les tournages dans les studios Universal où dans les rues de San Francisco, censées être représentées, quelques véhicules isolés sont disposés. Tout cela ne fait plus illusion de nos jours. En tueur Marvin Bosner, James Olson se livre à un jeu du chat et de la souris avec Dacier à l’intérieur de la prison. Assez classique, l’opus ressemble à ceux des premières saisons. Le scénario est assez astucieux : Bosner a un concurrent, un jeune morveux engagé par le mafioso Rossi (Phillip Pine). On est assez surpris par la double personnalité de Bosner, à la fois époux et fils affectueux et tueur implacable. Olson joue le rôle tout en subtilité. Au lieu d’une froide mécanique, c’est un personnage complexe. James Olson bénéficie, en tant que « méchant », de davantage de scènes que de coutume dans la série. On regrettera la fin un peu bâclée, le fait que le tueur s’expose vraiment plus que nécessaire pour accomplir son job, ce qui n’est pas très vraisemblable. Néanmoins, nous avons droit à un bon suspense. Anecdotes :
3. LES PROFESSIONNELS Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Résumé : Une arnaque aux touristes possédant des cartes bancaires provoque la mort d’un certain Fremont. Al, qui dirige ce racket, utilise la complicité d’un chauffeur de taxi et de deux belles filles. Ed Brown sert de « chèvre » pour piéger le gang. Critique : Très bonne idée d’intrigue policière. Jamais vue ailleurs. Et fort bien interprétée, en particulier par James Drury, le justicier de la série western Le Virginien en chef de gang, Al. Une allusion à Capone ? On oublie le cowboy qui ici s’est recyclé du mauvais côté de la barrière. Johnny Seven tient un rôle particulièrement important et joue toujours aussi bien en lieutenant Reese. Les scènes d’extérieurs de San Francisco la nuit sont censées se dérouler dans le brouillard, ce qui permet d’atténuer le manque de crédibilité du tournage en studio. Le suspense est constant. On ne s’ennuie pas une seconde, et l’on peut noter que Raymond Burr est un peu moins présent à l’écran. Reese mène sa propre enquête au péril de sa vie. On passe donc un excellent moment, sans aucun temps mort. Il faut avouer que Don Galloway n’a pas l’air d’un touriste en goguette, et l’on n’est guère étonné que le faux chauffeur de taxi ne morde pas à l’hameçon. L’idée de Robert Dacier est de faire retirer tous les taxis de la compagnie « Standart » pendant une soirée, ce qui permet à Reese de trouver celui du gang. On aimerait que tous les épisodes de L’homme de fer soient de ce niveau de qualité. Anecdotes :
4. JEUX DANGEREUX Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Résumé : Une jeune recrue de l’école de police, Fran Belding, veut innocenter son père, Dave, assassiné et considéré comme de mèche avec les gangs des jeux clandestins. En voulant piéger un membre de la bande, elle provoque involontairement une grave blessure à Dacier qui tombe de son fauteuil roulant. Critique : Barbara Anderson partie, il fallait songer à son remplacement, et surtout ne pas se tromper. Pas question pour NBC d’engager une inconnue. L’idée de recruter une vedette de série télé populaire ayant un peu le même genre que l’interprète d’Eve Whitfield, jolie mais réservée, semblait évidente. Encore fallait-il trouver la perle rare, et libre de surcroit. A la rentrée 1971, la populaire Elizabeth Baur, Teresa O’Brien héroïne de la série Le Ranch L, après l’annulation au terme de deux saisons, n’est pas engagée dans des projets nouveaux à long terme. Elle n’a tourné, en guest-star, que trois épisodes de séries. Très belle mais dans un registre différent de Barbara Anderson, elle était le choix idéal. En France, où elle est populaire pour Le Ranch L tardivement diffusé (une saison en 1970, une en 1973-74), il faudra attendre 1976 sur Antenne 2 pour la découvrir en Fran Belding. Après 39 épisodes programmés sur l’ORTF entre 1969 et 1973, la série fait moins d’audience. Mais à la faveur de 13 épisodes inédits sélectionnés dans cette saison 5, nous allons enfin la découvrir en partenaire de Raymond Burr. Dès les premières images, on est sous le charme. Sous ses airs de faible femme, Elizabeth Baur nous propose une héroïne policière aussi forte et déterminée que la partenaire de James Stacy et Andrew Duggan dans sa série western. Dotée de plus de personnalité que Barbara Anderson (qui n’avait rien fait avant la série), et de ce que l’on peut appeler « un petit caractère », elle ne rate pas son entrée en scène dans cet épisode où elle veut jouer les francs tireurs pour sauver l’honneur du père de son personnage Dave Belding. Dès son arrivée dans l’équipe, Fran se heurte à Ed. Dacier a aussi du mal à amadouer cette jument sauvage. C’est un très bel épisode, avec l’opération que doit subir l’homme de fer pour ne pas rester totalement paralysé, et l’intégration de Fran dans le groupe. Il faut aussi réhabiliter le père de Fran et trouver la véritable brebis galeuse qui l’a compromis au sein même de la police. La personnalité du vrai coupable « ripoux » est un peu décevante. Un bellâtre, le sergent Artie Atkins (Van Williams). Arrivant au but, Fran craque. Confrontée à la meurtrière de son père, Betty (Madlyn Rhue), arrêtée, Fran sait faire taire sa rancœur et montrer qu’elle a du coeur. La scène est bouleversante. Bien davantage que celle, plus conventionnelle où elle intègre définitivement l’équipe. Elle est si bien partie prenante de la série que lors du téléfilm réunion en 1993, nous aurons le plaisir d’avoir à la fois Barbara Anderson et Elizabeth Baur. Bienvenue Fran dans le monde de L’homme de fer. Anecdotes :
5. L’ANNEAU DES PRIERES Scénario : Jack Morse. Réalisation : Don Weis. Résumé : Robert Dacier est confronté à une femme aux pouvoirs démoniaques et surnaturels, Madame Jabez. Elle pratique la magie noire, mais Dacier pense de façon plus matérielle qu’elle s’est emparée du butin d’un braqueur dont la liberté surveillée vient d’être refusée. Critique : Première incursion, pour le moins insolite, de la série dans le fantastique. Par certains côtés, l’approche rappelle celle qui fut tentée dans une autre série Universal, Opération vol, avec l’épisode Le scorpion. Dacier est ici confronté à Mme Jabez (Barbara Rush), personnage dont on ne saura jamais le prénom. Elle tient une librairie et y vend des ouvrages sur l’occultisme dont l’un est introuvable partout ailleurs. Bien que deux personnes avant lui meurent de ses agissements, Dacier ne croit pas en son pouvoir. L’épisode réussit à distiller une certaine épouvante mais très cartésien, le héros en fauteuil roulant ne se laisse pas impressionner. Au contraire de ses collaborateurs qui craignent pour sa santé. On regrette que pour sa première mission en tant qu’assistante définitivement recrutée dans l’équipe, Fran Belding soit cantonnée à jouer un minimum de scènes, si l’on excepte sa participation au groupe de médiums lors de la cérémonie finale contre Mme Jabez. L’opus nous laisse sur notre faim, et la série ne fait pas bon ménage avec le surnaturel. Anecdotes :
6. LA FEMME EN NOIR Scénario : Mark Rodgers. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Un policier ami de Dacier est devenu la victime d’un criminel appelé par la presse « le tueur du Golden Gate ». Il était seul ce soir-là, son coéquipier étant grippé. L’inspecteur n’est pas convaincu par cette version de l’affaire. Critique : Il s’agit d’une intrigue à tiroirs à multiples pistes qui donne très vite mal à la tête tant le script est tortueux. Notons que le tueur du Golden Gate est vite arrêté et n’a rien à voir avec la mort du policier. A force d’embrouiller l’affaire, le téléspectateur soupçonne tout et n’importe qui, à commencer par la veuve, Gloria Campbell (Vera Miles) qui touche une assurance vie confortable. Il y a aussi un délinquant que le sergent Jack Campbell a arrêté il y a quatre ans pour trafic de drogue, brisant sa carrière dans la marine, George Whittaker (Brandon De Wilde) qui fait un suspect idéal. Pendant 48 minutes, nous tournons en rond, passant d’un potentiel coupable à l’autre. Alors qu’il dispose d’un homme qui passe aux aveux et risque la chambre à gaz, Dacier n’est pas satisfait et continue son enquête, en dépit du bon sens. Le téléspectateur finit par s’ennuyer ferme, d’autant que la réalisation laisse à désirer. Vera Miles tente de sauver les meubles, mais elle a l’air de se demander ce qu’elle fait là. Il y a bien entendu de nombreux retournements de situation, mais le spectateur y perd son latin. On multiplie les personnages et les retours dans le passé. Elizabeth Baur a peu de scènes à défendre, et le costumier ne s’est pas creusé la tête pour sa garde robe. Raymond Burr affiche un air auto-satisfait et il n’y a guère que lui qui soit content. Anecdotes :
7. DES FIANÇAILLES MOUVEMENTEES Scénario : Marty Roth. Réalisation : Leslie Martinson. Résumé : Dacier a financé l’éducation dans un orphelinat coréen d’une jeune fille, Chong, qui le considère comme son père. Elle arrive aux Etats-Unis car elle vient de se fiancer. Critique : Il n’a jamais été question de cette fille coréenne de Dacier lors des quatre premières saisons. Sa biographie se complète donc. Le fiancé, Kwangsoo, est traqué par les hommes de main d’un usurier. L’ensemble est empreint d’une naïveté confondante. Le prétendant accumule les bêtises et se retrouve accusé de vol. La VF est catastrophique, donnant aux personnages coréens un phrasé ridicule. Ce qui frappe également, c’est la minceur du scénario. Le réalisateur abuse de scènes très carton pâte, on semble arpenter la moindre « rue » des studios Universal. Alors que nous sommes censés être dans le quartier chinois de San Francisco, on a le sentiment de se trouver dans une petite bourgade perdue. La fin remplie de guimauve ne rachète pas un épisode médiocre. Au hasard de la distribution, on retrouve Dana Eclar et Soon-Tek-Ho. Personne ne sera étonné en apprenant que dans les saisons suivantes, il ne sera plus jamais question de cette fille adoptive. On ne s’en plaindra pas. Il est bien regrettable pour la nouvelle venue Elizabeth Baur de commencer par des épisodes aussi mineurs. Anecdotes :
8. IMPROVISATION DE MEURTRE Histoire de John McGreevey et Max Hodge. Adaptation : Max Hodge. Réalisation : Don Weis. Résumé : Lors de la représentation d’une troupe de comédiens pratiquant l’improvisation, dans un cabaret, l’un d’eux est assassiné. Critique : L’épisode se déroule en huis-clos, ce qui évite au metteur en scène de devoir tricher avec de faux décors de San Francisco. Dacier découvre très vite que la victime, Lennie, était un être abject, maître chanteur, et comptait de nombreux ennemis. Sans être géniale, l’intrigue se suit sans ennui. On y retrouve Roddy McDowall dont le jeu historique est parfois difficile à supporter, ainsi que la belle et méconnue Elaine Giftos. Les numéros d’improvisation sont réussis. Mc Dowall est Jamie, ex-enfant star qui accepte mal d’être passé de la lumière à l’ombre. Les suspects ne manquent pas. On ne sait pas parfois si l’on se situe dans le théâtre ou la réalité. L’enquête s’avère difficile. Mais Dacier a plus d’un tour dans son sac et trouvera la solution en faisant effectuer une nouvelle représentation qui sera une reconstitution inavouée. Dans cette saison 5, la série semble parfois avoir du mal à se renouveler. L’ambiance rappelle parfois d’autres huis-clos comme Mystère à l’exposition (Saison 1). Elizabeth Baur a quelques scènes intéressantes, par exemple l’interrogatoire d’un suspect (rien moins que Jamie), et semble plus autonome que Barbara Anderson. Mais sans mauvais jeu de mots, le scénario sent parfois l’improvisation. Anecdotes :
Scénario : Edward De Blasio. Réalisation : Don Weis. Résumé : Avant de se suicider en se jetant du Golden Gate, Bobby Adams, cousin de Fran, lui laisse une lettre d’adieu lui avouant son amour éperdu. Peu après, quelqu’un contacte Fran en se faisant passer pour le mort. Critique : Sans doute conscients qu’il fallait par un électrochoc imposer Elizabeth Baur en remplaçante définitive de Barbara Anderson, les producteurs ont choisi de nous proposer un épisode hors norme, de la qualité du mémorable Où est la limite ? , centré sur le personnage de Fran Belding. Pour la musique, Billy Goldenberg est mis à contribution afin de composer une partition spéciale et mémorable, illustrée par la chanson Growing up is hard to you , dont les paroles sont signées par David Wilson. Bien évidemment, Elizabeth Baur sera de tous les plans de l’épisode. C’est « son » opus. Et elle s’en sort avec les honneurs, nous permettant, malgré un tournage studio toujours limite (ah, la scène devant un écran montrant le Golden Gate avec des gros plans sur les personnages !) de faire une interprétation inoubliable, et précisément de tourner la page Eve Whitfield. Aux côtés d’Elizabeth, Christine Belford, la rivale de Banacek tout au long de la série avec George Peppard, est également brillante. Ces deux comédiennes nous permettent d’atteindre un niveau de qualité que l’on n’avait plus eu depuis longtemps dans L’homme de fer. Chère Fran, avec le cousin amoureux transis mort et revenu d’outre tombe, nous fait immanquablement penser à Sueurs froides d’Alfred Hitchcock. Bobby est-il vivant ? Tout l’indique, et pourtant, omniprésent, il ne se manifeste jamais. On n’a pas retrouvé son corps, ce qui permet à Fran d’espérer que son cousin soit toujours en vie. Le scénario béton d’Edward de Blasio (une superbe et déchirante histoire d’amour), ponctuée de retours en arrière qui nous en apprennent beaucoup sur le passé de Fran, construisant ainsi sa biographie, et la réalisation du toujours impeccable Don Weis nous tiennent en haleine jusqu’aux dernières images. Chère Fran fut diffusé, à bon escient, dès 1976 par Antenne 2. C’est le meilleur moyen de passer d’Eve à Fran en douceur, avec une intrigue qui hante le téléspectateur longtemps après sa vision. Durant une bonne partie de l’histoire, Elizabeth Baur agit seule, et nous oublions un peu l’équipe de l’homme de fer. En nous montrant cette jeune femme solide mais sensible, on dépasse l’image de fille de flic de Jeux dangereux. Toute l’histoire se passe entre l’actrice, Christine Belford en Suzanne Broderick et un violoniste suspect, un voisin, incarné par l’inquiétant Anthony James, au visage taillé à la serpe. Le suspense alterne avec le mélodrame au sens positif. Chère Fran est un véritable joyau présenté au téléspectateur, qui tranche avec le reste de la série. On aurait presque aimé qu’il soit le pilote d’un spin off dédié au personnage de Fran. Anecdotes :
10. LE PETIT TÉMOIN Scénario : Max Hodge. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Alors qu’il joue au football durant un moment de détente dans un parc avec Mark et leurs petites amies respectives, Ed découvre un cadavre dans un sac. Un gamin avec un appareil photo prend un cliché, mais peu après le cadavre a disparu. Critique : J’ai cru au départ qu’il s’agissait d’un autre excellent épisode, mais après un bon début, l’intrigue s’effiloche et ne tient plus la route, au point de lasser un peu le téléspectateur. Que le sergent Ed Brown, appelé ici pour la première fois « Edward » soit ridiculisé pour avoir alerté ses collègues pour un corps qui disparaît est un argument bien mince. Surtout que peu après, nous savons qu’il s’agit de Paul Collin, un homme kidnappé, affaire sur laquelle travaille le FBI. Toute la partie concernant l’enfant, dont les parents affichent pour 1971 des mœurs libérées très en avance, est vite fastidieuse. On se retrouve devant un kidnapping classique et la mystification de la voix enregistrée de Collin ne nous tient guère en haleine. Notons que les petites amies d’Ed et Mark disparaissent vite de cet opus et l’on n’en saura pas davantage à leur sujet. Nous trouvons ensuite le temps long. En Craig, jeune singe savant, Lee Harcourt Montgomery cabotine. Raymond Burr joue les papas gâteaux en robe de chambre et plusieurs situations rendent l’ensemble un peu ridicule. Le scénariste Max Hodge tire à la ligne pour tenir quarante huit minutes et les redites sont nombreuses. Beth Brickell en Karen Muller, la kidnappeuse de Collin, ne manque pas de charme, mais cela ne suffit pas à faire un bon épisode. Anecdotes :
11. BON SAMARITAIN Scénario : Frank Telford. Réalisation : Leslie H. Martinson. Résumé : Une nuit, blessé par des braqueurs qu’il a surpris, le sergent Ed Brown est sauvé par un déserteur de l’armée accusé de meurtre, qui lui fait un garrot. En échange, Ed va l’aider à prouver son innocence du meurtre d’une jeune femme, Mildred. Critique : Cet épisode rappelle les meilleures intrigues des saisons 1 et 2. Un bon scénario, avec de multiples rebondissements, tout en restant plausible. Pour l’occasion, l’équipe de l’homme de fer va enquêter dans le milieu militaire, ce qui n’est sans doute pas de sa compétence. Certes, les bons sentiments sont un peu trop nombreux, et Don Galloway une fois de plus montre les limites de ses talents d’acteur. Il faut s’y retrouver au milieu de nombreux personnages de la base militaire où un trafic de drogue sévit parmi les anciens du Vietnam. Tout accuse le bon samaritain qui a sauvé Ed, le caporal William Eller (Michael Callan). Bien souvent, on trouve la situation désespérée. On sait que le happy end (à part dans Où est la limite ? ) est la règle de la série. On passe un bon moment, on retrouve au passage Diana Muldaur, visage familier des séries, les méchants sont ceux que l’on soupçonne le moins. Un regret cependant, Elizabeth Baur est cantonnée à un rôle mineur. En dire plus serait dévoiler des spoilers. Un épisode qui rappelle bien le début de la série dont on peut trouver quand même qu’elle a duré trop longtemps, plombée aussi par les éternels tournages en studios (pas trop visibles ici). Anecdotes :
12. MEURTRE À GENTLE OAKS Scénario : Michael Fisher. Réalisation : Robert Clouse. Résumé : Dans une maison de retraite, les patients meurent bizarrement. Un médecin ami de Robert Dacier s’en émeut et trouve la mort dans un accident de voiture provoqué. Critique : Cet excellent épisode est joyeusement pompé sur un roman d’Agatha Christie Mon petit doigt m’a dit. Une maison de retraite où les patients confiés par les enfants ont le bon goût de mourir à volonté. Si l’on met de côté le plagiat évident d’Agatha Christie, on passe 48 minutes excellentes avec des personnages hauts en couleur. En tout premier lieu, la directrice May Joyce Skinner (Ruth Roman) en blouse blanche, tyrannique comme l’infirmière de Vol au dessus d’un nid de coucous, qui ira jusqu’à jeter Dacier de son fauteuil pour lui démontrer qui fait la loi. Ensuite, le docteur Perry (Harry Townes), son complice. Ajoutons qu’à la liste des patients résidents se trouve John Carradine en Isaiah Witt, pensionnaire trop curieux. May Joyce Skinner tombe dans le piège tendu par Dacier qui se fait passer pour un vieux scientifique dont les enfants ingrats (Ed et Fran !) veulent se débarrasser. Mark hante les parages en ecclésiastique, adjoint d’un pasteur. Le piège monté est presque trop facile, mais Robert Dacier a sous-estimé la criminelle, habituée à liquider sur la demande d’enfants indignes les parents âgés. On passe bien sûr un excellent moment, et Raymond Burr est parfaitement crédible d’un bout à l’autre en vieil homme promis à un sort funeste. L’épisode se déroule en huis clos, la maison de retraite, ce qui fait que pour une fois, les tournages en studio ne posent aucun problème. Un excellent thriller pour cette saison 5, qui n’avoue cependant pas ses sources littéraires pourtant évidentes. Anecdotes :
13. MEURTRE PAR PROCURATION Scénario : Donn Mullally. Réalisation : Don Weis. Résumé : Frank Carlson, policier ami d’Ed Brown, veut venger son coéquipier tué par une petite frappe, Colter. Ce dernier parvient à se soustraire à la justice au terme d’un procès où son avocat plaide la légitime défense. Mais Carlson tend un piège à Colter, le tue, et se retrouve dans le pétrin. Critique : David Carradine était plus crédible en guitariste hippie qu’en policier dans cette série. On trouve qu’il se prend ici terriblement au sérieux, est assez rigide. Elizabeth Baur prend peu à peu ses marques dans la série et pour les besoins de l’enquête, son personnage se fait passer pour une serveuse de bar Elle se tire assez bien de l’exercice. Carradine en fait trop et n’est guère crédible pour sa dernière apparition dans l’homme de fer. Avec Don Galloway, le comédien présente trop de différences pour leur complicité comme anciens camarades de promotion soit crédible. L’avocat de Colter, Rod Balard, est joué par Richard Anderson. Un ripoux à la solde de Keating, le truand de l’histoire. Une abondance de personnages nuit à la bonne compréhension de l’intrigue. Après un bon début, l’épisode tourne en rond et l’on s’impatiente. Les scènes d’extérieurs, souvent le fourgon de Dacier filmé à San Francisco dans des lieux symboliques comme les rues en pente et le Golden Gate ne trompent personne. La fin est téléphonée et l’on retient surtout la prestation d’Elizabeth Baur en serveuse, seule vraie surprise de l’épisode. Anecdotes :
14. PREMIER AMOUR Histoire de Robert Earll. Adaptation : Robert Earll et Sy Salkowitz. Réalisation : James Neilson. Résumé : Pour les besoins d’une enquête, Ed Brown retrouve à la fois un camarade d’école, Bernie Simon, recherché pour agression, et son premier amour, Ann Garfield. Critique : Cela fait deux épisodes consécutifs sur des anciens amis d’Ed Brown, trame un peu répétitive. Ici, il retrouve son amour de jeunesse, Ann (Marlyn Mason). Notons que Fran a trouvé ses marques et n’hésite pas à se moquer gentiment de son partenaire à partir de l’album photos de la promotion 1957. On retrouve avec plaisir Johnny Seven en lieutenant Reese. Par rapport à Barbara Anderson, Elizabeth Baur est le plus souvent habillée comme l’as de pique, ce qui est fort regrettable. Dacier par rapport à son attitude avec Eve est moins sévère avec Fran. On voit Don Galloway plus souvent que d’habitude à l’écran, et seul. C’est un véritable défilé des anciens camarades de collège d’Ed. Beaucoup ont mieux réussi, financièrement, que lui, simple sergent de police. Mais d’autres ont mal tourné, ayant moins de chance. Il faut avouer que Don Galloway s’en sort mieux que d’habitude. Comme il s’agit des anciennes amours d’Ed, l’intrigue policière passe un peu au second plan. La fin sombre un peu trop dans le mélodrame. Anecdotes :
15. SANS MOTIF APPARENT Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Leslie H. Martinson. Résumé : Robert Dacier se rend à Tokyo pour empêcher le meurtre d’un ami japonais,Toshio. Critique : Après Vacances aux Fidji, autre destination exotique pour l’homme de fer : le Japon, évidemment sans quitter les studios Universal, avec des stock-shots. Lors de scènes de flash-back, nous apprenons que durant la seconde guerre mondiale, Toshio Watari a capturé Dacier. Avec les décors filmés qui défilent derrière les vitres des voitures, on se croirait dans la série Le Saint. Bien entendu, on a rameuté tous les comédiens asiatiques d’Hollywood. L’histoire est verbeuse et peu captivante. Toshio est lui aussi en fauteuil roulant après avoir été renversé par une automobile un an auparavant. Fran et Ed restant à San Francisco, nous tournons un peu en rond avec les seuls Mark et Robert Dacier. Les échanges entre l’homme de fer et Toshio relèvent de la banalité. Les aller et retour entre 1945 et 1971 perturbent la bonne compréhension. Toshio Watari après la guerre est devenu un danseur célèbre. Avant de devenir infirme. La fin est déconcertante. Mais toutefois assez émouvante. Dans les scènes de 1971, James Shigeta semble parfois s’ennuyer et ne pas être très concerné. Anecdotes :
16. IRRESPONSABILITÉ Scénario : Alvin Boretz. Réalisation : Corey Allen. Résumé : Parce qu’il veut coffrer pour meurtre un malfrat, Roy Lewis, qui sort de prison pour braquage, le bandit met un contrat sur l’homme de fer et lui envoie une entraîneuse pour le piéger. Celle-ci se laisse émouvoir par Dacier. Critique : C’est l’anniversaire de Fran, occasion de se rendre compte que le chef Dacier éprouve pour son assistante une bienveillance et une affectation « paternelle » qu’il n’a jamais montré à Eve. L’adorable Suzanne Pleshette peine à nous faire croire qu’elle une « méchante » même future repentie. Dane Clark, qui revient pour la quatrième fois sur six dans la série, toujours dans un nouveau rôle, est bien plus convaincant en mafieux Lewis. Fran, d’instinct, se méfie de Shelly Kingman/Suzanne Pleshette, affichant une jalousie évidente envers elle. Shelly se rend compte que Dacier éprouve des sentiments pour ce qu’elle représente, même si cela reste dans le registre paternaliste. La romance rappelle parfois Qui êtes- vous Barbara ? avec Vera Miles. On sombre trop rapidement dans le mélodrame car Shelly est vite démasquée. Dans la seconde partie de l’épisode, Suzanne Pleshette parvient à nous donner une image de paumée, de looser, qui s’écarte des premières images. Le lieutenant Reese n’a pas l’importance qu’il a habituellement, et n’apporte rien de plus à l’intrigue. Le pot aux roses est trop vite éventé et la confrontation entre Lewis et Dacier ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà. Curieusement, l’interprétation et l’écriture du rôle de Suzanne Pleshette nous rappellent beaucoup Vikki, la strip-teaseuse de l’épisode des envahisseurs : la mutation. La fin prévisible fait basculer l’opus dans la sensiblerie : dommage. Anecdotes :
17. FACSIMILÉ Scénario : Mervin Gerard. Réalisation : Don Weis. Résumé : L’homme de fer veut innocenter un libéré sur parole, Harry Grenadine, comédien raté spécialiste des déguisements, qui est soupçonné de braquages de banques. Critique : Premier épisode diffusé par NBC en 1972, cet opus est irregardable aujourd’hui, comparé aux Rues de San Francisco. Le trois quart de l’intrigue est filmé en extérieurs, avec des noms de rues, des carrefours, des panneaux indiquant des lieux connus. Mais tout est bouclé dans les studios Universal, ce qui explique que le sergent Brown, qui file Harry Grenadine, n’a jamais de problème pour gare sa berline. Tout au plus voit on de temps en temps passer une automobile en arrière plan. Ce tournage en studio en 1972 relève de l’inexplicable, ou d’économies de bouts de chandelle qui plombent complètement l’œuvre. Burgess Meredith en fait des tonnes et est très vite insupportable en cabotin. Le suspense ne s’installe jamais vraiment, et l’ensemble adopte le ton de la comédie, sauf vers la fin où nous frôlons le drame. L’identité de l’homme qui usurpe celle de Grenadine nous est trop tôt révélée (35e minute), dissipant tout suspense alors que plusieurs coupables potentiels, dont l’ex-acteur cabotin, étaient sur la liste. Le gendre (Bernie Kopel), lui-même acteur raté, ainsi que les nombreux copains auxquels Harry Grenadine a appris à revêtir des postiches et livré le secret de ses tours pour ne pas se faire prendre. Malgré la présence d’Elizabeth Baur qui apporte du sang neuf, L’homme de fer semble une série essoufflée, et cette cinquième saison de trop. L’épisode fait la part belle à Don Galloway, dont le jeu est toujours limité, et Burr lui-même n’a pas un charisme éblouissant. Anecdotes :
18. QUI EST LA VICTIME ? Scénario : Irving Pearlberg. Réalisation : Christian I. Nyby II Résumé : Dacier aide Lou Karns, un ancien perceur de coffre-fort, qui anime une organisation de réinsertion d’anciens voleurs. Mais il est obligé de le faire surveiller car des vols surviennent, les victimes étant des membres de la mafia qui refusent de porter plainte. Critique : Cet épisode bénéficie de la présente de l’inquiétant Robert Emhardt (Alfred Hitchcock présente, Les envahisseurs) dans le rôle d’un fleuriste mafieux, comédien bien plus intéressant que Pat Hingle en Lou Karns. Le doublage semble fait à la va-vite. Certaines voix françaises ne vont vraiment pas avec les comédiens américains, notamment pour Paul Winfield dans le rôle de Luther. Quant à l’épisode, la présence plutôt incongrue de Charo, danseuse excentrique et qui est aussi dans son domaine un peu une Lady Gaga de son époque tombe comme un cheveu dans la soupe. Vraiment une fausse bonne idée. On peine à se captiver pour le sort de Lou Karns. Il se révèle vite moins blanc qu’il ne veut bien le laisser paraître. Il est aidé de son fils Pete qui voudrait le voir raccrocher. On remarque dans certaines scènes qu’Elizabeth Baur s’est parfaitement intégrée à l’équipe, sa complicité avec Don Mitchell/Mark est évidente. Elle est très à l’aise dans son personnage surtout comparée à un Ed Galloway rigide en sergent Brown après cinq saisons. Après Le ranch L, la comédienne n’a pas choisi la bonne série pour rebondir et sa carrière ne s’en remettra pas. On comprend qu’elle ait préféré se consacrer à la peinture. L’intrigue embrouillée lasse vite le téléspectateur. Seul Raymond Burr en Dacier semble y croire encore. L’homme de fer durant la saison 71-72 est programmé le mardi face à La nouvelle équipe sur ABC à 19h30 et a la grande chance de précéder Hawaii Police d’état sur CBS à 20h30, série qui aurait pu précipiter son annulation. Gros regret de cet opus : Robert Ermhardt disparaît trop vite de l’image. Le scénario n’a pas été assez travaillé. Comme pour bien rappeler au spectateur que l’on est dans L’homme de fer, le thème de Quincy Jones est inséré jusqu’à la lie au sein de l’épisode mais n’empêche pas le ratage. Anecdotes :
19. ET S’IL N’EN RESTE QU’UN… Scénario : Fred Freiberger. Réalisation : Arnold Laven. Résumé : Mark fait faire un détour avec le fourgon de son chef, Dacier, pour se servir chez le pompiste Sid, un ami. Sid inaugure une station service avec un associé. Mais à peine Mark et Dacier partis, Sid est tué par une grenade à fragmentation. Critique : C’est à la fois un épisode sur le racisme – piste de départ pour le meurtre de Sid – et aussi sur les anciens du Vietnam. La première est rapidement écartée, il est question d’un groupe de séparatistes musulmans qui détestent les anglo-saxons « blancs ». Chacun de ces citoyens américains a renié son nom d’origine, leur leader se fait appeler Mohammed. Il est incarné par le tranquille Percy Rodriguez, acteur afro-canadien. L’intrigue se concentre donc vite sur une trame policière héritée de la guerre du Vietnam. On peut aisément supposer qu’en 1972, le sujet « racisme » était trop brûlant. Dacier en annonçant à Mohammed que la piste des séparatistes musulmans est abandonnée par un coup de fil se heurte à une fin de non recevoir lorsqu’il veut continuer à parler de philosophie avec son interlocuteur « La nôtre ou la vôtre ? » lui lance Mohammed. Elizabeth Baur est cette fois mise en valeur, elle a plusieurs scènes à jouer, et domine largement Don Galloway et Don Mitchell. Mais elle méritait mieux que cette série qui a dû la dégoûter de la profession de comédienne. Plus qu’une critique au vitriol de l’après Vietnam, l’opus se concentre sur un suspense policier. Bo Hopkins de La horde sauvage est l’inquiétant Gregg Hewitt, le suspect numéro un. Nous n’en dirons pas davantage pour sauvegarder le spoiler. Don Mitchell est traité dans la première partie par ses confrères black de traitre, mais la suite du scénario ne lui permet pas de se mettre en avant. Il laisse donc le champ libre à Elizabeth Baur pour plusieurs scènes où elle mène l’enquête seule, notamment auprès des deux couples (en fait une veuve et un couple dont le mari est grièvement blessé) de la station service. La médiocrité du jeu de Don Galloway lui offre un boulevard pour régner sur l’épisode sans rival. Raymond Burr lui semble fatigué et pressé quelque part de retrouver Perry Mason. Il lui reste cependant trois saisons avant de pouvoir se libérer de Robert Dacier. Enthousiaste dans la première partie, avec un discours angélique vis-à-vis des séparatistes, il semble s’ennuyer dans la seconde. Les dernières images sont celles de l’espoir de la station service qui perdure malgré le décès de Sid. Et c’est Fran Belding qui se colle à la tâche afin de venir aux nouvelles. Anecdotes :
20. LE NUMÉRO DE LA MORT Scénario : Francine Carroll. Réalisation : Don Weis. Résumé : Tous les membres d’un comité de remises de peines sont tués les uns après les autres après avoir reçu un numéro. Dacier prend la place du numéro quatre, le peintre Carlton Duffy. Critique : Episode insolite, on s’attend à un thriller sombre et l’on débouche sur une comédie. Burr est désopilant en peintre excentrique et misanthrope Carlton Duffy. On a l’impression que Raymond Burr a compris qu’il avait fait le tour du sujet avec la série, et sa tentative d’innover dans cet opus est réjouissante. Comme dans Mes bons vœux , l’ultime épisode de Hawaii Police d’état où Jack Lord est grimé, le déguisement est grotesque et repérable à cent lieues à la ronde. Raymond Burr comme Jack Lord en 1980 ne cherche pas à faire illusion, au contraire, il renforce le trait. Lorsque nous voyons le « vrai » Duffy avec Mark, on reconnaît à la première seconde le comédien. En cinquième saison, L’homme de fer est devenue une série prévisible, et cet épisode est une agréable surprise, étant totalement décalé. Les puristes hurleront à la trahison, mais Le numéro de la mort a l’immense mérite de nous sortir de la routine et de la monotonie. A la 44e minute, le scénariste a réussi le prodige de passer de la comédie au drame. On quitte la farce pour basculer dans le réalisme. Une curiosité, le seul épisode avec Raymond Burr dans deux rôles. Quand au très coincé Gene Lyons, c’est la première fois qu’il est drôle en commissaire Randall (scène de l’épilogue). Un opus hors série. Anecdotes :
21. POUPÉES, SORCIÈRES ET ASSASSINS Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Christian I. Nyby II. Résumé : Une petite fille, Pip, dont les parents sont des amis de Dacier, croit qu’elle a pu jeter un sort et provoquer la mort d’un homme. Critique : Certains fans achèteront le coffret pour ce seul épisode, soit pour voir une Jodie Foster en petite apprentie sorcière de 11 ans, soit pour retrouver comme acteur le créateur de La quatrième dimension Rod Serling, qui ici est presque un figurant, propriétaire d’un magasin d’articles de magie noire On est surpris du rôle mineur attribué à l’excellent Milton Selzer, quand à Jodie Foster, enfant star, elle est prometteuse, et presque plus intéressante que ce qu’elle est devenue. Il y a un naturel chez elle à cet âge qu’elle a perdu. L’opus vaut surtout pour sa présence, une véritable Lolita qui tient tête à Dacier, remplaçant par une incarnation de sorcière le personnage sulfureux de Vladimir Nabokov. Pour Rod Serling, les amateurs seront déçus, car il se cantonne à un rôle mineur certes dans son registre. Pour autant, on s’ennuie ferme dans cet épisode dès que Jodie n’est pas à l’image. Le scénario est tiré par les cheveux, des longueurs perturbent le spectateur qui a la tentation de regarder sa montre. Notons qu’à l’époque, il n’était pas inhabituel de voir l’enfant prodige dans des séries (Elle joua aussi dans Bonanza, Disney Parade et Kung Fu), on peut pour d’autres raisons préférer des autres prestations en adolescente par exemple dans Moi, fleur bleue avec Jean Yanne et Bernard Giraudeau ou bien sûr l’évident Taxi Driver. Je pensais mettre quatre étoiles, cet épisode étriqué en récolte seulement deux. Pour les aficionados de Jodie et de Serling, disons que c’est un document plus qu’un grand film. La fin est particulièrement bâclée en ce qui concerne l’intrigue policière. Hors le talent évident de Jodie Foster, ce n’est pas une grande cuvée. Anecdotes :
22. - LE TALON D’ACHILLE Scénario : Frank Telford. Réalisation : Raymond Burr. Episode réalisé par Raymond Burr en personne. Résumé : Le fils du juge Van Buren tombe dans un piège destiné à faire chanter son père pour qu’il épargne un mafieux fraudeur au fisc. Critique : En regardant l’épisode, le fait qu’il soit réalisé par Raymond Burr et non l’habituel Don Weis n’est pas flagrant. On regrette la sortie de piste trop rapide de la belle et sensuelle Angel Tompkins dont le personnage est assassiné. Johnny Seven en lieutenant Reese se rebelle contre Ed Brown, ce qui surprend beaucoup puisque l’on a tendance jusqu’ici à le considérer comme faisant partie de l’équipe de Robert Dacier. Grosse surprise aussi avec le comédien Rick Lenz alors âgé de 32 ans dont on jurerait au premier abord qu’il s’agit de James Farentino jeune. Si l’interprétation du juge Van Buren par William Windom est sans surprise, Johnny Seven se livre à une prestation réussie et étonnante, prenant un rôle d’invité vedette et non de comparse habituel, et pas du côté de l’équipe du héros, suite à l’écriture du scénario. Il montre un lieutenant Reese intègre, faisant son devoir quitte à déplaire à ses amis. Elizabeth Baur n’a jamais été aussi belle, bottes de cuir et ensemble tailleur. Elle fait preuve de beaucoup d’affirmation de soi et de caractère, ce qui en aurait fait une potentielle partenaire de John Steed si sa nationalité américaine n’était pas un handicap. On est un peu déçu par l’interprétation des méchants, assez fade. En Stilwell, James Douglas, trop jeune et manquant de charisme, et son homme de main Stark (Bill Fletcher) ne sont pas à la hauteur. Kerwin Matthews, qui fut un piètre OSS 117, est davantage à sa place en avocat. Le scénario, qui présente un faux coupable, Otis, un jeune black (Hilly Hicks), lequel s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment à la place du vrai tueur, et de celui auquel on voulait imputer le crime (le fils du juge), malgré sa complexité, reste clair et compréhensible. Cela n’était pas évident vu le nombre de personnages en scène. Anecdotes :
23. LE QUATUOR INFERNAL Scénario : Edward De Blasio. Réalisation : Alf Kjellin Résumé : Dans un conservatoire de musique, le professeur Anton Beecham est assassiné avec un silencieux. Chacun des élèves est suspecté car Anton était un homme tyrannique. Critique : Après la superbe surprise de l’épisode précédent, Elizabeth Baur revient à une tenue plus classique : finies les bottes, elle revêt ici un uniforme strict et peu féminin, un imperméable orange, du genre de ceux que Barbara Anderson portait en 1967 dans la saison 1, ce qui la vieillit avant l’heure. D’autant plus qu’elle intervient, lors de sa première scène, sur une plage où toutes les filles sont en bikini. Dans cet épisode, le contraste est saisissant entre la rigueur surannée du conservatoire et la plage où les étudiants se délassent. Lorsque Don Galloway en sergent Brown mène l’enquête de son côté, on le trouve nettement moins convaincant que sa partenaire Elizabeth Baur en Fran dans le même exercice. Le reste de l’épisode est un peu trop traditionnel. En 1972, le téléspectateur attend autre chose qu’une enquête de Robert Dacier des premières saisons. L’effet « tournage en studio » pour une fois ne nuit pas à la vision, la plupart de l’action se déroulant sur une plage et dans le conservatoire. Une fois de plus, Raymond Burr semble las d’un personnage dont il a fait le tour. Le comédien ne fait guère preuve de conviction et d’émotion dans les scènes cruciales. Tout au plus peut-on trouver amusant le contraste entre le goût inconditionnel de Dacier pour le classique et Mark qui aimerait, tout en finissant ses études de droit, entendre des musiques plus modernes. En Diane, l’une des principales protagonistes, la trop junévile Kathleen Llyod de Missouri Breaks peine à convaincre. Pas davantage que le script d’Edward DeBlasio avec ses codes secrets dissimulés dans des enregistrements musicaux. La fin de l’épisode traîne en longueur. Une fois vus dans leur vie privée, les personnages peinent à convaincre en musiciens, guère aidés par des interprètes peu motivés. Les explications destinées à confondre le meurtrier sont verbeuses. Anecdotes : Darryl Podell, un étudiant, à Fran : « J’adore la forme de votre joli nez. Est-ce qu’on vous l’a déjà dit avant moi ? » Fran : « Le chirurgien qui l’a rectifié ». Darryl : « Vous vous payez ma tête ? » Fran : « Peut-être bien ». 24. UN HOMME NOMMÉ ARNO Scénario : Helen Mc Avity. Réalisation : Chris Christenberry. Résumé : Fran est prise en otage par un prisonnier évadé. Mais un invité impromptu de Dacier lui vient en aide et la libère. L’équipe de l’homme de fer recherche un certain Arno, personnage clé dans un important trafic de drogue. Critique : Avec ce dernier épisode, si l’on peut estimer que c’est la saison de trop pour L’homme de fer, le bilan est largement positif concernant Elizabeth Baur qui a fait oublier Barbara Anderson. Au point que l’on regrette qu’elle ne soit pas arrivée plus tôt, Le Ranch L l’accaparant jusque là. Coup de théâtre, alors que Robert Dacier a décidé d’envoyer en vacances Fran (suite à ses émotions avec l’évadé), et l’a faite remplacer par une nouvelle coéquipière black, Peggy Alexander (Aldine King), la jeune femme policier ne l’entend pas de cette oreille et revient dare-dare. La concurrence est rude pour Elizabeth Baur dans cet ultime opus puisque la vedette invitée est Anne Francis. Aldine King en tout cas fait les frais du retour inopiné d’Elizabeth. Son personnage ne fait que passer. On aurait aimé que les choses se prolongent entre l’évadé et Fran, lui permettant quelque morceau de bravoure et d’en faire son épisode à la manière de Chère Fran. Les années 70 sont là et une nouvelle vision de la femme, moins effacée que celle d’Eve Whitfield, s’est imposée, d’où le personnage de Fran Belding qui prend des initiatives, et dont l’interprète vole les scènes à ses partenaires. Si elle a retrouvé ses bottes de cuir, Elizabeth Baur est confinée dans des manteaux et tailleurs stricts fort peu attrayants. L’homme de fer ne se départit pas d’un certain conservatisme. On aurait apprécié un peu plus de fantaisie et d’audace. Il faut aussi s’y faire : Fran n’est pas une Charlie’s angel et son intellect serait une gêne pour cet emploi. Elle joue bien davantage dans la cour des Emma Peel, Cathy Gale, Purdey, Tara King ou Jaime Sommers. La suite de l’épisode la met au premier plan à la recherche du mystérieux Arno. Elizabeth s’accapare tout l’espace, volant à la fois les scènes d’Anne Francis (dont le personnage est trop peu développé) et de Raymond Burr. Une nouvelle fois, on se surprend à regretter qu’Universal n’ait pas songé à faire un spin-off Fran Belding. En temps de présence à l’écran, c’est flagrant. On est tellement sous le charme de Miss Baur que l’intrigue nous paraît perdre sa consistance en cours de route. Nico Minardos en Ken, mari d’Angela Griffin/Anne Francis, est émouvant. Loin d’Honey West, Anne est passée ici du côté obscur de la force. Le mystérieux Arno n’est pas celui que l’on croit, et l’on n’en dira pas davantage pour préserver le spoiler. Une chose est certaine : en une saison, Fran a pris ses aises, au point que l’elle a fait sien le quartier général du chef Dacier y évoluant comme si tous les autres n’étaient que des invités. Anecdotes : Fran à Dacier : « Je pense qu’il est temps de tout vous dire, je sais que j’aurais dû faire ça bien plus tôt ». Dacier « C’est vrai, oui, mais maintenant je veux savoir et je t’écoute ». Fran : « Chef, est-ce que vous allez me renvoyer pour ne pas vous avoir dit qu’il était là ? Ou alors, donnez-moi un bon coup sur la tête, je ne sais pas, je suis sûre que j’irai mieux ». Dacier : « Le choix est intéressant. Dès que la décision sera prise, je promets que tu seras aussitôt avertie ». |