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Saison 7Saison 1

Alfred Hitchcock Présente

Saison 1

1. C’est lui (Revenge)

2. Prémonition (Premonition)

3. Les Gâchettes bridées (Triggers in Leash)

4. La Disparue (Don’t Come Back Alive)

5. Évanouie (Into Thin Air)

6. Salvage – Inédit en France

7. Breakdown – Inédit en France

8. Our Cook's a Treasure – Inédit en France

9. The Long Shoot – Inédit en France)

10. Le Cas de Monsieur Pelham (The Case of Mr Pelham)

11. Guilty Witness – Inédit en France

12. Le Père Noël de la 10e Avenue (Santa Claus and the Tenth Avenue Kid)

13. The Cheney Vase – Inédit en France

14. A Bullet for Baldwin – Inédit en France

15. The Big Switch – Inédit en France

16. You Got to Have Luck – Inédit en France

17. The Older Sister – Inédit en France

18. Shopping for Death – Inédit en France

19. The Derelicts – Inédit en France

20. Ainsi mourut Riabouchinska (And So Died Riabouchinska)

21. Safe Conduct – Inédit en France

22. Place of Shadows – Inédit en France

23. De retour à Noël (Back for Christmas)

24. Le Crime parfait (The Perfect Murder)

25. La Vieille (There Was an Old Woman)

26. Whodunit ? – Inédit en France

27. Help Wanted – Inédit en France

28. Portrait of Jocelyn– Inédit en France

29. The Orderly World of Mr Appleby – Inédit en France

30. Never Again – Inédit en France

31. The Gentleman from America – Inédit en France

32. The Baby Sitter – Inédit en France

33. Le Clocher (The Belfry)

34. The Hidden Thing – Inédit en France

35. The Legacy – Inédit en France

36. Mink – Inédit en France

37. The Decoy – Inédit en France

38. The Creeper – Inédit en France

39. La Foire d'empoigne (Momentum)



1. C’EST LUI
(REVENGE)



Histoire de Samuel Blas, adaptée par Francis Cockrell. Réalisation: Alfred Hitchcock.

Elsa (Vera Miles) est une ancienne danseuse de ballet. Elle vit avec son mari Carl (Ralph Meeker) dans une caravane. Elsa a souffert de dépression nerveuse. Un jour, Carl trouve sa femme bouleversée, elle a été victime d’une tentative de viol. Il décide de faire justice lui-même et suit avec une clef à molette dans un hôtel l’homme que sa femme a reconnu alors qu’ils cherchent, en faisant un tour en ville, l’agresseur. Carl le tue. Mais peu après, sa femme désigne un autre coupable. Non seulement Carl comprend qu’il vient de tuer un innocent, mais les sirènes de la police se font entendre.

Pilote de la série, et sans doute épisode le plus célèbre, « C’est lui » est la première des 268 courtes histoires macabres, policières et à suspense, qui nous est proposée. Mais attention : le maître n’a réalisé que 20 épisodes, aussi dans la majeure partie des cas, allons-nous le trouver lors de la présentation des histoires. Son amie de longue date Joan Harrison, productrice, est la personne qui va choisir les nouvelles, et assurer le suivi de toutes les étapes du processus.

Pour le pilote, il fallait évidemment la présence derrière la caméra du maître et des vedettes connues. C’est chose faite avec une Vera Miles au sommet de son talent, exprimant la femme dépressive et perturbée qui passe ses journées à attendre son mari, ou à discuter avec sa voisine, Mrs Fergusen (Frances Bavier). Le noir et blanc, les grosses et rondes voitures américaines, nous transportent d’emblée dans une époque, celles des anthologies des débuts de la télévision américaine. La série précède de quatre ans « La Quatrième dimension » de Rod Serling.

Outre les vedettes, l’auteur de l’histoire (généralement des nouvelles publiées dans les magazines populaires de mystère) et l’adaptateur, ont autant d’importance que les vedettes invitées. Sans eux, la série n’existerait pas. Certes, le metteur en scène (particulièrement dans le cas de ce pilote) n’est pas à négliger. Il faut reconnaître que l’histoire ici est tellement bien construite qu’elle aurait donné un bon épisode même sans vedettes connues.

Le téléspectateur n’est pas confronté à des héros mais à des personnes de la vie courante. Carl Spann est l’américain moyen type des années 50. Courageux, droit, mais sanguin. Toutefois, qui lui jettera la pierre ? Qui à sa place n’aurait pas eu la même réaction ? Loin du Mike Hammer et de la mallette s’ouvrant sur une bombe atomique dans « En quatrième vitesse » tourné la même année, Ralph Meeker lui prête vie avec un naturel saisissant. Son jeu reste très sobre, tout comme celui de sa partenaire Vera Miles.

Plus neurasthénique qu’hystérique, Elsa Spann est ici une victime. Elle ne discerne plus le réel et de l’imaginaire et s’est enfoncée dans son monde. De telles histoires ne seraient pas crédibles sans les indispensables personnages secondaires qui renforcent la véracité. Ici, Frances Bavier offre le personnage rassurant de vieille dame qui fait la conversation avec Elsa. Le téléspectateur se sent encore plus concerné. Pour amener la chute, il faut auparavant faire monter la monter la mayonnaise. Les scènes de tendresse entre les époux, les causeries entre les deux femmes, ne nous préparent pas au drame. C’est bien entendu volontaire.

Hitchcock en tant que présentateur vient apporter la touche d’humour noir typiquement anglais. Le public américain plébiscitera cette approche faisant de « Alfred Hitchcock présente » un classique, dont la réédition de l’intégrale en DVD aux Etats-Unis et au Royaume Uni en est la preuve. Une fois de plus, la France est à la traîne avec un seul coffret réunissant les 20 épisodes réalisés par le maître, dont certains étaient inédits en France.

  • Ralph Meeker (1920-1988) fut Mike Hammer, le héros de Mickey Spillane dans « En quatrième vitesse » (1955). Sa carrière s’est essentiellement déroulée au cinéma : « Les sentiers de la gloire » (1957), « Les 12 salopards » (1967), « Le détective » (1968), « Le dossier Anderson » (1971).

  • Vera Miles (1930) est célèbre pour des films d’Hitchcock, « Le faux coupable », « Psychose », mais aussi de John Ford comme « La Prisonnière du désert » (1956), « L’homme qui tua Liberty Valence » (1962).

  • Frances Bavier (1902-1989) était surtout une actrice de théâtre. On l’a vue dans « Le jour où la terre s’arrêta » (1951)

  • L’auteur Samuel Blas n’est guère connu en dehors de cette nouvelle publiée en octobre 1953 dans la revue « Witches tales » (Histoires de sorcières).

  • L’adaptateur Francis Cockrell a officié sur 19 épisodes de la série, mais n’est pas lui-même écrivain.

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2. PRÉMONITION
(PREMONITION)

Scénario original écrit pour la série par Harold Swanton. Réalisé par Robert Stevens.

Le pianiste Kim Stanger est de retour chez lui en Amérique après quatre années passées à Paris. Dès son arrivée, il trouve les gens bizarres, voulant lui cacher ce qui est arrivé à son père, qui serait mort quatre ans avant, en 1950. Tout le monde veut lui cacher la vérité qu’il découvrira dans les dernières minutes, révélée par sa belle-sœur. Il a tué son père, c’était un accident.

Avec cet épisode, non réalisé par le maître, l’angoisse est encore plus forte que dans le pilote. John Forsythe fait un numéro éblouissant de comédien. Nous évoluons en pleine paranoïa. Le comédien en voix off commente son retour, sa joie de retrouver sa ville natale.

Il a choisi de revenir chez les siens sans prévenir, en faisant une surprise. Dès la première rencontre, il comprend que quelque chose ne va pas. Ce sentiment va aller crescendo durant les 26 minutes jusqu’à la révélation finale.

Hitchcock quand il intervient est une véritable détente pour le téléspectateur accroché à son siège. Il fait ici un petit sketch recherchant une montre qu’il n’a pas, et donne rendez vous au téléspectateur à la semaine prochaine, invitant celui-ci à prendre un rafraîchissement.

Ce contraste histoires angoissantes/humour noir anglais du maître a un côté « montagnes russes ».

L’épisode nous propose des plans dignes du maître (c’est pourtant Robert Stevens qui est derrière la caméra), par exemple Kim Stanger revient chez lui dans la maison momentanément vide et se met au piano, puis sa belle sœur (sans nom, comme la seconde Mrs de Winter) arrive et l’effroi se lit sur le visage de cette dernière.
Très vite, Kim comprend que l’on a tué son père et qu’on lui ment. Les différents obstacles à la vérité son autant d’épreuves pour lui. Cet épisode est un peu un clin d’œil à « La maison du docteur Edwardes » avec une différence notable puisque Kim est coupable.

Kim va manquer étrangler l’un des témoins qui ne veut pas lui dire la vérité, lequel répond ne pas se souvenir quand le fils pose des questions au sujet de Greg le père.

La quête du père passe par ses affaires : sa casquette, son fusil, le tableau qui le représente. La version de la mort qu’on lui présente : crise cardiaque sur un court de tennis (alors qu’il ne pratiquait pas ce sport) ne fait que le renforcer dans son sentiment de conspiration.

Perry, son frère (Warren Stevens) tente de gagner sa confiance. En pure perte. Surtout que le frère, pendant son absence de quatre ans a épousé sa fiancée.

Tous les documents que Kim retrouve datent de quatre ans en arrière, des lettres notamment.

Peu à peu, le téléspectateur prend conscience que Kim est loin d’être l’homme sûr que nous avons vu d’abord. Il est très fragile.

John Forsythe incarne le quidam pris dans une toile d’araignée. Il devient obsédé par le fait que les gens qui parlent de la mort de son père n’ont pas vu son corps.

Sa conscience revient le tourmenter lorsque l’on voit son regard perdu (notamment lorsqu’il manque d’étrangler un témoin).

Face au coroner Isaiah Dobbs (Harry Tyler compose un assez peu crédible magistrat), face à l’avocat Douglas Irwin (George MacReady), Kim observe une attitude hostile.

Avec cet excellent opus, ceux qui pensaient que seuls les épisodes réalisés par le maître tiendraient la route (comme les éditeurs français !) se trompent. On peut même dire que « Prémonition » est meilleur que « C’est lui ».

  • John Forsythe (1918-2010) était Blake Carrington dans « Dynastie ». Il a tourné plusieurs fois avec Hitchcock, « J’ai tout vu », quatrième épisode de la première saison de « The Alfred Hitchcock hour » (diffusé en France sous le titre « Suspicion », série qui en 1962 prendra la suite de « Alfred Hitchcock présente », mais aussi au cinéma « Mais qui a tué Harry ? » et « L’étau ». Il était aussi la voix de Charlie dans la série « Drôles de dames » (en VO).

  • Cloris Leachman (1926) a fait une carrière assez mineure. Elle reviendra dans la saison 4 (épisode 2 « Silence », traduit en français), et dans la saison 7 (épisode 38) « Where beauty lies – le 268e et dernier épisode de la série). On l’a vue dans la série « Lassie » où elle était Ruth Martin (1957-58) et « Drôle de vie » (1979-1988). Au cinéma, elle a joué dans « En quatrième vitesse » (1955), « Les liaisons coupables » (1962), « Butch Cassidy et le kidd » (1970).

  • Le scénariste Harold Swanton a écrit 10 épisodes de la série, et en 1985 le pilote du remake en couleurs qui réutilisait les présentations d’Alfred Hitchcock avec de nouveaux acteurs.

  • Le réalisateur Robert Stevens (1920-1989) avait de la suite dans les idées puisqu’il commença avec Hitch dans ses deux anthologies, la présente dont il signera 44 épisodes sur les 268 et « Suspicion », et finira sa carrière avec « Amazing stories » de Spielberg.

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3. LES GÂCHETTES BRIDÉES
(TRIGGERS IN LEASH)

Histoire d’ Allen Vaughn Elston. Adaptation de Dick Carr. Réalisation : Don Medford

Un duel entre deux « cowboy » commence dans la petite auberge de Maggie (Ellen Corby). Les deux hommes décident de tirer lorsque le coucou de l’horloge sonnera minuit. Maggie, imperturbable, sert à manger aux deux lascars, Dell Delaney (Gene Barry) et Red Hillman (Darren MacGavin), allant jusqu’à leur couper leur viande. Chacun des deux tireurs tient ses mains bien en vue de l’autre. Elle ne peut compter sur l’aide de personne, le vieux Ben (Casey MacGregor) étant bien incapable de se dresser entre les deux hommes en pleine force de l’âge. Elle décide alors d’interposer un crucifix entre les tueurs.

Inédit en France, cet épisode est typique de l’écrivain Allen Vaughn Elston qui mélange ici habilement le suspense et le western. A partir d’une mise en scène minimaliste, Don Medford parvient à établir un huis clos haletant.

Gene Barry est dans ce téléfilm à des lieues de ses rôles d’espion gentleman dans « L’aventurier » et « L’homme à la Rolls ». Il fait figure d’un vrai dur, tandis que Darren Mac Gavin n’est pas en reste pour la dureté et le sadisme, avec une pointe d’ironie en plus. L’exploit de cet épisode est de rendre sympathique la comédienne Ellen Corby, habituée aux rôles de vieilles chouettes teigneuses. Elle doit éviter le carnage entre deux hommes décidés d’en découdre coûte que coûte et tente tout pour les raisonner.

La pluie qui tombe sans arrêt à la porte de l’auberge ajoute au côté sinistre du décor et de l’ambiance. En prêtant sa caution à cette histoire, le maître du suspense est tout à fait à sa place. On jurerait d’ailleurs, si l’on ne lisait pas le générique, qu’il est derrière la caméra.

La haine des deux hommes transpire durant l’échange au suspense haletant, tandis que la bonté de la cuisinière vient contrecarrer leurs projets. « Triggers in leash » nous scotche littéralement devant le petit écran pendant quelque vingt cinq minutes.

La savoureuse introduction du maître avec un pistolet de cowboy apporte une dose d’humour macabre dont le sel ne devient évident qu’après vision de l’épisode.

Il faut reconnaître que le personnage de Ben qui apparaît au début et à la fin de l’histoire est plutôt inexistant. 

Nous n’avons jamais vu Gene Barry avec une allure aussi féroce. La tension est palpable et rappelle celles des meilleurs westerns lors des scènes de duel. Ici, elle est mise au service d’une intrigue à suspense.

Ce début de saison vertigineux de qualité nous promet de belles sueurs froides. Chaque plan, chaque scène, chaque réplique, est faite pour nous rappeler le maître du suspense. Il se contente pourtant de présenter et de conclure cette histoire diabolique, servant le rôle de l’écrin protégeant ce bijou d’angoisse.

L’épisode surpasse en qualité les deux premiers opus déjà excellents. Il fallait sans doute mettre la barre très haute et frapper fort pour fédérer un public autour de cette anthologie : la mission est réussie.

  • Gene Barry (1919-2009) est célèbre pour « La guerre des mondes » de Byron Haskins, et les séries « L’homme à la Rolls », « Les règles du jeu » et « L’aventurier ».

    Darren Mc Gavin (1922-2006) est surtout connu pour « Kolchak, the night stalker » (en VF « Dossiers brûlants »), la série ancêtre de « The X Files ».

  • Ellen Corby (1911-1999) restera pour une génération la tante Sarah, ennemie alien de David Vincent dans le pilote des « Envahisseurs » : « Première preuve ». On l’a vue aussi dans « Sueurs froides » d’Hitchcock et dans un épisode d’ »Hawaii police d’état » : « Demain ne naîtra jamais ».

  • Casey Mc Gregor (1904-1988) est essentiellement connu pour « Le tour du monde en 80 jours » version 1956.

  • Allan Vaughn Elston (1887-1976) est un écrivain de livres policiers et western. Il a été peu traduit en France, mais on trouve des nouvelles de lui dans des recueils, comme « Le dernier jour de ma vie » (Fayard).

  • Dick Carr (1929-1988) est un scénariste de télévision qui a œuvré pour « Drôles de dames », « Wonder Woman », « L’homme qui valait trois milliards ».

  • Don Medford (1917-2012) a réalisé des épisodes des « Incorruptibles », « Le fugitif », « Les envahisseurs », « Les Rues de San Francisco ».

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4. LA DISPARUE
(DON’T COME BACK ALIVE)

Scénario original : Peter C Dennis. Réalisation : Robert Stevenson. Inédit en France

Frank Partridge (Sidney Blackmer) a 61 ans et ne trouve plus d'emploi. Nous sommes en 1948. Il propose à sa femme Mildred (Virginia Gregg) de disparaître, de se faire passer pour morte. Au bout de sept ans, Frank touchera l'assurance vie et pourra lui offrir une belle existence. Il promet entre temps de la voir régulièrement en cachette. Mais Lucy (Irène Tedrow) pense que sa soeur a été assassinée et alerte le détective de la compagnie, Kettle (Robert Emhardt) qui dès lors harcèle le mari, empêchant toutes retrouvailles. Sept années passent ainsi. Kettle est persuadé que Partridge a tué sa femme...

Le noir et les blanc, les vieilles voitures de 1955, le décor nous plongent d'emblée dans l'ambiance de l'Amérique des grandes cités de jadis qui fut le cadre de tant de films "noir". Ici, le scénariste a manqué un peu de réalisme en imaginant son intrigue qui traverse sept années sans que le couple puisse se revoir. C'est le seul bémol de cet épisode. Le reste est typique du maître du suspense, qui nous dira qu'il n'attendra pas sept ans mais sept jours pour retrouver le téléspectateur.

Kettle ici anticipe le lieutenant Columbo par sa tenacité. Dès le début, il pense tenir le meurtrier et va provoquer un drame en empêchant les vieux mariés de se rencontrer. Lorsque Frank promet à son épouse de la retrouver pour Noël (1948) et lui achète en cadeau un parfum, Kettle est là pour contrecarrer ses plans. Le désespoir, durant la gaieté des sapins et des guirlandes lumineuses, atteint Mildred qui attend pour rien dans un restaurant.

Le réalisateur Robert Stevenson insiste sur l'aspect oppressant du détective face au criminel supposé. La caméra fait des gros plans sur les visages fatigués et tristes des deux héros pris à leur propre piège. Le temps semble ne pas avoir de prise sur la détermination du détective. Lorsque Frank enfin pense toucher le gros lot, son épouse revient lui annoncer qu'elle demande le divorce, qu'elle a construit une nouvelle vie et aime un autre homme.

Hitchcock avec son humour noir présente et conclut l'intrigue sans cette-fois faire des mimiques ou des plaisanteries. On le verra au fil des épisodes avec des cordes, des crânes, des tibias, mais n'anticipons pas. Encore un épisode qu'il aurait pu réaliser. Stevenson se montre à la hauteur du maître.

  • Les amateurs de la série "Les Envahisseurs" reconnaîtront dans le rôle du détective Kettle le terrible Mr Aymes de l'épisode "Cauchemar". Il s'agit de Robert Emhardt (1914-1994).

  • Virginia Cregg (70 ans cette année) est connue pour des films comme "La colline de l'adieu" (1955) "Opération jupons" (1959) et "La colline des potences" (1959). Elle est la voix de Mme Bates dans "Psychose 1, 2 et 3".

  • Peter C Dennis a écrit trente histoires pour la série.

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5. ÉVANOUIE
(INTO THIN AIR)

Scénariste : Marion Cockrell. Réalisation : Don Medford

Avec Patricia Hitchcock

Ce film est un hommage à « Une femme disparaît »

A Paris, Diana Winthrop (Patricia Hitchcock) et sa mère (Mary Forbes) arrivent dans un hôtel. La mère est souffrante et un médecin est appelé. Il lui demande d’aller chercher un médicament car il doit rester auprès de la patiente qui a un peu de fièvre. La fille s’exécute et se rend au cabinet où la femme du médecin (Ann Codee) la fait attendre. De retour à l’hôtel, le réceptionniste (Maurice Marsac) assure qu’il ne l’a jamais vue et que sa mère et elle ne sont jamais venues à l’hôtel. Diana finit par faire appel à un détective privé, Basil Farnham (Geoffrey Toone).

Bien entendu, ne pouvant révéler la chute, j’incite les lecteurs à voir cet épisode palpitant, malgré la présence de la fille à papa qui a bien de la chance. Une autre comédienne aurait été plus performante dans le rôle. Si l’hommage à « Une femme disparaît » est appuyé, la conspiration ici est de nature différente. Notons que les comédiens américains parlent un français parfait (seul le réceptionniste, Maurice Marsac est français). 

Le thème de l’intérêt commun et de la raison d’état supérieurs à l’individu représentant un enjeu trop petit est ici étouffant. L’oppression est présente du moment où Diana laisse sa mère seule, et même l’épouse du médecin ressemble à une femme acariâtre digne d’une gardienne de prison. Derrière le luxe de cet hôtel, de ces gens bien habillés, l’hypocrisie, le complot, sont comme une toile d’araignée dans laquelle la pauvre touriste est prise. Le téléspectateur espère un temps dans le détective, admirablement joué par Geoffrey Toone. Mais même en présence de preuves (la tapisserie que Diana déchire pour montrer que l’on a transformé la chambre en son absence), l’étau de silence se referme sur elle.

Fort heureusement, Patricia Hitchcock (insupportable) ne parvient pas à gâcher cette mécanique huilée où le spectateur est tenu en haleine jusqu’au deux dernières répliques du chef de l’agence de détectives. Ce cauchemar frôle parfois les frontières du fantastique avant de trouver une explication rationnelle.

Avec un soin du détail, Don Medford filme chaque indice et parvient à nous transmettre la paranoïa dont est victime l’héroïne. Alan Napier dans le rôle de Sir Everett est tellement racé et magistral qu’il enfonce un peu plus cette pauvre Patricia Hitchcock dont la carrière fit long feu. Le grand comédien, avec ses airs de professeur qui explique quelque chose de compliqué à une petite fille supplante même les excellents Maurice Arsac et Geoffrey Toone.

  • Marion Cockrell (1909-1999) qui signe ce script fabuleux n’est curieusement pas une spécialiste du mystère et du suspense. Elle a certes rédigé un film d’horreur gothique « Dark waters » (1944), mais ses autres scénarii pour le « Batman » télévisé de 1966, pour l’anthologie policière tournée en direct « General electric theatre » (10 saisons, à partir de 1953, et dans laquelle joua entre autres Ronald Reegan), ne sont pas caractéristiques de quelqu’un qui n’aurait œuvré que dans le domaine mystère/fantastique comme on aurait pu le croire en voyant cet épisode.

  • Alan Napier (1903-1988) est Mr Rutland, le père du héros joué par Sean Connery dans « Pas de printemps pour Marnie ».

  • Maurice Marsac (1915-2007) est connu des fans de « Chapeau melon et bottes de cuir » pour avoir tourné en 1977 dans les trois épisodes français de la série : « Le long sommeil 1 et 2, « Le Lion et la licorne ».

  • Ann Codee (1890-1961) est une familière des anthologies TV américaines des débuts de la télévision : « Lux Video Theatre » (1950-59), « General electric theatre ». Elle a fait du cinéma, mais surtout des apparitions, n’étant la plupart du temps pas créditée au générique.

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6. SALVAGE
INÉDIT EN FRANCE

Inédit

Histoire de Fred Freiberger. Adaptation : Fred Freiberger et Dick Carr. Réalisation : Jus Addiss.

Dan Varrel sort de prison et jure de venger son frère qu’une femme, Lois Williams, a dénoncé à la police, révélant sa cachette et le faisant abattre. Elle ne trouve d’aide de personne.

Pourquoi encore Gene Barry, vedette de l’épisode 3 ? N’y a-t-il pas d’autres acteurs ? Deux fois Barry dans la même saison et au début est une grosse erreur et un manque d’imagination. D’autant plus qu’il joue faux ici du début à la fin. Ni héros (« L’aventurier »), ni s alaud (épisode 3 de cette anthologie), il cachetonne.

Le maître cette-fois dans sa présentation nous propose une scène hilarante. Dérangé sur un tournage, il vient présenter l’épisode et quitte son fauteuil… sur lequel un immense projecteur s’écrase quelques secondes plus tard.

La comédienne Nancy Gates, qui incarne Lois Williams, n’arrange rien. Elle joue mal, n’est pas crédible. Pas mieux que Barry bien moins inspiré que dans le fantastique « Triggers in leash », et qui semble s’ennuyer.

Verbeux, l’épisode ne parvient jamais à accrocher le téléspectateur, alors que les précédents lui ont fait dresser les cheveux sur la tête. La vengeance à froid de Varel qui vise à la déstabiliser et à lui faire perdre tout, sa réussite professionnelle, sa liaison avec son amant, nous laisse de marbre.

Comment Shamley Production a pu laisser mettre en œuvre cet épisode pitoyable ?

Si les cinq premiers épisodes malgré 26 minutes nous paraissaient denses, celui là malgré sa brève durée parvient – c’est un comble – à nous faire trouver le temps long.

La réalisation plate de Jus Addiss ne vient pas sauver l’entreprise du naufrage, bien au contraire. Un épisode à zapper sans regrets.

  • Fred Freiberger, surnommé « le fossoyeur de séries », fut le producteur malheureux de la saison 3 de « Star Trek » et de la saison 2 de « Cosmos 1999 ».

  • Jus Addiss (1917-1979) a mis en scène 10 épisodes de la série, et a aussi œuvré sur « Voyage au fond des mers » et « La Quatrième dimension ».

  • Actrice de télévision née en 1926, Nancy Gates ne tourne plus depuis 1969. Elle a participé aux anthologies « Haute tension », « Lux Television Theatre », « General Electric Theater », « Damon Runyon Theatre », des dramatiques tournées en direct et pour la plupart non conservées.

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7. BREAKDOWN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Louis Pollock. Adaptation : Louis Pollock, Francis M Cockrell. Réalisation : Alfred Hitchcock
Inédit.
NB : cet épisode jamais diffusé en France figure dans le coffret des 20 épisodes de la série réalisés par le maître disponible chez nous.

Chef d’entreprise impitoyable, William Callew (Joseph Cotten) licencie sans ménagement le vieux et fidèle Hubka (Forrest Stanley). Son associé lui fait remarquer qu’il est cruel, que l’homme peut se suicider, ou tenter de le tuer. Mais Callew va vite avoir un autre problème : sur une route, une déviation l’oblige à éviter un tracto-pelle et il percute un camion. Laissé pour mort, des prisonniers en fuite le dépouillent de ses vêtements, des riverains volent les pneus de sa décapotable. La police le fait transporter à la morgue. Il bouge un doigt, mais on allonge le corps de façon que le doigt est coincé. Callew entend à la morgue qu’on va l’enterrer…

Cet épisode est absolument savoureux et digne des « histoires abominables », célèbre recueil de nouvelles du maître.

Hitchcock nous prévient que nous allons avoir très peur, et nous allons dresser nos cheveux sur notre tête. On se met tous à la place de Callew. Cotten est admirable, jouant la paralysie pendant 25 minutes sans jamais ciller. Une véritable performance. Nous entendons l’homme en voix of commenter le sort horrible qui l’attend, ses espoirs essentiellement fondés dans le doigt qui bouge, le reste du corps étant paralysé et la nuque brisée.

Hitchcock ne ménage pas nos nerfs. C’est un véritable voyage au bout de l’enfer à laquel nous convie le maître. Cet homme odieux finit par susciter notre compassion, même s’il était « mauvais » de son vivant si j’ose dire. 

Au fond, c’est toute sa vie sans scrupules que Callew voit revivre autour de lui. Les gens le dépouillent, mais il était un homme d’affaires sans scrupules. Chaque espoir d’être reconnu vivant fond comme neige au soleil. Seule anomalie du script : personne ne prend son pouls.

En un mot : un épisode terrifiant.

  • Joseph Cotten est l’inoubliable oncle Charlie de « L’ombre d’un doute » (1943).

  • Dans le rôle d’un figurant (un cantonnier), on retrouve Aaron Spelling, le célèbre producteur de « Dynastie » et « Drôles de dames ». Très difficile à savoir si l’on ne connaît pas la distribution, même en visionnant image par image.

  • Louis Pollock (1904-1964) comme nous le précise Hitch dans le prologue est un auteur publié dans des romans populaires formats « livre de poche » - en anglais les paperback - (à la différence des « Hardcover », premières éditions en couverture carton dur). Un seul ouvrage est disponible de lui aujourd’hui : « A baker’s dozen of suspense stories ».

  • Francis M Cockrell (1906-1987) n’est pas un écrivain mais un scénariste de télévision, qui a beaucoup œuvré pour l’anthologie diffusée en direct « General Electric Theater », dont les épisodes n’ont pas été gardés.

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8. OUR COOK'S A TREASURE
INÉDIT EN FRANCE

Inédit
Histoire de Dorothy L Sayers. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Robert Stevens

La police recherche une cuisinière meurtrière qui a empoisonné de façon gratuite de nombreuses personnes, dont des jeunes femmes. Elle est en fuite depuis un mois. Ralph Montgomery (Everett Sloane) a des soupçons. Sa nouvelle domestique Mrs Sutton (Beulah Bondi) est arrivée il y a pile un mois. Et il a déjà été incommodé par ce qu’il pense être une indigestion. Il a peur pour sa femme Ethel (Janet Ward). Cette dernière est actrice au théâtre. Un jour, il trouve dans son garage de l’arsenic. Il fait analyser par un chimiste le chocolat qu’il boit : il contient une dose qui n’est pas létale, mais qui prise chaque jour le sera. Sur les journaux, il n’y a aucune photo de la meurtrière en fuite.

Cet épisode part de la vie quotidienne on ne peut plus banale d’un couple américain (si l’on excepte le fait que l’épouse est comédienne au théâtre). Homme d’affaires, bien intégré à la société, fréquentant un médecin et d’autres amis pour jouer aux cartes, notre quidam va sentir peu à peu grandir le soupçon en lui. 

Everett Sloane personnifie à merveille cet américain moyen, qui, à partir d’une indigestion suspecte et de la découverte d’un pot d’arsenic, va se mettre à soupçonner sa cuisinière. Tous les indices concordent pour accuser Mrs Sutton d’être l’empoisonneuse. Mais Ralph Montgomery ne veut pas accuser à tort ni passer pour un mythomane. Il mène donc son enquête avec discrétion, tout en surveillant la santé de sa femme.

Robert Stevens installe peu à peu l’angoisse dans la maison. Au point que M. Montgomery finit par avoir peur de sa domestique. Beulah Bondi rend petit à petit inquiétante sa silhouette pourtant éloignée d’une Madame Danvers et effacée. Janet Ward est l’élément rassurant du téléfilm, l’épouse attentionnée, dont la fibre artistique donne une certaine ouverture d’esprit qui fait presque honte à l’époux apeuré.

Le soupçon pourtant fait peu à peu son chemin et se lit sur le visage du mari. La certitude qu’il y a bien du poison dans le chocolat chaud va pousser à bout de nerfs notre homme. Ses soupçons, sont-ils fondés ?

 

  • Dorothy Leigh Sayers (1893-1957) est une romancière connue oeuvrant dans le roman policier. Elle a créé en 1923 le personnage de Lord Peter Wimsey, s’inspirant des aventures d’Arsène Lupin qu’elle avait dévoré lors d’un séjour en France comme professeur d’anglais. Elle devint l’amie d’Agatha Christie et la défendit lorsque « Le meurtre de Roger Ackroyd créa une polémique. Après sa mort, son œuvre sera adaptée dans plusieurs séries TV dont « Les grands mystères d’Orson Welles » et « A Dorothy L Sayers mystery ».

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9. THE LONG SHOOT
INÉDIT EN FRANCE

Inédit

Histoire originale d’ Harold Swanton. Réalisation : Robert Stevenson

Charlie Raymond, une petite frappe (Peter Lawford), répond à une annonce d’un distingué gentleman londonien, Walter Hendricks (John Williams), qui a besoin d’un chauffeur pour le conduise à travers les Etats Unis de New York jusqu’à San Francisco. Au début, Charlie veut simplement détrousser l’homme d’un peu d’argent pour rembourser une dette de jeu. Mais en fouillant dans les affaires du gentleman, il fait une étonnante découverte. Hendricks doit percevoir une fortune : 200 000 dollars, un héritage que doit lui remettre un avocat de San Francisco sur la simple présentation des documents. Il n’existe aucune photo ou identification de l’héritier en dehors des papiers. Bien qu’il soit urgent de rembourser sa dette, Charlie Raymond va échafauder un plan criminel bien plus ambitieux. Se faire passer pour l’héritier. En chemin, il fait une tentative réussie auprès d’une tante de l’anglais, Margaret Stoddart, afin de savoir s'il pourra au bout du voyage donner le change.

On aurait tort de croire que seuls les épisodes réalisés par le maître sont dignes d’intérêt. Cet opus prouve le contraire. Jamais ennuyeux bien qu’il s’agisse essentiellement d’un dialogue entre deux personnages, ce voyage meurtrier avec un bel héritage à la clef nous tient en haleine jusqu’à la chute qui va surprendre le téléspectateur le plus aguerri. L’usurpation d’identité semble si facile, que nous suivons (souvent en voix of) la moindre réflexion de notre joueur malchanceux qui devrait pouvoir rembourser au centuple sa dette. L’épisode joue avec toutes les légendes et les fantasmes que les sujets de Sa Majesté se font de l’Amérique des pionniers. La scène dans le désert du Nevada où notre duo est perdu atteint le paroxysme de l’angoisse typiquement Hithcockienne.

Bien évidemment, le test (avant la chute) est de savoir si Charlie Raymond va duper la tante. Malgré l’espace dans lequel nous sommes projetés, à savoir les grandes routes, le désert, nous avons le sentiment d’être confinés dans un labyrinte où chaque pas du « héros » peut être fatal. Au fur et à mesure que la confiance de Walter Hendricks devient plus forte envers le criminel, ce dernier sent l’angoisse monter en lui. La victoire lui semble trop facile. Un peu comme si les 200 000 dollars à simplement quérir chez l’avocat étaient un piège à rats, l'argent tenant lieu de fromage.

L’épisode ne serait pas si réussi sans la performance des comédiens : Peter Lawford alterne la ruse et le manque de confiance en soi, et parvient, bien qu’il représente le mal, à captiver le téléspectateur qui va presque s’identifier à lui. Il est vrai que John Williams nous paraît tellement balourd et naïf qu’il ne capte pas la sympathie. La performance vient également de Robert Stevenson qui parvient à brouiller les notions de bien et de mal en axant sa caméra sur l’angoisse de Charlie Raymond, l’usurpateur, et non sur la bonhommie de la victime trop pollissée. John Williams n’en fait pas trop pour rendre crédible son personnage d’anglais coincé. Il a trouvé le ton juste, la sobriété, pour être le plus passif possible, alors qu’il partage le temps d’antenne avec Lawford.

Nous ne dirons bien sûr rien de la chute, mais elle est tellement vertigineuse qu’elle nous donne le tournis et nous assomme littéralement.

  • Peter Lawford (1923-1984), excellent comédien, est hélas plus souvent cité pour ses relations avec JFK dont il était le beau-frère et Marilyn, que pour son talent. On se souvient qu’il fut le dernier à avoir parlé à la star avant sa mort, ce qui est injuste, car le comédien britannique a participé à de nombreux bons films.

  • John Williams (1903-1983) a connu de très beaux rôles au cinéma avec Hitchcock (« Le crime était presque parfait », « La main au collet ») mais aussi aux côtés d’Audrey Hepburn dans « Sabrina ».

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10. LE CAS DE MONSIEUR PELHAM
(THE CASE OF MR PELHAM)

Histoire d’Anthony Armstrong. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Alfred Hitchcock.

La vie d’Albert Pelham devient un cauchemar quand un parfait sosie de sa personne se substitue à lui dans sa vie quotidienne. Albert fait appel à un ami psychiatre pour en savoir plus.

Quel pire cauchemar peut vous arriver qu’être la victime d’un double de vous-même ?  Ici, Albert Pelham est un homme d’affaires sans histoires, célibataire dont les proches sont le majordome et la secrétaire, finissent par le prendre pour un fou.  Tom Ewell (1909-1994) est tout à fait crédible en victime d’usurpation d’identité, sans le côté « vie privée agitée » de la version avec Roger Moore. Tous les comédiens sont parfaits, à commencer par le majordome, Peterson, joué par le flegmatique Justice Watson, sans oublier le psychiatre, le docteur Harley (Raymond Bailey). Tom Ewell personnifie cet homme fragile qui sent son identité menacée et a peur de disparaître. Le maître, derrière la caméra, nous donne en trente minutes, une grande leçon de terreur. Albert suggère au docteur Harley de porter une cravate bariolée, puisque son double est arrivé à se munir exactement de celles qu’il a l’habitude d’avoir. Le crescendo de l’angoisse atteint son apogée lorsque Pelham est confronté à son double sous les yeux du majordome.

Hitchcock, à la différence plus tard de Basil Dearden, choisit de laisser le spectateur dans le malaise total. Pelham se prend à son propre piège (spoiler) pour évincer son rival. Dans sa présentation finale, le maître choisit un sketch qui résume de façon humoristique le drame que nous venons de voir se dérouler, en y ajoutant une touche de nonsense typiquement british.

Un pur chef d’œuvre

  • L’histoire de Pelham a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 1970 « The man who haunted himself », de Basil Dearden avec Roger Moore et Olga Georges Picot. Roger Moore y incarnait Harold (et non plus Albert) Pelham.

 

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11. GUILTY WITNESS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Morris Hersham. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Robert Stevens.

Stanley Krane, épicier, vend des pansements à Mrs Verber qui a un œil au beurre noir. Krane et son épouse Dorothy pensent que Verber bat son épouse. Krane bouscule la poussette des Verber qui traîne dans le couloir de l’immeuble et sa tête heurte le compteur électrique.

Bien avant l’heure, soit en 1955, cet épisode aborde le thème des femmes battues. Ce sujet se fond avec celui des voisins témoins (ici les épiciers) qui décident de se boucher les oreilles et de ne pas se mêler des affaires des autres. Stanley Krane essaie bien de faire quelque chose, plus pour soulager sa conscience que pour venir en aide à autrui. Mrs Verber perturbe son petit nid douillet, c'est-à-dire une épouse adorable et gentille, une clientèle fidèle et sympathique. Dorothy, l’épouse, tient un double langage. Elle est la première à espionner les voisins, mais attend de son mari qu’il résolve l’histoire sans vouloir vraiment s’en mêler. L’arrivée du policier, le sergent Halloran, semble mettre en évidence que c’est Mr Verber qui a disparu et est en danger. Mrs Verber a demandé à l’épicier un grand carton dans lequel le couple pense que se trouve le cadavre du mari.

Dorothy rappelle de multiples héroïnes Hitchcockiennes tel Theresa Wright dans « L’ombre d’un doute », mais elle ne peut ici mener ses investigations à son aise, son mari l’en empêchant au nom de la sacro-sainte tranquillité qu’il veut maintenir chez lui. Son commerce dépend de sa bonne entente avec le quartier. Il ne veut pas d’histoires et est prêt à inventer toutes les explications les moins plausibles pour justifier la disparition de Verber.

La chute (spoiler) est absolument vertigineuse. La lâcheté de l’épicier va être punie au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. Car le mobile du crime se trouvait à portée de sa main. Robert Stevens mène le suspense de façon haletante jusqu’au moment où le mur du conformisme bien pensant du couple Krane va se lézarder. Les quatre comédiens sont époustouflants : Kathleen Maguire (1925-1989) en jolie épouse sainte nitouche dont on ne soupçonne jamais la véritable nature, déguisée derrière son tablier de ménagère parfaite des années 50,  Joe Mantel éblouissant en lâche épicier, Judith Evelyn qui incarne une femme trompée plus victime que coupable, et Robert F Simon qui tient plus du policier british flegmatique que du sergent américain.

  • Hitchcock a employé Joe Mantel (1915-2010) dans « Les oiseaux ». On a vu aussi ce comédien dans « Chinatown » de Roman Polanski.

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12. LE PÈRE NOËL DE LA 10E AVENUE
(SANTA CLAUS AND THE TENTH AVENUE KID)

Histoire de Margaret Cousins. Adaptation : Marian B. Cockrell. Réalisation : Don Weiss.

Un criminel en liberté conditionnelle obtient un emploi de … père Noël.

L’humour est présent ici malgré la situation de ce pauvre bougre qui sent au dessus de sa tête l'épée de Damoclès que constitue le risque de retourner en prison. En effet, lorsque la dame distinguée lui parle de « réhabilitation », il murmure qu’elle en a besoin elle-même.

Puis, notre libéré sur parole est mis en contact avec les enfants. Barry Fitzgerald a tout du brave type et aucune menace n’émane de lui. Ce sont en fait les enfants qui se montrent effrontés, de vrais petits monstres. L’un d’eux fauche même des jouets et réclame l’objet qui fait l’admiration de tous les enfants, un avion de 50 dollars. Notre père Noël le lui promet, mais pourra-t-il tenir cette promesse sans se mettre en délicatesse avec son employeur ?

A travers ce conte de Noël, la série nous fait percevoir que ce ne sont pas forcément ceux qui ont enfreint la loi qui sont les plus vils.

Barry Fitzgerald (1888-1961) est surtout connu pour ses rôles au grand écran : « L’impossible monsieur bébé », « Dix petits indiens ». Il est irrésistible de drôlerie ici. Mais l’épisode tranche avec les histoires angoissantes que l’on peut attendre de l’anthologie.

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13. THE CHENEY VASE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert Blees. Réalisation : Robert Stevens.

Le conservateur d’un musée convoite le vase de Cheney dont une vieille dame ne veut pas se séparer, étant son dernier souvenir de famille. Endicott, l’adjoint, qui vient de prendre la porte, se fait engager par la vieille dame, Martha.

Après l’intermède de Noël, nous retrouvons une histoire angoissante à souhait.  Endicott pour s’emparer du vase et le vendre à un collectionneur allemand qui doit se rendre à Manhattan va tenter de rendre folle Martha Cheney, l’isolant de ses domestiques, la privant de liberté.  Le jeu du chat et de la souris de Martha et de Lyle Endicott est époustouflant de cruauté. Endicott sacrifie même sa petite amie Pamela avec laquelle il comptait partager les 45 000 dollars qu’offre le collectionneur allemand. Mais l’appât du gain le rend déraisonnable et la vieille dame a plus d’un tour dans son sac et va lui mettre des bâtons dans les roues.

Nous assistons au duel entre deux comédiens fabuleux, Darren Mc Gavin, futur héros de la série « Dossiers brûlants » (« Kolchak, the night stalker ») et  Patricia Collinge (Emma Newton dans « L’ombre d’un doute », le meilleur film du maître). Créer un tel suspense en vingt-quatre minutes est une prouesse, d’autant que l’on n’a jamais l’impression que l’affaire soit menée à la va-vite. Robert Stevens se montre aussi doué qu’Hitchcock pour nous faire sursauter. Endicott tisse une véritable toile d’araignée autour de sa proie, éloignant les domestiques, fabriquant de fausses fautes qui les fait passer pour des menteurs. L’homme croit alors avoir totalement à sa merci la pauvre femme. Mais elle n’a pas dit son dernier mot.

Un épisode fabuleux, qui nous fait dresser les cheveux sur la tête. Les prises de parole du maître viennent ajouter une touche d’humour british qui est la bienvenue.

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14. A BULLET FOR BALDWIN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Joseph Ruscoll. Adaptation : Eustace et Francis Cockrell. Réalisation : Justus Addiss.

1909 : le comptable Stepp est licencié par son patron Baldwin. Stepp pense d’abord à se suicider, en prenant un révolver dans son tiroir. Puis, il tue son patron. Il s’attend à être arrêté chez lui lorsqu’on s’étonne de son absence le lundi. Au bureau, Walter King, l’associé de Baldwin, écoute son récit et lui dit qu’il a eu une hallucination. Il le met en présence de Baldwin bien vivant !

Quel dommage que tant d’épisodes de cette série soient restés inédits. Celui-ci se présente comme une énigme digne de Gaston Leroux. Step est un vieil homme modeste, mal payé, et de plus renvoyé parce qu’il a perdu un papier.

On retrouve ici l’humour macabre des histoires abominables de Sir Alfred. Les trois comédiens principaux, John Qualen (Step), Sebastian Cabot (Baldwin) et Phillip Reed (Walter King) pourraient se suffire à eux seuls sans autres intervenants.

« Le crime ne paie pas » dit Hitchcock. Mais ici, il distille une sorte de morale montrant que les patrons qui traitent les employés comme du bétail ne l’emporteront pas au Paradis. Nathaniel Baldwin et Walter King sont de la même eau. Pour eux, il n’y a que le pouvoir et l’argent qui compte. Ils font peu cas du petit et vieil employé qu’ils pensent conduire au suicide.

Vers le milieu de l’épisode, le réalisateur révèle que Baldwin est vraiment mort, que Step l’a bien tué, mais cela ne servira pas de leçon à King. Ce dernier a engagé un comédien qui est le sosie du mort pour diriger la compagnie tout seul. Mais tant envers le faux Baldwin, un cabotin du nom de Davidson, à qui il donne 2000 dollars (une misère) qu’envers Step, il fait preuve du même mépris.

« A bullet for Baldwin » est somme toute une histoire très morale. La chute ne nous surprend pas tellement et l’on peut même dire qu’on la devine. Si le crime ne paie pas, traiter autrui avec cynisme et méchanceté non plus.

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15. THE BIG SWITCH
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Cornel Woolrich, adaptée par Richard Carr. Réalisation : Don Weis.

1920. Le gangster Sam Dunleavy vient de tuer deux hommes à Miami. Il revient à Chicago où un camarade de collège devenu policier, le lieutenant Al Ward, lui intime l’ordre de quitter la ville. Il sait que Sam va tuer son ex-petite amie Goldie qui est partie avec un autre. Pour duper le policier, Sam s’achète un alibi : il paie Barney,  le propriétaire d’une boîte de nuit pour lui servir d’alibi. Il sera censé jouer aux cartes avec lui pendant qu’il ira tuer Goldie.

Je n’ai pas aimé cet épisode, indigne du talent de Cornel Woolrich alias William Irish, auteur de « La Sirène du Mississipi ». Trop d’invraisemblances sont au rendez-vous, d’abord le camarade d’enfance devenu policier. La coïncidence est un peu grosse. De plus, s’il accepte de croire que Sam n’a pas bougé de la pièce alors que l’on entend uniquement Barney crier et hurler alors qu’il perd soit disant au jeu, il est vraiment  naïf.

Ce qui est censé être l’astuce, la fausse cabine téléphonique dans la boîte de nuit qui est un passage secret, est risible. La façon dont Goldie réussit à attendrir le gros nounours qui vient la tuer et échapper à la mort enlève tout suspense. L’édifice scénaristique était déjà tortueux. Là, il s’effondre. Quant à l’alibi payé par 2500 dollars, qui nous vaut de voir cabotiner le comédien qui joue Barney, George E. Stone, il est coûteux pour ce qu’il ne vaut pas.

Certes, il y a la chute inattendue traditionnelle. Et la morale sera sauve. Mais seule la comédienne Beverly Michaels en Goldie est convaincante. Les trois autres comédiens ne parviennent pas à nous entraîner dans leur ronde. Une déception.

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16. YOU GOT TO HAVE LUCK
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de S R Ross, adaptée par Eustace et Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

Un prisonnier condamné à perpétuité dans un état qui n’applique pas la peine de mort vient de s’échapper d’un pénitencier. Il prend en otage chez elle une jeune femme dont l’époux est parti faire des courses.

Bien que John Cassavetes soit le principal interprète de cet épisode, nous restons sur notre faim, car il ne se passe pas grand-chose. Tout est dans le résumé cité plus haut. Sam Cobbett, l’homme qu’interprète l’acteur-réalisateur arrive chez Mary Schaffner (Marisa Pavan). Il a bien envie de la violer. Condamné à 496 ans de prison, privé de liberté depuis trois ans, il est en « manque ». Mais nous sommes en 1955 et la série Hitchcock ne va pas nous montrer un viol.  Cobbett veut des vêtements,  et pour ne pas être repris, que la femme l’accompagne pour prendre un bus. Tout au plus l’otage reçoit une gifle, après avoir tenté de se sauver.

Mais sinon, malgré un beau casting, le scénario brille par son absence. Nous nous ennuyons car il ne se passe rien. Cobbett a faim, il veut deux œufs, puis trois. Il n’y a plus de bacon. Les deux comédiens ne font qu’échanger des banalités. Bref, ce n’était pas la peine d’aller chercher Cassavetes pour ne rien lui donner à jouer. Un ratage sur toute la ligne.

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17. THE OLDER SISTER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Lillian de la Torre (d’après un fait divers célèbre « Lizzie Borden »). Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Robert Stevens.

En 1892, dans le Massachussets, Lizzie Borden est accusée du double meurtre à la hache de son père et de sa belle mère puis acquittée. Un an plus tard, une journaliste, Nell Cutts, tente de découvrir la vérité sur le crime en interrogeant la sœur cadette Emma, puis Lizzie.

A quoi bon insérer 39 épisodes par saison si c’est pour enchaîner des épisodes mineurs ? Ici, la série Hitchcock aborde un crime célèbre et tente de donner une solution à une affaire à jamais non élucidée. Mais la tonalité de l’épisode n’est pas au suspense. Ainsi en est-il de l’arme du crime, la hache. Il faut croire que les enquêteurs ont été bien peu sérieux. Elle est à peine cachée dans la cheminée. Nell Cutts, journaliste reporter horripilante, vient ennuyer Emma, la sœur cadette, qui était sur le point de prendre le train pour quitter cette maison et n’y plus revenir. Arrive Lizzie, d’abord inquiétante, avec des airs de Mrs Danvers. On donne ici un visage au coupable. Et ce dès la moitié de l’épisode : Emma, la sainte nitouche, dont le mobile aurait été de ne plus supporter la belle-mère qui empêchait les deux sœurs de vivre leur vie et de se marier, avec un père qui laissait faire.

Joan Lorring compose d’abord une Emma Borden bien sous tous rapports, puis une folle criminelle convaincante. Lizzie (Carmen Matthews), de vieille chouette épouvantail devient une grande sœur émouvante qui a protégé sa cadette envers et contre tout. Mais il n’y a pas de « chute » dans cet épisode, et l’on se demande bien pourquoi la fameuse règle de la série est ici enfreinte. Dominant par sa haute stature les deux sœurs, la journaliste (Polly Rowles) exerce ici une autorité totalement injustifiée. Elle s’érige en justicière et enquêtrice de façon totalement outrancière. A part le fait que le crime est célèbre, qu’est ce qui a pu pousser Joan Harrison et Sir Alfred à se passionner pour cette histoire au point d’en faire un épisode ? Plus que l’identité réelle du ou de la meurtrière, voilà le vrai mystère.

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18. SHOPPING FOR DEATH
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Ray Bradbury, réalisée par Robert Stevens.

Deux enquêteurs d’assurance à la retraite depuis trois mois, Clarence et Elmer, décident de sauver la vie d’une mégère.

Ray Bradbury (1920-2012) était un écrivain de science-fiction génial, mais ici son talent n’est pas mis à contribution. En effet, le format (25 minutes) ne permet pas de développer une histoire captivante. Nos deux enquêteurs à la retraite ont observé nombre de catastrophes qui auraient pu être évitées, selon eux dues à la chaleur, aux circonstances, aux tensions entre les gens. Ils décident de sauver malgré elle une potentielle victime, Mrs Shrike, qui admet avoir 45 ans mais en fait au bas mot dix de plus. Elle est insupportable avec son entourage (voisins, commerçants) au point que Clarence se fait un devoir de la sauver. Mais il se prend à son propre piège. Il faut avouer que jamais l’histoire n’est passionnante.  

On éprouve le plus grand mal à avoir quelque compassion pour la mégère, et Clarence qui se pose en donneur de leçons, n’est pas au-dessus du lot. Le meilleur moment ici ne se situe pas dans l’intrigue mais dans la présentation par Sir Alfred d’une porte qui grince. Un épisode mineur malgré la valeur de son scénariste.

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19. THE DERELICTS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Terence Maples. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Robert Stevenson.

Alfred Sloane, milliardaire excentrique, vit comme un clochard et partage avec un certain Ralph Cowell les fruits d’une invention. Mais Herta, l’épouse de Cowell, dépense sans compter et le mari ne pouvant plus payer l’associé l’étrangle dans un parc. Le meurtre a un témoin, Peter Goodfellow.

On retrouve ici les canons de l’univers Hitchcockien. Meurtre, chantage, secret, blonde dépensière. Goodfellow est un chanteur qui a perdu sa voix, et vivait, comme Ralph Cowell, au-dessus de ses moyens. Il s’incruste au domicile de Cowell avec le nain Fenton, et ce à la grande répugnance d’Herta qui les prend pour des cousins peu recommandables de son mari. Très vite, c’est l’enfer pour le meurtrier, sa vénale épouse le quitte. Il se trouve pris dans une spirale infernale. Pour se sauver de cette situation, il lui faudrait retrouver le contrat signé avec Sloane et perdu sur les lieux du crime. Nous n’avons pas affaire ici à un assassin mais à un homme qui a fort mal choisi son épouse et a le tort de l’aimer.

Peggy Knudsen (1923-1980) incarne la blonde hitchcockienne perverse et fourbe, qui ne pense qu’au luxe et à l’argent. On regrette presque la courte durée tant cette histoire aurait mérité un développement sur un métrage plus long. Robert Newton en Goodfellow cabotine mais ce n’est jamais désagréable, face à la rigidité conformiste de Cowell incarné par Philip Reed. L’autre cabotin de service, Fenton, interprété par Johnny Silver nous fait un numéro de music-hall qui s’insère bien dans ce thriller. Une réussite. Notons qu’ici, en 1956, le mari fait savoir qu’il est « chez lui », l’épouse n’a aucun droit et bien entendu ne travaille pas. Cela reflète la société des années 50.

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20. AINSI MOURUT RIABOUCHINSKA
(AND SO DIED RIABOUCHINSKA)

Histoire de Ray Bradbury. Adaptation : Mel Dinelli. Réalisation : Robert Stevenson.

Un meurtre a lieu dans un théâtre où doit se produire le célèbre ventriloque Fabian. L’inspecteur Krovitch est rapidement surpris par l’étrange relation que l’artiste entretient avec sa marionnette, Riabouchinska.

Claude Rains (« L’homme invisible ») avait déjà été Sebastian dans « Les enchaînés » du maître. Ce n’est sans doute pas une coincidence si le patronyme de son personnage est ici Fabian. Face à lui, un Charles Bronson pas encore star mais prometteur, en policier. On oublie très vite l’intrigue policière pour entrer dans la danse maléfique qui entraîne le ventriloque Fabian et sa créature, qui n’est autre que la réplique en bois d’une femme qu’il a aimée. Nous assistons à un véritable duel entre le policier et l’artiste auquel se mêle la marionnette, car Fabian, complètement cinglé, se dédouble et fait parler de manière « autonome » Riabouchinska.

Nous sommes ici dans le summum en qualité des histoires que peut proposer la série. Une atmosphère malsaine et aux frontières du fantastique, les secrets du passé qui surgissent, la jalousie de la véritable Mme Fabian qui déclare que son mari paie à la marionnette des robes qu’elle n’a pas elle-même. Krovitch se montre subtil pour arracher la vérité, il entre dans le jeu de son adversaire. Voilà un opus qui porte la marque de la mise en scène d'Hitchcock, mais Robert Stevenson en pleine forme le remplace et nous donne le change. L’histoire de Ray Bradbury est absolument machiavélique. Un petit joyau que la France a eu la bonne idée d’acheter (à la différence de tant d’épisodes restés inédits). Les 25 minutes permettent de ne pas bâcler l’histoire. Rains et Bronson ne laissent aucune place aux autres comédiens qui passent au second plan, concentrant toute l’attention du téléspectateur sur leurs personnages.

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21. SAFE CONDUCT
INÉDIT EN FRANCE

Scénario d’ Andrew Solt. Réalisation : Justus Addis.

Pendant la guerre froide, entre la RDA et la RFA, un sportif est-allemand demande à une journaliste américaine avec laquelle il voyage en train de lui venir en aide.

Cet épisode doit être vu comme un témoignage de la paranoïa de Sir Alfred envers les communistes, décrits ici comme de véritables nazis, n’arrêtant pas de trahir, de tomber des masques, passant d’une seconde à l’autre du statut d’ami à ennemi mortel. Au lieu de développer une histoire d’espionnage, Solt a écrit ici un véritable pamphlet contre le rideau de fer. Claire Trevor en journaliste américaine Mary Prescott, et le français Jacques Bergerac en sportif est allemand gloire nationale, tantôt gentleman lover, tantôt délateur et « camarade » prêt à dénoncer père et mère forment un bien étrange couple. La mise en scène de Justus Addis ne fait pas dans la nuance, et nous dépeint le monde « libre » capitaliste tout rose, tandis que derrière le rideau c’est l’enfer.

 Il faut voir cet épisode comme un document, avec du recul, sous peine de trouver cette accumulation de trahisons grotesque. On ne sait plus très vite à qui se fier : au scientifique qui a découvert un vaccin contre la polio et propose d’ouvrir  ses recherches à l’Amérique, au joueur de foot Jan Gubak/Jacques Bergerac, tantôt résistant courageux, tantôt traître infâme, mais dans les deux cas vivant comme un misérable dans le régime politique de son pays. La chute ne nous rassure pas, tellement la série Hitchcock a brossé un portrait au vitriol de l’URSS à travers la RDA. Jacques Bergerac a fait carrière à Hollywood et jouait dans le pilote de « Match contre la vie » avec Ben Gazzara : « Un château dans la montagne ». Les douaniers sont tellement caricaturaux, pris entre le risque de déplaire au Président qui a apprécié la visite de Mary Prescott et la volonté de mettre en cage l’espionne américaine qu’ils supposent. Hitchcock nous suprend par la profonde malhonnêté de son propos car les Etats-Unis ne sont pas le paradis « monde libre » qu’il dépeint.

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22. PLACE OF SHADOWS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert C Dennis, réalisée par Robert Stevens.

Le jeune Ray Clements a été ruiné par un certain Dave Rocco. Il a perdu son travail, sa petite amie et son père en est mort. Il se présente sous l’identité d’un certain Unser  dans un monastère où Rocco s’est réfugié pour le tuer.

Un monastère enneigé dans la nuit, voilà une ambiance digne du maître. Le père Vincent (Everett Sloane) doit convaincre un jeune homme de ne pas accomplir sa vengeance car en tuant, il se damnera. L’épisode est entièrement ancré dans le christianisme, la notion de pardon, le renoncement à la vengeance. En Ray Clements, Mark Damon est tout à fait convaincant : juvénile, hésitant, faussement sûr de lui malgré la promesse qu’il s’est faite de tuer l’homme responsable de la mort de son père, un voleur.

L’unique autre décor est la gare isolée et lugubre. Dans cet endroit hors du temps, les valeurs et lois des hommes ne semblent pas avoir cours. Ainsi, même les policiers dont un Claude Akins  trentenaire faisant déjà mûr, qui ont la force avec eux semblent hésiter lorsque le père Vincent capitule et les laisse fouiller l’endroit. L’apparition de Floyd Unser (Joe Downing) nous prend au dépourvu et change les cartes que le téléspectateur a en mains. La réalisation de Robert Stevens accentue la noirceur du climat et des lieux en faisant des gros plans sur les visages, sur Ray notamment, mais aussi en faisant baigner l’intrigue policière dans un climat religieux où la loi divine prime sur celle des hommes. L’histoire paraît quand même aujourd’hui un peu désuète, et le script n’est pas entièrement convaincant. On passe un moment agréable sans plus, et la chute n’est pas à la hauteur de l’ensemble.

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23. DE RETOUR À NOËL
(BACK FOR CHRISTMAS)

Histoire de John Collier. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Herbert Carpenter ne supporte plus sa vieille mégère d’épouse et a décidé de l’assassiner. Il pense être certain que son crime restera impuni puisqu’il va ensevelir le corps dans le cellier de leur maison.

Honnêtement, rien ne distingue cet épisode signé par le maître de tant d’autres, et il n’est pas particulièrement réussi. Je pensais lui mettre quatre étoiles, mais il faut attendre la 17e minute (sur 25) pour la première scène de suspense. On reconnaît la patte de Sir Alfred à quelques plans (l’eau qui coule soudain dans le lavabo, anticipant la scène de « Psychose »), mais l’histoire ne possède pas ce petit quelque chose en plus qui fait le chef d’œuvre. Le mari qu’incarne John Williams (« Le crime était presque parfait », « La main au collet ») divorcerait aujourd’hui, mais en 1956, cela n’était pas dans les mœurs. La mise en place de l’intrigue prend beaucoup trop de temps pour que la sauce puisse prendre.

Certes, la chute est vertigineuse, mais l’on attend plus d’Hitchcock, et plusieurs épisodes signés Robert Stevens valent cent fois ce « Back for Christmas ». L’atmosphère est très « Arsenic et vieilles dentelles », et Isobel Elsom en Hermione Carpenter défend bien son personnage. On est surtout surpris parce-que c’est Hitch qui réalise et que l’épisode n’est pas au-dessus du lot. Evidemment, la scène de suspense de la 17e minute, avec l’arrivée d’invités inattendus par le meurtrier est typiquement  réussie, mais vu l’auteur, c’était le moins que l’on puisse attendre. Bref, pour une œuvre du maître, c’est moyen.

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24. LE CRIME PARFAIT
(THE PERFECT MURDER)

Ne pas confondre avec l’épisode 03-03 qui porte en français et en anglais le même titre, mais est lui réalisé par Hitchcock.

Histoire de Stacey Aumonier. Adaptation : Victor Wolfson. Réalisation : Robert Stevens.

Depuis qu’ils savent qu’ils sont les seuls héritiers de leur tante Rosalie, les frères Tallendier ne pensent qu’à une chose : la tuer pour hériter. Mais comment faire sans être soupçonnés ? Le plus jeune, Paul, demande à son frère Henri de piler du verre qu’il mettra dans le soufflé que la vieille dame prend tous les deux jours.

J’ai noté plusieurs incohérences dans cet épisode. Tout d’abord, Henri  est bien trop vieux pour être le neveu de Rosalie. Ensuite, pourquoi sont-ils les légataires universels alors que la vieille dame a une fille ? (La bonne Ernestine la mentionne au sujet du mariage de ladite fille). Les deux comédiens, Hurd Hatfield (Paul) et Philip Coolidge (Henri) jouent des français, les Tallendier, mais tous les clichés sur notre pays, les plus éculés, sont dépeints ici avec un manque de naturel qui détonne. Sardou disait « deux trois cafés par habitant » et ici les français sont dépeints comme des alcooliques invétérés.

Ensuite, le procédé consistant à tuer la tante avec du verre pilé va forcément engendrer une autopsie qui les confondra. Bref, l’histoire de base est bancale. L’épisode mériterait une étoile si ce n’était la savoureuse chute que je me garderai de révéler. A elle seule, elle rehausse le niveau de l’épisode. Il ne faut pas attendre beaucoup de suspense de cette histoire, mais une bonne dose d’humour. Mildred Natwick en tante Rosalie est savoureuse de drôlerie. Néanmoins, quand tant d’épisodes sont restés inédits chez nous, on peut s’interroger sur le choix de cet achat un peu surprenant.

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25. LA VIEILLE
(THERE WAS AN OLD WOMAN)

Histoire de Jerry et Harold Hackady. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Robert Stevenson.

Un couple de voleurs entend par hasard qu’une vieille dame accumule les décès dans son entourage et va se retrouver seule, alors qu’elle possède une fortune chez elle. Ils décident de s’inviter pour la dépouiller.

Cet épisode a certainement été acheté par la France en raison de la présence de Charles Bronson. J’avoue avoir eu beaucoup de mal à supporter ces vingt cinq minutes. Aucun suspense ici mais une comédie noire. La vieille dame, Monica Laughton (Estelle Winwood) est complètement folle. Frank et Laura Bramwell (Charles Bronson et Norma Crane) vont vite s’apercevoir que tout le monde est mort chez Monica, mais qu’elle continue de parler à des chaises vides. Croyant qu’elle a perdu la raison, le couple pense pouvoir la détrousser facilement. Mais ils ne trouvent rien, et commencent à dépérir car il n’y a rien à manger dans cette grande demeure vide.

Très vite, l’épisode tourne à la farce. Malgré leurs efforts, Bronson et Norma Crane ont l’air grotesque, et au lieu de constituer une menace pour Monica, elle les fait devenir chèvre. Le téléspectateur se demande sans arrêt si la vieille dame joue ou assume la folie. Le fait d’avoir pris les Bramwell pour des cousins éloignés alors que le couple cherchait un hôtel constitue une sorte d’assurance vie pour la dame. On est vraiment perplexe de voir que deux auteurs se sont mis à échafauder une intrigue aussi mince, et même les fans les plus acharnés de Bronson s’ennuieront.

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26. WHODUNIT ?
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de C B Gilford . Adaptation : Francis et Marian Cockrell. Réalisation : Francis Cockrell.

Auteur de 75 romans de mystère et d’énigme, Alexander Arlington meurt et arrive au paradis. Il apprend d’un alter ego de Saint Pierre, Wilfrid, qu’il a été assassiné. Indigné, l’écrivain veut savoir qui l’a tué et Wilfrid lui donne la permission de revivre, sur Terre, sa dernière journée.

Le début ressemble… à la fin du « Casino Royale » avec David Niven, où ici, ce cher John Williams se retrouve au milieu d’un paradis d’images d’Epinal avec anges et harpes. Il découvrira d’ailleurs que « Saint Pierre » Wilfrid (savoureux Alan Napier) peut lui téléphoner de « là haut » une fois qu’il est redevenu vivant. Tout d’abord, Arlington licencie son adjoint Talbot (Philip Coolidge) qui était devenu son nègre et avait écrit ses quatre derniers romans, dont le dernier a été refusé par l’éditeur. Puis, il pense que c’est son neveu, qui attend l’héritage, qui l’a tué et le déshérite. Il surprend alors sa femme Carol (Amanda Blake) dans les bras d’un amant, Benson (Jerry Paris). A chaque fois, Arlington pense avoir trouvé celui qui avait un mobile pour le tuer.

On se demande d’ailleurs pourquoi l’héritier est le neveu et non l’épouse ? La télévision française n’a acheté que dix sur les trente neuf épisodes de cette première saison et l’on se pose la question : le choix ne s’est pas fait au petit bonheur la chance ? Il faut avouer que l’on a plus envie de rire, en raison du talent de John Williams, que de frissonner de peur. Si on prend « Whodunit » comme une comédie, on s’amuse vraiment. Mais c’est au détriment du suspense. L’écrivain décide de réunir les quatre meurtriers potentiels : sa femme, l’amant, le neveu, son collaborateur écrivain. Il n’est pas fréquent pour une victime d’être confrontée post mortem à son meurtrier ! John Williams nous fait un délicieux numéro de comédien que l’on applaudit. Le final entre « Saint Pierre » Wilfrid et Arlington, et les commentaires d’Hitch, que je me garderai de révéler, nous confortent que nous sommes ici dans un univers d’humour typiquement british façon « Noblesse oblige ». A défaut d’avoir peur, on rit un bon coup !

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27. HELP WANTED
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Mary Orr, Reginald Denham, Robert C. Dennis. Réalisation : James Neilson.

Un pauvre diable, Mr Crabtree, a été licencié à 52 ans et ne peut soigner sa femme invalide qui nécessite une intervention chirurgicale. Un jour, il reçoit l’acceptation d’un de ses CV auprès d’un employeur bizarre qui lui fait faire des rapports sans jamais le rencontrer. Crabtree ignore que son employeur attend de lui qu’il commette un meurtre.

Voilà une histoire absolument « abominable » telle qu’on l’espère en regardant « Alfred Hitchcock présente ». Notre héros (si l’on peut dire) qu’incarne John Qualen travaille pour 100 dollars la semaine dans ce que l’on appellerait aujourd’hui un emploi fictif. Il ne connaît pas l’identité de son patron, tout juste a-t-il vu sa secrétaire, la sinistre Miss Brown. Un jour, l’homme qui l’emploie, qu’incarne un Lorne Greene inquiétant, lui met le marché en main : il doit tuer le maître chanteur, premier mari de son épouse que le couple croyait mort. Que ce soit au téléphone, de dos, ou lorsqu’il fait face au pauvre Crabtree, Lorne Greene est absolument sinistre et diabolique. Cet épisode nous endort pour mieux nous faire sauter de notre fauteuil. Bien évidemment, la chute va être digne du maitre du suspense. Elle dépassera même en horreur tout ce que l’on peut attendre.

Illustration d’un pays où la sécurité sociale n’existe pas, et où un employé ne peut apporter les soins indispensables à son épouse, James Neilson nous montre que par nécessité, n’importe qui peut être acculé à commettre un meurtre. On se demande en voyant cet opus pourquoi Hitchcock ne nous a pas livré 39 histoires de cet acabit pour cette saison. La tension monte progressivement, alors que l’état de santé de l’épouse, Laura Crabtree (Madge Kennedy) s’améliore depuis qu’elle peut voir un médecin. Comment l’employé pourrait-il revenir en arrière et repousser l’offre de son patron ?

C’est admirablement joué. John Qualen provoque une identification du téléspectateur à cet individu lambda, tandis que l’on s’attendrit sur le sort de l’épouse jouée par Madge Kennedy. Le réalisateur distille savamment les apparitions des deux comédiens qui prouvent que Crabtree a vraiment un employeur, un Lorne Greene démoniaque de talent et une Ruth Swanson énigmatique en pseudo secrétaire.

Bref, après un épisode plutôt comique, cette histoire sinistre aux limites du fantastique vient nous surprendre et nous rappeler que la série traite avant tout d’histoires macabres et d’humour noir. Notons, à propos d’humour, que Mr X/Lorne Greene souligne plusieurs fois qu’il n’en a aucun. On veut bien le croire lorsque l’on voit de quoi il est capable. C’est le genre de programme à ne pas regarder avant d’aller se coucher, ou bien à le faire ensuite toutes lumières allumées et les serrures soigneusement fermées. Qui sait si Monsieur X ne va pas sortir du petit écran venir semer la terreur chez vous ?

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28. PORTRAIT OF JOCELYN
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Edgar Marvin. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Robert Stevens.

Pour leur premier anniversaire de Mariage, Mark Halliday a fait faire un portrait de sa femme Debbie. Celle-ci est horrifiée en guise de joie : le portrait est celui de la première femme de Mark, Jocelyn, disparue depuis cinq ans, présumée morte et dont il a obtenu le divorce. Pour le couple, le cauchemar commence : le portrait de Debbie a été interverti avec celui de la femme d’un certain Clymer. Or celle-ci serait… Jocelyn.

Fortement inspiré de « Rebecca », cette histoire tout aussi diabolique que l’épisode précédent « Help wanted » montre l’intrusion d’une morte dans la vie d’un couple. Jocelyn, femme volage, a mystérieusement disparu il y a cinq ans. Mark a été autorisé à se remarier. Mais il le regrette en découvrant que la première épouse qu’il eut est peut être toujours vivante. Le secret semble détenu par le sculpteur et peintre Arthur Clymer, qui a habité là où vivait le couple. Clymer a fait un buste de Jocelyn. Le portrait qu’il a fait semble montrer que depuis cinq ans, la femme ne serait pas morte mais a vieilli. Peu à peu, la terreur s’installe et Mark sait qu’il va trouver au bout du voyage une vérité à laquelle il aimerait échapper.

Episode qui se distingue par une absence d’humour totale au profit d’une tension qui rappelle « Rebecca » et annonce « Vertigo ». On plaint davantage Debbie (Nancy Gates), la seconde Mrs Halliday, que son mari. Elle ne mérite pas l’avalanche de malheurs qui s’amoncèlent sur elle. Robert Stevens tisse une toile d’araignée autour de Mark, qui finit par décider de savoir coûte que coûte la vérité. Clymer multiplie les indélicatesses qui rappellent Jocelyn. A la différence de « Rebecca », Debbie est solide et pour tout dire aussi belle que sa (défunte ?) rivale. Ce n’est pas une créature frêle qu’une Madame Danvers pourrait manipuler. Le faible ici, c’est Mark, le mari.

Les 25 minutes ne nous laissent pas souffler jusqu’à la révélation finale qui nous assomme. Développé sous forme de long métrage de deux heures au cinéma, « Portrait of Jocelyn » aurait fait un excellent film de Sir Alfred. L’histoire d’Edgar Marvin est fascinante et bouleversante, et aurait sans doute permis d’être exploitée sur une durée plus longue. Lorsque Sir Alfred vient nous sortir du labyrinthe au bout de 25 minutes, on a beaucoup de mal à émerger de ce véritable cauchemar qui nous a tenu en haleine. Une grande réussite.

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29. THE ORDERLY WORLD OF MR APPLEBY
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Victor Wolfson et Robert C.Dennis. Réalisation : James Neilson.

L’antiquaire Laurence Appleby aime tellement les objets qu’il vend qu’il refuse de les céder, ce qui crée vite un problème avec son fournisseur, le turc Dizar (ou du moins son fils) qui menace de faire vendre la boutique. Comme l’épouse d’Appleby refuse de l’aider, il provoque un accident en tirant un tapis et en provoquant une chute mortelle se sa femme qui lui permet de toucher son assurance vie.

Autant les deux précédents épisodes m’ont emballé, autant celui là m’a laissé une impression mitigée. Tout d’abord, le remariage d’Appleby avec la riche Martha Sturgis est improbable. Même en 1956, le mariage impliquait des sentiments et une sexualité. Or, on imagine mal ce maniaque et coincé Appleby autrement qu’avec sa mégère qu’il a dû aimer jadis. Au premier abord, Mlle Sturgis a de faux airs d’Ingrid Bergman. Meg Mundy (1915-) l’incarne et en la regardant mieux fait vieille fille un peu attardée, sous tutelle d’un certain Gainsborough. Martha Sturgis fait tomber un objet d’une valeur de 1000 dollars qu’elle brise accidentellement en visitant la boutique. Appleby est au bord de l’apoplexie. Mais le fils Dizar, le fournisseur, en la voyant payer recta avec chèque 1000 dollars (chèque qu’il prend au passage puisque l’antiquaire est son débiteur), suggère à ce dernier de courtiser Martha.

Très vite, Appleby revient vite à sa passion des antiquités et après avoir épousé Martha ne pense qu’à son argent. C’est peut-être la conception du mariage qu’avait Sir Alfred, impuissant, mais cette union n’est pas crédible. On a du mal à prendre au sérieux la suite de cet épisode ennuyeux qui arrive tout juste à deux étoiles pour la savoureuse chute (si l’on peut dire, elle est au propre comme au figuré).

Bref, un épisode très moyen.

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30. NEVER AGAIN
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Adela Rogers St John. Adaptation : Gwen Bani, Irwin Gieguld, Stirling Silliphant. Réalisation : Robert Stevens.

Une femme alcoolique, Karen Stewart, en sevrage, se demande ce qu’elle fait sur un lit d’hôpital avec des bandages au bras et à la main droits, et aucun souvenir de ce qu’elle a fait la veille.

Cet épisode est étonnamment moderne, notamment par les scènes de baisers sur la bouche entre Karen (Phyllis Thaxter) et son amant le publicitaire Jeff Simmons (Warren Stevens).  Il nous fait d’autre part davantage penser à « La quatrième dimension » qu’à la série Hitchcock. Par sa construction, il préfigure en effet l’épisode 02-06  « L’œil de l’admirateur » de l’anthologie de Rod Serling. Cependant, la comparaison s’arrête là car nous restons dans le policier/suspense sans jamais aborder les terres du fantastique.

Jeff est un publicitaire, et il n’arrête pas de fréquenter les « party » où l’alcool coule à flot. On comprend mal par contre qu’il semble préférer la compagnie de Renee, qui fait plus âgée et qui surtout est bien moins jolie et séduisante que Karen. Seulement, le frère de Renee vient sans savoir à qui il parle expliquer à Karen que Jeff est malheureux en amour, vivant avec une alcoolique.

On s’éloigne ici des histoires vieillottes et désuètes de Sir Alfred pour quelque chose de plus trash : Karen et  Jeff sont amants et s’exposent à la société bien pensante de 1956 qui ne voit alors que par le mariage. Cet aspect là prend le pas sur l’angoisse de la femme clouée sans mémoire dans un lit, ce qui empêche l’épisode d’atteindre la réussite totale. Nous sommes trop dans les mondanités et pas assez dans le monde claustrophobe de l’hôpital. Notons que les interventions de Sir Alfred sont abrégées pour laisser plus de temps à l’histoire (il n’y a quasiment pas de conclusion par le maître). On regrette un peu que le pas ne soit pas fait jusqu’au bout, puisque l’opus semblait trancher avec le reste de la saison, et que la jalousie et l’adultère (même si le couple n’est pas marié) soit davantage mis en lumière que l’aspect angoisse.

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31. THE GENTLEMAN FROM AMERICA
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Michael Arlen. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

Mai 1940 à Londres. Sir Stephen Hurstwood, qui possède un « manoir hanté », met au défi un américain fortuné, Latimer, de passer une nuit pour 1000 livres dans une chambre où se manifeste le fantôme familial. D’abord amusé et réticent car incrédule, Latimer accepte le défi.

Cet épisode est un véritable choc dans la saison 1. Nous avons droit à tout l’attirail des films de fantômes ici, mais se prenant très au sérieux. On passe donc dans le fantastique et le petit film d’horreur. Ce qui pour le téléspectateur des années 90 avec « Les contes de la crypte » semble banal provoquait la terreur en 1956. Si le prologue est savamment amené, la nuit dans le manoir devient le « Evil dead » de son époque. Il y a d’abord le récit horrifique familial dans un livre relié qui met notre cobaye, Latimer, en condition. Puis, car ce n’est pas le spoiler, l’apparition du fantôme. Latimer n’a droit qu’à une chandelle et à un pistolet chargé. S’il fuit, il perd les 1000 livres, alors il a bien l’intention de se battre bec et ongles pour rester, que la chose soit un artifice pour touriste ou venu de l’enfer.

Bill Mc Guire (1926-) en Howard Latimer est parfaitement convaincant. Il est l’homme incrédule et matérialiste prêt à se mesurer avec le surnaturel. Face à lui, Sir Stephen (Ralph Clanton) et son compère Derek (John Irving) ont l’air de deux comploteurs prêts à plumer le riche américain venu en pleine « drôle de guerre ». La première partie de l’épisode va crescendo jusqu’à la nuit dans la chambre hantée. Puis l’épisode reprend en 1945, mais là nous n’en dévoilerons pas plus.

L’épisode en donne pour son argent au téléspectateur : 25 minutes de trouille totale. On s’écarte complètement d’une grande partie de cette saison 1 avec l’incursion dans le fantastique pur. La caméra porte sur le fantôme de Hurstwood un regard qui n’a rien des farces habituelles sur les esprits des châteaux anglais ou écossais. On est plus proche ici de l’horreur. Ce type d’opus sera rare dans l’anthologie qui préférera les suspenses policiers au fantastique. Alors, il faut absolument profiter de l’occasion et ne pas bouder notre plaisir. Quatre étoiles évidemment. Après, il est difficile d’en dire trop de peur de dévoiler le spoiler.

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32. THE BABY SITTER
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Emily Neff. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : Robert Stevens.

Une certaine Clara Nash est assassinée. Elle était la maîtresse d’un gangster, Mr De Mario. L’époux, Nash, intéresse une vieille femme, Lottie, témoin la plus proche de l’assassinat, et qui a des vues sur le veuf.

Mon Dieu ! Qui a pu avoir l’idée de pondre cet épisode ? L’actrice qui joue Lottie Slocum, Thelma Ritter, avait 54 ans en 1956 mais en faisait 20 de plus. Elle est aussi crédible en baby sitter que Jean Claude Van Damme jouant le pape. Notons que pour la première fois, Alfred Hitchcock n’intervient qu’à la fin, ce qui rallonge le film, donc notre supplice.

Tout tourne autour de cette femme fanée qui croit qu’elle peut encore plaire, habillée comme une concierge du début du XXe siècle. Les autres personnages ne sont qu’esquissés, car le veuf par exemple est vu par le prisme idéalisé qu’en fait Lottie. Le summum du ridicule est atteint lorsque le policier semble soupçonner Lottie du meurtre. Au milieu d’un monde de femmes, il n’y a que trois représentants du sexe masculin : le policier (Ray Teal), le veuf sans prénom, Mr Nash (Theodore Newton) et le gangster italien De Mario, qu’interprète Michael Ansara (lors de sa première apparition, le temps d’un éclair, on croit voir Christopher Lee !). Ansara jouait le fils turc Dizar dans  «  The Orderly world of Mr Appleby », ici il compose un mafioso assez menaçant. Les autres sont la fille de la baby sitter et des voisines et amies, commères, qui organisent un bavardage assez insupportable pour le téléspectateur.

Bref, c’est un épisode difficile à supporter jusqu’au bout. On croit s’être trompé de série. Il sera difficile de faire pire mais la série compte sept saisons et 268 épisodes, alors qui sait ?

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33. LE CLOCHER
(THE BELFRY)



Histoire d’Allan Vaughan Elston. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Herschel Daugherty.

Clint, un simple d’esprit, est amoureux de l’institutrice Ellie Marsh et la demande en mariage. Quand elle lui annonce qu’elle va se marier avec un autre nommé Walt Norton, il tue ce dernier d’un coup de hache et se réfugie dans le clocher.

On peut supposer que la présence de la fille de Sir Alfred, Pat, en institutrice a provoqué l’achat de cet épisode pas terrible par la France. Jack Mullaney en tueur simplet n’est pas bien effrayant, et la chasse à l’homme ne distille que peu de suspense.

On s’ennuie ferme, avec cet assassin qui entend des voix, et reste coincé tout l’épisode dans son clocher. En dehors du comédien qui incarne le shérif,  Dabbs Greer (« Les envahisseurs : l’expérience », « La petite maison dans la prairie »), la distribution n’est pas brillante. Moins pire que  « The baby sitter », voilà un opus sitôt vu sitôt oublié. On s’étonne de quelques incohérences : Clint écrit « Ella Maroh » au lieu de Ellie Marsh au tableau noir avec une craie. On ne saura jamais pourquoi.

De plus, durant trois journées, Clint reste dans son clocher au mépris de toute crédibilité. Il ne mange pas, ne boit pas, n’urine pas, mais cela ne lui pose pas de problèmes. J’ai trouvé que Patricia Hitchcock jouait assez mal. Notons que l’on comprend que les encarts publicitaires ont lieu entre les deux discours finaux du maître. Avec tant d’autres bons épisodes inédits, voilà un opus que l’on aurait pu laisser outre Atlantique à son relatif anonymat.

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34. THE HIDDEN THING
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de A J Russell. Adaptation : James Cavanagh. Réalisation : Robert Stevens.

La nuit, dans une voiture. Dana Edwards embrasse avec fougue Laura, qu’il va épouser dans deux jours. La belle se morfond de devoir attendre, voudrait devenir sa femme le soir même. Ils vont manger un hamburger, mais elle a oublié son sac et ne veut le laisser dans la voiture. Elle est alors écrasée par un chauffard qui prend la fuite.

Episode très en avance sur son époque. Le couple dans la voiture est sur le point de faire l’amour. En 1956, dans l’Amérique puritaine, la série Hitchcock se montre réellement audacieuse.  Judith Ames et Biff Mc Guire (quel drôle de prénom pour l’acteur) ne semblent pas simuler les baisers passionnés. Arrive le drame et Dana se réfugie dans le silence, ne voulant parler à personne, laissant sa veuve de mère éconduire le lieutenant  Shea (Theodore Newton) qui est persuadé que Dana peut se rappeler la plaque minéralogique de la voiture du chauffard.

L’épisode alterne les souvenirs en flash back de ces amants en voiture et la réalité de la mort. C’est alors qu’un curieux petit bonhomme, (Robert H Harris), soit disant ex enseignant qui a perdu son fils écrasé par un chauffard, réussit à approcher notre pauvre héros, et à le persuader à se livrer à une expérience d’hypnose, « Total recall », c'est-à-dire de revivre les derniers jours jusqu’au moment où il a vu la plaque d’immatriculation du chauffard.

Dans un premier temps, on croit être en présence d’un remake de « L’inconnu du Nord Express » : vont-ils s’échanger leurs alibis et faire justice eux-mêmes ? Eh non, l’homme veut juste  faire une expérience d’hypnose. Cet opus n’arrête pas de nous surprendre, puisque nous revivons les baisers passionnés dans le cadre de l’hypnose. Eros et Thanatos se fondent en un récit assez tortueux, jusqu’à ce que la mère (Katherine Warren) et le lieutenant Shea se posent des questions sur les vraies motivations de l’ex-professeur.

Le format 25 minutes est trop court pour cette intrigue passionnante. On aurait aimé que cinquante minutes soient consacrées au développement du récit. Robert H Harris est un comédien brillant qui nous intrigue très vite, rappelant Clément Harari (l’abominable docteur Dutreuil dans « L’homme sans visage » et « Nuits rouges » de Georges Franju). Le metteur en scène Robert Stevens joue avec nos nerfs et nous entraîne très loin de l’endroit où nous pensons aller. Bien sûr, nous ne dévoilerons pas la chute qui est vertigineuse. Mention spéciale à la belle Judith Ames, qui a continué sa carrière sous le nom de Rachel Ames.

Un excellent épisode.

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35. THE LEGACY
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Gina Kaus. Adaptation : Gina Kaus, Andrew Solt. Réalisation : James Neilson.

Un prince play boy, Burhan, s’entiche à Palm Beach d’une femme mariée ordinaire et assez laide, Irene Cole. Comme il n’arrive pas à la séduire, il se suicide. Mais le prince, complètement ruiné, avait peut être des intentions moins louables en voulant faire divorcer Irene, qui est à la tête d’une petite fortune.

On se demande bien qui a pu suggérer aux producteurs cette nouvelle complètement idiote, et vraiment hors sujet par rapport à l’anthologie à suspense. Jacques Bergerac incarne avec un accent français à couper au couteau le play boy européen d’opérette. Leora Dana en Irene évoque la femme pas très jolie qui n’a jamais trop eu l’habitude de flatteries.  Un autre personnage, un écrivain, Randy Burnside (Ralph Clanton) devient rapidement le fil conducteur au milieu des commères de Palm Beach. C’est lui qui sert à expliquer l’intrigue au téléspectateur. On évoque plusieurs fois et Sir Alfred le premier une histoire freudienne. Irene serait en quelque sorte une « mère » pour le prince, en même temps qu’une maîtresse.

A la mesure de Cecilia (Enid Markey) , la commère en chef à la table des festivités, qui ne cesse de caqueter, l’épisode nous fait penser à un soap opera. On songe à une histoire faite à la va vite pour compléter la saison. Il n’y a évidement pas le moindre suspense, et on est totalement médusés par le côté saugrenu de l’histoire. Si Irene n’était pas mariée et plus âgée que le prince, le cadre ferait penser à « Rebecca ». A l’image d’un Alfred Hitchcock parlant au téléspectateur empêtré dans une toile d’araignée géante, cet épisode démontre que les producteurs se sont pris les pieds dans le tapis par un choix hâtif pour une intrigue non aboutie. Un désastre !

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36. MINK
INÉDIT EN FRANCE



Scénario original : Irwin Gieguld, Gwen Bagni. Réalisation : Robert Stevenson.

Du jour au lendemain, la vie d’une honnête femme, Paula Hudson, devient un cauchemar. Elle porte un vison qu’elle a acheté à une modèle via sa coiffeuse. Il s’avère que c’est un vison volé, et l’inspecteur Delaney s’acharne sur elle. Le modèle et la coiffeuse démentent sa version et elle se retrouve accusée de vol !

Superbe épisode, qui à sa mesure nous plonge dans une atmosphère digne de Richard Kimble « le fugitif » et du lieutenant Gerard. Paula n’a jamais eu d’histoires de sa vie, même pas un PV. Et la voilà conduite au commissariat de police. Le piège se referme et l’angoisse monte comme seul Hitchcock, ici à travers sa série, peut nous le faire éprouver. Tout un chacun pouvons un jour être accusé de recel en faisant un achat en liquide, une « bonne affaire ». Paula est d’autant plus angoissée que son mari est en voyage d’affaires près de Las Vegas, à Henderson. Tout le monde se ligue contre elle, de la police aveugle au témoins récalcitrants voire accablants. Le téléspectateur s’identifie très bien à Paula. Le canevas peut être repris à l’infini (un quidam pris pour un agent secret dans « La mort aux trousses »). Le prodige de cet épisode est de constituer le cauchemar en seulement 25 minutes, avec son apothéose, et évidemment une chute que l’on ne révèlera pas.

Deux comédiens fabuleux s’affrontent : Ruth Hussey (1911-2005), surtout connue pour « Indiscrétions » de George Cukor, est la femme accusée, tandis que Vinton Hayworth (1906-1970) moins connu (il a joué dans la série « Jeannie de mes rêves ») en policier obtus. Les comparses autour de ce tandem ressemblent aux visages d’une série de cauchemar comme « Les envahisseurs » ou « Le fugitif ». La mise en scène de Robert Stevenson est calibrée au millimètre pour nous plonger dans l’angoisse pure. Un épisode qui est un véritable joyau dans une série inégale. « Mink » évidemment veut dire vison en anglais.

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37. THE DECOY 
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Richard George Pedicini. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Arnold Laven.

Decoy signifie « Leurre ».

Gil Larkin est un musicien qui fait les arrangements de la chanteuse Mona Cameron. Depuis des années, il est amoureux d’elle, mais elle est mariée à un riche producteur. Mona révèle qu’elle est malheureuse, que son mari la bat. Larkin se rend chez le mari, Ben Cameron et veut lui parler, mais quelqu’un l’a suivi, l’assomme, et tue Cameron, laissant le pistolet dans les mains de Larkin. Cameron était au téléphone avec un mystérieux interlocuteur que Larkin se fait un devoir de retrouver

Comme l’épisode précédent, nous avons un accusé innocent, cette-fois de meurtre. Mais autant « Mink » provoquait notre adhésion totale, autant « Decoy » nous laisse de marbre. L’épisode atteint tout juste les deux étoiles. Larkin est trop poli pour être coupable. Il ne perd d’ailleurs pas son sang froid et interroge les personnes qui auraient pu être en communication téléphonique avec Cameron lorsqu’un certain Ritchie a tué l’homme. Ce n’est pas un comportement très crédible pour un faux coupable en fuite. Ecrit à la va-vite, cette histoire ne parvient jamais à nous passionner tant les personnages sont caricaturaux. Prenons l’animateur radio (en vo disc jockey !) Dave Packard  qui est carrément hystérique, joué par un Jack Mullaney survolté qui semble pressé de prendre le train ! Cara Williams en Mona manque de chaleur et on a bien du mal à croire qu’elle répond à l’amour de Larkin. Ce dernier, interprété par un Robert Horton trop maître de lui, ne provoque pas la sympathie du téléspectateur. Il se conduit en héros et non en fugitif.

Le comédien qui s’en tire le mieux est Philip Coolidge en lieutenant Brandt, qui a un aspect assez sinistre. Episode rempli de faux semblants, avec le couple de japonais engagé par Ben Cameron qui ne sera d’aucune aide pour Larkin, nous saisissons vite que l’épilogue va arriver de façon trop abrupte sans nous réserver la finesse de la chute qui fait le charme de tant d’épisodes de cette série. Un épisode assez raté, mais qui vaut quand même le visionnage.

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38. THE CREEPER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Joseph Ruscoll. Adaptation : James Cavanagh. Réalisation : Herschel Daugherty.

« The creeper » est le Jack L’éventreur de New York en 1956. Les femmes sont terrifiées. Ellen Grant terrifiée sent qu’elle va être la prochaine victime. Ce n’est certes pas son mari, plutôt rude, ni la concierge, aimable comme une porte de prison, qui vont la rassurer.

Alors que l’on approche de la fin de la saison 1, voilà un excellent opus qui relève un niveau parfois inégal. Les suspects sont légion : il y a la concierge, Martha (Reta Shaw), qui se vante que le creeper est peut être une femme qui se venge des épouses infidèles. Le jardinier, George (Percy Helton) empressé de rentrer dans les appartements des femmes seules, mais aussi le meilleur ami du mari, Ed (Harry Townes) – il faut dire que l’héroïne, Ellen (Constance Ford) a eu une liaison avec lui – n’oublions pas le cordonnier (Alfred Linder) qui inspire la terreur aux femmes. Le mari, Steve Grant (Steve Brodie, dont les traits rappellent parfois le chanteur Bruce Springsteen) n’est pas du genre rassurant. Non seulement il travaille la nuit, mais au lieu de rentrer chez lui rapidement va boire une bière et en offrir à son ami Ed.

Le début de l’épisode rappelle ce que sera plus tard « Frenzy », film pourtant palot du maître. Il est question des deux jeunes femmes victimes du tueur en série, qui fait la une des journaux. Ellen symbolise la peur de toutes ces victimes potentielles. Il fait chaud, on est tenté d’ouvrir les fenêtres. L’épisode est savamment étouffant. L’angoisse monte jusqu’à la révélation finale, et le maître incite les téléspectateurs (précurseur de l’interactivité !) à écrire pour dire s’ils ont aimé l’épisode et veulent une suite ! Constance Ford (1923-1993) joue avec un talent éblouissant la femme apeurée sans jamais en faire trop et tomber dans l’hystérie. En dehors du mari colérique, les autres personnages sont joués par des comédiens qui tous rendent crédible le danger de leur personnage. On regrettera qu’en 39 épisodes, il y ait eu autant de scories, et que les bons épisodes ne soient pas systématiques.

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39. LA FOIRE D'EMPOIGNE
(MOMENTUM)

 

Histoire de Cornell Woolrich. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

Burroughs, le patron d’un certain Richard Paine, lui doit son salaire : 450 dollars, mais est réticent pour le payer. Paine, qui est marié à la ravissante Beth, décide d’aller le voir et s’aperçoit que l’homme possède une cagnotte qu’il range dans une boîte en fer. Aussi tente-t-il de récupérer son dû. Mais l’homme le surprend et appelle la police : Paine le tue.

Episode écrit par le grand Cornell Woolrich, plus connu sous le pseudonyme de William Irish (« La sirène du Mississipi », « La mariée était en noir »). On peut supposer que la France l’a acheté en raison de la présence, dans le rôle de Beth, de Mrs Paul Newman, Joanne  Woodward.

Nous avons droit à un épisode typiquement Amérique des années 50, avec les voitures de l’époque, la mode, l’épouse douce et docile, les conflits qui se règlent vite à coups de révolver sans réfléchir aux conséquences. La grande gare routière qui doit servir de point de ralliement entre le couple héros a été maintes fois illustrée dans la série « Le Fugitif ». Le noir et blanc est parfaitement adapté à l’épisode,  et rappelle beaucoup les films à suspense du maître, en particulier lors de la scène où Paine espionne son patron.

Composé de nombreux quiproquos tragiques, l’épisode distille un suspense constant, mais une intrigue parfois un peu trop compliquée l’empêche d’atteindre la perfection. Skip Homeier en personnage principal masculin looser est parfait. Il incarne un homme pris dans un piège infernal. On notera qu’en 1956, 450 dollars représentait une petite fortune. Les scènes avec les bookmakers et le bar font perdre un peu d’intensité à l’histoire, mais c’est tout même une excellente histoire qui conclut cette saison 1. Quant à Joanne Woodward jeune, elle est à croquer, et l’on se damnerait pour elle. Par comparaison, les autres comédiens sont plus effacés et ne retiennent pas vraiment l’attention.

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Images capturées par Patrick Sansano.

Saison 7Saison 1

Alfred Hitchcock Présente

Saison 2

20. Malice Domestic – Inédit en France

21. Number Twenty-Two – Inédit en France

22. The End of Indian Summer – Inédit en France

23. One for the Road – Inédit en France

24. The Cream of the Jest – Inédit en France

25-26-27. I Killed the Count – Inédit en France

28. Incident de parcours (One More Mile to Go)

29. Cercle vicieux (Vicious Circle)

30. The Three Dreams of Mr Findlater – Inédit en France

31. The Night the World Ended – Inédit en France

32. The Hands of Mr Ottermole – Inédit en France

33. A Man Greatly Beloved– Inédit en France

34. Martha Mason, Movie Star– Inédit en France

35. The West Warlock Time Capsule – Inédit en France

36. Father and Son – Inédit en France

37. The Indestructable Mr. Weems – Inédit en France

38. A Little Sleep – Inédit en France

39. The Dangerous People – Inédit en France



1. JOUR DE PLUIE
(WET SATURDAY)



A partir de cet épisode, la pause publicitaire a lieu vers la 11e minute de métrage, au lieu de couper en deux l’épilogue fait par le maître.

Histoire de John Collier. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Une jeune fille de bonne fille tue d’un coup de maillet le maître d’école, un homme qui a refusé on amour. Le père, qui veut sauver la réputation familiale, tente de mêler sous la menace le capitaine Smollet au meurtre.

Consternation : le maître du suspense, inaugurant la saison 2, signe un épisode ni fait ni à faire. La faute en revient à une histoire insipide, que personne derrière la caméra n’aurait pu sauver.  Par contre, on peut reprocher le choix de ce sujet à Sir Alfred. Ce dernier est d’ailleurs obligé, puisque 25 minutes ne suffisent pas, à nous raconter la suite et la fin de l’histoire. « Jour de pluie » en reste à une longue scène d’exposition, où  Princey (Cedric Hardwicke), le père de la meurtrière Millicent (Tita Purdom), dont le cas relève de la psychiatrie, expose comment il a trouvé un coupable de substitution. Cela devient très vite ennuyeux, ce qui est un comble pour un film d’Hitchcock !

Les comédiens, surtout John Williams en capitaine Smollet désigné coupable, font ce qu’ils peuvent pour sauver l’entreprise du désastre. Mais c’est dès le départ peine perdue. Cette version raccourcie du « Crime était presque parfait » sera rattrapée par un autre opus du maître dans la saison, « Incident de parcours ». Le plus intéressant dans « Jour de pluie » sont les interventions d’Hitchcock, la première étant assez humoristique (il est coincé dans un meuble vertical car il y a des « restrictions de budget » !

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2. FOG CLOSING IN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Martin Brooke. Adaptation : James Cavanagh. Réalisation : Hershel Daugherty.

Pendant l’absence de son mari, en voyage d’affaires, Mary Summers est terrorisée et revit ses peurs d’enfance, lorsque ses parents la consolaient. C’est alors qu’un homme, évadé d’un asile psychiatrique, s’introduit dans la demeure.

Episode sans suspense véritable, qui raconte la névrose d’une femme toujours attachée à ses parents. Elle n’aurait d’ailleurs jamais dû se marier. L’époux, Arthur, se plaint des notes de téléphone longue distance que sa femme lui impose pour parler quotidiennement avec ses parents. L’épisode préfigure « Marnie ». Mary (Phyllis Thaxter) est atteinte d’une profonde névrose et on la devine facilement frigide et sa peur de la chambre conjugale en dit long. L’épisode, centré sur la personnalité de Mary, laisse de côté l’aspect policier-suspense que caractérise Ted Lambert (George Grizzard). Alors qu’elle devrait être apeurée par le fuyard, elle se comporte avec lui en mère et éprouve de la compassion. Elle l’aide d’ailleurs à se cacher. Celui dont elle a peur, c’est Arthur, le mari (Paul Langton).

En 25 minutes, il était impossible de développer une intrigue sur ce thème. Hitchcock se rattrapera en 1964 avec le film joué par Sean Connery et Tippi Hedren. Peu attirante, Mary est encore une petite fille. La chute est assez prévisible, et le téléspectateur s’ennuie un peu devant cette étude qui relève de la psychiatrie et non du suspense. Les comédiens sont irréprochables, mais si le premier opus de cette saison 2 était raté, ce deuxième est plutôt hors sujet pour cette anthologie. Le problème de la sexualité, omniprésent et sous-jacent, n’est jamais clairement évoqué. Diffusé le 7 octobre 1956, on suppose que le public de l’époque n’était pas prêt à aborder ce genre de thème.

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3. DE MORTUIS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John Collier. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

Deux amis, Wally et Bud, viennent inviter leur comparse le professeur Rankin à une partie de pêche. Ils le trouvent en train de faire des travaux dans son sous-sol, où il a cimenté une soit disant fuite d’eau. Sachant que la trop jeune épouse du professeur quinquagénaire est volage, ils pensent qu’il l’a tuée et enterrée.

Enfin un bon épisode, où l’on reconnaît immédiatement le talentueux et inquiétant Robert Ermhardt, qui sera Mr Ames dans l’épisode des « Envahisseurs : Cauchemar ». Il incarne ici un professeur de 51 ans, Rankin, marié à une trop jolie et surtout bien trop jeune Irene (Cara Williams), actrice qui rappelle parfois Elizabeth Montgomery jeune. Bien évidemment, le professeur est tellement cocu qu’il ne peut plus passer aucune porte avec ses cornes, mais il semble être le seul à l’ignorer.

Wally (Henry Jones) et Bud (Philip Coolidge) sont les faire valoir du meurtrier potentiel.  Ils nous content ainsi, à travers des flash back, la vie dissolue de la belle, qui n’a pas hésité à leur faire des avances. Cette-fois, nous sommes vraiment (à la différence des deux premiers épisodes de la saison 2) dans un suspense angoissant et stressant. Robert Stevens multiplie les plans sur le ciment frais du sous-sol dont les compères pensent qu’il recèle le cadavre de la belle infidèle épouse de leur ami. Bien sûr, lorsqu’Irène apparaît à l’image, bien vivante, le téléspectateur est déconcerté, à peu près autant que notre professeur Rankin/Robert Ermhardt. Cette histoire de John Collier dans laquelle les amis pensent qu’il faut passer l’éponge sur le meurtre d’une femme adultère reflète tout de même des mœurs ancestrales et une image de la condition féminine peu reluisante. Au café du village, le beau routier, incarné par H.M. Wynant, qui séduit la jolie Irene en lui offrant du feu (dans une scène de flash back) a tout de même davantage l’âge et le physique avantageux pour être le partenaire de la belle que le vieux et assez ventripotent professeur. La chute est assez prévisible et le spectateur la devine facilement. Un excellent opus, dans la lignée de suspenses que l’on est en droit d’attendre dans cette collection.

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4. KILL WITH KINDNESS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire écrite et adaptée par A.J. Russell. Réalisation : Herschel Daugherty.

Pour toucher l’assurance vie, un frère et une sœur invitent un clochard chez eux auquel ils offrent les vêtements du frère pour le faire mourir dans un incendie. Mais les apprentis criminels n’ont pas pensé à tout.

Comme plus tard dans la série « Columbo », le complot des meurtriers nous est décrit dès le début sans qu’il soit un quelque spoiler. Fitz et Katherine Odham (Hume Cronyn et Carmen Mathews) ont d’emblée un air de déséquilibrés semblant sortir de l’épisode de « Chapeau melon et bottes de cuir : caméra meurtres ». Hume Cronyn, ami personnel d’Hitchcock et figurant au casting de nombre de ses films (il sera plus tard Avery Filer dans « Hawaii Police d’état », l’un des seuls adversaires sympathiques de Mc Garrett, puis Joe Finley dans les « Cocoon »), domine la distribution en amateur assez allumé de papillons. Il les collectionne et doit de se résoudre à voir ses précieuses pièces disparaître dans l’incendie de la maison qui permettra de toucher l’assurance vie. Moins connue, Carmen Mathews n’est pas en reste pour débiter son texte en sœur dégénérée. Le clochard, Jorgy, est incarné par James Gleason. Son personnage est plus en retrait. Le comédien mourut en 1959, trois ans après la diffusion de cet épisode.

Nous sommes ici dans du Hitchcock pur et dur, avec la substitution de la bague de Jorgy par celle de Fitz à laquelle les meurtriers n’ont pas pensé, or ce sera l’un des éléments qui permettra d’identifier le cadavre carbonisé. La bague qui reste coincée et ne veut pas s’enlever est un moment de grand suspense digne du maître. Comme le téléspectateur est mis dans la confidence, il n’y a pas ici de mystère ou de spoiler, mais l’on attend de savoir comment les meurtriers vont se sortir de leur piteuse affaire.

Avec une chute à la hauteur de l’intrigue, l’épisode est une réussite totale. Bien plus que dans le navrant « Jour de pluie », nous retrouvons ici les astuces du maître. Pensé pour durer 25 minutes, l’opus est parfaitement calibré et l’on aurait tort de bouder son plaisir. Une réussite que l’on doit surtout aux comédiens qui jouent le jeu.

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5. NONE ARE SO BLIND
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John Collier. Adaptation : James Cavanaugh. Réalisation : Robert Stevens.

A court d’argent, oisif, Seymour Johnston aimerait bien que sa tante Muriel ait le bon goût de mourir car il est son seul héritier. Un jour, il trouve un permis de conduire au nom d’un certain Antonio Bertani. Il décide de se construire une identité afin de tuer sa tante et d’attribuer le crime à ce personnage auquel il donne une adresse et un déguisement.

L’idée de départ de cet épisode est assez bonne. Mais quelques éléments clochent, par exemple, Seymour (Hurd Hatfield) s’embarrasse d’une maîtresse, Liza (K T Stevens) bien plus âgée que lui. Voilà un couple bien bancal. La tante est jouée par Mildred Dunnock qui est parfaite dans le rôle. C’est une future victime rusée, qui sait fort bien de quoi est capable son neveu. Le policier (sans nom) qu’interprète Rusty Lane a l’air de ceux à qui on ne la fait pas. Le défaut majeur de cet opus est que tout est trop prévisible. La faiblesse du script de John Collier tient dans le fait, bien improbable, que l’inspecteur et la tante Muriel étaient de bons amis.

Déguisé en Bertani, ayant loué un appartement, Seymour est aussi ridicule que Georges Descrières dans certains épisodes d’Arsène Lupin. Il prend bien soin de se faire remarquer, pour donner corps à « Bertani », et que les gens témoignent plus tard, mais le déguisement grotesque ruine en bonne partie le climat de suspense. Bien entendu, l’ensemble s’en ressent, et la chute est bien improbable.

Hurd Hatfield au lieu de rester dans la sobriété en fait des tonnes, et donne à Seymour/Bertani un côté caricatural. Il y a aussi trop de bavardages dans l’épisode : pourquoi donc l’assassin raconte-t-il à sa maîtresse la façon dont il va agir ? Bref, avec un script plus étudié et un autre comédien, on aurait pu aboutir à autre chose qu’à l’esquisse d’un épisode qui reste dans le domaine de la fausse bonne idée. Dommage.

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6. TOBY
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Joseph Bates Smith. Adaptation : Victor Wolfson. Réalisation : Robert Stevens.

New York, 1910. Albert, bibliothécaire, attend depuis vingt ans sa bien aimée Edwina. Il va enfin la retrouver. Mais Edwina a changé, elle a un bébé avec elle, que personne n’est autorisé à approcher. Ce qui intrigue tout le monde.

Voilà le genre d’histoires mélodramatiques qui ne peut plus être regardée aujourd’hui qu’avec une once de curiosité. En effet, même si un suspense demeure jusqu’à la chute, tout est très daté. L’interprétation, plutôt outrancière, des comédiens, le scénario qui tient plus des chroniques sentimentales que de la série Hitchcock, l’ensemble qui est soporifique. Jessica Tandy (« Les oiseaux », « Miss Daisy et son chauffeur ») joue d’un bout à l’autre d’une façon hystérique sans aucune nuance, ce qui y est requis par son personnage. Elle forme un couple bien improbable avec Robert H Harris en Albert, tandis que le meublé, entouré d’une faune interlope, constitue un décor sombre et morbide. Avec sa trogne de gangster, George Mathews revient après l’épisode 01-15  « The big switch », tandis qu’Ellen Corby (« Sueurs froides ») compose une mégère effrayante.

Mais Edwina elle-même a quelque chose de monstrueux : elle se réjouit d’avoir Toby, l’enfant de sa sœur, qui est morte avec son mari dans un accident. Elle refuse que MacMc Kirk (George Mathews) et surtout Albert l’approchent. On pressent une vérité inavouable et horrible. Edwina demande du lait pour le nourrisson, et cet indice permet aux téléspectateurs les plus fûtés de deviner la chute. Avec son « chéri », elle alterne des attitudes hostiles où elle lui reproche ses vingt ans de silence (il est parti faire des études pour devenir avocat, mais l’argent se faisant rare, il a dû rabattre ses prétentions pour un emploi de bibliothécaire) et les moments « chaleureux » où elle parle de leur mariage imminent. La solitude, durant autant de temps, a fait cependant des ravages chez la vieille fille, qui a trouvé son refuge affectif en Toby.

On a en permanence ici le sentiment d’être devant du théâtre filmé et non dans une série. Il n’y a que des décors d’intérieurs, plutôt glauques. A vrai dire, seul Albert peut trouver quelque attirance à sa bien aimée, tant ses airs revêches l’a défigurent et lui donnent une froideur repoussante.

Bien sûr, la chute est « horrible », mais cela ne rattrape pas un opus ennuyeux et difficilement regardable aujourd’hui.

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7. ALIBI ME
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Therd Jefre. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Jules Bricken.

Georgie Minelli, un gangster,  tue son rival Chandler, mais réfléchit après coup qu’il lui faut un alibi car le lieutenant Larkin, en cas de mort violente de l’un des deux, a juré d’envoyer le survivant à la chaise électrique.

Après deux épisodes médiocres, nous retrouvons un suspense digne du maître.  Minelli (Lee Philips) a confondu vitesse et précipitation. Ce n’est qu’une fois son ennemi tué qu’il songe à se chercher un alibi. Confiant, il va le demander à son oncle Leo (Alan Reed), restaurateur à qui il a rendu de nombreux services et qui  a juré si besoin est de lui donner son bras droit. Son bras droit, mais pas un alibi, par peur de la police.

A chaque fois que le tueur se sauve la mise, le sort lui fait perdre l’alibi. Goldie, amoureuse de lui, et qu’il a négligé durant deux mois, est prête à tout pour lui, et il obtient avec facilité le précieux sésame, jusqu’au moment où elle trouve la photo d’une autre dans son veston et le congédie. Un parent malade et hospitalisé, le vieux Timmy, est prêt à dire qu’il était à son chevet, mais hélas il meurt inopinément. Minelli va donc obtenir par le chantage un alibi par sa femme de ménage, Mrs Salvatore, dont la fille de quinze ans a commis un hold up, et elle témoignera face à un Larkin dépité. Mais chez Hitchcock, les surprises de dernière minute (mauvaises en l’occurrence) sont là pour détruire les alibis des gangsters.

S’il arrive trop tardivement dans le métrage, le comédien Harvey Stephens en lieutenant James Larkin est de loin le comédien le plus convaincant.  Shirley Smith en Goldie reflète bien les copines de gangsters de l’époque, mi crédule mi aguichante. Lee Philips s’agite beaucoup, mais paraît trop « gendre idéal » pour le rôle de dur qu’il est censé tenir. Le reste de la distribution, réduite à la portion congrue, ne retient pas l’attention.

L’histoire de Therd Jefre est diabolique à souhait, et un échec pour cet opus aurait été bien improbable. C’est le secret de la série : en 25 minutes, il s’agit de tenir le téléspectateur en haleine. Notons qu’ici la coupure publicitaire, qui depuis la saison 2 intervenait à la 11e minute, survient à la 16e, sans doute en raison des exigences du récit. Un très bon épisode, mais les ratages surviennent lorsque l’histoire n’est pas appropriée à l’anthologie à suspense.

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8. CONVERSATION OVER A CORPSE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Norman Daniels. Adaptation : Marian Cockrell et Norman Daniels. Réalisation : Jules Bricken.

Deux sœurs, Cissie et Joanna, décident d’empoisonner un promoteur, auquel elles ont vendu leur maison. Cissie décide de ne mettre que la moitié du poison dans le thé. De ce fait, au moment d’être enterré, l’homme se réveille et les sœurs cherchent un autre moyen de le tuer.

Nous sommes ici en plein non sense, avec un humour british qui réjouit ou révulse. Bien entendu, on ne prend guère au sérieux les deux vieilles femmes assez cinglées qui sortent une foule d’instruments divers pour occire Brenner, l’homme qui veut se servir de l’acte de vente pour les chasser. C’est une comédie, genre farce macabre, jouée à trois : Dorothy Stickney est Cissie, celle qui mène le jeu, tandis que sa pseudo sœur Joanna (Carmen Mathews), pourtant plus sûre d’elle, se fait manipuler.  Entre « Arsenic et vieilles dentelles » et « Mais qui a tué Harry ? », cet épisode inédit en France a certainement ses amateurs. En soit d’ailleurs, il n’est absolument pas raté. On peut cependant être complètement fermé à cet humour absurde, même si certains passages font sourire le critique le plus réticent.

Les comédiens jouent dans le registre de l’absurde et de l’humour. Au bout de 25 minutes, la plaisanterie a assez duré. La chute va être digne du reste de l’épisode. C’est mieux qu’un mélodrame comme l’anthologie en compte quelque uns, mais c’est loin d’être une intrigue passionnante qui nous tient en haleine. Carmen Mathews est déjà de retour après « Kill with kindness » (02-04) dans un rôle assez semblable au précédent.

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9. CRACK OF DOOM
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Don Marquis. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : James Neilson.

Mason Bridges, qui refuse de jouer au poker lors d’un voyage en train, raconte à l’un de ses associés une aventure qui lui est arrivée au cours de laquelle ce jeu de cartes a failli le ruiner.

Principe même de l’anthologie, on passe d’Arsenic et vieilles dentelles à Casino Royale. Robert Horton incarne Mason, le héros. Un mauvais démon nommé Sam Clinker l’a fortement incité à participer à une partie. Une scène préfigure « Psychose », puisque Clinker laisse au bureau de Mason, alors que la banque est fermée, 10 000 dollars en espèces, que l’employé met dans le coffre fort. Cette somme tente le joueur, qui pense la remplacer par ses économies. Mais il ignore que Jessie, son épouse, a fait des placements pétroliers imprudents et qu’ils n’ont plus un sou vaillant en banque.

Qui est le bon, qui est le méchant ? Clinker, véritable sadique, sait que son adversaire a volé les billets, et il le lui fait remarquer : ils sont neuf, il les touche, les reconnaît, on se demande s’il n’a pas poussé le vice jusqu’à noter les numéros. Robert Middleton (1911-1977) incarne le s alaud intégral, tandis que Robert Horton par son interprétation du joueur piégé et malchanceux provoque l’identification immédiate du téléspectateur.

Ce n’est pas tant la partie de poker qui nous passionne ici mais le coup du destin qui frappe un brave homme lequel imagine déjà sa vie brisée, la prison, la honte, la ruine. Notons que dans cet épisode, beaucoup d’éléments datent l’époque : par exemple, le petit carnet qui sert de relevé de compte bancaire du couple Bridges, le train typique de ces années-là, les coupes de cheveux en brosse. A la fin de l’épisode, qui procure au spectateur des sueurs froides, Sir Alfred vient s’excuser qu’il n’y ait pas eu de morts au programme.

C’est cependant dans ce type d’épisodes, bien davantage que dans l’humour second degré de « Conversation over a corpse », que nous trouvons notre compte d’émotions fortes.

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10. JONATHAN
(JONATHAN)

Histoire de Fred Levon. Adaptation : Stirling Silliphant et Bernard C Schoenfeld. Réalisation : John Meredyth Lucas.

Gil, le fils d’un veuf, Jonathan Dalliford, souffrant d’une maladie de cœur, désapprouve le mariage de son père avec Rosine, sa secrétaire. Apprenant la mort de Jonathan, il pense que sa belle-mère l’a tué.

Episode qui mélange passé et présent, avec d’incessants flash-back. Mais nous assistons surtout à un huis clos entre le fils et la belle-mère, le premier soupçonnant l’autre de meurtre. On peut reprocher à cet opus un abus de bavardages. Il ne s’y passe pas grand-chose avant la chute. La haine du garçon envers la seconde femme de son père reste flagrante durant tout l’épisode. Corey Allen en Gil rappelle beaucoup Pierre Goldman, auteur d’un imbroglio judiciaire dans les années 70. On met un moment avant de réaliser à qui il ressemble. En belle-mère, Georgann Johnson est peu crédible car bien trop jolie par rapport au père joué par Douglas Kennedy. Nous avons ici le croisement de deux histoires, celle d’une intention de meurtre et celle d’un meurtre accompli. D’abord présenté comme un saint, le fils est loin de l’être. Nous voyons son peu de goût pour les études, son séjour à Mexico avec un camarade d’université, ses relations somme toute assez compliquées avec son père. Le réalisateur, John Meredyth Lucas, sera plus efficace dans des séries comme « Mannix ». Ici, il manque vraiment de dynamisme, alors qu’il aurait fallu en apporter un peu à ce scénario assez morne.

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11. LE MEILLEUR MARCHÉ
(THE BETTER BARGAIN)

Histoire de Richard Deming. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Herschel Daughety

Louis Koster, un gangster, soupçonne sa jeune femme, Marian, de le tromper. Après avoir engagé un détective pour s’en assurer, il charge un tueur, Harry Silver, de liquider les amants.

Nous retrouvons Robert Middleton, le vilain de « Crack of doom » (02-09). Mais nous découvrons surtout Henry Silva dans le rôle du tueur. Bien qu’assez jeune, Silva ayant alors 28 ans, il possédait déjà ce look menaçant qui de « Match contre la vie : mort d’un chef de bande » au « Marginal » avec Belmondo sera son signe distinctif. Il semble presqu’ici jouer son propre rôle, puisque son personnage s’appelle Harry Silver !

Silver n’est pas un tueur comme les autres, c’est lui qui fixe ses prix. Il peut demander plus (ou moins !) que ce qu’on lui offre. Il affiche un certain dédain face aux propositions, comme s’il pouvait se permettre de ne pas travailler. Comparaison savoureuse, il dit à Louis Koster, qui veut l’engager, que tel un chirurgien, il ne prend pas le même prix pour une appendicite ou une amputation.

L’épisode est truffé de bons mots : lorsque le détective Cutter (Don Hanmer) dit à Koster l’inculte que l’amant est un poète à la façon de Percy Shelley et que le privé lui répond qu’il est mort depuis plus de cent ans, Koster réagit en gangster : « Tant mieux pour lui ! ». Ayant deux fois l’âge de sa jeune femme de 25 ans Marian (Kathleen Hughes), Koster est un gros nounours qui croit que l’on peut tout acheter. Plus qu’en suspense, l’épisode est riche en échanges entre l’employeur et le tueur à gages : cela nous vaut un bon duo de comédiens de talent, Silva et Middleton ayant la tête de l’emploi et la subtilité pour ne pas trop en faire.

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12. THE ROSE GARDEN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Vincent Fotre.  Adaptation : Marian Cokrell. Réalisation : Francis Cokrell.

L’éditeur Alexander Vinton est invité par deux sœurs dans une luxueuse demeure coloniale style Nouvelle Orléans. Cordelia n’approuve pas sa sœur Julia qui écrit des livres à succès. Mais ce qu’elle écrit relève-t-il vraiment de la pure fiction ?

Retour d’un des fidèles comédiens de cette série : John Williams. Superbe décor avec une maison sudiste et tropicale. Une fois le décor planté et l’exposition des personnages faite, on tourne un peu en rond. Les scènes dans le jardin sont lassantes. L’éditeur émet tellement de réserves sur le manuscrit que l’on se demande bien pourquoi il s’apprête à le publier et à donner en avance sur recettes mille dollars à Julia.

Le mélange de plus en plus croissant entre la réalité (le dédain affiché par Cordelia, la peur que Julia éprouve de sa sœur) et le manuscrit sont détaillés à l’infini, comme si le téléspectateur n’allait pas comprendre le lien. A force de trop en dire, la chute n’est plus une surprise. John Williams garde un flegme britannique et distille un humour noir et pince sans rire. Mais les comédiens, Evelyn Varden en tête en Cordelia,  ne semblent pas croire à leurs personnages. On note que la guerre de sécession est encore  bien présente dans les esprits. Lorsque Vinton invite les sœurs à New York, Cordelia lui rétorque : « Notre famille n’a plus été au Nord depuis cent ans ». Ce qui lui vaut une réplique savoureuse de l’éditeur : « Je vous assure que cela a changé ».

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13. LE SECRET DE M. BLANCHARD
(MR BLANCHARD’S SECRET)

Histoire d’Emily Neff. Adaptation :  Sarett Rudley. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Une jeune femme, Babs Fenton, écrivain adore écrire des histoires policières. C’est une façon pour elle de réaliser son fantasme : elle aimerait commettre des meurtres. Elle épie les voisins qui laissent leur maison allumée la nuit. Mme Fenton soupçonne son voisin M Blanchard  d'avoir tué sa femme. Elle se fait surprendre chez lui en train d'espionner, et son propre mari la désapprouve.

L'épisode repose sur les pensées (à haute voix) que fait Babs Fenton sur le couple Blanchard. Nous croyons apprendre que la fameuse Mme Blanchard est prisonnière : c'est une alcoolique qui a renversé un enfant. Ce qui ne se passe que dans l'imagination de la romancière voyeuse. Babs se fait surprendre par Ellen Blanchard (Meg Mundy) radieuse. Peu après, comme dans l'imagination de Babs, le mari vient chercher sa femme de façon rude. Le mari Fenton, impassible devant les fantaisies "détectives" de sa femme, lit paisiblement son livre en se demandant pourquoi il a épousé une femme aussi curieuse. Babs finit par prévenir la police. Tandis que derrière sa machine à écrire, elle raconte le meurtre d'Ellen, celle-ci vient prendre le thé chez elle à sa grande surprise. Peu après, visiblement cleptomane, Ellen dérobe un briquet en argent avant de partir.

Le génie d'Hitchcock, à partir d'une histoire qui aurait pu être ennuyeuse, est de tirer parti du moindre incident pour captiver le téléspectateur. Ainsi, la façon dont Ellen Blanchard vole le briquet. Puis le rapporte l'ayant réparé, en compagnie de son mari, souriante, tandis qu'entre temps, Babs s'apprête à se rendre à la morgue pour identifier le corps d'une femme de 30 ans que la police a retrouvé.

Les réflexions à haute voix de personnages un peu dérangés comme cette romancière détective sont le terreau à partir duquel Hitchcock nous entraîne dans ses intrigues angoissantes. Avec si peu de chose, créer un suspense à faire dresser les cheveux sur la tête relève du génie pur.

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14. JOHN BROWN'S BODY
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Thomas Burke. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Robert Stevens.

Vera Brown est la maîtresse du premier collaborateur de son mari, Harold Skinner. Ce dernier a des idées novatrices pour l’entreprise que le mari refuse. Les amants sont résolus à faire passer le mari pour fou et bon à enfermer.

A partir du triangle le mari, la femme, l’amant, Hitchcock (qui se contente de présenter et produire ici) fait des merveilles. Cet épisode est particulièrement effrayant car il montre un couple maudit faisant plonger le malheureux mari dans la folie. Le seul bémol que l’on pourrait trouver à cet excellent épisode est le peu d’attraits de la comédienne Leora Dana pas vraiment crédible dans son rôle de garce.

Episode sans aucun humour (Hitchcock s’en charge avec le prologue où il fait peser son poids sur une balance avec des sacs de monnaie), « John Brown’s body » a un aspect « Le facteur sonne toujours deux fois », mais hélas, nous devrons nous contenter de chastes scènes où des mains s’effleurent. Comment se débarrasser de l’encombrant et vieux mari ? Ici, le but des amants n’est pas de le tuer mais de le faire passer pour fou, chose à laquelle ils arriveront plus vite que prévu. Harold (Hugh Marlowe) n’a pas que des ambitions libidineuses. Il veut imposer ses idées. Mais une fois à la tête de la compagnie, il va se rendre compte que les pertes financières vont l’obliger à chercher un partenariat, donc quelqu’un qui prendra 50 pour cent des bénéfices. La meilleure solution n’est-elle pas d’aller chercher dans son asile le vieux John Brown ? Mais cela n’est-il pas trop tard ?

Dans le rôle du mari, Russell Collins est particulièrement convaincant. Protestant d’abord de sa folie, il va s’y complaire. La chute sera à la hauteur de la qualité de l’épisode.

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15. CRACKPOT
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Harold Gast. Adaptation : Martin Berkeley. Réalisation : John Meredyth Lucas.

Sur la route de leur voyage de noces, Meg et Ray Loomis ont une crevaison. Mr Moon, un bon samaritain, s’arrête pour les aider. Accidentellement, Ray Loomis salit la chemise blanche de Moon. Dès lors, l’homme, complètement cinglé (crackpot) s’acharne à les tuer.

Cet épisode, depuis le début de la série entière, est celui que j’ai trouvé le plus effrayant. L’exercice qui consiste à inspirer la terreur en 25 minutes est ici entièrement réussi dès le début, et l’opus s’avère un cauchemar à faire dresser les cheveux sur la tête du téléspectateur.

On doit ce prodige à l’effet conjugué d’une histoire réussie d’Harold Gast, mais surtout au talent du comédien Robert Emhardt. En Moon, il réussit même à être plus effrayant qu’il le sera plus tard dans la série « Les envahisseurs » (« Cauchemar »). Il n’a rien à envier au futur Anthony Perkins de Psychose, car il est de la même trempe. Il poursuit le couple Loomis jusqu’à leur chambre d’hôtel, pousse le sadisme à faire passer le mari pour fou, en provoquant des bruits que seul ce dernier entendra. Notamment le tic tac d’une bombe !

Le principe que n’importe lequel d’entre nous peut un jour croiser la route d’un Moon (qui est à l’abri d’un fou ?) assure au téléspectateur des émotions fortes. Emhardt à chaque apparition, avec ses yeux hallucinés, son sourire sadique, nous fait sursauter. Moon/Emhardt représente l’enfer et la mort là où la douce Meg Loomis/Mary Scott (Mary incarnait Babs Fenton dans « Le secret de Monsieur Blanchard ») laisse envisager le paradis. En ces temps reculés, on ne faisait pas crac crac avant le mariage, d’ailleurs un dialogue le souligne : « Quand aurais-je le droit d’être dépravée si je ne le puis une fois mariée ? » déclare Meg. Comme Norman Bates ou plus tard le Michael Meyers de « Halloween », Moon est le tueur dont on ne peut se débarrasser. Avec les décennies, cet épisode a pris davantage d’épaisseur : ne lit-on pas dans les journaux tant de faits divers où pour un regard de trop, un jeune voyou vous plante un couteau dans le ventre ? Hitchcock ici était sinistrement prémonitoire.

Face à Emhardt qui est excellent, Biff Mc Guire (déjà jeune marié dans l’épisode 01-34 « The hidden thing ») et Mary Scott offrent l’image d’un couple désemparé et désuni, car Moon réussit vite à faire passer le mari pour un paranoïaque. La terreur ici va crescendo jusqu’à la chute qui remet en question tout ce que nous avons vu depuis la première minute. Le maître avec ses discours de début et de fin désamorce quelque peu, par son humour habituel, la tension, mais « Crackpot » le cinglé est vraiment l’épisode à voir. Et du coup, il nous montre que l’anthologie aurait pu être plus réussie avec un meilleur choix d’histoires, car peu ont eu cette densité et cette qualité.

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16. NIGHTMARE IN 4-D
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Stuart Jerome. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Justus Addiss.

Un homme marié se met dans le pétrin en voulant aider une voisine chez laquelle se trouve un cadavre.

Autant « Crackpot » était digne de « La quatrième dimension », autant ce suspense policier est terne et avec des surprises qui n’ont rien d’inattendues.  Tout d’abord, le comédien qui incarne Harry Parker, le malheureux héros de l’intrigue, Henry Jones, en fait des tonnes, ce qui nuit à la crédibilité de l’ensemble. Barbara Baxley en Miss Elliot par qui le scandale arrive est amusante, mais l’on reste en permanence dans une comédie, à la surface des choses, et l’on n’entre jamais dans l’histoire. Pourquoi Parker aide-t-il une voisine inconnue à cacher un cadavre, alors qu’en parfait gentleman, n’ayant aucune intention de la séduire, il devrait se contenter de prévenir la police ? Cela ne nous est jamais expliqué. Quant à Virgina Gregg qui incarne Norma, son épouse, elle est assez repoussante (le couple dispose de lits jumeaux), ne semblant à la fois ni éprise de son mari, ni capable d’avoir des aventures extra-conjugales et son personnage de maîtresse potentielle de la victime, un voisin joueur de piano est totalement invraisemblable.

Dès lors, l’épisode sombre dans le ridicule et le déjà vu. Notons une scène que le maître reprendra en 1972 dans « Frenzy », lorsque Parker se « bat » avec le cadavre pour récupérer ce qui pourrait être un indice accablant pour lui, en l’occurrence la ceinture de sa robe de chambre. Il n’y a évidemment aucune quatrième dimension ici, et les cauchemars sont ceux que fait un lecteur trop assidu de romans policiers. La chute en forme de cliffhanger est ratée. Joan Harrison et Alfred Hitchcock veulent remplir leurs saisons de 39 opus, mais mélangent quantité et qualité.

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17. MY BROTHER, RICHARD
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Jay Bennett. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : Herschel Daugherty.

Pour que son frère gagne une élection, Richard tue l’adversaire de ce dernier. Comme le frère, Martin Ross ne l’entend pas de cette oreille, Richard menace de tuer sa belle-sœur, Laura. Tommy, un jeune homme, est accusé du meurtre.

Nous sommes surpris de voir en « héros » le comédien Royal Dano au physique inquiétant, habitué aux rôles de méchants.

L’épisode serait excellent si le tueur, Richard, incarné par Harry Townes, avait un bon mobile. Ce qui n’est pas le cas. Tuer pour que son frère devienne gouverneur, voire président des Etats-Unis, est un mobile fantasque. Richard/Harry Townes compose un cinglé de première, mais cela ne suffit pas à faire un bon épisode. Inger Stevens, qui s’est suicidée en 1970, incarne ici Mrs Ross, que Richard veut tuer.

La grosse faiblesse de cet opus est Royal Dano, pas crédible une seconde en frère victime persécuté. Certes, on peut répertorier Richard Ross dans la galerie des cinglés de la série. Mais ses mobiles non seulement sont faibles mais peu sérieux : s’il finit par tuer son frère, à quoi bon avoir monté toute cette machination ?

Un épisode en demi-teinte.

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18. THE MANACLED
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Sandford Wolfe. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Robert Stevens.

Sur le chemin de son exécution à Saint Quentin, le condamné Stephen Fontaine tente de corrompre son gardien le sergent Rockwell de le laisser s’échapper contre 50 000 dollars.

Le problème de ce genre d’épisode est son intrigue minimaliste, et le fait qu’avec seulement l’intérieur d’un compartiment de voiture de chemin de fer et deux comédiens, on ne peut faire des miracles. William Redfield en assassin est nettement plus convaincant que Gary Merrill en policier faisant son devoir. Redfield incarne le mal absolu, Stephen Fontaine, l’homme qui fait miroiter au policier une vie luxueuse s’il le laisse s’échapper.

Très vite, on se lasse de ce dialogue de sourds. On comprend que le policier ne cédera pas. Sans aucun décor extérieur, le sentiment d’être devant du théâtre filmé nous étouffe. La réalisation n’est guère dynamique : on a connu Robert Stevens plus inspiré. Pour « Crackpot », les vingt-cinq minutes ne suffisaient pas et passaient trop vite. Ici, l’épisode dure une éternité, avec une excellente chute, certes, mais entre-temps, le spectateur soit s’est endormi, soit a changé de chaîne.

Voilà un opus qui démontre que la série a pris un sacré coup de vieux. Nous sommes en janvier 1957, et ce qui passionnait alors nous paraît fade et sans saveur. On mesure le manque de moyens financiers, le peu d’ambition artistique. Faire des saisons de trente-neuf épisodes est une erreur car pour un joyau, nous devons subir beaucoup de scories.

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19. A BOTTLE OF WINE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Borden Deal. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Hershel Daugherty.

Grace divorce et vient récupérer ses affaires chez son vieux juge de mari. Ce dernier apostrophe le jeune rival, Wallace, et l’oblige à boire une bouteille de Sherry empoisonnée.

Episode à deux personnages (On ne voit l’épouse qu’au début et à la fin), ce tête à tête entre un vieux mari abandonné et son jeune rival devient vite lassant, et au lieu de procurer du suspense, distille une certaine gêne.

Les comédiens n’ont pas grand-chose à jouer autour de cette table où le mari oblige son invité à boire une bouteille empoisonnée. Ce sont de longs bavardages sur les dix années de mariage de Grace et du juge Connors, livrées à Wallace aussi mal à l’aise que le téléspectateur. On saisit mal ce qui a pu pousser Grace à s’unir à un homme aussi âgé. Robert Horton en amant et Herbert Marshall en mari délaissé ne nous livrent pas un grand moment de comédie. Cet épisode montre à quel point les producteurs ont parfois choisi des intrigues peu appropriées à l’adaptation.

Au fond, cet épisode aurait pu servir de base à une émission radiophonique, tant le film apporte peu d’atouts supplémentaires. Reste heureusement les scènes humoristiques d’introduction et de conclusion de Sir Alfred dans une cave de grands millésimes.

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20. MALICE DOMESTIC
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Philip Mac Donald. Adaptation : Victor Wolfson. Réalisation : John Meredyth Lucas.

A plusieurs reprises, Carl Borden a des maux de ventre. Il finit par découvrir que son épouse Annette l’empoisonne à l’arsenic. Le médecin de famille, Ralph Wingate, décide de s’en mêler.

Après un passage à vide, la saison 2 retrouve sa verve avec cet opus. Il y a ici à la fois une bonne histoire (avec une chute vertigineuse) et une mise en scène qui n’est pas faite à l’économie (scène de bal lors d’une réception, présence de nombreux protagonistes).

Annette Borden est une artiste, elle fait de la poterie, elle a même fait étape en France à Vallaurie. Phyllis Thaxter qui l’incarne lui donne une maturité qui tranche avec le mari qui semble plus jeune, Carl (Ralph Meeker), lequel entretient une étrange et malsaine complicité avec la chienne Cassandra.

Deux personnages gravitent autour du couple : Lorna (Liki Kardell), une actrice, et  Perry (Ralph Clanton), homme mûr trop souvent vu dans les environs immédiats d’Annette au point que le docteur se met à penser qu’il est son amant et qu’ils veulent tuer le mari.

Avec cinq personnages principaux, de multiples intrigues, le mystère qui règne, tous les atouts sont là pour faire un bon épisode. Le chien appartenait à Lorna qui est partie à San Francisco et n’a pu l’emmener avec elle, le laissant au couple Borden. Les choses se passent mieux entre le mari et l’animal qu’avec l’épouse. Au début de l’histoire, on se demande même si le grand danois ne va pas être à l’origine d’un drame et tuer l’épouse.

L’histoire de Philip Mac Donald est riche en rebondissements et permet de semer le téléspectateur sur diverses pistes différentes. Les comédiens, Phyllis Thaxter en tête, sont tous excellents. La chute est saisissante.

La qualité de cet opus montre à quel point l’anthologie est inégale d’une histoire à l’autre.

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21. NUMBER TWENTY-TWO
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Evan Hunter. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Robert Stevens.

Steve Morgan est tout fier d’avoir commis son premier hold-up. Il arrive en prison. Il a vingt ans et découvre à la fois l’univers carcéral et les questions de la police.

De l’aveu du maître lui-même à la fin, ce n’est pas une histoire de suspense mais un appel civique. Ceci pour attirer l’attention du public sur la délinquance juvénile. En prison, Morgan devient le « numéro 22 ». Il est soumis à des interrogatoires en compagnie d’autres détenus qui eux-aussi portent des numéros.

Cet épisode ressemble à un documentaire sur la violence et la délinquance, mais l’on se demande ce que cela vient faire au milieu de la série Hitchcock ? Il y a certes une chute, si l’on veut, mais ce sont vingt-cinq minutes d’ennui total. Première cellule, premier compagnon de cellule, première bagarre en prison. Les interrogatoires sont menés de façon collective par plusieurs policiers en présence de plusieurs accusés.

Rip Torn, que l’on ne reconnaît pas ici en Steve Morgan, sera le docteur George dans « Coma » en 1978.

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22. THE END OF INDIAN SUMMER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Maurice Baudin Jr. Adaptation : James Cavanagh. Réalisation : Robert Stevens.

Deux fois de suite, une femme perd un époux en voyage de noces, un époux assuré sur la vie pour 50 000 dollars. La compagnie d’assurance à des soupçons.

Exceptionnellement, en raison du découpage du récit, la coupure publicitaire a lieu assez tard (à la 16e minute).

Avant d’être la grande duchesse Ozerov dans « Amicalement vôtre », Gladys Cooper fut une « femme fatale », mais née en 1888, en 1957 c’était déjà une vieille dame de 69 ans (On était un vieillard à cet âge à cette époque là). On a donc un peu de mal à l’imaginer ici en mante religieuse, prête à tuer un troisième mari lorsqu’intervient notre enquêteur d’assurance  Joe Rogers assez fringant, joué par le beau Steve Forrest qui sera le héros de la série ITC « Le Baron ». Son chef Sam Henderson est incarné par un Philip Coolidge aux faux airs de Donald Pleasence, avec un visage creusé et anguleux. Pour les besoins de l’enquête, Rogers est accompagné de son épouse, dont nous ne saurons pas le prénom, et qu’interprète la douce et belle Kathleen Maguire. Henderson a eu peur que Marguerite Gillespie/Gladys Cooper séduise notre héros, mais vu la différence d’âge (et Steve Forrest n’avait alors que 31 ans, faisant même plus jeune !), et la beauté de son épouse, on pense que les craintes du chef de la Triumphant Insurance Co n’étaient pas fondées.

Comme dans la série « Banacek », Joe Rogers n’est pas le seul enquêteur d’assurance, il a un rival, Saunders (Ned Wever) qui lui met des bâtons dans les roues. La future victime a tout du candidat au suicide assisté. Le futur troisième époux, Howard Fieldstone, est interprété par un visage familier, James Gleason (« Arsenic et vieilles dentelles », « La nuit du chasseur ») qui a parfaitement la tête de l’emploi.

Signe des temps, lorsque le deuxième acte commence à la seizième minute, Joe et sa femme sont au lit, et aujourd’hui nous aurions une comédienne nue et pulpeuse sous les draps. Ici, la sensuelle Kathleen Maguire est habillée avec une chemise de nuit de grand-mère (Il ne lui manque que des bigoudis pour être un peu plus tue l’amour et illustrer la chanson d’Aznavour « tu te laisses aller »). Quel pays puritain, l’Amérique des années 50 !

Ici, pas de temps mort, on utilise avec densité les 25 minutes. L’intrigue policière est haletante et bien agencée. Jusqu’à la chute absolument savoureuse que l’on se gardera de révéler ici. Un épisode léger mais absolument réussi, du genre policier. On aurait aimé prolonger le plaisir le temps de deux heures d’un long métrage du maître, cela aurait été aisé vu la richesse de l’intrigue.

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23. ONE FOR THE ROAD
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Emily Neff. Adaptation : Robert C Dennis. Réalisation : Robert Stevens.

Charles Hendricks est un homme heureux, entre une épouse soumise, aimante et attentionnée, et une maîtresse sulfureuse. Mais un jour, l’épouse légitime découvre dans les affaires du mari parfait le briquet de la maîtresse.

C’est une autre époque, les femmes ne travaillaient pas et se consacraient à leur époux. Mais il existe ici une tendresse et une complicité dans le couple qui ne divorce pas au premier accroc. On peut considérer que l’on est  passé à l’excès contraire et que le balancier de l’histoire rétablira un juste équilibre. Les deux actrices ici symbolisent bien la femme à la maison (mais fort désirable et Hendricks aurait du et pu s’en contenter) et la vamp maîtresse style « la môme vert de gris ». Louise Platt en épouse légitime Marsha joue très juste. Par contre, Georgann Johnson en maîtresse Beryl Abbott est parfois tellement maladroite que l’on se demande pourquoi le mari va chercher ailleurs. John Baragrey en Charles n’est pas un séducteur, tout au plus un macho, mais nous sommes loin d’un séducteur comme Steve Forrest ou Jacques Bergerac.

L’épisode va nous montrer l’histoire de la vengeance de l’épouse bafouée contre la maîtresse, alors que c’est le mari qui mériterait l’ire de Marsha. Mais elle est amoureuse, étrangement compréhensive vis-à-vis de son conjoint infidèle, et a une lueur de meurtre dans le regard.

On imagine la tête de Marsha lorsque s’introduisant dans la maison de sa rivale, elle voit la photo de son mari. Profitant d’un moment de confusion, elle met du poison chez son ennemie. Son mari ne dispose pas de la voiture qu’elle a prise pour « faire des courses », et il a été à son bureau en bus. Aussi, lorsque l’épouse apprend par la secrétaire que Charles a pris un taxi pour aller rejoindre Beryl, elle a peur d’avoir empoisonné son cher et tendre.

Il n’y a délibérément pas de chute ce qui est une exception à la règle. Marsha prévient sa rivale et se rend à la police, tandis que sciemment, la maîtresse empoisonne ensuite le mari. Cela en raison du sketch de présentation et de conclusion d’Hitchcock sur le carcan des producteurs. Nous retrouvons de fait Sir Alfred sur un carcan au sens propre, torturé, ce qui nous vaut un numéro d’humour typiquement british.

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24. THE CREAM OF THE JEST
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Fredric Brown. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : Herschel Daugherty

L’acteur Charles Gresham – alcoolique – a absolument besoin de jouer dans la prochaine pièce de l’auteur Wayne Campbell. Mais ce dernier refuse car le comédien est trop dur à gérer en raison de son addiction. Charles fait alors chanter Campbell.

Formidable numéro d’acteur de Claude Rains (« L’homme invisible », « Les enchaînés ») en maître chanteur alcoolique et looser. Face à lui, James Gregory (le « mari » de Lynda Day George dans l’épisode de « Mission Impossible » : « La fiancée ») manque de répartie. Les joutes de Gresham avec le barman Jerry sont mémorables. Rains évoque Gabin dans « Un singe en hiver ».

On a le sentiment d’être dans le début d’un épisode de « Columbo », Campbell ayant les meilleures raisons du monde d’éliminer Gresham. Lorsque l’auteur propose au comédien de jouer le rôle d’un maître chanteur, on comprend que l’épisode glisse vers le drame.

Paul Picerni (Hobson dans « Les Incorruptibles ») en gangster se révèle nettement plus convaincant que Gregory. Ici, on mélange pièce de théâtre, c'est-à-dire fiction, et sordide réalité. La chute est à la hauteur de la qualité de l’interprétation de Claude Rains. Le comédien a porté l’épisode sur ses épaules, servi il est vrai par une excellente intrigue policière.

Joan Banks, qui incarne Lee, la secrétaire de Campbell, instaure une gentille complicité pleine de tendresse avec l’acteur déchu. On peut trouver autre chose que le seul suspense à cet opus, c’est une réflexion sur la vie des comédiens, leur sort lorsque le rideau est tombé.

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25-26-27. I KILLED THE COUNT
INÉDIT EN FRANCE

Episode de 75 minutes divisé en trois parties de 25 sans « chute » dans les deux premières parties.

Histoire d’Alec Coppel. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

A Londres, une domestique, Polly Stephens, découvre son patron, le comte Victor Mattoni assassiné dans son fauteuil. L’inspecteur Davidson de Scotland Yard mène l’enquête, mais trop sûr de lui, il trouve plusieurs coupables.

En 1962, après la septième saison, le maître produira une autre série, « The Alfred Hitchcock hour ». L’histoire du comte Mattoni aurait mérité d’être traitée alors, et non en trois parties au sein de la présente anthologie. Car le découpage est ici artificiel, et les téléspectateurs sont déroutés de devoir attendre trois semaines (lors de la première diffusion) pour connaître la fin.

Dans le premier épisode, une Patricia Hitchcock plutôt hystérique en Polly raconte à l’inspecteur Davidson comment faire son métier. Elle aime les romans policiers et procède elle-même aux questions réponses de son « interrogatoire » devant un John Williams médusé en inspecteur guindé et prétentieux. Deux lettres sont trouvées au domicile, celle de Lord Norington (Alan Napier) et de Bernard Froy (Charles Cooper). Contre toute attente, séparément, chacun des deux hommes passent aux aveux !

Mattoni, que l’on verra dans le deuxième épisode en flash back, est joué par le professeur Dent de « James bond contre docteur No », Anthony Dawson.

Davidson permet à John Williams de faire son numéro d’humour british habituel. Il est ici secondé par un assistant particulièrement abruti, Raines (Charles Davis). Dès le début du deuxième épisode, nous avons un mobile. Norington a voulu sauver sa fille d’un mariage désastreux avec un compte italien alcoolique qui ne voulait pas lui laisser la garde de leur enfant.

Mais voilà que Froy confesse à l’inspecteur avoir tué lui aussi Mattoni car il était amoureux de sa femme. Les deux histoires se rejoignent. Mattoni était marié à une Helen, qui avait un enfant, et le comte menaçait de garder le rejeton. Dans les deux flash back de la mort de Mattoni, ce dernier se bat tantôt avec l’un tantôt avec l’autre et est tué. Réflexion désabusée mais savoureusement drôle de l’inspecteur : «  je n’ai jamais eu deux suspects rivalisant pour être l’auteur du meurtre ».

Plutôt qu’une intrigue à suspense, nous nous retrouvons devant une grande farce. En effet, le garçon d’ascenseur, un ancien repris de justice, Mullet alias le gangster Pat Lummock (Melville Cooper), avoue le meurtre, en plein milieu du second opus ! Le visage effaré que nous montre John Williams lorsqu’un troisième meurtrier avoue est un grand moment d’hilarité, mais nous nous demandons tout ce que cela fait dans « Alfred Hitchcock présente », puisque le canevas n’est pas respecté (Suspense, chute….). Autre réflexion du plus haut comique : ‘No, no, two’s enough » (Non, deux ça suffit !).

Dans les deuxième et troisième parties, les interventions d’Hitchcock sont du plus haut comique. Il se perd dans ses explications, ses résumés, les recommence. Nous atteignons le délire total.

Bookmaker, acculé par les dettes, Mullet a tenté de voler le comte qu’il croyait assoupi. Les hommes se battent et un coup de feu part accidentellement !

On se croit plus chez l’inspecteur Clouseau de « La Panthère rose » que chez Sir Alfred. Notons qu’au commissariat se trouve un portrait d’Elizabeth II. L’inspecteur confronte les trois suspects et chacun d’eux jure de sa… culpabilité !

C’est le moment où Raines, l’assistant, choisit de révéler à son supérieur que Louise Rogers (Rosemary Harris), que l’on vient de retrouver évanouie, une voisine interrogée au début du deuxième épisode, s’accuse elle-aussi du meurtre, prétendant être la comtesse Mattoni. Interrogeant la quatrième meurtrière( !), John Williams prend un air accablé. Si le but était de faire rire, c’est réussit, on rit. Mais c’est tout de même un cas à part dans l’anthologie comme « Number twenty two ». Le cahier des charges de la série vole en éclat.

Il n’y a pas de chute mais une apothéose de nonsense. Drôle grâce au talent de John Williams, mais pas du tout représentatif de la série.

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28. INCIDENT DE PARCOURS
(ONE MORE MILE TO GO)



Histoire de  F J Smith. Adaptation : James Cavanagh. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Sam Jacoby se dispute avec son épouse et la tue. Il enveloppe le corps dans un sac qu’il glisse dans le coffre de sa voiture. Mais un motard l’arrête pour une histoire de feu arrière en panne.

La question que l'on se pose en voyant cet épisode, c'est "A-t-il été tourné avant ou après "Psychose" ? Car nous avons droit à toute la scène du policier qui trouvait Marion Crane suspecte. L'épisode datant de 1957, nous avons la réponse.

Cet épisode quelque part est la genèse de plusieurs scènes de "Psychose". Et c'est aussi l'occasion de constater qu'une série comme "Les envahisseurs" a recopié des scènes d'Hitchcock. Ici, on peut comparer la situation du coffre recelant quelque chose avec le pré générique de l'épisode des Invaders : "La Genèse". Tout comme un autre épisode de la saga de David Vincent, "L'innocent" avait plagié la scène de voiture sans frein dévalant une montagne dans "La mort aux trousses".

L'angoisse se lit sur le visage de Jacoby, comme ce sera plus tard le cas pour Marion Crane. Il a un visage d'enfant apeuré qui sait avoir commis une grosse bêtise.

Comme dans "Psychose", c'est un motard (Steve Brodie) qui arrête Jacoby. Le feu arrière est défectueux (Idem "La Genèse"). Jacoby proteste de sa bonne conduite (comme Marion Crane) et se rend suspect à vouloir trop se montrer décontracté auprès du motard.

Le noir et blanc des scènes d'extérieur nocturnes ajoute au climat stressant. Jacoby se précipite chez un pompiste acheter l'ampoule de feu arrière manquante, mais le motard n'arrête pas de le suivre et de tourner autour de lui. Hitchcock, qui dans le pré générique a perdu la tête (On le voit avec une tête en cire qu'il tient au bras) fait du motard le persécuteur et de l'assassin la victime. C'est pour Jacoby que le spectateur tremble. Avec un levier, le motard force le coffre sans rien voir. Le coupable se croit sauvé mais l'on se doute que le motard ne va pas tarder à  revenir. Hitchcock filme en alternance la route, le bord de mer, et le rétroviseur avec sa maestria habituelle. Jacoby a oublié sa monnaie chez le pompiste et le trop serviable motard poursuit le tueur pour lui rendre l'argent. On imagine le quiproquo. Hitch joue avec nos nerfs. Le motard propose au criminel de faire réparer son feu au poste de police. En fait il l'y oblige, alors que Jacoby était à 2 km de chez lui. Le dernier plan du film est sur ce fameux feu arrière qui n'arrête pas de fonctionner et de se détraquer.

Pour nous remettre de nos émotions, le maître du suspense nous raconte une petite histoire avant de se rendre compte qu'il a oublié sa "tête" en cire. Réussir en moins de 25 minutes à nous en faire voir de toutes les couleurs, et nous faire passer par tous les stades du stress, est une fois de plus la marque du talent d'Hitchcock.

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29. CERCLE VICIEUX
(VICIOUS CIRCLE)



Histoire d’Evan Hunter. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Paul Henreid.

Manny Coe, tueur à gages pour le compte du mafieux Mr Williams, doit un jour choisir entre la fidélité à son chef et sa petite amie Betty. Cette dernière mène campagne auprès du public  pour dénoncer les agissements de Williams.

Dick York, le tranquille Jean Pierre mari de la sorcière bien aimée, nous fait complètement oublier ici le personnage qui l’a rendu célèbre. Tueur à gages torturé entre son amour pour la jolie Betty et le respect qu’il éprouve pour Vincent Williams, Manny évoque ici les oubliés de l’Amérique. Il veut sortir de la médiocrité de sa classe sociale. Ainsi rappelle-t-il à Betty que son père a travaillé pendant trente ans dans un magasin de bonbons avant d’être jeté dehors. Une féroce critique du capitalisme et du libéralisme de l’Oncle Sam. Pour s’en sortir, Manny est devenu un tueur. Il a même pris la place d’un protégé de son patron, Georgie. L’heure du choix est arrivée.

Episode intensément dramatique, aux antipodes de la trilogie british « I killed the count », montrant l’éventail assez riche et vaste de l’anthologie, « Cercle vicieux » nous prouve que Dick York était un grand comédien et valait mieux que « Ma Sorcière bien aimée ». Kathleen Maguire en Betty et George Macready en Williams lui donnent la répartie avec talent. Dès le départ, on sent que l’issue sera tragique (Nous sommes en pleine « série noire » et l’accumulation de drames évoque « des cliques et des cloaques» de Jim Thompson devenu « Série Noire » d’Alain Corneau avec Patrick Dewaere et Marie Trintignant au cinéma) et que ces hommes et femmes sont nés sous de bien mauvais auspices. Sans doute pour décrisper l’ambiance, Hitchcock est accompagné pour présenter l’histoire d’une cohorte de Miss reines de beauté.

Un excellent opus.

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30. THE THREE DREAMS OF MR FINDLATER
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de A.A. Milne. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : Jules Bricken.

Homme âgé mais encore vert, Findlater aimerait bien se débarrasser de sa vieille rombière d’épouse. Il se met à donner vie à une pin-up, Lalage, qu’il a vu sur une affiche et complote avec cet être imaginaire l’assassinat de son épouse.

Episode sulfureux pour son époque (1957), avec dans la séquence de présentation un Hitchcock sur le divan d’un psy, une Barbara Baxley aguichante et déshabillée en fantasme ambulant d’un John Williams, abonné de la série, mais ne jouant pas cette fois un personnage drôle.

Ce véritable « polar » nous montre comment le personnage du vieux et frustré Ernest Findlater (John Williams) se raccroche à une femme fatale des îles, une créature de carte postale, pour se convaincre qu’il n’est pas fini, qu’il a encore une vie et une sexualité. L’épisode fait plusieurs allusions au fait que Findlater veut se rassurer, faisant dire à Lalage (Barbara Baxley) que ses cheveux ne sont pas totalement clairsemés. Le meurtre est élaboré avec un certain cynisme, Findlater étant « aidé » psychologiquement par la jolie créature. Il faut avouer que Isobel Elsom en Minnie Findlater est une caricature de grand-mère « tue l’amour ». Lorsque son mari lui propose de faire un voyage pour qu’ils se retrouvent seuls, elle éclate de rire avec un certain mépris. Dans la scène de présentation, le maître fait allusion (via le personnage du psy qui le questionne) à sa propre vie intime, son épouse dans la vraie vie ayant choisi de dormir dans des lits jumeaux.

Le second degré a échappé à la censure et aux téléspectateurs américains de l’époque qui n’ont dû retenir que l’intrigue du meurtre prémédité. Saluons une Barbara Baxley particulièrement « vivante » pour un personnage de carton pâte.

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31. THE NIGHT THE WORLD ENDED
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Fredric Brown. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Justus Addiss.

Le journaliste Halloran a l’habitude de faire une mauvaise plaisanterie : il a fait imprimer en un exemplaire une fausse édition d’un journal annonçant la fin imminente du monde suite à une collision avec Mars. Il se sert de ce journal pour effrayer un simple d’esprit, Johnny, mais l’affaire va tourner au drame.

C’est l’histoire macabre par excellence que l’on trouve dans les recueils de nouvelles sélectionnées par Hitchcock. On se doute malgré le titre que la Science Fiction chez le maître sera forcément un leurre. (Encore qu’avec « Les Oiseaux »….)

L’épisode cependant met mal à l’aise, car il illustre que les américains, si la fin du monde arrivait, n’aurait qu’une envie : profiter de façon avide de leur société de consommation. Ici, Johnny pille un marchand de liqueurs de prix, un magasin de jouets pour des enfants de la rue, fait des avances à une vieille fille, commet plusieurs meurtres et larcins. Dans le rôle d’Halloran, Harold J. Stone est cynique à souhait, tandis qu’en looser, Johnny est incarné par un Russell Collins impeccable de vérité.

On est un peu gêné par cette Amérique des délaissés (les gosses de rue au visage ressemblant à des ramoneurs). Halloran l’ignore, mais à sa façon, il va payer le prix fort pour sa mauvaise blague et le titre de l’épisode prendra tout son sens. La course effrénée de Johnny devient vite traumatisante. Pendant ce temps, Hitchcock se régale avec des présentations de plus en plus délirantes, ici les téléspectateurs qui changent de chaîne sont avertis qu’ils recevront une décharge de 25 000 volts !

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32. THE HANDS OF MR OTTERMOLE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Thomas Burke. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

Londres 1919. Au nez et à la barbe de la police, un étrangleur sévit et sème la terreur et les victimes sans mobile apparent.

Cet épisode qui aurait pu être un joyau façon « Crackpot », servi par une histoire palpitante digne de « Jack l’éventreur », est ruiné par une mise en scène qui accumule les clichés afin de satisfaire le public américain. Cela va du brouillard londonien, le fog, aux « bobbies » dont les uniformes sont omniprésents. On nous donne de l’Angleterre de carte postale jusqu’à l’écoeurement, c’est tout juste si le brouillard n’entre pas dans les pub.

Hitch a cependant eu le bon goût de nous éviter des comédiens américains : il a battu le rassemblement des troupes de comédiens britanniques d’Hollywood. Le gallois Rhys Williams, l’anglais Torin Thatcher. Autrichien émigré, Theodore Bikel, de nationalité américaine, fait figure d’exception.

Les amateurs de « Chapeau melon et bottes de cuir » retrouveront ici le canevas du tueur invisible, la caméra s’avançant vers le visage d’une victime en gros plan qui voit ce que nous ne voyons pas (« Les cybernautes », « Le vengeur volant », « Le tigre caché »).

Hélas, ce Londres de carton pâte qui sent les studios Universal à plein nez faisait sans doute illusion en 1957, mais aujourd’hui, cela a très mal vieilli. Un peu comme la série « Le Saint » avec Roger Moore. Il faut attendre les dernières minutes pour connaître l’identité du coupable. Cet aspect de l’épisode est parfait, dommage que le manque de moyens évident freine notre enthousiasme.

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33. A MAN GREATLY BELOVED
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de A.A. Milne. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : James Neilson

Véritable petite peste, la fille du pasteur, une gamine du nom de Hildegard, découvre que le nouveau venu dans leur petite ville est un juge qui lorsqu’il était en activité avait une réputation de sévérité extrême. Elle s’insinue dans la vie du vieil homme.

Voilà un épisode assez imbuvable, avec une cousine éloignée de Fifi Brindacier. La petite Hildegard Fell (excellemment interprétée par l’actrice Evelyn Rudie (huit ans lors du tournage) se mêle de façon éhontée de la vie d’un vieil homme qui vient d’arriver à Essington, dans le Massachussetts.  Il faut beaucoup de patience au juge Anderson (Sir Cedric Hardwicke) pour la supporter. Dotée d’une intelligence hors du commun (elle a appris les échecs à son pasteur de père, et met mat le juge), la gamine est aidée d’une vieille folle spirite, Mrs Whiteford (Edith Barrett) dont le neveu Clarence est incarné par Robert Culp (« Les espions »).

Sous des abords diaboliques, l’enfant est en fait inoffensive, ce qui rend l’histoire plutôt bancale. Il fallait soit faire de l’enfant une poupée diabolique, mais  la chaîne n’aurait sans doute pas donné son autorisation, soit ne pas nous présenter de façon trompeuse son aspect « démon ». Car l’histoire tourne vite à la mauvaise farce, telle cette scène de spiritisme où Hildegard se cache pour faire la voix d’un esprit et donner la réplique à Mrs Whiteford. Que le juge, interprété par Cedric Hardwicke, devienne l’objet d’un chantage de l’enfant est assez peu crédible, d’autant plus que le scénariste a choisi de dédramatiser les pouvoirs de la petite fille en nous concoctant une fin moralisante et « rassurante » qui vient démolir l’édifice.

Le prologue, fort drôle, où Hitchcock rate un tour de magie en transperçant une malle faisant une victime, nous laissait présager mieux. Les bons sentiments viennent noyer ce qui se présentait comme une farce macabre. Comme beaucoup d’enfants prodiges du spectacle, Evelyn Rudie a stoppé très tôt sa carrière (dernier rôle en 1961). Notons que Robert Culp est ici sous employé et que son personnage de neveu de la médium, inutile à l’intrigue, arrive comme cheveu sur la soupe.

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34. MARTHA MASON, MOVIE STAR
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Raymond Mason. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Justus Addis.

Mabel n’aime plus son mari Henry qui l’exaspère. Elle veut divorcer. Il refuse. Elle le tue avec un marteau et l’enterre dans le jardin de la villa.

Mabel  (Judith Evelyn) pense qu’elle ressemble à une star de cinéma, Martha Mason. Précieuse, elle dort avec un masque de beauté. Son mari Henry (le terrifiant Robert Emhardt, ici trop vite sacrifié) aime le jardinage. Comme il refuse obstinément de divorcer, celle qui se prend pour une star s’en débarrasse.

D’un bout à l’autre, cet opus, dont il est mentionné au générique de fin qu’il a été publié dans « Alfred Hitchcock Mystery Magazine », est gâché par l’insupportable Judith Evelyn. Elle ne ressemble pas à une star de cinéma mais à une femme dont la jeunesse s’est enfuie et qui a perdu tout charme. La comédienne cabotine à outrance, mais le script, qui se revendique de l’humour noir, est en fait étriqué.

Vinton Hayworth, en patron du mari, s’en sort mieux. Il est Mr Abernathy, forte personnalité locale, qui sans le savoir procure un alibi à la meurtrière. Rusty Lane qui incarne le policier menant l’enquête sur la disparition d’Henry est une grosse erreur de casting. Rustre, il a un look de clochard. Le téléspectateur se languit pendant vingt-cinq minutes, trouvant seulement distrayante la présentation du maître habillé en astronaute, revenant de la planète Mars où il vient de vendre la série.

Un épisode dispensable.

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35. THE WEST WARLOCK TIME CAPSULE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de J.P. Cahn. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Justus Addiss.

Dans une petite ville, George Tiffany est taxidermiste. Il construit un cheval empaillé pour le donner à la ville. Un jour, son beau-frère Waldren arrive et se révèle vite un pique-assiette encombrant et dangereux pour la santé de son épouse qu’il fatigue.

Trois ans avant « Psychose », voici un taxidermiste. Mais j’avoue avoir été bien déçu par l’épisode qui commence sur des chapeaux de roue et finit bâclé.

George Tiffany (Henry Jones) est taxidermiste. Il construit « Napoléon », un cheval auquel comme tous ceux qui pratiquent son art il entend donner la vie éternelle. Aidé par un jeune apprenti, il est entouré d’une épouse aimante, à la santé fragile, Louise (Mildred Dunnock). Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si un jour, le beau-frère, que Louise n’a pas vu depuis vingt-cinq ans, Waldren (Sam Buffington) ne décidait de rappliquer et de s’incruster. Fainéant, égoïste et hypocondriaque, il abuse de la patience du couple et de la gentillesse de sa sœur qu’il envoie à l’hôpital à force de la fatiguer. George décide de se débarrasser de l’importun.

Par amour, un brave homme va devenir criminel. Mais tout est très prévisible. La mise en scène nous prédispose à un climat d’épouvante avec les scènes d’orage. George n’est cependant pas le futur Norman Bates et il faut s’attendre à un petit suspense vite éventé. D’autre part, si les personnages sont bien écrits, celui de Waldren est caricatural et outrancier. L’épisode ne tient pas les promesses du début et on le regrette. Mais J.P. Cahn n’étant pas Robert Bloch, il ne faut pas s’attendre à une histoire à vous glacer le sang. Dommage.

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36. FATHER AND SON
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Thomas Burke. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Herschel Daugherty.

Londres, 1912. Un père refuse de donner de l’argent à son fils qui veut épouser une prostituée. Pour trouver quelques livres, il dénonce un criminel recherché que cache son père.

Superbe épisode, fort bien interprété, mais qui s’insère mal dans l’anthologie. Il s’agit d’une chronique de la misère humaine. Le criminel recherché Gus Harrison (Frederick Worlock) est innocent et le fils de celui qui le cache le sait. Sam Saunders (Charles Davis) est pitoyable en fils indigne qui traite son père d’ivrogne et veut par tous les moyens trouver de l’argent, manquant même d’assassiner son patron, Schiller (George Pelling) qui le chasse mais ne saura pas qu’il a manqué de peu se faire fracasser le crâne. Car Sam est un lâche et n’ose pas aller jusqu’au bout de son geste.

Mae (Pamela Light) est une danseuse de cabaret aux mœurs légères qui ne s’intéresse qu’à l’argent. Le père de Sam, Joe (Edmund Gwenn, dont ce sera le dernier rôle après une carrière chez le maître avec notamment « Correspondant 17 » et « Mais qui a tué Harry ? ») symbolise l’obstacle entre le garçon veule et la fille. Pour l’occasion, l’expression  « vendre père et mère » prend tout son sens.

Les comédiens sont tous fabuleux, à commencer par Edmund Gwenn, Charles Davis en fils indigne lui donnant la réplique avec brio.  Pamela Light a le bon goût de n’être ni caricaturale ni vulgaire. L’épisode cependant n’entre pas dans le cahier des charges de la série, par exemple, il n’y a pas vraiment de chute comme à l’accoutumée. Il y en a une mais au sens propre, pas figuré, nous n’en dirons pas plus pour ne pas dévoiler le spoiler. On devine qu’Hitchcock a eu plaisir à présenter cette histoire car il a bien connu le Londres du début du siècle et est en terrain familier.

Vous passerez un bon moment en regardant l’épisode, mais oublierez très vite que c’est opus de la saga « Alfred Hitchcock présente ».

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37. THE INDESTRUCTABLE MR. WEEMS
INÉDIT EN FRANCE



Scénario original : George F. Slavin. Réalisation : Justus Addiss.

Proche de sa fin, Clarence Weems se voit contacté par ses frères d’une loge maçonique qui vient d’acheter un terrain pour y édifier un cimetière. Weems touchera une rente hebdomadaire de 50 dollars jusqu’à sa fin, où il deviendra le premier « client ».

Episode typique de l’humour anglais, « The Undestructible Mr Weems » sera adoré par les amateurs de farces macabres et de non sense et haï par les autres. Notons que l’acteur principal, Robert Middleton, déjà apparu dans la série, qui incarne Cato Stone, ressemble à s’y méprendre à Edward Asner (« Lou Grant »).

Comme dans « Le Viager » de Pierre Tchernia, Weems (Russell Collins) va enterrer ceux qui spéculent sur sa mort pour faire de l’argent. J’ai trouvé l’épisode niais et empesé. Il ne s’y passe pratiquement rien, excepté les lamentations de Cato Stone et de ses associés qui se rendent compte que leur « investissement » a été fait à pure perte. L’un d’eux est le futur mari de la fille de Weems. L’intrigue aurait eu une autre tournure si la « loge » avait été menaçante et représenté quelque danger. Ce n’est pas le cas ici, où les protagonistes frôlent le ridicule.

Russell Collins en  moribond « revenant » joue avec beaucoup de malice le fameux Monsieur Weems. Il renaît à la vie et, veuf, se remarie. Au grand dam de Stone et de ses frères de loge.

Un opus moyen, contenant malgré tout quelques scènes d’humour noir. Notons que les scènes où Cato et ses amis sont obligés de grimper quatre étages à pied, chose qui aura une importance dans la chute, sont vite répétitives.

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38. A LITTLE SLEEP
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Joe Grenzeback. Adaptation :  Robert C.Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Barbie Hallem, une fille de riches, a hérité d’un chalet en montagne. Après avoir éconduit plusieurs prétendants, et s’ennuyant, elle se réfugie dans le chalet occupé illégalement par un intrus.

« L’argent ne fait pas le bonheur » semble être la devise de Barbie Hallem qui très jeune est blasée de tout. Elle joue avec les hommes qui veulent flirter avec elle, en abandonnant un en pleine montagne au moment où il veut prendre le volant de son cabriolet, car la conductrice est ivre.

Barbie est interprétée par Barbara Cook (ici en vamp, mais qui a fait carrière dans la comédie musicale), tandis que nous retrouvons un juvénile Vic Morrow. L’histoire n’est que la répétition d’un drame qui s’est passé dans la montagne, celui de Marcella, une autre fille futile. Mais Barbie ne le comprendra que trop tard tant elle est imbue de sa personne et sûre de son pouvoir.

On  passe des soirées de surprises party pour riches à la rude montagne désertique. L’épisode entre bien dans le cadre de l’anthologie : suspense, action, violence, chute… Absence totale d’humour ici, il s’agit d’une situation grave et dramatique. Il est à nouveau mentionné que l’histoire fut publiée dans le « Mystery Magazine » d’Hitchcock. De fait, c’est tout à fait le genre d’histoires que l’on trouve dans les recueils publiés en livre.

La mise en scène est alerte et ne ménage aucun temps mort. Il manque quand même ce petit quelque chose qui fait  de certains opus de la série des petits chefs d’œuvre de suspense.

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39. THE DANGEROUS PEOPLE
INÉDIT EN FRANCE

 

Histoire de Fredric Brown. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

Dans la salle d’attente d’une petite gare isolée du Milwaulkee, deux voyageurs qui savent qu’un fou dangereux vient de s’échapper d’un asile se suspectent mutuellement d’être le maniaque.

Lorsque j’ai commencé à chroniquer cette anthologie, je pensais qu’elle ne contenait que des joyaux comme celui-ci. Nous pensons que le maître est derrière la caméra tellement son style est reproduit. Un avocat, Bellefontaine (Robert H. Harris) et un bookmarker aux vêtements rapiécés, Jones (Albert Salmi) se retrouvent face à face, mais isolés, dans une salle d’attente. Nous entendons sans arrêt les sirènes de police à la recherche du dangereux psychopathe évadé. Jugeant sur l’apparence, le téléspectateur est persuadé que Jones est le fugitif. Il faut dire qu’au début, nous n’avons que les voix intérieures de l’avocat (en voix of) qui est persuadé être en présence du tueur sanguinaire. Après le premier acte, nous avons la version de Jones, qui voudrait s’emparer du tisonnier ayant réalisé que Bellefontaine s’est rendu aux lavabos pour charger son arme. Et ce train qui n’arrive pas…

Robert Stevens joue avec nos nerfs, et nous passons un moment d’angoisse totale. L’arrivée d’un policier devrait nous rassurer, mais faut-il se fier aux apparences ? Nous n’en dirons pas plus, si ce n’est que la saison 2 se termine en beauté avec un véritable chef d’œuvre. Nous nous identifions à Bellefontaine, puis à Jones. Les gros plans sur l’horloge, sur les visages en sueur, les regards, sont du pur Hitchcock. Il y a même un petit côté « La Quatrième dimension » dans cet opus tant les limites de la terreur sont franchies, nous plongeant parfois presque dans le surnaturel.

Lors de la présentation, le maître nous fait rire en faisant face à un peloton d’exécution, lançant le programme comme si c’était le dernier. Il y a aussi une chute dans le sketch de fin qui est la suite du prologue.

On aurait aimé que l’entière saison ne soit faite que d’histoires comme celle-ci et le terrifiant « Crackpot ». Mais la série propose aussi des épisodes moins palpitants.

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Images capturées par Patrick Sansano.

Saison 2Saison 4

Alfred Hitchcock Présente

Saison 4

1. Poison - Inédit en France

2. Silence (Don’t Interrupt)

3. The Jokester - Inédit en France

4. The Crooked Road - Inédit en France

5. The Two Million Dollar Defense - Inédit en France

6. Design for Loving - Inédit en France

7. A Man with a Problem - Inédit en France

8. Safety for the Witness - Inédit en France

9. Murder Me Twice - Inédit en France

10. L’Heure du thé (Tea Time)

11. Les roses du désert (And the Desert Shall Blossom)

12. Un simple accident (Mrs Herman and Mrs Fenimore)

13. Six People, No Music - Inédit en France

14. The Morning After - Inédit en France

15. Une affaire personnelle (A Personal Matter)

16. Sombre Issue (Out There, Darkness)

17. L’Incendie (Total Loss)

18. Le Faux Pas (The Last Dark Step)

19. Le Réveil de la mariée (The Morning of the Bride)



1. POISON 
INÉDIT EN FRANCE



Cet épisode a été diffusé en France au cinéma de minuit de FR3 en version sous-titrée.

Histoire de Road Dahl. Adaptation : Casey Robinson. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Harry Pope découvre avec horreur que pendant qu’il dormait, un serpent s’est assoupi sur son estomac. Il appelle un ami, Timber Woods, et un médecin, à l’aide.

Pour bien débuter sa saison 4, le maître réalise le pilote qui nous plonge dans l’horreur pure durant 26 minutes. Comme d’habitude, il choisit de ne pas nous montrer le serpent, que l’on devine sous les draps, ce qui accentue la tension. Suggérer plutôt que montrer, au point que Pope, la victime (James Donald), étant un alcoolique, on va finir par douter de l’existence du reptile.

Ce huis clos à trois : Pope, son ami Timber (Un Wendell Corey sarcastique et abject à souhait)  et le médecin, est vite étouffant. Timber n’a pas que des sentiments charitables envers Pope. Entre eux, il y a eu une histoire de femme. Une certaine Julie lui ayant préféré Pope, Timber se dit qu’il tient peut être là sa vengeance. Le médecin, le docteur Ganderbay (Arnold Moss) est évidemment pour lui un trouble fête et Timber va tenter de discréditer son ami à ses yeux en faisant passer la menace pour un fantasme.

Pendant les trois quart de l’épisode, nous sommes tenus en haleine devant un lit où un homme étendu risque la mort. Ganderbay est impuissant, il a injecté un sérum au malheureux, mais n’est pas certain de son efficacité. C’est au moment où l’on doute de la réalité de la présence du serpent qu’Hitchcock nous le montre. On se gardera de révéler la chute qui on s’en doute est cruelle et digne de l’humour noir de notre réalisateur.

Tout de même, nous plonger dans un tel suspense avec si peu de moyens est un coup de génie. Le jeu des comédiens est juste sans jamais tomber dans l’excès, ce qui accentue l’horreur de la situation. Un sans faute pour commencer la saison.

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2. SILENCE
(DON’T INTERRUPT)

Histoire originale et adaptation de Sidney Carroll. Réalisation : Robert Stevens.

Un dangereux fou échappé d’un asile se joint dans un train à une petite famille dont l’enfant, Johnny, est absolument insupportable..

Dès les premières images, on comprend que l’on est dans une comédie, avec un gosse mal élevé et horripilant (Peter Lazer), une mère plutôt distante (jouée par Cloris Leachman), un mari américain moyen type des années cinquante parfaitement symbolisé par Biff Mac Guire. Paradoxalement, le fou, Kilmer (Chill Wills) nous paraît un paisible grand-père à côté de l’enfant survolté.

Diffusé en 1958, la mise en scène nous renvoie à des images que le politiquement correct n’admet plus aujourd’hui : les barmans du train sont des noirs et des voleurs, l’étranger que Johnny dérange – un asiatique- n’ose pas remettre l’enfant à sa place. C’est aussi l’époque où les histoires de cowboy et de far west  passionnaient les enfants. Notre dangereux psychopathe prétend avoir été un cowboy et ses récits enchantent Johnny.

Pour obtenir le silence de l’enfant, on lui promet une pièce d’un dollar. Derrière Kilmer, Johnny voit des mains et un visage tenter de s’agripper à la fenêtre de la voiture bar du train coincé par une tempête de neige.

Il y a deux temps dans cet épisode : celui où l’enfant laisse déborder ses caprices (lorsqu’il échange les verres de ses parents, il aurait mérité une bonne gifle) et celui où il est contraint au silence. Dans la deuxième partie, Kilmer accapare l’attention du téléspectateur par ses contes. Le vétéran vole la vedette à l’enfant. Si l’épisode n’arrive jamais à nous captiver, Sir Alfred s’est déchaîné avec ses interventions de début et de fin qui nous le montrent ligoté sur les rails dans la neige, ce qui constitue un moment d’humour british garanti.

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3. THE JOKESTER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert Arthur. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Arthur Hiller.

Bradley, un reporter alcoolique, n’arrête pas de faire des blagues saugrenues à tout va, et a pris comme souffre-douleur le gardien de la morgue, un vieil homme, Pop Henderson.

Le réalisateur de « Love Story » et de « Transamerica express », ainsi que de « L’hôpital », l’une des rares incursions au cinéma de Diana Rigg, est ici aux commandes de cette farce macabre mais cruelle.

Bradley (Albert Salmi) se fait passer pour mort avec la complicité de deux larrons et tourne en ridicule le vieux Pop Henderson, qui risque sa place. L’homme n’y voit plus très bien, il alerte la police, disant que l’un de ses cadavres est en vie. Bradley s’était substitué au corps. Mais dans un bar, il pousse la plaisanterie trop loin en mettant du poivre dans le verre d’une cliente et se fait rosser. L’homme qui lui a donné un coup de poing pense lui avoir brisé la nuque et décide de jeter le cadavre sur les docks.

Episode moraliste, mais à la chute abominable, « The jokester » montre comment le destin se joue parfois de ceux qui abusent des faibles avec leurs plaisanteries. Les comédiens sont parfaits, à commencer par Albert Salmi, odieux en blagueur invétéré, et Roscoe Ates en vieil employé contraint de travailler malgré l’âge pour payer les soins de son épouse alors que l’heure de la retraite a depuis longtemps sonné.

La fin, bien qu’assez prévisible, nous glace d’effroi, si l’on peut utiliser cette expression s’agissant d’une chambre froide !

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4. THE CROOKED ROAD
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Alex Gaby. Adaptation : William Fay. Réalisation : Paul Henreid.

Un couple de New York, à bord d’une décapotable, est arrêté abusivement pour dépassement de vitesse par la police corrompue d’une petite ville perdue.

Dans de nombreuses séries américaines anciennes, on nous montre comment dans les coins perdus de l’Amérique règne encore la loi de la jungle et du plus fort, avec des policiers corrompus. C’est notamment le cas dans la série « Match contre la vie » (« Run for your life ») avec Ben Gazzara où plusieurs épisodes dont « Les Tyrans » (le héros étant avocat) abordent ce thème.

Cet épisode avec Walter Matthau en shérif corrompu et irascible rejoint cette thématique, et donc l’épisode est tout sauf drôle. C’est le suspense et la tension qui nous étreignent durant 25 minutes.

Un couple, les Adams, roule tranquillement à la vitesse autorisée lorsqu’une voiture de police les dépasse et les force à quitter la route.  Le shérif Pete Chandler (Walter Matthau) et son adjoint sont en fait de mèche avec un dépanneur pour racketter les voyageurs. Chandler accuse Harry Adams d’avoir dépassé la vitesse, et ce dernier remarque que le dépanneur, Charlie, possède à bord de son véhicule une radio qui émet sur la fréquence de la police. Comme Harry Adams est sûr de son bon droit, il proteste, se fait rosser, et conduire devant le juge de cette triste petite bourgade nommée Robertsville.

Aucun humour en dehors des prestations de Sir Alfred. Le malheureux couple piégé risque la prison, et réussit à se libérer en payant et en plaidant coupable. Mais la chute sauvera la morale car le couple de touristes n’est pas ce qu’il paraît être.

La réalisation est remarquable, et Walter Matthau (« Charade ») odieux à souhait. L’épisode date de 1958 et il serait étonnant que dans notre pays, cette même année, on ait pu produire un téléfilm montrant qu’il existe de la police et un juge corrompus. Un épisode qui nous permet de dire que les Etats Unis en 1958 permettaient aux médias de montrer les possibles failles de l’autorité. A la même époque, les moindres programmes français étaient soumis à la censure du Général.


5. THE  TWO MILLION DOLLAR DEFENSE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Harold Q Masur. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Lyod.

Llyod Ashley est accusé du meurtre de l’amant de sa femme et risque la chaise électrique. Il prétend avoir accidentellement tué la victime avec une arme dont le cran de sureté était mis. Pour sauver sa tête, il corrompt son avocat, Mark Robeson, en lui promettant 2 millions de dollars s’il le sauve.

Pour la première fois, c’est la chute, improbable, qui plombe un épisode qui s’annonçait passionnant. Leslie Nielsen première manière (avant « Y-a-il un pilote dans l’avion ? ») incarne un mari jaloux qui a tué un certain Tom Ward. Il promet une fortune à son avocat et ami Mark Robeson (Barry Sullivan, alias Jordan Braddock, le milliardaire qui poursuit Ben Richards/Christopher George dans « L’immortel ») s’il trouve un moyen de le faire acquitter. Le procureur fait témoigner un certain Keller, spécialiste en armes, qui jure qu’un cran de sureté est infaillible. Le soir de l’audition de Keller, Robeson, enlevant le cran de sureté, se tire dans le bras, évitant bien entendu de se blesser trop gravement, et appelle son médecin comme témoin. Le lendemain, il  a beau jeu de mettre en échec Keller en lui demandant, s’il est sûr de lui, de le montrer devant le jury en tirant avec une arme chargée avec la protection. Keller craque et n’est plus certain de lui. Cela permet l’acquittement du meurtrier.

Leslie Nielsen et Barry Sullivan jouent merveilleusement bien, mais la chute nous propose un invraisemblable renversement de situation, que je ne révèlerai pas, mais fait s’écrouler l’édifice. En fait, le scénariste a voulu nous entraîner dans l’incroyable et les ficelles sont trop grosses. C’est bien dommage, car l’épisode était bien parti, mais on a un peu l’impression à la fin de prendre le téléspectateur pour un gogo. 

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6. DESIGN FOR LOVING
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Ray Bradbury, d’après sa nouvelle « Marionnettes, Inc ». Réalisation : Robert Stevens.

Dans un futur immédiat (1985), il est possible d’acheter un robot duplicata de sa personne. Charles Brailing qui en assez de son épouse capricieuse Lydia, en a acquis un à son image et veut fuir à Rio de Janeiro en laissant son duplicata derrière lui. Il se confie à son meilleur ami, Tom.

On sait maintenant où Philip Levene a pioché pour créer son épisode de «Chapeau melon et bottes de cuir » : « Interférences ». C’est Ray Bradbury, grand auteur de SF, qui a écrit et adapté ici son histoire. Cet épisode, diffusé le 9 novembre 1958, stipule qu’en 1985, il sera possible d’acheter un duplicata de sa personne, un parfait clone. C’est l’entreprise « Marionnettes Inc » qui a créé cela, et depuis trois ans, soit 1982. A noter que du côté de la mode vestimentaire, en 1985, on est resté en 1958 !

Comme les duplicatas de « Interférences », ceux de « Design for loving » veulent prendre la place de leur « acheteur ». Mais il y a ici, malgré le plaisir de se trouver en terrain connu – on se croirait chez le professeur Stone – des invraisemblances bien plus flagrantes que dans le script de Philip Levene.

Tout d’abord, à la place d’organes vitaux, les robots ne possèdent qu’un mécanisme d’horlogerie (comme dans le médiocre « Halloween 3, le sang du sorcier »). Tom va s’apercevoir à son grand effroi que sa femme l’a plaqué et a laissé derrière elle un robot, en puisant dans leurs économies.

Si l’aspect fantastique et suspense, voire même science-fiction, nous ébahit, il faut avouer que l’on a – époque puritaine oblige – oublié un petit détail : il s’agit ici de couples. Peut-on faire l’amour avec un robot ? Evidemment, la réponse ne nous est pas donnée. Le thème a été abordé dans « The Stepford wives » en 1975, et dans un épisode de « Au-delà du réel, l’aventure continue » : « Valérie 23 ».

Autre point d’invraisemblance : pourquoi Charles Brailing ne divorce-t-il pas tout simplement et ne quitte-il pas officiellement sa mégère d’épouse au lieu de puiser dans ses économies pour s’acheter un clône ?

Le seul regret que l'on a en voyant cet épisode est que si cette invention existait, on pourrait envoyer son clone travailler à sa place au bureau chaque jour!

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7. A MAN WITH A PROBLEM
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Donald Martin Konig. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Robert Stevens.

Un homme, Carl Adams, dont l’épouse infidèle abandonnée par son amant s’est suicidée, veut se jeter du haut d’un building.

Nous sommes attirés par la présence de la sorcière bien aimée Elizabeth Montgomery, qui est ici Karen, l’épouse infidèle qui veut partir avec son amant. Malheureusement, son rôle se limite à quelques courtes scènes.

L’épisode est mal réalisé, faisant époque oblige (1958) par manque de moyens  de mauvais raccords studios-décors naturels. Carl Adams (Gary Merrill), qui est du moins le nom sous lequel il se fait appeler, veut se jeter du rebord de la fenêtre de la chambre d’hôtel.  L’officier Barrett (Peter Mark Richman qui était alors simplement Mark Richman), décidé à obtenir du galon et à devenir sergent, veut sauver le désespéré.  Mais son supérieur, le lieutenant Bellevue (Ken Lynch) ne l’entend pas de cette oreille et veut régler l’affaire à sa façon pour empêcher son subordonné de récolter le prestige d’un sauvetage. Manque de chance pour Bellevue, Carl ne veut parler qu’à Barrett.

Toutes les scènes de flash-back, dans lesquelles Karen annonce à son mari Carl qu’elle le quitte pour son amant marié, qui ne voudra finalement pas d’elle, provoquant son suicide, manquent un peu de crédibilité, tant le couple Elizabeth Montgomery-Gary Merrill est mal assorti. Carl se montre incroyablement compréhensif et peu jaloux, pour un mari déterminé à ne pas laisser sa femme partir avec un autre. Elizabeth Montgomery se tire bien des quelques scènes qu’on lui laisse jouer, mais le réalisateur se concentre sur Gary Merrill et ses discours intérieurs. On comprend, vers le milieu de l’épisode, que Carl est tout sauf un suicidaire, je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler le spoiler. Les gamins qui au bas du building hurlent au malheureux « saute, saute, saute », sont à gifler, et l’on se demande pourquoi la police ne les chasse pas.

L’épisode nous laisse sur notre faim, après une présentation désopilante de Sir Alfred avec un squelette « mobile ». Il n’y a aucun humour, et le suspense s’évente lorsque l’on comprend que l’homme ne sautera pas, mais nous n’en saurons les motifs qu’à la fin.

Peter Mark Richman se montre plutôt moins bon que d’habitude, faisant le minimum syndical, tandis que Gary Merrill surjoue le personnage. La fusion ne se fait donc jamais entre les deux comédiens principaux.

Les deux étoiles attribuées sont là pour différencier cet opus des ratages que constituent dans l’anthologie les historiettes surannées qui sont parfois notre lot.

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8. SAFETY FOR THE WITNESS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John De Meyer. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod

En 1927, Cyril T. Jones a été témoin d’un meurtre et n’a pas voulu parler, constatant que la police avait été  inefficace à protéger la victime menacée par la mafia. Les années ont passé et il décide de se débarrasser des tueurs en confessant ensuite son crime.

Voilà le genre d’épisodes à zapper. Le cabotinage d’Art Cartney en antihéros Cyril T.Jones est difficile à supporter jusqu’au bout. Le ton abordé ici est la comédie, après une présentation fort comique de Sir Alfred. Mais l’histoire contée ensuite ne nous arrache que difficilement un sourire.

Tout d’abord, la façon dont Jones réussit à éliminer deux tueurs de la mafia est hautement improbable. Nous sommes dans l’invraisemblance totale puisque les deux hommes se laissent abattre sans broncher, alors qu’ils ont montré dans le passé leur dangerosité. Toute la partie qui consiste pour Jones à prouver aux policiers sa culpabilité est lente et laborieuse. Le contraste entre le début où Jones a été grièvement blessé comme témoin et la seconde partie où il a changé de camp est mal agencé.

Le reste de la distribution est inexistant, avec en commissaire Cummings  un James Westerfield en canotier aussi crédible en policier qu’Art Catney en tireur d’élite. Scénario inconsistant, interprétation à l’avenant, il n’y a rien à sauver dans cet épisode.

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9. MURDER ME TWICE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Lawrence Treat. Adaptation : Irving Elman. Réalisation : David Swift.

Sous l’influence d’un hypnotiseur, une femme, Lucy Pryor, possédée par l’esprit d’une meurtrière, Dora Evans,  morte depuis plus de cent ans, assassine son mari.

Dès les premières images, on comprend que l’on va voir un chef d’œuvre. Et l’on regrette que ce soit pour un récit de 25 minutes, car l’histoire de Lawrence Treat aurait mérité d’être développée en long-métrage.

L’épisode évoque « Sueurs froides », et la présence du comédien  Tom Helmore, le meurtrier du film avec James Stewart, y est pour beaucoup. Si le comédien est brillant, Phyllis Thaxter nous livre une étonnante composition en Lucy Pryor. Nous sommes dans un salon bourgeois de 1958, avec deux couples, un hypnotiseur, le professeur Farnham (Tom Helmore) tente alors une expérience. La mise en scène est digne du maître, et avec une économie de moyens, mais une histoire en béton, preuve est faite ici que l’on peut passionner le téléspectateur avec pour seul décor un luxueux salon et une lampe de chevet.

Après une montée en puissance de l’angoisse qui va jusqu’au meurtre du mari de Lucy Pryor, et qui correspond à l’aspect fantastique de l’intrigue, entre en scène la partie enquête policière. Nous comprenons lors d’une scène révélée en milieu d’épisode (ce fut la même chose dans « Vertigo ») qu’il y a eu une duperie et que le professeur Farnham est un imposteur. Le réalisateur qui a révélé le spoiler en milieu d’épisode, ce qui est inhabituel dans l’anthologie, va maintenant nous montrer la façon dont la police va devoir trier le vrai du faux de cette affaire hors normes.

L’esprit de Dora Evans, vivant à Philadelphie en 1853, peut-il posséder celui de Lucy Pryor en 1958 au point de la pousser à commettre des meurtres. Ceux qui ont vu « Vertigo » se trouvent en terrain connu. La grande différence avec le film est l’absence du héros témoin et naïf qu’incarnait James Stewart.

Nous passons vingt-cinq minutes d’angoisse pure, et le suspense ne faiblit jamais. Il n’y a absolument aucun défaut à cet épisode, si ce n’est que l’on regrette qu’il soit si court.

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10. L’HEURE DU THÉ
(TEA TIME)

Histoire de Margaret Manners. Adaptation : Kathleen Hite. Réalisation : Robert Stevens.

Très amoureuse de son mari Oliver Teleton, Iris est victime d’un chantage de la maîtresse de ce dernier, Blanche Herbert, qui détient une lettre compromettante. Iris décide de la tuer.

Murray Matheson (Felix Mulholand, le bibliothécaire ami de Thomas Banacek, et le directeur de la Midlands Academy dans « Les envahisseurs : le rideau de lierre ») est-il à ce point irrésistible au point de susciter des passions féminines à répétition, prêtes à tuer ?

En 1958, l’acteur avait 46 ans mais ses tempes grisonnantes lui en donnaient dix de plus. Aussi est il peut crédible que trois femmes s’arrachent ses faveurs au point de tuer. En particulier lorsque deux d’entre elles sont des jeunettes.

C’est la grosse erreur de casting de cet épisode, dans lequel on aurait vu George Hamilton ou quelque autre bellâtre, mais pas Matheson.

Iris Teleton (Margaret Leighton 1922-1976) fait plus vieille que sa rivale Blanche (Marsha Hunt 1917-) et cela ne contribue pas à nous faire adhérer à cet opus. La troisième femme n’apparaît que dans la chute, mais le combat entre la femme légitime et la maîtresse n’est pas un argument convaincant pour faire de cet épisode un bon moment de suspense. Blanche pense monnayer la lettre que fit Iris à un amant 150 000 dollars, mais va tomber dans un piège.

L’histoire ne parvient jamais à nous captiver. Nous sommes dans le vaudeville et non dans le suspense. Tout ici est très téléphoné et l’adhésion du téléspectateur a dû mal à opérer.

Les crimes passionnels ne font pas de bons épisodes de « Alfred Hitchcock présente ». Il faut davantage d’humour noir ou de farce macabre. On n’entre jamais dans l’histoire ici. C’est le défaut majeur de l’épisode.

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11. LES ROSES DU DÉSERT
(AND THE DESERT SHALL BLOSSOM)

Histoire de Loren D. Good. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Arthur Hiller.

Tom et Ben, deux vieux prospecteurs d’or, sont menacés d’expulsion de leur propriété du Nevada, à moins qu’ils ne prouvent au shérif qu’ils peuvent faire pousser quelque chose sur le sable. Un tueur en panne de voiture va leur en procurer l’occasion.

Diffusé en France, voici l’un des plus ennuyeux épisodes de la série. Un tandem de vieux prospecteurs, Tom Akins (William Demasrest) et Ben White (Roscoe Ates) sont menacés d’expropriation. Ils ont déjà tenté de faire pousser des tomates dans leur lopin de terre, et veulent à présent y mettre un rosier. Un tueur tombe en panne de voiture et en état de légitime défense, ils l’abattent. Ils ont en effet refusé 100 dollars pour le mener à la ville voisine en mulet, et il les a menacés de son révolver.

Ces 25 minutes constituent un grand moment d’ennui, et les présentations de Sir Alfred en cowboy ne sont guère plus réussies. Ben Johnson incarne le shérif Jef, il joua dans « La horde sauvage » de Sam Peckinpah  en 1969.

C’est typiquement le genre d’opus destiné à fournir 39 épisodes pour une saison à Universal. Mais il n’y a ici aucun suspense, et l’humour y est pesant. Un ratage total, mais c’est souvent le cas lorsque l’anthologie quitte son époque pour plonger dans le passé, ici le far west.

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12. UN SIMPLE ACCIDENT
(MRS HERMAN AND MRS FENIMORE)

Histoire de Donald Martin Honig. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Arthur Hiller.

Depuis deux ans, une vieille femme, Mrs Herman, veut se débarrasser de son oncle, Bill Finley, dont elle est l’unique héritière. Elle décide de louer une chambre et de proposer à la locataire, Mrs Fenimore, une actrice, de l’aider à tuer l’oncle pour 2500 dollars.

Encore un ratage total, et un moment d’ennui. Il ne se passe pas grand-chose. L’oncle, incarné par Russell Collins, semble plus jeune que sa nièce. Il faut dire que Russell Collins était né en 1897 et l’actrice qui incarne sa nièce, Doro Merande en 1892, ceci explique cela.

Le plan de la nièce est tiré par les cheveux : provoquer l’asphyxie par le gaz de son oncle dans sa chambre fermée à clef. Au bout de deux semaines, elle propose à sa locataire de l’aider dans cette entreprise de meurtre.

Encore une histoire datée, qui se passe dans une atmosphère « Arsenic et vieilles dentelles », bien que Mrs Fenimore est encore très séduisante. Russell Collins cabotine et surjoue en permanence le vieil homme aigri, et tout cela n’est guère convaincant. La seule à tirer son épingle du jeu est Mary Astor, qui incarne Mrs Fenimore.

On attend vainement qu’il se passe quelque chose, et les 25 minutes nous semblent très longues. Certes, il y a la chute, mais elle ne suffit pas à dissiper la torpeur qui s’est installée. Un ratage complet, et bizarrement encore un épisode acheté par la France alors que tant d’inédits auraient bien mieux mérité de l’être.

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13. SIX PEOPLE, NO MUSIC
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Garson Kanin. Adaptation : Richard Berg. Réalisation : Norman Llyod.

Un croquemort, Arthur Motherwell, doit célébrer de grandes funérailles, celles du riche Stanton Barryvale. Mais ce dernier n’est pas mort, se réveille et demande l’annulation de la grandiose cérémonie au profit de funérailles très simples.

Episode d’un ennui mortel, un de plus, avec un scénario exsangue, un comédien insupportable (John Mc Giver, vu dans « Diamants sur canapé » et « Macadam Cowboy ») que l’on a déjà vu dans l’épisode 03-29 « L’homme des statistiques »). Il ne se passe rien pendant vingt cinq minutes, le croquemort, Motherwell, se contentant de raconter à son épouse sa mésaventure avec le cadavre de Stanton Barryvale. « Six personnes, pas de musique », ce sont les instructions « post mortem » du défunt ressuscité.

S’il n’y a strictement aucun suspense, l’humour réside uniquement dans la présentation du maître, car toutes les réparties de John Mc Giver tombent à plat. On a vraiment du mal à comprendre ce qui a pu décider la production à sélectionner cette histoire calamiteuse pour la série. Howard Smith, en « cadavre », fait preuve d’un peu plus d’humour, mais son personnage arrive au trois quart du métrage, et il ne reste alors rien à sauver. Joby Baker incarne le jeune assistant ambitieux de Motherwell. Mais le scénario lui laisse peu de scènes pour montrer son talent. Quant à l’épouse, interprétée par Peggy Cass, elle se contente de recueillir le récit insolite. Un épisode ni fait ni à faire.

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14. THE MORNING AFTER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Rose Simon Kohn. Réalisation : Herschel Daugherty.

Une mère s’oppose à ce que sa fille fréquente un homme marié.

Après une série d’épisodes creux, « The morning after » est une belle surprise, en particulier grâce à l’interprétation de Jeanette  Nolan (Miss Havergil dans l’épisode des « Envahisseurs » : « Cauchemar »). Ici, elle ne joue pas, comme souvent, un personnage rébarbatif de vieille sorcière, mais une mère protectrice.

Si au début de l’histoire, on se croirait en plein soap opera, les choses changent vite et se transforment en film policier. L’épouse de  Ben Nelson est assassinée, et le mari, qui n’aurait jamais demandé sa liberté (la dame étant fortunée et lui non), va avoir besoin d’un alibi.

Jeannette Nolan porte l’épisode sur les épaules en mère courage, Mrs  Trotter. Sa fille Sharon (Dorothy Provine) est la blonde écervelée que l’on s’attend à trouver dans ce type de script. Fay Wray est impeccable de sobriété en femme mariée trahie, tandis que dans le rôle de Ben, Robert Alda, qui rappelle un peu l’acteur Gene Barry, est excellent, plus vrai que nature. Au fur et à mesure que l’épisode avance, les mensonges s’accumulent, créant un édifice bien fragile qui ne demande qu’à s’écrouler. Certes, Henry Slesar, l’auteur, a ménagé quelques coïncidences et coups du destin un peu improbables, mais l’ensemble se déguste comme un bon livre policier. On pouvait craindre au début que l’intrigue ne s’enlise dans la guimauve, mais chez Hitchcock, les atmosphères sont toujours plus nuancées et la tension s’installe rapidement. J’ai passé un bon moment avec cet opus qui rate la perfection pour quelques détails comme un démarrage un peu long de l’intrigue.

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15. UNE AFFAIRE PERSONNELLE
(A PERSONAL MATTER)

Histoire  de Brett Halliday. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Nous sommes dans une mine. Deux ingénieurs sont chargés de faire un tunnel, avec une équipe espagnole. Mais Joe Philips soupçonne l’autre ingénieur, Bret Johnson, qui n’a aucune référence et ne semble avoir travaillé nulle part avant, d’être un meurtrier en fuite.

J’ai adoré cet épisode, qui n’entre dans aucune des catégories habituellement utilisées dans l’anthologie. Tout d’abord, il faut saluer la performance de  Joe Maross, aux faux airs d’Eddie Albert. Vous avez sans doute vu la figure bonhomme de Joe Maross car il a traversé toutes les séries des années 50 à 80 (vedette invitée des « Envahisseurs » : « La vallée des ombres ») mais on l’a vu aussi dans « Cannon », « Arabesque », « Mannix », « Hawaii Police d’état », « Banacek », « Wonder woman ». Il incarne ici le héros, Joe Philips, avec une sympathie et une conviction étonnante. Au début, on se croirait dans la mine de « Gold » de Peter Hunt avec Roger Moore. Son partenaire, le tueur présumé Bret, est interprété par le fade Wayne Morris qui n’a qu’une ou deux expressions à son visage. Le troisième personnage de l’épisode, c’est Maria (Anna Navarro) à la fois infirmière et danseuse. Elle incarne, pour l’époque, un rôle de femme bien trop émancipée pour être, dans le contexte, crédible.

Les travaux de la mine vont finir et Joe ne peut se passer de ce partenaire patibulaire comme autre ingénieur, mais il apprend par la radio qu’un tueur est recherché pour avoir assassiné un certain Bronson. Il découvre bien vite que Bret possède un pistolet, aussi Joe ne sentira en sécurité que lorsqu’il aura pu acheter à l’un des ouvriers espagnols une arme.

Ce qui est formidable, dans ce petit film, c’est l’accumulation de faux semblants.  On nous fait  On oublie la mise en scène fauchée par des décors minimalistes et qui sentent le carton pâte et les studios Universal, alors que l’on est censé être dans un endroit coupé du monde. Donc une bonne histoire, qui s’écarte des canons habituels, et un excellent comédien, font de cet épisode une vraie perle. D’après le livre « Les grandes séries américaines des origines à 1970 » chez 8e art, l’opus est inédit. Sur le net, on trouve un titre français, « Une affaire personnelle ». Bon, ce point là n’est pas essentiel, voilà un des meilleurs épisodes de la saison sans que l’on utilise aucune des recettes habituelles de la série.

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16. SOMBRE ISSUE
(OUT THERE, DARKNESS)

Histoire de William O’Farrell.  Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Paul Henreid.

Une veuve riche et égoïste, Miss Fox, qui ne vit que pour sa chienne Vanessa et son intérieur, accuse l’homme qui sort l’animal familier de vol, ce qui entraîne sa condamnation à la prison.

Il aurait été dommage de rater un épisode avec Bette Davis. Cette farce macabre nous présente une veuve, qui se fait étrangement appeler « Miss », qui est à la fois capable de cajoler à longueur de journée un caniche, Vanessa, et de se montrer froide et abjecte avec un brave homme, Eddie Mac Mahon (James Congdon, acteur méconnu mais parfait ici). Cet homme a besoin d’argent pour sa fiancée de 20 ans qui est doit subir une opération dans un sanatorium. Miss Fox rechigne à lui avancer une semaine de salaire d’avance, soit 5 dollars. Mais par-dessus tout, elle tient à son alliance, on se demande pourquoi, car dans le prologue, on comprend qu’elle n’a guère aimé son mari. A sa façon, cette femme est un monstre, et elle en va en créer un.

Eddie demande un prêt de 350 dollars pour l’opération, et elle refuse en lui en donnant seulement  50. Lorsqu’il part dépité, elle tente de le rattraper, mais trop tard. Au fond, Miss Fox vit tellement dans son monde qu’elle ne se rend pas compte de son égoïsme.

Peu après, elle est agressée en promenant son chien, et est persuadée qu’Eddie a fait le coup. On pourra objecter qu’elle a un argument : Vanessa, le caniche, semble avoir reconnu l’homme et ne s’est mis à aboyer qu’une fois sa maîtresse attaquée. Elle propose donc un marché à Eddie : lui rendre l’alliance contre 500 dollars. L’homme refuse, aussi l’accuse-t-elle et il se retrouve condamné par un jury, avant qu’au bout d’un an de prison, l’arrestation du vrai coupable lui rende la liberté.

Miss Fox fait partie de ces gens qui pensent pouvoir tout acheter et tout réparer avec de l’argent. Elle va commettre là une lourde erreur, mais je ne révélerai pas la chute.

Le policier chargé de l’enquête, Kirby (Frank Albertson), est écœuré par l’égoïsme et les façons de faire et de raisonner de la plaignante.

Bette Davis fait son formidable numéro de comédienne, elle est odieuse à souhait d’un bout à l’autre de ce petit film, et le téléspectateur la trouve à la fois haïssable, en tant que personnage, mais vraiment fort douée. Ses partenaires se montrent à sa hauteur pour lui donner la réplique, notamment Eddie Mac Mahon tantôt soumis tantôt indigné. La morale de l’épisode est que l’on peut à la fois être soit même un monstre sans s’en rendre en compte, mais également en créer un par ses agissements.

Un épisode fabuleux.

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17. L’INCENDIE 
(TOTAL LOSS)

Scénario : J.E. Selby. Réalisation : Don Taylor

Jan Manning, qui tient un magasin de mode, fait de mauvaises affaires. Pourtant jeune, elle vient de perdre son mari, et n’a pas su gérer le stock de ses vêtements, ce qui met son entreprise en difficulté.  Mel Reeves, homme peu scrupuleux qui souhaite remplacer le défunt mari, lui suggère d’organiser un incendie pour faire une escroquerie à l’assurance.

Nous retrouvons ici les histoires angoissantes qui ont tant réussi au cinéma à Sir Alfred. Nancy Olson, en héroïne si pudique et si prude, Jan Manning, qu’on a un peu de mal à imaginer qu’elle a été mariée, est la proie d’un vautour, le narcissique et ambitieux Mel Reeves (Ralph Meeker) qui la courtise. Jan pourtant dès les premières images ne se fait aucune illusion. L’homme s’intéresse à son affaire et non à elle. Mais depuis la mort d’Henry, son mari, un an plus tôt, Jan s’est réfugiée dans une vie de nonne avec sa sœur (Barbara Lord) qui dort avec elle dans une chambre aux lits jumeaux. Autre personnage, l’employée Evy, c'est-à-dire Evelyne Wilson (Ruth Storey), qui trouve que Jan a bien de la chance d’attirer le beau Mel.

L’hiver a été clément, et les clientes n’ont pas afflué. Aussi reste-t-il un stock important sur les bras à la propriétaire. Le banquier lui refuse un prêt pour acheter les collections d’été. Mel Reeves profite de la situation pour entraîner dans un bar Jan et la saouler, au propre comme au figuré. Il lui suggère alors de provoquer un incendie criminel.

Pauvre Jan, pourtant si méfiante, elle n’a pas vu venir le danger. Sous l’emprise de l’alcool, elle donne un accord tacite pour l’opération frauduleuse. Mel connaît un voleur qui saura laisser traîner une cigarette imprudemment lors de son forfait. Mais il insiste sur une chose, le livre registre des stocks doit être épargné, il faut donc trouver un prétexte pour que Jan l’ait chez elle avant l’incendie.

L’étau se resserre autour de la malheureuse, et lorsqu’elle est réveillée en pleine nuit, elle se rend sur place, apprenant alors que son employée Evy, ayant oublié d’emporter le registre, est venu le chercher et que cela lui a coûté la vie. Désormais, Mel Reeves, qu’elle ne prisait guère auparavant, lui fait horreur. Un agent d’une compagnie d’assurances entre alors en scène un peu comme le facteur qui sonne toujours deux fois. Avec cet homme, qui a tout intérêt à ne pas payer les indemnités, elle va se montrer franche et lui faire part de soupçons d’incendie criminel. Elle ignore alors qu’elle se met la corde au cou, et la chute, qui devrait pourtant la soulager, va se montrer cruelle pour elle. Car nous sommes ici dans le monde macabre d’humour noir d’Hitchcock et les innocents sont parfois les agneaux jetés au loup.

Le suspense est fabuleux, on pourra juste trouver que Jan a tort de se sous-estimer en tant que femme qui peut plaire à un autre homme en dehors de son statut social et financier. Dans le rôle de l’inspecteur d’assurances Frank Voss, Dave Willock nous rappellerait presque le persécuteur du fugitif Richard Kimble, le lieutenant Gerard. Ralph Meeker est odieux à souhait en dragueur et prédateur, tandis que Nancy Olson est parfaite d’un bout à l’autre en héroïne malheureuse Jan Manning. Elle m’a rappelé un peu, physiquement, Barbara Bel Geddes dans « Sueurs froides », en un peu plus mince.

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18. LE FAUX PAS
(THE LAST DARK STEP)

Histoire de Margaret Manners. Adaptation : William Fay. Réalisation : Herschel Daugherty.

Brad vit aux crochets de sa maîtresse, Leslie, mais il est amoureux d’une femme du monde, Janice, qu’il veut épouser. Leslie ne voulant pas rompre, et avertir Janice, Brad décide de la tuer.

Cet épisode est tout juste moyen, en raison d’un mauvais casting : en effet, l’actrice Fay Spain qui incarne Leslie, romancière qui a pris l’habitude de tout payer à son amant, est une fort jolie femme, et elle est même plus désirable que la trop classique Joyce Meadows, qui interprète Janice. Dès lors, on a beaucoup de mal à comprendre les motivations de Brad (Robert Horton).

L’épisode s’attache à nous montrer toute la machination destinée à entraîner Leslie prendre un bain de minuit sur la plage qui lui sera fatal. Mais post mortem, Leslie a préparé sa vengeance.

« Le faux pas » est totalement anachronique du fait de cette erreur de casting. L’histoire fonctionnerait si Leslie était laide et vieille, mais c’est loin d’être le cas. On perd beaucoup de temps dans la préparation du meurtre, et l’ennui finit par nous gagner En outre, Brad a trouvé un moyen extrêmement compliqué de tuer, qui de plus suppose sa présence et une telle mise en scène qu’elle le prive d’alibi. Leslie a-t-elle compris qu’il allait la tuer sur cette plage isolée la nuit ? Ce que Brad ignore, c’est que la romancière a fomenté de son côté une terrible vengeance contre la pauvre Janice qui n’est pour rien dans le sort qui va lui être réservé.

Bref, le croisement des intentions meurtrières de Leslie et de Brad qui la prend de vitesse est ici improbable. La police intervient bien trop tard dans l’épisode et le téléspectateur sans que l’histoire soit nulle a du mal à se passionner pour ce qu’on lui propose de voir.

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19. LE RÉVEIL DE LA MARIÉE
(THE MORNING OF THE BRIDE)

Histoire de Neil S. Boardman. Adaptation : Kathleen Hite. Réalisation : Arthur Hiller.

Une femme espère que son prétendant va la demander en mariage, mais les  années passent et il trouve toujours des excuses non seulement pour retarder la cérémonie, mais aussi pour éviter de présenter sa mère.

Grosse déception que cette histoire invraisemblable d’un couple qui n’en est pas un, dont la « belle mère » est l’arlésienne. Helen (Barbara Bel Geddes) est amoureuse de Philip Pryor (Don Dubbins). Elle pense qu’il va la demander en mariage et aimerait rencontrer sa future belle mère, qui  est écrivain. Mais le temps, puis les années passent, et la situation stagne : Philip est envoyé à la guerre de Corée, ce qui entraîne une longue séparation, puis prétexte que la santé de sa mère est précaire (son cœur serait fragile). Poussée à bout par sa domestique Pat (Patricia Hitchcock), Helen pose un ultimatum à Philip.

On s’attend à une histoire à la « Psychose » et la montagne accouche d’une souris.  La chute, absolument désolante, n’est pas du tout à la hauteur de ce qui précède. On s’imagine un horrible secret, ce qui est d’ailleurs annoncé dans le résumé du site Imdb.

D’autre part, on comprend mal que la jeune femme, plus toute jeune au bout de quelques années, trouve naturel de rester fiancée à un prétendant si longtemps. Elle n’est pas sa maîtresse. Ce n’est que vers la fin de l’opus que Philip, acculé, accepte de l’épouser, après qu’elle ait annoncé vouloir rompre.

Les personnages, en particulier celui d’Helen, ne sont pas fouillés, n’ont aucune pyschologie, et Barbara Bel Geddes a bien du mal à nous faire croire à cette femme amoureuse si patiente. Si Patricia Hitchcock a un rôle inexistant – elle se contente de passer les plats – Don Dubbins est parfois « ailleurs » en fils qui ne veut pas couper le cordon, mais il ne parvient jamais, à la façon d’un Norman Bates, à nous inquiéter.

Bref, un épisode totalement raté.

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20. THE DIAMOND NECKLACE 
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Sarett Rudley. Réalisation : Herschel Daugherty.

Andrew Thurgood, employé modèle depuis 37 ans chez le bijoutier Maynard, se voit du jour au lendemain congédié parce qu’il est trop vieux. Il est en plus affligé d’être victime d’un vol alors qu’il exerce ses derniers jours de travail.

Claude Rains domine cette comédie. Celui qui fut « L’homme invisible » et le mari d’Ingrid Bergman dans « Les enchaînés », est ici une victime. Alors que depuis trois générations, les Thurgood travaillent pour la fameuse dynastie de bijoutiers Maynard, et que l’actuel Thurgood, Andrew, doit prendre sa retraite dans trois ans, il est brutalement congédié parce que jugé trop vieux. L’homme humilié décide de se venger, alors qu’il est victime d’un vol.

On préfère Claude Rains en méchant qu’en chien battu. La mayonnaise a du mal à prendre de ce fait, car le fidèle employé, tandis que sa famille cumule 117 ans en trois générations d’employés chez le bijoutier Maynard, est brutalement congédié. Le vol qui survient se situe dans les cinq jours restants avant son départ, et semble beaucoup l’affliger. La femme d’un psychiatre, Mrs Rudell (ravissante Betsy Von Furstenberg) ruse avec notre pauvre homme en lui indiquant que son mari veut lui offrir un collier coûteux mais n’a pas le temps de se déplacer. Thurgood sera dupé par une fausse Mrs Rudell dans le cabinet même du psychiatre.

La réaction clémente de son patron est étonnante : la police enquête, et le collier est assuré. Mais Thrugood, qui a pour seule famille sa fille Thelma, est-il vraiment une victime ?

Le scénario original de Sarett Rudley multiplie trop d’invraisemblances, de jeux d’identités, pour que le téléspectateur adhère. On se retrouve devant un produit hybride mi drame humain mi comédie, et les retournements de situations, sans qu’il y ait une véritable « chute » (pour cela Sir Alfred nous fera une révélation dans l’épilogue), plombe tout suspense et toute cohérence. La voleuse, la fausse Mrs  Rudell, n’est pas celle qu’elle  prétend être, la victime si l’on peut considérer le personnage de Claude Rains ainsi, non plus. Et puis voir cet acteur s’effondrer en larmes, quand on l’a vu dans d’autres rôles qui firent sa notoriété, n’est pas très crédible.

Bref, un épisode mi figue mi raisin.

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21. RELATIVE VALUE 
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Milward Kennedy. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Paul Almond.

John Manbridge aime parier sur les courses hippiques des sommes importantes, et pour cela n’hésite pas à voler un chèque à son riche cousin et seul parent, Felix, en projetant à court terme de le tuer.

Quel dommage. Avoir Denholm Elliott au générique et nous proposer un épisode aussi poussif. L’histoire, tournée évidemment aux studios Universal, est censée de passer en Angleterre. John n’a eu qu’un piètre héritage de son père et s’accroche à la fortune de son seul parent survivant, Felix (Torin Thatcher). Il a la passion du jeu et a dérobé un chèque à ce cousin pour satisfaire à sa passion du jeu.

Le fait que Felix pardonne un tel acte, mais dise qu’il portera plainte si cela se reproduit est d’emblée hautement improbable. Ensuite le meurtre est mené d’une façon tarabiscotée, peu crédible, et qui nous laisse perplexe, car l’alibi que se crée l’assassin n’est pas bien astucieux et nécessite une mise en place compliquée. En gros, John doit alerter par ses cris un « bobby » qui passe par là, lequel policier va pénétrer dans la demeure et découvrir le cadavre.

Denholm Elliott a beau être excellent comme d’habitude, dans la mesure où on lui donne à jouer un scénario inepte, il ne sauve pas les meubles. Si le mobile du crime est plausible, sa réalisation et l’alibi sont inconcevables. De plus, lorsque le bobby trouve la lettre selon laquelle Felix se serait suicidé, nous nous retrouvons avec deux causes de morts : un empoisonnement, et un coup de tisonnier d’un voleur qui aurait paniqué.

L’inspecteur (Tom Conway)  n’est pas dupe une minute, mais il ne peut prévoir que le fait d’avoir « tué un mort » (scène qu’il reconstitue avec son sergent, le fameux bobby anglais) a aussi d’autres conséquences si la victime s’est vraiment suicidée par empoisonnement.

Si la chute est « morale », toute la préparation du meurtre est bien trop compliquée pour que l’on évite un bâillement.  On le regrette vraiment pour Denholm Elliott qui méritait mieux.

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22. THE RIGHT PRICE 
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Arthur Hiller.

Mort Barnhardt est marié à la riche et odieuse Jocelyn. Un jour, un cambrioleur, qui se fait appeler « le chat », s’introduit dans la maison. Mort lui propose de tuer Jocelyn.

Voilà sans doute l’un des plus mauvais épisodes de l’anthologie entière, puisque le téléspectateur devine la chute. « Le chat » dont il est question ici n’a rien de la prestance de Cary Grant dans « La main au collet », et nous avons affaire à trois personnages médiocres, que l’interprétation outrancière relève à peine.

Le mari, Mort, est incarné par Allyn Joslyn. Son personnage n’est pas un instant effrayé par l’intrusion d’un cambrioleur armé, interprété par Eddie Foy Jr. Il est vrai que ce dernier ne paie pas de mine, et n’a rien de menaçant. Mort, s’il n’avait pas l’intention de s’en servir pour se débarrasser de son épouse, l’aurait désarmé en deux temps trois mouvements.

Jane Dulo en Jocelyn est caricaturale. Elle en fait trop dans le genre « vieille rombière » et pas un instant on imagine qu’elle ait pu se marier deux fois (elle est veuve). Jocelyn est certes odieuse, elle a de l’argent et son mari « n’aura pas un cent ». Ils ont des lits jumeaux, il veut lire, elle éteint la lumière. Mais l’actrice surcharge tellement le trait que jamais nous n’adhérons à l’histoire.

Le summum du ridicule est atteint lorsque cambrioleur et mari se font surprendre par un policier qui fait sa ronde, Joe, lequel n’est pas crédité au générique ! Dès lors le meurtre devient impossible, Mort ayant présenté « le chat » au policier comme l’un de ses vieux amis.

Bref, si l’on trouve quelques traces d’humour dans cet opus, le manque total de crédibilité du script et l’interprétation médiocre en ruinent l’intérêt. La chute est téléphonée, au point que tout le monde est capable de la deviner. Un gros ratage.

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23. I'LL TAKE CARE OF YOU
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de George Johnson. Adaptation : William Fay. Réalisation : Robert Stevens.

John Forbes, vendeur de voitures, est marié à la jolie mais capricieuse Dorothy. Celle-ci dépense tout l’argent qu’il gagne et a décidé de s’offrir une croisière toute seule en Nouvelle Zélande. John comprend qu’il va perdre cette femme certes belle mais superficielle et qui va le ruiner voire le quitter. Il décide de la tuer et monte un plan machiavélique pour faire accuser un innocent à sa place.

Cette-fois, nous avons affaire à un grand Hitchcock, et Robert Stevens est le meilleur réalisateur de l’anthologie en dehors du maître. L’histoire est tellement réussie qu’elle aurait méritée d’être développée sur un long métrage.

Chaque détail ici compte. Une bande de jeunes étudiants prépare une fête, un carnaval, et propose un « jeu » consistant à démolir une automobile  à coup de massue pour 50 cents les trois coups. Ils demandent donc une vieille voiture à Forbes pour cela qui promet de la leur fournir, c’est son métier. Les scènes du parc à voitures évoquent « Pyschose » lorsque Marion Crane achète un nouveau modèle.

John Forbes, qui a compris que son épouse futile tôt ou tard va le tromper et le quitter après l’avoir ruiné, a planifié un meurtre. Dorothy, qu’il met sciemment en colère, quitte la maison de nuit, tandis que le mari s’est arrangé pour retenir son employé, le malheureux Dad (Russell Collins) dont la femme est malade, boire un verre et regarder la télévision avec lui. John quitte Dad, sachant que Dorothy n’ira pas loin, car il a volontairement omis de faire le plein d’essence. Et sans aucun remords, il écrase l’épouse en espérant que cela sera mis sur le compte d’un chauffard.

Toutefois, il a – dans cet acte meurtrier – endommagé la voiture, et suggère à Dad de la donner aux étudiants pour le carnaval. Deux détectives, qui soupçonnent un meurtre, viennent interroger Forbes et Dad, et les étudiants ne peuvent faire partir la voiture, en panne de batterie. Voilà un moment typique des suspenses Hitchockiens.  Les policiers ont la preuve du crime sous leurs yeux qui ne veut pas démarrer!

L’autre personnage important est la vieille épouse malade de Dad, Kitty (Ida Moore). Ce thème est récurrent dans la série, il n’y a pas de sécurité sociale aux Etats-Unis et les soins coûtent cher. Forbes promet à Dad, en échange d’un alibi, de payer les soins de Kitty.

Les comédiens sont tous prodigieux, il faut dire que le scénario leur permet des numéros éblouissants, ils jouent sur du velours. Ralph Meeker, en mari jaloux assassin et salaud intégral, est parfait. Russell Collins, en victime (il va être accusé du meurtre par les détectives pour avoir donné une voiture neuve aux étudiants au lieu d’une vieille guimbarde) est un habitué de la série. Il incarne ce naïf Dad qui pense devenir l’associé de Forbes à l’issue de l’enquête. Ida Moore en Kitty est une charmante vieille dame savoureuse d’humour (elle est décédée peu après le tournage, en 1964). Seule Elisabeth Frazer, l’épouse volage Dorothy, ne bénéficie pas assez de scènes pour montrer son talent.

La spécificité de cet épisode réside dans le fait que la chute ne se situe pas dans le film, mais dans l’épilogue, on regrette toutefois que ce soit pour une moralisante conclusion sur le fait que « le crime ne paie pas », alors que cet excellent épisode panachait suspense, intrigue policière machiavélique à la façon de « Dial M for Murder » et farce macabre. Mais dans l’Amérique puritaine de 1959, Sir Alfred ne pouvait sans doute pas déroger à certaines règles.

De bons comédiens, une bonne histoire, et nous avons à coup sûr un épisode palpitant. Il est dommage que pour fournir ici 36 (au lieu de 39) épisodes par saison, on nous inflige à côté de tels chefs d’œuvre des épisodes mineurs.

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24. TRAFIC DE BIJOUX
(THE AVON EMERALDS)

Histoire de  Joe Pidcock.  Adaptation : William Fay. Réalisation : Bretaigne Windust.

Scotland Yard  surveille la belle Gwendolyn Evon, jeune veuve, qui ferait du trafic de bijoux entre le Royaume Uni et la France, en l’occurrence avec le très précieux collier Avon. L’inspecteur Benson est chargée de la surveiller.

En voyant Roger Moore aussi brillant dans cet épisode, on maudit deux personnes, d’abord Dana Broccoli, qui suggéra à son mari de choisir Sean Connery, au physique de camionneur, en le voyant dans le film « Darby O’Gil et les fardadets » pour être 007 dans le premier James Bond en 1962, ensuite Roger Moore lui-même, qui  a préféré affadir son talent de 1962 à 1969 avec son interprétation légère de Simon Templar dans « Le Saint », série médiocre aux décors de cartons pâte qui l’écarta longtemps des écrans.

Le problème, avec Roger Moore, c’est qu’il a besoin d’être dirigé, en l’occurrence ici par Bretaigne Windust. S’il est livré à lui-même, il gaspille son talent en cabotinant comme il le fit en Simon Templar et dans plusieurs Bond où il avait passé l’âge du rôle, notamment « Moonraker » et « Octopussy », voire même « L’espion qui m’aimait » où il avait déjà 50 ans.

En 1959, chapeau feutre fixé sur la tête, et dirigé par des gens comme Terence Young, qui ne lui auraient pas permis de se disperser, il aurait été un merveilleux Bond. En 1973, à 46 ans, il était bien trop âgé et affecté de tics pour être autre chose qu’un ersatz de Sean Connery  même s’il fait encore de belles prestations dans ses deux premiers Bond.

Il a ici deux partenaires de poids, au niveau talent : Hazel Court (1926-2008), de « Frankenstein s’est échappé », qui incarne la garce absolue mais à croquer, mais aussi son « chef » Alan Napier en Charles Harrington. Un détail : regardez Roger Moore en tenue négligée, tel qu’il apparaît à la fin de l’épisode, polo et pantalon sportif, on remarque qu’il n’a pas besoin de tous les « chichis » vestimentaires  de Lord Brett Sinclair pour s’affirmer. Bien dirigé, il aurait été un Cary Grant de son époque, alors qu’il ne restera, entre « Le Saint » et ses Bond poussifs, pas grand-chose de lui dans la postérité. Roger Moore, en acteur, m’évoque Sacha Distel en chanteur : ce dernier meilleur guitariste de jazz français en 1956, nous laisse un répertoire rose bonbon inécoutable quelques années après sa mort, alors qu’il aurait pu être un grand crooner s’il n’avait pas choisi la facilité. Erreur fatale aussi de Roger Moore, dont on s’aperçoit des qualités d’acteur dans « Gold » et « Parole d’homme » mais que « Le Saint » et certains Bond nous font ranger dans la catégorie des acteurs de seconde catégorie, tout juste bon à être des gravures de mode. Tant mieux pour Sean Connery, qui avec un physique moins avantageux, a su démontrer lui un réel talent.

L’épisode se déroule en deux temps : le premier étant l’enquête policière « sérieuse », aspect renforcé par l’excellent Alan Napier (« Pas de printemps pour Marnie ») dont le physique et le jeu évoquent irrésistiblement l’américain Murray Matheson (le chef de l’académie Midlands dans « Les envahisseurs : le rideau de lierre »). Le second donne plus dans la légèreté mais Roger Moore n’y étant pas livré à lui-même, son personnage d’Inspecteur Benson devient nettement moins formel pour les besoins de la cause.

En dehors de son aspect avantageux, Hazel Court se révèle une très bonne comédienne, chose qui n’était pas évidente pour une actrice de films d’horreur qui sortie de ce domaine n’a pas fait une grande carrière.

L’épisode ne tombe jamais dans le drame, flirtant entre enquête policière et comédie, mais sans franchir les limites des excès préjudiciables à l’un et à l’autre. Cela démontre que l’anthologie peut exister sans répéter indéfiniment « I’ll take care of you » ou « Crackpot » qui sont certes des suspenses de Sir Alfred superbes mais attendus, et en alternant avec d’autres genres.

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25. LA GENTILLE SERVEUSE
(KIND WAITRESS)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : William O’Farrell. Réalisation : Paul Henreid.

Sans héritière, la riche et âgée Mrs Mannerheim a jeté son dévolu sur une serveuse, Thelma, dont elle a fait sa légataire universelle. Sous l’impulsion de son amant, le musicien Arthur, le couple décide de hâter le trépas de la vieille dame.

Doté d’une excellente chute, cet épisode nous raconte le long empoisonnement d’une femme riche et âgée (80 ans) qui a décidé de léguer tous ses biens à une modeste serveuse, Thelma (merveilleusement bien interprétée par Olive Deering).

L’épisode nous montre les différents états d’âmes des assassins, qui voient la dame continuer à vivre alors qu’elle est malade du cœur. Arthur a savamment étudié la question et mis au point un poison qui ne laisse ni trace ni goût.

L’histoire est aussi une réflexion sur la condition sociale de serveuse. Dans la scène où elle se révolte, Thelma exprime avec pertinence toutes les frustrations de son existence. « Croyez-vous que j’ai choisi d’être serveuse par vocation ? » lance-t-elle courroucée à la généreuse donatrice qui ne veut pas passer l’arme à gauche.

Rick Jason en Arthur a parfois du mal à nous convaincre qu’il puisse passionner Thelma. Le personnage de Sara Mannerheim qu’interprète Celia Lovsky est assez passif pendant les trois quarts de l’épisode, avant de se révolter à la fin pour une broutille, l’absence de lait dans son thé. Le suspense va grandissant jusqu’à la tragédie finale, montrant le désespoir des tueurs à mener à bien leur mission.

Le talent d’Olive Deering parvient à nous faire passer sur quelques longueurs, et à l’arrivée, nous avons un opus de bonne facture, parfait exemple de l’humour noir du maître. Le manque de rebondissements  empêche toutefois l’épisode d’atteindre la perfection. On jurerait cependant que Sir Alfred est derrière la caméra, tant la mise en scène est impeccable.

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26. CHEAP IS CHEAP
INÉDIT EN FRANCE



Scénario d’Albert E. Lewin et Burt Styler. Réalisation : Bretaigne Windust.

Un radin pathologique, Alexander Gifford, a caché à son épouse qu’il avait des économies. Comme il les a obligé à vivre dans la misère, et qu’ils sont mariés sous le régime de la communauté de biens, elle demande le divorce. Gifford pour éviter d’être privé de la moitié de son magot décide de tuer sa femme.

J’ai détesté cette farce d’un bout à l’autre, qui est à « Alfred Hitchcock présente » ce que « Le legs » est à « Chapeau melon et bottes de cuir », en pire. Loin du suspense, nous sommes ici dans une comédie genre Mel Brooks, où absurde et humour noir font peut-être bon ménage, mais laissent un goût amer pour qui n’est pas réceptif à cet humour primaire.

Si vous en voulez un exemple, Gifford se rend au parloir d’une prison pour rencontrer un prisonnier détenu pour son appartenance à la mafia. Il propose un contrat sur la tête de sa femme, et  l’autre le prend pour un policier espion (le prisonnier n’a jamais reconnu les faits). Réplique de Gifford au gardien : « De tels individus devraient être enfermés ». Un peu plus tard, suite à cette entrevue, un tueur contacte le mari, qui pense faire affaire et donne cinq dollars, alors que l’autre lui demande cinq cent dollars.

Tout le reste est à l’avenant. C’est du burlesque d’un bout à l’autre, jusqu’à la chute, que Sir Alfred infirme dans l’épilogue pour sauvegarder la morale où les assassins doivent toujours être punis.

Dennis Day joue sur un mode excessif voire hystérique, ce mari radin. Il n’y a absolument rien à sauver dans cette petite histoire qui faute de capter l’esprit attrape la niaiserie. En tueur prenant en pitié Gifford, Jack Lambert, au physique impressionnant, offre une petite éclaircie humoristique, mais l’on se croit parfois dans un dessin animé. Lambert ressemble à un gangster comme le serait dans un film d’animation un espion avec masque, chapeau et imperméable.

Difficile à supporter jusqu’au bout. Un épisode sérieux candidat au titre de pire épisode des 268 que compte l’anthologie.

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27. THE WAXWORK
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’ A. M. Burrage. Adaptation : Casey Robinson.  Réalisation : Robert Stevens.

Londres, 1954. Un journaliste sur le point d’être congédié doit absolument faire un reportage sensationnel. Il supplie un directeur de musée des horreurs de passer une nuit au milieu de mannequins de cire représentant de célèbres criminels. Mais on l’y enferme et il est claustrophobe.

Barry Nelson, qui fut avant Sean Connery le premier James Bond dans l’adaptation TV américaine de 1954 de « Casino Royale », incarne ici Ray Houston, un journaliste acculé à trouver un sujet sensationnel. Pour ce faire, il fait le siège auprès  de M Mariner (Everett Sloane), le conservateur du musée des horreurs. Ce dernier accepte de lui faire passer une nuit dans le musée à condition qu’il y soit enfermé, car les mannequins de cire ont une grande valeur.

Le gros handicap de cet épisode est d’offrir au public ce qu’il attend, et de ce fait il ne reste au téléspectateur aucune surprise. Tout est téléphoné, la moindre situation prévisible. Ce qui est censé faire peur tombe ainsi à côté de la plaque. Le célèbre égorgeur au rasoir Bourdette, qui a été pendu le matin même, a-t-il réussit à s’échapper et à remplacer sa réplique en cire ?

Barry Nelson, cheveux coupés en brosse, est le parfait symbole de l’américain moyen des années 50, il n’est donc pas une seconde crédible en reporter britannique. La peur, voire la terreur, est censée s’installer au milieu de l’épisode, mais la mayonnaise ne prend pas. Entre cauchemar et réalité, « The waxwork » est toujours sur la limite de l’improbable. On a le sentiment d’être dans un train fantôme ou autre attraction de foire, et la mise en scène de Robert Stevens, habituellement si talentueux, rate tous ses effets.

Il faut dire aussi que l’introduction est beaucoup trop longue, au point que l’on sombre dans l’ennui. Mariner, pourtant déterminé à refuser l’autorisation au reporter de passer la nuit au musée, se laisse fléchir au dernier moment sans aucune raison et le scénario creux ne nous en apporte pas la réponse.

Au lieu de frémir, on s’ennuie ferme.

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28. THE IMPOSSIBLE DREAM
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de John Lindsey. Adaptation : Meade Roberts. Réalisation : Robert Stevens.

Un acteur déchu, Oliver Mathews, devenu alcoolique, en est réduit à jouer dans un mauvais film. Il sait également que sa secrétaire lui ment et invente des lettres d’admiratrices. Une certaine Mrs Dolan accuse alors le vieux comédien d’être responsable de la mort de sa fille qui voulait être comédienne.

Par certains côtés, cet épisode rappelle le canevas du 03-39 « Little white frock », sur le thème du comédien has been en retraite. Ici, c’est Franchot Tone qui s’y colle.

Il n’a plus d’argent, et la mère d’une jeune fille qui fut sa petite amie le fait chanter avec des lettres compromettantes. Cette Mrs Dolan (Mary Astor), qui pourrait sortir des « Misérables » et y tenir le rôle de la mère Thénardier, est parfaitement odieuse. Elle pousse à bout  l’ex-vedette. Ce dernier la tue, mais sa secrétaire, Miss Hall (Carmen Mathews) qui l’espionne, est au courant.

Ce double chantage n’est guère palpitant et l’ennui nous gagne très vite. Entouré de deux tourmenteuses, l’une qui lui reproche la mort de sa fille, l’autre qui est complètement timbrée, ce pauvre Oliver Mathews est loin de goûter une paisible retraite, déjà accablé par sa déchéance dans le monde du cinéma.

On cherche vainement l’intérêt de cette histoire navrante. Il n’y a aucun suspense, en dehors du moment où le meurtrier se débarrasse du corps de la maître chanteuse dans une rivière, et où il est dérangé par un couple d’amoureux en voiture.

En 26 minutes, l’épisode ne parvient jamais à nous captiver. Et après vision, on se dit que c’était une entreprise perdue dès le départ car le scénario est aussi mince que du papier à cigarette. Robert Stevens met bien en scène la séquence où Mathews  jette le cadavre avec des chaînes et une lourde pierre dans l’eau. A part cela, non seulement il n’y a rien à sauver, mais en plus, il n’y a pas de chute ! Sir Alfred bâcle une explication à la va-vite en fin de programme. Il semble que pour cette saison 4, l’inspiration était en panne, puisque déjà seulement 36 sur 39 habituels épisodes ont été tournés.

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29. LE FANTÔME DE BLACKHEAT
(BANQUO’S CHAIR)



Histoire de Rupert Croft-Cooke. Adaptation : Francis M. Cockrell. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Blackheath, près de Londres, le 23 octobre 1903. L’inspecteur Brent, de Scotland Yard, n’a pu, deux ans auparavant, résoudre le meurtre d’une vieille femme, Miss Fergusson, qui a été étranglée. Il est désormais à la retraite mais continue l’enquête et a engagé une actrice pour jouer le fantôme de la victime.

Alfred Hitchcock m’a bien eu. J’allais mettre – en cours d’épisode – une note assez moyenne à son épisode, que je trouvais quelque peu facile. L’inspecteur Brent, sous prétexte de faits nouveaux (mais étant à la retraite, il n’a aucune légitimité pour agir, ce dont personne ne se soucie apparemment) a invité le meurtrier qu’il n’a pu coincer deux ans auparavant. Il sait que le neveu de la victime, John Bedford (Kenneth Haigh,) est le coupable mais ne peut le prouver. L’homme étant le seul héritier, le mobile est tout trouvé. Le jour fatal, il a aussi étranglé le petit chien de sa tante. Donc, on fait aboyer un chien, et aucun des convives rassemblés autour de l’inspecteur et du neveu ne bronche. Le neveu demande si personne n’a rien entendu, les autres étant de connivence disent que non.

Puis, ce sont les apparitions du fantôme. Le dîner a lieu à Blackheath, dans la maison du meurtre. Bien sûr, Bedford croit avoir des hallucinations, alors que c’est logiquement une machination montée par Brent, lequel a engagé une actrice grimée comme la tante. Là-aussi, les deux autres convives et Brent disent ne rien voir. Ce petit jeu dure un peu trop et l’on se dit que Sir Alfred est en baisse de forme et qu’il est en train de se moquer de nous.

Les deux autres convives sont le major Cook Finch (Reginald Gardiner), vieil ami du policier,  et un comédien de théâtre, Robert Stone (Max Adrian), actuellement sur scène dans « Macbeth » et qui a accepté de se prêter au jeu. Un sergent de police, Balton (Tom Dillon) est caché pour procéder à l’arrestation espérée. Le reste de la distribution est composée des domestiques de la maison.

Il était très fort Sir Alfred. Il nous endort avec sa mystification, que le téléspectateur commence à trouver répétitive, et dont l’aboutissement logique devrait être les aveux de John Bedford. Ce devrait être la chute, mais ce ne le sera pas. Car le maître du suspense a décidé de nous glacer d’effroi, et il va y parvenir au-delà de toute espérance, même son « héros », l’ex inspecteur Brent, tremblera de peur, c’est dire.

L’édifice est construit sur tellement d’invraisemblances qu’on ne les compte plus : pourquoi le coupable accepte-t-il d’un policier en retraite qui n’a pu le coincer une invitation à dîner sous prétexte de faits nouveaux ? Pourquoi et comment diable cela peut il se produire dans la maison du meurtre ? Pour quelles raison un acteur Shakespearien en vogue décide-t-il d’aider la police à piéger un suspect ?

On pourra objecter que pour nous glacer les sangs, Sir Alfred a attendu bien longtemps, mais le résultat est là. Le téléspectateur est plongé dans l’effroi, par surprise, au moment où il ne s’y attend pas, ou dirais-je ne s’y attend plus. On constate une fois de plus que ce réalisateur n’avait pas usurpé sa réputation de maître du suspense.

C’est le dernier des dix épisodes de la série dans lequel apparaît l’acteur John Williams, cette-fois en inspecteur Brent. Il a également participé à des long-métrages du maître : « Le procès Paradine », « Le crime était presque parfait », « La main au collet ».

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30. A NIGHT WITH THE BOYS
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Jay Folb et Henry Slesar. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : John Brahm.

Irving Randall perd sa paie au poker et n’ose l’avouer à son épouse. Un policier qui l’interpelle dans la nuit le met en garde contre les voleurs qui sévissent, et il va servir cette fable à sa femme.

Cas de conscience pour notre homme marié imprudent : un jeune de 16 ans a été arrêté par la police et on l’accuse de l’agression et du vol d’Irving. Notre homme est pris entre deux feux : avouer la vérité à son épouse, et accessoirement admettre une fausse déclaration à la police, ou envoyer un jeune innocent en prison.

Mal à l’aise, Irving Randall tente de plaider la cause du jeune auprès du policier : son épouse Francie est enceinte et dans seize ans, ils auront un enfant de cet âge. Randall voudrait que la justice passe l’éponge et pouvoir ne pas déposer plainte.

John Smith, quel nom original ! interprète avec talent cet homme tourmenté, ce menteur mystificateur qui se trouve pris à son propre piège. Joyce Meadows, dans le rôle de Francie, incarne la femme docile et passive de l’époque. Le policier est ému de voir une victime aussi compatissante envers un jeune délinquant.

L’épisode est passionnant dans la mesure où il nous montre qu’une fois certaines barrières franchies, on ne peut revenir en arrière et l’on doit vivre avec ses mensonges. La chute est surprenante, confrontant le menteur avec l’homme qui lui a gagné sa paie au poker, mais spoiler oblige, nous n’en dirons pas davantage.

Les comédiens sont tous parfaits et bien dans leurs rôles. La réalisation fait s’identifier le téléspectateur à un « héros » peu glorieux dont on a envie qu’il s’en sorte. Par rapport à tant d’épisodes faibles, un sans fautes.

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31. LE TÉMOIN
(YOUR WITNESS)



Histoire d’Helen Nielsen. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod

Un avocat renommé, dont le couple est en crise, s’acharne contre un témoin qui a vu un jeune automobiliste griller un feu rouge et tuer une vieille dame.

Cet épisode est dramatique, mais l’on se demande un peu ce qu’il vient faire dans « Alfred Hitchcock présente ». Brian Keith incarne Arnold Shaw, avocat de renom, qui tente de sauver un fils à papa, chauffard, responsable de la mort d’une vieille dame qui traversait à son tour normal au passage clouté. Pour cela, il veut discréditer un pauvre homme, un veuf, Henry Babcock (William Hansen).

Mais vie privée et vie professionnelle se croisent pour le malheur de Shaw, au demeurant personnage peu sympathique, époux infidèle et tyrannique, qui refuse de divorcer, avouant cyniquement avoir de jeunes maîtresses tout en ayant épousé il y a dix ans sa femme Naomi (Leora Dana) pour sa position sociale et sa qualité de fille d’un haut magistrat.

C’est plus une réflexion sur le rôle de l’avocat qui ment ici pour sauver le chauffard mais ment aussi à sa femme qu’un suspense. Il n’y a guère que dans la chute que l’on retrouve le canevas de la série. C’est une bonne histoire, mais à mon avis pas à sa place dans cette série. Notons la performance de Brian Keith en mari repenti qui ment éhontément au début de l’épisode pour reconquérir son épouse, qui pardonne.

Alors qu’il est le témoin, Babcock devient l’accusé du procès. L’avocat n’hésite pas à le dénigrer car il est portier d’un night club, et demande s’il a les faveurs des demoiselles de l’endroit. L’épouse, Naomi, présente à l’audience, comprend alors à quel point son mari est cruel et doué pour mentir. Le destin du témoin et de l’épouse trahie, tous deux victimes d’Arnold Shaw, vont se croiser pour une vengeance commune.

Très bon épisode, mais atypique et pas vraiment ce que l’on attend dans une série qui nous a proposé des suspenses comme « Crackpot », « Breakdown », « Incident de parcours », « Chantage » ou « Banquo’s chair » qui glacent les sangs, alors qu’ici, il s’agit d’un drame psychologique.

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32. UN CAS INTÉRESSANT
(HUMAN INTEREST STORY)



Episode avec  Steve Mc Queen en vedette.

Histoire et adaptation : Fredric Brown, d’après sa nouvelle « The last martian ». Réalisation : Norman Llyod.

Le journaliste Bill Everett doit faire un reportage sur un homme, Howard Wilcox, qui prétend être un martien mort ayant pris apparence humaine.

Servi par deux comédiens exceptionnels, dont l’un n’est plus à présenter, l’autre étant Arthur Hill, vu dans « Les envahisseurs : les sangsues », « Match contre la vie : l’assassin » et « Le fugitif : Mort d’un petit tueur », il ne s’agit pas ici d’une farce mais d’une histoire tout à fait dans l’ambiance de la série « Les envahisseurs ».

Bien entendu, la présence du héros de « L’affaire Thomas Crown » donne un intérêt particulier à cet opus, mais le scénario et la réalisation, orientés vers l’angoisse et la paranoïa, en font un chef d’œuvre.

L’auteur en est un célèbre écrivain de science-fiction, Fredric Brown (1906-1972), maintes fois adapté à la télévision et au cinéma. Il a également publié des romans policiers. Ce sont surtout les européens, bizarrement, qui l’ont adapté au cinéma : « L’ibis rouge » avec Michel Simon, « Vieille canaille » avec Michel Serrault, et le giallo « L’oiseau au plumage de cristal » de Dario Argento. Il a aussi écrit de la SF burlesque comme « Martians go home » qui, en tant que comédie, a été adaptée au cinéma longtemps après sa mort, en 1990, avec Randy Quaid.

« Un cas intéressant » a fait l’objet d’une seconde adaptation  en 1985, dans le remake de « Alfred Hithcock présente ».

Quant à Steve Mc Queen, après les 94 épisodes de « Au nom de la loi », de 1958 à 1961, il n’a plus jamais fait de télévision. Toutefois,  l’épisode qui nous intéresse aujourd’hui fut diffusé le 24 mai 1959, et il devait jouer un autre épisode, que je chroniquerai sous peu, dans la même anthologie, « L’homme du sud », 15e épisode de la saison 5.

Ce qui surprend ici, c’est le sérieux avec lequel l’intrigue est abordée. Il y à cela une bonne raison, mais vous ne la saurez pas, puisqu’elle se trouve dans la chute. A aucun moment, Bill Everett ne se moque de celui qui pourrait paraître pour un hurluberlu, tout au plus remarque-t-on que le journaliste joue au flipper au lieu de se concentrer sur l’écoute du témoignage pour son article.

En héros, Steve Mc Queen ne se départit jamais de son sérieux, il ne se moque pas et n’ironise pas sur l’homme qu’il interroge. Pourtant ce que Wilcox raconte dépasse l’imagination : les martiens sont en train de mourir, ils ne sont plus que 100 millions, alors qu’ils étaient des billions. De plus, morts,  ils se décomposent (comme les humains) alors qu’avant ils se fânaient. C’est un récit d’horreur que nous conte le témoin. On apprend aussi que l’alcool est interdit aux martiens, mais dans son enveloppe humaine, Wilcox entend bien se rattraper puisqu’il ingurgite quatre bières dont deux offertes par Bill Everett, payées par le patron de ce dernier, il faut dire que le journaliste, avant d’interroger le témoin, n’est pas en reste, ayant  dégusté un whisky pour se mettre en forme avant l’interview. Voilà qui ne passerait plus à la télévision politiquement correcte d’aujourd’hui, d’autant plus que Bill fume.

L’épisode consiste en un long échange où Wilcox va tenter de prouver qu’il ne raconte pas des fables, puis l’histoire nous conduit au domicile de l’homme où il rejoint sa « femme terrestre », Elsie (Anne Anderson), qui a peu de scènes à jouer.

Bien entendu, c’est un régal de voir une grande vedette de cinéma avant sa carrière prestigieuse, car le talent de Mc Queen est indéniable et illumine cet épisode. Arthur Hill est également parfait, et la mise en scène sobre de Norman Llyod aide à rendre crédible un script qui sur le papier semblait saugrenu. Un excellent opus.

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33. LE TIROIR SECRET
(THE DUSTY DRAWER)



Histoire d’Harry Muheim. Adaptation : Halsted Welles. Réalisation : Herschell Daugherty.

William Tritt est employé de banque, et vit dans la même pension de famille que Norman Logan, auquel il a escroqué 200 dollars. Depuis l’autre a décidé de le harceler et de se venger.

Ce qui me gêne dans cette histoire de tiroir secret, c’est que le « truc » est tellement évident que personne ne s’en aperçoit. Logan comprend qu’il a été volé par Tritt et découvre, en faisant tomber des bons du trésor sous la table où les clients sont accueillis, la présence d’un tiroir où il va cacher un pistolet. Ainsi, il pourra multiplier les hold-up en toute impunité, faisant passer Tritt pour un fou.

Le tiroir est tellement visible que le téléspectateur est confondu devant la naïveté du directeur de la banque, voire de la sécurité, et même du fait que Tritt ne puisse faire la preuve du subterfuge.

Dick York rejoint ici, par son jeu style comédie, son personnage de mari de Samantha, la sorcière bien aimée. En William Tritt, Philip Coolidge compose un employé de banque bien benêt. Dans cette farce, rien n’est vraisemblable, le ridicule étant atteint lorsque Logan se croit obligé de faire des « strip tease » pour prouver qu’il n’a rien des butins et de l’arme soi-disant imaginaires qu’on lui reproche.

La ficelle est un peu grosse et l’on se lasse vite, d’autant que les mêmes scènes se répètent pendant vingt-cinq minutes.

Bref, un épisode à l’intrigue trop sommaire, qui sombre dans la facilité, et perd vite tout intérêt.

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34. A TRUE ACCOUNT
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Fredric Brown. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Leonard Horn.

Une infirmière, Miss Cannon, qui a épousé le mari de sa patiente, vient consulter un avocat, Paul Brett. Elle pense que, pris sous son charme, son mari, pour l’épouser, a assassiné sa femme malade.

On retrouve ici deux comédiens connus : Robert Webber (« Les 12 salopards ») , qui a connu aussi une carrière européenne (on l’a vu avec Lino Ventura dans « Les séducteurs ») et Ken Smith, le mécène de David Vincent dans « Les envahisseurs », soit Edgar Scoville.

Ken Smith incarne Gilbert Hughes, qui a engagé comme infirmière pour sa femme malade Miss Cannon (Jane Greer). En fait, il en est tombé amoureux et son épouse étant morte, il veut l’épouser.

Mais après le mariage, les choses se gâtent. Hughes se montre bizarrement irascible à propos de l’amitié qui liait Miss Benson à sa colocataire Alice (Jocelyn Brando). Elle se rend compte aussi que son mari n’a pas toute sa raison, il continue de « parler » à sa défunte épouse en se rendant près de son lit de douleur. Miss Benson se demande si elle n’a pas mis les pieds dans la demeure de Barbe Bleue.

La progression dramatique de l’épisode, évoquée en flash back tandis que l’héroïne parle à l’avocat, est intense et  évoque nombre de long-métrages du maître. Hugues meurt subitement, et son épouse pense qu’il s’est suicidé. C’est ce que l’enquête confirme.

Miss Benson, enfin la nouvelle veuve Hughes, confie la gestion de ses affaires à l’avocat qu’elle est venue trouver, Paul Brett (Robert Webber). Là, le téléspectateur commence à se poser des questions lorsque la veuve use de son charme sur l’homme de loi. Nous ne pouvons en dire plus sans raconter la chute, mais la mort « naturelle » de la patiente de l’infirmière et le suicide de son mari sont remis en question. C’est au tour de l’avocat Paul Brett de raconter son histoire au téléspectateur, en lui précisant qu’il est tombé dans un piège qui va lui être fatal.

Cette histoire de mante religieuse aurait pu être plus passionnante avec une actrice plus glamour que Jane Greer. Elle manque de sex appeal pour le personnage. Notons que Jane Greer  (1924-2001) a tourné jusqu’à la fin de sa vie et que l’on a pu la voir dans « Mystères à Twin Peaks », la série « Arabesques » avec Angela Lansbury, ainsi que dans le long métrage de Taylor Hackford « Contre toute attente » dont vous  n’avez sans doute pas oublié la fameuse chanson du film interprétée par Phil Collins.

Un épisode qui aurait mérité quatre étoiles si l’on avait choisi, pour le rôle de Miss Benson, une autre comédienne.

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35. TOUCHÉ
(TOUCHÉ)



Scénario : Bryce Walton. Adaptation : William Fay.  Réalisation : John Brahm

Eternel cocu, Bill Fleming provoque en duel le dernier en date des amants de sa femme, Philip Baxter, sur les conseils d’un jeune garçon dont il s’est pris d’amitié depuis quelques heures et auquel il a confié son infortune.

Nous avons ici un homme assez âgé, que l’épouse trompe régulièrement. Elle n’est plus toute jeune, et n’est pas un canon de beauté.  Il est difficile de savoir pourquoi le mari, Bill Fleming (Paul Douglas) ne demande pas tout simplement le divorce, au lieu de jouer les mousquetaires en provoquant en duel l’amant, Baxter (Hugh Marlowe).

Cette situation initiale rend l’épisode difficilement crédible. Fleming déclare qu’il avait 50 ans quand il a épousé Laura (Doddie Heath) qui en avait 22. Au moment où nous voyons cet opus, Doddie avait 31 ans et Paul Douglas, dont ce fut le dernier rôle, 52. Le comédien mourut cette année-là, mais il faisait beaucoup plus que son âge.

Au début de l’épisode, l’identité du jeune homme auquel s’est lié d’amité Bill Fleming ne nous est pas révélée, il faudra attendre la chute pour la connaître.

On comprend mal qu’un mari cocu chante ainsi son déshonneur à tout vent, et au premier venu. Il fait une fixation sur Baxter, qui n’est pas le premier amant de sa femme, parce qu’il croyait en son amitié, et s’estime trahi.

Le jeune homme et nouvel ami de Fleming sait que ce dernier fut un boxeur célèbre, et ne comprend pas que l’homme outragé se contente de donner une correction à Baxter.

Ce qui devrait, mais l’on s’en rend compte à postériori, une fois vue la chute, attirer l’attention du téléspectateur, est le fait que le personnage du jeune Phil (Robert Morse) n’indique jamais son nom de famille. C’est même lui qui suggère à Fleming de régler l’affaire de l’amant de sa femme avec un duel à l’épée.

En regardant attentivement l’épisode, on se rend compte que Fleming ne connaît pas l’identité du jeune homme, il ne l’appelle jamais ni par son nom, ni par son prénom. Il s’est confié au premier venu. Or, c’est ce jeune freluquet qui lui suggère de provoquer Baxter en duel, car selon les lois californiennes, héritées de la colonisation espagnole, un duel ne le conduira pas à la chambre à gaz.

Dire le nom de famille de ce Phil serait révéler la chute. Fleming est ici victime d’un complot, ayant pour but de lui faire éliminer son rival, mais cela au profit (pécuniaire) de quelqu’un.

Intrigue astucieuse, mais il faut le dire, quelque peu tirée par les cheveux. L’opus atteint tout juste les deux étoiles pour l’originalité de l’histoire, même si elle manque de véracité.

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36. INVITATION TO AN ACCIDENT
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Wade Miller. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Joseph Pond, qui vient d’épouser la ravissante Virgilia, se rend vite compte qu’elle n’est pas un modèle de vertu et qu’elle n’a pas vraiment rompu avec ses anciens amants.

Dans cet ultime épisode de la saison 4, l’enquête est menée par Albert Martin (Alan Hewitt), qui aurait normalement dû épouser Virgilia (Joanna Moore), laquelle est devenue l’épouse de Joseph Pond (Gary Merrill, un comédien habitué de cette anthologie). Virgilia a d’ailleurs un amant, Cam (Peter Walker), mais elle se donne tellement en spectacle avec Albert Martin que le mari se fait de fausses idées.

C’est tout de même une situation originale : l’ex boy friend  qui se demande si le mari ne provoque pas des accidents destinés à tuer l’épouse qu’il a jadis aimée. Il commence une enquête, et accepte de partir en camping, seul, avec le mari. Entreprise dangereuse, et à laquelle il aurait dû réfléchir avant.

Gary Merrill se révèle brillant, mais peine à redresser une intrigue plutôt bancale dès le début. On regrettera une fois de plus l’aspect moral de la conclusion qui nous est livré non dans la chute mais dans l’épilogue racontée par Sir Alfred.

Ce qui paraît incongru, dans cet ultime épisode, c’est l’importance accordée au personnage du bon samaritain Albert Martin. S’il aimait tant Virgilia, pourquoi ne l’a-t-il pas épousée quand elle était libre, au lieu de jouer les anges gardiens ensuite ?

Gary Merrill (1915-1990), qui a figuré dans cinq épisodes de l’anthologie Hitchcock (On le reverra dans la saison 6, épisode 8, « Il faut que jeunesse se passe »), a joué dans « Eve » de Joseph Mankiewicz, mais il est surtout connu pour ses apparitions en guest-star dans des séries populaires (« Au-delà du réel », « Kung  fu », « Cannon », « La quatrième dimension », « Au cœur du temps »).

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Images capturées par Patrick Sansano.

Saison 2Saison 4

Alfred Hitchcock Présente

Saison 3

20. Le Mauvais Cheval  (On the Nose)

21. L’Invité du petit déjeuner (Guest for Breakfast)

22. Return of the Hero – Inédit en France

23. La Maison idéale (The Right Kind of the House)

24. La sirène de brume (The foghorn)

25. Barbara (Flight to the East)

26. Arsenic et Vieilles Demoiselles (Bull in a China Shop)

27. Le défunt se porte bien (The Disappearing Trick)

28. L'inspecteur se met a table (Lamb to the Slaughter)

29. L'Homme des statistiques (Fatal Figures)

30. Death Sentence – Inédit en France

31. The Festive Season – Inédit en France

32. Listen, Listen… – Inédit en France

33. Post Mortem – Inédit en France

34. La Valise en crocodile (The Crocodile Case)

35. Le Plongeon (Dip in the Pool)

36. Une bonne cachette (The Safe Place)

37. La Voix (The Canary Sedan)

38. The Impromptu Murder – Inédit en France

39. Little White Frock – Inédit en France



1. L'ŒIL DE VERRE
(THE GLASS EYE)



Histoire de John Keir Cross. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Robert Stevens.

Jim Whitely et sa femme Dorothy mettent de l’ordre dans les affaires de leur tante Julia qui vient de mourir. Ils trouvent un œil de verre. Jim raconte à son épouse le passé de la tante.

Bien que l’épisode comporte dans les premiers rôles William Shatner, il n’était pas en 1957 célèbre comme Capitaine Kirk, et la distribution met en évidence Jessica Tandy.

La tante Julia, une vieille fille, était tombée amoureuse d’un artiste de music hall, le ventriloque Max Collodi.

Le gros problème de cet épisode est que l’intrigue se traîne jusqu’à la chute qui est du genre horrifique. Le reste du temps, « l’œil de verre » est l’histoire pathétique d’une groupie avant l’heure. Bien entendu, et la diffusion française de cet opus parmi tant d’inédits tend à le montrer, on attend William Shatner. Mais il ne sert ici que de faire valoir à Jessica Tandy.

On est donc un peu déçus par cet épisode.

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2. LE COURRIER PROPHÉTIQUE
(THE MAIL ORDER PROPHET)

Histoire d’Antony Ferry. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : James Neilson.

Un soi-disant voyant écrit à un employé de bureau pour lui prédire le futur et l’encourager à faire des paris.

Rien n’a changé depuis 1957. Aujourd’hui, par mail, nous recevons des propositions de voyants et médiums qui nous promettent la fortune. C’est ce qui arrive à Ronald J Grimes, un employé, agent de change. Les deux premières prédictions annoncées s’avérant exactes (la défaite d’un politicien, celle d’un champion de boxe), il va voler 15 000 dollars en titres au porteur à la compagnie pour laquelle il travaille pour acheter des actions qui devraient prendre de la valeur contre toute attente.

Bien sûr, cet épisode préfigure « Psychose » et le vol des 40 000 dollars par Marion Crane. Avec le même sens du suspense, Hitchcock nous propose ici l’employé modèle qui  « craque » et vole pour faire l’achat d’actions.

A ses côtés, l’employé et ami George Benedict tente de le dissuader de commettre l’irréparable. Mais l’espoir de sortir d’une condition médiocre, l’appât du gain sont le plus fort pour Ronald qui dans le cas d’un échec , pour parer au déshonneur et ne voulant pas terminer sa vie à Sing Sing a prévu du poison et une lettre testament en cas de perte.

Marion Crane, Marnie, ici Ronald, Hitch aime les personnages qui mettent leur vie en jeu en risquant le tout pour le tout et en dérobant des sommes d’argent faramineuses. E.G. Marshall en héros looser kamikaze et Jack Klugman, le futur « Quincy » de la série policière en George Benedict sont les deux seuls protagonistes de cette histoire angoissante. Un léger manque de rythme empêche cependant de mettre la note maximum, mais l’on passe un bon moment.

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3. CRIME PARFAIT
(THE PERFECT CRIME)

Histoire de Ben Ray Redman. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Alfred Hitchcock.

A noter que l'épisode 1-24 s'intitule aussi "le crime parfait" !

Charles Courtney, détective prétentieux, est fier de ne s’être jamais trompé, jusqu’au jour un avocat vient lui démontrer le contraire.

Episode proposé par le coffret français, nous découvrons d'emblée l'aspect fantasque d'Alfred Hitchcock, ici déguisé en...Sherlock Holmes. "Bonjour mesdames et messieurs, et bonjour Watson si vous m'écoutez".
Hitchcock présente l'épisode costumé en Holmes (pas celui de Conan Doyle ou de la série Granada, mais celui que l'inconscient collectif a retenu, nous n'allons pas chipoter), et pour montrer qu'il ne se prend pas au sérieux, il envoie au téléspectateur des bulles de savon.

Vincent Price est à l'affiche de cet épisode. Il est ici le pédant Charles Courtney, un détective qui se vante de n'avoir jamais fait une seule erreur. Il vit dans une grande et confortable demeure entourée de statues. Mais un jour se présente, de retour d'Europe, un avocat, John Gregory (James Gregory, vu dans "Mission Impossible"). Ce dernier vient le confondre et menace de révéler au monde que pour satisfaire sa vanité et ne pas faillir aux yeux du monde à sa réputation, il a laissé volontairement condamner à mort un innocent. L'exécution a eu lieu pendant que Gregory était en Europe.

Qu'à cela ne tienne ! Courtney assassine le visiteur importun et découpe le cadavre dont il va mettre les morceaux dans autant de statues qu'il possède.

Si Courtney n'est pas arrêté en notre présence, Sir Alfred nous rassure en épilogue. Le coupable a bien été arrêté.

Les scènes de flash back montrant le vrai coupable, (une femme, dont le mari s'est accusé de la faute) insérées aux échanges savoureux entre Price et Gregory, constituent un ensemble plaisant. C'est le maître du suspense qui est derrière la caméra, et l'on reconnaît sa patte. 

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4. L’ENGRENAGE
(HEART OF GOLD)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Robert Stevens.

Un jeune homme, Jackie, libéré sur parole, se rend dans la famille de son meilleur ami codétenu. Il est mal accueilli par le frère, mais la mère le prend sous sa protection.

Je n’ai pas aimé cet épisode, mélodrame assez insupportable qui suit une introduction fort réussie de Sir Alfred dont les présentations deviennent de plus en plus drôles et délirantes (ici une scène avec une actrice liée sur un tapis roulant avec une scie qui rappelle Emma Peel plus tard dans « Caméra meurtres »).

Ensuite, malgré de bons comédiens (Nehemiah Persoff en frère alcoolique et brutal du codétenu, Edward Binns en agent de probation), c’est jusqu’à la chute une histoire assez misérabiliste sur le pauvre jeune homme qui s’est laissé entraîné dans le banditisme – le titre français est assez éloquent – et n’a fait que servir de conducteur lors d’un hold-up. Dans le rôle de Jackie, Darryl Hickman en fait des tonnes dans le genre « Premier communiant » sur le dur chemin de la rédemption.

On s’ennuie vite, il n’y a pas de suspense, on se croirait dans le mélodrame « Les Mystères de Paris ». Henry Slesar à l’origine du récit adapté ici est pourtant un bon scénariste. Il a notamment travaillé sur la série « Match contre la vie » avec Ben Gazzara. « L’engrenage » nous montre à quel point cette anthologie est inégale d’un épisode à l’autre.

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5. LE TÉMOIN SILENCIEUX
(THE SILENT WITNESS)

Histoire de Jeanne Barry. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Un professeur s’est laissé entraîner par une aventure avec l’une de ses (jolies) étudiantes. Elle le menace de détruire sa vie s’il ne divorce pas. Il l’étrangle. Le seul témoin du crime est un bébé.

Certes, nous sommes en 1957 et l’on ne divorçait pas comme cela. Mais l’on se demande vraiment pourquoi le professeur Mason (Don Taylor), qui fait infiniment plus âgé que ses trente-sept ans (enfin ceux de l’acteur), n’a aucun charme particulier, a épousé une femme sans charme et peu attirante (Nancy, jouée par Pat Hitchock), a fait pour séduire une fille canon comme Claudia Powell (Dolores Hart, mais j’ai bien cru au départ qu’il s’agissait de Katherine Justice à laquelle elle ressemble). Et pourquoi donc il ne saisit pas l’occasion de fuir avec la belle au lieu de l’étrangler.

L’épisode tourne autour du bébé qui a assisté au meurtre, puisque Claudia faisait du baby sitting. Un véritable suspense s’instaure car l’enfant de quatorze mois reconnaît l’assassin et est sur le point de prononcer ses premiers mots.

Palpitant d’un bout à l’autre, même si l’on regrette la sortie de scène précipitée de la très sexy Dolores Hart, « Le témoin silencieux » semble avoir été filmé par le maître. Les gros plans sur le visage de l’enfant sur le point de se réveiller alors qu’inopinément, le meurtrier se trouve obligé de le garder, ont la patte de Sir Alfred. Cette histoire outre le suspense reflète la morale puritaine de l’époque. Bien que Don Taylor n’ait rien d’une gravure de mode, on lui fait repousser les avances d’une autre étudiante, jouée par une jolie blonde (Theodora Davitt), ce qui laisse supposer que les jolies élèves du professeur avaient besoin de consulter d’urgence un ophtalmo. Le jeu du chat et de la souris entre le criminel et le bébé évite l’écueil du malsain, et nous avons notre compte d’émotions fortes, même s’il est difficile de s’identifier à Mason.

Un excellent épisode.

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6. ON OFFRE UNE RÉCOMPENSE
(REWARD TO FINDER)

Histoire de F.J. Smith. Adaptation : Frank Gabrielson. Réalisation : James Neilson.

Un homme rustre, Carl, découvre un portefeuille contenant 5200 dollars. Il refuse de partager avec son épouse, ni de rendre l’argent en téléphonant à l’annonce du journal qui offre une récompense.

5200 dollars en 1957 devaient constituer une fortune. On imagine que chacun de nous serait embarrassé s’il trouvait un portefeuille plein sans aucune mention du propriétaire.

Joué comme une pièce de théâtre (unité de lieu et d’action), « On offre une récompense » est passionnant dans un autre genre que le suspense. Notre couple vedette, Carl un alcoolique,  Anna son épouse fânée, connaissent le malheur avec la fortune. Ils évoquent les paumés des « Raisins de la colère » de Steinbeck.

Cet argent les culpabilise car ni l’un ni l’autre n’ont répondu à l’annonce. Et cela a réveillé en eux des démons intérieurs insoupçonnés. Les comédiens jouent à merveille ce qui semble bien être, de mémoire, la première contribution de Frank Gabrielson à la série. Jo Van Fleet et Oskar Homolka ne sont évidemment pas glamour. On les situerait plutôt chez les Thénardier. La chute est atroce, abominable, mais l’on se gardera bien de la révéler.

L’épisode ayant été diffusé en VF, choix parfaitement justifié, certains téléspectateurs ne l’ont peut être pas oublié.

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7. ASSEZ DE CORDE POUR DEUX
(ENOUGH ROPE FOR TWO)

Histoire de Clark Howard. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid

Joe vient de purger une peine de prison après avoir dérobé 100 000 dollars sans jamais révéler leur cachette. Il retrouve ses anciens complices, Madge (qui fut sa maîtresse) et Maxie.

On retrouve dans cet épisode Steven Hill, le premier patron de l’équipe de « Mission Impossible » avant Peter Graves.

Encore une histoire de gros sous qui provoque le malheur. Joe veut retrouver le magot qu’il a caché dans le désert et se venger. On retrouve le décor des années 50 avec les grandes berlines américaines aux formes arrondies, la station service comme celle du vendeur de voitures dans « Psychose » trois ans plus tard, et avec indulgence, les vues  filmées à l’économie dans la Jeep avec le décor qui se déroule sous forme de film en arrière plan.

Ici, Steven Hill nous rappelle un autre comédien, Harold J. Stone, leurs physiques se ressemblent. En grande forme, cette saison 3 commence par un sketch hilarant et typiquement british de Sir Alfred, qui nous présente une corde qui obéit à un charmeur de serpents et se dresse.

Le reste de l’épisode est typiquement américain : la vente d’armes libre qui favorise les meurtres, les trahisons successives qui se terminent dans le sang comme dans les western. C’est un excellent polar plus qu’un suspense. On ne s’ennuie pas une seconde. Ce type de décors désertiques fera plus tard le bonheur de séries comme « Les Envahisseurs ». Dans le rôle de Madge, Jean Hagen est un peu trop enrobée pour figurer la femme fatale. Mais l’ensemble est excellent.

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8. DERNIÈRE VOLONTÉ
(THE LAST REQUEST)

Histoire d’Helen Fislar Brooks. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Un gigolo, condamné à la peine capitale, écrit depuis le couloir de la mort le récit de sa vie et les circonstances qui l’ont amené là.

Le format 25 minutes permet ici de développer un polar sans temps mort, qui nous donne notre dose de frissons, sans jamais faiblir. Harry Guardino en gigolo play boy n’a peut-être pas le physique de l’emploi, mais il s’en donne à cœur joie, entouré d’une solide équipe de comédiens, pour nous épater. Il incarne Gerry Daniels, un antihéros qui d’emblée avoue trois meurtres et nous les relate. Mais les choses ne sont pas si simples, et le voyou sait nous captiver.

Dettes de jeux, vamps aguichantes, règlements de comptes, c’est une valse qui donne le tournis. Notons que l’une des actrices, Jennifer Lea, qui incarne une femme adultère Nancy Judson, a une vague ressemblance avec une princesse de Monaco, et chez Hitchcock, cela ne peut être une coïncidence.  Déflorer l’intrigue pour ceux qui ne l’ont pas vue serait un crime, mais assurons le lecteur qu’il en aura pour son argent. Gerry est à la fois un chanceux qui force trop le destin, mais aussi un pion qui se fait broyer par un système dont il a maintes fois contourné les règles. Sans remords, il séduit les femmes, célibataires ou mariées, timides ou pas, les tue à l’occasion, au besoin avec leur mari. Il se sert des femmes pour échapper aux bookmakers, mais elles le lui rendent bien en l’envoyant dans le couloir de la mort.

En 1957, le sketch du début (Sir Alfred bouillant dans une marmite de cannibales) ne se heurtait pas au politiquement correct. On rit beaucoup au début et à la fin, car les présentations du maître de cérémonie bénéficient de mises en scène de plus en plus élaborées. La fin de l’histoire vous donnera envie de dormir toutes lumières allumées, ce qui n’est pas anormal puisque le générique précise qu’elle a été publiée auparavant dans le « Alfred Hitchcock Mystery Magazine ».

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9. LA GAMINE
(THE YOUNG ONE)

Histoire de Sandy Sax et Philip S Goodman. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : Robert Altman.

En avance sur son âge, Janice voudrait se débarrasser de la lourde tutelle de sa tante et vivre sa vie. Mais les hommes voient en elle une enfant.

Episode réalisé par le grand Robert Altman.

Malgré la présence de l’excellente Carol Lynley (« Bunny Lake a disparu »), le récit, trop sulfureux pour cette époque et surtout pour la télévision, ne décolle jamais. Janice apparaît plus comme une fille hystérique qu’une Lolita, et les sous-entendus sexuels (Elle se jette au coup du premier venu, Tex, déçue d’être la petite amie du trop sage Stan) sont noyés dans la morale qui jette le voile pudique de la folie comme seule explication aux agissements de la fille.

Janice n’est pas prise au sérieux. Brimée par sa tante, elle feint d’être prête à partir et courir l’aventure, mais tant Stan, à qui elle reproche de trop attendre, que Tex, homme adulte, qui se méfie du détournement de mineures et voit surtout en elle une enfant, ne veulent transgresser les interdits.

Il s’ensuit un affrontement entre la tante (jouée par Jeanette Nolan, moins vieille sorcière que de coutume), et pendant ce temps, le téléspectateur s’ennuie. Signe prémonitoire : le sketch de présentation de Sir Alfred n’est pas drôle, ce qui augurait mal de la suite.

Le suspense est tardivement amené dans l’épisode, et la chute ne nous surprend guère. Vince Edwards en Tex n’est pas très convaincant, semblant ne pas croire à son personnage auquel il ne donne aucune épaisseur. Stephen Joyce en Stan, le « boyfriend » boyscout, est transparent, et Carol Lynley se retrouve bien seule, sans partenaires à sa hauteur pour lui renvoyer la balle. Dommage.

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10. CORPS DIPLOMATIQUE
(THE DIPLOMATIC CORPSE)

Histoire d’Alec Coppel. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Trois anglais font une escapade au Mexique. Les Wallace mari et femme, et leur tante qui a la malchance de mourir en route. La voiture est alors volée avec un corps qu’il est indispensable de présenter pour le neveu afin d’hériter.

Le problème de cet épisode est qu’il est prévisible du début à la fin. Le téléspectateur devine la chute, preuve que le script n’est pas très fouillé. Alors en fin de carrière, Peter Lorre n’est plus que l’ombre de lui-même en détective privé mexicain escroc, et cabotine à outrance. Un jeune George Peppard, quatre ans avant « Diamants sur canapé » et quinze avant « Banacek », tient le rôle du jeune premier, mais il affiche un air niais durant tout le métrage qui perturbe quelque peu le téléspectateur.

« Corpse », faux ami, signifie en anglais « Cadavre » et jamais « Corps ». Le jeu de mot n’est donc compréhensible qu’en français.

Tournant à la grosse farce façon « L’Armoire volante » avec Fernandel, l’épisode est une fausse bonne idée. Certes, il y a des références à l’œuvre d’Hitchcock, comme le monastère qui rappelle « Sueurs froides », la présence de Peter Lorre (« L’Homme qui en savait trop », « Quatre de l’espionnage ») mais en absence de suspense et avec un ton de comédie éventée, on s’ennuie vite. L’épisode accumule les clichés et le spectateur devine à l’avance chaque nouvelle situation qui ne surprend que le « héros » Evan Wallace/George Peppard.

On mettra deux étoiles pour quelques instants de comédie  qui surnagent dans le marasme. Il est expliqué au début que la tante (jouée par Isobel  Elsom) dispose d’un visa pour les USA non valable si elle quitte le territoire et que son neveu et sa nièce sont naturalisés américains, d’où les efforts pour la convaincre de ne pas franchir la frontière dont elle ne profitera pas longtemps. Le Mexique est vraiment présenté comme un pays sous-développé qu’Hitch, en sombrero, dans le prologue caricatural, présente comme une destination exotique. La misère transparaît dans plusieurs scènes, comme celle du petit voleur de voiture si vulnérable et véritable jouet entre les mains du détective véreux qu’incarne Peter Lorre.

Un opus très moyen.

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11. CHANTAGE
(THE DEADLY)

Histoire de Lawrence Treat. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Un plombier d’apparence affable perd un temps fou chez ses clientes, et tente ensuite de les faire chanter en misant sur la jalousie de leur mari.

Meilleur épisode des saisons étudiées avec « Crackpot », cette histoire, véritable cauchemar sorti tout droit du quotidien, vous fera regarder votre plombier d’un autre œil.

Lee Philips, qui joue le plombier Jack Staley, n’a pas, au premier abord, le physique inquiétant de Norman Bates ou du bon docteur Hannibal Lecter. S’il suscite en nous la terreur, c’est qu’il est le voisin de palier lambda, l’homme dont on ne se méfie pas, et par qui le drame arrive. Avec une carrière centrée sur la télévision, il n’est pas très connu, et aurait bien mérité un autre parcours, car sans son jeu parfait, l’édifice s’écroulerait.

Jack Staley n’hésite pas ici à s’attaquer à la femme d’un avocat. Il n’a peur de rien, ni de l’échec, ni de la police représentée par le sergent Thompson (Frank Gerstle, excellent), car il sait son chantage sans failles. Son stratagème est tellement bien mis au point qu’il sévit depuis des années dans la même petite communauté sans attirer l’attention, ce que dira le sergent à l’héroïne, Margot Brenner (Phyllis Thaxter). « Il n’y a jamais eu de plaintes déposées contre lui ».

Connaissant le vieil adage « Parlez-moi de moi, il n’y a que cela qui m’intéresse », Staley commence par flatter ses victimes. Ici, il flatte Margot sur une peinture qu’elle a faite, à laquelle il donne des attributs éloquents et fictifs, sauf que ce tableau se trouve dans la chambre à coucher, comme le manteau de vison de la dame.

Jack Staley est plus diabolique que Norman Bates car il est pourrait être votre collègue de travail, votre voisin, votre … plombier !

Il n’y aurait pas de justification à l’épisode si le système Staley devait infiniment perdurer. Pour savoir comment il peut être contré, il y a la chute, et pour cela, il faut voir l’épisode.

C’est la première fois qu’un plombier va vous terrifier autrement qu’en présentant sa facture !

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12. LE CHAT DE MISS PAISLEY
(MISS PAISLEY’S CAT)

Histoire de Roy Vickers. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Justus Addiss.

Emma Paisley, une femme âgée, a trouvé son bonheur avec un chat, Stanley, qui a pris l’habitude de voler la nourriture chez un voisin bookmaker, Rinditch. Un jour, ce dernier tue le chat et la vieille dame jure de se venger.

Nous sommes ici dans l’humour noir typiquement british. Emma Paisley (Dorothy Stickney) semble sortir de « Arsenic et vieilles dentelles ». Elle s’accuse d’un meurtre mais le policier, l’inspecteur Braun (Raymond Baisley) ne la croit pas, et c’est le concierge de l’immeuble, dont le mobile aurait été le vol, qui est arrêté.

Cet épisode vaut surtout pour la prestation de Dorothy Stickney, ici une vieille femme adorable et un peu folle. Le scénario passe au second plan. Le chat (comme dans le roman de Simenon et le film de Pierre Granier Deferre avec Gabin et Signoret beaucoup moins drôle), est le symbole de la détresse et de la solitude de personnes âgées et attendrissantes.

Le scénario qui insiste sur la personne s’accusant d’un meurtre au point de ne plus être crédible a été vu souvent ailleurs. C’est la réalisation et l’interprétation qui retiennent dès lors l’attention. La chute est savoureuse, à condition de goûter le nonsense et l’humour noir. Par contre, le contexte n’est pas propice au suspense. Ce n’est pas le but recherché ici. Un épisode à voir, mais qui ne permet pas de s’extasier devant et de crier au génie.

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13. LA NUIT DE L'EXÉCUTION
(NIGHT OF THE EXECUTION)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Justus Addiss.

Warren Selvy, avocat général, échoue dans toutes ses réquisitions pour envoyer les coupables à la chaise électrique. Son beau-père et son épouse sont déçus car il avait un brillant avenir en politique. Un jour, Warren tient enfin sa revanche.

Episode savoureux, plein de suspense, qui repose entièrement sur les épaules de Pat Hingle, vu dans « Le Fugitif » et « Les Envahisseurs ». Il est ici Warren, un procureur qui doit absolument avoir la tête d’un homme, coupable ou non.

Car Rodman, qu’il a convaincu de meurtre au premier degré, va passer à la chaise électrique, tandis qu’un vieil ivrogne, Barnes (Russell Collins) vient tout compromettre en s’accusant du meurtre. Face à cet aveu de dernière minute, l’épouse de Warren est claire : « C’est Rodman ou nous ».

Histoire particulièrement atroce et bien dans l’esprit de celles de cette anthologie, avec une chute qui ne décevra pas, « La Nuit de l’exécution » est un sans faute. Le script d’Henry Slesar est d’ailleurs paru dans le magazine du maître.

On explore ici les arcanes de la politique américaine peu reluisante, où la fin justifie les moyens, où seule l’apparence compte. Méprisé par ses pairs au début de l’épisode, considéré comme un raté, Warren trouve grâce le jour où il obtient une condamnation à la peine capitale et la voie royale pour une place au Congrès.

Le beau-père, le juge Vance (Harry Jackson, acteur récurrent dans « Perry Mason ») ainsi que sa fille Doreen (Georgann Johnson) sont odieux et méprisants  à souhait. Ce n’est pas un réquisitoire contre la peine de mort, loin de là, mais un suspense bien agencé avec des enjeux de pouvoir et un gros cas de conscience. Un très bon opus.

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14. POURCENTAGE
(THE PERCENTAGE)

Histoire de David Alexander. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : James Neilson.

Un homme, vétéran de la guerre de Corée et fort riche, recherche un de ses camarades de combat devenu réparateur de télé. Il veut avec son argent effacer sa couardise.

Dès le début, on sent que cet épisode va être raté. Le principe même de l’intrigue est complètement idiot, et le jeu hystérique d’Alex Nicol, le riche vétéran, est difficile à supporter. Si les sketches d’introduction et de fin du maître sont drôles, l’épisode lui est d’un ennui mortel, et part sur des postulats invraisemblables, bancals. Cet Eddie Slovak pourrait rester un héros de la guerre de Corée même si c’est un lâche, mais il lui a fallu engager un détective pour retrouver le réparateur TV Pete Williams, homme content de son sort et sa petite vie simple.

On n’entre jamais dans le récit qui s’enlise très vite dans  l’absurde. Les romances qui naissent avec les épouses de chacun des protagonistes de ce « drame » ne font que surcharger un épisode pénible à supporter jusqu’au bout. Seule Nita Talbot, en épouse du dépanneur télé cédant vite à des rêves de richesse, tire son épingle du jeu. En fait de « pourcentage », c’est plutôt un naufrage.

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15. LE RÉVEILLON MANQUÉ
(TOGETHER)

Histoire d’Alec Coppel. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Robert Altman.

Marié à une femme riche, Tony Gould a une jeune maîtresse qui un soir de Noël veut l’obliger à révéler leur liaison. Gould tue la fille, mais se retrouve enfermé avec le cadavre dans un bureau.

Genre d’épisode qui vous fait regretter de ne pas zapper « Alfred Hitchcock présente » au profit de « La Quatrième dimension ». Jugez du gâchis : Robert Altman est derrière la caméra, l’antihéros du meilleur long métrage de tous les temps de Sir Alfred « L’Ombre d’un doute », Joseph Cotten, est le meurtrier. Et malgré cela, nous avons un épisode, non un réveillon, raté.

Si  Cotten était majestueux en Oncle Charlie, il est ici un criminel d’occasion, emprunté, amant d’une gamine jouée par l’improbable Christine White. Si l’on ne voit jamais la légitime de Gould, on doit subir son meilleur ami, Charles (insupportable Sam Buffington, qui cabotine du début à la fin).

On ne croit pas un instant au suspense, et d’ailleurs quelle compassion le téléspectateur peut-il éprouver pour un meurtrier pris au piège ? Christine White est une Shelley manquant de maturité et a des airs de petite fille, loin d’une sulfureuse maîtresse. Cette erreur de casting plombe l’histoire dès le début. Bel homme, magistral, élégant, Cotten n’a pas du tout le profil de l’amant de Shelley. L’épisode sombre dans le comique involontaire lorsque Gould, pour se sortir de ce mauvais pas, choisit d’alerter une voisine, un laideron repoussant qui prévient la police.

En fait, l’histoire d’Alec Coppel qui ne tient pas la route, et un casting déplorable entourant le génial Joseph Cotten font de cet opus un des plus grands désastres de l’anthologie.

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16. SYLVIA
(SYLVIA)

Histoire d’Ira Levin. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Hershel Daugherty

Un père riche protège sa fille d’un mari gigolo intéressé uniquement par l’argent.

Encore un épisode raté.  Nous avons ici la traditionnelle histoire de la pauvre petite fille riche pas très débrouillarde qui se laisse épouser par un gigolo. Plein de bonnes intentions, le père, John Leeds (John Mc Intire) éloigne l’importun à coup de dollars. Mais il ne se rend pas compte qu’ainsi, il étouffe sa fille, Sylvia (Ann Todd).

Jamais on ne parvient à se passionner pour cet opus sans suspense, qui ne prend pas le temps, comme « Pas de printemps pour Marnie », d’étudier la névrose de Sylvia Leeds. On doit se contenter de brèves conversations entre le père et le psychiatre, le docteur Jason (Raymond Bailey), tenu par le secret professionnel.

Peter Kent (Phillip Reed), le mari intéressé, n’est pourtant pas un tombeur, et malgré ses grosses lunettes peu glamour, Sylvia est une femme désirable qui ne devrait pas avoir besoin d’attendre longtemps pour être courtisée. On note au détour d’une conversation quelques notes incestueuses dans la façon dont Sylvia réclame à son âge (c’est une grande fille) que son père vienne lui raconter une histoire avant de dormir. Toutefois, en 24 minutes, la psychologie des personnages n’est pas assez fouillée et construite pour que s’instaure la moindre tension.

L’épisode est plombé par un scénario anémique, qui ne permet aucun développement dramatique.

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17. LE MOBILE DU CRIME
(THE MOTIVE)

Scénario original : Rose Simon Kohn. Réalisation : Robert Stevens.

Un tueur cinglé choisit au hasard ses victimes dans l’annuaire en se vantant de ne jamais être retrouvé puisqu’il n’a pas de mobile.

Cette histoire évoque pêle-mêle « L’inconnu du Nord Express », « La Corde » (pour la gratuité du meurtre) ou encore l’épisode de « Columbo » : « Criminologie appliquée ». Toutefois, la mise en scène pesante de Robert Stevens, les trop longues scènes d’ivresse des protagonistes ruinent ici l’aspect diabolique de l’intrigue. La chute ne nous convainc pas et vient alourdir un ensemble tout juste satisfaisant.

Lors d’une beuverie, Richard (William Redfield) découvre que son meilleur ami Tommy Greer (Skipe Homeier) est un tueur. Certes pas ordinaire. Greer consulte les statistiques de la police sur les meurtres non élucidés et les fait croître en tuant au hasard. Richard ne prend pas au sérieux son ami, après lui avoir « choisi » dans l’annuaire une victime, un ingénieur à Chicago, Jerome Stanton (Carl Betz).

Lors de la scène du début, Sandra (Carmen Philips) semble apeurée et prendre davantage que Richard au sérieux la folie de Greer car elle trouve le premier prétexte pour déguerpir.

Le scénario traîne en longueur cependant et peine à nous accrocher. Skipe Homeier est convaincant en fou halluciné, mais il ne nous effraie vraiment jamais. Diffusé en janvier 1958, l’épisode a peut-être mal vieilli. En effet, ce genre d’intrigues s’est depuis multiplié, et c’est la seule originalité de l’épisode qui devient ensuite linéaire voire presque ennuyeux. On mettra deux étoiles pour l’interprétation, mais c’est un opus bavard et qui ne parvient pas à réaliser son objectif : nous glacer les sangs.

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18. LE BAIN DE MINUIT
(MISS BRACEGIRDLE DOES HER DUTY)

Histoire de Stacey Aumonier. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

1907 : voyageant à Paris, une femme âgée mais pleine de malice, Milicent Bracegirdle, se trompe de chambre d’hôtel et se retrouve enfermée avec un cadavre.

Reposant entièrement sur l’interprétation de Mildred Natwick (« Mais qui a tué Harry ? »), cet épisode mélange humour noir british et suspense avec brio. On retrouve ici tout ce que l’on attend chez Sir Alfred : un quidam (une vieille femme genre Miss Marple en l’occurrence) se trouve par hasard mêlé à une intrigue folle (point de départ de « La mort aux trousses » un an plus tard). Il y a aussi les scènes claustrophobes, la porte qui ne s'ouvre pas, la serrure que l'héroïne tente de forcer, le garçon d'étage dont il ne faut pas se faire voir.

L’épisode s’amuse des clichés tant anglais qu’hollywoodiens sur les français, dont on a ici une vision de carte postale. Se tromper de chambre, se retrouver coincée avec un cadavre – un tueur qui plus est – est le socle idéal pour une histoire de suspense. On hésite cependant souvent entre sourire et tension, tant le personnage de Millicent est attendrissant et maniéré. La quasi-totalité de l’épisode est en voix of, puisque nous entendons les pensées de la captive de la chambre. Pensées souvent délirantes et suaves.

Pas un détail ne manque, des beaux garçons serveurs « french lover » prêt à secourir la demoiselle en détresse, au mythe du tueur de femmes style Landru. Les allusions à la guillotine sont nombreuses, et en VO, beaucoup de répliques sont faites en français.

La chute arrive plus tardivement que de coutume. Mais nous avons eu notre lot de sueurs froides. Ce n’est cependant pas un chef d’œuvre car l’épisode reste prévisible et le téléspectateur devine souvent à l'avance la scène qui va suivre.

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19. LA PROVOCATION
(THE EQUALIZER)

Histoire de C.B. Gilford. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : James Neilson.

Un mari jaloux décide de tendre un traquenard à son supposé rival.

Avec la présence de Leif Erickson (futur héros de « Chaparral ») et Martin Balsam (« Psychose »), la distribution est excellente. Balsam en Eldon Marsh, mari jaloux, complexé par sa taille, a peur de voir son épouse Louise (Norma Crane) avoir une liaison avec Wayne Philips (Leif Erickson). Dès le début de l’épisode, la tension est palpable entre eux. On trouve tout de même surannée cette intrigue de 1958 où les époux Marsh dorment dans des lits jumeaux et dans lequel Louise, dans l’intimité, garde une chemise de nuit de grand-mère.

Nous suivons les doutes d’Eldon sur la fidélité de son épouse, le faux malaise qui lui sert de prétexte pour fausser compagnie au groupe de ses collègues vendeurs pour téléphoner chez lui où personne ne répond, un samedi après-midi où Louise jurera n’être pas sortie du domicile. Eldon, que son adversaire n’arrête pas de traiter de « petit homme », provoque un scandale et Louise décide de le quitter, ne niant pas avoir voulu être la maîtresse du rival contre lequel le petit homme va construire une machiavélique vengeance.

Malgré la présence de bons comédiens, l’histoire ne décolle jamais vraiment. La chute n’est pas une surprise. On reprochera à l’intrigue son manque de subtilité et d’épaisseur. Un épisode très dispensable, bien qu’il soit mentionné au générique final que l’histoire ait été publiée par le magazine d’Hitchcock.

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20. LE MAUVAIS CHEVAL  
(ON THE NOSE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Irving Elman. Réalisation : James Neilson.

Une joueuse compulsive, Fran Holland, met son mariage en danger. Elle doit rembourser une dette de jeux à un bookmaker et trouver l’argent dans un temps limité, sinon l’homme préviendra son mari.

Sur le papier, l’histoire a l’air extraordinaire, mais une fois l’épisode vu, on reste sur notre faim.  Jan Sterling  (Fran) n’a pas un physique de vamp, et le fait qu’un policier tente de la faire chanter pour obtenir ses faveurs nous semble manquer de crédibilité. Le couple que Fran forme avec Ed Holland est tout aussi improbable. Reste la tension et le suspense. L’épisode m’a fait penser au film « La femme flambée » avec Gudrun Landgrebe. Mais Jan Sterling n’a pas le talent de l’allemande, et l’histoire s’en ressent.

L’épisode relate une course contre la montre pour trouver l’argent qui empêchera la bookmaker de tout révéler au mari. Au passage, plusieurs clichés sur les joueurs sont montrés. La chute ne surprend personne, car très convenue.  David Opatoshu, que le maître emploiera dans « Le rideau déchiré », est le plus brillant élément de la distribution. On a une pincée de regrets en pensant que l’épisode aurait été meilleur avec une actrice plus convaincante que Jan Sterling.

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21. L’INVITÉ DU PETIT DÉJEUNER
(GUEST FOR BREAKFAST)

Histoire de C.B. Gilford. Adaptation : Robert C.Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Un couple, les Ross,  qui se dispute tout le temps est confronté à un braqueur et meurtrier en fuite, Lacey.

Episode décevant, qui déroge à la règle de la chute (il n’y en a pas vraiment). Le film est un mélange de polar noir style « La maison des otages » et d’enfer conjugal comme « Qui a peur de Virginia Woolf ? ». L’interprétation sauve un script assez faible.  Joan Tetzel en Eve Ross et Scott MacKay jouant son mari sont parfaits.  Richard Shepard en Lacey est menaçant à souhait. On perd beaucoup en suspense et en angoisse au profit du mariage raccommodé par le fugitif qui a pourtant tué sa femme et l’amant de cette dernière. Shepard au lieu de jouer à fond les terreurs transforme l’épisode en thérapie de couple, et ce n’est pas vraiment ce que l’on attend de la série Hitchcock. Heureusement, restent quelques bonnes scènes imprévisibles et qui permettent de maintenir la tension ambiante.

Un signe qui ne trompe pas : pour la première fois, le maître est vraiment mal à l’aise à la fin de l’épisode, et ne parvient pas à glisser sa touche d’humour habituelle. Un épisode trop psychologique et pas assez dans l’esprit de l’anthologie.

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22. RETURN OF THE HERO
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Andrew Solt. Adaptation : Stirling Siliphant et Andrew Solt. Réalisation : Herschel Daugherty.

Le sergent André Daumier, fils de bonne famille, revient de la guerre d’Algérie avec un de ses camarades. Dans un bar de Marseille, il retrouve une fille, Thérèse, amoureuse de lui, qui l’a attendu.

Jacques Bergerac (qui nous a quittés le 15 juin 2014) était à l’époque « le français d’Hollywood ». Il incarne ici un soldat de retour de la guerre d’Algérie. Nous sommes en 1958 et ce sujet est alors tabou à l’ORTF même si dans le cas présent, le thème est à peine abordé le temps d’un dialogue.  Dans la distribution, on trouve un seul autre français, Dalio. Mais Hitchcock ne nous offre pas une France de carte postale. Même filmé à Hollywood, ce bar marseillais est plus vrai que nature.

Les comédiens ont des accents français en VO à couper au couteau, et les échanges ne sont pas caricaturaux. La chute, si l’on peut  appeler  cela « la chute », est prévisible dès le début de l’épisode, bien qu’Herschel Daugherty prenne soin de cadrer sa caméra sur Bergerac de façon à ne nous le montrer  que « partiellement ». Daumier est le fils d’un second mariage d’une noble, une comtesse. L’épisode serait raté sans la présence lumineuse de Susan Kohner, plus française que nature alors que c’est une actrice californienne. Son père veut la jeter dans les bras d’un bon parti mais elle est amoureuse de Daumier qui lui signifie avec un cynisme quelque peu forcé qu’elle n’est pour lui qu’une fille à soldat.

On oublie complètement que l’on est dans l’anthologie Hitchcock, tant l’ambiance ici rappelle Marcel Pagnol. Et c’est bien là le problème de l’épisode : que vient-il faire dans la série, alors que c’est un mélodrame dans lequel tout suspense est absent ?

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23. LA MAISON IDÉALE
(THE RIGHT KIND OF THE HOUSE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

A noter : Jeanette Nolan et Robert Emhardt joueront en 1967 ensemble dans l’épisode des « Envahisseurs » : « Cauchemar ».

Une femme qui veut venger la mort de son fils met en vente sa maison à un prix prohibitif pour tendre un piège au meurtrier.

Il suffit à Robert Emhardt de paraître pour nous faire trembler : souvenez- vous de l’épisode fabuleux de cette anthologie « Crackpot » (02-15). Avec un comédien aussi doué, et une histoire angoissante d’Henry Slesar, le spectacle était réussi d’avance.

Waterbury (Emhardt) est prêt à acheter 50 000 dollars, soit cinq fois sa valeur, une vieille maison que propose Sadie Grimes (Jeanette Nolan) dont il a tué le fils. Comme il n’est pas fou, il a un bon mobile pour faire cet achat, mais nous n’en dirons pas plus.

L’épisode est constitué de flash back durant lesquels nous comprenons que le fils de Sadie, Mike (James Drury, « le virginien ») était devenu braqueur de banques à New York et pour ne pas avoir voulu partager le butin de 200 000 dollars a été tué dans la maison familiale par l’un de ses complices, Waterbury en l’occurrence. Un savant jeu du chat et de la souris entre la vendeuse et l’acheteur se met en place jusqu’à une chute facilement prévisible.

L’épisode mériterait quatre étoiles sans quelques longueurs dommageables, où le réalisateur s’appesantit à décrire ce que le téléspectateur a compris depuis longtemps.

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24. LA SIRÈNE DE BRUME
(THE FOGHORN)

Histoire de Gertrude Atherton. Adaptation : Frank Gabrielson. Réalisation : Robert Stevens.

Alors qu’elle prépare des noces avec  John St Rogers, Lucia Clay rencontre un certain Allen et en tombe follement amoureuse.

Episode dans lequel on retrouve Barbara Bel Geddes (« Dallas », « Sueurs froides ») mais aussi l’anglais Michael Rennie, plusieurs fois guest star dans « Les envahisseurs » et vedette de « Hotel St Gregory ».

Cette-fois, la chute est imprévisible et saisissante. L’intrigue s’éloigne des canons habituels de la série et nous conte une romance dominée par le brouillard qui est omniprésent. Il a le mérite de nous prouver que Barbara Bel Geddes a eu une vie avant « Dallas » (elle est ici fort séduisante), et à contre emploi, Michael Rennie joue les charmeurs lui qui fut souvent les méchants, par exemple le savant démoniaque de « La guerre des cerveaux » de Byron Haskin.

L’histoire est un conte de fées qui vire au drame, et l’impression de rêve éveillé tenaille le téléspectateur, ce qui n’est pas pour rien lorsque l’on a vu l’intégralité du film. Même si elle n’est pas vraiment horrifique, la chute hantera longtemps le spectateur à la façon de certains épisodes de « La quatrième dimension ». C’est excellemment interprété, l’histoire est bien agencée, ce qui permet à  Robert Stevens de jouer sur du velours avec sa caméra.

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25. BARBARA
(FLIGHT TO THE EAST)

Histoire de Bevil Charles. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Arthur Hiller.

Nairobi, 1958 : Un reporter, Ted Franklin, relate, durant un vol de retour en avion, le procès qui a conduit à  la condamnation à mort d’un leader arabe, à une certaine Barbara qui en sait davantage qu’elle ne le montre.

Episode tourné en huis clos dans un avion de grande ligne, du moins dans un décor de studio l’illustrant, verbeux et ennuyeux à mourir. C’est illustré de plusieurs flash back, mais jamais captivant.

Gary Merill incarne le reporter, tandis que la femme est jouée par la ravissante Patricia Cutts. Les américains adorent les histoires de procès, et il nous en est proposé un ici en fil rouge de l’histoire. Il s’agit d’un leader arabe accusé de meurtre. Persuadé de son innocence, Franklin a tout fait pour le sauver, remuant ciel et terre, et attirant l’attention de l’opinion internationale. Mais lorsque la culpabilité de l’homme Sasha Ismael le conduit à la peine capitale, le reporter est atteint dans son prestige. Pourtant, il cache de bien noirs secrets.

Arthur Hiller, qui a signé l’épisode, est le metteur en scène de « Love story », « Transamerica express » et de l’une des rares incursions de Diana Rigg au cinéma, « L’hôpital » avec George C. Scott.

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26. ARSENIC ET VIEILLES DEMOISELLES
(BULL IN A CHINA SHOP)



Histoire de C.B. Gilford. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : James Neilson.

Un groupe de vieilles femmes excentriques attirent un bel et séduisant détective de la brigade des homicides rien que pour le plaisir de le voir enquêter.

Cet épisode est d’emblée un intermède comique dans la série. Dennis Morgan qui incarne le « héros », le détective O’Finn, évoque beaucoup ce que sera plus tard Roger Moore. On ne se prend pas au sérieux, et les joutes verbales entre le policier et les vieilles demoiselles font mouche, Estelle Winwood en tête dans le rôle de Miss Hildy-You.

Ce qui aurait pu être horripilant est drôle et tendre, avec ces ladies qui savent tout de leur héros : il a 45 ans, est célibataire, et « une tâche de naissance de fraise sur l’épaule gauche ».  Les regards langoureux que lancent les dames au détective en disent long. On retrouve même, en moins rébarbative, Ellen Corby, la tante Sarah du pilote des « Envahisseurs ».

Il va de soi que jusqu’à la chute, qui n’en est pas vraiment une, tout n’est ici que prétexte à de bons mots, à des moments d’hilarité, à des situations grotesques mais jamais vulgaires.

L’enquête commence par la mort d’une des amies de Miss Hildy-You. Puis ce sont les scènes de salon, avec les demoiselles qui prennent le thé. Tout est prétexte à attirer le policier chez elle. Pour vous donner une idée de l’épisode, on a des répliques du genre : « Le cadavre d’Elizabeth s’est fait une beauté pour Monsieur O’Finn » ou lorsque ce dernier annonce qu’elle n’est pas morte de cause naturelle, Miss Hildy-You qui lui coupe la parole toute excitée : « Pas un mot de plus avant que nous vous ayons offert du thé ». Tout ce qui suit est à l’avenant au point que ce pauvre Dennis O’Finn (il s’appelle Dennis comme l’acteur qui l’interprète) demandera sa mutation.

Je pensais que j’allais détester l’épisode, mais j’ai bien ri.

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27. LE DÉFUNT SE PORTE BIEN
(THE DISAPPEARING TRICK)



Histoire de Victor Canning. Adaptation : Kathleen Hite. Réalisation : Arthur Hiller.

Un joueur de tennis play-boy mais ayant besoin d’argent est engagé par un bookmaker pour retrouver un bon client. Il semble décédé et notre homme a une aventure avec la jeune et jolie veuve.

Une des plus jolies actrices vues dans la série est présente ici : Betsy von Furstenberg. Elle incarne Laura Gild, la très sensuelle veuve du défunt Herbert Gild qui tient tant à cœur au patron de notre héros, Regis. Le tennisman Walter Richmond (Robert Horton) mène l’enquête sur la disparition de Gild mais n’a bientôt plus la tête à son enquête, tout envoûté qu’il est par sa maîtresse Laura.

On retrouve ici une ambiance film noir/polar, et la chute, si elle n’est pas horrifique, est savoureuse. Robert Horton est le héros type de l’époque (on l’a déjà vu dans plusieurs épisodes dont « Le secret de Monsieur Blanchard » (02-13).

On regrette que Betsy von Furstenberg, une fille de noblesse qui s’est amusée à faire un peu de comédie du théâtre à la télévision, n’ait pas fait carrière. Elle s’est mariée avec quelqu’un de son milieu et a quitté le métier. On l’aurait bien vue dans une version de l’époque du « Facteur sonne toujours deux fois ». Belle, sexy et intelligente. Comme le titre français le révèle, le défunt n’est pas mort et va réserver une mauvaise surprise aux tourtereaux.

C’est un bon épisode, du genre policier pur, sans aucun aspect macabre, fantastique ou humour british.

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28. L'INSPECTEUR SE MET À TABLE
(LAMB TO THE SLAUGHTER)



Histoire originale et adaptation : Road Dahl. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Mary Maloney attend son mari, chef de police, mais ce dernier lui annonce qu’il la quitte pour une autre. Elle le tue d’un coup de gigot d’agneau sur le crâne.

Pourquoi encore Barbara Bel Geddes ? Si elle était parfaite dans « La sirène de brume », j’avoue qu’elle gâche un peu l’épisode pourtant signé du maître. A quatre épisodes d’intervalle dans la même saison, elle tient la vedette et cela tient de la facilité plus que du fait que l’actrice serait indispensable.

 De toute évidence, Road Dahl, qui permettra en 1967 grâce à un script solide l’adaptation de l’ennuyeux roman de Ian Fleming « On ne vit que deux fois » (en changeant quasiment tout), aime le gigot : il proposera  en 1979 un remake de « Lamb to the slaughter » dans la série « Bizarre, bizarre »  (« Un os dans le gigot » en VF), les deux téléfilms étant adaptés de sa nouvelle.

C’est de l’humour noir british et cela passe ou ne passe pas. Ici, même le moins fûté des spectateurs devine la chute. Lorsque Mary annonce qu’elle est enceinte et que son mari lui dit qu’il la quitte pour une autre, l’ambiance est au drame. Mais elle tourne ensuite à la farce. Harold J. Stone en lieutenant Noonan qui mène l’enquête recherche l’arme du crime qui est sous son nez.

Le vrai Hitch, c’est celui de « Breakdown » (01-07) avec Joseph Cotten ou de « Incident de parcours » (02-28). Ici, c’est le farceur de « Qui a tué Harry ? » qui est de retour. L’humour au détriment du suspense, un comble pour le maître. Notons qu’un plan de Barbara Bel Geddes sera repris avec infiniment plus de réussite dans la scène finale de « Psychose » lorsqu’Anthony Perkins/Norman Bates se parle à lui-même silencieusement.

Bref, à peine deux étoiles et un épisode inférieur à d’autres non réalisés par le maître comme « Crackpot » et « Chantage » qui s’avèrent les plus belles pépites de l’anthologie à ce stade de la production.

Et puis, en comédie, « Arsenic et vieilles demoiselles » faisait rire, ce qui n’est pas le cas « L’inspecteur se met à table ».

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29. L'HOMME DES STATISTIQUES
(FATAL FIGURES)



Histoire de Rick Edelstein. Adaptation : Robert C.Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Harold Goames, un raté, vit frustré avec sa sœur, une femme rébarbative. Il est perturbé en apprenant la mort d’un voisin fleuriste. Et se rend compte qu’il ne représente rien pour personne.

Au départ, l’épisode commence comme « Le mobile du crime » (03-17) mais l’improbable nouvelle de Rick Edelstein, sabordée par l’exécrable John Mc Giver, ne permet jamais l’adhésion du spectateur. A vouloir faire trop original, on tombe ici dans le ratage. Une bonne idée ne fait pas forcément un bon film.

Le spectateur peine à avoir quelque compassion que ce soit pour cet Harold qui se plaint à sa sœur de ne s’être jamais marié, et depuis treize ans d’occuper le même emploi inintéressant. Il lit des statistiques, en parle, et cela devient vite assommant.

Goames vole une voiture et se félicite de voir la nouvelle annoncée dans le journal.  Et ainsi va l’épisode toujours plus ennuyeux.

La sœur d’Harold, Margaret, est une femme égoïste et possessive, jalouse du fait qu’il y ait « une autre femme » alors que son frère rétorque « J’ignore qu’il y en avait une première ».

Lorsqu’il s’accuse du meurtre de Margaret, l’inspecteur lui demande son mobile et il dit, imperturbable : « C’est une question de statistiques ».

Un épisode ni fait ni à faire.

Le policier qui enquête sur la mort de Margaret est le jeune Ward Wood qui sera plus tard le lieutenant Malcom dans « Mannix ».

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30. DEATH SENTENCE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Miriam Allen DeFord. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Paula Frayne est convaincue que son mari ne l’aime plus. En s’en persuadant, elle va provoquer une tragédie.

Difficile de se passionner pour le sort de Paula Frayne. Notons qu’en 1958, la prude série Hitchcock nous présente les couples mariés dormant dans des lits jumeaux !

Erreur de casting, l’actrice qui joue Paula (Katharine Bard) semble fânée et plus âgée que son mari Norman (incarné par James Best). L’épisode montre l’engrenage du drame causé par l’obsession et les idées fausses de l’épouse qui se croit délaissée.

Le téléspectateur frise la torpeur lorsqu’à la huitième minute arrive le personnage ambigü d’Al (Steve Brodie), qui vient menacer la quiétude de Norman. Al et Norman se sont connus dans un orphelinat, et Al a tué pour sauver la vie de son ami qui ne lui en est guère reconnaissant.

Ces évènements se sont déroulés douze ans auparavant et sont mis en parallèle avec le présent. Mais l’apparition de ce Al sauve l’épisode et le rend passionnant, car il représente une menace. Le spectateur s’identifie très vite à Norman, l’homme droit et avisé, dont l’univers vacille tout à coup.

Norman, que Paula croyait indifférent, est vite jaloux (à tort) d’Al. Certes Paula, fille du patron, est gâtée côté finances à défaut de l’être par la nature. Mais comment Al peut-il être jaloux une seconde d’un potentiel rival quand il a épousé une femme qui donne vraiment envie de dormir dans des lits jumeaux ?

La fin est tout de même assez improbable.

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31. THE FESTIVE SEASON
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Stanley Elin. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Arthur Hiller.

Tristes retrouvailles à Noël. John vient voir sa sœur Celia dont il est persuadé qu’elle a tué Jessie, la femme de leur frère Charlie.

Dans cette famille, on fête Noël sans attendre les convives, on leur dit qu’on a fini le repas quand ils arrivent, on vit dans le noir sans aucune lumière. Joyeux Noël ! Charlie vit en reclus dans une chambre de la maison depuis la mort de sa femme dont il impute la cause à sa sœur Celia, femme possessive qui a remplacé sa mère. Il pense qu’elle a installé une fine corde dans l’escalier pour provoquer la chute fatale de Jessie pendant qu’elle faisait du shopping en ville.

Il faut attendre la chute (sans jeux de mots)  pour comprendre quelque chose à cette histoire de haine familiale.

Les comédiens jouent de façon hystérique en permanence pendant vingt-cinq minutes : Richard Waring en Charlie (qui a quelque peu perdu la raison), Carmen Matthews en Celia, vieille fille aigrie et méchante. Le comédien Edmon Ryan (Edmon sans « D ») en John a quelque mal à imposer sa stature d’homme équilibré pris entre deux cinglés.

Est-ce un manque d’inspiration mais la chute, dont je ne révèlerai rien, reprend la thématique de l’épisode « La sirène de brume » (03-24), ce qui donne à l’explication un parfum de suspense éventé.

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32. LISTEN, LISTEN…
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de R.E. Kendall. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Don Taylor.

Deux jeunes femmes ont été assassinées et leur meurtrier arrêté. Il n’a toutefois pas avoué le meurtre d’une troisième. Un vieil homme, Herbert Johnson, explique aux autorités que le troisième meurtre est l’œuvre d’un copycat, mais personne ne veut le croire.

Le thème du serial Killer est depuis Jack l’éventreur un passage obligé pour toutes les séries de suspense. Ici, la police refuse de croire la théorie du vieux Johnson (Edgar Stehli) au physique rugueux et aux expressions inquiétantes.

Schultz, l’étrangleur, que l’on ne verra pas dans l’épisode, est le serial killer sous les verrous. Johnson s’évertue à persuader la police que le troisième meurtre est l’œuvre d’un imitateur.

Nous avons ici tout l’attirail des serial killer, avec des détails macabres, l’utilisation d’un bâton de rouge à lèvres comme pièce à conviction, la lettre A marquée sur le front.

Dans un bar, le vieux bonhomme tente de convaincre un quidam journaliste, mais il ne recueille que du scepticisme et des sarcasmes.  La scène du bar est particulièrement inquiétante, lorsque Johnson lorgne une blonde sur un tabouret bar en train de se maquiller au rouge à lèvres.

Dans sa descente aux enfers, Johnson tente de se faire étendre par un prêtre. L’épisode devient alors un peu répétitif et perd une potentielle quatrième étoile.

Edgar Stehli porte l’épisode sur ses épaules. Il est convaincant d’un bout à l’autre, à la différence de son personnage qui ne parvient pas à faire entendre sa vérité.

La chute est terrifiante et l’épisode est bien plus digne du maître que « L’inspecteur se met à table ». La dernière scène hantera longtemps la mémoire de celui qui l’a vue.

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33. POST MORTEM
INÉDIT EN FRANCE



Adaptation : Robert C. Dennis d’après la nouvelle de Cornell Wollrich (William Irish). Réalisation : Arthur Hiller.

Il y a six mois, le mari de Judy, qui pariait sur les courses hippiques, est mort d’une crise cardiaque. La veuve s’est consolée avec le beau Steve Archer qui dilapide en bourse la police d’assurance de Judy. Un jour, des reporters annonces à Judy que son mari a gagné à la loterie. Il a en fait été enterré avec un billet qui vaut 133 000 dollars.

Doté d’une bonne distribution : Steve Forrest (« Le Baron »), James Gregory (Invité vedette des « Incorruptibles », « Cannon », « Hawaii Police d’état », « Mission Impossible » et le président Grant dans « Les mystères de l’ouest »), cet épisode hésite entre polar pur et dur et comédie. La mise en scène répétitive nous propose à quatre reprises la même scène, Judy dans son bain, avec un ventilateur électrique bien dangereux sur le rebord de la baignoire. On devine avant qu’il l’avoue que Wescott (James Gregory) n’est pas reporter mais enquêteur d’assurances. Il pense que Steve Archer, lui-même assureur, qui a quitté son poste pour épouser Judy et jouer en bourse, a tué le mari, et que c’est la raison pour laquelle il refuse que l’on exhume le cadavre pour y récupérer le billet de loterie.

Joanna Moore en Judy Archer joue les ravissantes idiotes, tandis que Steve Forrest peine à nous faire croire au cynisme de son personnage. C’est James Gregory, dont le personnage monopolise l’écran, qui tire son épingle du jeu. La chute n’a rien de spectaculaire et l’épisode ne tient jamais ses promesses. Il faut dire qu’un épisode d’Alfred Hitchcock présente où le téléspectateur devine toujours tout à l’avance (le ventilateur bien mis en évidence devant la baignoire et le nombre de bains que prend Judy) devient vite un peu ennuyeux. On mettra deux étoiles pour la bonne prestation de James Gregory, mais l’ensemble aurait pu très facilement être plus réussi, surtout avec un auteur comme William Irish.

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34. LA VALISE EN CROCODILE
(THE CROCODILE CASE)



Histoire de Roy Vickers. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Amant de Phyllis, Jack Lyons a tué son mari. La belle épouse volage avait souhaité maintes fois être libre, mais devant le fait accompli, elle est horrifiée par l’acte commis par Jack.

Belle distribution : Hazel Court en Phyllis (une spécialiste des films Hammer), Denholm Elliott (« Amicalement vôtre », « La maison qui tue », « Les aventuriers de l’arche perdue »), John Alderson (le mafieux dans « Amicalement vôtre : Un ami d’enfance »), Patricia Hitchcock.

Il s’agit d’une bonne intrigue policière digne de « Columbo », John Alderson remplaçant Peter Falk. La chute d’ailleurs est tout à fait dans le style de la série du lieutenant à l’imperméable usé. Le suspense est constant dans la mesure où un clochard, Mintz (Frederic  Worlock) constitue un sérieux suspect. Beaucoup de scènes débouchent sur de faux semblants : ainsi, Phyllis recherche son mari avec un sourire dans leur maison comme s’ils étaient un couple uni, la scène suivante nous montrant son soulagement qu’il ne soit pas là et que son absence permette que son amant l’enlace. Denholm Elliott a une tête de coupable (dans la scène du début, le téléspectateur le voit tuer le mari) bien davantage que Frederic Worlock, notamment en raison de ses expressions et son regard inquiétants qui constituent son identité de comédien.

L’épisode est un jeu du chat et de la souris entre Jack Lyons et l’inspecteur Karsiak (John Alderson). Hazel Court impose sa présence avec brio face aux deux comédiens, tandis que Patricia Hitchcock est effacée voire inexistante. On a vraiment l’impression de voir un épisode de « Columbo » avant l’heure. Une réussite.

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35. LE PLONGEON
(DIP IN THE POOL)



 

Histoire de Road Dahl. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Alfred Hitchcock.

 

William Botibol est un joueur invétéré. En route pour des vacances en Europe avec son épouse, à bord d’un paquebot, il parie sur l’heure à laquelle ils arriveront à destination, quitte à utiliser tous les stratagèmes pour fausser le résultat. Une tempête est de la partie.

 

J’avoue avoir eu quelques craintes en constatant que le maître adaptait encore une histoire de Road Dahl. Keenan Wynn (« Il était une fois dans l’ouest ») incarne ce joueur excentrique, Botibol. A ses côtés, Fay Wray, vedette de l’âge d’or d’Hollywood (« King Kong », « Les chasses du comte Zaroff », « Masques de cire ») incarne l’épouse de Renshaw (Philip Bourneuf), le compagnon de voyage qui l’incite à participer au jeu initié par le commandant.

 

Le couple Botibol est mal assorti, l’épouse, Ethel (Louise Platt) pense aux merveilles de la culture comme perspective du voyage, tandis que le mari, d’après elle, passera son temps dans les bars à parier et à boire et ne verra du voyage que les chambres d’hôtel. Elle le subit et le méprise. Sentiment partagé par l’épouse de Renshaw.

 

Si la chute est macabre à souhait dans le style cher à Road Dahl (humour noir), l’épisode maintient le suspense jusque à l’épilogue. Keenan Wynn est parfait d’un bout à l’autre en joueur frénétique et compulsif. Il manque à cet opus ce petit quelque chose qui en ferait un chef d’œuvre. La présentation et la conclusion du maître, qui nous racontera la fin de l’histoire, est en symbiose avec l’histoire, le maître étant supposé être aussi sur un paquebot. Un excellent épisode, mais pas un chef d’œuvre.

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36. UNE BONNE CACHETTE
(THE SAFE PLACE)



Histoire de Jay Wilson. Adaptation : Michael Hogan. Réalisation : James Neilson.

Employé de banque et conseiller financier, George C. Piper reçoit un jour un client nommé Victor Mannett.  Un jour le frère de George, Fred, lui propose une affaire en or qui nécessite un investissement immédiat. George Piper décide d’attirer dans un piège Victor Mannett, de le tuer et de le voler.

On retrouve avec plaisir l’acteur de l’épisode « Toby » (02-06) Robert H. Harris en employé de banque Piper. Dans la distribution, une Joanne Linville assez jeune (elle sera la fameuse guérisseuse charlatane du double épisode de « Hawaii Police d’état : la preuve vivante ») et Philip Pine, que l’on verra notamment dans « Les envahisseurs ».

Victor Mannett (Philip Pine) est un joueur de poker qui fait régulièrement des dépôts à la banque.  Il devient la proie idéale avec son argent liquide à la provenance quelque peu dangereuse lorsque George, dont l’âge avance, et qui veut une retraite dorée, a décidé de sauter sur l’opportunité d’une affaire proposée par son frère Fred.

Mais pour être en sécurité, il va choisir la cachette idéale pour cet argent, l’endroit où personne ne penserait chercher. Cela va lui jouer un mauvais tour.

Piper/Robert H. Harris a tout du looser. La scène où il tente en vain de séduire sa collègue de travail Millie Manners, bien plus jeune que lui (Joanne Linville) est édifiante à ce sujet. Il travaille depuis trente ans dans la banque mais doit subir un supérieur hargneux et  rébarbatif, Farnsworth (Wendell Holmes, qui dans de multiples plans ressemble à s’y méprendre au Raymond Burr de « Fenêtre sur cour »). Il va donc jouer la chance de sa vie.

La grande réussite de James Neilson, c’est de nous faire trembler pour un assassin. Le téléspectateur, on l’espère, ne s’identifie pas à Piper mais à envie qu’il s’en sorte.

La seule faiblesse de l’épisode est que l’on a tellement cru à un Piper looser que le meurtre impuni de Victor Mannett devient un exploit hors de portée du bonhomme, et cette entorse à la vraisemblance nous empêche d’atteindre les quatre étoiles. On passe néanmoins un très bon moment avec cet opus.

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37. LA VOIX
(THE CANARY SEDAN)



Histoire d’Ann Bridge. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Robert Stevens.

En rejoignant son mari à Hong Kong, Laura  Bowlby prend un taxi et entend une voix qui rit, celle d’une femme amoureuse. Elle pense dans un premier temps être victime d’une hallucination.

Contrairement à une idée reçue, « Alfred Hitchcock présente » aborde rarement le thème du fantastique pur. C’est le cas ici, et nous n’allons pas nous priver de notre plaisir, après avoir subi beaucoup d’épisodes faibles, aux intrigues vaguement criminelles et parfois rebutantes.

Jessica Tandy est de retour. On n’a pas oublié son rôle dans « Toby ». A ses côtés, Murray Matheson, le directeur de la Midlands Academy dans l’épisode des envahisseurs « Le rideau de lierre », incarne son mari, un homme assez froid.

Si l’exotisme est de pacotille et ne fait plus illusion aujourd’hui (on se croirait dans les décors cheap de la série « Le Saint »), l’intrigue prend heureusement le pas sur les manques de moyens de la mise en scène et l’absence de décors naturels qui sont remplacés par des stock shot et des films se déroulant derrière le pare-brise dans les nombreuses scènes de voiture.

Laura est sujette aux approches avec l’au-delà et du surnaturel depuis son enfance, ce qui agace prodigieusement son mari. Elle mène son enquête sur l’identité de la voix qui ne l’épouvante pas, car elle trouve l’histoire très romantique. On ne peut s’empêcher d’évoquer la vie tristounette de Laura avec son mari qui est tout sauf sentimental. Laura trouve un refuge dans cette enquête aux confins du surnaturel. Notons que l’approche faite par Robert Stevens ne tombe pas, au début, dans l’épouvante , mais choisit les chemins plus sereins du merveilleux et de la féérie, avec un changement de direction lorsque la voix se met à émettre des pleurs.

 Jessica Tandy était l’interprète rêvée pour ce type de rôle avec ses airs éthérés et euphoriques. Elle semble vivre dans une autre dimension, et l’épisode aurait eu toute sa place dans la série de Rod Serling.

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38. THE IMPROMPTU MURDER 
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Roy Vickers. Adaptation : Francis M Cockrell. Réalisation : Paul Henreid.

Swallowsbath, Angleterre, 1916 : Le notaire Henry Daw étrangle une de ses clientes, Miss Wilkinson. Cette dernière il y a quelques années l’a traîné dans la boue et revient vers lui et sa sœur comme si de rien n’était. Elle dispose d’une somme importante pour un investissement  dans l’usine de son frère qui devrait lui rapporter, et le notaire lui dérobe l’argent en la tuant.

Le problème avec Hume Cronyn (grand complice de Sir Alfred)  est qu’il a toujours le même jeu. Lorsqu’on le voit une fois, deux fois, trois fois, cela passe, mais à la longue, il devient irritant. Le comédien est prévisible et ne réserve aucune nuance ni subtilité. Ici, il incarne un notaire véreux qui vit avec sa sœur, et se trouve confronté à un meurtre dont l’enquête est confiée à Charlie Tarrant (Robert Douglas) qui ne le ménage pas un instant.

Si Douglas et Valerie Cossart en Marjorie, la sœur d’Henry, font ce qu’ils peuvent pour sauver l’épisode du naufrage, le cabotinage éhonté de Cronyn ne lui laisse aucune chance. Certaines scènes sont à la limite du ridicule : il est évident que le notaire ferme les yeux lors de l’identification du cadavre retrouvé dans la rivière que lui soumet Charles Tarrant, mais ce dernier fait semblant de ne pas s’en apercevoir, pour mieux confondre le coupable plus tard.

A la décharge d’Hume Cronyn, on peut dire que l’intrigue n’est guère palpitante. La reconstitution de l’Angleterre du début du XIXe siècle est laborieuse et empesée. La scène du mémorial (au bord de la rivière, au cours de laquelle on retrouve un cadavre flottant), était censée donner quelque dynamisme à une histoire ennuyeuse et rate son effet, laissant le téléspectateur dans sa torpeur.

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39. LITTLE WHITE FROCK
INÉDIT EN FRANCE

 

Histoire de Stacy Aumonier. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Herschel Daugherty.

Bragner, un acteur âgé et qui devrait prendre sa retraite, cherche desespérément à continuer à jouer. Pour décrocher un rôle, il ne va pas hésiter à monter une mystification en invitant l’auteur Adam Longsworth et son épouse à dîner.

Cette troisième saison se termine avec un opus mineur dont on se demande bien, avec la meilleure volonté du monde, ce qu’il vient faire dans une anthologie de suspense.

Colin Bragner (Herbert Marshall) est un has been. « Il fut une grande star de Broadway,  Il a vécu plus longtemps que son talent » lâchera avec un cynisme certain le metteur en scène Andrews (Edwin Jerome). « On peut presque voir des fantômes derrière lui ». Andrews et l’auteur Adam Longsworth  (Tom Helmore) passent leur temps à auditionner des comédiens qui ont fait leur temps et sont pitoyables. Or, il leur faut quelqu’un de sûr et qui ait les reins solides pour leur prochaine pièce.

Cet épisode est un constat amer sur la vie de saltimbanque et le temps qui passe, la vieillesse qui surprend des gens qui pensent avoir encore du talent à offrir.

Pour compenser l’effet mélancolique et triste de tous ces acteurs vieillards, nous avons droit à une scène humoristique où Adam (encore vert) compose des cocktails en embrassant son épouse Carol (Julie Adams), et en dosant  les martini- vodka et le vermouth selon la longueur de ses baisers. Tout le reste relève d’un conte de Noël misérabiliste et qui confond sentiments  et mièvrerie. Visiblement, Sir Alfred et la productrice Joan Harrison avaient besoin coûte que coûte d’un épisode supplémentaire pour leur livraison annuelle à la chaîne CBS. Quantité et qualité ne vont pas ensemble et la chose a été oubliée ici.

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Images capturées par Patrick Sansano.

Saison 4Saison 6

Alfred Hitchcock Présente

Saison 5

1. Arthur - Inédit en France

2. The Crystal Trench - Inédit en France

3. Appointment at Eleven - Inédit en France

4. Le Coyote de la lune (Coyote Noon)

5. Rapide et indolore (No Pain)

6. Anniversary Gift - Inédit en France

7. Galop d'essais (Dry Run)

8. La Méthode Blessington (The Blessington Method)

9. Poids mort (Dead Weight)

10. Paquet recommandé (Special Delivery)

11. Road Hog - Inédit en France

12. La Spécialité de la maison (Specialty of the House)

13. Le Pont du hibou (An Occurrence at Owl Creek Bridges)

14. Abus de confiance (Graduation Class)

15. L'Homme du Sud (Man from the South)

16. L’Icône d’Élijah (The Ikon of Elijah)

17. Une cure radicale (The Cure)

18. Flagrant délit d'opinion (Backward, Turn Backward)

19. Pas le genre à s’enfuir (Not the Running Type)

20. Mort en différé (The Day of the Bullet)

21. Auto-stop (Hitch Hike)

22. L’Autre Côté (Across the Threshold)

23. Le Testament de Craig (Craig's Will)

24. Madame Mystère (Mme Mystery)

25. Le Petit Homme (The Little Man Who Was There)

26. Maman est-ce que je peux me baigner ? (Mother, May I Go Out to Swim ?)

27. La Pendule à coucou (The Cuckoo Clock)

28. Quarante détectives plus tard (Forty Detectives Later)

29. Le Héros (The Hero)

30. Insomnie (Insomnia)

31. Je sais me défendre (I Can Take Care of Myself)

32. Un mort de trop (One Grave Too Many)

33. Party Line - Inédit en France

34. Cellule 227 (Cell 227)

35. La Méthode Schartz-Metterklume (The Schartz-Metterklume Method)

36. Que justice soit faite (Letter of Credit)

37. Échappé dans le désert (Escape to Sonoita)

38. Petit poisson deviendra grand (Hooked)



1. ARTHUR
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Arthur Williams. Adaptation :  James P. Cavanagh. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Avec Patrick Macnee dans le rôle de John Farrell, sergent de police.

Arthur Williams raconte en s'adressant au téléspectateur qu'il a commis le meurtre parfait. Il nous parle de son exploitation de poulets en Nouvelle-Zélande où il adore vivre seul, et de la qualité de la chair de ses volailles.

Arthur est aigri, il y a un an, il devait épouser Helen (Hazel Court), jeune femme cupide qui lui a préféré un riche financier. Celle-ci revient le voir démunie, espérant qu'il la reprenne, mais Arthur l'étrangle, de la même façon qu'il a étranglé une volaille lors du monologue du début.

Peu après, entre en scène son meilleur ami, un policier, John (Patrick Macnee). Il semble soucieux pour son ami. Le futur John Steed de « Chapeau melon et bottes de cuir » est visiblement très à l’aise dans son personnage.

Malgré les recherches, la police ne retrouve pas le corps d'Helen, qu'Arthur a broyé et donné comme aliment à ses volailles, lesquelles y ont pris goût

Humour noir, comme toujours dans l'univers du maître du suspense. On apprécie cette apparition anté-avengers de John pas encore Steed.

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2. THE CRYSTAL TRENCH
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de A.E.W. Mason. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Mark Cavendish, en 1947, se souvient d’un voyage qu’il fit au même endroit, en Autriche, il y a tous justes quarante ans. En 1907, s’y trouvant,  il apprend qu’il y a eu un accident de montagne survenu à des alpinistes amateurs et doit annoncer la mauvaise nouvelle de la mort à la femme de l’un d’eux, jeune mariée.

Bien qu’il doive composer avec des décors de studios, et des stock shot de montagnes, Sir Alfred nous propose une mise en scène tout à fait digne de lui. C’est son deuxième épisode à la suite dans cette saison 5, et pour le plus grand plaisir des fans de « Chapeau melon et bottes de cuir », Patrick Macnee est lui aussi de retour, chose rare dans l’anthologie. Enfin, signalons que pour cette saison 5, le générique « marche funèbre » bénéficie d’une nouvelle orchestration.

A noter que les autrichiens appellent ici le personnage principal « Cavendidge » alors qu’IMDB mentionne ce dernier comme « Cavendish », ce qui peut être un problème de prononciation de nos amis germaniques. Mais ensuite, les comédiens anglo-saxons l’appellent également ainsi.

Stella Ballister (Patricia Owens) apprend la nouvelle avec beaucoup de courage. L’accident est survenu sur un pic très dangereux, le Schwarzhorn. Stella demande à Cavendish de tout faire pour récupérer le corps de son mari, mais ce dernier tombe dans une crevasse. Mark Cavendish tombe amoureux de la veuve.

C’est un Patrick Macnee moustachu que l’on retrouve à la 19e minute de l’épisode dans le rôle du professeur Kersley, que viennent consulter Stella Ballister et Mark. Le professeur est un spécialiste des montagnes enneigées, et il explique qu’avec les cristaux, il y a des déplacements naturels de glaciers. Nous sommes en 1907 et le professeur estime qu’en juillet 1947, Stella pourra récupérer le corps de son mari. Mais elle fera alors une terrible découverte.

Episode sentimental et non horrifique, avec une apparition fugitive de Patrick Macnee, et une très bonne composition de Patricia Owens en veuve inconsolable.

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3. APPOINTMENT AT ELEVEN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert Turner. Adaptation : Evan Hunter. Réalisation : Robert Stevens.

Un jeune homme de 17 ans, David Logan, a été traumatisé par le départ de son père du domicile conjugal avec une blonde quand il avait douze ans. Depuis, il le hait au point de vouloir le tuer.

On touche avec cet opus au gros problème de cette anthologie : à côté de perles, nous proposer des histoires poussives. Ici, nous devons subir les tourments d’un gamin de dix-sept ans, d’abord avec sa mère, puis avec une entraîneuse de bar (une blonde), ensuite avec un marin (Clu Gulager de la série « Le Virginien »), enfin avec le client d’un bar qui accepte de lui servir de l’alcool alors qu’il n’a pas sa carte d’identité prouvant qu’il est majeur (ce qu’il serait bien incapable de démontrer).

Nous devons supporter le jeu totalement hystérique de Clint Kimbrough dans le rôle de cette adolescent perturbé, mais en regardant l’épisode, on se demande bien quel intérêt on peut trouver à cette histoire.

La chute sera une réponse à la quête de David, mais le téléspectateur a depuis longtemps décroché devant ses monologues de schizophrènes. Clint Kimbrough joue dans l’excès, on peut parler de performance, mais cela n’a rien à faire dans l’anthologie Hitchcock.

Norma Crane (l’entraîneuse de bar) et Sean Mc Clory (le patron de bar irlandais qui devient une représentation du père haï) gardent, comme Clu Gulager, plus de sobriété dans leur jeu. L’opus frôle parfois l’improbable, comme lorsque le jeune homme détruit un poste de télévision dans le bar sans que personne ne semble s’en offusquer outre mesure. On est stupéfait d’apprendre, dans sa conclusion, que Sir Alfred a aimé cette histoire.

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4. LE COYOTE DE LA LUNE
(COYOTE NOON)

Histoire de Kenneth B. Perkins. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Herschel Daugherty.

Un honnête professeur, en route pour rejoindre sa famille en Californie, a le malheur de prendre une autostoppeuse. Elle lui demande de prendre en route son père, un homme sans gêne, et très vite, avec le « frère », notre héros se rend compte qu’il est tombé dans un guet apens.

Edgard Buchanan servait la justice aux côtés de Glenn Ford dans « Sam Cade », mais ici, mufle, voleur, menteur, racketteur, il vous dégoûte à vie de prendre un autostoppeur. Le professeur, joué par  MacDonald Carey (« L’ombre d’un doute ») et dont nous ne connaîtrons pas le nom, a pourtant pris en stop plus par pitié qu’autre chose sa fille Julie, qu’incarne Collin Wilcox.

Ce qu’il y a de terrible dans cet épisode, c’est que tourné en 1959, il est toujours actuel. Au mieux, il vous rappellera le sketch de Coluche « l’autostoppeur », au pire les tragédies de braves gens victimes de marginaux qui profitent de lieux déserts pour dépouiller voire pire.

Ici, le professeur trouvera sa revanche, et l’on est vraiment content pour lui. On ne dira pas comment, c’est la chute, mais il s’en sort bien quand on voit dans quels ennuis il s’est mis en voulant jouer les bons samaritains. Le père de Julie est odieux, volant les cigarettes par cartouches entières dans le minibus, faisant preuve d’un sans gêne et d’une mauvaise foi qui met vite le conducteur mal à l’aise. Heureusement pour lui, il a flairé le danger derrière cette famille de voleurs.

On passe un excellent moment. Et l’on se dit que sur certaines choses, la société n’a pas changé.

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5. RAPIDE ET INDOLORE
(NO PAIN)

Histoire de Talmage Powell. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Lyod.

Dave Rainey à la suite d’un accident se retrouve dans un respirateur artificiel. Sa jeune épouse n’a pas l’intention de divorcer quand il est si facile de débrancher la machine…

Les anciens téléspectateurs qui verront cet inédit se souviendront immédiatement d’un des meilleurs épisodes de « Mannix » : « Le retour » (03-03), maintes fois diffusé en France à partir de 1972, dans lequel le détective retrouvait son père, mais défendait un accusé emprisonné dans un « poumon d’acier », un respirateur artificiel. Dans le rôle de Dave Rainey, Brian Keith se retrouve ici comme le client de Mannix à l’état de légume. C’est assez impressionnant à voir, avec un miroir qui permet à l’homme allongé à vie de montrer son visage à ses interlocuteurs.

Les comédiens sont fabuleux : Brian Keith, que l’on vient de voir dans la série dans « Le témoin » (04-31) est magistral en infirme conscient de son impuissance. Sa jeune épouse Cindy incarnée par Joanna Moore est garce à souhait, et ne se cache pas de flirter avec un jeune et beau garçon, Arnold (Yale Wexler), tandis que la mort du mari est savamment planifiée pendant l’absence de l’infirmière.

Comme toujours, chez Hitchcock, il ne faut pas se fier aux apparences, et la chute est à la hauteur  de la situation désespérée de Dave Rainey. Elle est cruelle et pleine d’humour noir, mais l’on peut regretter qu’elle soit surtout évoquée dans l’épilogue par Sir Alfred, même si nous savons à quoi nous attendre dans les dernières minutes.

La scène où Cindy débranche pendant dix minutes le respirateur artificiel, ce qui est le maximum pour laisser en vie son mari qui sue à grosses gouttes, est digne des suspenses du maître. Une réussite.

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6. ANNIVERSARY GIFT
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John Collier. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Norman Llyod.

Myra Jenkins, qui a l’âge mental d’un enfant de dix ans, ne vit que pour les animaux de toutes sortes, ce qui horripile son mari Hermie. Voyant la vie calme et sereine que mène son voisin veuf George Bay, Hermie décide d’offrir à sa femme un serpent venimeux pour la tuer.

On ne comprend pas pourquoi Hermie a épousé Myra (Barbara Baxton, ici horripilante) qui ne vit que pour les hippocampes, perroquets, reptiles et autres animaux digne d’une ménagerie, ne divorce pas, au lieu de se fourvoyer à tenter de la tuer en se faisant passer pour un professeur de la NASA décidé à acheter un crotale à un vendeurs d’animaux en tous genres, Hansel Eidelpfeiffer, qui propose des crocodiles, tortues, serpents, grenouilles comme un boulanger des petits pains.

Si Harry Morgan est parfait dans son rôle d’Hermie, Barbara Baxton en fait des tonnes au point qu’on doute qu’aucun homme raisonnable ne l’aurait épousée. Jackie Coogan, en veuf éploré George Bay, passe son temps à pêcher et à boire des bières, vie dont rêve Hermie.

On devine très vite la fin de l’épisode, et c’est regrettable car lorsque la chute est téléphonée, les opus ne sont généralement pas bons. Le téléspectateur est censé être surpris par la chute.

J’ai trouvé que le personnage et l’acteur qui incarne le vendeur de serpent sont totalement improbables.  Michael J. Pollard est bien trop jeune pour le rôle. Le marchandage que fait Hansel avec le mari est ridicule.

Sans être nul, l’épisode laisse à désirer et ne parvient jamais à passionner.

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7. GALOP D'ESSAIS
(DRY RUN)

Histoire de Norman Struber. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : John Brahm.

Un caïd de la mafia, Barberosa, qui traite avec mépris ses tueurs, demande à une nouvelle recrue, Art, d’abattre un certain Moran. Ce dernier désarme et piège Art, et lui montre qu’il a agi pour un cachet dérisoire. Il lui offre une fortune et une place de bras droit dans sa propre organisation s’il tue Barberosa.

L’intérêt de cet opus est sa distribution, avant tout Robert Vaughn, bien avant son rôle de Napoléon Solo dans « Des agents très spéciaux ». On a tellement l’habitude de David White en patron du mari de Samantha la sorcière bien aimée qu’il nous paraît peu convaincant en Barberosa. En revanche, dans le rôle de Moran, Walter Matthau a la tête de l’emploi.

Robert Vaughn joue ici un jeune truand hésitant, qui ignore quel est le bon cheval qu’il faut jouer. Son manque de maturité est évident, mais le comédien recèle en lui les promesses de lendemains de carrière plus grandioses. S’il y a beaucoup de suspense, on peut s’étonner que cette intrigue policière classique ait sa place dans l’anthologie.

Les scènes sont constituées de deux huis clos : David White/Robert Vaughn, Walter Matthau/Robert Vaughn, et cela manque un peu de variété dans les décors et les situations. La chute est assez prévisible, mais on passe un bon moment.

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8. LA MÉTHODE BLESSINGTON
(THE BLESSINGTON METHOD)

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Halsted Welles. Réalisation : Herschel Daugherty.

Dans un futur situé en juillet 1980, l’espérance de vie a augmenté tellement que les personnes âgées atteignent environ 125 ans. La belle mère de John Treadwell, insupportable, a 82 ans et lui pourrit la vie. Une société, représentée par un certain J J Bunce, se propose de tuer les vieillards encombrants.

Contrairement aux apparences, Stanley Ellin, dont est adapté une nouvelle pour cet épisode digne de « La quatrième dimension » est un auteur de romans policiers et non de science-fiction.

Il a imaginé ici un futur où l’espérance de vie a énormément progressé. Le manque de moyens flagrant de l’épisode nous empêche de constater ce qu’était, pour l’américain lambda de 1959, la vision du « futur proche » en 1980. On se croit parfois dans « Chapeau melon et bottes de cuir » et notamment « L’invasion des terriens », « Meurtre au programme » ou « Les cybernautes », avec les portes qui s’ouvrent toutes seules, la secrétaire robotisée.

Bien que j’accorde quatre étoiles à cet excellent suspense, j’ai relevé plusieurs incohérences : le mari, John Treadwell (Henry Jones) dit être dans la cinquantaine, ce qui correspond à peu près à l’âge de l’acteur, qui avait 47 ans en 1959. Ce qui par contre est surprenant, c’est qu’il a deux enfants, deux adolescents, qui vivent encore chez lui. Son épouse, jouée par Irene Windust (38 ans) en fait avec ses vêtements de grand-mère et son air austère dix voire quinze de plus. En aucun cas, ce couple n’est crédible si l’on se réfère à leur situation de parents ayant des adolescents au foyer.

Nous sommes en 1980, mais la musique, les costumes, la mode, sans parler de la sacro-sainte messe du Dimanche devenue obligatoire, évoquent les années cinquante. Le coût de la vie n’a pas augmenté : Treadwell  paie 2000 dollars pour faire tuer sa belle-mère horripilante. Bref, la seule chose qui ait changé dans ce futur antérieur, c’est l’espérance de vie.

Dick York, dans le rôle de Bunce, joue une fois de plus un méchant, après l’épisode 04-33 « Le tiroir secret ». Curieux comme ensuite, ce comédien restera figé dans le personnage de Jean Pierre, le mari un peu benêt de la sorcière bien aimée.

Elizabeth Patterson est odieuse à souhait en belle-mère que le héros est obligé de supporter à demeure, car elle est veuve, et Bunce lui explique que cela va durer de son âge actuel, soit 82 ans en 1980, jusqu’au minimum à 125 ans.

Encore une fois, le sujet relève plus de « La quatrième dimension » que de la série « Alfred Hitchcock présente ». Très bonne histoire, avec une chute glaciale à souhait – on s’y attendait – mais une réalisation qui fait ce qu’elle peu avec le budget alloué. L’histoire rappelle parfois « L’âge de cristal », la surpopulation étant cependant (en 25 minutes) à peine évoquée ici. Notons une perte précieuse de temps lorsque Bunce se présente la première fois au bureau, et peine à convaincre le très pieux et très croyant Treadwell de l’utilité de liquider la belle-mère. L’impunité des meurtres au grand jour, ou si l’on veut des « euthanasies », est assez incohérente. Dans le prologue, Bunce tue un vieil homme de la même façon qu’il effacera de la terre la vieille mégère. C’est à la fois un manque d’imagination et un une petite entaille dans la crédibilité de l’intrigue.

Néanmoins, si tous les épisodes de l’anthologie étaient de cette qualité, on applaudirait des deux mains.

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9. POIDS MORT
(DEAD WEIGHT)

Histoire de Herb Golden. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Un couple illégitime s’embrasse en voiture dans un endroit isolé. Une fripouille les surprend, arme à la main, mais n’a pas l’intention de se limiter à voler l’argent. Il veut enfermer l’homme dans le coffre de la voiture et violer la femme.

Joseph Cotten campe ici Courtney Masterson, chef d’entreprise dans la force de l’âge, qui a la chance d’avoir une jolie maîtresse, Peggy Valence (Julie Adams). Il est marié à une grande bourgeoise encore désirable (Angela Greene), dont nous ne saurons pas le prénom (elle n’a qu’une scène dans l’épisode et il n’est jamais prononcé). Bref, Masterson a la vie rose jusqu’au soir où une petite frappe, Rudy Stickney (Don Gordon) le menace d’une arme et veut violer Peggy après avoir – c’est son intention – enfermé le héros dans le coffre de la voiture.

Dans le rôle de Rudy, Don Gordon est odieux à souhait, et on se demande comment Masterson peut attendre si longtemps avant de lui régler son compte, ce que souhaite d’ailleurs Peggy qui a échappé au viol.

Rudy ayant pris les papiers de sa victime pendant un court moment a compris que Peggy n’était pas sa femme mais sa maîtresse et veut le faire chanter. Il atteint là le sommet de l’ignominie et Masterson qui le tient en joue le tue.

Ensuite, il se présente à la police, et Rudy étant un repris de justice, n’a aucune peine à convaincre les autorités de ce qui s’est passé, en omettant seulement la présence de sa maîtresse (délicieuse Julie Adams sexy et glamour). Mais il n’est pas au bout de ses peines, car nous sommes dans l’anthologie Hitchcock où rien n’est si simple.

Très daté, le machisme du héros ne passerait plus la barre du politiquement correct aujourd’hui. Idem pour la justice que se fait l’homme, il se trouverait des tas d’associations de bien-pensants pour lui trouver des excuses. Ici, Rudy cherche bien son sort, d’autant plus que sa victime était prête à le laisser partir.

Les comédiens sont tous impeccables, et l’histoire si bien rodée que l’on regrette de s’arrêter sur la chute à 25 minutes. « Poids mort » aurait mérité un long métrage. La chute n’est pas cruelle comme la plupart du temps, et l’on se dit que notre héros s’en sort à bon compte, même s’il va au devant de quelques ennuis.

Un opus sans fautes.

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10. PAQUET RECOMMANDÉ
(SPECIAL DELIVERY)

Histoire de Ray Bradbury. Réalisation : Norman Lloyd.

A noter : cette histoire a été à nouveau adaptée en 1989 sous le titre « Boys ! Raise giant mushrooms in your cellar ! » dans le cadre de l’anthologie « Ray Bradbury présente ».

Des extra-terrestres décidés à envahir la terre en décimant les humains font expédier à des enfants des champignons empoisonnés que ces derniers font pousser dans leur cave.

J’ai du mal avec l’acteur Peter Lazer, qui incarne pour la deuxième fois un gosse insupportable dans cette série après l’épisode 04-02 « Silence ». Il a un jeu outrancier et se révèle plus une tête à claques qu’autre chose.

Ici, Ray Bradbury propose une histoire ambitieuse, mais le problème, c’est qu’il fallait 1h30 voire deux heures pour la développer. En 25 minutes, on ne pouvait arriver qu’à un condensé qui évoque tout à la fois « L’invasion des profanateurs de sépultures » de Jack Finney (surtout dans la première adaptation de 1956 de Don Siegel), « Le village des damnés » (en raison des enfants), « Les envahisseurs » (l’invasion extra-terrestre invisible). Bref, l’entreprise était perdue d’avance.

Les comédiens font se qu’ils peuvent pour sauver les meubles, mais dans la mesure où l’on ne fait qu’effleurer le sujet sans jamais l’approfondir, l’horreur ne nous atteint pas. Ces caves remplies de champignons menaçants devraient nous glacer d’effroi, mais tout va trop vite, et l’on ne laisse pas le temps au téléspectateur de se retourner. N’aurait-il pas fallu envisager un double voire triple épisode, comme cela fut le cas dans la saison 2 avec « I killed the count » ?

L’épisode est donc bâclé et ressemble à un résumé. C’est infiniment dommage lorsque l’on a la chance d’avoir Ray Bradbury comme scénariste.

L’interprétation est particulièrement fade : Ce ne sont pas Stephen Dunne et Beatrice Straight, qui semblent traverser l’intrigue en touristes, qui nous feront oublier un David Vincent/Roy Thinnes ou un Fox Mulder/David Duchovny.

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11. ROAD HOG
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Harold Daniels. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Un représentant sadique, Ed Fratus, qui a beaucoup de mépris pour les fermiers, empêche sciemment sur une petite route des agriculteurs de  dépasser sa voiture, alors qu’ils doivent emmener d’urgence uns de leurs fils gravement blessé par un taureau.

On peut décerner au comédien Robert Emhardt depuis l’épisode « Crackpot » (02-15) le prix de meilleur comédien de la série. A chacune de ses apparitions, il fait merveille dans les rôles de sadiques, disons même de personnages diaboliques.

Ici, il est au début le monstre et ensuite la victime. Par bêtise, méchanceté, mépris, il empêche des « bouseux » de fermiers de les dépasser sur la route et finit même par la leur faire quitter. Or, ces fermiers, les Pine, filaient à l’hôpital de la bourgade voisine car un de leurs fils venaient d’être blessé par un taureau. Faute de transfusion sanguine à temps, le jeune homme meurt. La famille Pine décide de retrouver l’homme et de se venger.

De chasseur, Fratus passe ici à bête traquée. Il se fait empoisonner par le père de la victime, et l’un des fils va ensuite s’ingénier à lui rendre œil pour œil dent pour dent ce qu’il a fait : le coincer sur la route au point de la lui faire quitter.

Bien sûr, cette histoire de vengeance a une chute diabolique à souhait, pleine d’humour noir. L’un des fils Pine est incarné par Richard Chamberlain alors très jeune et fort peu reconnaissable en futur héros de la série « Les oiseaux se cachent pour mourir ». Le père Pine est incarné par Raymond Massey vu au cinéma dans « A l’est d’Eden ».

Le suspense est constant pendant 25 minutes, ce qui est la démonstration d’un opus quatre étoiles. Même si le téléspectateur pense avoir tout deviné, la chute va le surprendre.

Quant à Robert Emhardt (1914-1994), que les amateurs des « Envahisseurs » n’oublieront jamais pour son rôle diabolique dans l’épisode « Cauchemar », on peut regretter qu’il soit si méconnu. Sa seule présence donne des frissons d’angoisse.

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12. LA SPÉCIALITÉ DE LA MAISON
(SPECIALTY OF THE HOUSE)

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Victor Wolfson et Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Robert Stevens.

Laffler, un homme d’affaires, invite son collaborateur Costain dans un restaurant privé haut de gamme, Spirro,  où est servi un plat unique au monde : une viande d’agneau venant d’un plateau d’Ouganda, Amirstan.

Tout d’abord, sans avoir vu la chute, on comprend tout de suite ce qu’elle contient, il faut dire que les anthologies d’Hitchcock en livres ont abordé déjà ce sujet. Une viande spéciale, que l’on ne peut manger nulle part ailleurs que dans un club huppé de quarante personnes, on devine facilement – humour noir aidant – ce que cela peut être.

Ce qui est gênant ici, c’est le cabotinage de Robert Morley (« La reine africaine », « Topkapi ») qui en fait des tonnes dans son personnage précieux de rondouillard Laffler. Je n’ai pas aimé non plus l’interprétation outrancière de l’actrice qui joue la chef culinaire Spirro, Spivy. Nous sommes dans une sorte de bal des monstres, où l’on fait des bonnes manières, mais où chacun affecte des attitudes et des manières précieuses et hautement ridicules.

Kenneth Haigh, qui incarne Costain, tranche par son naturel et sa spontanéité dans cet endroit où l’on s’offusque que quelqu’un puisse demander le menu, où l’on ne met pas de sel ni de condiments dans les plats pour en apprécier la saveur, où seul le vin est toléré, pas question de prendre un apéritif ou un cocktail. Et puis les membres de ce « cercle » attendent tous cette spécialité de la maison avec une sorte de fanatisme.

Nous sommes ici en plein humour noir. L’épisode est raté parce que même le plus naïf des téléspectateurs comprend ce qu’est l’agneau Amirstan.  Seul Laffler semble l’ignorer, si l’on se fie à la scène finale. A partir de là, on suit l’épisode péniblement.

Il n’y a aucun suspense, que des ronds de jambes, des amabilités de salon, on se demande même si l’on ne va pas voir la baronne de Rotschild à une table nous faire un cours sur les bonnes manières. Un épisode pompeux.

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13. LE PONT DU HIBOU
(AN OCCURRENCE AT OWL CREEK BRIDGES)

Histoire d’Ambrose Bierce. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Robert Stevenson.

1862. En pleine guerre de Sécession, Peyton Farquar, un homme qui va être pendu au dessus d’une rivière sur un pont, réussit à s’échapper lorsque la corde casse et qu’il plonge dans la rivière.

Ambrose Bierce (1842- ? vers 1913) est un écrivain américain célèbre pour cette nouvelle.  Il est mort à une date incertaine, vers 1913, en rejoignant l’armée de Pancho Villa au Mexique. Dans la nouvelle de Gerald Kersh « The secret of the bottle », publiée dans le recueil de nouvelles d’Hitchcock « Histoires à faire peur », Kersh, mais cela paraît hautement fantaisiste, prétend avoir retrouvé un manuscrit inédit de 1914 de Bierce, inachevé, selon lequel ce dernier aurait été victime au Mexique d’un cannibale.

Pour revenir à cette adaptation de son œuvre en épisode de l’anthologie, on y retrouve James Coburn dans le rôle d’un sergent. Nous sommes ici en plein fantastique, et la nouvelle est fidèlement adaptée. La corde va-t-elle casser au moment où  Farquar va être pendu par les soldats, c’est ce que notre homme espère. Mais quelle est la part de rêve et de réalité dans cette histoire ? Il faudra attendre la chute pour l’apprendre, mais la nouvelle figurant dans beaucoup de recueils fantastique , les amateurs savent à quoi s’en tenir.

Après la fuite dans la rivière, Farquar est pourchassé. Il y a beaucoup d’action et de rebondissements. Le téléspectateur a sa dose de suspense. En voix of, on entend les monologues intérieurs que fait notre homme, ses pensées, ses angoisses, ses espoirs.

La meilleure scène se situe au milieu de l’épisode, vers la seizième minute, lorsque Farquar (Ronald Howard) retrouve son cher Josh, un noir (Juano Hernandez) qu’il croyait mort. Il est trop difficile d’en dire plus au risque de tout dévoiler.

Un classique pour les amateurs.

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14. ABUS DE CONFIANCE
(GRADUATION CLASS)

Histoire d’Edouard Sandoz. Adaptation : Stirling Siliphant. Réalisation : Herschel Daugherty.

Miss Siddons est la nouvelle professeure de littérature européenne. Elle fait la connaissance d’un voisin envahissant, Ben Prowdy, et lui confie ses craintes concernant une de ses étudiantes, Gloria, qui se rend chaque soir dans un night club où elle retrouve un homme.

Histoire moralisante, d’un autre temps. On comprend mal pourquoi Miss Siddons, la nouvelle professeure qui semble porter sur elle toute la misère du monde (aidée en cela par l’interprétation de Wendy Hiller), se mêle de la vie privée de Gloria Barnes (Gigi Perreau), une de ses étudiantes, dont la mère est souffrante et le père en mission en Irak.

L’épisode, qui date de décembre 1959, montre le pouvoir qu’avaient les enseignants à l’époque. Ils se faisaient respecter, pouvaient intervenir sur le comportement de leurs élèves. Mais ici, l’enseignante, qui apprend à ses élèves l’œuvre de la créatrice de Frankenstein,  Mary Shelley, dépasse nettement ses prérogatives. Que la jeune Gloria passe ses nuits avec un jeune homme ne la regarde en rien.

Robert H Harris, au physique inquiétant, fait ici son avant dernière apparition dans l’anthologie. On l’a vu précédemment dans six épisodes dont « Toby » (02-06).

Malgré une intrigue fortement ennuyeuse et puritaine, le réalisateur Herschel Daugherty réussit à distiller une atmosphère inquiétante. Ainsi, dans la dernière scène avant la chute, les étudiantes semblent toutes déshumanisées, comme des femmes robots façon « The Stepford wives », alors que le fantastique est loin de faire partie de l’intrigue.

Notons aussi que la façon dont Miss Siddons, au début très méfiante avec son voisin Ben qui veut l’inviter boire un verre ou aller au cinéma, change d’attitude envers lui est peu crédible. L’opus mérite tout juste deux étoiles tant l’histoire est creuse et ennuyeuse.

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15. L'HOMME DU SUD
(MAN FROM THE SOUTH)

Histoire de Road Dahl. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un casino de Las Vegas, un milliardaire, Carlos, offre à un joueur une partie macabre : si l’homme est capable d’allumer dix fois son briquet, il gagnera une belle décapotable. Si la flamme ne s’allume pas, le joueur aura son auriculaire tranché. Sa main est attachée sur la table, et Carlos tient un hachoir à viande en mains.

Deux étoiles pour Steve Mc Queen, mais l’épisode m’a paru malsain au possible. On a dans cet opus les prémices de films comme « Saw ». Peter Lorre en Carlos joue ici les fous dangereux et hallucinés, sadiques également. Neile Adams incarne une belle jeune femme russe qui arrive de Moscou. Certes, il y a du suspense, mais cela donne plus des hauts le cœur qu’autre chose. Bien évidemment, nous avons également une chute fortement macabre, mais tout ce qui fait le charme de cette anthologie est réduit ici à un spectacle absolument répugnant.

Tout d’abord, l’épisode manque de crédibilité : Tyler Mc Vey par exemple est le « référent », le témoin, pour démontrer que ce pari malsain est légal et fait entre personnes consentantes. Peter Lorre dans un de ses derniers rôles est pathétique, fort loin de « M le maudit ». Il est ici une caricature de lui-même. Heureusement demeure un Steve Mc Queen royal et magistral. C’est vraiment la seule bonne chose de cet opus, avec la beauté de Neile Adams.

Si l’on regarde la filmographie de Steve Mc Queen, on constate qu’il a très peu tourné (41 rôles seulement), alors nul doute que ses fans ne feront pas l’impasse sur cet épisode. Mais l’on aurait pu trouver mieux que cette histoire dérangeante où l’on a du mal à retrouver le talent de Road Dahl, grand écrivain de suspense, et qui a signé l’adaptation (en fait le scénario original) d’un des meilleurs James Bond, « On ne vit que deux fois », dont le roman se prêtait mal à une transcription fidèle au cinéma.

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16. L’ICÔNE D’ÉLIJAH
(THE ICON OF ELIJAH)

Histoire d’Avram Davidson. Adaptation : Victor Wolfson et Norah Perez. Réalisation : Paul Almond.

Un antiquaire véreux, Carpius, a promis à un riche client étranger de lui procurer une icône datant d’avant le 11e siècle. Il veut devenir riche, notamment pour garder auprès de lui la belle Malvira, à laquelle il a fait tant de promesses non tenues. Un jour, un moine vient lui proposer de faire une copie, et il décide de voler l’original au monastère.

Oskar Homolka (1898-1978) rappelle beaucoup des comédiens comme Pedro Armendariz. Ce comédien autrichien, qui fut contraint de s’exiler à Hollywood pour fuir le nazisme, a été souvent mis à contribution pour jouer les espions soviétiques. On l’a vu dans « Agent secret » (1936) du maître Sir Alfred. Ici, il cabotine beaucoup en antiquaire voleur oriental.

L’histoire n’est pas très originale. Nous sommes à Chypre, et Carpius vend surtout des copies à bon marché (dans une scène, il tentera d’escroquer un major anglais mais devra réduire son  prix de vente à la vraie valeur, 5 livres). Un certain Chiringirian lui propose un marché : il doit procurer à un client une véritable icône, lui qui est habitué à vendre des contrefaçons pour touristes. Il se décide alors à voler l’icône et pour cela doit entreprendre un périple dans un monastère isolé du monde.

L’appât du gain transforme ce médiocre brocanteur en meurtrier. Mais le suspense ne prend jamais ses marques dans l’épisode. Oskar Homolka semble se comporter comme s’il n’y avait aucune direction d’acteurs, autant dire qu’il cabotine à outrance, voulant montrer au public américain de ce début de décennie 1960 l’escroc type pour touristes.

Il en résulte un épisode prévisible et quelque peu ennuyeux. Il n’y a que la chute qui est savoureuse, cruelle à souhait, mais c’est peu pour 25 minutes. D’autre part, on ne parvient jamais à croire que Carpius ait pu séduire la belle Malvira. Il suffit de voir la belle Danielle De Metz, comédienne française née en 1938, et Homolka.

Bref, un épisode destiné surtout à fournir 38 opus pour cette cinquième saison à la chaîne CBS qui passait là sa dernière commande. Les saisons 6 et 7 seront reprises par NBC.

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17. UNE CURE RADICALE
(THE CURE)

Histoire de Robert Bloch. Adaptation : Michael Pertwee. Réalisation : Herschel Daugherty.

Marie Jensen tente un soir de poignarder son mari. Nous sommes sous les tropiques et le mari, Jeff, pense que son épouse est atteinte de fièvres et n’a plus toute sa raison. Un domestique indien propose à Jeff de la tuer.

Avec Nehemiah Persoff dans le rôle du mari Jeff Jensen, et dans celui de son associé Mike l’acteur Peter Mark Richman, nous disposons d’une bonne distribution. C’est Cara Williams, vue dans « La chaîne » avec Tony Curtis et Sidney Poitier, qui interprète l’épouse. A noter que cette actrice eut droit à sa série, inédite en France, en 1964-65, « The Cara Williams show ».

Marie Jensen est supposée avoir eu un coup de folie. Elle a tenté de tuer son mari Jeff. Mais ligotée sur son lit pour la protéger de sa propre folie, elle ne tarde pas à séduire Mike, l’associé de Jeff. Il est toutefois convenu de l’emmener à la ville consulter un docteur. Jeff, fiévreux, alité, attendra dans la jungle.

La vraie vedette de cet opus, c’est Luiz (Leonard Strong), un indien serviteur fidèle, qui va appliquer des méthodes radicales pour sauver son maître, un peu trop peut être.

On retrouve avec la chute absolument horrifique la signature de Robert Bloch de « Psychose » qui œuvre toujours un peu dans le même registre. On a droit à du grand guignol et à une chute comme la série ne nous en avait pas offerte depuis longtemps.

Quelques longueurs et un script un peu trop prévisible empêchent cependant cet opus d’atteindre la perfection.

Michael Pertwee (1916-1991), qui a fait l’adaptation, fut le scénariste d’épisodes de « Destination danger », « Le Saint », « Amicalement vôtre » et « Le retour du Saint ».

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18. FLAGRANT DÉLIT D'OPINION
(BACKWARD, TURN BACKWARD)

Histoire de Dorothy Salisbury Davis. Adaptation : Charles Beaumont. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Agé de 59 ans, Phil Canby aurait une liaison avec la toute jeune Sue , 19 ans, dont il pourrait être le grand-père. Le père de Sue est assassiné, et la ville entière réclame la tête de Phil. Le shériff Willetts doit établir la vérité.

Un des épisodes les plus pénibles de toute l’anthologie, partant surtout d’un postulat incroyable, l’histoire d’amour entre une gamine et un homme de 59 ans (l’acteur  Tom Tully qui incarne Phil en avait en fait 52 en 1960).

Dès le début, il est plus question de morale puritaine que d’affaire criminelle ou de suspense. L’arme du crime a été lavée. Tous les soupçons se portent sur Phil.

Notons que loin d’avoir 19 ans, la comédienne Phyllis Love qui incarne Sue, bien que faisant « adolescente » avait… 35 ans en 1960.

L’intrigue est ennuyeuse à mourir, multipliant les interrogatoires. J’ai bien cru reconnaître le regretté Rod Taylor qui vient de nous quitter dans le rôle de Saul, mais il s’agit d’un comédien nommé Paul Maxwell, que l’on a vu dans « Indiana Jones et la dernière croisade ».

Le shérif est confronté à des témoins qui tous réfutent la réalité. La mère du bébé que Phil le présumé coupable était censé surveiller refuse de croire que si l’enfant criait, c’est qu’il n’était pas surveillé, et que pendant ce temps son père commettait le crime. Et ainsi de suite, jusqu’à la révélation finale qui rappelle les films de Sir Alfred sur la psychanalyse.

Difficile à supporter jusqu’au bout.

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19. PAS LE GENRE À S’ENFUIR
(NOT THE RUNNING TYPE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Arthur Hiller.

Un homme, arrêté en 1947 pour avoir escroqué à sa compagnie 200 000 dollars, vient de sortir de prison. Le policier qui l’avait arrêté jadis, et jamais pu récupérer l’argent, tient à le rencontrer.

Episode sympathique, sans plus, où tout est dans la chute, mais qui est tristounet et fade à l’image de son antihéros, l’employé terne et sans histoires Milton Potter (Paul Hartman). Ernest Fisher, autrefois lieutenant, maintenant capitaine (Robert Bray) éprouve presque de la compassion pour ce « brave homme » si l’on peut dire.

L’épisode se déroule surtout en flash back, où Fisher raconte à son nouvel adjoint cette vieille affaire. L’employé modèle, après avoir détourné l’argent, s’est absenté trois jours puis rendu à la police.  Il n’a jamais voulu dire où se trouvait l’argent – on comprend pourquoi dans la chute – et pendant 25 minutes, il y a essentiellement des dialogues. Aucune action. Histoire totalement immorale, où le crime (enfin le vol) paie, on cherche quand même l’intérêt de cette intrigue.

C’est l’interprétation qui sauve l’entreprise du naufrage. Paul Hartman est presque attendrissant en employé modèle qui a dû passer toute une vie à s’ennuyer, et dont le seul rêve est de voyager. Il explique au policier qu’à la bibliothèque de la prison, il a fait le tour du monde en empruntant tous les récits de voyage et ouvrages géographiques.

Fisher fait davantage penser à un gros nounours qu’à un capitaine de police, à sa façon de considérer l’escroc. On se dit quand même que tout cela était limite de la part d’Henry Slesar pour en faire un épisode.

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20. MORT EN DIFFÉRÉ
(THE DAY OF THE BULLET)

Scénario : Stanley Ellin. Adaptation : Bill S Ballinger. Réalisation : Norman Llyod

Deux gamins, Iggy et Clete, assistent à la rossée que prend un truand par un caïd, Mr Rose, et l’un de ses hommes. Iggy, l’un des deux enfants, veut en parler à la police, à la différence de son copain qui estime que ce ne sont pas leurs affaires. Mais le père d’Iggy ne le soutient pas.

L’histoire se passe à 35 ans d’intervalle, bien que nous soyons surtout dans le passé, en 1925, à Brooklyn. Il n’y a pas de chute, puisqu’elle nous est révélée dans le prologue, lorsque Clete Vine adulte (John Craven) apprend par la presse que son ami d’enfance Iggy vient d’être abattu dans un règlement de comptes. Dans le passé, c’est Clete qui s’est montré lâche. Tout l’épisode consiste en une évocation du passé, de la façon dont Iggy n’a pas été soutenu par son père, et a été acheté finalement par « Mr Rose » qui lui a donné dix dollars.

Dans la mesure où l’on sait tout d’avance, on ne comprend pas l’intérêt de l’épisode. Besoin de faire une pause nostalgie à mi-saison avec cette histoire émouvante ? C’est vraiment un cas à part dans l’anthologie dont la chute est le principe de base. Le téléspectateur est donc forcément frustré, il cherche à s’intéresser à ce récit du passé de deux petits anges, mais si l’on passe en revue les thèmes de la série : suspense, humour noir, crime, vols, on n’entre ici dans aucun de ces registres.

Un épisode atypique, et qui ne parvient pas à capter notre attention.

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21. AUTO-STOP
(HITCH HIKE)

Histoire d’Ed Lacy. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Paul Henreid.

Anne, une jeune femme,  vient d’être mise en probation après avoir roulé dans une voiture volée avec son petit ami, et son oncle Charles Underhill pense que c’est un jugement de complaisance eu égard à sa réputation à lui. Il est furieux.

Underhill (John Mc Intire), vieil oncle aigri, est venu chercher sa nièce Anne (Suzanne Pleshette, trois ans avant « Les oiseaux ») qui est à sa charge. Un automobiliste en reculant heurte la voiture et provoque la mise en route ininterrompue du klaxon. Le jeune Len (Robert Morse) qui passait par là, aide Underhill et s’invite comme autostoppeur. L’autre voudrait refuser, mais Len insiste, estimant que l’homme lui doit bien cela. Peu à peu, le comportement peu orthodoxe du jeune, qui fait les yeux doux à la nièce, ennuie l’oncle. Puis, Len se fait menaçant, prétendant avoir un couteau. Underhill fait un excès de vitesse pour alerter la police.

C’est un épisode qui reste dans le ton de la comédie, prenant partie contre l’oncle rébarbatif, la chute d’ailleurs est drôle. On regrette que Suzanne Pleshette soit confinée à un personnage totalement inexistant, qui se contente de regarder l’affrontement entre Len et son oncle qu’elle n’aime guère.  Notre Charles Underhill, très préoccupé par sa réputation, va aller de mauvaises surprises en galères, sans que jamais le sang ne coule ni la violence ne soit exercée. Len finit par nous paraître sympathique. Cependant, nous ne sommes jamais captivés et il s’agit vraiment d’un épisode très moyen.

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22. L’AUTRE CÔTÉ
(ACROSS THE THRESHOLD)

Histoire de L.B. Gordon. Adaptation : Charlotte Armstrong. Réalisation : Arthur Hiller.

La riche Sofie Winter est inconsolable de la mort de son mari. Est-il impatient qu’elle le rejoigne ? C’est la question qu’elle veut poser à des médiums. Le fils, Hubert, persuade sa petite amie de se faire passer pour une médium qui lui dira de vite retrouver son époux en s’empoisonnant.

Nous sommes dans une savoureuse comédie d’humour noir, qui mériterait quatre étoiles sans l’erreur de casting que constitue Barbara Baxley, dans le rôle de la fausse médium, Irma. La mère est digne de figurer dans « Arsenic et vieilles dentelles » et semble bien plus maligne que l’on pourrait croire.

C’est George Grizzard, en fils indigne, qui tire le mieux son épingle du jeu. Il est cupide, mais la fin lui montrera (nous ne révélerons pas la chute) qu’il n’a pas bien compris la situation. Il cherche surtout à se disculper par rapport à la police et a menti à sa petite amie sur ses vrais intentions, puisqu’elle pense que tout ceci n’est qu’une vaste plaisanterie.

C’est le ton de la comédie qui prime, il n’y a donc pas vraiment de suspense, mais l’épisode est plaisant à regarder. Barbara Baxley joue le rôle d’une mauvaise actrice, mais elle n’a pas trop à se forcer. Il lui suffit d’être naturelle. Elle fait également  plus vieille que son âge en tant que petite amie d’Hubert.

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23. LE TESTAMENT DE CRAIG
(CRAIG'S WILL)

Histoire de Valerie Dyke. Adaptation : Arthur E. Lewin et Burt Styler. Réalisation : Gene Reynolds.

Thomas s’attendait à hériter de la fortune de son oncle, or celui-ci a légué la majeure partie, soit 800 000 dollars à Casper, son chien. Judy, la petite amie de Thomas, qui rêve d’être milliardaire, décide de tuer Casper.

Dès le départ, le ton est donné, c’est une comédie. On y retrouve Stella Stevens (« Docteur Jerry et Mister Love ») et Dick Van Dyke (« Mary Poppins », « The Dick Van Dyke show », la série « Diagnostic : meurtre ») alors très jeune.

L’opus ne peut être pris au sérieux une seconde et même la chute est à l’avenant.  Dick Van Dyke a l’air d’un parfait crétin durant tout le film, tandis que Stella Stevens a tendance à se prendre pour Marilyn. Le tueur qu’elle engage, et fait passer pour son cousin, Vincent (Paul Stewart) ne ferait pas de mal à une mouche, et l’épisode accumule les situations burlesques et improbables.

Le téléspectateur n’adhère jamais à l’histoire en raison de la situation totalement absurde. D’autre part, Thomas se fait vite à l’idée d’attendre toute la vie de Casper soit environ 16 ans pour hériter. Dès lors, on voit surtout Stella Stevens en Judy s’efforçant d’accélérer le cours du destin, mais elle est trop blonde écervelée pour être crédible en machiavélique criminelle. L’épisode nous arrache quelques sourires, comme le défunt qui n’était pas dupe sur le fait que sa bonne le volait un peu sur les dépenses domestiques, mais tout cela est bien trop bon enfant pour vraiment captiver l’intérêt. Et avouons-le ,  le jeu un peu insupportable de Dick Van Dyke qui force trop le trait de la niaiserie finit par lasser.

Un épisode vraiment très moyen.

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24. MADAME MYSTÈRE
(MME MYSTERY)

Histoire de Robert Bloch. Adaptation : William Fay. Réalisation : John Brahm.

Un écrivain, Steven, est sollicité par un jeune homme ambitieux travaillant pour les studios de cinéma Goliath, Jimmy Dolan, afin de rédiger une campagne publicitaire sur la vedette maison qui vient de se noyer mystérieusement.

Si j’ai trouvé l’épisode très mauvais, ennuyeux au possible, j’ai noté des ressemblances avec « Pyschose », comme l’une des trois est dans la chute, je ne peux en parler, la seconde est la signature de Robert Bloch, et enfin la troisième le fait que Joby Baker ressemble beaucoup à Anthony Perkins.

Harp Mc Guire en Steven est le vrai héros de l’épisode d’un bout à l’autre. Pour trois cent dollars, il accepte de travailler à une biographie de l’actrice Betsy Blake, qui s’est noyée dans un accident en mer et dont on vient de retrouver le corps. Les studios Goliath veulent en faire un phénomène semblable à Rudolf Valentino et James Dean, qui sont évoqués dans l’épisode, sauf que l’actrice n’en avait pas l’envergure.

Aussi, lorsqu’au bout de trois mois, Betsy Blake réapparaît bien vivante (Une inconnue a été identifiée à sa place, il faut dire qu’une noyée retrouvée au bout de plusieurs jours est difficilement reconnaissable), cela n’est pas sans poser problème à Jimmy Dolan, dont toute la campagne publicitaire s’écroule.

L’épisode est parsemé de personnages pittoresques, comme cette fille Lois (Meri Welles) qui apparaît trempée jusqu’aux os à l’écrivain Steven au début de l’épisode, ou Alfredo (Mike Ragan), le complice de l’écrivain. Cela ne suffit pas à faire passer les carences du scénario. La chute nous rapproche de « Psychose », mais cela ne permet pas de faire un bon épisode.

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25. LE PETIT HOMME
(THE LITTLE MAN WHO WAS THERE)

Scénario : Larry Ward, Gordon Russell. Réalisation : George Stevens Jr

Nous sommes au temps du Far West dans un saloon d’une petite ville paisible, Copper Pocket. Deux frères, Jamie et Ben Mc Mahon, sont les points d’attraction du saloon où ils rivalisent de force. Entre alors dans le bar un petit homme en noir, vêtu d’un chapeau haut de forme, aux airs de croquemort, qui se fait passer pour le diable.

En général, les épisodes de l’anthologie qui se déroulent dans le passé sont médiocres. Ce dernier, qui mélange western et fantastique, est un cran au dessus. Norman Lyod est assez convaincant dans son personnage de petit homme, pas si petit que cela d’ailleurs, semblant sortir tout droit de l’enfer. Il est entouré de trucs de magiciens, tel cet éclair de fumée qu’il peut provoquer en épouvantant le badaud. Mais surtout, il défie les frères Mc Mahon.

Si l’on se laisse « prendre » à cette histoire, le décor et l’endroit distillent un ennui certain par leurs séquences répétitives de démonstration de force. Pas de femmes dans ce bar, uniquement occupé par des mineurs, pas vraiment des freluquets. Aussi lorsque l’inconnu défie les frères et réussit par des moyens surnaturels à les terrasser, le téléspectateur est abasourdi, mais sceptique.

L’épisode souffre de trop de bavardages, notamment les échanges entre le barman et le petit homme qui s’éternisent, et la présentation de ce dernier qui n’en finit pas pour un épisode de 25 minutes. Il y a deux chutes, celle qui nous est montrée à l’image, astucieuse, et celle que nous révèle le maître en épilogue.

L’opus n’est jamais terrifiant, et l’interprétation (à part un Norman Llyod parfait) n’a rien d’extraordinaire. On passe un moment agréable, sans plus, mais on est en droit d’attendre de meilleures histoires dans cette série.

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26. MAMAN EST-CE QUE JE PEUX ME BAIGNER ?
(MOTHER, MAY I GO OUT TO SWIM ?)



Histoire de Q. Patrick. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Herschel Daugherty.

Un homme, John Crane,  attend avec angoisse son jugement pour meurtre. Il se rappelle les évènements qui l’ont conduit devant la cour.

Enfin un excellent épisode, avec un scénario solide, et une interprétation brillante. Dans un rôle de fils qui n’a pas coupé le cordon, William Shatner va en étonner plus d’un. Il fait ici une prouesse en fils passif totalement sous la coupe de sa mère abusive et possessive Claire (Jessie Royce Landis de « La mort aux trousses ») et qui se fait draguer par une jolie vendeuse de magasin de souvenirs, Lottie Rank (Gia Scala), émigrée allemande dont la famille a été décimée pendant la seconde guerre mondiale.

Dans cet épisode de 1960, la seule chose invraisemblable est le fait qu’une fille bien sous tous rapports fasse des avances à un homme. Elle veut se faire épouser, et visiblement l’amour entre les deux jeunes gens est réciproque, il est le fruit d’un coup de foudre en venant acheter des pellicules pour un appareil photo.

Mais John doit chaque soir appeler sa mère au téléphone à une heure précise, et cela ajouté à une série d’autres manies rebuterait n’importe quelle femme. Lottie s’en rend vite compte et lui met le couteau sous la gorge : ou il l’épouse et coupe les ponts avec sa mère (qui est veuve et vit seule), ou elle le quitte et il ne la reverra jamais. John va faire un étrange choix.

La chute est ici à évoquer au sens propre comme au figuré puisque la victime du meurtre va tomber dans une cascade vertigineuse, que Lottie, au début de l’épisode, a fait découvrir à John, lequel victime de la polio à 18 ans a dû fournir un effort pour gravir le chemin escarpé de montagne.

Jessie Royce Landis en belle-mère potentielle est détestable à souhait. Elle rend visite à la boutique de la jeune allemande sans dévoiler son  identité et en se montrant désagréable, ce qui va hautement altérer leurs futures relations.

William Shatner nous offre ici une interprétation à des lieues de son personnage de capitaine Kirk de « Star Trek ». Beau gosse, il parvient à vite apparaître pour un faible, avec des tendances incestueuses envers sa mère, ce qui nécessite, en 25 minutes de faire une vraie prouesse puisqu’il faut construire toute la psychologie du personnage.

Citons enfin Gia Scala, qui s’est suicidée en 1972 à 38 ans. Célèbre pour « Les canons de Navarone », elle était une belle comédienne que des problèmes de dépression et d’alcoolisme ont écarté d’une carrière au cinéma. Elle a tourné beaucoup pour la télévision, jouant dans « Voyage au fond des mers », « Tarzan », « Les règles du jeu », « Match contre la vie » et « Opération vol » où son apparition fut son dernier rôle.

Un des bons moments de cette cinquième saison.

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27. LA PENDULE À COUCOU
(THE CUCKOO CLOCK)



Histoire de Frank Mace. Adaptation : Robert Bloch. Réalisation : John Brahm.

Une veuve, Ida Blythe, revient dans la maison où il y a un an son mari est mort d’un infarctus. Un fou dangereux vient de s’évader d’un asile.

Oublions d’abord Patricia Hitchcock, qui si elle est citée dans la distribution, n’a qu’un rôle secondaire, celui de la fille d’Ida Blythe, et qui disparaît vite de l’épisode qui repose sur les épaules de la comédienne Beatrice Straight (1924-2001) que l’on a revue dans « Network » et « Poltergeist ». Elle est brillamment aidée par une autre actrice, Fay Spain (1933-1983, vue dans « Le Parrain 2 »), dans le rôle de Madeleine Hall que l’on prend pour la folle échappée de l’asile. Nous allons la supposer pendant longtemps être le véritable danger pour la vie d’Ida dans l’intrigue. Son comportement est assez singulier, et le jeu de Fay Spain se prête à merveille à ce quiproquo.

Episode à rebondissements et propre à glacer les sangs du téléspectateur, « La pendule à coucou » est un joyau de suspense dont le scénario accumule les fausses pistes. Donald Buka, qui interprète l’homme qui frappe à la porte vers la fin de l’épisode, et se révèle le véritable évadé de l’asile, est inquiétant à souhait, tandis que dans le rôle de Burt, Don Beddoe inspire confiance en propriétaire de magasin qui a bien connu le défunt mari d’Ida et lui rappelle sa disparition sans prendre de gants, d’une façon plutôt rustre qui met mal à l’aise l’héroïne. Loin de s’excuser de sa brutalité, il va évoquer la mort d’une crise cardiaque de son frère récemment à l’âge de 55 ans. Notons aussi l’histoire du canari massacré, raconté par Madeleine, et la présence du coucou mécanique de l’horloge  dans la maison, qui présentent des similitudes étranges.

La mort et la folie sont évoqués de façon constante d’un bout à l’autre de cet opus de 25 minutes, au climat oppressant,  qui joue avec nos nerfs. Tout est fait pour nous plonger dans le film d’épouvante, à commencer par l’héroïne coincée la nuit un soir d’orage dans une demeure isolée dans la campagne, le téléphone coupé. Les films d’horreur récents n’ont rien inventé.

On passe un excellent moment et l’on souhaiterait que tous les opus de l’anthologie du maître soient de cette qualité. Robert Bloch, qui adapte l'histoire, nous distille ici l'horreur de "Psychose". Bref, un vrai régal pour les amateurs.

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28. QUARANTE DÉTECTIVES PLUS TARD
(FORTY DETECTIVES LATER)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Arthur Hiller.

En 1948, l’épouse de Munro Dean a été assassinée. On n’a pas trouvé le coupable. Le mari a payé une quarantaine de détectives pour trouver le meurtrier, et pense cette-fois le tenir en la personne d’Otto, un vendeur et collectionneur de disques de  jazz.

Un très bon polar mené par James Franciscus (« Hunter », « Le secret de la planète des singes »), qui est le 41e détective privé engagé par Munro Dean pour trouver l’assassin de sa femme. Si l’intrigue nous passionne, racontée au passée par le privé William Tyre (James Franciscus), on n’a pas le sentiment d’être dans l’anthologie de Sir Alfred, excepté pour l’aspect « chute » qui est bien présent ici.

Otto a l’air d’un gros nounours inoffensif, et l’interprétation de Jack Weston en fait tout sauf le portrait du meurtrier potentiel. Ivre de vengeance, Munro Dean (George Mitchell) dépense son argent depuis des années pour retrouver l’assassin de sa femme que la police a renoncé à chercher.

Il y a un côté tragédie grecque dans cette histoire policière. En effet, une fois sa mission achevée, Tyre qui a sympathisé avec Otto va vouloir en savoir davantage alors qu’il n’est plus rémunéré, c’est une sorte de quête personnelle.

Tyre joue en fait le rôle de facilitateur de vengeance personnelle, en permettant à Munro Dean après tant d’années de tuer impunément Otto. Sa motivation n’est pas l’argent, car son client a beau lui proposer une fortune (3000 dollars de 1960), il renâcle à la tâche.

Moins bon que l’opus précédent « la pendule à coucou » qui est plus dans l’esprit de la série, « Quarante détectives plus tard » se regarde sans ennui aucun, mais pourrait être une enquête de Joe Mannix ou de Mike Hammer.

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29. LE HÉROS
(THE HERO)



Histoire d’Henry De Vere Stacpoole. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : John Brahm.

Le riche Sir Richard Musgrave est à bord d’une croisière lorsqu’il croit voir un fantôme, un prospecteur d’or qu’il a lâchement abandonné à son sort jadis en Afrique, Jan Vander Klaue.

On retrouve dans cet épisode passablement ennuyeux le comédien Oskar Homolka, vu dans le 16e épisode de cette cinquième saison « L’icône d’Elijah ».

Richard Musgrave voit sa respectabilité et son empire menacé le jour où il découvre que Jan Vander Klaue, qu’il a jadis trahi en Afrique, est toujours vivant. Mais l’homme prétend s’appeler  Keyser et ne rien comprendre à l’histoire. Pourtant, Musgrave en fouillant la cabine de l’homme trouve une coupure de presse datant du 19 octobre 1939 et relatant la mort de Jan Vander Klaue battu à mort par les indigènes à Kimberly en Afrique du Sud. Alors pourquoi ce jeu du chat et de la souris ?

Malgré une bonne idée de départ, le scénario s’avère vite creux, et manque de cohérence et de suspense. Si Oskar Homolka était parfait dans l’autre opus, il est ici une erreur de casting. Il ne représente jamais une menace réelle. Musgrave est adroitement interprété par Eric Portman, le parfait gentleman britannique.

Les deux personnages de Musgrave et de Vander Klaue/Keyser ne se rejoignent jamais. On perçoit mal pourquoi le riche anglais a peur de cet homme qui ne lui demande rien. La chute est un peu surprenante mais l’on ne la révèlera pas. L’un des deux hommes va se voir consacrer « héros ». On rage en pensant à ce qu’un tel épisode aurait donné avec, dans le rôle de Vander Klaue un Robert Emhardt. Ici, si j’ose dire pour ceux qui ont vu l’épisode, le suspense tombe à l’eau faute d’une grosse erreur de distribution.

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30. INSOMNIE
(INSOMNIA)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : John Brahm.

Charles Cavender souffre d’insomnie et consulte un psychiatre, ayant à cause de son trouble perdu plusieurs emplois. Il ne trouve pas la paix car son beau-frère le rend responsable de la mort de son épouse Linda dans un incendie.

Je n’aurais pas reconnu, treize ans avant « Duel », le comédien Dennis Weaver, vu aussi dans la série « Un shérif à New York ». Il est ici Cavender, le patient du docteur Tebaldi, psychiatre chargé de le guérir à la fois de ses insomnies et de la tragédie de ne pas s’être réveillé dans sa maison en flammes, incendie qui a provoqué la mort de sa femme. S’il ne se sent pas coupable – c’est ce qu’il dit au docteur – le beau frère, Fletcher (John Ragin),  lui a pourri la vie en rejetant sur lui la cause de la mort de sa sœur.

James Millhollin est parfait dans le rôle du psychiatre. Il tente de comprendre. Le beau-frère vit très loin et Cavender ne l’a jamais rencontré. Il a appris la mort de Linda par les journaux. Fletcher persécute son beau-frère en lui téléphonant la nuit. Ce qui cause à nouveau un renvoi de son nouvel emploi au malheureux insomniaque.

Cavender finit par retrouver Fletcher dans un fauteuil roulant. Il est privé de ses jambes depuis la seconde guerre mondiale. Mais l’homme est armé, et en se défendant, Cavender le tue.

Et c’est au moment où notre malheureux veuf pense avoir  mis à un terme au « cauchemar vivant » que représentait son beau-frère que Cavender va faire face à son destin.

L’épisode veut explorer trop de pistes en un temps limité, et les situations ne sont souvent qu’esquissées sans être approfondies. On a du mal à croire aussi à l’absence de remords de Cavender d’avoir survécu à Linda. La fin est prévisible, ce qui n’est pas bon signe puisque le téléspectateur n’est jamais censé deviner la chute.

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31. JE SAIS ME DÉFENDRE
(I CAN TAKE CARE OF MYSELF)



Histoire de Fred Mc Morrow. Adaptation : Thomas Grant. Réalisation : Alan Crosland Jr

Une chanteuse, Georgia, est menacée par un gangster, Little Dandy Dorf. Elle décide de se défendre toute seule.

Dès le début, j’ai senti que cet opus allait être raté. Dans un night club, Georgia (Linda Lawson), une chanteuse, se produit avec un pianiste, Bert Haber (Myron Mc Cormick) . Un gangster s’éprend d’elle, c’est un homme tout petit, et elle lui renvoie ses fleurs et lui jette un verre de whisky à la figure. Peu après, Bert est menacé et on lui conseille de prendre une « assurance ».

Il devient vite évident que Georgia, une fois rentrée chez elle, a été assassinée. Un policier, Jack Simpson (Edmon Ryan) arrive au night club et s’attable. De la 13e minute, moment où cela intervient, à la fin, nous n’avons droit qu’à un long échange verbal  entre le policier et le pianiste sur le drame. Bert ne fait que répéter ce que le téléspectateur sait déjà, rien de plus, et l’on se demande vraiment l’intérêt de cet épisode.

La chute est elle-même mauvaise, c’est dire. Georgia a prouvé qu’elle ne savait pas se défendre, et Fred Mc Morrow nous a pondu un script navrant, où il n’y avait franchement rien à sauver. C’est verbeux, ennuyeux à mourir, bref un épisode à zapper sans regrets.

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32. UN MORT DE TROP
(ONE GRAVE TOO MANY)



Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Eli Jerome. Réalisation : Arthur Hiller.

Joe Helmer est au chômage et son épouse Irene le lui reproche. Ils ont besoin d’argent. Il demande alors un prêt à sa banque. Mais il reçoit un refus. Un passant s’effondre victime d’une crise cardiaque et Joe le dépouille.

Voilà une des cruelles farces macabres auxquelles nous a habitué le maître dans son anthologie. Joe Helmer est pris de remords et d’un cas de conscience : dans le portefeuille du passant qu’il a volé, et qu’il pense mort, se trouve un mot disant qu’il est sujet à des états cataleptiques pouvant laisser croire à un état de décès apparent. L’homme dans cette carte supplie que l’on contacte son médecin et que surtout on ne l’enterre pas vivant.

Angoissant d’un bout à l’autre, « Un mort de trop » nous plonge dans un suspense palpitant, mâtiné de crise conjugale. Son épouse Irene est lasse de leur manque d’argent. Le personnage est interprété par la jolie brune Neile Adams,  partenaire de Steve Mc Queen dans l’épisode « L’homme du sud ». On comprend que Joe Helmer ne veuille pas perdre une si jolie femme, mais doit-il pour autant laisser le passant être enterré vivant ? Il appelle le médecin, ce dernier est en vacances, quant à la police, elle ne le croit pas et le prend pour un fou.

Joe est un « looser » tel que l’Amérique en génère des tas. Ni un sale type ni un criminel, mais un homme qui a désespérément besoin d’argent. On passe avec lui par tous les stades de l’angoisse et l’intrigue, comme souvent, aurait mérité un développement sur une durée plus longue.

Jeremy Slate compose l’antihéros parfait, et il sert à merveille un script sans failles. On passe un bon moment et ne voit pas le temps passer. C’est presque à regret que l’on voit apparaître Sir Alfred pour son sketch final, alors que l’on serait bien resté encore un peu dans cette intrigue passionnante.

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33. PARTY LINE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Eli Jerome. Réalisation : Hilton A. Green

Helen Parch a l’habitude d’occuper inutilement la ligne téléphonique pour des  bavardages sans fin avec ses amies. Cela cause la mort d’une femme, dont le mari, Heywood Miller ne parvient pas à joindre à temps le docteur. L’heure de la vengeance a sonné.

Formidable épisode sur l’égoïsme et son châtiment. L’épisode bénéficie de la présence de l’inquiétant Royal Dano vu dans la série « Cimarron ».

Un certain Atkins se présente chez Helen (Judy Canova)  et lui rappelle des souvenirs qu’elle a enfoui au fonds de sa mémoire. Il y a neuf ans, un voisin, Miller (Arch Johnson), n’a  pas pu joindre le médecin  car elle occupait la ligne en permanence. Cette histoire est évidemment très datée, puisque se déroulant entre 1951 et 1960, nous sommes à une époque où la communication par téléphone était « rustique ». Mais le sujet pourrait de nos jours être remplacé par un autre, le thème étant universel, quand une personne ne pense qu’à elle alors que la vie d’un autre est en danger, et n’en a cure.

Ici, la visite de M Atkins (Royal Dano) provoque un flash back. On se rend compte qu’Helen Parch n’est pas la seule en cause, car ses amies, bavardes, ont déjà mis à bout de nerfs d’autres usagers du téléphone, notamment une première fois Miller qui devait passer un coup de fil urgent pour affaires, et qu’elles ont empêché de mener à bien. Miller a fini par insulter Helen. Elle ne l’a pas, la fois suivante, laissé prévenir le médecin en occupant la ligne.

Malgré l’ambiance « Arsenic et vieilles dentelles », avec toutes ces demoiselles d’âge avancé, le ton n’est jamais à la comédie mais au drame.

Atkins explique à Helen que Miller a ensuite mal tourné, devenant un voleur. Il purgeait depuis six ans une peine de prison, et vient de s’évader.

A la douzième minute, on apprend que Royal Dano incarne le psychiatre pénitentiaire d’Atkins, et il vient la prévenir du danger. L’homme en fuite a juré de la tuer.

La suite est prévisible. On aurait aimé que Royal Dano fût le tueur, tant son physique s’y prête. Il n’est ici que le messager du malheur. Il n’est pas pris au sérieux, ce qui rappelle Donald Pleasence alias le docteur Loomis dans le premier opus de la saga « Halloween ».

Notons que l’une des vieilles dames bavardes est incarnée par Ellen Corby, Tante Sarah dans le pilote des « Envahisseurs ».

Un opus excellent où rien ne manque pour faire frissonner le téléspectateur.

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34. CELLULE 227
(CELL 227)



Histoire de Bryce Walton. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Paul Henreid.

Le professeur Herbert Morrison, accusé d’avoir tué une de ses jeunes étudiantes, est dans le couloir de la mort d’un pénitencier. Il semble accepter son sort et refuse la notion même d’espoir. Il en discute avec un prêtre et son avocat.

L’épisode commence par l’exécution du jeune De Baca (Sal Ponti). Nos nerfs sont mis à vif et l’on est donc très vite dans l’ambiance. Le professeur Morrison (Brian Keith), lui, attend sereinement la peine capitale. Cela ne manque pas d’agacer les autres détenus.

Puis c’est la confrontation entre l’aumônier et Morrison. Il lui oppose son athéisme, et le prêtre finit par renoncer à discuter et s’en va.

Hennessy (James Best), voisin de cellule de Morrison, l’entend parler dans son sommeil, mais ne comprend pas à quoi le rêveur fait allusion. Brian Keith nous propose à nouveau un rôle fort, comme l’homme prisonnier du respirateur artificiel dans l’épisode 05-05 « No pain ».

Lors d’une seconde confrontation, le prêtre se voit interroger par Morrison sur la différence morale entre le meurtre commis par un criminel et la peine capitale, où l’état agit.

L’avocat, Berg (Frank Maxwell) arrive un peu tard dans l’épisode, à la 13e minute. Le suspense est ici sacrifié à de longues considérations verbeuses et philosophiques sur la peine de mort, l’innocence et la culpabilité.

On s’attarde ensuite sur l’un des gardiens, Pops (James Westerfield) que Morrison trouve sadique. Pour le professeur, Pops aime la mort des autres. Aussi, bien que cela soit invraisemblable, et difficilement réalisable, Morrison a décidé de tuer Pops en l’étranglant.

La chute est particulièrement cruelle. Elle est vertigineuse, mais pour autant, on a dû attendre 23 minutes pas vraiment passionnantes pour le résultat. De ce fait, l’épisode mérite à peine deux étoiles.

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35. LA MÉTHODE SCHARTZ-METTERKLUME
(THE SCHARTZ-METTERKLUME METHOD)



Histoire de Saki. Adaptation : Marian Cockrell.  Réalisation : Richard Dunlap

Charlotte Hope, une préceptrice aux méthodes peu orthodoxes, vient s’occuper de l’éducation de quatre enfants. Les parents sont vite sceptiques devant sa pédagogie.

Comme d’habitude, les histoires situées dans le passé sont moins bonnes que les contemporaines de 1960, et celle-là ne fait pas exception. Charlotte Hope est une drôle de vieille dame, qui refuse de voir fouetter un cheval, et l’achète aussitôt. Elle a des idées bien arrêtées sur l’enseignement à domicile. Dès les premières images, on comprend qu’il ne faut pas attendre de cet opus un quelconque suspense. On est plus dans « La petite maison dans la prairie » que chez Hitchcock.

Cela aurait pu être un sujet pour Claude Chabrol, car Miss Hope attaque ici fortement la bourgeoisie et remet en question tout le système. Elle ne tarde pas à scandaliser les parents par ses remarques certes justifiées, mais qui ne lui laissent pas espérer un long avenir comme enseignante à domicile dans la maison. Elle est vite populaire auprès de la domestique, ainsi que des enfants.

Parfois, l’épisode évoque un peu « Le cercle des poètes disparus » par sa démarche. Mais l’on se demande vraiment ce que cet opus vient faire dans l’anthologie. Trop atypique. Même si Hermione Gingold fait un beau numéro de comédienne.

Dans un petit rôle, Rose, une bonne, Patricia Hitchcock fait une apparition.

On se doute du sort qui va être réservée à Miss Hope. Celle-ci continue à s’occuper du cheval qu’elle a acheté au début de l’histoire, alors qu’elle est renvoyée.

Tout nous est expliqué dans la chute, mais le problème c’est que l’épisode devient drôle au bout de la 22e minute. C’est un peu tard, et encore une fois, par rapport à la série, nous sommes hors sujet.

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36. QUE JUSTICE SOIT FAITE
(LETTER OF CREDIT)



Scénario : Helen Nielsen. Réalisation : Paul Henreid

Henry Taylor arrive de Chicago dans la petite bourgade de Kirkland avec une lettre de crédit. Il vient pour élucider une affaire à laquelle fut mêlé un employé de banque, qui vient de mourir en s’évadant de prison.

Très bonne histoire, mais bavarde, sans aucune action, ce qui fait un bon livre ne fait pas forcément un bon film.

Ce scénario nous donne du théâtre filmé. En 1957, un employé de banque, qui avait fait quelques bêtises dans sa jeunesse, a été injustement accusé de vol. Trois ans plus tard, il a été tué en voulant s’évader. Son innocence ne fait aucun doute dès les premières images, et l’on comprend qu’Henry Taylor (Robert Bray) est venu établir cette innocence post mortem.

La culpabilité dans le vol du directeur de la banque, Spengler (Bob Sweeney) ne fait aucun doute également. Mais on note quelques invraisemblances dans cet épisode qui fonctionne par flash back au fur et à mesure que Taylor parle.

Pourquoi Spengler se laisse-t-il percer à jour par un inconnu, alors qu’il lui suffirait de le chasser ? Comment Taylor, dont l’identité est révélée dans la chute, a-t-il pu obtenir cette fausse lettre de crédit et pourquoi a-t-il échafaudé toute cette mise en scène ?

Si l’interprétation est impeccable (Bob Sweeney en petit homme chauve, lâche, qui a mis le vol sur le compte d’un pauvre bougre honnête en raison de son passé, Robert Bray en justicier qui dévoile au téléspectateur à son arrivée en ville qu’il porte une arme), le scénario est rempli d’incohérences.

Cela aurait pu être une bonne histoire pour l’anthologie, mais il aurait fallu ménager davantage de rebondissement et distiller un peu d’action. Bien que l’on ne s’ennuie pas, le suspense ne s’insinue jamais dans cet opus.

 

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37. ÉCHAPPÉ DANS LE DÉSERT
(ESCAPE TO SONOITA)

hitchcockpr 5 37

Histoire de James A. Howard. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Deux camionneurs, Bill et Andy Davis, se sont arrêtés avec leur semi-remorque dans le désert, lorsqu’une voiture arrive, avec à son bord deux ravisseurs et leur otage, une jeune femme.

On retrouve dans cet épisode Burt Reynolds, qui a commencé sa carrière à la TV (« Hawk, l’oiseau de nuit ») et Murray Hamilton (un familier des séries des années 60-70 comme « Les envahisseurs », « Madigan », « Cannon », « Kojak », « Les rues de San Francisco »).

Il faut avouer que cette histoire, si elle ne manque pas d’action, s’étire en longueur, et sent le tournage en studio et les décors en carton-pâte. Burt Reynolds est convaincant en chevalier sans peur et sans reproche, risquant sa vie face à deux gangsters, dont l’un quelque peu demeuré, pour protéger l’otage.

L’importance de l’eau comme élément de survie est constante dans cet épisode, plus que l’argent qui semble dérisoire. Notons quelques invraisemblances : la jeune otage, Stephanie (Venetia Stevenson) bâillonnée avec du sparadrap dans le coffre de la voiture des ravisseurs. Pourquoi donc ?  Marsh (Murray Hamilton) qui prend un malin plaisir à ne pas permettre à l’otage de boire. Pourquoi les ravisseurs laissent-ils leur voiture dont seul un pneu est crevé aux deux camionneurs et à l’otage, alors qu’en un tournemain, Bill Davis (Burt Reynolds) change le pneu et que les trois personnes disposent d’un moyen de locomotion pour alerter les autorités ? Les deux autres s’embarrassent du camion, mais ils savent le conduire.

L’accumulation d’invraisemblances nuit à la crédibilité et l’on finit par s’ennuyer, sachant de dénouement prévisible.

Le suspense ne s’installe jamais vraiment, l’intrigue est linéaire, et au final, malgré de bons interprètes, l’épisode s’avère très moyen.

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38. PETIT POISSON DEVIENDRA GRAND
(HOOKED)

hitchcockpr 5 38

Histoire : Robert Turner. Adaptation : Thomas Grant. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un club de pêche, Ray Marchand, marié à une femme plus âgée et riche, fait la connaissance de la fille du propriétaire des lieux, Nyla. Elle est jeune, belle, sensible à ses belles paroles, et il décide de tuer sa femme.

On retrouve ici en nymphette Anne Francis, belle à damner un saint en Nyla, jeune étudiante, et Ray Marchand (Robert Horton) ne résiste pas longtemps à son charme. Malgré des airs de Sainte Nitouche, Nyla se laisse vite séduire. L’histoire est assez osée pour l’époque. Décor oblige, Anne Francis est en maillot de bains deux pièces. Plutôt qu’une vie d’étudiante, Ray Marchand fait miroiter à Nyla une carrière de modèle ou d’actrice.

Dès la onzième minute, nous avons droit à une scène d’amour, allongés sur la plage, entre l’homme marié et la fille du propriétaire du club.

Gladys Marchand (Vivienne Segal), s’étonne de l’intérêt soudain de son époux pour la pêche, qui est son passe-temps à elle. Mais elle ne se doute de rien et accepte une sortie en mer alors que le père de Nyla, M Foster (John Holland) a déjà des clients et un bateau occupé. Bien évidemment, Ray compte sur cela pour noyer sa femme qui ne sait pas nager.

Norman Llyod filme comme Hitchcock, avec de gros plans sur les visages, et le suspense est à son comble. Mais la chute va se révéler saisissante, renversant complètement la situation et le téléspectateur, qui croit tenir les cartes en mains, n’est pas au bout de ses surprises.

C’est sur cet excellent opus que ce clôt la saison 5. A noter que l’épisode fut diffusé à la rentrée 1960, une semaine avant le début de la saison 6.

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Images capturées par Patrick Sansano.