Top 10 Classement des 10 meilleurs épisodes de Clair de Lune 10. Clair de Lune (1.01) La série frappe très fort d’entrée avec un épisode de durée double (1h30) lui permettant non seulement de présenter et de développer son univers et ses personnages, mais aussi de construire une enquête palpitante, malgré quelques temps morts en seconde partie. Glenn Gordon Caron fait souffler un vent de folie humoristique emportant tout sur son passage, personnages totalement azimutés en prime. Cybill Shepherd et Bruce Willis explosent dès leur première apparition de comédie et de tension sexuelle frétillante. Un départ pétaradant 9. L’inaccessible amour (4.13) Version très aboutie du mythique Le rêve était presque parfait pour le couple secondaire Bert-Agnès. Les parodies de films, notamment de Casablanca, dégainent à un rythme d’enfer vannes et gags, mais l’épisode sait aussi manier l’émotion lors des crises de confiance d’Herbert, et le romantisme lors de ses scènes avec Agnès. Un mélange jubilatoire rendant grâce au deuxième duo de la série, moins que jamais des seconds rôles. Curtis Armstrong signe une fantastique performance polyvalente, à l’aise dans tous les registres. 8. Maddie va se marier (4.12) À partir d’une idée démentielle bien digne de David, l’épisode rappelle les screwball comedies les plus glorieuses des années 30 dont elle partage les sujets, et fonce tête baissée dans un crescendo de gags allumés à tempo effréné tout en démontrant par l’absurde que Maddie et David restent pour toujours attachés l’un à l’autre. Le numéro de vamp d’Herbert et la cérémonie de mariage culminent à des hauteurs burlesques vertigineuses avant de se résoudre sur un tag éminemment romantique. 7. Et l’homme créa la femme (5.04) Avant de se suicider à coup de décisions catastrophiques, l’ultime saison de la série montrait pourtant de sacrés atouts grâce à ses nouveaux auteurs. Bien que pas du tout dans l’esprit de la série, James Kramer construit une enquête solide à nombreux twists, et écrit de mémorables portraits des protagonistes. La satire féroce de la dictature de la beauté standardisée se montre effrayante et reste en mémoire longtemps. Un épisode fort et intelligent. 6. Le mort récalcitrant (5.07) Parodie explosive de Mais qui a tué Harry ?, Maddie et David s’embarquent dans une course-poursuite lysergique, démontrant la loi de l’emmerdement maximal en enchaînant les scènes les plus allumées sorties du cerveau en roue libre de Chris Ruppenthal. Le songe macabre conclusif, d’une démesure toute gothique, est une grande claque visuelle jetée par Paul Krasny. 5. Témoins (2.15) Le diamant noir de la série, coda incluse, joue sur l’émotion à vif en exacerbant ce qui était sous-entendu seulement depuis le pilote : la débordante affection entre les deux protagonistes, ici en danger d’être séparés pour toujours. La performance dramatique de Bruce Willis et Cybill Shepherd, digne de tous les éloges, parachève l’intensité désespérée du scénario du duo Jeff Reno-Ron Osborn, avec en climax le premier baiser entre nos héros. 4. Rock around Shakespeare (3.07) La mégère apprivoisée du Barde, largement revue et très largement corrigée par le duo gagnant Reno-Osborn, est un choix en or pour transposer Clair de Lune dans le théâtre classique. Cette adaptation déploie un faste baroque luxueusement filmé par Will MacKenzie (plus gros budget de la série), mais est surtout mémorable pour sa décapante fantaisie parodique : anachronismes « hénaurmes », dialogues-kalachnikov, prose poétique aussi intellectuelle qu’hilarante, cabotinage sous LSD du casting, gags en rafale... Le dernier acte, plus faible, ne suffit pas à annuler ce génial épisode décalé. 3. Mariage secret (3.06) Tout n’est que beauté et magie visuelle dans cet épisode enchanteur, transcendé par la mise en scène aussi lumineuse qu’intime de Christian I. Nyby II. L’irruption du passé de David permet un nouvel éclairage dramatique sur ce fanfaron continuel, et une magnifique avancée, aussi pudique qu’intense, sur la relation entre les deux héros. Le ballet central de six minutes, composé par Billy Joël et chorégraphié par maestro Stanley Donen, est un grand moment de la série. 2. Symphonie pour deux escrocs (3.03) L’essence de la série n’a jamais été aussi concentrée que dans cet épisode totalement délirant, au rythme de cartoon fou furieux, passant à la moissonneuse-batteuse tous les codes des films d’espionnage et de boxe (!) dans une furia loufoque, trouvant sa juste conclusion dans un finale de dix minutes carburant au gag-seconde. La présence de Linda Thorson est un cadeau de choix pour les fans des Avengers. Le duo Dale L. Gelineau-Pauline Turboff Miller réussit tout simplement l’épisode le plus drôle de la série alors qu’il s’agit de leur unique travail en son sein. Une performance. 1. Le rêve était presque parfait (2.04) Introduit par Monsieur Orson Welles lui-même, ce double remake du Facteur sonne toujours deux fois réalisé par Tay Garnett est bien l’apothéose de la série. Dans un noir et blanc somptueux, Peter Werner, le réalisateur le plus doué de la série, ressuscite avec brio les films noirs Hollywoodiens des années 40 par une flamboyante mise en scène incorporant tous les codes du genre : personnages tragiques et fatals, numéros musicaux à tomber, interprétation en or massif, érotisme latent, jeux d’ombres et de lumières maîtrisés à la perfection, voix off... Dans des doubles rôles saisissants, Cybill Shepherd, Bruce Willis, et Jack Bannon nous donnent une masterclass d’interprétation. L’humour fêlé de David, loin de désamorcer l’hommage, ne le rend que plus irrésistible. Debra Frank et Carl Sautter signent ici un des plus grands épisodes de la télévision américaine. |
Flop 10 Classement des 10 pires épisodes de Clair de Lune 10. Le torchon brûle (3.09) Le dommageable recours au clip-show grève l’intérêt de l’épisode qui ne fait que résumer les différentes facettes de la relation entre David et Maddie via des images déjà vues. Cependant, les scènes hors clips se montrent joliment divertissantes, incorporant guest stars de luxe, bêtisier final, et interviews joyeusement caricaturales menées par Rona Barrett, journaliste people spécialiste de l’exercice. Le créateur de la série sauve de justesse l’intérêt de ce clip publicitaire peu utile. 9. Dave la main froide (4.05/4.06) Mauvais calcul pour l’unique double épisode de la série, délayant sur deux épisodes une intrigue qui se contentait fort bien d’un seul. Hésitant entre le pastiche et le réalisme sordide, l’épisode ne parvient jamais à trouver une voie à elle tout en se perdant en scènes annexes inutilement étirées, une plaie purulente sapant l’intérêt de cette première moitié de saison et qu’on retrouvera en saison suivante. Les différents coups d’éclat de l’épisode, notamment les scènes de pure drôlerie entre Bert et Agnès, le mémorable cassage de quatrième mur, et une scène de comédie musicale euphorisante, ne peuvent faire oublier l’indigeste intrigue carcérale. 8. Le retour du père prodigue (3.01) Le remariage de Papa Addison fait partie de ces sujets qui eussent pu donner une magistrale screwball comedy, précisément le ton principal de la série. Inexplicablement, l’épisode renonce à cette idée pour s’enliser dans le sentimentalisme guimauve aux dialogues sous-écrits, rendant plus flagrante encore le rachitisme du suspense sentimental. La double introduction, le luxueux tag final, et la confrontation sympathique entre David et sa nouvelle belle-mère surnagent difficilement dans cet épisode hors sujet. 7. Un ange passe (5.01) Cet épisode décalé cherche à trouver le ton de la fable pour enfants, une option tout à fait valable en soi, soulignée par une brillante mise en scène et un cabotinage sans retenue aucune des acteurs. Il est hélas saboté par une infantilisation permanente prenant le spectateur pour un idiot entre lapalissades consternantes sur la Vie, religiosité de bazar, et un ton péniblement moralisateur. La chute finale a beau être trop brutale, elle est paradoxalement le meilleur moment de cet épisode sincère, généreux, mais sombrant dans une catégorie bien particulière du Nanarland : le programme pour enfants de troisième zone. 6. L’homme qui voulait être célèbre (5.09) Avant de recevoir le coup fatal avec l’inopportune arrivée d’Annie, la série commençait déjà à s’enterrer à l’occasion de cet épisode en trahissant le couple central, tantôt hystérique, tantôt éteint, et en modifiant totalement leur psychologie. Cette faute grave s’inscrit dans une des enquêtes les plus creuses de la série, aux dialogues aux rabais. Herbert Viola, le pompier des deux dernières saisons, assure cependant un show délirant propre à déchaîner quelques fous rires, ultime bastion contre le néant scénaristique qui commence à empoisonner la fin de la série. 5. Éclipse de lune (5.13) À juste titre un des (si ce n’est même le) finales de série le plus catastrophique de la télévision américaine, se terminant sur une queue de poisson frustrante, contredisant tout l’esprit de la série. Ron Clark confesse une méconnaissance totale de la série. Malgré tout, il parvient à trouver une fin relativement satisfaisante à Annie et une dernière louchée de comédie débridée à l’occasion du mariage de Bert et Agnès. Mais l’amertume du fan est bien trop forte pour s’en contenter. 4. Cendrillon (4.02) La série paye lourd le « passage à l’acte » de son couple vedette, connu désormais dans le jargon télévisuel comme le Syndrome Clair de Lune (Moonlighting curse) : les auteurs ne savent plus quoi faire et prennent la funeste décision de séparer David de Maddie, détruisant ainsi tout l’intérêt de la série. L’épisode ajoute en sus des dégoulinades larmoyantes achevant de le couler, et une enquête risible, menée au ralenti. Seule l’hallucinée séquence de claymation parvient à briller au milieu de cet épisode interminable. 3. Les aventures de Mademoiselle Topisto (2.12) Pour son premier passage au premier plan, Agnès hérite d’une désolante parodie de La mort aux trousses, écrite pourtant par le duo gagnant du Rêve était presque parfait : péripéties lamentables, méchants pathétiques, absence totale d’humour, incohérences enchaînées, faire-valoir sans valeur, réalisation fatiguée, morale conservatrice finale… La brillantissime musique d’Alf Clausen, imitant à merveille le style de Bernard Herrmann, nous offre une idée de ce qu’aurait dû être l’épisode : une joyeuse comédie d’aventures crédible et rythmée. 2. La nuit du mort-vivant (2-13) La contre-performance des acteurs (notamment de Cybill Shepherd) rendant leurs personnages beaucoup trop atones brise net le rythme de cet épisode. L’enquête du jour patine dans un surplace sans fin avant de se résoudre sur une pirouette imbécile. L’ambition spirituelle affichée par l’épisode est ruinée par des logorrhées pseudo-religieuses absconses, preuve que la série a ici visé trop haut pour son potentiel. 1. Petit meurtre de nuit (5.12) Massacre monumental d’une perfection rare, Eine kleine nacht murder est une montagne de scories tellement jusqu’auboutiste qu’il faut le voir pour le croire. La trahison des personnages atteint un summum avec une succession proprement sidérante de dialogues aussi affligeants que contradictoires, démontrant que les auteurs ne savent absolument plus ce qui se passe chez nos personnages, pauvres pantins hystériques qui n’interviendront jamais dans une enquête s’achevant avant même de commencer. La magnétique Virginia Madsen surclasse Cybill Shepherd dans l’alchimie avec Bruce Willis, achevant de vider de sa substance l’ADN même de la série. Après cette démonstration spectaculaire de l’existence du vide scénaristique intégral, la série peut prendre congé dès l’épisode suivant, lors d’un épisode final à peu près à la même mesure. |
SAISON 1 2. Le Duel (Gunfight at the So-So Corral) 3. L'Instinct de meurtre (Read the Mind... See the Movie) 5. Le Train mystère (Next Stop Murder) 6. Règlement de compte (The Murder's in the Mail)
Scénario : Glenn Gordon Caron Je n’ai absolument rien contre vous, Addison. Je vous hais, c’est tout. Maddie, on a du mal à imaginer en voyant vos affiches, que vous n’êtes qu’une rombière sans cœur et froide comme une banquise. La série abat d’entrée son 2e atout maître : les dialogues. Clair de Lune marque immédiatement avec ses enchaînements frénétiques de répliques assassines, d’échanges décapants, et d'aphorismes délirants. Le comique de la série passe aussi par des personnages croquignolets. Maddie, David, et Agnès (nous allons en reparler) mis à part, le pilote nous régale d’entrée avec une galerie de fêlés en roue libre : le cuisinier italien qui pète un câble, les méchants caricaturaux, le soupirant ch… à mourir, la veuve éplorée pas éplorée, les policiers pas cools puis très cools, etc. annonçant les futurs adversaires bien cramés du couple d’enquêteurs. L’introduction, où Klaus (frissonnant Dennis Stewart), look de punk typiquement 80's, à qui faut pas baver sur les rouleaux, colle longuement aux basques de Jonathan nous accroche de suite. La démission fracassante - y compris au sens littéral - du cuisinier de Maddie (John Medici, cabot impayable) est le premier indice des directions hallucinatoires que va prendre l'épisode. On commence par Agnès Topisto, la standardiste qui ne parle qu’en vers à ses clients. Ce brillant second rôle apporte immédiatement sa fantaisie pétillante à une série qui pourtant n’est pas en manque ! Ensuite, David apparaît et son charisme explose immédiatement à la figure : ses airs un peu bénêts, son débit ultra-rapide (accrochez-vous si vous regardez en VO), son orgueil démesuré, son assurance clinquante, son charme physique… et surtout son culot d’acier ! Les premiers contacts David-Maddie (dans le bureau, puis dans le restaurant) sont des modèles de comédie étincelante, grâce au contraste entre l'exubérance du premier et les airs glacés de la seconde. Même le meurtre de Klaus ne peut arrêter cette machine infernale, avec les gags franhcement énormes de David qui met les flics dans sa poche, ou celui des caméras de télévision. Par ailleurs, Bruce est magnifique en smoking qu'il arbore avec une élégance Steedienne et Cybill voluptueuse dans sa robe de soirée… Nouveau dialogue conflictuel entre les deux héros, interrompu quand Simon et son homme de main apparaissent pour « cuisiner » (dans les deux sens du terme !) nos héros. Dennis Lipscomb réussit l’exploit d’être à la fois 1er et 2e degré. Au 1er degré, il est très menaçant, redoutable, parlant lentement et fielleusement. Au 2e, on s’aperçoit qu’il accumule tous les clichés du mafieux grossier. Ce décalage lui donne une aura incroyable. Quant à la bagarre qui s’ensuit, c’est un grand moment d’ironie de voir le futur John McClane, le futur gunman des gros films d’action, se battre comme un manche contre l’homme de main !! Au final, on a droit à une des plus belles crises de nerfs qu’une actrice nous ait jamais donné à la télévision (Je suis calme, je suis CAAAALME !!!). Disons-le, l’enquête a du mal à démarrer : les scènes chez l’horloger puis chez la veuve sont un peu longues, mais elles sont compensées par les disputes incessantes des héros dans la voiture (encore un futur rituel de la série). Cette baisse de régime reste cependant marquée par quelques morceaux de bravoure (le mort sur la banquette arrière, la veuve gouailleuse, Maddie jetant le téléphone par la fenêtre…). Le tout est parachevé par le duel sous adrénaline au sommet du gratte-ciel. D’ailleurs, elle est prophétique du fait que c’est tout à fait le genre de situation où se fourrera le héros veinard des Die Hard ! On se surprend à penser qu’en matière de se fourrer dans les pires situations possibles, David et Maddie sont des cracks, à égalité avec un Alex Krycek, un Hank Moody, ou un Chuck Bartowski. Et c’est sur un ultime gag que se conclut ce fabuleux pilote. Les rares scènes où Maddie et David font la paix (armée) sont encore un peu maladroites, trop tranchantes. Maddie mine de rien, est sensible par le côté bad boy de David. Quant à David, il a tout de suite le coup de foudre. Il y a leur nuit (platonique) dans l’agence, leur slow romantique dans le café, scène délicieusement kitsch, puis la dernière scène où ils prennent calmement le thé : autant de moments où la folie laisse la place à la délicatesse. Ces scènes disent les sentiments ambigus des deux protagonistes. Prometteur ! Le bouillonnement instrumental de la musique de Lee Holdridge compte beaucoup dans le succès du pilote. Le thème principal, joué par un érotique saxophone, nous rentre de suite en tête. Ce thème parsème le pilote, et le générique de fin est hautement symbolique : le thème est réorchestré, la voix d’Al Jarreau s’y mèle, et la chanson-phare de la série est maintenant entendue au complet. Clair de Lune est née !! Les fans des X-Files auront reconnu Brian Thompson dans le rôle de l’homme de main de Simon. Eh oui, même le Bounty Hunter devait gagner sa vie dans le temps… Sinon, la garde-robe des personnages est un vrai délice, et les brushings de Cybill Shepherd sont déjà une série dans la série. Infos supplémentaires : - Un des épisodes préférés de Cybill Shepherd. 2. LE DUEL Scénario : Michael Petryni Si je me fais tuer, Maddie, je ne vous adresserai plus jamais la parole.
Toutefois, la meilleure scène est quand ils doivent entrer dans un bar louche : David Pygmalion veut métamorphoser Maddie en femme fatale pour qu’elle ait l’air « d’être dans le milieu » : déboutonnage de chemise, décoiffage, et… robe déchirée (Maddie est ravie). Au-delà de l’humour de cette scène parachevé par les chansons ringardes que chante David à tue-tête, c’est bien l’attirance violente qu'il ressent pour elle qui transparaît ; il rêve déjà de "remodeler" cette femme dans le but de la faire entrer dans son univers, de la séduire. Maddie dans un même regard mêle la fureur à un certain plaisir secret de se laisser manipuler. Nouveau rituel de la série : David roule des mécaniques puis se vautre totalement (vol plané dans le bar) là où Maddie, en posant simplement la question, obtient des renseignements. Au passage, le 4e mur se craquèle avec David (Pour ceux qui auraient pris l’émission en cours…) qui par ailleurs arbore dans une scène des lunettes à rayons X d’un ridicule assumé (ou pas). L’apparition surprise de Michael (Gary Graham surjoue) avec un Addison toujours aussi déconnecté de la réalité précède le duel final. Duel plein d’adrénaline, qui a également la plus-value des étourderies d’Addison, d’une maladresse exquise : qu’on est loin des futurs rôles de Bruce Willis ! La scène finale est un peu trop surlignée, abuse des violons, mais l’éblouissant Pat Croley parvient à sauver l'émotion voulue de la scène, épaississant son personnage qui cherche une rédemption de ses fautes passées, et qui la trouve en sauvant un homme égaré de son chemin fatal. Maddie se rend compte que le monde n’est pas manichéen, tandis que David, qui connaît les vraies priorités, s’intéresse surtout au chèque de Farley !
Infos supplémentaires : - L’agence est au 20e étage de l’immeuble. 3. L’INSTINCT DE MEURTRE Scénario : Joe Gannon Je ne veux pas mourir en petite culotte !!
Hélas, l’enquête reprend le dessus : toute la partie chez le médium, sans aucune excentricité (la voyante des Avengers nous manque déjà), est d’une longueur lénifiante. On retient quand même la citation textuelle de l’introduction des épisodes de La Quatrième Dimension par un David inspiré par le décor tandis que le twist central fait son effet. David et Maddie espionnent ensuite la demeure du voyant tout en se jetant des mots à la tête (c‘est incroyable de voir à quel point Maddie peut gober tous les bobards de son partenaire). David commet quelques gaffes (le coup de la gouttière est joyeusement crétin !). Mais toute cette partie est bien trop longue : la manipulation organisée par Brian relève du cliché le plus éculé, la tension entre lui et Omar est voisine de zéro, et la prose s'alourdit : un comble pour une série qui d’habitude soigne ses dialogues ! Et puis la révélation qu’Omar est un charlatan, ah le scoop, c’était visible à des kilomètres ! Mais on ne boudera pas notre plaisir (et celui de David), de voir Maddie en robe courte sur le toit (énième dispute). Les regards de David sont tout un roman… L’intermède précédant la dernière scène aborde le côté plus doux de la relation David-Maddie, avec une Maddie rentrant ses griffes, et David prenant des poses de charmeur. La scène, comme dans le pilote, vient un peu brutalement, mais elle permet de voir qu’au fond, ils s’aiment bien ses deux-là. - Peut-être une référence au Prisonnier à 7’13 : David congédie le garde en lui disant Bonjour chez vous ! - De même, David cite explicitement l’introduction de La Quatrième Dimension. Bruce Willis avait participé à un épisode du segment 1985 de la série (Le jour de la déchirure). Par ailleurs, Joe Gannon, le scénariste, avait également écrit un épisode du revival de la série (Rêve-machine). 4. RADIO ASSASSIN Scénario : Peter Silverman - Pour moi, ce n’est pas évident.
Peter Silverman nous offre alors de superbes portraits de deux personnalités trop fières pour admettre qu’elles n’existent pas en dehors de leur travail. Ainsi Maddie n’a aucune occupation, aucun ami. Dépossédée de sa fortune, le mirage a disparu : ses serviteurs ne sont plus là, ses connaissances ont fui en apprenant sa ruine (ce n’est pas dit mais on le devine). Prisonnière également de ses préjugés sur les relations homme-femme, dont elle refuse toute idée de frivolité, sa vie sentimentale et sexuelle est un zéro absolu. Le contraste avec le luxe de sa maison est éclatant. Elle peut bien allumer des chandelles et dormir (à l'heure précoce prédite par David) dans un grand lit à deux places, elle est seule à manger, et seule à dormir. La description de frigide frustrée énoncée par David est-elle totalement fausse ? Elle nous communique son spleen tandis qu’elle parcourt la ville, jalousant les couples qu’elle croise. Elle compense ce manque en se créant un amour platonique envers le défunt, ce consolateur d'âmes blessées, ce qui ne manque pas d’attiser la jalousie de David ! Cybill Shepherd, d’une belle justesse de ton, est merveilleuse, rendant palpable la tristesse de son personnage. Deux solitudes écorchées compensant par un stoïcisme glacial ou une exubérance outrancière le chagrin de leurs vies. La mise en scène de Peter Werner appuie sans forcer sur le levier de l’émotion. Ainsi, la scène où Maddie se réconcilie avec David a-t-elle une saveur particulière. La fouille de l’appartement de la victime croque un troisième portrait : Laura, la maîtresse du mort, mariée à un riche homme d’affaires. Partagée entre fortune et protection d’un côté, amour et tendresse de l’autre, elle est àla fois vénale et aimante, intéressée et généreuse, un double visage très intéressant, bien rendu par la fausse froideur de la sculpturale Barbara Stock. L'excellent twist central dessine un 4e portrait tout aussi réussi que les précédents, toujours sur la différence entre vie privée et vie publique, où la joie d’être aimé des autres ne suffit pas toujours pour s’aimer soi-même. Ces adroites descriptions compensent les longueurs de l’enquête et un humour très modéré.
5. LE TRAIN MYSTÈRE Scénario : Ali Marie Matheson et Kerry Ehrin
Le sommet de l’épisode est atteint à la scène suivante, avec un humour décapant : David se perd dans un monologue volontairement lourd mais hilarant tandis que Maddie (Cybill Shepherd est à croquer dans son élégant manteau) souffre le martyre. Le tout se termine par l'« accident » de la couchette et la monumentale enguelade qui en découle. La persistance de David à retarder leur départ, combiné à sa jalousie à propos du date de Maddie, fait qu’il a peut-être bien appuyé volontairement sur le mauvais bouton, qui sait ? Ajoutons le sous-entendu sexuel des répliques de David, et Maddie toute décoiffée comme sortant d'une nuit d'amour, et nous avons un bel hommage aux Screwball comedies, dialogues tonitruants inclus. En conséquence, la scène du restaurant où Maddie fait la gueule devant un David absolument pas désolé vire au mordant pastiche d’une scène d’amour Hélas, l’épisode s’effondre totalement dès le deuxième tiers : après la fastidieuse présentation des invités, le meurtre imprévu de l’organisateur transforme la ludique énigme initiale en enquête réelle à résoudre avec un assassin à débusquer. A part David et Maddie, tous les invités seront accusés tour à tour, et chacun avait curieusement une bonne raison de le tuer : mais hélas, les suspects sont enfermés dans des figures figées : l’ex jalouse, l’endetté, le nègre qui vit dans l’ombre, l’ami méprisé… que tout cela est dépourvu d’imagination ! Notre duo est relégué car chaque suspect participe à l’enquête : cela donne des discussions vaseuses, des confidences attendues, des interrogatoires vite avortés, une répétition des scènes… le tout sans la moindre tension ni humour. Toute l’enquête se traîne à un tempo lent, n’offrant aucune étincelle si ce n’est les toujours délicieux vers d’Agnès (Allyce Beasley est irrésistible), et l'excellent numéro de Schiavelli. Les dernières minutes retrouvent un peu d’éclat, avec le coup de bluff de David qui démasque le tueur (dont l’identité était néanmoins prévisible), et le traditionnel final haletant sur le sommet du train. Une scène d’action intense, bien servie par la caméra pleine d’adrénaline de Kévin Connor : James Bond saura s’en souvenir dans Skyfall ! Le tag final est assez réussi, avec une jolie démonstration de l’amitié naissante entre Agnès et sa patronne.
6. RÈGLEMENT DE COMPTE Scénario : Maryanne Kasica et Michael Scheff
C’est évidemment sur une homérique dispute que se déroule la première scène David-Maddie. Madame doit serrer le budget de l’agence, tandis que Monsieur, toujours aussi sensé, achète un piano, un violoncelle, et un billard (entre autres) pour « mettre une bonne ambiance » dans l’agence. Une crise qui passe la surmultipliée lorsque David veut rentrer dans ses frais en acceptant un second emploi intérimaire de percepteur avec Maddie comme coéquipière ! Une histoire aussi abracadabrante qu'hilarante. La prise de bec dans la voiture sert également de premier bilan de la saison : la froide et mécanique Maddie du pilote - qui licenciait ses employés sans broncher - apparaît plus chaleureuse en pointant la part d’inhumanité de ce travail. Amusant paradoxe : si David est plus souriant que Maddie, il n’a aucun scrupule à jouer les oiseaux de malheur, mais c’est davantage une contenance qu’il se donne que de la méchanceté : la scène où David se dégonfle minablement devant un client récalcitrant montre bien que son interprête n’est pas encore le porte-flingues que nous connaissons ! Hélas, l’épisode perd tout espoir de décrocher son quatrième melon avec son rebondissement final idiot. Comment un tueur à gages aurait-il la bêtise de dévoiler son plan à nos détectives ? D’autant qu'Arthur Taxier en méchant n’est pas du tout convaincant. La manière qu’a David de percer à jour l’histoire est aussi tirée par les cheveux. Heureusement, le final remonte le niveau : la bataille de rimes entre David et le portier est devenue une des scènes les plus connues de la série. Voir Maddie en tenue de serveuse à l’ancienne avec coiffe serrée, décolleté vertigineux (Y’a de la place pour les pourboires ?), jupon, et collants, est une vision très délectable, et David est de notre avis ! Les regards-de-la-honte de Maddie, au bord de la rupture, sont d’un comique ravageur. Finalement, tout finit bien, nos héros interpellent l’assassin, mais sans empêcher de provoquer une bataille de tarte à la crème mais bien trop courte. On est loin du paroxysme déjanté du sketch Auberge ! des Nouveaux monstres (1977). 1. Clair de Lune : Le flamboyant pilote de la série est également un de ses meilleurs épisodes. Il présente dans un tempo effréné tout ce qui fera le succès de la série : personnages défoncés, dialogues de haut vol, burlesque irrésistible, enquêtes surréalistes, scènes de tension, musique décalée, et surtout son couple central devenu mythique, explosant d’entrée de fougue et de talent. La belle Cybill Shepherd inaugure ses fameuses crises de nerf, Bruce Willis s’impose comme un des plus grands acteurs comiques de télévision. Naissance d’un événement télévisuel ! Images capturées par Clément Diaz. |
Classement des saisons de Clair de Lune de la pire saison à la meilleure saison 5) Saison 5 La série ne se remet pas du départ forcé du créateur Glenn Gordon Caron, qui entraîne une inversion particulièrement désastreuse de l’ADN de la série : les enquêtes sont maintenant privilégiées à l’humour et la romance. Privée de ses repères, la série, insoluble dans le polar pur, est condamnée à des scripts faibles et sans rythme. L’étude acerbe de plusieurs tares sociétales, inédite dans la série, ne peut compenser. Le couple David-Maddie, cœur vivant de la série, n’a plus rien à raconter et agonise dans une amitié improbable, où la tension sexuelle est à minima. Les acteurs, fatigués, n’ont plus la force de défendre leurs rôles. Les scénaristes parviennent pourtant à rétablir un fragile crescendo comico-romantique au sein des personnages, réussissant quelques coups d’éclat (Le barracuda vire de bord, Le mort récalcitrant) avant de tout ruiner en les trahissant. Annie reste un cas d’école parmi les fossoyeurs de série : elle surclasse le premier rôle féminin tant en charme, en vie, en pétillement, et en intérêt, achevant de vider la série de toute sa substance. La conclusion, l’une des plus ratées de toute l’histoire de la télévision, offre une sortie indigne à la série. Agnès et Herbert, le couple secondaire, échappent à cette purge en sauvant quelques traces du charme de Moonlighting. Pompier de cette dernière saison, Herbert vole la vedette à ses supérieurs, et n’aura pas démérité en s’escrimant à sauver ce qui pouvait l’être. À côté de Bruce Willis et Cybill Shepherd en panne sèche, Allyce Beasley et Curtis Armstrong rayonnent de fantaisie. 4) Saison 1 : En gardant à l’esprit qu’elle ne contient que six épisodes, la saison 1, après un pilote à la trépidante vitalité, éprouve quelques difficultés à trouver un ton bien défini à la série. À son aurore, Clair de Lune se cantonne à la parodie sans risques d’autres genres (western, espionnage, whodunit…). L’humour est très moderato cantabile et le tempo encore retenu. La série peine à s’extirper du modèle de Remington Steele, malgré moins de sucre sentimental. Heureusement, Bruce Willis et Cybill Shepherd conquièrent l’écran avec panache. La tension sexuelle, nourrie par des dialogues au-dessus de la moyenne, mais encore perfectibles, frétille immédiatement entre la businesswoman sévère et le clown allumé. Les acteurs convainquent aussi quand ils expriment la solitude et la mélancolie de leurs personnages (Radio assassin). Le très fou dernier épisode augure des lendemains festifs. Agnès Topisto ravit immédiatement par son côté femme-enfant et ses rimes bidonnantes. À cause de ses tâtonnements et sa prudence, la saison 1 est davantage un prélude prometteur qu’une vraie saison. 3) Saison 4 Après un premier épisode remarquable d’émotion, les effets du syndrome Clair de Lune jettent à bas tout le charme de la série. Dans une vaine tentative de maintenir la tension sexuelle après la concrétisation physique du couple, Caron commet la tragique erreur de séparer David et Maddie durant 8 épisodes (et demi), éteignant tout simplement l’unique moteur de la série. Malgré d’excellentes prestations dramatiques de Bruce Willis (L’art d’être papa), la série devient un soap opera, dialogues affligeants inclus. La priorité est dès lors les états d’âme de personnages réduits à l’état de zombies – surtout du côté de Maddie. Herbert Viola profite de l’éloignement de Maddie pour s’imposer comme le meilleur atout de cette saison. Son couple avec Agnès traverse plusieurs crises émouvantes, vaincues par leur amour et surtout leur humour tonitruant. Le grotesque twist du mariage précipité de Maddie a beau être désolant, il déclenche le spectaculaire réveil des derniers épisodes, retrouvant le faste et la gloire des saisons précédentes. Si Walter, trop benêt, n’apporte rien à la série, la chaleureuse Terri restera comme un des meilleurs souvenirs de cette saison 4 aussi consternante dans sa première moitié que brillante dans sa seconde. Lorsque le rideau tombe, tous les espoirs sont permis pour un renouveau en saison 5, ils seront hélas sévèrement douchés… 2) Saison 2 La série trouve sa vitesse de croisière en adoptant pleinement le ton de la screwball comedy, encore en demi-sommeil en première saison. Le duo central rayonnant de complicité, de fougue, et de flamme relaye les dialogues rapides et brillants des scénaristes. La tension sexuelle en survoltage se montre irrésistible. La série empile les gags à un rythme de cartoon – en particulier dans ses poursuites finales – au sein d’enquêtes dont la folie douce initiale s’accentue jusqu’à décoller dans une tornade parodique réjouissante. Humour et romance triomphent des enquêtes, simples prétextes à déchaîner David et Maddie. Pour la première fois dans l’histoire de la télévision, une série théorise l’art et la manière de casser le quatrième mur avec le maximum d’effet (humour + déclaration d’amour au public), mais aussi celui de créer des épisodes authentiquement décalés. Souvent avec réussite comme avec le meilleur épisode de la série, Le rêve était presque parfait, ou le désespéré Témoins, mais aussi parfois avec un échec retentissant (Les aventures de Mademoiselle Topisto). Les réalisateurs donnent à la série une identité visuelle colorée et joyeuse, grâce notamment à Peter Werner. Malgré la qualité inégale de ses épisodes, Moonlighting est parvenue à créer un univers euphorisant. 1) Saison 3 La troisième saison de Clair de Lune est celle de toutes les audaces ; chacune d’entre elles optimise le cocktail burlesque-tension sexuelle de la série qui devient explosif. Dans un pur état de grâce, Glenn Gordon Caron et ses auteurs enchaînent les idées les plus inédites à la télévision dans une frénésie efficace, assurant le succès à quasiment chaque épisode : accumulation de gags à la Tex Avery (Symphonie pour deux escrocs), irruption du Fantastique à des fins émouvantes (L’Ange gardien), fastueuse parodie de classiques littéraires (Rock around Shakespeare)… L’entrée en scène d’Herbert Viola, le quatrième personnage principal de la série, est un grand apport, aussi convaincant dans l’humour que l’émotion. Son couple avec Agnès forme une bulle enchantée, où seront préservés un peu de l’âge d’or de la série lors du déclin des saisons suivantes. La saison 3 parachève sa réussite par le crescendo romantique du duo principal, qui multiplie baisers et rapprochements entre deux disputes telluriques. Le tout culmine dans un feuilleton de quatre épisodes au suspense maximal où Maddie valse entre deux hommes. Ce feuilleton culmine dans une coda de dix minutes saturée d’intensité érotique, désormais scène mythique de la télévision américaine. Mais la série va payer cher ce triomphe, avec ce fameux Syndrome Clair de Lune, ou l’impossibilité de maintenir une tension qui condamnera nombre de séries à un lent déclin. Le poison du soap opera commence d’ailleurs déjà à s’infiltrer en cette fin de saison. La saison 3 reste pourtant le centre de gravité de la série où tous les voyants : humour, romance, dialogues, rythme, audaces, suspense, sont au vert. |
Saison 2
1. T'AS PAS UNE BLONDE ? Scénario : Glenn Gordon Caron Le début dresse le portrait de Navarone : c’est un méchant très menaçant mais tellement caricatural qu’on ne peut s’empêcher de le trouver drôle. Le magnétique Ed O’Ross restitue à merveille ces deux pôles, toujours très à l'aise dans les rôles bien extrêmes (Ruth Fisher vous le confirmera). L’entrée en scène de Richard Addison se situe à l'opposé : le show rap auquel il se livre est tellement affligeant qu’on est pas loin du pur génie (dans le genre). Le frère de David est un idiot charmeur, un raté magnifique et digne. Charles Crocket, en plus d’une certaine ressemblance avec Bruce Willis, est l’interprête parfait de ce personnage. Cela fait craquer Maddie : un beau jeune homme gentil… et surtout riche. Elle voit en Richard un David qui a de l’argent. Elle reste une ancienne mannequin habituée au luxe, aux hommes riches. Le fauché David, malgré sa « tchatche » n’y peut rien faire. Il subit l’attirance naissante entre sa collègue et son frère (tragi-comique scène du slow romantique - très 80’s d'ailleurs -). David, déchiré, semble « vendre » Maddie à son frère contre l’argent dont ils ont besoin. L’ellipse nous menant au lendemain laisse songeur : Maddie et Richard ont-ils passé la nuit ensemble ? Maddie reste ambiguë, et l'épisode ne donnera pas de réponse. On mesure dans le regard résigné de Bruce Willis, ici étonnamment excellent dans un registre qui lui est étranger, toute la tristesse du personnage (déjà aperçue dans Radio assassin). De son côté, Richard souffre d’un complexe d’infériorité : il se sent moins exubérant, moins séduisant que son frère. C’est un désir de revanche, de frustration refoulée qui lui a fait jouer la comédie. Richard sait s’y prendre avec les femmes puisqu’on le voit jouer au trivial poursuit avec une Maddie ne cachant pas son ennui. Après le flamboyant pugilat d'anthologie dans le pavillon de Maddie, la course-poursuite finale, avec la musique de Richard Lewis Warren, (violons sautillants et fanfares de fête foraine) fait virer la fin dans le plus grand désordre jusqu'au génial retournement final, vachard et ironique - rappellant la chute de Meurtre en héritage, une des nouvelles du grand Fredric Brown. 2. LA DAME AU MASQUE DE FER Scénario : Roger Director Réalisation : Christopher Leitch J’adore les trous perdus… et j’adore l’idée que vous pourriez mourir de soif ! En réalité, tout ce prélude ennuyeux ne servait qu’à introduire le climatique final qui enfin vire dans le loufoque tant attendu. Précédée du gag de l’ascenseur (David qui donne un coup de poing, on veut croire que c’est le premier pas vers les Die Hard…), ce final met en scène pas moins de quatre femmes voilées ! La faiblesse du méchant est compensée par la délirante course-poursuite au son des trompettes de Guillaume Tell de Rossini. Le voyant parodie clignote à toute berzingue dans ce final dans la plus pure tradition des comédies slapstick. Maddie est heureuse de sortir avec son partenaire (et ses blagues à deux balles). David aussi. Notre duo se rapproche, et leur rupture temporaire est d’autant plus dramatique. Dans sa vie précédente, les alouettes tombaient toutes cuites dans la bouche de Maddie, maintenant elle doit se battre pour gagner sa vie et accepter que David soit son seul repère, si instable soit-il. David, frustré de leur distance sociale, fait tout pour la ramener à son niveau. Chacun dit à l’autre ce qu’il n’a pas envie d’entendre. Le sommet est quand Maddie refuse de dire ce qu’elle était sur le point de laisser échapper. On peut deviner que c’est sa douleur de s'être rapprochée sentimentalement d’un homme qui finalement la déçoit. David ne dit rien, mais l’a bien compris. Ce versant dramatique est lui, très bien fait. On est aux anges avec le tag final, d’une grande beauté, avec le chaste baiser de nos deux compères : un des meilleurs tags de la série.
Infos supplémentaires : - Le titre de l’épisode vient d’un roman d’Alexandre Dumas père adapté au cinéma plusieurs fois : L’homme au masque de fer (The man in the iron mask en anglais). - Glenn Gordon Caron n’aimait pas la musique de Richard Lewis Warren pour cet épisode, et demanda à Alf Clausen - promu compositeur officiel de la série - de faire une nouvelle partition. Mais l’édition Lions Gate du DVD des saisons 1 et 2 de la série utilise par erreur la première partition. Ainsi le thème de l'introduction est beaucoup plus tonitruant, et l’ouverture de Guillaume Tell est substituée par une musique beaucoup plus calme. - Un des épisodes préférés du scénariste Ron Osborn. 3. LES JEUX SONT FAITS Scénario : Kerry Ehrin et Ali Marie Matheson Réalisation : Christian I. Nyby II Une fois que je l’aurai retrouvé, je le tuerai ! Et lorsque je l’aurai tué, je le tuerai encore !! Une curieuse touche de puérilité apparaît sur ce personnage d’ordinaire si responsable. Maddie a l’air une petite fille rêvant encore de devenir une princesse. Est-ce pour exaucer ce conte de fées qu’elle s’engagea dans le mannequinat ? Cette voie lui permettait d’exaucer ses rêves de gosse : les paillettes (le fric coulant à flots), les belles robes, et la joie d’être admirée, désirée. Egalement, son rêve sirupeux où elle imagine que Sawyer lui rendra son bien sans discuter. Sa superbe tenue de soirée, diamant brillant de mille feux, témoigne aussi de son désir d'en mettre plein la vue. Le méchant, Ron Sawyer, est roublard, calculateur, et cynique. Le fantastique numéro de Mark Lonow est un délice : souriant, courtois, poli, presque gentil, il lui fait même du charme ! Cela rend la défaite de Maddie encore plus amère. Avec de tels personnages, comment se soucier de l’intrigue rachitique ? La réalisation de Christopher Nyby souligne chaque moment d’humour, ainsi que l’allégresse du montage d’images où notre duo gagne de plus en plus d’argent, réellement communicative. La scène fait penser au finale de l’opéra Le Joueur mais où la chanson d’Al Jarreau remplacerait le scherzo brillant de Prokofiev. La partie de poker déçoit car trop courte mais Lonow assure le show ! Le suspense prend lors de l’ultime main, où tout ce que possède Maddie tient en une seule carte… David, étonnamment sobre, vient la conseiller en ce moment crucial. Sa grande douceur la rassure et elle s’en remet à lui… Mal lui en prend : le twist final leur explose à la figure. Le tag final est hilarant, le pardon de Maddie est quand même bien vachard avec le gag des 340$ ! Reste qu'elle est amère de s'attacher à David qui ne cesse de la décevoir. Un peu d'amertume dans cette fin... - Le titre de l’épisode vient de l’expression : Money talks, someone walks. Elle signifie « l’argent est roi, quelqu’un lui court après ». 4. LE RÊVE ÉTAIT PRESQUE PARFAIT Scénario : Debra Frank et Carl Sautter Réalisation : Peter Werner Nous sommes fait l’un pour l’autre, Rita. Comme Fred Astaire et Ginger Rogers, comme les toasts et la confiture… Vous-z’êtes trompettiste ? Vous savez vous servir de vot’truc ? La première scène donne le la : encore une dispute à couteaux tirés entre David et Maddie ! Une belle enguelade sur leurs oppositions morales totalement réjouissante. On ne se lasse pas de ce rituel qui frappe juste à chaque fois. La petite dispute avec Sloan, leur « client », creuse encore plus le fossé existant eux : Maddie refuse par honnêteté de truquer des photos alors que David accepte par obligation professionnelle. Après le récit du meurtre, vient une des plus mémorables disputes de toute la série, d’une violence inouïe, pour le plus grand plaisir du spectateur ! Une vraie folie furieuse que cette scène qui se poursuit encore par téléphone interposé à l’agence (split screen bien trouvé). Dix minutes d’un tonique incroyable. Mais l’épisode va maintenant dériver dans des eaux peu explorées à la télévision lorsque Maddie rêve.
D’un fondu enchaîné plein de maestria, Peter Werner nous amène au show musical de Rita qui chante le standard Blue Moon. Cybill Shepherd est bluffante : sa voix mélodieuse, oscillant entre un grave sensuel et un médium pur, est merveilleuse pour interpréter ce tube. La douce chanson est à l’unisson de son caractère innocent, très bon choix et très bon clin d‘œil (puisque c'est le nom de son agence). Toutefois, elle se fait presque voler la vedette par Bruce Willis qui fanfaronne avec sa trompette, faisant de remarquables solos prétentieux ! La scène de meurtre avec ses implacables jeux d’ombres et de lumières, est encore une pure merveille avec une Rita apeurée, et un Zack contenant à peine son excitation morbide, parlant à double sens à sa victime. L’enquête de police fait intervenir deux autres personnages, la femme de chambre (Allyce Beasley évidemment) et surtout l’inspecteur de police trop fouinard : l’interrogatoire de la veuve « éplorée » est un calqué fidèle de ce genre de scènes, et l'inquiétant Francis X. McCarthy apporte toute la tension nécessaire. L’histoire se termine sur un twist brutal qui est la conclusion majestueuse de cette histoire. Cybill Shepherd et Bruce Willis sont impériaux dans leurs doubles rôles. Il y’a aussi quelques scènes de parodie assez détonnantes ! Zack joue de plusieurs instruments à la fois, se fout royalement du 4e mur, la scène du glaçon est joyeusement débile, mais l’apothéose est quand Rita quitte l’appartement de Zack en oubliant ses fringues : morts de rire ! Cybill Shepherd est divine, drapée seulement dans un drap, on en aura la confirmation dans l'infamous I am curious... Maddie (saison 3). Même l'exécution sur la chaise électrique voit sa tension cassée à coup de répliques absurdes ! Quelques instants de poésie s'enchâssent comme Zack jouant au clair du soir, son errance dans les cafés miteux de la ville, la spectaculaire entrée de Rita dans une tenue très sexy, ou les cadrages parfaits de Werner, filmant notre couple post-coïtum… Remarquons que le Bad Blood des X-Files reposera sur la même idée de deux points de vue divergents (quoique Vince Gilligan se cantonnera à l'humour). Cet épisode est un hymne au génie des interprêtes, à la plastique de Cybill Shepherd, et au charme animal de Bruce Willis, via des gros plans fastueux. Infos supplémentaires :
5. MON BEAU DAVID Scénario : Bruce Franklin Singer Réalisation : Will Mackenzie - Et si vous perdez, qu’est-ce que je gagne ?
Un second rebondissement embraye avec une intense course contre la montre, à l’issue brutale peu familière dans la série. Après un toujours désopilant double monologue simultané, le spectateur tombe à plein dans l'étourdissant twist final. Pas de fin spectaculaire mais un affrontement plein de suspense porté par une tranchante Barbara Bain, qui reprend quelques tics de son rôle d’espionne déterminée. Suspense mâtiné toutefois de burlesque avec les airs outrageusement décontractés de David dans la situation ! Maddie surveille le moindre faux pas de son associé, petit jeu stupide doublé d'un concours de vannes qui dure pendant tout l’épisode. Singer noircit beaucoup Maddie, ici décrite plus que jamais comme une bobo BCBG martyrisant son pauvre acolyte. Et ça paie... pétrifiés d’horreur, nous voyons David perdre toute comédie. C’est si inattendu qu'il fait… peur ! Singer enchaîne brillamment sur l’humiliation générale de Maddie entourée d’employés haineux, un immense moment de solitude. Allyce Beasley est irrésistible en Agnès plus infantile tu meurs (Vous l’avez « déDavidé » !!!).
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6. L'EX DE DAVID Scénario : Jeff Reno et Ron Osborn Réalisation : Peter Werner - Hola Madame, est-ce que le numéro que j’ai demandé est toujours en service ? La très belle Dana Delany est idéale en ancienne compagne de David, son jeu ambivalent en fait une des guest stars les plus mémorables de la série. Hélas, Bruce Willis réduit à néant toute l'intensité de leurs scènes : s'il est immense en fanfaron, il est terriblement mauvais en sentimental. Confondant sobriété et monolithisme, il n’arrive jamais à être émouvant. Corollaire : son duo avec Delany ne crépite jamais. Duo assassiné en plus par des dialogues d’une niaiserie absolue. David est pesant d’un bout à l’autre. La scène de la chambre d’hôtel est ratée. Celle de l’hôpital n'est guère meilleure, malgré Maddie laissant échapper sa jalousie. L'épisode de noie dans l’eau de rose déversé à grands seaux. Heureusement, la scène « romantique » entre les deux ex est un grand instant de beauté, magnifiquement réalisée. Le coup de théâtre qui suit se dilue hélas dans une enquête rapide, avec un inspecteur benêt au possible et un David réellement saoulant. Heureusement, le tag final est réussi : David laisse une rose et un mot gentil à Maddie… avant de se raviser : il est trop orgueilleux pour s’humilier devant elle ! On quitte donc avec le sourire cet épisode qui n’a pas tenu ses promesses, malgré une Cybill Shepherd émouvante et sympathique en jalouse délaissée.
7. UN CONTE DE FÉES Scénario : Debra Frank et Carl Sautter, d’après une histoire de Frank Dandridge, Debra Frank, et Carl Sautter Réalisation : Peter Crane - Et j’aimerais accorder trois vœux à Mr.Addison.
La dispute traditionnelle Maddie-David n'est pas aussi verte que de coutume. En fait, il n’y aura ni dispute cinglante ni approfondissement des relations dans cet épisode, remplacés par une atmosphère de feel good movie : nous allons assister à une petite histoire gentille, sans prétention et à l’humour enfantin. Et malgré les longueurs, ça va marcher, mais c’est surtout grâce à la malicieuse second rôle du jour. Quelques bouffées de délire bien destroy pimentent la folie douce de l'épisode comme une scène dans la morgue qui n’est pas sans rappeler les X-Files (version Darin Morgan) ou la recherche du chaudron d'or, où les auteurs ne se refusent rien en matière de burlesque : la chanson paillarde de David qui met Maddie sur les nerfs témoigne bien du non-sens hilarant de l'ensemble. Infos supplémentaires : 8. LE PORTRAIT DE MADDIE Scénario : Kerry Ehrin et Ali Marie Matheson Réalisation : Peter Werner - Là, j’en reste sans voix !
Maddie est encore très sensible à la flatterie et à la reconnaissance. La mannequin n’a pas disparu en elle : elle est remplie de fierté quand elle apprend l’existence de son admirateur secret et de son portrait, symbole d’un amour platonique de l’artiste à sa muse. Presque l’amour courtois du Moyen-Âge avec la sacralisation de la Dame, ce qui n'est pas pour lui déplaire. Cette conjonction explique naturellement son coup de folie. Lorsque David la confronte à ses propres contradictions, Maddie se défend en rappelant qu’elle est la patronne et la libre dépositaire de l’argent. Légalement, elle a tout à fait raison ; moralement, elle est assez intelligente pour comprendre qu'elle a mal agi. On ne peut donc s’empêcher de ressentir une certaine pitié pour cette femme de tête à la merci de ses émotions primitives, de son besoin d’être désirée. Sa naïveté, déjà manifestée dans Les jeux sont faits, apparaît quand elle se fait berner par le trafiquant qui joue sur sa fibre romantique. Maddie sera toujours dessinée avec moins de sympathie que son partenaire masculin, mais la compassion des auteurs désamorcera subtilement ce fait : la vie de Maddie sera toujours plus chaotique et plus amère que celle de David, ce qui la force à être moins lumineuse que lui. Un portrait féministe certes convaincu (Maddie est une patronne efficace, indépendante, supérieure à son collègue) mais assez sombre (bien moins sympathique que Dave), peut-être un peu trop ; mais en 1985, c'était un portrait déjà extrêmement innovant, et malgré son imperfection, demeure fort aujourd'hui. Son égotisme se voit aussi par le dépit amoureux de David. Comme dans Radio assassin (saison 1), où elle préférait à David un mort ; elle est touchée par l’oeuvre de Phillip - mort également ! - sans accorder attention à David. Quand le second meurtre fait prendre à l’affaire des allures de duel pour ses beaux yeux, elle est secrêtement flattée, ce que ce fin psychologue qu’est David comprend bien. Bruce Willis est plus convaincant que d’habitude en sentimental repoussé (What about us poor slobs that live for you ?). Mais le baiser qu’elle lui lance de loin, dans le plan final, la réhabilite aux yeux du spectateur, par sa spontanéité, et sa sincérité. L’enquête est un McGuffin mais pas sans qualités. Malgré de flagrantes baisses de régime, les multiples énigmes voient leurs résolutions judicieusement différées. Pas mal de rebondissements, dont le moindre n’est pas les twists de fin. On notera quelques moments forts comme l'introduction où du sang tâche un mur couvert de photos de Maddie, avant que la caméra se dirige, dans un quasi plan-séquence, sur le superbe portrait. Mais aussi la splendide scène de la déambulation muette de Maddie dans le musée avec un significatif jeu de regards. Peter Werner confirme qu'il est le meilleur réalisateur de la série. Côté humour, on note l’apparition du 2e puis du 3e larron, quelques cassages de 4e mur (Maddie, I just had my hand on your behind. If I get any more serious, they're going to move us to cable !), le show déchaîné de David… mais le morceau de choix reste évidemment le festif final, avec de grosses explosions de peinture pour terminer l’épisode sur un hilarant ton parodique !
9. DRÔLES DE NUMÉROS Scénario : Roger Director Réalisation : Christian I. Nyby II - C’est pas qu’j’en sois pas sûre… c’est que je n’en suis pas certaine ! Après une version hilarante du Heigh ho ! de Blanche-Neige et les sept nains, et les appels irréalistes de David au pape et au président des Etats-Unis, il songe à garder le rolodex pour fonder sa propre agence... et c’est la catastrophe car les initiatives malheureuses de West démolissent tout, entraînant une folle course-poursuite sur musique décalée et vaudevillesque (Alf Clausen toujours au top) avec David tel qu'en lui-même : délirant à mort dans les pires situations possibles. Car Maddie a changé : après avoir essayé de fuir la réalité, son inconscient a fini par l'accepter, et mieux, à l’aimer ! Le travail est devenu nécessaire pour elle. La petite fille qui rêvait encore de contes de fées meurt quand elle réalise que sa vie de mannequin se résumait à des plaisirs artificiels (shopping…), à être riche mais dénuée des vraies valeurs de la vie. Ce rite initiatique, sujet de milliers de navets, convainc ici car il s'inscrit au sein du portrait le plus sympathique de Maddie dans la série, et aussi parce que les auteurs ne tombent pas dans le béat en sauvegardant quelques traits acérés de l'ancienne Maddie.
- On entend brièvement l'allegro final de l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini lors de la course-poursuite dans la banque. La chanson entendue dans le bar quand David et West se rencontrent est Leavin'on your mind de Patsy Cline.
10. IL EST NÉ LE DIVIN ENFANT Scénario : Glenn Gordon Caron Réalisation : Peter Werner Vous avez la moralité d’un lapin, le caractère d’une limace, et les méninges d’un diplodocus !! Le comique prend immédiatement sa place avec la chanson d'Agnès puis l'apparition christique du bébé totalement décalée ! Ally McBeal développera d'ailleurs une idée similaire dans un de ses épisodes de Noël (Blue Christmas) où Elaine Vassal trouve un vrai bébé dans une mangeoire et décide de le garder. Mais à la différence de David E. Kelley qui en fera un épisode assez triste pour la secrétaire la plus torride des séries télé, Glenn Caron va maintenir droit le cap dans le loufoque à fond les manettes. Maddie doit faire face à la dernière frasque de David : il a transformé l’agence en hotline du Père Noël !! S’ensuit une énorme dispute d'environ 10 minutes ! Maddie est outrée que David et les employés profitent de Noël pour leur profit. Les délires de David ajoutés à la virulence de Maddie qui dégaine des vannes furieuses plus vite que son ombre donnent un cocktail ébouriffant. Si vous vouliez une preuve que Clair de Lune est la série à dialogues par excellence, cet épisode est vraiment l’idéal. Au milieu de ce déluge de rires et de bons mots, l’épisode joue quelques contrastes comme les menaces de Léonard (Belzer est glaçant à souhait) ou, dans un autre registre, l'absence d’instinct maternel chez Maddie. Son attitude envers le bébé est même plutôt dure, là où David se montre plus gentil. Mais David sait bien que Maddie est blessée de sa vie privée vide : si elle refuse qu’Agnès garde le bébé, c’est bien par jalousie (via un nouveau dialogue à 100000 volts). Aussi la belle scène intimiste d’Agnès berçant l’enfant avant de le tendre à une Maddie plus troublée qu’elle ne veut le dire est un beau moment de grâce. La scène - trop longue - menace de s’enliser dans la guimauve, mais Allyce Beasley évite le naufrage grâce à son angélisme souriant. Le tag final parachève le triomphe de Noël. Car Twas the episode before Christmas est bien le premier épisode où David et Maddie échangent leur(s) (deux) premier(s) baiser(s) !! S’il est encore assez chaste car échangé davantage sous l’euphorie du moment, il n’en est pas moins jouissif à voir, un joli cadeau de Noël ! Et tandis qu’une neige artificielle tombe dans l’agence à la demande de David, le 4e mur s’effondre totalement. Toute l’équipe et leurs familles chantent une chanson de Noël à l’adresse des spectateurs. Tout le monde, y compris les acteurs, partage ce moment de communion avec le public stupéfait de tant d’attention à son égard ! Parmi la foule, on reconnaîtra Vincent Schiavelli (Le train mystère, saison 1), le mari d’Allyce Beasley, et Glenn Gordon Caron lui-même. La dernière image voit David et Maddie (ou bien Bruce et Cybill, on ne sait plus quoi penser !) s’enlacer avec une joie totale. Une fin idyllique, unique dans l’histoire des séries, qui couronne ce chef-d’œuvre de dinguerie qu’est ce conte de Noël décalé.
11. LA FIANCÉE DU TUPPERMAN Scénario : Jeff Reno et Ron Osborn Réalisation : Christian I. Nyby II et Will Mackenzie - Je trouverai un bon mari pour elle. On remarquera que l'affaire fait songer au Cœur à cœur des Avengers. Maddie appuie sur le bouton « puritanisme », comme à chaque fois qu’il est question d’évolution des moeurs. Pour elle, une rencontre amoureuse doit être le fruit du hasard, non d’un destin forcé ou d’une transaction financière. Pensée aussi idéaliste que réac. Si Maddie a mûri au cours des épisodes précédents, elle reste liée à des valeurs morales élevées mais déconnectées de la réalité. David est plus progressiste, mais c'est parce que la sexualisation de la société rend les rapports plus frivoles, ce qui met notre épicurien patenté aux anges ! Aussi au menu, les vers d'Agnès toujours si drôles, les appels d’un obsédé sexuel… qui ont l’air de l’exciter ! Les cassages de 4e mur (I figured it out during the commercials.), etc. La seule pause dans cet épisode fou-fou est la sentimentale scène de l'avion où David et Maddie dorment l'un à côté de l'autre... quelle saveur ! Le troisième acte enchaîne les retournements de situation jusqu’à ce que tout réalisme soit passé au hachoir, assurant le triomphe de la fantaisie : Ping, Tupperman fait son choix puis se ravise, ping, un nouveau rebondissement, ping, encore une révélation, ping, David réalise qu’ils ont été mystifiés depuis le début (la scène où il entre par effraction dans la maison est un des plus gros gags de l'épisode !)… jusqu’à PING, l’ultime twist final, exaltant le triomphe du surréalisme. Cette virtuosité dans ces rebondissements continuels, renforcé par la réalisation efficace de Nyby et Mackenzie est on ne peut plus délectable. Le tout donne lieu à la course-poursuite finale en fauteuil roulant joyeusement débile, qui nous achève par sa furia comique. Les acteurs s’en donnent à cœur joie, tout comme la musique d’Alf Clausen. Bref, une fin démente, et un joyau de plus pour cette saison !
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12. LES AVENTURES DE MADEMOISELLE TOPISTO Scénario : Debra Frank et Carl Sautter Réalisation : Christopher Hibler Death after the first date does not do a lot for your self-confidence. La musique des Supremes, à l’élégance et à la gaieté rafraîchissantes, convient à merveille à la métamorphose d'Agnès en dame chic, dans un clip pop stylisé du meilleur effet. Sa rencontre avec Kyle est hilarante (le gag du manteau de fourrure !), et leur long baiser est savoureux. Hélas, l’épisode sombre ensuite dans l’ennui le plus complet : péripéties dans un train-train ronronnant, sous-méchants caricaturaux, réalisateur et humour aux abonnés absents… Le pire est de voir Agnès, en dehors de la « cascade » dans l’usine, dans l’inertie la plus totale. Elle traverse l’épisode sans faire quoi que ce soit, et se repose tout entier sur son allié inattendu, Doug (le fade Douglas Warhit), qui avec son charisme d’ustensile de cuisine et ses interventions hors de propos dans l'histoire, parviendra à résoudre l’affaire à lui tout seul. C'est d'un contresens stupide, annulant tout à fait l'idée de départ. Frank et Sautter atteignent le degré zéro avec l’évasion d’Agnès, d’une naïveté exaspérante. Elle s’enchaîne à la scène finale, d’habitude un joyeux n’importe quoi, mais ici rendue nulle par un manque de fantaisie sidérant. La gentille baston entre les méchants et Doug, qui, comme Zorro est arrivé sans se presser, est très loin des bagarres plus toniques (ou débiles) de la série. Qu'Agnès soit réduite au rôle de demoiselle en détresse est également dommageable. L’épisode s’est enfermé dans un sérieux désastreux qui rend également caduc son début de romance sucrée (et lourdingue) avec Doug. Infos supplémentaires : 13. LA NUIT DU MORT-VIVANT Scénario : Scott Spencer Gordon Réalisation : Will Mackenzie - Maddie, il y‘a des tas de choses dans la vie qui sont inexplicables. Malheureusement, cette idée est balayée en pièces par un retour arrière du personnage sur un autre domaine : alors que Maddie semblait de plus en plus épanouie et se rapprochait de son partenaire, elle dit que cette année a été ratée pour elle sur tous les plans ! En plus d’être incohérente, cette idée nous amène une Maddie atone et pâle qui reste à la remorque durant tout l’épisode. La scène initiale de l’anniversaire de Maddie perd ainsi toute drôlerie par la platitude de son interprète féminine. Pour le coup, Allyce Beasley était plus émouvante dans un registre similaire. Seules deux scènes échappent à la purge : la scène de la morgue, où David foire ses tentatives de séduction envers une Maddie super cassante. Mais le regard rieur de la belle semble penser qu'elle prend plaisir à se laisser courtiser - d'ailleurs, elle prend pour oreiller l'épaule de David - une des rares scènes où Cybill est parfaite. Et puis, il y’a le duel final bien absurde, plus réussi que l’épisode précédent, mais n’atteignant pas toutefois les cimes de pure folie de Twas the épisode before Christmas ou The bride of Tupperman. Cela ne compense pas la faiblesse du vilain. Infos supplémentaires :
14. LA MAITRESSE DE PAPA Scénario : Bruce Franklin Singer Réalisation : Christopher Hibler - Maddie, je ne ferai rien qui vous mette mal à l’aise. Le scénario de Bruce Franklin Singer est d’une insigne pauvreté, on est loin de la maestria dont il faisait preuve dans Mon beau David ! Maman a des doutes sur la fidélité de Papa, sa fille ne la croit pas, David suit le mari, découvre le pot-aux-roses ; ensuite, tous les quatre dînent au restaurant, on s'explique, puis on se pardonne. Point final, difficile de faire pire ! Mais l'intérêt est que les quatre personnages bénéficient d’un dessin soigné, Maddie en tête. C’est la première fois que Maddie réagit physiquement par colère, qui se manifestait alors que par les mots. Dépossédée de sa fortune, son idéal familial s’effondre lui aussi. Une fois ce deuil fait, Maddie sortira définitivement de sa bulle enfantine déjà bien creusée depuis son premier renoncement (Atlas Belched). Le pardon final est convaincant, grâce aux merveilleux Cybill Shepherd, Eva Marie Saint, et Robert Webber. Malgré tout, on sent l’amertume derrière cet apparent happy end. Seules les dernières répliques de David finissent par nous faire sourire, confirmant une nouvelle fois la complicité de notre couple. Infos supplémentaires : 15. TÉMOINS Scénario : Jeff Reno et Ron Osborn Réalisation : Paul Krasny - Maddie, écoutez, une fois que je me serai lavé, donné un coup de peigne et rasé, je redeviendrai le bon vieux David que vous détestez. Le marché d'Everett est dans la lignée des requêtes bizarres des clients de l’agence Blue Moon. Cette euthanasie réclamée permet une nouvelle dispute entre David et Maddie dont les convictions sont encore une fois radicalement opposées. Reno et Osborn ouvrent une fenêtre sur ce sujet sensible. David est pour (bien que chrétien), et sa collègue contre. On remarque que le réquisitoire de Maddie fait penser aux radicaux religieux (elle va jusqu’à lâcher le mot « pêché ») : athée, oui, mais aux convictions ancrées dans une morale religieuse traditionnelle prégnante en Amérique. La scène cependant reste d’un comique ravageur avec David plein de mousse à raser, pas peigné, en caleçon à cœurs rouges devant tous ses employés, et l’exaspération crescendo de Maddie ! Maddie se lâche totalement dans la scène désormais culte du garage. Refusant d’accepter la perte de David, elle veut le retenir, court derrière lui pour le supplier de ne pas partir. De son côté, David est désemparé d’abandonner la femme qu’il aime mais veut mettre une distance pour ne pas rendre la séparation trop difficile. On voit que les auteurs se sont grisés d’une telle inversion, qu’ils jouent en virtuoses jusqu’au climax : leur furieux baiser ardent. Cybill Shepherd est transfigurée dans cette scène où elle fait preuve d’un monstrueux talent, la scène est d’une beauté et d’un érotisme fulgurants ! C’est avec acuité que l’épisode se centre sur les tourments des héros plutôt que sur l’enquête. Le happy end est progressivement amené grâce aux I love you, I love you, I love you que Maddie répète incessamment. Son transport irrépressible lors du retour de David (là, c’est clair qu’elle cache plus rien !) est une joie sans mélange, une allégresse totale.
- Le titre de l’épisode est un clin d’œil à une fameuse pièce de théâtre de la « Reine du crime » Agatha Christie : Witness for the prosecution (Témoin à charge en français). La pièce fut portée à l’écran en 1957 par Billy Wilder.
16. L'HOMME QUI PARLAIT TROP Scénario : Debra Frank et Carl Sautter Réalisation : Christopher Hibler - Je crois avoir trouvé le secret de notre succès. L’idée de base de l’épisode est si tordue qu’on se dit que seul Clair de Lune peut se permettre des idées aussi dingues. Toby est une prostituée revêche mais sympathique. Ses lassitudes devant les pitreries de David, sa misanthropie sous-jacente, sa froideur, entraînent de stimulantes joutes oratoires. Mais on finit par voir un certain attachement de cette femme envers le détective qui reste improbablement victorien avec elle. Sa crise de larmes quand elle apprend que David est en danger, qu’elle serre contre elle, se passe de commentaires. Elle est aussi charitable et plein de sang-froid. David est aussi attiré par elle : ses attentions et ses cadeaux montrent qu’elle ne lui est pas indifférent. David fait l’expérience de l’argent facile comme Maddie dans Drôles de numéros, et comme elle, est confronté à la solitude du prince : à quoi bon être riche et célèbre s’il doit s’éloigner de Maddie ? Cette dernière est prise au piège de ses propres convictions : elle qui place la réussite professionnelle au-dessus de tout, est obligée - pour ne pas se dédire - d'être « contente » de l’ascension de son employé tout en tirant une tête de pleureuse, quelle ironie ! Comme toujours, dans le registre de l’émotion, on accordera une préférence à Cybill Shepherd, malgré les progrès évidents de Bruce Willis. Infos supplémentaires :
17. REQUIEM POUR UN VEUF Scénario : Jeff Reno, Ron Osborn, et Charles H. Eglee, d’après une histoire de Jonathon Lempkin Réalisation : Allan Arkush Addison, y’a-t-il une once d’intégrité dans votre cervelle de courge ?
L’épisode s’enlise rapidement dans une histoire peu convaincante, le twist central est largement prévisible tandis que la recherche de Célia s’étire en longueur. Quant au méchant de l’histoire, il n’a pas l’envergure attendue. Toute la séquence de Maddie, prise d’un accès d’« intégrité » exagérée, entre également en contradiction avec son personnage, devenu moins idéaliste depuis In God, we strongly suspect. L’apparition de Célia rend caduque toute l’affaire, puisque rendant vaine toute sa recherche précédente. Sa confession n'est pas plus crédible, son idée initiale était fichtrement grotesque. Non, tout cela est vraiment très mal écrit. Le tout culmine dans un joyeux délire quand David et Maddie bataillent pour arrêter l’assassin : on commence par une bataille de balais… sur la musique de Star Wars ! Cette parodie de duel au sabre laser n’est d’ailleurs pas sans évoquer une scène de Scrubs où J.D se perd dans un rêve éveillé où deux médecins s’affrontent au sabre laser. On aime aussi l’emprunt à la musique de Psychose lors de l’empoignade finale dans l’escalier avec arrosage général. Décidément, les auteurs mettent un point d’honneur à ne pas manquer les fins d’épisode ! La réalisation énergique d'Allan Arkush, qui va devenir le metteur en scène le plus important de la série (il filmera la moitié de toute la saison 4) est également supérieure à l'habitude. - Jonathon Lempkin, auteur du script original, n'a pas écrit d'autre scénario dans sa carrière.
Scénario : Roger Director Réalisation : Peter Werner - Je viens d’avoir une idée. L’histoire s’enfonce rapidement dans un pénible bourbier. La dispute David-Maddie est certes plaisante, mais manque d’acidité. L’épisode allonge à l’extrême les situations statiques, bridant la truculence habituelle de Whoopi Goldberg. Director se prive d’un atout considérable en ne lui donnant aucun espace. Certes, l’actrice est si talentueuse qu’elle arrive à nous amuser, notemment en diva capricieuse, mais qu’on est loin de ce qu’elle aurait pu faire avec un script plus rythmé ! David et Maddie subissent également cette lenteur : à part s’agiter dans tous les sens pour donner une illusion de mouvement (la séquence ridicule de la fausse alerte incendie), ils ne font rien. Seuls Allyce Beasley et sa bonne humeur enfantine, ainsi que le séduisant Judd Nelson en flic corrompu n’en souffrent pas. Il faut dire que Nelson joue au second degré son rôle caricatural, seule manière d’échapper à la purge générale. Et puis, arrive enfin le « Big Finale » annoncé, qui d’un coup hisse les dix dernières minutes de cet épisode à l’état de chef-d’œuvre burlesque ! Toute concurrence en matière de folie furieuse est pulvérisée grâce à la carte démente abattue enfin par le scénariste : la brutale invitation du Réel dans l’imaginaire. On commence par le policier prenant Camille en otage avec répliques et interventions absurdes toutes les dix secondes, puis la délirante course-poursuite… dans les studios de tournage !! Le réalisateur a beau les arrêter, rien à faire. C’est ainsi que le quintette (Agnès se retrouvant sans le vouloir dans la scène) perturbe les répétitions des autres séries en cours, fonce dans une penderie, que le méchant galope sur un cheval sur la musique des Sept Mercenaires, etc. Dix des minutes les plus inoubliables de la télévision, quel dommage qu’elles soient dans un épisode aussi médiocre. Mais rien que pour cette fin, cet épisode est incontournable. Une façon originale de prendre congé en attendant la saison suivante.
1. Le rêve était presque parfait : la plus belle réussite de Clair de Lune est également un des épisodes les plus réussis de l’histoire de la télévision. Un superbe hommage aux films noirs de l’âge d’or de Hollywood. Scénario aveuglant de génie, mise en scène pharamineuse, acteurs en état de grâce, numéros musicaux au cordeau, mélange idéal entre intensité dramatique et humour décapant. Tout simplement parfait. 3. Témoins : Un épisode inhabituellement noir, qui joue à fond sur le couple principal, au bord du gouffre. Le contre-emploi est total mais les acteurs sont embrasés par le talent. Le premier baiser de David et Maddie couronne ce diamant romantique et sombre, finalement pessimiste sur leur relation. Amer, mais sublime. Images capturées par Clément Diaz.
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Pendant que Werner nous régale de travellings délicieux, Rita repousse un Zack très insistant, mais le charme a déjà opéré ; le mari clarinettiste (Jack Bannon, très bien), naïf, fait tout d’ailleurs pour leur faciliter la tâche ! On retrouve là les histoires classieuses des films noirs. A croire qu’un scénariste et un cinéaste de l’époque se sont alliés, tellement tout resplendit de génie.
La scène où Rita tombe dans les bras de Zack est très érotiquement filmée (ah, ces gros plans…) avec un baiser so hot ! C’est un coup classique : les acteurs s’embrassent mais ce ne sont pas les personnages, mais d'autres ! The Avengers avait déjà utilisé cette technique (Qui suis-je ???), et les X-Files la reprendront (Triangle), entre autres. On est en terrain connu ! Mais on ne se prive pas d’un tel plaisir !