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 saison 1 saison 3

Sherlock Holmes - Peter Cushing BBC (1968)

Guide des épisodes


1. A STUDY IN SCARLET

Première des cinq histoires survivantes de la série. Le coté kitch de cette version ressort immédiatement et elle ne peut rivaliser, évidemment, avec la production Granada des années 80. Rien à voir avec la performance de Peter Cushing, très honnête, mais le budget limité transpire dans chaque scène de l'épisode, qui ressemble trop souvent à du théâtre filmé.

L'histoire est néanmoins plaisante et assez fidèle à l'œuvre de Sir Conan Doyle. En fait, tout le superflu a été retiré pour se concentrer sur l'enquête. Le premier plan montre une jeune et jolie  femme dans son cercueil, à qui un homme retire une bague, puis une discussion entre deux Américains. Rapidement, un des deux hommes est assassiné et le mot 'Rache' inscrit avec du sang sur les lieux du crime.  Holmes entre en scène sous la dualité des policiers, Gregson et Lestrade. La découverte de la bague pas très loin du corps va s'avérer déterminante pour l'enquête et l'identification de l'assassin.

Cet épisode de cinquante minutes est bien construit avec des moments cruciaux comme la filature de l'acteur de théâtre déguisé, l'arrestation de Hope et, surtout, le choix des pilules. Par contre, la musique est sans intérêt et l'ensemble n'est pas inoubliable sans être totalement inintéressant. Il n'y a pas d'adaptation Granada de ce roman et l'épisode est le meilleur des six restants de l'édition BBC.

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2. THE BOSCOMBE VALLEY MYSTERY

(contre 3 à l'épisode Granada)

Une histoire particulière dans l'œuvre de Doyle avec un passage important se déroulant en Australie, ancienne colonie britannique. Cette version est loin de valoir celle de la Granada et, d'ailleurs, elle diffère sur quelques points. De plus, sans faire injure à John Tate, son interprétation de Turner sera complètement éclipsée au profit de celle de Peter Vaughan.

Dans l'épisode Granada, Turner ne meurt pas et, après avoir signé ses aveux, Holmes le laisse partir, le sachant condamné par la maladie, fin plus raffinée. Les passages en Australie sont ici retranscrits par des dessins et des bruits de galops, procédé plus économique mais moins crédible qu'une reconstitution filmée comme celle de la version Granada. Et puis la célèbre scène de Jeremy Brett sur les lieux du crime n'existe pas dans cet épisode. Avec peu d'extérieurs, des acteurs limités, cette version, de surcroit, lente, est par conséquent bien inférieure à l'autre, sans compter que la solution éventée très tôt prive de suspense final.  

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3. THE HOUND OF THE BASKERVILLES - FIRST PART

(contre 2 à l'épisode Granada).

Une première partie plutôt fidèle à l'œuvre de Doyle et un déroulement qu'on retrouvera dans le téléfilm Granada. Si ce dernier n'est pas le meilleur épisode Brett, la version BBC n'est pas non plus inoubliable, et même en-deçà du téléfilm sur cette première partie. Le début de l'épisode est néanmoins assez satisfaisant (mettons de coté l'ouverture pré-générique avec des plans studio, des images fixes sur fond sépia) car on y retrouve la déduction de Holmes sur la canne du docteur Mortimer, la légende des Baskerville et les trois frères décédés, la botte manquante et le barbu qui file Sir Henry. Quelques belles vues en extérieurs de la lande et des abords de la demeure donnent le change d'une production aux moyens limités et tournée principalement en studio et en vidéo. C'est parfois très mal filmé comme la caméra figée sur le mur alors que Sir Charles a jeté le mot dans le feu et qu'il est sorti du champ !

La seconde partie sans Cushing est longuette, voire ennuyeuse. Nigel Stock n'impose pas le personnage de Watson ; il est pâlot comparé aux deux acteurs de la Granada et, par conséquent, cette fin d'épisode est quelconque. La rencontre de Watson, très nigaud, avec Stapleton et sa sœur s'éternise et celui qui s'avèrera être le méchant est peu crédible comparé à la version Granada. Cette première partie se termine par Watson, apeuré et détalant comme un lapin pour se réfugier à l'intérieur de la demeure après avoir entendu le chien de la lande…

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4. THE HOUND OF THE BASKERVILLES - SECOND PART

(contre 2 à l'épisode Granada)

La seconde partie commence comme la fin de la première ; absence de Holmes, conforme à l'œuvre, et présence accrue de Watson, mais l'ensemble est bavard, sans tension ni suspense. L'exemple type est la longue discussion entre Watson et Lord Henry, alors qu'ils sont à la recherche de Silden dans la 'lande'.

La musique est soit absente, soit horrible, ce qui n'arrange rien. Holmes/Cushing apparaît à la vingt-troisième minute et donne un léger coup de fouet à cet ensemble poussif. Que ceux qui critiquent la version Granada avec Brett se replongent dans ce film ! Stapleton est démasqué plus tôt, dès la découverte de Silden, et, comme pour l'histoire précédente, le suspense est éventé qu'on connaisse ou pas l'intrigue. Par contre, la fin de la version BBC est plus abrupte et 'radicale' que l'autre.

C'est d'autant plus aisé que les motivations de Stapleton, interprété par un acteur peu convaincant, ont déjà été exposées. Madame Stapleton a été neutralisée mais on n'aperçoit que quelques secondes furtives de la jolie femme attachée sur le lit. La dernière scène, violente et prenante, montre Stapleton s'aventurer dans les marécages embrumés et appelant Holmes à l'aide alors qu'il s'enlise dans les sables mouvants. Holmes retient Watson : 'No one can help him now.'

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5. THE SIGN OF FOUR

(contre 4 à l'épisode Granada)

Comparé au téléfilm Granada, un des meilleurs, cet épisode de la BBC est un ratage complet. Aucun des personnages n'est intéressant et même Holmes/Cushing est transparent, laissant la part belle aux roucoulades du nigaud Watson/Stock avec Miss Forester. Les grandes lignes de l'intrigue sont présentes mais mal jouées et souvent ennuyeuses.

Budget oblige, les extérieurs sont réduits au maximum et aucune reconstitution d'époque n'a été faite. Watson raconte ses exploits, fait la cour à Miss Forester, ouvre la fameuse boite au trésor dans une scène finale interminable mais rien ne procure un minimum de suspense. La fameuse poursuite en bateau sur la Tamise, le clou de la version Granada, est insignifiante et escamotée au possible ici.

Cet épisode est seulement à voir pour pouvoir comparer avec le superbe téléfilm avec Jeremy Brett et contrer les critiques injustes faites à son encontre en 1987. Cette version de la BBC n'a aucun intérêt.

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6. THE BLUE CARBUNCLE

(contre 3 à l'épisode Granada)

Un épisode léger qui se passe au moment de Noël mais, encore une fois, cette version est terne et ennuyeuse comparée à l'épisode de la Granada, festif et enjoué. La version avec Brett a une reconstitution fidèle d'un marché de Noël victorien à Covent Garden et du pub alors que nous avons droit par la BBC à deux vulgaires étals pour symboliser le marché ! Même l'oie est fausse ! La surprise de l'épisode est l'évocation d'Irène Adler et de Sir Henry Baskervilles. Peter Cushing fait une prestation convaincante mais Jeremy Brett peut reposer en paix : sa prestation est loin d'être égalée.

En fait, rien dans la version de la BBC ne fait de l'ombre à l'entreprise Granada. Que cela soient les personnages principaux (surtout Watson), les seconds rôles (transparents dans la version BBC mais toujours somptueux pour Granada), et, bien entendu, les lieux de tournage. L'intérêt de la série Sherlock Holmes de la BBC ?  Il n'y en a pas, excepté pour les fans de Peter Cushing. Vu que les histoires sont connues, on a souvent l'impression de perdre son temps. Le reste des épisodes est perdu. C'est bien dommage mais, honnêtement, on ne rate pas grand-chose…

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Images capturées par Denis Chauvet.

 saison 1 saison 3

Sherlock Holmes - Peter Cushing BBC (1968)

Présentation


Peter Cushing devient Sherlock Holmes pour une série de la BBC en 1968. Le célèbre détective de Sir Arthur Conan Doyle a été interprété et sera interprété par de nombreux acteurs avant et après Peter Cushing. Pour certains amateurs, il est le parfait détective, fidèle à l'œuvre originale. Pour d'autres, il est un  interprète de plus.

En 1958, Peter Cushing est déjà Sherlock Holmes dans Le chien des Baskerville, le premier Holmes tourné en couleurs. Ce n'est pas un succès pour la Hammer mais l'interprétation de Cushing est jugée excellente. Peter Cushing est lui-même un fan de Conan Doyle et il insiste pour porter les vêtements adéquats et pour que le personnage utilise les accessoires des histoires de Doyle. Néanmoins, le script ne colle pas à l'œuvre car l'image de la Hammer est imprégnée des films d'horreur et cette adaptation ne fait pas exception. Cela n'empêche pas que ce film, avec Christopher Lee dans le rôle de Sir Henry, est considéré comme une des meilleures versions.

En 1964, la BBC produit une série, The Detectives, et Le ruban moucheté avec Douglas Wilmer en Holmes représente le héros de Conan Doyle. Le succès fait que cette aventure est une sorte de pilote à une série de douze épisodes intitulée tout simplement Sherlock Holmes. Douglas Wilmer est Holmes et Nigel Stock est Watson. Cette première saison est plébiscitée et une seconde saison est prévue en 1968 mais Douglas Wilmer ne veut pas reprendre le rôle. John Neville, Holmes dans l'excellent A Study in Terror (Sherlock Holmes contre Jack l'éventreur), refuse d'être le détective et c'est ainsi que Peter Cushing reprend le rôle qu'il avait tenu dans un film dix années plus tôt. Nigel Stock reste Watson pour donner un semblant de continuité à la première saison.

Cette nouvelle série a seize épisodes (quinze histoires car Le chien des Baskerville est en deux parties) et elle est diffusée en Grande-Bretagne durant l'automne 1968 sous le titre Sir Arthur Conan Doyle's Sherlock Holmes. C'était à l'époque la plus grande production faite de l'œuvre de Conan Doyle. De célèbres vedettes britanniques étaient prévues pour la série : Orson Welles, Peter Ustinov, Sean Connery et George Sanders. L'épisode en deux partie bouffa le budget de la production et ces acteurs ne sont, malheureusement, jamais apparus dans la série. Le mauvais temps retarda considérablement le tournage et certains épisodes, comme Les hommes dansants, furent même diffusés avant que le montage ait été terminé.

Dans ses mémoires, Peter Cushing évoque le tournage de la série pendant neuf mois avec Nigel Stock, bourré d'humour. L'acteur n'est pas satisfait de sa prestation, préoccupé par l'état de santé de sa femme. A cela s'ajouta la production chaotique de la BBC. Cushing se rappelle que dix jours de répétition étaient prévus avant l'enregistrement, y compris le tournage des scènes en extérieur. La pluie a perturbé le déroulement des opérations et la diffusion a débuté avant la fin du tournage, ce qui a pressé l'équipe qui devait soutenir la cadence hebdomadaire de diffusion. Pour l'acteur, cette pression l'empêcha de donner le meilleur de lui-même et cela transparait à l'écran. La BBC reçut de vives critiques pour la violence de la série ( !) et Cushing souligne la difficulté de rester authentique. Lorsqu'il devait fumer la pipe, l'acteur avait des nausées, et l'ironie de l'histoire est qu'il est devenu fumeur de pipe de l'année par la Briar Pipe Trade Association, organisme réputé dans l'art de fumer la pipe.

Des seize épisodes tournés, seulement six sont disponibles de nos jours. Pour certaines critiques, la performance de Peter Cushing dans l'épisode en deux parties, un des survivants, est meilleure que celle du film, tourné dix ans auparavant. En 2002, la BBC publia cet épisode en DVD. Ces six épisodes survivants, il faut l'admettre, ne sont pas des chefs-d'œuvre mais Peter Cushing n'est pas la cause de ce semi-échec. Comparée avec la série Granada avec Jeremy Brett, cette production BBC est fade, pâlotte et présente peu d'intérêts. La comparaison est inévitable et la série Granada, tournée en extérieurs avec des acteurs de qualité, est la gagnante sur tous les points. Cette version s'apparente trop à du théâtre filmé avec le tournage en vidéo dans les studios et quelques rares inserts en extérieurs. De plus, Watson apparaît ici en véritable nigaud, rien à voir avec l'excellente personnification de ce bon vieux docteur par les deux acteurs de la Granada. Peter Cushing ne démérite pas mais Jeremy Brett apparaît vraiment comme  l'acteur taillé pour le rôle et cela ne risque pas de changer dans un proche avenir…