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couverture

En 2005, le festival de Dinard consacrait une large partie de son programme à Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Le fan club français Steed&Co était présent. À cette occasion, la présidente du fan club, Laure Sermini, a rédigé un article pour le magazine du festival du film britannique de Dinard. Un article intitulé : Chapeau Melon et Bottes de Cuir ou l'histoire d'une passion.

Ma rencontre avec la série

Les débuts de la série

L'âge d'or

Le retour des Avengers

Conclusion


Ma rencontre avec la série

Le mardi 4 avril 1967 à 20h50 sur la 2e chaîne, dans un épisode appelé Meurtre par téléphone surgissait sur les écrans français un bien étrange couple : John Steed et Emma Peel.

Lui gentleman british typique jusqu’au bout du parapluie, elle complètement atypique, moderne et indépendante. Tous deux chargés de résoudre des enquêtes très particulières pour le compte des services secrets britanniques, bref un couple bien différent de ceux qui nous entourent.

C’est ainsi que j’ai fait connaissance à 12 ans d’une série qui, malgré le temps, n’a pas pris une ride et est toujours rediffusée régulièrement sur les TV du monde entier : The Avengers, présentée en France sous le nom de Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

À une époque de sa vie où l’on se cherche, cette série m’a profondément marquée à travers le personnage d’Emma, si différent de toutes les femmes qui m’entouraient – mères de familles au foyer – ou que l’on pouvait voir sur l’écran de la boîte magique qu’était alors la télévision encore à ses débuts : des secrétaires passives et tremblantes.

Mais si cet impact psychologique explique le souvenir indélibile d’une première rencontre il ne suffit pas à expliquer mon intérêt constant depuis, ni surtout cet impact mondial qui fait de Chapeau Melon et Bottes de Cuir l’une des séries TV les plus connues au monde, et qui a fait de John Steed le symbole de la Grande-Bretagne au même titre que Big Ben et, excusez du peu, que sa majesté la reine Elisabeth elle-même (il suffit de voir les couvertures de manuel d’anglais ou d’ouvrages et magazines consacrés à la GB illustrées des photos ou silhouettes des trois).

Alors, qu’y a t-il donc de particulier dans cette œuvre qui est devenue au fils du temps un des chefs-d’œuvre de l’art télévisuel, ce 8e art depuis peu officiellement reconnu ?

Ce qui me plait avant tout dans la série c’est son ton : de l’humour, toujours de l’humour, même dans les situations les plus dramatiques, son côté imtemporel lié au personnage du « passé » qu’est John Steed au volant de ses vieilles voitures de collection et celui du « futur » qu’est toujours Emma Peel, symbole de l’émancipation féminine, sa part d’anticipation au travers de nombreux sujets abordés à l’époque et qui sont aux premiers plans maintenant de nos préoccupations de tous les jours dont principalement la robotisation et le remplacement de l’homme par la machine ainsi que les risques de dérive pour la moindre invention lorsqu’elle tombe entre de mauvaises mains et également son côté romantique grâce à la relation sentimentale esquissée entre Steed et Emma, présente à tout instant mais toujours légère, même lorsqu’elle est à la limite du grivois.

Steed et Emma... Steed et Emma ce sont donc les héros de la meilleure série au monde ?

Oui et non. Oui car ce couple est le symbole de la série dans le monde entier et c’est lui que l’on évoque le plus souvent. Non car ce serait réduire l’œuvre à 51 épisodes alors qu’elle en comporte 187, ce serait ignorer toute l’évolution d’une histoire étonnante et complexe, d’autres héroïnes tout aussi intéressantes, des histoires toujours palpitantes, qu’elles soient policières, d’espionnage, drôles ou de science-fiction.

Et ce serait oublier que Steed, le héros fil rouge de toute l’œuvre puisqu’il participe à 185 des 187 épisodes, n’était à l’origine qu’un faire-valoir.

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Les débuts de la série

En effet pendant 25 ans les téléspectateurs français ont vu sur leurs écrans ce gentleman résoudre les histoires les plus compliquées et dangereuses, accompagné de partenaires successives bien différentes dans l’apparence et le style mais toujours aussi efficaces, sans savoir qu’il existait un « avant Emma » car c’est le 7 janvier 1961 que la série The Avengers débuta sur les écrans britanniques.

The Avengers, un titre qui resta pour les français un mystère durant bien longtemps. Si Chapeau Melon et Bottes de Cuir s’expliquait parfaitement par l’image visuelle du couple vedette découvert chez nous, pourquoi diable ce nom Les Vengeurs que rien n’expliquait.

Pour le grand public français il fallut attendre la sortie du très beau livre de Jean-Luc Putheaud et Alain Carrazé au début des années 90 pour apprendre que ce titre est justifié par la première histoire, Hot Snow ou Neige brûlante, de ce qui à l’origine ne devait être qu’une simple série policière de plus. En effet le véritable héros de la série est un médecin dont la fiancée est assassinée par des trafiquants de drogue pour avoir reçu par erreur une livraison de « neige ». Ce dernier, le docteur Keel, décide de retrouver les assassins et de venger sa compagne défunte, aidé par un mystérieux agent secret venu d'on ne sait où, un certain John Steed. Tout s’explique.

Par la suite, durant 26 épisodes Keel et Steed s’épauleront dans des enquêtes policières assez banales, mais déjà perce un petit quelque chose de spécial dans cette série.

C’est pourquoi lorsque l’acteur principal Ian Hendry décide d’abandonner son rôle pour tenter sa chance au grand écran, les producteurs décident malgré tout de continuer la série en faisant de Steed le personnage principal. Toutefois le système – basé sur des personnages que tout oppose (Keel est un amateur humaniste, Steed un professionnel cynique) mais qui travaillent malgré tout ensemble en formant un tandem victorieux – ayant très bien fonctionné, ils décident de lui trouver un nouveau partenaire. Deux tentatives sont sans suite : une avec un autre docteur, le Dr King (trois épisodes seulement, le personnage n’ayant aucune motivation et l’acteur aucun charisme), une autre avec une jeune chanteuse, Vénus Smith (six épisodes seulement, le numéro musical lié à la profession de cette nouvelle partenaire, par ailleurs trop jeune, limitant beaucoup le cadre des enquêtes). Le troisième essai sera le bon grâce à un concept révolutionnaire à l’époque : adjoindre au héros masculin une femme « femme », Mme Cathy Gale, qui ne sera pas un faire-valoir potiche et tremblant mais une partenaire à part entière, tant dans l’enquête que dans l’action et dans l’humour. Grâce également à la personnalité et au talent de l’actrice retenue : Honor Blackman.

C’est pendant ces 43 épisodes que la série passera de la catégorie « série policière classique » à la catégorie Chapeau Melon et Bottes de Cuir. En effet peu à peu elle se démarque de toutes les autres par son ton très original, son côté féministe d’avant-garde, ses histoires aux thèmes différents (policier simple, contre-espionnage, vengeance contre les héros et apparition du fantastique en particulier avec l’excellent Warlock qui aurait dû être le premier épisode « Cathy Gale » et présenter la rencontre des deux partenaires). Ayant malgré tout peu de moyens, les réalisateurs font des prouesses techniques pour qu’un simple comptoir et quelques billets donnent l’illusion d’une banque. C’est un véritable triomphe. Pour preuve les pubs se vident à l’heure de diffusion.

Et puis coup de tonnerre : Honor Blackman décide de se consacrer au cinéma qui l’appelle avec le rôle de Pussy Galore dans Goldfinger.

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L'âge d'or

Comment poursuivre l’aventure… Est-il possible de trouver une remplaçante aussi charismatique ? Après un essai décevant avec Elisabeth Shepherd, blonde copie un peu plus moderne de Cathy Gale pour le rôle d’Emma Peel (un seul épisode tourné, jamais diffusé), une nouvelle actrice s’impose par son talent et son charisme extraordinaire : Diana Rigg, en osmose immédiate avec son partenaire.

Ici commence ce que l’on appelle « l’Age d’Or » de The Avengers. La série, après une nouvelle saison de 26 épisodes en Noir & Blanc, passe à la couleur (grâce à des fonds américains, la série faisant un tabac là-bas). La nouvelle saison de 24 épisodes brille par ses couleurs, ses costumes (les EmmaPeelers) qui lancèrent une mode toujours actuelle, ses scénarios inventifs et fous, la finesse de sa réalisation… Bref, comme on dit maintenant : « Que du bonheur ».

Et puis catastrophe… Diana Rigg tire sa révérence. Un certain Bond l’appelle à son secours (elle sera la seule Mme James Bond qu’il épousera) dans Au service secret de sa Majesté et elle brûle de retrouver les planches, le théâtre étant sa vraie passion.

On n’arrête pas une série au top de son succès. Il faut donc lancer une nouvelle chasse à la partenaire idéale.

C’est une jeune canadienne de 19 ans qui décroche le rôle de Tara King. Son jeune âge et son inexpérience ne lui permettent pas de s’intégrer immédiatement dans ce monument déjà bien rodé qu’est Chapeau Melon et Bottes de Cuir. C’est alors que Brian Clemens, principal scénariste depuis longtemps et qui est devenu le maître d’œuvre de la série, a une idée de génie : en un week end il écrit un scénario expliquant le départ d’Emma Peel et l’arrivée de Tara, jeune élève agent secret faisant encore ses classes lorsqu’elle est amenée à aider Steed. Ceci permet d’expliquer la faiblesse et les incertitudes du personnage dans les premiers épisodes et d’apprécier son évolution au fur et à mesure des histoires.

C'est sans doute au cours de cette période de 33 épisodes que seront réalisées les histoires les plus délirantes et Tara s’avèrera une remplaçante très valable. Ce n’est donc nullement à cause d’elle que la série s’achève mais du fait des coûts de productions nécessaires pour chaque épisode. Hélas ! nos amis nous quittent à bord d’une fusée spatiale, sous les yeux ébahis de leur chef Mère-Grand.

Fin de l’histoire… Que non…

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Le retour des Avengers

Quelques années plus tard une grande marque de champagne décide de reformer le couple le temps d’un spot publicitaire. L’un des responsables, amateur de la série et conscient de sa popularité en France où elle est toujours rediffusée avec grand succès, propose aux deux acteurs de retenter l’aventure et de relancer la série. Banco. Hélas ! le temps de réunir les fonds (une co-production française, anglaise et canadienne sera nécessaire) Linda est retenue par d’autres contrats. Va-t-on abandonner ? Que non. Nouvelle chasse à la remplaçante.

C’est de nouveau une blonde qui sera l’ultime partenaire de Steed, Purdey (sans nom de famille) qui l’épaulera. Grande nouveauté : le duo devient trio avec l’arrivée d’un partenaire masculin, Mike Gambit. Pourquoi transformer le tandem qui fonctionnait si bien ? Et bien John Steed n’a plus trente ans. Il y aura désormais un autre homme pour courrir après les méchants et surtout pour courtiser l’héroïne, assez jeune pour être la fille de John, ce qui exclut le si apprécié marivaudage entre les deux.

Cette période baptisée The New Avengers – mais toujours appelée chez nous Chapeau Melon et Bottes de Cuir, continuité oblige, même si la nouvelle héroïne préfère les escarpins –, n’a, hélas ! plus l’intemporalité car les histoires et les costumes sont beaucoup plus ancrés dans le réel. On a l’impression qu’on pourrait croiser les personnages dans la rue (à part Steed bien sûr). Il n’y a pas plus de magie, pas même dans les sentiments des personnages. Et si un bon nombre d’épisodes sont tout à fait dignes de la « grande époque » (Le monstre des égoûts, Le baiser de Midas, Le dernier des cybernautes…), certains imposés par la co-production sont bien faibles et ne « fonctionnent »pas malgré de bonnes idées au départ. Cependant la série reste au-dessus de bien des productions de la même époque.

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Conclusion

En conclusion, ce qui fait et fera à tout jamais de Chapeau Melon et Bottes de Cuir une œuvre à part c’est cette touche britannique inimitable.

J’en remercie donc tous ceux qui ont travaillé à sa conception : acteurs, scénaristes, réalisateurs, costumiers, cascadeurs, accessoiristes… Et c’est à celui qui représente à tout jamais l’image de The Avengers, et donc eux tous, que j’adresse mon admiration la plus profonde : MERCI MONSIEUR PATRICK MACNEE !

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©Laure Sermini

Les documents

Chapeau Melon et Bottes de Cuir

New Avengers

Introduction

Repartons dans les bouillonnantes années 60 pour une série cultissime, Chapeau Melon & Bottes De Cuir.

Le titre original The Avengers (les vengeurs) est dû au fait que dans les premiers épisodes, le Dr. Keel recherche les assassins de sa femme avec l'aide de l'étrange John Steed. Ce titre des vengeurs n'est plus d'actualité dès la deuxième saison, puisque le Dr. Keel n'y est plus. C'est d'ailleurs la seule fois je crois que le titre français est supérieur à la version originale, et Patrick Macnee lui même le préfère au titre redondant des Avengers. Le titre de Chapeau Melon & Bottes De Cuir souligne l'élégance esthétique d'une série qui soigne les détails vestimentaires et aborde des thèmes fétichistes (le bondage, les vetements de cuir, les séances de tortures) voire même sado-maso (épisode Le Club De L'enfer interdit aux USA).

Pendant les 3 premières saisons, les épisodes noir et blancs enregistrés et diffusés en direct n'ont pas tous survécu, puisqu'à l'époque on n'archivait pas systématiquement les émissions.


SAISON 1

Le premier épisode Neige brûlante montre l'assassinat de la femme du Dr. Keel qui cherche alors à se venger de ses agresseurs. A cette fin, il trouve sur sa route un agent du MI 5 du nom de John Steed qui va l'aider. Dans les premiers épisodes (centrés sur la vengeance du Dr. Keel), Steed ne joue qu'un rôle secondaire, n'apparaissant d'ailleurs pas dans tous les épisodes, puis le style de la série change et se concentre sur des missions d'espionnage (encore très banales à l'époque) où Steed prend de plus en plus d'importance. Il joue même seul lors du 26e et dernier épisode de cette première saison.

Vu le succès moyen de la série, les producteurs décident de se séparer du Dr. Keel, et de se concentrer sur l'excentrique Mr. Steed en lui adjoignant des partenaires éventuels.

SAISON 2

Cette deuxième saison voit une évolution encore timide vers le style des Avengers mais c'est encore très laborieux.

John Steed est accompagné de compagnons changeant suivants les épisodes. Sur 26 épisodes, Steed est accompagné sur 6 épisodes par Venus Smith, jeune blonde sans intéret, et sur 3 épisodes par le Dr. King (également sans intéret).

Reste pour la plus grande partie des épisodes, la véritable révolution de la série, Madame Cathy Gale (pour l'époque, il était plus convenable que l'héroine soit mariée) femme libérée, s'habillant en cuir, conduisant une moto et maitrisant le judo, capable de botter les fesses des malfrats les plus malfaisants. Voila enfin une héroine moderne qui n'a plus besoin d'hommes pour la sortir des mauvais pas. avec Cathy Gale, la série quitte le médiocre pour devenir un phénomène de société (en Angleterre uniquement à l'époque). Honor Blackman devient une star et la série également.

SAISON 3

Des scénarios étranges, des personnages inquiétants, un peu de science fiction, un soupçon de fétichisme et d'ésthétisme, Chapeau Melon & Bottes De Cuir trouve enfin son style. Le succès dépasse d'ailleurs l'Angleterre et trouve un écho en Europe et aux USA, et c'est grâce aux télévisions américaines venu l'acheter, que Chapeau Melon et Bottes De Cuir va devenir une vraie série, filmée sur pellicule et non plus en direct.

La France aussi va acheter la série et commencera à diffuser une bonne moitié de la 4e saison. Honor Blackman, malgré le succès, rends son tablier et connaîtra la gloire dans Goldfinger avec Sean Connery où elle joue Pussy Galore, l'une des premières lesbiennes au cinéma.

SAISON 4

Chapeau Melon & Bottes De Cuir prend enfin sa forme définitve avec la 4e saison (toujours noir et blanc) réalisée sur film, et sa meilleure héroine (à mon gout en tout cas) madame Emma Peel (eh oui elle aussi est mariée, à un monsieur Peel qui est un pilote de ligne disparu). Mrs Peel n'a rien a envier à Mrs Gale : elle porte également des tenues de cuir, elle conduit des bolides à 4 roues et maitrise le karate (ou plutôt une forme chorégraphiée et esthétique du karate). Ses rapports avec John Steed sont plutôt ambigus, c'est le moins que l'on puisse dire, et l'alchimie entre Diana et Patrick fait merveille.

Bons nombres d'épisodes n'ont pas été diffusés en France, jusqu'au jour ou France 3 les diffusa en versions originales (la bonne idée) dans l'émission quotidienne Continentales, au début des années 90. parmis les meilleurs épisodes on peut noter le premier épisode des Cybernautes, Castle De'Ath, Le club de l'enfer (épisode interdit d'antenne aux USA, car se passant dans un club aux tendances sado-maso) sans oublier L'Héritage diabolique où Mrs Peel a bien failli devenir folle dans ce labyrinthe/musée construit pour elle.

SAISON 5

La couleur arrive enfin pour cette 5e saison encore plus extraordinaire. Madame Peel échange ses tenues de cuir pour des "Emmapeelers" (en Crimplène et Jersey dessinés et designés par Alun Hugues) égalements très seyants.

Les épisodes exceptionnels se succèdent : Bons baisers de Vénus, Remontons le temps, Le Vengeur Volant, Caméra meurtre, Rien ne va plus dans la nursery, Le Joker, Qui suis-je? où les esprits de deux espions soviétiques prennent possession des corps de Steed et Emma, ce qui permet de prendre quelques libertés avec les personnages, Le Retour des Cybernautes, et Meurtres à épisodes. à la fin de la saison Diana Rigg nous abandonne, elle aussi deviendra James Bond Girl dans Au service secret de sa Majesté.

SAISON 6

Après Cathy Gale et Emma Peel, Tara King est une nouvelle héroine, encore plus moderne si c'est possible. d'abord, elle est une jeune fille pas encore mariée, et semble avoir une relation avec Steed beaucoups plus intime que ses prédécesseurs. Elle est un agent novice qui ne maitrise ni judo, ni karate, mais sait se débrouiller pour se débarasser de ses ennemis (comme la brique dans son sac-à-main par exemple).

Un troisième personnage apparait dans la plupart des épisodes, Mère-Grand leur supérieur joué par Patrick Newell. là encore les épisodes fabuleux se succèdent : Ne m'oubliez pas, qui est en réalité le dernier épisode avec Emma Peel qui pour le coup retrouve Mrs. Peel, Jeux, Clowneries avec un John Cleese pré-Monty Python, Meurtre au programme, dans lequel Steed combats un ordinateur, et Bizarre, le dernier épisode dans lequel Steed et Tara s'envolent à bord d'une fusée.

Le coût toujours plus grand de la série et l'effritement de l'audience aux Etats-Unis a raison d'une des séries les plus originales et cultissime à égalité avec Le Prisonnier. Chapeau Melon & Bottes De Cuir s'arrête en pleine gloire et renaîtra de ses cendres quelques annés plus tard pour une suite peu glorieuse.

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New Avengers : saison 1

La série fétiche des 60's redémarre en 1976, avec des co-producteurs français et canadiens et la magie ne sera plus que rarement présente lors de ses deux saisons. Patrick Mcnee se faisant vieux, on lui adjoint le personnage de Gambit qui s'octroie les scènes d'action, en plus de la délicieuse Purdey (Joanna Lumley bien évidemment géniale dans Absolutely Fabulous), qui elle aussi a tourné dans un James Bond (Au service secret de sa Majesté en 1969, ou elle n'a qu'une phrase à dire).

Les nouvelles aventures de Chapeau melon et bottes de cuir devient une série d'action comme les autres, presque banale, sans la folie particulière qui animait les saisons "classiques". la série commence pourtant très bien avec Le repaire de l'aigle et la rescussitation du Führer, Le dernier des Cybernautes qui nous rappelle de très bons souvenirs, Cible et le camp d'entrainement des agents du MI5, Visages avec de nouveau le thème des doubles, et Le monstre des égoûts qui m'a empêché de dormir à l'époque. nota bene la participation de Ian Hendry (le dr. Keel de la première saison) dans l'épisode Pour attraper un rat.

Quelques bons épisodes donc au milieu de scénarios plus ordinaires. cela va se gâter avec la...

New Avengers : saison 2

On prend les mêmes et on recommence, mais cette fois-ci on plonge dans le médiocre, en délocalisant occasionnellement les Nouveaux Vengeurs en France et au Canada (co-production oblige), faisant perdre le charme 100% British de la série.

Notons également dans l'épisode en deux parties Le long sommeil le retour bienvenu mais malheureusement trop bref d'Emma Peel.

La série se termine sur une note négative, mais il y aura pire, le film des années 90 qui comme la plupart des films tirés des séries télés n'a rien, mais alors rien à voir avec l'original.

Si Gareth Hunt saura se faire oublier, Joanna Lumley est inoubliable dans Ab Fab. quand à Patrick Macnee, lui aussi jouera dans un James Bond avec son ami Roger Moore dans Dangereusement Vôtre.

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©Pascal Schlaefli pour seriestv.centerblog.net

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Lors d'une interview pour le site, Eric Cazalot, l'auteur du livre Irrespectueusement vôtre , nous a confiés :

" Un volume deux était prévu et écrit! "

Il n'en fallait pas plus pour exciter notre curiosité!

Le titre de ce volume 2, qui faisait donc suite au volume 1 - Irrespectueusement vôtre est Pop Attitude. Contrairement au volume 1, coécrit avec Philippe Paygnard, Eric Cazalot est l'unique auteur de Pop Attitude. Il n'a malheureusement pu sortir aux éditions DLM, l'éditeur d'Irrespectueusement vôtre, pour la simple et bonne raison que l'éditeur a du mettre la clé sous la porte. Et bien que le premier volume se soit situé dans les meilleures ventes de la collection, l'ouvrage n'est donc jamais paru.

A ce jour, Eric Cazalot n'a pas l'intention d'exploiter ce manuscrit dans sa forme présente. Il a toujours le souhait d'écrire un ouvrage complet sur la série, mais pas dans l'immédiat.

Bien grâcieusement, celui-ci nous a fait la gentillesse et l'honneur d'accepter la publication d'une description de Pop Attitude, complétée de larges extraits du manuscrit. Lisez donc ces lignes attentivement car ce livre ne sortira jamais.


Description de l'ouvrage par Eric Cazalot

Extraits du manuscrit


Description de l'ouvrage par Eric Cazalot

L’ouvrage Chapeau Melon et Bottes de Cuir – Vol 2 « POP ATTITUDE » était construit en trois parties.

Après une introduction et un rappel de la chronologie des Avengers, la première partie tentait une approche analytique de la série en développant 4 thèmes :

  • Le concept, très évolutif, de la série
  • La place des femmes et du féminisme
  • L’approche du fantastique
  • Les aspects sexy, apparents ou sous jacents

La deuxième partie présentait un maximum de détails sur deux des aspects les plus populaires de la série :

  • La mode
  • Les cascades

Puis terminait sur toutes les séries influencées par les Avengers.

La troisième partie était consacrée aux New Avengers, avec histoire de la production, guide des épisodes et bio de Joanna Lumley et Gareth Hunt.

En annexe, tout le merchandising passé et présent connu à l'époque.

Le livre devait être illustré comme le précédent, de nombreuses photos.

La couverture aurait dû représenter John Steed entouré d'Emma et de Tara, mais le montage ne fut jamais réalisé.

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Extraits du manuscrit

CHAPITRE DEUX - SUFFRAGETTE CITY

Extrait N°1

Au départ, il n'y avait pas de femmes dans The Avengers. John Steed et son comparse David Keel évoluaient dans un contexte exclusivement masculin. Il faudra vingt-six épisodes pour que Leonard White, premier producteur exécutif de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, ait l'idée de créer un alter ego féminin au personnage de John Steed. En entendant ses idées, la direction de la chaine ABC préfère rire. Aujourd'hui, certes, nous savons qu'ils avaient tort. En 1997, des cohortes d'aventurières, séduisantes et bagarreuses, ont envahi grands et petits écrans... Mais à cette époque, il n'en était rien. Aucun cinéaste n'avait songé à présenter un personnage, du sexe bêtement dit faible, qui triompherait des épreuves imposées par le scénario comme un homme le ferait.

Bien sûr, quelques grands réalisateurs avaient ouvert la voie, Hitchcok en tête. La réputation de ses célèbres héroïnes n'est pas usurpée. Loin de se contenter d'être blondes et glaciales, elles possèdent généralement un sang froid à toute épreuve, doublé d'une témérité qui a fait trembler plus d'un cinéphile.

A la fin de sa période anglaise, il donne déjà la part belle à l'héroïsme au féminin, notamment dans Une femme disparaît (The lady vanishes - 1938). Puis Ingrid Bergman prend la relève, bravant un groupe d'espions nazis dans Les enchaînés (Notorious – 1946)…

Extrait N°2

Ni Margaret Mead, célèbre anthropologue, ni Margareth Bourke-White, reporter pour Life magazine, n'étaient ceinture noire de judo. Elles portaient peu de cuir et ne pratiquaient point l'art du contre-espionnage. Elles ont pourtant, sans le savoir, inspiré la plus percutante des héroïnes de séries T.V, voire de fiction tout court. Une bonne partie du C.V de ces deux femmes a été attribuée à Mrs Catherine Gale, s'est développée chez Mrs Peel et a même survécu chez Melle King.

Margareth Mead est née à Philadelphie en 1901. Ses parents n'imaginent sûrement pas, alors, que leur jolie petite fille va s'intéresser à la sexualité des Indiens d'Océanie. A l'époque, s'intéresser à la sexualité, ça ne se fait pas. Surtout pas pour une femme du monde. Alors celle des indiens d'Océanie... Pourtant, à vingt-trois ans, en 1924, elle part pour les îles Samoa, en Polynésie, et en revient avec l'ouvrage Mœurs et sexualité en Océanie (Coming of Age in Samoa). En 1926, elle entre à l'Américan Museum of Natural History, département anthropologie, où elle restera toute sa vie…

Extrait N°3

Au départ de cette quatrième saison, qui voit apparaître le personnage de Mrs Emma Peel, les scénaristes continuent d'écrire le rôle comme ils avaient appris à le faire pour Cathy Gale. Mais l'attitude sévère de Miss Gale ne correspond pas au jeu de Diana Rigg. Le charme de l'actrice réside principalement dans un regard pétillant d'intelligence et un sourire moqueur souvent plus efficace qu'une réplique. Bénéficiant des deux années de "lutte féministe" menées par Mrs Gale, Mrs Peel n'a aucun besoin de se montrer militante.

Ses relations avec John Steed sont beaucoup plus détendues. Elle ne recule pas devant ses avances, mais s'en amuse plutôt, créant ainsi un mode de communication plein de sous-entendus entre elle et son partenaire. De plus, Emma ne s'interdit aucun geste pouvant trahir un comportement plus attentif à l'égard des hommes. Quand elle débarque chez Steed (où elle semble être chez elle), c'est elle qui prépare le café ou le thé, sert des verres ou remet en place un nœud de cravate…


Extrait N°4

Etant donné la différence d'âge entre les comédiens (Linda Thorson a tout juste vingt ans, Patrick Macnee en a quarante six ) c'est une relation "maître / élève" qui s'instaure rapidement, sauf qu'ici, l'élève se montre volontiers insolente et n'en fait souvent qu'à sa tête. Semblant plus vulnérable que Cathy ou Emma, Tara inquiète souvent Steed, qui adopte avec elle un comportement protecteur et ... vain. En effet, l'agent N°69 se sort très bien toute seule des situations les plus abracadabrantes.

Steed vole souvent à son secours pour rien, la belle ayant déjà réglé ses problèmes. Dans Trop d'indices (N°131), les deux gangsters qui se sont introduit dans son appartement sont anéantis avant l'arrivée de Steed. Dans Miroirs (N°138), apprenant que Tara, partie seule en mission, a disparu, Steed fonce à son secours, disant à Mère-Grand qu'il n'aurait jamais dû la laisser seule. Pourtant, quand il arrive sur les lieux, Tara a réduit à néant un gang de malfaiteurs et Steed n'a rien d'autre à faire que de l'inviter à dîner ! On retrouvera la même trame dans Etrange hôtel (N°146), où Tara règle une affaire de famille…

CHAPITRE QUATRE - LA FACE CACHEE D'UNE SERIE CULTE

Extrait N°5

Ici, pas de sexe explicite, pas d'images trop osées, pas de propos salaces ou de thèmes évoquant directement la sexualité (viol, prostitution, etc...). La libido du téléspectateur est en permanence sollicitée au second degré, alors qu’au premier degré, c’est le sex-appeal des héroînes qui le charme, quand la caméra s'attarde "par inadvertance" sur les jambes de Mrs Peel et les mini-jupes très révélatrices de Miss King. Et en ce qui concerne le « charme », la production ne plaisante pas.

On doit rester dans les limites du bon goût. Ainsi, lorsque Linda Thorson montre involontairement ses dessous en enjambant le canapé de Steed, Brian Clemens la réprimande sévèrement ! "Essayez donc de faire la même chose en mini-jupe !" réplique la jeune actrice. Une anecdote amusante qui montre bien à quel point The Avengers respecte la censure... En surface !

Extrait N°6

"Yes"
"No"

C'est ce que l'on peut lire en lettres dorées, sur les murs de l'appartement de Melle King. Une question se pose. Que signifie la juxtaposition de ces deux adverbes ? L'interrogation n'est pas de mise sur les initiales "T.K", dont tout le monde comprend le sens. Pas plus que sur le N°69. Tara King est supposée être l'agent numéro soixante-neuf. Qu'en dire si ce n'est que ce numéro lui va comme un gant... Pour ceux qui se demandaient si "Oui" ou "Non" John Steed et ses collaboratrices... Eh bien la réponse est "Yes" ou "No". C'est clair.

Brian Clemens a lui même demandé à Kenneth Tait, décorateur de la sixième saison, d'intégrer ces lettres sur les murs, afin de renforcer la question que se posaient les téléspectateurs du monde entier. Certes, pour les plus attentifs d'entre eux, des indices avaient déjà jalonné les aventures de Steed et Madame Peel. Ils furent même laissés en évidence durant la saison Tara King…

CHAPITRE SIX - DANSE AVEC LES LOUVES

Extrait N°7

"C'est l'histoire d'un type qui porte un chapeau melon et d'une fille qui balance les hommes par dessus son épaule... ". C'est en utilisant cette formule des plus laconiques que Patrick Macnee parvint à séduire les dirigeants américains de la chaine ABC, afin de leur vendre The Avengers. Du moins est-ce ce qu'il aime à dire, avec l'humour qui le caractérise, car on peut toutefois supposer que Brian Clemens et Albert Fennel avaient dû mettre d'autres arguments de côté…

Extrait N°8

Quand, en Mai 1962, la production évoque l'idée du judo, tout le monde se montre extrêmement enthousiaste, oubliant brusquement qu'il n'existe aucune possibilité de doubler Honor Blackman. En effet, les trois premières saisons de The Avengers sont tournées dans des conditions proches du direct. L'équipe répète l'épisode pendant quatre jours et tourne, d'un trait, avec deux interruptions qui serviront aux "commercial breaks".

En moyenne, le plateau dispose d'environ cinq caméras qui restent en permanence fixées sur les cinq ou six décors. Ceux-ci sont conçus de façon à donner l'illusion qu'ils forment plusieurs pièces, mais en réalité les caméras circulent entre les cloisons, pendant que les comédiens courent dans tous les sens, au milieu des cables et des projecteurs, pour ne pas rater leur prochain passage devant l'objectif.

C'est dans cette atmosphère délirante, digne d'un film de Blake Edwards, que Mademoiselle Honor Blackman, en plus de délivrer son texte sans une erreur, va devoir pratiquer le judo. Là, impossible de couper après une planchette japonaise pour que l'actrice puisse se recoiffer et faire retoucher son maquillage. Elle finira la séquence tel quel.

Il fallait vraiment une grande dose d'inconscience pour imaginer qu'une telle mascarade, sans le support du montage, pourrait déclencher autre chose que des fous rires. Mais, par miracle, Honor Blackman s'identifie immédiatement à son personnage, s'enthousiasmant à l'avance de pratiquer le judo…

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© Eric Cazalot

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couverture

Martin Winckler nous a gentiment envoyé un texte très rare : l'excellent article qu'il a écrit sur la série pour le livre Les Grandes séries britanniques de Jacques Baudou et Christophe Petit (ed. Huitième Art) paru en 1994 (malheureusement épuisé et difficilement trouvable d'occasion). Un grand merci à M. Winckler de nous avoir permis de publier ce document exceptionnel !

La production

Mode d'emploi


Analyse de la série

Pour de nombreux téléspectateurs, Chapeau Melon et Bottes de Cuir est, plus encore qu'une série mythique, une série familière, dont le titre est connu de tous, que n'importe quel passant abordé dans la rue est capable d'évoquer en citant le nom des principaux personnages. Tant il est vrai que, depuis trente ans, les aventures de John Steed (Patrick Macnee) et de ses ravissantes partenaires font indissolublement partie du paysage télévisuel français (et mondial). Pourtant, peu de séries télévisées ont plus évolué au cours de leur existence. Chapeau Melon et Bottes de Cuir est en effet, quand on y regarde de près, une œuvre polymorphe, dont les acteurs mais aussi l'esprit se modifièrent profondément au cours des années, et dont les Français méconnaissent les trois premières saisons, qui n'ont jamais été diffusées par la télévision de notre pays.

saison 1

À l'origine, il s'agissait en effet d'une sorte de "série noire" à l'anglaise, mettant en scène un médecin, le Dr David Keel. Parti à la poursuite des assassins de sa fiancée, Keel (interprété par Ian Hendry) était secondé par un agent secret, John Steed. Ces deux hommes, les Avengers, combattaient des espions souvent très glauques et hauts en couleurs, mais au cours d'intrigues relativement conventionnelles. Ian Hendry disparut à la fin de la première année d'existence de la série, laissant la première place à Steed. Celui-ci, après avoir hésité entre deux partenaires épisodiques (une blonde un peu fofolle nommée Venus et un autre médecin, le Dr King), finissait par s'associer à une anthropologue douée d'une forte personnalité : Catherine Gale (Honor Blackman). L'association Steed-Cathy Gale fut le déclic qui installa les éléments essentiels de la série. Le premier de ces éléments est le couple/duo aux rôles et à l'aspect typés : Steed symbolisant l'élégance, la classe et le flegme du dandy anglais à parapluie, melon et costume trois-pièces ; Cathy Gale incarnant la fougue, la combativité et le charme des femmes en voie de libération. Pour bien indiquer l'investissement des acteurs dans la définition de leur personnage, il suffit de dire que Patrick Macnee dessina lui-même ses costumes dès le tournage des derniers épisodes de la 1re saison, tandis qu'Honor Blackman, en prévision des scènes d'action, et sur la suggestion de son partenaire, demanda à un des grands couturiers britanniques de l'époque, Michael Whittaker, de lui réaliser une garde-robe tout en cuir. Tournés en direct et jamais diffusés en France, certains de ces épisodes existent à présent en vidéo et nous y découvrons un personnage féminin d'une étonnante énergie, une Cathy très masculine dans sa manière d'appréhender les difficultés (et de mettre ses adversaires hors de combat). Peu à peu, Cathy devient la seule partenaire de Steed, mais les scénarios, toujours construits autour d'histoires d'espionnage, restent conventionnels, d'autant plus que le tournage en studio leur impose des limites incontournables. Alors que la série remporte un considérable succès en Grande-Bretagne, Honor Blackman décide de voler vers d'autres cieux. Elle quitte la série pour devenir Pussy Galore, inoubliable adversaire-partenaire de James Bond dans Goldfinger. (Notons, à ce sujet, que Diana Rigg, dans Au service secret de Sa Majesté et Patrick Macnee dans Dangereusement vôtre, joueront eux aussi, bien plus tard, des rôles de premier plans aux côtés de deux autres 007.) .

C'est alors le début de l'âge d'or. Des moyens plus importants permettent de tourner en 35 mm et en extérieurs, tandis qu'une actrice fraîche et sexy, féminine et gaie, prend la place de Cathy dans le cœur des Anglais et conquiert, avec eux, le reste du monde : Diana Rigg, qui incarne l'inoubliable personnage de Mrs Peel – Mrs Emma Peel...

emma peel

Chapeau Melon et Bottes de Cuir est, comme l'indique si bien son titre français, synonyme de toute une époque, mais aussi de tout un esprit, d'un bain culturel qui imprégna nombre d'entre nous, adolescents et jeunes gens, au cours des années 60. À l'époque, l'Amérique était, en effet, bien moins à la mode que l'Angleterre. Les années 60, c'est l'époque des Beatles et des Rolling Stones, c'est l'époque d'un style vestimentaire, d'un état d'esprit anti-conformiste voire franchement iconoclaste, encore contenu par les conventions et donc obligé de se manifester par des voies détournées, en particulier celles de l'humour et de la dérision. Chapeau Melon et Bottes de Cuir est – du moins pour les saisons les mieux connues en France, celles qui mettent en scène Steed et Emma, puis Steed et Tara King (interprétée par Linda Thorson) – l'émanation de cet état d'esprit, ludique, impertinent, mutin et mordant.

macnee saison 5

Steed, le "chapeau melon" de la série, est un un homme du monde. Il est fin, brillant, beau parleur, courageux et... très anglais. Patrick Macnee le décrit lui-même comme un Beau Brummel des temps modernes (et pendant les deux saisons Diana Rigg, ses costumes seront signés Pierre Cardin...). Il ne se plaint jamais de la nourriture, ouvre les portes devant les dames et respecte toujours les convenances, même s'il lui arrive d'assommer un adversaire d'un coup de son melon (doublé d'acier, il est vrai). Emma Peel est une jeune femme extrêmement séduisante, qui cultive l'appeal (la séduction) cryptée dans son nom au moyen d'une distance toujours respectable et d'un sourire irrésistible. Tous deux sont des Avengers, des redresseurs de tort. Leurs aventures se situent dans le monde d'aujourd'hui, mais dans un monde qui n'est pas tout à fait semblable au nôtre. Car pour être truffée d'espions, de savants fous, de robots menaçants et de personnages aussi maléfiques qu'improbables, Chapeau Melon et Bottes de Cuir n'est pas, à proprement parler, une "série d'espionnage".

Ce qui prime ici, en effet, c'est le bizarre, l'étrange, l'insolite. En un terme comme en cent : le nonsense, cette forme de pensée proprement magique et onirique, d'une logique incontournable et impitoyable, dont l'Alice au pays des merveilles ou De l'autre côté du miroir, de Lewis Carroll, sont les exemples littéraires les plus connus. Il y a quelque chose d'une Alice qui aurait grandi (et appris le close-combat) chez Emma, quelque chose du Chat du Cheshire chez Steed. Agents semi-officiels, enrôlés volontaires pour remplir des missions invraisemblables (l'une de leurs aventures ne s'intitule-t-elle pas Mission très improbable ? ), Steed et Emma affrontent certes des criminels, mais pas n'importe lesquels. Comme dans une série d'espionnage « classique », leurs intentions sont presque toujours d'infiltrer le territoire britannique, d'en déstabiliser l'économie, ou d'en décimer l'élite, mais tout cela n'est que prétexte. Ce qui compte, ce n'est pas la nature du crime, mais la forme que prennent la machination ou le piège, les moyens employés et, tout spécialement, le lieu où tout se déroule.

Bien sûr, Steed et Emma mettront hors d'état de nuire des tombereaux d'agents ennemis (Voyage sans retour, Avec vue imprenable), feront échouer des invasions secrètes (Le village de la mort) ou déjoueront des complots contre de hauts dignitaires étrangers (Du miel pour le prince ). Mais ce qui est le plus caractéristique de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, c'est la volonté d'explorer (et de se moquer) de lieux ou de situations typiquement britanniques, qu'il s'agisse d'une base de la RAF (L'heure perdue), d'un château hanté (Castle De'Ath), d'un terrain de golf (Le jeu s'arrête au 13), d'un grand magasin (Mort en magasin), d'une gare de chemin de fer (Une petite gare désaffectée), d'un vénérable collège (L'économe et le sens de l'histoire), ou d'un club dont les membres cultivent la dépravation et la décadence propres au XVIIIe siècle anglais (Le club de l'enfer). La série – et c'est aussi ce qui la rapproche beaucoup des livres de Lewis Carroll – se plaît a teinter les jeux, les comptines ou d'autres situations intimement liées à l'enfance, d'une tonalité proprement fantastique, mêlant l'horreur à l'humour, tant il est vrai que rien ne vaut le rire pour faire face à la peur du noir. Le bestiaire de la série regorge donc des monstres de nos nuits enfantines : tigres invisibles (Le tigre caché), assassins venu de l'espace (Bons baisers de Vénus), plante mangeuse d'hommes (The man-eater of Surrey Green), robots indestructibles (Les cybernautes, que Steed et Emma affronteront en noir et blanc, puis en couleurs dans Le retour des cybernautes).

Quoi de plus drôle, par ailleurs, que de tourner en dérision les tics, les stéréotypes d'une société ? Chapeau Melon et Bottes de Cuir ne s'en prive donc pas, et l'on verra Emma et Steed affronter des nurses transformant de hauts fonctionnaires en enfants d'âge préscolaire (Rien ne va plus dans la nursery), des gentlemen-assassins en chapeau melon (Meurtres distingués), des danseuses-mantes religieuses (La danse macabre), une agence matrimoniale dont les membres décochent des flèches assassines (Cœur à cœur), des majordomes avides d'informations ultra-secrètes (Les espions font le service), des féministes avides de pouvoir (Abus de confiance). Dans le monde de nos héros, les rêves ne sont pas un lieu sans histoire, puisqu'ils sont parfois annonciateurs de catastrophes (La porte de la mort), la pluie – elle aussi tellement britannique – n'est pas sans arrières-pensées (Dans 7 jours le déluge) et il faut même se méfier du Père Noël (Faites de beaux rêves). Les deux enquêteurs du bizarre rencontrent, bien évidemment, des inventeurs démoniaques et leurs stupéfiantes réalisations : androïdes des plus vrais que nature (Interférences), voyage temporel (Remontons le temps), téléphones qui tuent (Meurtre par téléphone), machine à rétrécir (Mission très improbable)...

duo saison 4

On le comprend, nous sommes au royaume de l'incongru, du loufoque, de l'invraisemblable. Mais ce qui n'aurait pu être qu'une suite d'histoires sans queue ni tête prend toute sa saveur en raison de la nature profonde des personnages, et du regard qu'ils portent sur les extravagances dans lesquelles ils sont entraînés. Steed est, par essence, incrédule, ironique, soupçonneux. On ne la lui fait pas, mais il ne perd jamais son sens de l'humour. Il est rare, d'ailleurs, qu'il manifeste la moindre peur. Tout au plus peut-il parfois apparaître un peu plus concentré (quand il doit se tirer d'un mauvais pas) ou légèrement préoccupé (quand c'est Emma qui est en difficulté). Emma, elle, est la femme idéale. Ravissante et pleine d'esprit, courageuse et sentimentale, elle adore les mondanités et la galanterie, mais elle a horreur des brutes et ne se gêne pas pour les envoyer au tapis. Sa méthode d'auto-défense (une sorte de close-combat chorégraphié qui n'appartient qu'à elle) est élégante et aérienne. Aussi à l'aise en combinaison de cuir qu'en mini-jupe à la Courrèges, elle ne passe jamais inaperçue.

Si Steed a quelque chose de monolithique dans sa britannicité, Emma est un personnage complexe, qui acquiert une épaisseur et une richesse rares au fil des cinquante épisodes qui la mettent en scène. Certains des plus beaux sont d'ailleurs presque entièrement construits autour d'elle, en particulier L'héritage diabolique et Le joker qui, tous deux (l'un en noir et blanc, l'autre en couleurs et de manière très différente), décrivent Mrs Peel aux prises avec un ennemi invisible et imprévisible à l'intérieur d'une maison toute en faux-semblants. Ce qui, malgré tout, l'emporte toujours dans les aventures du tandem, c'est l'humour et la dérision. Très caractéristiques de la série sont, en effet, la complicité de Steed et Emma et le goût qu'ont les personnages à se moquer d'eux-mêmes. Au cours de la saison noir et blanc, à la fin de chaque épisode, le couple s'éloigne sur une route de la campagne anglaise, chaque fois dans un véhicule différent, du tandem au kart, en passant par le tilbury et le camion de laitier... Au début des épisodes couleurs, nous retrouvons Emma dans son appartement, où Steed lui fait savoir au moyen d'un message de forme chaque fois différente, qu'on a besoin d'eux : « Mrs Peel, We're needed ». L'appartement des héros, tout particulièrement celui de Steed, est d'ailleurs un lieu important et récurrent de l'action.

Ce qui ne devait être au départ qu'un procédé de mise en scène facile et peu coûteux deviendra, au fil de ces deux saisons et de la suivante, un véritable petit théâtre, où l'intimité que le spectateur cultive avec nos héros sera (à peine) troublée par leurs ennemis, entre deux bons mots de Steed et deux verres de champagne. Cette intimité des héros restera toujours parfaitement elliptique, mais se transformera au fil des saisons... et des couples. Si notre gentleman essayait de temps à autre de séduire Cathy Gale (qui, en bonne féministe, ne l'entendait pas de cette oreille et le rembarrait avec froideur), il existe entre Steed et Mrs Peel – qui comme son nom l'indique, fut mariée – une complicité et un marivaudage d'autant plus délicieux qu'il passe exclusivement par les regards, les jeux de mots et les attitudes, mais jamais par le contact direct. Voyez simplement le générique de la saison couleur : Steed tient une bouteille de champagne, Emma la débouche d'un coup de revolver à dix mètres ; puis il sort une épée du manche de son parapluie, embroche un œillet qu'Emma rattrape au vol puis vient accrocher à la boutonnière du dandy. Nous sommes sans arrêt dans l'allusion, dans le sous-entendu, et les dialogues de ces deux saisons sont un régal d'humour et d'esprit, mêlant aux péripéties et aux acrobaties des personnages des échanges brillants et légers.

winckler duo

Acteurs hors pair, Patrick Macnee et Diana Rigg ne dédaignent pas jouer d'autres rôles que ceux qui leur sont habituellement dévolus : Patrick Macnee sera à la fois Steed et son double vulgaire dans Un Steed de trop, tandis que Qui suis-je ? raconte comment deux agents ennemis échangent leurs corps avec les brillants agents britanniques, ce qui donne lieu à une série fort réjouissante de scènes à contre-emploi.

Après deux années de très belles histoires, riches en parodies (voir par exemple Maille à partir avec les taties, qui tourne en dérision Agents Très Spéciaux, ou Le vengeur volant, splendide « mise en bandes dessinées » de nos héros), Emma s'en va à son tour, pour rejoindre son époux enfin retrouvé. Elle cède la place, au cours d'un épisode mémorable (Ne m'oubliez pas !) à une jeune femme espiègle, drôle et elle aussi pleine de charme, Tara King (Linda Thorson). Au lieu de remplacer Emma, les scénaristes et producteurs de la série ont l'intelligence de renouveler le style de la série, en conservant leur principale caractéristique : son rythme fofollement anglais. Pendant cette sixième saison, Steed sera encadré par la féminité juvénile et mutine de Tara et par leur étrange supérieur, « Mère-Grand » (interprété par Patrick Newell), fonctionnaire obèse se déplaçant uniquement en fauteuil roulant et donnant ses instructions depuis les emplacements les plus surprenants (juché sur un escabeau au milieu d'une piscine, par exemple...).

saison 6

Les scénarios seront encore plus délirants qu'avant et la sixième saison s'achève par l'envol de Steed et Tara (en robe de mariée ? ) dans une fusée interplanétaire... Cette dernière saison, si elle n'eut pas l'heur de plaire suffisamment au public américain et entraîna l'abandon de la série, reste cependant bourrée des qualités de la période précédente. Tara King est un personnage différent d'Emma Peel, et Linda Thorson l'incarne avec beaucoup de présence, un mélange d'innocence et de sensualité cette fois-ci très tactile (il n'est pas rare qu'elle se colle littéralement à Steed lorsqu'il lui explique quelque chose) et parfaitement savoureuse. Même si la qualité de la série est en déclin, ces derniers épisodes n'en sont pas moins un grand bonheur de télévision.

new avengers

En 1976, les producteurs de la série originelle, Albert Fennell et Brian Clemens, eurent l'occasion de faire revivre leur bébé. Steed devait, inévitablement, être de l'aventure, mais Patrick Macnee ayant pris de l'âge, on lui réserva un rôle plus proche de celui de la Mère-Grand de la saison Tara King. Il devint donc la figure tutélaire d'un trio comprenant par ailleurs Purdey, à qui Joanna Lumley prêta sa longiligne silhouette blonde, et Gambit, homme d'action interprété par Gareth Hunt. Placés délibérément dans le souvenir de la série initiale, l'une de leurs premières aventures les verra affronter Le dernier des cybernautes. Malheureusement, ni le traitement visuel, ni le jeu des acteurs, ni la qualité des scénarios ne sont à la mesure des années Diana Rigg. Certains épisodes sont assez réussis et, du fait de la coproduction française, les trois personnages croiseront Raymond Bussières, Pierre Vernier, Sacha Pitoeff, Christine Delaroche et même... Emma Peel (dans Le long sommeil) mais l'esprit originel n'est plus...

Il reste que Chapeau Melon et Bottes de Cuir est une des séries les plus riches que nous ait offertes la télévision britannique, non seulement par la subtilité de ses scénarios, mais aussi par les qualités exceptionnelles de ses principaux acteurs, le brio de la mise en scène, débordante d'invention et de clins d'œil au spectateur, ainsi qu'un sens du décor parfois étonnant (le bureau sur lequel un Steed miniaturisé tente de passer un coup de téléphone dans Mission très improbable, le coin de jeux pour enfants de Rien ne va plus dans la nursery, etc.) et un bon goût constant : pas une goutte de sang, pas de femme parmi les victimes, et jamais de tache sur le revers de Steed. Certains épisodes, comme L'héritage diabolique (4e saison), Le vengeur volant et Caméra Meurtre (5e saison) ou Clowneries (6e saison) sont de purs joyaux, qui brillent de leurs feux longtemps après avoir été vus, et nous rappellent que classe, humour, provocation et intelligence, alliés à une totale absence de sérieux, ont su jadis – et savent encore – ravir les téléspectateurs.

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La production

En 1960, un producteur de la chaîne britannique ABC, Sidney Newman, décide de créer une série d'action pour la télévision. Il recrute pour cela Ian Hendry, déjà interprète d'un rôle de médecin dans Police Surgeon, et Patrick Macnee, acteur vivant au Canada, cousin de David Niven... et qui, après avoir joué dans des séries télévisées américaines comme La Quatrième Dimension ou Alfred Hitchcock présente... envisageait à l'époque de quitter la comédie pour devenir producteur. Croyant dissuader Newman, il demande à être payé très cher... et le producteur accepte. C'est le début des Avengers dont les deux héros masculins combattent les criminels avant tout grâce à la ruse et à l'intelligence. John Steed est alors décrit comme un « loup pour les femmes et un amateur d'ennuis », selon les mots de Macnee lui-même.

À la fin des 26 épisodes de la première saison, à la suite d'un conflit avec le syndicat des acteurs, Ian Hendry quitte la série. À Steed se joint alors Honor Blackman dont le personnage de Cathy Gale est une féministe convaincue, aussi experte en judo qu'en sciences humaines et chevauchant volontiers une énorme motocyclette Triumph. Réécrits pour une femme, les scénarios font alors de Cathy Gale le contre-point indispensable à celui de Steed. Un cocktail de classicisme et de modernité fait pour la première fois son entrée à la télévision. De l'avis de tous ceux qui ont connu cette époque, c'est le personnage d'Honor Blackman qui a le plus influé sur le devenir de la série, celui de Patrick Macnee ne faisant que s'orienter « naturellement » vers une satire de la bourgeoisie britannique, de ses us et de ses tics. Le duo Steed/Cathy Gale évoluera pendant deux saisons de 26 épisodes.

Le départ d'Honor Blackman en 1964 correspondra également à des changements dans l'équipe de production. Julian Wintle, à qui ABC confie les rènes de la série, s'adjoint Albert Fennell et Brian Clemens. Ce dernier, scénariste, a déjà écrit plusieurs des aventures des Avengers. Il va devenir la véritable cheville ouvrière de la série, en apportant son style, son sens... du nonsense et de prodigieuses idées scénariques au couple Steed/Emma. Le rôle de Mrs Peel, riche héritière d'un industriel et jeune veuve d'un pilote d'essai, est d'abord attribué à une très belle et très talentueuse actrice shakespearienne, Elizabeth Shepherd. Mais après avoir visionné les rushes des deux premiers épisodes, les producteurs réalisent (heureusement pour nous) qu'elle n'a ni le charme, ni l'esprit qu'ils veulent insuffler au personnage.

diana rigg en interview

Ils se tournent alors vers une comédienne de théâtre, Diana Rigg qui, bien qu'elle pense ne pas convenir, accepte le rôle... pour s'amuser un peu. C'est le début d'une collaboration d'une exceptionnelle qualité entre les deux acteurs et leur équipe de production. Diana Rigg est alors âgée de 28 ans (Honor Blackman en avait 36 lorsqu'elle enfila les bottes de Cathy Gale), mais le rôle lui va à merveille. Pour... infiltrer le marché américain, les épisodes sont à présent filmés en 35 mm, le côté typically british de la série est décliné à l'extrême grâce au soin apporté aux accessoires, aux costumes, à la musique (confiée à Laurie Johnson) aux décors et aux détails les plus infimes. La garde-robe de Steed et de Cathy avait déjà fait l'objet d'une très grande attention (et de plusieurs défilés de présentation). C'est encore plus vrai pour les saisons Emma Peel, dont les vêtements, mais aussi la montre, seront dessinés par le styliste John Bates lors de la saison noir et blanc, par Alun Hughes au cours de la saison couleurs.

Aux ensembles de cuir que portait déjà Cathy Gale s'ajoutent des vêtements très « dans le vent »... et beaucoup plus sexy !, en particulier les fameurs Emmapeelers de crimplène et de jersey, félines combinaisons créées par Alun Hughes. Grâce à un cascadeur de grand talent, Ray Austin, Emma se voit dotée d'une technique de combat mêlant Kung-Fu et chorégraphie, tandis que Steed se sert plutôt de son parapluie-canne-épée-magnétophone-bombe-lacrymogène ou de son melon blindé. Emma roule en coupé Lotus Elan bleue ; Steed en Vauxhall ou en Bentley, puis carrément en Rolls au cours de certains épisodes de la saison Tara King, laquelle dispose d'une Lotus rouge. Mère-Grand, lui, se déplace en mini-moke, comme les habitants du Village, dans Le Prisonnier. Ce soin du détail se maintiendra tout au long de la série, lui conférant un look inimitable et inoubliable.

À l'issue de la saison 67-68, Diana Rigg quitte à son tour Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Les épisodes en couleurs ont eu un immense succès à l'étranger et, aux États-Unis, Diana Rigg reçoit une nomination pour un Emmy Award – que remportera Barbara Bain, la Cinnamon de Mission : Impossible (quel dilemme pour les votants !). Après avoir tourné dans quelques films, dont un James Bond, Diana Rigg retourne à sa première passion, le théâtre, où elle excelle encore aujourd'hui, au point de recevoir récemment le titre honorifique de "Lady" accordé par la Reine Elizabeth en personne.

promo france

Merci au site Deadline pour cette photo !

Clemens et Fennell, un moment évincés de la production, retrouvent Patrick Macnee en compagnie d'une toute jeune femme de 21 ans, Linda Thorson, engagée en leur absence. Son inexpérience leur paraît bien grande pour qu'elle puisse succéder à Diana Rigg, mais il est trop tard pour reculer : les 33 épisodes à venir ont déjà été vendus à la télévision américaine. Comme Emma, Tara est une jeune femme de son temps et porte souvent mini-jupe ou culottes courtes, mais elle se maquille et aime les bijoux, ce qui n'était pas le cas de Mrs Peel. Les relations de Steed avec Tara sont manifestement plus intimes qu'elles ne l'étaient avec ses partenaires précédentes : il arrive quelquefois à la jeune femme de passer la nuit dans l'appartement... Le personnage de Mère-Grand, qui devait simplement être de passage dans Ne m'oubliez pas (l'épisode où Emma et Tara se croisent dans l'escalier de l'appartement de Steed), est plébiscité par le public américain et Clemens et Fennell en font un supporting character régulier.

Côté production, les scénarios rendent souvent hommage à d'autres personnages ou œuvres de fiction prestigieux : de Sherlock Holmes (Trop d'indices) au Prisonnier (Étrange hôtel). Mais la magie des années Diana Rigg manque aux spectateurs américains, et la série est abandonnée... tandis qu'en France, Linda Thorson comble un public qui lui restera très longtemps fidèle. En 1975, un producteur français, Rudolph Roffi, contacte Brian Clemens pour faire tourner Linda Thorson et Patrick Macnee dans un spot publicitaire pour du champagne. Il finit par convaincre Clemens et Fennell de ressusciter Chapeau Melon et Bottes de Cuir... grâce à des capitaux français et canadiens. Plusieurs épisodes seront tournés au Canada, et certains seront même réalisés par des Français.

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Mode d'emploi

Temps forts et temps faibles de la série

Les saisons Diana Rigg sont de l'avis général les plus belles. Il vaut mieux, bien entendu, les voir en premier, avec une préférence pour la saison couleurs, qui est la plus achevée à tous points de vue. Ensuite, on se doit de voir la saison Linda Thorson, qui doit beaucoup à la précédente et dont l'esprit est très proche. Un certain nombre d'épisodes des saisons Honor Blackman sont aujourd'hui disponibles en vidéo et méritent d'être vus, d'abord pour l'actrice elle-même, ensuite parce qu'ils présentent un intérêt historique et de curiosité.

Il vaut mieux ne pas commencer par les New Avengers, dont l'esprit est très éloigné de l'âge d'or de la série. Il n'y a ni début, ni fin à proprement parler, mais il est bon de voir l'épisode « charnière » Emma/Tara, Ne m'oubliez pas, à sa place entre les saisons 5 et 6.

Épisodes remarquables, à ne pas manquer :(à l'époque je n'avais pas vu les trois premières saisons)

4e saison (Diana Rigg, Noir et Blanc) : Les cybernautes, Voyage sans retour, Castle De'ath, L'heure perdue, Un Steed de trop, Faites de beaux rêves, Le club de l'Enfer, Du miel pour le prince et le sublime Héritage diabolique, épisode toutefois un peu atypique, qu'il ne faut peut-être pas voir en premier.

5e saison (Diana Rigg, couleurs) :Bons Baisers de Vénus, Remontons le temps, L'homme transparent, Le vengeur volant, Le tigre caché, Caméra meurtre, Interférences, Le Joker, Rien ne va plus dans la nursery, Le retour des cybernautes, La porte de la mort, Meurtres à épisodes, Le village de la mort, Mission très improbable

6e saison (Linda Thorson, couleurs) : Ne m'oubliez pas, À vos souhaits, Mais qui est Steed ?, Jeux, Miroirs, Clowneries, Étrange hôtel, Bizarre.

The New Avengers :Le repaire de l'Aigle, Le dernier des cybernautes, Le baiser de Midas et Cible.

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©Martin Winckler

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