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MORT À LA CARTE

( DEATH A LA CARTE

Tournage : juin 1963

Diffusion : ITV, 21 décembre 1963 – 13ème Rue, 14 mai 1998

Scénario : John Lucarotti

Réalisation : Kim Mills

Robert James (Mellor), Henry Soskin (Emir Abdulla Akaba), Paul Dawkins (Dr. Spender), Ken Parry (Arbuthnot), Gordon Rollings (Lucien), David Nettheim (Umberto), Coral Atkins (Josie), Valentino Musetti (Ali).

Résumé

L’émir Akaba, dirigeant d’un important pays producteur de pétrole et allié de la Grande-Bretagne, se rend à Londres. Gravement malade, il vient pour y être examiné par un éminent cardiologue. Un complot se noue parmi ses proches pour qu’il soit empoisonné par des champignons contenus dans les fastueux plats proposés par le palace où il réside. Steed, sous une couverture de cuisinier, Mrs Gale comme employée de l’hôtel, assurent sa protection et tentent de déjouer les plans des assassins alors même que l’émir décède de mort naturelle.


CRITIQUES


Estuaire44 29 février 2008


Le duo Lucarotti-Mills avait déjà commis le médiocre La baleine tueuse à la fin de la saison 2. Leur deuxième collaboration ne s’avère guère meilleure et la saison 3 connaît ici un net fléchissement après des débuts tonitruants.

Le principal défaut de l’épisode réside dans son intrigue, tant celle-ci paraît tourner en rond tout du long. Les tenants et aboutissants nous sont tous connus dès le départ, aucun élément nouveau ne venant perturber ces allées et venues en cuisine d’un faible intérêt et très répétitives. Le suspense demeure totalement absent et les indigentes et artificielles péripéties autour des pérégrinations des champignons ne suffisent pas à capter l’intérêt du spectateur. De plus, l’épisode voit refleurir les bavardages oiseux si présents dans la saison 2. Les prises de bec entre cuisiniers, d’abord distrayantes, lassent rapidement par leur répétitivité.

On note toutefois un tag réellement amusant, où après ce défilé ininterrompu de haute cuisine française et italienne (voire espagnole !), nos héros dînent d’un fish and chips aussi simple que typiquement anglais !

Un sentiment d’enfermement naît de cette action circonscrite à deux décors, les cuisines et la suite de l’émir, d’autant qu’ils ne paraissent guère exceptionnels. La mise en scène manque ainsi d’espace pour se développer, mais aussi d’inventivité. Kim Mills se limite à un registre classique, certes efficace, mais sans panache. On décèle cependant deux moments très réussis : un magnifique insert avec une vue circulaire de Londres prise à une hauteur époustouflante et surtout la spectaculaire scène d’action montrant Steed grimper sur le toit. Cette très habile utilisation du décor tranche singulièrement avec le manque d’inspiration et de relief du reste de l’épisode.

Heureusement les personnages viennent au secours de l’épisode, visiblement mieux écrits que l’intrigue.

Si les vociférations perpétuelles et l’improbable accent italien d’Umberto lassent très vite, on reste par contre très amusé par les expressions et l’accent français délicieusement caricatural de Gordon Rollings. Ken Parry apporte toute sa rondeur et sa bonhomie à Arbuthnot. Voir celui-ci de plus en plus dépassé par les événements demeure amusant. La pimpante, venimeuse et peu motivée Josie apparaît magnifiquement croquée, Coral Atkins est piquante à souhait ! Mellor compose un traître élégant et sournois dans la grande tradition du genre (excellent Robert James), tandis que l’émir demeure assez caricatural.

Mort à la carte présente également l’avantage de laisser… carte libre à Steed. Dans une composition finalement assez proche du Monsieur Gourmet de Avec vue imprenable (saison 4), il se révèle excellent, nous régalant par sa fantaisie et sa joie de vivre. Il nous fait partager avec entrain sa passion pour la gastronomie française. Le voir vanter les mérites du Faisan à la Languedocienne reste un grand moment ! Patrick Macnee brille particulièrement dans cette partie et joue avec une rare assurance. L’épisode lui doit d’éviter la catastrophe. Convaincant en équilibriste, sa performance laisse par contre franchement à désirer lors du combat. L’absence de cascadeurs empêche une doublure trop voyante mais diminue nettement l’impact de la scène, malgré la belle énergie de l’interprète.

Carhy Gale se pare d’une coiffure aussi inédite que piquante, et montre beaucoup de charme tout au long d’un épisode où elle a de nouveau l’occasion de revêtir une de ces robes de soirée lui seyant à merveille. Son rôle apparaît tout de même moins divertissant que celui de Steed. Malheureusement elle ne nous offre aucune scène de bagarre (hormis une simple clef de bras), alors même que Honor Blackman s’y affirme régulièrement plus à son affaire que Macnee. Surtout les Avengers n’ont que très peu de scènes en commun, celles-ci se révèlant essentiellement fonctionnelles et rarement amusantes.

EN BREF : Le plat du jour paraît sans saveur, même si encadré de quelques mignardises gouleyantes. Les bavardages allongent la sauce et l’absence de fumet rappelle les brouets parfois bien fades de la saison 2. Heureusement, Steed nous régale d’un succulent numéro !


VIDÉO


Steed au bord du gouffre !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage

Continuité

o La caméra heurte la table sur laquelle se trouve le seau à champagne, faisant sauter celui-ci avec bruit (10’38’’).

o La hauteur vertigineuse lors du panorama circulaire sur Londres (3’32’’) semble avoir quelque peu diminué lorsque Steed s’élance pour sa balade nocturne sur le toit (42’33’’).

o De nouveau les sous-titres indiquent Mademoiselle Gale.


Détails

o De nombreux mots français ponctuent cet épisode dédié à la haute cuisine : Gourmet, Chef des viandes, Bœuf bourguignon, Et voila, Exactement, Bouillabaisse, Sole à la Normande, Chefs, Faisan à la Languedocienne, Merci Monsieur, Crêpe Suzette, Sole bonne ferme, Filet mignon, Quel désastre… Le plus étonnant demeure tout de même Saloperie ! , d’ailleurs prononcé par le seul personnage authentiquement français !

o Le faisan à la Languedocienne est effectivement une recette classique : découpé à cru et revenu avec un hachis de jambon cru, carottes, oignons et céleri, saupoudré de farine, et mitonné dans un fond de vin rouge corsé.

o Le Chevalier-Montrachet est un grand cru blanc sec de Bourgogne (Côte de Beaune). Ces vignes prestigieuses ont effectivement été plantées en 1952.

o L'amanite phalloïde est en effet l'un des champignons les plus toxiques. Il tue en 6 à 16 jours par destruction du foie et des reins. Aucun antidote efficace à coup sûr n'existe encore aujourd'hui, les traitements actuels ne faisant qu'augmenter les chances de survie. La toxicité ne disparaît pas par cuisson, congélation ou séchage. L'amanite phalloïde a servi à la majorité des assassinats de personnages historiques par empoisonnement.

o Fish and Chips: Plat typiquement britannique mais répandu dans tout le Commonwealth, il se compose d’un poisson frit dans la pâte et de frites. Principalement consommé en emporté, il est également proposé sous des formes plus élaborées dans de nombreux restaurants londoniens spécialisés. Le type de poisson et les assaisonnements varient selon les contrées. Le Fish and chips aurait été introduit par les Portugais au XVIIe siècle. Le développement de la pêche en Mer du Nord et de la logistique le rendent accessible aux classes populaires au XIXe siècle. Durant la Guerre, il est le seul plat non soumis à rationnement ! Aujourd’hui son succès doit principalement à sa praticité et à son moindre apport calorique face aux autres produits de restauration rapide. Il est devenu partie intégrante de la culture anglaise, ainsi Dickens en décrit-il la recette dans son Conte des deux cités (1859). Le Neuvième Docteur et Rose Tyler, de retour à Londres après avoir assisté à la Fin du Monde, vont vite manger un Fish and Chips pour se remonter le moral et sentir la ville bien vivante ! (Docteur Who, La Fin du Monde, 2005).

Acteurs – Actrices

o Gordon Rollings (1926-1985) a connu une carrière atypique. Il débute dans l’animation radio en Israël, puis exerce en tant que clown au Cirque Medrano de Paris. Malgré quelques rôles au théâtre et au cinéma, il se fait surtout connaître à la télévision (Z Cars, Coronation Street, Amicalement Vôtre…). En 1964 il devient le premier présentateur de Play School, l’émission pour enfants de la BBC, à laquelle participera également Julie Stevens. Il gagne sur le tard une très grande popularité dans les publicités pour John Smith’s Bitter, où il apparaît en compagnie d’un petit chien.

o Valentino Musetti est apparu dans un total impressionnant de cinq épisodes des Avengers : Le décapode (saison 2), Mort à la carte, Le marchand de secrets, Le retour du traître et Le quadrille des homards (saison 3). Dans Le décapode il est par erreur crédité sous le prénom Valentine ! Il mène une double carrière comme acteur (Doctor Who, Cosmos 1999, Mission Casse-Cou, Batman…) et cascadeur (Amsterdamned, Alien, plusieurs James Bond…).

o Ken Parry (1930-2007) participe également à l’épisode Du miel pour le Prince (saison 4). Il est une figure régulière des séries anglaises (Z cars, Thriller, Coronation Street, Dixon of Dock Green…). Pressenti pour le rôle de Mère-Grand, il était indisponible lors du tournage de l’épisode Ne m’oubliez pas (saison 6), où le personnage fait son apparition. Le rôle échut à Patrick Newell. (Merci à Denis pour cette information)

o Robert James (1924-2004) était un acteur écossais talentueux qui a œuvré pendant cinq décennies, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Il faisait autorité dans la profession. Il a tourné dans deux autres épisodes de la série : Mort à la carte de la saison trois et Clowneries de la saison six. Il a fait une apparition remarquée dans Dr Who et a tourné dans Les Professionnels et Taggart. Il est décédé de la maladie d'Alzheimer.

o Coral Atkins a joué dans Dixon of Dock Green, Z Cars, Softly-Softly, Callam, Emmerdale… Elle demeure principalement connue pour son rôle de Sheila Ashton dans la mini série de grand renom Family at war (1974). Sensibilisée à l’enfance malheureuse par ce rôle, elle abandonne sa carrière pour se consacrer à l’accueil des enfants victimes de violences ou d’abus.

À noter que…

o Le premier titre retenu pour l’épisode était : Fricassee of death.

o De grandes similitudes existent entre cet épisode et Du miel pour le Prince (saison 4) où Steed et Mrs Peel sauvent le Prince Ali d’un complot fomenté par un proche. On y retrouve d’ailleurs Ken Parry ! Si le pétrole en est encore l’enjeu, l’histoire s’y déroule avec considérablement plus d’humour et de fantaisie. On imagine effectivement mal Cathy Gale dans la danse aux sept voiles…

o Le collier de breloques de Josie (13’19’) évoque nettement celui des tueuses de Comment réussir un assassinat ? (saison 4).

o John Lucarotti (1926-1994) a écrit cinq épisodes des Avengers : The far-distant dead (saison 1), La baleine tueuse (saison 2), Mort à la carte, L’éléphant blanc (saison 3) et Le fantôme du château De’Ath (saison 4). D’origine canadienne, il partage sa carrière entre ce pays et l’Angleterre. Il est notamment connu pour sa participation à The Troubleshooters (10 épisodes, 1965-1969) et à Dr Who (15 épisodes, 1964-1966). Parlant Français, il travaille également pour la télévision française (Faites entrer M. Ariman, 1974).

o Kim Mills (1931-2006) a réalisé de nombreux épisodes de diverses séries anglaises des années 60 (Public Eye, Mystery and Imagination, Armchair Theatre…) avant de débuter une carrière de producteur dans les années 70 (Zodiac, The rivals of Sherlock Holmes…). Il a en tout réalisé 10 épisodes des Avengers : Le grand penseur, La boîte à trucs, L’homme dans le miroir, La baleine tueuse (saison 2), Concerto, Mort à la carte, Mort d’un ordonnance, Les sorciers, La grandeur qu’était Rome et Le quadrille des homards (saison 3). Il a eu ainsi l’honneur de conclure chacune de ces deux saisons !

Fiche de Mort à la carte des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-13.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/305.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-13-DeathALaCarte.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale40.htm

 

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