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Saison 2 Saison 4

Miss Marple (2004-2013) - Julia McKenzie

Saison 5


1. LE CHEVAL PÂLE
(THE PALE HORSE)



Résumé :

Le Père Graham est battu à mort alors qu’il rentrait chez lui. La veille, il avait administré les derniers sacrements à une agonisante, Mrs Davis, après l’avoir entendue en confession. La police pense que le crime a été commis par un rôdeur, mais Miss Marple, qui était une amie du prêtre, reçoit une lettre qu’il a envoyé peu de temps avant de mourir. Elle contient une mystérieuse liste de noms ainsi qu’une référence biblique au cheval pâle chevauché par la Mort. Jane se lance dans cette nouvelle enquête, malgré le scepticisme de l’Inspecteur Lejeune.

Critique :

On portera au crédit de l’épisode d’avoir globalement respecté l’atmosphère et te le déroulement de The Pale Horse, roman comptant parmi les ouvrages tardifs les plus remarquables d’Agatha Christie. On pourra certes regretter un certain ralentissement de l’intrigue vers la moitié du téléfilm, avec quelques scènes peu utiles ou trop délayées. Mais les quelques changements apportés demeurent cohérents et ne dénaturent jamais le récit, tout en apportant quelques pertinents dialogues. L’habile résolution de l’énigme reste aussi saisissante que dans le livre. La série brille toujours par ses qualités de mise en scène et son irréprochable reconstitution historique. Le décor central du Pale Horse est idéalement choisi, à la fois aimablement campagnard et subtilement menaçant.

Avec sa Miss Marple quelque peu rajeunie, mais tellement humaine, Julia Mckenzie domine une distribution de qualité, sachant ne pas rendre grotesque les différents clients de l’hôtel. L’intégration de l’héroïne, totalement absente du roman originel s’effectue de manière assez harmonieuse, même si le recours à une amitié inventée avec l’un des autres personnages devient véritablement un procédé rabâché. Le scénario sait donner néanmoins donner l’impression que Jane est effectivement nécessaire à la résolution de l’énigme, preuve d’une adaptation intelligente. Une plus-value se voit apportée par la plaisante évolution de sa relation avec l’Inspecteur Lejeune vers toujours davantage de confiance et de complicité.  On regrettera simplement l’absence d’Ariadne Oliver, présente dans le roman, alors que l’excellente Zoe Wanamaker aurait pu créer un lien amusant avec Poirot.

Anecdotes :

  • Diffusé le 30 août 2010, le téléfilm est adapté du roman éponyme, publié en novembre 1961. Miss Marple ne figure pas dans ce livre, l’héroïne en est en fait Ariadne Oliver, personnage semi récurrent d’Agatha Christie et amie d’Hercule Poirot. Plusieurs personnages et éléments de l’intrigue ont également été modifiés.

  • Quelques lettres en rouge apparaissent dans la liste d’acteurs figurant dans le générique de fin. Elles reconstituent le nom de la prétendue sorcière dont l’exécution est reconstituée, Goody Carne.

  • L’hôtel The Pale Horse est en fait représenté par Hughenden Manor dans le Buckinghamshire. Cette résidence victorienne est réputée pour avoir été la résidence principale de Benjamin Disraeli, grand premier ministre de la reine Victoria et créateur du parti conservateur moderne. 

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2. LE SECRET DE CHIMNEYS
(THE SECRET OF CHIMNEYS)

Résumé :

Miss Marple accompagne une lointaine petite cousine, Lady Virginia Revel, dans une garden party organisée à Chimneys, la demeure familiale de cette dernière. Virginia doit y décider de sa réponse à la demande en mariage faite par George Lomax, politicien en vue, alors qu’elle est attirée par un aventurier, Anthony Cade. Un diplomate autrichien est soudainement assassiné, dans sa proche se trouve un message codé allant conduire Miss Marple et l’Inspecteur Chef Fitch à découvrir le Secret de Chimneys.

Critique :

Une nouvelle fois Miss Marple se voit recrutée ainsi de mener à bien une enquête à laquelle elle ne participait pas originellement. Évidemment, cela ne va pas sans s’accompagner des quelques travers régulièrement observés au fur et à mesure que la série avait recours à ce procédé. Ainsi Jane se retrouve une nouvelle fois bien loin de son St Mary Mead et se découvre derechef une nouvelle connaissance fortunée chez qui elle trouve précisément lorsque le meurtre survient. Mais cette fois les conséquences s’étendent au-delà de cette routine, car le sujet même du livre se rétrécit considérablement du fait de cette intégration au modèle du programme. En effet, roman écrit dans les années 20 et porté par l’énergie juvénile des premiers ouvrages d’Agatha Christie, Le Secret de Chimneys ne constitue que partiellement une Murder Party.

Entre James Bond et Tintin, il s’inscrit bien davantage dans cette veine d’espionnage que l’on retrouve notamment autour des Associés contre le Crime Tommy & Tuppence, avec tout ce que cela comporte de fantaisie et d’aventures internationales. Or l’intervention de Miss Marple conduit mécaniquement à réduire à une portion réellement congrue cette dimension, au profit d’une solution de meurtre bien davantage classique. S’y rajoute la difficulté du maintien d’un triangle amoureux rendu banal par la redéfinition concomitante de personnages devenus plus ternes.

Mais, tel quel, le téléfilm demeure très distrayant, avec une enquête rondement menée tout en se montrant solidement charpentée. L’intrigue nous vaut également le plaisir d’incorporer de pétillants moments d’humour, alors que la période McKenzie résulte moins affirmée là-dessus que la McEwan. La complicité entre l’Inspecteur Fitch et Miss Marple apporte beaucoup à cette dimension, d’autant que Julia McKenzie et l’impeccable Stephen Dillane s’entendent admirablement. La distribution se montre également à son avantage. La reconstitution d’époque et la mise en scène se révèlent une nouvelle fois remarquables, tirant notamment un excellent parti du site exceptionnel d’Hatfield House. La musique bénéfice également de sublimes valses viennoises, l’Autriche ayant été ici préférée à l’imaginaire Herzoslovakie.

Anecdotes :

  • Diffusé le 27 décembre 2010, le téléfilm est adapté du roman éponyme, publie en juin 1925 et dans lequel ne figure pas Miss Marple (les protagonistes en sont Cade et le Surintendant Battle).

  • Plusieurs changements majeurs sont apportés à l’intrigue, l’Autriche se substituant notamment à l’Herzoslovakie, pays fictif évoqué dans plusieurs ouvrages d’Agatha Christie. L’identité et le motif de l’assassin sont modifiés et le volet politique/espionnage de l’histoire est passé sous silence.

  • Le scénario de l’épisode intègre également plusieurs éléments de L’herbe de Mort (1930), une des nouvelles de Miss Marple intégrées au Club du Mardi.

  • Chimneys est représenté par Hatfield House dans l’ Hertfordshire. Cette magnifique demeure jacobéenne fut édifiée en 1611, sur l’emplacement du manoir qui fut la résidence de la Reine Elizabeth I. Elle l’offrit à l’un de ses principaux ministres, Robert Cecil et Hatfield House est depuis lors toujours demeuré propriété de cette grande famille. Hatfield House est également connue pour son gigantesque parc ornementé, atteignant 170 000 m². La résidence est apparue dans de nombreux films, elle est notamment celle de Sir August de Wynter dans le film Chapeau melon et bottes de cuir (1998).

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3. LE GÉRANIUM BLEU
(THE BLUE GERANIUM)

Résumé :

Alors qu’elle voyage en bus pour rendre visite à une connaissance, Miss Marple fait la connaissance d’Eddie Seward. Or celui-ci est retrouvé mort peu de temps après, s’étant apparemment noyé dans une rivière. D’autres morts suspectes surviennent dans la localité, jusqu’à ce qu’un certain George Pritchard, lié aux victimes et ayant grandement besoin d’argent, soit arrêté. Mais Miss Marple doute de sa culpabilité.

Critique :

Le Club du Mardi compose un singulier recueil de nouvelles ne cessant de gagner en intérêt et reliées par des fils rouges aussi judicieux que ludiques. L’ouvrage présente également l’avantage de régulièrement mettre en avant les capacités de déductions de Miss Marple, ainsi que sa sagesse issue de l’observation des mille et unes anecdotes émaillant la vie de St Mary Mead. La série a l’excellente idée de retenir l’une des meilleurs textes du livre, tant Le Géranium bleu brille par l’intelligence de l’écriture de ses personnages et par son intrigue débouchant sur une chute particulièrement surprenante, digne d’une série comme Thriller, voire de Night Gallery pour son ambiance aux confins du Fantastique.

A la fois libre et fine, l’adaptation télévisuelle de la nouvelle sait préserver ces atouts tout en développant l’intrigue d’une manière fidèle à la tonalité du texte, en mettant l’accent sur l’atmosphère particulière du récit et sur sa galerie de personnages. Le puzzle s’assemble néanmoins avec une diabolique efficacité, tout en ayant l’habileté de montrer une Miss Marple un tantinet moins infaillible qu’à l’ordinaire, même si elle parvient bien entendu à rattraper son erreur initiale. Cela permet de varier agréablement les débats (évidement l’on ne saurait avoir la cruauté d’infliger ceci à Poirot).

La mise en scène se montre également habile, sachant saisir les émotions mais aussi l’étrange, avec ce géranium peint au mur, passant aussi progressivement qu’inexplicablement (en apparence) du rose au bleu. Reconstitution d’époque, photographie et musique forment comme toujours un ensemble parfaitement harmonieux et évocateur. On apprécie particulièrement la composition de Toby Stephens, aussi marquant qu’il aura pu l’être chez Poirot dans Five Little Pigs. Un épisode particulièrement réussi, laissant bien des regrets quant aux autres nouvelles de Miss Marple, encore non adaptées à l’écran contrairement à celles de Poirot.

Anecdotes :

  • Diffusé le 29 décembre 2010, le téléfilm est adapté de la nouvelle éponyme, publié en 1929 et reprise en 1932 dans Le Club du Mardi. Le cœur de l’intrigue correspond au texte original, mais l’histoire se développe bien au-delà.

  • A l’occasion de cet épisode c’est la toute première fois qu’une nouvelle de Miss ¨Marple est adaptée à l’écran, à la télévision comme au cinéma. La grande majorité de ces nouvelles demeure encore non adaptée.

  • Toby Stephens (George Pritchard) est l’une des figures de proue de la Royal Shakespeare Company. Au cinéma il a été Gustav Graves, l’adversaire de James Bond dans Meurs un autre jour (2002). Il est le fils de Dame Maggie Smith et de Sir Robert Stephens, ainsi que le mari d’Anna-Louise Plowman. Une période d’alcoolisme lui a valu de s’endormir durant une représentation de Britannicus, où sa partenaire était Dame Diana Rigg. L’évènement a grandement contribué à lui faire renoncer à l’alcool.

  • Les vues du club de Sir Clithering ont été filmées à Hatfield House, décor de l’épisode précédent. 

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4. LE MIROIR SE BRISA
(THE MIRROR CRACK'D FROM SIDE TO SIDE)

Résumé :

La star hollywoodienne Marina Gregg s’est installée avec tout son entourage dans la grande demeure de Gossington Hall, à proximité de St Mary Mead. Elle y donne une grande fête de bienfaisance, où toute la population est conviée, dont Miss Marple et Dolly Bantry, propriétaire précédente de Gossigton Hall. Mais une admiratrice locale décède brusquement durant les festivités, ayant bu un cocktail empoisonné. Jane et l’Inspecteur Hewitt mènent l’enquête, mais reste à savoir qui était réellement visé.

Critique :

Cette cinquième saison s’achève par un épisode à l’adaptation très classique vis-à-vis de ce que propose habituellement la série. Malgré quelques différences secondaires, l’essentiel de l’intrigue originelle se voit ainsi préservé. Par ailleurs la transcription du livre à l’écran s’avère parfois astucieuse, avec un rythme de l’action davantage soutenu et une conclusion devenue émouvante et non plus mélodramatique, comme elle pourrait le résulter chez Agatha Christie. Le scénario distille habilement les indices pouvant permettre au spectateur attentif (et motivé) de parvenir à la clef de l’énigme, tout en ne sacrifiant pas le volet du petit monde de St Mary Mead.

La recréation de Gossington Hall par North Mymms House fonctionne efficacement, mais il ne s’agit sans doute pas du décor le plus mémorable de la série. Celui du tournage égyptien est superbe, mais assez périphérique en soi. Par ailleurs l’évocation du cinéma d’alors ne s’affranchit pas des clichés habituels, on aurait pu judicieusement profiter du passage à l’image accentuer quelque peu la dimension satirique du roman, bien réelle même si diffuse. A côté d’une Julia McKenzie, Hugh Bonneville et une tonique Joanna Lumley prennent visiblement un plaisir communicatif à interpréter leur rôle. Joanna Lumley se montre d’ailleurs aussi complice avec McKenzie qu’auparavant avec McEwan dans The Body in the Library. La distribution reste toutefois dominée par la forte présence de Lindsay Duncan, aussi intense ici qu’elle le démontra lors du fatidique épisode The Waters of Mars de Doctor Who et reconstituant idéalement la complexité du personnage.

Anecdotes :

  • Diffusé le 02 janvier 2011, le téléfilm est adapté du roman éponyme, publié en 1962. Il y demeure globalement fidèle, même s’il comporte quelques différences secondaires.

  • Hugh Bonneville (Inspecteur Hewitt) est l’interprète de Robert Crawley, comte de Grantham, dans la série Downton Abbey.

  • Lindsay Duncan (Marina Gregg) est une comédienne très populaire en Grande-Bretagne. Elle a notamment été Servilia des Junii dans la série Rome (2005-2007) et Adelaïde Brooke dans l'épisode La Conquête de Mars (2009) de Doctor Who. En 2009, elle a été élevée au rang de Commandeur de l’Empire britannique.

  • Joanna Lumley (Dolly Bantry) ancien mannequin, est une figure médiatique de premier plan en Grande Bretagne et une proche de la famille royale. Ses deux rôles les plus connus sont ceux de la vaillante Purdey dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir et de l’inénarrable Patsy Stone dans Absolutely Fabulous. Elle participe également à l’épisode The Body in the Library.

  • Les extérieurs de Gossington Hall furent tournés à North Mymms House, grande demeure élisabéthaine de 1576, dans l’Hertfordshire. 

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Résumé :

Miss Marple passe quelques jours à Londres, dans le palace très luxueux et traditionnel qu’est l’Hôtel Beltram. Elle y retrouve de nombreux souvenirs, y ayant séjourné étant enfant. Une femme de chambre est retrouvée étranglée et Miss Marple va résoudre l’affaire en faire équipe avec une autre employée de l’établissement. Jane Cooper. Les deux femmes partagent le même prénom et Miss Marple retrouve volontiers sa jeunesse chez sa partenaire.

Critique :

La saison 3 débute par une adaptation bouleversant une nouvelle fois le roman originel. En effet le téléfilm ne conserve essentiellement que l’idée de l’hôtel fréquenté par Miss Marple quand elle était enfant, et dissimulant aujourd’hui un sinistre secret. Mais la nature de la conspiration se voit totalement changée, tandis que nombre de nouveaux personnages remplacent ceux du livre. Toutefois le résultat de cette relecture va s’avérer tenir parfaitement la route. Ainsi les souvenirs de Miss Marple s’insèrent d’autant plus harmonieusement que la série a eu régulièrement recours à de telles séquences par le passé. Par ailleurs le focus désormais davantage porté sur le personnel de l’établissement (et non seulement sur la clientèle) nous vaut des portraits pertinents et une ambiance moins pastel que dans le roman. De même la conclusion apparaît plus sombre mais aussi plus marquante que l’initiale,

La distribution se montre comme à l’accoutumée de grande qualité. Elle bénéficie de plus de la présence de la formidable Francesca Annis, avec l’amusement supplémentaire de retrouver ainsi celle qui incarna une mémorable Tuppence Beresford dans les années 80. Cela reste toujours un plaisir que d’également retrouver Peter Davison, même si sa présence se limite ici à une courte apparition. A défaut de réellement crever l’écran, Martine McCutcheon se montre convaincante dans le rôle central de Jane et son duo fonctionne idéalement avec une McEwan toujours aussi à l’aise dans son incarnation d’une Miss Marple très tonique. Son tandem avec l’Inspecteur Bird apporte également de l’allant au déroulement de l’action. Les très beux décors reconstituent fidèlement l’ambiance de palace désuet, quasi hors d’âge, de l’Hôtel Beltram. Malgré quelques scènes mélodramatiques, l’ambiance demeure davantage encline à la nostalgie et à une certaine mélancolie du temps qui passe, apportant sa spécificité à cette adaptation réussie à défaut d’être fidèle. 

Anecdotes :

Diffusé le 23 septembre 2007, l’épisode est adapté du roman éponyme, publié en novembre 1965. L’adaptation est très libre, changeant aussi bien les personnages que l’atmosphère ou la conclusion.

Francesca Annis (Lady Selina Hazy) est depuis les années 60 et sa première participation à la Royal Shakespeare Company, l’une des grandes figures du théâtre anglais. Elle y a notamment brillé à plusieurs reprises avec Ralph Fiennes, qui fut son compagnon du 1996 à 2005. Au cinéma elle a notamment été Jessica Atréides dans le Dune de David Lynch. Elle interprète également Tuppence Beresford dans la série Le crime est notre affaire (1983-1984).

Peter Davison (Hubert Curtain) a été le Cinquième Docteur dans la série Doctor Who, de 1981 à 1984.

Martine McCutcheon (Jane Cooper) est à la fois actrice, chanteuse et une animatrice de télévision. Elle fait actuellement partie des animatrices de Loose Women, talk-show à succès d’ITV.

Polesden Lacey représente l’hôtel. Située dans le Surrey, il s‘agit d’une grande demeure édouardienne servant régulièrement de décor aux productions britanniques. 

Saison 5 Présentation

Miss Marple (2004-2013) - Julia McKenzie

Saison 6


1. LE MAJOR PARLAIT TROP
(A CARIBBEAN MYSTERY)



Résumé :

Miss Marple se rend sur l’île tropicale de St Honoré, pour sa convalescence après une maladie. Elle séjourne à l’hôtel Golden Palms, qui abrite un petit groupe de touristes anglais et américains. Jane fait la connaissance de ces pittoresques personnages, dont le millionnaire Jason Rafiel et le très bavard Major Palgrave. Celui-ci révèle à Miss Marple qu’il possède la photographie d’un assassin, mais décède brusquement avant d’avoir pu la lui montrer. La cause semble être une crise cardiaque, mais Jane n’est pas dupe.

Critique :

La propension de la série à toujours particulièrement soigner sa mise en scène, notamment la musique et la photographie joue ici à plein lors de cet épisode rendu spécial par la délocalisation du tournage, bien loin de l’Angleterre. Non seulement l’exotisme s’avère pleinement de la partie, avec cette Afrique du Sud reconstituant sà merveille les Antilles (manchots mis à part), mais surtout la texture des images rend l’épisode très atmosphérique. Le spectateur s’assimile pleinement à ce petit groupe d’Anglais coupé d’Albion et immergés dans un univers étranger. Cela accroît encore la tension dramatique régnant au sein de ce micro univers du fait de la présence d’un assassin en son sein.

Malheureusement cette intéressante approche demeure seulement partielle, car le récit ne dépeint que superficiellement ses protagonistes, préférant se centrer sur la résolution de l’énigme proprement dite. Certes cet aspect résulte efficacement traité, avec une intrigue claire et narrée avec un vrai sens du rythme. Tout est davantage rondement mené que dans la version avec Joan Hickson, où l’on prenait davantage son temps avant de se jeter dans l’action. L’épisode demeure donc prenant, mais l’on peut regretter que la forte figure de Rafiel ne se voie mise en avant que sur le tard. La parenthèse Fleming paraît aussi amusante qu’anecdotique. Comme toujours la distribution se montre irréprochable et l’opus reste un bel exemple de la maîtrise formelle des séries ITV, aussi bien chez Poirot que chez Miss Marple.

Anecdotes :

  • Diffusé le 16 juin 2013, le téléfilm est adapté du roman éponyme, publié en novembre 1964.  Il lui reste globalement fidèle, hormis l’introduction en clin d’œil de l’auteur Ian Fleming et de l’ornithologue James Bond. Ce dernier, bien réel, va donner son nom au personnage que l’écrivain est sur le point de créer.

  • Il s’agit du dernier épisode de la série adaptant un roman de Miss Marple.

  • L’épisode fut en fait tourné à Le Cap, en Afrique du Sud. Les scènes de plage furent tournées à Boulders Beach.  Cette plage proche du Cap est réputée pour la présence de colonies de manchots, que des passerelles permettent d’observer dans leur habitat naturel.

  • Quand sa dépouille est découverte, Victoria est sur le dos et le poignard est planté dans son estomac. Quand on la revoit plus tard, elle est sur le ventre et le poignard est fiché dans son dos. 

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2. LE POLICEMAN VOUS DIT L'HEURE
(GREENSHAW'S FOLLY)

Résumé :

Miss Marple envoie Louisa Oxley, mère du jeune Archie, chez l’une de ses amies, l’excentrique Katherine Greenshaw. Celle-ci est la propriétaire de Greenshaw’s Folly, demeure au jardin labyrinthique et Louisa devient sa secrétaire. Mais le petit monde de Greenshaw’s Folly est soudainement secoué par plusieurs meurtres, dont celui de Katherine. Miss Marple intervient alors, afin de mener une nouvelle enquête complexe.

Critique :

De manière surprenante, ce téléfilm développé l’exact contrepoint du précédent, revêtant l’aspect d’un Agatha Christie davantage classique.  Contrairement à ce que montrait Le Major parlait trop, les personnages se voient ici extrêmement développés (le meurtre central n’intervient qu’à presque mi-parcours), ainsi qu’incarnés par d’excellents comédiens. Ils sont de plus structurés socialement, il ne s’agit pas d’un groupe formé au hasard d’un voyage, mais d’un micro univers familial. A l’exotisme extrême des (supposées) Caraïbes succède le décor aussi connu qu’apprécié des grandes demeures de la campagne anglaise. Ce contraste varie joliment le parcours de cette brève et ultime saison, tout en confirmant une plus grande variété des histoires qu’à l’époque McEwan.

Les deux épisodes se rejoignent néanmoins sur la qualité de leur mise en scène très atmosphérique, accompagnée par une subtile musique. Le développement de la donnée de départ assez maigre que représente l’unification de deux nouvelles à l’échelle d’un téléfilm donne clairement lieu à une tonalité de thriller quasi d’épouvante gothique, de manière très réussie dans sa première demi-heure. Le décor central de Greenshaw's Folly s’avère précieux à cet égard d’autant qu’il se constitue de plans filmés dans deux grandes demeures très différentes, ce qui rend bien compte du caractère hors normes de l’ouvrage. Malheureusement l’épisode présente le défaut de ses qualités : le caractère composite de son intrigue, ainsi que l’accent mis sur la psychologie des personnages, sacrifient quelque peu la clarté du scénario. Le dénouement résulte également assez soudain, Miss Marple donnant l’impression d’un peu trop sortir le nom du coupable de son chapeau, une conséquence là aussi du au manque de matière originelle du récit.

Anecdotes :

  • Diffusé le 23 juin 2013, le téléfilm est adapté de la nouvelle éponyme (1960) dans laquelle ne figure pas Miss Marple. Mais il incorpore également des éléments Le Pouce de saint Pierre (1928), incluse dans le recueil Miss Marple au Club du Mardi (1932). Le cœur de l’intrigue se voit préservé, mais l’histoire est considérablement rallongée.

  • Fiona Shaw (Miss Katherine Greenshaw) a interprété Father dans le film Chapeau melon et bottes de cuir (1998) et Pétunia Dursley dans la saga Harry Potter.

  • Greenshaw's Folly est représentée par des plans de Knebworth House et de Hatfield House, sites déjà vus au cours de la série.

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3. LA NUIT QUI NE FINIT PAS
(ENDLESS NIGHT)

Résumé :

Miss Marple fait la connaissance de Mike Rodgers, jeune homme rêvant d’édifier une grande qmaison sur le superbe lieu-dit de Gipsy’s Acre. Il peut accomplir cette ambition après avoir épousé la fortunée Ellie Goodman, mais une bohémienne l’avertit que l’endroit est maudit. Mike demeure sceptique, mais Jane ressent qu’un véritable danger plane sur la maison, après que soient survenus plusieurs étranges incidents. Ellie décède brusquement, dès lors Miss Marple va se confronter au mystère de Gipsy’s Acre.

Critique :

La série sacrifie malheureusement à la tradition de s’achever sur un épisode en dessous bien connue des amateurs de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Certes la reconstitution d’époque, la photographie et la mise en scène d’Endless Night demeurent conformes au standard très élevé de programme d’ITV. Outre l’aspect de film en costumes, tout à fait convaincant, la réalisation parvient à recréer l’ambiance entremêlée d’univers rustique et de menace surnaturelle constituant le grand atout d’un roman initial particulièrement atmosphérique. Le scénario ne permet toutefois pas de s’affranchir des quelques clichés relatifs aux Bohémiens. La musique semble également moins porteuse qu’à l’accoutumée, mais l’ensemble permet à la première demi-heure de susciter un véritable intérêt. La suite de l’épisode enthousiasme nettement moins. Ainsi la distribution s’avère moins relevée que de coutume malgré la sympathique présence d’une Glynis Barber toujours tonique.

Surtout, le talent toujours si perceptible de Julia McKenzie ne parvient pas à pallier aux criantes faiblesses de l’intégration de Miss Marple au texte originel ; Contrairement à d’autres épisodes antérieurs, celui-ci ne parvient jamais à donner l’impression que Jane serait nécessaire à la résolution de l’intrigue. Elle n’y participe quasiment que par des informations découvertes par hasard, et son explication finale sombre dans le mélodrame au lieu de détailler le processus du crime et sa propre réflexion. L’épisode reste aussi au milieu du gué en laissant à Michael Rogers, l’enquêteur du livre, le rôle du narrateur, ce qui ressemble fort à un aveu d’impuissance. On a aussi droit à une confrontation directe entre Miss Marple et l’assassin, ce qui ne correspond pas du tout à l’héroïne d’Agatha Christie. Le développement des autres personnages s’étale trop, au détriment de l’énigme et sans qu’ils soient rendus captivants pour autant.

Anecdotes :

  • Diffusé le 29 décembre 2013, le téléfilm est adapté du roman éponyme, publié en 1967. Miss Marple n’y figure pas et c’est Mike Rodgers qui en est le narrateur. Le scénario reste globalement fidèle au livre.

  • Glynis Barber (Cora Van Stuyvesant) a incarné le Sergent Détective Harriet Makepeace, co-protagoniste féminin de la série britannique Mission casse-cou (1984-1986).

  • Les scènes de rue ont été tournées à Dorchester on Thames, dans l’Oxfordshire. Cette ville est réputée pour ses nombreux monastères et son cachet moyenâgeux. Elle a également servi de décor à l’épisode Taken by the flood de Poirot.

  • Le roman a également été adapté au cinéma en 1972, avec une distribution comportant notamment Britt Ekland, George Sanders, Peter Bowles, Lois Maxwell, etc. Le film déplut à Agatha Christie, notamment du fait de quelques scènes dénudées de Britt Ekland, deux ans avant L’Homme au pistolet d’or.

  • La série connut une fin brutale quand la BBC parvint en 2014 à racheter l’ensemble des droits d’adaptation télévisuelle des œuvres d’Agatha Christie, mettant fin aux années de règne sans partage d’ITV (l’inégalable Poirot avec David Suchet s’est également achevé en novembre 2013).

  • En 2015, pour le 125ᵉ anniversaire de la naissance d’Agatha Christie, la BBC diffusa ainsi une nouvelle version d’Associés contre le Crime et une adaptation de Dix petits nègres. Une version de Témoin à charge en minisérie a également été diffusée en 2016. D’autres projets ont été annoncés, dont un A.B.C. contre Poirot, mais aucun ne concerne encore Miss Marple.

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Résumé :

Miss Marple passe quelques jours à Londres, dans le palace très luxueux et traditionnel qu’est l’Hôtel Beltram. Elle y retrouve de nombreux souvenirs, y ayant séjourné étant enfant. Une femme de chambre est retrouvée étranglée et Miss Marple va résoudre l’affaire en faire équipe avec une autre employée de l’établissement. Jane Cooper. Les deux femmes partagent le même prénom et Miss Marple retrouve volontiers sa jeunesse chez sa partenaire.

Critique :

La saison 3 débute par une adaptation bouleversant une nouvelle fois le roman originel. En effet le téléfilm ne conserve essentiellement que l’idée de l’hôtel fréquenté par Miss Marple quand elle était enfant, et dissimulant aujourd’hui un sinistre secret. Mais la nature de la conspiration se voit totalement changée, tandis que nombre de nouveaux personnages remplacent ceux du livre. Toutefois le résultat de cette relecture va s’avérer tenir parfaitement la route. Ainsi les souvenirs de Miss Marple s’insèrent d’autant plus harmonieusement que la série a eu régulièrement recours à de telles séquences par le passé. Par ailleurs le focus désormais davantage porté sur le personnel de l’établissement (et non seulement sur la clientèle) nous vaut des portraits pertinents et une ambiance moins pastel que dans le roman. De même la conclusion apparaît plus sombre mais aussi plus marquante que l’initiale,

La distribution se montre comme à l’accoutumée de grande qualité. Elle bénéficie de plus de la présence de la formidable Francesca Annis, avec l’amusement supplémentaire de retrouver ainsi celle qui incarna une mémorable Tuppence Beresford dans les années 80. Cela reste toujours un plaisir que d’également retrouver Peter Davison, même si sa présence se limite ici à une courte apparition. A défaut de réellement crever l’écran, Martine McCutcheon se montre convaincante dans le rôle central de Jane et son duo fonctionne idéalement avec une McEwan toujours aussi à l’aise dans son incarnation d’une Miss Marple très tonique. Son tandem avec l’Inspecteur Bird apporte également de l’allant au déroulement de l’action. Les très beux décors reconstituent fidèlement l’ambiance de palace désuet, quasi hors d’âge, de l’Hôtel Beltram. Malgré quelques scènes mélodramatiques, l’ambiance demeure davantage encline à la nostalgie et à une certaine mélancolie du temps qui passe, apportant sa spécificité à cette adaptation réussie à défaut d’être fidèle. 

Anecdotes :

Diffusé le 23 septembre 2007, l’épisode est adapté du roman éponyme, publié en novembre 1965. L’adaptation est très libre, changeant aussi bien les personnages que l’atmosphère ou la conclusion.

Francesca Annis (Lady Selina Hazy) est depuis les années 60 et sa première participation à la Royal Shakespeare Company, l’une des grandes figures du théâtre anglais. Elle y a notamment brillé à plusieurs reprises avec Ralph Fiennes, qui fut son compagnon du 1996 à 2005. Au cinéma elle a notamment été Jessica Atréides dans le Dune de David Lynch. Elle interprète également Tuppence Beresford dans la série Le crime est notre affaire (1983-1984).

Peter Davison (Hubert Curtain) a été le Cinquième Docteur dans la série Doctor Who, de 1981 à 1984.

Martine McCutcheon (Jane Cooper) est à la fois actrice, chanteuse et une animatrice de télévision. Elle fait actuellement partie des animatrices de Loose Women, talk-show à succès d’ITV.

Polesden Lacey représente l’hôtel. Située dans le Surrey, il s‘agit d’une grande demeure édouardienne servant régulièrement de décor aux productions britanniques. 

Saison 6Saison 1

Miss Marple (2004-2013) - Geraldine McEwan  / Julia McKenzie

Présentation



Présentation :

En 2004, vingt ans après le début de la série de la BBC avec Joan Hickson, ITV se lance à son tour dans l’aventure d’une adaptation des enquêtes de Miss Marple, incité par le succès d’un de ses programmes phares, l’Agatha Christie’s Poirot de David Suchet. L’action s’insère au début des années 50. Si la reconstitution historique et les localisations de tournage relèvent d’une même excellence, les deux séries consacrées à Jane Marple vont diverger sur plusieurs points essentiels. La distribution va ici faire appel à bien davantage de stars, avec entre autres, Joanna Lumley, Greta Scacchi, Ian Richardson, Derek Jacobi, Charles Dance, Timothy Dalton, Benedict Cumberbatch, Natalie Dormer, Joan Collins, ou encore Mark Gatiss, entre bien d’autres. 

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Par ailleurs, là où, le plus souvent, la BBC se montrait d’une adamantine fidélité à l’œuvre d’Agatha Christie, quitte à développer un rythme parfois lent de l’action et des épisodes très longs, ITV n’hésite pas dynamiser les intrigues (comme la protagoniste) et à les simplifier, jusqu’à les bouleverser. On atteint un sommet quand plusieurs opus adaptent des récits d’Agatha Christie où Miss Marple ne figure tout simplement pas ! La série n’ira pas jusqu’à phagocyter des ouvrages d’Hercule Poirot, mais récupérera des enquêtes menées par d’occasionnels protagonistes. Le roman Mon petit doigt m'a dit, mettant en scène Tommy et Tuppence Beresford, les Associés contre le crime, sera également repris. L’épisode verra le pétillant duo intervenir aux côtés de Miss Marple !

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De fait les deux programmes résultent complémentaires, car s’adressant à ds publics différents. La BBC se consacrait aux amateurs souvent passionnés de la Duchesse de la Mort, tandis qu’ITV se tourne vers les lecteurs occasionnels, voire les nouveaux venus. Telle quelle, la formule va connaître le succès et va perdurer jusqu’en 2013, totalisant six saisons et vingt-trois téléfilms. La série va même survivre à un changement d’interprète principale, la première actrice y incarnant Miss Marple, Geraldine McEwan, prenant sa retraite à l'issue de la saison 3. Elle sera remplacée par Julia McKenzie, là où Joan Hickson était demeurée seule figure de proue sur la BBC La production prend toutefois fin quand la BBC rachète les droits d’adaptation de Miss Marple, pour des projets encore non concrétisés à ce jour. 

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A Chicago, malgré le scepticisme de son rédacteur en chef et ami de longue date Tony Vincenzo, le journaliste Carl Kolchak s’acharne à enquêter sur des crimes aussi abominables que mystérieux, le plus souvent nocturnes. Surnommé le Guetteur de Nuit, Kolchak s’intéresse particulièrement aux meurtres relevant du Surnaturel, allant plus loin que ne le peut, ou ne le désire, aller la police de la ville. Celle-ci est représentée par le Capitaine Siska, souvent exaspéré par ce journaliste venant régulièrement perturber son travail, tandis que la Goule, employé de la morgue, s’avère un allié précieux. Mais Kolchak doit avant tout faire face aux monstres qu’il découvre au terme des pistes qu’il remonte avec une passion opiniâtre, encore et toujours en quête de la vérité.

Malgré l’aide de son appareil photo et de son magnétophone, Kolchak doit malgré tout souvent composer avec le manque de preuves matérielles. Adorant sa Ford Mustang jaune, New-yorkais jusqu’au bout des ongles, toujours vêtu en journaliste des années 50 et au faîte de toutes les ficelles de son métier, il forme également une figure pittoresque de son agence d’informations, l’Independant News Service. Lié d’amitié avec Miss Emily Cowles, en charge du courrier des lecteurs, son mépris des conventions sociales et des puissants lui vaut par contre l’hostilité du chroniqueur mondain Ron Updyke. Malgré ses sonores colères devant les théories farfelues avancées par Kolchak, Tony Vincenzo, grande gueule sympathique, lui maintient son amitié et le laisse œuvrer à sa guise, tout au long de ses périlleuses enquêtes hors normes menées au cœur de la nuit de Chicago.