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Maigret (Bruno Cremer)

Volume 4


PRÉSENTATION VOLUME 4

Ce volume poursuit la lente transformation de la série. Originellement noire et poisseuse, très fidèle à l’esprit originel des romans de Simenon, peu à peu, le besoin de modernisation par la production se fait sentir. L’adaptation de nouvelles permet aux scénaristes de prendre de nombreuses libertés et de proposer un programme davantage grand public, moins sombre et plus chaleureux. Les épisodes se montrent sous un jour plus léger, humoristique, mais la série perd peu à peu de sa saveur. Le temps des grands épisodes est malheureusement passé.

S’il est encore possible de dénicher de véritables petites perles dans ce volume, l’ensemble s’est un peu affadi et manque de piquants. Moins de grands comédiens pour affronter un Bruno Cremer qui commence à s’affaiblir. La maladie le guette, il prend au poids au fil des épisodes et son jeu semble parfois plus relâché. 

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1. MAIGRET ET L’ENFANT DE CHŒUR

Première diffusion : 3 octobre 1997

D’après Le témoignage de l’enfant de chœur (1946) – Nouvelle

Scénario : Dominique Roulet et Pierre Granier-Deferre

Réalisation : Pierre Granier-Deferre

Interprétation : Stanislas Crevillen (Etienne), Anne Roussel (Hélène), Ginette Garcin (Denise), Jacqueline Jehanneuf (Marthe), Sylvie Granotier (Mme Dupin-Duclos), Roger Dumas (M. Dupin-Duclos), Jean Martin (le juge Mézières), Philippe Duclos (Thiberge), Steve Kalfa (Castagnet), André Penvern (Luchard), Jacques Goasguen (le curé)

Résumé : Dans une petite ville de l’Est de la France, le jeune Etienne, enfant de chœur sur le chemin de l’église, découvre un cadavre et de celui qu’il décrit au commissaire comme étant l’assassin, un homme aux yeux noirs. Malheureusement, depuis, aucune trace du corps. Maigret, sceptique, décide d’enquêter malgré tout sur la base de ce témoignage, sujet à caution.

Critique :

Episode sympathique que ce Maigre et l’enfant de chœur, qui se déroule au rythme tranquille d’une petite ville de province.

L’intrigue sert ici de prétexte à la description du microcosme d’une rue, arpentée en long et en large par un Maigret qui aimerait croire cet enfant mais que pratiquement tout le monde décrit comme un menteur. Le scénario évoque le roman Monsieur Galet décédé sans en avoir les malicieuses descriptions et adapte très librement une petite nouvelle fort simple. Il permet aux comédiens du jour de proposer une succession de duos, voire de duels, entre eux et Bruno Cremer. Dans une étude psychologique assez poussée, le film dresse le portrait des besogneux, des bourgeois, des riches et des « entre-deux ». Le commissaire tâche de ne pas prendre partie, au moins au début. Mais, peu à peu, des sympathies inattendues pointent pour certains de ces suspects, pleines de compréhension et de tendresse. 

Bruno Cremer excelle réellement dans le rôle et ne s’en est pas encore lassé comme ce sera par la suite. Il paraît prendre sous son aile le petit Stanislas Crevillen, le mettant en valeur avec sympathie et bonhommie. Celui-ci joue particulièrement bien, ce qui reste rare pour les enfants, très juste et fin. A nouveau, le reste de la distribution est impeccable, point fort de l’épisode. Les épisodes de Maigret mettant en scène des enfants sont généralement très réussis. Dans ce registre, il convient de signaler les futurs Maigret à l’école et Maigret (2002) et les sept petites croix (2005). Dans chacune de ces histoires, la relation qu’entretiennent le commissaire et le petit, est particulièrement tendre.

Il est cependant regrettable que la résolution de l’affaire soit pratiquement éventée dès les premières minutes de l’épisode, faute à un procédé de montage stupide consistant à montrer le regard de l’assassin. Au cinéma, à la télévision, au théâtre, il n’est rien de plus évocateur que les yeux d’un acteur, qui véhicule autant d’émotions qu’il le souhaite par un simple regard. Si l’image reste ici fugace, elle est suffisamment évocatrice pour nous permettre d’identifier le meurtrier à la première vision de celui-ci.

Si l’histoire se délaye un peu trop, faute à un format originel trop court, ce Témoignage de l’enfant de chœur demeure un épisode attachant, bien réalisé, tout en se limitant à un minimum de décor et de personnages. Economique, précis, l’épisode offre, de plus, une jolie évocation de l’enfance du commissaire, par petites touches plaisantes

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Distribution :

  • Stanislas Forlani Crevillen : Né en 1982, ce comédien spécialiste de doublage, débute très jeune sa carrière en 1991 avec Génial mes parents divorcent, en 1991, dans le rôle de Nestor. On le voit grandir à la télévision dans Julie Lescaut, les Cordier, l’Instit, Famille d’accueil, ou Joséphine Ange gardien. Au cinéma, il évolue chez Michel Blanc : Mauvaise passe, ou Francis Veber : le Placard. Il est la voix régulière de Darren Criss dans Glee.

  • Anne Roussel : Née en 1960, cette comédienne de théâtre et de cinéma est apparue dans les marmottes et les truffes. Elle joue au théâtre dans Shakespeare, Assous, ou Kafka. Elle campe le personnage régulier de Gabrielle Peyrac dans Equipe médicale d’urgence.

  • Ginette Garcin : (1928-2010) Elle débute sa carrière dans l’opérette Avec le soleil, en 1942. Première interprète de Bobby Lapointe et de Jean Yanne, elle débute au cinéma dans les années 70. Elle tourne pour Audiard, Lelouch, Yanne, Boisset et Tachella. Elle obtient un gros succès à la télévision dans Marc et Sophie. Auteur de la pièce le Clan des veuves¸ elle y obtient un énorme succès en compagnie de Jackie Sardou. De 2001 à sa mort en 2010, elle joue dans Famille d’accueil, et on la voit encore dans la Beuze ou les Dalton. Elle décède d’un cancer du colon, quelques jours après avoir terminé le tournage de son ultime épisode de Famille d’accueil.

  • Sylvie Granotier : Née en 1951 à Alger, cette comédienne joue depuis les années 80 au cinéma et à la télévision, chez Leconte, Corneau ou Jugnot. Elle joue depuis 2016 dans Baron noir. Elle est également un auteur reconnu de romans policiers (Mort sans lendemain, Dodo, Double je, la Rigole du diable) et une traductrice de romans de langue anglaise.

  • Roger Dumas : Né en 1932, il joue principalement au théâtre à ses débuts, chez Hossein et Michel de Ré. Mais on le voit également au cinéma dans un très grand nombre de seconds rôles prestigieux, aux côtés de Belmondo ou De Funès, dans l’homme de Rio et Pouic-Pouic. Il joue régulièrement pour Chabrol comme pour Assayas, Denys de la Patellière ou Claude Berri. Il joue aux côtés de Raymond Souplex dans les cinq dernières minutes en 1962, ou dans Navarro, Julie Lescaut. Auteur de chansons avec Jean-Jacques Debout, il est notamment l’auteur des paroles du générique de Capitaine Flam et a régulièrement composé pour Chantal Goya et Sylvie Vartan.

  • Jean Martin : (1922-2009) Il débute au théâtre dans des créations de Beckett, Adamov et Ionesco. Il crée le personnage de Lucky dans En attendant Godot en 1953. Il trouve son premier rôle au cinéma en 1942 dans l’adaptation du roman de Maigret Cécile est morte de Jean Delanoy, dans le petit rôle du garçon d’étage. Son rôle le plus important est dans la bataille d’Alger. Inquiétant grand maître dans le feuilleton fantastique les Compagnons de Baal en 1968, il participe à l’émission pour enfants Récré A2 dans les années 80. Il est la voix de l’Oiseau dans le roi et l’oiseau.

  • Philippe Duclos : Comédien français, il débute par le Cours Florent et travaille avec Daniel Mesguich. On le voit dans De gré ou de force, et dans le rôle récurrent du juge d’instruction de la série télévisée Engrenages depuis 2005. Il joue au théâtre chez Shakespeare, Bergman, Marivaux, Sartre ou Duras.

  • André Penvern : Né en 1947, il joue au cinéma pour les plus grands réalisateurs, Chabrol, Cayatte, Preminger, Oury, Frankesnheimer ou Polansky. Il interprète, de 1982 à 1989 le rôle de l’inspecteur Castaing dans les enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard. 

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2. MAIGRET ET LE LIBERTY BAR

Première diffusion : 17 octobre 1997

D’après Liberty bar (1932) – Roman

Scénario : Bernard Marié

Réalisation : Michel Favart

Interprétation : Pascale Roberts (Mado), Marina Golovine (Sylvie), Françoise Christophe (Madame Martini), Jeanne Goupil (Gina Martini), Philippe Uchan (Boutigues), Eric Boucher (Joseph), Gavin Van Den Berg (Harry Brown), Graham Clarke (Yann), Pascal Leclair (un gardien de la paix), Nigel Kent (le chauffeur de taxi)

Résumé : Côte d’Azur. William Brown, riche Australien, est poignardé et revient mourir à sa villa. Les deux femmes avec qui il vit, tentent de s’enfuir mais leur voiture a un accident. Incarcérées, elles attendent la venue de Maigret, venu prêter main forte à l’inspecteur Boutigues, dépassé par la situation. 

Critique :

Les Maigret se suivent et ne se ressemblent pas. Voici une histoire de femmes, de jalousie, de vengeance, de sexe et de passion dévorante.

Maigret et le Liberty Bar est un des épisodes les plus sordides de la série, plein d’une noirceur savamment distillée au cœur de rencontres « simenonienne » et de personnages désespérés, accrochés au crépuscule de leur existence. La peinture sociale est au vitriol et nul ne sera épargné. Petites gens, fausses bourgeoises et réussite à l’américaine. L’argent détruit le cœur de l’homme, pourrit son âme et le pousse au vice : telle pourrait être la morale de cette histoire qui ne débute pas sous les meilleurs auspices. La scène d’introduction est étrange, on n’y comprend pas grand-chose. Est-ce le montage ou tout simplement la direction d’acteur qui pèche ? Deux femmes sont en fuite d’on ne sait quoi, frivoles d’apparence, fragiles psychologiquement comprend-on rapidement. Mais elles ne sont absolument pas crédibles dans leur rôle, surjouent abondamment et la scène de leur accident est risible.

Que vient donc faire Maigret dans cette affaire ? Débarquant d’un magnifique avion à hélice, on le découvre tout sourire sous le soleil des cigales. Il déchante bien vite en découvrant celui qui se révélera son nouvel assistant, du moins pour cette affaire : l’inspecteur Boutigues. Ridicule, idiot, heureusement qu’il aime la vie, cela procure au moins quelques bons moments en sa compagnie, notamment l’apéritif partagé avec le commissaire, d’autant plus que le personnage est bien interprété. 

Si les autres comédiens ne sont guère remarquables, Pascale Robert, en revanche, illumine l’épisode, par un jeu complexe, déclinaison subtile d’une femme épuisée, malade, au bout du rouleau, tentant malgré tout de faire bonne figure. L’attachement que Maigret éprouve à son égard est tellement bien écrit et joué que nous le partageons aussitôt. Tendre, pathétique, lâche, à la fois séduisante et repoussante, Mado est une figure typique des Maigret, de ces Madones brisées par la vie et par les hommes. Prisonnière de ses fantômes, elle se réfugie dans l’alcool car elle ne sait plus rien faire d’autre, ni penser, ni aimer, ni haïr. Profitons-en, nous n’en reverrons pas de sitôt.

Mais ce Liberty Bar n’est pourtant pas très palpitant. Ce lourd soleil amoindrit tous les effets de noirceurs amorcés dans l’introduction pour proposer une ballade dans le Sud de la France. Comment se passionner pour une victime dont on ne sait rien ? Rarement la personnification du mort aura été aussi pauvre et hormis le chassé croisé entre les quatre femmes « du mort » présente un peu de piquant. Le doublage des comédiens étrangers est, une fois encore, particulièrement raté.

La série amorce, lentement, son déclin, déclin dont elle se remettra, mais nous n’y sommes pas encore…

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Distribution :

  • Pascale Roberts : Née en 1933, elle joue aussi bien au théâtre, à la télévision ou au cinéma. On la voit devant la caméra de Christian-Jaque, Yves Allégret, Marc Berthomieu, Jean Giraut, Philippe de Broca, Jean-Loup Hubert, Jean-Pierre Mocky ou Max Pécas. Figure régulière du cinéma de Robert Guédiguian, elle trouve son rôle le plus célèbre en 1974 dans Dupont-Lajoie, d’Yves Boisset, aux côtés de Jean Carmet. Après une trentaine de téléfilms et apparitions dans des séries, elle joue, de 2008 à 2015, le rôle régulier de Wanda Legendre dans Plus belle la vie.

  • Marina Golovine : Née en 1976, cette comédienne est l’arrière-petite-fille de Michel Simon. Elle joue au cinéma chez Goretta ou Chéreau et à la télévision sous la direction de José Pinheiro.

  • Françoise Christophe : (1923-2012) Elle suit les cours de René Simon puis de Lucien Nat et entre en 1941 au Conservatoire où elle obtient un second prix de comédie. Elle joue chez Henri Decoin et dans Fantomas en 1946. Elle retrouve cet univers en 1967 dans Fantomas contre Scotland Yard avec Jean Marais et Louis de Funès. Pensionnaire de la Comédie Française, elle y joue Musset, Giraudoux, Molière et Rostand. Elle était déjà apparue dans l’univers de Maigret avec Un échec de Maigret, avec Jean Richard, en 1987.

  • Jeanne Goupil : Née en 1950, cette comédienne de télévision et de cinéma débute en 1970 dans Mais ne nous délivrez pas du mal, premier long métrage de Joël Séria dont elle partage la vie. Elle tourne encore pour lui les Galettes de Pont-Aven, avec Jean-Pierre Marielle et Claude Piéplu. Elle également artiste peintre sous le nom de Jeanne K. Lichtlé.

  • Philippe Uchan : Né en 1962, Uchan est un acteur, metteur en scène et chanteur français. Après un passage au Conservatoire de Toulouse, il monte à Paris pour suivre les cours du Cours Florent et entre au Conservatoire national d’art dramatique en 1985, en compagnie de Denys Podalydès. Au théâtre, il a joué Molière, Hugo, Giraudoux, Marivaux sous la direction de Jean-Luc Tardieu ou Pierre Mondy. Grâce à Yves Robert, il obtient le César du meilleur espoir masculin en 1990 pour le rôle de Bouzigue (sic !) dans le Château de ma mère. Depuis, il tourne régulièrement pour Albert Dupontel et Bruno Podalydès.

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Anecdotes :

  • L’épisode a été tourné en Afrique du Sud.

  • Bruno Cremer, sans doute malade pendant le tournage, apparaît parfois fatigué, bouffi et sa prise de poids est manifeste. 

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3. MAIGRET ET L’IMPROBABLE MONSIEUR OWEN

Première diffusion : 12 décembre 1997

D’après L’improbable monsieur Owen (1938) – Nouvelle

Scénario : Virginie Brac

Réalisation : Pierre Koralnik

Interprétation : Arielle Dombasle (Mylène Turner), Bernard Haller (Monsieur Louis), Camille Japy (Germaine), Michel Voïta (Schaft), Eric Petitjean (l'inspecteur Gimello), Joào Lagarto (Niklos), Bruno Slagmulder (Roger), François d'Artemare (Owen), Filipe Ferrer (l'antiquaire), Isabel Ruth (la femme de chambre), Luisa Barbosa (la vieille femme), Ricardo Carriço (le plagiste), Joao Bras (l'inspecteur adjoint), José Manuel Mendes (le commissaire-priseur), David Costa (le jeune chasseur)

Résumé : Maigret, en vacances sur la Côte d'Azur dans l'hôtel d'un ancien informateur est contraint d'enquêter sur le meurtre étrange d'un client de l'hôtel, l'étrange monsieur Owen. Près du corps, retrouvé dans sa baignoire, se trouve également le cadavre du chien d'une starlette, Mylène Turner, que tout semble accabler....

Critique :

Maigret chez Agatha Christie ou comment Maigret se prend pour Hercule Poirot !

L’adaptation d’une nouvelle prouve une nouvelle fois la faiblesse de ce genre de procédé. Rallonger une intrigue initialement conçue pour être brève par un conteur du talent de Simenon relève de la gageure et il faut être un sacré bon scénariste pour s’en sortir. Ici, Virginie Brac échoue totalement à l’exercice. Scénario inepte, interprétation insipide, clichés abondants, tout concourt à un ratage complet et à un naufrage inévitable.

Et pourtant… Et pourtant, il est difficile de détester d’emblée cet O.V.N.I. dans l’univers de Maigret, cet épisode si incongru, totalement hors continuité, où Maigret s’insinue dans un univers qui n’est pas le sien. Cette affaire porte toutes les marques d’un polar british classique, fait d’éclats, de strass et de paillette. Un hôtel bondé, une star finissante, des amants dans tous les sens, un trafic d’œuvres d’art, tout va y passer. Jusqu’à Maigret lui-même qui, à l’instar d’Hercule Poirot, séjourne en vacances dans cet hôtel – superbe incongruité quand on connaît le personnage – et, comme par hasard, un meurtre est commis. Ce n’est pas de chance, tout de même. Mais, en cela, l’épisode ne fait qu’adapter la nouvelle de Simenon qui s’était sans doute essayé à l’exercice de style. 

Cette étrangeté sied donc à un épisode à part, porté par de très amusantes séquences et de bons comédiens pour la plupart. Arielle Dombasle est aussi insupportable que son personnage mais Bernard Haller est particulièrement savoureux. Il est plaisant de voir un Maigret papillonner un peu partout comme un gamin avec son ami Louis, humer l’air comme un chien de chasse pour chercher des indices, se lier d’amitié avec un masseur aveugle – leurs scènes comptent parmi les meilleurs moments de toute la série – et il est certain que l’on passe de bons moments.

Mais il est difficile de s’affranchir une certaine impression de vide, que tout cela est un peu vain et ne mène nulle part. L’intrigue est tirée par les cheveux et ce personnage d’Owen extrêmement peu crédible. Les cadavres déguisés font rarement de bons cadavres. Les faux-semblants se multiplient, les révélations absurdes s’en suivent et la cohérence n’est que rarement au rendez-vous. Pas de surprise, pas de grandes révélations et une histoire qui se suit, simplement, au gré des promenades de Maigret au bord de l’eau.

S’il fait clairement partie des Maigret inférieurs, l’improbable monsieur Owen se regarde pourtant avec amusement et une certaine tendresse pour ce qui ressemble à une parenthèse – presque – enchantée pour notre commissaire préféré. 

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Distribution :

  • Arielle Dombasle : Actrice, chanteuse, scénariste et réalisatrice franco-américaine née en 1953 aux Etats-Unis. Elle se fait connaître auprès du public grâce aux films d’Eric Rohmer (Perceval le Gallois, Pauline à la plage) et pour nombre de réalisateurs prestigieux comme Polanski, Khan, Malkovitch, Houellebecq, Mocky ou Zidi. Elle réalise en 1982 un premier film Chassé croisé, puis les Pyramides bleues en 1988 et Opium en 2013. On la voit occasionnellement au théâtre depuis les années 80. Soin mari, Bernard-Henri Lévy la met en scène aux côtés d’Alain Delon en 1996 dans le jour et la nuit, film qui est un désastre critique, artistique et commercial. En 2013, elle enregistre un album avec le groupe Era.

  • Bernard Haller : (1933-2009) Humoriste et acteur Suisse, Bernard Haller débute en 1955 à Genève avant de monter à Paris. Il se spécialise dans le cabaret. Il participe à la première tournée de Sheila et se fait remarquer par Pierre Fresnay en 1971. Au théâtre il joue chez Savary et dans ses propres spectacles. Il apparaît occasionnellement au cinéma et dans quelques téléfilms.

  • Camille Japy : Actrice française née en 1968, elle joue les classiques au théâtre (Molière, Racine)  ou les modernes (Ibsen). On la voit à la télévision surtout à partir des années 2010 (Deux flics sur les docks, Mongeville) et tourne avec éclectisme pour le cinéma (Ozon, Klapishc, Schmitt, Schoendoerffer).

  • Michel Voïta : Comédien Suisse, né en 1957, il est principalement connu pour avoir joué un des rôles principaux de la série R.I.S. de 2011 à 2013, après être apparu à l’occasion d’un épisode des Cordier, Zodiaque, Julie Lescaut, Joséphine ange gardien, etc.

  • Joào Lagarto : Né en 1958, ce comédien portugais a joué dans un très grand nombre de télénovelas à succès portugaises (Polmicias, Terra Maë, Bastidores, Furia de Viver, Baia Das Mulheres, Lusitana Paixao, Santa Barbara). Figure régulière du petit écran portugais, on le voit également dans un épisode de Novaceck et quelques séries étrangères. Parfaitement bilingue, il joue à l’occasion en France comme le prouve encore récemment sa participation à Benoît Brisefer : les taxis rouges en 2014.

  • Bruno Slagmulder : Né en 1967, ce comédien français s’est surtout illustré à la télévision (Les Cordier, l’affaire Dominici, le juge est une femme, Joséphien ange gardien, les Petits meurtres d’Agatha Christie, Camping paradis). 

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Anecdotes :

  • L’épisode a été tourné au Portugal 

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4. MAIGRET ET L’INSPECTEUR CADAVRE

Première diffusion : 9 janvier 1998

D’après L’inspecteur Cadavre (1943) – Roman

Scénario : Catherine Ramberg, Pierre Joassin

Réalisation : Pierre Joassin

Interprétation : Jacques Boudet (Cavre), Nade Dieu (Geneviève Naud), Jean-Pierre Moulin (Etienne Naud), Philippe Bas (Louis), Renaud Verley (Alban Groult-Cotelle), Axelle Abbadie (Louise), Claire Wauthion (Mme Groult-Cotelle), Nadia Barentin (la postière Gilberte ), Gabriel Cattand (le chef de cabinet), Raymond Pradel (le chauffeur de taxi), Jo Rensonnet (Désiré), Gaëtan Wenders (Edouard Govaert), André Debaar (docteur Petit), Valérie Coton (la bonne), Christophe Sermet (Albert), Nicole Madinier (la mère de Louis), Marie-Rose Meysmans (Mme Retailleau), Christophe Sermet (Albert Retailleau)

Résumé :  Un haut fonctionnaire du Ministère de la Justice demande à Maigret de venir en aide à son beau-frère, Etienne Naud, résidant en Belgique. Celui-ci est accusé par la rumeur publique d’avoir assassiné un jeune homme de la région, Albert Retailleau. Dans le train qui l’emmène sur place, Maigret croise une vieille connaissance, autrefois inspecteur à Paris, un certain Cavre, qui l’évite comme la peste. Une fois arrivé, Maigret surprend d’étranges va-et-vient de la fille de Naud, la nuit venue et à chaque témoin qu’il interroge, il se heurte à une inexplicable réticence. « L’inspecteur Cadavre » est déjà passé avant lui…

Critique :

L’inspecteur Cadavre fait partie de ces épisodes délicieux, à « l’ancienne », digne de la première période de la série. Une affaire trouble, nébuleuse, campagnarde à souhait dans laquelle Maigret s’ébat a     vec légèreté. Plus que jamais fin limier, le commissaire se meut dans une foule de personnages étranges, tous suspects à ses yeux.

Tout le monde ment, tout le monde joue sur des faux semblants, qu’il s’agisse des notables exécrables ou des petites gens peu reluisantes. Toutes sont liées à cet « inspecteur Cadavre » que l’on voit au final assez peu dans le métrage. Mais chacune de ses apparitions, magnifiées par le remarquable Jacques Boudet, met irrésistiblement mal à l’aise. Répugnant, repoussant, rien en lui n’attire la sympathie. Et pourtant, lorsqu’il rend Maigret responsable de tous ces mots, le personnage apparaît presque touchant. La très belle scène d’affrontement entre les deux hommes dans la chambre d’hôtel est superbe à bien des égards. Cremer excelle dans l’art de la retenue, dans le personnage qui aimerait donner une correction à ce minable, et Boudet est exaspérant à souhait. 

Au milieu des magnifiques décors belges, l’intrigue prend place peu à peu, au gré de la nuit et de la brume, très bien utilisés pour renforcer l’atmosphère de mystère un rien malsaine qui se dégagent de certaines scènes. Les escapades nocturnes de la petite Geneviève intriguent, mettent mal à l’aise et il faudra toute la compréhension, le tact et la délicatesse de Maigret pour venir en aide à la petite, perdue, exploitée, aux mains d’un autre personnage au moins aussi répugnant que Cavre : Groult-Cotelle. Le mépris qu’éprouve Maigret à son égard est salutaire et on est heureux, à la fin de l’épisode, de le voir quitter cette maison poisseuse, étouffante, après avoir, une fois n’est pas coutume, épargné la prison au criminel.

Episode très plaisant, Maigret et l’inspecteur Cadavre est, une fois de plus, une belle réussite. 

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Distribution :

  • Jacques Boudet : Acteur français né à Paris en 1939, il œuvre principalement sur les planches (Pinget, Shakespeare, Brecht, Pagnol, Labiche, Pinter, etc.) et connaît un très grand succès dans les années 80 pour Raymond Queneau. S’il travaille pour des réalisateurs prestigieux (Besson, Tavernier, Blier…), il faut attendre Robert Guédiguian pour qu’il accède enfin à la notoriété, avec qui il tourne presqu’à chaque film. Il a joué un rôle récurrent dans Plus belle la vie de 2011 à 2012. Il revient en 2001 dans la série pour Maigret et la fenêtre ouverte.

  • Nade Dieu : Née en 1970, cette comédienne Belge tourne pour Godard Notre musique en 2004, Jacquoulot dans Barrages en 2005. De 2009 à 2014, elle tient le rôle récurrent de Marie Germain dans Un village français.

  • Jean-Pierre Moulin : Comédien français né en 1933 au Mans, il œuvre sur les planches et tient quelques petits rôles au cinéma. Mais il est surtout connu comme comédien de doublage. En plus de doubler nombre d’acteurs tchèques des Maigret, il est la voix régulière de Jack Nicholson et d’Anthony Hopkins.

  • Philippe Bas : Ancien du Cours Florent, ce touche à tout alterne télévision et cinéma avec élégance. On le voit dans Julie Lescaut, les Cordier, Boulevard du Palais et tient le rôle principal dans l’éphémère série Greco. On le voit au cinéma dans l’Empire des loups aux côtés de Jean Reno. Depuis 2012 incarne le rôle principal de la série Profilages.

  • Axelle Abbadie : Née à Alger en 1951, elle se distingue tout d’abord dans la danse classique de 1961 à 1967 où elle intègre l’opéra de Paris comme « sujette », avant d’opter pour une carrière dramatique. Elève de René Simon puis de Robert Manuel, elle joue au théâtre depuis les années 70, alternant boulevard et classique, dans des rôles de bourgeoises dures et intolérantes. Entre 2013 et 2014, on la voit à la télévision dans Famille d’accueil.

  • Nadia Barentin : (1936-2011) Au théâtre elle travaille pour de grands metteur-en-scènes, comme Raymond Rouleau et interprète les grands auteurs (Aymé, Brecht, Obaldia, Anouilh, Dubillard, Grumberg, etc.) et reçoit en 1979 le prix de la meilleure comédienne par le Syndicat de la critique dramatique pour son rôle dans la maison des cœurs brisés de Shaw. Au cinéma, elle retrouve régulièrement le Splendid et Victor Lanoux dans Louis la Brocante.

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Anecdotes :

  • Une note d’hôtel nous apprend que nous sommes en 1955.

  • L’épisode a été tourné en Belgique, dans les communes de Rebecq, Rixensart, La Hulpe et Viroinval en Belgique.

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5. MADAME QUATRE ET SES ENFANTS

Première diffusion : 16 janvier 1999

D’après Madame Quatre et ses enfants (1945) – Nouvelle

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Dominique Roulet

Réalisation : Philippe Bérenger

Interprétation : Marianne Basler (Mme Quatre), Claude Duparfait (Lagarde), Sacha Briquet (le militaire retraité), Christian Morin (Vaimber), Delphine Zentout ( Mathilde), Hélène Babu (Janine), Kevin Goffette (Jean-Claude), Antoine Du Merle (Jean-Jacques), Tomas Hanak (Riom), Yvette Petit (Raymonde), Jacky Nercessian (Heurtebise), Georges Neri (l'homme provincial), Lucette Raillat (La femme de 65 ans), Jean Pommier (le docteur Bérenger), Nina Diviskova (la femme du militaire), Ewan Mc Laren (Berthier), Milan Gargula (Mariani)

Résumé : Une jeune femme se rend au bureau du commissaire Vaimber : elle a découvert chez elle, dans la serre, le cadavre d’une femme et elle accuse son mari d’être l’assassin. Le mari reste introuvable. Vaimber s’apprêtait à partir en vacances en compagnie de son épouse et de ses cousins : le couple Maigret. Maigret, peu emballé par ces vacances, lui propose d'enquêter discrètement, sous une fausse identité, dans la pension de famille qu'occupe cette femme, que tous les pensionnaires surnomment "Madame Quatre", car elle occupe la chambre numéro 4. Sur place, Maigret commence à se demander si la jeune femme ne serait pas mythomane...

Critique :

Cet épisode réussit là où bien d’autres épisodes, avant lui, se sont cassés les dents, à savoir l’exploitation d’un même lieu, pratiquement unique, pour nous plonger dans une passionnante intrigue policière. Et s’il réussit non seulement cela, il parvient qui plus est à faire mentir la mauvaise réputation qu’ont, à mes yeux, les adaptations de nouvelles dans Maigret. Il s’agit, loin sans faux, de la meilleure d’entre elle et se paie même la gageure de ne pas avoir le commissaire dans son texte originel.

Drôle d’idée vraiment que d’adapter une histoire de Simenon sans Maigret dedans ! Comme s’il n’y avait pas assez d’histoires intéressantes à mettre en scène. Et pourtant, vraiment, quel bel épisode. D’abord léger, souvent drôle, il se fait macabre puis tout à fait sordide dans sa dernière partie. Cette bascule vers le « noir » et l’horreur est remarquable, preuve d’un scénario habile, écrit de main de maître et servi par d’excellents dialogues. L’exploitation parfaite d’un décor purement idéal contribue largement à la réussite de l’épisode, servi par une interprétation au cordeau. Bruno Cremer paraît comme un poisson dans l’eau dans cette pension de famille où il tente de démêler le vrai du faux, par petites touches, en humant l’air comme à son habitude. 

On se prend à son jeu, savoir si Madame Quatre est une affabulatrice ou une femme réellement en danger. On se prend à détester ses petits monstres tout en leur trouvant un certain attachement. Les personnages sont écrits avec une grande finesse, leur caractérisation est puissante et tous sont parfaitement crédibles. Une belle diversité sociale se retrouve dans le film et Maigret laisse transparaître sa tendresse pour les bonnes de la pension, sans se douter tout à fait du rôle crucial que l’une d’elle sera appelée à jouer dans le final.

Par ailleurs, les quelques scènes montrant Maigret, aux côtés du subtil Christian Morin, fuyant les obligations familiales, font partie des plus savoureuses de toute la série.

Sans aucun doute le meilleur épisode de ce coffret, probablement le meilleur de cette fin des années 90.

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Distribution :

  • Claude Duparfait est un acteur français, issu du Théâtre national de Chaillot et formé au conservatoire. Il fait partie de la troupe permanente du Théâtre national de Strasbourg de 2001 à 2005. Professeur de comédie, metteur en scène, il ne joue pratiquement qu’au théâtre pour Ibsen, Tchekhov ou Shakespeare.

  • Sacha Briquet : (1930-2010) Grand ami de Marlène Dietrich, ce comédien est surtout connu pour son rôle de Monsieur Traveling dans l’île aux enfants. Il a joué de petits rôles dans près d’une centaine de films et téléfilms.

  • Christian Morin : Né en 1945, il débute comme graphiste et dessinateur de presse et débute sur Europe 1 comme animateur grâce à Pierre Delanoë. Il présente un grand nombre d’émissions de télévision jusqu’en 1994 où il disparaît pratiquement du petit écran. Clarinettiste confirmé, il enregistre plusieurs disques et élargit sa palette à la comédie à partir des années 90. Il joue les « guest » dans Maigret, Navarro, Femme de loi, Alice Nevers, et participe à 16 épisodes de Plus belle la vie. Il joue de nombreuses pièces en tournée et assure toujours une chronique sur Radio Classique. 

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Anecdotes :

  • Pierre Granier-Deferre et Dominique Roulet ici entament une collaboration artistique fructueuse qui les conduira à écrire cinq épisodes de Maigret d’affilée, pour le meilleur, Madame Quatre et ses enfants comme pour le pire Un meurtre de première classe

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6. MEURTRE DANS UN JARDIN POTAGER

Première diffusion : 5 février 1999

D’après Le deuil de Fonsine (1945) – Nouvelle

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Dominique Roulet  

Réalisation : Edwin Baily

Interprétation : Geneviève Fontanel (Fonsine), Michèle Simonnet (Fernande), Rémy Kirch (Picard), Christophe Kourotchkine (Paturel), Renée Le Calm (Grand-mère Fouly), Martin Amic (Louis Fouly), Thierry Ragueneau (Bouvier), Maïté Nahyr (Janine Joubert), Jean-Claude Bolle-Reddat (Germain Fouly), Sylvie Herbert (Micheline Fouly), Blandine Lenoir (Hélène)

Résumé : Un clochard est retrouvé tué d’un coup de serpe dans la cabane d’un jardin potager à Saint-Mesmin. Sur lui, il portait un pistolet automatique. Ce dernier, envoyé à Paris, est identifié comme étant l’arme d’un autre crime, l’assassinat d’un autre clochard, tué sous le pont de l’Alma. Maigret débarque alors à Saint-Mesmin et découvre l’étrange jeu auquel se livrent les deux sœurs propriétaires du jardin potager. Elles ont coupé la maison en deux, élevés un mur entre elles et s’insultent à longueur de journée. Maigret s’interroge sur l’origine de cette haine et sur la présence de ce vagabond dans leur jardin.

Critique :

Pratiquement aussi bon que l’épisode précédent, Meurtre dans un jardin potager est lui aussi adapté d’une nouvelle de Simenon dans laquelle Maigret n’apparaît pas. Cela se sent un peu, et la présence du commissaire dans ce petit village pluvieux ne paraît guère justifiée. Néanmoins, la magie opère à nouveau, car il est fait grand plaisir de revoir Maigret à la campagne, avec ses bottes, à la pêche aux sensations.

Tout tourne autour de Fonsine et Fernande, les sœurs ennemies, impeccablement interprétées respectivement par Geneviève Fontanel et Michèle Simmonet, toutes deux emplies de hargne et de rancœur mais bercées encore de tendresse et d’amour l’une pour l’autre, sous des couches et des couches de colère. Jalousie, infortune, amours contrariées, nous sommes au cœur d’un drame social assez classique, où il faudra chercher dans un lointain passé la solution du crime et de toutes ces éclaboussures. 

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L’enquête digresse cependant vers une fausse piste trop longuement exploitée pour qu’elle soit intéressante. La nouvelle est trop brève pour fournir suffisamment de matière à un film d’une heure et demie. Les petits jeunes du village, voleurs, un peu veules, rallongent avec ennui une intrigue qui aurait gagné à être resserrée autour des deux sœurs. Certains des comédiens tchèques sont particulièrement mal dirigés qui plus est, et leur doublage est, une fois encore, catastrophique.

Mais ces quelques légers défauts n’entament que très peu notre plaisir de visionnage, bien au contraire. Les temps s’apprêtent, une fois encore, à changer pour Maigret…

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Distribution :

  • Geneviève Fontanel : Née en 1936, cette comédienne débute à 18 ans au conservatoire où elle remporte le premier prix de la Comédie Française et le premier prix de Comédie Moderne. Pensionnaire de la Comédie Française de 1958 à 1962, elle se rend célèbre dans l’adaptation brillante du Journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau. Elle n’a jamais quitté le théâtre (Guitry, Balzac, Allen, Cocteau, Ensler, etc.) et elle apparaît dans un grand nombre de téléfilms et de séries. Elle apparaît dans l’univers de Maigret aux côtés de Jean Richard en 1989 dans Tempête sur la Manche. On la voit à douze reprises dans Au théâtre ce soir, de 1966 à 1982. Elle obtient le Molière de la comédienne dans un second rôle pour Délicate balance en 1999.

  • Michèle Simonnet : Cette comédienne française joue au théâtre depuis 1962 et a participé au TNP avec Georges Wilson et de nombreux festivals. Elle enregistre de nombreuses émissions dramatiques pour France Inter et assure la direction artistique de nombreux courts métrages entre 2003 et 2006. Auteur, adaptateur et metteur en scène d’un grand nombre de spectacles elle joue occasionnellement au cinéma et à la télévision et s’investit dans diverses commissions artistiques et dramatiques.

  • Rémy Kirch : Kirch fait ici sa seconde apparition dans Maigret, après Les plaisirs de la nuit, dans un rôle bien plus important cette fois. Comédien principalement de doublage, il est la voix d’Armin Shimerman dans Star Trek Deep Space Nine. Il décède en 2000 dans un accident de voiture, entraînant dans sa mort celle de son amie comédienne Pascale Audret, sœur cadette d’Hugues Aufray. On l’avait vue dans Julie Lescaut, la Petite voleuse, Ne réveillez pas un flic qui dort.

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Anecdotes : 

  • Bruno Cremer conclut ici son troisième contrat. Celui-ci a amorcé nombre de changements : tournages pragois, fin des inspecteurs récurrents, adaptation de plus en plus fréquente des nouvelles, adaptations de plus en plus libres… On est loin, à l’aube du 31e épisode de la série de Maigret et les plaisirs de la nuit et du charme noir et désuet défini par le « pilote » de la série. Dorénavant, les digressions seront plus fréquentes, l’humour plus présent, la légèreté renforcée. L’arrivée imminente d’Alexandre Brasseur dans le rôle du récurrent inspecteur Lachenal s’apprête à ouvrir une quatrième ère, singulièrement différente pour Maigret, dont la série va longuement porter certains stigmates désagréables. 

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7. UN MEURTRE DE PREMIÈRE CLASSE

Première diffusion : 26/11/1999

D’après Jeumont, 51 minutes d’arrêt ! (1936) – Nouvelle

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Dominique Roulet

Réalisation : Christian de Chalonge

Interprétation : Alexandre Brasseur (Lachenal), Hélène de Saint-Père (Lena Leinbach), François-Régis Marchasson (Arnaud), François Caron (Albert Dutoit), Laurent Schilling (Eric Dorléac), Veronika Varga (Catherine Frankel), Philippe Lamendin (Guillaume Collet), Christian Pereira (René Bonvoisin), Fabien Béhar (inspecteur Luciani)

Résumé : A la frontière franco-belge, un train s’arrête dans la gare de Jeumont. Cependant, la découverte d’un cadavre à bord contient le jeune inspecteur Lachenal à retenir deux compartiments en gare au lieu des 51 minutes prévues. Rapidement dépassé par l’ampleurde l’affaire, l’inspecteur téléphone à Paris pour solliciter l’aide de son oncle… Jules Maigret !

Critique :

Un meurtre de première classe marque le début de l’ère « Lachenal ». Non pas que le personnage ou son interprète, Alexandre Brasseur, influe à ce point sur la série, mais sa présence coïncide avec un remaniement en profondeur du programme. Bruno Cremer se trouve relooké, cheveux courts coupés en brosse, et il arbore même, pour l’unique fois de la série, un complet veston beige crème particulièrement détonnant, mais qui lui va pourtant très bien. L’adaptation des nouvelles se poursuit, avec une inefficacité particulière dans cet épisode, paresseux au possible et ennuyeux comme jamais.

La série accueille donc pour la première fois l’inspecteur Lachenal. Si cela aurait pu être une simple incidence, comme sa présence dans la nouvelle originelle sous un autre nom, ce n’est en réalité que le premier des neuf épisodes dans lequel il prêtera sa silhouette en tant que partenaire attitré de Maigret. Sa participation, prétexte aux dialogues avec le commissaire, s’affinera au fil du temps mais, pour l’heure, il n’est qu’un faible faire-valoir, nécessaire pour amener Maigret à Jeumont. Celui-ci s’implique, sans trop y croire, dans cette histoire invraisemblable de meurtre, de vol, de faux et de mœurs. 

Rien ne tient dans cette histoire, l’interprétation est mauvaise et les digressions prennent le pas sur une enquête dont on n’a rien à faire. Les scènes d’amour entre les suspects se multiplient, agrémentées de discussions insipides sur le sens de la vie qui n’ont rien à faire dans cette histoire. Le décor, joli en soit, devient rapidement monotone et la réalisation n’a rien qui sorte de l’ordinaire. Les quelques bonnes scènes se déroulent entre Cremer, impérial Christian Pereira, génial en commissaire priseur cynique, et leurs dialogues sont les rares bien écrits de l’épisode.

Encore une nouvelle étirée, pour rien, sans saveur, où Bruno Cremer semble en vacances au soleil et ne donne clairement pas le meilleur de lui-même. Alexandre Brasseur est encore un peu hésitant, mais le personnage est sympathique. L’épisode augure mal cependant cette nouvelle ère. 

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Distribution :

  • Alexandre Brasseur : Né en 1971, il est l’héritier d’une dynastie de comédien. Fils de Claude Brasseur, petit-fils de Pierre Brasseur et d’Odette Joyeux, il suit les cours de l’école du cirque d’Annie Fratellini. Il se fait remarquer pour la première fois dans Maigret puis, de 2003 à 2006 dans Alice Nevers. Il apparaît occasionnellement dans d’autres séries et quelques rares filkms mais l’essentiel de sa carrière se poursuit brillament au théâtre : aux côtés de son père dans le triomphe de Mon père avait raison de Sacha Guitry, ou seul, dans Georges et Georges d’Eric-Emmanuel Schmitt, par exemple.

  • François-Régis Marchasson : Acteur français né en 1952, il multiplie les apparitions à la télévision (Commissaire Moulin, Nestor Burma, Julie Lescaut, Quai numéro Un, l’Instit, Joséphine, Sauveur Girdano) et plus rarement au cinéma. Il avait déjà joué dans un Maigret, avec Jean Richard, dans Tempête sur la Manche.

  • François Caron : Acteur français, il se fait remarquer dans des rôles récurrents à la télévision : Les enquêtes d’Eloïse Rome (2001-2005), Un flic (2006-2008) et joue actuellement le rôle récurrent du général de police Sartine dans les Enquêtes de Nicolas le Floch.

  • Christian Pereira : Comédien, scénariste et auteur dramaturge français, il multiplie les petits rôles au cinéma (Un long dimanche de fiançailles, les Visiteurs 2, Bienvenue chez les Rozes, le Dîner de cons), à la télévision (Commissaire Moulin, Julie Lescaut, Panique au Plazza, Sœur Thérèse.Com, Camping Paradis) et au théâtre (Trois partout, la Résistible ascension d’Arturo Ui, la Maison du lac, la Cage aux folles, Des cailloux plein les poches) et a écrit plus de quinze pièces de théâtre. Il reviendra dans la série avec Maigret chez le ministre dans le rôle du Directeur de la P.J. 

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8. MAIGRET VOIT DOUBLE

Première diffusion : 3 mars 2000

D’après On ne tue pas les pauvres types (1946) – Nouvelle

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Dominique Roulet

Réalisation : François Luciani

Interprétation : Laure Duthilleul (Evelyne Tremblet), Alexandre Brasseur (Lachenal), Aladin Reibel (Magine), Julien Cafaro (inspecteur Olmetta), Consuelo de Haviland (Josette Keller), Eléonore Gosset (Francine Tremblet), Jean-Paul Muel (Mauvre), Jean-Pierre Becker (veilleur de nuit), Daniel Laloux (forain stand de tir), Sylvie Flepp (concierge)

Résumé : Un certain Tremblet, expert comptable, est retrouvé mort chez lui, tué par un fusil à plombs. Homme banal, père de trois enfants, il paraissait sans histoire, simplement amoureux de son canari. Maigret ne tarde pas à découvrir que l’homme prétendait aller à son travail tous les jours alors qu’il se rendait tous les jours dans un appartement similaire au sien, exact double, empli de canaris…

Critique :

L’épisode rappelle le médiocre L’homme du banc (Coffret 2) et est à peine meilleur que ce dernier. Long, peu palpitant dans sa première moitié, l’intrigue s’accélère quelque peu dans sa seconde, une fois découvert le secret de la victime. La très lente exposition est du, une fois encore, à une intrigue trop brève pour remplir un film d’une heure et demie et les scénaristes peinent à construire un fil conducteur intéressant.

On ne se passionne guère, en effet, pour l’histoire de ce pauvre type, qui vit sa vie en double par ennui, parce qu’il ne sait rien faire d’autre. Tout tourne autour de sa capacité à ramener une paie à sa femme chaque mois, alors qu’il ne vit plus, depuis quatre ans, que sa double vie, entouré des canaris que lui rapporte une pseudo-maîtresse. La fille de Tremblet semble cacher des secrets à Maigret. Celui-ci convoque alors, par une risible astuce scénaristique, son neveu Lachenal à venir le rejoindre pour suivre, protéger et même séduire la jeune fille. Cette sous-intrigue inepte n’est qu’un prétexte pour introduire, cette fois-ci, en bonne et due forme, Alexandre Brasseur comme nouvel inspecteur régulier de Maigret. Heureusement que le personnage est sympathique, car sa présence ici est simplement stupide. 

La solution s’avère, à nouveau, extrêmement simple, voire simpliste. On devine très rapidement les tenants et aboutissants du mystère entourant la victime et la surprise n’est guère au rendez-vous. La mise en scène multiplie les mouvements de caméra inutile, et se compromet même dans de pitoyables scènes de caméra-épaule, comme aux pires moments des débuts de la série. Le doublage des acteurs tchèques est, évidemment, complètement à côté de la plaque.

Fort heureusement, les comédiens sauvent l’ensemble d’un ratage total. La plupart sont peu connus, habitués aux seconds-rôles, mais ils jouent juste et transmettent, par moments, de belles émotions. Notons toutefois que le final de l’épisode offre une des arrestations les plus musclées de la série et l’une des plus réussies.

Si c’est l’ennui qui prédomine cet épisode, il recèle quelques moments agréables et se regarde, du coin de l’œil.

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Distribution :

  • Laure Duthilleul : Actrice française, elle tourne au cinéma pour Beinex, Serreau, Granier-Deferre, Métayer, Berri et occasionnellement à la télévision : les Steenfort, le Vent des moissons, Bouvard et Pécuchet, etc. Elle réalise un unique film en 2003, A ce soir, avec Sophie Marceau.

  • Julien Cafaro : Artiste de théâtre, spécialiste du boulevard (Drôle de couple, Knock, Croque monsieur, Ciel ma mère, la Femme du boulanger), il joue énormément à la télévision (Maguy, Marc et Sophie, Joséphine, Camping Paradis…).

  • Consuelo de Haviland : Née en 1955, cette danseuse, actrice et écrivain franco-américaine. Elle n’a que très peu jouée et représente les chemins de fer russes en France.

  • Jean-Paul Muel : Né en 1944, il commence dans la comptabilité mais abandonne pour comédie à l’âge de 24 ans. Après un passage au Cour Simon, il débute réellement dans les années 60 et intègre le Magic Circus de Savary. Il joue au théâtre chez Ribes ou Bisson. Au cinéma, on le voit dans le Sucre, Papy fait de la résistance, les Visiteurs, la Môme. Puis, dans les années 90, il ne joue plus pratiquement qu’au théâtre et à la télévision. On l’avait déjà vu dans Maigret tend un piège (Coffret 3).

  • Jean-Pierre Becker : Né en 1955, il a joué dans une cinquantaine de pièces (Shakespeare, Molière, Tchekhov, Goldoni, Koltes). Au cinéma, il fait partie des trognes régulières de Jean-Pierre Jeunet. En 1982, il apparaît dans l’émission pour enfants le Village dans les nuages.

  • Sylvie Flepp : Née en 1955, elle joue dans de nombreux téléfilms et tient le rôle récurrent de Mirta Torres dans Plus belle la vie depuis 2004. 

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Anecdotes :

  • La coupe de cheveux de Bruno Cremer varie selon les scènes : coupés courts en brosse ou bien en train de repousser. 

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Volume 4Volume 6

Maigret (Bruno Cremer)

Volume 5


PRÉSENTATION VOLUME 5

Un coffret curieux, tout en dents de scie. Il comporte parmi les meilleurs épisodes de la série : Maigret chez les riches, Maigret chez le ministre mais également parmi les plus mauvais : Maigret et la croqueuse de diamants. On joue au yo-yo à chaque épisode, ne sachant jamais ce que nous allons y trouver. La série marque cependant une certaine amélioration vers la fin de coffret, avec davantage de régularité. 

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1. MAIGRET CHEZ LES RICHES

Première diffusion : 26/05/2000

D’après Maigret hésite (1968) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Dominique Roulet

Réalisation : Denys Granier-Deferre

Interprétation : Alexandre Brasseur (Lachenal), Caroline Sihol (Mme Parendon), Michel Duchaussoy (Me Parendon), Cécile Bois (Mlle Vague), Célia Granier-Deferre (Bambi), Jocelyn Quivrin (Gus), Wilfred Benaïche (Ferdinand), Pascal Decolland (Tortu), Stéphane Cottin (Baud), Blandine Lenoir (Lise), Colette Maire (la cuisinière), Roland Farrugia (directeur PJ), Fabien Béhar (inspecteur Luciani), Jacques Brunet (procureur Raynouard)

Résumé : Maitre Parendon a reçu des lettres de menace qu’il ne prend pas vraiment au sérieux. Maigret, pressé par le Directeur de la PJ d’enquêter, débarque dans un somptueux hôtel particulier et découvre l’étrange famille de Maître Parendon. Peu à peu, il s’inquiète qu’un drame ne survienne.

Critique :

Le cinquième coffret de la série s’ouvre sur l’un des tous meilleurs épisodes. Qu’il est plaisant de retrouver une ambiance bien parisienne et ces confrontations magnifiques qui font le charme des Maigret.

Après une amusante ouverture où Maigret traque de petits malfrats, nous pénétrons dans la chaude atmosphère des Parendon. Maigret explore ainsi un microcosme bien particulier, celui des gens aisés et de leurs proches. D’une rare finesse psychologique, le scénario propose une galerie de personnages divers, tous très bien écrits et campés, que Maigret tente, avec grande difficulté, de cerner et de comprendre leurs motivations. En l’absence d’un crime avéré dans un premier temps, il paraît patauger dans ce milieu qui n’est pas le sien et le rend mal à l’aise. La bonhomie apparente de Parendon le séduit mais il n’écarte pas pour autant une manipulation de sa part. La femme et les enfants de l’avocat sont autant de points d’interrogation dans cette enquête qui n’en est pas une. C’est la fréquentation des domestiques qui aide finalement le commissaire à y voir plus clair, leur vision plus terre à terre de la vie paraissant le rassurer. Mais, s’il pressent le drame à venir, Maigret ne peut l’empêcher. Comment aurait-il pu, face à cette conspiration du silence qui anime l’hôtel des Parendon ?

Le crime est inattendu, violent et d’une rare brutalité. L’enquête change alors d’angle et c’est à une nouvelle approche psychologique que doit se livrer Maigret. Bruno Cremer est ici parfaitement assisté d’Alexandre Brasseur, bien plus à l’aise dans son rôle, et leurs échanges sont plus naturels que précédemment. Face à eux, Caroline Sihol et surtout le regretté Michel Duchaussoy sont des partenaires de choix. Diamétralement opposés, leurs nombreuses apparitions sont autant de moments de réjouissance. La justesse des dialogues, particulièrement soignés dans cet épisode, portés par d’aussi excellents comédiens, contribue à la grande réussite du métrage.

La réalisation sublime les décors et filme avec attention les comédiens, superbement mis en valeur par une photo soignée, discrète et léchée. Pas de faux raccords, pas de longueurs – et pourtant, il ne se passe pas grand-chose –,  pas de mouvements de caméra inutile. L’épisode est inspiré, intelligent et rend parfaitement hommage à Simenon. L’étude de ce microcosme sociétal est d’une grande habileté, dans ce quasi huis clos.

Tout simplement l’un des meilleurs épisodes de la série.

Distribution

  • Caroline Sihol : Née en 1949, elle s’illustre surtout à la télévision dans nombre de téléfilms mais également au cinéma. Débutant sous la férule de Jean-Pierre Mocky dans l’Ombre d’une chance, on la voit dans les Morfalous (Verneuil), l’Outremangeur et dans le dernier film d’Alain Resnais : Aimer, boire et chanter.

  • Michel Duchaussoy : (1938-2012) Après des études à Lille et au conservatoire de Paris, il devient sociétaire de la Comédie Française, jouant Dostoïesvski, Feydeau, Shakespeare, Giraudoux et Labiche. Rendu célèbre au cinéma par Alain Jessua dans Jeu de massacre, il entame une collaboration fructueuse avec Chabrol, en particulier dans Que la bête meurt, aux côtés du sinistre Jean Yanne. Il prête sa voix pour le premier doublage du Parrain de Coppola, en doublant Marlon Brando. Il marque de ses apparitions plusieurs séries télévisées (les Cœurs brulées, l’Allée du Roi, les Misérables, Zodiaque…). Il fut marié à la comédienne Isabelle de Funès, nièce de Louis, et à Corinne Le Poulain, nièce de Jean.

  • Cécile Bois : Née en 1971, elle joue aussi bien à la télévision (Navarro), qu’au cinéma (Germinal) et obtient le rôle titre du spectacle Angélique de Robert Hossein. Depuis 2013, elle est l’interprète principale de la série Candice Renoir.

  • Jocelyn Quivrin : (1979-2009) Il débute dans les années 90 (Louis, enfant roi), puis on le voit régulièrement au cinéma, aux côtés de Jean Reno dans l’empire des loups, par exemple. Il obtient le prix Lumière du meilleur espoir masculin pour son rôle dans 99 francs. Il décède dans un accident de voiture le 15 novembre 2009.

Informations supplémentaires :

  • Détail amusant : lors de la scène d’ouverture, lors de l’arrestation des chiffonniers, on peut entendre Maigret dire à ses hommes : « Jouez pas aux cow-boys, c’est pas la bande à Bonnot ! ». Bruno Cremer avait incarné le rôle du célèbre gangster dans le célèbre film homonyme de Jacques Fourastié, en 1968, aux côtés de Jacques Brel.

  • Célia Granier-Deferre, qui tient le rôle de Bambi, n’est autre que la fille du réalisateur de l’épisode. On la reverra quelques épisodes plus tard dans Maigret et la fenêtre ouverte.

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2. MAIGRET ET LA CROQUEUSE DE DIAMANTS

Première diffusion : 16/02/2001

D’après Le charretier de la Providence (1930) – Roman

Scénario : Daniel Tonachella

Réalisation : André Chandelle

Interprétation : Alexandre Brasseur (Paul Lachenal), Michael Lonsdale (Sir Lampson), Renaud Danner (Willy), Jean-Claude Adelin (le boxeur), Maaïke Jansen (la Hollandaise), Frédéric Bodson (Jean), Alexia Portal (Gloria), Ivan Franek (Vladimir), Sandrine Blancke (Huguette), Jean-Paul Dermont (le patron de l'auberge), André Simon (le mari de la Hollandaise)

Résumé : Une jeune femme française est retrouvée morte dans une écurie, le long d’un canal belge. Dans cet endroit peuplé exclusivement de péniches et de bateaux de plaisance, sa présence incongrue amène Maigret sur les lieux. Cette femme était recherchée en Europe pour de nombreux vols de bijoux.

Critique :

Quelle déception que la qualité retrouvée ne se maintienne pas. Cette pâle adaptation d’un des meilleurs romans de Simenon s’avère un long pensum bien pénible à regarder. L’intrigue est très mollement menée, au long de ce canal immobile et immuable. Ce huis clos en extérieur manque de personnages forts et de joutes verbales hauts en couleur. Les dialogues apparaissent comme fastidieux à suivre et l’ennui n’est jamais loin.

Tout débutait sous les meilleurs auspices. Une histoire de bateliers, de bijoux volés, de sexe, de  jalousie et surtout Michael Lonsdale en guest star. On se souviendra qu’il fut l’un des tous premiers adversaires du commissaire dans Maigret et la grande perche, en 1991. Comédien extrêmement savoureux, on pouvait s’attendre à une grande confrontation avec Bruno Cremer. Or, il n’en est rien. Réduit à un banal rôle de riche poivrot, il donne volontiers dans le pathétique et son personnage s’en trouve extrêmement limité. Sa caractérisation pèche au niveau du scénario et le réalisateur ne sait pas exploiter le talent de l’acteur.

Pour le reste, tout apparaît cousu de fil blanc, dans une intrigue pesante et interminable, ponctuée par les joutes egocentriques de Lachenal et du boxeur. Alexandre Brasseur semble à nouveau relégué au faire-valoir sans intérêt de Maigret et cette régression prouve, une fois de plus, que les chemins empruntés par la production à cette époque de la série, sont des plus incertains.

La réalisation ne rattrape pas une écriture lâche. Sans invention, au montage banal, l’épisode allonge cliché sur cliché, et à aucun moment nous ne sommes surpris par ce qui se produit à l’écran. Le véritable mobile du meurtre se dévoile au spectateur avant que Maigret n’ait l’opportunité de le comprendre et le final est ridicule. La direction d’acteur, extrêmement relâchée dans cet épisode n’arrange rien. D’une banalité affligeante, cette mauvaise adaptation d’un bon livre est un grand gâchis.

Distribution

  • Jean-Claude Adelin : Né en 1958, ce coiffeur, passionné de cinéma, débute comme acteur en 1982 au théâtre où il joue les classiques (Molière, Shakespeare, Ibsen) et multiplie les petits rôles sur le grand écran (Lauzier, Téchiné, Corneau, Planchon). A partir des années 90, il devient un habitué du petit écran, en apparaissant dans de nombreuses séries (les Monos, le Miroir de l’eau, Sœur Thérèse.Com, Une famille formidable, Julie Lescaut, etc.).

  • Maaïke Jansen : Née en 1951, cette actrice française d’origine néerlandaise apparaît pour la première fois en 1966 aux côtés de Louis de Funès dans Fantomas contre Scotland Yard. On la voit ensuite chez Lautner, Mocky, Marbeuf, Schmitt et Jolivet. Rare à la télévision, elle s’illustre plus fréquemment sur les planches dans des mise-en-scènes de Mondy, Murat ou Moreau. Epouse du comédien Roland Giraud, leur fille Géraldine est assassinée en 2004 dans des circonstances extrêmement troubles.

  • Alexia Portal : Née au Mans en 1977, elle joue au cinéma (Jugnot, Rohmer), à la télévision (Navarro, Fortunes) ou sur les planches (Labiche, Anouilh, Molière). Joueuse professionnelle de poker, elle fait partie des trois meilleures joueuses françaises de 2010. 

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3. MON AMI MAIGRET

Première diffusion : 25/05/2001

D’après Mon ami Maigret (1949) – Roman

Scénario : Stéphane Palay

Réalisation : Bruno Gantillon

Interprétation : Alexandre Brasseur (Paul Lachenal), Michaël Morris (Inspecteur Pyke), Annie Sinigalia (Ginette), Anna Korwin (Mrs Wilcox), Marc Chapiteau (Carrouge), François Lalande (Zucca), Jean-Michel Portal (Yann Deferre), Blandine Bury (Anna), Emmanuel Guttierez (Philippe De Moricourt), Georges Neri (Justin), Sara Martins (Jojo), Jean-Christian Grinevald (le dentiste), Mama Prassinos (Aglaë)

Résumé : Marcellin, un paumé se prétendant ami de Maigret, est tué d’une balle de revolver sur une île du sud de la France où il vivait depuis des années. Maigret vient enquêter, accompagné de Lachenal mais aussi de l’inspecteur Pyke, de Scotland Yard, venu observer la « fameuse méthode du célèbre commissaire Maigret ». Marcellin avait passé sa dernière soirée au bar, rempli d’habitués au passé mystérieux…

Critique :

Un épisode estival, accablé de chaleur, de langueur et de mystère. Et à nouveau, une petite perle.

Maigret doit dérouler les écheveaux d’une enquête le plongeant droit dans le passé : le sien, lié à celui de la victime, et celui des multiples suspects qui peuplent cette petite île de la Méditerranée. Assisté d’un inspecteur Lachenal, une fois de plus réduit aux utilités pour créer des dialogues introspectifs avec Maigret, et de l’inspecteur Pike de Scotland Yard, savoureux Michaël Morris, le commissaire Maigret promène une allure bonhomme et tranquille au gré d’une affaire mystérieuse. La compréhension de la victime, que Maigret connaissait vaguement, est la première clef que choisit Maigret pour appréhender son enquête. Rapidement convaincu que tous les suspects ont quelque chose à se reprocher, il se lance dans la lente – mais plaisante – exploration de leur passé respectif. Chacun de ces caractères est finement étudié, personne ne se ressemble et tous sont intéressants. Certains n’ont que peu de scènes à l’écran, mais ils ne sont pas sacrifiés pour autant. L’intérêt vient autant de leur psychologie bien construite que de leur interprétation, sans faute.

Le décor procure un sentiment de fraicheur et de légèreté assez bienvenue, même s’il s’éloigne encore un peu plus des standards de la série et du roman, bien plus sombre et à au final tragique. L’effort de renouvellement est pourtant louable, surtout si c’est bien filmé comme ici. Profitant de la luminosité naturellement ensoleillée du Portugal où est tourné l’épisode, le réalisateur filme merveilleusement ses comédiens, procédant à petites touches, semblablement aux tableaux impressionnistes dont il est question dans l’épisode. Ceux-ci sont au cœur du sujet, une histoire de gros sous, de faussaire et de gigolos. Cela n’a pas grande importance, nous sommes ici en vacances et même Maigret semble, parfois, se désintéresser de son sujet. On s’amusera de son œil polisson lorsqu’il observe la jeune et belle Anna s’ébattre nue dans la mer ou de ses conseils un brin moralisateur à l’égard de son neveu qu’il voit « fricoter » avec la sublime Jojo.

Ainsi, le scénario se déplie, par vaguelettes, servi par des dialogues impeccables, aux répliques souvent très drôles et au jeu de pingpong que se livre Maigret et Pike. D’abord agacé par la présence de cet indésirable de Scotland Yard, le commissaire finit par comprendre que le Britannique n’est pas son ennemi et qu’ils partagent quelques points communs. Serait-il devenu, finalement, lui aussi, « l’ami » de Maigret ?  Venu observer les méthodes de Maigret, qui clame haut et fort n’en avoir aucune, il repart satisfait de ce qu’il a découvert. Impressionné par le commissaire qui résout deux affaires en une seule, il aura certainement de quoi raconter à son retour au pays.

Certes, on pourra arguer que la relation aurait certainement mérité un développement plus approfondi. On pourra remarquer que la présence de Paul Lachenal sur l’île paraît tout à fait incongrue. S’il remplace l’inspecteur présent dans le livre, il ne sert pas pour autant à grand-chose. Mais ne boudons pas notre plaisir, Mon ami Maigret reste un très bon cru.

Distribution

  • Michaël Morris : Comédien britannique, il joue fréquemment des rôles d’Anglais en France, comme dans les Ripoux, Septième cible, Hélène et les garçons, Michael Kael contre la World News Company. Après Maigret¸ il disparaît pratiquement des écrans, son ultime rôle semblant être dans un obscur film russe Solomon Enev, en 2006.

  • Annie Sinigalia : Née en 1944, cette comédienne fait quelques apparitions au cinéma dans les années 60 et s’illustre ensuite principalement sur les planches. Pas moins de dix apparitions dans Au théâtre ce soir sont à son actif, et on l’a vu jouer du Achard, Goldoni, Shakespeare, Guitry ou Mirbeau. On l’avait déjà vu dans l’univers de Maigret, en 1971, aux côtés de Jean Richard, dans Maigret en vacances. Comédienne de doublage, elle est une des voix française de Meryl Streep et surtout de Cybill Shepherd.

  • Marc Chapiteau : Né en 1946, Marc Chapiteau est avant tout un homme de théâtre (Camus, Molière, Tchekov, Brecht, Planchon). Ses apparitions au cinéma sont rares (La meilleure façon de marcher, le Choix des armes, la Môme…) et on a pu le voir à la télévision dans Nestor Burma ou les Cinq dernières minutes. Lui aussi avait déjà intégré l’univers de Maigret avec Jean Richard, dans Maigret et la vieille dame en 1979 et dans la Colère de Maigret en 1983.

  • François Lalande : Gueule du cinéma et de la télévision, on se souvient de François Lalande pour ses rôles dans la Coccinelle à Monte-Carlo, les Liaisons dangereuses, la Révolution Française – les années lumière, les Visiteurs, la Vengeance d’une blonde ou le Libertin. Il joue dans un nombre impressionnant de téléfilms et il faut noter son rôle récurrent dans la série Ainsi soient-ils de 2012 à 2015 dans le rôle du pape Grégoire XVII. Homme de planches, il joue des classiques (Musset, Tchekov, Aymé, Mirbeau) et des contemporains (Oury, Aubert, Ponwall).

  • Jean-Michel Portal : Né en 1970, ce jeune comédien passe par le cours Florent et débute aux côtés de Jean Rochefort, au théâtre, en 1989, dans une vie de théâtre. Par la suite il joue aux côtés de Kirk Douglas en 1991 dans Veraz, et joue depuis principalement sur les planches (Shakespeare, Labiche). Il s’illustre dans le rôle principal de la Chambre des officiers.

  • Blandine Bury : Née en 1980, elle fait ses débuts dans Mon ami Maigret. On la revoit ensuite dans Bridage des mineurs, Cinq sœurs et Camping Paradis. Au cinéma on se souvient surtout d’elle pour son rôle dans Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk.

  • Georges Neri : Né en 1934 à Marseille, il se fait remarquer à la télévision aux côtés de Thierry Ardisson et enchaîne de nombreux rôles au cinéma (le Hussard sur le toit, Hercule et Sherlock, les Rois mage, Gomez et Tavarès, Fanny, la French). Son travail à la télévision est foisonnant (le Château des Oliviers, Docteur Sylvestre, Fabien Cosma, Week-end chez les Toqués, Scènes de ménage), et il lui arrive de jouer au théâtre (la Femme du boulanger). On l’avait déjà vu dans la série dans Madame Quatre et ses enfants.

  • Sara Martins : Née en 1977, cette actrice franco-portugaise se fait remarquer dans Pigalle, la nuit et la série Détectives en 2013-2014. Elle décroche le rôle principal de la série franco-britannique Meurtres au Paradis entre 2011 et 2015.

  • Stéphane Pamay : En plus d’un autre épisode de la série, Maigret chez le Ministre¸ il a principalement signé des scénarios pour Sous le soleil.

  • Bruno Gantillon : Né en 1944, ce réalisateur travaille exclusivement pour la télévision, aussi bien sur des téléfilms que des séries (Médecins de nuit, Highlander, le Voyageur, Force de frappe, Léa Parker, Fabien Cosma, Sous le soleil).

Informations supplémentaires :

  • L’épisode a été tourné au Portugal.

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4. MAIGRET ET LA FENÊTRE OUVERTE

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Première diffusion : 22/06/2001

D’après La fenêtre ouverte (1936) – Nouvelle

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Michel Grisolia

Réalisation : Pierre Granier-Deferre

Interprétation : Alexandre Brasseur (Lachenal), Florence Darel (Sylvie Laget), Jacques Boudet (Descharneaux), Jacques Dacqmine (Oscar Laget), Fabien Béhar (inspecteur Lucciani), Clément Harari (Feldman), Evelyne Grandjean (Madeleine Legoff), Célia Granier-Deferre (Odile Rivière), Guy Louret (Stéphane Laget), Christophe Paou (Michel Rivière)

Résumé : Oscar Laget, homme d’affaires et escroc, part déjeuner. Pendant ce temps, plusieurs visiteurs, dont deux inspecteurs de police, patientent dans sa salle d’attente, en compagnie de son homme à tout faire. Dans la pièce voisine de son bureau, sa femme, Sylvie, fait sa sieste. Sans que personne ne l’ait vu rentrer, Laget se tire une balle dans la tête. Du moins, c’est ce que les apparences semblent indiquer…

Critique :

Voici une sympathique incursion de Maigret dans l’univers si britannique des meurtres en chambres closes. Si le résultat final n’égale pas le maître en la matière, le brillant John Dickson Carr, ou même le français très honorable Paul Halter, le scénario n’en reste pas moins maîtrisé, présentant un problème complexe et une solution assez simple. Signe, comme le souligne lui-même Maigret, d’un Agatha Christie. L’histoire est astucieuse, et cette fenêtre ouverte a bien sûr un grand rôle à jouer dedans. Dans le cadre restreint du huis clos d’un immeuble parisien, où un étrange microcosme social s’est réuni autour d’un escroc notoire, Maigret se montre fort inspiré, très tôt, et suit ses intuitions avec tranquillité, bonhommie.

Maigret et la fenêtre ouverte propose une belle galerie de personnages, des misérables aux pathétiques, des solitaires aux amoureuses, des minables aux futés. La caractérisation est aiguë, personne n’est laissé de côté, pas même les petits rôles. Ces hommes et ces femmes sont impeccablement interprétés, Jacques Boudet et Florence Darel en tête. Leur duo, ou plutôt leur duel, tout en opposition, tels chien et chat, offre de grands moments. A mille lieues de son personnage de l’Inspecteur Cadavre, Jacques Boudet est ici tout en rondeur, subtilité et sympathie. Florence Darel campe une femme lucide quant aux affaires de son mari, désillusionnée, faussement ingénue et roublarde. Alexandre Brasseur retrouve un inspecteur Lachenal imaginatif, drôle et intelligent, ce qui est plus que plaisant.

Tout cela est servi par d’excellents dialogues, hauts en couleur, brillamment écrits, qui rappellent ceux de Maigret chez les riches. Les jeux de ping-pong entre les protagonistes pendant leurs interrogatoires évoquent Audiard dans leur gouaille et dans leur justesse. C’est une des caractéristiques de l’épisode : sonner juste. Toutes ces petites gens, gravitant autour de ce baron des affaires malhonnête, ne sont jamais caricaturales, mais empreints de réalisme.

Au rang des points faibles : la relative lenteur de l’épisode. Celui-ci est adapté d’une nouvelle et cela se ressent parfois durant quelques longueurs, notamment à mi parcours. Le final est suffisamment fort pour compenser ce petit égarement et nous passons un très bon moment devant notre télévision.

Distribution

  • Florence Darel : Née en 1968, cette Toulouzaine joue au cinéma chez Berry, dans Uranus, Schoendoerffer, dans Là-haut, un roi au dessus des montagnes. A la télévision, on la voit dans Julie Lescaut, le Comte de Monte-Cristo, Les Moissons de l’océan, les Thibault, le Père Goriot et, plus récemment, Soda.

  • Jacques Dacqmine : (1923-2010) Immense comédien de théâtre, grand tragédien, il a joué les classiques des milliers de fois au cours de sa longue carrière : Molière, Racine, Corneille, Cocteau, Mariveau, Shakespeare, Claudel. Ses rôles au cinéma, bien que nombreux, sont plus anecdotiques. Citons toutefois Classe tous risques de Sautet, Inspecteur Lavardin de Chabrol, Germinal de Berri, la Neuvième porte de Polansky ou Un crime au paradis de Becker. Il apparaît dans près d’une centaine de téléfilms et épisodes de série dont, en 1984, un épisode de Maigret avec Jean Richard : Mon ami Maigret. Egalement comédien de doublage, il prête par exemple sa voix à James Mason dans la Mort aux trousses en 1959.

  • Clément Harari : (1919-2008) Grand comédien et metteur de scène de théâtre, il sert aussi bien Apollinaire, Sartre, Shaw, Adamov, Tchekhov ou Shakespeare. Il tourne au cinéma près d’une centaine de films, pour Clouzot, Hunebelle, Autant-Lara, Girault, Zidi ou de Sicca. Il campa peut-être son plus beau rôle dans Train de vie, en 1997, dans un émouvant rôle de rabbin.

  • Evelyne Grandjean : Née en 1939, cette comédienne est apparue dans grand nombres de jeux télévisés depuis les années 70, a animé des émissions de radio aux côtés de Thierry Le Luron sur France Inter et joué une série de sketchs aux côtés de Pierre Desproges. Célèbre voix de dessin-animés et des habitués de Vidéo Gag, elle écrit plusieurs spectacles, pièces de théâtre et scénarios de téléfilms.

  • Christophe Paou : (1969) D’abord technicien de cinéma, il s’oriente ensuite vers la comédie. Si ses quelques rôles au cinéma et à la télévision sont oubliables, il se distingue en revanche sur les planches où il joue pour des auteurs contemporains, tels Hunsinger, Payne ou Molnar.

Informations supplémentaires :

  • L’épisode a été tourné dans une école d’infirmières pragoise. 

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5. MAIGRET ET LE MARCHAND DE VIN

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Première diffusion : 18/01/2002

D’après Maigret et le marchand de vin (1969) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre, Dominique Garnier

Réalisation : Christian de Chalonge

Interprétation : Alexandre Brasseur (Lachenal), Thierry Frémont (Pigou), Nicole Croisille (Mme Blanche), Éric Laugérias (Noblet), Carole Brenner (Jeanne Chabut), Bruno Abraham-Kremer (inspecteur Lorenzi), Jacques Frantz (René Chabut), Gérard Lartigau (Caucasson), Laurent Schilling (inspecteur Lambert), Bénédicte Loyen (Anne-Marie), Dominique Frot (Liliane Pigou), Pierre-Louis Calixte (Stiernet), Raymond Gil (Désiré Chabut)

Résumé : Au sortir de la maison close de Mme Blanche, le riche négociant en vin, René Chabut, est abattu par une homme en imper et chapeau mou qui prend la suite. En enquêtant sur le personnage, Maigret découvre à quel point l’odieux homme d’affaires s’était d’ennemis intimes...

Critique :

Une réelle déception que cet épisode sordide, jamais passionnant ou original.

Les ingrédients d’un Simenon classique sont réunis : Un nabab odieux, sorti de rien et qui s’est fait tout seul, personnage totalement détestable rien que ses évocations. Son temps de présence à l’écran est minime mais il parvient à se rendre haïssable en un rien de temps. Magnifiquement incarné par Jacques Frantz, qui lui offre une stature imposante et cette voix si caractéristique, ce marchand de vins a tout pour se faire tuer. Il collectionne les motifs de meurtre et Maigret lui-même aurait pu succomber devant tant de monstruosité. C’est là que le premier bât blesse. Ce personnage n’est guère humain, il est une caricature. Son aventure avec sa secrétaire pourrait le rendre moins affreux, il n’en est rien, tant la jeune femme se montre d’une rare stupidité devant lui.

Second problème : la personnalité du meurtrier. Tout le film, il est en faux fuyants et on ne le voit pleinement dans la lumière qu’à la toute fin. Si cela est conforme au roman originel, où cela fonctionnait parfaitement bien, ici, c’est tout le contraire. On attend, on espère qu’enfin Maigret va l’alpaguer et que de leur rencontre, sortira une belle confrontation, d’autant plus lorsque l’on sait c’est Thierry Frémont qui l’interprète. Hélas, mille fois hélas, la séquence arrive bien trop tard et est réduite à la portion congrue. Se déroulant dans le nouveau et affreux décor du Quai des Orfèvres, ces quelques minutes nous présentent un personnage faible et falot comme il y en a tant chez Simenon. Mais ici, pas d’étincelle de génie, pas de moment de gloire. On plaint sincèrement ce pauvre type car on le comprend si bien. L’originalité était d’avoir inversé les rôles : ici, le pauvre type parvient à prendre sur lui pour assassiner l’ordure qui l’a humilié, menacé et poussé à bout. Mais il se dégage une telle sensation de vide de cette scène qu’on en retient seulement l’ennui.

Nicole Croisille est amusante en mère maquerelle d’une maison close de luxe mais qui respire la médiocrité. Une fois encore, ce sont des thèmes chers à Simenon que l’on nous présente ici, mais nous les avons déjà vu dans Maigret, à de nombreuses reprises, et avec combien plus d’inspiration. Le scénario est mou, la réalisation à l'encan et le reste de la distribution ne présente pas grand intérêt. A noter le rôle ici totalement inutile de l’inspecteur Lachenal - pauvre Alexandre Brasseur, bien maltraité dans cet épisode - qui fait subir un interminable interrogatoire tout le long du métrage à un jeune homme pour lui faire avouer le meurtre de sa tante. Non seulement cela n’a strictement aucun rapport avec le meurtre du marchand de vin, mais qui plus est ces passages sont outrés, filmés d’une lumière cru et désagréable, sans apporter quoique ce soit au film. Evidemment, on pourrait arguer que le suspect de Maigret, impressionné par cet interrogatoire auquel il assiste, de loin, à la fin du film, justifie le fait qu’il avoue tout au commissaire. Seulement, le personnage s’était déjà décidé à parler à Maigret, cela n’ajoute donc qu’une touche supplémentaire de sordide gratuité, nuisant davantage encore à l’épisode.

On se fatigue de ces longues séquences où Maigret est suivi par cet ombre. On se lasse d’alterner plans larges et lointains avec caméra subjective sur le suiveur. On s’ennuie que tout cela ne débouche sur rien. L’enquête est fastidieuse, pesante et poisseuse. Lorsque l’on songe aux grandes heures de gloire de la série, on pourrait les croire définitivement disparues.

Distribution

  • Thierry Frémont : Né en 1962 ce comédien de théâtre, télévision et cinéma suit le Cours Florent où il a notamment Francis Huster comme professeur. Lauréat du César du meilleur espoir masculin en 1988 pour Travelling avant, il est le premier acteur français à obtenir l’Emmy Award du meilleur comédien pour son interprétation du tueur en série Francis Heaulme dans le téléfilm Dans la tête d’un tueur. Il est un troublant Alfred Dreyffus dans le téléfilm l’Affaire Dreyffus d’Yves Boisset en 1995. Alternant rôles dramatiques et franche comédie, Thierry Frémont est un visage régulier de l’audiovisuel français.

  • Nicole Croisille : Née en 1936, Nicole Croisille débute comme danseuse à la Comédie-Française. Mime aux côtés de Marcel Marceau, meneuse de revue, chanteuse, actrice de théâtre, de télévision, de cinéma et de comédies musicales, elle est principalement connue du grand public pour ses chansons dans les années 70 (Une femme avec toi, Téléphone-moi). A la télévision, on retiendra son rôle terriblement glaçant dans la série Dolmen, en 2005.

  • Éric Laugérias : Né en 1963, il débute au théâtre à Bordeaux, puis travaille ensuite aux côtés de Jean Marais et Jérôme Savary. Sociétaire des Grosses têtes pendant dix ans, avec qui il se fâche en 2011, il joue dans d’innombrables séries et téléfilms et n’a jamais cessé ses activités théâtrales. A noter : son apparition en 1993 dans le film Taxi de nuit, de Serge Leroy, l’un des premiers réalisateurs de Maigret, aux côtés justement de… Bruno Cremer.

  • Bruno Abraham-Kremer : Comédien, auteur et metteur en scène de théâtre français, il joue au cinéma chez Chabrol, Blier, Wilson ou Tasma. Il interprète et met en scène des adaptations des romans d’Eric Emmanuel-Schmitt que le romancier écrit spécialement pour lui et écrit plusieurs spectacles tirés de correspondances d’auteurs célèbres.

  • Jacques Frantz : Né en 1947, ce comédien a tourné pour Poiré, de Broca, Oury, Zidi, Chabrol, Berry ou Arcady. On le voit dans G.I. Joe : le réveil du Cobra en 2009, et a très fréquemment été mis en scène par Robert Hossein. Immense comédien de doublage, il est la voix française et régulière de Robert de Niro, mais également de John Goodman, Mel Gibson et Nick Nolte.

  • Laurent Schilling : Comédien français vu dans Capitaine Conan, la Môme, il joue depuis 2016 dans la série Agathe Koltès. Déjà apparu dans un petit rôle dans Un meurtre de première classe, Laurent Schilling incarne le temps de deux épisodes l’éphémère inspecteur Lambert.

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6. MAIGRET CHEZ LE MINISTRE

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Première diffusion : 01/02/2002

D’après Maigret chez le ministre (1954) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre, Dominique Garnier, Stéphane Palay

Réalisation : Christian de Chalonge

Interprétation : Alexandre Brasseur (Lachenal), Bernard Freyd (Auguste Point), Gisèle Casadesus (Mme Calame), Laure Marsac (Claire Point), Christophe Reymond (Jacques Fleury), Laurent Schilling (inspecteur Lambert), Olivier Broche (Piquemal), Bruno Abraham-Kremer (inspecteur Lorenzi), Pascal Leguennec (René Bonnet), Jean Dautremay (Mascoulin), Christian Pereira (directeur PJ), Cécile Caillaud (Lise Piquemal)

Résumé : Le nouveau ministre des Travaux Publics, Auguste Point, tout juste installé, reçoit la visite d’un ingénieur des Ponts & Chaussées qui lui remet un rapport accablant quant à l’effondrement d’un sanatorium ayant entraîné la mort de plus de cent enfants. L’ingénieur avait prédit la catastrophe et s’en remet au ministre pour faire éclater la vérité. Mais Point se fait voler le rapport et appelle Maigret à son secours. Ce dernier va avoir bien du mal à démêler cette affaire où la politique s’en mêle...

Note : 4 sur 4

Critique :

On aurait pu croire la série en perte de vitesse, c’était une erreur : elle se réinvente.

Cet épisode, tout simplement l’un des meilleurs jamais tournés, prouve qu’une bonne histoire, de bons comédiens et une belle réalisation, le tout parfaitement équilibré, permet toujours de passer un grand moment devant Maigret. Le commissaire s’invite dans les hautes sphères, ou plutôt on l’y invite. Il entre littéralement chez le ministre, dans son cabinet, dans son appartement encore empaqueté des cartons de déménagement, dans son intimité où il fait la connaissance de sa curieuse fille et de son non moins intrigant fiancé.

Mal à l’aise pour frayer parmi les requins de la politique, Maigret trouve un écho dans le personnage du ministre, pas beaucoup plus à l’aise que lui. C’est la rencontre, magnifique, entre deux terriens, amoureux des bonnes choses, de la nourriture riche et des grands crus. Ils partagent certains idéaux et certaines désillusions. Conscients, chacun, de la vanité de la politique, le ministre admire l'opiniâtreté et l’honnêteté de Maigret. Le commissaire, lui, admire la sincérité et le courage de cet homme capable assumant des responsabilités qui ne sont pas les siennes.

C’est un Maigret très à part, très différent de ceux que l’on connaît habituellement auquel nous avons droit. C’est un jeu d’énigmes, de faux-semblants, où la DGSE met son grain de sel et où les barbouzes sont de sortie. Nous n’avons affaire à aucun gangster, aucun malfrat, aucun pauvre type tuant par impulsion pour un crime banal. Ici, c’est la mise en scène de l’Etat assassin qui est mis en cause, de son incapacité à admettre ses fautes et à les rejeter sur un innocent. Le propos renvoie, forcément, à nos propres hommes politiques. Aucun parti n’est directement nommé et, en ces années 50 où les cabinets ministériels valsaient plus vite qu’un classique de Chopin, l’habileté du scénario est de ne jamais nous perdre. Qui est ce ministre ? De quel bord est-il ? A quel camp appartient-il ? Qui, au pouvoir, cherche à lui nuire pour dissimuler ses propres forfaits ? On s’en moque et c’est parfait. Car le principe réside dans une démonstration générale de la misère des politiciens et en une critique acerbe, contemporaine et intemporelle.

Réalisé dans de magnifiques décors évoquant sans peine un ministère de Paris, l’épisode est remarquablement filmé. Se déroulant en grande partie la nuit, jamais nous ne sommes laissés dans le vague ou dans le flou. Le jeu des ombres et des lumières est parfaitement maîtrisé, de l’appartement du ministre aux couloirs du ministère. De beaux et lents travellings lèchent une image superbe où évolue une distribution aux petits oignons. Bernard Freyd est criant de vérité et traite d’égal à égal avec Bruno Cremer. Une réelle complicité se dégage de leurs échanges savoureux. Ce très bon comédien revient après Maigret et la vieille dame où il se montrait autrement moins convaincant dans un rôle de petit politicien véreux. Maigret chez le ministre rend pleinement hommage à son talent.

Le final est remarquable et l’ultime plan l’un des plus savoureux de toute la série, nous rappelant à quel point Jules Maigret est un homme simple, bonhomme et bon vivant.

Distribution

  • Laure Marsac : Née en 1970, elle reçoit le César du meilleur espoir féminin à 14 ans pour le film la Pirate de Jacques Dollon. Elle débute simultanément au théâtre et à la télévision, en 1990, respectivement dans Roméo et Juliette et dans l’Enfant des loups. Présente dans Taxi de nuit avec Bruno Cremer en 1993, on la voit principalement à la télévision (le Sang de la vigne, les Bleus, Entre vents et marées...). Elle écrit et réalise son premier long métrage en 2007 : le Quatrième Morceau de la femme coupée en trois.

  • Christophe Reymond : Il joue les classiques au théâtre et multiplie les rôles à la télévision. Il prête également sa voix comme narrateur de livres audio.

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7. MAIGRET ET LE FOU DE SAINTE-CLOTHILDE

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Première diffusion : 10/05/2002

D’après Le fou de Bergerac (1932) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Michel Grisolia

Réalisation : Claudio Tonetti

Interprétation : Alexandre Brasseur (Paul Lachenal), Philippe Khorsand (Me Duhour), Philippe Magnan (Dr Rivaud), Anne Kreis (Florence Rivaud), Philippe Dormoy (commissaire Leduc), Sonia Vollereaux (Mme Bellanger), Michel Vuillermoz ( Bellanger), Dora Doll (Tativa), Chrystelle Labaude (Janine), Armelle (l'infirmière Bordenave), Jean-François Gallotte (le patron de l'hôtel), Béatrice Michel (Mlle Jouanet), Christiane Ludot (l'institutrice), Nicolas Combe (un gendarme)

Résumé : Maigret voyage en train pour rejoindre son épouse, au chevet de sa nièce, en train d’accoucher, lorsqu’il surprend un individu en train de sauter du wagon en marche. Maigret, sans vraiment comprendre lui-même ce qui le pousse à agir de la sorte, saute à sa suite et se blesse. Transporté jusqu’au petit village de Sainte-Chlothilde, il apprend qu’un fou sème la terreur dans la ville.

Critique :

Un retour à la campagne et aux petites villes de province de bon augure pour Jules Maigret. Malgré quelques défauts agaçants, l’épisode est très agréable à regarder.

Après un début original, c’est un Maigret amoindri physiquement, mais pas intellectuellement, qui se lance dans une enquête à propos d’un tueur en série, un fou semant la terreur dans le petit village endormi de Sainte-Chlothilde. Maigret sautant d’un train en marche pour se lancer à la poursuite d’un lunatique est une jolie séquence, assez fidèle au roman, qui augure d’un épisode un peu à part. Et, effectivement, face à une galerie de personnages étranges, bizarres, « fous », Maigret débute une enquête lente, dans une atmosphère d’incongruité qui ne dépareillerait pas dans un Jean-Pierre Mocky. L’ambiance générale de l’épisode rappelle en effet la Cité de l’indicible peur avec Bourvil, le grotesque en moins.

L’intrigue est évidemment à chercher dans les actes manqués des personnages. Sous leurs lourds secrets de bourgeois de province, ces êtres veules dissimulent, mentent, fuient et se confondent dans un passé sordide, que Maigret aura bien dû mal à extirper. Hantés par des fantasmes morbides, les petits secrets que l’on taie, tous les protagonistes tentent, vainement bien sûr, d’égarer le commissaire sur de fausses pistes plutôt que d’avouer leur propre misère intime. Si le procédé n’est pas nouveau dans la série, il est bien amené dans cet épisode, écrit sans fioriture, mais avec justesse.

Alors on agresse, on tue, on se suicide… Sans que cela ne donne grand-chose, faute à une réalisation un peu terne, filmant platement les dialogues mais s’attardant joliment sur le décor et les paysages. Cette succession de rebondissements n’offre pas un rythme très soutenu, et il arrive qu’on s’ennuie lors des longues séquences muettes du métrage. Heureusement que des comédiens hors pair éclairent de leur talent ce film. Avec le regretté Philippe Khorsand à leur tête, ces excellents acteurs magnifient les notables de ce village curieux.

Si on s’amuse volontiers de certaines séquences, comme Maigret s’improvisant en barman, on regrettera cette stupide voix-off du début, devant expliquer la présence de Maigret dans le train et son geste pour le moins curieux. Elle rappelle même les pénibles séquences narratives des premiers Maigret avec Jean Richard. Autre regret : pourquoi avoir autant défloré l’intrigue originale, l’une des meilleures de Simenon ? Le final est des plus absconds et on se demande bien comment Maigret en arrive là ? Transposer l’histoire de Bergerac à Sainte-Chlothilde s’explique certainement pour des raisons de droits : il devait être trop onéreux de tourner dans le Périgord, mais cela ne justifie pas ces modifications dans l’enquête, allant jusqu’à totalement détourner la solution de l’énigme.

Pourtant, l’ensemble fonctionne bien et on ne passe pas un mauvais moment au visionnage.

Distribution

  • Philippe Khorsand (1948-2008) : Né à Paris, il débute au cours Simon à l’âge de 15 ans, où il fait la connaissance de Jean-Michel Ribes dont il sera l’un des plus fidèles comédiens durant de nombreuses années. Il débute au cinéma chez Lautner dans Laisse aller, c’est une valse. C’est avec 1988 qu’il se fait connaître du grand public grâce à la série Palace, sur Canal+ où il interprète l’étrange directeur d’un hôtel. Ce rôle lui collera longuement à la peau, puisqu’il continuera de l’incarner dans de longues campagnes de publicité pour une célèbre marque d’assurance, aux côtés de son compère Marcel Philippot. Brièvement pensionnaire de la Comédie Française, on le voit jouer de nombreux classiques et continue d’apparaître dans un cinéma populaire ou intellectuel jusqu’à sa mort. Il obtient un rôle régulier dans Une famille formidable. Son dernier rôle sera dans Musée haut, musée bas, de Ribes, qui lui sera dédié.

  • Philippe Magnan : Né en 1948, ce comédien français est un des seconds-rôles les plus connus du cinéma, où il prête une voix et un phrasé très particulier à des personnages cyniques, cinglants ou carrément odieux. Il a joué notamment deux fois le rôle du président François Mitterand dans l’Affaire Farewell et Changer la vie, un docu-fiction. Il joue régulièrement au théâtre depuis 1993.

  • Anne Kreis : Actrice française, elle débute chez Truffaut dans Une belle fille comme moi, et on la remarque dans les Rois Maudits de Claude Barma où elle interprète Marie de Cressay. Traductrice, metteur en scène, on la voit peu au cinéma mais joue dans de nombreux téléfilms.

  • Philippe Dormoy : Né en 1953 à Lyon, il débute dans le théâtre amateur en 1974 et passe professionnel en 1978. Il joue principalement des pièces modernes et apparaît occasionnellement à la télévision (H, l’Affaire Dominici, Jean Moulin).

  • Sonia Vollereaux : Née en 1959, cette comédienne incarne Constance Mozart aux côtés de Roman Polansky dans la pièce Amadeus de Shaffer et joue dans de nombreux classiques, aux côtés de Tréjan, Cassel ou Bouquet. Pensionnaire de la Comédie-Française de 1987 à 1989, elle joue du Shaw, du Coward, du Molière ou du Marivaux. Metteur en scène, on la voit régulièrement à la télévision (Fabien Cosma, la Crim’, Plus belle la vie, Joséphine Ange gardien, Alice Nevers)

  • Michel Vuillermoz : Né en 1962, il entre à la Comédie-Française en 2003, dont il est encore sociétaire. Il y interprète notamment Cyrano de Bergerac environ tous les deux ans depuis 2006, dans des mise en scène différentes. Au cinéma, on le voit principalement chez Podalydès (Versailles Rive Gauche, Dieu seul me voit, le Parfum de la dame en noir, Adieu Berthe…).

  • Dora Doll (1922-2015) : Fille d’un banquier russe chassé par la Révolution de 1917, elle suit les cours de Louis Jouvet au Conservatoire et commence par faire de la figuration au cinéma (Hôtel du Nord, Paradis perdu). Elle se fait remarquer dans Touchez pas au grisbi (avec Jean Gabin et Lino Ventura), le Bal des maudits (aux côtés de Montgomery Cliff, Dean Martin et Marlon Brando) et Archimède et le clochard (avec Jean Gabin et Bernard Blier). Après une très belle carrière au cinéma, elle redevient à nouveau très populaire entre 1998 et 2000 dans le feuilleton le Cap des pins. Elle prend sa retraite en 2007 et en retire en Camargue où, suite à de mauvais placements financiers, elle termine sa vie dans la misère.

  • Chrystelle Labaude : Née en 1959, cette actrice française est principalement connue pour son rôle principal dans Section de recherches de 2006 à 2017.

  • Armelle : Née en 1969, on la voie au cinéma dans la Belle verte de Coline Serreau mais est surtout connue pour son rôle régulier de Maéva Capucin dans Caméra Café et dans sa suite cinématographique Espace détente.

Informations supplémentaires :

  • Fait assez rare pour la série, l’épisode a principalement été tourné en France, dans le petit village de Marville, dans la Meuse, ainsi qu’à Longuyon en Meurthe-et-Moselle. D’autres scènes ont été tourné dans plusieurs villes luxembourgeoises : Ettelbruck, Esch-sur-Alzette (orthographiée sans le ‘l’ dans les crédits de l’épisode), Rambrouch et Vianden.

  • Alexandre Brasseur Brasseur fait ici ses adieux à la série. Au total, il aura joué dans neuf épisodes le rôle de l’inspecteur Paul Lachenal, le neveu de Maigret, de 1999 à 2002. 

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8. MAIGRET À L’ÉCOLE

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Première diffusion : 11/11/2002

D’après Maigret à l’école (1953) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Michel Grisolia

Réalisation : Yves de Challonge

Interprétation : Jean-Claude Dreyfus (Dr Xavier Bresselles), Carole Richert (Mme Gastin), Stéphane Jobert (Marcellin Rateau), Philippe Duquesne (Louis Paumelle), Thierry Levaret (Yann Valois), Ilroy Plowright (Jean-Paul Gastin), Jean-Claude Lecas (Théo Goumard), Eva Mazauric (Thérèse), Lucia Sanchez (Maria), René Remblier (Julien Sellier), Vivien Picouleau (Marcel Sellier), Kevin Jacob (Joseph Rateau), Georges-Gilbert Cazeneuve (Félicien Cornu), Nathalie Dorval (Marthe Sellier)

Résumé : Le petit Jean-Paul Gastin, âgé de douze ans, écrit à Maigret pour lui demander de venir enquêter sur le meurtre de l’ancienne postière de son village, la vieille Léonie. En effet, son père, le maître d’école du village, est accusé du crime et croupi en prison à l’heure actuelle. Maigret se rend sur place et commence son enquête, très intéressé par les habitués du café, qui tous, gravitent autour de l’école.

Critique :

Un bon cru que ce Maigret à l’école, inaugurant une nouvelle ère dans la série et concluant ce cinquième coffret d’une plaisante manière.

Maigret est accueilli froidement dans ce décor de petit village un peu froid, au charme suranné, aux couleurs sépia. Assez vite à son aise, il promène sa silhouette massive au gré des maisons des suspects, toutes situées autour de cette école. Les protagonistes, petites gens besogneuses, à la vie banale voire misérables, sont autant d’études de caractère intelligentes et fines. L’étude psychologique de chacun de ces personnages fonctionne parfaitement, leurs interprètes sont bons et on joue à tenter de deviner qui est le véritable meurtrier.

Maigret, en effet, semble d’emblée persuadé de l’innocence du maître d’école, à tel point qu’il nous racontera ses entrevues avec lui, sans que nous ne voyons davantage qu’une photographie. Curieux choix de mise en scène que de ne pas montrer le principal suspect d’un meurtre, choix qui ne fonctionne pas. L’enquête se focalise donc sur les enfants, ces écoliers qui accusent le père de leur camarade. Les enfants-acteurs ne jouent pas toujours juste, ici, il ne faut pas se plaindre. Dans l’ensemble, ils sont très convaincants, aussi bien dans leurs petits et grands mensonges que dans leur joie de vivre. L’affaire se suit d’une façon sereine et plaisante, toute dans l’exploration de ce microcosme de province où Maigret semble assez à l’aise.

Notons la belle musique de Laurent Petit-Gérard, particulièrement inspiré sur cet épisode et la superbe lumière, tout en clair-obscur, et une réalisation sachant tirer le meilleur de jolis décors naturels.

Quelques éléments, toutefois, empêchent l’épisode de recevoir la note maximale. Hormis le principe de ne jamais rencontrer le principal suspect du meurtre évoqué plus haut, nous manquons d’une grande confrontation avec un comédien d’envergure. Certes, la présence du rusé Jean-Claude Dreyfus ajoute une certaine plus-value, mais ses quelques scènes sont trop brèves et trop éparpillées dans tout le métrage pour suffisamment retenir l’attention. Le jeune inspecteur de service, Valois, est agréable mais il ne brille pas particulièrement non plus. Ajoutons à cela une ou deux longueurs à mi-parcours et nous obtenons un bon épisode, mais loin d’être parfait.

Une sympathique conclusion pour ce cinquième coffret, un épisode de transition vers la dernière période de la série.

Distribution

  • Jean-Claude Dreyfus : Né en 1946, il débute au cabaret dans des numéros d’illusionnisme, puis se produit comme travesti dans des revues. Il débute au cinéma en 1972 dans le film expérimental What a Flash ! puis rejoint la bande à Audiard pour Comment réussir quand on est con et pleurnichard. Il tient de nombreux seconds rôles jusqu’à se faire connaître du grand public avec les publicités pour la marque Marie à partir de 1986. Son rôle le plus célèbre est sans aucun doute celui du boucher dans Delicatessen, de Jean-Pierre Jeunet et Jean-Marc Caro. Fidèle aux réalisateurs, il revient dans La cité des enfants perdus puis Un long dimanche de fiançailles. Il joue volontiers dans des courts-métrages de réalisateurs débutants, comme Déconnexion de Jérémie Prigent et François Rémond, et joue fréquemment au théâtre les classiques (Anouilh, Brecht, Hugo) comme les modernes (Devos, Nothomb, Savary).

  • Carole Richert : Née en 1967, cette comédienne multiplie les rôles sur le petit écran et se révèle au grand public avec son rôle récurrent dans la série Clem.

  • Philippe Duquesne : Né en 1965, cet illustre membre de la troupe comique des Deschiens, a tourné à trois reprises pour Albert Dupontel et s’illustre au cinéma dans Bienvenue chez les Ch’tis en 2008. Il joue régulièrement au théâtre (Feydeau, Molière) et à la télévision.

  • Ilroy Plowright : Enfant acteur, il tourne dans quelques téléfilms et séries dans les années 90 et arrête sa carrière à l’âge de 14 ans.

  • Jean-Claude Lecas : Né en 1953, on le voit fréquemment à la télévision (les Cordiers, Navarro, Julie Lescaut, SOS 18) et tourne au cinéma chez Chabrol, Pinoteau, Ozon, et fait une apparition dans Cheval de guerre de Spielberg. 

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Volume 5Volume 7

Maigret (Bruno Cremer)

Volume 6


PRÉSENTATION VOLUME 6

Après s’être quelque peu perdue, la série retrouve souffle, dynamisme, régularité et, surtout, une très grande qualité. Les anciennes habitudes de Maigret reviennent, son attention aux petites gens, ses relations avec ses différents inspecteurs – après le départ d’Alexandre Brasseur, plusieurs nouveaux inspecteurs font leur apparitions – nous régalent à nouveau et Maigret retrouve son fauteuil et son bureau – après quelques travaux – dans une PJ modernisée mais bien présente. L’atmosphère parvient à nouveau à se faire poisseuse, campagnarde ou bourgeoise et Paris – enfin, Prague – est à nouveau à l’honneur.

Aucun épisode n’est mauvais, au contraire, la plupart sont remarquables et c’est dans ce coffret que se situe, sans nul doute, le tout meilleur épisode de la série, fort justement récompensé au Festival du Prix Policier de Cognac : Signé Picpus. Bruno Cremer retrouve une certaine forme, une belle allure même, alors que son embonpoint ne cesse d’augmenter et ses cheveux de blanchir. Nous nous acheminons doucement vers la fin de la série mais, à l’époque du tournage, nul ne pouvait le prévoir. 

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1. LA MAISON DE FÉLICIE

Première diffusion : 03/06/2002

D’après Félicie est là (1942) – Roman

Scénario : Christian de Chalonge et Dominique Garnier

Réalisation : Christian de Chalonge

Interprétation : Jeanne Herry (Félicie), Renée Le Calm (Mme Chauchoi), Nicolas Guimbard (Jacques Pétillon), Jean-Pierre Bagot (Charles Morin), Bonnafet Tarbouriech (Emile), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Jean O'Cottrell (inspecteur Janvier), Christelle Cornil (Léontine), Nicole Dubois (la receveuse des postes)

Résumé : Jules Lascours, dit « Jambe-de-bois » est retrouvé mort dans sa vieille maison décrépite. Sa bonne, Félicie, prétend n’avoir rien vu ni rien entendu, alors qu’elle dormait à quelques mètres à peine. Maigret s’intéresse de près à la personnalité agaçante et revêche de la jeune femme tandis que la famille de Lascours apprend qu’un testament stipule que Félicie hérite de tous biens de son employeur…

Note : 4 sur 4

Critique :

L’intérêt de cet épisode réside principalement dans la personnalité de Félicie, impeccablement interprétée par Jeanne Henry. Le personnage, exécrable, pénible, en permanence sur la défensive, se révélera, à force d’obstination de Maigret, sensible, amoureuse et même émouvante. Dans un premier temps, on se demande bien pourquoi Maigret s’entête à ainsi s’intéresser à elle et à sa curieuse histoire. « Petite peste » est même le premier qualificatif qu’il adresse, pour lui-même, à la jeune fille. C’est sans aucun doute l’un des antagonistes les plus obstinés – nous n’avons pas forcément dit criminel – que Maigret aura eut à affronter au cours de sa longue et brillante carrière. Jusque dans la scène finale, Félicie restera pleine de morgue et de hargne à l’égard de Maigret qui s’éloignera, dépité mais guère surpris, pour quitter le singulier univers dans lequel vit Félicie.

Couleurs et images s’accordent ensemble pour recréer ce monde à part, grisâtre, campagnard mais pas si éloigné que cela de Paris, vivant au rythme des canaux. La maison de Félicie, puisqu’il en est tout de même question dans le titre, participe grandement à l’ambiance générale, avec ses meubles usés, sa maquette de phare illuminée en permanence, son toit percé laissant s’écouler la pluie au milieu des baquets, et tous les chats, envahissant chaque pièce. La grande attention portée aux décors extérieurs, au milieu des feuilles d’automne, de la brume et de la pluie, renforce une atmosphère d’étrangeté. Jusqu’au petit café du coin, où Maigret se délasse de ses rencontres avec Félicie, lui permettant d’explorer tout le microcosme local.

Maigret déambule à son aise, se promenant au gré des conversations, souvent amusantes, avec Félicie. Il faut le voir coiffé du chapeau de paille de Jambe-de-bois, poussant sa bicyclette en pleine forêt ou délicieusement attablé au restaurant. Avec son flegme habituel – quoiqu’il lui arrive de le perdre face à l’horripilante jeune femme – il finira enfin par démêler le vrai du faux, révélant une affaire crapuleuse, de truands, à laquelle on ne s’attendait franchement pas.

Un bon film, plein d’humour, parfaitement filmé et interprété.


Distribution

  • Jeanne Herry : Née en 1978, cette comédienne et réalisatrice est la fille de Miou-Miou et de Julien Clerc est formée au Conservatoire de Paris. Elle joue au théâtre et réalise son premier cours métrage, avec sa mère, en 2009, Marcher et son premier long-métrage Elle l’adore en 2014. Actrice et réalisatrice dans la série Dis pour cent, son dernier film Les champs de fleur, sort en 2017.

  • Renée Le Calm : Née en 1918, cette comédienne acquiert la notoriété tardivement, grâce à Cédric Klapish dont elle est pratiquement de tous les films. On l’avait déjà vu dans Maigret, à l’occasion de l’épisode Meurtre dans un jardin potager en 1999.

  • Jean-Pierre Bagot : (1943-2016) Ce pilier de la télévision (Le pain noir, les Cinq dernières minutes, Nestor Burma, la Crim’, Joséphine ange gardien), a également longtemps hanté les planches, jouant du Labiche, Sartre, Brecht, Molière, Shakespeare, Goldoni, Tchekhov ou Williams, mis en scène par Patrice Chereau, Jérôme Savary ou Georges Wilson. Il joue régulièrement des seconds rôles chez Boisset et est une figure régulière du cinéma de Robert Enrico.

  • Bonnafet Tarbouriech : Né en 1952 à Nîmes, cet ami de Victor Lanoux tourne avec lui dans Louis la Brocante, mais également dans Taxi 2 et 3 ainsi que pour Gérard Jugnot, Didier Bourdon, Costa-Gavras et, récemment, deux fois pour Jean-Pierre Mocky. Il promène son accent méridional chantant dans près d’une centaine de téléfilms et épisodes de série depuis 1978. Sur les planches, il aborde les classiques (Molière, Sartre, Musset, Labiche, etc.).

  • Pierre Diot : Né en 1958, il fait ses études au Conservatoire de Paris et décroche son premier rôle important dans Maigret, devenant son nouvel inspecteur régulier, durant huit épisodes, jusqu’à Maigret et la demoiselle de compagnie. Il s’illustre pendant 800 représentations de son one-man show Complètement allumé avant de passer 25 fois chez Laurent Ruquier dans On ne demande qu’à en rire où il gagne les faveurs du grand public. Il alterne depuis cinéma (La maladie de Sachs, Coco avant Chanel, La Vie très privée de Monsieur Sim, Radin !) et les spectacles. 

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2. MAIGRET ET LA PRINCESSE

Première diffusion : 21/02/2003

D’après Maigret et les vieillards (1960) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Michel Grisola

Réalisation : Laurent Heynneman

Interprétation : Colette Renard (Jacqueline Larrieux), Micheline Boudet (Isy de Wissemberg), Guillaume Gallienne (Cormière), Pierre Aussedat (abbé Desnoyers), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Jean-Paul Bonnaire (inspecteur Battesti), Mario Pecqueur (Alain Mazeron), Jacques Ciron (Dr Josserand), Marie-Thérèse Arene (Me Denise Aubonnet), Didier Raymond (Philippe de Wissemberg), Stéphane Auberghen (Claire Mazeron), Amalric Gérard (Eric de Wissemberg)

Résumé : Un ancien haut diplomate français est retrouvé mort, tué par balle et sa gouvernante, Jacotte, prétend avoir entendu s’enfuir l’assassin. Très vite, Maigret découvre que l’ancien diplomate entretenait une relation épistolaire enflammée, mais platonique, avec la Princesse de Wissemberg. Ce qui est étonnant c’est que l’époux de la Comtesse est justement mort, trois jours plus tôt…

Critique :

Maigret s’aventure parmi la noblesse. Ce n’est pas la première fois, mais il se montre ici plus que jamais impressionné par le monde qui l’entoure. Il se fait petit, presque humble, souhaitant déranger le moins possible cet environnement qui, au fond, le fascine depuis l’enfance. A son inspecteur qui lui reproche de ne pas assez bousculer ce milieu, il répond préférer jouer leur jeu, feutré, sans les brusquer, afin d’en apprendre davantage.

Alors l’enquête se déroule tranquillement, à rythme lent, comme souvent, prétexte aux longs silences de Maigret, tout perdu dans la lecture des lettres de la Princesse. Si c’est de ces dernières que viendra finalement la solution, simple, évidemment, il faudra tout d’abord égrener de longs monologues épistolaires chantonnés de la belle voix toujours mélodieuse de Micheline Boudet. Rayonnante comme au temps de la Comédie Française où elle s’illustra avec brio, elle impose un charme et une élégance rare partout où elle passe, emplissant même d’espace une pièce pourtant vide, dans une jolie scène très touchante à l’évocation des meubles de son ancien amour. Bien que toute entière dans le titre de l’épisode, on ne la voit finalement pas tant que cela, tout au plus quatre – longues – scènes où Bruno Cremer, pourtant immense à côté d’elle, paraît bien humble.

Mais bien plus que Maigret et la princesse¸ cet épisode, un peu suranné, un peu creux par moments, aurait gagné à conserver son titre originel de Maigret et les vieillards, tant c’est bien cette considération du temps qui passe, de la maladie et de la mort inéluctable, qui donne corps et sens à l’épisode, en la personne de feu le Comte de Saint-Hilaire et de sa gouvernante, la tourmentée et fanatiquement religieuse Jaquotte. Colette Renard se montre ici tout en nuances, apportant à son personnage une véracité jusque dans ses attitudes coincées et dévotes mais surtout dans un regard extrêmement expressif, jouant avec celui du commissaire qui apparaît bien dépassé par ces deux maitresses femmes.

A nouveau un intéressant épisode de femmes, auquel il manque un léger rythme, faute de rebondissements et d’une enquête insuffisamment soutenue.


Distribution

  • Colette Renard : (1924-2010) Chanteuse et actrice française, Colette Renard se rend célèbre en 1956 dans la comédie musicale Irma la douce, et passe plusieurs fois à l’Olympia et à Bobino aux côtés de Georges Brassens. Elle décroche deux disques d’or en 1982 et est connue pour refuser de chanter en playback à la télévision. Elle joue dans quelques films (Un roi sans divertissement, IP5) et de 2005 à 2009 dans Plus belle la vie dont elle était la doyenne.

  • Micheline Boudet : Née en 1926, elle entre à la Comédie Française en 1950 dont elle devient membre honoraire en 1972. Elle y multiplie les rôles espiègles, gouailleurs et se spécialise dans Marivaux. Elle forme la « fine équipe » aux côtés de Jacques Charron, Robert Hirsch, Jean Piat, Georges Descrières et Denise Gense. Après son départ du Français, elle se consacre au théâtre de Boulevard et à une importante carrière d’écrivaine.

  • Guillaume Gallienne : Né en 1972, il entre à la Comédie-Française en 1998, interprétant les classiques. Il est célébré par le grand public à l’occasion de la sortie du film Les garçons et Guillaume, à table !, adapté de son spectacle, qu’il réalise et remporte cinq Césars. On l’a vu depuis dans Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté et il met en scène l’opéra-bouffe La Cenerentola de Gioachino Rossini à l’opéra national de Paris.

  • Jean-Paul Bonnaire : (1943-2013) Figure bien connu du petit écran, éternel second, troisième et quatrième rôle, ce comédien au phrasé très particulier, était un habitué du cinéma de Jean-Pierre Mocky et des séries télévisées.

Informations supplémentaires :

  • Notons la très brève apparition de Jacques ciron, de retour dans la série après son rôle, plus consistant alors, dans les Caves du Majestic (Coffret 1, épisode 7)

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3. SIGNÉ PICPUS

Première diffusion : 30/06/2003

D’après Signé Picpus (1941) – Roman

Scénario et réalisation : Jacques Fansten

Interprétation : Martine Sarcey (Mme Lecloagen), Maurice Chevit (M. Lecloagen), Frédérique Bonnal (Mlle Roy), Olivier Pajot (M. Blaise), Florence Pelly (Berthe), Gérard Bôle du Chaumont (Mascouvin), Armelle Deutsch (Emma), Marc Dudicourt (M. Drouin), Matthias Van Khache (inspecteur Maury), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Robert Plagnol (le juge), Philippe Meyer (directeur PJ), Dominique Marcas (Mme Biron), Ivan Avossa (Isidore), Luc Antoni (le garçon de café), Christophe Giordano (le policier bavard)

Résumé : Sur le buvard d’un café, un inquiétant message est découvert : « A 17 heures, je tuerai la voyante. Signé Picpus ». Le jeune inspecteur Maury, chargé de l’affaire, met sous surveillance les voyantes de Paris. Pourtant, l’inévitable se produit et une voyante est retrouvée assassinée chez elle. Dans sa cuisine fermée à clef, Maigret découvre un vieux bonhomme, hagard, un certain Lecloagen. Il prétend n’avoir rien vu, ni rien entendu…

Critique :

Signé Picpus est un merveilleux épisode, véritable petit joyau, parfaitement ciselé, réglé comme un mécanisme d’horlogerie ingénieusement huilé, peut-être le meilleur de toute la série.

Très justement récompensé du Grand Prix du télépolar de 2003 à Cognac, à l’instar de son ancêtre Maigret et le corps sans tête en 1992, ce film propose une véritable enquête policière, presque classique, pleine de rebondissements, de fausses pistes, un peu éloignée du schéma habituel des Maigret où l’imposant commissaire se heurte d’ordinaire à une personnalité forte et suspecte. Ici, non : nous nageons en plein mystère et il faudra attendre les dernières minutes pour que soit finalement révélé le nom du véritable assassin. Avant cela, c’est à un véritable ballet, finement orchestré par Jacques Fansten, que nous assistons. Le réalisateur et scénariste de l’épisode fait merveille, menant parfaitement son scénario, tout en subtiles touches, aux dialogues étincelants, à la réalisation audacieuse et au montage efficace.

Maigret se promène ainsi en plusieurs immeubles parisiens, dans les nouveaux locaux de la PJ – tout en bois fraichement vernis – et déambule au bord de l’eau dans une ravissante auberge des bords de Seine.  Ses rencontres pittoresques avec Mlle Roy ou M. Lecloagen sont autant de petits moments de bonheur, aux dialogues subtils et charmants, où un Maigret vif et à l’instinct aiguisé saisit au vol toutes sortes d’indices qui, mis bout à bout, assembleront un puzzle bien complexe de prime abord. Il est difficile de savoir où veut en venir le commissaire qui partage peu ses humeurs et impressions. Lorsque la vérité éclate enfin devant l’histoire du couple Lecloagen, on est soufflé par cette idée si simple mais si géniale en même temps et qui explique tout, ou presque. Il ne reste plus à Maigret qu’à en finir avec les véritables crapules de l’épisode, et l’affaire est emballée.

Ce qu’il y a de véritablement remarquable ici – et qui mérite bien cinq bottes sur quatre, pour marquer le coup – c’est que Signé Picpus marque une apogée dans la série, véritable condensé de tout ce qui en a fait son succès et sa longévité. On y retrouve le Maigret fin limier, enquêteur hors pair qui fraie aussi bien parmi les crapules cachées sous le vernis de la réussite que chez les petites gens besogneuses. On y voit encore les petits mensonges qui se transforment en énormités, propres aux cachoteries de bourgeois. On se délecte du Maigret flânant près de la rivière, attablé dans une auberge, la pipe à la bouche. On y revoit également le Maigret « raccommodeur de destinée » dans sa gestion de l’affaire entre Mascouvin et sa demi-sœur, toute de délicatesse et de mesure. Sans oublier encore Maigret et ses rapports avec la justice : il y avait bien longtemps que l’on n’avait vu dans la série un juge d’instruction aussi obtus, aussi stupide et aussi lamentable, ils nous avaient presque manqué ! Et la liste pourrait être encore plus longue : le coup de fil à Madame Maigret, la compassion du commissaire pour Lecloagen, les manipulations pour obtenir des aveux, etc.

C’est également l’occasion d’appréhender pleinement le nouveau Maigret, avec ses nouveaux inspecteur, Christiani et Maury ; sa nouvelle dégaine, en blaser léger et chemise ouverte, ayant abandonné le pardessus et même le manteau en ces chaudes journées estivales. A cette occasion, nous lui découvrons également un nouveau directeur, assez humain et compréhensif, petit ajout à la série, le temps de deux épisodes.

Véritable chef d’œuvre, Signé Picpus démontre la capacité d’une série à se renouveler et à redécouvrir parfaitement son ton et son esprit d’autrefois, tout en sachant se moderniser et intégrer la notion du temps qui passe. En effet, Bruno Cremer vieillit et Maigret aussi. Une affiche nous informe que nous sommes en 1954, rare datation dans la série, une autre nous informe que les élections législatives approchent et le Tour de France où s’illustre Louison Bobet ancre le récit davantage dans le réel qu’à l’ordinaire.

Maigret à son tout meilleur niveau.

Distribution

  • Jacques Fansten : Né en 1946, ce réalisateur, scénariste et producteur français a écrit et réalisé six longs métrages, de 1970 à 1997 dont le plus célèbre reste sans doute la Fracture du myocarde en 1990, ainsi que plusieurs téléfilms. Ancien assistant de Chabrol, il était l’assistant de Jean-Pierre Decourt, en 1968, pour l’adaptation d’un certain… Signé Picpus, dans la première série des Maigret avec Jean Richard. Il réalise également l’épisode suivant avec Bruno Cremer, Un échec de Maigret.

  • Martine Sarcey : (1928-2010) Cette comédienne française, bien qu’ayant beaucoup joué au théâtre, est surtout célèbre pour ses rôles à la télévision. On se souvient d’elle dans de nombreux feuilletons et sagas de l’été, tels la Porteuse de pain, Dolmen ou Engrenages. Comédienne de doublage, elle était la voix régulière d’Audrey Hepburn et doublait Elizabeth Montgomery dans Ma sorcière bien-aimée. En 1988, elle jouait aux côtés de Jean Richard dans les Enquêtes du commissaire Maigret, dans l’épisode le Notaire de Châteauneuf.

  • Maurice Chevit : (1923-2012) Fils d’une famille d’émigrés juifs polonais, il échappe à la Déportation en travaillant comme bucheron. Après plusieurs métiers manuels il débute au théâtre le lendemain de la guerre et fait sa première apparition au cinéma en 1946 sous la caméra de René Clément. Il écrit une pièce de théâtre en 1950 et tient de nombreux petits rôles jusque dans les années 60. Reconnu à plus de cinquante ans grâce au Coup de Sirroco et les Bronzés font du ski. Il est célébré par deux Molières et ne cesse de jouer jusqu’à ce que la maladie l’emporte.

  • Armelle Deutsch : Née en 1979, elle suit le Cours Florent à l’âge de 18 ans et est remarquée dans Le Placard de Francis Veber. Elle obtient son premier rôle important en 2004 dans Nos amis les flics et tient le rôle titre de la série Elodie Bradford.

  • Marc Dudicourt : Né en 1932, il est surtout connu pour son rôle dans les Aventures de Vidocq en 1972 et pour avoir débuté et être resté près de 20 ans dans la troupe de Roger Planchon. Chanteur, c’est un ardent défenseur de la chanson et de la langue française.

Informations supplémentaires :

  • Notons ici un nouveau bureau pour Maigret, temporaire, étroit, surchauffé et assez peu plaisant visuellement, mettant particulièrement mal à l’aise ses suspects. 

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4. UN ÉCHEC DE MAIGRET

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Première diffusion : 31/03/2003

D’après Un échec de Maigret (1956) – Roman

Scénario : Steve Hawes et Claire-Marine Level

Réalisation : Jacques Fansten

Interprétation : Jean-Luc Bideau (Fumal), Manuela Gourary (Mme Fumal), Isabelle Candelier (Louise), Daniel Laloux (Victor), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Matthias Van Khache (inspecteur Maury), Gérard Croce (Gaillardin), Sophie Pincemaille (Martine Gilloux), Jacques Rosner (Joseph Guyonnet), Philippe Meyer (directeur PJ), Michèle Brousse (Mme Gaillardin), Miroslav Etzler (Félix)

Résumé : Fumal, ancien camarade de classe de Maigret, exige d’être reçu par lui. Il a récemment reçu des lettres de menace et, en haut lieu, on insiste pour que Maigret se charge de sa protection. Ce grand patron des boucheries parisiennes est un être odieux, détestable, dont Maigret n’a que de mauvais souvenirs. Bien à contrecœur, il commence son enquête sur Fumal alors que sa secrétaire lui révèle, sous le sceau du secret, que c’est l’homme d’affaires lui-même qui s’envoie les lettres anonymes. Le lendemain, Fumal est retrouvé mort.

Critique :

Nous poursuivons sur cette excellente lancée avec le très bon Un échec de Maigret, épisode sombre, hanté par la prestation de Jean-Luc Bideau en homme d’affaire affreux.

Le comédien donne toute son ampleur à ce monstre, véritable salaud de roman noir. Se prétendant un ami d’enfance de Maigret, celui-ci n’éprouve que mépris pour cet homme à la réussite folle, à l’ambition dévorante et à la haine féconde et communicative. Disparaissant au bout d’une petite demi-heure, le personnage a pourtant tellement eu le temps d’ancrer nos rétines qu’il nous semble le voir et même l’entendre à chacune de ses évocations par la suite. Ainsi, l’épisode réussit pleinement là où Maigret et le marchand de vin échouait dans le précédent coffret. A l’époque, l’erreur avait été de si peu montrer le personnage du salaud, si bien que l’empathie à son égard – agréable ou désagréable – ne fonctionnait pas, en dépit de la bonne prestation de Jacques Frantz. Ici, Jean-Luc Bideau s’en donne à cœur joie, cabotine presque ce rôle démesuré, parfaite ordure qui se croit tout permis et, de ce fait, se permet tout.

Alors, avec l’ombre de Fumal qui plane au dessus de sa tête, Maigret se met en chasse, mais tranquillement, sans en avoir l’air, afin de retrouver l’assassin qui lui est passé sous le nez. Le commissaire a beau se sentir – un peu – responsable de la mort de Fumal, il témoigne pourtant toute sa sympathie à toutes les victimes de ce dernier. Après tout, lui-même ne pouvait pas sentir le personnage. Il s’efforce de rendre la justice, oui, mais pas au-delà de certaines limites. La fin de l’épisode est claire là-dessus : Maigret laisse tranquille l’assassin et ne l’arrêtera pas. Le personnage a bien assez souffert comme cela.

Les interprètes apportent une grande sincérité et véracité dans ces personnages sous emprise. Mention spéciale à Daniel Laloux, dans le rôle du pauvre Victor, majordome usé, à Manuela Gourary dans le rôle de Mme Fumal, femme dévastée par un mari odieux, et à Isabelle Candelier dans le personnage de Louise Bourge, secrétaire terrorisée et humiliée. Tous ces excellents comédiens servent une fois de plus, mais c’est après tout la marque de la série, des dialogues hors pair, qui ravissent les oreilles et l’esprit.

Un bien bel échec pour Maigret.

Distribution

  • Jean-Luc Bideau : Acteur suisse né en 1940, Jean-Luc Bideau entre au Conservatoire de Paris en 1959. Acteur fétiche du cinéma Suisse dans années 70, il tourne sous la direction de Soutter, Tanner et Goretta. Il tourne en 1977 le Convoi de la peur, avec un certain Bruno Cremer. En France, il joue surtout pour Costa-Gavras, Mocky, Chabrol et Tavernier. Présent à la Comédie-Française de 1988 à 1998. Sa carrière prend un nouvel essor de 1998 à 2002 avec la série H, qui lui laisse pourtant de bien mauvais souvenirs de tournage. Remarqué dans ainsi soient-ils, il tourne toujours autant pour la télévision et le cinéma, sans dédaigner le théâtre.

  • Daniel Laloux : Né en 1937, ce musicien, chanteur et acteur Français, débute très tôt une carrière de musicien-chanteur dans les cabarets de la Rive Gauche. Son premier album est censuré à la radio après s’être moqué du ministre de la Culture de l’époque, André Malraux. Il joue dans quelques comédies et gros succès au cinéma (L’Entourloupe, Les malheurs d’Alfred, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, les Rois du gag) et réalise l’unique film de sa carrière en 1983 : Un bruit qui court.

  • Gérard Croce : Acteur, producteur, scénariste et assistant réalisateur né en 1947, il est notamment le plus fidèle des collaborateurs de Max Pécas et apparaît dans nombre de ses films. Il se fait connaître du grand public avec les Charlots. Son plus grand rôle reste celui de l’ignoble épicier Maigrat [sic !] dans Germinal de Claude Berry. Il produit la série Léa Parker et Sidney Fox, l’aventurière. En 1978, il aborde déjà l’univers de Maigret aux côtés de Jean Richard dans Maigret et le tueur.

  • Jacques Rosner : Né en 1936, ce comédien et metteur en scène Français collabore avec Roger Planchon de 1953 à 1970. Directeur du Centre dramatique national du Nord à Tourcoing en 1971, puis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Il le modernise, supprime le concours de sortie et renouvelle la formation des futurs comédiens. Il n’a joué en tout et pour tout que dans un film pour le cinéma et fait seulement quatre apparitions à la télévision. En revanche, il est un metteur en scène très prolifique sur les planches, où il met aussi bien en scène les classiques (Molière, Shakespeare, Tchekhov, Hugo, O’Neil) que les modernes (Bergman, Navarre, Wesker). 

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5. L’AMI D’ENFANCE DE MAIGRET

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Première diffusion : 29/09/2003

D’après L’ami d’enfance de Maigret (1968) – Roman

Scénario : Laurent Heynemann et Pierre Fabre

Réalisation : Laurent Heynemann

Interprétation : Roger-Pierre (Léon Florentin), Marianne Groves (Mme Blanc), Hubert Saint-Macary (François Belin), Philippe Morier-Genoud (Victor Lamotte), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Jean-Paul Bonnaire (inspecteur Battesti), François Feroleto (Jean-Luc Valois), Yves Lambrecht (Juge Rigon), Jean-Claude Calon (Dr Paul)

Résumé : Un camarade d’enfance de Maigret, Léon Florentin, supplie Maigret de lui venir en aide. Sa bonne amie, Joséphine Papet, a été assassinée. Maigret écoute les sollicitations de Florentin, qui prétend ne rien savoir de l’affaire, mais très vite Maigret s’aperçoit que son ancien camarade de classe lui ment comme un arracheur de dents, et ce, à tout propos.

Critique :

On ne quitte plus les camarades d’enfance pour Maigret, et, si cela peut apparaître comme une redite par rapport à l’épisode précédent, voire créer la confusion, n’oublions pas qu’à l’époque de sa diffusion, non seulement six mois s’étaient écoulés mais encore Signé Picpus avait été inséré entre les deux. Jugeons donc l’épisode pour ce qui est.

Tout repose, ou presque, sur les épaules de Roger Pierre, cabot au possible mais le personnage s’y prête parfaitement. Personnalité d’apparence sympathique et sincère, Maigret semble réellement heureux de le retrouver de prime abord, il se découvre menteur, veule, lâche, manipulateur et pathétique. Rarement on aura vu Maigret éprouver une telle déception face à un être humain, mais le fait qu’il s’agisse d’un camarade d’enfance y est sans doute pour beaucoup.

L’enquête en elle-même est menée au train tranquille des Maigret auxquels s’ajoutent les nombreuses – mais savoureuses – digressions provoquées par Florentin. Son numéro d’attendrissement de ses victimes, de ses coups de gueule lancés aux inspecteurs de la PJ suivis de son apparent repentir devant ce qu’il vient de faire sont autant de moments drôles et réjouissants, rythmant un épisode intelligent dont il n’est pas aisé de deviner la solution. De nombreux suspects, hauts en couleur, compliquent l’affaire et Maigret ne coincera le coupable qu’au petit bonheur la chance. Le mobile du meurtre, où l’on en revient une fois de plus à Roger Pierre, place Maigret une fois de plus en redresseur de tort, rôle qui enveloppe parfaitement Bruno Cremer, tout de sourde compassion et de compréhension. Plus le temps passe, plus le commissaire se tait mais se montre impitoyable envers ceux qui trompent, trahissent ou se veulent maitre-chanteurs.

De beaux décors parisiens – enfin, Pragois – allant du petit immeuble de quartiers, à une boutique d’antiquaire en désordre en passant par un beau restaurant et un jardin public, égaient de belles promenades estivales en compagnie de comédiens, comme toujours, au cordeau. Nous redécouvrons au passage, et avec plaisir, l’ancien bureau de Maigret, agrandi, modernisé, et doté de vitres fumées donnant sur les couloirs de la PJ.  

A nouveau, un très bel épisode, du Maigret en pleine forme.

Distribution

  • Roger-Pierre : (1923-2010) Particulièrement célèbre pour son duo comique formé avec Jean-Marc Tibault, il coécrit la « causerie antialcoolique » avec Bourvil, interprété par ce dernier. Il fut l’un des tous premiers sociétaires des Grosses Têtes et d’une fidélité extrême. Il joue dans quelques pièces comme la Soupière de Robert Lamoureux, et films (Mon oncle d’Amérique) et incarne son dernier rôle à la télévision dans cet épisode de Maigret.

  • Marianne Groves : Actrice franco-canadienne, traductrice et parolière, Marianne Groves fait ses débuts comme figurante chez Roger Planchon. Auteur et metteur en scène, elle est parolière pour Yodelice. Elle publie son premier roman en 2014.

  • Philippe Morier-Genoud : Né en 1944, ce comédien débute au théâtre avant de passer au cinéma sous la direction de François Truffaut qui le découvre dans la Femme d’à côté puis vivement dimanche. Il tourne pour des réalisateurs prestigieux comme Rivette, Malle, Boisset, Rappeneau, Bertolucci, Verneuil, Tavernier ou Desplechin. Très actif au théâtre, il apparaît à deux reprises dans la série Kaamelott dans le rôle de Bohort de Gaunes père et retrouve la troupe à Alexandre Astier pour Astérix : le domaine des dieux, prêtant sa voix à Jules César. On l’avait déjà vu dans Maigret et la vieille dame (Coffret 3, épisode 1)

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6. LES SCRUPULES DE MAIGRET

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Première diffusion : 13/02/2004

D’après Les scrupules de Maigret (1957) – Roman

Scénario : Pierre Granier-Deferre, Michel Grisola et Pierre Joassin

Réalisation : Pierre Joassin

Interprétation : Georges Siatidis (Xavier Marton), Pascale Arbillot (Gisèle Marton), Florence Hebbelynck (Jany), Olivier Darimont (inspecteur Lambert), Renaud Rutten (inspecteur Vandermeulen), Michel Guillou (commissaire Deruyter), Jean-Michel Vovk (Harris Schwob), Anne Carpriau (la concierge de l'hôtel)

Résumé : Maigret est en Belgique, pour recevoir une récompense suite à l’arrestation d’un criminel. Pendant le gala suivant la cérémonie, il est abordé par un homme au comportement étrange, Xavier Marton, qui prétend que sa femme souhaite l’assassiner. Intrigué, Maigret retarde son retour en France, sous le coup d’une intuition, et commence une enquête, bien loin de sa juridiction. Il commence par s’intéresser de plus prêt à la personnalité de Marton, obsédé par les maquettes de train, qui vit dans un pavillon de banlieue entourée de sa femme, Gisèle et de la sœur de cette dernière, Jany. Entre eux trois règne une atmosphère électrique…

Critique :

Un Maigret déplacé en Belgique, pour les besoins de la coproduction internationale de la série, qui voit Maigret recevoir une récompense pour services rendus. Qu’il fait plaisir de voir la subtilité de Bruno Cremer, tout en nuance, gêné de tant de sollicitations, passer ensuite à la stupeur et à l’incompréhension devant le personnage de Marton, pour ensuite prendre les affaires en main, s’amuser à écorcher le nom d’un des inspecteurs qu’on lui a confié et enfin dévoiler une vérité triste, terrible mais si réaliste.

L’affaire paraît longue à démarrer, de prime abord. Maigret enquête sur un soupçon, un instinct, une intuition, sans mandat, loin de sa juridiction, se heurtant bien vite à la police belge, peu encline à le laisser piétiner leurs plates-bandes. Et puis, il n’y a pas de crime, jusque-là, tout juste les soupçons d’un personnage halluciné, persuadé que sa femme veut sa mort. Mais Maigret ne lâche rien, et, pendant juste une heure, le spectateur attend que quelque chose se passe : Marton va-t-il bel et bien mourir, comme il le craint ? On ne s’ennuie pas une seconde pendant cette attente, bien au contraire. La tension monte, palpable, tant la personnalité tourmentée de Marton est fascinante. Personnage obsessionnel, ne vivant que pour ses maquettes de trains – magnifiques du reste – il est incapable d’assumer et d’assurer une vie de couple normale à laquelle sa femme semble tenir. Homme-enfant, il fascine sa belle-sœur, amoureuse jusqu’à la folie, et ne lui renvoie que mépris et indifférence.

Lorsque le crime survient, brutal, presque inattendu – tant on l’a, justement, attendu – les suspects sont minces et on devine bien vite la vérité. Mais qu’importe : le plaisir de l’épisode est ailleurs, dans la peinture de ce triangle « désamoureux », auquel se greffe un amant arrogant et méprisable, que Maigret remettra bien à sa place.

C’est une belle démonstration de ce que l’obsession peut avoir de ravageur : obsession de Marton, donc, pour les maquettes, l’empêchant de grandir et de s’assumer en tant qu’homme, mari et amant ; obsession de sa femme pour la fuite, pour vivre en tant que femme, s’assumer et s’émanciper ; obsession de sa belle-sœur à son égard, dévorante, folle, excessive, conduisant à l’irréparable ; et même obsession de Maigret pour ce pauvre type, qui s’acharne, s’entête à le croire quand tout tendrait au contraire à le fuir comme la peste.

Enfin, cet épisode reflète bien l’obsession personnelle de Simenon : l’être humain dans ce qu’il a de plus terne, cette nature humaine qu’il a passé sa vie à dépeindre dans son œuvre.

Encore un très grand cru.

Distribution

  • Georges Siatidis : Acteur Belge né en 1963, on le voit dans Mon colonel, Largo Winch 2 et le Pantalon d’Yves Boisset.

  • Pascale Arbillot : Née en 1973 cette comédienne commence des études à Sciences Po avant de se tourner vers la comédie. Elle commence au théâtre, où elle revient régulièrement et à la télévision (Navarro, Julie Lescaut, Nestor Burma, Les Cordier, la Crim’, Merci les enfants vont bien). En 2011 elle interprète le rôle principal de Une pure affaire.

  • Florence Hebbelynck : Comédienne Belge, on la voit dans le Monde de Marty, Entre terre et mer, Enfermés dehors ou encore Section de recherche.

Informations supplémentaires :

  • L'épisode a été tourné en Belgique, dans la Galerie de la Reine à Bruxelles, et dans les communes de Woluwé, Saint-Pierre et Schaerbeck.

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7. MAIGRET ET LES PETITS COCHONS SANS QUEUE

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Première diffusion : 29/03/2004

D’après Les petits cochons sans queue (1946) – Nouvelle

Scénario : Steve Hawes et Claire Level

Réalisation : Charles Nemes

Interprétation : Vahina Giocante (Germaine Blanc), Roger Souza (le commissaire Pardi), Thérèse Liotard (la comtesse), Karim Adda (l'inspecteur Launay), Laurence Lerel (Thérèse), Réginald Huguenin (Le Gentil), Philippe Landoulsi (Freddie), Julio A. Casanova (Pepe Alban), Miriam Learra (Madame Alban), Max Alvarez (Max Asis), Jorge Luis Lopez (l'arbitre), Nelson Rodriguez (l'animateur), Alexis Rivera (le policier 1), Franck Reyes (le policier 2), Montse Duany (la servante), Jamil Jaled (Joe Asis), Rodolfo Faxas (Paul Asis), Alberto Gonzales (Marcel Blanc), Freddy Betancourt (Robert Pernaud), Grupo Havana Soul (Musiciens), Charles Nemes (le docteur Racollet), Hoang Le Van (le barman salle de boxe)

Résumé : Dans le Sud de la France, Maigret s’intéresse à la disparition d’un ancien boxeur, reconverti en journaliste, Marcel Blanc. Son épouse, Germaine, est sans nouvelle de lui et son amie, Thérèse, sollicite l’aide de Maigret. Ce dernier découvre bien vite que Marcel est sans doute mêlé à une histoire louche, à base de trafic d’œuvre d’art…

Critique :

Maigret et les petits cochons sans queue est, à nouveau, l’adaptation d’une nouvelle de Simenon dans laquelle n’apparaît originellement pas Maigret – comme Meurtre dans un jardin potager – et qui s’en tire à nouveau avec les honneurs.

Tourné à Cuba, l’épisode se déroule dans le Sud de la France et Maigret s’intéresse au cas, un peu particulier, de la disparition d’un jeune reporter qui a laissé sa femme sans nouvelle de lui. Mais cette dernière, qui n’est pas sans rappeler Félicie de La Maison de Félicie dans son comportement, « déteste les flics » et tente en fait d’égarer Maigret dans son enquête. Si ces jeux sont, à la longue, quelque peu répétitifs et ennuyeux, Vahina Giocante est parfaite dans ce rôle et on finit par la prendre en sympathie, comme Maigret, qui, une fois de plus, va jouer au raccommodeur de destinée.

Maigret s’aventure dans les mondes interlopes de la boxe et de l’art qui se croisent sans cesse sans jamais vraiment se rencontrer. Faute à une scène introductive bien trop explicite, il nous manque ici le petit mystère qui nous ferait réellement nous passionner pour l’épisode. En en montrant trop, dès le départ, le film rate le coche et nous attendons, sans déplaisir pour autant, une histoire somme toute banale de gangsters et de trafic d’art. Et, une fois connue la signification de l’étrange titre de l’épisode, l’intérêt s’étiole un peu plus à mesure que les minutes passent.

Un peu long, mais loin d’être complètement raté, Maigret et les petits cochons sans queue ne manque pas de charme ou d’élégance. Les plans sont léchés, les décors splendides et les lumières tamisées des nuits agitées des salles de boxe sont splendides. Mais ce scénario reste tiré d’une nouvelle et manque de fond et de matière pour être totalement réussi. Heureusement, la réalisation, comble les manques.

Distribution

  • Vahina Giocante : Actrice française d’origine Andalouze et Corse elle décroche à 14 ans le premier rôle de Marie Baie des Anges en 1997. Danseuse à l’Opéra de Marseille entre 1996 et 1998, elle joue souvent des personnages sensuels, voire érotiques (Le Libertin, Pas de scandale, Lila dit ça). On la voit encore dans Blueberry, l’expérience secrète, 99 francs, Bellamy et joue le rôle titre dans le téléfilm Mata-Hari.

  • Roger Souza : Né en 1942, ce comédien et réalisateur d’origine portugaise est un habitué du cinéma d’auteur. Au théâtre, il joue notamment pour Roger Planchon et réalise son premier long métrage en 2016 : les étoiles de papier.

  • Thérèse Liotard : Actrice française née en 1949, elle débute à la télévision comme speakerine. Elle tourne au cinéma sous la caméra de Patrice Leconte, Claude Sautet, Yves robert ou Bertrand Tavernier.

  • Karim Adda : A l’origine acteur (il a un rôle régulier dans Caméra Café), il participe depuis à la production et à l’écriture de la série Scènes de ménage.

Informations supplémentaires :

  • L’épisode est tiré d’une nouvelle où n’apparaît pas le personnage de Maigret.

  • Maigret et les petits cochons sans queue a été tourné à Cuba.

  • Le réalisateur de l’épisode, Charles Nemes, fait une petite apparition dans le rôle du docteur Racollet.

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Volume 6Présentation

Maigret (Bruno Cremer)

Volume 7


1. MAIGRET ET LE CLOCHARD

Première diffusion : 03/05/2004

D’après Maigret et le clochard (1962) – Roman

Scénario : Christian de Chalonge et Dominique Garnier

Réalisation : Laurent Heynneman

Interprétation : Emilie Lafarge (Léa), Chloé Lambert (Juliette), Franck Gourlat (Jeff Van Houtte), Eva Saint-Paul (Madame Keller), Pierre Diot (l’inspecteur Christiani), Philippe Bardy (Pierre Leterrier), Jean-Paul Bonnaire (Battesti), Nicolas Larzul (Hubert Van Houtte), Georges Gilbert-Cazeneuve (François Keller)

Résumé : Sous le pont d'Austerlitz, deux mariniers repêchent en pleine nuit le corps d'un clochard des quais de Seine, surnommé le Toubib. L'homme a reçu un violent coup sur la tête et est entre la vie et la mort. Mais Maigret ne croit pas à une simple bagarre ayant mal tourné. Il apprend rapidement que le clochard se nomme François Keller, est réellement médecin et vit à moins de 300 mètres de son épouse…

Critique :

Un très bon cru pour l'ouverture de cet ultime coffret de la collection des Maigret avec Bruno Cremer. Une affaire de fuite et pleine de faux fuyants et de faux semblants. Une affaire d'êtres humains troubles autant que troublants, des personnages chers à Simenon, incapables de communiquer entre eux et incapables de s'aimer. L'amour est au cœur d'un épisode dur et complexe, ancré dans un réel sordide, classique chez Maigret.

Maigret se passionne pour cette histoire qui a tous les airs de ne pas en être une. Comme il le dit lui-même, "cette histoire l'embête". Cette histoire de clochard, en réalité médecin ayant abandonné femme et enfants mais vivant à côté d'eux. Tout cela dissimule une sombre affaire de mœurs dans le milieu des mariniers, encore une fois un univers que Simenon connaissait et maitrisait à la perfection.

L'adaptation est très belle, empreinte d'une forme de nostalgie pour la fin des années 1950, pleine de ces petites gens ordinaires confrontés à des événements hors du commun et qui les rend exceptionnels, au sens qu'ils constituent une exception à la norme. L'interprétation est de belle qualité, Bruno Cremer en tête, toujours élégant quoique manifestement fatigué par la maladie qui gagne du terrain. Autour de lui, les seconds rôles apportent une humanité bienvenue dans cette triste affaire. La fin, ambigüe, est une des meilleures de la série.

Un très bel épisode, injustement méconnu, sans doute parce qu'il ne bénéficie pas d'une distribution aussi prestigieuse que dans les premières saisons de la série. A (re)découvrir.

 

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2. MAIGRET CHEZ LE DOCTEUR

Première diffusion : 25/06/2004

D’après Monsieur Lundi (1936) – Nouvelle

Scénario : Steve Hawes et Claire Level

Réalisation : Claudio Tonetti

Interprétation : Monique Chaumette (Eugénie), Lionel Abelanski (Martin), Pierre Beriau (Monsieur Lundi), Nathalie Besançon (Alice Baron), Fabienne Tricottet (Melle Simpson), Laurent Le Doyen (le docteur Baron), Yvon Martin (l’inspecteur Dantec), Guillaume Delorme (Guillaume), Katerina Janecková (la bonne)

Résumé : La jeune et jolie bonne d’enfants du docteur Baron a été assassinée. Pour élucider le mystère de cette mort, Maigret se lie avec les domestiques, avec des succès divers.

Critique :

Du Maigret quatre étoiles, une merveille du genre, totalement maitrisé et particulièrement bien filmé. Un huis clos étouffant, angoissant, peuplé de personnages lugubres et ambigus. Au cœur d'une grande bâtisse sinistre, des êtres veules se meuvent en un ballet chaotique qu'un Bruno Cremer affûté organise, en chef d'orchestre d'une série qu'il habite toujours avec autant de charisme.

Cet épisode est une merveille du genre et fleure bon la période classique des Maigret, ceux des débuts, où une atmosphère oppressante pouvait définir une histoire et sa conduite. La présence d'une grande actrice, comme Monique Chaumette, y contribue largement. Alors, est-ce que la seule nostalgie justifie de porter aux nues cet épisode ? Non, car celui-ci est tout bonnement remarquablement écrit, réalisé et monté. Il est toujours plaisant de retrouver du mystère dans un Maigret et celui-ci n'en manque pas. Des dialogues ciselés, tantôt drôles, tantôt durs, magnifiquement servis par des interprètes hors pair complètent un tableau aux touches subtiles.

Maigret s'intéresse comme toujours aux petites gens et à leurs misères et dépravations. De la cuisinière castratrice et son fils obsédé par la mort au curieux et mystérieux Monsieur Lundi, cynique mais touchant mendiant amateur de citations littéraires, c'est une magnifique galerie de personnages qui s'en vient rejoindre la longue liste de caractères déjà brossés dans la série.

Hormis le curieux choix de modifier le titre de la nouvelle originale, il s'agit sans aucun doute, la dernière grande réussite de la série.

MAIGRET : Et [Que pouvez-vous me dire d']Alice, la femme du docteur?

MONSIEUR LUNDI : La grande classe… Une femme qui a tout compris de la faiblesse des hommes avec, en plus, l'élégance de pas le montrer"

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3. MAIGRET ET L'OMBRE CHINOISE

Première diffusion : 28/05/2004

D’après Maigret et l'ombre chinoise (1931) – Roman

Scénario : Laurence Kilberg

Réalisation : Charles Nemes

Interprétation : Christine Boisson (Germaine Martin), Alain Rimoux (Edgar Martin), Estelle Skornik (Nine Moinard), Valentine Varela (Madeleine Dormoy-Boyer), Josiane Stoléru (Mathilde), Sylvie Flepp (madame Boursier), Olivier Brun (Daniel Boyer), Cédric Chevalme (inspecteur Bertin), Jean-François Poron (le colonel), Yves Beneyton (monsieur de Saint-Marc), Isabelle Petit-Jacques (Jeanne Boyer), Michel Elias (Luc Vignal), Rodolphe Tissot (inspecteur Jansen), Yann Pradal (le barman)

Résumé : Boyer, un inventeur qui a réussi, est assassiné dans son bureau. Une des habitantes de l’immeuble, Germaine Martin, une femme aigrie, se révèle être l’ex-madame Boyer. Elle a eu un fils avec lui, Daniel, personnage peu recommandable. De son côté, Boyer s’était remarié avec Madeleine, une bourgeoise hautaine. Il entretenait aussi une liaison avec une jeune danseuse de cabaret, Nine.

Critique :

Un nouveau huis clos pour Maigret, celui d'un immeuble où un crime d’apparence crapuleux a été commis. Un Maigret tout ce qu'il y a de plus classique, dans son scénario et dans son exécution. Trop classique sans doute. Il lui manque la petite touche de fantaisie ou d'expérimentation qui font d'un Maigret un « grand » Maigret. La réalisation est bien trop sage, bien trop académique. Les dialogues ne possèdent pas l'allant habituel et l'on se surprend à bailler à l'occasion.

On retrouve les ingrédients habituels de la série : la foule des petites gens bigarrés, issus d'horizons divers, tous plus ou moins coupables de quelque chose et en proie au mensonge, par habitude. Le scénario fonctionne, la petite révélation finale est même assez bien venue. Les interprètes sont correctes mais peu flamboyants. C'est sans doute la plus grande faiblesse de l'épisode. Si les principaux interprètes sont excellents, certains des autres comédiens sont légèrement en deçà et surtout, trop nombreux. Qui dit immeuble, dit toute une foule de locataires. Si cela est parfaitement logique, leur trop grand nombre noie l'intrigue dans de longues et inutiles séquences, sans compter que ces personnages ne sont pas intéressants. D'ailleurs, ils n'intéressent guère le commissaire. Et tout cela sans compter les autres suspects, et Dieu sait s'il y en a !

Alors non, cet épisode n'est pas une catastrophe, loin de là. Il se regarde tranquillement, mais bien trop tranquillement pour marquer les esprits, en dépit de quelques bonnes séquences.

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4. MAIGRET EN MEUBLÉ

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Première diffusion : 17/12/2004

D’après Maigret en meublé (1951) – Roman

Scénario : Michel Grisolia et Laurent Heynemann

Réalisation : Laurent Heynemann

Interprétation : Annie Grégorio (Sophie Clément), Maria Schneider (Françoise Boursicault), Valérie Karsenti (Isabelle Fresco), Jacques Mathou (Julien Hurel), Christophe Hémon (Paulus), Michel Ruhl (Valentin Desker), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Roger Ibanez (monsieur Berlanga), Christian Ruché (inspecteur Archambaud)

Résumé : Un hold-up a eu lieu et son auteur a été identifié. Mais l’inspecteur de garde qui planque devant son meublé dans un quartier tranquille est blessé par un coup de feu. Maigret va devoir enquêter dans la pension l’Estrapade, tenue par Mlle Clément, une affable femme mûre. Il s’y installe…

Critique :

Toujours un huis clos pour ce nouveau Maigret, dans un hôtel meublé cette fois. Le décor, les locataires et l'ambiance ne sont pas sans rappeler l'excellent Madame Quatre et ses enfants (Voir Volume 4, épisode 5), mais avec ce qu'il faut d'originalité pour agréablement s'en distinguer.

Maigret évolue comme un poisson dans l'eau parmi cette multitude de personnages qui, cette fois, parviennent chacun à tirer leur épingle du jeu. Personne n'est mis de côté et chaque intrigue est intéressante. Du couple d'immigrés roumains voulant s'intégrer à la société française, au vieux chanteur d'opéra à tendances pédophiles en passant par le réfugié de la Guerre d'Espagne, tous sont partie prenante de l'histoire et l’interprétation est impeccable. Annie Gregorio en particulier est remarquable en patronne de cette drôle de pension de famille et sa gouaille et sa bonne humeur apporte une certaine gaîté et de légèreté à cet épisode. Plusieurs de ses scènes sont très amusantes, comme lorsque Maigret la surprend en train de préparer un en-cas clandestin au suspect que traque le commissaire. Sa tentative de dissimuler son forfait est un très bon moment.

L'intérêt du scénario est de nous offrir un joli jeu de fausse piste, nous faisant douter de la nature réelle du crime. A-t-on bien visé l'inspecteur de Maigret ? La vérité est, comme souvent, à chercher dans le passé des protagonistes, hanté par les crimes d'antan. Une affaire finalement très simple une fois que les pièces du puzzle auront été patiemment rassemblées par le commissaire. La légèreté première de l'affaire bascule finalement dans le pathétique et la réalité souvent amère de la vie. Ici, deux vies brisées qui tentent de survivre. La peur, le dégoût de soi et une certaine envie d'en finir avec ses démons passés proposent une splendide conclusion lors de la confrontation finale avec le coupable.

Un bel épisode, le dernier adapté d'un roman de Simenon.

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5. MAIGRET ET LA DEMOISELLE DE COMPAGNIE

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Première diffusion : 17/01/2005

D’après La Vieille dame de Bayeux (1937-38) – Nouvelle

Scénario : Steve Hawes et Claudio Descalzi

Réalisation : Franck Appréderis

Interprétation : Vanessa Larré (Cécile Ledru), Thierry Fortineau (juge Monthiel), Vincent Winterhalter (Philippe Deligeard), Arnaud Appréderis (docteur Briand), Pierre Diot (inspecteur Christiani), Vania Vilers (commissaire Henri Carhaix, brigade financière), Edith Perret (mademoiselle Flandre), Éric Poulain (Jacques Mercier), Didier Pain (Albert Retailleau), Philippe Beglia (Victor), Simon Duprez (Arsène), Marie Florac (madame Deligeard), Jakub Hais (Marek)

Résumé : Cécile Ledru, dame de compagnie en grand deuil, vient rendre visite à Maigret pour dénoncer le meurtre de son employeuse et en accuser un homme sans aucune preuve. Malgré les avertissements du juge Monthiel, qui l’accuse plus ou moins de préjugés de classe, Maigret ne lâche pas l’affaire...

Critique :

Nous quittons les quartiers populaires pour nous aventurer dans la haute société. Cela faisait longtemps que ce n'était pas arrivé dans un Maigret et la satire sociale, chère à Simenon, est une nouvelle fois bien mise en scène.

Qui dit adaptation de nouvelle, dit grand remaniement scénaristique et l'on sait que cela n'a pas toujours été du meilleur augure pour la série. Mais force est bien de constater que cela fonctionne ici parfaitement bien. La mécanique est huilée et les scénaristes ont su composer avec leurs égarements passés pour trousser un très beau scénario. Cela n'avait rien d'évident car il repose sur une seule mécanique : prouver la culpabilité de Deligeard. Pas d'autres suspects, juste l'obstination et la ténacité de Cécile Ledru.

Le film se découpe en de longues séquences d'interrogatoire principalement en tête à tête entre Maigret et l'accusatrice, ferme dans sa volonté de venger sa tante qu'elle pense avoir été assassiné, entre Maigret et le suspect, un homme hautain estimant avoir tous les droits, et entre Maigret et le juge d'instruction, très soucieux de ne pas faire de vague dans un monde qui, il en est persuadé, échappe totalement à l'esprit trop cartésien de Maigret. Le regretté Thierry Fortin est formidable de mépris et campe un donneur de leçon tête à claque tout à fait exceptionnel. Ses affrontements avec Maigret resteront comme un des derniers sommets de la série, et sans aucun doute comme le dernier grand comédien à avoir fait les honneurs de la série.

L'argent, l'opulence, le conflit des classes sociales sont autant de thèmes exploités au cours des années par la série et ils trouvent ici leur aboutissement. Sous des dehors au premier abord un peu creux et surtout déjà vu dans son exposition, l'épisode est captivant et il est difficile de prévoir comment Maigret va bien pouvoir finalement coincer son suspect. Le final apporte une fin satisfaisante quoiqu'un peu froide.

Une jolie réussite.

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6. MAIGRET ET LES SEPT PETITES CROIX

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Première diffusion : 06/05/2005

D’après Sept petites croix dans un carnet (1951) – Nouvelle

Scénario : Steve Hawes et Claire Level

Réalisation : Jérôme Boivin

Interprétation : Didier Agostini (inspecteur Lecœur), Rémi Martin (Olivier Lecœur), Alain Floret (inspecteur Jamin), Laurent Labasse (inspecteur Gianni), Marina Golovine (Ginou), Raphaëline Goupilleau (madame Loubet), Nils Ohlund (inspecteur Bonfils), Jean-Pierre Bagot (le directeur de la P.J.), André Thorent (le voisin insomniaque), Bruno Bayeux (Pierrot), Maxime Lombard (le patron du café), Josef Nos (Roger Loubet), Martin Novotny (François "Bib" Lecœur)

Résumé : La nuit du 15 août, à la PJ, tout le monde est tendu. Un tueur en série sévit sur la vielle et semble introuvable. Jusqu'à ce que l'inspecteur Lecoeur, qui relève est appels de nuit se prenne à penser que son frère serait l'assassin…

Critique :

Ultime chef d’œuvre de la série, Maigret et les sept petites croix est totalement atypique dans la série. On ne quitte pour ainsi dire pas le Quai des Orfèvres, à part pour de rares incursions dans les rues de Paris et le nombre de protagonistes est extrêmement réduit et se résume pour l'essentiel à la brigade d'inspecteurs et de Maigret. Mais plus original, c'est le laps de temps qui s'écoule dans l'épisode qui distingue cet épisode des autres : tout se déroule lors de la nuit du 15 août, une nuit particulièrement étouffante, dans laquelle Maigret va réussir à élucider une série de crime et à sauver un jeune et brillant garçon de 10 ans. Le tout, en se basant sur quelques coups de téléphone et une carte de Paris sur laquelle apparaissent de petites ampoules électriques, signalant qu'un poste de police secours a été brisé.

L'idée est extrêmement ingénieuse et le pari audacieux. Faire tenir en haleine le spectateur pendant une heure et demie simplement sur cet argument nécessitait un bon dosage des dialogues et des phases de recherche. Les inspecteurs se devaient d'être crédibles et, pour leur unique apparition dans Maigret, force est de constater qu'ils tiennent bien la route. Mention spéciale au réceptionniste Lecoeur, tout de trouble et d'angoisse quant au destin de son frère et surtout de « Bib », son neveu. Une tension palpable s'impose rapidement à l'écran, renforcée par cette impression d'étouffement dû à la canicule, très bien retranscrite. Les corps sont moites, les esprits s'échauffent et l'explosion n'est jamais bien loin.

L'angoisse monte peu à peu et le jeu du chat et de la souris auquel se livre le garçon et l'assassin est particulièrement redoutable pour les nerfs. Lorsque la situation s'inverse et que le suiveur devient suivi et que de chasseur, l'enfant devient une proie, l'épisode atteint son paroxysme et il devient légitime de se poser la question : Maigret sauvera-t-il l'enfant ?

D'une nouvelle assez quelconque, les scénaristes ont su tirer le meilleur pour broder un nouveau huis clos en temps quasi réel sans jamais faire retomber l'attention, permettant à la série une ultime exploration et essai. C'est également la dernière fois qu'il est possible d'apprécier à sa juste valeur le travail exemplaire de comédien de Bruno Cremer, avant que la maladie ne vienne définitivement tirer un trait sur un travail de près de quinze ans.

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7. MAIGRET ET L'ÉTOILE DU NORD

Maigret 5 7

Première diffusion : 23/12/2005

D’après L'Étoile du Nord (1937-38) – Nouvelle

Scénario : Pierre Granier-Deferre et Michel Grisolia

Réalisation : Charles Nemes

Interprétation : Lizzie Brocheré (Céline Germain), Luis Rego (Joseph Peyrelongue), Pascal Demolon (inspecteur Bastien), Thierry Liagre (inspecteur Peretti), Olivier Balazuc (Jean-Pierre Loisillon), Yvan Dautin (Marc-Antoine Lahaleux), Michel Lagueyrie (Ludovic Larrieu), Marie-Christine Adam (Irène Salavin), Éric Franquelin (commissaire Verdier), Catherine Ferran (Lucienne Florac), Rodolphe Tissot (inspecteur Jansen), Vincent Grass (la voix de Maigret)

Résumé : La nuit de Noël, Maigret est appelé pour un meurtre commis à l'hôtel l'Étoile du Nord. Un représentant de commerce s'est traîné jusqu'à la porte de sa chambre avant de mourir d'un coup de couteau dans le dos. À peine arrivé à l'hôtel, Maigret se heurte à Céline, une jeune fille qui, prête à s'enfuir, prétexte un train à prendre. Le commissaire comprend vite qu'elle n'est pas celle qu'elle prétend être...

Critique :

Il est toujours difficile de critiquer justement et objectivement un épisode qui ne correspond à tous les codes d'une série que l'on connait. Et c'est d'autant plus vrai lorsque ledit épisode se trouve être le dernier de l'œuvre et qu'il la conclut. Maigret et l'Étoile du Nord est un épisode délicat à visionner, tant la dégradation physique de Bruno Cremer est visible et fait peine à voir. Très malade au moment de l'épisode, son cancer ne cessant de progresser, il apparaît très fatigué, amoindri et terriblement amaigri. L'œil morne, il parvient encore à s'imposer dans le rôle du plus célèbre commissaire de France, mais la force n'est plus là. Le fait que sa voix soit doublée pour l'occasion par un autre comédien ajoute au pathétique.

Pourtant, c'est un épisode très agréable que cette ultime adaptation d'une nouvelle de Simenon. Après une première partie dans un hôtel, c'est pratiquement un huis clos total au Quai des Orfèvres en une nuit de Noël pas comme les autres. Le nouvel et dernier inspecteur de Maigret palie aux absences du commissaire, enquêtant à sa place et laissant le loisir à Bruno Cremer d'un face à face particulièrement ardu avec une suspecte pas comme les autres. La jeune femme, qui n'est rien de ce qu'elle prétend être de prime abord est tendu et agressif. Son arrogance à l'égard de ce vieillard agace d'abord, puis finit par émouvoir lorsque le masque se fige et finit par se fissurer.

Le commissaire a bien de la peine à dénouer une sombre histoire de mœurs, somme toute très banale, comme on en a déjà vu des dizaines dans la série. Qu'importe, le plaisir est ailleurs, il se situe dans cette dernière confrontation où, parfois, sur un plan, l'œil malicieux de Bruno Cremer refait surface.

Alors ne boudons pas notre plaisir. Si Maigret et l'Étoile du Nord n'est certainement pas le meilleur Maigret et que l'on aurait certainement souhaité une meilleure conclusion pour la série, ce n'est pas non plus une catastrophe et c'est un film à redécouvrir sans tarder.

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