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Saison 4Saison 6

Alfred Hitchcock Présente

Saison 5

1. Arthur - Inédit en France

2. The Crystal Trench - Inédit en France

3. Appointment at Eleven - Inédit en France

4. Le Coyote de la lune (Coyote Noon)

5. Rapide et indolore (No Pain)

6. Anniversary Gift - Inédit en France

7. Galop d'essais (Dry Run)

8. La Méthode Blessington (The Blessington Method)

9. Poids mort (Dead Weight)

10. Paquet recommandé (Special Delivery)

11. Road Hog - Inédit en France

12. La Spécialité de la maison (Specialty of the House)

13. Le Pont du hibou (An Occurrence at Owl Creek Bridges)

14. Abus de confiance (Graduation Class)

15. L'Homme du Sud (Man from the South)

16. L’Icône d’Élijah (The Ikon of Elijah)

17. Une cure radicale (The Cure)

18. Flagrant délit d'opinion (Backward, Turn Backward)

19. Pas le genre à s’enfuir (Not the Running Type)

20. Mort en différé (The Day of the Bullet)

21. Auto-stop (Hitch Hike)

22. L’Autre Côté (Across the Threshold)

23. Le Testament de Craig (Craig's Will)

24. Madame Mystère (Mme Mystery)

25. Le Petit Homme (The Little Man Who Was There)

26. Maman est-ce que je peux me baigner ? (Mother, May I Go Out to Swim ?)

27. La Pendule à coucou (The Cuckoo Clock)

28. Quarante détectives plus tard (Forty Detectives Later)

29. Le Héros (The Hero)

30. Insomnie (Insomnia)

31. Je sais me défendre (I Can Take Care of Myself)

32. Un mort de trop (One Grave Too Many)

33. Party Line - Inédit en France

34. Cellule 227 (Cell 227)

35. La Méthode Schartz-Metterklume (The Schartz-Metterklume Method)

36. Que justice soit faite (Letter of Credit)

37. Échappé dans le désert (Escape to Sonoita)

38. Petit poisson deviendra grand (Hooked)



1. ARTHUR
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Arthur Williams. Adaptation :  James P. Cavanagh. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Avec Patrick Macnee dans le rôle de John Farrell, sergent de police.

Arthur Williams raconte en s'adressant au téléspectateur qu'il a commis le meurtre parfait. Il nous parle de son exploitation de poulets en Nouvelle-Zélande où il adore vivre seul, et de la qualité de la chair de ses volailles.

Arthur est aigri, il y a un an, il devait épouser Helen (Hazel Court), jeune femme cupide qui lui a préféré un riche financier. Celle-ci revient le voir démunie, espérant qu'il la reprenne, mais Arthur l'étrangle, de la même façon qu'il a étranglé une volaille lors du monologue du début.

Peu après, entre en scène son meilleur ami, un policier, John (Patrick Macnee). Il semble soucieux pour son ami. Le futur John Steed de « Chapeau melon et bottes de cuir » est visiblement très à l’aise dans son personnage.

Malgré les recherches, la police ne retrouve pas le corps d'Helen, qu'Arthur a broyé et donné comme aliment à ses volailles, lesquelles y ont pris goût

Humour noir, comme toujours dans l'univers du maître du suspense. On apprécie cette apparition anté-avengers de John pas encore Steed.

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2. THE CRYSTAL TRENCH
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de A.E.W. Mason. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Mark Cavendish, en 1947, se souvient d’un voyage qu’il fit au même endroit, en Autriche, il y a tous justes quarante ans. En 1907, s’y trouvant,  il apprend qu’il y a eu un accident de montagne survenu à des alpinistes amateurs et doit annoncer la mauvaise nouvelle de la mort à la femme de l’un d’eux, jeune mariée.

Bien qu’il doive composer avec des décors de studios, et des stock shot de montagnes, Sir Alfred nous propose une mise en scène tout à fait digne de lui. C’est son deuxième épisode à la suite dans cette saison 5, et pour le plus grand plaisir des fans de « Chapeau melon et bottes de cuir », Patrick Macnee est lui aussi de retour, chose rare dans l’anthologie. Enfin, signalons que pour cette saison 5, le générique « marche funèbre » bénéficie d’une nouvelle orchestration.

A noter que les autrichiens appellent ici le personnage principal « Cavendidge » alors qu’IMDB mentionne ce dernier comme « Cavendish », ce qui peut être un problème de prononciation de nos amis germaniques. Mais ensuite, les comédiens anglo-saxons l’appellent également ainsi.

Stella Ballister (Patricia Owens) apprend la nouvelle avec beaucoup de courage. L’accident est survenu sur un pic très dangereux, le Schwarzhorn. Stella demande à Cavendish de tout faire pour récupérer le corps de son mari, mais ce dernier tombe dans une crevasse. Mark Cavendish tombe amoureux de la veuve.

C’est un Patrick Macnee moustachu que l’on retrouve à la 19e minute de l’épisode dans le rôle du professeur Kersley, que viennent consulter Stella Ballister et Mark. Le professeur est un spécialiste des montagnes enneigées, et il explique qu’avec les cristaux, il y a des déplacements naturels de glaciers. Nous sommes en 1907 et le professeur estime qu’en juillet 1947, Stella pourra récupérer le corps de son mari. Mais elle fera alors une terrible découverte.

Episode sentimental et non horrifique, avec une apparition fugitive de Patrick Macnee, et une très bonne composition de Patricia Owens en veuve inconsolable.

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3. APPOINTMENT AT ELEVEN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert Turner. Adaptation : Evan Hunter. Réalisation : Robert Stevens.

Un jeune homme de 17 ans, David Logan, a été traumatisé par le départ de son père du domicile conjugal avec une blonde quand il avait douze ans. Depuis, il le hait au point de vouloir le tuer.

On touche avec cet opus au gros problème de cette anthologie : à côté de perles, nous proposer des histoires poussives. Ici, nous devons subir les tourments d’un gamin de dix-sept ans, d’abord avec sa mère, puis avec une entraîneuse de bar (une blonde), ensuite avec un marin (Clu Gulager de la série « Le Virginien »), enfin avec le client d’un bar qui accepte de lui servir de l’alcool alors qu’il n’a pas sa carte d’identité prouvant qu’il est majeur (ce qu’il serait bien incapable de démontrer).

Nous devons supporter le jeu totalement hystérique de Clint Kimbrough dans le rôle de cette adolescent perturbé, mais en regardant l’épisode, on se demande bien quel intérêt on peut trouver à cette histoire.

La chute sera une réponse à la quête de David, mais le téléspectateur a depuis longtemps décroché devant ses monologues de schizophrènes. Clint Kimbrough joue dans l’excès, on peut parler de performance, mais cela n’a rien à faire dans l’anthologie Hitchcock.

Norma Crane (l’entraîneuse de bar) et Sean Mc Clory (le patron de bar irlandais qui devient une représentation du père haï) gardent, comme Clu Gulager, plus de sobriété dans leur jeu. L’opus frôle parfois l’improbable, comme lorsque le jeune homme détruit un poste de télévision dans le bar sans que personne ne semble s’en offusquer outre mesure. On est stupéfait d’apprendre, dans sa conclusion, que Sir Alfred a aimé cette histoire.

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4. LE COYOTE DE LA LUNE
(COYOTE NOON)

Histoire de Kenneth B. Perkins. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Herschel Daugherty.

Un honnête professeur, en route pour rejoindre sa famille en Californie, a le malheur de prendre une autostoppeuse. Elle lui demande de prendre en route son père, un homme sans gêne, et très vite, avec le « frère », notre héros se rend compte qu’il est tombé dans un guet apens.

Edgard Buchanan servait la justice aux côtés de Glenn Ford dans « Sam Cade », mais ici, mufle, voleur, menteur, racketteur, il vous dégoûte à vie de prendre un autostoppeur. Le professeur, joué par  MacDonald Carey (« L’ombre d’un doute ») et dont nous ne connaîtrons pas le nom, a pourtant pris en stop plus par pitié qu’autre chose sa fille Julie, qu’incarne Collin Wilcox.

Ce qu’il y a de terrible dans cet épisode, c’est que tourné en 1959, il est toujours actuel. Au mieux, il vous rappellera le sketch de Coluche « l’autostoppeur », au pire les tragédies de braves gens victimes de marginaux qui profitent de lieux déserts pour dépouiller voire pire.

Ici, le professeur trouvera sa revanche, et l’on est vraiment content pour lui. On ne dira pas comment, c’est la chute, mais il s’en sort bien quand on voit dans quels ennuis il s’est mis en voulant jouer les bons samaritains. Le père de Julie est odieux, volant les cigarettes par cartouches entières dans le minibus, faisant preuve d’un sans gêne et d’une mauvaise foi qui met vite le conducteur mal à l’aise. Heureusement pour lui, il a flairé le danger derrière cette famille de voleurs.

On passe un excellent moment. Et l’on se dit que sur certaines choses, la société n’a pas changé.

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5. RAPIDE ET INDOLORE
(NO PAIN)

Histoire de Talmage Powell. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Lyod.

Dave Rainey à la suite d’un accident se retrouve dans un respirateur artificiel. Sa jeune épouse n’a pas l’intention de divorcer quand il est si facile de débrancher la machine…

Les anciens téléspectateurs qui verront cet inédit se souviendront immédiatement d’un des meilleurs épisodes de « Mannix » : « Le retour » (03-03), maintes fois diffusé en France à partir de 1972, dans lequel le détective retrouvait son père, mais défendait un accusé emprisonné dans un « poumon d’acier », un respirateur artificiel. Dans le rôle de Dave Rainey, Brian Keith se retrouve ici comme le client de Mannix à l’état de légume. C’est assez impressionnant à voir, avec un miroir qui permet à l’homme allongé à vie de montrer son visage à ses interlocuteurs.

Les comédiens sont fabuleux : Brian Keith, que l’on vient de voir dans la série dans « Le témoin » (04-31) est magistral en infirme conscient de son impuissance. Sa jeune épouse Cindy incarnée par Joanna Moore est garce à souhait, et ne se cache pas de flirter avec un jeune et beau garçon, Arnold (Yale Wexler), tandis que la mort du mari est savamment planifiée pendant l’absence de l’infirmière.

Comme toujours, chez Hitchcock, il ne faut pas se fier aux apparences, et la chute est à la hauteur  de la situation désespérée de Dave Rainey. Elle est cruelle et pleine d’humour noir, mais l’on peut regretter qu’elle soit surtout évoquée dans l’épilogue par Sir Alfred, même si nous savons à quoi nous attendre dans les dernières minutes.

La scène où Cindy débranche pendant dix minutes le respirateur artificiel, ce qui est le maximum pour laisser en vie son mari qui sue à grosses gouttes, est digne des suspenses du maître. Une réussite.

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6. ANNIVERSARY GIFT
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John Collier. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Norman Llyod.

Myra Jenkins, qui a l’âge mental d’un enfant de dix ans, ne vit que pour les animaux de toutes sortes, ce qui horripile son mari Hermie. Voyant la vie calme et sereine que mène son voisin veuf George Bay, Hermie décide d’offrir à sa femme un serpent venimeux pour la tuer.

On ne comprend pas pourquoi Hermie a épousé Myra (Barbara Baxton, ici horripilante) qui ne vit que pour les hippocampes, perroquets, reptiles et autres animaux digne d’une ménagerie, ne divorce pas, au lieu de se fourvoyer à tenter de la tuer en se faisant passer pour un professeur de la NASA décidé à acheter un crotale à un vendeurs d’animaux en tous genres, Hansel Eidelpfeiffer, qui propose des crocodiles, tortues, serpents, grenouilles comme un boulanger des petits pains.

Si Harry Morgan est parfait dans son rôle d’Hermie, Barbara Baxton en fait des tonnes au point qu’on doute qu’aucun homme raisonnable ne l’aurait épousée. Jackie Coogan, en veuf éploré George Bay, passe son temps à pêcher et à boire des bières, vie dont rêve Hermie.

On devine très vite la fin de l’épisode, et c’est regrettable car lorsque la chute est téléphonée, les opus ne sont généralement pas bons. Le téléspectateur est censé être surpris par la chute.

J’ai trouvé que le personnage et l’acteur qui incarne le vendeur de serpent sont totalement improbables.  Michael J. Pollard est bien trop jeune pour le rôle. Le marchandage que fait Hansel avec le mari est ridicule.

Sans être nul, l’épisode laisse à désirer et ne parvient jamais à passionner.

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7. GALOP D'ESSAIS
(DRY RUN)

Histoire de Norman Struber. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : John Brahm.

Un caïd de la mafia, Barberosa, qui traite avec mépris ses tueurs, demande à une nouvelle recrue, Art, d’abattre un certain Moran. Ce dernier désarme et piège Art, et lui montre qu’il a agi pour un cachet dérisoire. Il lui offre une fortune et une place de bras droit dans sa propre organisation s’il tue Barberosa.

L’intérêt de cet opus est sa distribution, avant tout Robert Vaughn, bien avant son rôle de Napoléon Solo dans « Des agents très spéciaux ». On a tellement l’habitude de David White en patron du mari de Samantha la sorcière bien aimée qu’il nous paraît peu convaincant en Barberosa. En revanche, dans le rôle de Moran, Walter Matthau a la tête de l’emploi.

Robert Vaughn joue ici un jeune truand hésitant, qui ignore quel est le bon cheval qu’il faut jouer. Son manque de maturité est évident, mais le comédien recèle en lui les promesses de lendemains de carrière plus grandioses. S’il y a beaucoup de suspense, on peut s’étonner que cette intrigue policière classique ait sa place dans l’anthologie.

Les scènes sont constituées de deux huis clos : David White/Robert Vaughn, Walter Matthau/Robert Vaughn, et cela manque un peu de variété dans les décors et les situations. La chute est assez prévisible, mais on passe un bon moment.

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8. LA MÉTHODE BLESSINGTON
(THE BLESSINGTON METHOD)

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Halsted Welles. Réalisation : Herschel Daugherty.

Dans un futur situé en juillet 1980, l’espérance de vie a augmenté tellement que les personnes âgées atteignent environ 125 ans. La belle mère de John Treadwell, insupportable, a 82 ans et lui pourrit la vie. Une société, représentée par un certain J J Bunce, se propose de tuer les vieillards encombrants.

Contrairement aux apparences, Stanley Ellin, dont est adapté une nouvelle pour cet épisode digne de « La quatrième dimension » est un auteur de romans policiers et non de science-fiction.

Il a imaginé ici un futur où l’espérance de vie a énormément progressé. Le manque de moyens flagrant de l’épisode nous empêche de constater ce qu’était, pour l’américain lambda de 1959, la vision du « futur proche » en 1980. On se croit parfois dans « Chapeau melon et bottes de cuir » et notamment « L’invasion des terriens », « Meurtre au programme » ou « Les cybernautes », avec les portes qui s’ouvrent toutes seules, la secrétaire robotisée.

Bien que j’accorde quatre étoiles à cet excellent suspense, j’ai relevé plusieurs incohérences : le mari, John Treadwell (Henry Jones) dit être dans la cinquantaine, ce qui correspond à peu près à l’âge de l’acteur, qui avait 47 ans en 1959. Ce qui par contre est surprenant, c’est qu’il a deux enfants, deux adolescents, qui vivent encore chez lui. Son épouse, jouée par Irene Windust (38 ans) en fait avec ses vêtements de grand-mère et son air austère dix voire quinze de plus. En aucun cas, ce couple n’est crédible si l’on se réfère à leur situation de parents ayant des adolescents au foyer.

Nous sommes en 1980, mais la musique, les costumes, la mode, sans parler de la sacro-sainte messe du Dimanche devenue obligatoire, évoquent les années cinquante. Le coût de la vie n’a pas augmenté : Treadwell  paie 2000 dollars pour faire tuer sa belle-mère horripilante. Bref, la seule chose qui ait changé dans ce futur antérieur, c’est l’espérance de vie.

Dick York, dans le rôle de Bunce, joue une fois de plus un méchant, après l’épisode 04-33 « Le tiroir secret ». Curieux comme ensuite, ce comédien restera figé dans le personnage de Jean Pierre, le mari un peu benêt de la sorcière bien aimée.

Elizabeth Patterson est odieuse à souhait en belle-mère que le héros est obligé de supporter à demeure, car elle est veuve, et Bunce lui explique que cela va durer de son âge actuel, soit 82 ans en 1980, jusqu’au minimum à 125 ans.

Encore une fois, le sujet relève plus de « La quatrième dimension » que de la série « Alfred Hitchcock présente ». Très bonne histoire, avec une chute glaciale à souhait – on s’y attendait – mais une réalisation qui fait ce qu’elle peu avec le budget alloué. L’histoire rappelle parfois « L’âge de cristal », la surpopulation étant cependant (en 25 minutes) à peine évoquée ici. Notons une perte précieuse de temps lorsque Bunce se présente la première fois au bureau, et peine à convaincre le très pieux et très croyant Treadwell de l’utilité de liquider la belle-mère. L’impunité des meurtres au grand jour, ou si l’on veut des « euthanasies », est assez incohérente. Dans le prologue, Bunce tue un vieil homme de la même façon qu’il effacera de la terre la vieille mégère. C’est à la fois un manque d’imagination et un une petite entaille dans la crédibilité de l’intrigue.

Néanmoins, si tous les épisodes de l’anthologie étaient de cette qualité, on applaudirait des deux mains.

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9. POIDS MORT
(DEAD WEIGHT)

Histoire de Herb Golden. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Un couple illégitime s’embrasse en voiture dans un endroit isolé. Une fripouille les surprend, arme à la main, mais n’a pas l’intention de se limiter à voler l’argent. Il veut enfermer l’homme dans le coffre de la voiture et violer la femme.

Joseph Cotten campe ici Courtney Masterson, chef d’entreprise dans la force de l’âge, qui a la chance d’avoir une jolie maîtresse, Peggy Valence (Julie Adams). Il est marié à une grande bourgeoise encore désirable (Angela Greene), dont nous ne saurons pas le prénom (elle n’a qu’une scène dans l’épisode et il n’est jamais prononcé). Bref, Masterson a la vie rose jusqu’au soir où une petite frappe, Rudy Stickney (Don Gordon) le menace d’une arme et veut violer Peggy après avoir – c’est son intention – enfermé le héros dans le coffre de la voiture.

Dans le rôle de Rudy, Don Gordon est odieux à souhait, et on se demande comment Masterson peut attendre si longtemps avant de lui régler son compte, ce que souhaite d’ailleurs Peggy qui a échappé au viol.

Rudy ayant pris les papiers de sa victime pendant un court moment a compris que Peggy n’était pas sa femme mais sa maîtresse et veut le faire chanter. Il atteint là le sommet de l’ignominie et Masterson qui le tient en joue le tue.

Ensuite, il se présente à la police, et Rudy étant un repris de justice, n’a aucune peine à convaincre les autorités de ce qui s’est passé, en omettant seulement la présence de sa maîtresse (délicieuse Julie Adams sexy et glamour). Mais il n’est pas au bout de ses peines, car nous sommes dans l’anthologie Hitchcock où rien n’est si simple.

Très daté, le machisme du héros ne passerait plus la barre du politiquement correct aujourd’hui. Idem pour la justice que se fait l’homme, il se trouverait des tas d’associations de bien-pensants pour lui trouver des excuses. Ici, Rudy cherche bien son sort, d’autant plus que sa victime était prête à le laisser partir.

Les comédiens sont tous impeccables, et l’histoire si bien rodée que l’on regrette de s’arrêter sur la chute à 25 minutes. « Poids mort » aurait mérité un long métrage. La chute n’est pas cruelle comme la plupart du temps, et l’on se dit que notre héros s’en sort à bon compte, même s’il va au devant de quelques ennuis.

Un opus sans fautes.

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10. PAQUET RECOMMANDÉ
(SPECIAL DELIVERY)

Histoire de Ray Bradbury. Réalisation : Norman Lloyd.

A noter : cette histoire a été à nouveau adaptée en 1989 sous le titre « Boys ! Raise giant mushrooms in your cellar ! » dans le cadre de l’anthologie « Ray Bradbury présente ».

Des extra-terrestres décidés à envahir la terre en décimant les humains font expédier à des enfants des champignons empoisonnés que ces derniers font pousser dans leur cave.

J’ai du mal avec l’acteur Peter Lazer, qui incarne pour la deuxième fois un gosse insupportable dans cette série après l’épisode 04-02 « Silence ». Il a un jeu outrancier et se révèle plus une tête à claques qu’autre chose.

Ici, Ray Bradbury propose une histoire ambitieuse, mais le problème, c’est qu’il fallait 1h30 voire deux heures pour la développer. En 25 minutes, on ne pouvait arriver qu’à un condensé qui évoque tout à la fois « L’invasion des profanateurs de sépultures » de Jack Finney (surtout dans la première adaptation de 1956 de Don Siegel), « Le village des damnés » (en raison des enfants), « Les envahisseurs » (l’invasion extra-terrestre invisible). Bref, l’entreprise était perdue d’avance.

Les comédiens font se qu’ils peuvent pour sauver les meubles, mais dans la mesure où l’on ne fait qu’effleurer le sujet sans jamais l’approfondir, l’horreur ne nous atteint pas. Ces caves remplies de champignons menaçants devraient nous glacer d’effroi, mais tout va trop vite, et l’on ne laisse pas le temps au téléspectateur de se retourner. N’aurait-il pas fallu envisager un double voire triple épisode, comme cela fut le cas dans la saison 2 avec « I killed the count » ?

L’épisode est donc bâclé et ressemble à un résumé. C’est infiniment dommage lorsque l’on a la chance d’avoir Ray Bradbury comme scénariste.

L’interprétation est particulièrement fade : Ce ne sont pas Stephen Dunne et Beatrice Straight, qui semblent traverser l’intrigue en touristes, qui nous feront oublier un David Vincent/Roy Thinnes ou un Fox Mulder/David Duchovny.

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11. ROAD HOG
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Harold Daniels. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Un représentant sadique, Ed Fratus, qui a beaucoup de mépris pour les fermiers, empêche sciemment sur une petite route des agriculteurs de  dépasser sa voiture, alors qu’ils doivent emmener d’urgence uns de leurs fils gravement blessé par un taureau.

On peut décerner au comédien Robert Emhardt depuis l’épisode « Crackpot » (02-15) le prix de meilleur comédien de la série. A chacune de ses apparitions, il fait merveille dans les rôles de sadiques, disons même de personnages diaboliques.

Ici, il est au début le monstre et ensuite la victime. Par bêtise, méchanceté, mépris, il empêche des « bouseux » de fermiers de les dépasser sur la route et finit même par la leur faire quitter. Or, ces fermiers, les Pine, filaient à l’hôpital de la bourgade voisine car un de leurs fils venaient d’être blessé par un taureau. Faute de transfusion sanguine à temps, le jeune homme meurt. La famille Pine décide de retrouver l’homme et de se venger.

De chasseur, Fratus passe ici à bête traquée. Il se fait empoisonner par le père de la victime, et l’un des fils va ensuite s’ingénier à lui rendre œil pour œil dent pour dent ce qu’il a fait : le coincer sur la route au point de la lui faire quitter.

Bien sûr, cette histoire de vengeance a une chute diabolique à souhait, pleine d’humour noir. L’un des fils Pine est incarné par Richard Chamberlain alors très jeune et fort peu reconnaissable en futur héros de la série « Les oiseaux se cachent pour mourir ». Le père Pine est incarné par Raymond Massey vu au cinéma dans « A l’est d’Eden ».

Le suspense est constant pendant 25 minutes, ce qui est la démonstration d’un opus quatre étoiles. Même si le téléspectateur pense avoir tout deviné, la chute va le surprendre.

Quant à Robert Emhardt (1914-1994), que les amateurs des « Envahisseurs » n’oublieront jamais pour son rôle diabolique dans l’épisode « Cauchemar », on peut regretter qu’il soit si méconnu. Sa seule présence donne des frissons d’angoisse.

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12. LA SPÉCIALITÉ DE LA MAISON
(SPECIALTY OF THE HOUSE)

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Victor Wolfson et Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Robert Stevens.

Laffler, un homme d’affaires, invite son collaborateur Costain dans un restaurant privé haut de gamme, Spirro,  où est servi un plat unique au monde : une viande d’agneau venant d’un plateau d’Ouganda, Amirstan.

Tout d’abord, sans avoir vu la chute, on comprend tout de suite ce qu’elle contient, il faut dire que les anthologies d’Hitchcock en livres ont abordé déjà ce sujet. Une viande spéciale, que l’on ne peut manger nulle part ailleurs que dans un club huppé de quarante personnes, on devine facilement – humour noir aidant – ce que cela peut être.

Ce qui est gênant ici, c’est le cabotinage de Robert Morley (« La reine africaine », « Topkapi ») qui en fait des tonnes dans son personnage précieux de rondouillard Laffler. Je n’ai pas aimé non plus l’interprétation outrancière de l’actrice qui joue la chef culinaire Spirro, Spivy. Nous sommes dans une sorte de bal des monstres, où l’on fait des bonnes manières, mais où chacun affecte des attitudes et des manières précieuses et hautement ridicules.

Kenneth Haigh, qui incarne Costain, tranche par son naturel et sa spontanéité dans cet endroit où l’on s’offusque que quelqu’un puisse demander le menu, où l’on ne met pas de sel ni de condiments dans les plats pour en apprécier la saveur, où seul le vin est toléré, pas question de prendre un apéritif ou un cocktail. Et puis les membres de ce « cercle » attendent tous cette spécialité de la maison avec une sorte de fanatisme.

Nous sommes ici en plein humour noir. L’épisode est raté parce que même le plus naïf des téléspectateurs comprend ce qu’est l’agneau Amirstan.  Seul Laffler semble l’ignorer, si l’on se fie à la scène finale. A partir de là, on suit l’épisode péniblement.

Il n’y a aucun suspense, que des ronds de jambes, des amabilités de salon, on se demande même si l’on ne va pas voir la baronne de Rotschild à une table nous faire un cours sur les bonnes manières. Un épisode pompeux.

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13. LE PONT DU HIBOU
(AN OCCURRENCE AT OWL CREEK BRIDGES)

Histoire d’Ambrose Bierce. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Robert Stevenson.

1862. En pleine guerre de Sécession, Peyton Farquar, un homme qui va être pendu au dessus d’une rivière sur un pont, réussit à s’échapper lorsque la corde casse et qu’il plonge dans la rivière.

Ambrose Bierce (1842- ? vers 1913) est un écrivain américain célèbre pour cette nouvelle.  Il est mort à une date incertaine, vers 1913, en rejoignant l’armée de Pancho Villa au Mexique. Dans la nouvelle de Gerald Kersh « The secret of the bottle », publiée dans le recueil de nouvelles d’Hitchcock « Histoires à faire peur », Kersh, mais cela paraît hautement fantaisiste, prétend avoir retrouvé un manuscrit inédit de 1914 de Bierce, inachevé, selon lequel ce dernier aurait été victime au Mexique d’un cannibale.

Pour revenir à cette adaptation de son œuvre en épisode de l’anthologie, on y retrouve James Coburn dans le rôle d’un sergent. Nous sommes ici en plein fantastique, et la nouvelle est fidèlement adaptée. La corde va-t-elle casser au moment où  Farquar va être pendu par les soldats, c’est ce que notre homme espère. Mais quelle est la part de rêve et de réalité dans cette histoire ? Il faudra attendre la chute pour l’apprendre, mais la nouvelle figurant dans beaucoup de recueils fantastique , les amateurs savent à quoi s’en tenir.

Après la fuite dans la rivière, Farquar est pourchassé. Il y a beaucoup d’action et de rebondissements. Le téléspectateur a sa dose de suspense. En voix of, on entend les monologues intérieurs que fait notre homme, ses pensées, ses angoisses, ses espoirs.

La meilleure scène se situe au milieu de l’épisode, vers la seizième minute, lorsque Farquar (Ronald Howard) retrouve son cher Josh, un noir (Juano Hernandez) qu’il croyait mort. Il est trop difficile d’en dire plus au risque de tout dévoiler.

Un classique pour les amateurs.

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14. ABUS DE CONFIANCE
(GRADUATION CLASS)

Histoire d’Edouard Sandoz. Adaptation : Stirling Siliphant. Réalisation : Herschel Daugherty.

Miss Siddons est la nouvelle professeure de littérature européenne. Elle fait la connaissance d’un voisin envahissant, Ben Prowdy, et lui confie ses craintes concernant une de ses étudiantes, Gloria, qui se rend chaque soir dans un night club où elle retrouve un homme.

Histoire moralisante, d’un autre temps. On comprend mal pourquoi Miss Siddons, la nouvelle professeure qui semble porter sur elle toute la misère du monde (aidée en cela par l’interprétation de Wendy Hiller), se mêle de la vie privée de Gloria Barnes (Gigi Perreau), une de ses étudiantes, dont la mère est souffrante et le père en mission en Irak.

L’épisode, qui date de décembre 1959, montre le pouvoir qu’avaient les enseignants à l’époque. Ils se faisaient respecter, pouvaient intervenir sur le comportement de leurs élèves. Mais ici, l’enseignante, qui apprend à ses élèves l’œuvre de la créatrice de Frankenstein,  Mary Shelley, dépasse nettement ses prérogatives. Que la jeune Gloria passe ses nuits avec un jeune homme ne la regarde en rien.

Robert H Harris, au physique inquiétant, fait ici son avant dernière apparition dans l’anthologie. On l’a vu précédemment dans six épisodes dont « Toby » (02-06).

Malgré une intrigue fortement ennuyeuse et puritaine, le réalisateur Herschel Daugherty réussit à distiller une atmosphère inquiétante. Ainsi, dans la dernière scène avant la chute, les étudiantes semblent toutes déshumanisées, comme des femmes robots façon « The Stepford wives », alors que le fantastique est loin de faire partie de l’intrigue.

Notons aussi que la façon dont Miss Siddons, au début très méfiante avec son voisin Ben qui veut l’inviter boire un verre ou aller au cinéma, change d’attitude envers lui est peu crédible. L’opus mérite tout juste deux étoiles tant l’histoire est creuse et ennuyeuse.

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15. L'HOMME DU SUD
(MAN FROM THE SOUTH)

Histoire de Road Dahl. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un casino de Las Vegas, un milliardaire, Carlos, offre à un joueur une partie macabre : si l’homme est capable d’allumer dix fois son briquet, il gagnera une belle décapotable. Si la flamme ne s’allume pas, le joueur aura son auriculaire tranché. Sa main est attachée sur la table, et Carlos tient un hachoir à viande en mains.

Deux étoiles pour Steve Mc Queen, mais l’épisode m’a paru malsain au possible. On a dans cet opus les prémices de films comme « Saw ». Peter Lorre en Carlos joue ici les fous dangereux et hallucinés, sadiques également. Neile Adams incarne une belle jeune femme russe qui arrive de Moscou. Certes, il y a du suspense, mais cela donne plus des hauts le cœur qu’autre chose. Bien évidemment, nous avons également une chute fortement macabre, mais tout ce qui fait le charme de cette anthologie est réduit ici à un spectacle absolument répugnant.

Tout d’abord, l’épisode manque de crédibilité : Tyler Mc Vey par exemple est le « référent », le témoin, pour démontrer que ce pari malsain est légal et fait entre personnes consentantes. Peter Lorre dans un de ses derniers rôles est pathétique, fort loin de « M le maudit ». Il est ici une caricature de lui-même. Heureusement demeure un Steve Mc Queen royal et magistral. C’est vraiment la seule bonne chose de cet opus, avec la beauté de Neile Adams.

Si l’on regarde la filmographie de Steve Mc Queen, on constate qu’il a très peu tourné (41 rôles seulement), alors nul doute que ses fans ne feront pas l’impasse sur cet épisode. Mais l’on aurait pu trouver mieux que cette histoire dérangeante où l’on a du mal à retrouver le talent de Road Dahl, grand écrivain de suspense, et qui a signé l’adaptation (en fait le scénario original) d’un des meilleurs James Bond, « On ne vit que deux fois », dont le roman se prêtait mal à une transcription fidèle au cinéma.

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16. L’ICÔNE D’ÉLIJAH
(THE ICON OF ELIJAH)

Histoire d’Avram Davidson. Adaptation : Victor Wolfson et Norah Perez. Réalisation : Paul Almond.

Un antiquaire véreux, Carpius, a promis à un riche client étranger de lui procurer une icône datant d’avant le 11e siècle. Il veut devenir riche, notamment pour garder auprès de lui la belle Malvira, à laquelle il a fait tant de promesses non tenues. Un jour, un moine vient lui proposer de faire une copie, et il décide de voler l’original au monastère.

Oskar Homolka (1898-1978) rappelle beaucoup des comédiens comme Pedro Armendariz. Ce comédien autrichien, qui fut contraint de s’exiler à Hollywood pour fuir le nazisme, a été souvent mis à contribution pour jouer les espions soviétiques. On l’a vu dans « Agent secret » (1936) du maître Sir Alfred. Ici, il cabotine beaucoup en antiquaire voleur oriental.

L’histoire n’est pas très originale. Nous sommes à Chypre, et Carpius vend surtout des copies à bon marché (dans une scène, il tentera d’escroquer un major anglais mais devra réduire son  prix de vente à la vraie valeur, 5 livres). Un certain Chiringirian lui propose un marché : il doit procurer à un client une véritable icône, lui qui est habitué à vendre des contrefaçons pour touristes. Il se décide alors à voler l’icône et pour cela doit entreprendre un périple dans un monastère isolé du monde.

L’appât du gain transforme ce médiocre brocanteur en meurtrier. Mais le suspense ne prend jamais ses marques dans l’épisode. Oskar Homolka semble se comporter comme s’il n’y avait aucune direction d’acteurs, autant dire qu’il cabotine à outrance, voulant montrer au public américain de ce début de décennie 1960 l’escroc type pour touristes.

Il en résulte un épisode prévisible et quelque peu ennuyeux. Il n’y a que la chute qui est savoureuse, cruelle à souhait, mais c’est peu pour 25 minutes. D’autre part, on ne parvient jamais à croire que Carpius ait pu séduire la belle Malvira. Il suffit de voir la belle Danielle De Metz, comédienne française née en 1938, et Homolka.

Bref, un épisode destiné surtout à fournir 38 opus pour cette cinquième saison à la chaîne CBS qui passait là sa dernière commande. Les saisons 6 et 7 seront reprises par NBC.

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17. UNE CURE RADICALE
(THE CURE)

Histoire de Robert Bloch. Adaptation : Michael Pertwee. Réalisation : Herschel Daugherty.

Marie Jensen tente un soir de poignarder son mari. Nous sommes sous les tropiques et le mari, Jeff, pense que son épouse est atteinte de fièvres et n’a plus toute sa raison. Un domestique indien propose à Jeff de la tuer.

Avec Nehemiah Persoff dans le rôle du mari Jeff Jensen, et dans celui de son associé Mike l’acteur Peter Mark Richman, nous disposons d’une bonne distribution. C’est Cara Williams, vue dans « La chaîne » avec Tony Curtis et Sidney Poitier, qui interprète l’épouse. A noter que cette actrice eut droit à sa série, inédite en France, en 1964-65, « The Cara Williams show ».

Marie Jensen est supposée avoir eu un coup de folie. Elle a tenté de tuer son mari Jeff. Mais ligotée sur son lit pour la protéger de sa propre folie, elle ne tarde pas à séduire Mike, l’associé de Jeff. Il est toutefois convenu de l’emmener à la ville consulter un docteur. Jeff, fiévreux, alité, attendra dans la jungle.

La vraie vedette de cet opus, c’est Luiz (Leonard Strong), un indien serviteur fidèle, qui va appliquer des méthodes radicales pour sauver son maître, un peu trop peut être.

On retrouve avec la chute absolument horrifique la signature de Robert Bloch de « Psychose » qui œuvre toujours un peu dans le même registre. On a droit à du grand guignol et à une chute comme la série ne nous en avait pas offerte depuis longtemps.

Quelques longueurs et un script un peu trop prévisible empêchent cependant cet opus d’atteindre la perfection.

Michael Pertwee (1916-1991), qui a fait l’adaptation, fut le scénariste d’épisodes de « Destination danger », « Le Saint », « Amicalement vôtre » et « Le retour du Saint ».

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18. FLAGRANT DÉLIT D'OPINION
(BACKWARD, TURN BACKWARD)

Histoire de Dorothy Salisbury Davis. Adaptation : Charles Beaumont. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Agé de 59 ans, Phil Canby aurait une liaison avec la toute jeune Sue , 19 ans, dont il pourrait être le grand-père. Le père de Sue est assassiné, et la ville entière réclame la tête de Phil. Le shériff Willetts doit établir la vérité.

Un des épisodes les plus pénibles de toute l’anthologie, partant surtout d’un postulat incroyable, l’histoire d’amour entre une gamine et un homme de 59 ans (l’acteur  Tom Tully qui incarne Phil en avait en fait 52 en 1960).

Dès le début, il est plus question de morale puritaine que d’affaire criminelle ou de suspense. L’arme du crime a été lavée. Tous les soupçons se portent sur Phil.

Notons que loin d’avoir 19 ans, la comédienne Phyllis Love qui incarne Sue, bien que faisant « adolescente » avait… 35 ans en 1960.

L’intrigue est ennuyeuse à mourir, multipliant les interrogatoires. J’ai bien cru reconnaître le regretté Rod Taylor qui vient de nous quitter dans le rôle de Saul, mais il s’agit d’un comédien nommé Paul Maxwell, que l’on a vu dans « Indiana Jones et la dernière croisade ».

Le shérif est confronté à des témoins qui tous réfutent la réalité. La mère du bébé que Phil le présumé coupable était censé surveiller refuse de croire que si l’enfant criait, c’est qu’il n’était pas surveillé, et que pendant ce temps son père commettait le crime. Et ainsi de suite, jusqu’à la révélation finale qui rappelle les films de Sir Alfred sur la psychanalyse.

Difficile à supporter jusqu’au bout.

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19. PAS LE GENRE À S’ENFUIR
(NOT THE RUNNING TYPE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Arthur Hiller.

Un homme, arrêté en 1947 pour avoir escroqué à sa compagnie 200 000 dollars, vient de sortir de prison. Le policier qui l’avait arrêté jadis, et jamais pu récupérer l’argent, tient à le rencontrer.

Episode sympathique, sans plus, où tout est dans la chute, mais qui est tristounet et fade à l’image de son antihéros, l’employé terne et sans histoires Milton Potter (Paul Hartman). Ernest Fisher, autrefois lieutenant, maintenant capitaine (Robert Bray) éprouve presque de la compassion pour ce « brave homme » si l’on peut dire.

L’épisode se déroule surtout en flash back, où Fisher raconte à son nouvel adjoint cette vieille affaire. L’employé modèle, après avoir détourné l’argent, s’est absenté trois jours puis rendu à la police.  Il n’a jamais voulu dire où se trouvait l’argent – on comprend pourquoi dans la chute – et pendant 25 minutes, il y a essentiellement des dialogues. Aucune action. Histoire totalement immorale, où le crime (enfin le vol) paie, on cherche quand même l’intérêt de cette intrigue.

C’est l’interprétation qui sauve l’entreprise du naufrage. Paul Hartman est presque attendrissant en employé modèle qui a dû passer toute une vie à s’ennuyer, et dont le seul rêve est de voyager. Il explique au policier qu’à la bibliothèque de la prison, il a fait le tour du monde en empruntant tous les récits de voyage et ouvrages géographiques.

Fisher fait davantage penser à un gros nounours qu’à un capitaine de police, à sa façon de considérer l’escroc. On se dit quand même que tout cela était limite de la part d’Henry Slesar pour en faire un épisode.

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20. MORT EN DIFFÉRÉ
(THE DAY OF THE BULLET)

Scénario : Stanley Ellin. Adaptation : Bill S Ballinger. Réalisation : Norman Llyod

Deux gamins, Iggy et Clete, assistent à la rossée que prend un truand par un caïd, Mr Rose, et l’un de ses hommes. Iggy, l’un des deux enfants, veut en parler à la police, à la différence de son copain qui estime que ce ne sont pas leurs affaires. Mais le père d’Iggy ne le soutient pas.

L’histoire se passe à 35 ans d’intervalle, bien que nous soyons surtout dans le passé, en 1925, à Brooklyn. Il n’y a pas de chute, puisqu’elle nous est révélée dans le prologue, lorsque Clete Vine adulte (John Craven) apprend par la presse que son ami d’enfance Iggy vient d’être abattu dans un règlement de comptes. Dans le passé, c’est Clete qui s’est montré lâche. Tout l’épisode consiste en une évocation du passé, de la façon dont Iggy n’a pas été soutenu par son père, et a été acheté finalement par « Mr Rose » qui lui a donné dix dollars.

Dans la mesure où l’on sait tout d’avance, on ne comprend pas l’intérêt de l’épisode. Besoin de faire une pause nostalgie à mi-saison avec cette histoire émouvante ? C’est vraiment un cas à part dans l’anthologie dont la chute est le principe de base. Le téléspectateur est donc forcément frustré, il cherche à s’intéresser à ce récit du passé de deux petits anges, mais si l’on passe en revue les thèmes de la série : suspense, humour noir, crime, vols, on n’entre ici dans aucun de ces registres.

Un épisode atypique, et qui ne parvient pas à capter notre attention.

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21. AUTO-STOP
(HITCH HIKE)

Histoire d’Ed Lacy. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Paul Henreid.

Anne, une jeune femme,  vient d’être mise en probation après avoir roulé dans une voiture volée avec son petit ami, et son oncle Charles Underhill pense que c’est un jugement de complaisance eu égard à sa réputation à lui. Il est furieux.

Underhill (John Mc Intire), vieil oncle aigri, est venu chercher sa nièce Anne (Suzanne Pleshette, trois ans avant « Les oiseaux ») qui est à sa charge. Un automobiliste en reculant heurte la voiture et provoque la mise en route ininterrompue du klaxon. Le jeune Len (Robert Morse) qui passait par là, aide Underhill et s’invite comme autostoppeur. L’autre voudrait refuser, mais Len insiste, estimant que l’homme lui doit bien cela. Peu à peu, le comportement peu orthodoxe du jeune, qui fait les yeux doux à la nièce, ennuie l’oncle. Puis, Len se fait menaçant, prétendant avoir un couteau. Underhill fait un excès de vitesse pour alerter la police.

C’est un épisode qui reste dans le ton de la comédie, prenant partie contre l’oncle rébarbatif, la chute d’ailleurs est drôle. On regrette que Suzanne Pleshette soit confinée à un personnage totalement inexistant, qui se contente de regarder l’affrontement entre Len et son oncle qu’elle n’aime guère.  Notre Charles Underhill, très préoccupé par sa réputation, va aller de mauvaises surprises en galères, sans que jamais le sang ne coule ni la violence ne soit exercée. Len finit par nous paraître sympathique. Cependant, nous ne sommes jamais captivés et il s’agit vraiment d’un épisode très moyen.

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22. L’AUTRE CÔTÉ
(ACROSS THE THRESHOLD)

Histoire de L.B. Gordon. Adaptation : Charlotte Armstrong. Réalisation : Arthur Hiller.

La riche Sofie Winter est inconsolable de la mort de son mari. Est-il impatient qu’elle le rejoigne ? C’est la question qu’elle veut poser à des médiums. Le fils, Hubert, persuade sa petite amie de se faire passer pour une médium qui lui dira de vite retrouver son époux en s’empoisonnant.

Nous sommes dans une savoureuse comédie d’humour noir, qui mériterait quatre étoiles sans l’erreur de casting que constitue Barbara Baxley, dans le rôle de la fausse médium, Irma. La mère est digne de figurer dans « Arsenic et vieilles dentelles » et semble bien plus maligne que l’on pourrait croire.

C’est George Grizzard, en fils indigne, qui tire le mieux son épingle du jeu. Il est cupide, mais la fin lui montrera (nous ne révélerons pas la chute) qu’il n’a pas bien compris la situation. Il cherche surtout à se disculper par rapport à la police et a menti à sa petite amie sur ses vrais intentions, puisqu’elle pense que tout ceci n’est qu’une vaste plaisanterie.

C’est le ton de la comédie qui prime, il n’y a donc pas vraiment de suspense, mais l’épisode est plaisant à regarder. Barbara Baxley joue le rôle d’une mauvaise actrice, mais elle n’a pas trop à se forcer. Il lui suffit d’être naturelle. Elle fait également  plus vieille que son âge en tant que petite amie d’Hubert.

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23. LE TESTAMENT DE CRAIG
(CRAIG'S WILL)

Histoire de Valerie Dyke. Adaptation : Arthur E. Lewin et Burt Styler. Réalisation : Gene Reynolds.

Thomas s’attendait à hériter de la fortune de son oncle, or celui-ci a légué la majeure partie, soit 800 000 dollars à Casper, son chien. Judy, la petite amie de Thomas, qui rêve d’être milliardaire, décide de tuer Casper.

Dès le départ, le ton est donné, c’est une comédie. On y retrouve Stella Stevens (« Docteur Jerry et Mister Love ») et Dick Van Dyke (« Mary Poppins », « The Dick Van Dyke show », la série « Diagnostic : meurtre ») alors très jeune.

L’opus ne peut être pris au sérieux une seconde et même la chute est à l’avenant.  Dick Van Dyke a l’air d’un parfait crétin durant tout le film, tandis que Stella Stevens a tendance à se prendre pour Marilyn. Le tueur qu’elle engage, et fait passer pour son cousin, Vincent (Paul Stewart) ne ferait pas de mal à une mouche, et l’épisode accumule les situations burlesques et improbables.

Le téléspectateur n’adhère jamais à l’histoire en raison de la situation totalement absurde. D’autre part, Thomas se fait vite à l’idée d’attendre toute la vie de Casper soit environ 16 ans pour hériter. Dès lors, on voit surtout Stella Stevens en Judy s’efforçant d’accélérer le cours du destin, mais elle est trop blonde écervelée pour être crédible en machiavélique criminelle. L’épisode nous arrache quelques sourires, comme le défunt qui n’était pas dupe sur le fait que sa bonne le volait un peu sur les dépenses domestiques, mais tout cela est bien trop bon enfant pour vraiment captiver l’intérêt. Et avouons-le ,  le jeu un peu insupportable de Dick Van Dyke qui force trop le trait de la niaiserie finit par lasser.

Un épisode vraiment très moyen.

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24. MADAME MYSTÈRE
(MME MYSTERY)

Histoire de Robert Bloch. Adaptation : William Fay. Réalisation : John Brahm.

Un écrivain, Steven, est sollicité par un jeune homme ambitieux travaillant pour les studios de cinéma Goliath, Jimmy Dolan, afin de rédiger une campagne publicitaire sur la vedette maison qui vient de se noyer mystérieusement.

Si j’ai trouvé l’épisode très mauvais, ennuyeux au possible, j’ai noté des ressemblances avec « Pyschose », comme l’une des trois est dans la chute, je ne peux en parler, la seconde est la signature de Robert Bloch, et enfin la troisième le fait que Joby Baker ressemble beaucoup à Anthony Perkins.

Harp Mc Guire en Steven est le vrai héros de l’épisode d’un bout à l’autre. Pour trois cent dollars, il accepte de travailler à une biographie de l’actrice Betsy Blake, qui s’est noyée dans un accident en mer et dont on vient de retrouver le corps. Les studios Goliath veulent en faire un phénomène semblable à Rudolf Valentino et James Dean, qui sont évoqués dans l’épisode, sauf que l’actrice n’en avait pas l’envergure.

Aussi, lorsqu’au bout de trois mois, Betsy Blake réapparaît bien vivante (Une inconnue a été identifiée à sa place, il faut dire qu’une noyée retrouvée au bout de plusieurs jours est difficilement reconnaissable), cela n’est pas sans poser problème à Jimmy Dolan, dont toute la campagne publicitaire s’écroule.

L’épisode est parsemé de personnages pittoresques, comme cette fille Lois (Meri Welles) qui apparaît trempée jusqu’aux os à l’écrivain Steven au début de l’épisode, ou Alfredo (Mike Ragan), le complice de l’écrivain. Cela ne suffit pas à faire passer les carences du scénario. La chute nous rapproche de « Psychose », mais cela ne permet pas de faire un bon épisode.

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25. LE PETIT HOMME
(THE LITTLE MAN WHO WAS THERE)

Scénario : Larry Ward, Gordon Russell. Réalisation : George Stevens Jr

Nous sommes au temps du Far West dans un saloon d’une petite ville paisible, Copper Pocket. Deux frères, Jamie et Ben Mc Mahon, sont les points d’attraction du saloon où ils rivalisent de force. Entre alors dans le bar un petit homme en noir, vêtu d’un chapeau haut de forme, aux airs de croquemort, qui se fait passer pour le diable.

En général, les épisodes de l’anthologie qui se déroulent dans le passé sont médiocres. Ce dernier, qui mélange western et fantastique, est un cran au dessus. Norman Lyod est assez convaincant dans son personnage de petit homme, pas si petit que cela d’ailleurs, semblant sortir tout droit de l’enfer. Il est entouré de trucs de magiciens, tel cet éclair de fumée qu’il peut provoquer en épouvantant le badaud. Mais surtout, il défie les frères Mc Mahon.

Si l’on se laisse « prendre » à cette histoire, le décor et l’endroit distillent un ennui certain par leurs séquences répétitives de démonstration de force. Pas de femmes dans ce bar, uniquement occupé par des mineurs, pas vraiment des freluquets. Aussi lorsque l’inconnu défie les frères et réussit par des moyens surnaturels à les terrasser, le téléspectateur est abasourdi, mais sceptique.

L’épisode souffre de trop de bavardages, notamment les échanges entre le barman et le petit homme qui s’éternisent, et la présentation de ce dernier qui n’en finit pas pour un épisode de 25 minutes. Il y a deux chutes, celle qui nous est montrée à l’image, astucieuse, et celle que nous révèle le maître en épilogue.

L’opus n’est jamais terrifiant, et l’interprétation (à part un Norman Llyod parfait) n’a rien d’extraordinaire. On passe un moment agréable, sans plus, mais on est en droit d’attendre de meilleures histoires dans cette série.

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26. MAMAN EST-CE QUE JE PEUX ME BAIGNER ?
(MOTHER, MAY I GO OUT TO SWIM ?)



Histoire de Q. Patrick. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Herschel Daugherty.

Un homme, John Crane,  attend avec angoisse son jugement pour meurtre. Il se rappelle les évènements qui l’ont conduit devant la cour.

Enfin un excellent épisode, avec un scénario solide, et une interprétation brillante. Dans un rôle de fils qui n’a pas coupé le cordon, William Shatner va en étonner plus d’un. Il fait ici une prouesse en fils passif totalement sous la coupe de sa mère abusive et possessive Claire (Jessie Royce Landis de « La mort aux trousses ») et qui se fait draguer par une jolie vendeuse de magasin de souvenirs, Lottie Rank (Gia Scala), émigrée allemande dont la famille a été décimée pendant la seconde guerre mondiale.

Dans cet épisode de 1960, la seule chose invraisemblable est le fait qu’une fille bien sous tous rapports fasse des avances à un homme. Elle veut se faire épouser, et visiblement l’amour entre les deux jeunes gens est réciproque, il est le fruit d’un coup de foudre en venant acheter des pellicules pour un appareil photo.

Mais John doit chaque soir appeler sa mère au téléphone à une heure précise, et cela ajouté à une série d’autres manies rebuterait n’importe quelle femme. Lottie s’en rend vite compte et lui met le couteau sous la gorge : ou il l’épouse et coupe les ponts avec sa mère (qui est veuve et vit seule), ou elle le quitte et il ne la reverra jamais. John va faire un étrange choix.

La chute est ici à évoquer au sens propre comme au figuré puisque la victime du meurtre va tomber dans une cascade vertigineuse, que Lottie, au début de l’épisode, a fait découvrir à John, lequel victime de la polio à 18 ans a dû fournir un effort pour gravir le chemin escarpé de montagne.

Jessie Royce Landis en belle-mère potentielle est détestable à souhait. Elle rend visite à la boutique de la jeune allemande sans dévoiler son  identité et en se montrant désagréable, ce qui va hautement altérer leurs futures relations.

William Shatner nous offre ici une interprétation à des lieues de son personnage de capitaine Kirk de « Star Trek ». Beau gosse, il parvient à vite apparaître pour un faible, avec des tendances incestueuses envers sa mère, ce qui nécessite, en 25 minutes de faire une vraie prouesse puisqu’il faut construire toute la psychologie du personnage.

Citons enfin Gia Scala, qui s’est suicidée en 1972 à 38 ans. Célèbre pour « Les canons de Navarone », elle était une belle comédienne que des problèmes de dépression et d’alcoolisme ont écarté d’une carrière au cinéma. Elle a tourné beaucoup pour la télévision, jouant dans « Voyage au fond des mers », « Tarzan », « Les règles du jeu », « Match contre la vie » et « Opération vol » où son apparition fut son dernier rôle.

Un des bons moments de cette cinquième saison.

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27. LA PENDULE À COUCOU
(THE CUCKOO CLOCK)



Histoire de Frank Mace. Adaptation : Robert Bloch. Réalisation : John Brahm.

Une veuve, Ida Blythe, revient dans la maison où il y a un an son mari est mort d’un infarctus. Un fou dangereux vient de s’évader d’un asile.

Oublions d’abord Patricia Hitchcock, qui si elle est citée dans la distribution, n’a qu’un rôle secondaire, celui de la fille d’Ida Blythe, et qui disparaît vite de l’épisode qui repose sur les épaules de la comédienne Beatrice Straight (1924-2001) que l’on a revue dans « Network » et « Poltergeist ». Elle est brillamment aidée par une autre actrice, Fay Spain (1933-1983, vue dans « Le Parrain 2 »), dans le rôle de Madeleine Hall que l’on prend pour la folle échappée de l’asile. Nous allons la supposer pendant longtemps être le véritable danger pour la vie d’Ida dans l’intrigue. Son comportement est assez singulier, et le jeu de Fay Spain se prête à merveille à ce quiproquo.

Episode à rebondissements et propre à glacer les sangs du téléspectateur, « La pendule à coucou » est un joyau de suspense dont le scénario accumule les fausses pistes. Donald Buka, qui interprète l’homme qui frappe à la porte vers la fin de l’épisode, et se révèle le véritable évadé de l’asile, est inquiétant à souhait, tandis que dans le rôle de Burt, Don Beddoe inspire confiance en propriétaire de magasin qui a bien connu le défunt mari d’Ida et lui rappelle sa disparition sans prendre de gants, d’une façon plutôt rustre qui met mal à l’aise l’héroïne. Loin de s’excuser de sa brutalité, il va évoquer la mort d’une crise cardiaque de son frère récemment à l’âge de 55 ans. Notons aussi l’histoire du canari massacré, raconté par Madeleine, et la présence du coucou mécanique de l’horloge  dans la maison, qui présentent des similitudes étranges.

La mort et la folie sont évoqués de façon constante d’un bout à l’autre de cet opus de 25 minutes, au climat oppressant,  qui joue avec nos nerfs. Tout est fait pour nous plonger dans le film d’épouvante, à commencer par l’héroïne coincée la nuit un soir d’orage dans une demeure isolée dans la campagne, le téléphone coupé. Les films d’horreur récents n’ont rien inventé.

On passe un excellent moment et l’on souhaiterait que tous les opus de l’anthologie du maître soient de cette qualité. Robert Bloch, qui adapte l'histoire, nous distille ici l'horreur de "Psychose". Bref, un vrai régal pour les amateurs.

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28. QUARANTE DÉTECTIVES PLUS TARD
(FORTY DETECTIVES LATER)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Arthur Hiller.

En 1948, l’épouse de Munro Dean a été assassinée. On n’a pas trouvé le coupable. Le mari a payé une quarantaine de détectives pour trouver le meurtrier, et pense cette-fois le tenir en la personne d’Otto, un vendeur et collectionneur de disques de  jazz.

Un très bon polar mené par James Franciscus (« Hunter », « Le secret de la planète des singes »), qui est le 41e détective privé engagé par Munro Dean pour trouver l’assassin de sa femme. Si l’intrigue nous passionne, racontée au passée par le privé William Tyre (James Franciscus), on n’a pas le sentiment d’être dans l’anthologie de Sir Alfred, excepté pour l’aspect « chute » qui est bien présent ici.

Otto a l’air d’un gros nounours inoffensif, et l’interprétation de Jack Weston en fait tout sauf le portrait du meurtrier potentiel. Ivre de vengeance, Munro Dean (George Mitchell) dépense son argent depuis des années pour retrouver l’assassin de sa femme que la police a renoncé à chercher.

Il y a un côté tragédie grecque dans cette histoire policière. En effet, une fois sa mission achevée, Tyre qui a sympathisé avec Otto va vouloir en savoir davantage alors qu’il n’est plus rémunéré, c’est une sorte de quête personnelle.

Tyre joue en fait le rôle de facilitateur de vengeance personnelle, en permettant à Munro Dean après tant d’années de tuer impunément Otto. Sa motivation n’est pas l’argent, car son client a beau lui proposer une fortune (3000 dollars de 1960), il renâcle à la tâche.

Moins bon que l’opus précédent « la pendule à coucou » qui est plus dans l’esprit de la série, « Quarante détectives plus tard » se regarde sans ennui aucun, mais pourrait être une enquête de Joe Mannix ou de Mike Hammer.

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29. LE HÉROS
(THE HERO)



Histoire d’Henry De Vere Stacpoole. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : John Brahm.

Le riche Sir Richard Musgrave est à bord d’une croisière lorsqu’il croit voir un fantôme, un prospecteur d’or qu’il a lâchement abandonné à son sort jadis en Afrique, Jan Vander Klaue.

On retrouve dans cet épisode passablement ennuyeux le comédien Oskar Homolka, vu dans le 16e épisode de cette cinquième saison « L’icône d’Elijah ».

Richard Musgrave voit sa respectabilité et son empire menacé le jour où il découvre que Jan Vander Klaue, qu’il a jadis trahi en Afrique, est toujours vivant. Mais l’homme prétend s’appeler  Keyser et ne rien comprendre à l’histoire. Pourtant, Musgrave en fouillant la cabine de l’homme trouve une coupure de presse datant du 19 octobre 1939 et relatant la mort de Jan Vander Klaue battu à mort par les indigènes à Kimberly en Afrique du Sud. Alors pourquoi ce jeu du chat et de la souris ?

Malgré une bonne idée de départ, le scénario s’avère vite creux, et manque de cohérence et de suspense. Si Oskar Homolka était parfait dans l’autre opus, il est ici une erreur de casting. Il ne représente jamais une menace réelle. Musgrave est adroitement interprété par Eric Portman, le parfait gentleman britannique.

Les deux personnages de Musgrave et de Vander Klaue/Keyser ne se rejoignent jamais. On perçoit mal pourquoi le riche anglais a peur de cet homme qui ne lui demande rien. La chute est un peu surprenante mais l’on ne la révèlera pas. L’un des deux hommes va se voir consacrer « héros ». On rage en pensant à ce qu’un tel épisode aurait donné avec, dans le rôle de Vander Klaue un Robert Emhardt. Ici, si j’ose dire pour ceux qui ont vu l’épisode, le suspense tombe à l’eau faute d’une grosse erreur de distribution.

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30. INSOMNIE
(INSOMNIA)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : John Brahm.

Charles Cavender souffre d’insomnie et consulte un psychiatre, ayant à cause de son trouble perdu plusieurs emplois. Il ne trouve pas la paix car son beau-frère le rend responsable de la mort de son épouse Linda dans un incendie.

Je n’aurais pas reconnu, treize ans avant « Duel », le comédien Dennis Weaver, vu aussi dans la série « Un shérif à New York ». Il est ici Cavender, le patient du docteur Tebaldi, psychiatre chargé de le guérir à la fois de ses insomnies et de la tragédie de ne pas s’être réveillé dans sa maison en flammes, incendie qui a provoqué la mort de sa femme. S’il ne se sent pas coupable – c’est ce qu’il dit au docteur – le beau frère, Fletcher (John Ragin),  lui a pourri la vie en rejetant sur lui la cause de la mort de sa sœur.

James Millhollin est parfait dans le rôle du psychiatre. Il tente de comprendre. Le beau-frère vit très loin et Cavender ne l’a jamais rencontré. Il a appris la mort de Linda par les journaux. Fletcher persécute son beau-frère en lui téléphonant la nuit. Ce qui cause à nouveau un renvoi de son nouvel emploi au malheureux insomniaque.

Cavender finit par retrouver Fletcher dans un fauteuil roulant. Il est privé de ses jambes depuis la seconde guerre mondiale. Mais l’homme est armé, et en se défendant, Cavender le tue.

Et c’est au moment où notre malheureux veuf pense avoir  mis à un terme au « cauchemar vivant » que représentait son beau-frère que Cavender va faire face à son destin.

L’épisode veut explorer trop de pistes en un temps limité, et les situations ne sont souvent qu’esquissées sans être approfondies. On a du mal à croire aussi à l’absence de remords de Cavender d’avoir survécu à Linda. La fin est prévisible, ce qui n’est pas bon signe puisque le téléspectateur n’est jamais censé deviner la chute.

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31. JE SAIS ME DÉFENDRE
(I CAN TAKE CARE OF MYSELF)



Histoire de Fred Mc Morrow. Adaptation : Thomas Grant. Réalisation : Alan Crosland Jr

Une chanteuse, Georgia, est menacée par un gangster, Little Dandy Dorf. Elle décide de se défendre toute seule.

Dès le début, j’ai senti que cet opus allait être raté. Dans un night club, Georgia (Linda Lawson), une chanteuse, se produit avec un pianiste, Bert Haber (Myron Mc Cormick) . Un gangster s’éprend d’elle, c’est un homme tout petit, et elle lui renvoie ses fleurs et lui jette un verre de whisky à la figure. Peu après, Bert est menacé et on lui conseille de prendre une « assurance ».

Il devient vite évident que Georgia, une fois rentrée chez elle, a été assassinée. Un policier, Jack Simpson (Edmon Ryan) arrive au night club et s’attable. De la 13e minute, moment où cela intervient, à la fin, nous n’avons droit qu’à un long échange verbal  entre le policier et le pianiste sur le drame. Bert ne fait que répéter ce que le téléspectateur sait déjà, rien de plus, et l’on se demande vraiment l’intérêt de cet épisode.

La chute est elle-même mauvaise, c’est dire. Georgia a prouvé qu’elle ne savait pas se défendre, et Fred Mc Morrow nous a pondu un script navrant, où il n’y avait franchement rien à sauver. C’est verbeux, ennuyeux à mourir, bref un épisode à zapper sans regrets.

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32. UN MORT DE TROP
(ONE GRAVE TOO MANY)



Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Eli Jerome. Réalisation : Arthur Hiller.

Joe Helmer est au chômage et son épouse Irene le lui reproche. Ils ont besoin d’argent. Il demande alors un prêt à sa banque. Mais il reçoit un refus. Un passant s’effondre victime d’une crise cardiaque et Joe le dépouille.

Voilà une des cruelles farces macabres auxquelles nous a habitué le maître dans son anthologie. Joe Helmer est pris de remords et d’un cas de conscience : dans le portefeuille du passant qu’il a volé, et qu’il pense mort, se trouve un mot disant qu’il est sujet à des états cataleptiques pouvant laisser croire à un état de décès apparent. L’homme dans cette carte supplie que l’on contacte son médecin et que surtout on ne l’enterre pas vivant.

Angoissant d’un bout à l’autre, « Un mort de trop » nous plonge dans un suspense palpitant, mâtiné de crise conjugale. Son épouse Irene est lasse de leur manque d’argent. Le personnage est interprété par la jolie brune Neile Adams,  partenaire de Steve Mc Queen dans l’épisode « L’homme du sud ». On comprend que Joe Helmer ne veuille pas perdre une si jolie femme, mais doit-il pour autant laisser le passant être enterré vivant ? Il appelle le médecin, ce dernier est en vacances, quant à la police, elle ne le croit pas et le prend pour un fou.

Joe est un « looser » tel que l’Amérique en génère des tas. Ni un sale type ni un criminel, mais un homme qui a désespérément besoin d’argent. On passe avec lui par tous les stades de l’angoisse et l’intrigue, comme souvent, aurait mérité un développement sur une durée plus longue.

Jeremy Slate compose l’antihéros parfait, et il sert à merveille un script sans failles. On passe un bon moment et ne voit pas le temps passer. C’est presque à regret que l’on voit apparaître Sir Alfred pour son sketch final, alors que l’on serait bien resté encore un peu dans cette intrigue passionnante.

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33. PARTY LINE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Eli Jerome. Réalisation : Hilton A. Green

Helen Parch a l’habitude d’occuper inutilement la ligne téléphonique pour des  bavardages sans fin avec ses amies. Cela cause la mort d’une femme, dont le mari, Heywood Miller ne parvient pas à joindre à temps le docteur. L’heure de la vengeance a sonné.

Formidable épisode sur l’égoïsme et son châtiment. L’épisode bénéficie de la présence de l’inquiétant Royal Dano vu dans la série « Cimarron ».

Un certain Atkins se présente chez Helen (Judy Canova)  et lui rappelle des souvenirs qu’elle a enfoui au fonds de sa mémoire. Il y a neuf ans, un voisin, Miller (Arch Johnson), n’a  pas pu joindre le médecin  car elle occupait la ligne en permanence. Cette histoire est évidemment très datée, puisque se déroulant entre 1951 et 1960, nous sommes à une époque où la communication par téléphone était « rustique ». Mais le sujet pourrait de nos jours être remplacé par un autre, le thème étant universel, quand une personne ne pense qu’à elle alors que la vie d’un autre est en danger, et n’en a cure.

Ici, la visite de M Atkins (Royal Dano) provoque un flash back. On se rend compte qu’Helen Parch n’est pas la seule en cause, car ses amies, bavardes, ont déjà mis à bout de nerfs d’autres usagers du téléphone, notamment une première fois Miller qui devait passer un coup de fil urgent pour affaires, et qu’elles ont empêché de mener à bien. Miller a fini par insulter Helen. Elle ne l’a pas, la fois suivante, laissé prévenir le médecin en occupant la ligne.

Malgré l’ambiance « Arsenic et vieilles dentelles », avec toutes ces demoiselles d’âge avancé, le ton n’est jamais à la comédie mais au drame.

Atkins explique à Helen que Miller a ensuite mal tourné, devenant un voleur. Il purgeait depuis six ans une peine de prison, et vient de s’évader.

A la douzième minute, on apprend que Royal Dano incarne le psychiatre pénitentiaire d’Atkins, et il vient la prévenir du danger. L’homme en fuite a juré de la tuer.

La suite est prévisible. On aurait aimé que Royal Dano fût le tueur, tant son physique s’y prête. Il n’est ici que le messager du malheur. Il n’est pas pris au sérieux, ce qui rappelle Donald Pleasence alias le docteur Loomis dans le premier opus de la saga « Halloween ».

Notons que l’une des vieilles dames bavardes est incarnée par Ellen Corby, Tante Sarah dans le pilote des « Envahisseurs ».

Un opus excellent où rien ne manque pour faire frissonner le téléspectateur.

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34. CELLULE 227
(CELL 227)



Histoire de Bryce Walton. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Paul Henreid.

Le professeur Herbert Morrison, accusé d’avoir tué une de ses jeunes étudiantes, est dans le couloir de la mort d’un pénitencier. Il semble accepter son sort et refuse la notion même d’espoir. Il en discute avec un prêtre et son avocat.

L’épisode commence par l’exécution du jeune De Baca (Sal Ponti). Nos nerfs sont mis à vif et l’on est donc très vite dans l’ambiance. Le professeur Morrison (Brian Keith), lui, attend sereinement la peine capitale. Cela ne manque pas d’agacer les autres détenus.

Puis c’est la confrontation entre l’aumônier et Morrison. Il lui oppose son athéisme, et le prêtre finit par renoncer à discuter et s’en va.

Hennessy (James Best), voisin de cellule de Morrison, l’entend parler dans son sommeil, mais ne comprend pas à quoi le rêveur fait allusion. Brian Keith nous propose à nouveau un rôle fort, comme l’homme prisonnier du respirateur artificiel dans l’épisode 05-05 « No pain ».

Lors d’une seconde confrontation, le prêtre se voit interroger par Morrison sur la différence morale entre le meurtre commis par un criminel et la peine capitale, où l’état agit.

L’avocat, Berg (Frank Maxwell) arrive un peu tard dans l’épisode, à la 13e minute. Le suspense est ici sacrifié à de longues considérations verbeuses et philosophiques sur la peine de mort, l’innocence et la culpabilité.

On s’attarde ensuite sur l’un des gardiens, Pops (James Westerfield) que Morrison trouve sadique. Pour le professeur, Pops aime la mort des autres. Aussi, bien que cela soit invraisemblable, et difficilement réalisable, Morrison a décidé de tuer Pops en l’étranglant.

La chute est particulièrement cruelle. Elle est vertigineuse, mais pour autant, on a dû attendre 23 minutes pas vraiment passionnantes pour le résultat. De ce fait, l’épisode mérite à peine deux étoiles.

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35. LA MÉTHODE SCHARTZ-METTERKLUME
(THE SCHARTZ-METTERKLUME METHOD)



Histoire de Saki. Adaptation : Marian Cockrell.  Réalisation : Richard Dunlap

Charlotte Hope, une préceptrice aux méthodes peu orthodoxes, vient s’occuper de l’éducation de quatre enfants. Les parents sont vite sceptiques devant sa pédagogie.

Comme d’habitude, les histoires situées dans le passé sont moins bonnes que les contemporaines de 1960, et celle-là ne fait pas exception. Charlotte Hope est une drôle de vieille dame, qui refuse de voir fouetter un cheval, et l’achète aussitôt. Elle a des idées bien arrêtées sur l’enseignement à domicile. Dès les premières images, on comprend qu’il ne faut pas attendre de cet opus un quelconque suspense. On est plus dans « La petite maison dans la prairie » que chez Hitchcock.

Cela aurait pu être un sujet pour Claude Chabrol, car Miss Hope attaque ici fortement la bourgeoisie et remet en question tout le système. Elle ne tarde pas à scandaliser les parents par ses remarques certes justifiées, mais qui ne lui laissent pas espérer un long avenir comme enseignante à domicile dans la maison. Elle est vite populaire auprès de la domestique, ainsi que des enfants.

Parfois, l’épisode évoque un peu « Le cercle des poètes disparus » par sa démarche. Mais l’on se demande vraiment ce que cet opus vient faire dans l’anthologie. Trop atypique. Même si Hermione Gingold fait un beau numéro de comédienne.

Dans un petit rôle, Rose, une bonne, Patricia Hitchcock fait une apparition.

On se doute du sort qui va être réservée à Miss Hope. Celle-ci continue à s’occuper du cheval qu’elle a acheté au début de l’histoire, alors qu’elle est renvoyée.

Tout nous est expliqué dans la chute, mais le problème c’est que l’épisode devient drôle au bout de la 22e minute. C’est un peu tard, et encore une fois, par rapport à la série, nous sommes hors sujet.

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36. QUE JUSTICE SOIT FAITE
(LETTER OF CREDIT)



Scénario : Helen Nielsen. Réalisation : Paul Henreid

Henry Taylor arrive de Chicago dans la petite bourgade de Kirkland avec une lettre de crédit. Il vient pour élucider une affaire à laquelle fut mêlé un employé de banque, qui vient de mourir en s’évadant de prison.

Très bonne histoire, mais bavarde, sans aucune action, ce qui fait un bon livre ne fait pas forcément un bon film.

Ce scénario nous donne du théâtre filmé. En 1957, un employé de banque, qui avait fait quelques bêtises dans sa jeunesse, a été injustement accusé de vol. Trois ans plus tard, il a été tué en voulant s’évader. Son innocence ne fait aucun doute dès les premières images, et l’on comprend qu’Henry Taylor (Robert Bray) est venu établir cette innocence post mortem.

La culpabilité dans le vol du directeur de la banque, Spengler (Bob Sweeney) ne fait aucun doute également. Mais on note quelques invraisemblances dans cet épisode qui fonctionne par flash back au fur et à mesure que Taylor parle.

Pourquoi Spengler se laisse-t-il percer à jour par un inconnu, alors qu’il lui suffirait de le chasser ? Comment Taylor, dont l’identité est révélée dans la chute, a-t-il pu obtenir cette fausse lettre de crédit et pourquoi a-t-il échafaudé toute cette mise en scène ?

Si l’interprétation est impeccable (Bob Sweeney en petit homme chauve, lâche, qui a mis le vol sur le compte d’un pauvre bougre honnête en raison de son passé, Robert Bray en justicier qui dévoile au téléspectateur à son arrivée en ville qu’il porte une arme), le scénario est rempli d’incohérences.

Cela aurait pu être une bonne histoire pour l’anthologie, mais il aurait fallu ménager davantage de rebondissement et distiller un peu d’action. Bien que l’on ne s’ennuie pas, le suspense ne s’insinue jamais dans cet opus.

 

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37. ÉCHAPPÉ DANS LE DÉSERT
(ESCAPE TO SONOITA)

hitchcockpr 5 37

Histoire de James A. Howard. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Deux camionneurs, Bill et Andy Davis, se sont arrêtés avec leur semi-remorque dans le désert, lorsqu’une voiture arrive, avec à son bord deux ravisseurs et leur otage, une jeune femme.

On retrouve dans cet épisode Burt Reynolds, qui a commencé sa carrière à la TV (« Hawk, l’oiseau de nuit ») et Murray Hamilton (un familier des séries des années 60-70 comme « Les envahisseurs », « Madigan », « Cannon », « Kojak », « Les rues de San Francisco »).

Il faut avouer que cette histoire, si elle ne manque pas d’action, s’étire en longueur, et sent le tournage en studio et les décors en carton-pâte. Burt Reynolds est convaincant en chevalier sans peur et sans reproche, risquant sa vie face à deux gangsters, dont l’un quelque peu demeuré, pour protéger l’otage.

L’importance de l’eau comme élément de survie est constante dans cet épisode, plus que l’argent qui semble dérisoire. Notons quelques invraisemblances : la jeune otage, Stephanie (Venetia Stevenson) bâillonnée avec du sparadrap dans le coffre de la voiture des ravisseurs. Pourquoi donc ?  Marsh (Murray Hamilton) qui prend un malin plaisir à ne pas permettre à l’otage de boire. Pourquoi les ravisseurs laissent-ils leur voiture dont seul un pneu est crevé aux deux camionneurs et à l’otage, alors qu’en un tournemain, Bill Davis (Burt Reynolds) change le pneu et que les trois personnes disposent d’un moyen de locomotion pour alerter les autorités ? Les deux autres s’embarrassent du camion, mais ils savent le conduire.

L’accumulation d’invraisemblances nuit à la crédibilité et l’on finit par s’ennuyer, sachant de dénouement prévisible.

Le suspense ne s’installe jamais vraiment, l’intrigue est linéaire, et au final, malgré de bons interprètes, l’épisode s’avère très moyen.

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38. PETIT POISSON DEVIENDRA GRAND
(HOOKED)

hitchcockpr 5 38

Histoire : Robert Turner. Adaptation : Thomas Grant. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un club de pêche, Ray Marchand, marié à une femme plus âgée et riche, fait la connaissance de la fille du propriétaire des lieux, Nyla. Elle est jeune, belle, sensible à ses belles paroles, et il décide de tuer sa femme.

On retrouve ici en nymphette Anne Francis, belle à damner un saint en Nyla, jeune étudiante, et Ray Marchand (Robert Horton) ne résiste pas longtemps à son charme. Malgré des airs de Sainte Nitouche, Nyla se laisse vite séduire. L’histoire est assez osée pour l’époque. Décor oblige, Anne Francis est en maillot de bains deux pièces. Plutôt qu’une vie d’étudiante, Ray Marchand fait miroiter à Nyla une carrière de modèle ou d’actrice.

Dès la onzième minute, nous avons droit à une scène d’amour, allongés sur la plage, entre l’homme marié et la fille du propriétaire du club.

Gladys Marchand (Vivienne Segal), s’étonne de l’intérêt soudain de son époux pour la pêche, qui est son passe-temps à elle. Mais elle ne se doute de rien et accepte une sortie en mer alors que le père de Nyla, M Foster (John Holland) a déjà des clients et un bateau occupé. Bien évidemment, Ray compte sur cela pour noyer sa femme qui ne sait pas nager.

Norman Llyod filme comme Hitchcock, avec de gros plans sur les visages, et le suspense est à son comble. Mais la chute va se révéler saisissante, renversant complètement la situation et le téléspectateur, qui croit tenir les cartes en mains, n’est pas au bout de ses surprises.

C’est sur cet excellent opus que ce clôt la saison 5. A noter que l’épisode fut diffusé à la rentrée 1960, une semaine avant le début de la saison 6.

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Saison 4Saison 6

Alfred Hitchcock Présente

Saison 6

1. Le Manteau (Mrs Bixby and the Colonel's Coat)

2. The Doubful Doctor - Inédit en France

3. A Very Moral Theft - Inédit en France

4. The Contest for Aaron Gold  - Inédit en France

5. L'Autre Train (The Five Forty-Eight)

6. Correspondance amoureuse (Pen Pal)

7. Outlaw in Town  - Inédit en France

8. Il faut que jeunesse se passe (Oh, Youth and Beauty!)

9. The Money - Inédit en France

10. Sybilla - Inédit en France

11. The Man with Two Faces - Inédit en France

12. La Lettre (The Baby Blue Expression)

13. Pas vu, pas pris (The Man Who Found the Money)

14. The Changing Heart - Inédit en France

15. Summer Shade - Inédit en France

16. A Crime for Mothers - Inédit en France

17. The Last Escape - Inédit en France

18. Le plus grand monstre du cinéma parlant (The Greatest Monster of Them All)

19. The Landlady - Inédit en France



1. LE MANTEAU
(MRS BIXBY AND THE COLONEL'S COAT)



Histoire de Road Dalhl. Adaptation : Halsted Welles. Réalisation : Alfred Hitchcock

L’épouse du dentiste Fred Bixby a un amant, un colonel, qu’elle rejoint régulièrement en prétextant rendre visite à une vieille tante. Un jour, le Colonel lui offre un manteau de vision en guide de cadeau de rupture. Comment Mrs Bixby, ravie de ce vison, va-t-elle pouvoir le ramener chez elle sans éveiller les soupçons de son mari ?

Grosse déception avec ce premier opus de la saison 6, en particulier parce qu’il est réalisé par le maître et que le sujet n’est absolument pas digne de son grand talent. L’intrigue ici n’a rien de palpitant, c’est du marivaudage, entre une femme qui trompe son mari, un dentiste, Fred Bixby (Les Tremayne) avec un homme qui n’est guère plus séduisant, voire moins, le Colonel (Stephen Chase). Notre héroïne, incarnée par Audrey Meadows, est une femme entre deux âges, belle mais sans charme particulier.

Bien que son amant l’éconduise de façon assez peu galante, elle est éblouie par le cadeau d’adieu, le manteau de vison. Mais ne pouvant le ramener chez elle, elle s’arrête, en taxi, sur le chemin du retour au domicile conjugal pour laisser le précieux vêtement chez un prêteur sur gages, en échange de 50 dollars, lequel lui remet un reçu sur lequel elle insiste pour qu'il ne mette pas de nom. Ensuite, elle imagine une histoire peu crédible : dire à son mari qu’elle a trouvé ce ticket et veut récupérer l’objet.  Elle aurait dû se méfier : le dentiste de mari lui confisque le ticket en tenant à aller lui-même chercher l’objet.

On est ici en plein vaudeville, rien de macabre, aucun suspense. Et la déception est grande. Pourquoi le maître a-t-il tenu à mettre en scène cette historiette, où, c’est un comble, on ne reconnaît même pas sa patte de metteur en scène ?

Il y a une morale dans la chute, mais on reste vraiment sur sa faim. Ce n’est pas un ratage, c’est un flagrant manque d’ambition dès le départ. Personne n’aurait pu faire un joyau à partir de cette nouvelle de Road Dahl.

Audrey Meadows peine à nous faire croire à cette épouse infidèle. Tout d’abord, elle n’a pas le physique de l’emploi, et son amant, avec le comédien Stephen Chase dans le rôle, encore moins. On a vu défiler beaucoup de jolies femmes dans l’anthologie, qui auraient été bien plus crédibles dans le rôle de la maîtresse qui trompe l’honnête dentiste qui se tue à la tâche pour faire vivre le ménage. Encore qu’il ne faille pas de fier aux apparences.

Le moins bon, à ce jour, des épisodes mis en scène par Sir Alfred. Robert Stevens, l’un des réalisateurs fidèles de cette série, a souvent fait bien mieux.

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2. THE DOUBFUL DOCTOR
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Louis Paul. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Arthur Hiller.

Ralph Jones vit une expérience effrayante : alors qu’il se dispute avec sa ravissante épouse Lucille qui aimerait un deuxième enfant, il se trouve projeté deux ans auparavant dans le passé, en décembre 1958, célibataire, dans un monde où rien ne se passe comme le futur et où Lucille ne l’aime pas.

Voilà l’épisode que Sir Alfred aurait dû réaliser. Ce formidable opus, qui vous évoquera beaucoup de films comme « Un jour sans fin » ou la série « Code Quantum », est palpitant pendant 25 minutes. On oublie même que sa vedette masculine, jouant Ralph, est une fois de plus Dick York, peu crédible ici en séducteur d’une jeune et ravissante Gena Rowlands.

Ayant fait cet effrayant voyage dans le temps deux fois, Ralph consulte un médecin, un psychiatre (John Zaremba) qui lui explique que tout se passe dans son imagination, est dû au stress, et au fait que Ralph ne s’assume pas dans sa vie d’adulte.

Mais le psychiatre, ne tient-il pas un discours rassurant à son patient pour lui cacher de véritables voyages dans le temps ?

A peine Ralph Jones a dit à sa femme qu’il refusait d’avoir un second enfant qu’il se retrouve dans sa chambre de célibataire, en plein hiver, en décembre 1958. Il n’a pas d’argent, pas d’emploi, son logeur menace de le mettre à la porte avant le 1er janvier s’il ne paie pas ses trois mois de loyers de retard. Paniqué, Ralph se rend dans le bureau où travaille Lucille et l’attire très difficilement dans un restaurant pour dîner, après de nombreuses discussions où visiblement, elle n’éprouve aucune attirance pour lui et le prend pour un fou.

Nous sommes en pleine science-fiction, dans un voyage temporel, mais ce ne sont pas les effets spéciaux qui comptent ici (tout comme dans « Code Quantum ») : ce sont les sentiments. Et Ralph, qui ne trouve pas d’issue à une situation angoissante, décide de mettre fin à ses jours en se jetant dans une rivière, après avoir discuté avec un gamin, Sidney (Michael Burns).

C’est palpitant, et Dick York, acteur catalogué avec « Ma sorcière bien aimée », nous fait croire à cette histoire qui nous prend au trippes. On comprend que ce mois de décembre neigeux de 1958 ne peut le mener à la chaleur de l’été 1960 dans laquelle il se trouvait au début de l’épisode. C’est aussi une belle histoire d’amour, car il réalise qu’il n’a aucune chance de séduire « sa femme » (Sublime Gena Rowlands en Lucille).

On aimerait que les 268 épisodes de la série soient de cette qualité là, et pour une fois, le format 25 minutes est parfaitement adapté à une histoire passionnante, car  l’action se trouve cadencée et rythmée, sans nous laisser le temps de réfléchir, ce qu’un long métrage n’aurait peut- être pas réussi à faire.

Dans un genre très différent de « Crackpott », un des meilleurs opus de la série entière. La chute est à la hauteur de notre attente.

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3. A VERY MORAL THEFT
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Jack Dillon. Adaptation : Allan Gordon. Réalisation : Norman Llyod

Helen est amoureuse d’Harry Wade, qui se trouve dans une mauvaise passe financière. Il va être mis en faillite s’il ne réunit pas 8000 dollars sur le champ. Afin de le sortir d’affaire, Helen, qui vit avec son frère lequel doit se marier, vole son patron banquier, Mr Ivers, en soustrayant la somme qu’Harry promet de lui rendre sous 48 heures.

A peine sorti du formidable opus précédent, nous voilà replongé dans une histoire de très haute tenue, qui n’est pas sans évoquer le vol que commet Marion Crane dans « Psychose ». Cet épisode est une course contre la montre pour Helen (Betty Field), femme sans charme, paumée, qui a agit par amour d’un homme qui n’a pas, semble-t-il, une grande impatience de l’épouser.

Betty Field en Helen et Walter Matthau en Harry sont prodigieux. Le suspense est ici vertigineux, même si autour de cette histoire, dès le départ, plane l’ombre du drame. Harry est cynique et profiteur, Betty est amoureuse, son frère, John (Karl Swenson), quand il réalise la situation, est épouvanté. Il sait ce qui va arriver à sa sœur car au bout des 48 heures fatidiques, ce qui était prévu arrive : médiocre en affaires, Harry est incapable de rembourser.

Norman Llyod filme ici un drame humain et un suspense en nous scotchant littéralement devant le petit écran. Walter Matthau n’a dupé que Betty, crédule, car le téléspectateur sait très vite qu’il ne pourra pas rembourser. L’étau se resserre autour de la malheureuse et bien entendu il n’est pas question de révéler la chute, mais elle constitue un grand moment d’émotion. L’auteur Jack Dillon nous surprend et nous livre un épilogue avec un brio étonnant, l’adaptation et la réalisation suivant son génie.

La chute, plus qu’une farce macabre ou une pirouette, est une terrible nouvelle, un coup du destin que nous apprend  le barman restaurateur. Nous restons assommés par cette fin peu fréquente dans l’anthologie. Il est difficile après de retrouver le gros homme et ses blagues, tant le téléspectateur est sous le choc.

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4. THE CONTEST FOR AARON GOLD
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Philip Roth. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un camp de vacances pour enfants, Lakeside, où l’on effectue essentiellement deux activités, la natation et la poterie, un nouveau professeur, Bernie, arrive et remarque dès le premier jour un enfant incroyablement doué, Aaron Gold. Ce dernier a construit une statuette représentant un soldat de l’antiquité.

Le réalisateur Sydney Pollack incarne ici le personnage principal, le professeur de poterie Bernie. Dès le départ, cette histoire s’avère laborieuse.  Bernie affronte le patron du camp Lakeside, Stern. Le comédien Frank Maxwell qui l’incarne ressemble beaucoup à Dana Eclar, le patron de Mc Gyver. Le jour de visite des parents est sacré, et il faut que les « œuvres » des enfants soient terminées, or Aaron doit aussi se consacrer aux autres activités (essentiellement la natation).

L’enjeu ici est vraiment peu intéressant. On comprend mal les colères de Stern, disproportionnées, lorsqu’il se rend compte soit que le petit Aaron a séché le sport, soit que sa sculpture n’avance pas. Il menace même de renvoyer Bernie. Bien entendu, la plupart des enfants font le minimum en poterie, et Bernie s’extasie devant le talent de son élève. Il s’instaure entre eux une relation plutôt étrange. L’enfant est taciturne, et le petit comédien Barry Gordon qui l’incarne, par ses airs sombres, accentue le malaise.

Lorsque la chute arrive, on comprend pourquoi Aaron n’a pas terminé la statuette, ce qu’a fait à sa place Bernie, chose qui provoque la révolte de l’enfant qui considère cela comme une trahison. Un épisode qui montre que l’anthologie est inégale, car cet opus est vraiment ennuyeux, suivant deux autres passionnants. Ici, dès le début, on comprend que l’épisode ne va pas être fulgurant : une mise en place trop longue (pour un film de 25 minutes), une réalisation qui ne retient  jamais notre attention. La visite des parents est à peine entrevue, et la fin bâclée. La question que l’on se pose est qui donc à la production a bien pu retenir cette histoire de Philip Roth qui d’entrée n’avait aucune chance de faire un bon opus.

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5. L'AUTRE TRAIN
(THE FIVE FORTY-EIGHT)

Histoire de John Cheever. Adaptation : Charlotte Armstrong. Réalisation : John Brahm

Miss Dent travaille comme dactylo dans un bureau. Elle est tombée amoureuse de son patron, Blake. Elle a voulu le séduire, mais après une nuit passée avec elle, il l’a licenciée. Il ne sait pas  qu’elle sort d’un asile psychiatrique et a décidé de se venger.

Particularité de cet épisode décevant, il n’y a pas de chute, un comble pour la série ! Si le suspense est entier avec la vengeance de la secrétaire Miss Dent (Phyllis Thaxter), menaçant son ancien patron d’une arme alors qu’il prend le train pour rentrer chez lui, l’intrigue est particulièrement pauvre en rebondissements, linéaire, sans aucun atout pour nous faire sursauter. Zachary Scott (Blake) a un jeu tout en sobriété, et cela cause un contraste avec sa partenaire qui n’arrête pas de parler. L’homme est visiblement tombé sur une folle. L’unité de temps et de lieu : sortie de bureau, le bar, le train, la gare, la voie de garage nuit au suspense.

L’épisode nous propose en flash back la scène où Miss Dent a séduit son patron, le lendemain où il l’a renvoyée, mais l’on s’ennuie très vite. La réalisation est très plate, sans aucune imagination, et ne met pas en relief une histoire qui aurait pu être plus passionnante. Phyllis Thaxter incarne une femme passive, sans charme, qui s’est faite des illusions, et  veut se venger. Mais elle peine à nous faire croire à son personnage. Elle manque d’émotion, de passion.

Il n’y a pas vraiment pas de dialogue, mais un long monologue d’une déséquilibrée. Le téléspectateur ne parvient jamais à s’intéresser à ce qu’il voit. Zachary Scott ne renvoie jamais la balle à Phyllis Thaxter et l’on a le plus grand mal à croire que ce couple improbable ait pu exister ne serait-ce qu’une soirée.

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6.CORRESPONDANCE AMOUREUSE
(PEN PAL)

Histoire d’Henry Slesar et Jay Folb. Adaptation : Hilary Murray. Réalisation : John Brahm

Miss Lowen, une vieille dame sans histoires, reçoit la visite d’un policier, Berger. Ce dernier lui apprend que sa nièce, une orpheline, actuellement absente de la maison, entretient une correspondance avec un détenu, Rod Collins, qui vient de s’évader.

Les épisodes dont le téléspectateur devine la chute ne sont  généralement pas les meilleurs. Ici, vers les trois quart du récit, on comprend tout. Cependant, le récit reste haletant. La mise en place, assez longue, dure dix minutes.  C’est la visite du policier Berger (Stanley Adams, gros nounours au physique rassurant) à la tante de la jeune fille, Miss Lowen (Katherine Squire). La tante n’a que sa nièce Margie au monde, puisque les parents de celle-ci sont morts durant la seconde guerre mondiale. Elle la considère comme sa propre fille. Margie passe le week-end avec des amies, elle a 21 ans. Aussi, Miss Lowen est effarée d’apprendre la correspondance qu’entretien Margie avec un meurtrier, Rod Collins (Clu Gulager, de la série « Le Virginien »).

Passé cette longue exposition, l’évadé en fuite apparaît à la 12e minute, venant chercher de l’aide, comme le craignait Berger. La tante apeurée tente de raisonner l’homme, il ne connaît sa nièce qu’au travers d’une photo, mais l’autre ne veut rien entendre. Il compte bien s’enfuir avec elle, toutefois, pour cela, il lui faudra attendre lundi, jour où Margie doit revenir.

Malgré son physique avenant, Rod Collins sait se montrer menaçant. La tante a peur et va essayer de le duper : feindre d’appeler Margie au téléphone pour lui dire de rentrer plus tôt, alors qu’elle appelle en réalité Berger, le détective qui lui a laissé son numéro. Margie, a-t-elle vraiment mis sa tante dans de salles draps, ou faut-il chercher ailleurs les raisons de la crainte de la vieille dame ? Collins est tout sauf bête, et malgré l’ingéniosité de la tante, il comprend qu’elle parle à la police.

La tension est extrême entre les deux protagonistes, et Clu Gulager, malgré son statut de meurtrier, parvient à rendre émouvant son personnage qui se fait de grandes illusions. Katherine Squire, entre crainte et courage, exprime la fermeté et la volonté d’une vieille femme décidée à lutter. Aussi n’est-on pas étonné de la voir prendre un chandelier pour se défendre.

Avec un minimum de moyens, le réalisateur, dans une histoire qui évoque le théâtre filmé (On ne sort jamais de la maison), parvient à tirer le maximum d’une histoire assez excellente, adaptée d’un récit à deux mains. Si l’épisode n’atteint pas les trois étoiles, c’est parce-que l’évidence du secret de la tante se révèle avant la chute. C’est bien dommage, car nous assistons à une confrontation inédite, meurtrier en fuite contre vieille femme isolée, et le plus malin des deux n’est pas celui que l’on croit.

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7. OUTLAW IN TOWN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Michael Fessier. Réalisation : Herschel Daugherty

En pleine tempête de neige, un cowboy arrive dans un saloon. Il siffle, se montre provocateur, et ne tarde pas à susciter les questions des autres clients. D’où vient-il, que vient-il faire ? Tout ce qu’il accepte de dire est son prénom, Tony.

Je n’ai jamais compris le bien fondé d’intégrer des western à l’anthologie, à la différence des rares récits de science-fiction et de la majorité relatifs aux crimes, histoires policières et farces macabres. Ici, dès les premières images, j’ai détesté l’ambiance, et la suite ne m’a pas déçue.

Tout d’abord, Riccardo Montalban, excellent ailleurs (« Hawaii Police d’état », « L’île fantastique ») cabotine ici à outrance, et se rend très vite exaspérant. Le reste de la distribution ne l’aide pas par sauver une histoire dont le naufrage est inévitable. C’est du western à budget réduit, la plupart du temps filmé dans le saloon, avec une ballade en calèche. Le ton passe vite du drame à la comédie. Constance Ford incarne une veuve, Shasta Cooney, dont le mari aurait été tué par Tony Lorca, lequel a sa tête mise à prix pour 5000 dollars mort ou vif. Constance Ford ne parvient pas plus que son partenaire à nous faire croire à son personnage.

On ne peut jamais prendre au sérieux l’histoire, car les rebondissements, au lieu de donner une quelque trame dramatique à l’intrigue, s’orientent à chaque fois vers plus de comédie, tuant tout suspense. Ainsi, au début, par son arrogance, Tony s’est attiré l’hostilité, mais lorsque celui qui veut le mettre en joue s’y emploie, il découvre que tel un illusionniste, l’autre lui a dérobé son arme, qu’il lui rend aussitôt avec ce perpétuel sifflotement agaçant. Tony ne doute pas un instant que l’autre pourrait juste après lui vider le chargeur dans le ventre ! Il offre du champagne à Shasta, elle lui jette le contenu du verre à la face, mais cela le fait rire.

On se décourage vite d’espérer une quelconque amélioration durant les 25 minutes, la chute d’ailleurs sera du genre comédie pur jus, sans qu’une once de suspense ne se soit glissée dans cet épisode raté d’un bout à l’autre.

Patsy Kelly, comédienne américaine née à Brooklyn, atteint ici les sommets du ridicule, on se demande bien pourquoi ne pas avoir engagé une comédienne d’origine indienne pour interpréter son personnage qui le nécessite,  mais la crédibilité n’est pas ici recherchée.

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8. IL FAUT QUE JEUNESSE SE PASSE
(OH, YOUTH AND BEAUTY!)

Histoire de John Cheever. Adaptation : Haslted Welles. Réalisation : Norman Llyod.

Cash Bentley a été un champion du 110 mètres haie, populaire, reconnu. Mais il a pris de l’âge, boit trop, et ne parvient plus, malgré une union solide avec son épouse Louise, à maintenir son train de vie. Il ne rêve que de retrouver sa jeunesse et sa gloire passée.

Très bel épisode, malgré quelques imperfections dues sans doute au budget : je pense essentiellement aux films que l’on nous montre sans cesse des courses passées de Cash, champion athlète, qui mélangent mal des images archives de véritables courses et des gros plans maladroits du comédien principal, Gary Merrill.

Le drame sied mieux que la comédie à l’anthologie, ici la tragédie est menée par deux comédiens très doués, Patricia Breslin et Gary Merrill. Ils incarnent avec véracité et émotion un beau couple qui serait heureux si le champion, Cash, avait accepté son âge et compris que l’on ne peut jamais revenir en arrière.

On se moque de lui dans un club très huppé pour l’inciter à singer sa gloire passée autour de fauteuils et tables que l’on a rassemblés rapidement. Son épouse n’a qu’une envie : quitter cette bande de faux joyeux lurons qui confortent son mari dans son désir de faire « sa dernière course ». Le couple de comédiens éclipse le reste de la distribution, tant il est éclatant. Il faut dire que les multiples autres personnages sont peu fouillés et à peine esquissés.

Un premier drame, moins tragique que celui de la chute, arrive avec l’accident qui était inévitable. Cash se retrouve la jambe plâtrée, demandant à son médecin s’il pourra remarcher. Il regrette tellement sa jeunesse que dans une scène de bal, il invite une très jeune cavalière (dont le partenaire prend assez mal la chose) et finit par danser tout seul, pathétique, au milieu de l’assistance.

On s’étonne que Cash mette si longtemps à lancer son poing dans la figure du mauvais plaisant qui n’arrête pas de le provoquer, lui décoiffant les cheveux et le traitant avec mépris, chose que l’état d’ébriété du provocateur ne rend pas excusable. La prude Amérique de novembre 1960 fait que la caméra ne s’attarde pas longtemps lorsque Cash veut déshabiller son épouse légitime, même l’érotisme conjugal est proscrit. D’une scène qui aujourd’hui aurait constitué une séquence érotique, nous n’avons même pas l’amorce puisque Louise trouve un prétexte pour s’éclipser, il est vrai que l’alcoolisme de son mari le lui fait fuir.

Il ne faut pas s’attendre à un suspense classique mais à une œuvre assez réaliste sur la déchéance de ceux qui veulent être et avoir été et n’acceptent pas la déchéance du temps qui passe. La fin est assez surréaliste mais prévisible. L’épisode frôle la perfection, mais la répétition des gros plans mal insérés  de l’acteur principal sur les films de courses d’athlètes, projetés à partir de l’ancêtre du super 8, est tout de même gênante. On nous montre ici de toute évidence du film 8 mm avec les appareils de salon de l’époque.

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9. THE MONEY
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alan Crosland Jr

Larry Chetnik est marié à une femme, Angie,  qui ne s’intéresse qu’à l’argent. Il trouve un emploi chez un ami de son père, et manigance un vol en espèces.

Encore un drame psychologique, toutefois nettement moins réussi que le précédent épisode. Si un Robert Loggia fort jeune est assez à l’aise dans le personnage de Larry, celui de son épouse est gâché par une insupportable Doris Dowling qui surjoue en permanence et nous met les nerfs à vif. Will Kuluva, dans le rôle du patron ami du père, Bregornick, livre une interprétation brillante, même supérieure à Robert Loggia. Kuluva a joué dans de nombreux épisodes des « Incorruptibles », « Mission Impossible » ou encore « Cannon ».

Le reproche que l’on peut faire à cet opus est sa longueur. C’est singulier pour 25 minutes, mais l’intrigue met beaucoup de temps à se mettre en place, et l’on se perd en bavardages. Notons que les échanges entre Bregornick et son partenaire d’affaires Miklosh (Wolfe Barzell, qui fait très âgé, alors qu’il avait 63 ans), sont savoureux. On se croirait parfois dans un film de gangsters de la grande époque hollywoodienne des séries noires. Barzell a fait carrière au cinéma (« La fiancée de Frankenstein ») et son duo avec Will Kuluva relègue au second plan les protagonistes principaux.

Il ne se passe pas grand-chose en fait, en dehors du fameux vol, qui doit permettre à Larry de contenter enfin son insupportable femme. C’est donc la mise en scène qui relève l’histoire trop linéaire et fade d’Henry Slesar. Et Alan Crosland Jr s’en donne à cœur joie, notamment dans les scènes avec Kuluva et Barzell, truculentes.

Le personnage de Stefan Bregornick dégage une profonde humanité (on s’en rend  compte surtout vers la fin), mais le téléspectateur lambda sera un peu perdu dans une histoire qui privilégie, à la seule scène de suspense, les rapports entre les personnages, par exemple lorsque Bregornick reproche à Larry de ne jamais parler de sa mère.

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10. SYBILLA  
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Margaret Manners. Adaptation : Charlotte Armstrong. Réalisation : Ida Lupino.

Un mari se rappelle à la mort de sa femme les circonstances qui ont conduit celle-ci à cette fin tragique.

Malgré la présence de Barbara Bel Geddes, cet épisode est mortellement ennuyeux. En voix off, Horace Meade (Alexander Scourby) se souvient à la mort de sa femme de leur retour de voyage de noces et tout ce qui a suivi.

Sybilla (Barbara Bel Geddes) et lui font chambre à part, elle porte des chemises de nuit de grand-mère et fait preuve de la soumission d’une geisha, voulant toujours le meilleur quotidien pour son seigneur et maître.

Mais les choses s’embrouillent lorsque le mari découvre que sa sage épouse lit des livres de mystère et de crime, qu’elle dispose de la clef personnelle de son propre bureau où il cache son journal intime dans lequel il a écrit des choses inavouables.

Les épisodes de « Alfred Hitchcock présente » se suivent et ne se ressemblent pas.  Ici, le mari qui veut endormir son épouse avec un somnifère mêlé à une boisson la trouve à deux heures du matin en train de lire, alors que lui-même ne se sent pas bien.

L’épisode est raté car il fallait que la chute soit la mort de Sybilla. La construction du scénario empêche donc tout suspense, et la chute se révèle bien frustrante.

Ida Lupino, actrice réalisatrice, fait du bon travail, mais elle dispose d’une histoire trop faible pour nous émouvoir ou nous faire sursauter. Horace nous révèle beaucoup trop de choses en voix off bien avant la chute, à ce titre l’épisode est atypique.

Barbara Bel Geddes, dans un rôle ambigü, fait ce qu’elle peut pour créer le doute et la tension chez le téléspectateur.

On n’entre jamais dans l’histoire, rebuté par un sujet qui ne parvient jamais à passionner. La chute est mièvre et nous laisse sur une grande déception.

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11. THE MAN WITH TWO FACES
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Stuart Rosenberg

Alice Wagner, veuve, vit avec sa fille Mabel et son gendre Leo. Un soir, en sortant tard d’un cinéma, elle est attaquée par un jeune voyou qui lui arrache son sac à main. Elle se rend à la police où le lieutenant Meade lui montre des centaines de photos pour identifier l’agresseur. Et elle découvre qu’un certain William Draves, recherché, n’est autre que son gendre Leo.

Voilà un épisode réussi sur toute la ligne : scénario béton, réalisation efficace, interprétation excellente, avec du suspense, des frissons d’angoisse. Alice Wagner (Spring Byington) est une bonne citoyenne. Après avoir cherché sans succès son agresseur, elle est tombée en arrêt devant la photo d’un sosie de son gendre. Le lieutenant Meade (Stephen Dunne) perçoit ce malaise lors de la première visite. Mais la première fois, pour ne pas faire d’ennuis à son gendre et à sa fille, elle ne dit rien.

Comme dans les films du maître, ici le doute est exploité comme élément déclencheur du drame. Alice ressent le besoin de retourner voir Meade et de lui exposer ses doutes, avec à l’appui une photo de sa fille Mabel (Bethel Leslie) et de son gendre Leo (Harp Mc Guire). Meade, au physique avantageux, est interprété par un comédien de séries B qui aurait mérité d’être héros d’une longue série policière, Stephen Dunne  (1918-1977). Mort à seulement 59 ans, ce comédien accapare l’écran dès qu’il apparaît, volant la vedette à Spring Byington. Il fut le héros d’une série inédite en France tournée avant cet opus d’Alfred Hitchcock présente, « The brothers Bannagan » qui ne dura qu’une saison et 39 épisodes. Il évoque ici, avec un physique de playboy, un Steve Mc Garrett avant l’heure.

L’épisode aborde plusieurs genres, avant tout le « Police Procedural », dès que le lieutenant Meade prend l’enquête en mains. Mais aussi l’angoisse et le suspense d’un film comme « L’ombre d’un doute », le script d’Henry Slesar étant bien dans la lignée de ce genre d’histoires.

Bethel Leslie, au physique à la Lee Remick, n’a pas fait une grande carrière, habituée des séries télé en guest star comme « Kung Fu » et « Equalizer ». On le regrette en voyant sa prestation en Mabel, femme séduisante et racée, dont on a un peu de mal à croire qu’elle puisse être la fille de Spring Byington. En revanche, Harp Mc Guire, en Leo/William Draves est totalement transparent et inexistant, le comédien n’a d’ailleurs fait qu’une courte carrière. Son manque de charisme ne gêne pas la qualité de l’opus, car on le voit surtout en photos au commissariat de police. Il n’a que peu de scènes dans l’épisode.

Stuart Rosenberg a su attendre la mise en place et l’exposition des personnages et situations pour nous inquiéter avec la scène où Alice reconnaît son gendre. Une musique sinistre et le visage de la comédienne Spring Byington nous mettent alors complètement à la fois dans l’ambiance (on est scotchés devant le petit écran jusqu’à la fin) mais nous font comprendre déjà que l’épisode va être une grande réussite.

On regrette que cet épisode n’ait pas donné lieu à une série dérivée sur les enquêtes du lieutenant Dunne avec Stephen Dunne, comme ce fut souvent le cas à l’époque à la télévision américaine (« Match contre la vie » avec Ben Gazzara est une série dérivée d’un épisode de l’anthologie « Haute tension »).

Une des grandes réussites de l’anthologie.

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12. LA LETTRE
(THE BABY BLUE EXPRESSION)

Histoire de Mary Stolz. Adaptation : Helen Nielsen. Réalisation : Arthur Hiller.

Poopsie Barrett, très jolie jeune femme mais à la cervelle de moineau, est la maîtresse de Philip, un collaborateur de son  vieux mari. Ensemble, ils décident de tuer le mari lors d’un voyage d’affaires de ce dernier  à Toronto. Philip sachant qu’il ne peut se fier à la mémoire de Poopsie lui a envoyé quelques instructions tapées à la machine. Elle doit faire une lettre à son mari James, à Toronto, mais l’étourdie met dans l’enveloppe, en plus de sa missive, les instructions.

Voilà un épisode qui reprend un peu tous les thèmes à suspense que l’on trouve dans l’œuvre cinématographique de Sir Alfred. L’épisode cependant doit sa réussite à la combinaison d’un bon scénario, et à l’interprétation de l’adorable Sarah Marshall, plus cruche que méchante, mais adorable cruche.

Même son amant Philip sait qu’il ne peut compter sur une once de neurone chez sa bien aimée, aussi lui écrit-il tout ce qu’elle doit faire. Il était loin de se douter qu’en cachetant l’enveloppe d’une lettre que Poopsie doit faire à son mari James, elle allait commettre la bévue du siècle. Voici donc notre écervelée en train de courir après sa lettre, qui est devenue propriété des postes américaines.

Ici, et fort heureusement, à l’inverse de « Outlaw in town » (06-07), les rebondissements nous éloignent de la comédie pour rejoindre le pur suspense. En fait, dans cette histoire de mari femme amant avec meurtre à la clef, le seul élément drôle est le personnage de Poopsie, mais l’on se met vite à lui souhaiter de se sortir de ce mauvais pas. « The baby blue expression », titre original, c’est l’expression de ses yeux, telle que son amant  Philip (Peter Walker)le lui déclare, lequel, comme le mari James Barrett (Richard Gaines) ne fait que passer. Il faut souligner que tout l’opus repose sur les fragiles épaules de la ravissante Sarah Marshall « Poopsie ».

La comédienne a l’intelligence de ne pas accentuer le côté idiote de son personnage, mais plutôt de jouer sur son charme, elle a vraiment un joli minois. De plus, elle est attendrissante de naïveté. Elle subit le sort de tous les héros de Sir Alfred au cinéma, se croit mille fois sauvée, échappe à tous les dangers, et ici on retrouve même l’époque anglaise du maître. Par exemple, lorsque Poopsie attend désespérément un appel téléphonique de Toronto, c’est le moment où de joyeux drilles viennent la tirer par la manche pour qu’elle se joigne à la « Party » qu’elle et son amant avaient planifiée et qui donc la retarde, scène qui évoque « Jeune et innocent » par exemple. Elle n’arrête pas de courir autant que les héros des « 39 marches » et de « La mort aux trousses ».

Les 25 minutes sont bien trop courtes pour savourer ce suspense fort réussi, et la chute est à la hauteur des meilleures du genre. On a ici un condensé de tout ce que Sir Alfred a produit au cinéma, et l’on regrette qu’il n’ait pas choisi de mettre en scène lui-même l’opus.

Partant d’une situation qui aurait pu tourner à la comédie et à la grande farce, nous avons droit à un très bon suspense.

Sarah Marshall (1933-2014) n’a malheureusement pas confirmé au cinéma ni à la télévision les promesses de carrière qu’on lui aurait donné en visionnant cet épisode.

Sarah Marshall reviendra dans l'épisode 34 de la saison 7, "The twelve hour caper". Rarement une actrice de cette anthologie m'aura fait une telle impression. Après la série, elle a joué des seconds voire troisièmes rôles ("La mariée a du chien" avec Tony Curtis, "A corps perdu" avec Suzanne Pleshette, au cinéma), pour ensuite se consacrer à la télévision en guest star : "Le fugitif", "Max la menace" "Star Trek", "Les mystères de l'ouest", "L'homme de fer", pour finir dans "Remington Steele". Elle méritait mieux!

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13. PAS VU, PAS PRIS
(THE MAN WHO FOUND THE MONEY)

Histoire de James E Cronin. Adaptation : Allan Gordon. Réalisation : Alan Crosland Jr.

De passage à Las Vegas, un professeur, William Benson, trouve dans une allée devant un parking une liasse de 92 000 dollars. Après avoir songé à les garder, et les avoir déposés dans un coffre à la banque, il se rend à la police pour déclarer l’argent trouvé.

Arthur Hill revient pour sa deuxième et dernière apparition dans l’anthologie après « Un cas intéressant » (04-32). Dans cette histoire, il est un bon samaritain, qui aurait mieux fait de garder l’argent trouvé, que d’être honnête.

En effet, à peine est-il confronté au policier qui le reçoit, le capitaine Jones (R G Armstrong, guest star de toutes les séries des années 60) qu’il se voit accusé d’avoir gardé une partie de la somme. Et pas rien : 10 000 dollars. L’argent appartient à un certain Newsome (Rod Cameron) qui offre à Benson et à son épouse Joyce une semaine de détente dans son hôtel.

L’épisode repose beaucoup sur Arthur Hill, et le téléspectateur s’identifie facilement à ce citoyen lambda.  Bien évidemment, c’est une grosse somme pour un enseignant en 1960, et il est fortement tenté de garder l’argent.

Ces épisodes sont un témoignage de l’époque : ainsi, alors que le capitaine Bones fait attendre l’homme dans un couloir au commissariat, ce dernier demande à un sergent une allumette pour griller une cigarette. On trouve aussi très naturel de boire beaucoup d’alcool.

L’épisode se découpe en deux parties : avant et après la rencontre avec le capitaine Bones. Il semble que le sort de notre héros est scellé dès lors qu’il a rencontré ce policier dont on comprend vite qu’il est acheté par le milieu.

On peut regretter une intrigue qui traîne un peu en longueur parfois. Les scènes à la banque, puis l’annonce que Benson publie dans le journal indiquant l’argent trouvé, semblent là pour que l’opus fasse les 25 minutes syndicales.

La chute, sans humour, est assez cruelle et cynique. Dans l’histoire de James E. Cronin, ce qui pêche est le mobile du prétendu vol. Pourquoi le professeur aurait il volé 10 000 dollars alors qu’il en avait 92 000 en mains ?

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14. THE CHANGING HEART
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Robert Bloch. Réalisation : Robert Florey.

Dane Ross entre dans une boutique d’horloger pour faire réparer une montre ancienne et précieuse. Il fait la connaissance d’un étrange vieux bonhomme, Ulrich Klemm, et sa ravissante petite fille Lisa. Il tombe amoureux de la jeune fille, mais l’horloger s’oppose à cette union.

Anne Helm, qui joue ici le rôle de Lisa, est surtout connue pour son rôle récurrent de Kate Pierce (puis Kate Ryder) belle-sœur de l’avocat Paul Bryan/Ben Gazzara tout au long des trois saisons de la série « Match contre la vie » (1965-68, programmée en France dès 1969).

Cet épisode appartient au genre fantastique, mais date de 1961, et malheureusement, tous les amateurs devineront la chute dès les premières images. Dane Ross, ingénieur, beau garçon (Nicholas Pryor), travaille dans une ville qui n’est jamais citée, celle où se déroule l’histoire, avant d’obtenir une promotion à Seattle. Il est amoureux de Lisa, petite fille de l’horloger Ulrich Klemm (Abraham Sofaer). Bien avant le docteur Armstrong des « Cybernautes » de la série « Chapeau melon et bottes de cuir », il a imaginé un monde où tout est mécanique, donc immortel. Les gros plans sur les horloges et autres « gadgets » sont édifiants et rendent crédible cette incursion dans la science-fiction.

Robert Bloch nous conte ici une histoire assez horrifique dans la lignée de « Psychose ». On se rend compte en voyant l’épisode que nombre de films d’horreur lui doivent beaucoup (certaines séquences évoquent le futur et médiocre « Halloween 3, le sang du sorcier » ou des films comme « Mondwest »).

Nul doute que sur le téléspectateur de 1961, cet épisode a dû faire un effet terrible, et l’on mettra quatre étoiles à ce joyau, bien supérieur à d’autres opus de l’anthologie. Une fois de plus, le genre fantastique sied merveilleusement à la série.

Les trois comédiens principaux servent fort bien leurs personnages, et jouent sur du velours, la plume de Robert Bloch leur ayant préparé une intrigue exceptionnelle.

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15. SUMMER SHADE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Nora H. Caplan. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Herschel Daugherty.

La famille Kendall, un couple et une petite fille, aménage à Salem, dans le Massachussetts. Très vite, les parents, Ben et Phyllis, sont épouvantés. Leur fille Kate fréquente une amie invisible, de son âge, Lettie, qui est loin d’être une affabulation.

Encore un épisode fantastique, et cette-fois, l’un des plus effrayants depuis le début de toute la série. Le thème de l’enfant ayant un ami invisible est présent dans la nouvelle « Harry » de Rosemary Timperley, que l’on trouve dans le recueil « Histoires de fantômes » de « La grande anthologie du fantastique ». Ici, Harry est une fille, Lettie, fantôme d’une petite fille morte en 1694 à l’âge de neuf ans, sous le nom de Lauretta Bishop.

Julie Adams (vue dans « L’étrange créature du lac noir ») incarne la mère, tandis que James Franciscus, en Ben Kendall, est de retour après l’épisode 05-28 « Quarante détectives plus tard ». La petite Susan Gordon, enfant star, disparue en 2011, est particulièrement convaincante en Kate, fille du couple, qui dès le début fréquente Lettie, l’amie invisible.

Tout le folklore des sorcières de Salem est ici présent, jusqu’à des pancartes publicitaires. C’est sur une intuition que la mère demande à Ben, le mari, de changer sa route, alors qu’ils recherchent une maison à acheter, et ils arrivent près d’une demeure isolée qu’une vieille dame excentrique, Amelia Gastell, leur vend. Elle est aussi baby Sitter à ses heures. On se demande si les Kendall ont toute leur tête lorsqu’ils confient leur fille à garder pour une soirée à cette dame.

La peur gagne vite le téléspectateur en même temps que les parents Kendall. Il est question de sorcellerie, d’exorcisme, et l’on se demande bien pourquoi ils ne prennent pas leurs jambes à leur cou pour fuir cet endroit démoniaque. L’enfant s’isole avec son amie « imaginaire » invisible Lettie, mais le père comprend que sa fille n’invente rien, trouvant par exemple un collier de sorcière. Ou un portrait dessiné de Lettie !

Absolument aucun humour dans cette histoire à donner des cauchemars, audacieuse pour sa date de diffusion (janvier 1961), qui franchit nettement la ligne jaune de la charte habituelle de la série. En suggérant, plutôt qu’en montrant, le film entraîne le téléspectateur dans la terreur pure. La chute est évidemment au niveau du reste, et il fallait vraiment un nom comme Sir Alfred Hitchcock pour faire passer la pilule à la censure. En regardant « Summer shade », on se rend compte que pour faire peur, point n’est besoin de films gore.

Vous vivez 25 minutes d’un vrai film d’épouvante, à l’atmosphère étouffante et angoissante, renchérie par le jeu fort adroit des trois comédiens principaux. La réalisation n’est pas en reste, Herschell Daugherty distillant le malaise dès les premières images. Cet épisode franchit un degré par rapport à d’autres comme « Crakpot » (02-15) qui déjà donnaient la frousse.

Les personnages secondaires, témoins du drame (le médecin, le révérend) ajoutent de la crédibilité à l’histoire. Dans le même genre, mais bien plus tard, l’ORTF diffusa, en 1972 le téléfilm « La ferme de Crowhaven » avec Hope Lange et Paul Burke - rediffusé en 1977 sur Antenne 2, tourné en 1970. Une fois de plus, Alfred Hitchcock était en avance – de dix ans – sur son temps.

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16. A CRIME FOR MOTHERS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Ida Lupino.

Il y a sept ans, Mrs Meade a abandonné sa fille et un couple, les Birdwell, l’a adoptée. Alcoolique, instable, Mrs Meade est de retour pour récupérer l’enfant car aucun papier d’adoption n’a été à l’époque formalisé.

Episode qui appartient un peu au genre policier, mais surtout à la catégorie « drame psychologique », et, plaisant dans un autre contexte, il semble totalement hors sujet dans l’anthologie.

Il n’y a jamais vraiment de suspense. Claire Trevor (« La chevauchée fantastique ») incarne une femme à la fois pitoyable et méprisable. Pour garder leur fille, les Birdwell vont devoir faire preuve d’imagination, ce qui est révélé dans la chute. L’épisode est centré sur le personnage de Mrs Breade qui n’hésite pas à kidnapper sa propre fille avec l’aide d’un détective privé marron.

Réalisé par la talentueuse Ida Lupino, « A crime for mothers » n’est pas un ratage et se laisse voir avec plaisir, mais met trop en avant la personnalité pathétique de sa piteuse héroïne au détriment de l’intrigue. Les parents adoptifs, joués par Patricia Smith et Robert Sampson, disparaissent rapidement, on ne les voit qu’au début de l’épisode. Trois personnages vont occuper l’écran pendant le reste du temps : Claire Trevor en mère indigne, le privé Phil Ames (Biff Elliott, vu dans « Cannon », « Mission Impossible », « Star Trek », et  qui a la tête de l’emploi) et la petite fille jouée par Sally Smith.

Claire Trevor vole toutes les scènes à ses partenaires sans cabotiner, en jouant très juste ce rôle de femme paumée et haïssable, une mère qui au moment de kidnapper sa fille devant l’école ne sait même pas  si elle n’est pas en train de se tromper de gamine.

La chute rappelle que nous sommes dans « Alfred Hitchcock présente » avec une pirouette finale astucieuse, ce que pendant 25 minutes, nous avons eu tendance à oublier.

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17. THE LAST ESCAPE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Paul Henreid.

Illusionniste à la façon de Houdini, le grand Joe Ferlini ignore que son épouse Wanda et l’amant de cette dernière, Tommy, ont décidé de le tuer lors d’un des ses tours spectaculaires.

Joe Ferlini (Keenan Wynn) ne se rend pas compte qu’il a cessé de plaire à son épouse Wanda, laquelle a pris pour amant Tommy. L’imprésario de Joe, Harry Miller, prépare un coup spectaculaire, son artiste sera enfermé avec des menottes dans une malle fermée avec un cadenas et plongé dans une rivière. En réalité, Wanda, ainsi qu’elle le montre à son amant, connaît le tour et décide de substituer les clefs qui permettent au magicien de s’échapper de la malle.

Le jour arrive et le drame survient. C’est un épisode particulièrement violent et cruel pour l’anthologie, le niveau de tension est nettement plus élevé que d’habitude.  Lors de l’enterrement, un policier survient, ayant reçu un appel anonyme, et demande que l’on ouvre le cercueil : il est vide ! Ferlini avait demandé à Harry Miller, en cas de décès lors de ce tour, de faire une ultime pirouette, le cercueil ayant un compartiment secret. En fait, je ne vous révèle pas la chute, car celle-ci concerne le sort qui sera réservé à l’épouse meurtrière, Wanda.

Keenan Wynn (« Il était une fois dans l’ouest ») en fait peut-être un peu trop dans son personnage, et c’est surtout le manque de charisme de l’amant, incarné par John Craven, qui nous surprend, mais le scénario béton permet à Paul Henreid de nous scotcher devant  le petit écran. La chute est digne du maître, dans le style farce macabre.

Cet épisode s’inspire bien sûr de la vie et la mort du célèbre Harry Houdini (1874-1926), accréditant un peu quelque part la théorie selon laquelle le fameux illusionniste ait été assassiné. En tout cas, cette sixième saison propose des  histoires vraiment terrifiantes.

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18. LE PLUS GRAND MONSTRE DU CINÉMA PARLANT
(THE GREATEST MONSTER OF THEM ALL)

Histoire de Bryce Walton. Adaptation : Robert Bloch. Réalisation : Robert Stevens

Ernst Von Croft, un grand comédien spécialiste du film d’horreur, devenu un has been, est engagé par une petite compagnie cinématographique fauchée pour faire son come back.

Cette-fois, humour et même comique se conjuguent merveilleusement bien avec terreur. Nous avons ici affaire à une compagnie de production qui fait des films d’horreur de série Z. Ultra-fauchée, on pense bien sûr avec Roger Corman ou plus proche de nous Charles Band, et aussi un petit zeste de Ed Wood.

Richard Hale (1892-1981) incarne à merveille une sorte de Bela Lugosi qui n’a plus travaillé depuis des années, Ernst Von Croft,  et est tout content de revenir sous les feux de la rampe, même s’il se prend trop au jeu en manquant étrangler pour de bon un producteur. Si les décors font illusion (Cimetière, brume), le réalisateur manque sérieusement de talent et la production laisse à désirer. La jeune starlette censée jouer comme une actrice de la Hammer ou de l’Universal est ici désinvolte, passant son temps à mâcher un chewing gum. Le réalisateur est un alcoolique, ivrogne, qui va provoquer une énorme gaffe, rendant ridicule la vieille star pour son retour.

On retrouve la touche de Robert Bloch, pourtant uniquement au poste d’adaptateur de la nouvelle, avec le côté morbide et terrifiant de l’intrigue, mais la séance de projection, où le monteur distrait n’a pas fait attention et inséré une séquence test, provoquant l’hilarité des spectateurs, nous fait franchement rire.

Humilié, Von Croft voudra montrer qu’il reste le plus grand monstre, en passant du cinéma au réel. Une séquence nous montre ici que John Carpenter n’a rien inventé dans son « Halloween, la nuit des masques » en 1978, lorsque le candide découvre, en même temps que le téléspectateur, des cadavres (deux à la suite). Richard Hale manque un peu de férocité et de conviction vers la fin, et on le regrette car cela nuit au suspense, mais pas au point de faire perdre les quatre étoiles.

Le thème du film d’épouvante qui passe du fictif au réel est abordé en 1971 dans « La maison qui tue » de Peter Duffell, dans le sketch du vampire avec Jon Pertwee (« Docteur Who »). Robert Stevens met en scène avec la même efficacité qu’Hitchcock. On passe un moment à la fois terrifiant mais aussi très drôle. Les autres comédiens sont tous parfaits dans leurs rôles.

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19. THE LANDLADY
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Road Dahl. Adaptation : Robert Bloch. Réalisation : Paul Henreid

Bill Weaver, arrivé dans un petit village anglais, prend pension chez une vieille dame qui est supposée avoir aussi deux autres locataires qu’il ne voit jamais.

Enorme déception que cet épisode longuet, sans réel suspense, et qui bénéficie de la présence en vedette de Dean Stockwell (« Code Quantum ») dont la prestation est malheureusement gâchée par un film indigne de son talent.

Mauvais présage dès les premières images : lorsque, depuis les studios Universal, Hitchcock propose des histoires qui se déroulent dans le passé et ailleurs qu’en Amérique (ici dans une Angleterre de carte postale), on n’a rarement une réussite. Dans le cas présent, l’épisode après une introduction dans un pub, propose un huis clos entre Bill (Dean Stockwell) et la propriétaire logeuse (Patricia Collinge) et l’ennui nous gagne très vite.

On a le sentiment que l’histoire est étirée en longueur artificiellement, alors que le format 25 minutes est déjà extrêmement court. Road Dahl a une bonne idée, mais cela ne donne pas une bonne histoire. Dean Stockwell n’est pas en cause, il n’a quasiment rien à jouer. Patricia Collinge cabotine à outrance dans son rôle de vieille dame sortie de « Arsenic et vieilles dentelles », et l’on arrive au ratage total.

La chute est horrifique à souhait, mais le téléspectateur a si j’ose dire sans déflorer la solution été totalement anesthésié. Un opus à zapper.

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20. THE THROWBACK
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : John Brahm.

Un jeune homme, Eliot Gray, découvre que sa petite amie est la maîtresse d’un homme de 59 ans alors qu’elle a 25. Au lieu de la quitter et d’être fou de jalousie, il accepte l’étrange invitation de l’amant de son amie.

Henry Slesar nous a pondu ce qui est sans doute le scénario le plus idiot de toute l’anthologie. Imaginez un peu la situation : Eliot (Scott Marlowe) découvre un jour que sa petite amie Enid (Joyce Meadows) le trompe avec un homme d’âge mur, Cyril Hardeen (Murray Matheson, Felix l’ami bibliothécaire de Thomas Banacek). Au lieu de quitter cette fille, ou même de lui flanquer une correction, il prend les choses avec un calme déconcertant. D’emblée, sa réaction est incompréhensible. Notons au passage que Joyce Meadows, qui incarne Enid, est loin d’être une beauté, ce qui accentue notre incompréhension.

Ensuite, Eliot accepte une invitation de Cyril Hardeen, gardé par un majordome particulièrement dangereux même s’il n’en a pas l’air, Josef (John Indrisano). Pourtant plus tout jeune, Josef est un boxeur redoutable, ce qu’ignore le malheureux Eliot. Complètement cinglé, le vieux Hardeen insiste pour que lui et Eliot se battent. Eliot n’en a aucune envie, mais pour Hardeen, c’est une question d’honneur. Comme le jeune homme refuse le combat, Hardeen le fait rosser par son majordome.

Tandis qu’il se repose ensuite chez lui, nous sommes là à la 19e minute de l’épisode, Eliot, qui a été bien arrangé, reçoit la visite de deux policiers qui lui demandent s’il connait Cyril Hardeen et lui a rendu visite.

Tirée par les cheveux, cette histoire est d’un bout à l’autre creuse et incohérente. Pourquoi donc Eliot accepte l’invitation de cet homme qui lui a pris sa jeune amie ? Le dialogue sur les traditions et l’honneur de Cyril devient vite assommant, si l’on peut dire. Quant à la chute, et c’est la première fois dans la série, elle s’étire sur plusieurs minutes. Elle commence lorsque les policiers emmènent Eliot Gray chez Hardeen où une surprise de taille l’attend.

A partir d’un script aussi absurde, il était impossible d’attendre autre chose qu’un ratage total. Bien qu’aimant beaucoup Murray Matheson pour « Banacek » et un épisode des « Envahisseurs » (il est le directeur de l’académie des Midlands dans « Le rideau de lierre »), j’ai trouvé ici qu’il jouait faux. D’ailleurs, le couple Murray Matheson-Joyce Meadows est lui-même déconcertant et peu crédible. La seule bonne surprise de cet opus, mais c’est maigre, est le personnage de Josef, incarné par un John Indrisano (1905-1968) inquiétant. Ce comédien, qui a 198 rôles à son actif, n’a joué que des seconds voire troisièmes rôles, souvent non crédités au générique. En le voyant ici, malgré la médiocrité de l’épisode, on le regrette.

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21. LA VENGEANCE
(THE KISS-OFF)

Histoire de John P. Floran. Adaptation : Talmage Powell. Réalisation : Alan Crosland Jr

Ernie Walters a purgé une peine de six ans de prison pour le braquage d’une station service dont il s’est toujours dit innocent. A peine sorti, il est accusé  par les deux policiers qui l’ont jadis arrêté, d’un hold-up dans une banque.

Je connais Rip Torn pour son rôle de machiavélique anesthésiste dans « Morts suspectes » (« Coma ») de Michael Crichton (1978). En 1961, il avait le même physique et on le reconnaît tout de suite. Il constitue une erreur de casting dans la mesure où son physique inquiétant se marie mal avec un rôle de héros.

Le problème de cet épisode est que l’on sait, parce que le réalisateur nous le montre, qu’Ernie est coupable, il s’est déguisé habilement (faux nez, fausses dents, gros sourcils qui ne sont que du maquillage vite enlevé). L’épisode aurait été bien plus réussi si l’on avait ignoré que six ans après, Ernie avait décidé de voler. Puis de se poser en victime d’un acharnement du détective Cooper (Bert Freed, aux cheveux coupés en brosse, physique de brute et d’abruti intégral) et du détective attorney (Kenneth Paterson). Tout l’épisode ensuite repose sur les trois témoins, un chauffeur de taxi, une caissière, un directeur de banque, qui ont la lourde charge d’identifier ou d’innocenter Ernie.

Les policiers le savent coupables, mais le téléspectateur apprend qu’ils se sont trompés en 1952 en envoyant en prison six ans un innocent. Cette-fois, il risque une peine de vingt ans.

Si la fiancée d’Ernie, Florrie (Marry Munday) disparaît rapidement de l’épisode, on s’attarde sur les trois témoins, et l’opus est une sorte de remise en cause du témoignage humain. Le chauffeur de taxi (Harry Sowger) que le bandit a arrosé d’un gros billet dans sa fuite n’a guère envie de l’accuser. La caissière, Mrs Simmons (Florence MacMichael) est celle que Cooper pourrait le plus faire fléchir, elle va d’ailleurs un temps accuser Ernie, alors que le directeur de la banque (Frank Sully) est plus réticent. L’épisode est construit comme une partie de poker entre Ernie et les deux policiers.

C’est un bon polar, mais pas à la hauteur des grands moments de l’anthologie comme « Crakpot » ou le sublime et effrayant « Summer shade ». La chute est prévisible : qui gagnera ? Ernie ou les deux policiers ?

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22. THE HORSEPLAYER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alfred Hitchcock

Sheridan, un joueur chanceux aux courses, aide le père Amion en faisant des dons pour les travaux nécessaires dans son église. Mais un jour, le le prêtre fait un pari hasardeux, en retirant toutes ses économies de la banque.

Je ne comprends vraiment pas ce qui a pu pousser le maître du suspense à mettre en scène cette histoire qui est une comédie en demi-teinte. Tout d’abord, Claude Rains n’est pas crédible une seconde en curé. On l’a trop vu ailleurs, dans d’autres rôles, à la limite, il est plus proche de Fernandel/Don Camillo que de Montgomery Clift dans « La loi du silence ».

L’épisode pose le problème de la prière, qui ne doit pas servir à des buts lucratifs et bassement matériels. Le sacristain, Morton (Percy Helton) a repéré un généreux donateur, Sheridan (Ed Gardner), mais ce dernier explique qu’avec 2 dollars en poche, en faisant des prières, il a gagné tellement d’argent qu’il envisage de se retirer en Floride et d’acheter une maison.

Le père Amion finit par se confesser à l’archevêque qui se montre sévère : Amion a fait ses vœux depuis quarante ans, ce n’est pas un novice. Il doit prier pour perdre, car gagner de l’argent grâce aux prières du seigneur est une mauvaise action.

Si la mise en scène est impeccable (on note au début les gros plans dans l’église dont le toit laisse passer la pluie), le maître ne parvient jamais à nous passionner. On ne peut pas parler d’interprétation exceptionnelle, à commencer par un Claude Rains peu inspiré. Ed Gardner en Sheridan donne plus l’impression d’être un paumé qu’un vainqueur. La religion impose ici ses dogmes puritains et moraux, et la pirouette finale constituée par la chute ne saurait être une critique satirique de l’église par Sir Alfred.

Cet épisode se trouve dans le coffret sorti en France « L’intégrale des épisodes réalisés par le maître » sous le titre « Caracolade ».

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23. INCIDENT IN A SMALL JAIL  
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Norman Llyod

Un voyageur de commerce, Leon Gorwarld, est arrêté arbitrairement dans une petite ville perdue par un shérif tyrannique, Carly, pour être passé au passage clouté au feu rouge et avoir tenté d’éviter des ennuis en lui proposant quelques billets.

Nous retrouvons ici ce qui sera le canevas du meilleur épisode de la série « Match contre la vie » avec Ben Gazzara, « Les tyrans » (One bad turn), mais qui a déjà été abordé ici dans la saison 4 avec « The crooked road ». Toutefois, ici, l’intrigue est plus compliquée. A peine Leon a-t-il été arbitrairement emprisonné qu’arrive à la prison un présumé tueur de femme, mis dans la cellule voisine. La population veut lyncher l’homme qui a tué une malheureuse à coups de couteau, et l’un des policiers va lui ouvrir la cellule, l’autre réussit à l’assommer, puis oblige Leon à changer ses vêtements avec lui. Lorsque la foule en furie investit la prison, elle se jette sur le malheureux Leon.

Henry Slesar cette-fois nous offre une intrigue à rebondissements et une chute spectaculaire à laquelle personne ne s’attendait.

L’épisode propose peut être trop de personnages. Myron Healey (Carly), au physique bien connu des amateurs de séries (« Mannix », « Kung Fu », « L’homme de fer », « V », et surtout beaucoup de western tant au cinéma qu’en séries TV) fait double emploi avec  Crahan Denton (le shérif). Carly porte un uniforme et un chapeau avec une étoile, il était parfait, pourquoi cette dualité avec l’autre shérif, débraillé et lâche, qui lui va ouvrir la cellule du tueur présumé ?

Ronald Nicholas en Sandy, le beau gosse shérif adjoint, lui est totalement inutile à l’intrigue. Il bénéficie pourtant de beaucoup de scènes dans l’épisode, en ayant l’air de se demander ce qu’il fait là.

Richard Jaekel (« Les 12 salopards », « Pat Garrett et Billy le kid », « 3 heures 10 pour Yuma » - on ne quitte décidemment pas le monde du western) est une petite frappe, dont on ne connaîtra jamais le nom, les autres l’appellent  « Le mécanicien ». On sait qu’il a volé une voiture, et il a tout de l’assassin, jusqu’à sa façon machiavélique d’obliger un pauvre bougre à échanger ses vêtements avec lui pour se faire lyncher à sa place.

Cet épisode joue beaucoup avec les apparences. Leon Gorwald (Admirable John Fielder) a tout de l’agneau innocent, du pauvre type tombé dans une galère mortelle. Pourtant, le scénariste et le réalisateur nous montrent qu’il n’est peut être pas celui qu’il paraît être. Quand on y réfléchit, il ne faut pas être bien malin pour offrir une liasse de billets au shérif Carly, même si ce dernier est un odieux tyran. Mettre en prison quelqu’un pour avoir traversé au feu rouge un passage clouté, quelle aberration ! Peu connu en France, John Fielder (1925-2005) est célèbre aux Etats Unis pour son rôle d’Emil Peterson, qui est pourtant un personnage secondaire dans « The Bob Newhart Show » qui dura de 1972 à 1978 avec en vedette Suzanne Pleshette. Quand on regarde deux fois l’épisode, et que l’on connaît la chute, on ne voit plus certaines scènes de la même façon. Par exemple, celle du lynchage, dont il va être sauvé in-extrémis – on ne donne pas cher de sa peau quand les habitants de la petite ville envahissent la prison – mais surtout, on remarque ses regards mielleux et sa lâcheté affichée. En jugeant sur les apparences, l’individu lambda a peur du « mécanicien » et semble ne rien craindre de Leon Gorwald. Le shérif Carly (je ne révèle pas là la chute) va le libérer enfin, et le voyageur de commerce repart sur sa route loin de cette petite ville abominable. Notons une formidable scène de fondu enchaîné sur le comédien Myron Healey lorsque le malheureux qui a échappé au lynchage reprend conscience. Tout dans cet épisode est duperie, ainsi le visage qui apparaît comme celui du sauveur et du retour à la vie est le tyran du début.

Il est bien dommage que cet opus soit resté inédit, je recommande sa vision car il atteint le haut de gamme de l’anthologie et la chute est sans doute l’une des meilleures de toute la série. Bizarre que Sir Alfred n’ait pas choisi ce formidable épisode pour le mettre en scène, en tout cas, tel quel, il est un pur joyau télévisuel.

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24. A WOMAN'S HELP
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Arthur Hiller

Elizabeth Burton, femme riche mais malade, ne se déplace qu’avec une canne et passe la plupart de ses journées au lit. Son mari  Arnold tombe amoureux de la nouvelle infirmière qu’Elizabeth a engagée, Miss Greco. Très vite, celle-ci et Arnold projettent d’empoisonner l’épouse encombrante.

Encore un très bon épisode, avec cette-fois, dans le rôle de l’infirmière, un visage connu, Antoinette Bower. Elle était l’épouse du major Keller dans l’épisode des « Envahisseurs : Alerte au rouge » et on l’a vue plusieurs fois dans « Mission Impossible ». Elle est très séduisante en infirmière et donne envie d’être malade pour qu’elle soit aux petits soins pour vous !

Dans l’anthologie, il y a les chutes qui nous glacent d’effroi (c’était le cas de l’épisode précédent) mais aussi celles truffées d’humour façon Sir Alfred, et c’est à ce dernier genre que celle de « A woman’s help » appartient.

J’ai noté ici une erreur de casting : Scott Mc Kay dans le rôle du mari, Arnold, qui n’a absolument rien d’un playboy. Un comédien genre Ed Nelson aurait mieux convenu. Toutefois, Mc Kay a un air cynique d’empoisonneur qui convient. On remarque qu’il pose beaucoup de questions à l’infirmière, Miss Greco, sur la façon de tuer son épouse sans que cela soit découvert, et qui de plus avisé sur la question qu’une infirmière ?

Le meurtre est savamment mis au point par les amants, et c’est d’une façon un peu stupide qu’ils se feront prendre (L’infirmière oublie de lui donner son somnifère). Néanmoins, on s’en doute, Arnold n’a pas dit son dernier mot.

Geraldine Fitzgerald (« Les hauts de Hurlevent ») en Elizabeth a un rôle bien ingrat mais assez prévisible.

Le personnage le plus intéressant est celui de Miss Greco, une sainte nitouche qui change vite son fusil d’épaule lorsqu’elle comprend qu’Arnold accepterait de l’épouser, car elle veut le mariage sinon rien, et épouser un pauvre ne lui sied guère. Arnold la séduit un peu trop rapidement, une nuit, dans la cuisine. Elle passe très vite de la femme effarouchée (lorsqu’ils boivent un verre de lait et qu’il veut l’enlacer) à la planification du meurtre pour devenir la nouvelle Madame Burton. Henry Slesar a commis l’erreur de ne pas nous révéler le prénom de Miss Greco, ce n’est tout de même pas le lieutenant Columbo, et comment l’amant peut il continuer à l’appeler sans son prénom ?

Autre incohérence du script : pourquoi Elizabeth, lorsqu’elle découvre la vérité, ne chasse-t-elle pas son mari ? Elle pense avoir joué un bon tour à son époux en choisissant la nouvelle infirmière, mais comme tout l’intérêt de la chute y réside, nous n’en dirons pas plus.

Un épisode qui aurait mérité un développement sur une durée d’une heure car certaines situations,  format 25 minutes oblige, ne sont qu’esquissées, néanmoins, c’est un opus sans fautes.

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25. PIÈCE DE MUSÉE
(MUSEUM PIECE)

Histoire de William C. Morrison. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Paul Henreid.

Chasseur de renards, le jeune Ben Hollister pénètre dans la grange du riche Mc Caffrey, dont le fils Tim est en train de faire l’amour avec sa petite amie. Ben est accusé par Tim d’être un voleur et un menteur, et en se défendant, tue accidentellement Tim.

  Voilà un épisode très daté, car aujourd’hui, tuer un renard provoquerait la répulsion du jeune public. L’histoire est construite comme un flash back. Le père de Ben, qui a tué le fils d’un gros bonnet, a été incapable de l’innocenter. Ben a été condamné à la réclusion à perpétuité et s’est suicidé. Il n’a fait pourtant que se défendre quand le fils à papa, Tim, allait le tuer d’un coup de pelle.

Justice à deux vitesses : Ben a été condamné, et s’est suicidé. Son père garde son squelette dans un musée, chose que l’on peut trouver morbide, mais surtout peu crédible au niveau scénaristique. Le père de Ben, Mr Hollister (Ben Gates) raconte tout en flash back à un procureur, Newton Clovis,  qui a instruit l’affaire à charge contre son fils.

Il y a beaucoup d’invraisemblances dans cet opus vraiment horrifique, chaque squelette du musée représentant l’un des protagonistes de l’affaire criminelle.

Des années après, Newton Clovis (Myron Mc Cormick) visite le musée. Il est invité par le propriétaire, Hollister en personne, à prendre un verre. Et Hollister raconte toute l’affaire à Clovis. L’épisode se déroule donc constamment en flash back, mais à l’arrivée, on est un peu sceptique sur la crédibilité de l’intrigue, certes bien dans l’esprit « farce macabre » du maître. Qui accepterait d’exhiber dans un musée le squelette de son cher enfant ?

En 25 minutes, nous sommes également confrontés à un trop grand nombre de personnages : le fils à papa, la petite amie de ce dernier, le jeune chasseur de renard, son père, le juge, le procureur. J’étais sur le point de ne mettre que deux étoiles à ce récit lorsque la chute, absolument morbide, m’a ravi. Néanmoins, pour adhérer à cet opus, il faut faire fi de toute crédibilité.

Larry Gates et Bert Convy, chanteur-acteur foudroyé à 57 ans par une tumeur au cerveau, dominent la distribution, en incarnant Hollister père et fils. La vie de l’acteur Bert Convy est un véritable roman, existence peu connue en France. En 1968, il a vu débarquer dans sa chambre des opposants à la guerre du Vietnam lors du congrès démocrate. Ils ont été passés à tabac par la police et Bert Convy est intervenu pour les faire libérer. Sept ans après cet épisode de « Alfred Hitchcock présente » assez violent, il fut donc confronté, dans la réalité, à une brutalité et une violence qui n’aurait pas choqué dans la série.

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26. COMING
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Henriette Mc Cleland. Adaptation : James P. Cavanagh.  Réalisation : George Stevens Jr.

Mrs Baldwin, une mère abusive, feint d’avoir une attaque car elle sait que sa fille Lucy, qui s’occupe d’elle, sort avec son petit ami Arthur qui veut l’épouser.

Nous sommes en avril 1961 et l’on sait depuis « Psychose » ce qu’Alfred Hitchcock pense des mères abusives. Ici, Mrs  Baldwin (Madge Kennedy) fait tout pour faire échouer le mariage de sa fille qui n’est plus de première fraîcheur, Lucy (Eileen Eckhart). La première chose que nous constatons est la faible différence d’âge entre les actrices jouant la mère et la fille, la première est née en 1891, la seconde en 1919, soit 28 ans. Or Lucy est censée être une vieille fille, dans la quarantaine.

Très vite, Lucy a envie d’envoyer ad-patrès sa mère, si besoin de l’y aider en forçant sur ses médicaments. A la 17e minute, lors du « suicide » de la mère pour la laisser se marier avec Arthur, on croit l’héroïne tirée d’affaire. Mais la défunte l’a déshéritée jusqu’à la mort d’Arthur ! Cela ne décourage pas le prétendant et le mariage a lieu, mais l’homme lui a caché la présence d’une belle-mère malade, possessive et encombrante, au point que notre héroïne se demande si elle a  échangé un cheval borgne pour un cheval aveugle.

L’épisode est ennuyeux du début à la fin, le physique ingrat de Lucy/Eileen Eckhart nous empêchant de croire à l’histoire d’amour avec Arthur. « Coming, Mama » aurait pu être un bel épisode sur le matricide. Les personnages ne sont pas attachants et l’opus rate sa cible. Le comédien Don DeFore qui incarne Arthur est un gros nounours qui a du mal à nous faire croire à un mari amant potentiel.

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27. DEATHMATE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de James Causey. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Alan Crosland Jr

Un gigolo notoire, Ben Conan, est sollicité par Lisa Talbot,  la jeune épouse d’un homme plus âgé et riche, pour tuer ce dernier.

Gia Scala, épatante dans l’épisode « Maman, est-ce que je peux me baigner ? » (05-26) se révèle peu inspirée pour sa seconde apparition dans la série. Elle n’assure pas son rôle de femme machiavélique qui veut tuer son mari et manque sérieusement de conviction dans ses scènes. Elle rate complètement les scènes d’amour et de passion, semblant froide comme la glace. On ne croit pas un instant à l’improbable couple qu’elle forme avec Ben, amant bien fallot. J’ai trouvé qu’elle jouait vraiment mal. Elle semble se forcer constamment à chaque scène, et se demander ce qu’elle fait là.

Lee Philips, en Ben Conan, ne nous fait jamais croire à ce gigolo de Ben Conan. Il est trop frêle, trop maladroit, pas cynique pour un sou dans cet emploi. Dès le début, on comprend que plus qu’un manipulateur, il est un pigeon. Il dira d’ailleurs assez vite, vers la 13e minute, qu’il veut quitter Lisa et tout laisser tomber.

 Russell Collins, un abonné de la série, dont il tourna 9 épisodes, est de retour pour une avant-dernière apparition. Il joue ici un détective privé en semi-retraite selon ses dires. Mais lui aussi est moins bon que d’habitude.

Quant au mari, Les Talbot, incarné par un Les Treymane en forme, il est à peu près le seul personnage qui tienne la route jusqu’à sa mort à la 19e minute, assommé par Ben et noyé dans sa baignoire.

Une série noire jouée sans conviction et qui nous laisse un goût amer de mauvais épisode.

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28. RECONNAISSANCE
(GRATITUDE) 



Histoire de Don Byrne. Adaptation : William Fay. Réalisation : Alan Crosland Jr

Un directeur de casino, Meyer Fine, est terrifié à l’idée de mourir. Il est anéanti après la mort d’un jeune joueur qui avait perdu et s’est suicidé, puis par l’assassinat d’un de ses gardes du corps.

Sept ans avant d’interpréter  pour la première fois le lieutenant Columbo dans « Inculpé de meurtre », Peter Falk, alors inconnu en France, nous montre l’étendue de son talent dans un rôle qui jamais ne laisse présager le policier gaffeur.

Cet épisode n’appartient pas à la catégorie suspense mais plus au drame psychologique. Ce n’est pas parce que ce cher et regretté Peter Falk en est la vedette que l’on va perdre l’objectivité et encenser un opus plutôt moyen.

John Dennis (1925-2004), qui incarne Dumfee, et Edmund Hashim (1932-1974), qui ont des physiques à jouer dans « Le Parrain », sont tellement convaincants dans leurs personnages qu’ils arrivent parfois à éclipser Peter Falk, lequel incarne ici un faible, avec la justesse appropriée. Son destin semble tracé d’avance, et l’on n’est guère étonné  lorsqu’à la 19e minute, il est victime d’une tentative d’assassinat dont il échappe par miracle. Il joue alors avec une grande conviction un homme terrassé par la peur, la sueur dégoulinant de son visage.

Le meilleur (le seul) ami de Fine est son domestique John (Paul Hartman). La chute est très décevante, car cela n’en est pas vraiment une si l’on se réfère au cahier des charges de l’anthologie. C’est seulement une scène supplémentaire de l’histoire.

Dans cet opus à l’ambiance « Les Soprano », on se demande bien comment un faible comme Meyer Fine a pu devenir directeur de casino.

Un épisode à voir surtout pour Peter Falk, mais pas un grand cru.

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29. A PEARL NECKLACE
INÉDIT EN FRANCE



Scénario original de Peggy et Lou Shaw. Réalisation : Don Weis

Charlotte Jameson accepte de devenir la femme de son patron, Howard Rutherford, qui pourrait être son père, et ce pour l’argent, avec la complicité cynique de son amant Mark.

Dernière des quatre apparitions de la superbe Hazel Court dans l’anthologie. Actrice talentueuse et fort belle, elle reflète ici l’éternel féminin. Sans jamais tomber dans la vulgarité, elle incarne une femme qui se « vend » à un vieil homme et devient son épouse pour l’argent, misant sur la mort prochaine du mari.

Son amant Mark, qu’elle aurait logiquement dû épouser,  est incarné par Jack Cassidy, vu plusieurs fois dans « Columbo ». Il incarne ici un être immoral et cynique, et méprisable au plus haut point. Il a d’ailleurs une jeune maîtresse, fort belle, qu’incarne Diane Webber, à la courte carrière, et que l’on aurait aimé voir plus souvent à l’écran.

Nous avons ici une chute très morale, qui n’échappe pas à la comédie. Howard offre un collier de perles à sa chère et tendre, et chaque année, il en ajoutera une.

Si Hazel Court joue bien, son personnage ne cache pas sa répulsion (au début)  chaque fois que le vieux mari la touche. Or, Howard va vivre plus longtemps que prévu (Le thème, si l’on peut dire, rappelle parfois le film « Le viager » de Pierre Tchernia avec Michel Serrault).

Comme l’histoire s’étire sur vingt-cinq ans, Howard étant « résistant », une scène est particulièrement savoureuse, celle où Charlotte rencontre un jeune garçon (David Faulkner) qui est Billy, le fils de Mark. On retrouvera à la fin de l’épisode Billy plus âgé (Michael Burns) mais l’on n’en dira pas plus pour préserver la chute.

Pas de crimes ni de meurtres ici. C’est une comédie dramatique. Elle est merveilleusement servie par Hazel Court, Ernest Truex dans le rôle d’Howard le vieux mari et Jack Cassidy. Regrettons la trop courte apparition de Diane Webber, mais Hazel Court, d’un bout à l’autre, nous éblouit.

Ce n’est pas un épisode représentatif de l’anthologie, par son manque de tension, mais l’on passe un très bon moment. L’histoire fait partie de celles qui auraient pu être exploitées pour un long métrage.

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30. YOU CAN'T TRUST A MAN
INÉDIT EN FRANCE



Scénario : Helen Nielsen. Réalisation : Paul Henreid

Crystal Coe, chanteuse à succès, a « oublié » un mari emprisonné qui sort au bout de sept ans, Tony, et veut la faire chanter. Elle a changé de nom et est s’est remariée, devenant bigame. Tony ne voulant pas lâcher prise, elle le tue et le fait passer, auprès de la police, pour un fan détraqué.

Très bonne histoire, si l’on passe sur le fait que Crystal Coe, alias désormais Mrs Wyncliff, ait pu si facilement changer d’identité.  Par contre, Polly Bergen n’est pas à la hauteur de son personnage, une garce magistrale, qui aurait mérité une actrice plus glamour. On retrouve, dans le rôle du « mari » (ou ex mari) l’excellent Joe Maross, dont j’ai dit le plus grand bien pour sa participation à l’épisode 04-15 « Une affaire personnelle », dans un rôle qui curieusement ressemble assez à celui qu’il tient aujourd’hui. Je n’en dirai pas davantage sur le sujet car je dévoilerai alors la chute de « Une affaire personnelle ».

Autre reproche à ce script, une trop longue scène d’exposition. La scène interminable dans l’automobile, où Crystal finit par tuer Tony, empêche ensuite un développement policier plus complet.

Dans le rôle du second mari, George Wyncliff, un comédien mûr, Frank Albertson est parfait, mais la palme revient au lieutenant de police, incarné par Walter Kinsella. Si l’on enlève les gaffes et les réparties, il évoque beaucoup, par sa perspicacité, ses airs de ne pas y toucher, le lieutenant Columbo.

Avec une telle histoire, la présence de Joe Maross, le ratage était impossible, mais l’on éprouve quelques regrets. Une autre comédienne, et quelques ajustements pour raccourcir le long dialogue entre Crystal et Tony auraient fait de cet opus un chef d’œuvre.

Trois étoiles largement méritées quand même.

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31. THE GLOATING PLACE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Robert Bloch. Réalisation : Alan Crosland Jr

Une jeune femme à laquelle il n’arrive jamais rien, Susan Harper, invente une agression dans un parc. Elle est loin de se douter qu’elle va provoquer une tragédie.

Le point de départ ressemble aux « Risques du métier » d’André Cayatte, même si ici la jeune femme est plus âgée. Susan Harper (Susan Harrison) est une étudiante humiliée par ses camarades, pourtant fort jolie, mais au caractère trop solitaire. Pour devenir célèbre, elle feint d’avoir échappé à une tentative de viol et de meurtre en se déchirant elle-même ses vêtements. Elle raconte avoir échappé à un étrangleur dont le visage était caché par une cagoule noire.

Sans révéler la chute, on se doute qu’entre Robert Bloch à l’écriture et le fait qu’il s’agisse d’une production Hitchcock, la malheureuse « héroïne » ne va pas s’en tirer comme cela.

La police la confronte à la fameuse identification des suspects possibles avec un miroir sans tain. Ce que la jeune idiote ignore, toute fière de sa célébrité, c’est que les vrais tueurs en série existent !

Quel crime pour le cinéma : la très talentueuse Susan Harrison n’a ensuite rien fait, à part un rôle dans « La quatrième dimension ».

La tension et le suspense sont cette-fois au rendez vous et atteignent des sommets. Robert Bloch a la plume démoniaque, ce qui est un compliment bien sûr.

Susan est aidée  par un Steve Mc Garrett de l’époque, incarné par Hank Brandt, un policier dont on ne cite bizarrement pas le nom. Notons que les parents Harper interprétés par King Calder et Erin Brien-Moore sont excellents, mais l’on a choisi, il me semble, des comédiens trop âgés par rapport à Susan Harrison.

Susan prend sa revanche sur ses camarades qui se moquaient d’elle au début de l’épisode. Un drame affreux vient reléguer en seconde page et en petits caractères son « affaire ». Celle qui a décidé d’être la reine des faits divers en prend ombrage. Condamnée à la « fuite en avant », Susan échappe à la vigilance de ses parents et étrangle Marjorie (Marta Kristen), la blonde qui se moquait d’elle au début. Non, non, je n’ai pas raconté la chute. Cette seconde agression, où  Susan donne corps et vie à son « étrangleur », permet que la lumière revienne sur elle, et au passage de se débarrasser d’une rivale encombrante.

Avec la mort de Marjorie, Susan devient une star de l’actualité. Elle est la seule « survivante », et les policiers finissent par lui confier qu’ils ne croyaient pas trop, jusqu’ici, à son histoire. C’est la gloire, les reporters, les flashs.

Avec Robert Bloch, vous vous doutez que la chute va être abominable, et que le téléspectateur de 1961 (peut être plus celui d’aujourd’hui blasé par la violence) a dû être glacé d’effroi.

Encore une réussite à mettre dans le haut du panier de la série. La saison 6 aligne à présent plusieurs chefs d’œuvre.

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32. SELF-DEFENSE
INÉDIT EN FRANCE



Scénario : John T. Kelley. Réalisation : Paul Henreid

Dans un magasin, un jeune homme arrive arme au poing pour faire un braquage. La vendeuse donne à un client, Gerald Clarke, une arme, et ce dernier abat le voleur. Mais le pistolet du jeune fuyard n’était pas chargé.

Cet épisode soulève à la fois le problème de l’auto défense, et de la phobie que peuvent avoir des gens lorsque l’on braque une arme sur eux. Toutefois, malgré une chute qui réhausse l’opus à trois étoiles tellement elle nous fait sursauter de notre fauteuil, le discours moralisant de l’épisode est gênant.  Après tout, un braqueur sait ce qu’il fait lorsqu’il procède à une attaque à main armée, que le pistolet soit chargé ou non.

Gerald Clarke (George Nader, assez fade)  va donc culpabiliser envers la mère de la « victime », Mrs Philips (Audrey Totter), jusqu’à payer les funérailles du fils, Jimmy, qui l’a pourtant agressé.

Cet opus semble instaurer « la double chute » : on pense que la dernière visite de la mère à celui qui a tué son fils, lorsqu’elle sort un pistolet et va le tuer, constitue le fameux retournement final, eh non ! Il y a la vraie chute juste après, effroyable.

« Self defense » est réaliste et extrêmement violent, nous laissant avec un sentiment de profond malaise. Tournerait-on aujourd’hui cet épisode ? Certainement pas en France, où l’histoire, à la différence de tant de contes d’épouvante d’Hitchcock, semble sortie de l’actualité et des journaux télévisés. On culpabilise ici l’honnête homme alors que le jeune vaurien est présenté en victime.

On se doute que Charles Bronson n’aurait pas eu, en tant que « Justicier dans la ville », les scrupules de George Nader ici. Malgré les réserves exprimées, c’est un bon suspense.

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33. A SECRET LIFE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Nicholas Monsarrat. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Don Weis

James Howgill veut divorcer mais sa femme s’y oppose. Il part alors pour Acapulco, où il ne tarde pas à séduire une jeune femme, Estelle. Mais l’avocat de Howgill lui dit qu’il sera difficile de divorcer, à moins qu’il ne fasse suivre son épouse par un détective privé et prouve qu’elle est infidèle.

On ne comprend pas l’intérêt de ce vaudeville. Tout d’abord, Howgill, qui n’est ni séduisant ni fortuné, n’est pas crédible en amant d’Estelle. Ses motivations de départ, divorcer parce qu’il s’ennuie avec sa femme, ne sont pas claires (la fin de l’épisode montrera qu’il tient à elle).

La visite de Howgill à son avocat, Johnson, l’engagement d’un détective, Bates,  complètement abruti qui devrait être discret et se fait remarquer cent lieues à la ronde, plongent ce récit dans une pantalonade  digne de « Au théâtre ce soir ».

Les comédiens sont tous mauvais, à l’exception de la jolie Mary Murphy dans le rôle d’Estelle. Arte Johnson en détective Bates semble sorti du « Casino Royale » de 1967 ou de « Austin Powers ». Ronald Howard en mari voulant divorcer ne donne pas une once de crédibilité à son personnage. Quant à Patricia Donahue en épouse bafouée, elle affiche un air satisfait en décalage total avec le rôle.

Le script est tellement mauvais qu’aucun comédien ne semble concerné. La rupture entre Estelle et Howgill semble inévitable, mais en fait, c’est le début de leur aventure qui était improbable. Aucun suspense, de l’humour pas drôle, et un hors sujet total : qu’est ce que « A secret life » vient faire dans l’anthologie ?

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34. SERVANT PROBLEM  
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alan Crosland Jr

Kerwin Drake est un auteur à succès. Il organise des soirées. Un jour, à sa grande stupéfaction, son épouse, disparue depuis 22 ans, revient dans sa vie. Il ne sait comment s’en défaire.

A l’exception de l’apparition de la regrettée Joan Hackett (1934-1983), cet épisode ne présente pas un grand intérêt. Tout est dans le thème évoqué plus haut.  Molly Drake (Jo Van Fleet) qui a quitté il y a 22 ans son mari revient comme si de rien n’était. C’est devenu une vieille femme, plutôt fofolle. Il ne sait comment s’en débarrasser, d’autant plus que la vie lui a réussi. Il est devenu un auteur à succès, et reçoit les avances de la jeune et belle Sylvia Colton (Joan Hackett).

John Emery est assez crédible en auteur célèbre dépassé par la situation. Le jeu excessif de Jo Van Fleet nous fait paraître son personnage pathétique. Comme dans le précédent opus, il n’y a aucun suspense, même si ici, on reste tout de même dans le cadre de la série. Kerwin Drake va faire passer son « ex-femme » pour sa cuisinière auprès de ses invités. Mais elle n’est pas intéressée par l’argent, alors qu’il pensait acheter son silence et son départ avec. Il devra donc trouver un moyen plus radical.

On a l’impression de voir du théâtre filmé. Pas de scènes d’extérieurs, des portes qui s’ouvrent et se ferment, des scènes de ménage. La saison 6 ne comporte que 38 épisodes et l’on a l’impression que l’auteur Henry Slesar a écrit à la hâte cet opus pour fournir la chaîne NBC qui a pris le relais de CBS depuis septembre 1960, soit le début de la saison en cours.

L’anthologie est capable de nous fournir des grands moments d’angoisse et de frisson, mais aussi des épisodes stupides et ennuyeux. Il n’y a pas grand-chose à sauver de cet opus. La première visite de Molly nous arrache quelques sourires, mais cela ne dure pas. Un opus que l’on peut zapper sans regrets.

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35. RÉUNION DE FAMILLE
(COMING HOME)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alf Kjellin

Harry Peggs vient de purger une peine de vingt ans de prison. Pendant cette période, il a travaillé et économisé, mais se fait détrousser par une entraîneuse dans un bar.

Episode très dramatique, bon, mais dont on se demande ce qu’il vient faire dans l’anthologie. Harry Peggs (Crahan Denton) est un visage de l’Amérique des oubliés et des pauvres, un looser. Prisonnier modèle, il se fait dépouiller en un soir par une entraîneuse.

Il se retrouve alors vingt ans plus tard face son épouse qui vit toujours dans leur logement misérable. Ce téléfilm est une merveille de vérité, mais cela n’a pas absolument rien à faire dans « Alfred Hitchcock présente ». Aucun suspense. La chute constitue à nous révéler l’identité de l’entraîneuse qui a volé Harry.

Dans le rôle de l’épouse fanée, Edith, Jeanette Nolan. Cette peinture au vitriol des paumés et laissés pour compte du rêve américain mérite trois étoiles. Mais les habitués de la série risquent de s’endormir, car ce n’est pas du tout pour le public ciblé par l’anthologie qui attend des frissons et de l’angoisse.

Crahan Denton fait une composition mémorable, et son talent est ici bien plus évident qu’en doublon de shérif dans « Incident in a small jail ». Le réalisateur Alf Kjellin est surtout connu pour « Des agents très spéciaux » et sa série dérivée « Annie agent très spécial ».

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36. FINAL ARRANGEMENTS
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Lawrence A. Page. Adaptation : Robert Arthur. Réalisation : Gordon Hessler

Leonard Thompson est marié à une femme malade et capricieuse. Il décide de se rendre chez un marbrier pour offrir des funérailles  de luxe à sa femme. Il va ensuite chez le pharmacien chercher un poison violent.

L’intérêt principal de cet opus est la présence de Martin Balsam, le détective de « Psychose ». Le scénariste oriente le téléspectateur, tout au long de l’intrigue, vers une fausse piste qui fera de la chute une véritable surprise.

Entre humour noir (surtout pour la séquence des croquemorts) et pessimisme, cet opus oscille entre histoire policière, suspense et drame. Vivian Nathan incarne l’épouse de Leonard, une femme toujours malade et qui fait supporter un calvaire à son entourage.

La visite de Leonard au directeur des pompes funèbres est le meilleur moment de l’épisode. Les scènes de dispute du couple s’éternisent un peu, et l’on aurait souhaité un meilleur script pour Martin Balsam.

Signalons aussi la scène entre Leonard et le petit garçon à bicyclette, pleine de tendresse. Le réalisateur se concentre ensuite sur la façon dont l’homme empoisonne le lait. On sent un épisode très prévisible, ce qui est sans doute voulu, pour nous servir une chute qui ne l’est pas.

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37. CHASSÉ-CROISÉ
(MAKE MY DEATH BED)

hitchcockpr 5 37

Histoire de Babs H.Deal. Adaptation : Henry A. Coge. Réalisation : Arthur Hiller

Le couple Bish et Jackie Darby se lie d’amitié avec les Taylor, Ken et Elise. Jackie est toujours en train d’harceler son mari à propos de son régime. Bish et Elise deviennent amants, mais Jackie, qui a tout compris, prépare sa vengeance.

Diana Van Der Vlis (1935-2001) fait partie de ces guest-stars des « Envahisseurs » qui ont marqué les téléspectateurs : elle jouait l’épouse d’Arthur Hill (vu souvent ici) dans l’épisode « Les sangsues ».

C’est la fête du nouvel an et Jackie a compris que son mari Bish n’avait d’yeux que pour Elise. En elle germe l’idée de la vengeance. James Best (Bish) fait ici sa troisième et dernière apparition dans l’anthologie après « Death sentence » (03-30) et « Cellule 227 » (05-34). Son physique de playboy (il joue ici aussi de la guitare) sied à merveille dans ce rôle d’homme marié à une femme au physique ingrat, Jackie (Madeleine Sherwood, omniprésente ici).

L’ambiance de fête et de drame se conjuguent jusqu’à la chute imprévue. L’amitié (apparente) entre les deux femmes, rivales en amour, Jackie et Elise, cache la profonde haine de l’une envers l’autre qui va conduire à la tragédie.

On a quand même le sentiment que le réalisateur, à court d’idées, et gêné par un scénario pâle, fait traîner artificiellement les scènes en longueur. Trop de bavardages et peu de rebondissements nuisent à l’opus et le téléspectateur finit par décrocher.

A la douzième minute, la mort violente par empoisonnement de Bish semble constituer un rebondissement, mais l’effet retombe vite et l’ennui s’installe définitivement. Il n’y a pas de miracles : à partir d’une mauvaise histoire, on ne fait pas un bon film.

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38. AMBITION
INÉDIT EN FRANCE 

hitchcockpr 5 38

Histoire de Charles Boeckman. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Rudy Cox est ambitieux : en tant que district attorney, il veut porter un grand coup à la Mafia. En particulier à un chef, Mac Davis. Le problème est que ce dernier a jadis sauvé la vie de la femme de Cox.

C’est la première période de la carrière de Leslie Nielsen avant « Y-a-il un pilote dans l’avion ? ». Ici, l’ambitieux district attorney qu’il incarne est prêt à tout, y compris à se servir de Mac Davis avec lequel il entretient une amitié dangereuse.

Cette avant-dernière saison de l’anthologie se termine avec un épisode sur la mafia. Harold J Stone (vu dans « Hawaii Police d’état », « Les Incorruptibles »,  mais aussi fort drôle dans « Jerry la grande gueule » avec Jerry Lewis) y incarne le gangster. Cox et Mac Davis vont jouer une partie d’échecs mortelle, et il faudra attendre la chute pour connaître le perdant. Notons que même dans les moments les plus dramatiques, Cox qui pratique le jardinage est soucieux que l’on ne marche pas sur ses bégonias, ce qui en surprend plus d’un.

Tout au long de l’épisode, Cox se montre cynique et sans scrupules, et l’on a parfois, bien que ce soit un gangster, le sentiment que Mac Davis est plus « humain ». A la 15e minute, l’homme de loi semble renier cette amitié en refusant de le recevoir et en lui braquant une arme dessus, persuadé que l’autre est armé, ce qui n’est pas le cas.

C’est sur cette histoire digne des « Incorruptibles » que se termine cette saison qui aura connu des sommets avec  « The doubtful doctor », « The man with two faces », « Summer shade » (meilleur de la saison), « Incident in a small jail », « You can’t trust a man », « The gloating people (autre grand thriller d’épouvante), et nous a révélé ou rappelé deux comédiennes oubliées :  Sarah Marshall et Susan Harrison. On retrouvera Sarah dans la saison 7 dans l’épisode 34 « The Twelve hour caper ».

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Saison 4Saison 1

Alfred Hitchcock Présente

Saison 7

1. Le Carton à chapeaux (The Hat Box)

2. Haut les mains (Bang! You're Dead)

3. Maria - Inédit en France

4. Flic d'un jour (Cop for a Day)

5. Tenez moi compagnie (Keep Me Company)

6. Beta Delta Gamma - Inédit en France

7. You Can't Be a Little Girl All Your Life - Inédit en France

8. Un vieux professionnel (The Old Pro)

9. Détective très privé (I, Spy)

10. Services Rendered - Inédit en France

11. The Right Kind of Medicine - Inédit en France

12. A Jury of Her Peers - Inédit en France

13. The Silk Petticoat - Inédit en France

14. Bad Actor - Inédit en France

15. The Door Without Key - Inédit en France

16. The Case of MJH - Inédit en France

17. The Faith of Aaron Menefee - Inédit en France

18. Instinct de survie (The Woman Who Wanted to Live)

19. Strange Miracle - Inédit en France

20. The Test - Inédit en France

21. Burglar Proof - Inédit en France

22. La Baby-sitter (The Big Score)

23. Profit Sharing Plan - Inédit en France

24. L'Éternel Trio (Apex)

25. The Last Remains - Inédit en France

26. Ten O'Clock Tiger - Inédit en France

27. Act of Faith - Inédit en France

28. The Kerry Blue - Inédit en France

29. The Matched Pearl - Inédit en France

30. What Frightened You, Fred ? - Inédit en France

31. Most Likely to Succeed - Inédit en France

32. Victim Four Joe - Inédit en France

33. The Opportunity - Inédit en France

34. The Twelve Hour Caper - Inédit en France

35. The Children of Alda Nuova - Inédit en France

36. First Class - Inédit en France

37. The Big Kick - Inédit en France

38. Where Beauty Lies - Inédit en France

39. The Sorcerer's Apprentice - Inédit en France



1. LE CARTON À CHAPEAUX
(THE HAT BOX)



Scénario : Henry Slesar. Réalisation : Alan Crosland Jr.

Lors d’un examen, un élève, Perry,  se fait prendre en train de tricher par le professeur Jarvis. Son camarade Denny tente de le réconforter et lui suggère d’aller présenter des excuses à Jarvis. Ils se rendent chez lui le soir mais le voient jeter dans sa poubelle un carton à chapeaux de femme.

La nouveauté de cette saison 7 réside dans le fait que l’auteur et le réalisateur sont crédités dès le générique de début.

L’épisode relate la disparition mystérieuse de l’épouse du professeur Jarvis (Paul Ford). Le lieutenant Roman (Frank Maxwell) se laisse convaincre par deux étudiants, Perry et Dennis, de mener une enquête. Officiellement, Mme Jarvis est en visite chez sa sœur.

Cet épisode mélange farce macabre (pour la chute) et mystère. La réalisation d’Alan Crosland Jr privilégie les décors nocturnes, ce qui accroit l’ambiance de suspense. La découverte du chapeau de la disparue dans la poubelle intrigue un policier pourtant peu porté à soupçonner l’honorable enseignant. D’autre part, l’étudiant qui a dénoncé la chose, Perry (Billy Gray) a toutes les raisons de vouloir se venger de lui.

Paul Ford affiche un air détendu et goguenard qui n’est pas celui d’un suspect. Son interprétation du professeur est toute en finesse. Dans le rôle du policier, Frank Maxwell montre l’embarras de devoir venir déranger une personnalité de la ville sur la base de vagues soupçons.

On peut distinguer deux temps dans l’épisode, avant et après l’entretien, car on ne peut pas parler d’interrogatoire, entre le lieutenant et le professeur. On reprochera à la seconde partie d’être un dialogue un peu trop long et qui finit par faire baisser l’attention. Il faudra attendre la chute drôle mais macabre pour que le téléspectateur réagisse. Un épisode qui commence mieux qu’il ne s’achève. L’auteur a un peu oublié le suspense en route.

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2. HAUT LES MAINS
(BANG! YOU'RE DEAD)

Histoire de Margery Vosper. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Alfred Hitchcock

Un gamin prend dans la valise de son oncle de retour d’Afrique un pistolet chargé qu’il échange avec un jouet, une arme factice. Dès lors, il est un danger pour lui et pour les autres.

Réalisé par le maître, « Haut les mains ! » est un des épisodes les plus célèbres de la série. L’atout est ici la réalisation, car l’histoire est plutôt convenue.

Le petit Jackie est pendant quelques minutes livré à lui-même dans la chambre d’amis de ses parents où son oncle Rick, de retour d’Afrique, a laissé sa valise contenant une arme et des balles. La faute n’incombe pas seulement aux parents, car l’enfant va sciemment charger l’arme d’une balle tout en dérobant les autres, et en mettant son jouet à la place dans la valise pour donner le change.

C’est à la dixième minute, quand l’oncle Rick (Stephen Dunne) se rend compte de la substitution que le suspense commence vraiment. La course contre la montre commence. Jackie croit que c’est un jouet et met une deuxième balle dans le barillet.

A partir de la 17e minute, tout devient une question de vie ou de mort puisqu’il n’y a plus de place pour un coup factice, l’enfant ayant entièrement chargé le pistolet.

Hitchcock joue avec nos nerfs en multipliant les fausses alertes (pot d’échappement qui fait un bruit d’explosion, annonce faite par un haut parleur au moment où du bruit empêche l’enfant d’entendre l’avertissement).

« Il faut prendre au sérieux certaines de mes histoires comme « Haut les mains ! », parents, tirez-en la leçon, ne laissez pas des armes à feu à la portée des enfants, les accidents sont nombreux, on peut et on doit les éviter ». Voilà ce que dit Sir Alfred et c’est la première fois depuis sept saisons qu’il ne plaisante pas.

Et il faut l’avouer, cet épisode, même s’il nous a plu, nous laisse un goût quelque peu amer.

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3. MARIA
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John Wyndham. Adaptation : John Collier. Réalisation : Boris Sagal

Carol reproche à son mari  Leo d’avoir acheté 500 dollars un chimpanzé qui en fait cache une naine, Maria. Leo s’en sert pour faire un numéro de cirque en dupant les gens. Le « singe » fait des dessins, ce qui épate le public.

Episode vite ennuyeux, dont la chute aurait pu être la révélation de la duperie. Au lieu de cela, le « singe » se met à dessiner des « couples illégitimes » et provoque des drames dans la petite famille du cirque, un monde fermé.

Nita Talbot (Carol) et Norman Llyod (Leo) étant un couple en crise, on se doute que « Maria » va vite exploiter la situation. Le chimpanzé/nain va faire croire que Carol a une liaison avec un des membres du cirque, El magnifico (Edmund Hashim, vu dans l’épisode avec Peter Falk « Reconnaissance » dans la saison 6).

Même la chute est une déception. Le côté diabolique de Maria n’est pas assez exploité par le réalisateur Boris Sagal qui fait ici ses premiers pas dans la série. Il réalisera deux autres épisodes de cette dernière saison.

Un opus de type drame psychologique, mais même pas intéressant si l’on fait abstraction de son aspect hors sujet dans l’anthologie.

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4. FLIC D'UN JOUR
(COP FOR A DAY)

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Paul Henreid

Phil et Davey, des voleurs, ont attaqué un employé transportant des fonds pour une banque et l’ont tué sans le vouloir. Il y a un témoin : une femme, qui peut les reconnaître. Pour l’approcher et la réduire au silence, Phil décide de se déguiser en policier.

Walter Matthau en voyou domine la distribution de ce polar qui n’est pas vraiment, si l’on excepte la chute, symbolique de l’anthologie Hitchcock. C’est plutôt une histoire de gangsters qui, portée à 50 minutes, aurait eu sa place dans « Police story ». Il n’y a pas vraiment de suspense, et encore moins d’humour noir, les ingrédients de la série.

Dans cet opus, l’habit fait le moine et Phil déambule au milieu des policiers jusqu’à sa cible avec une aisance pas toujours très crédible. Carol Grace incarne ce témoin dont on ne saura pas le nom qui est désormais gardé sous haute protection.  Glenn Cannon en Davey est un comparse assez petit et sans envergure face au géant Walter Matthau.

On ne s’ennuie pas, mais « Flic d’un jour » ne parvient jamais à nous captiver. L’intrigue est sans surprises, trop linéaire. Matthau était plus inspiré dans les autres rôles qu’il a tenu dans l’anthologie (surtout « Very  moral theft » dans la saison 6). C’est sa dernière contribution à la série. Dans son personnage de Phil, il fait preuve d’une sauvagerie inattendue en tuant la femme témoin froidement, alors que lorsqu’on le voit dans la scène de l’épicerie acheter du corned beef, il a l’air d’un gros nounours.

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5. TENEZ MOI COMPAGNIE
(KEEP ME COMPANY)

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alan Crosland Jr

Julia reproche à son mari Marco de la délaisser chaque soir et de travailler avec ses frères. Elle s’ennuie et croyant avoir entendu quelqu’un faire une effraction, appelle la police.

Retour d’Anne Francis, qui avait conclu la saison 5 avec l’épisode « Hooked ». Après les maillots de bains, la voilà en chemise de nuit, femme délaissée par un mari macho, Marco (Edmund Hashim). Elle lui sert de bonne, et il passe ses soirées avec ses frères.

Après une fausse alerte, qui provoque la visite de deux policiers de patrouille, lesquels déclarent qu’elle ne court aucun danger, elle insiste pour qu’un policier lui tienne compagnie, le détective Parks (Jack Ging). Elle lui fait des avances, et il est gêné.

Marco est complètement fou. Marié à une créature de rêve, Julia (Anne Francis), il passe ses soirées jusqu’à fort tard avec ses frères. C’est tenter le diable.

Anne Francis nous charme et nous montre qu’en 1961, entre l’antique télévision qui fonctionne quand elle veut bien, un verre de Chianti, et un disque de danse, il n’y a pas de grandes distractions pour une jolie femme qui s’ennuie. C’est la lecture d’un magazine policier qui l’incite un peu à faire appel à la police, alors qu’elle ne croit pas vraiment à la tentative d’effraction qui lui fait appeler la police.

On admire le self control de Parks, car peu d’hommes auraient résisté aux avances d’une si jolie ménagère esseulée. Mais il fait partie de la police et le devoir avant tout. Pourtant, la chute va nous apprendre que le policier n’est pas venu pour rien.

Un très bon suspense, auquel manque tout de même ce brin de folie qui nous fait frissonner souvent dans l’anthologie.

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6.BETA DELTA GAMMA
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Calvin Clements. Réalisation : Alan Crosland Jr

Lors d’une beuverie, Alan, ivre mort, tape la tête contre un mur et s’assomme. Sa bande de copains trouve spirituel de lui faire croire qu’il a tué accidentellement Mark, un comparse, qui se prête au jeu en se laissant injecter une drogue simulant la mort.

Voilà un épisode dont le script est particulièrement effrayant et abominable, mais qui est gâché par une mise en scène trop lente et une interprétation qui manque sérieusement de conviction. Les mauvaises plaisanteries aboutissent parfois à des tragédies lorsque des jeunes gens ont abusé d’alcool et de drogue. A ce titre, pour 1961, on peut saluer le courage des producteurs d’avoir proposé un sujet aussi audacieux.

Aucun humour ici, si ce n’est la farce que ces jeunes gens veulent faire et croient drôle, mais qui tourne vite au vinaigre. Les amis d’Alan l’ont tellement convaincu qu’il avait tué Mark qu’il va faire un geste irréparable. C’est sans doute très bon sur le papier dans un recueil de nouvelles, mais à l’écran, durant 25 minutes, cela s’étire en longueur.

Aucun comédien intéressant dans la distribution et on le regrette. Bref, une bonne idée ne signifie pas pour autant un bon épisode.

Les décors de la plage et du bungalow, qui devraient être synonymes de joies et de plaisir, prennent ici un ton sinistre.

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7. YOU CAN'T BE A LITTLE GIRL ALL YOUR LIFE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Helen Nielsen. Réalisation : Norman Llyod

Julie Barton a été agressée dans son lit par un inconnu. Mais devant la police, elle se montre incapable de dire quoi que ce soit, ni de collaborer.

Avant dernière apparition de Dick York dans l’anthologie (il va revenir avec la belle Sarah Marshall dans « The twelve hour caper » cette saison), cette série nous aura permis de découvrir un autre aspect du talent du mari de « la sorcière bien aimée ». Mais l’on n’en dira pas trop sur le sujet pour garder à son épisode le secret de sa chute.

Il est ici un peu handicapé dans son jeu par la fade Carolyn Kearney, peu mesurée dans son jeu  entre en faire trop ou pas assez, qui  incarne Julie, sa femme. Plus les policiers et le docteur Vaughn (Frank Milan) questionnent Julie, moins elle est parle. Dick York, enfin son personnage de Tom Barton, lui, perd très vite son sang froid face à l’agresseur potentiel de son épouse.

La chute est particulièrement réussie, suite à une découverte inopinée de Julie, et vraiment effrayante. On regrette qu’elle suive un épisode qui jusque là ne nous a pas vraiment passionné.

L’épisode est nettement moins réussi que « The gloating place » dans la saison 6 un peu sur le même thème. Le réalisateur a perdu beaucoup de temps au début, et condense sur la fin le meilleur, mais c’est un peu tard.

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8. UN VIEUX PROFESSIONNEL
(THE OLD PRO)

Histoire de H. A. De Rosso. Adaptation : Calvin Clements. Réalisation : Paul Henreid

Frank Burns est un ingénieur retraité marié à une charmante épouse, Loretta. Mais il est en réalité un ancien tueur qu’un journaliste, Cullen, fait chanter. Burns finit par faire appel à une ancienne relation, Nicholson, pour liquider le maître chanteur.

Episode presque parfait où nous avons droit à de nombreux rebondissements pendant 25 minutes. Burns (Richard Conte) en a assez de son maître chanteur Cullen (Stacy Harris). Mais lorsqu’il fait appel à son ancien associé Nick Nicholson (John Anderson, vu dans « Le riche et le pauvre : les héritiers » mais aussi dans « Psychose »), ce dernier lui envoie un certain Mace (Richard Carlyle) qui pactise avec Cullen et que Burns finit par noyer. Mais voici que Nicholson se présente au couple et dit à Loretta (Sara Shane) qu’il souhaite que son mari sorte de sa retraite.

En peu de temps, on nous présente de nombreux personnages. On a du mal à s’identifier à Frank Burns qui après tout est un meurtrier. Il n’y a pas vraiment de chute comme dans les autres épisodes, mais nous avons eu droit à notre lot de retournements de situations.

Le petit quelque chose qui manque à cet opus est le faible charisme de son interprète principal Richard Conte, qui forme un couple improbable avec Sara Shane dont le personnage est dégoulinant de naïveté. On passe quand même un bon moment, mais on reste quelque peu déçu par la fin.

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9. DÉTECTIVE TRÈS PRIVÉ
(I, SPY)

Histoire de John Mortimer. Adaptation : John Collier. Réalisation : Norman Llyod

Un capitaine, Morgan, veut obtenir le divorce car son épouse, las de sa jalousie, l’a quittée. L’avocat du capitaine, pour obtenir le divorce, mande un détective, Henry  Frute, qui tombe amoureux de la dame.

Cette comédie est totalement hors sujet, et pas crédible pour un sou. Il n’y a ni suspense ni chute. Kay Walsh en Mrs Morgan lasse de son mari jaloux, a passé l’âge de charmer, et son idylle avec le détective, joué par Eric Barker, relève de l’impossible. William Kendall en capitaine mari bafoué fait ce que l’on attend de lui, mais l’histoire est tellement niaise que son jeu n’a que peu d’impact. Dans le rôle de l’avocat, les amateurs de « Chapeau melon et bottes de cuir » reconnaîtront Cecil Parker, le Glover de « Un petit déjeuner trop lourd ».

Il n’en demeure pas moins qu’un récit comme « I spy » n’a absolument rien à faire dans « Alfred Hitchcock présente », sauf à croire que l’on manquait d’histoires et qu’il fallait coûte que coûte terminer cette ultime saison avec 39 épisodes.

On est très vite agacé par la guimauve ambiante et le jeu maniéré d’Eric Barker expaspérant. Un épisode à fuir.

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10. SERVICES RENDERED
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : William Link et Richard Levinson. Réalisation : Paul Henreid

Tandis qu’il marche dans la rue, un homme reçoit une poutrelle tombée d’un chantier et perd la mémoire.

On retrouve dans cet épisode Stephen Dunne, le lieutenant Meade dans « The man with two faces » (06-11), dont je disais le plus grand bien. On vient de le revoir dans cette saison sept dans « Haut les mains ! » où il incarnait l’oncle du garnement. En Amnésique, Dunne est infiniment moins convaincant qu’en lieutenant de police, ce qui laisse penser à un registre d’acteur limité.

Le problème de cet épisode est que la chute arrive à la 23e minute, ce qui laisse un temps trop réduit pour une explication plausible. Il aurait fallu pouvoir développer en une heure au moins le sujet. Ici, un quidam (Stephen Dunne) dont on ne saura jamais le nom, se trouve en possession d’un billet de mille dollars et du nom et de l’adresse d’un médecin. A la suite de la chute d’une barre tombée d’un chantier, il est blessé à la tête et perd la mémoire.

L’épisode souffre de beaucoup d’invraisemblances. L’homme est blessé mais personne ne le conduit à l’hôpital. C’est un clochard, Cyrus (Percy Helton) qui l’entraîne dans un bar espérant qu’il lui paie une tournée. Mais au moment de payer, l’inconnu, qui n’a aucun papier d’identité sur lui, n’a qu’une coupure de mille dollars pour payer les verres (Le clochard en a englouti trois). Sa seule piste est ce docteur Ralph Mannick (Hugh Marlowe) chez qui il va. A noter que l’inconnu ne se rend pas compte sur le champ de sa perte de mémoire. Il commence à ne pas se rappeler de son nom lorsque le clochard engage la conversation dans le jardin public sur un banc. Et surtout, Stephen Dunne, son interprète, n’exprime aucune angoisse légitime en l’occurrence, ce qui nuit à la crédibilité.

Ce récit des créateurs de « Columbo », William Link et Richard Levinson, est très bon mais malheureusement bâclé. On a un peu le sentiment que cela aurait duré encore, mais que le temps limite est atteint et que la chute doit intervenir. Elle arrive si tardivement que Sir Alfred devra écourter son sketch d’épilogue.

Beaucoup de dialogues, à un rythme trépidant, peu d’action, on passe à côté d’un bel épisode et c’est sans doute ce genre de problèmes qui incitera les producteurs à continuer la série dans un format plus long, « The Alfred Hitchcock hour » au lieu de faire une huitième saison.

Stephen Dunne ne semble pas très convaincu par son personnage, et son jeu est approximatif. Les autres comédiens n’ont pas d’importance réelle dans l’épisode qui repose donc sur ses épaules. Le thème de l’amnésie nécessitait un développement plus long et construit, ce que 25 minutes ne permettent pas ici. On a donc une chute éclair totalement invraisemblable.

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11. THE RIGHT KIND OF MEDICINE
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alan Crosland Jr

Episode avec Robert Redford

Lors d’un hold-up, Charlie Marx tue un policier mais est lui-même blessé. Il a recours à un médecin complice, qui le soigne pour 400 dollars, et lui fait une prescription pour un médicament à la pharmarcie. Charlie Marx doit obtenir son médicament alors que la police grouille partout alentour.

Curieusement, malgré la présence de Robert Redford débutant, cet épisode est resté inédit en France. Le comédien tournera ensuite dans «The Alfred Hitchcock hour » dans deux épisodes, « A piece of the action » et « A tangled web ».

Ce n’est pas la présence de Redford qui vaut quatre étoiles à cet opus. En effet, nous avons droit ici à un épisode réussi sur tous les plans, doté d’un suspense diabolique, avec une chute déroutante mais fort bien tournée.

Pourtant à l’aube de sa carrière, Redford est déjà un grand et vampirise l’image. En tueur de flic, pourchassé, il se montre magistral, et on a le sentiment d’être dans un long métrage du maître. C’est évidemment la scène de la pharmacie, où Charlie Marx va devoir sans cesse jouer au chat et à la souris tandis qu’on lui prépare son médicament, qui constitue le meilleur moment, même si le suspense ne faiblit pas jusqu’à la dernière minute.

Si le hold-up est une scène expédiée rapidement (Il vient de se produire quand commence l’opus), nous avons d’abord la confrontation entre le tueur et le médecin, le docteur Vogel (Gage Clarke). Le médecin passe d’une brave famille à un patient tueur de flic sans sourciller. Mais cette scène est moins intéressante que celle de la pharmacie. On se croit dans « Le fugitif », Marx n’arrête pas de presser le pharmacien et le préparateur tout en se cachant dès que quelqu’un entre. Pendant ce temps, au commissariat, un témoin identifie Charlie Marx.

Le hasard va se liguer contre le fuyard, car en hâtant le pharmacien, ce dernier va commettre une erreur. Nous n’en dirons pas plus pour préserver la chute. Réfugié dans une chambre d’hôtel avec sa valise recelant son magot, l’homme est une bête traquée.

Le préparateur en pharmacie, Fletcher, est incarné par Russell Collins, qui a tourné dans neuf épisodes de l’anthologie, mais ici, avec des lunettes, on le reconnaît à peine. Vernon, le pharmacien (Joby Baker) perdra la vie en voulant jouer les bons samaritains. La façon dont Charlie Marx l’abat en sortant de sa chambre d’hôtel montre que la bête traquée est implacable. Pourtant, Marx n’échappera pas à son destin.

Un très bon épisode.

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12. A JURY OF HER PEERS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Susan Glaspell. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Robert Florey

Millie Wright, une pauvre vieille femme, dont le mari est retrouvé étranglé, est soupçonnée de meurtre. Elle était malheureuse en mariage.

Episode assez terne et ennuyeux. Jim Hale (Ray Teal) rendant visite aux Wright, ses voisins, qui occupent une ferme isolée,  trouve le mari étranglé dans son lit. Son épouse Sarah (Anne Harding) éprouve de la compassion pour Millie (June Walker), qui a épousé sans amour à l’âge de 17 ans la victime. La ferme est sinistre et entourée de neige et de blizzard. Le shérif et le district attorney, accompagnés de leurs épouses,  tentent de trouver qui a étranglé le fermier.

C’est du théâtre filmé, sans aucun rebondissement. Une longue discussion commence entre Mrs Peters (Frances Reid) et Sarah Hale. Le passé du défunt, qui était un être vil et égoïste, est passé au crible.  On parle même du canari qui pourrait être le mobile du crime.

Le district Attorney est convaincu que Millie a tué son mari. Mais les deux femmes diront-elles à leurs maris respectifs ce qu’elles ont découvert ?

Un épisode sans intérêt. Le réalisateur ne peut pas faire d’éclats, puisque tout se passe dans une pièce. C’est le genre d’opus soporifique  dont dès le départ, on sait que l’on ne pourra rien sauver.

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13. THE SILK PETTICOAT
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Joseph Shearing. Adaptation : Halsted Welles et Norman Ginsbury. Réalisation : John Newland.

Londres, 1817. Elisa Minden, sur le point d’épouser Sir Humphrey Orford, apprend qu’il est veuf depuis vingt ans. Mais ce n’est pas le seul secret qu’il a caché.

On a droit ici à une chute horrifique, et à deux bons comédiens qui se sont croisés dans « Les envahisseurs» :  Michael Rennie et Antoinette Bower. En dehors de cela, c’est une fois de plus une histoire située dans un lointain passé, et qui occasionne à chaque fois des épisodes ratés de l’anthologie.

On se croit parfois dans « Rebecca » ou « Barbe bleue ». Michael Rennie en Sir Humphrey ne donne pas une image reluisante pour un futur mari : son épouse était infidèle et il a fait pendre l’amant, dont on trouve un portrait dans une pièce. Plus l’intrigue avance, plus Elisa (Antoinette Bower) est épouvantée.

La mise en scène trop académique, les décors et costumes cheap, sont heureusement quelque peu sauvés par deux rebondissements dont la chute. La mort violente de Sir Humphrey, qui arrive peu avant la chute, nous sort de notre torpeur. Beaucoup de scènes au sujet de la première femme évoquent l’œuvre de Daphné du Maurié. Malgré toute la fascination que l’on peut avoir pour le grand, par le talent et par la taille, Michael Rennie, on ne se passionne pas pour ce qui révèle encore du théâtre filmé.

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14. BAD ACTOR
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Max Franklin. Adaptation : Robert Bloch. Réalisation : John Newland

Bart Collins est un acteur raté. Il doit passer une audition mais à un rival, Jerry Lane. Bart a cependant un moyen d’éliminer la concurrence.

Après deux opus soporifiques, nous voilà revenus en 1961 avec un comédien raté qui étrangle son rival pour un rôle. Robert Duvall incarne ce Bart Collins qui une fois son crime commis achète de l’acide et un couteau, après avoir hésité avec un hachoir !

Le meurtre intervient à la 12e minute, et le policier, le lieutenant Gunderson (William Schallet) fait son apparition à la 19e (sur 25, mais les épisodes se concluent généralement à la 23e lorsque Sir Alfred fait sa deuxième apparition). C’est un peu le problème de cet opus où l’on a perdu beaucoup de temps. Bart est la dernière personne à avoir vu Jerry. L’enquête criminelle commence un peu tard à notre goût.

C’est donc presque le moment de la chute.  Le suspense n’a pas eu le temps de faire son effet, Bart ayant mis en évidence le gros seau  à glace où se trouve une partie du cadavre, et qu’il se fait une obligation de tenir éloigné de sa petite amie  Marjorie (Carole Eastman) et de son imprésario Ed Bolling (Charles Robinson). C’est avec ce seau que Bolling avait réveillé au début de l’épisode son acteur qui avait fait la fête et ne parvenait pas à « émerger ».

On se sent donc frustrés, car Robert Duvall n’a pas le temps de sauver les meubles et de chercher à se disculper. C’est à la 17e minute que Marjorie entre dans son appartement, et elle se demande s’il ne cache pas une autre femme tellement il est inquiet, mais le temps manque pour que la situation dramatique s’installe.

Il y a de bonnes scènes auparavant, notamment dans le night club, lorsque Marjorie tente de démontrer à son boy friend alcoolique qu’il n’a pas perdu la partie face à son rival Jerry et que son avenir de comédien est devant lui. Mais il suscite la répulsion de la belle par sa façon de se comporter, de se donner en spectacle en raison de son ébriété et elle prend la poudre d’escampette.

Notons un moment d’humour involontaire lorsque Marjorie propose à Bart de fêter sa victoire et revient d’une pièce avec le fameux seau (fermé) empli de son macabre contenu, et la réaction paniquée que l’on devine chez l’assassin.

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15. THE DOOR WITHOUT KEY
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Norman Daniels. Adaptation : Irving Elman. Réalisation : Herschel Daugherty

Un homme amnésique, Leonard Eldridge,  se présente dans un commissariat. Il demande de l’aide.

Claude Rains est de retour et joue les amnésiques, thème qui vient juste d’être abordé dans « Services rendered », cinq épisodes avant. Le sergent Shaw, chargé de l’enquête, est interprété par John Larch (« Hawaii police d’état », « Les envahisseurs »). A peine Eldridge (Claude Rains) est-il arrivé qu’un garçonnet perdu survient. Son père l’a oublié dans une station service.

En discutant avec Mickey, l’enfant, Eldridge se souvient de la mort de sa mère, l’enfant ayant aussi perdu la sienne. Shaw les écoute amusé et attentif.

Dans ce commissariat qui devient une auberge espagnole, où une vieille dame à rejoint l’enfant et l’amnésique, trois motards (deux garçons et une fille) sont arrêtés. Toutes ces personnes sont-elles là par hasard ? Les motards, après un contrôle d’identité, sont relâchés.

L’enfant et Eldridge ayant faim, on leur sert du coca et des sandwiches qu’un livreur apporte. Dans ce commissariat trois étoiles, l’amnésique se souvient soudain de son épouse Madge, décédée.

C’est à la vingtième minute que la lumière surgit. Le destin du vieil homme va alors se croiser avec celui de l’enfant qui, on le sait depuis un moment, a menti : en fait, il ne veut pas retourner chez lui.

Nous avons assisté en fait à un conte. Mais à l’arrivée, beaucoup de bavardages, de bons sentiments, aucun suspense, et un épisode poussif.

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16. THE CASE OF MJH
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Alan Crosland Jr

Un homme séduit la secrétaire d’un psychiatre pour qu’elle vole des dossiers et l’aide à monter un chantage.

Retour de Barbara Baxley, une habituée de l’anthologie, dans le rôle de la secrétaire, Maude Sheridan, du psychiatre Cooper (Theodore Newton). Jimmy French (Robert Loggia) est un amoureux pas désintéressé. Jimmy avoue son plan à la 13e minute, qui correspond à la fin du premier acte.

Amoureuse, Maude vient relancer chez lui Jimmy avec des dossiers volés. L’attention du vil personnage se porte sur le cas du patient M.J. Harrison (Richard Gaines). Il se rend au bureau de ce dernier, qui est vite effondré.

Robert Loggia incarne ici un homme cynique et machiavélique, un maître chanteur sans pitié. Il est excellent.

La chute est particulièrement bien amenée par le docteur Cooper qui apprend une terrible nouvelle à sa secrétaire abasourdie par la gravité de son acte.

Barbara Baxley est plus convaincante qu’à l’accoutumée, tout se joue entre quatre personnages : Maude, Jimmy, le docteur Cooper et Harrison. Comme souvent, on a l’impression de « manquer de temps » et de subir une fin bâclée. Si certaines histoires se prêtent tout à fait au format 25 minutes et nous ont donné, tout au long des sept saisons, des chefs d’œuvre, beaucoup nous laissent un sentiment d’insatisfaction et de trop grande brièveté.

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17. THE FAITH OF AARON MENEFEE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Ray Bradbury. Réalisation : Norman Llyod

Un mécanicien qui souffre d’un ulcère à l’estomac est soulagé par un prédicateur qui fait l’imposition des mains. Il quitte son métier et devient chauffeur à son service.

Episode typiquement américain sur les prédicateurs charlatans qui prétendent guérir par la foi. Otis Jones (Sidney Blackmer) rencontre par hasard Aaron Menefee (Andrew Prine), qui a un malaise dû à un ulcère à l’estomac non curable. Menefee est soigné par le docteur Buckles (Robert Armstrong). Buckles tente de mettre en garde le trop crédule mécanicien qui quitte son métier pour suivre Jones.

On a du mal à comprendre ce Menefee qui un temps repousse les avances de la fort belle fille du prédicateur, Emily (Maggie Pierce). Il finit par la demander en mariage, mais Jones refuse. Menefee n’est pas digne de sa fille. Le trio écume le pays, escroquant à tout va les braves gens malades. Mais Menefee est un candide qui croit vraiment dans les pouvoirs d’Otis Jones. Un soir, le hasard veut qu’il se retrouve dans sa ville natale et va rendre visite à son ancien docteur. Deux hommes armés l’attendent et le prennent en otage, lui demandant d’aller chercher Jones, sinon ils tueront le docteur Buckles. En effet, l’un d’eux est Vern Byers (Don Hanmer), un gangster paralysé incurable.

Il se passe beaucoup de choses en 25 minutes, à une cadence effrénée. La distribution est dominée par Andrew Prine (« Grizzly, le monstre de la forêt » avec Christopher George en 1976). On s’étonne qu’à la moitié du métrage, son personnage fléchisse et accepte si facilement de renoncer à la belle Emily devant la volonté de fer du charlatan.

La pirouette finale tient du coup du destin impossible, et l’on n’est pas étonné que Ray Bradbury soit de la partie, adaptant l’histoire. La chute est vraiment saisissante, et l’on ne s’est pas ennuyé une seconde durant 25 minutes haletantes.

Trop d’invraisemblances toutefois nous empêchent de mettre la note maximum.  On citera le coup du hasard final, mais aussi la romance brisée entre Emily et le héros. Une histoire à faire se dresser les cheveux sur la tête est ce que l’on attend de cette anthologie. De ce point de vue là, mais on ne dira rien de la chute, le téléspectateur n’est pas déçu.

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18. INSTINCT DE SURVIE
(THE WOMAN WHO WANTED TO LIVE)

Histoire et adaptation : Bryce Walton. Réalisation : Alan Crosland Jr

Ray Bardon, un prisonnier en fuite, attaque une station service, tue le gérant et prend une automobiliste, Nita, en otage.

Charles Bronson a fait davantage de télévision que Robert Redford et Steve Mc Queen (On le voyait encore en 1967 dans la série « Le fugitif ») et on est moins surpris de le retrouver ici. C’est son troisième et dernier opus de l’anthologie.

Il a la chance ici de tomber sur un bon script. Bardon est un tueur cynique, blessé, et l’on ne donne pas cher de la peau de la belle Nita (Lola Albright), qu’il prend en otage. Elle le convainc qu’il va avoir besoin de lui et il accepte de lui laisser (provisoirement ?) la vie. A la 15e minute, alors qu’elle est en train de changer une roue, et que Barton se cache à l’intérieur, trois blousons noirs, des Hell’s angels, veulent violer Nita. Mal leur en prend. On savoure d’avance le sort des trois lâches, ayant aperçu l’homme dans la voiture, qui  croient en faire une bouchée. Même du mauvais côté de la barrière, on se doute que « le justicier dans la ville » va leur en donner pour leur argent , si l’on peut dire. Encore regrette-t-on qu’il se montre trop clément avec deux d’entre eux.

La chute est vertigineuse. Nita a caché son identité depuis le début et Bardon va l’apprendre à ses dépends.

Un excellent suspense, un véritable thriller, doté d’une interprétation excellente, dominée non seulement par un Charles Bronson en grande forme, mais aussi une fantastique Lola Albright, qui a une finesse de jeu renversante.

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19. STRANGE MIRACLE
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire de George Langelaan. Adaptation : Haslted Welles. Réalisation : Norman Llyod

Blessé dans un accident, Pedro Sequiras feint d’être handicapé à vie, d’avoir perdu l’usage de ses jambes et de devoir rester en fauteuil roulant. Mais tout cela n’est qu’une feinte pour la compagnie d’assurance.

David Opatoshu (1918-1996) était l’ancien nazi Dave Kafka dans l’épisode de « Match contre la vie » : « Une longue poursuite », mais est aussi apparu dans « Daktari », « Cannon », « Mission Impossible », « Hawaii police d’état » et au cinéma dans le film d’Hitchcock « Le rideau déchiré ».

Ici, il est Pedro, qui feint d’être handicapé pour escroquer l’assurance. Marié à la jolie Lolla (Miriam Colon), il a un plan : duper le prêtre (Eduardo Ciannelli) en faisant croire à un miracle qui lui permettra de remarcher, chose qu’il fait avec aisance quand il est seul avec sa femme. Leur enfant, Maria, est aussi paralysée, mais le couple n’a pas les moyens de la faire soigner.

Lolla fait preuve d’un certain cynisme, son interprète Miriam Colon, née en 1936 à Porto Rico tourne toujours en 2015, mais a fait une carrière décevante, entre soap opéras et quelques participations dans des séries télé.

L’agent d’assurance qui lui remet un confortable chèque lui conseille d’aller se baigner dans la fontaine de Novales. Elle a la réputation d’avoir des pouvoirs miraculeux. Pedro Sequiras feint de ramper jusqu’à la fontaine, devant la vierge, il se passe de l’eau sur les jambes, crie au miracle et tombe, cette fois vraiment paralysé.

La chute, qui concerne la petite Maria (Adelina Petrosa, qui continuera une carrière chaotique jusqu’en 1969 entre petits rôles au cinéma et séries télé), relève de la religion et du mysticisme, et l’on se demande vraiment ce que cela vient faire dans l’anthologie Hitchcock.

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20. THE TEST
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Boris Sagal

Mr Marino supplie un avocat de renom, Vernon Wedge, de défendre son fils Benjy, accusé du meurtre d’un nommé Kenny. Wedge est réticent car c’est une cause désespérée.

Cet épisode est là pour nous rappeler que les américains sont friands de procès, voir le succès de « Perry Mason ». Le témoignage principal repose sur Sol Dankers (Tenen Holz), un vieil homme. Wedge voudrait que son client plaide coupable, mais Benjy (Rod Lauren) refuse. Il fait faire des tests sur le couteau de Benjy afin de savoir s’il y a du sang de la victime dessus.

Le procureur Wickers (Steve Gravers) empêche Wedge de procéder à son test, pourtant  agréé par le docteur Hagerty (William Bramley), et le juge (Rusty Lane) lui emboîte le pas. Cela provoque l’acquittement par le jury, mais Vernon Wedge veut malgré tout faire le test.

On a rarement vu un accusé aussi antipathique que Benjy/Rod Lauren, une vraie tête à claque, une allure de jeune voyou cynique et dont le manque d’humanité se lit sur le visage. On comprend la réticence de l’avocat à accepter l’affaire. Dans le rôle du père, Marino (Eduardo Ciannelli), on a choisi un comédien beaucoup trop âgé qui a plus l’air d’être le grand-père que le père de l’accusé. Même s’il n’affiche pas cet air méprisant qu’à sa progéniture, Marino se révèle vite détestable.

La chute est un peu étrange car elle est constituée par une pirouette qui nous empêche de connaître la vérité. Tout au plus peut-on la supposer.

En 25 minutes, nous n’avons pas eu le temps de nous passionner pour cette affaire, les scènes de tribunal occupant une bonne partie de l’opus.

On a plus le sentiment d’une ébauche d’épisode que d’un vrai  récit.

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21. BURGLAR PROOF
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : John Newland

Sammy Morrissey, un perceur de coffre-fort, sort de prison après avoir purgé cinq ans. Il a décidé de vivre paisiblement avec sa fille Dorothy. Harrison Fell a envie de ses services pour une campagne publicitaire afin de prouver la fiabilité de leurs coffres-forts réputés inviolables. Le modèle d’essai contient 50 000 dollars et si Morrissey parvient à l’ouvrir, il gardera l’argent. Il a un temps limite pour ouvrir le coffre-fort.

Le ton est ici d’emblée à la comédie, avec une musique sautillante, et la présence du comédien Paul Hartmann en Morissey, aux airs bon enfant. Le problème vient que l’on ne prend pas l’histoire au sérieux dès le départ. Tout d’abord, Robert Webber – habituellement plus sobre dans son jeu- en fait des tonnes et on le croirait bateleur de foire. La plus grande partie de l’épisode est lassante, car elle consiste à la tentative d’ouvrir le coffre-fort, avec force détails. On s’ennuie vite après s’être un peu amusé de la situation de départ.

Il n’y a en fait qu’un suspense de foire, et aucune tension dramatique. Et la comédie n’étant pas drôle, « Burglar proof » tourne vite au pétard mouillé. Si Paul Hartmann est parfait dans son personnage, on lui reprochera de n’avoir pas grand-chose à jouer si ce n’est une démonstration de son ancien « métier ».

Le peu d’enjeu de la chute endort très vite le téléspectateur. La tentative de percer le coffre commence à la dixième minute, quand Harrison Fell présente Morrisey à l’assistance, et s’arrête à la vingtième. Il ne reste donc, pour la chute, que trop peu de temps. Henry Slesar a dû trouver l’idée séduisante sur le papier, mais le réalisateur ne tire aucun parti de cet exercice de cambriolage autorisé.

Josy Llyod, en Dorothy, ne parvient pas à développer la double facette de son personnage en si peu de temps, et je ne l’ai pas trouvé très convaincante.

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22. LA BABY-SITTER
(THE BIG SCORE)

Histoire de Sam Merwin Jr. Adaptation : Bryce Walton. Réalisation : Boris Sagal

Dora, baby-sitter peu scrupuleuse, a donné rendez vous à trois jeunes gens pour voler le père de Arne, Mr Fellowes. Mais l’homme revient à l’improviste. Il menace les jeunes gens et l’un d’eux poignarde le malheureux. Dora décide de rester sur place pour raconter une fable à la police.

Avant-dernier épisode de la saison montré en France, les autres à part « L’éternel trio » sont inédits. Le butin du meurtre est ridicule : 200 dollars. Evans Evans en Dora n’a pas le physique de l’emploi de la fille débauchée et criminelle. Elle est la petite amie de Mike (Tom Gilleran), l’un des trois compères, mais tourne autour de Gino. On s’étonne aussi que l’enfant, Arne (Nick Sills) n’ait rien entendu.

Gino, le meurtrier (Rafael Campos) a bien la tête de l’emploi. L’enquête criminelle est bâclée en deux temps trois mouvements avec beaucoup trop de facilité. Le lieutenant Morgan (John Zaremba) chargé de l’affaire ne fait d’ailleurs qu’une apparition.

En voulant acheter un poste de radio chez un receleur, Gino se rend compte que Mike a volé à la victime un briquet géant. Pourtant, Gino et Dora ne sont que des enfants de chœur face aux receleurs qui sont aussi des tueurs. C’est la police que l’on pense aux aguets, or le danger, pour les jeunes gens vient d’ailleurs.

L’épisode est peu vraisemblable, et fort mal joué. L’absence presque  totale d’enquête policière, le casting mal fait, la révélation de la personnalité de la victime Fellowes, le meurtre pour un butin dont le jeu ne vaut pas la chandelle sont autant d’éléments qui gâchent notre plaisir. La chute est cruelle, mais improbable.

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23. PROFIT SHARING PLAN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : William Link et Richard Levinson. Réalisation : Bernard Girard

Miles Cheever, employé modèle, prend sa retraite. Son épouse lui fait remarquer que son patron a été bien radin en lui offrant un simple stylo à plume. Mais Cheever a projeté de cambrioler son patron et de s’enfuir en avion avec sa maîtresse, Anita.

Henry Jones incarne à merveille cet homme sans histoires, Miles Cheever, qui  vit avec une femme vieille et sans charme  (Ruth Storey). Il a pour maîtresse Anita (Rebecca Sand), une blonde au genre assez vulgaire.

Pour Cheever, son plan pour une nouvelle vie est tout tracé. Il vole avec facilité son patron en retournant dans son ancien bureau, puis prend le chemin de l’aéroport avec Anita. Mais l’avion ne décolle pas, et notre homme commence à être nerveux.

Il s’agit d’une histoire policière assez classique, bien interprétée, mais sans génie. La chute est très prévisible. Le manque de moyens est flagrant, tout sent ici les décors de carton pâte d’Universal. L’aéroport, la salle d’attente, ne font plus aujourd’hui illusion.

Si l’intrigue est trop classique, on salue l’interprétation d’Henry Jones. Il est par contre assez mal entouré, car Rebecca Sand n’est pas crédible en maîtresse, tandis qu’en femme légitime, Ruth Storey a peu de scènes à jouer, même si certaines sont des scènes clefs.

On a le sentiment d’avoir vu des centaines de fois ce genre d’intrigue, même si ici les 25 minutes sont savamment utilisées.

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24. L'ÉTERNEL TRIO
(APEX)

Histoire de James Workman. Adaptation : John T. Kelley. Réalisation : Alan Crosland Jr

Claude est marié à une femme riche, mais plus âgée et laide, Clara. Il a une liaison avec une charmante voisine, Margo. En cas de divorce, le mari perdra tout. Aussi décide-t-il de tuer sa femme.

Polar classique du type « Le facteur sonne toujours deux fois ». Le mari, Claude (Mark Miller) n’a pas le cran de poignarder sa femme Clara (Vivienne Segal). Clara a des soupçons sur la fidélité de son conjoint mais ne se méfie pas de l’omniprésente voisine Margo (la jolie Patricia Breslin). Cette dernière décide d’empoisonner l’empêcheuse de tourner en rond.

La séquence de l’empoisonnement est pénible : Clara se rend compte que le thé a un mauvais goût, mais Margo insiste pour qu’elle finisse sa tasse. Elle est pris de maux de ventres terribles juste après.

La chute est absolument abominable pour la meurtrière, et prend le téléspectateur de court. Il est dommage que le script n’ait pas été plus fouillé, la scène entre Clara et Margo durant beaucoup trop longtemps. C’est là d’ailleurs le défaut majeur de cet épisode.

Mark Miller n’a pas assez de scènes, et disparaît trop vite de l’écran malgré son l’importance de son personnage.

C’est le dernier épisode doublé pour les téléspectateurs français.

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25. THE LAST REMAINS
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Leonard J. Horn

Amos Duff est un entrepreneur de pompes funèbres au bord de la faillite. La solution à ses problèmes vient de Marvin Foley, qui veut organiser les funérailles de son associé, Castle, soit disant mort dans un accident de voiture.

Il est toujours émouvant de voir la dernière prestation d’un acteur. Peu de temps après cet épisode, Ed Gardner, comédien surtout connu pour ses émissions de radio et qui incarne Marvin Foley, le second rôle de cet opus, est mort relativement jeune (62 ans) d’une maladie du foie.  En le voyant à l’image toutefois, on lui donne dix ans de plus.

Par ailleurs, on retrouve ici, dans le rôle d’Amos,  John Fielder, le tueur sadique de l’épisode 06-23 « Incident in a small jail ».

Amos, en patron consciencieux de son entreprise, est affligé de voir son employé Stanley (Lennie Weinrib) venir travailler… en chemise hawaïenne. Lorsqu’il se présente pour toucher sa paie en cash, et espère une augmentation, il a revêtu un costume plus traditionnel et de circonstance.

Ici, les scènes d’humour macabre se succèdent, ainsi lors de la visite de Duff à Foley, ce dernier lui présente brutalement un faux pistolet qui n’est autre qu’un briquet. Un peu plus tard, Duff, qui a obtenu un chèque de Foley pour la crémation de Castle, le quitte en lui disant qu’il espère vite de le retrouver dans sa clientèle, sans réaliser l’énormité de ce qu’il vient de déclarer.

John Fielder, qui a un débit de paroles exagéré, nous lasse vite. On le retrouve ici aussi mielleux que son personnage de « Incident in a small jail ».

A la 18e minute, Amos tente de faire chanter Foley, car il sait que Castle a été tué par balles et non dans un accident. Mais il se fait éconduire. Pour se venger, Amos le dénonce à la police et nous nous retrouvons dans un commissariat dirigé par le lieutenant Morgan (Walter Kinsella).

Arrive alors progressivement l’amorce de la chute, qui va être savoureuse, pleine d’humour noir. Ce n’est pas un épisode majeur, mais l’on passe un agréable moment.

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26. TEN O'CLOCK TIGER
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : William Fay.  Réalisation : Bernard Girard

Boots Murphy est un spécialiste du dopage, tant pour les chevaux de courses que pour les boxeurs. Il a mis au point une drogue qui permet à un boxeur de gagner sur le ring. Mais l’entraîneur, Arthur Duffy, est tenté d’essayer sur son champion le surdosage.

Voilà un épisode très en avance sur son temps, abordant le dopage, même si la chute horrifique tient plus du film à suspense ou de la science-fiction que de la réalité.

Trois personnages principaux dans cet opus : le boxeur, Soldier Fresno (Karl Lucas), qui devient presque un robot humain, Arthur Duffy, l’entraîneur (Robert Keith) qui va jouer les apprentis sorciers à  ses dépends, et Boots Murphy (Frankie Darro) qui a conçu la drogue.

L’épisode se déroule entièrement sur le ring et dans les vestiaires. Son gros défaut est l’interminable dialogue entre Duffy et Booth qui occupe la majeure partie de l’opus. On perd beaucoup de temps avec Boots et ses histoires de courses hippiques truquées. Boots veut absolument persuader l’entraîneur de parier sur un cheval dopé par ses soins. KO au début, le boxeur Soldier se mêle à la conversation.

Tout cela devient très vite verbeux et ennuyeux.  Le match entre Soldier est son adversaire nous soulève de notre torpeur, on en devine l’issue quand on constate comment d’un seul coup de poing, le boxeur dopé a réduit en bouillie le punching ball. Le réalisateur commet cependant l’erreur de nous montrer deux combats à la suite, un à l’entraînement, un sur le ring, avec un résultat identique et l’on se lasse du récit.

La suite est très prévisible, et le second acte de l’épisode, à nouveau gâché par des bavardages Duffy-Booth, nous replonge dans l’ennui avant l’amorce de la chute.

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27. ACT OF FAITH
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Nicholas Monsarrat. Adaptation : Eric Ambler. Réalisation : Bernard Girard

Un romancier à succès, Temple, reçoit une lettre d’un écrivain en difficulté, Alan Chatterton, qui lui demande de lire les quatre premiers chapitres de son livre en cours de rédaction et de l’aider à le terminer.

Depuis qu’il est arrivé dans la série, le réalisateur Bernard Girard a proposé des épisodes vraiment moyens, à la différence par exemple d’un Robert Stevens. Quant à l’auteur Nicholas Monsarrat, il nous a infligé « A secret life » (06-33), un vaudeville sans aucun intérêt. Ici, avec cet opus qui a dû soit faire fuir le téléspectateur, soit l’endormir, les deux larrons nous livrent un sérieux concurrent pour le titre de « pire épisode de la série ».

On s’ennuie d’un bout à l’autre de cet opus, dont on compte les minutes en attendant impatiemment que la fin nous en délivre. Trois comédiens sont en présence : Dennis King en Ralston Temple, homme d’âge mûr, flanqué d’une secrétaire Alice (Florence MacMichael), s’opposant à un jeune loup, qu’incarne George Grizzard. Il est le fameux Chatterton, qui contacte Temple au début.

Chatterton demande donc de l’aide à Temple. Il n’a écrit que quatre chapitres et se trouve devant l’angoisse de la page blanche. Il lui demande une entrevue. Alice, qui a lu le début, dit à son patron : « il peut écrire, je pense que c’est bon ». La secrétaire intrigue Temple qui n’avait aucune intention de donner une suite favorable à la demande.

Chatterton, lorsqu’il arrive chez l’écrivain, se croit chez lui et est sur le point de s’asseoir quand l’autre le toise sévèrement, aussi se ravise-t-il. Il se décrit comme envieux et non aigri. Chatterton est un hédoniste, ce que constatera Temple à ses dépends en le surprenant un soir dans un restaurant huppé, « Chez Luigi ». Mais la question que se pose le téléspectateur est l’intérêt de tout cela. Bernard Girard a commis ici un objet filmé non identifié qui n’a rien à faire dans l’anthologie, ni nulle part ailleurs. La série nous a parfois proposé des histoires poussives, des westerns, du théâtre filmé genre « Arsenic et vieilles dentelles », mais jamais un épisode aussi creux. Qui a pu donner son autorisation pour filmer cela ? Il serait intéressant de connaître le taux d’audience et de satisfaction du jour de diffusion de l’épisode, le 10 avril 1962 sur NBC. Même les pires productions hexagonales de notre triste télévision contemporaine sont un cran au-dessus de cette… chose.

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28. THE KERRY BLUE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Paul Henreid

Un homme éprouve une telle passion pour son chien que, revenant d’un voyage et apprenant sa mort, il est persuadé que son épouse l’a tué.

Episode du genre « drame psychologique ».  Ned Malley (Gene Evans) éprouve une passion pour sa chienne Annie. Il en délaisse sa femme Thelma (Carmen Matthews), épouse soumise et inoffensive. Lorsqu’il apprend qu’Annie est morte durant un voyage d’affaires, et que Thelma n’a pas averti le vétérinaire, il est persuadé qu’elle a enterré vivant l’animal et veut se venger.

Ned est un grand malade, et il forme un couple bien mal assorti avec Thelma, qu’il gifle brutalement lorsqu’elle lui apprend la nouvelle. Il feint auprès d’un médecin d’avoir des problèmes de sommeil pour obtenir des somnifères qu’il administre à son insu à sa femme, voulant la faire enterrer vivante.

C’est très bien joué, mais il n’y a aucun suspense. A la limite, cela évoque le film de Pierre Granier- Deferre « Le chat », d’après Simenon avec Gabin et Signoret. Ce n’est pas le genre d’histoires que l’on s’attend à trouver dans l’anthologie Hitchcock, d’ailleurs même la chute douce amère n’est pas dans l’esprit de la série.

On comprend mal que Thelma aime toujours son mari, avec ce qu’il lui fait endurer. C’est une créature douce, qui souffre de voir son mari autant affligé par la perte du chien. Aveuglé par sa haine et sa folie, Ned n’en sait rien.

L’autre comédien intéressant de l’histoire est John Zaremba, qui incarne le médecin de famille, le docteur Chaff, aux faux airs de Donald Pleasence. Thelma compte sur Chaff pour aider son mari, mais il échoue, c’est un généraliste, et il aurait fallu à Ned un psychiatre.

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29. THE MATCHED PEARL
INÉDIT EN FRANCE



Scénario original : Henry Slesar. Réalisation : Bernard Girard

Wilkens, client du bijoutier Dubois, veut offrir à sa femme deux perles, mais le joaillier n’en possède qu’une. L’affaire se complique car celui qui a vendu la première perle à Dubois, le capitaine McCabe, s’est, lors de la première transaction, estimé flouté.

Il s’agit d’une comédie où, sans révéler la chute, il ne faut pas se fier aux apparences. Les gens ne sont pas ce que l’on croit.

C’est John Ireland (1914-1992) dans le rôle du rustre capitaine Mc Cabe qui mène le jeu. Il cabotine un peu, mais cela va assez bien avec le personnage truculent qu’il interprète. Face à lui, le très coincé Dubois (Emile Genest) et son adjoint, motivés pour satisfaire le riche client Wilkens (Ernest Truex) et sa capricieuse jeune épouse Lolly (Sharon Farrrell).

Dubois doit coûte que coûte, pour son client, acheter une deuxième perle, identique à la première, objet d’une transaction en cours. Mais Mac Cabe ne semble pas sensible aux offres, et les sommes les plus faramineuses ont beau lui être proposées, il rudoie Dubois et son assistant Conroy (Michael King), qui tour à tour, ont osé s’aventurer, chéquier à la main, dans la cabine de son bateau.

Je n’ai pas trouvé cette-fois à redire sur la mise en scène de Bernard Girard. Il faut dire que le script d’Henry Slesar est solide. Malgré tout, on est loin des chefs d’œuvre de l’anthologie. On regrette vraiment les histoires de suspense.

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30. WHAT FRIGHTENED YOU, FRED ?
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Jack Ritchie. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid

Libéré sur parole depuis 48 heures, Fred Riordan a « replongé » en commettant des dégâts dans un bar. Le chef de la prison, Bragan, et le psychiatre tentent de comprendre pourquoi l’homme a agi ainsi. Il raconte son histoire.

Fred (R. G. Armstrong) sorti de prison, est décidé à changer et à commencer une nouvelle vie. Il y a été encouragé par le directeur Bragan (Edward Asner, futur Lou Grant) et le psychiatre (Adam Williams). Nous vivons le chemin parcouru pendant 48 heures par Fred.

Nous voyons d’abord les retrouvailles délicates de Fred avec Mae (Eve Mc Veagh). Toute l’histoire nous est contée en flash-back, interrompue par des questions posées par le psy et Bragan. Le docteur est nettement mieux disposé que son acolyte à écouter le récit de Fred.

Un mafioso, Tony Wando (Steve Peck) a contacté Fred chez Mae. Tony donne rendez-vous à Fred sur la tombe de sa femme. Le libéré sur parole est terrorisé. Steve Peck donne de l’épaisseur à son personnage et évite la caricature.

Cette histoire policière vaut surtout pour les comédiens, même si l’on regrette qu’Edward Asner, le plus intéressant, soit trop en retrait. La chute est assez inattendue. Paul Henreid a su conjuguer Flash back et présent, rendant le récit de Fred vivant et cohérent. Cela n’en fait pas pour autant un grand épisode de l’anthologie. Excellent dans les seconds rôles, R.G. Armstrong est moins convaincant dans cet emploi de premier plan.

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31. MOST LIKELY TO SUCCEED
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Richard Whorf

Dave Sumners, promis à un brillant avenir, vient rendre visite à son ami de collège Stanley Towers qui a réussi, tandis que lui végète. Stanley lui propose un emploi, tandis que l’épouse de ce dernier lui avoue que son mari n’a pas que de bonnes fréquentations malgré sa réussite.

Lorsque Towers engage comme domestique Dave Sumners, dont il a toujours été jaloux (il était « président délégué des élèves » et « meilleure promesse de son école »), nous comprenons que l’homme n’a pas fait un cadeau à son camarade de collège. Les deux hommes ne se sont pas vus depuis vingt ans.

Sumners se confie à la femme de son ami. Son chemin semblait tracé, tout lui réussissait, mais la vie en a décidé autrement. Le destin s’est acharné contre lui. Très vite, un lien de confiance (et de confidences) se noue entre Sumners et Louise Towers, malgré la différence sociale. Pourtant, en arrivant dans la maison, la bonne l’a pris pour un clochard et ne voulait pas le faire entrer.

Cet épisode se présente comme une réflexion sur la réussite sociale et ses aléas. Towers est devenu un alcoolique, alors qu’il a gagné son premier million à 32 ans.

La « générosité » de Towers ne dure pas et au premier caprice de son épouse, il ne tarde pas à congédier son ami, qui cependant n’a pas dit son dernier mot. D’ailleurs, est-il à ce point un « looser » et s’est-il présenté sous son vrai jour ?

Malgré un physique peu avenant mais des allures sympathiques, Howard Morris en Dave Sumner domine la distribution avec la jolie Joanna Moore en Louise. Jack Carter qui incarne Stanley nous livre une interprétation plus classique.

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32. VICTIM FOUR JOE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Talmage Powell. Réalisation : Paul Henreid

Lors d’une randonnée en montagne, Joe Drake et sa femme Madeline font une terrible chute qui laisse Joe handicapé. Joe ne peut plus travailler et seule sa femme subvient seule aux besoins du foyer. Joe reçoit la visite de Ralph Morrow, ancien prétendant de son épouse. A la radio, on parle d’un tueur en série que la presse a appelé « Le boucher »  qui en est déjà à sa troisième victime. Or ce soir-là, Madeline ne rentre pas à la maison.

Episode à l’ambiance nocturne, puisqu’à part la scène d’accident en montagne vue en flash-back, toute l’histoire se concentre la nuit, à la recherche de Madeline, afin de lui éviter d’être la quatrième victime du « boucher ».

Cet opus nous propose une chute qu’aucun téléspectateur n’aurait pu deviner, puisque l’identité du tueur en série constitue une belle trouvaille et une surprise de taille.

La visite de l’ancien courtisan de Madeline, Ralph (John Lupton) de retour d’un voyage en Europe après six mois, crée d’emblée une tension. Il vient un soir où Madeline n’est pas encore rentrée du restautant où elle travaille. Cela rappelle à Joe (Paul Comi) l’échange qu’il a eu avec sa femme juste avant l’accident à son sujet, et nous permet d’ailleurs d’assister à ce dernier, très spectaculaire.

Ralph devient le symbole et le signe annonciateur des tragédies : le couple parlait de lui quelques minutes avant l’accident, et il surgit le soir où Madeline n’est pas rentrée.

Pourtant, les deux hommes partent en ville, mettant de côté leur jalousie, pour chercher la jeune femme.

Madeline (Peggy Ann Gardner), sous ses airs d’épouse idéale, est un être torturé. Le suspense, absent de tant d’épisodes de cette ultime saison, est de retour et pour de bon.

Le téléspectateur se demande par quelle coïncidence Madeline est en retard pour rentrer le jour précis où l’ancien rival rend visite à son mari. Un bon suspense policier s’en suit. Les trois comédiens principaux sont parfaits et servent l’histoire à merveille.

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33. THE OPPORTUNITY
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de J.W. Aaron. Adaptation : Bryce Walton et Henry Slesar. Réalisation : Robert Florey

Dans un grand magasin, Lois Callen se fait prendre en train de voler un collier. Le directeur, Paul Devore, la fait chanter et lui laisse penser qu’il veut qu’elle devienne sa maîtresse, sinon il préviendra son mari et la police.

Héros de « La grande vallée », Richard Long tient ici un bien vilain rôle, Paul Devore. Il est malheureux en ménage avec une femme riche qui veut le quitter, Kate (Rebecca Sand). Il oblige une malheureuse, Lois Callen (Coleen Gray), à le ficeler sur son lit avec des cravates et à lui mettre un bâillon sur la bouche, tout ceci après avoir simulé un cambriolage. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu au retour de week end  de sa femme Kate.

On perd un peu de temps au début, lorsque Devore oblige la voleuse à rédiger une confession, on nous dirige aussi vers une fausse piste : il voudrait l’obliger à devenir sa maîtresse. En fait l’homme a dans la tête un plan machiavélique.

Scénario un peu osé pour l’époque, même si rien de scabreux n’arrive finalement. Le plan de Devore est assez tortueux et risqué. Richard Long manque parfois un peu de conviction dans ce personnage diabolique. Rebecca Sand est plus à l’aise dans un rôle de garce, tandis que Coleen Gray joue à merveille la femme prise dans un piège infernal.

Notons que la garde chiourme qui a piégé la voleuse, Mrs Ranwiller (Olive Dunbar) fait une trop courte apparition et que son personnage est de loin le plus crédible de la distribution. Elle aurait fait une excellente Madame Danvers dans « Rebecca ».

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34. THE TWELVE HOUR CAPER
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Mike Marmer.  Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : John Newland

Herbert Wiggam se voit privé d’une promotion attendue au profit d’un neveu de la femme du patron, Tupper. Il décide de se venger en volant 500 000 dollars qui doivent faire l’objet d’une transaction dans l’entreprise.

Retour de Dick York en héros malheureux, Herbert, privé de la promotion qu’il attend après onze ans de bons et loyaux services au profit d’un neveu pistonné par la femme son patron Tupper (Wendell Holmes).

L’épisode aborde résolument le registre de la comédie, et il ne faut attendre aucun suspense. Excepté un peu vers la fin avec la scène de la femme de ménage dont on comprendra avec la chute que le héros Herbert Wiggam n’était en rien menacé d’être percé à jour.

Dans le rôle du neveu pistonné, Webster (Kreg Martin), l’acteur  est odieux à souhait. Il méprise Herbert, lui dérobant un prospectus pour un voyage à Rio et demandant si sa mère vient avec lui.

Mais c’est surtout le retour, dans le rôle de miss pommes frites ( !) de la délicieuse Sarah Marshall après l’épisode « La lettre » (06-12). On ne la voit pas cependant pas assez, reléguée à un rôle secondaire. Elle est une secrétaire convoitée par un employé qui lui fait du plat. Tout au long de l’intrigue, elle tiendra un rôle vraiment de simple belle plante décorative et c’est fort dommage.

Le reste est très prévisible, avec la victoire annoncée de l’employé frustré, victoire presque trop facile.

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35. THE CHILDREN OF ALDA NUOVA
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Robert Wallsten. Réalisation : Robert Florey

Frankie Fane, touriste américain, s’ennuie à Rome. Il rencontre un compatriote, Ainsley Crowder, qui lui suggère de louer une voiture et de visiter des ruines. Mais Fane disparaît après avoir rencontré une horde de jeunes mendiants en furie, et un policier, Siani, est chargé de le retrouver.

Episode détestable pour qui connaît bien l’Italie, décrite ici comme un pays de sauvages dès que l’on s’écarte des sentiers battus. Dans le rôle de Frankie, Jack Carson incarne l’américain moyen rustre, incapable de commander une boisson sans l’aide d’un compatriote, Ainsley Crowder (Christopher Dark) qui lui suggère (et il aurait mieux fait de s’abstenir) de faire une visite plus approfondie de l’endroit.

Le touriste se fait lyncher par une bande de jeunes aux visages assez sales. Certes, ce n’est pas un saint, comme le policier Siani le révèle à Crowder dans la chute, mais nous avons ici une vision caricaturale, tel que l’américain de 1962, pouvait se faire de l’Italie. Le gros reproche que l’on peut faire au metteur en scène Robert Florey est de ne même pas avoir cherché à donner une identité à ces jeunes italiens, qui pourraient être une bande de voyous américains.

Christopher Dark est le meilleur comédien de la distribution dans le rôle de Crowder. Le policier Siani est incarné par l’allemand Stefan Schnabel (1912-1999) qui manque sérieusement de crédibilité. Les italiens sont ici montrés comme des sauvages La scène du lynchage, à la moitié de l’épisode, laisse un profond sentiment de malaise. Voilà le genre d’histoires qui n’aurait aujourd’hui aucune chance d’être filmée. Le scénario, par ailleurs, est très creux et l’explication de Siani dans la chute tombe comme un cheveu sur la soupe.

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36. FIRST CLASS
INÉDIT EN FRANCE



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Don Weis

Récemment divorcé, Edward Gibson apprend que son ex-femme a fait faire un portrait d’elle-même par un peintre pour la somme de 2500 dollars qu’il refuse de payer.

Retour de Robert Webber dans cette comédie où il se fait duper par son meilleur ami Carl Seabrook (Jeremy Slate) qui désormais fréquente son ex-femme Gloria. Tout le début de l’épisode est verbeux, surtout constitué de dialogues entre un Edward Gibson furieux et le gérant de la galerie de peinture, Munro (John Abbott). Gibson (Robert Webber) refuse de payer le portrait.

Le deuxième acte commence avec l’arrivée de Carl, qui voit désormais l’ex-femme, et Gibson va tenter de lui faire payer le tableau. Tout cela est dénué de suspense et ressemble à du théâtre filmé sans inspiration. Puisque Carl aime Gloria, l’ex-mari est décidé à lui faire un prix.

Ainsi se déroule tout l’épisode. Jeremy Slate est particulièrement mauvais dans sa composition, face à un Robert Webber à l’aise comme d’habitude. Cela crée un déséquilibre dont l’opus se ressent beaucoup.

Tout l’édifice sombre vite dans le ridicule et le grotesque. Henry Slesar en petite forme a rédigé à la va-vite une histoire qui ne tient pas la route. A partir du moment où Edward apprend que Gloria est morte,  Webber en fait trop et devient lui-même passable dans sa composition. Un épisode qui est tout sauf drôle.

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37. THE BIG KICK
INÉDIT EN FRANCE

hitchcockpr 5 37

Histoire et adaptation : Robert Bloch. Réalisation : Alan Crosland Jr

Kenneth Redman est un professeur qui s’intéresse au mouvement beatnick. Dans une surprise party, il rencontre Judy Baker, qui vit dans le dénuement. Elle est la petite amie de Mitch et tous deux vont monter une combine pour l’arnaquer. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévues.

Le gros problème de cet opus est que le comédien Wayne Rodgers est beaucoup trop jeune dans le rôle du professeur Kenneth Redman, par rapport au couple Anne Helm-Judy et Brian G. Hutton-Mitch.

Anne Helm est de retour après l’épisode « The changing heart » (06-14) où elle était la fille de l’horloger. Ses airs trop sages nous empêchent de croire à une fille délurée et libérée qu’elle prétend être.

Avec Robert Bloch, on a une fin horrifique à souhait, mais elle survient après un récit peu cohérent et mal construit. L’arnaque montée par les deux étudiants est une ficelle un peu grosse. En 1962, la vision des beatnicks dans cette série était caricaturale, celle que le téléspectateur avait envie de voir et non la réalité. On est en déphasage total avec ce que le cinéma a montré par la suite.

La scène du collier offert par Kenneth à Judy et que Mitch essaie de monnayer chez un bijoutier  (une « plaisanterie  du » professeur) nous dévoile en partie ce que sera la chute. On s’étonne qu’ensuite, Judy ne se montre pas plus méfiante.

L’épisode est d’une lenteur agaçante et le téléspectateur n’adhère jamais à l’histoire.

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38. WHERE BEAUTY LIES
INÉDIT EN FRANCE 

hitchcockpr 5 38

Histoire d’Henry Farrell. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Robert Florey

Caroline Hardy éprouve un amour possessif pour son frère Collin. Elle vient de vivre une déception amoureuse en découvrant que son amoureux Paul Ross est un homme marié.

Cloris Leachman incarne ici, le rôle ingrat d’une vieille fille laide, Caroline Hardy, qui n’arrive pas à se caser et se raccroche à son frère Collin (George Nader). Il y a presque un aspect incestueux dans cette relation. Caroline a été ridiculisée par un homme marié, et voit d’un mauvais œil la liaison de son frère avec une certaine Joan (Pamela Curran).

Cloris Leachman a été enlaidie pour les besoins de la cause par le réalisateur Robert Florey. Lors de travaux dans l’appartement de son frère, elle jette son portrait avec rage, et le hasard veut que de l’acide se répande dessus et le déforme. Aussi met-elle un liquide inflammable dans la cheminée qui défigure son frère en lui brûlant gravement le visage lorsqu’il allume et le rend aveugle, histoire de le garder définitivement pour elle.

Florey fait ensuite exprès des plans qui nous empêchent de voir le visage de Collin. Il fait en sorte que la chute pour le téléspectateur soit le plus surprenante possible.

Cet opus qui aurait pu être réussi souffre d’un manque de suspense total, de longueurs, alors qu’il aurait fallu un rythme soutenu. En se concentrant sur la seule actrice principale, le metteur en scène exclut beaucoup George Nader. On regrette que le résultat final soit un épisode tout juste passable. Les plans censés nous effrayer ratent leur cible, et l’épisode est plus une étude de la folie de Caroline qu’une histoire à suspense.

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39. THE SORCERER'S APPRENTICE
INÉDIT EN FRANCE 

hitchcockpr 5 38

Histoire et adaptation : Robert Bloch. Réalisation : Josef Leytes

Le grand Sadini est un magicien. Il trouve un jour un jeune inconscient, un simple d’esprit qui se croit mort.

Victor Sadini (David J. Stewart) nous rappelle, en plus effrayant, le Joe Ferlini de « The last escape » (06-17). Il y a des similitudes entre les deux épisodes : Ferlini était cocu, Sadini aussi. Irene (Diana Dors), l’épouse du magicien, a une liaison avec George Moross (Larry Kert), le funambule. Le jeune héros un peu simplet, Hugo (Brandon De Wilde) pense que Sadini est le diable et Irene un ange. Il réagit fort mal en assistant au fameux numéro de la « femme coupée en deux », pensant que Sadini  a tué « l’ange ».

Comme dans « The last escape », la femme veut tuer le mari magicien. Elle se sert pour cela d’Hugo qui poignarde « le diable ».

Avec Robert Bloch, il faut s’attendre à la fin la plus horrifique possible Pour avoir persuadé qu’il était un magicien égal de son mari Sadini simplement en lui donnant une baguette, Irene, que le jeune Hugo a poussé et assommé, connaîtra un sort épouvantable qu’elle a bien cherché.

Diana Dors domine l’épisode par sa beauté et sa tonicité, Brandon De Wilde fait moins simplet que son personnage le requiert, et David J. Stewart en « grand Sadini » se contente de grimaces et de mimiques, sans réellement convaincre.

Malgré la chute typiquement horrible de Robert Bloch, l’opus reste moyen et conclut donc sept saisons de « Alfred Hitchcock présente ». L’anthologie souffre d’épisodes inégaux : quelques chefs d’œuvre, mais beaucoup d’histoires approximatives, que la présence du maître du suspense comme présentateur fait passer pour mystérieuses ou horrifiques. Ce manque de sélection dans les intrigues choisies, qui étaient parfois meilleures sur le papier qu’à l’écran, a fait considérablement vieillir la série. Alfred Hitchcock continua pendant 93 épisodes sous un autre format sa série avec « The Alfred Hitchcock hour » en trois saisons, de 1962 à 1965. Beaucoup d’épisodes, avant d’être filmés, furent présentés dans la revue « Ellery Queen’s mystery magazine ». La série elle-même devait susciter la création dès 1956 du « Alfred Hitchock’s mystery magazine » soit pendant la première saison.

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Images capturées par Patrick Sansano.