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Les Brigades du Tigre (1974-1983)

SAISON 3 (1976/1977)

 


13. BONNOT & CIE

Résumé :

1913 Le théoricien de la bande à Bonnot, condamné par la tuberculose, s’évade de prison et forme un nouveau gang qui sème la terreur. Il a surtout un compte à régler avec le commissaire Valentin, responsable de son arrestation.

Critique :

Comme à chacune des deux premières saisons, l’ombre de Bonnot plane sur une histoire. Bonnot & Cie est le dernier opus de la trilogie après Nez de chien et Le défi.

Liébert, un des deux théoriciens de la bande, est atteint de tuberculose et purge sa peine de cinq années à l’infirmerie de la prison. Condamné à brève échéance, il s’évade en compagnie de Bel-œil, un jeune malfrat borgne et admirateur émerveillé. D’une planque dans l’Indre, Liébert prend la direction de la petite bande de Romarin, un truand proxénète, et organise des attaques chez les riches fermiers. Un excellent moyen pour l’anarchiste d’attirer l’attention et le commissaire Valentin dans un piège, qu’il a mûrement préparé. Romarin est le maillon faible, mais avant que les Hommes du Tigre aient pu l’interroger, Liébert le fait éliminer.

Tels les autres récits évoquant Bonnot, cet épisode est tragique et violent (la torture du fermier, la tentative de viol, l’exécution de Romarin). L’intrigue est parsemée de scènes intéressantes et la longue attaque de la ferme  avec ses deux passages violents évoqués plus haut  est le clou de l’épisode. À cette occasion, la fuite des bandits masqués est une réminiscence d’une scène de Ce siècle avait 7 ans… ; la puissante voiture faisant face aux chevaux des gendarmes. À noter aussi la première rencontre de Liébert avec l’’équipe’ de Romarin, qui est la prise de pouvoir du théoricien anarchiste (‘Les putes n’ont rien à faire ici, dis-lui de se tirer’), le cocasse repas des policiers à l’auberge et le piège du trio à Romarin. L’interprétation est également, comme presque toujours, l’élément majeur de la réussite de l’aventure. 

Les seconds rôles aux noms haut en couleur sont parfaits : Bel-œil, le truand admiratif, La Poule, la fille aux mœurs légères, une ‘pas-grand-chose’ aux dires de l’agent de police, Romarin, le julot casse-croûte poltron, et le truculent gendarme. Tous sont d’excellents faire-valoir à Liébert/Jolly, un des meilleurs méchants de la série. À lui seul, il fait de l’épisode un temps fort de la troisième saison. La ruse et l’efficacité de l’anarchiste (les masques portés lors des attaques, la fausse lettre anonyme) sont calculées face à la gravité de la maladie, qui est très bien retranscrite par le personnage frigorifié près du feu et les toux sanglantes.

Le seul bémol est le final, pas à la hauteur du reste, avec la fusillade quelconque sur une musique inappropriée. La qualité de l’ensemble compense et l’épisode garde son statut de quatre bottes, et complète la grandiose trilogie Bonnot de la série.

Anecdotes :

o Cet épisode a été diffusé le 10 décembre 1976  sur Antenne 2.

o Hervé Jolly, Liébert, a joué dans Rita et le caïd.

o La Poule est interprétée par Macha Béranger (1941-2009), qui a animé l’émission Allo Macha sur France-Inter pendant une trentaine d’années, de 1977 à 2006.

o Claude Legros (1932), le paysan, reviendra dans Don de Scotland Yard et Les enfants de la Joconde.

o Sylvain Lévignac (1929-1994), qui joue le père de Catherine Barré dans Le défi, est le fermier rançonné dans cet épisode. Il était un acteur et un cascadeur français. Il a tourné dans deux autres épisodes : Le réseau Brutus, Les fantômes de Noël.

o Michael Schwarzmaier (1940), Romarin, est un acteur allemand qui participa aux séries germaniques Le renard, Tatort, Soko, brigade des stups

o Jacques Giraud, le gendarme, participe aux épisodes L’homme à la casquette, L’ange blanc, Rita et le caïd.

o Jacques Chevalier, l’infirmier, est le brigadier dans L’ange blanc.

À partir de cette saison, Jean-Claude Bouillon est en tête de distribution, et les autres acteurs apparaissent en ordre alphabétique : Pierre Maguelon, François Maistre, Jean-Paul Tribout.

o Bizarrement, l’introduction en voix-off de Claude Dasset est placée après le générique pour cet épisode.

o Valentin recoud les boutons de sa veste à son bureau. Le célibat du personnage est ainsi souligné. À l’auberge, il commande du saucisson et un bifteck frites.

À noter de faux raccords de lumière lors de la fusillade de la scène finale (source : Les Brigades du Tigre, les limiers des temps modernes, Éditions Yris). En fait, c’est surtout la musique, inhabituelle et inappropriée, qui est gênante !

o Les radiographies pulmonaires sont l’invention mise en avant de l’épisode. Les cheveux retrouvés sur le masque, prépondérants pour l’enquête, marquent les prémices des recherches ADN (Valentin : ‘Ça, pour nous, c’est aussi précieux qu’une empreinte digitale’). Il y a également le chien pisteur, utilisé dans L’auxiliaire, qui retrouve le corps de Romarin au fond du puits.

o Alors que Terrasson a repéré la fille qui s’éclaffe à une autre table (La Poule), Pujol, pas dupe, lui précise : ‘Des comme ça, tu en as autant que tu veux pour vingt sous, rue Quincampoix.’ La rue Quincampoix a été désignée populairement comme « rue des Mauvaises-Paroles » et comme « rue des Cocus ». La rue existe au moins depuis le 13e siècle.

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14. L'HOMME À LA CASQUETTE

Résumé :

1909  Des hommes, célibataires, sont retrouvés dans leur lit, nus et une balle dans la nuque. Un clochard a vu s’enfuir un individu avec une casquette. L’enquête mène les Brigades du Tigre vers une jolie blonde énigmatique dont le mari a mystérieusement disparu.

Critique :

Une série de meurtres étranges émeut l’opinion publique. Les victimes sont toujours des hommes et le mode opératoire est identique ; le meurtrier porte une casquette et hante, la nuit, les rues désertes de la capitale. Lorsque l'assassin perd son couvre-chef sur les toits après avoir échappé à une patrouille, l’enquête des Hommes du Tigre permet d'identifier le propriétaire : Joseph Mérical, un individu apparemment peu fréquentable. L’homme n’est pas retrouvé mais le commissaire Valentin se rend chez sa femme, Henriette. Celle-ci a rompu tout contact et vit séparée de son mari, mais elle se sent traquée par son époux jaloux et possessif. Surveillée par la police, Henriette se révèle et, malgré ses apparences puritaines et bigotes, la jalousie du mari semble se justifier amplement. Elle se dit fatiguée de toute cette affaire, de tous les hommes… Les prétendants de la belle succombent de mort violente les uns après les autres, et Paul Valentin décide de tendre un piège au mystérieux conjoint : il joue les jolis cœurs et séduit la ravissante Henriette, se prenant même au jeu, et ses soupçons se confirment…

Les meilleurs moments sont l’apparition de Claude Bolling en chanteur de rue, la poursuite de l’homme à la casquette par les deux policiers jusqu’à sur les toits (‘C’est pas encore demain qu’on sera nommé brigadier’), le face à face Valentin/Henriette au bureau de police qui jette le trouble, la scène de l’église et le final à l’auberge du mouton blanc.

Cet épisode mystérieux et original tient en haleine jusqu’à la scène finale… sauf si on l’a déjà vu car on ne peut l’oublier, même quarante ans plus tard ! Certes, la vérité effleure le téléspectateur avant le dénouement, car la silhouette frêle de l’homme à la casquette et le mari invisible laissent des doutes. Néanmoins, certains subterfuges, comme le ‘suicide’ par noyade de Mérical et le garnement boutonneux aux pieds nus providentiel, entretiennent le suspense. La dissolution des mœurs caractérise l’époque et Henriette, pieuse et renfermée, collectionne les amants ; la scène de drague à l’église est d’ailleurs magistrale. L’affaire s’éclaircit lorsque Terrasson découvre que Mérical fréquentait une prostituée dans un lupanar après son mariage. C’est une aventure incontournable des Brigades, comme quatre ou cinq autres histoires. Le récit, noir et tendu, flirte avec la psychologie et la folie, mais il n’empêche pas l’inimitable gouaille de Terrasson de s’exprimer dans des réparties savoureuses et indispensables. Une aventure très bien interprétée notez le jeu et les répliques de Viviane Gosset, la mère d’Henriette  sur des airs mélancoliques très subjectifs lors des apparitions d’Henriette, qui éprouve en même temps une haine des hommes et une attirance irrésistible vers eux, qui la fait se comporter en mante religieuse. 

Anecdotes :

o Cet épisode a été diffusé le 17 décembre 1976  sur Antenne 2.

o Claude Bolling, le compositeur de la musique de la série, interprète le chanteur de rue. Il chante L’homme à la casquette, accompagné de l’accordéoniste Jo Courtin. Claude Bolling : « Avec Claude Desailly, nous avons écrit la chanson de L’homme à la casquette. Victor Vicas cherchait quelqu’un pour jouer un chanteur de rue comme il en existait au début du XXème siècle. N’ayant trouvé personne qui lui convenait, je lui propose de camper moi-même le personnage, accompagné à l’accordéon par Jo Courtin. On nous a grimés et habillés comme les chanteurs des rues que j’entendais dans mon enfance Square du Champ de Mars ! Et nous avons chanté en direct à l’image » (Extrait du livre Bolling Story, Editions Alphée, 2008, de Claude Bolling et Jean-Pierre Daubresse avec une préface d’Alain Delon).

o Michèle Grellier interprète Henriette Mérical, le personnage principal de cet épisode. Étonnant qu’on n’ait pas proposé à cette jolie femme le rôle d'Angélique, marquise des anges . Elle correspondait au personnage : blonde, sensuelle, diction parfaite, altière et sensible. Plus douée, aussi belle mais moins connue que ses concurrentes sans doute. Elle fut pensionnaire de la Comédie-Française de 1958 à 1961.

o Viviane Gosset (1908-1996), Mme Soligny, a joué dans les épisodes Les demoiselles du Vésinet et Lacs et entrelacs.

o Sébastien Floche, Lampel, reviendra dans Le village maudit et Le temps des garçonnes.

o Jacques Giraud, le sergent de ville, a participé aux épisodes Bonnot & Cie, L’ange blanc, Rita et le caïd.

o Dominique Zardi (1930-2009), le clochard témoin, est le souteneur Rafa dans le premier épisode, Ce siècle avait 7 ans… (une seule scène, au café avec Valentin). Il a souvent joué des rôles de truands dans des films de Claude Chabrol et Jean-Pierre Mocky.

o Pujol montre la casquette trouvée sur les toits à Henriette qui confirme qu’elle appartient à son mari. Elle est dans une enveloppe marron, mais l’inspecteur reprend la casquette en laissant l’enveloppe sur la table.

o Un mélange de vouvoiement et de tutoiement surprenant lorsqu’Henriette refuse les assauts empressés d’un amant et lui promet de le rejoindre le soir même : ‘Si vous voulez, ce soir chez vous, je vous promets’ puis : ‘Maintenant, va-t-en’.

o J. Lampel, le chapelier de Saint-Quentin, est proche d’un excentrique cher aux Avengers !

o Après Collection 1909, c’est la seconde fois que la police utilise un scaphandrier pour sonder les eaux.

o La voix-off de Claude Dasset fait référence au décès du président Félix Faure dans les bras de sa maitresse, Meg Steinheil. Le 16 février 1899 , le Président l'appelle au téléphone et lui demande de passer le voir en fin d’après-midi. Quelques instants après son arrivée, les domestiques entendent un coup de sonnette éperdu et accourent : allongé sur un divan, Félix Faure râle tandis que Marguerite Steinheil rajuste ses vêtements en désordre. Le chef de l'État meurt quelques heures plus tard. Officiellement, sa mort est due à une hémorragie cérébrale. Mais on connaît cet échange entre le prêtre et le planton : « Le président a-t-il encore sa connaissance ? — Non, monsieur l’abbé, elle est sortie par l'escalier de service. » Ce scandale est demeuré caché à l'opinion publique mais refait surface en 1908 lorsqu'une autre affaire  évoquée dans le pré-générique  touche Meg Steinheil, qui a entretemps gagné le cruel surnom de "pompe funèbre". (Source : wikipedia).

o Tirer le cordon, l’expression qu’emploie la concierge à Valentin, signifie bombarder en langage familier. 

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15. DON DE SCOTLAND YARD

Résumé :

1908Le plus grand escroc du Royaume-Uni, spécialisé dans le vol de bijoux, s’est ‘évadé’ de sa tombe et a trouvé refuge de l’autre côté de la Manche. Les Brigades Mobiles, chargées de le coincer, sont tournées en ridicule.

Critique :

Comme Visite incognito et La couronne du Tzar lors des précédentes, la troisième saison comporte un épisode léger, coincé entre deux excellents beaucoup plus noirs. Le corps de Tommy Bennett est transféré d’une prison de Woolwich, banlieue londonienne tristement célèbre, pour y être enterré dans un cimetière adjacent. C’est un subterfuge de l’insaisissable Arsène Lupin anglais, virtuose du déguisement et de l’évasion, et amateur de bijoux et de jolies femmes.

Scotland Yard fait savoir à Faivre que le plus célèbre malfaiteur anglais se trouve depuis peu sur le territoire français. Les policiers de Sa Majesté souhaitent que les brigades du Tigre puissent rapidement mettre la main sur le malfrat, avant qu'il ne commette un nouveau méfait. La tâche s’annonce ardue car Valentin et ses collègues ne savent pas à quoi ressemble Bennett. Les policiers espèrent le cueillir dans un château de Sologne où quatre joailliers doivent présenter leur collection au Marquis de Barempré.

Si le plan de l’escroc tient debout et est digne d’un bon Arsène Lupin (‘Your greatest achievement, Tommy’), le passage du maharajah est bien bancal. La confusion De Jong/Epstein est peu plausible et on se demande comment le commissaire ne reconnaît pas Bennett, déjà vu en marquis, étant donné que les déguisements sont plutôt grossiers. Edward Meeks est en fait très reconnaissable sous ses accoutrements et son personnage n’est qu’un plagiat d'Arsène Lupin.

Il y a beaucoup de longueurs, peu de suspense et l’aventure est très inégale ; cela donne l’impression d’une succession de vignettes disparates. Les points positifs de l’épisode sont les tournages en extérieurs, la profusion de vieux tacots, la gouaille de Maguelon/Terrasson (‘Je vous recommande le pâté en croute, fameux !’) et le bal masqué final à la propriété des Ducoroy. L’interprétation est bonne et on remarque surtout le couple Ducoroy dans la dernière partie : la jolie Christiane Krüger et Philippe Brigaud, l’acteur le plus souvent invité avec cinq participations à la série. Il me détailla la particularité de son costume de diable qu’il porte lors du bal costumé.

Le grand intérêt de l’aventure est de démontrer que la série a la capacité de varier les genres et, par conséquent, elle peut ravir les plus jeunes et les inconditionnels de comédies.

Anecdotes :

o Cet épisode a été diffusé le 24 décembre 1976 sur Antenne 2.

o Edward Meeks (1934), Tommy Bennett, fut le partenaire d’Yves Régnier dans Les Globe-Trotters, une série française en 39 épisodes de 30 minutes, diffusée sur la première chaîne de l'ORTF de 1966 à 1967.

o Christiane Krüger (1945), l’énigmatique Myriam Ducoroy, est la fille de l’acteur Hardy Krüger. Elle a joué dans de nombreuses séries allemandes : Le renard, Un cas pour deux, Derrick (9 épisodes !), Tatort, Soko, brigade des stups, mais aussi britannique : Paul Temple. 

o Philippe Brigaud, Henri Ducoroy, a tourné dans quatre autres épisodes de la série : Visite incognito, Collection 1909, Les demoiselles du Vésinet et le dernier de la série, Lacs et entrelacs.

o Henry Djanik (1926-2008), Itzmir, était spécialisé dans le doublage. Il est la voix française mémorable de Telly Savalas de Kojak.

o Antoine Marin (1926-1994), Epstein, était Tavernier dans Les vautours de la première saison. 

o Claude Legros (1932), le cireur de chaussures, était le paysan dans Bonnot & Cie et sera l’abbé dans Les enfants de la Joconde.

o Jacques Legras (1923-2006), Chevreux, est connu pour l’émission populaire La caméra invisible. Il joua dans de nombreux nanars aux titres sympathiques : Sex-shop, Le trouble-fesses, Le jour se lève et les conneries commencent, Mon curé chez les Thaïlandaises, Comment faire l’amour avec un noir sans se fatiguer... sans oublier la série des Charlots.

o Les Jeux olympiques d'été de 1908, quatrième Olympiade de l'ère moderne, ont été célébrés à Londres du 27 avril au 31 octobre 1908 (NDLR : contrairement aux deux semaines évoquées en prélude à l’épisode). L’évènement se déroula dans le cadre de l'exposition franco-britannique commémorant l'Entente cordiale. Les Jeux olympiques de Londres se déroulèrent en quatre phases. Tout d’abord, les « jeux de printemps », de la fin avril à la mi-juin, regroupant les sports de raquettes et le polo. Ensuite, les « jeux d’été », durant le mois de juillet, accueillirent la majorité des sports olympiques au programme tels l’athlétisme, la natation ou la gymnastique. De la fin juillet à la fin août, des « jeux nautiques » regroupant la voile et l’aviron sont organisés à l’extérieur de la ville. Enfin, les « jeux d’hiver », quatrième phase du programme, permirent aux spectateurs de suivre les épreuves de patinage artistique, de boxe et de rugby pendant la deuxième quinzaine du mois d’octobre (Source : wikipedia).

o Contrairement à certains épisodes, des sous-titres apparaissent lorsque l’inspecteur Bright parle anglais (scène du cimetière).

o Pour donner l’illusion londonienne, remarquez Big Ben en carton-pâte en arrière-plan lorsque les voitures quittent le cimetière et le carillon entendu la nuit venue.

o Bennett mesure cinq pieds dix pouces, ce qui fait 1,78 m.

o M. et Mme Ducoroy jouent au croquet. Le croquet est un jeu d'extérieur pratiqué en principe sur gazon et occasionnellement sur terrain sableux. Le jeu est constitué de boules en bois poussées à l'aide de maillets à travers des arceaux. Il a été extrêmement populaire pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle et est aujourd'hui toujours pratiqué principalement au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis (Source : wikipedia).

o L’expression ‘How do you do ?’ n’a pas d’équivalent français (on l’emploie parfois pour dire bonjour) et Valentin est déconcerté lorsque Mme Ducoroy lui demande : ‘Comment allez-vous ?’. Il répond : ‘Bien merci’.

À noter le toast ambigu de Faivre : ‘À la santé des bijoux de famille de monsieur Ducoroy !’

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16. LE CAS VALENTIN

Résumé :

1913 Le commissaire Valentin est soupçonné d’être corrompu par le milieu. Les preuves s’accumulent contre lui et il est obligé de démissionner.

Critique :

Le début de l’année 1913 est marqué par une recrudescence d’activités criminelles, et les gros bonnets de la pègre bénéficient d’une chance incroyable de passer entre les mailles des filets de la police. Après plusieurs mois d’enquête, les Brigades du Tigre parviennent à localiser le quartier général d’un des chefs du milieu, mais au moment de l’arrêter, la planque est vide. Un malaise profond règne dans les forces de police lorsque l’on découvre que les criminels possèdent des indicateurs. La suspicion existe désormais partout, même au sein des fameuses Brigades, pourtant réputées au-dessus de tout soupçon. Cependant, Dervaux, un directeur de cabinet, affirme, preuves à l'appui, que le commissaire Valentin est lui-même impliqué dans cette histoire de corruption : il aurait souscrit des emprunts russes pour une somme exorbitante et il serait en ménage avec une fille liée à la pègre. L'affaire prend de l'ampleur et, sur les conseils de sa hiérarchie, Valentin se voit bientôt dans l'obligation de donner sa démission.

Un excellent épisode à l’ambiance particulière, un des meilleurs de la série, toutes saisons confondues. Il y a peu d’action mais Jean-Claude Bouillon est omniprésent et remarquable : il est parfait en flic déchu au bord de la rupture. La machination est particulièrement bien montée et on se demande comment Valentin va s'en sortir, jusqu'à la surprise du dénouement. Les supputations de Pujol et Terrasson sont exquises (‘Comment ça peut changer un type une bonne femme, c’est pas croyable !’). On se doute que l’agence de détectives n’est qu’un coup monté mais l’intrigue n’est révélée qu’à la fin ; la voix-off donne même les ultimes explications concernant l’emploi de la ravissante Mira juste avant le générique. Il faut se repasser l’épisode une seconde fois pour connaitre le rôle exact de chacun, comme celui de la concierge, ou le but de la visite impromptue de Valentin à Mira avant le rendez-vous. Tous les acteurs sont excellents, depuis le regretté Armand Mestral jusqu'à Yves Peneau, le secrétaire mystérieux, sans oublier Sabine Glaser, qui joue la délicieuse Mira. A noter que Faivre/François Maistre a de nombreuses scènes en dehors de son bureau, ce qui est inhabituel.

Les meilleurs moments sont la descente de police au garage déserté (première séquence), le long passage de Valentin dans l’appartement de Mira (surpris par ses inspecteurs Pujol et Terrasson puis chloroformé), le coup monté de l’enquête de Valentin en détective privé, qui le compromet dans l’assassinat de l’encaisseur de banque, et le final mouvementé où l’identité du patron ‘au bras long’ est enfin révélée.

Anecdotes :

o Cet épisode a été diffusé pour la première fois à la St Sylvestre 76 sur Antenne 2.

o Sabine Glaser (1946), Mira, est une actrice allemande. On a pu la voir dans les années 70 dans quelques productions dont Sex-shop, La femme en bleu, L’insolent, Les noces de porcelaine, Le faux-cul, L’homme qui aimait les femmes... et un épisode des Enquêtes du commissaire Maigret. Elle fait partie des quelques actrices ravissantes qui, sans avoir connu une grande carrière au cinéma, ont donné un certain cachet à la série.

o Armand Mestral (1917-2000), Louis Arnaudy, est le père de Marie-Claude Mestral qui joua dans L’auxiliaire (deuxième saison).

o René Morard, Melé-cass, le cafetier, a joué dans trois autres épisodes des deux dernières saisons : Made in USA, Le complot, Les princes de la nuit.

o Yves Peneau, Armand Guys, le secrétaire du directeur de cabinet, a participé à deux autres épisodes : Bandes et contrebandes, La fille de l’air.

o Maurice Travail (1929-1994), Dervaux, jouera aussi dans La grande duchesse Tatiana.

o Annie Savarin (1944), l’employée de banque, reviendra dans Les fantômes de Noël.

o Le commissaire Valentin doit se raser les moustaches pour passer incognito… un aperçu des saisons cinq et six, mais Jean-Claude Bouillon, contrairement à Jean-Paul Tribout et Pierre Maguelon, avait une fausse moustache. Jean-Claude Bouillon le confirma lors du salon des séries TV du 19 novembre 2011.

o Lors du salon des séries TV du 19 novembre 2011, Jean-Claude Bouillon déclara que cet épisode était son préféré.

o Le succès de la série tient au souci d’authenticité : notez le vitrier lorsque Valentin retourne à l’appartement de Mira.

o Le nom de la banque est Guimié, à l’orthographe proche du nom de l’administrateur de production, André Guimier. Alors que la banque où travaille l’encaisseur se nomme Seuret-Boulet. Louis Seuret est un assistant décorateur.

o Valentin découvre que la date du 12 juin a été entourée sur le calendrier du Petit Journal. Le Petit Journal est un quotidien parisien républicain et conservateur, fondé par Moise Polydore Millaud, qui a paru de 1863 à 1944. À la veille de la guerre de 1914-18, c'est l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, et Le Journal (Source : wikipedia).

o Arnaudy à Valentin qui a apporté Le Gaulois : ‘Lisez plutôt Le Globe. Cela vous intéressera davantage.’ Le Globe, sous-titré journal littéraire, puis philosophique et littéraire, parut à Paris le 15 septembre 1824. En 1828, il devient aussi politique. Il fut fondé et dirigé par Pierre Leroux et Paul-François Dubois, ce dernier assumant le rôle de rédacteur en chef jusqu'en 1830. En janvier 1831, Le Globe devient le journal de la doctrine de Saint-Simon, puis en août de la même année le journal de la religion saint-simonienne. Il cesse de paraître le 20 avril 1832 (Source : wikipedia).

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17. LE CRIME DU SULTAN

Résumé :

1912  Un meurtre aurait été commis dans la propriété d’un ex-sultan réfugié en France et convoité par les Allemands. Des indices sont découverts, mais pas de cadavre.

Critique :

Deux ans avant le début du premier conflit mondial et un an après le ‘coup d’Agadir’, le Maroc est un sujet sensible de la rivalité franco-allemande. Le général Lyautey parvient à négocier l'abdication du sultan Moulay Hafid, dont les sympathies pour l'Allemagne sont notoires. Mais en dépit de l’exil à Enghien, Lyautey, qui ne fait pas confiance aux hommes du gouvernement, craint que le sultan ne soit récupéré par les Allemands, qui souhaitent le replacer sur le trône. C’est dans ce contexte qu’une jeune femme disparaît chez le sultan.

Cette histoire tient surtout par l’enquête pour retrouver la chanteuse de cabaret disparue. La disparition de Jeanne Méjean à la Renardière, résidence du sultan, mobilise les Brigades, mais, malgré la découverte d’une botte, de vêtements ensanglantés et d’un poignard, le corps demeure introuvable. Le reste de l’intrigue n’est pas sensationnel et le dénouement est même abracadabrant.

Les passages intéressants sont l’arrivée de Jeanne Méjean au château ; une scène savoureuse, surtout après les explications de l’actrice Virginie Vignon. Nos héros n’apparaissent qu’au bout de sept minutes, et l’enquête dans le parc du château est agréable, avec une participation active de Faivre à l’avancée des investigations, ce qui permet au personnage d’avoir des répliques caustiques. Le sultan qui attend en rase campagne sous la pluie est la dernière image comique de l’aventure, mais, avant cela, il y a quelques longueurs : des passages en allemand et en arabe non sous-titrés, le radiesthésiste et la découverte du chien. À noter que le sultan est interprété par Hans Wyprächtiger, un acteur germanique disparu en 2006. D’ailleurs, si le téléspectateur comprend l’allemand, il oriente ses soupçons sur une fausse piste dès le début, car Lambert donne le point faible du sultan à l’officier prussien (‘Die Weibe’, les femmes) et élabore un plan. Néanmoins, le stratagème d’Anna, la complice de Lambert, de la cure thermale en Suisse, ne convainc pas et l’accumulation de preuves contre l’ex-sultan est peu crédible (la lettre anonyme, le calepin dans le fiacre, le faux coupable, l’empreinte sur le poignard, le témoignage et la disparition de Marie-Céleste). L'épisode se laisse regarder mais n'atteint pas les  sommets. 

Anecdotes :

o Cet épisode a été diffusé le 7 janvier 1977 sur Antenne 2.

o Max Amyl (1921-1982), le général Lyautey, était le docteur Carpentin dans Le défi. Il reviendra dans les années 80 dans Le complot.

o Liliane Coutanceau, Marie-Céleste, a joué dans le dernier épisode, Lacs et entrelacs.

o Dominique Delpierre (1948), Anna, tourna avec Philippe de Broca, Pierre Granier-Deferre, Joseph Strick grâce à qui elle fit la connaissance d'Henry Miller avec lequel elle entretiendra une longue correspondance. Elle entame une carrière d'écrivain et de romancière en 1975. Elle est l’hôtesse de l’air dans Le clan des siciliens.

o Virginie Vignon (1947), Jeanne Méjean, a débuté au cinéma en 1966 dans Tendre voyou dans le rôle de la fleuriste. Elle passe ensuite par le cinéma érotique dans les années 70 puis dans les films à succès Et la tendresse ? Bordel ! et L’été meurtrier. Elle est plus présente à la télévision où on la voit dans La dame de Monsoreau, Les faucheurs de marguerites et Les enquêtes du commissaire Maigret. De 1997 à 2003, elle tint le rôle de la greffière dans 16 épisodes de la série Les Cordier, juge et flic .

o Georges Ser, Guénaud, le secrétaire du sultan, a joué dans Le complot, mais il est surtout connu pour avoir joué Louis X le Hutin dans trois épisodes des Rois Maudits (1972).

o Le microscope est l’invention évoquée : il permet de différencier le sang humain de celui d’un lapin !

o En 1904, la France et la Grande-Bretagne concluent, contre l'Allemagne, un accord d’« Entente cordiale » : la France laisse les mains libres à la Grande-Bretagne en Égypte, et en contrepartie, peut instaurer un protectorat au Maroc. En mars 1911, le sultan Moulay Abd al-Hafid, menacé par une révolte, demande à la France de lui prêter main-forte. En mai, les troupes françaises occupent Rabat, Fès et Meknès. L'Allemagne, inquiète pour ses prétentions sur le Maroc, considère cette occupation comme une violation des accords d'Algésiras et décide de réagir (Source : wikipedia).

o Le général Lyautey (1854-1934) est un militaire français, officier pendant les guerres coloniales, premier résident général du protectorat français au Maroc en 1912, ministre de la Guerre lors de la Première Guerre mondiale, puis maréchal de France en 1921, académicien et président d'honneur des Scouts de France. Sa devise, empruntée au poète anglais Shelley, est restée célèbre : « La joie de l'âme est dans l'action ». En mars 1912, la convention de Fès établit le Protectorat français dans l'Empire chérifien, dont Lyautey fut le premier résident général. Il entreprit la « pénétration pacifique » du Maroc, malgré le début de la Première Guerre mondiale. C'est en tant que résident général qu'il laissera une trace profonde dans la société et l'urbanisme marocains. Il entreprit de nombreux travaux dans divers domaines, tels que dans l'agriculture, la foresterie (Source : wikipedia).

o Faivre dit à Valentin avoir été à Madagascar avec Lyautey en 97 (1897  évidemment !) : ‘Qu’est-ce que vous croyez mon garçon ? J’ai pas toujours eu le cul sur un fauteuil !’

o Lorsque le pacha s’accuse à la place du sultan, Terrasson s’exclame : ‘Il est fada.’ Réponse de Valentin : ‘Non, le dévouement féodal, ça existe là-bas.’

o Parmi les papiers que trouve Pujol dans la loge de Jeanne Méjean, notons La lisette de Béranger, souvenirs intimes de Bernard Thalès (1821-1873), publié en 1864.

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18. L'ÈRE DE LA CALOMNIE

Résumé :

1914 Un député, apparemment au-dessus de tout soupçon, est attaqué pour une histoire de mœurs. Bientôt, d’autres lettres, qui accusent l’homme politique de diverses malversations, arrivent aux quotidiens parisiens. Les Brigades Mobiles sont chargées de l’affaire.

Critique :

Peu avant que le premier conflit mondial n'éclate, la presse déclenche une violente campagne contre ce qui est convenu d’appeler la République des camarades : une guerre oppose le monde politique et la presse, qui se montre plus avide de sensationnel que de véritable justice. Germain Bergeval, un député réputé pour son intégrité, est victime d’une campagne de calomnies, l’accusant d’avoir fait avorter une jeune femme mineure. Aidé dans sa tâche par son frère Albin et son épouse Madeleine, Bergeval a créé un mouvement qui ne cesse de prendre de l'ampleur et attise les jalousies. Peu après, les journaux publient trois autres lettres manuscrites de l’élu. Dans ces documents, il apparaît sous un jour nouveau : mœurs dissolues, corruption, et sa réputation immaculée est mise à mal. L’enquête des Brigades du Tigre sur ces lettres prend une tournure particulière après les meurtres du soi-disant faussaire et de son comparse. L’analyse chimique de l’encre montrera à Valentin que rien de tel que l’accumulation d’accusations pour noyer le poisson.

Un très bon épisode clôture cette saison. La corruption des politiciens et la cupidité de la presse sont mises en avant, thèmes toujours d’actualité un siècle plus tard. Le mensonge politique et l’hypocrisie de ce milieu transpirent dans les dialogues ciselés. De plus, la description empruntée à Robert de Jouvenel dans le commentaire pré-générique est éloquente et sied parfaitement au monde politique contemporain : « un monde où les intérêts personnels priment parfois les intérêts publics, où la solidarité confraternelle l’emporte sur l’appartenance à un parti et favorise par un accord tacite l’étouffement des affaires gênantes. »

Il y a peu d’action et les Brigades n’apparaissent qu’après treize minutes, mais l’histoire est captivante et subit de nombreux rebondissements, surtout dans sa seconde partie. On a également beaucoup d’humour, durant les scènes traditionnelles d’entraînement sportif au gymnase et l’attirance de Faivre pour la belle Madame Bergeval sous les railleries de ses troupes (Terrasson : ‘Il ne va plus se sentir, le pépé !’). François Maistre avait évoqué ce passage lors de la réunion de novembre 2011.

Le jeu des acteurs est excellent, que cela soit le personnage principal, interprété par Alain Pralon (je l’aurais mal vu néanmoins en Valentin), mais également les seconds rôles : Albin (‘Ne te fie pas à l’opinion publique, elle a la versatilité de la femme’) et une mention spéciale au directeur du Globe, superbement joué par Albert Médina, disparu en 2009.

Malgré quelques lenteurs, l'enquête demeure intéressante, et la description des milieux de la politique et de la presse d'une parfaite justesse.

Anecdotes :

o Cet épisode a été diffusé le 14 janvier 1977 sur Antenne 2.

o Alain Pralon (1939), le député Germain Bergeval, fut le premier comédien pressenti pour être le Commissaire Valentin.

o Jean-Pierre Sentier (1940-1995), Blaise, est Julien Perrotey dans Les vautours de la première saison.

o Il y a une petite erreur dans le texte lu par Claude Dasset. Ce n’est pas le politologue Bertrand de Jouvenel qui a comparé l’univers fermé que constitue le petit monde parlementaire à une République des camarades. C'est son oncle, Robert de Jouvenel (1882-1924), un journaliste français, qui publia une enquête sur la politique française. Jouvenel fut aussi un polémiste de droite, proche des milieux nationalistes. Il laisse des ouvrages satiriques sur la bureaucratie et le gouvernement de la Troisième République, dont La République des camarades (1914).

o L’affaire Caillaux est évoquée dans le pré-générique. Tandis que Joseph Caillaux exerce la fonction de ministre des Finances dans le gouvernement Doumergue, il subit des attaques dont Le Figaro, dirigé par Gaston Calmette, se fait un relais actif. Dans un premier temps, ces attaques portent sur la politique. Mais Calmette aurait soudoyé la femme de chambre d'Henriette Caillaux pour qu'elle subtilise les lettres de Caillaux à son épouse. Il publie dans son journal plusieurs de ces lettres, écrites avant le mariage des Caillaux. Henriette Caillaux, décidée à défendre la réputation de son mari et la sienne, prend rendez-vous avec Calmette le 16 mars 1914 à la direction du Figaro. Après quelques mots, elle tire à bout portant sur Calmette. Ce dernier en décédera quelques heures après. Lors de son procès, Henriette Caillaux et son avocat plaident le crime passionnel. Fait exceptionnel, le président de la République fait une déposition et nombre de membres de la haute société de l'époque doivent aussi s'exposer. La défense convainquit le jury que le crime n'était pas le fait d'un acte mûrement préparé mais d'un réflexe féminin incontrôlé, transformant le crime prémédité en crime passionnel, et obtint ainsi l'acquittement le 28 juillet 1914 (Source : wikipedia).

o Une référence à Sherlock Holmes lorsque Pujol taquine Terrasson : ‘Terrasson, tu es un type du genre Sherlock Holmes en définitive !’.

o Valentin a recours à un expert graphologue pour l’aider à résoudre cette enquête.

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Captures réalisées par Denis Chauvet.

Crédits photo : TF1 Vidéo.

 saison  saison

Les Brigades du Tigre (1974-1983)

SAISON 2 (1975)

 


7. COLLECTION 1909

Résumé :

1909  Des fuites au sommet de l’État conduisent Valentin dans le milieu de la haute couture et de la politique. Tout se complique lorsqu’un mannequin est assassiné. Une sombre histoire de chantage impliquant des personnalités importantes peut briser la carrière du commissaire.

Critique :

Des secrets d’État s’évaporent dans la haute administration et le président Clemenceau en personne charge confidentiellement Faivre et la première brigade mobile d'en découvrir les origines. Introduit par Hector, un pseudo marquis, dans le gratin du « Tout Paris », le commissaire Valentin concentre bientôt son attention sur le salon de couture d'une ancienne courtisane renommée, Madame Solange de Wambrechie, car ce lieu de rencontre est prisé des diplomates et hauts fonctionnaires. Lorsqu’un mannequin s’effondre, mortellement touché, lors d’une présentation, les recherches s’orientent vers le photographe qui a disparu. Le portrait-robot précipite son élimination, mais l’identité de l’individu conduit Valentin à son ancien patron, Max le flamand, un caïd orgueilleux, sûr de lui, qui vit soi-disant retiré dans un moulin. 

Après un début un peu poussif, l’épisode devient plaisant et des ‘découvertes’ sont évoquées, qui s’avèrent prépondérantes pour l’enquête (le silencieux et le portrait-robot, une invention que Terrasson s’approprie). En fait, Valentin met à jour un réseau de prostitution, mais ce terme n’est jamais employé dans l’épisode ! Madame de Wambrechie n’est qu’une mère maquerelle qui a de puissantes protections politiques et la visite inopinée du sénateur le démontre au commissaire Valentin. Les filles de luxe prennent des clichés compromettants de leurs illustres proies – des politiciens véreux –, ce qui permet au truand Max d’organiser son chantage et de monnayer des secrets d’État. C’est en se rendant chez Coco, une de ces demoiselles, pour prendre le thé, que le commissaire s’aperçoit de la supercherie en échangeant un fougueux baiser avec la belle.

Les meilleurs passages de l’intrigue sont Valentin en dandy oisif qui s’ennuie, l’énigmatique chauffeur barbu posté en surveillance devant le siège des brigades, la scène du scaphandrier et, bien entendu, le tea-time de Valentin dans la somptueuse demeure de Coco. C’est néanmoins la fin mouvementée, avec sûrement la plus longue fusillade de la série lors de l’assaut du moulin et les deux combats, qui est le clou de l’épisode, et ce final vaut bien une botte de plus. « Mesdames, j’ai bien l’honneur. »

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 9 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Mireille Audibert, qui incarne le mannequin Coco Bertin, était une comédienne de cinéma, télévision et doublage. Elle est née en 1944 et décédée en 1993 des suites d’une longue maladie. Elle avait joué aussi dans La Dame de Monsoreau.

o Philippe Brigaud, Ortega, a joué dans d’autres épisodes : Visite incognito, Don de Scotland Yard, Les demoiselles du Vésinet, Lacs et entrelacs.

o Raoul Curet (1920-2016) incarne Clemenceau dans cet épisode ; il sera Poincaré dans Le complot.

o René Deltgen, Max, était un comédien luxembourgeois (1909-1979), d’où l’accent du personnage.

o Luce Garcia-Ville (1932-1975), Mme de Wambrechie, s’est donnée la mort, peu après le tournage. Elle a surtout brillé sur les planches.

o Jacqueline Fontaine, la couturière, jouera dans deux autres épisodes : Le vampire des Karpathes, Lacs et entrelacs.

o Pauline Larrieu, Emilienne, le mannequin assassiné, est Béatrice dans Commissaire Moulin.

o Robert Lombard (1921-2003), le sénateur conseiller général Martin-Touffier, reviendra dans l’épisode Les enfants de la Joconde.

o Guy Grosso est au générique du début, mais il n’intervient pas dans cette aventure. Il est Bertouin, un membre des brigades, dans L’auxiliaire, Les compagnons de l'Apocalypse, et Le défi.

o Terrasson compare Valentin, habillé en dandy, avec Brummell. George Bryan Brummell, dit « Beau Brummell », né le 7 juin 1778 à Londres et mort le 30 mars 1840 à Caen, est un pionnier du dandysme britannique durant la Régence anglaise (Source : wikipedia).

o Valentin évoque qu’il a vu un certain Picasso, ‘protégé de la baronne de je-ne-sais-plus-trop-quoi’.

o Dans le prélude, Paul Poiret (1879-1944) est mentionné. Grand couturier français, connu pour ses audaces, il est considéré comme un précurseur du style Art déco . Sa marque commerciale est un turban très enveloppant orné d'une aigrette.

o Le silencieux pour arme à feu a été inventé en 1908 par Hirnam P. Maxim aux États-Unis. Au début, le silencieux était posé sur des armes de luxe et ne marchait que sur certaines carabines et pistolets à un seul coup.

o Faivre annonce la révocation de Valentin car le gouvernement Clemenceau vient d’être renversé. Cela situe l’action au 20 juillet 1909. Valentin : ‘Si c’est une mauvaise nouvelle, je préfère la prendre debout’.

o Chose rare : Faivre se sert d’un révolver dans le final : ‘Cela me rappelle ma jeunesse !’.

À noter l’inscription Fatalitas au mur juste après le combat à mains nues de Valentin avec le garde. Est-ce une référence aux Aventures de Chéri-Bibi de Gaston Leroux ?

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8. L'AUXILIAIRE

Résumé :

1910  La nièce du roi de Norvège est enlevée en plein Paris. Après fausse piste et piétinements, Valentin décide de faire appel à une auxiliaire, une femme policière, pour élucider une vague de kidnappings sans exigence.

Critique :

Un épisode intéressant à la revoyure, car je l’avais certainement sous-estimé. La propre nièce du roi Haakon, la jeune et jolie Christina Knudsen, est kidnappée à Paris à la sortie d'un bal musette. Au moment où la Norvège, récemment séparée de la Suède, a des chances de devenir un partenaire commercial privilégié pour la France, ce grave incident vient compromettre les toutes nouvelles relations économiques entre les deux pays. Aucune rançon n’est exigée et c’est le statut de Christina qui va permettre aux Brigades de démasquer une sinistre entreprise criminelle. Des mormons fanatiques, installés en France, enlèvent des jeunes femmes blondes afin de créer une race aryenne, deux décennies avant le nazisme.

L’histoire d’enlèvements est une trame simple et quelques éléments intéressants se greffent pour étoffer l’intrigue principale ; évidemment, la séquence Jujitsu est du remplissage sympathique. Par contre, le journaliste au Gaulois Durieux et l’escroc opportuniste Kutz permettent de patienter avant de passer aux choses sérieuses. L’enveloppe posthume du journaliste apporte de surprenantes révélations et aiguille les Hommes du Tigre sur Malcolm Young et la série de jeunes femmes semblables enlevées.

La seconde partie est marquée par l’entrée de la pétillante Antoinette – l’attrait de l’épisode  en auxiliaire, qui sert d’appât dans un bal de banlieue. Piégée également, elle se retrouve prisonnière dans la clinique d’un individu malsain, mais sa débrouillardise et son ingéniosité faciliteront la tâche des Brigades Mobiles pour mettre fin aux agissements des mormons.

Les meilleures séquences sont la longue fausse remise de rançon en pleine forêt (on se demande néanmoins pourquoi l’ambassadeur parle à voix haute), la séance de tir (Pujol se prenant une baffe : ‘Et pan, dans le mille’), l’enlèvement d’Antoinette et la poursuite qui s’ensuit, et l’interception des ‘infirmiers’. Quant au final, il faudra m’expliquer comment dix policiers (et un chien) peuvent tenir dans la minuscule ambulance, et à quoi est reliée la sonnette du gourou Brown.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 11 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Marie-Claude Mestral interprète Antoinette, l’auxiliaire. Elle est la fille d’Armand Mestral, le célèbre acteur et chanteur, qui jouera dans Le cas Valentin. Elle avait un petit rôle dans La scoumoune avec Belmondo.

o Bruno Dietrich (1939), Louis, est un acteur allemand. Il a joué dans plusieurs épisodes de Derrick et du Renard…

o Van Doude (1926), Malcolm Young, jouera dans Les fantômes de Noël.

o Guy Grosso (1933-2001) a joué dans quatre épisodes de la série. Dans deux autres (Les compagnons de l'Apocalypse, Le défi), il est de nouveau Bertouin. Il remplace ici Terrasson, blessé à l’épaule après un combat avec Okada. Peut-être une façon pour Pierre Maguelon de prendre un peu de vacances… Il est également le secrétaire des Beaux-arts dans Les princes de la nuit, mais il est connu pour le rôle du Maréchal des Logis Tricard dans la série des Gendarmes

o Le crieur de journaux est Jean Daguerre.

o La réplique de Valentin est ‘politiquement incorrect’ (mais d’actualité !) lorsqu’il apprend que le gouvernement va payer la rançon : ‘Belle générosité, avec l’argent des contribuables !’

o Comme dans Collection 1909 (et plus tard Le défi), Valentin se sert de la presse pour faire bouger les choses.

o Notez l’œil pétillant de Faivre/François Maistre lorsque Malcolm Young évoque la polygamie des mormons ! Faivre témoigne aussi du machisme qui régnait alors avec ses propos sur les femmes qui "n'ont rien à faire ici car c'est un métier d'homme".

o La ‘découverte’ de l’épisode est la poudre à renifler pour les chiens, primordiale dans le final.

o Il y a effectivement une clinique Les Glycines à Orléans (lieu de tournage de nombreuses séquences de la série), mais elle est vétérinaire !

o Jean-Paul Tribout trébuche, tombe, et se relève, lorsque les trois policiers suivent le chien vers la cache.

o Haakon VII fut roi de Norvège de 1905 à 1957. Né prince de Danemark, il est élu roi de Norvège après la dissolution de l'union avec la Suède.

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9. LES COMPAGNONS DE L'APOCALYPSE

Résumé :

1911  De nombreuses entreprises reçoivent des lettres anonymes d’une mystérieuse secte. Les Hommes du Tigre passent à l’action lorsque les menaces se concrétisent. Ils découvrent que l’organisation mystique sert de paravent aux agissements d’espions à la solde de l’empire austro-hongrois.

Critique :

L'imminence de la catastrophe de la guerre de 1914 favorise l'émergence de nombreuses sectes dans lesquelles les esprits faibles trouvent un refuge. L'une d'elles, d'origine américaine, Les compagnons de l'Apocalypse, s’attaque violemment au progrès technique et scientifique, quel qu’il soit, l’accusant de mener le monde à sa perte. Lorsque des entreprises qu’elle fustige se mettent à sauter les unes après les autres, Valentin prend plus au sérieux ces ‘agités totalement inoffensifs’.

Le début de l’épisode est parsemé de longueurs superflues (deux sermons du gourou Dominus d’une bonne minute chaque, l’arrivée de Valentin à l’organisation), mais la fausse piste de l’intrigue est savamment agencée. Dominus et Gruber sont dupés par l’imposture de Mildred, qui est autrichienne et pas la fille du fondateur américain du mouvement, comme prétendu. Si les prêches de Dominus sont du remplissage, l’énigmatique serviteur Gruber entretient la fausse piste en donnant à la police une liste des cibles. Il est le parfait bouc-émissaire pour les hommes de l’agent XB3, et son exécution est une longue séquence superbement filmée et d’un froid réalisme : la marche sur la route, l’attente sur un banc, la ballade en voiture et la promenade dans la forêt jusqu’à la tombe fraichement creusée. 

Les personnages sont très bien interprétés : Mildred, le tueur boiteux, Gruber, Dominus  même si ses sermons et l’aspect mystique m’horripilent –, et la vérité voit le jour à la demi-heure, avec une explication partiellement en allemand : ‘Kolossal !’. 

La lenteur perdure néanmoins dans le récit, comme la scène du retour de Dominus à son domicile, alors que nous connaissons la topographie des lieux dès la première visite de Valentin. L’histoire ne s’emballe réellement que dans le dernier quart d’heure : Pujol et Terrasson tombent sur la photo de la vraie Mildred pendant que le commissaire est parti annoncer à la jeune femme que son ‘père’ a disparu. Les Brigades arrivent à temps pour empêcher que le meilleur tireur de l’armée autrichienne ne fasse sauter l’usine où une pièce importante du canon de 75 est construite, mais heureusement que l’Autrichien est ponctuel ! Les Hommes du Tigre ont gagné la partie grâce à deux coups de bluff.

Le final à suspense est passionnant, car Valentin démontre ce qu’est la galanterie française. Les meilleures scènes sont l’exécution de Gruber et le ‘duel’ du commissaire avec la maléfique mais ravissante Mildred alias XB3 !

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 18 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Claudia Golling, Mildred, est une actrice allemande née à Munich en 1950. Elle a joué également, bien entendu, dans Derrick ! Elle est surtout active au théâtre.

o Bernard Salvage, Monsieur Jean, a joué également dans La confrérie des loups (dans le rôle de Clarence) et Les princes de la nuit. 

o Antoine Saint-John (1940), Victor le tueur boiteux, connut son heure de gloire dans les années 1970 avec le rôle du colonel Guitterez dans Il était une fois la révolution. Il joua aussi dans Mon nom est Personne, Le lion et le vent et il est le soldat allemand tué dans la cuisine dans Le vieux fusil.

o Alfred Baillou apparaît au générique, mais ce n’est pas lui le crieur de journaux.

o Lors du combat Valentin/Mildred, on aperçoit l’ombre du caméraman.

o À noter la gouaille de Terrasson. Par exemple, au sujet de l’interrogatoire de Jean Blaise/Dominus : ‘Encore une matinée comme ça et je sais la Bible par cœur ! Un peu plus, je me fais curé.’ Terrasson révèle une connaissance disons largement perfectible de anglais ! : « Qu’est-ce que c’est ça : ‘To my daddy ? »

o ‘Je suis le glaive purificateur est le slogan qui apparaît souvent derrière Dominus !

o Le canon 75 mm modèle 1897 est une pièce d'artillerie de campagne de l'armée française, qui est l'un des canons les plus célèbres de tous les temps. D'une conception révolutionnaire pour son époque, il regroupe, en effet, tous les derniers perfectionnements intervenus dans l'artillerie à la fin du XIXe siècle, dont un frein de recul hydropneumatique mentionné dans l’épisode (Source : wikipedia).

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10. LE DÉFI

Résumé :

1912 Violents, orgueilleux, mais sentimentaux, Eloi David et Catherine Barré, émules de Bonnot, sèment la terreur et la mort sur leur passage.

Critique :

Les exploits de la bande à Bonnot, maintenant démantelée, laissent des traces dans les esprits. Semant la terreur dans les campagnes, un couple de jeunes gens révoltés, Eloi David et Catherine Barré, décide de prendre la succession, rançonnant et tuant quiconque se trouve sur leur chemin. Rapidement identifiés, ils passent entre les mailles de la police dans le véhicule dérobé à un commis-voyageur qu’ils ont assassiné. Valentin se résout à se servir de la presse pour les piquer au vif et leur tendre un piège. Eloi est blessé et le couple aux abois se réfugie dans une briqueterie. Cernés, ils se donnent la mort plutôt que de se rendre.

Cet épisode au style Bonnie and Clyde est un des plus dramatiques de la série. Une aventure excessivement violente où l’issue est inévitable. L’interprétation magistrale du duo monopolise l’écran et éclipse la présence policière. Cela donne un cachet particulier au récit où l’odyssée meurtrière du couple fait cohabiter violence et tendresse. L'amour tendre qu'ils éprouvent l'un pour l'autre n’a d’égal que la haine et le mépris qu'ils montrent envers la société. Lequel entraine l’autre ? Même si les mères respectives renvoient la faute, la jeune femme pousse son compagnon à tuer le commis-voyageur. Si Eloi est plus anarchiste dans l’âme, Catherine est surtout perverse, cupide et amorale (la violente tentative pour dérober l’argent à la ferme de son père). 

La musique est absente ou inhabituelle et remplacée par des airs de circonstance, mélancoliques pour l’évocation du couple traqué à la tragique destinée. L’étau se resserre inexorablement dans la seconde partie : la découverte de la voiture au siège ensanglanté, le témoignage du toubib, le sang  qui est omniprésent après la blessure d’Eloi  retrouvé près de l’usine. C’est un des épisodes qui fait encore la gloire de la série, comme Nez de chien, un autre récit d’un disciple de Bonnot. Le guet-apens et la fusillade au garage sont le tournant de l’histoire. Parmi les autres scènes marquantes, il faut noter la première séquence – l’assassinat brutal et barbare du commis-voyageur – qui donne le ton noir de l’opus, déconseillé aux plus jeunes spectateurs, la police souvent à cheval prise de vitesse par le ‘bolide’ du couple diabolique dans un passage épique et, bien entendu, le final. Le seul bémol est de confier une mission importante à Bertouin, plus habitué aux passages légers, inexistants dans ce récit. En contraste total avec la violence exacerbée de l’aventure, comme le confirme la mort du garagiste.

Bien filmée et interprétée remarquablement, l’histoire violente et réaliste constitue un épisode culte : un véritable petit film.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 25 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Didier Haudepin, Eloi David, est acteur, producteur et réalisateur depuis 1979. Il écrivit le scénario de deux épisodes de Série Noire.

o Diane Kurys, Catherine Barré, est une actrice, productrice, réalisatrice et scénariste française. Elle a arrêté sa carrière d’actrice en 1977 pour se consacrer à la réalisation. Son premier film est Diabolo menthe et le dernier en date, Arrête ton cinéma !.

o Max Amyl (1921-1982), le docteur Carpentin, a participé à deux autres épisodes : Le crime du sultan, Le complot.

o Fernand Guiot, le commis-voyageur, reviendra dans Rita et le caïd.  

o Sylvain Lévignac (1929-1994), le père de Catherine Barré, était un acteur et un cascadeur français. Il a tourné dans trois autres épisodes : Bonnot et compagnie, Le réseau Brutus, Les fantômes de Noël.

o L’épisode souligne la portée limitée de la presse dans les campagnes à l’époque. Pour cette raison, les stations essence sont privilégiées par la police pour afficher des avis de recherche.

o Comme souligné dans le pré-générique : après une traque de plusieurs mois, Bonnot, le bandit tragique, est abattu le 28 avril 1912, et la bande est complètement liquidée en mai. 

o Notez l’extrême mauvaise qualité du film lorsque Valentin rend visite au couple Barré, les parents de Catherine. 

o Tous les journaux ont la même date : vendredi 7 avril 1905 ou… 1965 ; il y a un pâté sur la décennie, surement volontaire. En tout cas, l’histoire est censée se dérouler en 1912 !

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11. LA COURONNE DU TZAR

Résumé :

1913  Le cousin du Tzar, flanqué de deux cosaques, arrive en France avec la couronne royale. Les Brigades doivent veiller dessus.

Critique :

Les Brigades Mobiles sont chargées de surveiller la couronne de la dynastie des Romanov, icône d'une gigantesque exposition d’art russe destinée à célébrer l'amitié entre les deux pays très en vogue à l’époque. Les autorités craignent le vol du joyau, qui pourrait remettre en cause les années d'efforts de la diplomatie française. Mais les brigades se heurtent à l’opposition du prince Pavlovich, le cousin du tsar. Il est personnellement chargé d'escorter la fabuleuse tiare et il se considère en mission sacrée et refuse toute aide de la police française. Valentin a l’idée de remplacer la couronne par une copie.

L’épisode est le mouton noir, non seulement de la deuxième  saison, mais de la période années 70 de la série ! Une calamité indigeste ! Michel Vitold est pénible en prince russe, car il force la caricature et rend son personnage ridicule, un peu comme l'insupportable Brodny des Avengers. La description de l’arrivée au port et la séquence de magnétisme hypnotique soporifique sont interminables… et la seconde nous plonge dans les bras de Morphée. Bref, c’est très bavard (souvent en russe non sous-titré), ennuyeux et inconsistant. Cette intrigue est la preuve que Les Brigades réussissent mieux dans le dramatique que le comique. Je ne vois pas quelle autre aventure pourrait ravir à cet épisode le titre peu enviable de boulet de la série. Même Faivre se pique avec la rose de son bureau de désespoir ! Une parenthèse guignolesque à zapper !

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 1er février 1975 sur Antenne 2.

o Michel Vitold (1915-1994), Pavel Pavlovich, est un acteur et metteur en scène français d'origine ukrainienne. Il interprète de nombreuses pièces de théâtre. On le verra également dans l’épisode La grande duchesse Tatiana (tout aussi mauvais), huit ans plus tard. Il est décédé d’un cancer.

o Gabriel Arout (1909-1982), qui joue le rôle d’Isvolsky, est un écrivain, auteur dramatique et traducteur français d'origine russe. Il est l’auteur de plus de 20 pièces de théâtre. Il a reçu le grand prix du théâtre de l’académie française en 1981.

o Ari Arcadi, Tsapov, est le laborantin dans L’ère de la calomnie.

o Igor de Savitch, Igor, est Lojkine dans l'autre épisode russe (tout aussi mauvais) de la série, La grande duchesse Tatiana.

o Guy Grosso, présent au générique de la seconde saison, échappe au naufrage car il ne participe pas à cette aventure.

o Terrasson ne cache pas le lieu de tournage en nommant la Place St-Aignan lorsqu’il repère avec Pujol le fiacre des cosaques. 

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12. DE LA POUDRE ET DES BALLES

Résumé :

1913  Un trafic d’armes s’opère en France à destination de l’Irlande. Par lettre anonyme, les Brigades sont mises sur la piste d’un propriétaire de cabaret.

Critique :

A la veille de la Grande Guerre, le monde est en ébullition, et l’Irlande n’est pas épargnée avec le Sinn Fein catholique qui vient de passer à l’action contre la Grande-Bretagne et les minorités protestantes. La France est une plaque tournante et l'explosion en plein Paris d'une caisse perdue au milieu de la rue révèle aux forces de police l'existence d'un gigantesque réseau de trafic d'armes transitant sur le territoire à destination de l'Irlande. Il faudra deux hasards pour mettre les Brigades Mobiles sur la bonne voie : la perte de cette caisse de soi-disant Cognac Duverger et, surtout, la lettre anonyme du pianiste d’une boite, surnommé La Truite, épris de la femme du patron.

Aimé Bonelli, le propriétaire du cabaret La Grande Roue, ancien malfrat, a réussi avec l’aide de l’organisation criminelle et il subit dorénavant un chantage des truands pour receler des cargaisons dans sa cave. Décontenancé d’être approché par Valentin, il accepte finalement d’aider le commissaire après une sévère correction, mais les criminels le réduisent au silence auparavant. Le suspense, légèrement estompé à la revoyure, joue sur l’identité de l’indic de la boite qui renseigne les trafiquants. La Truite est suspecté, mais n’est-il pas un leurre ?

Les personnages sont bien interprétés : le bandit haut en couleur Alcide (très bon Stéphane Bouy, disparu trop tôt), le répugnant La Truite, le manipulé Bonelli et surtout l’énigmatique chanteuse Léa, incarnée par la superbe actrice italienne Marilù Tolo (‘Qu’est-ce que tu préfères, toi la Truite, les noirs ou les rouges ?’ (lorsque la belle enfile ses collants). Il ne faut pas oublier les petits rôles, comme les hommes de main et le couple de paysans qui saute en ouvrant la caisse de grenades.

Les meilleurs passages sont les deux policiers en vélo à la poursuite de la carriole (première scène, on reconnaît la Place Saint-Aignan), la correction de Bonelli dans le hangar, le piège de la clinique même si les justifications de Pujol s’avèrent peu crédibles –, la séquence déterminante du cimetière qui mène Valentin à la solution (le mystère du quatrième coup de feu) et la fusillade finale dans une carrière, où le commissaire réussit son coup de bluff. La deuxième saison se termine en beauté. Cet excellent épisode est rythmé avec de nombreux rebondissements car l’indic est inattendu, tout comme le rôle exact de la ravissante veuve, Léa Bonelli.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 8 février 1975  sur Antenne 2.

o Au départ conçu comme un hommage aux Incorruptibles, cet épisode fut refusé par la chaine qui voyait d’un mauvais œil l’idée d’un trafic d’alcool. Claude Desailly s’est donc rabattu sur l’Irlande et le trafic… d’armes. (Source : Génération Séries, été 95).

o Marilù Tolo, Léa, est une actrice italienne. D’ailleurs, l’affiche Léa di Roma est véridique ! Elle a commencé à tourner en 1960 à l’âge de 16 ans, mais elle n’a plus joué depuis 1985. Elle a fait des photos déshabillées pour des magazines et elle est l'inspiratrice de la chanson Marilu de Serge Gainsbourg en 1966. L’agent de l’actrice aurait refusé que la chanson s’appelle Marilù Tolo. Le couturier Valentino s’est complètement entiché d’elle alors qu’il habillait déjà Virna Lisi, Sophia Loren et Elizabeth Taylor, et il affirmera plus tard qu’elle était la seule femme qui ait éveillé en lui une réelle fascination sexuelle et qu’il était prêt à l’épouser !

o Ivan Desny (1922-2002), Bonelli, sera le banquier Metzinger dans Le complot de la cinquième saison en 1982.

o Jean Sagols, Joseph, a réalisé des épisodes des séries Navarro, L’instit, Les yeux d’Hélène, Les cœurs brûlés… Il a joué dans le tout premier épisode des Brigades : Ce siècle avait 7 ans

o Didier Albert, le laborantin, est présent dans La confrérie des loups. Il est surtout connu pour ses réalisations, nombreuses depuis 1985.

o Bonelli a fait partie de la bande des Charbonniers et il a effectué deux années en prison. C’est une référence au premier épisode, Ce siècle avait 7 ans… où la première mission des Brigades est d’arrêter ce gang. Il est le plus beau cas de réadaptation que Valentin n’ait jamais vu !

o Une erreur de continuité : Pujol suit Bonelli, qui est à pied, dans Créteil pour son rendez-vous au numéro 13 de la rue Danton, un vieux hangar, mais le policier n’est pas étonné qu’il reparte en voiture (en fait, un truand avec ses vêtements) ! Pujol s’est bien fait avoir comme un bleu, comme il le dit à Valentin ! 

o La chanson L’Italienne, interprétée par Léa, a été composée par Frank Gerald sur une musique de Claude Bolling.

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Captures réalisées par Denis Chauvet.

Crédits photo : TF1 Vidéo.

 saison  saison

Les Brigades du Tigre (1974-1983)

SAISON 1 (1974/1975)

 

1. Ce siècle avait 7 ans...

4. Visite incognito

5. La confrérie des loups

6. La Main noire

 


 

 1. CE SIÈCLE AVAIT 7 ANS...


Résumé :

L'inspecteur Valentin est désabusé par les moyens de la police et doit courir après les petits souteneurs. 1907 marque la création des Brigades Mobiles (d'où le titre de l'épisode), et le commissaire Valentin, promu pour l'occasion, les rejoint. Il y fait la connaissance de Terrasson et Pujol, mais surtout des nouvelles techniques : empreintes digitales, machines à écrire, automobiles...

Critique :

Cet épisode met en évidence les manques de moyens de la police au début du XXème siècle : vélos et chevaux contre véhicules à moteur pour les bandits. La première partie dévoile ces carences et l'impossibilité des forces de l'ordre à faire face. Toutes les nouvelles techniques et un peu de chance (tomber sur la sœur du malfrat au pouce amputé) permettront aux Brigades d'anéantir le gang des Charbonniers.

Le ministre de l’Intérieur, Georges Clemenceau, est à l’origine de la création des Brigades Mobiles. Dans l’épisode, la question est soulevée à la Chambre par le député Bonnerive auquel Valentin a fait part de son désarroi. La police de l’époque – principalement à cheval - est en effet incapable de rivaliser avec l’organisation d’une délinquance nouvelle qui s'appuie sur le progrès technique et fait échec à une police archaïque dont les méthodes et le matériel n'ont guère évolué depuis Vidocq. Dans la chasse aux Charbonniers, Valentin côtoie également les magouilles politiciennes avec le chantage subi par le député. Les meilleurs passages de l’épisode sont la filature du début  Valentin en vélo suit le fiacre de Bary, le truand de la bande des Charbonniers au pouce amputé –, l’attaque du fourgon de police qui transporte Bollich, et l’arrestation de Bary. À noter que la fainéantise des fonctionnaires de police est parfaitement soulignée avec le planton qui observe une fourmi à la loupe et l’autre qui se dégage les sinus… Quant à la distinguée Lorraine Rainer – Juliette Bary, l’employée de banque et sœur du truand –, elle fit une carrière très discrète aussi bien à la télévision qu’au cinéma.

C’est une excellente introduction à la série : de somptueux décors, de parfaits extérieurs reconstitués, de nombreux figurants ; une vraie leçon d'histoire !

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 21 décembre 1974 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. 

o Alfred Baillou (1915-1982) est le crieur de journaux dans trois épisodes de la première saison.

o Yves Brainville (1914-1993) sera de nouveau le député André Bonnerive dans La confrérie des loups.

o Gérard Denizot, Etienne Bollich, jouera également dans Les enfants de la Joconde et Rita et le caïd.

o Alain Halle-Halle, Charles Bary, réapparaîtra dans deux autres épisodes de la série : Bandes et contrebandes, S.O.S. Tour Eiffel.

o Bernard Lajarrige (1912-1999), Masson, jouera dans Bandes et contrebandes. Il est Joseph, le planton de la PJ dans Les enquêtes du commissaire Maigret.  

o Le metteur en scène Jean Sagols (Les cœurs brulés, Terre indigo), ici le truand Louis, reviendra dans De la poudre et des balles.

o Dominique Zardi (1930-2009) est le souteneur Rafa (une seule scène, au café avec Valentin). Il a souvent joué des rôles de truands dans des films de Claude Chabrol et Jean-Pierre Mocky. Il sera un clochard dans L’homme à la casquette.

o Le Gaulois est un journal littéraire et politique français fondé le 5 juillet 1868 par Henry de Pène et Edmond Tarbé des Sablons. Devenu la propriété du patron de presse Arthur Meyer, il sera publié jusqu’en 1929 avant d’être fusionné avec Le Figaro, propriété de son dernier patron, le milliardaire François Coty. Le Gaulois, qui se voulait indépendant, va s’avérer être l’un des plus grands succès de ventes de son époque. Très critique vis-à-vis de ses concurrents qui se contentaient uniquement de sources officielles, Le Gaulois était sans aucun doute l’un des journaux les mieux informés de l’époque. (Source : wikipedia).

o La voix-off est présente exceptionnellement au milieu de l’épisode pour préciser les modalités qui ont conduit Georges Clemenceau à décider la création des Brigades le 4 mars 1907.

o L’inspecteur Valentin devient commissaire en rejoignant les Brigades Mobiles.

o Faivre, Pujol, et Terrasson apparaissent après presque une demi-heure de film, à l’arrivée de Valentin au quartier des Brigades Mobiles. Pour se distinguer, Pujol tape à la machine et Terrasson, alias le colosse de Rodez, fait des barres fixes.

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2. NEZ DE CHIEN

Résumé :

En 1912, la bande à Bonnot est sous les verrous, sauf Louis Lacombe dit 'Nez de chien' surnommé ainsi à cause de son flair pour détecter le danger. Il nargue la police et il est prêt à tout pour libérer ses camarades emprisonnés.

Critique :

Un épisode que je me souviens d’avoir vu à sa première diffusion, à Noël 74. L’action se déroule cinq années après la création des Brigades Mobiles et la tristement célèbre bande à Bonnot vient d’être anéantie. Pourtant, un dernier membre, Louis Lacombe, écrit aux Brigades sous le pseudonyme Nez de chien pour leur lancer un défi. C’est le moins connu mais peut-être le plus dangereux de la bande. Il promet à la police qu’il va libérer ses camarades et il commence une campagne d’intimidation en perpétrant plusieurs attentats visant les magistrats qui vont juger les hommes de Bonnot. L’assassinat d’un contrôleur de train permet finalement d’avoir un cliché du mystérieux Nez de chien jusqu’alors inconnu des services de police.

L’interprétation de Gérard Lecaillon est magistrale dans, sûrement, le meilleur rôle de sa carrière. Il est l’anarchiste Lacombe qui nargue la police et plus particulièrement Valentin en jouant un double rôle qui bluffe le commissaire et le téléspectateur. Il incarne incroyablement cette mystérieuse femme censée aider Valentin à appréhender Lacombe. Les rencontres sont sidérantes, surtout celle du restaurant. Même à la rediffusion, l’illusion est trompeuse car Lacombe/Lecaillon se travestit de façon étonnante et sans la moindre vulgarité, une transformation qui permet de se rendre compte de l'étendue et de la puissance de son jeu d'acteur. Selon Victor Vicas, c’est un des plus beaux rôles de la série. En tout cas, il est inoubliable pour le téléspectateur.

La première partie est un jeu du chat et de la souris. Lacombe n’a pas le soutien des anarchistes parisiens et il agit en solo. Sûr de son fait, il manipule Valentin par son double rôle, ce qui prendra fin avec la filature de Pujol, déguisé en cocher de fiacre. À partir de là, Valentin prend l’ascendant et le colis piégé désamorcé permettra à la police de déloger le terroriste et de précipiter les évènements, car Lacombe est alors persuadé qu’il a été trahi par Guillaume.

Les seconds rôles sont tous magistralement interprétés y compris les plus anodins comme la voyageuse ou le patron de l’hôtel. Lecaillon vole la vedette au trio de policiers des Brigades, et les autres participants ont beaucoup de mal à briller et à se faire remarquer. Néanmoins, l’anarchiste pacifique Guillaume est mis en évidence dans son logement coquet et bourgeois en désaccord avec les idées défendues. Lacombe a fixé l’exécution des trois personnes – Guillaume, sa femme et sa fille  à six heures du matin, et c’est le laitier qui favorise l’avortement de ce funeste dessein.

C’est un épisode violent, prenant, constitué d’une chasse à l'homme palpitante ; c'est aussi un incontournable de la série, superbement filmé et aux dialogues ciselés. La prise d’otages et la recherche des policiers pour localiser Lacombe sont des moments de tension extraordinaires.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 24 décembre 1974 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. 

o Gérard Lecaillon, Lacombe, aura de nouveau un rôle inquiétant neuf ans plus tard : le balafré dans l’épisode Les princes de la nuit. Il est aussi Micky, un chanteur travesti dans un cabaret, dans Funny Boy.

o Comme dans l'épisode précédent, Alfred Baillou est le crieur de journaux. Lacombe lui achète Le Gaulois qui vante son arrestation !

o Robert Audran, Guillaume l'anarchiste maitre imprimeur, a joué dans Les rois maudits.

o Après une traque de plusieurs mois, la liquidation de la bande à Bonnot  le célèbre groupe anarchiste, auteur de nombreux attentats et crimes est accueillie avec soulagement par la France entière. Le 28 avril 1912, le repaire a été assiégé par la police à Choisy et Bonnot est mort de six balles dans le corps.

o La ‘mystérieuse femme’ veut voir Raymond Callemin dit Raymond la Science, qui est un des adjoints de Bonnot. Il sera guillotiné le 21 avril 1913 devant la prison de la Santé. Il déclara à son arrestation : « Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c’est le prix exact d’une balle de browning ! »

o Louis Lacombe est fictif, mais le personnage fait vraisemblablement référence à Edouard Carouy, un rescapé de la bande à Bonnot, qui se suicida le 27 février 1913 en absorbant une capsule de cyanure. Il venait d’être condamné aux travaux forcés à perpétuité.

o Terrasson : ‘Fiez-vous aux femmes ! Une sacrée comédienne en tout cas !’

o Le désamorçage des paquets suspects était rudimentaire à l’époque : une caisse en bois, une paire de ciseaux, une tige de fer, et l’agilité des doigts !

o Le restaurant où Valentin invite ‘la mystérieuse femme’ s’appelle ‘Pierre Petit’, qui est le nom du directeur de la photographie ! 

o Gérard Lecaillon : « Il y avait peu de répétitions… une bonne mise en place suivie de deux ou trois prises... car le temps coute cher, mais Victor Vicas avait cherché bien longtemps son personnage pouvant le satisfaire… il m'est arrivé de volontairement le surprendre au moment du tournage avec un geste que je n'avais pas fait pendant les répétitions… pour lui laisser la surprise… par exemple me recoiffer simulant l'ajustement d'une pince de mon chignon… sur la réplique "Rentrons, voulez-vous"... un geste typiquement féminin, ce qui avait déclenché le rire du metteur en scène visiblement agréablement surpris par mon initiative ! » (Facebook, le 3 octobre 2015).

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3. LES VAUTOURS

Résumé :

1909 Deux aviateurs, Hubert Latham et Louis Blériot, rivalisent pour être le premier à traverser la Manche. Les sabotages successifs vont progressivement orienter les recherches vers une tierce personne.

Critique :

Cet épisode est particulier dans la mesure où le générique traditionnel n’est pas présent, Valentin apparaît après presque neuf minutes et les deux inspecteurs, Pujol et Terrasson, au quart d’heure. Comme Les Incorruptibles, les aventures des Brigades ne sont pas en ordre chronologique, passant de 1907 à 1912 pour revenir à 1909. Cette année-là, l’aviation est en plein essor et l’épisode nous conte la lutte entre deux célèbres aviateurs pour entrer dans l’Histoire.

Cet affrontement loyal entre les deux hommes est aussi un enjeu économique qui fait des envieux. Oswald est ainsi recruté contre une forte somme d‘argent par des agents ennemis pour faire capoter toute traversée historique d’un des deux Français. Oswald, parfaitement interprété par Jacques Harden, est un salopard de première classe, froid et méthodique, qui n’hésite pas à éliminer des complices gênants. La distribution, comme le plus souvent dans la série, est impeccable et joue juste. René Havard, aux faux airs de de Funès, est le parfait lampiste Lemaire, mécanicien de Blériot et soupçonné de sabotage à cause de son briquet retrouvé dans le hangar. Son alibi est plutôt étrange, car qui pourrait croire que la ravissante Yvette lui accorderait ses faveurs ? Hélène Manesse est une des plus jolies actrices de la série (et pourtant, il y en a une belle brochette !), et elle dévoile même ses charmes dans la violente scène où l’impitoyable Oswald l’étrangle. Osé et brutal pour les années 70. Valentin : ‘La pauvre, elle n’était pas de taille…’

Comme toujours, la reconstitution est fidèle : les gendarmes de campagne encore à cheval, la police de la ville et ses nouvelles techniques (les empreintes), les vieux tacots... un vrai régal. Les meilleures séquences sont l’enquête initiale du brigadier à l’auberge de Sangatte pour identifier le propriétaire du briquet, les trois passages au garage des Perrotey, mais c’est surtout la seconde partie – avec l’arrivée d’Yvette à la demeure cossue d’Oswald qui procure tout le suspense et la tension de l’épisode. Le coup de téléphone héroïque d’Yvette sauve finalement Blériot.

Le cynique et cruel Oswald et la jolie garce Yvette (craquante Hélène Manesse !) donnent un peu de violence et d’érotisme à cet épisode ludique et très distrayant. Bien que le coupable soit connu, le dénouement final est assez inattendu.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 26 décembre 1974 sur la 2ème chaine de l’ORTF.

o Dans le dernier quart d'heure de l'épisode, Valentin porte deux costumes totalement différents. Tout d'abord, il est habillé dans une tenue foncée au moment de quitter les locaux des Brigades Mobiles, puis on le retrouve tout de blanc vêtu, avec un magnifique canotier, quand il parvient à prévenir Louis Blériot de l'imminence d'un attentat contre son avion ! (Source : site, Le magazine des séries). Mais, à mon avis, les gros plans avec Jean-Claude Bouillon pour cette séquence, ainsi qu’une réplique, ont été ajoutés au montage et l’acteur ne conduit pas la voiture. Ceci explique peut-être cela…

o Le seul épisode de la série qui n’a pas de prologue expliquant la situation sur fond de dessins ni de voix-off avant le générique final. Les premières images montrent directement le début de l’épisode avec le générique et la chanson.

o Jacques Harden (1925-1992), Oswald, a co-écrit les 52 scénarios de Thierry la Fronde.

o Hélène Manesse (1941), Yvette Perrotey, a surtout joué au théâtre, mais aussi dans Les nouvelles aventures de Vidocq, Les évasions célèbres et, plus récemment, Les Cordier, juge et flic.

o René Havard (1923-1987), Gustave Lemaire,  tournera de nouveau dans Les princes de la nuit.

o Antoine Marin (1926-1994), Tavernier, reviendra dans Don de Scotland Yard.

o Jean-Pierre Sentier (1940-1995), Julien Perrotey, jouera aussi dans L’ère de la calomnie.

o La carrière d’aviateur d’Hubert Latham (1883-1912) commença en 1909 par une double tentative de la traversée de la Manche. Deux fois il essaya le difficile exploit, deux fois il échoua, la seconde fois au port, si l’on peut dire, à moins de 500 mètres de la côte anglaise. C'était le 19 juillet 1909. Le 25 de ce même mois, Louis Blériot (1872-1936) réussissait cet exploit et recevait le prix du Daily Mail pour cette traversée de Sangatte à Douvres. La traversée s'effectua en 37 minutes. La course pour être le premier à rejoindre la Grande-Bretagne par la voie des airs a fait rage en juillet 1909. Cependant, Blériot laissa la priorité à Hubert Latham dans la mesure où ce dernier s'était engagé dès le 2 juillet. (Source : wikipedia).

o Oswald est recruté par des intérêts britanniques même si cela n’est jamais précisé ; Monsieur Burton a des répliques qui ne trompent pas : ‘Damnation’, ‘Incredible’.

o Il y a de l’humour lorsque Robert, le cafetier, parjure sur sa ‘Germaine’ auprès de Pujol !

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4. VISITE INCOGNITO

Résumé :

1909  Au moment de l’Entente cordiale, la visite (incognito) du prince de Galles à Paris est source d’inquiétude. Les Brigades Mobiles sont chargées de la protection, mais les Allemands vont se servir d’un sosie du prince pour tenter de ridiculiser et d’anéantir l’Entente avec l’Angleterre.

Critique :

Cet épisode humoristique fait figure de transition car il tranche, par son aspect comique, avec la noirceur des précédents (et des suivants). Le Kaiser est inquiet du rapprochement franco-anglais, et la visite du prince de Galles à Paris est l’occasion pour les espions allemands d’agir et de saborder l’Entente. Valentin et son équipe des Brigades Mobiles sont chargés de la protection de l'hôte princier pendant son séjour.

La scène de la substitution par malle interposée à l’hôtel Nemrod sous le nez de Pujol est bonne ; celle de la soirée au cabaret avec le faux prince ‘soûl’ est hilarante et constitue le meilleur passage de l’épisode. Le reste est dans la même veine : divertissant et léger. Malgré quelques bavardages, l’intrigue est bien construite, sans être ‘tortueuse comme un esprit prussien’ (réplique de Valentin). Les Allemands veulent ridiculiser le prince et créer un scandale, puis l’assassiner dans un attentat à la bombe lors d’une projection cinématographique de Méliès.

Le commissaire Valentin rencontre, par hasard, Thérèse, une ex, qui sera d’un grand secours dans l’enquête. Le personnage est interprété par la pétillante Marion Game, qui pousse la chansonnette avec La pension des dames Duplantin. Elle n’éclipse pas néanmoins Pierre Londiche, grandiose en prince de Galles éméché et amateur de champagne et ‘de jambes en l’air’. À noter que la musique n’a pas ses tonalités angoissantes habituelles et que de nombreux vieux tacots sont de sortie. Un épisode agréable et distrayant, mais dont l’atmosphère reste, heureusement, une exception dans la saison.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 28 décembre 1974 sur la 2ème chaine de l’ORTF.

o Philippe Brigaud, Berval, le maitre d’hôtel, a tourné dans quatre autres épisodes de la série : Collection 1909, Don de Scotland Yard, Les demoiselles du Vésinet et le dernier de la série, Lacs et entrelacs.

Vernon Dobtcheff (1934, France), l’inspecteur Howard de Scotland Yard, a joué dans plus de 250 films ou séries dont trois épisodes des Avengers : Avec vue imprenable (saison quatre), Le mort vivant (saison cinq), et Haute tension (saison six). Il est à l'affiche, entre autres, au cinéma de The Assassination Bureau (avec Diana Rigg et Telly Savalas), Le crime de l'Orient Express, L'espion qui m'aimait, Le nom de la rose... À la télévision, il a participé aux séries Le Saint, Les champions, Poigne de fer et séduction, Regan, Le retour de Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Les petits meurtres d’Agatha Christieet un autre épisode des Brigades : Cordialement vôtre.

o Marion Game (1942), Thérèse alias ‘Mamzelle Rirette’, a commencé sa carrière en 1967. Elle joue la barmaid dans l’épisode S.O.S. Tour Eiffel, tourné huit ans après celui-ci. Depuis 2009, elle est Huguette dans Scènes de ménages.

o Pierre Londiche, le prince de Galles, reviendra dans l’un des meilleurs épisodes de la série : Le village maudit. Il a commencé sa carrière en 1970 (Les choses de la vie) et il a tourné dans de nombreux films, téléfilms et séries.

o Le Royaume-Uni et la France signèrent le 8 avril 1904 une série d'accords bilatéraux que l'on désigne généralement sous le nom d'« Entente cordiale ». Théophile Pierre Delcassé (cité dans le préambule), ministre des affaires étrangères, est l'un des artisans du rapprochement de la France et de la Grande-Bretagne qui aboutit à la signature de l'Entente cordiale (Source : wikipedia).

o Georges Méliès (1861-1938 ) est connu pour les développements qu'il apporta aux techniques du cinéma, essentiellement des scénarios et des trucages. Il est considéré comme le père des effets spéciaux, le premier réalisateur, le créateur du premier studio de cinéma en France, ainsi que l'un des premiers initiateurs du cinéma de divertissement (Source : wikipedia).

o Il y a des passages en anglais et en allemand non traduits ni sous-titrés ; parfois les deux langues dans la même séquence, comme la première scène du prince : le faux qui s’entraine devant le miroir en anglais puis suit les explications du colonel Schonberg en allemand. Il faut être trilingue pour suivre ces passages car ils sont instructifs et humoristiques.

o Soyez vigilant : Valentin donne un indice au téléspectateur en demandant à Lafleur de ramener le prince à l’hôtel… car Thérèse révélera au commissaire un peu plus tard qu’il manquait l’œillet à la boutonnière du prince.


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5. LA CONFRÉRIE DES LOUPS

Résumé :

1911 - Une prostituée renseigne le commissaire Valentin sur les agissements du milieu, qui s'est structuré en confrérie secrète. Pujol participe à l’évasion d’un truand pour infiltrer l'organisation.

Critique :

Depuis quatre ans – et la création des Brigades –, les bandes, qui ravageaient le pays, ont été éliminées, mais la vague de criminalité a pourtant soudainement empiré, principalement en région parisienne. Ces actions semblent organisées et une ère nouvelle a commencé dans le domaine du crime. Les assassinats et les hold-up se multiplient, mais quelque chose a changé dans le milieu qui s’est hiérarchisé, et toutes les activités criminelles sont dorénavant contrôlées par un syndicat : la Confrérie des loups.

L’ambiance pesante de l’intrigue est très bien retranscrite par le jeu des comédiens – excellents –, même les plus petits rôles. Tous les personnages sont intéressants, en particulier Monsieur de Sermeuze, qui est un méchant hors pair. Beaucoup de scènes sont prenantes : la visite de Valentin à la prostituée-indic, qui met le commissaire sur la confrérie du milieu (mais pourquoi ne la fait-il pas protéger ?), les réunions des truands dans le grenier du château, l’attentat à la grenade, l’évasion du fourgon et l’unique rencontre Valentin/de Sermeuze. C’est aussi l’épisode de Pujol qui remarque d’abord le type bizarre dans la cour (peu avant l’explosion), puis se retrouve infiltré dans l’organisation grâce à une évasion programmée ; il est Gustave Delarue, le ‘cheval de Troie’ des Brigades Mobiles.

Un très bon épisode malgré quelques longueurs  la lente arrivée d'un complice à la réunion –, mais le suspense est croissant et l’atmosphère lourde. Dans la seconde partie, Pujol participe à l’assassinat simulé de Valentin mais, à vouloir griller trop vite les étapes, il se fait démasquer, pris à son propre coup de bluff, par un truand marseillais. Le final est palpitant avec la fouille méthodique de la bâtisse, qui se clôt par la poursuite dans les catacombes et le combat au couteau entre Pujol et le chef de la meute. Comment Valentin ne remarque-t-il pas que Sermeuze n’est pas dans le groupe arrêté ? C’est le seul reproche que l’on peut formuler à cette histoire parfois violente et bien filmée (remarquez par exemple le jeu avec le miroir lorsque Valentin interroge la prostituée dans sa chambre). Le tournage en extérieur ‘d’époque’ donne un cachet, qui fait de cette série une merveille de la télévision.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé à la St Sylvestre 1974 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. Pratiquement toute la première saison – cinq épisodes sur six – fut diffusée en dix jours dans la volonté de l’ORTF d’en laisser le moins possible à Antenne 2 qui vit le jour le 1er janvier 1975.

o Alfred Baillou (1915-1982) fait sa troisième et dernière apparition de la série en crieur de journaux (aussi dans Ce siècle avait 7 ans…, Nez de chien). Il est enterré à Ris-Orangis.

o Jean-François Rémi (1927-2007), Guillaume de Sermeuze, joue dans un autre épisode, Rita et le caïd . Il a un personnage récurrent dans Aux frontières du possible.

o Myriam Boyer (1948) est Germaine, la putain. Elle renseigne Valentin et elle est surinée au départ du policier (elle aurait besoin d’une crème dépilatoire !). L’actrice joue le rôle de la mère de Mesrine dans le film sorti en 2009 au cinéma. Dans la vie, elle est la mère de... Clovis Cornillac qui est Valentin dans le film Les Brigades du Tigre de 2006 !

o Raymond Bussières (1907-1982) joue dans Le lion et la licorne des New Avengers, ainsi que dans de nombreux films et séries. Il tient le rôle de L'africain dans cet épisode, un membre de la confrérie qui veut garder un peu de liberté malgré qu’il soit d’accord pour ‘l’union contre les flics’.

o Bernard Salvage, Clarence, le spécialiste en faux, jouera également dans Les compagnons de l’Apocalypse et Les princes de la nuit.

o Yves Brainville est mentionné au générique dans le rôle du député André Bonnerive, apparu lors du premier épisode, Ce siècle avait 7 ans… Or, le personnage n’est pas présent dans cette histoire : il a dû être coupé au montage ou ne figurer que dans le script.

o Didier Albert, le laborantin, reviendra dans De la poudre et des balles.

o En 1911, la passe était à 3 francs !

o L’invention du gilet pare-balles, porté par Valentin, est évoquée.

o Spaggiari, ‘le plus grand spécialiste mondial du coffre-fort’ est une coïncidence avec l’homonyme, auteur du célèbre casse de Nice. Celui-ci eut lieu en juillet 1976, soit quelques années après le tournage de cet épisode.

o La confrérie voulait un rapprochement avec Marseille, déjà gangréné à l’époque par le crime.

o La musique de la poursuite finale dans les catacombes de la demeure n’est pas habituelle, ni caractéristique – heureusement  de la série.

o Pierre Maguelon trébuche sans conséquence lors de l’assaut dans le grenier.

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6. LA MAIN NOIRE

Résumé :

1910  Trois enlèvements en plein Paris intriguent les Brigades Mobiles. Les noms slaves des victimes orientent l’enquête vers la Main noire, société secrète serbe. Valentin doit se rendre en Belgique pour finalement découvrir que l’organisation a décidé d’inonder l’empire austro-hongrois de fausse monnaie.

Critique :

Un excellent épisode achève la saison, sûrement le meilleur de cette première fournée de haute volée. Il n’y a pratiquement aucun temps mort ni de pause dans l’action de cette intrigue aux multiples rebondissements. Trois kidnappings en plein jour en l’espace de deux semaines alertent le Ministère de l’Intérieur, surtout qu’aucune plainte n’a été déposée et que l’identité des personnes enlevées n’est pas connue. Un mystérieux coup de fil au commissaire Valentin et une canne particulière retrouvée sur les lieux d’un enlèvement mettent les Brigades sur la piste de la redoutée Main noire. La disparition du graveur serbe Milan Bekelevitch épaissit le mystère, surtout que sa fille, Beba, change d’attitude et ment au commissaire. Elle est ensuite enlevée à son tour en trompant la vigilance de Pujol. L’aventure est mouvementée avec de nombreuses scènes en extérieur, dont une poursuite en forêt qui se termine… par une panne d’essence de la voiture des Brigades ! « De ce côté-là, au moins, les chevaux avaient du bon ! ».

Le passage, où les garde-frontières belges et français se demandent de quel ‘côté’ le corps du grand chauve moustachu est tombé, est cocasse. ‘On a tiré dessus en Belgique et il est mort en France. C’est qui que ça concerne ?’. La séquence constitue une sorte de transition, car l’action se transporte définitivement en Belgique à partir de ce moment. La partie belge décrit les difficultés de la collaboration entre polices étrangères à l’époque, et l’arrivée de Valentin/Valère en touriste à l’auberge de La Cigogne précipite les choses avec la découverte de Beba, étroitement surveillée. Même si le piège de l’écluse est grossier et peu crédible (le mannequin est trop visible), le combat de savate qui s’ensuit avec l’homme de la Main noire est un avant-goût du final. 

Le dernier acte se déroule à proximité et dans l’usine à papier piégée (la scène de la barque est ingénieuse), et Valentin livre une bagarre lors du final qui est considérée comme étant l’un des plus âpres et célèbres affrontements des Brigades. Tel Pujol à l’aventure précédente, Paul Valentin est à l’honneur, et il apparait seul dans de nombreuses scènes : les visites à l’appartement des Bekelevitch et le séjour en Belgique. Les deux inspecteurs, Pujol et Terrasson, sont en retrait avant d’être appelés en Belgique et de participer activement, déguisés en électriciens, au final. 

L’épisode bénéficie de beaux extérieurs comme les alentours de l’appartement du graveur et la forêt environnante, et la pléiade de seconds rôles – nombreux sont belges – est excellente, avec une mention spéciale au grand truand chauve aux somptueuses bacchantes, même si son rôle d’agent de l’empereur alambique inutilement l’histoire et prive la fin de sa présence.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 2 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Les combats de boxe française sont chorégraphiés par Jean-Pierre Julémont, champion belge de la spécialité dans les années 1969/1970.

o L’épisode fut effectivement tourné en partie en Belgique, dans la région de Namur. (Source : site, Le magazine des séries). Les séquences furent filmées au château de Ronchinne, à l’auberge de La Cigogne, à Lustin, à Bruxelles au Moulin Rouge et rue de la Charité, et aux verreries de Fauquez près de Charleroi (Source : Les brigades du Tigre, les limiers des temps modernes, éditions Yris).

o De nombreux acteurs belges participent à l’épisode : André Daufel (Bekelevitch), décédé un an après ce tournage, Suzy Falk (Mademoiselle Saudemont), Pierre Laroche est l’inspecteur Bogaert dans sa première interprétation, Guy Lesire (Kostia) est un véritable médecin liégeois, Claire Wauthion dans le rôle de Beba et Lucien Froidebise est l’énigmatique Kupljeka.

o Charles Millot (1921-2003) est né en Yougoslavie, ce qui colle avec le rôle de Dimitrijevitch (colonel de la Main noire). Il participera aussi à l’épisode calamiteux La grande duchesse Tatiana. Il est le colonel Stanislav de l’épisode en deux parties des New Avengers : Le long sommeil.

o Un des deux douaniers belges est interprété par l’humoriste Guy Montagné. Il a également joué l'inspecteur Guyomard dans la série Commissaire Moulin aux côtés d'Yves Rénier. Il était dans les années 90 un des piliers de l'émission radiophonique de Philippe Bouvard, Les grosses têtes.

o La voix-off de Claude Dasset présente la situation – comme d’habitude – avant la chanson du générique, mais également, pour cet épisode, lors des premières images.

o D’après le procès-verbal de déposition de témoin, l’action se déroule le 19 mars 1910.

o Lorsque Valentin se rend chez Bekelevitch, il n’y a pas d’affiche dans l’escalier. Pourtant, il y en a une au mur à sa seconde visite, mais elle a disparu lorsque le commissaire remonte après avoir été assommé. 

o Faivre menace Valentin d’un retour à la PJ après la panne d’essence (avec son ami Civelle, vu dans Ce siècle avait 7 ans…).

o La devise ‘bien travailler, bien s’amuser’  qu’on voit sur le mur de l’usine  est du belge Arthur Brancart, l'inventeur de la Marbrite, un verre opale qui connut un développement spectaculaire grâce à l'Art Déco. Dès 1915, Brancart construit tout un village autour de ses verreries à Fauquez ; il y organise la vie de ses 1000 ouvriers selon sa devise : Bien travailler, Bien s'amuser.

o L’inspecteur Bogaert dit à Valentin : ‘Vous avez des méthodes révolutionnaires. Il faudra que vous me donniez des tuyaux à propos des travaux de ce monsieur Bertillon’. Alphonse Bertillon (1853-1914) est un criminologue français. Il fonda en 1870 le premier laboratoire de police d'identification criminelle et inventa l'anthropométrie judiciaire, appelée « système Bertillon » ou « bertillonnage », un système d'identification rapidement adopté dans toute l'Europe, puis aux États-Unis, et utilisé jusqu'en 1970. Les méthodes de Bertillon, qui rédige des ouvrages traduits dans de nombreuses langues, sont reprises et adaptées par toutes les polices du monde (Source : wikipedia).

o Le tournage des scènes de combat de l’épisode est particulièrement bien décrit en pages 19 et 20 du livre des éditions Yris, Les brigades du Tigre, les limiers des temps modernes. Ainsi, Jean-Pierre Julémont témoigne et déclare qu’il a failli remplacer Guy Lesire (le truand Kostia) qui avait du retard pour l’affrontement dans l’escalier de l’auberge. Il refusa car il aurait dû se couper la barbe et ne garder que le bouc ! Le mobilier de l’auberge fut abimé et la production dut indemniser l’établissement ! Julémont raconte aussi la préparation du combat final ; Jean-Marie Deblin (Jacquet) ne voulait pas recevoir un coup dans le ventre après une récente opération à l’estomac et c’est une main (dans une chaussure) qui touche l’acteur brièvement. Du coup, c’est Jean-Pierre Julémont, en homme de main, qui se bat avec Valentin et pas le directeur. L’exigüité des lieux a rendu complexe le tournage du combat, tous les objets dangereux furent retirés du bureau, et la séquence fut découpée en plusieurs parties. Elle fut néanmoins difficile à réaliser et connut quelques péripéties ; entre autres, Jean-Claude Bouillon s’est cogné la tête à un meuble et a été à moitié assommé et Jean-Pierre Julémont s’est relevé trop tôt dans la cour et la dernière partie a dû être recommencée.

o Le site Le magazine des séries a consacré un dossier à cet épisode. Le titre de la série inscrit sur la couverture du script était Les hommes du Tigre.

http://www.lemagazinedesseries.com/index.php?option=com_content&task=view&id=113&PHPSESSID=d229d7e496a3efb3431cc98b48cd6af6

o La Main noire était une société secrète nationaliste fondée en Serbie en mai 1911 (ndlr : l’action de l’épisode se situe pourtant en 1910). Son objectif était de réunir au sein d'un unique État l'ensemble des territoires faisant partie de l'Autriche-Hongrie (Croatie, Bosnie, sud de la Hongrie), qui étaient habités par des Serbes, ainsi que le Monténégro. Elle est liée à l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche le 28 juin 1914 à Sarajevo : les auteurs de l'attentat avaient été armés par la Main noire. L'attentat de Sarajevo est considéré comme l'évènement déclencheur de la Première guerre mondiale. La Main noire était dirigée par le responsable de la police secrète serbe. En 1917, le gouvernement serbe en exil fit arrêter et juger les chefs de l'organisation, devenue trop influente au sein de l'armée et du pouvoir politique, ce qui marqua la fin de la Main noire (Source : wikipedia).

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Captures réalisées par Denis Chauvet.

Crédits photo : TF1 Vidéo.

 saison  saison

Les Brigades du Tigre (1974-1983)

Présentation

 



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Posted by Le Monde des Avengers on Friday, April 10, 2015

Série française de 6 saisons de 6 épisodes de 55 minutes. Elle fut tournée de 1973 à 1983.

L’action des quatre premières saisons, tournées de 1973 à 1978, se situe entre 1907 et 1914. Les deux dernières saisons, tournées en 1982 et 1983, se passent pendant l’entre-deux-guerres et elles ont un titre différent : Les Nouvelles Brigades du Tigre (saison 5) et Les Brigades du Tigre : les années folles (saison 6). Les téléspectateurs français ont découvert la série pour la première fois le 21 décembre 1974 sur la deuxième chaîne de l’ORTF.

En 1907, Georges Clemenceau, surnommé le Tigre, décide de créer les Brigades Mobiles afin de moderniser les forces de police pour contrer la montée du banditisme. Le commissaire Valentin et les inspecteurs Pujol et Terrasson sont confrontés à diverses affaires, dramatiques ou comiques, qui mélangent habilement réalité et fiction.

1907 : En ce début de siècle où la vie se transforme au rythme accéléré d'une industrie triomphante, les structures traditionnelles de la vieille société se brisent chaque jour davantage derrière la façade de la “Belle Époque”. La criminalité augmente dans des proportions d'autant plus inquiétantes qu'une délinquance nouvelle est née qui s'appuie, elle, sur le progrès technique et fait échec à une police archaïque dont les méthodes et le matériel n'ont guère évolué depuis Vidocq. Un chiffre est plus éloquent que tout : au cours de l'année 1906, 103 000 affaires criminelles et correctionnelles ont été classées sans que les auteurs aient pu être identifiés. L'année 1907 s'annonce pire encore. Il y va de la sécurité des villes et des campagnes.

 

Les Brigades du Tigre est une des séries les plus populaires de la télévision française, et elle est une des rares séries cultes de notre pays grâce à un mélange subtil d’aventures historiques et policières. D'inspiration très américaine, elle n'a pas les défauts habituels de nos séries (manque d'action, faiblesse de scénario, personnages transparents...). Chaque enquête est rattachée à un contexte historique par des dessins - le dernier correspond à la première image de l'épisode - et une voix-off qui précède souvent le générique. Ces particularités, couplées avec des décors et des reconstitutions fidèles à l’époque, vont faire des Brigades du Tigre un programme jamais égalé sur nos écrans. La série évoque également l’introduction dans les enquêtes policières de méthodes d’investigation moderne, le bertillonnage : les empreintes digitales, les photographies anthropométriques, les analyses chimiques... mais aussi les fausses informations répercutées dans la presse.

Les voitures d'époque rendent aussi la série très attrayante. Elles sont empruntées au musée Briare ou louées à des collectionneurs, qui étaient d’ailleurs souvent sur les lieux de tournage. Tous les conducteurs devaient procéder avec une extrême prudence, mais les véhicules tombaient souvent en panne. La musique de Claude Bolling est à associer au succès des Brigades du Tigre ; les thèmes entendus pendant les scènes d’action ou de suspense sont géniaux. Un superbe double CD remasterisé est sorti en 2006 aux éditions Frémeaux & Associés. Aux voitures et à la musique, indissociables de la série, s’ajoutent les superbes décors, les costumes, et la boxe française, qui contribuèrent aussi à sa renommée.

Claude Desailly avait pressenti la série assez tôt, à la fin des années 60, et son ami, Alain Decaux, le mit en relation avec Pierre Bellemare, qui voulait faire de ce projet un équivalent français des Incorruptibles. L’ébauche, trop grandiose, n’aboutit pas, mais trois ans plus tard, Roland Gritti de Télécip relance l’idée dans des proportions plus raisonnables. Néanmoins, en épluchant les archives des Brigades Mobiles, Claude Desailly se rend compte qu’il n’y a pas matière à une série, car il ne trouve que des faits divers insignifiants. Le scénariste a alors l’idée géniale de chercher l’inspiration dans le contexte historique de l’époque plutôt que les archives. Claude Desailly se sert donc des grands faits historiques, scientifiques et de société du début du XXe siècle et les intègre dans des intrigues policières. Le scénariste a sans doute trahi l’histoire, mais c’était la seule solution pour donner une dimension à la série. En ce qui concerne le trio, les personnages étaient bruts au départ, comme des robots, et les acteurs les ont modelés, avant que Desailly n’affine leur caractère à partir de la seconde saison. Victor Vicas, réalisateur perfectionniste et talentueux, mettra en scène superbement les trente-six histoires du scénariste.

Le titre initial de la série était Les Hommes du Tigre (il figure sur les scripts de la première saison), et d’autres acteurs furent pressentis pour incarner le trio : Alain Pralon, Michel Creton et Marco Perrin. Une chance inattendue va servir Jean-Claude Bouillon, alors que celui-ci ne postulait pas. Li Erben, la compagne de Victor Vicas, suit à la télévision Alexandre bis, dont le rôle-titre est tenu par l’acteur, et elle conseille à son mari de voir un épisode, convaincue que Bouillon ferait un bon commissaire .... Quant à Pierre Maguelon et Jean-Paul Tribout, il semble que ce soit Claude Desailly qui ait suggéré ces choix. La camaraderie des trois acteurs, cimentée dès leur première rencontre dans l’appartement de Victor Vicas, sera un atout indéniable à la réussite des Brigades du Tigre.

Jean-Claude Bouillon (le commissaire Valentin), Jean-Paul Tribout (l’inspecteur Pujol) et Pierre Maguelon (l’inspecteur Terrasson) personnifient à la perfection ces policiers d’une autre époque. Au début du tournage, Jean-Claude Bouillon rééquilibrait les textes et en passait à ses deux compères. Les trois policiers sont sous la direction d’un commissaire divisionnaire : l’irascible Faivre, interprété prodigieusement par François Maistre, lors des quatre premières saisons, et puis, avec moins de réussite, Gabrielli (Pinkas Braun), amateur de gâteaux, pour les deux dernières. Lors des quatre premières saisons, la voix de Claude Dasset présente l’épisode (c’est Jacques Thébault, la voix des Incorruptibles, pour les deux dernières) ; le texte était écrit après le tournage et ajouté au montage. Au générique final, instrumental, l’empreinte souligne l’importance des nouvelles techniques de la police. 

La grande particularité de cette série est que les trente-six épisodes ont été écrits par la même personne, Claude Desailly, et c’est le même réalisateur, Victor Vicas, qui était derrière la caméra. Le tournage fait la part belle aux décors trouvés par la production dans le Loiret et Orléans ; la Place Saint-Aignan est systématiquement utilisée pour de nombreuses séquences au cours des quatre premières saisons. Orléans permettait de recréer le Vieux Paris de 1900 avec ses vieilles rues encore pavées à l'ancienne, et les forêts environnantes furent également mises à contribution. La série fut aussi tournée en Belgique lors de la première saison (coproduction oblige) et à La Rochelle, Tournemire dans le Massif Central, dans le Vaucluse, près de Carpentras lors des autres saisons. À noter que le tournage était le plus souvent en intérieur réel, et non pas en studio.

Le tournage durait trois mois par saison et les huit premiers jours étaient consacrés à toutes les séquences de bureau des six épisodes. Ensuite, les scènes en extérieur, plus contraignantes, étaient filmées, et chaque épisode nécessitait entre onze et quatorze jours de tournage. Les prises de vues étaient en son direct, ce qui explique que quelques répliques soient à peine audibles ou qu’on entende des bruits anodins. Le raccord de jeu était le plus difficile pour les acteurs : se rappeler ce qui venait avant et après lors du tournage d’une scène, car on filmait généralement plusieurs histoires en même temps, décor par décor. Les quatre saisons tournées dans les années soixante-dix étaient coproduites par les Suisses, Belges et Allemands. Ainsi, certains tournages eurent lieu en Belgique et de nombreux acteurs belges et allemands ont participé à l’aventure. L’engagement de l’acteur suisse, Pinkas Braun, fut conclu avant le désistement des partenaires étrangers pour les deux dernières saisons.

Le premier jour de tournage eut lieu le 8 mars 1973 et la réalisation de la première saison se prolongea jusqu’à l’été, mais les responsables de chaine ont préféré commander une seconde saison dans la foulée pour avoir douze épisodes à disposition et faire un évènement. Celle-ci est tournée au printemps 74. Une diffusion hebdomadaire est prévue mais l’éclatement de l’ORTF bouleverse les plans, car les chaines deviennent concurrentes et les directeurs de la seconde chaine - le renommé Pierre Sabbagh et Claude Désiré - programment en urgence les épisodes à une cadence  infernale dès le 21 décembre 1974. D’après Claude Desailly, les responsables ne veulent absolument pas que leurs successeurs profitent du prestige de la série. Belle mentalité ! Les cinq premiers épisodes sont ainsi diffusés entre le 21 et le 31 décembre 1974 !

La série est accueillie par un succès populaire et les quelques critiques ridicules et insignifiantes n’étonnent pas, car elles proviennent toutes de la presse pseudo-intello-gaucho : Télérama, Libération, Politique Hebdo. A l’époque, on attendait de voir si le succès était au rendez-vous et il pouvait donc se passer un an entre deux tournages, le temps d’écrire les scénarios. Les deux saisons suivantes sont diffusées de façon hebdomadaire entre le 10 décembre 1976 et le 14 janvier 1977 (saison 3) et entre le 21 avril et le 26 mai 1978 (saison 4). La troisième saison est tournée avec un budget restreint malgré la réussite et la collaboration de RTF et de TV 60 Munich.

La cinquième saison n’est pas tournée dans la foulée, car la décision est prise de stopper la série : un choix brutal et incompréhensible pour Télécip et Claude Desailly. Alors qu’un projet de résurrection pointe pour le compte de TF1 trois années plus tard, Claude Barma revient sur sa décision et une cinquième saison est planifiée. Les trois acteurs principaux reprennent du service. Par contre, François Maistre est remplacé par Pinkas Braun. La cinquième saison s'intitule Les Nouvelles Brigades du Tigre et elle reprend la même forme que les quatre précédentes avec des dessins illustrant le contexte historique en début d'épisode, la voix-off étant maintenant celle de Jacques Thébault. Le générique, sans chanson, a quelques variantes instrumentales, et pour coller à l’époque, les années 20, les voitures et tenues vestimentaires ont changé. Après quatre ans d’absence, la série est de retour sur nos écrans en janvier 1982. Inutile de cacher que les deux dernières saisons, dont l’action se déroule après la Grande Guerre, sont moins palpitantes pour diverses raisons. Les scénarios sont, tout d’abord, beaucoup plus faibles : quatre épisodes sur douze ont la qualité de ceux des quatre premières saisons, François Maistre n’est plus là, la musique envoûtante a pratiquement disparu et même Valentin a changé : il n’a plus sa moustache, ni son chapeau melon !

Néanmoins, devant le succès enregistré, une sixième saison est tournée au début de l’année 1983. Claude Bolling réarrange une nouvelle fois le "Thème Valentin" avec un rythme plus rapide que le précédent et un parfum de charleston qui annonce la période des "Années folles". La sixième saison est diffusée en octobre et novembre 1983. Une septième et ultime saison était prévue : six autres scénarios, qui devaient se situer entre 1930 et 1935, furent commandés et payés à Claude Desailly, mais une décision imbécile de direction de chaîne a empêché de mettre à exécution ce qui aurait permis de donner à l’ensemble de l’œuvre une cohérence définitive. Cela devait commémorer le final d’une épopée policière et historique commencée trente ans plus tôt. La série fut vendue à une vingtaine de pays dont le Japon et la renommée des Brigades du Tigre s’est transmise de génération en génération dans l’Hexagone depuis quarante ans.

Jean-Claude Bouillon : « Finalement, avec les Brigades du Tigre, le téléspectateur recevait une leçon d’histoire toujours agréable, jamais ennuyeuse ou didactique, avec l’avantage du suspense et de la bonne humeur. Tout cela fait un mélange original et inimitable ». (Génération Séries, numéro 14, été 1995)