LE MARCHAND DE SECRETS
( THE SECRETS BROKER)
Tournage : Octobre 1963 Diffusion : ITV, 1 Février 1964 – 13ème Rue, 28 Mai 1998 Scénario : Ludovic Peters Réalisation : Jonathan Alwyn Résumé Un confrère de Steed est assassiné alors qu’il participait à l’élaboration d’un système révolutionnaire de détection sous-marine. Steed envoie Cathy enquêter au laboratoire, tandis que lui même suit une piste le conduisant à s’intéresser à un marchand de vin au comportement suspect. Il découvre qu’en réalité ce Waller dirige un réseau d’espions utilisant le chantage pour dérober les secrets militaires du pays. Alors que l’organisation tente une nouvelle une fois de s’emparer des plans de cette nouvelle invention en manipulant l’épouse du directeur du projet, Steed et Cathy interviennent et mettent hors d’état de nuire l’ensemble du gang. CRITIQUES Estuaire44 28 mai 2008 Le marchand de secrets peine réellement à retenir l’attention du spectateur La faute en revient principalement à une intrigue particulièrement convenue et prévisible en tous points. En effet aucun suspens ou effet de surprise ne subsiste dans ce récit cousu de fil blanc, recourant à tous les poncifs les plus éculés de l’espionnage et accumulant de surcroît les maladresses d’écriture. C’est ainsi que plusieurs éléments distincts de l’intrigue nous sont présentés successivement sans que l’auteur ne se préoccupe de leur liaison. Le spectateur ressent ainsi la désagréable sensation de ne pas tout saisir, d’autant que la scène de spiritisme ouvrant le récit disparaît totalement par la suite, ne refaisant surface qu’en fin de parcours ! On reste d’ailleurs bien perplexe sur l’utilité réelle de ce procédé inutilement théâtral. Quel intérêt pour le gang d’ainsi se compliquer la vie ? La complexité de l’histoire, source de nombreuses incohérences, tourne d’ailleurs à vide, ne présentant aucun enrichissement pour l’épisode, bien au contraire. On peut aussi s’interroger sur la menace prétendument représentée par cette organisation et son manque d’efficacité manifeste par ailleurs. Le manque de crédibilité et d’intérêt du sujet, ainsi que la mauvaise exposition d’un scénario cherchant à abuser le spectateur sur sa faiblesse par une complication artificielle, condamnent sans recours ce récit d’espionnage vraiment bas de gamme. Tout comme L’école des traîtres (saison 2), dont l’argument apparaît finalement très proche, l’épisode souffre également d’une mise en scène incroyablement statique, Alwyn filmant platement des scènes, qui , il est vrai, ne méritent pas le plus souvent un autre traitement. Rien n’est jamais tenté pour insuffler un semblant de vie à cette succession de bavardages, le manque d’inventivité de l’histoire, trouvant comme naturellement écho dans celle de la réalisation. Les décors semblent également parfaitement quelconques, notamment la cave. Les scènes de dégustation s’y déroulant, quoique clairement les plus plaisantes de l’épisode, achèvent en fait de mettre en faillite Le marchand de secrets par la comparaison qu’elles induisent avec leurs équivalentes dans Meurtre par téléphone (saison 4), autrement plus relevées et enthousiasmantes. De plus le son apparaît régulièrement exécrable (plusieurs scènes demeurent à la limite de l’audible), tandis que l’image semble bien médiocre et subissant de nombreux à-coups. Face à ce néant les talentueux comédiens font leur possible pour permettre à leur personnage d’exister. Si Jack May présente un jeu trop marqué et frôle dangereusement le cabotinage, Ronald Allen et Patricia English paraissent convaincants en couple adultère et passionné. Avice Landon donne à Mrs Wilson l’onctuosité perverse qui convient. Son jeu du chat et de la souris avec ses victimes offre à l’épisode quelques unes de ses scènes les plus marquantes. Jennifer Wood a de la présence, Julia demeure cependant bien trop anecdotique après avoir beaucoup promis pour rien durant la scène d’introduction. Une incongruité de plus et un personnage inutile dont l’intrigue aurait pu faire judicieusement l’économie. « L’homme du Ministère a son utilité après tout » déclare Jim Carey et on ne peut certes lui donner tort tant Steed se révèle indispensable à l’épisode. Le manque d’intérêt rend précieux les quelques éléments de fantaisie et d‘humour que Patrick Macnee parvient à distiller. Grâce à Steed les scènes tournant autour du vin demeurent plaisantes, même si pauvrement filmées. Il se montre également amusant lors de la scène des diapositives mais souffre lui aussi de l’insigne faiblesse d’écriture de l’épisode. On reste ainsi confondu devant sa fade et quelconque présentation de l’affaire à Cathy Gale, lui qui déploie coutumièrement des trésors de finesse et de panache dans cet exercice. Surtout Steed conserve un ton bien policier durant cet épisode, certes réaliste mais dans lequel il perd une grande partie de son charme. Lors de sa discussion avec Carey à propos de l’alibi de ce dernier on apprend ainsi qu’il est lié à la surveillance des réunions des partis d’opposition… Ce n’est pas vraiment dans de domaine qu’on le préfère ! On doit également évoquer la scène passablement ridicule où Cathy le surprend dans la cave de Waller au point qu’il s étale sur le sol. On se demande d’ailleurs bien pourquoi Steed avait dissimulé cette intrusion à Cathy ! Encore un tumulte inutile pour tenter de combler quelque peu le vide de l’intrigue… Cathy Gale subit un sabotage similaire, perdant ici son fort caractère si irrésistible, demeurant bien passive durant tout l’épisode. Steed vient perturber son travail lors de la préparation d’une importante conférence et elle ne cille même pas, se contentant d’obéir sans mot dire ! Son rôle parait également bien effacé durant le combat final où seul Steed a la vedette. Elle ressort en fait comme la principale victime de l’inutile inflation de personnages secondaires car dépouillée de tout espace véritable au cours de cette histoire. Cet irrespect du personnage achève de nous faire sentir à quel point Ludovic Peters, auteur de polars à l’éphémère participation aux Avengers, n’a de fait rien compris à l’esprit de la série. Il se contente en réalité de maladroitement plaquer ses schémas d’écritures coutumiers à des personnages autrement plus brillants et originaux, condamnant dès lors l’épisode à un échec fracassant. EN BREF : Ludovic Peters se contente de perpétuer sans subtilité les conventions de ses récits d’espionnage, ce qui ne convient plus à des Avengers ayant désormais commencé à emprunter d’autres voies. Un fastidieux retour en arrière où la sauce (marchand de vin) ne prend vraiment pas ! VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité o Steed sort la carte de visite avant même que Waller ne le lui demande. Patrick Macnee ne peut éviter un cours instant d’embarras ni de jeter un bref coup d’œil à l’équipe technique (10’37’’) : o Howard éteint la lumière avant de quitter son travail, mais aucune différence ne se fait remarquer. En fait la lampe n’était pas allumée ! (28’35’’) : o Un bruit de chute particulièrement sonore se fait entendre durant la conversation entre Cathy et Marion (37’19’’). o L’image connaît de violents à-coups à de multiples reprises au cours de l’épisode (24’43’’, 39’26’’, 45’05’’, etc.). Détails o Durant les années 60 la publicité devait déjà être interdite dans œuvres de fiction : à deux reprises le nom d’un négociant en vin de Chelsea apparaissant sur des cartons a été effacé (22’36’’ et 49’48’’). o L’épisode s’illustre par une impressionnante succession de vins français. o Sonar : Le dispositif de détection sous-marine décrit dans l’épisode correspond au Sonar (SOund Navigation and Ranging). Ce dispositif a été inventé durant la Grande Guerre par le Français Paul Langevin, pour permettre de détecter mines et navires allemands. La légende veut que Langevin ait débuté ses travaux suite au drame du Titanic, il visait alors le repérage des icebergs! Une onde sonore est émise par l’appareil, dont la réflexion et son écho permettent de mesurer la distance avec l’objet atteint. Des modèles plus modernes assurent une écoute directe des bruits sous-marins. Outre ses applications militaires, le sonar permet de mesurer la profondeur des fonds marins, ou de détecter les bancs de poissons. Comme indiqué dans l’épisode, la Grande-Bretagne occupa toujours un place de premier rang dans le développement du sonar. La Royal Navy fut ainsi la première flotte au monde à en avoir généralisé l’emploi, dès les années 20. Elle offrit cette technologie aux Américains durant la Deuxième Guerre Mondiale, assurant aux Alliés la prédominance durant les grandes batailles maritimes. Acteurs - Actrices o Patricia English est, comme son nom ne l’indique pas, d’origine américaine. Elle apparaîtra également dans Mission à Montréal (saison 2) et sera surtout la remarquable Dr James de Interférences (saison 5). Par la suite elle participera à plusieurs séries (Les Champions, Department S), avant de se retirer au début des années 70. A noter que… Fiche du Marchand de Secrets des sites étrangers : En anglais
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