Les monstres de l’espace (1967) Résumé : En creusant une nouvelle ligne de métro à Londres, des ouvriers tombent sur une caisse contenant des fossiles d’insectes géants. Or, ces créatures venues de l’espace veulent dominer le monde. Le professeur Quatermass s’oppose à ces sombres desseins. Critique : Les studios Bray fermés et ceux d’Elstree occupés, le producteur Anthony Nelson-Keys confia ce nouveau film de la Hammer à un studio à Borehamwood, le MGM British, qui s’avéra parfait pour tourner ce volet longtemps retardé. Les monstres de l’espace s’avèrent être un curieux mélange entre la science-fiction (vaisseau spatial, contrôle de l’esprit…), la science pure (nombreuses références à des lois de la physique, de l’archéologie, de biologie et de géologie) et l’ésotérisme (présence incongrue d’un pentacle, référence au Diable…). Cela lui donne certes une grande originalité au prix d’un mélange parfois instable. La qualité impeccable du casting permet de tirer le meilleur du scénario et d’emmener le film au sommet. Son final à la fois surprenant et spectaculaire est également décisif. Roy Ward Baker était alors un nouveau venu à la Hammer mais sa carrière hollywoodienne et à la Rank en faisait un réalisateur expérimenté. Il sait magnifiquement se servir des décors à sa disposition. Resserrer l’action entre le tunnel et la rue (Hobb’s Lane, avec jeu de mot sur « Hob’s Lane », la voie du Diable) en fait une métaphore du destin de l’humanité qui se joue ici et maintenant. Le spectateur est convaincu que si Quatermass échoue, personne ne pourra plus s’opposer à la prise de contrôle du monde par les envahisseurs. La scène de panique quand la situation dégénère dans le métro vers la fin du film est impressionnante. Les effets spéciaux sont de grande qualité également. Les fans de Chapeau melon verront aussi dans l’arrivée des militaires, et la présence de Julian Glover, comme un écho du Matin d’après. C’est un autre atout du film, et une excellente utilisation du budget, que de se concentrer sur les humains et de laisser les extraterrestres en périphérie du récit. On ne voit les monstres qu’avec parcimonie ; ce qui est donne une plus grande intensité aux moments où ils sont présents. Ce n’est pas une surprise mais l’humanité se débrouille très bien toute seule pour se taper dessus. Le scénario, ainsi que le souligna Roy Ward Baker, pointait la cruauté de la nature humaine. En outre, une explication « réaliste » même bancale, satisfera plus facilement le plus grand nombre plutôt qu’une explication fantastique. Les récits de Lovecraft ne procèdent pas autrement. Les militaires sont cruellement moqués pour leur incapacité à vouloir dépasser leur univers mental borné. Le colonel Breen s’en tient à ses explications comme un naufragé à son radeau et ne se préoccupe que du maintien de l’ordre. Le ministre veut juste « rassurer » le public et ouvrir la ligne de métro. Ce que le film nous dit, et qui est aisément transposable à d’autres moments, est qu’en période de crise, les autorités sont souvent crispées sur la notion d’ordre public et craignent par-dessus tout de passer pour des incapables, pire des faibles. Mieux vaut dire n’importe quoi que simplement admettre qu’elles ne savent pas. La question du casting était primordiale et les choix sont pleinement validés. Andrew Keir est un Quatermass plus que convainquant. Il n’est pas un sachant tout puissant. Il tâtonne, il hésite mais il cherche à comprendre et s’appuie d’abord sur les faits plutôt que sur une interprétation préétablie. Il est très bien secondé par Miss Judd, incarnée avec son talent habituel par l’exquise Barbara Shelley qui sort la modeste assistante de son rôle de départ, un peu effacé, pour en faire un personnage important, déterminant pour la compréhension de la situation. James Donald est un autre savant, un archéologue, dont l’action est capitale au départ et au final de l’action. Quant à Julian Glover, son colonel Breen est un modèle de raideur militaire incapable de penser plus haut que son képi par peur de ne plus toucher terre. Un aveuglement fatal et qui manque d’entrainer l’humanité avec lui. Anecdotes :
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