L'Homme qui valait trois milliards Saison 2
La deuxième saison de L’Homme qui valait trois milliards a été diffusée sur la chaine ABC le vendredi soir à 20H30 à partir du 13 septembre jusqu’au 20 décembre 1974. Mais après la pause des Fêtes, la série changea de case horaire pour être diffusée le dimanche soir à 20H00 à partir du 10 janvier jusqu’au 27 avril 1975. La première saison, qui est en fait plus une moitié de saison puisqu’elle a démarré en janvier 1974, a connu un très gros taux d’audience avec 22.7 sur l’échelle d’audimat de Nielsen pour une moyenne de 15 027 400 téléspectateurs par épisode, ce qui l’a classé au 11ème rang des programmes télévisés les plus regardés aux États-Unis. Les choses s’annonçaient donc au beau fixe pour la seconde saison. Mais la réalité fût moins souriante à prime abord. En effet, Elroy Schwartz, le scénariste qui avait réussi en quatre épisodes à définir les personnages et à donner un cachet de qualité à la série comme la production le souhaitait, a refusé de continuer plus avant, malgré une offre d’Harve Bennett pour l’écriture d’autres épisodes. Selon Schwartz lui-même, son refus de poursuivre l’aventure n’était pas dû à un manque de volonté, ni à l’absence d’idées. L’auteur a plutôt fait porter la responsabilité sur Harve Bennett et Lionel E. Siegel (script-éditeur de la première saison), qui réécrivaient ses scénarios et y faisaient des changements sans l’avoir avisé avant leur présentation à l’écran. Schwartz ne s’opposait pas à la réécriture par d’autres; ce qui le dérangeait était le fait de ne pas être informé des changements apportés. Ne disposant plus du talent de Schwartz pour continuer de faire progresser la série, Harve Bennett dû trouver d’autres auteurs pour écrire les 22 épisodes de cette deuxième saison, ce qui ne fût pas une mince tâche, au point où la qualité globale des récits stagna quelque peu. Par bonheur, Bennett a réussi à trouver à tout le moins un auteur qui, s’il n’est pas aussi brillant qu’Elroy Schwartz, a su s’ajuster aux règles de la production et s’approprier les personnages pour les faire évoluer dans la bonne direction: Wilton Denmark. La contribution de ce dernier ne saurait toutefois se résumer en nombres d’épisodes, puisqu’il n’en écrira que quatre au cours de cette seconde saison, et deux autres lors de la troisième. De plus, il ne fût pas le seul qui a apporté sa pierre à l’édifice de la série, puisque le bras droit d’Harve Bennett, Kenneth Johnson, qui travaillait dans l’ombre jusque-là, a lui aussi joué un rôle plus affirmé et déterminant dans l’évolution de la série au cours de cette saison Deux. Malgré la contribution positive de ces deux auteurs, la production et l’écriture de cette seconde saison furent loin d’être à la hauteur des attentes émises par les succès de la première. Tellement au point où un sentiment d’incertitude plana au sein de la compagnie Universal et la chaîne ABC. Nous y reviendrons dans les critiques des épisodes. Parmi les changements effectués qui furent notables, le générique d’ouverture conçu par Jack Cole a été bonifié de 20 secondes supplémentaires. Des images précédant le crash de la navette de Steve Austin et des plans dans la salle d’opération, agrémentés de schémas illustrés par informatique de la greffe bionique, furent ainsi rajoutés. Ce faisant, le texte prononcé par Richard Anderson, ou plutôt Oscar Goldman, fût également ajusté en conséquence en étant prolongé, après la courte entrée en matière d’Harve Bennett, qui elle, n’a pas changé. Voici le nouveau texte d’introduction: « Gentlemen, we can rebuild him. We have the technology. We have the capability to make the world's first bionic man. Steve Austin will be that man. Better than he was before. Better… Stronger… Faster… » Conséquemment, cette nouvelle version du générique et du texte d’introduction restera jusqu’à la fin de la série et ne connaîtra que des ajustements mineurs sans plus. Cependant, il est intéressant de noter que la version française « made in France » a doublé presque mot pour mot cette nouvelle version du texte d’introduction, incluant la courte portion d’Harve Bennett, tandis que la version française québécoise a conservé la même traduction que la première saison, malgré le prolongement du générique de 20 secondes. Le nouveau doublage français, par l’intermédiaire de l’acteur Jacques Deschamps, qui a doublé Oscar Goldman pour la France, se déclame comme suit: « Steve Austin, astronaute. Un homme tout juste vivant. Messieurs, nous pouvons le reconstruire. Nous en avons la possibilité technique. Nous sommes capables de donner naissance au premier homme bio-ionique. Steve Austin deviendra cet homme: il sera supérieur à ce qu’il était avant l’accident. Plus fort, plus rapide...En un mot, le meilleur! » Bien évidemment, le compositeur Oliver Nelson en profita pour améliorer le thème de la série, que l’on peut enfin entendre vers la fin du générique d’ouverture avant l’apparition du titre de la série sur l’écran. Certes, le thème pouvait déjà être entendu lors des épisodes de la saison Un. Sauf que pour le générique d’ouverture bonifié, Oliver Nelson a su mettre à profit tout l’orchestre, et particulièrement les instruments à vent, pour donner au thème de la série cette musicalité et cette personnalité dans la signature, de même que ce rythme inoubliable qui l’a rendu vraiment marquante à plus d’un titre. Pour assurer la production de cette seconde saison, Harve Bennett a d’abord donné une promotion à son script-éditeur de la première saison au poste de producteur: Lionel E. Siegel, qui trouvera même le temps d’écrire un épisode. Après des débuts difficiles, il est devenu tellement efficace qu’Harve Bennett le nommera producteur exécutif de la série Super Jaimie pour la dernière saison en 1977. Quant à l’autre producteur, Joe L. Cramer, il avait fait ses armes en tant que directeur de production pour des films comme Bullitt et Catch-22 avant qu’Harve Bennett de lui confia les rênes de la production d’une série pour la première fois de sa carrière. Hélas, il est décédé en 1977 sans vraiment avoir eu la chance de confirmer ses aptitudes, sauf en tant que superviseur de production pour la série Switch. Bon gré mal gré, la deuxième saison pouvait commencer, avec tous les espoirs placés en elle et, hélas, les déceptions face aux réalités du marché de la télévision américaine. 1. ALERTE NUCLÉAIRE Résumé : Une arme nucléaire est mise aux enchères sur le marché noir. Alerté, L’OSI, en collaboration avec l’armée américaine et d’importants scientifiques nucléaires, constate que puisqu’aucune arme de la sorte n’est portée disparue ou manquante, les vendeurs en ont tout simplement fabriqué une en dérobant un peu partout toutes les pièces nécessaires, sauf une: un fusible à réflecteur. Comme cette pièce doit être transportée par camion, Steve Austin se porte volontaire pour en être le conducteur, ceci afin de pouvoir suivre et retracer d’éventuels agresseurs désireux de s’emparer du fusible, jusqu’aux têtes dirigeantes de l’organisation qui a mis l’arme nucléaire aux enchères. Ce qui devait s’avérer une mission de routine se complique toutefois puisque le chef de l’organisation se trouve à être un des scientifiques nucléaires américains impliqués. Critique : Si Population Zéro était l’épisode idéal pour démarrer la première saison, cela ne s’avère pas le cas avec Alerte Nucléaire qui se révèle plutôt moyen. Il faut dire que l’enjeu de l’intrigue, soit la récupération d’une arme nucléaire vendue au marché noir, s’avère plus banal que la menace infra-sonique du docteur Bacon, et ce, d’autant plus qu’il a déjà été le sujet de films et d’autres épisodes de séries à divers degrés, tellement le sujet était à la mode sur le plan dramatique durant cette période. Après une séquence pré-générique à bord d’un avion privé où se déroule la vente aux enchères de l’arme nucléaire, qui rappelle (encore!) certains segments des films de James Bond, l’histoire se traine un peu après les passages d’explication d’usage, alors que la portion où Steve conduit le camion transportant le fusible à réflecteur est arbitrairement étirée. On sent en effet des approximations dans la progression afin de remplir le temps imparti jusqu’au climax, même si les situations qui se déroulent donnent le change et empêchent le spectateur de sombrer dans l’ennui. Heureusement, les choses se replacent dans le dernier tiers, au moment où Steve est prisonnier à bord de l’avion des trafiquants avec le docteur Clea Broder, qui avait démasqué le judas scientifique derrière cette mise aux enchères. Alors que des avions militaires américains sont sur le point d’abattre le jet privé contenant la bombe, les vilains menacent de la faire exploser si on ne les laisse pas tranquilles. Steve, se sachant en mauvaise posture, est conscient qu’il lui faut faire usage à bon escient de ses pouvoirs bioniques pour venir à bout des trafiquants sans faire exploser la bombe nucléaire par accident. Le suspense se maintient et est donc bien entretenu alors qu’on attend de voir à quel moment et comment il va agir pour éviter une catastrophe. Malheureusement, si Steve réussit encore une fois à venir à bout des vilains de l’histoire et à désarmer l’arme nucléaire, il n’a pu y parvenir sans tuer le chef des trafiquants. Harve Bennett et Lee Majors avaient pourtant bien spécifié qu’autant que possible, Steve Austin ne tuerait personne et une nette progression en ce sens s’était affirmée lors de la première saison. Manifestement, cette règle a été mise de côté ici, et c’est d’autant plus surprenant puisque Steve Austin aura affaire dans les épisodes subséquents à des personnages bien plus détestables, sans que cela ne l’empêche de les garder en vie. Visiblement, Alerte Nucléaire apparaît comme un épisode où on sent que l’équipe de production est un peu rouillée en ce début de saison Deux. Cela dit, il y a assez de bons éléments pour le classer dans la catégorie de l’honnête moyenne. Anecdotes :
-Clea Broder: Steve, the things you did on the plane, and even before that, the way you knocked down that door... how did you do it? -Steve: Oh, slight of hand, slight of foot. -Clea Broder: Oh, really? Oscar: Dr. Broder, he fascinates a lot of women with those tricks. I, well, I have to rely on my native charm. 2. LES PIONNIERS Résumé : David Tate et Nicole Simmons sont un couple de savants qui ont conçu un nouveau sérum de régénération cellulaire afin de contrevenir aux effets secondaires se produisant lors de la réanimation d’êtres humains placés dans un état de suspension cryogénique pour supporter de longs voyages dans l’espace. Seulement voilà, la capsule spatiale transportant les deux savants s’écrase dans une région des États-Unis, ce qui provoque accidentellement une injection trop prononcée du sérum chez David Tate au moment de sa réanimation. Conséquemment, ce dernier se retrouve doté d’une force surpuissante, mais il est également pris de crises violentes incontrôlables, qui font qu’il sème la terreur dans la région. Se sentant responsable après avoir donné personnellement son appui au couple de savants, Oscar Goldman demande à Steve Austin de se rendre sur les lieux du crash avec Rudy Wells afin de stopper David, et si possible, permettre à Nicole de pouvoir le guérir. Critique : Le point de départ du récit laisse présumer une possible invasion venue de l’espace, amplifiée par les cadrages et l’emploi de la lumière lors de la séquence pré-générique, alors que David Tate quitte la capsule comme un fou, s’enfonce dans la nature sauvage et agresse les personnes qu’ils croisent. Étant donné l’aspect science-fiction de la série, même au sein d’un cadre réaliste, et le métier d’astronaute du principal protagoniste, on pouvait s’attendre à ce que les auteurs imaginent éventuellement des aventures où Steve Austin rencontre un jour des extra-terrestres. Il faudra cependant attendre un peu toutefois, car on se rend compte assez rapidement que cela n’est pas le cas dans Les Pionniers, dont l’enjeu dramatique n’est pas sans rappeler quelque peu celui de l’épisode Le Mal de l’Espace de la première saison: une personne, lors d’un voyage dans l’espace, en revient transformée, mais en contrepartie avec un comportement incontrôlable qui le rend dangereux. Et comme pour Josh Lang, le destin de David Tate semble inexorable. Les Pionniers se veut donc d’une variante d’une formule narrative gagnante qui met de l’avant les valeurs humanistes autant des concepteurs de la série que des personnages. Ce ne sera pas la dernière fois que cette formule narrative sera employée. Néanmoins, si sa répétition trahit un certain manque d’originalité, il n’en demeure pas moins que l’intrigue sait habilement doser ses ingrédients, notamment en rendant plausible les explications scientifiques, pour donner au final un très bon épisode. Car l’essentiel, c’est que le scénario et la réalisation nous amènent à croire aux personnages de ce couple de savants, victimes de circonstances qui ont fait mal tourner leur expérience scientifique, et à s’attacher à eux. Si les auteurs nous rappellent les risques associés à la recherche scientifique, cela est fait sans pour autant nier son apport positif sur la société plutôt que par un ton moralisateur qui aurait été de mauvais goût. Comme quoi les accidents tragiques, les sacrifices et les erreurs font partie de la trajectoire qui permet à ces avancées de servir au progrès de l’humanité. Anecdotes :
-Nicole Simmons: Your arm's bionic! -Steve: Two years ago, I was part of an experiment Oscar and Rudy...tried. So far, it's worked. -Nicole: One of Oscar's experiments called in to help another one of Oscar's experiments. Kinda makes us family, doesn't it? -Steve: Sorta. Country cousins. (…) You know, I've never met anyone who's been an experiment like me. -Nicole: How does it make you feel? -Steve: It makes me feel...a little less alone. -Oscar: Too much. Too much to pay for something called science, or progress. All right, I'm in government service, but what am I? What am I, really? I'm just a glorified public servant. So why should I have the power to send a man to this death? Here I am alive, right now, right this minute. David Tate is dead. What is it? Am I better than he was, is that it? -Steve: He knew the risk. -Oscar: Come on, pal, he didn't think for a minute he was going to get killed. -Steve: Look, you didn't force him, Oscar. -Oscar: Oh, come on. -Steve: It wasn't for nothing. You know that serum can open up a whole knew world to research. A way to increase a man's physical and mental potential. -Oscar: Potential? You're talking about man's potential. A man has died here. David Tate is dead, don't you understand that? He's dead! -Steve: Yes, he's dead. But you're still alive to finish what you two started together. -Oscar: Oh, come on, now. -Steve: It takes two, Oscar. You wanted him to do it. But he wanted to do it. In a way he was...he was kind of a pioneer. You couldn't have stopped him if you tried. I know you, Oscar, you're not just a glorified public servant. You're a man who has to keep trying to find ways to improve things. In a way, you're a pioneer, too. Where would I be if you weren't? 3. ERREUR DE PILOTAGE Résumé : Un des hommes qui a financé l’opération ayant fait de Steve Austin un homme bionique, le sénateur Ed Hill, est sous le coup d’une enquête pour une erreur de pilotage qui a provoqué un accident de vol. Les enquêteurs doivent établir hors de tout doute si cette erreur de pilotage est déterminante pour faire perdre au sénateur sa licence de pilote et son statut d’officier de réserve au sein de l’US Air Force. En tant que colonel de l’armée de l’air qui a déjà été aux commandes du même type d’avion, Steve est amené à témoigner en reproduisant les mêmes faits et gestes lors de l’accident, et la démonstration se révèle incriminante pour le sénateur. La vérité éclate toutefois lors d’un vol de retour vers Washington, alors que le sénateur Hill est victime périodiquement de défaillances de concentration aux commandes de l’avion. Rendu aveugle à la suite d’une fuite d’huile, Steve Austin devra néanmoins piloter l’avion à la place du sénateur, avec l’aide de son fils Greg et de la tour de contrôle pour ramener tout le monde à bon port. Critique : Cet autre très bon épisode sans antagonisme pose au départ le dilemme moral suivant: comment peut-on défendre quelqu’un dont la générosité a changé votre vie, sans pour autant trahir ses propres principes et rester honnête avec soi-même? C’est à cette question que Steve Austin est confronté, alors qu’il est amené à témoigner en faveur du sénateur Ed Hill, l’un de ceux qui a financé son opération bionique. Seulement voilà, l’honnêteté et la franchise sont des principes chers à Steve, surtout après prêté serment en tant que pilote. Si bien qu’il ne peut pas tricher lors de la reconstitution des événements dans le simulateur, afin d’éliminer les soupçons pesant sur le sénateur concernant sa responsabilité dans l’accident évoqué. Et ce, malgré le fait que ce soit Oscar Goldman qui ait recommandé Steve pour témoigner en sa faveur, et qui cherche à convaincre Steve en vain de modifier son témoignage parce qu’il lui est redevable. Ce postulat établi, le spectateur en vient à découvrir la vérité à propos du sénateur, dont le comportement orgueilleux et fier, alors qu’il avait peur de perdre sa licence de pilote, mais surtout des points aux élections à cause de cet accident, ne lui ont pas fait prendre conscience du mal qui l’affecte. Dommage toutefois qu’afin de le rendre clairement honnête aux yeux des spectateurs, les auteurs ont conçu un rebondissement au cours du périlleux voyage de retour où son attaché politique lui suggère d’éliminer Steve, ce qu’il refuse tout net. Bien que l’intrigue ne traine pas et maintient l’intérêt, tout en rendant les personnages globalement attachants avec assez de crédibilité, un certain manque d’imagination se fait sentir dans le dernier droit, alors que Steve, rendu temporairement aveugle, est aidé par une contrôleuse du trafic aérien et par le fils du sénateur pour ramener l’avion intact avec tout le monde en vie; situation qui est assez familière à celle du film catastrophe Aéroport 75, sorti quelques mois plus tôt, et où une hôtesse de l’air doit piloter un avion de ligne en étant guidé par la tour de contrôle, après une collision où le pilote a été rendu aveugle. En dépit de ces quelques défauts et de quelques lacunes techniques, Erreur de pilotage se veut un épisode fort sympathique révélateur autant des principes et des valeurs de Steve Austin, que de ceux de ses concepteurs. Anecdotes :
-Oscar: Steve, just tell them about the simulator. The accident could have happened that way, they'll believe that. -Steve: I can't, Oscar. I don't believe it. -Oscar: I'm afraid that's not good enough. -Steve: Well, it'll have to be because I'm not going to lie about it. -Oscar: You don't have to lie. Listen, I'm tired of asking you - I'm telling you! -Steve: Is that like an order, Oscar? -Oscar: You can take it any way you like. Afin de réparer l’avion, Steve est obligé de montrer ses pouvoirs bioniques au sénateur Hill, qui a financé son opération sans savoir de quoi il retournait. Plus tard, le sénateur tient à remercier Steve de lui avoir sauvé la vie ainsi qu’à son fils, qui a aidé Steve à ramener l’avion à bon port: -Sénateur Hill: Best thing I ever did was get Oscar that six million. -Steve: General, the best thing you ever did was raise a son. 4. MADAME LE PREMIER MINISTRE Résumé : La première ministre d’une petite nation du Moyen-Orient du nom d’Eretz, Salka Pal-Mir, est aux États-Unis afin d’entamer des pourparlers de paix avec les factions guerrières en conflit au sein de son pays. Comme elle souffre d’un syndrome cardiaque qui risque à tout moment de provoquer un infarctus fatal, madame Pal-Mir, faute de pouvoir trouver un donneur compatible, a accepté que Rudy Wells lui greffe un tout nouveau cœur bionique. Pour les fins de l’opération, la première ministre doit se rendre secrètement au centre de recherches de Rudy Wells dans le Tennessee. Pour assurer sa sécurité lors du voyage, Oscar Goldman réussit à la convaincre d’être accompagnée par Steve Austin pour veiller sur sa sécurité. Il se trouve cependant que Shahvid, le garde du corps personnel de madame Pal-Mir, est de mèche avec ses ennemis et ces derniers comptent bien profiter de l’occasion pour l’éliminer pendant le trajet. Critique : On avait pu voir dans Athéna Un que le caractère quelque peu chauvin, patriarcal et macho de Steve Austin avait parfois du mal à s’ajuster à la présence de femmes fortes à des postes non-traditionnels, en l’occurrence le major Kelly Wood, première femme astronaute américaine. Cette fois-ci, c’est à une cheffe d’état que notre homme bionique doit venir en aide, alors qu’il ose affirmer sérieusement d’entrée de jeu que la possibilité de voir un jour une femme devenir présidente des États-Unis est tout à fait improbable. Mais tout comme avec le major Wood, Steve Austin démontre progressivement une admiration, un grand respect et une certaine ouverture par rapport à sa position de départ à force de connaître madame Pal-Mir pendant le trajet vers le centre de recherches de Rudy Wells. Son tempérament humain et empathique a repris le dessus pour l’amener à plus de compréhension envers cette dame, et à mieux accepter le fait qu’une femme puisse très bien diriger les destinées d’un pays aussi bien que les hommes. Sachant sans doute que l’attaque des ennemis de la première ministre en cours de route serait prévisible, les auteurs ont eu la bonne idée de miser davantage sur le développement de la relation entre Steve et madame Pal-Mir. Ce faisant, nous découvrons en elle, certes, une femme engagée, intelligente, capable d’avoir une poigne de fer et d’être dure comme le roc, mais également un chef d’état sensible, serviable, croyant au bien commun et à la paix. Et à travers ses traits de caractères et sa relation avec Steve, ce dernier finit lui-même par tomber littéralement sous son charme et réciproquement. C’est là où réside à l’arrivée tout l’intérêt de Madame le Premier ministre. Il est également à noter que les trois épisodes précédents de la seconde saison, en dépit de leurs qualités, étaient un peu faibles sur le plan de l’humour. Ici toutefois, les échanges entre madame Pal-Mir et Steve Austin ne manquent parfois pas de piquant. Mais comme ce personnage de cheffe d’état n’a pas la langue dans sa poche pour émettre ses idées et ses opinions, cela n’a rien de surprenant. Ainsi, bien que le propos politique reste en surface et s’en tiennent à des éléments universels, et que le suspense n’est pas son point fort, cet épisode nous offre un rare et beau portrait d’une grande politicienne d’âge mûr. Voilà qui est rafraichissant, plus encore dans le contexte d’une série d’aventures flirtant avec la science-fiction et à une époque où l’on ne voyait pas énormément de protagonistes féminins forts. Et dire que la femme bionique n’est pas encore arrivée… Anecdotes :
C’est la première fois que Steve Austin fait usage de son œil bionique pendant qu’il conduit. -Madame Pal-Mir: I have never trusted very good-looking men. -Steve: Well, I've never trusted good-looking prime ministers. -Madame Pal-Mir (en riant): What a thing to say. I have been called many things in my time: ruthless, fanatical, dictatorial. But good-looking? This is a first! (elle rit encore) -Docteur Av Ni: Salka, please! -Madame Pal-Mir: Ah, my good Dr. Av Ni is afraid I will die laughing. Tell me, Av Ni, you know a better way to go? -Steve: Well, that's just the thing; you can't argue with a woman. -Madame Pal-Mir: What's hard about it? It's very easy to argue with me. Av Ni, tell him how easy it is to argue with me. -Docteur Av Ni: Arguing is easy; winning is hard. Lors de la scène finale alors que Steve rend visite à Madame Pal-Mir après son opération: -Madame Pal-Mir: If only Salka Pal-Mir were 40 years younger... -Steve (lui embrassant la main): If only Steve Austin were 30 years older. 5. CINQ CENTS MILLIONS DE PLUS Résumé : Steve Austin est étonné de découvrir qu’Oscar Goldman et Rudy Wells lui ont menti en lui cachant l’existence d’un autre homme bionique: Barney Miller, un ancien champion du monde de course automobile victime d’un grave accident où il a perdu ses deux bras et ses deux jambes. En permettant d’opérer sur Barney la fameuse greffe bionique, Oscar et Rudy espèrent que ce dernier puisse prendre la relève de Steve en cas de pépin. Sauf qu’à la différence de Steve, Barney semble émotionnellement avoir du mal à vivre avec son nouvel état physique, au point où il fait un usage abusif de la force bionique et se montre instable au cours d’une mission. Lorsque la décision de réduire ses pouvoirs bioniques au niveau d’un humain normal est prise, Barney tente de détruire tous les dossiers relatifs au projet Cyborg. Seul Steve peut l’arrêter et le ramener à la raison. Critique : On pouvait craindre que cet épisode, où Steve Austin rencontre pour la première fois une personne ayant subi la même opération que lui à quelques détails près, ne verse dans la surenchère et diminue le caractère unique des pouvoirs bioniques de notre héros astronaute. C’est oublier qu’à travers ces pouvoirs, les auteurs ont toujours cherché à faire d’abord ressortir le caractère humain de Steve depuis les débuts de la série. Et l’arrivée de Barney Miller, l’Homme de Sept Millions du titre, vient encore davantage renforcer cet aspect, avec déjà en préambule, le fait qu’Oscar Goldman et Rudy Wells ait menti à Steve sur l’existence de Barney. Quand on connaît l’honnêteté de Steve et la nature de son amitié avec Oscar et Rudy, nul doute que ce mensonge risque affecter leurs relations futures, car une limite a été franchie. Plus encore que le fait de distinguer les personnalités divergentes de nos deux hommes bioniques, le scénario renvoie à certaines idées exprimées dans le premier téléfilm-pilote, notamment en ce qui a trait aux conséquences psychologiques de cette greffe bionique. Comme d’ailleurs se plait à répéter Steve à Barney, il comprend ce que le pilote automobile peut ressentir car il est passé aux travers des mêmes tourments intérieurs que ce dernier vit après cette opération. L’intrigue nous dévoile ensuite que si Steve et Barney ont ressenti les mêmes craintes après leur greffe respective, c’est le chemin qu’ils ont choisi de prendre qui les distinguent, et c’est là où l’aspect humain des personnages ressort davantage que leurs simples pouvoirs, et donne une certaine intensité lors de leur affrontement dans le dernier tiers. Bien sûr, ce contraste entre Steve et un autre protagoniste doté de pouvoirs spéciaux avait été magnifiquement illustré dans Le Mal de l’Espace. Mais le fait qu’il s’exprime par l’intermédiaire d’un autre homme bionique dont les comportements sont à l’opposé de ceux de Steve, permet à l’histoire d’être convaincante car elle joue davantage sur un effet de miroir, comme si Barney était le côté obscur de Steve où le portrait de ce qu’il aurait pu devenir s’il avait pris un autre chemin pour passer au travers les peurs et les questionnements qu’il se pose dans le premier téléfilm-pilote. La qualité d’interprétation de Monte Markham dans le rôle Barney est pour beaucoup dans la réussite de cet épisode. Son élégance rugueuse et son aptitude à jouer dans divers registres d’expression sans trop surcharger font également un superbe contrepoint avec le jeu simple et laconique de Lee Majors. Cette complémentarité a visiblement fonctionné aux goûts des producteurs puisque Monte Markham interprétera de nouveau Barney Miller dans une suite, Super Duel, au cours de la troisième saison. Anecdotes :
-Oscar: Steve, your friendship is most important to me. -Steve: Oscar, I don't lie to my friends. -Oscar: There are times when I have to lie. -Barney (à Steve): Did you really think that when the great Oscar Goldman pushed one of his little buttons and ordered up you, his brand new bionic gadget, did you really think he ordered only one of a kind? (pause) Wrong. -Rudy: (voix forte) This is lunacy! -Barney: You put me together, Rudy: the nuts, the bolts, the wires. Tell me, can the machine be more lunatic than those who created it? -Oscar: You want me to take seven million dollars’ worth of bionic perfection and toss it down the drain, huh? -Steve: Well, I got one advantage over you there, Oscar. I don't care about the seven million dollars. 6. LES VISITEURS DE L'ESPACE Résumé : Steve Austin est témoin comme plusieurs autres de l’arrivée d’un OVNI sur le territoire américain. En réalité, le vaisseau spatial, à la suite de problèmes de fonctionnement, n’a eu d’autre choix que de faire un atterrissage forcé sur Terre. À son bord se trouve une famille d’explorateurs extra-terrestres dont la biologie radioactive affecte mortellement tous les humains qu’ils croisent, et réciproquement. Alors qu’ils sont recherchés par les autorités qui croient que ces extra-terrestres ont des intentions hostiles, Steve les retrouve et constate que ses membres bioniques le protègent de leurs émanations radioactives tout en n’affectant pas leur condition biologique. Après avoir discuté avec Minonee, l’une des naufragés de l’espace, il décide alors de leur venir en aide afin qu’ils puissent repartir en paix. Critique : Déjà dans Les Pionniers, on y évoquait une possible invasion venue de l’espace, ou la présence de visiteurs extra-terrestres au début de l’épisode, alors qu’il s’agissait simplement du retour de voyage de deux scientifiques dont l’expérience a mal tourné. Mais cette fois avec Les Visiteurs de l’Espace, la série aborde officiellement pour la première fois cet élément qui a alimenté tant de films et de séries de science-fiction depuis des années. Si dans la majorité des cas, les extra-terrestres peuvent s’avérer hostiles envers les humains, c’est exactement le contraire ici. Et étant donné l’importance de l’humanisme à travers la série et la personnalité de Steve Austin (je me répète!), ce caractère pacifique est très bien abordé sur le plan dramatique. En effet, la divergence biologique qui sépare les visiteurs de l’espace des êtres humains se veut un bel angle narratif pour souligner les malentendus pouvant animer les préjugés portant sur la crainte des différences, et encore plus si cette rencontre du troisième type s’avère accidentelle et pas fortuite. Cet angle narratif prend une grave tournure puisqu’elle laisse des dommages collatéraux des deux côtés: les humains meurent au simple contact physique avec les extra-terrestres, tandis que ces derniers en meurent aussi, mais ils ne peuvent également survivre sur notre planète et sont condamnés à une mort lente à cause de son atmosphère particulière. Il est intéressant de constater que les membres bioniques de Steve lui permettent de venir en aide pleinement aux visiteurs autrement que par ses pouvoirs habituels, puisque c’est grâce à eux qu’il n’est pas affecté à leur contact, notamment à cause de leur radioactivité. De surcroit, l’empathie de Steve se retrouve par la suite confrontée aux nécessités scientifiques de son ami Oscar Goldman et des réalités impérialistes des États-Unis. J’avais déjà évoqué dans l’épisode précédent le fait que la relation entre Oscar et Steve allait connaître une nouvelle évolution suite au mensonge d’Oscar au sujet de Barney Miller qui a heurté la valeur de l’honnêteté chère à Steve. Ainsi dans Les Visiteurs de l’Espace, Steve est outré qu’Oscar ne le croit pas au départ sur le fait qu’il ait vu un OVNI dans le ciel, mais il se permet en prime de lui désobéir deux fois, entre autres lorsqu’Oscar ordonne en vain Steve de ne pas laisser repartir Minonee, la seule extra-terrestre encore en vie, afin qu’elle soit étudiée étant donné l’intérêt scientifique qu’elle représente. Comme à chaque fois que Steve désobéit à Oscar, ce dernier ne lui en tient pas rigueur et se laisse finalement convaincre du bien-fondé des actes de son ami. Au final, si on ferme les yeux sur quelques incongruités propres au genre, comme le fait que les extra-terrestres qui parlent parfaitement anglais et l’improbabilité de leur « naufrage » malgré leurs connaissances avancées en vols spatiaux, et des erreurs de raccord occasionnels avec l’inclusion des prises de vue de la NASA, cet épisode constitue un pas en avant autant sur l’évolution de la relation entre Steve et Oscar, que sur le thème de la présence de visiteurs extra-terrestres sur Terre dans la série. Car ces visiteurs, on s’en doute bien, ne seront pas les derniers. Anecdotes :
-Oscar: I know what's been going on here. -Steve: Do you, Oscar? -Oscar: I know that four of them landed in a craft that came down at sea. I know that one of them died and disappeared. I know that if anyone touches them, they'll suffer extreme radiation burns and shock. And I know that we can't let any of them escape. -Oscar: Could you give us any information, any knowledge that your people may have accumulated? -Minonee: I've told him (Steve) everything I know. 7. UNE AMITIÉ Résumé : Après avoir été aperçu à Las Vegas, Oscar Goldman disparaît mystérieusement sans donner aucun signe de vie. Inquiet, Steve se rend au Nevada afin d’espérer le retrouver. Certaines indications laissent croire qu’Oscar est impliqué dans un complot criminel pour voler l’or d’une mine de la région. Steve trouve la mine en question pour découvrir qu’Oscar a été trompé par un ami proche, Bert Carrington, qui a su abuser de sa confiance afin de trafiquer l’or de la mine hors du pays. Forcé de travailler dans la mine après avoir été fait prisonnier, Steve n’a toutefois pas dit son dernier mot. Critique : Après une série d’épisodes de niveau à peu près similaire en matière de qualité, mais aucun qu’on puisse qualifier d’exceptionnel, Une amitié marque une petite baisse de régime car il s’avère moyen sans plus. La séquence pré-générique était pourtant prometteuse, alors qu’on voit Oscar Goldman à la mine qui semble nettement plus attiré par l’appât du gain de tout cet or extrait, au point d’échanger un sourire de complicité et de satisfaction avec le contremaître des lieux, MacGregor. Le spectateur se demande alors comment Oscar a pu ainsi tourner sa veste, mais la suite montre rapidement qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Néanmoins, plus l’histoire progresse, alors qu’on suit Steve cherchant à découvrir où est Oscar et ce qu’il est devenu alors que les faits sont contre lui, plus on comprend que son patron et ami a été victime d’une machination, afin de porter le chapeau pour le véritable vilain, qui se révèle être un ami d’enfance au tempérament jaloux: Bert Carrington. Son identité devient tellement évidente qu’on peut le deviner aisément bien avant que la caméra nous montre son visage après la tentative d’évasion avorté de Steve et Oscar. Tel quel, cet épisode n’est pas ennuyeux malgré son intrigue banale, mais la réalisation technique met trop en évidence de nombreuses erreurs minant trop souvent sa crédibilité. À commencer par le fait que Steve se sert de ses pouvoirs bioniques pour détruire la grille devant la fenêtre du bâtiment où Oscar est enfermé, alors qu’il aurait été bien plus simple de passer discrètement par la porte afin de ne pas donner l’alerte. En prime, l’emploi de la « nuit américaine », procédé standard récurrent dans les séries télés, apparaît comme bien trop évident sur des scènes censées se dérouler la nuit, alors qu’elles sont très visiblement tournées de jour, tellement le ciel y est bleu clair. Finalement, alors que deux mineurs ne s’entendent pas sur le sort final réservé à Steve dans le désert, ce dernier en profite pour se libérer de ses menottes, mais d’une façon telle que pour y arriver, il aurait fallu qu’il soit comme Barney Miller, soit avoir deux bras bioniques, alors qu’on sait qu’il en a qu’un seul. Encore heureux que certains traits d’humour permettent à cet épisode de rester comestible, mais même de ce côté, on en aurait souhaité davantage étant donné le potentiel que représentait la présence l’acteur hitchcockien Farley Granger dans le rôle du vilain et ami d’enfance d’Oscar. La présence de trois scénaristes au générique semble prouver que le récit a posé plusieurs problèmes dans son élaboration et le résultat final démontre qu’ils n’ont pas été majoritairement corrigés ou mieux adaptés pour améliorer l’ensemble. Anecdotes :
-Steve: It’s all those Air Force exercices, Lieutenant. Every morning. -Steve: Now, Carrington told me that he'd always beaten you, ever since school, at everything. -Oscar: That's true. -Steve: Well, this time he lost. -Oscar: So did I, pal... 8. RECONSTITUTION Résumé : En visite à la base Edwards de l’US Air Force, Steve se laisse convaincre par un ami, Jay Rodgers, de pouvoir piloter à nouveau le prototype expérimental HL-10 pour la première fois depuis le terrible accident qu’il a subi il y a deux ans. Oscar Goldman lui déconseille cependant de le faire, car de nouveaux éléments laissent croire que l’écrasement du prototype ne fût pas le fait d’un accident, mais d’un sabotage. Désireux de surmonter ses vieux démons et de faire la lumière sur ce qui a vraiment provoqué son écrasement, Steve décide d’aller de l’avant. Mais pour pouvoir piloter le HL-10, il doit d’abord faire ses preuves dans le simulateur. La tâche s’avère loin d’être une formalité car des tensions éclatent entre les membres de l’équipe technique de la NASA et que Steve échoue une première fois au test au cours d’une réplique simulée de la mission qui avait aboutie au fameux crash. Critique : Comme cela arrive souvent dans le domaine des séries télévisées, certains épisodes se présentent comme des suites des pilotes qui ont permis leur naissance, afin d’y exploiter certains éléments laissés en suspens. C’est ainsi que le crash qui a mené Steve à devenir un homme bionique, constitue dans Reconstitution le point de départ pour permettre à l’astronaute d’atteindre une forme de rédemption libératrice, suite à une seconde chance s’offrant à lui d’affronter sa peur et de la surmonter pour se prouver à lui-même. Il y a cependant un risque à vouloir changer pour la deuxième fois par une pirouette scénaristique (le crash n’est plus causé par un accident, mais par un sabotage) un des éléments qui a permis au héros d’être ce qu’il est. Ce risque, c’est la perte de vraisemblance, au point de trahir la nature du protagoniste. Harve Bennett l’avait déjà modifié pour la conception du générique de la série, puisque dans le pilote, c’était une fausse manœuvre d’approche au moment du retour de la navette qui était la cause du crash. Curieusement, c’est ce changement initial du producteur qui permet au spectateur d’accepter le fait que les personnages secondaires, faisant parti de l’équipe de la NASA sur le projet HL-10 soient « logiquement » dans cet épisode, alors qu’on ne les voit pas du tout dans le téléfilm-pilote original. L’acceptation de cette rupture dans la continuité est parfois étiré à l’extrême-limite, surtout lorsqu’Andrea, officier médical sur le projet, se comporte avec Steve de manière à sous-entendre qu’elle a déjà eu une relation bien plus qu’amicale avec lui, alors que dans le pilote, ce dernier a développé une relation avec l’infirmière Jean Manners, et que dans l’épisode Cinq cents millions de plus, la petite amie de Barney Miller, Carla Peterson, avait aussi eu des liens romantiques avec Steve à la même époque. Les auteurs ont cependant réussi à contourner ces écueils habilement, et ils en ont profité pour faire progresser la personnalité de Steve en respectant bien les paramètres de la série. Le mystère entourant l’identité du saboteur est bien maintenu jusqu’à la fin, tout comme le suspense final alors que Steve cherche à ramener la navette intacte alors qu’elle est à nouveau sabotée. De plus, l’humour ne manque pas dans cet épisode sans que cela vienne gâcher les tensions dramatiques et le sérieux de l’enjeu. À ce titre, mention plus qu’honorable à Clifton James, qui incarne le coloré personnage Shadetree, et qui, dans la version originale anglaise, sort quelques répliques amusantes avec une verve sudiste pas piqué des hannetons. Parlant de répliques, soulignons en terminant la qualité de celles dévolues à Steve Austin, qui nous permet de très bien comprendre sa motivation à voler de nouveau aux commandes du HL-10 dans le langage qu’on lui connaît (voir section Anecdotes). Ceci l’amène d’ailleurs encore une fois à désobéir à Oscar Goldman, qui veut lui interdire de le faire, en lui avouant que le crash était dû à un sabotage. Après l’existence de Barney Miller, voilà une autre information cachée par Oscar à la connaissance de Steve, même si les explications fournis pour justifier cette discrétion semblent avoir été accepté par l’homme bionique. Bref, en dépit du fait que le récit marche sur un mince fil risquant à tout moment de faire chuter l’échafaudage de l’intrigue comme un château de cartes, Reconstitution se veut un pari tout de même réussi en tant que suite du pilote d’origine, même en dépit de l’emploi, avec erreurs de raccord, des mêmes stock-shots du vol et du crash du vaisseau M2-F2 piloté par Bruce Peterson en 1967. Anecdotes :
-Ted: You've, eh, got a pretty good grip. -Steve: Well, it comes from squeezing a lot of orange juice.
-Shadetree: You got to be kiddin'. You hit that ball into next week! -Steve: Yeah, I guess I did kinda catch it on the screws, didn't I? That was a hundred, wasn't it, pardner? -Oscar: You are more to us, Steve, than just a man on the payroll. You're... -Steve: A six-million-dollar investment? -Oscar: I was gonna say 'friend.' -Steve: Tomorrow, when I climb into that bird, my stomach's going to feel like a bag of bricks. But, I'd still feel the same way without your suspicions. But, I've still got to fly it. -Oscar: Even though you know someone's trying to kill you? -Steve: I feel that's what I'd be doing to myself if I didn't fly it. -Shadetree (à Steve après son atterrissage): Buddy, you are luckier than a skinny turkey at Thanksgiving. 9. ACTE DE PIRATERIE Résumé : Steve Austin donne un coup de main aux sismologues Louis Craig et Sharon Ellis qui travaillent à poser des capteurs sismiques dans les fonds océaniques. Un message radio les enjoint toutefois de quitter la zone où ils se trouvent car un pays à proximité, le Santa Ventura, vient de rompre les relations diplomatiques avec les États-Unis. Hélas, un bateau de patrouille arraisonne leur bâtiment avant qu’ils n’aient pu quitter les lieux, et les patrouilleurs capturent Louis et Sharon en plus de sectionner le tuyau d’air de la cloche de plongée où se trouve Steve. Ce dernier échappe toutefois à la mort et se rend à la nage au Santa Ventura afin de libérer les sismologues. Critique : Avec son suspense inexistant, ses nombreuses invraisemblances, son emploi abusif de stock-shots et de voix-off à des fins de remplissage, et son allure de série B à petit budget, Acte de piraterie n’a aucun mal à figurer parmi les plus faibles épisodes de cette saison Deux. Dès la séquence pré-générique, aussitôt que Steve Austin reçoit l’alerte concernant les ruptures diplomatiques des États-Unis avec le Santa Ventura, un pays fictif pour ne pas que les producteurs se brouillent politiquement mais visiblement localisé en Amérique centrale qui a connu pas mal de soubresauts politiques à cette époque, le spectateur peut aisément deviner à l’avance ce qui va suivre. Les personnages secondaires sont également très mal définis. On ne sait pas grand-chose des sismologues Louis Craig et Sharon Ellis en dehors de leur travail. Quant aux vilains, menés par le général Fernando Ferraga, on ne sait rien de leur motivation derrière la capture des scientifiques américains, ni de leurs intentions réelles. Cherchent-ils un coup médiatique? Une rançon? À faire chanter le gouvernement américain sur le plan diplomatique? On n’en sait rien. En fait, ils ont plutôt l’air de caricatures ambulantes qui règnent au sein d’une dictature de pacotille sur une nation dont les frontières semblent une vraie passoire. Car même doté de pouvoirs bioniques, Steve Austin a beaucoup de trop de facilité à entrer au pays de Santa Ventura, à y circuler et à trouver l’endroit où les sismologues sont enfermés, et jamais il ne sera inquiété tout le long de l’épisode. Sans doute grâce à sa « bonne étoile », Steve rencontre un des sympathisants de la Résistance au pays face à la dictature alors qu’il examine le bateau arraisonné de Louis et Sharon, et ce dernier le mène tout droit au QG du général Ferraga en quelques petites minutes. Difficile à avaler, même avec un seuil de tolérance élevé pour l’incrédulité! La présence d’un traitre dans l’entourage de l’équipage, détail que Steve ignore, n’améliore pas les choses, alors que l’intrigue traite cet aspect par-dessus la jambe dans le dernier tiers au moment où Steve et les sismologues cherchent à fuir le pays. Au bout de compte, même si la réalisation évite de rendre l’ensemble ennuyeux malgré une paresse évidente au plan technique, on n’arrive pas à s’intéresser vraiment à cette histoire plutôt insignifiante qui ne décolle jamais vraiment, et que trop de faiblesses viennent entacher davantage. Anecdotes :
-Steve: How are you, Miss Ellis? -Sharon: Oh, I beg your pardon, Colonel? -Steve: Colonel? After twelve days and twelve nights, nine dazzling sunsets and one full moon, it's still 'Colonel.' -Sharon: But I love it; such a nice, pompous title. 10. ÉTRANGER À BROKEN FORK Résumé : Steve souffre d’amnésie suite à l’écrasement de son avion dans les montagnes du Colorado. Errant seul sur la route, il est recueilli par une psychologue, Angie Walker, qui dirige un centre expérimental à Broken Fort qui traite les personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Le directeur de l’épicerie de la région, Horace Milsner, ne supporte cependant pas leur présence et exerce des pressions pour leur faire quitter les lieux. Après avoir échoué à les chasser légalement, Milsner réussit à convaincre certains habitants d’employer la force pour les expulser de Broken Fort. Malgré son amnésie, Steve n’hésite pas à prendre fait et cause pour Angie et ses patients afin de les protéger contre les manœuvres d’intimidation de Milsner. Il ignore toutefois que son amnésie a été causée par une défaillance bionique dans son bras droit et qu’il doit être traité rapidement afin d’éviter que cette défaillance ne lui soit fatale. Critique : Dès le départ, les choses ne s’annonçaient pas de bon augure pour cet épisode. Le pré-générique se constitue essentiellement de plans tirés de l’épisode Reconstitution montrant Steve Austin aux commandes d’un F-104 et d’autres où il tient le manche du HL-10 afin d’économiser sur le budget. Le crash de son avion n’est jamais montré à l’écran, et une fois le générique de l’émission passé, on voit Steve errant dans la campagne sans son habit de pilote et vêtu d’une chemise et d’un pantalon brun, ce qui s’avère virtuellement impossible. De plus, le thème de l’amnésie a été maintes fois exploité dans d’autres séries qu’on craignait un peu d’avance de savoir à quelle sauce elle serait servie dans Étranger à Broken Fort. Par bonheur, le récit se replace sur la bonne voie dès le moment où Steve rencontre Angie Walker sur la route alors qu’elle cherche à changer un pneu crevé. Ce personnage de psychologue, qui vient en aide à des gens souffrant de dépression et de divers problèmes de santé mentale en les accueillant dans une maison de convalescence à l’abri des tourments de la vie quotidienne, est certainement l’un des plus sympathiques de la série grâce à sa générosité, sa sincérité et son dévouement exemplaire. L’interprétation juste et pleine d’empathie de Sharon Farrell y est d’ailleurs pour beaucoup, elle qui a déjà souffert d’amnésie à la suite d’un accident cérébral qui aurait pu compromettre sa carrière d’actrice. Par l’intermédiaire de l’odieux épicier Milsner, qui cherche à chasser Angie et ses patients par la force, l’épisode illustre avec tact le problème de la tolérance envers les personnes mentalement affligées. Mais il s’avère aussi une critique des préjugés allant jusqu’au refus d’admettre l’existence de maladies mentales qui peuvent être causées par le style de vie américain axé sur la performance; un style de vie qui ne peut convenir à tous ses habitants. Certes, la scène finale où Steve appelle les habitants de Broken Fort à apprendre à connaître les gens vivant dans la maison d’Angie afin qu’ils puissent constater qu’ils ne sont pas un danger pour la société, peut sonner un brin moralisateur. Mais le tout est désamorcé par une belle tendresse, représenté notamment par cette petite fille, Jodie, qui se contentait auparavant d’observer un des patients, Thurmond, en dépit des ordres de sa mère, et qui est celle qui répond la première à la demande de Steve en s’avançant vers Thurmond, sans aucune peur ni préjugés. Étranger à Broken Fort perd sans doute des points à cause de sa prémisse de départ peu convaincante sur ce qui a provoqué l’amnésie de Steve et d’un emploi encore abusif de stock-shots et de voix-off par souci d’économie. Mais il en gagne davantage en revenant avec bonheur et sagesse aux valeurs et aux notions humanistes qui font partie intégrante de l’identité de la série et en constituent les ingrédients majeurs qui en ont fait son succès. Anecdotes :
-Jody (la petite fille): Mister, are you crazy too? -Steve: Well, that's a mighty big word for such a little girl. -Jody: Mama says everybody here is. -Steve: Well, I bet if your mom tried real hard, she could find another word to use. 11. LA VOYEUSE Résumé : Une journaliste, Victoria Webster, a réussi à capter sur film Steve Austin faisant usage de ses pouvoirs bioniques. Audacieuse, elle menace Oscar Goldman de rendre le film public si elle n’obtient pas une entrevue exclusive avec Steve. Espérant gagner du temps, Oscar et Steve acceptent que Victoria les accompagne en vacances dans le désert de Baja en Californie. La journaliste espère en profiter pour obtenir de nouvelles images sensationnelles de notre héros bionique. Mais lorsque le supérieur de Victoria, Charles Colby, visionne le film de son employée, il décide de profiter de l’occasion pour mettre au point un plan afin de kidnapper Steve et le vendre à une puissance étrangère. Critique : Cette seconde apparition en « guest star » de l’épouse de Lee Majors, Farrah Fawcett n’égale pas en qualité celle de sa première dans Athéna Un. Certes, l’idée de départ où une journaliste est témoin inopinée d’un exploit de Steve Austin où il fait usage de sa force bionique, est très intéressante. Mais le fait d’inclure une sous-intrigue où son supérieur y voit une occasion de s’enrichir face à l’impasse professionnelle où il est confronté, si elle n’est pas mauvaise en soi, vient quelque peu freiner le développement de la relation tripartite entre Victoria, Steve et Oscar, sur la question de dévoiler publiquement ou non l’existence de notre Homme de six millions. À travers ce dilemme cornélien, s’il en est, on découvre également que Victoria voit à travers ce scoop sur la nature spéciale de Steve, la possibilité de se hisser à un plus haut niveau sur le plan professionnelle et le fait d’être enfin reconnue pour son travail de journaliste, et non pour sa beauté physique en tant que femme. On découvre également, ce qui n’est pas une surprise, que Steve et Oscar ne sont pas d’accord sur la manière de régler la question avec Victoria; Oscar étant nettement plus réticent à l’idée de voir Steve faire la une en tant qu’homme bionique pour des raisons évidentes de sécurité nationale. Plus hésitant, Steve se laisse peu à peu convaincre par Victoria que de rester au secret concernant ses pouvoirs n’est pas envisageable, alors que la science bionique peut apporter tellement de bienfaits à l’humanité. Il est vrai que Steve n’est pas insensible au charme féminin pour pencher du côté de la journaliste. Seulement voilà, la menace d’enlèvement de Steve par deux mercenaires embauchés par Colby accouche d’un faux suspense dans le dernier tiers qui semble avoir été implanté mécaniquement dans le script pour éveiller la conscience de Victoria et ainsi accoucher d’une conclusion où tout le monde est satisfait. Cela n’est pas illogique à prime abord, mais apparaît un peu forcé en plus de solutionner trop commodément les situations qui suscitaient jusque-là l’intérêt du spectateur. Il n’en manque donc pas beaucoup pour que cet épisode obtienne 3 bottes, car La Voyeuse n’est pas indigne du tout en comparaison de d’autres épisodes moyens. Mais il lui manque une conclusion plus relevée qui aurait su mieux tirer parti de ses enjeux afin de rehausser sa note. Anecdotes :
-Steve: Well this is the, eh, negative of the film Miss Webster shot of me rescuing here on the cliff. It's all the bionic stuff. -Oscar: Why you... here give me that. -Steve Austin: Oh no, Oscar, I'm on her side. -Oscar: You remember what I said to you about a target on your back? -Steve Austin: Yeah. -Oscar: Well that lady is loading the rifle, pal. -Victoria: He's a rat, your mister Goldman, calling me a blackmailer. -Steve: Oh, he's not so bad once you get to know him. -Victoria: The world is entitled to know such advanced technology as you exist. Think what that would mean, that would give hope to countless people. I'm gonna get this story, and you'd better believe it. 12. COURSE À OBSTACLES Résumé : Liza Leitman est une surdouée de l’informatique qui a développé un code crypté pouvant relier les communications secrètes entre les ordinateurs à travers le monde. Également passionnée par les sports équestres, elle cherche à compétitionner dans ce domaine pour faire partie de l’équipe olympique. Mais le chef d’un groupe chargé de la sécurité de Liza, Ross Borden, planifie de l’enlever pour la forcer à reprogrammer son code informatique afin de pouvoir contrôler tout un réseau d’agents secrets internationaux. Oscar Goldman charge évidemment Steve Austin de veiller à la sécurité de Liza, mais la tâche s’avère difficile, car elle a très mauvais caractère, refuse toute protection de quiconque, et se montre inconsciemment vulnérable à chaque fois qu’elle monte à cheval pour s’entraîner. Critique : Autant La Voyeuse avait bien débuté pour moins bien se terminer, autant Course à obstacles fait exactement le contraire. Débutant sur une prémisse simple où Steve Austin doit assurer la protection de Liza Leitman, une femme à la fois brillante et sportive, l’intrigue multiplie avec assez d’habileté quelques rebondissements où les plus prévisibles d’entre eux ont servi à bien camoufler les plus surprenants. La première moitié de l’épisode ne surprend donc guère, alors que Ross Borden teste d’abord la vigilance de Steve en embauchant un quidam chargé d’espionner à la fenêtre de la chambre de Liza. Une fois que l’on apprend que Borden dirige un groupe de sécurité embauché par Oscar Goldman, on semble deviner vers où l’épisode va aboutir. Une tentative de meurtre contre Steve, dont l’entraîneur de Liza est devenu la victime collatérale, vient renforcer ce sentiment. L’entêtement, le mauvais caractère et la naïveté de Liza, qui refuse d’être protégée alors qu’elle s’entraîne pour se qualifier aux compétitions olympiques, laissent également présumer que sa propre personnalité est son pire ennemie, en plus de nuire quelque peu au travail de Steve. Mais encore là, c’est ce que les auteurs nous laissent croire. Si bien qu’au moment où le kidnapping se déroule pendant la compétition, on se rend vite compte de l’habileté du plan imaginé par Borden et que rien ne laissait soupçonner. Car plutôt que de recourir à la force afin que Liza dévoile son code, Borden a simplement demandé à un de ses hommes de main d’abattre le kidnappeur qu’il a lui-même embauché afin de faire croire à un sauvetage aux yeux de Liza. Et comme Borden a préalablement fait saboter le système informatique de l’OSI, Liza est convaincue par Borden qu’elle doit réimplanter les codes dans l’ordinateur, sans se douter de la mystification. Ce n’est qu’au moment où Steve Austin trouve le repaire de Borden et parvient à couper l’alimentation électrique que Liza, à l’intelligence vive, se doute de quelque chose alors que Borden avoue ne pas avoir de puissance électrique auxiliaire. C’est donc ce genre de petits détails qui rend cet épisode assez agréable à regarder, en plus de donner du rythme aux scènes d’action. Seuls bémols: on est quelque peu étonné du recours à une certaine violence dans le récit, même si cela reste parcimonieux, alors que la série nous avait enfin habitués à un style plus familial. De plus, les pouvoirs bioniques de Steve se révèlent parfois inexplicablement inefficaces, alors qu’il n’arrive même pas à rejoindre un homme normal, malgré sa vitesse (voir plus de détails dans la section Anecdotes). Reste que le plan du divertissement, cette Course à obstacles réussit plutôt bien sa mission. Anecdotes :
-Liza: I'm an expert rider. In rough country, on a well marked course. The hills will be alive with the sound of, eh... -Oscar: Music? -Liza: Very funny. -Oscar: Your plane leaves in two hours. There'll be a car to meet you at the airport. You'll be staying in the same hotel as she is. -Steve: Now wait a minute, what if she spots me and screams to the local fuzz? -Oscar: Huh? You're a bionic man. Run. -Liza: (riante) You really do appeal to all my... baser instincts. -Steve: Well, we gotta start some place. 13. UN AMOUR PERDU Résumé : La route de Steve Austin croise celle d’une ancienne flamme, Barbara Thatcher, qui vient de perdre son mari scientifique, Orin, suite à l’écrasement de son avion en route vers Lisbonne. Leurs retrouvailles réveillent en eux les sentiments mutuels qu’ils avaient autrefois l’un pour l’autre, mais les événements vont alors se précipiter. Tout d’abord, Steve sauve la vie de Barbara alors qu’elle était sur le point d’être kidnappé par de mystérieux assaillants. Ensuite, Barbara est étonnée de recevoir un appel téléphonique de son mari, qu’elle croyait mort. Elle se rend alors à Lisbonne avec Steve pour éclaircir ce mystère, et tous les deux découvrent qu’Orin est bel et bien toujours vivant, et caché à l’ambassade de Bagara, une puissance étrangère d’Europe de l’Est. Mais y est-il de son plein gré ou non? Critique : Tel quel, cet histoire d’amour entre Steve et une ancienne flamme, mâtinée d’une sous-intrigue d’espionnage scientifique, en vaut une autre et n’est pas indigne de mention. Le problème est que quelques semaines plus tard sortait le double-épisode La Femme bionique portant un peu sur le même thème d’un amour du passé retrouvé et qui a été traité à un niveau largement supérieur, au point de placer Un amour perdu aux oubliettes. Il est d’ailleurs frappant de constater que l’approche narrative utilisée dans ces deux épisodes est similaire, jusque dans les effets de mise en scène comme l’emploi du montage elliptique afin d’illustrer les moments romantiques que partagent Steve avec la femme qu’il aime au cours de différentes activités. Connaissant également la volonté des producteurs de ne pas caser Steve Austin avec une seule femme au sein de la série, on se doute bien que les auteurs n’allaient pas déroger ici au caractère éphémère de cette nouvelle histoire de cœur de notre héros. C’est ainsi qu’au moment où Steve et Barbara sont au comble du bonheur que le mari de cette dernière que l’on croyait mort, refait surface et change le cours du récit. À partir de là, on se doute bien que cette histoire d’amour ne se terminera pas de manière positive, malgré nos souhaits, et cela rend le reste de l’intrigue prévisible. Reste que le mari de Barbara, Orin, parvient à cacher son jeu avec suffisamment de justesse pour qu’on hésite un moment avant de savoir s’il est ou non un traitre. Mais une fois ce doute levé, l’évasion de l’ambassade de Bagara, mené par Steve, apparaît peu crédible étant donné son caractère improvisé et la facilité avec laquelle elle est réussie. La mise en scène et le jeu des acteurs donnent un charme rétro à l’ensemble, mais la recette aurait gagné à amener davantage d’émotion, d’humour et de renouvellement pour qu’elle laisse sa marque dans l’esprit du public. Heureusement, c’est ce qui se produira avec l’arrivée de Jaime Sommers (nous y reviendrons plus loin) dans un futur proche, comme si « elle avait attendu Steve au coin de la rue » après qu’il ait perdu Barbara. Anecdotes :
-Barbara: Oh Steve, you have a wonderful way of making things easier... and harder at the same time. 14. KAMIKAZE Résumé : Un avion transportant un nouveau prototype d’ogive nucléaire s’est écrasé sur une île du Pacifique Sud, et Steve est chargé de la récupérer avant que la guérilla locale ne s’en empare pour faire chanter ses ennemis. L’ogive est cependant retrouvée par Kuroda, un ancien pilote japonais de la Seconde Guerre Mondiale, qui vit en reclus sur l’île depuis plusieurs années, croyant que le conflit mondial se poursuit toujours. Ayant tombé dans un des nombreux pièges mis en place par Kuroda autour de son repaire, Steve est capturé par ce dernier qui le prend pour un espion ennemi. Notre homme bionique aura fort à faire pour convaincre le pilote japonais que la guerre est terminée depuis longtemps, ainsi que de l’importance géostratégique de l’ogive nucléaire qu’il détient, et ce, alors que des membres de la guérilla les traquent, menés par le guide de Steve. Critique : Il aura fallu attendre 13 épisodes, malgré leurs qualités relatives générales, avant que la saison Deux n’en présente un de calibre supérieur. L’attente en valait toutefois la chandelle, tellement ce récit d’aventure est fouillé et superbement élaboré. Certes, le thème des soldats oubliés ou naufragés sur des îles perdues pendant la Seconde Guerre Mondiale, croyant que le conflit se poursuivait toujours, a été très souvent exploité à la télévision et au cinéma. Kamikaze possède toutefois un énorme mérite: celui de ne jamais présenter le protagoniste japonais, Kuroda, sous des aspects psychologiques farcis de clichés comme parfois les scénaristes américains peuvent en avoir sur les Japonais, démontrant ainsi parfois une forme de mépris non dénué de racisme. On sent tout le long du visionnement que l’auteure a fait ses devoirs, tant au plan de la recherche documentaire pour appuyer son scénario, que sur le bon dosage des retournements de situation pour faire évoluer son intrigue avec l’équilibre voulu. Plus encore, la narration souligne l’importance de la raison de vivre et de réapprendre la valeur de notre existence en se pardonnant à soi-même, chose très difficile à faire après avoir vécu une guerre éprouvante qui a laissé de profondes séquelles. Le contraste entre Steve et Kuroda est révélateur à cet égard, en opposant la compassion et l’empathie de Steve alors qu’il est perçu comme un robot par Kuroda lorsque l’une de ses jambes bioniques est visible, avec la conception guerrière issue du passé, mais non dénuée d’humanité de ce dernier. La richesse de la relation entre Kuroda et Steve n’est pas parfois sans rappeler celle opposant l’officier britannique et japonais dans le film Le Pont de Rivière Kwai. Mais là où le classique de David Lean illustrait la folie d’une rivalité idéologique et nationaliste sur les notions de civilisation au sein d’une nature sauvage en temps de guerre, Kamikaze opte pour la réconciliation de ces divergences malgré les barrières temporelles et symboliques qui séparent les personnages. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’enjeu s’avère la récupération d’une bombe atomique, quand on sait que seul le Japon en a été victime, et que la haine des victimes collatérales de cette guerre, poussée par un sentiment de vengeance, s’avère inutile quand on constate l’aigreur du guide de Steve face à Kuroda et aux Japonais en général. C’est donc encore l’humanisme qui triomphe au final, comme le démontre cette simple mais émouvante scène finale où Steve parvient à réunir Kuroda avec sa mère et son frère, qui le croyaient mort, alors que le soldat croyait lui, à tort, qu’il était déshonoré à leurs yeux. Et pourtant, cette belle finale ne fût pas vraiment la fin de cette belle histoire, puisque Kuroda reviendra au cours de la troisième saison dans une suite intitulée L’Enfant Loup. Anecdotes :
-Kuroda: Thousand stitch belt. When I joined kamikaze, my mother went into the streets and asked people who passed by to put one knot. -Steve: I've heard of it. One knot, one prayer. -Kuroda: A thousand prayers to carry with you until you die. (… ) My family Samurai. Fighting men. My grandfather's father was Samurai and all their fathers before them. The fought for their masters without questioning for hundreds of years. The bushido: the man's honor and duty. Not questions. Plus tard lors de la scène finale, Kuroda veut donner à Steve son senninbari: -Kuroda: I have a gift I hope you will accept. (il lui présente sa ceinture) -Steve: Oh, Kuroda, I can't accept your thousand-stitch belt, that represents your life. -Kuroda: It's the only thing left I value. Please accept. -Kuroda: You, fly through space to the moon, hm? -Steve: Yes. -Kuroda: And you walk on moon? -Steve: Look, I know it's a little hard for you to believe. -Kuroda: You biggest liar on earth, that's what I believe. -Kuroda: You'll make a mistake... and die. -Steve: And you'll win? -Kuroda: I cannot lose. I have nothing. (…) I had hoped that my enemies would have killed me. There is dishonor in living beyond one's moment. -Kuroda: I cannot go back. -Steve: Why not? -Kuroda: You must understand. When I left Japan, they clipped my hair and nails for my funeral. I was dead to the war. I cannot out-live it. There is great shame for me. -Steve: What is the shame? -Kuroda: You are not Japanese, you do not understand. -Steve: After the war there were many men thought dead came back to their families. There was no shame, only tears... tears of joy. -Kuroda: A man who has died in his heart does not run away from real death. That is the way of the bushido. -Steve: The bushido tells a man that he must show mercy, doesn't it? That includes compassion for one self. -Kuroda: Too late. Kamikaze meant 'divine wind'. I am like the last wind of the day. The midnight wind. -Steve: (empêchant Kuroda de se faire harakiri) You have shown that you know how to die. Now for the sake of your enemies, show me that you know how to live. 15. LE ROBOT Résumé : Dolenz, le créateur de robots, n’a pas renoncé à sa revanche sur Steve Austin et Oscar Goldman, malgré deux échecs. Il parvient d’abord à kidnapper Oscar dans son bureau, pour le remplacer par un robot à son effigie. Ne se doutant de rien, Steve accepte les ordres « d’Oscar » de tester les systèmes de sécurité à Fort McAllister, où se trouvent les plans du projet Brahmin, qui vise à développer une nouvelle forme d’énergie. Croyant que les mécanismes de défense de Fort McAllister seraient non-mortels pour les besoins de l’exercice, Steve est pris par surprise alors qu’il est mitraillé de toutes parts et que les mines piégées explosent autour de lui, sans même se douter qu’il a servi de diversion pour permettre au faux Oscar de voler les plans Brahmin. Grâce à ses pouvoir bioniques, Steve réussit à s’en sortir et par la suite, parvient à suivre « Oscar » jusqu’au repaire de Dolenz pour découvrir la vérité. Mais il lui faudra identifier qui est le vrai et le faux Oscar afin de triompher définitivement du savant revanchard. Critique : C’est avec un réel bonheur, bien qu’il s’agisse de la troisième et dernière fois, que nous retrouvons le vilain savant Dolenz, l’inventeur de robots, et son interprète aux allures de gentleman malicieux: Henry Jones. Ce dernier affiche encore bien du plaisir à incarner ce personnage, qui est cette fois en mode revanche contre Steve Austin et Oscar Goldman. L’autre intérêt de cet épisode est de voir un robot à l’effigie d’Oscar Goldman, ce qui permet de faire ressortir également le plaisir et le talent de Richard Anderson à incarner un méchant, sinon à changer de registre. Étant donné que Dolenz a su améliorer plusieurs aspects afin de rendre son robot plus perfectionné, on peut constater encore mieux la finesse du jeu de Richard Anderson, car la différence entre le robot et le vrai Oscar Goldman apparaît mince qu’on se laisse prendre tout comme Steve Austin. Ce dernier ne démasque la supercherie qu’à la toute fin, alors que son œil bionique lui permet d’identifier le petit détail qui lui permet de distinguer qui est le vrai et le faux Oscar. Et pourtant, on retrouve ailleurs ce souci du détail qui permet de faire la distinction entre le robot et le vrai Oscar. Il faut dire que l’androïde conçu par Dolenz est nettement amélioré par rapport à la version du major Sloan dans Le Robot de la première saison, au point de pouvoir manger et boire. Mais tout est dans la manière car l’androïde boit de l’alcool et du café brûlant cul-sec, ce qui n’est pas naturel. Il est à noter que Steve accepte trop facilement les explications un peu douteuses « d’Oscar » qui prétend avoir un « estomac de fer », mais le spectateur bien évidemment, sait de quoi il retourne. On est un peu étonné par contre de la présence d’un protagoniste secondaire ami de Steve, Barney Barnes, qui est une sorte de version amateur de Q dans les films de James Bond, alors que ce dernier propose des gadgets et autres objets à Steve afin d’espérer obtenir un contrat à l’OSI pour les marchander. Visiblement, sa présence semble au départ voulu pour apporter encore un peu plus d’humour étant donné l’enthousiasme du personnage, mais les auteurs ont su finalement mieux justifier sa présence dans le script. En effet, non seulement cela permet encore une fois de différencier le vrai Oscar, qui ne voulait rien savoir de Barney, de sa version mécanique, qui lui, accepte sans ambages les inventions de Barney devant Steve. Ironiquement, ce sont en bonne partie les gadgets de Barney (notamment le gilet pare-balles de type nouveau) qui vont aider Steve à se sortir vivant et intact du piège tendu par le faux Oscar lors de la supposée mission visant à tester la sécurité de la base secrète où se trouvent les plans Brahmin. En somme, sans égaler Le Robot version originale de la saison Un, cette troisième partie est plus que satisfaisante et confirme l’attrait global, que représente les robots comme adversaires réguliers de l’homme bionique. Aussi, malgré la disparition de Dolenz leur créateur, les auteurs ont su trouver d’autres moyens afin de les ramener à nouveau dans le collimateur de Steve Austin et également de Jaime Sommers au cours de futurs épisodes. Anecdotes :
-Dolenz: I don't want you to think of me as your enemy, Mr. Goldman. May I call you Oscar? -Oscar: It won't work, Dolenz. Steve Austin and I know each other too well. You can't keep this up for long. -Dolenz: I've made mistakes in the past. I know, Steve Austin said my first robot squeaked. But this time I've foreseen every possibility. This new robot is a supreme mechanism. Every human detail has been painstakingly reproduced. This robot eats and drinks. I've installed an incinerator to burn up all of the fuels and foods ingested into the body. It thinks! It can even simulate breathing. -Steve: Oscar, how did you do that? -Oscar (Robot): Hm? -Steve: Well, that coffee, it's scolding hot. -Oscar (Robot): Well, I have the perfect, eh, stomach for working in Washington, Steve, I can eat anything, I can drink anything, I just burn it up. It's cast iron. -Oscar: How did you know which one of us…was me? -Steve: Robots don’t sweat when they’re nervous. -Dolenz: Steve Austin, I find this difficult to say, but you've certainly earned my respect today. My hat's off to you. -Steve: Well, as far as your work is concerned, Dolenz, I'll have to say the same. -Dolenz: I must say that makes me feel a good deal better. (aux policiers) I'm ready. -Steve: (alors que la police emmène Dolenz) And Dolenz? This one didn't even squeak. Résumé : Dans le comté de Kanab en Utah se trouve Taneha, le dernier des pumas dorés. Comme l’animal s’en est pris récemment au bétail des ranchers de la région et a tué un homme, certains citoyens et propriétaires de ranchs veulent le chasser et le tuer. Un vieil ami de Steve Austin, Bob Elliott, qui habite le comté et qui a déjà été attaqué par Taneha, lui demande pourtant son aide pour sauver la vie du puma afin d’éviter l’extinction de l’espèce. Une fois arrivé sur place, Steve obtient l’aide d’une femme, E.J. Haskell, pour le guider vers le repère du cougar afin d’arriver avant ceux qui désirent l’abattre et qui ont embauché un chasseur spécialisé en la matière. Mais depuis la mort de son père, E.J. veut elle aussi la mort de Taneha et montre de la réticence à guider Steve pour l’aider à le capturer vivant. Critique : Les préoccupations environnementales et écologiques comme thème au cinéma ou dans des épisodes de séries ont pris de plus en plus d’importance à partir des années 70. Il n’est donc pas étonnant que L’Homme qui valait trois milliards en fasse le sujet principal dans un de ses épisodes, en abordant la question des espèces en voie d’extinction. Cela permet également à Steve de retourner à nouveau à la campagne ou dans la nature sauvage, où il y est de toute évidence bien plus acclimaté que dans la grande ville, étant donné ses origines. Harve Bennett et son équipe de production ont toujours su équilibrer les aventures de Steve entre les missions où il est confronté à divers antagonismes ou ennemis de la nation américaine, et les histoires où notre homme bionique vient en aide à autrui et appuie des causes plus nobles. C’est d’ailleurs l’une des qualités globales à retenir de cette deuxième saison. Toutefois, si Taneha s’avère un épisode honnête dans son propos sur la nécessité de préserver la vie d’un animal prédateur et dernier mâle de sa race, la simplicité un peu trop grande du récit et la faiblesse du suspense l’empêchent de se hisser au-dessus de la moyenne. Par exemple, le groupe de ranchers accompagné du chasseur spécialisé pour tuer Taneha ne représente pas vraiment un danger pour Steve et pour le puma dans cet épisode, car ils n’y font pas grand-chose. Ils se laissent même intimider par E.J. Haskell à l’entrée de la grotte où habite Taneha, alors qu’ils ont la force du nombre pour eux. Certes, il fait bon de voir une femme tenir tête à plusieurs hommes par sa détermination autant que par une arme à feu, mais le renoncement trop facile des ranchers et du chasseur enlève un élément de tension potentiel supplémentaire alors que Steve essaie de capturer Taneha dans la grotte, ce qu’il parvient à faire un peu trop facilement. À défaut de fond dans l’intrigue, l’épisode se rachète quelque peu sur la forme, alors que tout a été filmé ou presque en décors naturels dont la beauté des plans larges n’auraient pas dépareillé dans un western classique à la John Ford. Et si le récit manque de chair, il s’avère à tout le moins sincère, comme en témoigne le personnage d’E.J., une femme rancher qui semble plus un garçon manqué par son attitude. Farouchement déterminée à tuer Taneha pour venger la mort de son père, elle ne renonce pas à son projet même après avoir été épargnée par le puma doré alors qu’elle s’était pris le pied dans un de ses propres pièges. Étant donné que le sujet a été mieux exploité dans d’autres séries et que le temps l’a rendu quelque peu démodé, je donne une note de deux bottes à Taneha. Mais son honnêteté et sa sincérité lui aurait fait mériter quand même une note de deux bottes et demie. Anecdotes :
-E.J.: I owe it to my father. I'm sorry, I owe it. -Steve: You don't owe anyone but yourself. Look, wiping out a species is not gonna destroy your demon. It'll destroy you. -E.J.: You can't go in there, you have no protection! -Steve: Neither has Taneha. -E.J.: I hate to spoil your fun, but the Indians say that any man that can outrun a horse and overpower a beast is a demon. -Steve: I know what the Indians say, trouble is I don't know why they keep on saying it. Yeah, really, it makes me mad. (E.J. commence à rire) You know, what I'd really like to know is which of them Indians is saying it. (E.J. rit davantage) Résumé : L’OSI à la responsabilité de développer un projet d’une nouvelle technologie au laser top-secret: le projet Omega. Un ancien boxeur, Johnny Dine, a subi une chirurgie plastique pour ressembler comme deux gouttes d’eau à Steve, afin d’entrer au quartier général de l’OSI pour photographier les dossiers du projet dans les bureaux d’Oscar et découvrir l’emplacement secret de son élaboration. Il est cependant repéré, et meurt en tentant de fuir. Intrigué qu’un imposteur ait tenté de se faire passer pour lui, Steve Austin entre dans la danse en se faisant passer à son tour pour Johnny Dine, afin de remonter la filière de l’organisation qui l’a embauché. Il découvre qu’un autre ancien boxeur, Breezy, est celui qui a chargé Johnny Dine de cette mission d’espionnage, mais pour le compte d’un mystérieux commanditaire. Critique : La bonne vieille recette du sosie aurait pu fonctionner dans cet épisode étant donné la prémisse de départ et la manière de l’illustrer. Par un montage parallèle équilibré, on voit le vrai Steve Austin en congé pour faire de la pêche, tandis que son sosie est en action dans le bureau d’Oscar Goldman. Après que le vrai Steve ait été attaqué par deux hommes de main sans succès, il rentre à Washington pour voir Oscar, qui se trouve en compagnie du sosie à qui il a fait visiter l’emplacement top secret où se développe le nouveau laser. Démasqué, il meurt en cherchant à fuir, ce qui donne l’idée à Steve de prendre la place de Johnny Dine pour remonter la filière des espions qui l’ont engagé. À partir de là, les choses se gâtent dangereusement, car dès le moment où l’on découvre que le réseau d’espions est composé d’ex-boxeurs déchus, on a de plus en plus de mal à croire à cette histoire au point où on finit par décrocher. On dirait en fait que la narration n’était qu’un prétexte pour faire monter Steve Austin sur un ring, d’abord pour affronter Breezy, ensuite pour en venir aux mains avec une poignée d’hommes alors qu’il tente de s’échapper après avoir récupérer chez le chef du réseau les photos prises par Johnny Dine dans le bureau d’Oscar. Si ces affrontements musclés offrent un certain plaisir à ceux et celles qui aiment voir la force bionique de Steve en action, on ne saurait pardonner les caprices du scénario pour justifier leur inclusion. Le plus décevant est qu’on s’aperçoit au final que Le Sosie n’était qu’un prétexte pour permettre la présence en « special guest star » du boxeur américain George Foreman, champion poids lourds de 1973 à 1974 avant de perdre son titre au Zaïre lors d’un combat célèbre face à Mohamed Ali. Interprétant brièvement un agent de l’OSI, Marcus Grayson, qu’Oscar Goldman a mis sur l’affaire, Foreman se borne surtout à se montrer au petit écran dans le dernier tiers, notamment en venant donner un coup de main à Steve sur le ring alors que ce dernier affronte plusieurs adversaires. Visiblement échaudé d’avoir été étiqueté comme méchant lors de son combat contre Ali, Foreman a tenu sans doute à faire remonter son capital de sympathie auprès du public en jouant pendant un moment un rôle de gentil venu aider le héros d’une série populaire. Il est vrai cependant qu’Ali était à l’époque un personnage plus controversé et qu’il n’aurait peut-être pas fait l’unanimité s’il avait obtenu le rôle à la place de Foreman. Tout cela est bel et bon. Mais le procédé de concevoir une intrigue permettant la présence d’une vedette sportive afin d’attirer les spectateurs devant leur écran de télévision est à la fois typiquement américain et diablement artificiel. Et ce l’est davantage encore si les autres personnages s’avèrent mal dessinés ou accessoires. Comme en plus ladite vedette ne fait son apparition que dans le dernier tiers, on se dit que finalement, le jeu n’en valait pas la chandelle. À croire que cet épisode voulait marquer une pause. Anecdotes :
-Ed Jasper: Johnny... still not used to that face! -Steve: (se faisant passer pour Johnny Dine) Well, neither am I. -Oscar: Steve, I've been coming to the fights here for years, this is some of the best action I've ever seen. Oh, you two don't know each other. Steve Austin, Marcus Grayson. -Steve: How ya doin, Marcus? -Marcus: I can't complain, Steve. (…) That right hand of yours--what is it made of, iron? -Steve: Not exactly, but you're close. -Marcus: Man, I believe it! -Oscar: After what's happened this week, how am I ever gonna be sure that it's you? -Steve: Well, I got an idea, every time I come into the office, you can kick me in the shins. And if I yell, it's not me. (ils rigolent tous les deux) 18. L'ESPION ET LA TÉLÉPATHIE Résumé : Harry Green est un expert en laser au sein de l’OSI qu’Oscar Goldman suspecte de trahison lorsqu’une nouvelle arme secrète, dont Harry supervise actuellement la construction, est également assemblé dans un pays étranger de façon similaire et simultanée. Ayant été témoin du comportement quelque peu paranoïaque d’Harry Green, Steve est convaincu de son innocence et croit qu’il a été la victime d’un télépathe ou de quelqu’un possédant des pouvoirs de perception extra-sensorielle. Avec l’aide d’une jeune étudiante dotée des mêmes pouvoirs, Audrey Moss, Steve espère retrouver le télépathe et son employeur, mais ce faisant, ils s’exposent tous les deux à être les cibles de leurs hommes de main. Critique : Au cours de la première saison, Opération Luciole avait tenté bien maladroitement d’inclure comme élément de progression narrative les perceptions extra-sensorielles. Malgré ce premier échec, ce nouvel épisode revient de nouveau à la charge avec le sujet, cette fois de façon mieux adaptée à la situation de base de l’intrigue, mais surtout avec plus de pertinence. Et ce, en dépit d’une erreur de continuité au départ, alors que Steve cherche à convaincre Oscar de la possibilité de l’existence de dons extra-sensoriels pour expliquer les fuites dont Harry serait la victime, alors que dans Opération Luciole, c’est Oscar qui cherche à convaincre Steve de l’existence du P.E.S. Comme c’est souvent le cas pour bien des épisodes de cette série, quand ce n’est pas l’humanisme, ce sont les personnages secondaires et leur personnalité qui en constituent l’essentiel de l’intérêt qu’ils procurent. En l’occurrence, c’est le cas avec l’adolescente Audrey Moss, qui n’est pas qu’un simple faire-valoir destiné à aider Steve grâce à ses dons. Bien que son interprète Robbie Lee ne soit mentionnée qu’au générique final, sa surprenante performance donne de la substance et confère une fraicheur certaine à cette jeune fille à la fois dotée d’un sens de l’humour (le moment où elle lit dans la tête d’Oscar et la réaction de ce dernier s’avèrent très drôles) quelque peu malicieux et d’une belle candeur spontanée. Il n’empêche que derrière ce charmant écrin, Audrey a du mal à vivre avec ce don qu’elle possède, alors qu’elle déclare à Steve qu’elle a très peu d’ami(e)s à l’école étant donné qu’elle est vue comme une personne trop bizarre ou étrange. Bien placé pour la comprendre puisque son statut bionique (qu’Audrey n’a aucun mal à découvrir grâce à son pouvoir) ont fait également de lui un être différent, Steve évite le piège du discours moralisateur et paternaliste d’encouragement. Il se contente de lui faire partager ce qu’il s’est dit en lui-même afin de se retrouver, alors qu’il s’était perdu suite à son opération, pour aider Audrey à apprendre à s’aimer elle-même telle qu’elle est. Pas étonnant que le public de jeunes faisant partie de l’auditoire fidèle à la série ait aimé cet épisode, car la plupart ont pu se reconnaître en Audrey. On en vient donc à accepter plus aisément les « P.E.S. » dans le récit qu’à travers le personnage mal conçu de Susan Abbott dans Opération Luciole. Cependant, les vilains de cet épisode s’avèrent plutôt génériques. On sait peu de choses sur eux, et encore moins sur Jarecki, leur sujet possédant le pouvoir de P.E.S. dont ils se servent pour voler les secrets dans la tête d’Harry Green. Ils sont pourtant pris au sérieux par les auteurs puisqu’Oscar Goldman n’hésite pas à se servir d’Harry Green afin de leur livrer de fausses informations, tandis que Steve doit également compter sur la ruse lorsqu’il est capturé, afin que son esprit échappe aux pouvoirs de Jarecki et que sa nature bionique ne soit dévoilée. Il est aisé de deviner qu’Audrey Moss reviendra dans un autre épisode de la série intitulé À quoi pensez-vous? au cours de la saison Trois. Anecdotes :
-Audrey: When are you gonna tell me how you threw that guy so far? -Steve: When you're old enough. -Audrey: You're a rat. (pause) I'm old enough to know what bionic means-- -Steve: (un peu en colère) Audrey, stop messing around in my mind! -Audrey (à Steve): You're not very good at French or English litterature. But you're a bionic man, and that makes you a whole lot different then everybody else. Like I am. -Steve: Now come on, try it. -Audrey: There's no one like me in the whole world. I like myself. I'm a worthwhile person. -Steve: Louder. -Audrey: I'm a worthwhile person and I like myself. -Steve: With feeling! (en riant) Come on. -Audrey: There's no one like me in the whole world. I like myself and I'm a worthwhile person. That's what I am, a worthwhile person, okay? -Steve: (en riant) I think you got it! 19. LA FEMME BIONIQUE - 1RE PARTIE Résumé : Après une mission où il a récupéré une plaque des mains de Joseph Wrona, un dangereux faux-monnayeur, Steve Austin retourne dans sa ville natale d’Ojai en Californie pour acheter une propriété et la rénover. Sur place, il a la joie de retrouver après tant d’années Jaime Sommers, sa petite amie de l’école secondaire, qui est devenu depuis une vedette mondiale de tennis. Très vite, Steve et Jaime découvrent qu’ils ont toujours des sentiments très forts l’un envers l’autre et retombent amoureux. Mais à la suite d’un grave accident lors d’un saut en parachute, Jaime est dans un état critique alors qu’elle a perdu ses deux jambes, son bras droit et l’usage de son oreille droite. Comprenant que sa destinée est liée à celle de Jaime, Steve cherche à convaincre Oscar Goldman et Rudy Wells de lui faire la même greffe qu’il a reçu afin de la sauver. Oscar accepte à contrecœur, mais à la condition que Jaime puisse travailler au sein de l’OSI. Devenue la femme bionique, Jaime réapprend à vivre avec sa nouvelle condition alors que Steve lui demande sa main. Critique : Alors que le taux d’audience de la série avait considérablement chuté au cours cette deuxième saison par rapport aux promesses de la première, survint ce double-épisode, le premier imaginé et écrit par Kenneth Johnson, qui a su la relancer à point nommé et la propulser définitivement vers une direction insoupçonnée. Ce faisant, La Femme bionique contribua à placer la série dans une forme de stabilité recherché par les producteurs auprès des spectateurs, que ce soit les fans de la première heure ou les néophytes nouvellement gagnés. Ce n’est pourtant pas par l’originalité que le script de Kenneth Johnson se démarque des autres, mais plutôt par son traitement et par l’aboutissement ou l’osmose d’idées judicieusement assemblées. Certains de ces éléments étaient explorés dans les épisodes précédents, mais ils étaient exploités de façon incomplète, ou bien la mayonnaise les réunissant ne prenait pas aussi bien qu’espéré. D’entrée de jeu, on constate dans cette première partie l’emploi du « pocket bionics » par Steve alors qu’il rénove sa nouvelle propriété, jumelé à ses retrouvailles avec sa mère et son beau-père, ce qui nous donne droit à un moment d’humour où Steve explique à sa mère comment il a pu déplacer le réfrigérateur de ses parents sans faire mention de sa force bionique (voir la section Anecdotes pour plus de détails). La construction du récit est également plutôt étonnante. La séquence pré-générique montre Steve en mission afin de récupérer la plaque détenue par Joseph Wrona. Ce dernier ayant pu identifier Steve, le dialogue suggère un possible récit de vengeance d’un vilain plus déterminé que la majorité de ses prédécesseurs. Mais lorsque le générique de l’épisode commence avec le titre The Bionic Woman sur l’écran et qu’on voit un panneau routier indiquant la ville natale de Stevem Ojai, alors qu’il s’y rend en voiture sur les airs d’une chanson country chantée par Lee Majors lui-même, le spectateur est quelque peu décontenancé, mais sa curiosité est veillée car il se demande où l’épisode va le mener. Le gros point fort de ce double-épisode, déjà superbement bien amorcé, est évident le moment où Steve rencontre Jaime pour la première fois. Tout de suite, la chimie entre les deux acteurs saute aux yeux et on n’a aucun mal à croire que ces retrouvailles ne resteront pas à l’état amical digne des retrouvailles d’anciens camarades de la fac. C’est d’autant plus étonnant considérant que Lee Majors connaissait bien son personnage jusque dans les moindres contours et l’a fait sien, alors que Lindsay Wagner n’était qu’une actrice invitée qui ne considérait son personnage que pour son aspect alimentaire afin de remplir les clauses de son contrat avec Universal, en attendant mieux. C’est dire à quel point le professionnalisme de l’actrice dans son jeu a su conquérir les cœurs de plus de spectateurs qu’elle ne s’y attendait, comme si Jaime était déjà sans qu’elle ne s’en doute, une extension de sa propre personnalité. Rappelons qu’à l’époque, pour faire la promo d’un épisode d’une série, il y avait certes les journaux, mais surtout les pages de publicité à la télévision, où on pouvait voir une sorte de bande-annonce de 30 secondes du prochain épisode à venir. Étant donné que les deux épisodes composant La Femme bionique ont été ceux qui ont attiré le plus de téléspectateurs de toute la série, on peut en déduire que la promo a certainement exercé un pouvoir d’attraction plus grand. Néanmoins, cet énorme succès auprès du public américain a marqué un point tournant pour l’avenir de la série. Nous y reviendrons dans la troisième saison. Cette excellente première partie nous a si bien mis en appétit, qu’on pouvait craindre une déception dans la seconde. Heureusement, ce ne sera pas le cas, tellement cet appétit sera comblé. Anecdotes :
La Femme bionique fut le seul double-épisode à avoir été distribué intégralement en vidéo en Amérique du Nord avant l’existence du DVD. En 1978, il eût droit à une sortie sur Laserdisc et deux ans plus tard sur vidéocassette. -Jaime: What did you let them do to me? -Steve: Look, I know how you feel. -Jaime: No you don't. Why did you let them do that? -Steve: Jaime, trust me, please trust me. -Jaime: I don't want to be a freak! -Jaime: You know, it might not be so bad being the bride of Frankenstein. -Steve: You thinking about getting married? -Jaime: No, actually, I was thinking eh, it might be kind of nice being bionic. -Une Jeune fille (à Steve alors qu’ils observent Jaime jouant au tennis): Boy, Jaime's the most important person that ever came out of our town. Except for that astronaut guy. 20. LA FEMME BIONIQUE - 2E PARTIE Résumé : Alors que les préparatifs du mariage de Steve et de Jaime vont bon train à Ojai, Oscar Goldman leur apprend que Joseph Wrona, le faux-monnayeur à qui Steve avait récupéré une plaque volé, en possède une autre. Oscar demande alors aux deux fiancés de récupérer cette plaque. Cette mission servira aussi de test pour Jaime, puisqu’elle devra se servir de son oreille bionique pour ouvrir le coffre-fort où la plaque se trouve. Victime d’un spasme, Jaime déclenche toutefois malencontreusement l’alarme et doit fuir prématurément avec Steve. Revenue à la maison, Jaime va de plus en plus mal alors qu’elle est envahie par plusieurs maux de tête. Hélas pour elle, Rudy Wells diagnostique la présence d’un caillot de sang au cerveau, signifiant que son corps rejette la greffe bionique, et qu’elle doit être opérée rapidement. Mais ne pouvant supporter la douleur de plus en plus intense dans sa tête, Jaime s’échappe de l’hôpital. Sous un violent orage, Steve parvient enfin à la retrouver alors qu’elle a perdu tout contrôle. Trop tard cependant, car Jaime meurt sur la table d’opération malgré les efforts de Ruy Wells pour la sauver. Critique : À l’instar du classique film produit par Universal, La Fiancée de Frankenstein, dont ce double-épisode s’inspire de l’aveu de son auteur Kenneth Johnson, certains petits détails, en apparence mineurs dans la première partie, voient leur importance prendre de l’ampleur dans cette seconde partie. En témoigne comme exemple la main bionique de Jaime parcourue de quelques tremblements intermittents, considérée comme sans grande importance à prime abord, mais annonciateur d’une plus grande tragédie à venir, tragédie qui aura un impact inattendu autant chez les nombreux spectateurs sur le plan émotionnel, que sur l’équipe de production qui n’avaient pas anticipé autant de réponses du public en réaction au décès de Jaime Sommers. Dire que le scénariste Kenneth Johnson n’avait nullement l’intention de tuer Jaime dans la première mouture de son script. Mais devant le commandement de laisser Steve Austin libre de toute attache romantique afin de lui permettre de vivre plusieurs relations épisodiques par commodité artistique, l’impératif des producteurs de faire mourir Jaime à la fin de ce double-épisode pouvait s’expliquer. Ce n’était pourtant pas la première fois que des personnages mourraient à la fin d’un épisode. Citons Josh Lang dans Le Mal de l’espace, dont la destinée funeste ne manquait pas d’intensité dramatique. Pourtant, les spectateurs ne s’en sont pas offusqués outre mesure. On a également eu droit à quelques récits romantiques impliquant Steve Austin avec un personnage féminin, notamment dans Un amour perdu, dont il est question plus haut. Seulement voilà dans La Femme bionique, les spectateurs se sont tellement attachés au personnage de Jaime et à son histoire d’amour avec Steve Austin, que sa mort a suscité un envoi massif de lettres de leur part aux producteurs et aux exécutifs des studios Universal, où leur indignation et leur colère s’y expriment sans retenue. Pour en revenir à l’intrigue proprement dite, elle ne se contente toutefois pas de nouer le drame de cette histoire d’amour vers sa conclusion tragique. Elle parvient également à agencer tous les éléments développés depuis la première partie avec une mécanique de précision digne d’une horloge. Dans la scène impliquant l’ouverture du coffre de Joseph Wrona par Jaime, Steve monte la garde près de la porte du bureau, et se fait prendre au dépourvu par les hommes de main du faux-monnayeur, car ce dernier, connaissant bien le visage de Steve (voir première partie), l’attendait de pied ferme afin de prendre sa revanche. Pendant ce temps, Jaime parvient à ouvrir le coffre et à récupérer la plaque recherchée, mais après avoir tout refermé, sa main est prise d’un spasme qui lui fait heurter le mécanisme d’ouverture du tableau cachant le coffre, ce qui déclenche l’alarme. En une fraction de seconde, Steve Austin profite de cette « distraction » provoquée par celle-ci pour désarmer et repousser Wrona et ses hommes, entrer dans le bureau pour rejoindre Jaime et s’enfuir avec elle par la fenêtre. Voilà un autre exemple où, grâce au souci du détail dans l’écriture et la mise en scène, certains éléments illustrés dans la première partie se conjuguent fort habilement dans la seconde. Notons également un autre segment en apparence anodin, mais qui aura des conséquences sur la série par la suite. Alors que Steve et Jaime se livrent à une course bionique dans la campagne sur le chemin du retour à la maison, Helen, la mère de Steve les aperçoit au loin et constate pour la première fois qu’ils sont dotés tous les deux de pouvoirs bioniques. Son visage exprime alors une certaine surprise teintée d’inquiétude, et lorsque Steve et Jaime arrivent et se rendent compte qu’Helen les a vu, Steve s’empresse de lui dire la vérité (illustrée sans dialogues avec quelques images et sons du générique entrecoupés). Une fois la surprise passée, Martha sourit et dit à Steve et Jaime qu’ils sont vraiment faits l’un pour l’autre. Grâce à cette simple ligne de dialogue, dont le double-sens saute aux yeux, Helen manifeste autant son soutien à leur union que sa compréhension des épreuves que son fils et Jaime ont vécu respectivement suite à leur accident, même sans avoir été mise au courant de ce qui leur est arrivé. Maintenant que la mère de Steve est mise au parfum, son rôle va évoluer grandement dans d’autres épisodes à venir de l’Homme qui valait trois milliards, mais également dans la série La Femme bionique, fruit du grand succès de ce double-épisode. Mais n’anticipons pas! Nous aurons l’occasion de revenir plus loin sur l’impact qu’a eu La Femme bionique dans les aventures à venir de Steve Austin. Il est cependant clair que son énorme succès auprès du public, alors que les audiences n’étaient pas à la hauteur des attentes au cours de cette deuxième saison, a permis à la série de rester en vie et de marquer les esprits sur la durée en atteignant enfin, après une progression difficile, sa pleine maturité. Anecdotes :
La Femme bionique reste à ce jour l’épisode qui a obtenu le plus fort taux d’audience de toute la série. Elle a également terminée au quatrième rang des émissions les plus regardées aux États-Unis pour l’année 1975. -Jaime: Steve... something that Oscar said back there kinda set me thinking... -Steve: What's that? -Jaime: Well, about how... uh... my Blue Cross didn't cover bionic reconstruction. Now, who's footing that bill? -Steve: Uncle Sam. -Jaime: Well, that's what I thought, but... uh... what exactly is it that Uncle Sam expects in return? -Steve: Well, I guess he wants you to be part of the team. -Jaime: How many people are on the team? -Steve: Well, Oscar's the head coach, and, so far, I'm the only player. -Jaime: I guess the stakes are pretty high then, huh? -Steve: Yeah... very high. -Jaime: Tell me something? -Steve: Anything. -Jaime: We're gonna live happily ever after, aren't we? -Steve: You bet. Here's to us. -Joseph Wrona: You did considerable damage to me, Colonel Austin. And now I'm going to do considerable damage to you. -Steve(en larmes, à Jaime, morte): I love you Jaime, I've always loved you... 21. LA BONNE CAUSE Résumé : L’ambassadeur américain Frederick Collins travaille aux négociations pour un traité de paix entre le gouvernement et le mouvement indépendantiste du territoire de Balinderry (IBA), situé en Europe du Nord. Mais les membres d’une cellule révolutionnaire ont kidnappé l’épouse de l’ambassadeur et exigent la libération de leurs frères emprisonnés d’ici 14 heures, où sinon elle mourra. Les États-Unis ne pouvant officiellement intervenir, Oscar accepte d’envoyer Steve Austin à Balinderry à titre personnel pour libérer madame Collins. Steve obtient cependant l’aide d’une hôtesse de l’air, Julia Flood, qui a parti lié avec l’IBA, pour retrouver les responsables de l’enlèvement. Alors qu’ils ont pris contact avec une des cellules de l’IBA et identifié un témoin, Steve et Julia sont arrêtés par les forces armées gouvernementales. Malgré qu’il ait découvert que Julia joue un rôle très important au sein de l’IBA, Steve prend le risque de s’évader en sa compagnie afin d’arriver à temps pour sauver la femme de l’ambassadeur des griffes d’une cellule de révolutionnaires radicaux. Critique : Si certains épisodes précédents avaient abordé quelque peu en surface des sujets à connotations politiques ou s’étaient plus ou moins inspirés de l’actualité de l’époque, La Bonne cause a le courage d’y aller à fond. Même si le nom du pays où se situe l’action est fictif, on n’a aucun mal à deviner que l’histoire s’inspire directement du conflit en Irlande du Nord, qui a défrayé les manchettes à l’époque, et que l’IBA représente en réalité l’IRA. L’emploi d’images montrant l’armée britannique dans les rues de Belfast en Irlande du Nord afin de présenter la situation houleuse à Balinderry, ainsi que le casting d’acteurs irlandais ou ayant l’accent irlandais, renforcent encore davantage ce rapprochement. Ce courage des auteurs d’impliquer Steve Austin au cœur d’une guerre civile révolutionnaire en lien avec des faits réels, mérite d’être souligné. Plus encore, à travers l’humanisme de Steve, le scénario lance un message d’espoir loin d’être naïf favorisant un rapprochement pacifique, tout en montrant l’autre côté de la médaille par les actions répréhensibles des deux camps, par l’intermédiaire de la cellule radicale de l’IBA et l’intransigeance sans nuances du général Carmichael de l’armée du Dominion. Une scène renvoie d’ailleurs dos à dos ces factions polarisantes, alors qu’un traitre de la cellule modérée de l’IBA qui travaille en fait pour la faction radicale du mouvement, négocie avec Carmichael sa libération en échange de l’identité du chef de la cellule modérée. Comme quoi ce qui peut miner un processus de paix porteur d’avenir pour rebâtir les fondations du pays, ne vient pas que d’un seul côté de la médaille. Il peut évidemment paraître incongru que Steve Austin soit réellement considéré dans un pays étranger en mission officieuse pour aider son ami l’ambassadeur Collins. Sa notoriété publique en tant qu’astronaute et son grade de colonel font qu’il ait peu de chances que les autorités à Balinderry, voire les membres de l’IBA, ne le voient autrement qu’en espion américain en mission pour son pays. Afin de compenser ce problème de crédibilité, les auteurs ont eu l’idée de montrer Steve plus souvent à la merci des événements, où son ignorance de la situation dans le pays le rend à la fois plus naïf et plus vulnérable, surtout avec le peu de temps à sa disposition pour sauver Mme. Collins. Déjà le fait qu’il fasse confiance à Julia, une hôtesse de l’air qui lui affirme avoir des contacts avec l’IBA et qui accepte de l’aider, confirme ses limites en dépit de ses bonnes volontés. Ce faisant, les événements ont tendance à se précipiter un peu trop vite, pour que Steve puisse enfin prendre l’initiative afin de résoudre la situation de départ. Mais si l’intrigue perd en plausibilité, elle gagne en densité. Car en décidant d’agir, Steve décide en fait de faire confiance à Julia sur sa volonté d’aider à la libération de Mme. Collins pour réenclencher le processus de paix, et ce, malgré le fait qu’il ait appris qu’elle était une des leaders de l’IBA qui se bat pour la cause des siens, et non une simple exécutante. Cette prise de risque fera que Steve sera pris entre deux feux au cours de l’excellente scène finale sur le barrage, entre les radicaux de l’IBA qui menacent de tuer Mme. Collins et Carmichael et ses soldats qui se moquent bien de la vie de la femme de l’ambassadeur pour liquider l’IBA sans distinction. Et n’eut été de la force et la vitesse bionique de Steve dans son intervention ultime pour sauver Mme. Collins, la situation aurait tourné au massacre. C’est là qu’on retrouve avec bonheur l’universalité de l’humanisme de Steve. Fait à noter: cet épisode a été mis en production et tourné avant le double-épisode de La Femme bionique, qui a été diffusé avant. Cela explique le malaise entourant la courte romance entre Julia et Steve, cette dernière admirant la personnalité et l’empathie sincère du héros, alors que les spectateurs se sont à peine remis de la mort de Jaime après une histoire d’amour intense auquel ils se sont attachés. Logiquement, cette courte relation entre Julia et Steve prend fin lors de la dernière scène, alors que dans une lettre, Julia affirme à Steve qu’elle a disparu car son devoir est d’abord envers la cause qu’elle défend, soit la liberté de son pays et des siens afin que la paix revienne. Bref, un excellent épisode qui aurait pu être rallongé en deux parties, car un peu trop condensé, mais qui demeure riche et qui n’était pas loin d’obtenir la note maximale de quatre bottes. Anecdotes :
-Steve: Why didn't you tell me, Julia? -Julia: That disease we're all suffering from on this little island, it's called mistrust. -Steve: That must be tough for you being the boss of all the men in Unit Ten? -Julia: You're right, it was a big responsibility. Are you the boss of a lot of men in America? -Steve: No, just one: me. -Général Carmichael: We don't make deals with terrorists, Colonel Austin. We imprison them, or execute them. -Steve: I won't let you execute his hostage! 22. VENGEANCE Résumé : Attiré par un mystérieux appel téléphonique, Steve Austin est endormi par un homme masqué dans l’appartement d’un employé de l’OSI assassiné, Charlie Taylor. Accusé du meurtre, d’autant plus que ses empreintes se retrouvent sur l’arme du crime, Steve est arrêté par la police. Sachant qu’il ne pourra convaincre les forces de l’ordre de son innocence, Steve s’évade grâce à ses pouvoirs bioniques et malgré son statut de fugitif, il se lance à la recherche du véritable meurtrier. Aidée par la nouvelle secrétaire d’Oscar Goldman, Peggy Callahan, chez qui il s’est réfugié, Steve parvient à découvrir que le frère jumeau du tueur à gages John Hopper, est l’assassin qui l’a piégé. En effet, ce dernier cherchait à se venger de l’arrestation de John par Steve au cours d’une mission antérieure. Critique : Commencée avec un épisode moyen, la saison Deux se termine par un épisode satisfaisant, même s’il s’avère une suite à l’épisode de la saison Un: Témoin oculaire. Certes, le scénario se montre prévisible dès le pré-générique en montrant déjà au petit écran le frère jumeau de John Hopper tuer Charlie Taylor pour tendre le piège destiné à Steve. Mais il a toutefois le mérite d’introduire un personnage secondaire dont la spontanéité et l’implication l’ont rendu récurrent dans la série: celui de la secrétaire d’Oscar Goldman, Peggy Callahan. Certains récits précédents avaient bien tenté de donner une consistance à ce rôle de secrétaire. On n’a qu’à penser à l’épisode Une amitié, où on pouvait voir dans la première moitié une certaine Julie Farrell venir en aide à Steve, et qui est revenu brièvement, mais uniquement au plan vocal puisqu’on ne la voit plus, dans l’épisode Acte de piraterie. Sans parler de Miss Drake qui apparaît dans trois épisodes de la saison Un. Mais aucune n’a joué un rôle aussi majeur que Peggy Callahan. Il faut dire que la superbe performance de l’actrice Jennifer Darling dans la peau du personnage explique en bonne partie le charme exercé sur le public, car on voit rapidement qu’elle n’est pas une secrétaire comme les précédentes. Curieusement, le mélange de naïveté innocente et de souplesse émotionnelle qui permettent à Callahan de s’adapter jusqu’aux situations les plus étranges (comme lorsqu’elle découvre la nature bionique de Steve dans son appartement) apportent une texture humoristique particulière à une intrigue qui semblait miser d’abord au départ sur le suspense. Cet humour se perçoit toutefois mieux dans la version originale, étant donné la voix rauque très unique de Jennifer Darling, notamment dans ses échanges avec Lee Majors. Cet humour n’empêche pas le suspense d’être relancé à point nommé dans le dernier tiers. Au moment où Callahan ose se faire passer pour une journaliste dans l’immeuble où logeait la victime Charlie Taylor, afin d’obtenir un quelconque témoignage pouvant aider Steve à s’innocenter, elle se place elle-même en danger lorsqu’elle tombe sur l’appartement de Hopper. Ce dernier détecte évidemment la supercherie, mais joue le jeu afin de retracer Steve plus tard. Néanmoins pendant un moment, Callahan s’était mise dans la gueule du loup. Tout cela mènera à une forme de conclusion quelque peu ironique puisqu’inversement, c’est ce qui permettra à Steve d’arrêter définitivement Hopper au final. Déjà lors de la première saison, le dernier épisode Vacances forcées mêlait assez bien un ton léger et humoristique avec le retour d’un vilain récurrent. En répétant cette recette pour la deuxième saison, les auteurs et les producteurs ont quand même réussi derechef à la conclure sur une bonne note. Bien entendu, le talent de Jennifer Darling sera reconnu à sa juste valeur puisque le personnage de Peggy Callahan reviendra dans la série ainsi que dans Super Jaimie, et pas seulement comme secrétaire. Anecdotes :
-Callahan: Oh dear, you're the Colonel Austin? -Steve: I'm the only one I know. -Callahan: Oh golly. -Callahan: Oscar wants me to help you in any way I can. -Steve: Good. first off, you can start by giving me your home address and telephone number. -Callahan: Oh, is that the routine here? -Steve: Don't get the wrong idea, I just might have to get in touch with you after you leave here tonight. -Callahan (en montrant du doigt la triple-serrure sur sa porte d’entrée): How did you get in? My door is very, very locked. -Steve: Window. -Préposé au magasin électronique (joué par Lee Majors et voyant tous les items que Callahan veut acheter): Well, by golly, it appears to me you're building nothing short of a robot. -Callahan: That's right, how did you know? |
Saison 3 2. Comme chien et chat (Suspicious Minds) 3. Le juste choix (Man on Fire) 4. La grande évasion (Escape Plan) 5.Les vrais héros ne se reposent jamais (Course Correction) 8. Douce Mélodie (Music To My Ears) 9. À toute vitesse (Overdrive) 10. Mauvaise alliance (Follow the Money) 13. Le Retour du pirate (Return of the King) 14. Pandora's Box, Part 2 - Inédit en France 15. Terminus (End of the Line) 16. Envers et contre tout (The Last Stand) 17. Rapide, silencieux, mortel (Swift, Silent, Deadly) 18. Un passé encombrant (Slay The Dragon) 20. Un mentor très spécial (NOLA Confidential) 22. Aie foi en la parole (Knockout) Scénario : Andrew W. Marlowe Réalisation : Rob Bowman Résumé : Appelée sur une scène de crime, Kate Beckett y découvre Richard Castle, absent depuis des mois ! Critique : Un démarrage sur les chapeaux de route ! Déjà, l’épisode s’ouvre par une séquence ultradynamique avec un splendide jeu de miroirs (un travail impeccable de Rob Bowman) qui se termine par Castle et Beckett se mettant respectivement en joue ! La victime, une dénommée Chloé, avait une adresse dans la main. En s’y rendant, le trio Beckett/Esposito/Ryan y découvrent Richard Castle, une arme à la main ! Beckett passe les menottes à son ex-partenaire ; le réalisateur zoome d’abord sur les mains de l’écrivain puis sur le visage de Nathan Fillion. C’est un plaisir de voir le visage si mobile, si ouvert de l’acteur. L’interrogatoire que mène Beckett est très serré. Stana Katic montre avec talent à la fois le professionnalisme de son personnage (questions sur l’affaire) et l’irritation de cette dernière (parce que Castle ne lui a donné de nouvelles depuis qu’il est revenu des Hamptons). On appréciera les vacheries réciproques des duettistes. Innocenté, Castle est sèchement renvoyé chez lui. Nathan Fillion rend parfaitement compte du désarroi de l’écrivain qui ne comprend pas la froideur de ses amis. Avec sa maestria habituelle, Andrew W. Marlowe fait progresser son intrigue et parvient à replacer Castle sur la route des policiers en une parfaite symétrie de la première scène de crime ! C’est drôle et brillant. Le plus beau c’est la parfaite explication logique qui a amené le tandem au même endroit, la troisième scène de crime, en partant de deux points de départ différents. Comprenant qu’elle ne se débarrasserait jamais de Castle, Beckett l’admet « pour cette enquête » à ses côtés et il parie qu’il trouvera la solution. L’enjeu : sa présence au poste. Il est évident que Castle restera mais ce jeu fait partie de l’ADN du personnage et c’est une série qui joue avec les codes et avec son public. Comment rendre cette évidence plausible ? C’est le réel enjeu. Le spectateur s’amuse de retrouver les passages obligés de sa série : le café apporté le matin (ne manquez pas le visage de Stana Katic ; l’actrice rend parfaitement visible le plaisir qu’éprouve son personnage de retrouver son binôme), les théories farfelues et surtout l’idée qui relance l’enquête. Ici, il prouve le lien entre les victimes. Le scénariste parvient à nous surprendre en plaçant ledit lien dans un cabaret burlesque ! On note une marotte des réalisateurs dans les interrogatoires. Alors que la caméra est statique dans l’interrogatoire dans un cas, elle est très mobile dans un autre ; ce qui signifie qu’un élément important va nous être communiqué. Une réflexion de Beckett fait bingo dans son esprit puis ça fait tilt entre eux. Quelle série aime tant ses fans pour leur présenter tous les passages obligés tout en jouant avec ? L’arrestation nous ramène à la scène de départ et l’explicite avec une redoutable efficacité. Beckett considère que Castle a gagné. Le duo est reformé. La saison peut commencer ! Anecdotes :
2. COMME CHIEN ET CHAT Scénario : Moira Kirland Réalisation : John Terleski Résumé : L’enquête sur la mort d’une voyante amène Castle et Beckett sur la piste d’un autre meurtre. Critique : Castle et la voyante ! Une évidence pour cet amateur de fantastique ! Dommage que l’intrigue avec ses multiples personnages soit un peu confuse. On peut heureusement compter sur notre duo, très Mulder et Scully sur ce coup-là, pour nous distraire. Castle est bien entendu Mulder et Beckett Scully ; d’ailleurs elle reçoit très officiellement ce surnom. Difficile d’isoler l’intrigue principale de ses sous-intrigues. La victime, Vivienne Marchand, avait déjà collaboré avec la police mais Ryan démonte la réputation de la voyante, mise en cause par un producteur de télé-réalité à qui elle propose de confier la vérité sur un « vrai » meurtre pour qu’il efface des images qui lui nuisent. La victime prétendue aurait fait une crise cardiaque mais pourrait avoir été empoisonné. Cet homme, Emilio, avait une liaison avec la femme d’un de ses employés, une gourde blonde. C’est compliqué de bien suivre et la résolution de l’énigme est un peu tirée par les cheveux. Le plus intéressant, c’est la différence entre un Castle ouvert au mystère et une Beckett matérialiste. La scène où les policiers démontrent comment la voyante aurait pu tout découvrir sur le meurtre d’Emilio est sans doute une des meilleures. Mais c’est Castle qui a la plus belle réplique décochée à son amie : « Si vous ne croyez pas à la possibilité que la magie existe, vous ne la trouverez jamais ». Là-dessus, la fille de la voyante, Penny, elle aussi médium – Rachel Boston est le meilleur second rôle de l’épisode émouvante dans son deuil, un peu exaltée par ses visions ; d’abord hésitante à dire la première à Beckett puis gagnant en assurance – nous gratifie d’un pronostic sur l’avenir de Beckett. Comme souvent, la famille de l’écrivain fournit l’intrigue secondaire ; aujourd’hui c’est Martha qui s’y colle. Cette partie de l’épisode est la plus solide et la plus forte, notamment dans l’émotion. Martha – merveilleuse Susan Sullivan éblouissante, la « Castle girl » de l’épisode – s’est vu demandé en mariage par son amant Chet. Elle veut réfléchir mais, en fait, elle pense que leur histoire est finie. Plus de flamme et c’est un moment touchant. Mais voilà que Chet meurt avant qu’elle n’ait rompu ! La scène entre Susan Sullivan, effondrée, et Nathan Fillion, magnifique en fils soutenant sa mère, est très émouvante. Cette sous-intrigue sauve le 3ème melon. Anecdotes :
3. LE JUSTE CHOIX Scénario : Alexi Hawley Réalisation : Bryan Spicer Résumé : Le meurtre d’un garant de caution envoie Castle et Beckett à la fois dans le passé de cette dernière et sur la piste d’un trésor Critique : A travers une enquête très classique, Castle s’offre un beau moment dans l’approfondissement du personnage de Kate Beckett tout en rendant hommage quelque part au Faucon maltais. Le mort est trouvé dans son bureau et c’est de là que va découler toute l’enquête. Sur son corps, Lanie trouve un papier rempli de traits. Castle pense d’emblée à un (Da Vinci) code quand Beckett le compare à un vulgaire bout de papier. Faute du scénariste puisque rien n’est inutile dans une série policière et que, d’autre part, Beckett ne pourrait jamais considérer un élément quel qu’il soit comme anodin. Dans le bureau, les enquêteurs trouveront un micro qui relie l’épouse de la victime à la scène de crime. Sur le corps, Lanie, à nouveau, découvre une croix faite de baume et d’huile qui amène un prêtre en salle d’interrogatoire ! Enfin, une empreint fait tomber dans l’escarcelle un ancien criminel visiblement complètement décati !! Mais le plus beau, c’est qu’en coursant un suspect, Beckett tombe sur Mike Royce, son ancien instructeur. Jason Beghe est impeccable dans ce rôle de mentor, à la fois distancié par l’âge et l’humour tout en montrant une affection certaine pour son ancienne élève. Stana Katic est tout aussi remarquable car l’actrice rend elle aussi palpable cette affection. Les deux acteurs réussissent à créer et à rendre tangible et partant crédible cette connexion entre leurs personnages. Evidemment que le papier découvert était important et même qu’il est une carte menant au butin d’un vol de bijoux d’un montant pour lequel on pourrait aisément tuer ! Rien n’étant ce qu’il paraissait être, la seconde partie de l’épisode déconstruit les figures qu’il nous avait précédemment présentées ! C’est très bien écrit et la chasse au trésor amène à une scène d’un cliché absolu qui devient un morceau de bravoure : tout le monde s’y retrouve et se menace réciproquement avec des armes de tous les calibres !!! Castle sauve la mise et résout l’énigme. L’épisode comporte une intrigue mineure, celle d’Alexis qui veut un scooter. C’est mignonnet surtout avec le charme de Molly C. Quinn mais on n’y croit qu’à moitié et, surtout, c’est clairement ajouté pour donner du temps de jeu à la « famille Castle ». Pas grave, Nathan Fillion et consorts auront réussi à nous amuser quand même ! Anecdotes :
4. LA GRANDE ÉVASION Scénario : David Grae Réalisation : Rob Bowman Résumé : Un homme est retrouvé mort tué par une balle en plomb vieille de 200 ans ! Critique : Très joli titre français qui, sans vendre la mèche, en allume toutefois une partie. Une des forces de cet épisode c’est son travail visuel. D’entrée de jeu, Rob Bowman nous captive par cette scène dans une lumière bleu-noir mêlant silence autour du cadavre et bruits de chevaux au galop. Un déphasage qui illustre que le temps sera une des données du problème. La victime, un certain Daniel Goldstein créait des produits financiers complexes. Un de ces produits a justement fait perdre beaucoup d’argent à plein de monde. Suivez l’agent est un poncif du récif policier sauf que nous sommes chez Castle et que ce n’est qu’un aspect de la réponse. Car Lanie apporte plus de questions qu’elle ne donne de réponse : la victime a été tuée par une balle remontant au XVIIIème siècle tirée par une arme de la même époque ! Il n’en faut pas plus à Castle pour imaginer un tueur spatio-temporel venu par un portail dimensionnel ! L’énergie que met Nathan Fillion dans son personnage le préserve du ridicule pour le faire passer dans l’autre dimension des huluberlus sympathiques, un excentrique ! Devinez le modèle de la voiture de Daniel et vous imaginerez les sommets de jubilation de l’écrivain ! Castle et Beckett vont remonter jusqu’à un club de farfelus, éminemment délirants mais bons enfants. Le décor est chargé mais il crée une véritable identité visuelle au club, un décalage entre l’extérieur du XXIème siècle et l’intérieur qui se revendique du Londres victorien (costumes notamment) mais comme si le futur imaginé à l’époque (référence à Jules Verne) s’était justement arrêté là. Rob Bowman, bien aidé par les décorateurs, opère une présentation en deux/trois images, de vrais tableaux d’originaux saisis sur le vif. Mais si le club est original, c’est aussi lui qui donnera la clé de l’énigme. Grâce aussi à une séance de tir devant mesurer la précision des armes du siècle des Lumières ; d’abord sérieuse, cette séance vire au déjanté et on remercie Nathan Fillion à genoux tellement c’est fou !! L’intrigue mineure du jour, ce sont les premiers émois d’Alexis. C’est très touchant grâce à l’implication de Molly C. Quinn, absolument géniale quand elle entreprend de se demander à voix haute comment on sait qu’on est amoureux. C’est à la fois drôle et touchant et Nathan Fillion n’est pas en reste. Sur cette scène, il est lui aussi attendrissant et nous fait bien sourire. Il a carrément su nous faire rire par la jalousie de Castle, vexé que ce soit à Martha et non à lui, le « papa cool » qu’Alexis se soit confiée la première ! Quant à la première rencontre du père et du petit ami, il n’y a que dans cette série qu’elle pouvait avoir lieu de cette façon !! Anecdotes :
5. LES VRAIS HÉROS NE SE REPOSENT JAMAIS Scénario : Terence Paul Winter Réalisation : John Terlesky Résumé : Lors d’un enterrement un cercueil se renverse libérant deux corps ! Critique : Au tour des séries hospitalières de passer à la moulinette de Castle ! Humour et ironie à tous les étages mais aussi beaucoup de sentiments voire du sentimentalisme si l’on est peu charitable. La victime, Valérie Monroe, était médecin dans un hôpital et elle a été tuée avec une « précision chirurgicale » selon la formule agréée. Le mode opératoire, et plus largement l’injection de formules médicales, permettent à Tamala Jones de sortir de son registre habituel pour développer une réelle expertise. La mise en scène de John Terlesky permet de donner un aspect fluide à une scène d’explication qui aurait été bavarde et pesante s’il l’avait tourné platement. L’écriture de la série est bien rodée mais absolument pas mécanique. Ainsi, le premier suspect, Greg McClinctock, est-il bien entendu innocent du crime puisqu’il est le premier justement. Sauf que c’est bien plus subtil ! L’explication finale est stupéfiante par la maîtrise d’écriture et le jeu avec le spectateur qui a toutes les cartes en main mais tombe dans le panneau qu’on lui présente ! Comment faire autrement quand le scénario mêle un baron de la drogue qui employait la victime comme médecin personnel ? Comment passer sous silence le fait qu’elle était une informatrice du ministère de la justice ? Et que vient faire dans tout cela une recherche du docteur Monroe concernant la ville de Katona, État de New York, prototype selon le capitaine Montgomery « de la ville où il ne se passe jamais rien » ? La réponse à la question est fournie par le capitaine Montgomery lui-même ! Ruben Santiago-Hudson a peu de temps de présence mais il l’emploie bien, chaleureux, proche de ses troupes. Et puis il y a de l’amour dans cet épisode. L’amour d’Alexis pour Ashley (absent bien qu’on parle beaucoup de lui) et le couple qui a « sa » chanson (de Taylor Swift). Celui de Castle pour Gina ; une crise entre eux dû à la jalousie de ce dernier déjà constatée quand on parle de sa fille mais qu’ils parviennent à surmonter grâce à un travail sur soi de cet égotiste de première qu’est Richard Castle. Nathan Fillion est impeccable et l’on sent les efforts que son personnage a fait par amour pour les autres. C’est aussi avec délice que l’on assiste à la lecture entre Castle et Beckett d’une correspondance amoureuse où ils espèrent trouver une piste. Non seulement c’est amusant mais c’est loin d’être purement anecdotique. Quant au mobile du meurtre, il est quelque part lié à l’amour, décidément un grand meurtrier ! Anecdotes :
Scénario : David Amann Réalisation : Bill Roe Résumé : Le meurtre d’une femme blonde indique à la police de New York qu’un tueur en série, le Triple Tueur, est de retour en ville. Critique : Un épisode remarquable à l’intrigue complexe mais maîtrisé, aux dialogues froids et à la mise en scène lente et grave ; profondément noir, cet épisode, éclairci par l’intrigue secondaire qui aura son importance sur l’intrigue principale, ce qui est rare, réussit une figure imposée des séries policières : introduire la Némésis du (des) héros. L’entrée dans l’épisode est déjà un signe de maîtrise narrative, visuelle et sonore. Quand tout va bien, la jeune femme blonde est éclairée par les lumières de la ville et on entend clairement Phil Collins. Puis, progressivement, le silence se fait. Très vite, Lanie relie ce crime à ceux du Triple Tueur. Ruben Santiago-Hudson enfile les habits du commandant Montgomery et, avec autorité, nous donne un topo sur ce meurtrier. Survient une seconde victime et seulement le générique ! Avec efficacité, mais en ayant tout de même pris le temps d’une scène d’émotion, le scénario introduit le héros noir de l’épisode, Marcus Gates incarné avec un talent fou par Lee Tergesen. L’acteur donne un détachement ironique à son personnage (il faut voir le sang-froid qu’il conserve alors qu’une armada de flics surarmés le mettent en joue). Les interrogatoires de Gates par Beckett seule sont des bijoux. Le ton est toujours calme mais la tension est palpable surtout que la froideur de Gates le rend de plus en plus affreux mais, comme il a réponse à tout, c’est une anguille qui se tient devant nous. Le second interrogatoire semble rejouer la même scène mais on notera alors que le réalisateur zoome sur les visages. Quelque chose de nouveau va sortir de tout cela. Pour coincer Gates, les enquêteurs ont fouillé le passé du roi de Sing Sing et découvert son co-détenu, Jerry Tyson. Autant Gates est glacial, autant Tyson paraît émotif, mal à l’aise. Il faut que la police lui arrache les bribes d’information qui vont lui être utile. Mais, nous sommes dans Castle et c’est chez notre écrivain préféré qu’un détail fait tilt permettant de sauver une femme ! On s’achemine vers le happy end traditionnel mais on aurait dû mieux écouter Castle, insatisfait du dénouement. Parce ce que, cette fois, l’imagination débordante de ce dernier lui fait entrevoir trop tard la vérité. Le final sera éminemment fort et noir, et pourtant, il conservera jusqu’au bout une brindille d’humour. Ce petit éclat d’humour, pareil à la noisette dans le chocolat noir, provient de la résolution de l’intrigue secondaire du jour : l’admirateur secret d’Alexis. Ce qui est amusant et bien écrit, c’est le caractère évolutif de cette histoire et la manière dont les protagonistes, Alexis mais surtout Castle, la vivent. Cette intrigue et la principale interagissent et se renforcent ou plutôt s’équilibrent ; la noirceur de l’intrigue principale est en partie compensée par la relative légèreté de l’intrigue secondaire. Ensuite, quand Alexis, très insouciante sur ce coup-là, décide de se rendre au rendez-vous fixé, Martha défend à son fils de la surveiller…se réservant ce rôle ! Bonne composition de Susan Sullivan qui rend très convainquant et savoureux le changement de pied de son personnage et donne à voir, mine de rien, l’amour profond que cette famille se porte. C’est le coup de fil qu’elle passera à son fils pour le rassurer qui va jouer un rôle déterminant dans le final de l’épisode. Anecdotes :
Scénario : Elisabeth Davis Réalisation : Felix Alcala Résumé : La mort d’un comédien minable conduit Castle et Beckett dans une histoire de faux-semblants. Critique : Un épisode pas déplaisant certes mais extrêmement banal et pour tout dire peu inspiré. L’intrigue est confuse, passant d’une chose à une autre sans s’en fixer sur une seule tout en étant très linéaire. La révélation de l’identité du coupable tombe comme un cheveu sur la soupe. On avait pourtant commencé par une entrée contrastée comme la série sait si bien les faire. D’un côté, un policier en uniforme disparaît brusquement happé depuis l’intérieur d’un appartement d’où venait des cris. D’un autre côté, Alexis et Martha font des vocalises à 5 heures du matin ! C’est ce policier qui est mort sauf que c’était un comédien ! Un strip-teaser pour être précis. Et l’appartement abrite une colonie de jeunes femmes totalement effondrées quand Castle et Beckett y arrivent : enterrement de vie de jeune fille ! Mais passé cette ouverture hilarante, on va rire beaucoup moins et, dans Castle, c’est quand même plutôt gênant. Tout le reste de l’épisode va dérouler la pelote que le patron de la boîte qui employait la victime a donné à Ryan et Esposito. Le club de strip-tease (passage assez drôle grâce à nos duettistes) amène à une « cougar » qui était la maîtresse de la victime mais avait rompu parce qu’il lui avait demandé 25 000 $. Argent qui amène à…etc. Tout cela pour nous amener à une histoire d’escroquerie très classique mais que la scénariste (pourtant talentueuse) n’a plus tellement le temps de développer et doit même bâcler la scène où le coupable est confondu. Et le spectateur avec lui. L’intrigue secondaire est amusante (Alexis veut auditionner pour un rôle dans Grease à son lycée et Martha la coache) mais parfaitement anecdotique et complètement périphérique à notre intrigue. Seule la frimousse mutine de Molly C. Quinn et l’allant que met Susan Sullivan nous font passer un bon moment et, en fait, nous évite l’ennui. Anecdotes :
8. DOUCE MÉLODIE Scénario : Matt Pyken Réalisation : Bryan Spicer Résumé : La mort d’un employé municipal emmène Castle et Beckett vers une toute autre affaire. Critique : Solide épisode : une première affaire qui ouvre sur une seconde et relance complètement l’intrigue tout en faisant monter la pression. L’humour est bien dosé ; très présent au départ, il se fait plus rare ensuite à la mesure de l’élévation des enjeux. Un parfait tempo empêche tout ennui. Tout juste peut-on regretter que tous les acteurs ne soient pas au top niveau. C’est à Central Park que nos duettistes préférés se retrouvent autour du cadavre d’un certain « Lenny les bonnes ampoules », un électricien chargé de changer les ampoules dans le métro de New York. D’emblée, le scénariste nous dit que ce n’est pas une affaire simple : la victime a été tuée de trois balles au terme d’une chasse à l’homme. Pourquoi le tuer ? Ryan et Esposito pensent avoir trouvé du matériel d’espionnage chez lui à moins que ce ne soit son peu scrupuleux supérieur ? Matt Pyken nous présente ces pistes avec une parfaite crédibilité mais elles sont fausses ! L’explication de la présence du matériel est absolument hilarante ! Et c’est là que le scénariste nous inflige un rebondissement dramatique : la victime a été tuée pour avoir assisté à un enlèvement d’enfant ! La tension est installée d’emblée puisque les enquêteurs ignorent l’identité de l’enfant et doivent la découvrir. En outre, Nathan Fillion nous permet d’apprécier la partie dramatique de Castle ; un père qui comprend quelle épreuve traverse le père du gamin. Père joué par John Pyper-Ferguson qui est très juste. L’acteur est très impliqué et on croit à sa peine beaucoup plus qu’à celle de la mère, tellement plus fade et dans un rôle extrêmement convenu. Un père qui passe aussi un temps pour le coupable et clame son innocence alors que le temps presse. A ce stade de l’épisode, il pourrait très bien être un kidnappeur. Ça oui mais tueur, cela était plus difficile et les enquêteurs en sont conscients. Leurs interprètes aussi et on est à fond avec eux. Le final, dynamisé par Nathan Fillion dont le personnage a deux éclairs de génie qui décide du succès et Stana Katic, très convaincante dans l’action. Ruben Santiago-Hudson est très bien aussi dans un registre plus dur que d’habitude. L’intrigue secondaire est amusante quoique résolument mineure : Alexis garde le rat domestique de son petit ami Ashley (Ken Baumann, peu expressif), une bestiole nommée Théodore, et qui disparaît. Elle le cherche en vain et craint la réaction du jeune garçon. Pas vraiment de quoi fouetter un chat. L’intrigue ne passionne pas Molly C. Quinn outre mesure même si l’actrice a déjà suffisamment de talent pour nous garder avec elle. Anecdotes :
9. À TOUTE VITESSE Scénario : Shalisha Harris Réalisation : Bethany Rooney Résumé : La mort très étrange d’une astrophysicienne amène Castle et Beckett aux frontières du réel. Critique : Savoureux hommage à une glorieuse ainée tout autant que passage au tamis de la question extraterrestre, cet épisode est un régal ultra-référencé (Castle est une série « geek » à l’image de son héros) qui insère avec bonheur une enquête policière dans un cadre baignant dans l’étrange. L’on est toutefois plus proche de Jean Ray avec un « fantastique expliqué ». La victime était une astrophysicienne retrouvée victime d’une « décompression explosive » ; ce qui se produit lorsqu’un corps est situé hors de l’atmosphère ! Tamala Jones rend bien la perplexité de Lanie et la suite de l’autopsie ne va pas lui rendre le sourire ; il y a bien plus de questions que de réponses. Mais si la légiste est perdue, Castle, lui, est tout sourire ! La victime a été enlevée par des aliens ! Lorsque le générique est lancé après 10 minutes d’épisode, cette hypothèse n’a pas pu être démentie par Beckett ! Il est intéressant de revoir nos duellistes dans leurs rôles de sceptique et de convaincu d’autant qu’à la différence de la magie, l’hypothèse d’une vie (et d’une intelligence) extra-terrestre est toujours valable scientifiquement même sans aller jusqu’aux élucubrations de la littérature et du cinéma fantastique. Jusqu’au bout, Beckett refusera d’admettre que les aliens existent même si, un instant, la logique policière semble vaciller. Le scénario donne évidemment un peu de temps à la thèse ufologique et s’offre Lance Henrikssen en invité de luxe ! Certains pourront regretter le temps relativement bref de sa présence mais c’est en fait cohérent avec la série : Castle est une série policière et non une série fantastique. Disons que c’est un témoignage de sympathie et une révérence faite à un acteur reconnu dans ce domaine tout autant qu’un hommage à la célèbre série où la vérité est ailleurs. En tout cas, en peu de minutes, l’acteur est très juste. Très posé, Benny Stryker n’a rien d’un gourou illuminé et il a même des informations pour les enquêteurs. Impossible de ne pas sourire quand il affirme avec un sérieux académique que le Gouvernement est derrière tout cela ! Et ce n’est pas la suite qui va le démentir !! Des « agents fédéraux » enlèvent les affaires de la malheureuse et interrogent dans des conditions ultraclichées nos héros !!! Cet « enlèvement » est le climax de l’hommage. Par la suite, la vérité va se faire jour sous un angle réaliste de plus en plus affirmé. Castle a une idée pour le moins cocasse pour joindre ces mystérieux agents et le fait que ça marche souligne le côté fictionnel de la série. C’est encore l’écrivain qui va comprendre que quelque chose ne va pas du côté de la victime. Bien vu de la part de la scénariste que de ne pas faire de l’écrivain un obstiné. S’il croit en la magie et aux « petits hommes gris » (merci Mulder !), il n’en fait pas l’alpha et l’oméga. Si la prosaïque réalité doit l’emporter, alors tant pis ! Mais on sait qu’il ne renoncera pas à ses convictions. C’est finalement la coopération entre la police et un agent fédéral secret mais bien réel qui permettra à la vérité de se faire jour. Anecdotes :
10. MAUVAISE ALLIANCE Scénario : Scott Williams Réalisation : Bryan Spicer Résumé : La mort d’un ancien docker fauché, un ancien bar et la Prohibition sont les ingrédients du nouveau cocktail pour Castle et Beckett. Critique : Bel hommage au passé sulfureux de l’Amérique mais aussi à une certaine ambiance quand « atmosphère » voulait dire quelque chose de l’esprit d’un lieu. Tout commence quand le corps d’un certain Donnie est sorti de l’East River. Les enquêteurs trouvent très vite que c’est un ancien docker et Castle fantasme déjà sur l’implication de la Mafia ! Il y a bien un ancien type louche mais il a juste vendu un bar, le Old Haunt à Donnie qui y avait des souvenirs. Castle fait un éloge vibrant du lieu et c’est un régal d’entendre vibrer ces mots d’autant que Nathan Fillion est vraiment excellent dans l’incarnation de son personnage. Sur cet épisode, il vole la vedette à Stana Katic qui se rattrape pour partie dans l’interrogatoire du barman. C’est ultra-sexy et plein d’humour. On a encore l’occasion de rire avec le troisième suspect de l’épisode, complètement « chargé » mais blanc comme neige. C’est sans doute le point faible de cet épisode ; le coupable n’est pas si dur à trouver quand on a éliminé presque tout le monde très vite. A défaut d’un whodunit à la Duchesse de la mort, il reste le whydunit. Le Old Haunt est au cœur de l’intrigue et le décor a été particulièrement soigné. Il y a un bel effort de reconstitution avec ce souci de lier le beau à l’utile, à savoir donner l’illusion qu’il s’agit d’un lieu lié à la Prohibition. Le tunnel qu’empruntent nos duettistes est un classique de la littérature policière de l’époque (lire Sax Rohmer ou Dashiell Hammett) mais il s’insère avec aisance dans l’histoire et joue un rôle déterminant dans l’explication et la résolution de l’intrigue. Le scénariste s’offre en plus le luxe de se payer la jeunesse branchée par cette confrontation entre un Castle amoureux et respectueux du passé et une tête à claque patron de start-up ; le genre à se gargariser d’avoir inventé la roue et de l’avoir fait breveter. La charge caustique est à déguster sans modération. Dans une histoire où le passé se rappelle et se confronte au présent, l’intrigue secondaire avec la copine d’Alexis venue du Kansas est certes très mineure mais elle résonne plutôt bien avec l’ensemble. Anecdotes :
11. PARI GAGNANT Scénario : David Grae Réalisation : Jeff Blekner Résumé : Alors que l’équipe enquête sur la mort d’une marieuse, elle accueille l’actrice qui doit incarner Nikki Heat au cinéma et veut s’inspirer de Beckett ! Critique : Attention ! Idée brillante ! Un scénario signé David Grae est en général gage de qualité mais ici, il fait preuve d’une belle inventivité et d’un grand humour car c’est la série qui se moque d’elle-même ! La mise en abîme est hilarante et nos duettistes interprètent une symphonie en trois temps impeccable. Comme l’intrigue policière n’est nullement sacrifiée à cet exercice de style, le spectateur est à la noce ! A la noce parce que la victime, Stacy Collins, veillait à ce que des couples se rencontrent. « Un petit meurtre te fera du bien » avait dit Alexis à son père affligé par le choix de l’actrice Natalie Rhodes pour interpréter Nikki Heat. C’est vrai que les premières images dont on nous gratifie n’ont rien de gratifiant pour elle et l’énoncé de sa filmographie – qu’Alexis n’a « pas vu » mais qu’elle connaît bien – a de quoi faire fuir en effet !! Or, voilà que ladite Natalie Rhodes débarque sur la scène de crime !!! Beckett avait donné son accord pour qu’elle la suive et prenne des notes (elle a l’habitude !). C’est le premier mouvement de la symphonie : Beckett confiante, collaborant de bonne grâce avec une Natalie à l’écoute, concentrée et un Castle proprement snobé et dont toutes les tentatives pour se rendre intéressant virent au pathétique. Il a des répliques d’une platitude confondante prononcées avec le sérieux qui ne va pas. Même Chuck Norris s’en sortirait mieux ! Nathan Fillion est juste génial ; une mimique suffit pour nous faire comprendre la solitude d’un auteur à qui sa muse et sa création échappent. Que Natalie n’ait pas lu Vague de chaleur, roman justement porté à l’écran, est juste le dernier clou du cercueil de Richard Castle ! Le second mouvement correspond à l’approfondissement de l’enquête. La victime versait beaucoup d’argent à un détective miteux qui se renseignant sur les clients de celle-ci. A ce moment, Natalie avoue à Castle qu’elle trouve le personnage de Nikki « complexe » et qu’elle espère parvenir à lui ressembler un peu. Cela n’a l’air de rien mais ces quelques mots rassénèrent le romancier qui amorce sa « réévaluation » de l’actrice. Laquelle, pour s’immerger dans le personnage, va jusqu’à copier la gestuelle de Beckett et à lui ressembler physiquement ! C’est bluffant ! Du coup, Beckett commence à paniquer. Il faut dire que Laura Prépon en brune ressemble effectivement beaucoup à Stana Katic ! On est aussi obligé de rire devant la mine rêveuse de Nathan Fillion !!! Le réalisateur s’amuse avec des gros plans sur les visages montrant la palette des sentiments des acteurs. Ce mouvement se termine lorsque, pour « rentrer dans le personnage », Natalie « chauffe » Castle puisque celui-ci s’est inspiré de lui-même pour créer le personnage de Jameson Rook, journaliste qui suit Nikki Heat de près (de très près même). Enfin, le troisième mouvement voit Natalie demander à Beckett si Castle est gay : ce dernier a refusé de coucher avec elle ! Du côté de l’enquête, les policiers se sont concentrés sur la jolie secrétaire du miteux et celle-ci avoue piéger des hommes à la demande de Stacy. Le final baigne dans le mélodramatique mais c’est justement l’effet recherché et c’est vraiment drôle. Natalie Rhodes en est quasiment arrivé à faire plus Beckett que Beckett et celle-ci est soulagée que cela soit fini. Tout au long de l’épisode, Stana Katic et Nathan Fillion auront été à leur meilleur niveau mais Laura Prépon se sera révélée excellente. Qu’elle commence avec un look de bimbo ne fait que renforcer la mue de l’actrice qui joue une actrice devenant meilleure à mesure qu’elle comprend le personnage. C’est une jolie réflexion sur l’image et le monde du spectacle, plus originale d’autant que Castle s’est justement inspiré de Beckett pour créer Nikki et voilà Natalie copiant Beckett pour comprendre Nikki. Pour une fois, Frankenstein a réussi son œuvre ! En petite musique de fond, l’intrigue mineure du jour prend Kevin Ryan en personnage principal. Il va demander sa petite amie Jenny en mariage. Castle lui donne quelques conseils farfelus qui lancent l’épisode ! Et il se trouve que Natalie est un fantasme du policier ! Seamus Dever est épatant dans cet homme simple, qui s’efforce d’être un bon policier et un amoureux sincère malgré la présence d’une bombe sexuelle à ses côtés. L’épisode se termine sous les applaudissements. Rien de plus normal. Anecdotes :
12. HUIS CLOS EXPLOSIF Scénario :Terri Edda Miller Réalisation : Millicent Shelton Résumé : Castle et Beckett enquêtent sur la mort d’un magicien mais il y a un lapin dans le chapeau ! Critique : Consacrer un épisode de Castle à la magie relève tellement de l’évidence qu’on se demande comment les scénaristes n’y ont pas pensé plus tôt. Il est aussi agréable que la magie constitue un élément de constitution du « Caskett » par les souvenirs qu’elle évoque à nos duellistes. Faux semblant. C’est ce qui qualifie le mieux la magie. Tout est différent de ce qu’il paraît être et le scénario parvient à rendre tangible sans gratuité cette évidence. La mort paraît être un suicide mais la lettre laissée par la victime révèle autre chose. Ladite victime paraît soudain vivante mais c’est un frère jumeau (d’où la théorie farfelue du jour de Castle). Un vieil artisan construit un automate mais les enquêteurs ont découvert des traces d’explosif. Pour finir, deux morts sortent de leurs tombes ! Pour résoudre le meurtre et confondre le coupable, la police va devoir avoir recours…à la magie ! C’est brillant, bien joué et ce coup final couronne aussi un épisode où l’humour n’aura pas manqué. Faux semblant donc. Deux intrigues secondaires utilisent ce procédé. D’abord, Lanie et Esposito qui sont en couple mais le cache aux autres. L’épisode est généreux avec Tamala Jones qui dispose de bien plus de temps de présence et l’utilise à bon escient réussissant en une scène à être à la fois glamour et factuelle. Ensuite, Castle et Gina dont l’histoire prend fin. Ainsi que l’avoue le romancier à sa mère (brève mais utilise présence de Susan Sullivan parfaite en mère attentive et présente), il vivait quelque chose de banal et rêvait de magie. C’est aussi la morale de cette histoire : la magie détourne le réel, elle ne s’y substitue pas. Anecdotes :
13. LE RETOUR DU PIRATE
Scénario : Will Beall Réalisation : Tom Wright Résumé : Un ancien policier contacte Kate Beckett pour lui parler du meurtre de sa mère mais il est abattu devant elle. Critique : Il y a deux catégories d’épisodes excellents dans Castle : ceux qui poussent l’humour au plus loin en pastichant les films et séries de genre et ceux qui sont des œuvres au noir. Cet épisode est de la seconde catégorie et de la meilleure eau. Exceptionnellement, il ne débute pas par la découverte d’un corps ; ce qui est déjà une indication que ce n’est pas un épisode ordinaire. John Raglan est mourant et veut tout raconter à Beckett (venue en compagnie de Castle) mais il est tué. Il a tout de même eu le temps d’apporter un élément nouveau qui, dans un premier temps, complexifie l’histoire. A rebours de l’épisode type, aucune des personnes interrogées n’est innocente à un degré ou à un autre mais toute sont des pièces d’un sinistre puzzle qui prend sens dans une époque pas si lointaine où New York vivait sous la coupe de la Mafia. Presque tous les interrogatoires sont des confrontations ; celle avec Vulcan Simmons est la plus violente psychologiquement. Jonathan Adam est prodigieux dans l’incarnation d’un véritable serpent, malveillant, à la fausse élégance, mais fin renard et sachant pousser à bout Kate Beckett. Sans faute de Stana Katic qui fait ressentir toutes les émotions par lesquelles passent son personnage. Il faut la voir complètement livide par exemple. On est avec elle du début à la fin sans la lâcher et on apprécie que Richard Castle vienne la soutenir. Le romancier, à qui sa mère a demandé d’être honnête sur la raison qui le fait aller au poste de police tous les jours, ne se dérobe pas. Il apportera une aide importante et il sera déterminant dans le final éprouvant. Le grand mérite de cet épisode est de replacer un fait – le meurtre de Johanna Beckett – dans un contexte plus large ; lui donnant une profondeur et une consistance et partant un intérêt. Intérêt renouvelé puisque l’épisode ne résout pas le crime originel tout en faisant avancer l’histoire générale. Les nouveaux personnages impliqués sont importants chacun à leur manière, ce qui construit une narration riche et passionnante à suivre et qui rend crédible la présence du « dragon » ; le puissant commanditaire in fine. Avec une réalisation alerte qui joue à fond la carte du mouvement, tout en réussissant à placer de courts mais précieux moments plus intimes, c’est un des sommets de la saison. Anecdotes :
14. PANDORA'S BOX, PART 2 Scénario : Alexi Hawley Réalisation : Émile Levisetti Résumé : Castle et Beckett enquêtent sur la mort d’un ancien gagnant de la loterie. Critique : Un épisode sympathique mais un peu banal. Le thème de « l’argent ne fait pas le bonheur » est par trop cliché pour être un moteur d’intrigue satisfaisant. De fait, si l’histoire se suit sans déplaisir et avec un certain nombre de rebondissements intéressants voire amusants, elle n’a pas d’éléments de fantaisie qui font le sel de cette série. Elle reprend un certain nombre de clichés (enfant toxico, passé qui ne passe pas) ou de figures rituelles (dealer jouisseur, gagnant qui culpabilise, majordome guindé). Il y a cependant un bon rebondissement pour relancer l’intrigue dans la dernière partie de l’épisode, ce qui donne un coupable convainquant et qu’on avait trop facilement laissé passer. On appréciera aussi l’astuce de Castle pour résoudre l’énigme. Le fil rouge de ce que ferait les personnages principaux avec le gros lot est plaisant mais sans plus. Sauf le final qui est réellement touchant parce qu’il concerne nos héros. L’intrigue secondaire du jour concerne Martha désemparée par l’héritage fabuleux que lui a laissé Chet. Il est agréable que ce soit Beckett qui lui souffle le moyen d’en user sans mal agir et sans remords. Anecdotes :
15. TERMINUS Scénario : Moira Kirland Réalisation : John Terlesky Résumé : La mort de l’épouse d’un vieil ami de Richard Castle provoque une crise avec Kate Beckett. Critique : Moira Kirland a brillamment mis en forme cette idée géniale que de mettre à l’épreuve la solidité du « Caskett » sur un autre terrain que celui des sentiments ; en plaçant cette opposition sur le terrain qui les réunit : le crime. La victime était l’épouse de Damian Weslake, ami de Castle. Les explications que donne celui-ci à sa défense acharnée sont très convaincantes ; en plus, Nathan Fillion donne beaucoup de chaleur à celles-ci. L’acteur est impeccable, tant dans son obstruction initiale que dans son repentir et sa soif de justice. « Écoute ton cœur » lui dit Martha, toujours de bon conseil. Le scénario est véritablement habile puisqu’il charge Damian mais indirectement. L’élément le plus lourd étant la « coïncidence » entre ce crime et la mort du père de Damian, 20 ans auparavant. Or, que dit-on des coïncidences dans les séries policières ? La série joue sur ses habitudes, comme le « bon » suspect initial mais innocent. Le fait qu’il soit relativement vite expédié signifie que le scénario va appuyer ailleurs et, de fait, il multiplie les suspects. Ils sont relativement bien dessinés même si un peu schématiques. Par contre, Jason Wiles n’est pas tout à fait le bon choix pour Damian. Emprunté, peu à l’aise et sans beaucoup d’expression, il ne crée que partiellement une connexion avec Nathan Fillion. Mais il y a beaucoup de rebondissements, tous crédibles et la rivalité entre Castle et Beckett rajoute un allant et pas mal de suspense. L’enquête à double hélice accouche d’une double résolution absolument stupéfiante et d’un final doux-amer. Anecdotes :
16. ENVERS ET CONTRE TOUT Scénario : David Amann Réalisation : Rob Bowman Résumé : Croyant enquêter sur la mort d’un simple chauffeur de taxi, Castle et Beckett se retrouvent à chercher une arme de destruction massive ! Critique : L’excellent épisode par nature : partir d’un fait banal et amener doucement à quelque chose de beaucoup plus gros, mettre de l’humour au départ puis le réduire progressivement tout en faisant monter la pression, doubler l’enquête habituelle du soupçon de la manipulation, et vous obtenez 40 minutes (quasiment) sans faute qui vous scotchent à votre fauteuil. D’entrée de jeu, Rob Bowman – sûrement le meilleur réalisateur de la série et un très bon réalisateur tout court – installe une tension, un rythme rapide marqué par une musique forte, qui scande les secondes et que l’on retrouvera plus tard. Tout commence donc par la mort d’Amir, un chauffeur de taxi dans un entrepôt abandonné. Ainsi que le souligne Lanie, tout pourrait faire paraître à un vol qui aurait mal tourné mais pourquoi avoir brisé les doigts du défunt ? David Amann, une des meilleures plumes du staff, nous invite ainsi à ne pas prendre ce que nous allons voir comme allant de soi, plus que d’habitude. La présence d’un diplomate syrien semble convenue mais c’est efficace pour troubler l’onde et cela nous vaut l’habituelle mais toujours réjouissante théorie de Castle ! Lequel devant un garde-meuble nous régalera une dernière fois d’une référence cinématographique amusante. Une dernière fois parce que voilà que des traces de radioactivité sont détectées. Avant que l’enquête n’atteigne un climax de tension, le scénario s’est accordé une pause pour que Beckett évoque ses états d’âme, dise son amertume devant la tournure de sa vie amoureuse et trace le portrait du compagnon idéal. Intéressant que, sur ce passage, Nathan Fillion n’ait aucune ligne de texte. L’arrivée de Mark Fallon, de la Sécurité Intérieure, n’apaise pas vraiment les esprits ; d’autant qu’Adrian Pasdar est diablement convainquant en homme d’autorité. L’enquête suit un rythme trépidant car il y a urgence et ce moteur, pour être classique, n’en reste pas moins efficace. Tout comme le procédé un brin éculé d’éjecter les héros de l’enquête, histoire de dramatiser encore un peu les enjeux. Alors, certes, du coup, il n’y a plus de surprise désormais mais cela n’enlève rien à la qualité de l’ensemble car David Amann a su doser les révélations, amener chaque élément à temps et s’il ne surprend pas, c’est qu’il avait gardé une terrible carte dans son jeu qu’il abat à la dernière minute nous laissant tétanisé ! Anecdotes :
17. RAPIDE, SILENCIEUX, MORTEL Scénario : Andrew W. Marlowe Réalisation : Bill Roe Résumé : Les enquêteurs n’ont que quelques heures pour découvrir la bombe. Critique : La surprise ne joue plus ici puisque le spectateur sait quels sont les tenants et les aboutissants mais le scénario d’Andrew W. Marlowe sait parfaitement user du contre-la-montre, gérer la tension et garder un peu de temps pour ses personnages. La réalisation est sans faute. L’orchestration est cependant moins présente et moins signifiante que pour le premier volet. Tout le départ de l’épisode (jusqu’au générique) se joue sur trois fronts qui se renforcent mutuellement générant un effet d’angoisse croissant : Castle et Beckett se congelant à petit feu, Martha et Alexis rentrées inopinément et se demandant où est Richard, les enquêteurs à cran ayant autre chose à faire que les chercher. Évidemment que notre couple préféré s’en sortira mais, par un coup de vice dont on aurait pourtant pu s’attendre de la part de Marlowe, le « Caskett » subit un coup d’arrêt. Castle va véritablement être le moteur de tout l’épisode. Ce sont ses intuitions, ses suggestions qui vont réellement permettre à l’enquête de progresser. Du grand Nathan Fillion. Pourtant, Mark Fallon ne passe pas au second plan grâce à l’énergie que met Adrian Pasdar dans son personnage. Il ne le rend vraiment pas sympathique mais c’est parfaitement voulu et pleinement réalisé. Juste une anecdote glissée par Ryan éclairera sur les motivations de l’agent Fallon. Après la séquence Dana Delany en saison 2, c’est une autre séquence de haut vol que s’offre la série avec Adrian Pasdar. C’est moins chaleureux mais, du moins, c’est complètement différent et pas moins intéressant. Coup de génie du scénariste que la « méthode Castle » qui sauve New York ! C’est à peine croyable mais c’est tellement bon !! Anecdotes :
18. UN PASSÉ ENCOMBRANT Scénario : Elisabeth Davis Réalisation : David M. Barrett Résumé : Castle et Beckett enquêtent dans le monde impitoyable du soap-opera. Critique : Une fois encore, Castle se paye un genre et c’est le soap qui trinque. L’épisode est amusant, surjoué évidemment mais il aurait pu être meilleur cependant. Les différents éléments donnent plus l’impression d’être juxtaposés que réellement mêlés. On passe donc de l’un à l’autre sans vrai lien. L’écriture d’un soap a peut-être déteint sur Elisabeth Davis. En tout cas, on rit pas mal. La mort de la victime est déjà une satire en soi : c’est un auteur ! L’effet miroir joue et on savoure d’autant que Castle et Beckett la prolonge d’une certaine façon. Néanmoins, ensuite, c’est un déroulement beaucoup plus classique qui survient même si les interrogatoires des comédiens sont très cocasses. Très drôles certes mais on a quand même connu plus désopilant. Elisabeth Davis s’amuse à doter tous les suspects d’alibis et on sourit devant la perplexité croissante des enquêteurs. Le problème c’est que quand Castle trouve la solution, l’impression laissé c’est qu’elle sort de nulle part. On aura une dernière occasion de sourire avec la scène écrite par le romancier pour le soap. Heureusement, les divas vont sauver le médiocre pour le tirer vers le mieux. Susan Sullivan se déchaîne dans cet épisode qui a dû lui rappeler des souvenirs ! Martha est littéralement dans son élément puisqu’elle a joué dans ce soap…trente ans avant ! Elle veut se la jouer « agent infiltré » et c’est vraiment très drôle. Surtout dans deux moments ne paraissant pas du tout être ce qu’ils sont. Là, on est plié et la complicité entre Susan Sullivan et Nathan Fillion est exquise. Et puis il y a Jane Seymour, en invité de luxe. L’actrice surjoue une grande partie du temps (elle incarne la mère de la victime et il ne faut pas rater le moment où elle est amenée au poste) mais, quand son personnage est fermement interrogé par les enquêteurs, elle se pose et nous montre, à nous et à Castle et Beckett, ce que c’est que le talent. On n’ira pas jusqu’à brûler un cierge mais, dans le contexte de cet épisode, Jane Seymour était l’actrice qu’il fallait et elle ne se rate pas, nous faisant bien rire alors que son personnage n’a rien de reluisant ! Anecdotes :
Scénario : Terence Paul Winter Réalisation : Jeff Blockner Résumé : Un juré s’effondre en plein procès : il a été empoisonné ! Critique : Un honnête épisode même s’il n’a rien de particulièrement original. Son erreur est de ne pas se moquer du genre judiciaire et de l’aborder de façon trop sérieuse. Il est cependant assez bien écrit pour se suivre plaisamment. L’épisode se base sur l’aphorisme bien connu : « A qui profite le crime ? ». En l’occurrence à l’accusé. Le scénario est assez habile pour ne pas l’écarter de la liste des suspects mais un autre aphorisme veut que le doute lui profite aussi. L’accusé innocent, c’est un cliché des séries et films judiciaires et, sur ce plan, Castle n’innove absolument pas mais, surtout, ne propose pas une fantaisie qui donnerait un second degré à l’épisode. A la place, c’est une enquête sérieuse mais banale qui nous est proposée. Par contre, on appréciera que le personnage de Montgomery soit mis en avant. Voilà un policier consciencieux mis sous pression par le procureur en personne ; difficile de bien faire son métier quand l’affaire concerne un procès médiatisé. C’est grâce à sa ténacité, et au soutien sans faille qu’il apporte à Beckett, que l’affaire sera résolue. Ruben Santiago-Hudson campe solidement son rôle. Il y a une intrigue secondaire dans cet épisode autour d’un secret d’Alexis et d’une méthode peu scrupuleuse de son père pour savoir ce que fait sa fille. Amusant même si c’est une redite destinée à nous faire comprendre la foncière honnêteté de la jeune fille. Heureusement, la bonne composition de Molly C. Quinn permet à Alexis d’échapper au cliché de la bonne fille un peu bêta. On aura aussi apprécié comment elle remet son père en place mais, ça aussi c’est une redite. Dommage. Anecdotes :
20. UN MENTOR TRÈS SPÉCIAL Scénario : Scott Williams Réalisation : Steve Boyum Résumé : Le corps d’un journaliste est retrouvé dans le four d’une pizzéria. Critique : Voilà un épisode de Castle comme on les aime, plein d’humour mais un humour au service d’une solide enquête policière. Avant le générique (donc en moins de dix minutes), le spectateur a eu deux grands éclats de rire ! Rien que les noms des quatre pizzaiolos en guerre sont des bijoux de drôlerie sans oublier les coups pendables qu’ils se sont faits entre eux ! Même Lanie pour une fois sacrifie à l’humour noir !! La théorie fumeuse de Castle est aussi brève qu’hilarante. L’identité de la victime, Gordon Burns, journaliste déchu, lance véritablement l’histoire. Une histoire simple puisqu’elle part de la « guerre des pizzas » pour aboutir à un trafic de drogue. Simple mais en aucun cas linéaire. Chacun des suspects pourrait être lié au crime et au trafic mais leurs interrogatoires distillent également de petites pastilles d’humour. Faire rire en instruisant le spectateur ; c’est bien joué. L’enquête rebondit avec la découverte de Monica Wyatt, une ex de la victime. Liz Vassey apporte la gravité et la tendresse appropriée faisant un joli contraste avec les hommes jusqu’alors présenté qui avaient tous un côté ridicule ou pathétique. Poursuivre l’enquête va permettre de traquer la « Baleine Blanche » de Burns en lien avec un épisode traumatisant de son passé. Voilà l’élément tragique qui densifie le fond de l’épisode. Très appréciable aussi la révérence, très dans l’ADN de la série, au « film noir » et que ce soit « Boggie » qui apporte un élément déterminant est un bel hommage. Le fin mot de l’histoire, il revient à Castle, grand amateur du genre. L’intrigue secondaire du jour, liée à Alexis, est différente des habituelles par sa gravité. L’adolescente vit très mal un coup qu’on lui a fait et ne comprend pas bien pourquoi elle réagit comme elle le fait. Molly C. Quinn est ici particulièrement convaincante et la connexion avec Nathan Fillion toujours aussi limpide. Les deux acteurs réalisent un sans-faute dans cette partition et il est bien vu de ne pas dresser de « l’âge ingrat » un portrait caricatural mais bien nuancé. Anecdotes :
Scénario : Matt Pyken Réalisation : Paul Holahan Résumé : Un champion de natation est retrouvé mort noyé. Parallèlement, Castle s’agace de voir un autre auteur s’intéresser à Beckett. Critique : Episode un peu ambivalent. Son intrigue principale ne casse pas trois pattes à un canard mais elle est tout de même suffisamment bien écrite pour rester intéressante. Par contre, une fois n’est pas coutume, l’intrigue secondaire concerne Richard Castle lui-même ! Ces deux segments tendent à se renforcer mutuellement, ce qui est une réussite, et sauve l’épisode. Lequel commençait mal avec cette histoire d’un nageur venu d’un milieu modeste, désargenté et qui devient un potentiel champion. La question usuelle du « D’où vient l’argent ? » n’est néanmoins pas mal exploitée puisqu’elle permet de développer l’environnement de la victime, fournissant ainsi la crédibilité du mobile du meurtre lorsque les enquêteurs l’auront trouvé. Le dopage dans le sport est aussi devenu un cliché de la série policière. C’est dommage d’y avoir sacrifié. Tout cela va déboucher sur la résolution du crime grâce à…Michael Connelly ! Le célèbre auteur de polars participe à la traditionnelle soirée poker chez Castle (avec Dennis Lehanne) et c’est lui qui pose la question qui va renverser la table et relancer l’intrigue. Cette séance prend place dans l’intrigue secondaire autour d’Alex Conrad, auteur de polar débutant qui a pour mentor Richard Castle. Sauf que Castle Richard prend ombrage de l’intérêt de Conrad pour Beckett. La jalousie du romancier est aussi comique que sincère et Nathan Fillion joue toute la gamme : colère froide, méchanceté de gamin, homme sensé obligé de reconnaître sa mesquinerie. Le plus beau, c’est l’aveu qu’il fait à Beckett qui lui adresse la plus belle des réponses. Anecdotes :
22. AIE FOI EN LA PAROLE Scénario : Alexi Hawley Réalisation : John Terlesky Résumé : Mike Royce, le mentor de Beckett, est assassiné. Pour retrouver le meurtrier, elle n’hésite pas à aller jusqu’à Los Angeles. Critique : Un épisode plutôt dur sur le thème bien connu de la vengeance et de la justice. Classique mais bien fait et Nathan Fillion assure la part d’humour. Classique aussi que le policier « trop » impliqué refuse de lâcher. Beckett doit aller à Los Angeles car le tueur présumé – un certain Ganz - n’a fait qu’un saut à New York. La série s’offre cependant son originalité grâce à Richard Castle. L’arrivée « discrète » de nos duettistes dans la Cité des Anges puis la brève mais hilarante séquence à l’hôtel sont des moments de légèreté bienvenus. Classique aussi cette enquête en jouant au chat et à la souris avec la police locale mais, là encore, la « Castle touch », c’est le tournage de Vague de chaleur décalé, très drôle et très utile aussi ! Par contre, le coup de la balle qui fond, c’est beaucoup plus original ! On ne manquera pas non plus l’entrée en scène ultra-sexy de Beckett essayant de piéger Ganz. L’épisode vaut surtout son pesant de cacahuètes pour sa place dans le « Caskett ». Les deux héros ne sont pas dans les positions habituelles ; ils sont dans une autre ville (superbes extérieurs ; l’hôtel de Ganz a un petit côté Les Experts : Miami) et sans tout ce qui fait leur quotidien. Lorsqu’ils parlent ensembles, le soir, à l’hôtel, ils le font à cœur ouvert et on sent que les deux personnages sont sur la corde raide. Tant Nathan Fillion que Stana Katic laissent entrapercevoir la tension qui habitent Castle et Beckett. Le temps paraît suspendu, hésitant. Anecdotes :
23. CHANTIER À HAUT RISQUE Scénario : Terri Edda Miller Réalisation : John Bleckner Résumé : La mort d’une candidate amène Castle et Beckett dans le monde glamour des concours de beauté Critique : Joli épisode qui se moque des concours de beauté en reprenant tous les codes mais avec le regard moqueur de la série. C’est un peu meurtre chez Miss Détective dont on retrouve un certain nombre de marqueurs comme le photographe à la réputation sulfureuse, l’organisatrice du concours qui ne jure que par lui, le présentateur star, le conseiller efféminé. Les portraits de tous ceux qui gravitent autour du concours n’a rien de reluisant ! Classique et un peu facile. On pense aussi à cet épisode de Castle, « L’enfer de la mode » (2-3) où les projecteurs diffusaient une lumière crue sur le monde du mannequinat. Néanmoins, l’épisode est plus que cela. A partir du moment où une candidate – une blonde un peu bête et méchante – donne aux enquêteurs le violon qui servait à la victime pour son numéro, elle leur remet également – selon elle – « le mobile du meurtre » ; à savoir des photos de nus. Photos que l’on pourra voir, ce qui n’est pas si fréquent tout de même ! Qui dit photo de nu pour une future Miss dit chantage dit aussi photographe. C’est en examinant soigneusement la photo – mais « que » la photo – que Castle trouve le détail qui relance l’intrigue et l’éloigne du copier-coller et c’est grâce à Beckett que l’écrivain aura la révélation. L’épisode comprend deux intrigues secondaires. La moins importante tient dans le choix du cadeau à sa femme par Montgomery pour fêter 30 ans de mariage. C’est Castle qui lui suggère ledit cadeau. Mais, plus fort, il y a l’histoire entre Alexis et Ashley. Les deux adolescents s’apprêtent à quitter le lycée et Alexis craint que l’éloignement ne tue leur amour mais aussi elle refuse qu’il fasse un choix en fonction d’elle et non de ce qu’il veut lui pour son avenir. Entre les deux, papa Castle devra jouer les médiateurs ! C’est tendre et touchant grâce en partie à la connexion Nathan Fillion-Molly C. Quinn. Anecdotes :
Résumé : Hal Lockwood, l’assassin de la mère de Beckett, s’évade de prison. En se lançant à ses trousses, Kate Beckett provoque une série de drames. Critique : Épisode très noir, très dur et très amer ; jamais l’arc « Johanna Beckett » n’avait tant ressemblé à la terre brûlée. Le spectateur profite tout juste quelques minutes de légèreté avant d’entrer dans la violence. Elle prend tous les visages, physique (usage de grenade assourdissante, fusillades) et psychologique (peur de Jim Beckett de perdre sa fille ; la rencontre de Scott Paulin et de Nathan Fillion est très émouvante). Stana Katic est éblouissante, volant la vedette à son partenaire (ce qui causera des frictions) : elle donne à voir un flic qui s’obnubile, un supérieur qui confond autorité et autoritarisme mais surtout une femme qui n’écoute plus rien, ni personne. Ce n’est plus une enquête ; c’est une croisade. Sur l’autel de sa vengeance, Kate Beckett sacrifie Richard Castle. Leur tête-à-tête, d’abord très touchant, devient tendu et, à bout – magnifique composition des comédiens incandescents – ils se lancent à la figure quelques vérités blessantes. Cet épisode met aussi en valeur le capitaine Montgomery et Ruben Santiago-Hudson donne toute sa force à ce personnage secondaire mais si attachant. Tour à tour, il est dur, tendre, complice. Un numéro très fort. Il y aura un autre sacrifice. L’enquête s’est poursuivie et la ténacité de Ryan et Esposito a malheureusement payé. Une visite de Lockwood nous l’avait déjà appris. C’est un moment glaçant. Max Martini est très convainquant : cet homme fait froid dans le dos et quand il sourit, c’est pire encore ! Ce qui rend ce final si fort, c’est que le scénario ne sacrifie aucunement l’émotion à l’action. Il est impossible de garder les yeux secs jusqu’au bout et surtout pas après la dernière réplique de Nathan Fillion. L’aveu de Castle. Anecdotes :
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