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Million Dollar BabyLettres à Iwo Jima

Saga Clint Eastwood

Mémoires de nos pères (2006)


 MÉMOIRES DE NOS PÈRES
(FLAGS OF OUR FATHERS)

classe 4

Résumé :

La destinée de trois des six soldats américains qui ont planté la bannière étoilée à la bataille d’Iwo Jima, qui fut un tournant de la guerre du Pacifique.

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Critique :

Flags of Our Fathers est le premier volet du diptyque d’Eastwood consacré à la sanglante bataille d’Iwo Jima, dont l’impact médiatique et politique se concentra sur une photo devenue iconique dans la culture nord-américaine. Durant la guerre du Pacifique, en février 45, les Marines débarquent sur cette petite ile volcanique japonaise de vingt kilomètres carrés de terre sacrée, à ‘la forme d’une côtelette de porc brulée’ (‘burnt pork chop’), solidement défendue par vingt mille hommes de l’armée impériale. La conquête de l’ile fut complète après un mois de combats, au prix de lourdes pertes ; c’est en effet la seule bataille terrestre du Pacifique où les Etats-Unis eurent plus de victimes – morts et blessés - que les Japonais, un quart de l'ensemble des Marines tués durant toute la Seconde Guerre mondiale en seulement cinq semaines.

A travers cette reconstitution impressionnante de la bataille d’Iwo Jima, Eastwood a choisi de montrer les deux points de vue, sans parti prix, ce qui résulte en deux films complémentaires mais culturellement opposés. Ainsi, Mémoires de nos pères est principalement axé sur le cliché pris par le photographe américain Joe Rosenthal - décédé en 2006 à 94 ans -, lorsque six soldats hissèrent le drapeau au sommet du mont Suribachi fraichement repris aux Japs. La photo fut prise le 23 février 1945, au cinquième jour des combats, et quand les autorités comprirent que la photographie, parue dans les journaux nationaux, pouvait servir la cause du pays, trois protagonistes étaient morts sur l’ile. L'image légendaire devint un symbole dans une Amérique encore traumatisée par la Grande Dépression. Elle captiva le peuple américain, las d'une guerre interminable, et lui donna des motifs d'espérer. Le gouvernement décida de rapatrier les trois survivants afin qu’ils recueillent des fonds pour le conflit et qu’ils apportent de l'espoir aux personnes anéanties. Les réserves étaient en effet vides et les Américains n’avaient pas la foi en leur pays pour une victoire et ils n’achetaient pas de bons du trésor. Iwo Jima était le premier territoire sacré que l’empire du Soleil-Levant devait céder et le cliché servit de propagande à une victoire imminente des forces US. 

L’infirmier John "Doc" Bradley (Ryan Phillippe) et les soldats Rene Gagnon (Jesse Bradford) et Ira Hayes (Adam Beach) sont devenus des héros malgré eux, et ils servirent de pantins médiatiques à des dirigeants dont les desseins étaient de remplir les caisses de l’état. Lorsqu’ils apprirent l'histoire que le gouvernement avait fournie à la presse, ils relevèrent de nombreuses inexactitudes. Malgré cela, ils continuèrent à raconter cette version même si elle était erronée. Alors que Gagnon n'avait aucun scrupule à la dire, Bradley et Ira Hayes ne semblaient pas à l'aise avec la falsification et plutôt traumatisés (la scène du coulis de fraise sur le gâteau à l’effigie du cliché). Comme pour Bird, Eastwood conte l’histoire des trois survivants et de leurs camarades tombés aux combats par des flashbacks aléatoires, même si les phases de préparation, de veillée d’armes et de débarquement sont en continu – à peu près un quart du long-métrage. L’assaut de l’ile – le moment fort - est une boucherie indescriptible qui n’est pas sans rappeler Il faut sauver le soldat Ryan, film également produit par Spielberg huit ans plus tôt.  

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L’histoire de cette seconde photo posée est, en tout cas, bien réelle et Rosenthal ne savait pas lui-même qu’il avait pris la fameuse photographie avant son retour au pays. On assiste vers la moitié du film à la reconstitution fidèle des deux levers consécutifs de drapeaux ; un remplacement nécessaire pour la simple raison que le secrétaire d'État à la Marine voulait cette bannière étoilée comme trophée, alors que le commandant considérait, légitimement, qu’elle appartenait à ses soldats. Aujourd’hui, ce cliché est toujours un des plus célèbres de l’histoire, ce qui démontre l’impact de la propagande. C'est durant la deuxième érection du drapeau que la photo Raising the Flag on Iwo Jima est prise et les participants au premier lever ne sont pas considérés – une injustice jamais réparée -, comme le montre le film vers la fin, lorsque les parents de Hank ne sont pas conviés à l’inauguration du mémorial (« Hank didn't raise that flag. He raised the other one. The real flag »). Néanmoins, beaucoup se demandent toujours où est passé le drapeau original…

Coproducteur, réalisateur et compositeur sur Mémoires de nos pères, Eastwood raconte les évènements en procédant par une narration très efficace constituée de flashbacks plus ou moins longs, et le film se découpe en trois phases principales, après les dix premières minutes qui présentent des images disparates, comme une sorte d’évocations de faits qui seront développés. Tout d'abord, les préparatifs et la bataille, avec la présence de nombreux frères d’armes des trois ‘héros’, dont beaucoup tombèrent face à la défense nippone. Ensuite, les survivants de la photo qui sont réquisitionnés pour faire vendre les bonds de guerre publics afin de remplir les coffres vides du pays et, finalement, le retour compliqué à la vie civile. La longueur des préparatifs, essentielle néanmoins pour se familiariser avec les différents personnages, et les flashbacks continuels (dès que Doc entend le traumatisant ‘corpsman’  par exemple) sont les seuls petits désagréments qui peuvent contrarier, car la reconstitution des combats, la psychologie des protagonistes et l’exploitation politicienne sont parfaitement retranscrites à l’écran. La restitution de la bataille reste le moment fort du long-métrage, alors que la tournée à travers les Etats-Unis des survivants peut parfois sembler longue et répétitive.

De nombreux passages s’entrechoquent comme ceux concernant l’attachant Iggy, l’ami de Doc, qui est enlevé par les Japs dès le début du film (d’où le traumatisant ‘Where is he ?’). La caméra ne montre pas l’état dans lequel il est retrouvé, mais les images fournies par Ira avant le débarquement ne laissent pas de doute sur le calvaire qu’il a dû subir. Doc se rendra personnellement chez la mère de son ami pour lui conter ce que les autorités ont tu. Eastwood dépeint un autre visage de la guerre et appuie son œuvre sur l’ambigüité de l’héroïsme à travers la réalité vécue sur le champ de bataille exprimée par des flashbacks de chacun des trois soldats. Poursuivis par leurs douloureux souvenirs des combats, ils sont fêtés mais aussi promenés et exploités à travers les USA pour servir le pays et continuer l’effort de guerre, comme le passage où ils doivent reconstituer leur glorieuse action dans un stade sur un bloc censé représenter le mont Suribachi. Ils seront peu à peu oubliés : Rene finit concierge et Ira ramasseur de pommes de terre… Tout autant qu'un hommage aux jeunes soldats ayant combattu, ce film est aussi une réflexion sur la propagande et l'héroïsme, avec en toile de fond la récupération de l'image au niveau politique, le sentiment de culpabilité qui s'installe et le drame de cette bataille qui représente la guerre en général.   

La distribution ne présente pas de star et les acteurs se fondent dans un ensemble qui sied parfaitement à l’histoire de ces anonymes projetés sur le devant de la scène pour un acte militaire banal et moins héroïque que des actions effectuées par des morts aux combats. C’est ce qu’essaie de faire comprendre Ira au gradé, lorsqu’il évoque Mike, un des trois soldats du drapeau, tué par un obus ‘ami’ (‘Mike was a hero. Best Marine I ever met’). Par conséquent, aucun des acteurs n’avait connu véritablement les feux de la rampe avant le tournage de Mémoires. Néanmoins, Adam Beach sort du lot en campant Ira, cet Indien possédé par la culpabilité pour une gloire qu’il ne pense pas mériter. Ses origines lui sont constamment rappelées à travers les blagues de soldats, l’humour de politiques ou l’incident à un bar. Il plonge dans l’alcoolisme et, avant de connaître une triste fin, il fera un long pèlerinage, une quête spirituelle, jusqu’à la ferme des parents d’Harlon pour leur confier que c’est leur fils qui est sur la photo, et pas Hank, ce que sa mère avait toujours su… Le comédien a dû puiser dans son vécu car sa mère fut renversée par un chauffard ivre et son père alcoolique se noya quelques semaines plus tard. Dans le reste de la distribution, notons Barry Pepper dans le rôle de Mike, Paul Walker pour les fans de Fast and Furious et Scott, le fils de Clint, qui fait ses débuts d’acteur. 

L’histoire est contée par James Bradley, qui assiste son père mourant – interprété par George Grizzard dont ce fut le dernier rôle -  au début et à la fin du film. Il rend visite à des compagnons d’armes de Doc et un d’entre d’eux souligne l’importance de la communication en temps de guerre : « The right picture can win or lose a war ». Il donne comme exemple l'exécution sommaire d'un prisonnier vietcong par le chef de la police en 1968 dans une rue de Saigon et, pendant le long-métrage, Ira montre le sort que les Japs réservent aux prisonniers en extirpant le cliché de l'Australien Leonard Siffleet sur le point d’être décapité en 1943. Une simple photographie peut changer la face du monde si elle est manipulée par le pouvoir – même en temps de paix très récemment en Europe - et jusqu’au sort d’un conflit, comme l’explique Flags of Our Fathers en préambule. Elle peut également modifier la destinée des soldats impliqués, pris dans un engrenage médiatique qui les dépasse.

Plus qu’aux combats, le film s’attache aux conséquences de cette photo pour les protagonistes qui ont survécu à l’enfer et met en exergue la façon avec laquelle réagissent ces trois survivants, comment ils font face, ou pas, au statut de gloire et de héros. Si ce cliché fait partie de la culture américaine, son histoire et même l’identité des soldats sont restées longtemps un mystère pour beaucoup d’Américains, qui assistèrent à un ultime rebondissement en 2016. Comme le dit Clint dans l’introduction, Mémoires de nos pères raconte une histoire patriotique d’une génération de jeunes qui s’est sacrifiée pour son pays ; il rend hommage à toutes les victimes de cette bataille, ainsi que de la Seconde Guerre mondiale, par un souci de reconstitution fidèle des évènements grâce à une image sublime grisâtre de Tom Stern, dont la seule couleur appuyée est l’orange des diverses déflagrations.

Venons-en à la polémique, l’internationale, pas la franchouillarde du torchon gauchiste Télérama qui, encore une fois, ne comprend rien à Eastwood en écrivant que ‘le film fleure le vieux populisme’. Au festival de Cannes 2008, le détestable Spike Lee critiqua Eastwood pour ne pas avoir montré de Marines afro-américains durant la bataille d’Iwo Jima. La réponse du réalisateur n'a pas tardé dans un entretien publié par le journal britannique The Guardian : « Has he ever studied the history? » s’interrogea Eastwood, qui précisa que le film était centré sur les hommes qui ont hissé le drapeau sur le Mont Suribachi. Bien que des soldats américains noirs aient pris part à la bataille, aucun d’entre eux n’a été dans le groupe sur la photo étant donné que la ségrégation était présente au sein des Marines à l’époque : « Si je mettais un acteur afro-américain à cet endroit, les gens diraient : « Ce type a perdu la raison. Ce n'est pas conforme  à l'Histoire». 

Spike Lee est un sinistre personnage, qui fait régulièrement l'objet d'accusations de racisme et d'antisémitisme, et ses délires paranoïaques ont souvent pour cibles Eastwood et Tarantino. Après l’interview dans le Guardian, Lee continua ses élucubrations traitant Clint d’‘angry old man’. A cela, Eastwood sortit une mémorable réplique à la Dirty Harry : « A guy like him should shut his face » et le grand Clint rappela que Lee l’avait déjà attaqué à la sortie de Bird (un biopic de 1988 sur Charlie Parker, un des grands musiciens de jazz) : «Il se plaignait quand j'ai fait Bird. Pourquoi un mec blanc ferait ça? J'étais le seul à le faire, voilà pourquoi. Quand je fais un film et qu'il est à 90% noir, comme Bird, alors je prends des acteurs à 90% noirs». Sinon, Eastwood se refuse, comme c’est la mode, de mettre un acteur noir dans un de ses films telle une publicité pour l’égalité des chances dans le but d’être politiquement correct, privilégiant la vérité historique, n’en déplaise aux grincheux. A croire que l’ahuri de Lee n’avait pas vu Impitoyable ou Jugé coupable et, à l’époque, Eastwood, sous forme de clin d’œil, parla de son projet d’un film sur l’Afrique du Sud post-apartheid et lança : « «Je ne vais pas rendre Nelson Mandela blanc !»

Anecdotes :

  • Flags of Our Fathers est sorti en avant-première le 9 octobre 2006 à Los Angeles puis le 16 à New York pour une sortie nationale américaine le 20. Cinq jours plus tard, le 25, il était sur les écrans français. Il fut présenté le 21 octobre au Festival du Film de Tokyo. Le film fut nominé deux fois aux Oscars (meilleur montage de son et meilleur mixage de son) et une fois au Golden Globe (meilleur réalisateur).

  • Le tournage eut lieu en Islande principalement, mais aussi à Chicago, dans l’Illinois et en Californie. Il dura cinquante-huit jours, moitié moins que prévu, et se termina en février 2006. Eastwood : « L’Islande est une île géothermique volcanique, qui ressemble beaucoup à Iwo Jima. Sujette à de légères secousses sismiques, elle possède le même sable d'un noir profond dont s'échappent des fumerolles et jets de vapeur. L'Islande en août affiche des températures plus fraîches, mais les conditions y sont similaires à celles d'Iwo Jima en février. » Plus de 500 figurants islandais ont été utilisés pour filmer les scènes du débarquement et le mont Suribachi a été ajouté sur de nombreux plans grâce aux images de synthèse.

  • Eastwood essaya d’avoir une option sur Flags of Our Fathers d’après le livre de James Bradley – le fils d'un des soldats qu’on pensait sur la photo à l’époque - et Ron Powers publié en mai 2000, mais Spielberg avait déjà acheté les droits dès l’été. Il ne fut pas satisfait du script proposé et le projet resta en sommeil jusqu’à ce qu’il rencontre Eastwood aux Oscars 2004. Clint devint le réalisateur et Steven Spielberg le producteur. Eastwood retrouva le scénariste Paul Haggis, déjà sur Million Dollar Baby, pour les deux films d’Iwo Jima.

  • Ce n'est qu'après la mort de son père en 1994, que James Bradley eut connaissance de sa participation au lever du drapeau d’Iwo Jima mais, quelques temps après le film, et lorsque le Corps des Marines a reçu une série de photos inédites en 2010, Bradley s'est rendu compte que son père faisait partie du premier lever de drapeau, et pas du second. Le 23 juin 2016, le Corps des Marines a annoncé officiellement que John Bradley ne fait pas partie des six hommes photographiés par Rosenthal en train de hisser le drapeau américain sur Iwo Jima et que son nom sera remplacé sur le mémorial par le sixième homme identifié comme étant le caporal Harold Schultz. https://www.washingtonpost.com/news/checkpoint/wp/2016/06/23/marines-misidentified-man-in-the-iconic-flag-raising-photo-on-iwo-jima/?utm_term=.40c691f96c60

  • Eastwood : « J'estime que cette histoire ne rend pas seulement hommage à ces hommes qui ont levé les couleurs de l'Amérique, elle célèbre aussi tous les héros anonymes qui ont combattu et trouvé la mort sur Iwo Jima comme sur plusieurs centaines d'autres champs de bataille au cours de la Seconde Guerre mondiale. »

  • L’acteur Jesse Bradford sur la mise en scène d’Eastwood : « J'ai entendu des rumeurs qu'il faisait seulement deux prises. La moyenne est probablement deux, mais le nombre de fois où nous en avons fait qu’une était majoritaire. C'est génial, car, en tant qu'acteur, cela vous oblige à être à fond. Avec ce film, j'ai appris très rapidement à être très clair sur ce que je pensais être les aspects les plus importants de la scène et comment je voulais que ces aspects se reproduisent, parce que si je n'avais qu'une seule prise, je ne voulais pas être le gars qui en demandait toujours une autre. »

  • La scène, où on aperçoit un marin qui tombe d'un navire et qui est laissé dans l'eau, alors que la flotte se dirige vers Iwo Jima, est véridique : «Nous avons eu le signal d’un navire devant nous. Nous nous sommes déportés pour ne pas le heurter et lui avons jeté un kit de survie, mais on avait l'ordre de ne pas s'arrêter. Nous ne pouvions pas retarder vingt-quatre navires pour un seul homme. En regardant en arrière, nous pouvions le voir bouger les bras, et cela nous a brisé le cœur de ne pas pouvoir l’aider. Nous espérions que l'un de nos destroyers ou d'autres petits bateaux qui naviguaient pour nous protéger nous le ramèneraient, mais nous n'avons jamais entendu dire qu'ils l'aient fait. »

  • Les bonus de 2007 du film sont particulièrement intéressants.

    L’introduction de Clint Eastwood qui parle d’un film patriotique pour une génération qui s’est sacrifiée pour son pays. Il évoque son émotion après avoir été à Iwo Jima, qui n’a pas beaucoup changé, et il décrit les tunnels de vingt kilomètres de l’île où vivaient les Japonais : « It wasn’t a place for sissies ». Eastwood se rappelle aussi de ce tour pour la collecte des bons aux USA lorsqu’il était jeune.

    Raising the Flag raconte le jour de tournage en Islande de la reconstitution des levers de drapeaux. 

    Six Brave Men est une présentation des six soldats de la célèbre photo par les acteurs qui les interprètent. La ressemblance de Jesse Bradford avec Rene Gagnon est frappante comme le souligne Eastwood.

    The Making of an Epic, d’une durée de trente minutes, est le plus long des bonus. Il présente toutes les facettes de la production. Lorsque le projet fut décidé entre Clint et Steven Spielberg, Million Dollar Baby était en pré-production. James Bradley était un peu inquiet au départ et différents intervenants évoquent leur participation. A part Clint, on entend ses fidèles Rob Lorenz, Tom Stern, Joel Cox, Deborah Hopper et Henry Bumstead. Paul Walker déclare qu’il voulait à tout prix un rôle dans ce film, même pour deux jours. James Dever, un ancien militaire que Clint connut sur le tournage du Maitre de guerre ; devenu conseiller militaire, il entraina les figurants islandais qui participaient en tant que soldats au débarquement. Le bonus retrace les préparatifs difficiles de la reconstitution de la bataille en Islande. Rien ne fut laissé au hasard : les costumes militaires ont été fabriqués avec du sergé, très rare, qu'il a fallu vieillir et teindre et le travail d'accessoires est allé jusqu'à distribuer d'authentiques journaux du Washington Post et créer des plaques d'immatriculation de l'époque…Le film est dédié à Phyllis Huffman, qui s’occupa de l’important casting, décédée d’un cancer alors que le film était en postproduction, et à Henry Bumstead – Bummy dans la dédicace du film - qui intervient dans ce documentaire. Bumstead déclare qu’à 90 ans il se serait arrêté – il repère les différents lieux de tournage – si ce n’était pas pour Clint qu’il travaillait.

    Visual Effects Featurette est un documentaire assez impressionnant. Il explique comment les arrière-plans filmés en Islande sont recréés sur ordinateur afin de fabriquer Iwo Jima virtuellement. Par exemple, lors du lever de drapeau, toute la vue en contrebas avec la mer et les bateaux a été recréée et intégrée au millimètre afin de transformer la côte islandaise en Iwo Jima pendant la Seconde Guerre mondiale. Un travail de minutie bluffant. 

    Words on the Page est intéressant pour la présence de James Bradley. Il raconte que son père ne voulait jamais parler de cet évènement disant qu’il avait tout oublié et que les véritables héros ne sont pas revenus. James a découvert l’histoire d’Iwo Jima après le décès de son père dans trois boites en carton : «  Why didn’t my dad talk about Iwo Jima? ». Il a fait des recherches sur son père et tous les participants au lever du drapeau ; un témoignage poignant.

  • Phyllis Huffman (1944-2006) a travaillé comme directrice de casting pendant 26 ans, dont 19 films pour Clint Eastwood (acteur ou réalisateur) ; le premier étant Honkytonk Man en 1982. Le diptyque de la bataille d’Iwo Jima fut les derniers films, sortis peu après son décès, pour lesquels elle dirigea le casting. Elle gagna un CSA (Casting Society of America) pour Mystic River.

  • Henry Bumstead (1915-2006) était directeur artistique et chef décorateur depuis 1948. Il a remporté deux Oscars pour L'arnaque et Du silence et des ombres  et il a été nominé à deux autres reprises pour Sueurs froides et Impitoyable. Il commença à travailler avec Eastwood en 1972 (Joe Kidd) et il était revenu régulièrement coopérer avec Clint à partir de 1992 (Impitoyable). A 91 ans, le diptyque de la bataille d’Iwo Jima fut son dernier projet et il est présent dans le documentaire The Making of an Epic expliquant qu’il a beaucoup voyagé pour repérer les lieux de tournage de Flags of Our Fathers. Il disait d’Eastwood: « I think he's the best director in the United States. » 

 

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