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Saison 3Saison 5

Once Upon a Time

Saison 4



1. PRÉSENTATION DE LA SAISON 4

Après le très haut niveau de la saison précédente, on pouvait craindre une baisse et malheureusement elle survient. Si la première partie de la saison est encore de très bonne facture avec une histoire bien intégrée à la mythologie globale et des acteurs récurrents très bons voire excellents, la seconde partie accuse une très nette baisse. L’histoire souffre de longueurs et, surtout, le casting n’a plus la même force que précédemment. Des répétions commencent à se faire jour. Cependant, les acteurs principaux sont toujours aussi bons et la saison offre un lot confortable d’excellents épisodes.

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1. ELSA ET ANNA D'ARENDELLE
(A TALE OF TWO SISTERS)



Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

A Storybrooke, la ville est attaquée par un monstre de glace. En Arendelle, Elsa et Anna découvrent la vraie raison de la mort de leurs parents.

Critique :

Joli début de saison avec de multiples arcs narratifs placés comme de traditionnel sous deux axes : l’un à Storybrooke est contemporain, l’autre en Arendelle est situé dans le passé. Jouant à fond la carte du feuilleton, la série reprend là où la saison précédente s’était finie. Storybrooke connaît un moment plutôt frais depuis qu’Emma a ramené Marianne, l’épouse défunte (et qui se porte mieux du coup) de Robin, brisant le couple qu’il formait avec Regina. L’ancien voleur a des accents douloureux pour évoquer le serment qu’il a prêté autrefois et qui le lie toujours. Ce n’est pas dans l’émotion que Sean Maguire est le meilleur mais il se débrouille, bien aidé par une Lana Parilla très touchante en plus d’être magnifiquement élégante dans un ensemble blanc cassé et des talons hauts. Très symboliquement, le réalisateur va alors faire un plan large montrant la solitude de Regina mais, au premier plan, il glisse un panier de pommes rouges. Avec l’aide du Miroir magique opportunément ressuscité, elle veut s’offrir une modification du destin ; c’est déjà annoncer la seconde partie de la saison. La Reine n’est jamais loin de Regina !

Si l’ambiance de la soirée d’ouverture de l’épisode était fraîche, le lendemain est chaud bouillant avec l’attaque d’un monstre de glace ! Attaque qui fait suite à une autre survenue dans la nuit aux Nains – au passage, on a un gloussement incrédule en entendant Dormeur dire qu’il est le capitaine de soirée ! – et qui, le lendemain, alertent la population. Le monstre est très bien fait et il sera vaincu par Regina, qui, du coup, sauve une Marianne incrédule. Christie Laing manque un peu d’expressivité mais ce n’est pas grave. Un des thèmes de l’épisode, c’est l’amour. Si Regina a perdu son amant, Rumpelstilskin, a lui gagné une épouse. Robert Carlyle est très émouvant dans la confession faite par son personnage devant la tombe de son fils et qui veut devenir l’homme pour lequel il s’est sacrifié mais il sera somptueux quand il demandera à Émilie de Ravin de danser avec lui. Seulement, l’ombre n’est jamais loin du magicien.

Mais d’où vient ce monstre ? Le spectateur sait, lui, qu’il a été créé par cette belle inconnue blonde en robe bleu (non échancrée, ce qui est rarissime pour les robes qui ne sont pas de notre monde) qui a débarqué d’ailleurs (par la porte temporelle ouverte par Crochet et Emma qui aura donc multiplié les gaffes par la même occasion !) et se trouve complètement perdue. L’image de Georgina Haig au milieu de Storybrooke est un résumé saisissant d’une solitude et d’un désarroi. Très beau travail de Ralph Hemecker qui place l’actrice dans son décor puis se recentre sur elle. Elle a créé ce monstre pour échapper à ses poursuivants. Si les habitants de Storybrooke sont dans le brouillard concernant cette nouvelle menace, le spectateur a un coup d’avance car cette jolie jeune femme s’appelle Elsa et elle vient d’une contrée nordique nommée Arendelle. Elle en est d’ailleurs la souveraine depuis la mort de ses parents qui sont aussi ceux de sa jeune sœur Anna. Belle entrée en matière pour ces deux actrices qui reprenaient des rôles très connus dans le public. Georgina Haig est donc Elsa et elle la pare d’une gravité certaine qui sied à la charge qu’elle exerce mais dont le visage s’ouvre (ou se ferme) quand il s’agit de sa jeune sœur. Elizabeth Lail donne une fraîcheur, une explosivité à Anna qui parle beaucoup, sans arrêt mais dont toute l’attitude respire la bonté. Anna va se marier à Kristoff mais, la veille, les deux sœurs ont retrouvé le journal intime de leur mère (écrit en runique, ce qui lui confère une allure germanique ou scandinave). Si leurs parents sont partis (et on a eu en ouverture une spectaculaire et très réussie scène de naufrage), c’est parce que les pouvoirs d’Elsa leur font peur. Ils allaient au Havre des Brumes, dit un troll, futur beau-père d’Anna ( ! ). Si Elsa se voit comme un monstre, Anna refuse cette situation et décide, seule, de se rendre dans cette contrée mystérieuse.

Mystérieuse mais pas inconnue car, le Havre des Brumes, c’est la Forêt enchantée.

Anecdotes :

  • Regina n’a pas perdu son mordant : « J’ai encore fait les frais de votre héroïsme », assène-t-elle à Emma

  • Georgina Haig/Elsa : actrice australienne, vue au cinéma dans Les Saphirs (2012) et à la télévision : Fringe (6 épisodes, 2012), Limitless (2016)

  • Elisabeth Lail/Anna : actrice américaine, le rôle d’Anna est son premier travail important. Elle a ensuite joué dans The Blacklist (2017)

  • La Reine des neiges est un conte d’Andersen publié en 1844. Disney l’a adapté en 2013.
  • Retour de Giancarlo Esposito, Sean Maguire et Christie Laing

  • Pour Edward Kitsis et Adam Horowitz, l’histoire de la Reine des neiges est universelle et parle à tout le monde.

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2. UN MUR DE GLACE
(WHITE OUT)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Ron Underwood

Résumé :

Storybrooke est ceinturée par un mur de glace. Dans le passé, Anna rencontre David et change sa vie.

Critique :

La saison est pleinement lancée avec cet épisode qui fait entrer à plein Elsa dans le petit monde de Storybrooke. L’action s’y concentre quand le segment « magique » est plus basé sur l’émotion. Jane Espenson équilibre à merveille les deux plateaux de la balance.

Certaine que sa sœur Anna est dans la ville (elle a retrouvé son collier dans la boutique de Gold), Elsa fait se lever un mur de glace pour empêcher quiconque de sortir de la ville. Un sort déjà connu mais une version originale ! En s’y rendant, les sheriffs Charmant et Fille croisent le capitaine Crochet qui a déjà fait un repérage. Le pirate est toujours aussi caustique et il a l’amour amer. On peut comprendre qu’il ait l’impression qu’Emma lui batte froid. Colin O’Donoghue est très juste ; il distille le fiel de Crochet sans en faire trop pour que l’on sente la tristesse, la colère et la frustration du pirate. Jennifer Morrison se montre par contre un peu en dedans mais elle se rattrape quand elle aperçoit et rencontre Elsa. Sauf que celle-ci prend peur devant les deux hommes et déclenche une réaction inattendue ; le mur grandit de matière brutale et emprisonne les deux femmes ! Très bons effets spéciaux (il faut le souligner, ce n’est pas si fréquent !). La prison est aussi bien faite. Ce qui assure le succès de ce passage c’est que tant Jennifer Morrison que Georgina Haig parviennent à rendre crédible le lien qui s’établit entre leurs personnages qui comprennent qu’elles partagent une même malédiction ; être incapable de contrôler leurs pouvoirs. C’est Charmant qui trouvera les mots pour qu’Elsa reprenne son sang-froid et parvienne à les sortir de leur prison qui était sur le point de tuer Emma. Comment le prince de Storybrooke a-t-il su ce qu’il fallait dire ? Parce qu’autrefois un berger avait croisé une princesse.

Cette princesse c’était Anna bien sûr qui venait le trouver parce que son fiancé et David se connaissent. Comment ? On ne le saura pas. A l’époque, David est un simple berger (cf. « Le berger », 1-6) mais sa coiffure est atroce et pas vraiment conforme à celle qu’il arborait en saison 1. Sans doute restait-il quelques coiffeurs pour trolls des saisons précédentes. On appréciera par contre la musique champêtre qui précède l’arrivée de la jeune fille. Soudain arrive une dénommée Bo Beep, une « bergère » dotée de pouvoirs magiques et qui rançonne son « troupeau » auquel appartiennent David et sa mère. Robin Weigert incarne à merveille ce despote qui use de la magie pour son profil personnel. Sarcastique et provocante car très sûre d’elle, Bo Beep sait aussi donner de sa personne et on la verra l’épée à la main. L’implication de son interprète en fait un très convainquant « monstre de la semaine ». David se soumet mais Anna qui a assisté à toute la scène est outrée. Jolie composition d’Elizabeth Lail qui donne une force et une crédibilité au discours que tient Anna. Elle lui apprend l’escrime pour qu’il puisse se défendre et elle a un aphorisme définitif prononcé avec une certaine et surprenante sécheresse (preuve que la situation touche la jeune fille) : « Survivre ce n’est pas vivre ». La conviction que met l’actrice empêche le cliché de survenir et l’on pense davantage à Oscar Wilde : « Vivre est la chose la plus difficile à faire. La plupart des gens se contentent d’exister ». Josh Dallas n’est pas en reste et il est très touchant quand David raconte ce qu’on pourrait appeler la parabole de la bataille perdue. Mais David se battra et remportera la victoire, remerciant chaleureusement Anna : « C’était une bataille impossible. C’est pourquoi je devais le faire ». Cette fois, c’est à Winston Churchill qu’il nous fait penser : « Nous ne savions pas que c’était impossible. C’est pour cela que nous l’avons fait ». Anna peut ensuite repartir satisfaite mais le spectateur n’a pas le même sourire enjoué car il sait qui peut la renseigner sur la magie en ce monde.

Pour l’anecdote, citons le fait que Mary Margareth est devenue maire ! Regina (quasi absence de Lana Parilla mais sa seule scène est émouvante) a renoncé au pouvoir mais le problème que doit régler la jeune mère c’est de rétablir le courant dans Storybrooke ! C’est totalement grotesque ! Jamais Regina ne serait tombée aussi bas ! Avoir le pouvoir c’est ordonner et visiblement, Blanche-Neige ne sait pas faire.

Anecdotes :

  • Robin Weigert/Bo Beep : actrice américaine, elle a tourné The Good German (2007) ou Les vies privées de Pippa Lee (2009) pour le cinéma mais c’est à la télévision qu’on la voit le plus souvent : New York Police judiciaire (1999, 2002), Deadwood (2004-2006, Calamity Jane), Life (2007-2008), Chicago Police Departement (2014), Jessica Jones (2015).

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3. JETER UN FROID
(ROCKY ROAD)

Scénario : David H. Goodman et Jérôme Schwartz

Réalisation : Morgan Begg

Résumé :

A Storybrooke, quelqu’un d’autre partage les mêmes pouvoirs qu’Elsa. Une personne venue du passé de cette dernière.

Critique :

Les pions sont posément avancés dans cet épisode. A Storybrooke, c’est le dévoilement d’un adversaire qui maîtrise le froid. Un adversaire venu d’Arendelle mais surtout surgit du passé non pas d’une mais de deux personnes.

A Storybrooke, l’évidence s’impose à nos héros : quelqu’un dispose des mêmes pouvoirs qu’Elsa. Quelqu’un qui a jeté un sort à Marianne ; un sort qui la condamne à mourir de froid à plus ou moins long terme. Il est touchant de voir que Regina s’emploie à sauver sa rivale. Il est aussi émouvant de constater le désarroi de Robin, qui veut sauver la mère de son fils mais est amoureux d’une autre femme. Sean Maguire fait des progrès dans la voie de l’émotion.

La réponse va venir grâce…à un voleur ! Michael Socha fait sa première apparition et il s’en sort honnêtement. Will Scarlett a du bagout, des réflexes aussi et il est loin d’être bête. Il a aussi le sens de l’humour et l’acteur apporte donc une touche de légèreté, un côté primesautier pas désagréable dans un épisode qui durcit la narration générale. Ce qu’il a vu c’est du froid chez un glacier. On imagine le scepticisme des Charmant père et fille ! Mais du froid durant la coupure de courant. La fouille de la boutique confirme les dires du voleur : la marchande de glace manie la magie froide. Une glacière dont on ignore le nom mais qui est incarnée par Elizabeth Mitchell. Elle apporte une certaine classe à celle qui reçoit le surnom de « Reine des glaces » (admirons l’ironie de la chose) et, pour ne rien gâcher, elle est somptueuse dans une robe qui mets ses atours en valeur. Elle affirme connaître Elsa et, froidement, accuse Anna (absente de cet épisode) d’avoir causé l’enfermement et l’amnésie de la jeune femme ! Une autre ombre glacée parcourt aussi ce passage : la certitude d’Emma qu’elle connaît cette femme qui l’a appelé par son prénom.

La blonde inconnue vient du passé d’Elsa. En Arendelle autrefois, celle-ci dût faire face à l’attaque d’une armée ennemie menée par douze frères (faute de moyens sans doute, on n’en verra que quatre) et l’un d’eux, Hans – le prototype du bellâtre – a un moyen de réduire Elsa à l’impuissance. Avec l’aide de son futur beau-frère, Elsa essaye de s’emparer d’une urne magique qui aurait un pouvoir néfaste contre « des gens comme elle ». Dans le rôle de Kristoff, Scott Michael Foster se défend très bien. Son personnage est décontracté, y compris en présence d’Elsa, mais il n’en fait jamais trop ; Kristoff a de l’humour mais il ne manque jamais de respect à sa souveraine (et future belle-sœur et on subodore que c’est ce qui compte le plus). Autre chose, la série défend ardemment le droit à la différence. La magie est un paravent pratique. Buffy avait usé pareillement du fantastique mais allait plus loin dans ce domaine.

Elsa et Kristoff trouvent l’urne (au passage, signalons qu’Elsa aurait pu se changer pour ce genre d’expédition mais on suppose que Disney n’aurait pas aimé voir son personnage en tenue de ranger) mais Hans les contraint à la lui donner après un beau duel avec Kristoff et quelques effets spéciaux bien maîtrisés pour les pouvoirs d’Elsa. Le principe de l’urne c’est qu’on peut y emprisonner quelqu’un. Hans voulait y mettre Elsa mais il y avait déjà quelqu’un dedans ! Notre belle inconnue blonde aux atours crème qui transforme Hans en homme de glace. Du coup, les relations entre elle et Elsa sont chaleureuses ; en outre, elle avoue être sa tante ! On l’a enfermé à cause de ses pouvoirs.

L’épisode a d’autres fils rouges mineurs. D’une part, la nullité politique de Blanche-Neige incapable de tenir son premier conseil municipal. On imagine le désastre si cela avait été un royaume ! Ginnifer Goodwin excelle à nous faire croire que son personnage est totalement dépassé. En outre, la grossesse de l’actrice lui a laissé une silhouette un peu gironde qui ajoute au côté pataud. Un autre fil, c’est le début de « l’opération Mangouste » entre Henry et Regina pour retrouver l’Auteur du livre de contes. Un segment qui sera très riche plus tard. Pour l’instant, on apprécie les liens entre la mère adoptive et le jeune garçon et les interprètes sont vraiment convaincants. On passe même sur la tenue décontractée inusité chez Regina ! Enfin, troisième fil mais glaçant celui-là lorsque la magicienne de l’eau et de la glace croise le magicien noir et qu’ils se connaissent.

Anecdotes :

  • Commentaire sarcastique et involontairement prémonitoire de Rumpelstilskin : « la perte de mémoire est un mal trop répandu ». C’est en effet l’astuce scénaristique la plus utilisée et Robert Carlyle n’avait pas encore lu les scenarii de la saison suivante !

  • Roland nous apprend que Regina ne lui disait jamais non quand il voulait une glace.

  • Scott Michael Foster/Kristoff : acteur et musicien américain, il a notamment joué dans Women’ s Murder Club (2007), Greek (2007-2011), Californication (2012) 

  • Michael Socha/Will Scarlett : acteur britannique, vu à la télévision dans Casualty (2008-2009), Being Human (2011-2013) et Once upon a time in Wonderland (2013). Il sera récurrent durant cette saison uniquement.

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4. L'APPRENTI SORCIER
(THE APPRENTICE)

Scénario : Andrew Chambliss et Dana Horgan

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Dans le passé, Anna passe un contrat avec Rumpelstilskin. A Storybrooke, celui-ci se venge de son vieil ennemi.

Critique :

La série continue sur son excellent début de saison avec cet opus mêlant noirceur, innocence, cruauté et romantisme. Le tout avec un soupçon d’humour. Les acteurs sont excellents, Robert Carlyle en tête.

La scène d’introduction nous montre un objet que convoite les Ténébreux et que protège l’Apprenti mais cet objet est tout de même ensuite chez Rumpelstilskin à Storybrooke. C’est la première étape de cette conquête qui nous est ici présentée. Dans le passé, Anna est venu le trouver et c’est une scène intéressante qu’on nous montre : la belle et innocente jeune fille venue demander un service à la Bête qui la regarde avec un intérêt sarcastique. Oui, les parents des sœurs d’Arendelle sont bien venus le voir mais il refuse de lui dire pourquoi sauf si elle passe un contrat avec lui. Bien évidemment, elle le passe. Comment aurait-elle pu faire autrement d’autant qu’avec sa gentillesse (comme elle le reconnaîtra) elle ne voit pas le monstre qu’il est ? Mais elle le verra bien assez tôt lorsqu’elle comprend qu’il lui a fait passer un sinistre test et qu’elle a réussi ! Élisabeth Lail restitue avec force et émotion le choc que ressent alors Anna. Elle est profondément ébranlée par la révélation de tant de noirceur. Mais le scénario se montre aussi habile en ne faisant pas de la frêle enfant une oie blanche. Gentille, oui ; idiote, non. Avec une petite aide, Anna s’empare de la dague du Ténébreux et comprend qu’elle le contrôle désormais ! Robert Carlyle est également prodigieux. Il suinte la colère, la rage impuissante et sa voix siffle les réponses qu’elle lui extorque. Elle apprend ainsi la vérité sur le voyage de ses parents. Vérité qui la déstabilise mais pas assez cependant pour qu’elle oublie la Bête féroce devant elle et qui est contrainte d’obéir à trois vœux qu’elle fera. Il sera alors libre d’exprimer sa fureur ! D’autant que, bien qu’Anna soit revenue en Arendelle, rien n’est réglé.

Le segment « storybrookien » a bien choisi son héros également : le capitaine Crochet qu’Emma parvient à déconcentrer quand elle l’invite à dîner ! C’est léger et touchant. La suite l’est moins. Crochet demande à - ou plutôt exige de – Rumpelstilskin de lui rendre sa main en lieu et place de son crochet. Deux mains, ce peut être utile pour une soirée romantique. Avec un ton sarcastique, le maître magicien le met en garde contre ce que cette main peut avoir de maléfique et, en vérité, deux incidents dans la soirée semblent lui donner raison. Pourtant, la soirée avec Emma fut d’un grand romantisme et Killian a troqué sa défroque de pirate pour un blouson de cuir noir qui lui va comme un gant. On a même l’impression qu’il n’y a rien de changé dans un premier temps ! Colin O’Donoghue vole la vedette à Jennifer Morrison en jouant sur une gamme tantôt légère tantôt noire avec une indéniable maestria. Le voir ensuite exiger de retrouver son crochet fait mal d’autant que le Crocodile fait montre d’une ironie cruelle. Robert Carlyle est un acteur supérieur quand il incarne le Mal et Colin O’Donoghue lui donne la réplique sans trembler (ou plutôt son personnage tremble pour lui). Ce n’est pas sans répugnance que Crochet rend les armes mais il était au bord du pathétique et c’en était douloureux. Tout autant que fascinant à voir.

Avec son valet soumis, le magicien va pouvoir retrouver l’Apprenti et l’emprisonner dans le chapeau magique contenu dans la boîte. Apprenti qui, dans le passé, avait été vaincu par Rumpelstilskin avec l’aide – involontaire – d’Anna. Laquelle s’était rattrapé de son erreur de jugement. Ce que n’a pas fait Crochet qui retrouve ledit crochet mais comprend qu’il a été manipulé ! Le triomphe de Rumpelstilskin en cette fin d’épisode est un grand moment de noirceur.

Anecdotes :

  • Timothy Webber/L’Apprenti : acteur britannique, il tourne principalement pour la télévision : Vendredi 13 (1988-1989), MacGyver (1990), X-Files (1994-1996, 3 épisodes), The Lone Gunmen : au cœur du complot (2001), Men in trees (2006-2008), Fringe (2012), Falling Skies (2015).

  • Transformer quelqu’un en souris fait écho au conte de Perrault, Le Chat botté.

  • Première apparition de l’Apprenti. Il interviendra à neuf reprises cette saison.

  • Nombreux hommages à Disney plus ou moins discrets. Le couple qui mange des spaghettis au restaurant c’est La Belle et le Clochard. Le chapeau du magicien, Merlin l’enchanteur. Le balai ensorcelé, Fantasia. 

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5. LE REFLET DU MIROIR
(BREAKING GLASS)

Scénario : Kalinda Vazquez et Scott Nimerfro

Réalisation : Alrick Riley

Résumé :

Dans le passé, Emma rencontre Lily qui devient son amie. A Storybrooke, le Miroir magique trahit la Reine pour une autre.

Critique :

Un épisode sans grand relief, qui additionne des arcs narratifs mais ne construit pas vraiment une trame cohérente. On se doute que tout aura son importance plus tard mais, en attendant, on s’ennuie un peu et on est déçu de ne pas retrouver la plume habituellement habile de Kalinda Vazquez qui, en général, sait trousser des atmosphères.

Le segment storybrookien est plein d’aller et venues (on ose le « brassage d’air », frais en l’occurrence) où Emma et Regina sont mises en valeur. C’est l’intérêt de cet épisode que de montrer comment la Reine et son ancienne apprentie magicienne surmontent la grave crise de confiance qui est résultée du retour de Marianne. Au départ un peu empruntée, Jennifer Morrison gagne en intensité et son discours final est très fort. Campée sur la fierté de son personnage, Lana Parrilla joue certes facilement au départ mais, elle aussi, gagne en intensité au fur et à mesure. Son visage devant le discours d’Emma reflète les différents sentiments qui agite la souveraine blessée mais qui choisit la voie la moins facile, accepter qu’elle ne hait pas Emma.

Le reste de l’action à Storybrooke n’a que peu d’intérêt, y compris Elsa qui se montre d’une incroyable naïveté et presque d’une grande bêtise en tombant dans le piège que lui avait tendu avec un filet à grosses mailles la « Reine des Glaces ». Laquelle obtient ce qu’elle veut grâce à la trahison de Sydney, emprisonné dans le Miroir magique. Miroir dont elle avait besoin pour un objectif qu’elle nous révèle dans un plan extrêmement bien réalisé avec ce rapprochement progressif sur le visage d’Elizabeth Mitchell. L’actrice est un bel atout pour ces moments faibles du récit.

Dans le récit d’Emma à Regina, il est question d’une ancienne amie de la première. Elle s’appelait Lily et était aussi brune qu’Emma est blonde. C’est très cliché comme association d’autant qu’Abby Ross, la jeune Emma, est un peu fade. Le rôle étant plus expansif, Nicole Munoz accroche davantage l’écran et son sourire est très séduisant. Nous sommes à Hopkins, Minnesota, en 1998 et rien que cette mention nous ennuie. Nous avons deux voleuses de supermarché qui ne se connaissaient pas mais font équipe quand la brune sauve la mise de la blonde. Naît une belle amitié avec serment habituel jusqu’à ce que le beau moment se fissure quand il s’avère que Lily a menti. Elle n’est pas orpheline mais a fugué de sa famille adoptive (détail qui aura son importance plus tard). Nuance ? Pas pour la jeune Emma qui lui tourne le dos. D’humeur nostalgique (on le serait à moins), Emma revisite son passé en compagnie de Crochet mais une vidéo les sidère soudain tous les deux et relance l’intrigue en prouvant qu’il y a bel et bien un lien entre la Sauveuse et la Reine des Glaces !

Anecdotes :

  • Nicole Munoz/Lily : actrice canadienne, elle débute dans la série Jérémiah (2004). On l’a ensuite vue dans Tru Calling (2005), Supernatural (2006), Sanctuary (2009), Defiance (2013-2015)

  • Abby Ross/Emma jeune : actrice canadienne, elle a tourné dans la série Seed (2013-2014).

  • Retour de Giancarlo Esposito

  • Absence de Jared S. Gilmore et Robert Carlyle. Émilie de Ravin n’a qu’une scène muette.

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6. SECRETS DE FAMILLE
(FAMILY BUSINESS)

Scénario : Kalinda Vazquez et Andrew Chambliss

Réalisation : Mario Van Peebles

Résumé :

Dans le passé, Belle se rend en Arendelle et rencontre Anna. A Storybrooke, Belle comprend ce que la Reine des Glaces a l’intention de faire.

Critique :

Kalinda Vazquez retrouve sa belle plume en même temps qu’un partenaire d’écriture talentueux pour cet épisode brillant qui se centre sur Belle et parvient à tisser ces liens extraordinaires entre les personnages comme la série sait si bien le faire. Comme le remarque malicieusement Crochet, toutes les personnes vivant à Storybrooke ont des liens entre eux. Colin O’Donoghue a peu de temps de présence mais il a l’art de bien l’employer et le pirate n’a rien perdu de sa verve !

C’est le passé de Belle qui est le moteur de l’action. Désireuse de retrouver la mémoire pour comprendre comment sa mère est morte lors de l’attaque des ogres (nous sommes avant l’épisode « La Belle et la Bête », 1-12), la jeune femme fait le voyage en Arendelle où les trolls pourront l’aider. Là, elle rencontre Anna qui s’y rendait aussi. Celle-ci veut en savoir plus sur sa tante, Ingrid, celle que l’on connaît à Storybrooke sous le vocable de « Reine des Glaces ». Si Elsa est heureuse de la présence de celle-ci, sa sœur se montre nettement plus méfiante. Il est étrange mais intéressant de voir le récit inverser les personnalités des deux sœurs par rapport au début de la saison. Elsa paraissait plus fiable parce que c’était la souveraine alors qu’Anna débordait d’une énergie qu’elle avait le plus grand mal à canaliser. Signalons aussi que les coiffeurs d’Arendelle ont l’air d’aimer les mêmes substances que leurs confrères de la Forêt enchanté ! Maintenant, Elsa semble naïve quand Anna mûrit. Il faut dire qu’Anna voyage, rencontre, parle aux gens parfois (souvent !) un peu trop certes, mais elle écoute et réfléchit. Elsa n’a jamais quitté le palais d’Arendelle. La révélation de Pabbie sur les trois sœurs d’Arendelle (Gerda, Helga et Ingrid) secoue Anna et Élisabeth Lail montre tout le trouble de la jeune fille. Elle qui ne voudrait connaître que la joie et l’amour se retrouve à nouveau face à une noirceur qu’elle ne sait pas appréhender. Ce qui causera sa perte. Abandonnée par Belle, Anna tombe entre les mains d’Ingrid. C’est avec un ton glacé qu’Elizabeth Mitchell (l’actrice n’a aucun mal à donner un maintien royal à son personnage) fait énoncer par Ingrid la condamnation d’Anna (en larmes, c’est émouvant car on sait qu’Anna ne voulait blesser personne mais que c’est pourtant ce qu’elle a fait) et le plan surréaliste qu’elle a échafaudé.

Ce plan nous sera révélé en tout fin d’épisode et il implique Emma et Elsa. Mais, le plus important à Storybrooke, c’est la rédemption de Belle. Après avoir nié connaître Anna, elle va chercher à racheter sa faute. Grâce au Ténébreux qu’elle « contrôle », Belle trouve la grotte où réside Ingrid. Curiosité, le précédent épisode nous a montré une porte coulissante or il semble qu’elle n’y soit plus. Par contre, le nouveau Miroir magique est là et il est bien plus redoutable que celui de la Reine. Dans un moment de réalisation superbe (le reste est correct), Mario Van Peebles oppose Belle à son reflet et il filme très bien le jeu tout aussi superbe d’Émilie de Ravin. Belle est douce et attentionné, le reflet est cynique et acide ; l’actrice s’assène à elle-même des « vérités » aussi dures que des coups de couteau. Belle avouera sa faute à Elsa. Émilie de Ravin donne pleine force à l’émotion et aux doutes qui broient le cœur de la pauvre fille. Robert Carlyle réalise lui aussi une grande composition. Jouant toujours double jeu, le maître magicien prend l’avantage sur Ingrid car il possède le chapeau magique. La piste de ce dernier est un vrai dédale d’épisode en épisode mais on reconnaît que les scénaristes ne se perdent pas dans leurs méandres. Entre Robert Carlyle, tenue noire somptueuse et élégante, et Elizabeth Mitchell, magnifique en robe décolletée blanche cristalline, c’est une passe d’armes qui se déroule dans la grotte. Lui s’adresse au miroir et c’est donc son reflet qui parle à Ingrid et le mets en garde. Si Rumpelstilskin est d’une grande dureté avec celle-ci, il est d’une grande tendresse et plein d’affection pour son épouse.

Une épouse qui a compris ce qu’Ingrid allait faire et c’est un final bien glaçant que les scénaristes nous ont concocté.

Anecdotes :

  • John Rhys-Davis/Pabbie, le roi des trolls (voix en VO) : acteur britannique à qui le rôle de Gimli dans Le Seigneur des Anneaux (2001-2003) a apporté la célébrité. Il a également tourné dans Les aventuriers de l’Arche perdue (1980), Victor Victoria (1982), Allan Quatermain et les mines du roi Salomon (1985), Tuer n’est pas jouer (1987), Indiana Jones et la dernière croisade (1989), Un mariage de princesse (2004). Il a aussi participé à la série Sliders- Les mondes parallèles (1995-2000).

  • Absence de Josh Dallas, Ginnifer Goodwin et Jared S. Gilmore.

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7. LE PACTE
(THE SNOW QUEEN)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Billy Giehart

Résumé :

Autrefois en Arendelle, trois sœurs concluent un pacte. Aujourd’hui, à Storybrooke, Ingrid met Emma face à elle-même.

Critique :

Bel épisode où Elizabeth Mitchell tient la vedette et nous convainc très largement. Notons aussi que le titre français est bien meilleur que le titre original car il met l’accent sur les sœurs d’Arendelle mais, plus largement, sur la famille qui est, on le sait, un des thèmes phare de la série.

Autrefois, en Arendelle, trois fillettes jouaient avec un cerf-volant. L’atmosphère est bucolique et la musique légère mais, un accident révèle chez une certaine Ingrid un pouvoir inconnu mêlant neige et glace. Terrorisée, la future reine est rassurée par ses sœurs et, déjà, par Helga. Elles décident d’un pacte : personne ne saura rien des pouvoirs d’Ingrid et elles jurent de l’aider. Le pacte est matérialisé par des rubans de couleur. Mais, Ingrid s’isole et refuse d’apparaître en public. Elle souhaite même quitter le pays car ses pouvoirs lui font vraiment peur. La troisième sœur, Gerda, a entendu parler d’un « puissant magicien ». Rumpelstilskin évidemment ! Il a une solution, et même deux, et l’une d’elle est une urne. Le prix est modique mais symboliquement lourd. Le magicien ne peut que le savoir et n’ignore sans doute pas qu’une catastrophe est dans l’air. En se souvenant du début de la saison, tout s’explique soudain et c’est une atmosphère de tragédie qui clôt l’arc d’Arendelle. Des trois sœurs il n’en reste plus qu’une qui décide d’oublier les autres pour oublier le passé. Solution de facilité.

A Storybrooke, Ingrid est libre. Libre de se faire arrêter. Arrêter pour pouvoir parler librement à Emma. La franchise d’Ingrid déstabilise la Sauveuse. Leur conception de la famille n’est pas aussi la même et les mots d’Ingrid ne sont pas de ceux que l’on peut balayer d’un revers de la main. La réalisation est très posée quand la caméra se centre sur Elizabeth Mitchell qui montre une douceur, une compréhension alors qu’en face Jennifer Morrison est une boule de nerfs que la caméra suit dans ses incessants déplacements. La gestuelle des actrices suffit à nous faire comprendre qui mène le bal et dans quel sens coule le fleuve. Fine psychologue – elle a aussi eu beaucoup de temps pour réfléchir – Ingrid flagelle Emma par ses mots et la pousse à bout. Perdant le contrôle de ses nerfs, Emma perd le contrôle de ses pouvoirs. Excellente prestation de Jennifer Morrison qui montre son personnage décomposé, en miettes, en fuite. Blanche-Neige ne le comprendra que trop bien. Avec amertume et inquiétude, elle se demande ce qu’ils ont fait.

Storybrooke compte aussi d’autre segments mineurs mais le principal est autour de Robin. Sean Maguire, qui progresse lentement sur le chemin de l’émotion, compose un Robin perdu entre son honneur et ses sentiments. C’est une discussion avec Will Scarlett qui change la donne. Michael Socha n’a pas grand-chose à faire et n’est que peu présent mais, une nouvelle fois, il assure. En deux répliques, l’acteur fait passer son personnage de clown à sage et c’est parfaitement crédible. Plus de sourire, plus de plaisanterie ; quand il faut être sérieux, il est sérieux. Robin fait son choix. Le voleur choisit la Reine.

Anecdotes :

  • Retour de Sarah Bolger et Jessy Schram.

  • Emma n’a pas vu Le Seigneur des Anneaux.

  • Sally Pressman/Helga : actrice américaine, surtout présente à la télévision : American Wives (2007-2013), Esprits criminels (2007), Person of Interest (2014)

  • Selon Georgina Haig, Elsa a peur de son identité, n’accepte pas ce qu’elle est et se sent isolée.

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8. LA SŒUR PARFAITE - 1ERE PARTIE
(SMASH THE MIRROR)

Scénario : David H. Goodman et Jérôme Schwarz

Réalisation : Eagle Egilsson

Résumé :

A Storybrooke, Emma veut se débarrasser de ses pouvoirs. En Arendelle autrefois, Ingrid essaye de monter Elsa contre Anna.

Critique :

Être normal doit-il être la norme ? C’est la question qui sous-tend cette première partie.

Ingrid affirme à Elsa que sa sœur Anna voulait la trahir, utiliser le chapeau magique pour la priver de ses pouvoirs et qu’elle a appelé Ingrid « monstre ». Langue de vipère ne gèle pas et c’est d’un ton navré qu’Ingrid raconte sa vérité. Elizabeth Mitchell est toujours excellente et sa prestation a un bon effet sur Georgina Haig. Autant à Storybrooke, l’actrice n’a pas grand-chose à jouer, autant en Arendelle, c’est sur elle que repose le drame. Elle s’en tire bien. Elle donne à Elsa vraiment une allure ébranlée devant la monstruosité exposée. Plus tard, devant Anna, elle donne libre cours à une colère très démonstrative mais suffisamment glacée pour rester crédible, car c’est un leurre ! Avec dextérité, Georgina Haig passe de la colère royale à l’amour sororale. A ses côtés, Elizabeth Lail est toujours aussi pimpante. Effondrée dans son cachot, Anna se décompose devant la charge de sa sœur avant de la serrer très fort dans ses bras. C’est ensemble que les deux sœurs veulent lutter contre leur tante démoniaque. Le passage par la galerie des portraits est aussi l’occasion de sourire avec la toujours volubile Anna avant qu’un peu de gravité n’imprègne la scène devant le portrait des parents. Ce sont vraiment de beaux moments.

Être normal doit-il être la norme ? C’est ce vers quoi veut tendre Emma. Elle veut renoncer à ses pouvoirs. Jennifer Morrison est somptueuse dans son interprétation d’une Sauveuse qui ne sauve plus rien du tout et surtout pas elle-même. Totalement paniquée, incapable de voir clair, elle repousse Ingrid pour aller demander de l’aide à Rumpelstilskin ! On ne sait pas lequel est le plus dangereux quoi qu’on commence à en avoir une petite idée ! Au départ, Ingrid disait à l’Apprenti que son but était de trouver des sœurs parfaites. Elsa était la première. Un montage astucieux permettait de passer du visage d’Ingrid à celui d’Emma. De son côté, Robert Carlyle est plus Méphistophélès que jamais. Il accueille Jennifer Morrison avec une mine grave mais attentive. Puis il est ironique envers Elizabeth Mitchell dont le personnage se retrouve piégé ! Si Emma perd ses pouvoirs, Ingrid perd sa « sœur parfaite ». Avec dextérité, le réalisateur filme Ingrid de haut pour que l’on voie le cercle qui l’emprisonne puis il descend d’un mouvement fluide et tournant pour mieux souligner l’impuissance et la solitude de celle-ci. Pour la première fois, Elizabeth Mitchell peut montrer la peur qui tenaille Ingrid.

Storybrooke est aussi le théâtre d’autres histoires. Entre Robin et Regina, c’est très chaud et les acteurs nous convainquent aisément de la passion qui pousse le prince des voleurs et la Reine l’un vers l’autre. Au point que Sa Majesté s’oublie vestimentairement et se voit rappeler à la bienséance par une Blanche-Neige un peu gênée ! S’ils n’ont pas beaucoup de scènes, les autres héros montrent cependant leur amour pour Emma. A cette aune, c’est Colin O’Donoghue qui est le meilleur. Toujours canaille et léger (quand il appelle le portable le « téléphone parlant » !), puis grave et inquiet quand Crochet comprend les intentions d’Emma. Et la quête de l’Auteur se poursuit en mode mineur.

Mais, tout puissant magicien qu’il soit, Rumpelstilskin a ses limites et il a sous-estimé la volonté de sa prisonnière. A se demander si l’obsession d’Ingrid envers Emma n’est pas seulement un besoin pathologique de se créer une famille mais cache aussi un réel attachement.

Anecdotes :

  • Épisode spéciale d’une durée de 90 minutes. En France, il a été scindé en deux parties.

  • Dans la galerie des portraits d’Arendelle, celui à côté des parents d’Elsa et Anna ressemble à Édouard VII.

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9.  LA SŒUR PARFAITE - 2EME PARTIE
(SMASH THE MIRROR)

Scénario : David H. Goodman et Jérôme Schwarz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

En Arendelle autrefois, à Storybrooke aujourd’hui, Ingrid cherche la sœur parfaite. Mais Rumpelstilskin a d’autres projets.

Critique :

Doit-on chercher à être normal à tout prix ou s’accepter tel que l’on est ? Voilà la question de cette seconde partie. Emma, plus déboussolée que jamais, va au rendez-vous que lui a fixé Rumpelstilskin pour être débarrassée de ses pouvoirs. Elle ignore que c’est un piège mortel que lui tend cyniquement le magicien noir. Le plus beau, c’est la totale sincérité avec laquelle il lui répond quand la Sauveuse doute de sa décision ! Tel Peter Pan voulant convaincre Henry de donner son cœur pour sauver la magie (saison 3), il dit à Emma « qu’elle ne fera plus de mal à personne » si elle franchit la porte et entre dans la pièce où il a tout préparé. Et c’est complètement exact ! Robert Carlyle est absolument brillant ! Il dégage une assurance, une force qui accroche le spectateur. Une séduction diabolique. Et il a beaucoup d’autres occasions de se montrer à son aise. Face à Crochet réduit à l’impuissance, il montre Rumpelstilskin d’une suave cruauté, d’un cynisme assuré, d’une haine assumée. Plus tard, quand l’acteur est face à Elizabeth Mitchell, il tremble de colère. Sa toute première apparition était éclairante sur la personnalité du magicien : en majesté, lumière tombant d’en haut. Plus que jamais, c’est une face luciférienne que montre Rumpelstilskin ; le Porteur de Lumière !

La noirceur entoure cet épisode ; elle le pénètre et s’insinue partout. Dans le cœur d’Anna, ensorcelée par Ingrid, et qui se montre cinglante envers Elsa. Il est saisissant de voir Elizabeth Lail qui a toujours joué l’enjouée être dure et méchante. L’actrice tient son personnage et elle est plus que convaincante. En face, Georgina Haig ne se rate pas non plus. Blessée par les propos durs d’Anna, Elsa refuse de céder à la colère malgré les conseils pressants d’Ingrid et elle se laisse enfermer dans l’urne, contrariant les projets de la Reine des glaces ! Mais le moment de bravoure, c’est lorsqu’Elsa arrive devant Emma et la convainc de ne pas renoncer à ses pouvoirs. Enfin, Elsa montre de la force et révèle comment elle a réussi à maîtriser ses pouvoirs. Comme elle le conseille à Emma, s’accepter comme elle est. Georgina Haig donne puissance et conviction au discours d’Elsa. Une aura douce et bienveillante. Jennifer Morrison est également impeccable. Emma était sur le point de se décomposer moralement mais sa nouvelle amie, sa sœur de cœur, la sauve d’elle-même. « Mon semblable ! Mon frère ! » disait Baudelaire. Cela marche aussi pour les sœurs !

C’est le discours que la Reine a asséné au couple Charmant, choquée que les parents d’Emma aient pu la laisser renoncer à ses pouvoirs. Belle inversion des rôles, c’est la Reine qui convainc Blanche-Neige de la bonne décision à prendre : accepter Emma avec ses pouvoirs. Une Reine qui tient un premier indice pour avoir sa fin heureuse grâce aux recherches obstinées d’un voleur amoureux. Lana Parrilla est magnifique quand l’émotion étreint Regina, face à l’amour de Robin. Blanche-Neige aussi croit à la possibilité d’une fin heureuse pour celle qui fut son ennemie mortelle. « Il n’y a pas de libre arbitre » disait la souveraine amère ; « Si vous persévérez vous aurez votre fin heureuse » répond la princesse. Aucun temps faible dans cet épisode. La réalisation passe d’un monde à l’autre, d’un moment à l’autre avec fluidité et à propos.

S’accepter comme on est, c’est aussi accepter que l’on soit un monstre. Ingrid l’a fait autrefois en Arendelle. Rumpelstilskin n’a jamais cessé de le faire. Pourtant, c’est elle qui rayonne de bonheur en fin d’épisode. Libérée du sortilège qui l’enfermait dans une cage invisible (la caméra suit le chemin inverse qu’elle avait parcouru lorsque le sort en avait été jeté soit de bas en haut…ce qui permet de terminer par une vue plongeante sur le royal décolleté d’Ingrid ! Elizabeth Mitchell est une très belle femme), elle use de rubans magique et jette le « sort des mille éclats ».

La noirceur n’encercle plus l’épisode : elle l’envahit tout entier.

Anecdotes :

  • Elizabeth Mitchell/Ingrid : actrice américaine, elle débute au théâtre. Elle a joué dans American Nightmare 3 (2016) mais principalement pour la télévision : JAG (1997), Urgences (2000-2001), Docteur House (2004), Lost (2006-2010), V (2009-2011), Revolution (2012-2014), Crossing Lines (2015)

  • Selon Elizabeth Mitchell, « le méchant est une émotion, la peur »

  • Absence de Émilie de Ravin.

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10. L'ÉTOILE FILANTE
(FALL)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Mario Van Peebles

Résumé :

Menacés par le « sort des mille éclats », les habitants de Storybrooke tentent de trouver une solution.

Critique :

Un épisode sympathique où l’émotion est très présente mais il y a trop peu de véritable action. Les personnages courent beaucoup, s’agitent en tous sens mais ne font pas grand-chose de concret en fin de compte.

Storybrooke, ville maudite ! A nouveau, la ville se trouve menacée par un sort ; on notera cependant qu’il est vraiment gentil de la part d’Ingrid de laisser « jusqu’au coucher du soleil » pour que sa magie noire déferle sur la contrée. En parlant chronologie, l’épisode se situe trente ans après qu’Ingrid ait congelé Anna et Kristof en Arendelle. Puisqu’Emma a braisé la première malédiction 28 ans après que la Reine l’ait lancé et que deux ans se sont écoulés, on peut en déduire qu’Ingrid a congelé Arendelle la même année que sa royale collègue. Quel millésime !

Le segment « storybrookien » est le plus confus. Les fées essayent de trouver un « vaccin » contre le sort (on parle traditionnellement d’ « antidote ») mais Rumpelstilskin va ordonner à Crochet de se servir du chapeau magique contre elles (séquence extrêmement dynamique rendu plus intense parce que le spectateur ne voit que ce que voit la mère supérieure). Le magicien noir est vraiment fascinant par la facilité avec laquelle il assume sa mauvaiseté. Robert Carlyle excelle dans ce registre. A ses côtés, Colin O’Donoghue restitue avec force l’impuissance et la frustration du pirate. Mais l’important c’est que le collier d’Anna que détient Elsa pourrait servir à créer ce remède. Le scénario veut nous faire croire que l’alternative est entre retrouver Anna (grâce au sort de localisation, le GPS du monde magique) et sauver Storybrooke. Jane Espenson commet un contre-sens en faisant passer les Charmant dans le camp de ceux qui se disent qu’il vaut mieux sacrifier une vie pour en sauver plusieurs. On n’y croit pas une seconde, pas plus qu’au fait qu’Elsa puisse abandonner le dernier cadeau fait à sa sœur.

On peut préférer le segment « arendellien » qui commence avec le dégel des fiancés Anna et Kristof. Lesquels doivent s’enfuir parce que Hans, le bellâtre, a pris le contrôle du pays. Anna a une idée – elle en a toujours !- mais, cette fois, mauvaise pioche, parce qu’elle les conduit tout droit dans les filets de Barbe-Noire. Lequel a été acheté par Hans et les a fait jeter dans un coffre puis à la mer. Le réalisateur passe habilement du fond numérique du port (qui sonne toujours aussi faux) au bateau qui est certes un décor mais plus tangible. Elizabeth Lail tire son épingle son jeu ; d’abord par l’énergie qu’elle déploie, puis par l’humour qu’elle parvient à distiller avec l’incessant babillage d’Anna – elle ne cesse de parler mais ne lasse jamais – et enfin par l’émotion lorsque trop d’épreuves finissent par saper et son espoir et son humour.

La leçon des contes de fées n’est pas perdu de vue par Jane Espenson : il faut toujours garder espoir. Parce qu’Elsa a refusé de le perdre, (magnifique discours de Georgina Haig) parce que Kristof refuse d’épouser Anna dans un coffre qui prend l’eau et garde celui de s’en sortir vivants, un miracle va se produire. Pris dans un tourbillon, le coffre s’échoue…sur la plage de Storybrooke ! Après trente ans de séparation, mais sans qu’aucune d’elles n’aient vieilli, les deux sœurs sont enfin réunies. C’est une belle séquence d’émotion et le sourire attendri de Jennifer Morrison (qui sera encore plus émouvante quand Emma se séparera de Crochet) est touchant.

Anna, Elsa immunisées contre le « sort des mille éclats », tout l’espoir de deux royaumes et d’une petite ville du Maine repose sur les épaules de la « troisième sœur », Emma, plus que jamais la Sauveuse.

Anecdotes :

  • Retour de Charles Mesure dans le rôle de Barbe-Noire.

  • Selon une heureuse formule de Georgina Haig, Emma et Elsa « sont à l’adolescence de leurs pouvoirs » (cité dans les bonus)

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11. ULTIME SACRIFICE
(SHATTERED SIGHT)

Scénario : Tze Chun et Scott Nimfero

Réalisation : Gwyneth Horder-Payton

Résumé :

Le sort en est jeté. Dans un Storybrooke qui se déchire, Emma et Elsa cherchent une solution. Dans le passé, Emma arrive chez Ingrid.

Critique :

Magnifique épisode qui clôt en beauté la première partie de la saison. Il ne comporte véritablement qu’un seul segment mais les séquences dans le passé éclairent les actes du présent.

Storybrooke est en proie au chaos mais cela se résume à quelques bagarres de rues. Plus intéressant, c’est la guerre de Charmant et de Blanche-Neige qui s’envoient les pires horreurs à la figure devant une Anna atterrée ! Superbe numéro des acteurs tant Josh Dallas que Ginnifer Goodwin. Elizabeth Lail apporte une touche décalée avec sa tentative désespérée de raviver les bons souvenirs entre les époux Charmant. On ne peut que sourire tellement c’est gentil, naïf mais sincère. Mais c’est la colère réveillée chez les habitants qui va offrir à Emma et Elsa une solution contre les rubans que leur a donnés Ingrid et qui les neutralise. Pour cela, elles libèrent la Reine ! Les habilleurs des trolls ont dû jubiler : enfin, ils allaient pouvoir saboter la tenue de Lana Parrilla ! Idem pour les coiffeurs ! Jennifer Morrison se montre à la hauteur d’une Emma qui défie la Reine en se montrant narquoise et provocatrice. Lana Parrilla lui rend la pareille et c’est une séquence dynamique, drôle aussi et brillante. Les effets spéciaux, dès lors qu’ils sont limités (une boule de feu qui détruit les rubans) sont excellents. Les deux amies peuvent dès lors affronter Ingrid.

Une Ingrid que l’on ne peut parvenir à haïr et c’est la réussite de l’interprétation d’Elizabeth Mitchell que d’avoir donné à ce « méchant » une réelle profondeur et des motivations originales parfaitement crédibles. Là où un Rumpelstilskin est avide de toujours plus de pouvoirs, Ingrid ne cherche que l’amour entre sœurs ; une acceptation d’elle pleine et entière. De l’amour, elle en a à donner. Elle attend depuis trente ans. Avec habileté et non sans humour, la séquence d’ouverture nous la montre à Boston en 1982 toujours en tenue d’Arendelle ! Le passage dans la boutique de la voyante qu’Ingrid prend pour une puissante magicienne est bref mais hilarant. En 1999, Emma est accueillie dans un nouveau foyer ; celui d’Ingrid qui parvient à se faire aimer mais gâche tout et se retrouve à nouveau seule avant d’arriver à Storybrooke pour y attendre. Abby Ross peine à donner de l’épaisseur à la jeune Emma. Elle manque de force et on ne croit pas du tout qu’Emma soit sur le point de fuguer quand Ingrid lui propose du chocolat chaud. Par contre, le passage à la fête foraine est très tendre et l’émotion d’Ingrid est si bien rendue par Elizabeth Mitchell que nous pouvons le ressentir. Sa peine devant son échec est tout aussi durement ressentie.

Emma et Elsa ne peuvent se résoudre à tuer Ingrid, seule solution pour conjurer le sort. Mais Anna surgit avec un manuscrit trouvé dans une bouteille venant de la mer. C’est la lettre écrite par Gerda (séquence d’ouverture du premier épisode) qui regrette tellement tout ce qu’elle a dit et fait tant envers Ingrid qu’envers Elsa. Joli passage entre les deux Elizabeth. La jeune lit son texte avec une application un peu empruntée (l’émotion), l’aînée est bouleversée traversée de sentiments contradictoires. Mais, quand les souvenirs lui reviendront, comprenant le mal qu’elle a fait par une mauvaise utilisation de ses pouvoirs, Ingrid choisit de se sacrifier. Elle va retrouver ses sœurs qui l’aimaient et s’en va en sachant qu’elle a l’affection des trois jeunes femmes devant elle. Une fête en larmes, écrirait Jean d’Ormesson.

Impossible de conclure sans citer le passage délirant entre la Reine et Blanche-Neige qui s’affrontent à l’épée (un peu), avec les poings (pas mal) et en s’envoyant des méchancetés réjouissantes. C’est dynamique, plein de verve et d’énergie ; le tout devant un Charmant qui a le sourire comme un gamin voyant passer une parade ! Lorsque le sort est conjuré, lorsque Regina s’aperçoit, ahurie, de ce qu’elle porte, elle a ces mots que l’on ne peut que partager : « Qu’est-ce que c’est que cette tenue ? ». Le tout suivi d’un fou rire général !

Anecdotes :

  • Rebecca Wisocky/Madame Faustina : actrice américaine, pas de rôle notable au cinéma mais beaucoup à la télévision : Sex and the city (2000), NCIS (2006), Mentalist (9 épisodes entre 2010 et 2013), Devious Maids (2013-2016), The X-Files (2016).

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12. LE POINT DE NON-RETOUR
(HEROES AND VILLAINS)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Rumpelstilskin est sur le point d’obtenir tout ce qu’il désire.

Critique :

Les épisodes de transition sont rarement des chefs-d’œuvre mais celui-ci est une belle exception. Il ne parle qu’à la marge d’Arendelle mais ouvre grandes les portes de l’avenir tout en se ménageant un fantastique présent. Faire de Robert Carlyle le pilier de l’épisode était déjà un gage de qualité.

Le but de Rumpelstilskin est de se libérer de l’emprise de la dague. Pour cela, il a besoin d’une certaine conjoncture astrale. Il a aussi besoin qu’Anna quitte Storybrooke et il indique via Crochet le moyen de regagner Arendelle. Mais le Ténébreux est aussi un romantique qui veut offrir à sa femme un voyage de noces à New York.

Manipulé comme un pantin, Crochet est donc à nouveau la « voix de son maître » tout en sachant qu’il va voir cesser sa longue vie. C’est une merveille de voir bouger le visage de Colin O’Donoghue. Charmeur pour éteindre les soupçons d’Emma qui le trouve bizarre, Crochet est fermé face au Ténébreux. Lorsque celui-ci s’apprête à écraser le cœur de son vieil ennemi, Rumpelstilskin est lui transfiguré par une joie satanique et le choix du réalisateur de faire un gros plan sur le visage de Robert Carlyle est excellent. Sauf que la belle mécanique s’enraye.

Elle s’enraye à cause des deux femmes qu’il a manipulées. Anna qui, sur une séquence un peu téléphonée mais qu’Elizabeth Lail fait passer avec sa jovialité, a révélé qu’elle a connu Rumpelstilskin quand « M. Gold » prétendait ne rien savoir d’elle. Belle, grâce à la découverte d’un simple gantelet, a compris que l’amour du pouvoir primait sur tout chez son mari y compris sur elle. Elle s’est saisie de la dague qu’il avait déposé un instant. La caméra a brièvement suivi le mouvement, ce qui n’était pas nécessaire sauf à suggérer au spectateur que ce fait allait avoir une importance. Maîtresse du Ténébreux, en larmes et dévastée (Émilie de Ravin sait communiquer l’immense chagrin de son personnage) Belle le chasse de Storybrooke. Seul, boiteux, sans magie, Rumpelstilskin a tout perdu. Loin de sa grandeur passée, Robert Carlyle joue parfaitement l’effondrement pathétique d’un être tout entier tourné vers lui-même et qui, peu avant, se vantait auprès de la Reine, qu’il aurait sa fin heureuse. Qu’il aurait tout.

Une Reine qui n’avait rien ayant dû laisser partir Robin. Mais une Reine à qui un petit prince rend espoir et qu’une Sauveuse a promis d’aider. Rumpelstilskin chassé, Anna et Elsa rentrée chez elles où la première va se marier (Elizabeth Lail est splendide en mariée ; on est moins emballé par sa sœur en Arlequin avec brushing), les héros vivraient heureux et longtemps.

Mais, un épisode du passé du Ténébreux nous a appris qu’il savait parfois utiliser d’autres compétences quand il en avait besoin. C’est une alliance de « méchants » contre les « héros » qu’il propose.

Anecdotes :

  • L’épisode n’a pas de séquence pré-générique.

  • Henry appelle Belle « grand-mère » ! 

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13. L'ALLIANCE
(DARKNESS ON THE EDGE OF TOWN)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Jon Amiel

Résumé :

Rumpelstilskin renoue une alliance avec Ursula et Cruella d’Enfer.

Critique :

La deuxième partie de la saison commence mal. Beaucoup de parlotes et de péripéties sans beaucoup d’intérêts. Storybrooke panse ses plaies et sera dorénavant mieux gérée puisque Regina a retrouvé son bureau. Deux affaires scandent le segment « storybrookien ». Le premier est la libération des fées du chapeau magique. Grâce à l’aide d’un professeur en linguistique d’Oxford, Belle a trouvé une incantation et c’est Regina qui y procède. Il est visible que remercier l’ancienne « méchante » écorche le palais de la Fée bleue mais elle s’y résout. Après Marianne, c’est donc un autre de ses anciens ennemis qui la remercie ! Il y a des satisfactions tout de même ! L’autre « affaire » c’est un démon en forme de gargouille qui est libéré du chapeau et cherche le cœur « le plus attiré par les ténèbres ». Anecdotique ici, cette précision aura une répercussion capitale ultérieurement. Alors qu’avec l’aide d’Emma, Regina n’est pas parvenu à tuer cette créature, elle reçoit un coup de téléphone…d’Ursula ! Après l’habituel échange de politesses, celle-ci confie avoir déjà affronté le démon en compagnie de Cruella. En échange d’infos, elles demandent à entrer dans la ville. Contre l’avis des Charmant, la Reine et la Sauveuse s’accordent à octroyer une seconde chance.

Emma aurait pourtant mieux fait d’écouter ses parents. Car les deux affreuses – Cruella est la seule à ne pas changer d’apparence entre les mondes ; il faut dire que Disney l’avait déjà copieusement « chargé » dans le dessin animé ! – ont fait alliance avec le Ténébreux ; le « professeur d’Oxford », c’était lui ! Robert Carlyle domine de son talent ses partenaires. Lorsque Rumpelstilskin est seul, aux limites de Storybrooke qu’il ne peut pas voir, le magicien déchu a les traits tirés et la peur, le désespoir le marquent. Il se rattrape bien après !  Les deux autres, surtout Victoria Smurfit en Cruella manquent d’ampleur. Le but de cette alliance : que les méchants aient leurs fins heureuses. Comment ? En retrouvant l’Auteur eux aussi. La compétition sera sans doute rude avec les héros. Le scénario donne la promesse de faits d’armes mais, à l’instar de Rumpelstilskin ici, il promet beaucoup mais ne donne pas grand-chose. Quant à cette « alliance », elle prête à sourire. Dans le passé, une première avait été nouée (c’est très biblique en fait, avec le Ténébreux dans le rôle de Dieu !) entre les trois mêmes plus Maléfique. Évidemment, c’était une manipulation du Ténébreux parce qu’il était évident qu’il aurait pu (presque) tout faire lui-même. On ose même dire qu’il aurait pu tout faire. Du coup, cette association de malfaiteurs parât être survendue par le scénario. Il semblerait qu’on veuille à tout prix nous rendre cette réunion comme crédible et menaçante pour les héros. Ce trait forcé ne convainc pas. Les pouvoirs d’Ursula et de Cruella sont dérisoires. Rumpelstilskin a déjà une canne ; il n’a pas besoin de béquilles !

Anecdotes :

  • L’épisode se situe six semaines après le précédent.

  • Rumpelstilskin se fait passer pour un linguiste d’Oxford. Coïncidence ou hommage, c’était précisément le métier et le lieu d’exercice de Tolkien. 

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14. SECRET MALÉFIQUE
(UNFORGIVEN)

Scénario : Andrew Chambliss et Kalinda Vazquez

Réalisation : Adam Horowitz

Résumé :

A Storybrooke, les Charmant pensent savoir ce que veulent Ursula et Cruella. Ils s’étaient déjà rencontrés dans le passé.

Critique :

Le noir est une couleur délicieuse. Il va avec tout et tout le monde en a. Y compris des héros aussi irréprochables que le couple Charmant. C’est parce qu’ils cachent un lourd secret – révélé à la toute fin de l’épisode – qu’ils ne voulaient pas du retour de Cruella et d’Ursula. Un secret qui leur ôte le sommeil et les conduits à mentir de plus en plus à Emma.

A Storybrooke, c’est d’abord par une attitude clairement hostile que le shérif Charmant accueille les deux sorcières accusées de vol (concernant Cruella, c’est même une profession !) mais, un détail plus tard, il change brusquement de conduite désarçonnant Emma. Sur cet épisode, Josh Dallas a des choses à défendre et il les défend bien. Visage fermé de méfiance, mine faussement enjouée (la farce de la « randonnée », il faut avoir de l’estomac pour balancer cette énormité à sa propre fille !) mais, par-dessus tout, l’acteur exprime le malaise de son personnage. Le preux chevalier, le héros vit mal un secret épouvantable. Ginnifer Goodwin n’est pas en reste. L’actrice retrouve des couleurs, du temps de jeu et des choses à dire. Elle compose une Blanche-Neige qui, autrefois solaire, semble rongée de l’intérieur. Le passage final sera son morceau de bravoure dans cet épisode. C’est un procédé classique d’énoncer quelque chose d’immense mais il faut pouvoir assumer par derrière et, reconnaissons-le, le duo de scénariste ne s’est pas raté. Le secret des Charmant est effectivement effrayant. Un secret qui les lie aux deux méchantes mais aussi, et plus encore, à la troisième, Maléfique.

C’est le segment du passé qui est le plus fort car il nous explique les origines de ce secret. Revenant de lune de miel, les Charmant découvrent un château où tout le monde dort ! Mais, à leur grande surprise, ce n’est pas la Reine qui est derrière ce sort mais Maléfique toujours affublée des autres affreuses. On aura noté que, depuis l’épisode précédent, Maléfique porte la tenue qui lui a été attribuée dans le long-métrage d’animation, La Belle au bois dormant (1959) et non la triste défroque de l’épisode 1-2. Kristin Bauer reprend son rôle avec une autorité qu’on ne soupçonnait pas et donne une allure, une force et une crédibilité à son personnage. Par comparaison, Victoria Smurfit (Cruella) et Merrin Dungey (Ursula) sont très nettement des accessoires. Leurs personnages sont des suiveuses soit de Rumpelstilskin soit de Maléfique mais elles sont incapables d’agir seules. Est-ce pour cela qu’elles manquent d’intérêt ? On commence aussi à percevoir le gros point faible de cette partie de saison : le trop grand nombre de personnages. Pour être fort, le méchant doit être unique. Ici, cette figure essentielle est éclatée en quatre. A l’usage, une hiérarchie s’établit et elle est cruelle pour les échelons du bas.

Dans le passé donc, le trio est venu proposer une alliance aux héros contre la Reine (on comprendra pourquoi Maléfique fait cela plus tard ; les motivations des deux autres semblent purement opportunistes). Un arbre magique pourrait donner le moyen de contrer la diabolique souveraine mais l’arbre refuse de répondre ! L’explication que trouve Maléfique est stupéfiante et tout aussi glaçante ! Elle donne la clé du comportement des Charmant et de leur culpabilité. Culpabilité qui en a fait des pantins et permet la résurrection de Maléfique à Storybrooke !! Culpabilité qui les empêche désormais de tout révéler à Emma. Culpabilité qui pousse Blanche-Neige à demander l’aide de Regina dans une confession à la fois pleine de tristesse et de dignité.

Anecdotes :

  • La météo est capricieuse en Colombie-Britannique. Lorsque Charmant fouille la voiture de Cruella, le décor est enneigé. Mais, quand Blanche-Neige parle à Regina, c’est sous la pluie.

  • Cruella d’Enfer (Cruella De Vil en VO) : personnage inspiré par le roman de Dodie Smith, The One-Hundred and One Dalmatian (1956) repris dans le film d’animation Les 101 dalmatiens (1961). Il avait été envisagé de reprendre ce personnage pour Bernard et Bianca (1977) mais les Studios Disney refusaient de faire des suites…à l’époque. Au cinéma, Glenn Close a tenu le rôle (1996).

  • Ursula : personnage apparu dans le film d’animation La petite sirène (1989) où elle est l’antagoniste d’Ariel quand le personnage était secondaire dans le conte d’Andersen.

  • Kristin Bauer, l’interprète de Maléfique, est désormais crédité sous le nom « Bauer van Straten » ; l’actrice s’était mariée. 

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15. LE RETOUR DU DRAGON
(ENTER THE DRAGON)

Scénario : David H. Goodman et Jérôme Schwarz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

A Storybrooke, Maléfique vient chercher Regina. Dans le passé, c’est Regina qui était allée chercher Maléfique

Critique :

Centré sur Kristin Bauer et Lana Parrilla, cet épisode est une pépite noire qui en dit long sur les personnages et fait peser une lourde menace sur les héros.

Suivant le plan défini à l’épisode précédent, Regina est en mode sous-marin avec le trio des magiciennes désespérées, ce qui donne un mélange de scènes amusantes et graves. Maléfique a troqué son costume d’antan pour une tenue très classe qu’on croirait sorti de l’époque de la Prohibition, chapeau de feutre en prime. Mais elle le porte avec une élégance certaine ; ce que ne peuvent pas faire les deux autres qui feront tapisserie pour le reste de l’épisode. Leur meilleur rôle.

Le segment « storybrookien » est intéressant, moins par les actions des sorcières que par la tromperie de Rumpelstilskin qui parvient, en se faisant passer pour Crochet (à rajouter à leurs contentieux déjà nombreux !) à récupérer la dague…et à en savoir plus sur le nouvel amoureux de son ex-épouse ! Colin O’Donoghue joue très finement pour que l’on croit que c’est bien le pirate qui parle mais il parsème son jeu de nuances et son visage à certains mouvements qui sont autant d’indices qui se remarquent mieux une seconde fois. A noter un moment étrange : lorsque Belle s’en va, Crochet a un sourire clairement sardonique mais lorsque Rumpelstilskin reprend son apparence, il a le visage fermé. Désormais, il se sent assez fort pour se montrer devant Regina qui a dû enlever Pinocchio en compagnie de Maléfique. Comme le répète celle-ci, les deux femmes sont liées.

Liées par un passé commun. Avant que la Reine ne vole le « sort noir », Regina était venue demander à Maléfique d’être son professeur en magie noire, insatisfaite du temps que prenaient les leçons de Rumpelstilskin. Mais elle tombe de haut, en découvrant une véritable loque, défraîchie, décoiffée ou plutôt pas coiffée du tout ! La raison de cette déchéance ? L’ancien dragon a sombré dans la drogue !! Anéantie par sa défaite face au roi Stephan et à la reine Rose (ce qui fait davantage écho au film de 2014 qu’au long-métrage d’animation, sans parler du conte), elle s’est enfoncée dans son amertume et préfère oublier que se venger. Le fait que la princesse Aurore se marie bientôt fournit un levier à Regina pour relever la sorcière tombée à terre. La démonstration inutile d’orgueil de Stefan venu sans doute éliminer définitivement son ancien ennemi pour assurer à sa fille un avenir tranquille, fait le reste. Humiliée de voir la jeune Regina, inexpérimentée, vouloir se battre, Maléfique recouvre sa force et redevient un puissant dragon. Elle a même gagnée en subtilité puisqu’elle ne tuera pas Stephan ni Aurore ; elle a mieux pour se venger : le sommeil. Prestation sans faute des comédiennes. Lana Parrilla parvient à rendre crédible l’amateurisme de Regina (moins sa jeunesse !) mais aussi la puissante volonté qui l’anime, celle de se venger mais aussi d’apprendre et elle apprendra beaucoup de son expérience. Kristin Bauer est parfaite en débris qui préfère se piquer régulièrement pour ne pas laisser son amertume remonter mais qui a suffisamment conscience de sa déchéance pour réagir d’abord avec brusquerie puis à se laisser convaincre de remonter la pente en n’oubliant pas qui elle est. On comprend la gratitude de Maléfique qui, même après ce qui s’est passé, garde une affection visible pour sa sauveuse à Storybrooke. Ce lien qu’ont noué leurs personnages, les deux actrices le rendent concret et palpable. Quelque part, la Reine est la seconde mère du dragon ! Avec la famille, l’identité est le second thème de Once upon a time.

Anecdotes :

  • Retour d’Eion Bailey (August) et de Sarah Bolger (Aurore)

  • Sébastian Roché/le roi Stefan : acteur français, polyglotte, il tourne aussi bien pour le cinéma (La Révolution française, Le Pacificateur, La légende de Beowulf, les aventures de Tintin-Le secret de la Licorne) que pour la télévision : Sex and the City (1998), Les Experts (2005), Hôpital central (2007-2015), Mentalist (2008), Fringe (2009), Supernatural (2010, Balthazar), Esprits criminels (2010), NCIS : Los Angeles (2015), The Young Pope (2016).

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16. LA VOIX DE LA LIBERTÉ
(POOR UNFORTUNATE SOUL)

Scénario : Dana Horgan et Andrew Chambliss

Réalisation : Steve Pearlman

Résumé :

Crochet prétend qu’il peut offrir à Ursula ce qu’elle désire. Il le peut puisqu’il est la cause de ses malheurs.

Critique :

Un épisode sans beaucoup d’intérêt et qui sert uniquement à remplir le contingent demandé par le diffuseur. Faux épisode catalogue, il se centre sur Ursula mais le souci c’est, qu’outre le fait que ce personnage est totalement falot et que son sort ne nous importe guère, les passages les plus forts ne sont pas à mettre au crédit de Merrin Dungey mais de Tiffany Boone, qui l’incarne jeune. Ajoutons de nombreux remplissages et la coupe est pleine. Le melon unique est évité parce que, le personnage principal, du fait de ce parti pris contestable d’écriture, c’est Crochet et Colin O’Donoghue n’a jamais failli, lui.

Classiquement, l’épisode se scinde en deux segments. Dans le passé, Ursula, fille de Poséidon, refuse de laisser s’échouer le navire du capitaine Crochet. Elle est une sirène. Premier souci : les sirènes n’ont jamais été les filles de Poséidon. Second souci, plus grave : le costume porté par Ernie Hudson. L’acteur a du talent et il essaye de compenser le fardeau du costume échappé d’un péplum et qui ressemble bien plus à une tenue de général romain qu’à celle d’un Dieu grec. En outre, le trident est un accessoire bien dérisoire et, surtout, bien trop léger pour être crédible. La jeune fille s’enfuit et elle retrouve par hasard Crochet qui lui propose de l’emmener où elle veut parce que son chant l’a apaisé un instant. C’est tout le charme de Colin O’Donoghue : l’acteur sait donner de l’ambigüité à son personnage mais aussi une gravité contrebalancée par un sourire enjôleur et tristement joyeux. Quant à Tiffany Boone, elle se débrouille honorablement. Poséidon mettra un marché dans les mains du pirate après un enlèvement d’un ridicule achevé. Un Dieu enlevant un mortel pour l’amener devant lui ! Le marché est simple : la voix de sa fille contre le moyen de vaincre le Ténébreux.

A Storybrooke, notre bande de Pieds Nickelés veut obtenir des informations d’August qui a repris taille adulte. Rumpelstilskin finira par avoir recours à la magie pour contraindre ce dernier à révéler ce qu’il sait de l’Auteur. Remercions Robert Carlyle et Eion Bailey de nous intéresser parce qu’il aura fallu beaucoup de temps pour, au final, n’obtenir que peu de choses. C’est que l’essentiel est ailleurs ! Crochet a contacté Ursula et lui affirme qu’il peut lui donner sa fin heureuse. Merrin Dungey a enfin quelque chose à défendre et l’actrice nous fait regretter que les scénaristes l’aient cantonné aux utilités depuis sa survenue. Elle donne réellement corps à la peine et à la colère d’Ursula face au pirate. Quant à l’impeccable Colin O’Donoghue, l’acteur joue comme si Crochet était face à un fauve qu’il fallait constamment surveiller tout en lui parlant. Dommage qu’il faille des péripéties oiseuses (mais qui permettent de profiter l’espace d’une scène de la plastique de Joanna Garcia). Alors que, d’habitude, les deux segments d’un épisode se complètent et se répondent ; ici, l’impression est celui d’un remplissage parce qu’aucun des deux n’est suffisamment fort. On a donc deux histoires courtes plutôt qu’une histoire à deux volets.

Crochet pouvait promettre rendre sa fin heureuse à Ursula puisque, dans le passé, il avait été la cause de la déchéance de la sirène qui, par dépit, s’était mué en monstre. Mais ce n’est pas lui qui pourra le faire. On reste tout de même consterné par la manière dont le duo de scénaristes s’y prend. Grotesque est le mot juste. Le final est toutefois de meilleures qualités puisqu’il ouvre de fait le chapitre final de cette saison et qu’il sera noir.

Anecdotes :

  • Retour de Joanna Garcia (Ariel).

  • Ernie Hudson/Poséidon : acteur américain surtout connu pour avoir joué dans SOS Fantômes (1984, 1989) et la série Oz (1997). Parmi une riche filmographie sur les deux écrans, on compte Les Têtes Brûlées (1977), La petite maison dans la prairie (1981), La fête à la maison (1987), Miss FBI: Divinement armée (2005), Torchwood (2011)

  • Tiffany Boone/Ursula jeune : actrice américaine, vue au cinéma dans Sublimes créatures (2013) et à la télévision dans Grey’s Anatomy (2013), The Following (2014)

  • Merrin Duguey/Ursula : actrice américaine, ancienne danseuse, elle tourne surtout pour la télévision : Malcom (2000-2001, 2004), Alias (2001-2003, 2006), Summerland (2004-2005), Revenge (2012), Rizzoli & Isles (2014), Brooklyn Nine-Nine (2014-2015).

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17. LA LICORNE
(BEST LAID PLANS)

Scénario : Kalinda Vazquez et Jane Espenson

Réalisation : Ron Underwood

Résumé :

Dans le passé, Blanche-Neige et Charmant veulent préserver leur enfant du Mal. A Storybrooke, la lutte s’intensifie autour d’une page du livre de conte.

Critique :

Avec deux des meilleures plumes de la série, on ne pouvait avoir qu’un maître épisode et c’est bien ce que les auteurs nous offrent. Dépourvu d’humour, il est d’une noirceur glacée, d’autant plus pénétrante qu’elle se niche sous les oripeaux du Bien et se drape de « bonnes intentions ». Celles dont on pave l’Enfer justement.

L’ouverture est dynamique, avec une musique enlevée ; dans le passé, le couple Charmant cherche une licorne : toucher sa corne permet de voir l’avenir. Sauf que si Charmant voit une petite fille radieuse, la mère voit-elle une jeune fille pleine de noirceur ! Un camelot qu’ils ont aidé leur indique la chaumière d’un vieil homme qui pourrait les aider aussi. Il s’agit de l’Apprenti. Si le libre-arbitre explique que les deux avenirs soient également possibles, la magie pourrait permettre d’extirper les Ténèbres. Pour cela, il faut un réceptacle. Il est stupéfiant de voir le couple le plus héroïque de l’histoire s’engager dans une voie n’ayant rien d’honorable. Le réceptacle, ce sera l’œuf pondu par Maléfique ! Pourquoi celle-ci prend-elle l’apparence d’un dragon pour devenir mère au lieu de le faire sous sa forme humaine ? Mystère mais, si l’on parvient à faire abstraction du hideux décor censé être la grotte où elle a fait son nid, c’est un moment dramatique qui se joue et les acteurs parviennent à lui donner assez de tension. Mention spéciale à Kristin Bauer qui montre avec sobriété le désespoir d’une mère que l’on prive de son enfant et, par contraste, elle fait ressortir la cruauté du geste des « Charmant ». Lesquels en ont bien conscience mais espèrent encore pouvoir exaucer leur souhait sans blesser davantage la dragonne. Hélas ! C’était bien prétentieux de leur part ! La magie a un prix et il est proportionnel à la hauteur de l’acte. Le sort réussit mais l’œuf du dragon est expédié dans un autre monde ! La culpabilité va assommer un temps ce couple charmant avant, justement qu’ils se disent qu’il leur appartient, pour espérer trouver lune rédemption, de se montrer véritablement héroïques.

Rude tâche dont ils se montrent longtemps incapables à Storybrooke. Enfermés dans leurs secrets, ils mentent à Emma, à Henry et sont bien prêts d’aller trop loin. Le remord fera finalement reculer Blanche-Neige mais des aveux suffiront-ils ? Quand on connaît le plan de Rumpelstilskin, rappelé par Crochet en début d’épisode justement, on ne peut s’empêcher de se dire que les prétendus « héros » jouent très bien le jeu du Magicien. Un jeu qui tourne autour de la page du livre de conte. Beaucoup de mouvements pour pas grand-chose mais le réalisateur ne donne jamais la sensation de tourner des scènes gratuitement. Lana Parrilla se montre à son avantage et Jared S. Gilmore se débrouille plutôt bien. Il donne de la malice à Henry, le montre courageux et intelligent. Robert Carlyle est égal à lui-même, Victoria Smurfit ne sert à rien mais Kristin Bauer est remarquable à nouveau. Avec un jeu mesuré, sans pathos, elle montre qu’à travers les univers et le temps, Maléfique n’a jamais oublié son enfant et exige d’en savoir quelque chose auprès de Rumpelstilskin. Le noir enchanteur a-t-il un cœur ? En tout cas, il accède à sa requête et nous assène une révélation stupéfiante ! Cet épisode relance l’histoire : Maléfique et son enfant tiendront un rôle important dans ce qui va suivre.

Un final qui comprendra l’Auteur dont on découvre qu’il s’agit d’une fonction et non d’une personne et pourquoi le dernier en date avait été enfermé dans le livre par l’Apprenti. Il n’avait pas été à la hauteur de sa tâche et, au vu de sa réaction, on comprend immédiatement que ce n’est pas un homme de confiance. Or, il a le pouvoir d’écrire des histoires donc de déterminer l’avenir ! Ce pouvoir considérable, que va-t-il en faire ? Et au profil de qui ? Le final de cette seconde partie s’annonce prometteur !

Anecdotes :

  • Retour d’Eion Bailey, Abby Ross et Timothy Webber.

  • Absence de Michael Socha. Émilie de Ravin n’apparaît que dans une scène, endormie.

  • Il est étrange que, lorsqu’August va mal, il est emmené au couvent et non à l’hôpital !

  • La seule vraie licorne de l’épisode disparaît avant le générique !

  • Quand il parle des « Auteurs », August place une révérence à Walt Disney. La série est diffusée sur ABC, propriété de la Walt Disney Company !

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18. UN CŒUR EN OR
(HEART OF GOLD)

Scénario : Tze Chun et Scott Nimerfro

Réalisation : Billy Giehart

Résumé :

Autrefois, Robin de Locksley passe un accord avec Rumpelstilskin. A New York, Robin essaye de s’habituer à sa nouvelle vie.

Critique :

Un épisode plutôt quelconque. La vie et les basses œuvres de Robin des Bois ne nous intéresseraient pas du tout si le « prince des voleurs » ne croisait la route de deux puissants magiciens et si, finalement, il apparaissait comme un pion important sur l’échiquier. Dommage que ces bonnes idées ne se perdent cependant dans des moments plutôt ennuyeux.

Chose rare dans les séries : passées les premières minutes, la quasi-totalité du casting disparaît ! Lana Parrilla aura deux scènes seulement mais deux avec Robert Carlyle donc des moments importants. Rumpelstilskin demande à Regina de passer un coup de fil à Robin à New York. La réponse à ce coup de fil arrivera en toute fin et provoquera un sacré coup de froid. Entre les deux, Robin doit voler. Les deux segments sont identiques : Robin veut changer de vie mais un événement (la menace de saisie du shérif dans l’une, la crise cardiaque de Rumpelstilskin à New York dans l’autre) le contraint à faire ce qu’il sait faire de mieux. Sean Maguire n’est pas le meilleur acteur qui soit mais il se débrouille et l’acteur dégage assez de sympathie pour nous embarquer dans ces aventures. Lesquelles sont schématiques, faute de temps mais, du coup, assez dynamiques. Au moins, c’est déjà ça.

Dans les deux cas, il faut voler la même potion. La première fois, elle se trouve à Oz. La seconde, dans une boutique à New York. La première fois permet la rencontre du voleur avec la « méchante sorcière de l’ouest » (et avec Will Scarlett, histoire de donner un peu de temps de jeu à Michael Socha. Acteur sympathique certes, personnage sympathique certes, mais des scènes bavardes). C’est un plaisir, certes bref mais intense, de retrouver Zéléna. La seconde fois permet les retrouvailles de Rumpelstilskin avec…Zéléna ! On imagine la surprise du magicien de voir celle qu’il a poignardée se trouver bien vivante devant lui, alors qu’il se trouve dans un lit d’hôpital en très mauvais point. En une scène, Rebecca Mader nous rappelle combien elle est douée et, à elle seule, gagne le second melon. Le regard étincelant (Mon Dieu ! ses yeux !), l’actrice donne corps au triomphe de Zéléna. Elle raconte à son ancien maître comment elle l’a possédé. C’est un mélange de joie enfantine et de cruauté. Elle sourit et savoure chacune de ses paroles avec un ton enjôleur et des manières câlines. Il faut la voir caresser la chevelure grise de Rumpelstilskin pour comprendre combien il est diminué pour se laisser humilier de la sorte ! Le regard de Robert Carlyle trahit toute l’impuissance mais aussi la peur de son personnage. Pour la seconde fois, et encore à New York, l’immortel frôle la fin de vie. Que veut Zéléna ? Mais ce que veulent tout ceux qui croisent Rumpelstilskin : passé un accord ! Sauf que cette fois, il n’a pas le choix.

Le choix, Robin l’a eu et il a fait les siens, choisir Marianne notamment, avec le sens de l’honneur. C’est très louable, vraiment noble mais, malheureusement pour lui, si les voleurs peuvent avoir de l’honneur, les magiciens, eux, n’en ont pas.

Anecdotes :

  • Absence d’Émilie de Ravin.

  • Il s’est écoulé neuf semaines depuis que Robin et sa famille ont quitté Storybrooke.

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19. LA VEUVE NOIRE
(SYMPATHY FOR THE DEVIL)

Scénario : David H. Goodman et Jérôme Schwartz

Réalisation : Romeo Tirone

Résumé :

Dans le passé, l’Auteur rencontre Cruella. A Storybrooke, celle-ci veut que ce dernier meure.

Critique :

Si l’épisode est bien réalisé et contient de bonnes idées, il souffre de mettre au premier plan le personnage le plus inutile de la saison, Cruella. Victoria Smurfit a, cette fois, quelque chose à défendre mais, outre que le personnage n’a jamais présenté la moindre utilité et que, donc, on s’en soucie fort peu, l’actrice ne dégage pas grand-chose et varie trop peu son expressivité.

Commençons par dire que des parents qui appellent leur fille « Cruella » méritent un peu ce qui leur arrive ! Faute de nos auteurs du jour que de n’avoir pas su inventer une histoire qui aurait donné une explication plausible à ce nom atroce quoiqu’amplement mérité. Romeo Tirone nous intéresse d’emblée, par contre, par cette ouverture au ralenti d’une fillette poursuivie par un dalmatien suivie par ces retrouvailles très dures entre la mère et la fille. La première porte une tenue qui l’apparente à la marâtre de Vipère au poing. Habilement, elle nous sera présentée comme une mère indigne séquestrant son enfant. Jusqu’au jour où un « journaliste » nommé Isaac vient frapper à leur porte.

Isaac, le spectateur le sait, c’est le nom de l’Auteur, et il fait évader la blonde Cruella pour l’emmener dans un club où ils parlent, boivent et dansent. L’ambiance est très Gatsby le Magnifique. Pour le coup, le décor est réussi. Patrick Fischler se glisse dans la peau de l’Auteur avec une aisance crapuleuse passant du sourire enjôleur à la veulerie ; quelque part, il ressemble à Rumpelstilskin : sans leurs pouvoirs, ils ne sont rien. Le sien tient dans une plume et une encre magique et, pour complaire à la demoiselle qui boit ses paroles et le regarde comme Dieu le Père, il lui confère le pouvoir de commander aux animaux (ce qui s’est avéré bien pratique en début d’épisode). Et là, qu’apprends-t-on ? Ce n’est pas la mère la méchante, c’est Cruella. Si le réalisateur a su tenir le rythme, le problème c’est que l’histoire n’a aucun suspense. Qui a cru que Cruella était une gentille fille ? Reconnaissons tout de même que l’explication de sa « cruauté » est crédible. En fait, tout l’intérêt de l’épisode tient en deux lignes écrites par l’Auteur et elles concernent, évidemment, Emma. Tout le reste est du remplissage.

Le segment « storybrookien » est à mourir d’ennui. Emma boude envers ses parents (excellente composition de Jennifer Morrison), ce que lui reprochent Crochet et Regina. C’est vrai que cette fâcherie, certes fondée à la base, fait passer la Sauveuse pour une gamine. A la longue, c’est lassant et cela n’a d’intérêt que pour nous préparer à un final qu’on nous annonce à très gros sabots. L’idée était bonne mais la magie n’opère plus car les ficelles narratives commencent à se voir. L’épisode ne prend une réelle densité que dans l’enchaînement entre la révélation de l’Auteur sur Cruella, la recherche d’Henry kidnappé par celle-ci et qui lui échappe bien trop facilement et l’affrontement entre la Sauveuse et la Pécheresse – deux blondes, soulignons ce fait rare – qui tourne au crime. Le réalisateur conclue l’épisode avec brio avec ce gros plan très inquiétant sur Emma.

Ursula et Cruella sorties du décor, on peut espérer retrouver des épisodes de qualité.

Anecdotes :

  • Lors des flashbacks sur le passé de Cruella, la musique présente est celle de la chanson « Cruella De Vil » issue du film d'animation Les 101 Dalmatiens (1961)

  • L'épisode fait la plus basse audience depuis la création de la série.

  • Victoria Smurfit/Cruella : actrice irlandaise, vue au cinéma dans Pour un garçon (2002) mais surtout à la télévision : Scotland Yard, crimes sur la Tamise (2003-2009), Miss Marple (2010), Dracula (2013-2014).

  • Absence de Michael Socha.

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20. LILY
(LILY)

Scénario : Andrew Chambliss et Dana Horgan

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Dans le passé, Lily retrouve Emma. Dans le présent, Emma retrouve Lily.

Critique :

Dans quelle mesure sommes-nous maîtres de nous-mêmes ? A nouveau, la série questionne la notion de liberté, de libre-arbitre et de destin et la réponse est bien douloureuse. Maléfique demande à Emma de retrouver sa fille, Lilith, qu’Emma a connu sous le surnom de « Lily » ! On comprend l’ébranlement d’Emma : la seule amie qu’elle ait eu dans le passé était déjà liée à elle suite à la terrible erreur de Charmant et de Blanche-Neige (qui prennent encore cher dans cet épisode). A ses côtés, Regina s’efforce de la réconforter. Après tout, elle-même a adopté le fils de la Sauveuse ! Les deux actrices livrent un numéro sans faille et elles seront impeccables tout du long. Le plan de Rumpelstilskin est de noircir le cœur d’Emma or nous voyons celle-ci se montrer plus dure, moins patiente et le regard inquiet de la Reine est aussi celui du spectateur. La machine infernale semble bien partie pour exploser. Il s’en faudra d’un rien pour qu’elle le fasse. Ironiquement, c’est Regina qui sauve Emma. Les temps ont bien changé !

Une part substantielle de l’épisode tient dans la recherche de Lily. Le Destin semble s’en mêler et, curieusement, c’est Emma qui semble vouloir y croire quand la souveraine n’y voit que coïncidence. C’est un peu forcer le trait que de montrer Regina en sceptique mais ne perdons pas de vue qu’elle vient d’un monde où la magie créait des signes et que le « monde réel » lui est plus indéchiffrable. Ancienne recouvreuse de caution, Emma a appris à « lire » ce monde et à faire confiance à son instinct. C’est ça, et un peu le hasard (ou la nécessité, éternel débat philosophique) qui permet les retrouvailles des deux femmes. Des retrouvailles violentes.

Violente comme l’a été la séparation autrefois. Lily avait retrouvé Emma dans sa nouvelle famille où tout semble bien se passer (bien que ce soit un peu flippant) et, invitée à rester dîner, elle ment, elle ne cesse de mentir et cela agace et, en fait, terrifie Emma. L’aide qu’elle acceptera d’apporter à Lily conduira Emma à rompre avec cette nouvelle famille. Une phrase malheureuse a décidé de la rupture, une seule phrase mais qui fait terriblement mal. Abby Ross est parfois empruntée mais, sur cette scène, elle restitue la violence du choc éprouvé par Emma. Un de ces chocs qui ruineront pour longtemps sa capacité à faire confiance, qui la détermineront beaucoup et profondément. Rien d’étonnant à ce qu’ensuite Emma rejette avec brutalité celle qui fut son amie. Nicole Munoz a sans doute plus de talent qu’Abby Ross car elle donne véritablement à voir le désarroi d’une jeune fille – une adolescente, ce qui compte aussi et on peut faire une lecture psychologique de la scène : combien d’ados ont la sensation d’être « maudits » ? Incompris ?  - qui a le sentiment que sa vie ne lui appartient pas et qu’elle est « destinée » à mal tourner. Le spectateur connaît la vérité et adhère au discours de Lily tout en ne pouvant que comprendre l’incrédulité et la méfiance d’Emma.

Il faut croire cependant que c’est l’ironie qui préside aux destinées. Dans le monde réel, Lily, à la différence d’Emma autrefois, savait tout de Storybrooke et de la Sauveuse et elle avait l’intention de tout détruire. Emma ne lui en donnera pas l’occasion mais, cette fois, elle ne l’abandonne pas. Un peu monolithique au départ, Agnès Bruckner gagne en épaisseur quand, au terme d’une belle poursuite en voiture comme la série ne nous en a jamais offerte - belle réalisation dynamique, tendue et soulignée par une musique alerte - d’une langue de vipère (rien d’anormal quand on est la fille d’un dragon !), Lily se montre acerbe, acide et cruelle envers Emma. Ironie toujours quand le brelan de dames retrouvent Robin à New York et que Regina lui révèle la vérité sur la fausse Marianne. L’ironie est une seconde nature chez Zéléna mais ce qu’avoue Robin est un sacré coup du sort !

Anecdotes :

  • « Pourquoi je me suis cassé la tête à créer Storybrooke alors que j’aurais pu enfermer tout le monde ici ? » se demande avec humeur Regina dans un immeuble sordide de Lowell, Minnesota !

  • Retour d’Abby Ross et de Timothy Webber.

  • Agnès Bruckner/Lily adulte : actrice américaine, vue dans La prison de verre (2001), Haven (2004), Le goût du sang (2007), Le fiancé aux deux visages (2011) mais aussi à la télévision : Alias (2002), Dirty Sexy Money (2009), Facing Kate (2012).

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21. DES HÉROS ET DES MÉCHANTS
(MOTHER)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Ron Underwood

Résumé :

Dans le passé, Cora cherche à faire le bonheur de sa fille. A Storybrooke, Lilith veut se venger des Charmant

Critique :

Un épisode aux multiples arcs narratifs intéressants et fort bien réalisés mais qui se disperse trop pour être pleinement convainquant.

On retrouve la structure classique : un segment dans le passé et un autre à Storybrooke (après un bref mais intéressant passage par New York). Dans le premier, Cora, revenue du Pays des Merveilles – grâce à un lapin blanc ! – prétend vouloir faire le bonheur de sa fille et avoir appris de ses erreurs. Si le spectateur a un doute sur la pureté des intentions de Cora, Lana Parrilla montre avec facilité que ce n’est rien à côté de ceux de Regina ! Il faut voir le regard noir profond que la fille jette à la mère ! Mais, passant outre, Cora affirme un soir qu’elle a retrouvé « l’âme sœur » de Regina (dont elle a eu la description par la fée Clochette – la série s’est toujours ingéniée, souvent avec bonheur, à créer ces liens étonnants entre personnages de contes variés) mais, nous, nous savons que c’est un leurre. Leurre dont Regina n’est pas dupe longtemps. Sa colère aura des répercussions phénoménales, à commencer sur elle-même ! Lana Parrilla touche au sublime par la diversité des émotions qu’elle sait donner à son personnage. Son duo avec Barbara Hershey provoque des étincelles.

Le plus intéressant se passe pourtant à Storybrooke. D’abord, il y a le cas Lilith qui n’a pas digéré ce que les Charmant lui ont fait mais ne comprend pas la modération de Maléfique qui ne songe qu’à un avenir à deux. Si Kristin Bauer est resplendissante et très convaincante, Agnès Bruckner est plus limitée. L’actrice n’a pas beaucoup d’expressions en magasin et elle ne parvient pas à créer une connexion avec sa partenaire. Elle va cependant s’améliorer un peu grâce à un duo avec Lana Parrilla car la Reine a besoin de noirceur. De la noirceur pour une encre, rien de plus logique ! Elle veut renverser le plan de Rumpelstilskin à son profil et laisser mourir le magicien, faisant fi de la menace comme quoi si Rumpelstilskin meurt, le Ténébreux sera seul aux commandes. Manière de dire qu’on est maître de notre part de Mal ? En tout cas, la confrontation entre le bébé dragon et la souveraine provoque une crise d’angoisse et Lilith se métamorphose en dragon incontrôlable ! Remercions Kristin Bauer qui donne une pleine crédibilité à la scène de retrouvailles avec une Lilith désorientée. Jouer avec de bons acteurs fait progresser et même si Agnès Bruckner ne décrochera pas un Oscar, elle parvient à donner un peu de douceur aux retrouvailles enfin apaisées. Retrouvailles apaisées comme le sont celles d’Emma et de ses parents (grâce à l’intermédiaire de Crochet, dire que Charmant n’en voulait pas pour gendre !). C’est un des passages les plus émouvants.

Ensuite, il y a l’Auteur. Lequel ne sait pas tenir sa langue dans la manière où il dit tranquillement à la Reine qu’elle est son personnage préféré. Sauf que les raisons qu’il invoque l’aurait conduit au bûcher dans un passé pas si lointain ! Patrick Fischler excelle à rendre les petitesses et la sensation de pouvoir qui grisent son personnage. Dans un jeu d’échecs, il serait le Fou : la seule pièce qui se déplace en biais et bouscule le jeu. Le plan de Regina était une merveille de cruauté dont elle s’est repaît face à Zéléna. D’abord ironique, la sorcière de l’Ouest perd son sourire mais pas sa langue et la colère, ou plutôt le dépit, et le chagrin lui font sortir une vérité cinglante dont on mesure l’importance par l’ellipse que le réalisateur impose au récit ! Il le coupe un bref instant avant d’en tirer les conséquences. La scène s’était arrêtée sur un gros plan de Lana Parrilla. Il reprend au même endroit mais, cette fois, Regina renonce à ce que la Reine n’aurait pas hésité à faire.

Sauf que cela ne convient pas à la petite crapule à la plume empoisonnée !

Anecdotes :

  • Retour de Barbara Hershey (Cora)

  • Absence de Michael Socha et Emilie de Ravin

  • Wil Traval/le shérif de Nottingham : acteur australien, il a joué dans Rescue (8 épisodes entre 2009 et 2011) mais il est surtout connu pour Jessica Jones (depuis 2015).

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22. OPÉRATION MANGOUSTE
(OPERATION MONGOOSE: PART ONE)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Romeo Tirone

Résumé :

L’Auteur écrit une histoire où les méchants ont les fins heureuses. Henry cherche à rompre le sort.

Critique :

Le final de la saison est amorcé brillamment avec cet opus qui a le tort de commencer laborieusement et perd un précieux quart d’heure. Il eut été plus pertinent de condenser. On a tout de même appris la motivation d’Isaac : il est rongé par l’insatisfaction. Dès qu’il écrit le mot « fin », Storybrooke se vide de ses habitants, à l’exception d’Henry ! Jared S. Gilmore est épatant dans cet épisode où le grand « méchant » est plus que jamais Patrick Fischler plus savoureux d’épisodes en épisodes ! Il faut entendre l’échange lorsque le jeune garçon retrouve celui qui l’a privé de sa famille (lui est resté car il n’est pas né dans un monde magique) : c’est un discours de filou, d’un cynisme crapuleux ! Isaac manque de classe mais il le sait et il s’en moque ! C’est le tour de force de Patrick Fischler : faire d’un antihéros (plus que d’un « vilain ») un héros, au sens de « personnage principal ». Grâce à sa plume, il s’est donné le beau rôle dont il rêvait sans en être capable. La petite frappe qui devient le caïd. Mais Henry contrecarre ses plans et il les propulse tout deux dans le livre écrit par Isaac, Heroes and Vilains !

Cet univers parallèle est un festival ! C’est un monde miroir où la Reine c’est Blanche-Neige, vêtue de noir (mais coiffée comme Tintin ce qui amoindrit la majesté. Tous les anciens coiffeurs n’ont pas été jetés aux ogres) ! Visiblement, Ginnifer Goodwin s’éclate à son tour à jouer la méchante et l’actrice est diablement convaincante ! Surtout quand elle veut tuer Regina, le hors-la-loi (même une tenue de Davy Crockett n’enlaidit pas Lana Parrilla, toujours plus classe quand dans les mains des modistes de la Cour des miracles), qui lui a gâché la vie. L’inversion de la réalité crée un déphasage troublant et vraiment passionnant (le passage des retrouvailles d’Henry et de Regina est très beau, et fort émotionnellement). On sait que ce n’est pas la vérité mais comment ne pas se heurter à ce mur invisible qu’est la réalité ? On aura aussi une pensée pour Rumpelstilskin en caricature du chevalier en quête d’aventures incessantes ! C’est fabuleux et Robert Carlyle a ce petit sourire qui montre que l’acteur n’est pas dupe et qu’il en fait trop délibérément. Juste pour que l’on sache que tout cela a l’air vrai mais ne l’est pas. Isaac a lui-même livré le point final, le moment où vérité et réalité ne feront plus qu’une.

Pour rompre le sort, Henry pense que Regina doit embrasser Robin des Bois. Or, lorsque ces deux-là se rencontrent, les scénaristes décident de tremper leurs propres plumes dans l’encre noire. En effet, à peine se dit-on que la conversation révèle qu’un attachement pourrait se nouer que Robin révèle qu’il est sur le point de se marier…avec Zéléna ! On touche au grandiose ! Champagne aux auteurs ! Mais, perspicace, Henry devine que Regina a ressenti quelque chose et, plus encore, il comprend qu’Isaac lui a menti. La Sauveuse existe bel et bien dans ce monde !

Anecdotes :

  • Patrick Fischler/Isaac, l’Auteur : acteur américain, on a pu le voir au cinéma dans Le Dahlia noir (2006), Ave César (2016) mais principalement à la télévision : Le Caméléon (1997), Charmed (2002), Bones (2007), Esprits criminels (2011), Castle (2012), Californication (2012-2013), Silicon Valley (2015)

  • Absence d’Émilie de Ravin, Colin O’Donoghue et Michael Socha.

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23. DU CÔTÉ OBSCUR
(OPERATION MONGOOSE: PART TWO)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Henry veut détruire le monde construit par Isaac mais les conséquences en seront très lourdes.

Critique :

Un final de très bonne facture entre une écriture dense, des acteurs impliqués et une réalisation efficace et agréable.

Certes, ce n’est pas sans quelques petites facilités que les auteurs permettent à Henry de détruire la réalité alternative bâtie par Isaac. Il se débarrasse ainsi très facilement de Barbe-Noire (le véritable capitaine du Jolly Rodgers dans ce monde, comment a-t-il pu ne pas penser à cela ?) tout comme il pénètre dans la forteresse « imprenable » avec la même facilité déconcertante. Pourtant, ce ne sont que peccadilles car l’important est bien ailleurs ; il est dans la reconstruction des êtres de cette réalité en ce qu’ils sont dans l’autre réalité. De même, c’est intéressant qu’Emma se souvienne de tout sans pouvoir rien faire et ait été ainsi condamnée à souffrir. C’est faire écho, mais inversé, à la souffrance du Chapelier fou (1-19). Et puis, l’attaque du dragon et la manière de s’en débarrasser nous permette de voir ce que donne un réalisateur qui sait quoi faire des effets spéciaux. L’action est bien menée, la musique adéquate et la caméra donne l’illusion du mouvement, de la profondeur avec une efficacité qu’on aurait bien aimé avoir eu tout au long de la série !

L’émotion n’est ensuite pas sacrifiée à l’action. Le discours d’Emma à Regina pour convaincre celle-ci d’aller empêcher le mariage de Robin est vraiment bouleversant à l’image d’une Jennifer Morrison transcendante. Crédible dans l’émotion, elle le sera tout autant dans l’action face à Rumpelstilskin « le Lumineux » (il fallait l’oser celle-là !) mais il n’appartenait pas à Emma d’être ici la Sauveuse. Ce sera le rôle de Regina. C’est une idée magistrale de notre tandem d’auteurs que d’envoyer valdinguer une sortie trop facile, trop attendue. Alors qu’on pourrait croire qu’Isaac a gagné, le sacrifice de Regina et l’astuce d’Henry qui récupère la plume et devient pour un temps l’Auteur – le vrai héros de cet épisode et Jared S. Gilmore, qui a bien grandi, a porté ce rôle sans faillir – renversent l’histoire et détruisent cette fantasy de pacotille.

Une fois encore Storybrooke survit ! Survivre, voilà ce à quoi est réduit Rumpelstilskin. Abandonné par Isaac – un peu en retrait sur cet épisode, Patrick Fischler ne rate cependant pas sa sortie avec la tirade qu’il déverse sur le couple Charmant avec un mélange de fiel et d’aigreur s’attirant en retour une somptueuse réplique de Blanche-Neige – le maître magicien peut au moins, dans une séquence très touchante grâce au talent de Robert Carlyle, se réconcilier avec Belle. Celle-ci appelle à l’aide, brisant l’atmosphère de liesse dans laquelle baignait la ville (jamais en repos très longtemps !) mais le remède va se révéler non moins pire que le mal. Les Ténèbres peuvent bien avoir été extirpées du cœur de Rumpelstilskin, elles ne restent pas sagement là où les héros le voulaient et ceci à cause de la manière dont elles ont été vaincues à l’origine par le Sorcier dont on apprend le nom. Pas vraiment une surprise vu la forme du chapeau mais Timothy Webber parvient à donner une certaine gravité et, partant, de la crédibilité à cette annonce.

Les Ténèbres sont liées à une âme humaine. Rassembler pour mieux contrôler. Au terme d’une séquence absolument maîtrisée (plongée vers Regina puis horizontalité), mêlant effets spéciaux de qualité, émotion, tonus, la Sauveuse, assumant son rôle pour le bien des autres – ce qui fait d’Emma une figure quasi christique – attire le Mal sur elle et se sacrifie.

Anecdotes :

  • Retour d’Agnès Bruckner, Timothy Webber et Charles Mesure.

  • Lily indique à Emma qu’elle veut rester à Storybrooke pour chercher son père biologique mais cette histoire ne sera jamais développée.

  • Dans une scène du bêtisier, lorsque Robert Carlyle est à terre, un membre de l’équipe lui envoie de l’air dans les cheveux. 

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