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 saison 1 saison 3

Mission Impossible, 20 ans après

Saison 1


PRÉSENTATION DE LA SAISON 1

Est-ce l'incapacité à trouver de nouveaux thèmes de séries et de nouveaux héros, ou bien une volonté réelle de ressusciter une série légendaire qui a permis la reprise de la série, près de vingt ans après son arrêt ? La vérité est probablement un combiné des deux, mais dans le fond peu importe les motivations. Ce qui est frappant, ce sont les aspects extrêmement fidèles de la nouvelle série par rapport à l'ancienne.

Pour que la série ait ne serait-ce qu'un semblant de crédibilité, Peter Graves a été retenu comme leader de la nouvelle équipe, malgré ses vingt ans de plus. Jim Phelps est présenté comme un espion à la retraite qui reprend du service afin de démasquer les assassins de son successeur et ami. Les producteurs n'ont pas pris le moindre risque en complétant la distribution par des partenaires certes jeunes et inexpérimentés, mais dont les caractéristiques sont très exactement calquées sur celles des membres de la grande époque.

Le groupe est composé de cinq agents, comme du temps de « l'équipe idéale » des années Bain-Landau. Jim Phelps reste le chef et l'organisateur des machinations. Son rôle devient encore plus important  puisque ses nouveaux partenaires sont des agents peu expérimentés. On remarque la prise de distance formelle envers eux puisque Jim les vouvoie. Barrière de l'âge sans doute, ce qui n'empêche pas une véritable entente de se nouer entre tous les agents. Avec l'âge, le jeu de Peter Graves a acquis de la maturité. Dans les années soixante, il lui arrivait de ne pas être très à l'aise dans certains rôles. Ce n'est plus le cas désormais, et il arrive même à se montrer convaincant sur les scènes d'émotion, son point faible dans les épisodes années soixante.

Thaao Penghlis interprète Nicholas Black, comédien polyglotte et expert en déguisements, qui reprend donc le rôle occupé auparavant par Martin Landau puis Leonard Nimoy. Personnage le plus important après Phelps, il joue le plus souvent des rôles de notables ou de chefs, incarne « l'homme aux cent visages » grâce aux masques et sait imiter les voix des adversaires à la perfection. Succéder à des monuments comme Landau et Nimoy n'était évidemment pas facile. Penghlis souffre de la comparaison, surtout en début de saison où il a du mal à trouver ses marques. Par la suite, il s'améliorera progressivement pour atteindre un niveau honorable, sans jamais faire oublier ses glorieux prédécesseurs.

L'élément féminin du groupe, la jolie femme chargée le plus souvent de séduire les adversaires, aura deux titulaires successifs pendant cette première saison. Terry Marckwell interprète Casey Randall, styliste internationale entrée dans l'espionnage suite à l'assassinat de son frère. J'avais gardé le souvenir d'une actrice fade, peu marquante, mais finalement je lui ai trouvé beaucoup de qualités : son physique est très agréable et son grain de beauté sur la joue gauche lui donne un charme particulier. Elle a une classe certaine, et en cela se montre digne héritière des Barbara Bain, Lee Meriwether et Lynda Day George, qui l'ont précédée dans un rôle similaire.

Il est dommage que ses rôles n'aient pas été plus développés, sur certaines missions elle est présente pour ne rien faire ou pas grand-chose. On a l'impression qu'elle n'a pas véritablement été intégrée à la série, que les producteurs n'avaient pas confiance en elle, un peu comme pour Linda Thorson sur Chapeau melon et bottes de cuir, et lui ont systématiquement attribué des rôles peu valorisants. A moins qu'elle n'ait pas été disponible pour terminer la série, c'est peut-être la raison de son départ. On peut supposer que les producteurs, peu satisfaits, l'ont remplacée après les deux premiers tiers de la saison.

La succession se déroule lors d'un épisode de transition, et à l'occasion d'un drame inédit sur la série puisque les scénaristes ont choisi de faire mourir son personnage au cours d'une mission. Comme par hasard, une autre femme avait été employée en renfort au cours de cet épisode, et elle deviendra bien entendu la nouvelle titulaire du poste. Shannon Reed est interprété par Jane Badler, excellente actrice connue notamment pour son rôle de méchante dans la série V. Elle a sans doute plus de mordant, de panache que Terry Marckwell et, tradition sur la série, est doté d'un physique irréprochable. Il est cependant difficile de la juger au vu des quelques épisodes auxquels elle a participé sur cette saison, où elle n'a pas bénéficié de rôles particulièrement valorisants.

Grant Collier n'est autre que le fils de Barney Collier, et est interprété par Phil Morris, le fils de Greg Morris. Voilà qui crée un autre lien étroit avec la série originelle. Le choix de cet acteur s'avère judicieux puisqu'il se montrera aussi bon, voire meilleur que son père dans le rôle de l'ingénieur électronicien de service. Grant est présenté comme un génie de la technologie, et le prouvera tout au long de la série.

Tony Hamilton complète la distribution. C'est l'héritier de Willy, mais il va avoir le tort de jouer le personnage de Max Harte sans nuances, comme le costaud à qui l'on confie les basses besognes physiques, sans rien de plus, contrairement à Peter Lupus dont le jeu apportait beaucoup et allait bien au-delà d'un simple culturiste écervelé.

Voilà pour les personnages, mais les références à la série originale ne s'arrêtent pas là. Les scénarios sont directement inspirés de la grande époque. Le tournage de la série débute lors d'une grève des scénaristes, ce qui contraint à réutiliser des scripts tournés dans les années 60. Voilà pourquoi quatre des cinq premiers épisodes diffusés sont des reprises, plus ou moins réussies. Par la suite, les thèmes ont beau être inspirés par la splendeur passée, les scénarios constituent le gros point faible de la série. On retrouve les méthodes et machinations habituelles sans innovations autres que technologiques : infiltration chez les adversaires pour mieux les diviser, simulations de catastrophes, utilisation de masques...

Pas de surprise non plus avec la musique. Il aurait été malvenu de ne pas reprendre pour le générique le fameux thème mondialement connu, arrangé cette fois-ci à la sauce des années 90. Et c'est une belle réussite: la réorchestration est beaucoup plus agréable que celle de la dernière saison de la série précédente. Sur le plan visuel, la partie constituée d'extraits de l'épisode du jour n'existe plus, le générique est le même pour tous les épisodes. Pour dommageable qu'elle soit, cette innovation s'accompagne d'un strict respect des règles en la matière : le générique reste constitué de courts extraits d'épisodes très accrocheurs, diffusés à la manière d'un clip, et faisant la part belle aux personnages, avant que les noms des acteurs principaux ne défilent, suivis du titre de la série. Il sera bien entendu aménagé lors du changement d'actrice principale, sans que les images des autres acteurs ne soient changées, fait hautement appréciable. Le générique de fin a été considérablement raccourci, selon les standards déjà adoptés en cette fin des années 80. Même le fameux thème entendu mille fois en cours d'épisodes lors des scènes de suspense a été repris, simplement remixé. Les choix de rétablir la séquence pré-générique est judicieux, ces scènes sont souvent accrocheuses.

Les seules nouveautés concernent l'évolution technologique importante enregistrée en l'espace de vingt ans. Exit les missions délivrées par magnétophones à bandes énormes, et accompagnées de photos, et bonjour les disques compact équipés de vidéos ! Les moyens dont dispose Grant Collier sont évidemment beaucoup plus modernes, l'on se rapproche des techniques actuelles, même si Internet manque à l'appel.

Alors, pourquoi cette reprise tellement fidèle à l'original a-t-elle été un échec ? Sans doute parce que la série avait été arrêtée faute de renouvellement des scénarios et que, même vingt ans après, les scénaristes ont été incapables d'insuffler un élan nouveau, de régénérer la série, ses thèmes et ses machinations. Le seul apport des nouvelles technologies ne pouvait suffire à relancer la machine. On doit aussi souligner les insuffisances de certains acteurs, en particulier de Tony Hamilton et, à un degré moindre, de Thaao Penghlis.

En fait, on a l'impression que la série reprend comme si elle ne s'était jamais arrêtée, en droite ligne après les saisons 6 et 7 qui souffraient d'un cruel manque d'imagination, et avec des acteurs moins convaincants, heureusement bien encadrés par l'éternel Peter Graves. Cela ne veut pas dire que la série est à rejeter totalement : certains épisodes méritent d'être visionnés, et les actrices sont si agréables à regarder...

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1.LE TUEUR
(THE KILLER)



 

Tom Copperfield, un agent secret formé par Jim Phelps, et successeur de ce dernier à la tête de l'IMF, vient d'être assassiné par un tueur à la solde d'un mystérieux commanditaire. Jim accepte de reprendre du service afin de démasquer l'homme responsable de la mort de celui qu'il considérait comme son fils spirituel.

Les producteurs ont trouvé la recette adéquate pour fidéliser les téléspectateurs dès le premier épisode : reprendre le scénario du meilleur épisode de toute la série « historique », attribut qui ne peut être contesté que par les inconditionnels de l'époque Bain-Landau, puisqu'il s'agissait d'un Nimoy-Warren.

Curieusement, la première impression est négative, avec un tueur qui ne paraît pas à la hauteur et surtout une façon d'éliminer sa victime particulièrement grotesque lors de la séquence pré-générique. Fort heureusement, cette impression ne perdure pas.

Une fois le générique passé, on est satisfaits de découvrir l'évolution logique de la délivrance de la mission, la vidéo sur disque laser ayant remplacé le magnétophone, devenu désuet en cette fin des années 80. Autre satisfaction avec la découverte des nouveaux agents. Jim bénéficie là aussi d'importantes avancées technologiques : il découvre les jeunes espions sur un écran vidéo et, au vu de leurs références, décide de tous les retenir.

Concernant la mission, on ne peut faire le difficile face à un tel bijou. Hormis l'idée de situer l'action à Londres (autobus à impériale et cabines téléphoniques rouge sont au programme...), le scénario de l'épisode « historique » a été repris presque à l'identique, gage de grande qualité, et on retrouve les mêmes temps forts : c'est toujours l'action et le suspense extraordinaires de la première phase de la mission, lorsque Jim,  Grant et Casey font la course contre la montre pour équiper leur hôtel aux couleurs de celui choisi par Drake pendant que Nicolas et Max font l'impossible pour retarder son arrivée, qui sont les plus passionnants. Mais la suite demeure très intéressante.

Il est dommage que le nom de code du commanditaire, Scorpio, ait été repris à l'identique, car cela enlève de la crédibilité au scénario. Sans cela, on aurait pu imaginer que Phelps ait choisi de réutiliser une machination qui avait parfaitement marché vingt ans auparavant. La filature depuis Londres jusqu'à San Francisco est un peu tirée par les cheveux, mais la conclusion conforme à l'épisode original.

Peter Graves est excellent en agent secret reprenant du service pour retrouver l'assassin de son ami, et très convaincant dans les scènes d'émotion que ce scénario engendre. Terry Marckwell étale toute sa classe, en particulier lors de la scène devant le lac, avec une rose blanche fièrement portée, comme souhaité par le tueur. Phil Morris est lui aussi très bon.

John de Lancie ne peut faire oublier Robert Conrad dans le rôle de Drake, le tueur, mais il s'avère somme toute satisfaisant et fait bien ressortir le côté implacable du personnage.

Au départ, Jim n'était revenu que pour cette mission particulière, mais lors de l'épilogue, il accepte de rempiler à la tête de l'IMF en remplacement de son ami.

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2. LA MARTINGALE
(THE SYSTEM)

 

Jim et ses agents doivent persuader le directeur d'un casino situé aux Bahamas de témoigner en justice afin de faire condamner un des chefs du syndicat du crime de la côte Est, dont il est l'homme de confiance et le successeur désigné.

Ce remake de l'épisode de la saison 3 Le système est assez réussi, et même supérieur à l'original. La séquence pré-générique, courte mais nerveuse et fort bien menée, suscite un intérêt immédiat qui sera confirmé par la suite.

Quelques scènes à suspense intense jalonnent la mission : l'exploit de Grant, qui réussit à neutraliser un système d'alarme à rayon laser, manque d'être anéanti par un bras articulé défaillant. Grant se retrouve coincé dans la salle des coffres du casino, à la merci du laser, mais Jim et Nicolas s'empressent de couper le courant, ce qui lui laisse quelques secondes pour réparer son installation avant la mise en route du disjoncteur de secours. Chapeau à Phil Morris pour sa belle performance !

Autre moment intense lorsqu'un caissier soupçonneux décide de vérifier auprès de son patron s'il est courant au sujet du chèque de 25 000 dollars que Casey dépose en caution. Heureusement que Marley se contente de faire un lointain signe d'accord sans vérifier le chèque puisque celui que Casey lui avait fait signer n'était que de 2 500 dollars...

Mais l'atout majeur de cette nouvelle version est l'excellente composition de la vedette invitée James Sloyan dans le rôle de Marley et de... Nicolas portant le masque de Marley, au cours d'une scène mémorable marquant le retour des fameux masques. Voilà la différence avec Le système, victime du manque d'épaisseur de l'acteur invité principal.

Terry Marckwell est égale à elle-même dans son rôle habituel, mi-aventurière, mi-séductrice, et Tony Hamilton convaincant en tueur à gages et garde du corps. Si l'on ajoute un Peter Graves faux comptable et vrai chef d'orchestre de la machination, on a tout pour passer un bon moment.

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3. L'HOLOGRAMME
(HOLOGRAMS)

 

Un dictateur latino-américain inonde les Etats-Unis de cocaïne produite dans son pays. Il est inculpé de trafic de stupéfiants, mais les autorités ne peuvent l'arrêter tant qu'il ne s'aventurera pas en territoire américain. Notre groupe d'espions compte bien le faire sortir de sa tanière...

Un épisode qui accuse des faiblesses, à commencer par son rythme, trop lent. Le coup des hologrammes est évidemment tiré par les cheveux. Ce genre de missions et de machinations a déjà été vu et revu, l'imagination n'est pas au rendez-vous. Les maquilleurs en ont trop fait pour simuler les blessures de Max : le résultat est outrancier.

Quelques points intéressants tout de même. Un adolescent sympathique, fils d'un ancien agent secret, participe à la mission, et à la scène la plus spectaculaire : lors de sa fuite, il doit s'enfoncer dans la mer où l'attendent Casey et... une bouteille d'oxygène. A cette occasion, mais aussi auparavant, lors de l'entraînement, on peut admirer la plastique parfaite de Terry Marckwell en tenue de plongée. Dommage qu'il s'agisse de la seule intervention de la belle Casey, sous-employée sur cette mission. Le dynamitage des réserves de drogue est également très sympathique.

Le duo de vedettes invitées donne satisfaction, avec Gerard Kennedy dans le rôle du colonel Usher, qui bénéficie d'un très bon doublage français, et surtout William Zappa, criant de vérité dans le personnage brutal et impitoyable de Duvall.

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4. LE CONDAMNÉ À MORT
(THE CONDEMNED)

Barney Collier, qui a quitté les services secrets après la mort de son épouse, s'est exilé en Turquie, où il vient d'être arrêté et condamné à mort pour un assassinat qu'il n'a pas commis. Phelps et son équipe doivent prouver son innocence et faire condamner le policier corrompu qui a organisé la machination contre leur ancien collègue.

Plusieurs moments d'émotion dans cet épisode, d'abord lorsque Jim apprend que le condamné à mort n'est autre que son ex-coéquipier et ami Barney Collier, puis lors des scènes en prison, avec un Barney très affaibli, ainsi qu'à la suite de sa libération. Les retrouvailles entre le père et le fils -tant à la ville qu'à l'écran- sonnent juste, et on ne peut qu'être satisfaits de voir un épisode sentimental assez crédible, ce qui était rare dans la série d'origine.

Concernant l'intrigue, on retrouve les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans l'épisode original de la saison 2, Le condamné : vraie réussite avec le faux mur de la prison, mais histoire de vol de collier trop confuse. L'idée de faire sortir Barney de sa cellule en le faisant passer pour le bourreau encagoulé est excellente.

Question interprétation, Terry Marckwell joue à nouveau les potiches, on se demande pourquoi ses possibilités ne sont pas véritablement exploitées. Adrian Wright, la vedette invitée, n'a pas du tout l'apparence d'un Turc, mais produit néanmoins une très bonne composition. Tel n'est pas le cas de Anna Maria Monticelli, actrice sans aucun charisme qui ne peut faire oublier la troublante Marianna Hill, vue dans l'épisode des années soixante.

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5. LE LEGS
(THE LEGACY)

 

Les services secrets américains souhaitent retrouver le trésor de guerre nazi avant les héritiers des généraux dépositaires du secret d'Hitler. Avant de se suicider, le führer avait indiqué à ses proches le moyen de retrouver l'emplacement de lingots d'or d'une valeur de cinq milliards de dollars. Cette fortune, amassée grâce aux pillages perpétrés lors de la seconde guerre mondiale, s'apprête à être utilisée à des fins terroristes, le but ultime étant de restaurer le nazisme en Europe.

On aurait pu trouver meilleure idée que ce remake de L'héritage, un épisode moyen de la saison 1. Une amélioration a été apportée : dans cette nouvelle version, on connaît l'origine de la fortune des nazis. Mais l'épisode souffre d'une tare évidente, le manque d'envergure des acteurs incarnant les héritiers nazis. Ils n'ont absolument pas l'attitude de fanatiques radicaux, mais plutôt celle de dandys de pacotille.

Malgré quelques variantes, ce remake est fidèle à l'original jusque dans ses aspects les plus contestables : attitude frondeuse de Nicholas, qui aurait dû de toute évidence le confondre, dîner surréaliste organisé par Casey, la fausse « baronne ». Justement, c'est encore Terry Marckwell qui offre les meilleurs moments, avec une composition intéressante d'aristocrate, et plus encore lorsqu'on la découvre en tenue de femme de chambre : vraiment craquante !

Peter Graves est lui aussi excellent en policier, puis médecin, puis directeur d'hôtel. On n'en dira pas autant de Thaao Penghlis, qui souffre cruellement de la comparaison avec Martin Landau, aux commandes de l'épisode original, et se montre finalement aussi transparent que ses trois prétendus complices nazis.

Le final bizarre, voire complètement raté, ne fait qu'accentuer l'impression générale médiocre, et il faut bien admettre que la déception est au rendez-vous.

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6. LE MUR
(THE WALL)

 

Un médecin est-allemand, organisateur d'une prétendue filière de passage de réfugiés à l'Ouest, qui en réalité envoie les transfuges directement sur les soldats de l'Est, vient d'enlever la fille d'un Allemand de l'Ouest, chargé de négociations commerciales entre les deux Allemagne. La victime sera exécutée si le négociateur n'aboutit pas volontairement à un échec. Le groupe de Phelps doit libérer la jeune fille et mettre fin à ce réseau criminel, protégé par un militaire de haut rang.

La fausse filière de passage à l'Est rappelle l'épisode La banque, de la saison 2, mais l'intrigue est bel est bien originale. Il est toujours agréable de retrouver l'ambiance des missions légendaires de l'autre côté du Mur, et cet épisode reprend en partie les recettes qui ont fait le succès de la première série. Par exemple, la façon dont Grant se fait passer pour un espion cubain envoyé par le KGB est typique de l'audace sans complexe de la grande époque.

La machination est réellement bien montée, et accomplie avec un sérieux exemplaire. L'échange des cassettes vidéo est particulièrement astucieux. On ne regrettera que la séquence finale, trop confuse.

Revue aujourd'hui, on ne peut s'empêcher de penser que la série a repris juste à temps pour pouvoir proposer un tel épisode : quelques mois plus tard, le Mur de la honte tombait. Il faut croire que l'événement était sérieusement envisagé puisque Jim évoque à la fin de cet épisode « l'écroulement du Mur de Berlin » !

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7. LE TRAFIQUANT
(THE CATTLE KING)

 

L'Australien Douglas Matthews, propriétaire terrien joueur et amateur de jolies femmes, se livre au trafic d'armes pour rembourser ses dettes. Jim et ses acolytes sont chargés de récupérer un stock de missiles volés qu'il s'apprête à vendre à une organisation terroriste, et de mettre fin à ses activités criminelles.

Un épisode honorable qui aurait gagné à être dispensé de la pseudo-magie des aborigènes, mais cet aspect négatif est équilibré par quelques éléments de machination bien imaginés : balustrade du balcon qui prend feu et que les agents remplacent avant le retour de Matthews, usurpation fort bien agencée de l'identité du banquier.

Fait inhabituel sur la série, on assiste à une scène véritablement effrayante lorsque le trafiquant essaie de fuir par l'ascenseur. Grant est aux commandes du trucage de l'engin, et Matthews perd la maîtrise de ses nerfs face aux boutons qui ne répondent pas et aux images terrifiantes qui se succèdent quoi qu'il fasse. On le comprend !

Si l'on excepte la scène où Nicholas se fait passer pour un employé de banque, Max et lui jouent surtout les subalternes, le plus souvent en renfort de Grant sur les trucages en tous genres. A leur sujet, on peut même avancer l'expression de « ternes subalternes »...

Ce sont les éléments majeurs de l'IMF qui sont aux commandes de cette mission, et au premier rang la belle Casey en joueuse dotée d'une chance exceptionnelle par un sorcier aborigène. Grant est excellent sur le plan technique, tout comme dans son rôle de trafiquant d'armes, et Peter Graves compose un étonnant financier escroc.

Hélas ! L'épisode est gâché par un final décevant. On attendait beaucoup mieux que cette conclusion confuse, bâclée, à la limite du n'importe quoi.

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8. ÉCHEC ET MAT
(THE PAWN)

 

Un scientifique russe, également champion d'échecs, va disputer un tournoi en Tchécoslovaquie. Depuis la mort de son fils, militant pacifiste assassiné par la dictature soviétique, il souhaite passer à l'Ouest en compagnie de sa fille. L'IMF va se charger d'organiser le transfert.

Malgré un thème alléchant, on s'ennuie ferme pendant la première partie de l'épisode. Max n'est pas crédible pour deux sous en prestidigitateur de pacotille, et Casey malheureusement confinée à un rôle d'assistante. Le jeune champion n'a aucune envergure. Le coup de la substitution d'Antonov par Nicholas à l'occasion d'un tour de magie est du déjà vu et revu. Il n'y a guère que Natalia, la méchante militaire soviétique, pour sortir le spectateur de sa douce torpeur, mais son personnage devient vite caricatural. Malgré l'interprétation satisfaisante de Rowena Wallace, et celle de Bryan Marshall en joueur d'échecs expérimenté, excellente, on a l'impression que l'on s'achemine vers un échec.

Et puis vient la surprise : tout bascule lorsqu'un malencontreux retard de train oblige Nicholas, masqué à l'effigie d'Antonov, à affronter le jeune champion d'échecs. Il est vital qu'il fasse bonne figure pour que les autorités ne s'aperçoivent pas de la substitution, et ce tant que le savant ne sera pas en sécurité de l'autre côté de la frontière. La solution apportée par Jim et ses amis est typique de la série. Casey, encore une fois très appétissante vêtue en femme de chambre, apporte à Nicholas une bague nantie d'un système d'impulsions électriques qui permettra à Antonov de guider son jeu à distance, depuis le train qui emmène sa fille et lui-même vers la liberté.

Le suspense sera à son comble lorsque le savant devra interrompre momentanément sa participation, en raison du passage des douaniers dans son compartiment. Heureusement, Nicholas réussira à se débrouiller seul sur ce coup, et pourra achever la partie sur une victoire, grâce aux derniers conseils transmis par Antonov.

Poursuivant sur leur lancée, les scénaristes nous réservent un final jouissif. D'abord, avec le joli numéro de Nicholas, qui se fait passer pour un journaliste afin de s'échapper sans risque après avoir quitté le masque d'Antonov : voilà un passage digne des meilleurs épisodes d'antan. Ensuite, avec le bon tour joué par Phelps et Max Harte au major Natalia Zorbuskaya, qui va pouvoir ainsi bénéficier du séjour tous frais payés en Sibérie qu'elle avait réservé pour Antonov...

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9. LE SPECTRE
(THE HAUNTING)

 

La fille d'un émir a été assassinée par un tueur psychopathe, issu d'une des plus riches familles d'Honolulu. La police est impuissante car elle ne dispose d'aucune preuve, ce qui exaspère l'émir, décidé à interrompre l'approvisionnement en pétrole des occidentaux si l'assassin n'est pas arrêté dans les plus brefs délais.

Premier gros échec de la saison que cet épisode ennuyeux au possible, et qui cumule la plupart des défauts de la série d'origine. On se serait bien passés que Vingt ans après recycle tous les aspects historiques, y compris les plus rébarbatifs.

Le titre ne disait rien qui vaille, et dès le départ la délivrance de la mission met mal à l'aise : il s'agit tout bonnement d'une opération de pure police, à laquelle la participation des services secrets paraît incongrue, malgré l'alibi des négociations commerciales avec l'émir.

Tony Hamilton est loin d'être fameux en tueur détraqué, la vedette invitée est ridicule, Thaao Penghlis à peine meilleur en prince arabe et Terry Marckwell fait à nouveau tapisserie. Seule la bonne performance de Peter Graves en médium bateleur très classe vêtu d'une veste blanche anime quelque peu le récit.

La scène finale couronne le tout : d'un niveau de grotesque rarement atteint, elle confirme que la série peut descendre très bas dans la nullité.

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10. LES LIONS D'OR
(THE LIONS)

 

Dans l'Himalaya, le souverain d'un petit état, un libéral partisan de l'ouverture aux occidentaux, est décédé. Son frère, hostile aux Etats-Unis et favorable aux alliances avec le bloc de l'Est, a l'intention de lui succéder. Il s'apprête à provoquer la mort de son neveu, héritier légal du trône, mais aussi favorable que son père au monde occidental.

L'atmosphère mystérieuse et feutrée de l'Himalaya et de ses temples bouddhistes donne une ambiance particulière à cet épisode, dérivatif agréable et dépaysant. On remarque que la tenue des religieux est calquée en tous points sur celle du Dalaï Lama, et ce petit côté Tintin au Tibet n'a rien de déplaisant, bien au contraire.

Le jeune prince Mikos soit réussir l'épreuve des cinq Lions d'or pour accéder au Trône : il s'agit de placer cinq statuettes en forme de lions, représentant chacune une vertu essentielle, sur une plateforme flottante en équilibre instable. L'agencement adéquat dépend de l'importance respective attribuée à chacune des qualités. Si le moindre déséquilibre se produit, des lames surgiront et tueront sur le coup le jeune prince. Ki, le frère du Roi, a remplacé les vraies statuettes par des fausses, de poids différent, afin de provoquer la mort de son rival, puis de s'emparer du Trône en triomphant par la suite de l'épreuve avec les vrais Lions d'or.

Si les données du problème sont claires dès le départ, la première partie de l'épisode accuse un manque de rythme certain, qui donne parfois envie de regarder sa montre. Mais lorsqu'on entre enfin dans le feu de l'action, la qualité de la machination se révèle au cours d'une succession de scènes captivantes.

La façon de compromettre l'âme damnée de Ki est bien combinée, tout comme le travail de sape de Casey, la prétendue journaliste. Jim se retrouve en difficultés lorsque sa couverture s'effondre : la veuve du Roi a découvert qu'il n'est pas le véritable précepteur de son fils, mais lorsque Jim lui fait comprendre qu'il est ici pour la protéger, elle s'incline d'un air entendu. Cette scène est particulièrement bien jouée car Phelps utilise son sens psychologique poussé et... Peter Graves confirme ses qualités d'acteur hors pair.

La séquence la plus spectaculaire est évidemment celle de l'intrusion dans le temple par le toit, avec un jeu de poulies qui permet à Grant de descendre la tête en bas jusqu'aux fausses statuettes, seul moyen de les approcher sans déclencher le système d'alarme très sophistiqué. Le but est de déposer sur les faux Lions d'or de petits appareils qui permettront de les détruire à distance lorsque le moment sera venu, mais aussi de laisser des indices accréditant auprès de Ki la trahison de son allié.

Si on peut reprocher l'aspect trop ostensible des indices incriminant le traître désigné, il faut souligner l'ingéniosité du plan de l'IMF, digne des missions de la grande époque : il s'agit de faire croire à l'ennemi que les vraies statuettes ont été remises à leur place, afin qu'il fasse lui-même la substitution, en croyant remplacer les vraies par les fausses !

Rien à reprocher à l'interprétation. Tous les acteurs accomplissent de bonnes performances, tant au niveau des agents secrets que des vedettes invitées.

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11. LA CONNEXION GRECQUE
(THE GREEK)

 

Notre groupe d'agents est chargé de démanteler un réseau de trafiquants de médicaments dirigé par un notable grec. Ces malfaiteurs portent un grave préjudice aux pays du Tiers-Monde en détournant les médicaments destinés à l'Afrique pour les recycler en stupéfiants revendus au prix fort.

Quels que soient les lieux et les époques, Jim et ses collaborateurs ont toujours été maîtres dans l'art de s'introduire au sein d'organisations criminelles sous de fausses identités, afin de semer la zizanie et d'amener les malfaiteurs à s'entretuer. Cet épisode suit fidèlement cette trame, agrémentée d'éléments scénaristiques très convenables. Ce sont Jim et Grant qui opèrent parmi les trafiquants, et on remarque une nouvelle fois le jeu parfait de Peter Graves.

Malgré ses qualités indéniables, cette mission ne restera pas dans les mémoires. Si Max et surtout Nicholas agissent en sous-main de façon efficace, Casey joue une fois de plus les utilités, ou plutôt les inutilités. On a l'impression qu'elle n'est présente au sein du groupe qu'en tant qu'assistante. Voilà qui constitue une régression, quand on se souvient des rôles majeurs joués par les Cinnamon, Tracey, Dana et autre Lisa Casey auparavant.

Les vedettes invitées sont loin de crever l'écran, interprétées par des acteurs sans envergure. Par-dessus le marché, il faut subir une chanteuse d'opéra, sorte de Castafiore en plus mince, plus jeune et plus jolie, mais  tout aussi insupportable dès lors qu'elle ouvre la bouche pour pousser ses hurlements.

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12. LES AFFRES DU POUVOIR
(THE FORTUNE)


L'épouse d'un dictateur latino-américain déchu, qui détenait le pouvoir réel en sous-main, espère revenir à la tête de son pays grâce à la fortune considérable amassée pendant la dictature au détriment du peuple, resté très pauvre. Casey est assassinée alors qu'elle enquêtait en éclaireur. Jim et ses compagnons doivent récupérer l'argent volé pour le restituer au gouvernement révolutionnaire légal, trouver des preuves de l'assassinat de leur coéquipière et ainsi mettre fin à la carrière du sinistre duo.

« Comme toujours, si vous-même ou l'un de vos collaborateurs est capturé ou tué, le département d'état niera avoir eu connaissance de vos agissements. » Cette phrase bien connue qui termine la délivrance de chaque mission prend un relief particulier sur cet épisode. Si le département d'état avait eu à plusieurs reprises « l'occasion de nier » en raison de captures, jamais il n'avait eu à le faire à la suite du décès d'un personnage vedette du groupe. C'est la première fois depuis le début de la série dans les années soixante qu'un des agents présents au générique de début meurt en mission, d'où l'aspect particulier de cet épisode charnière.

Tout commence avec une séquence pré-générique effrayante, constituée par la tentative de fuite de Casey, poursuivie par des gardes et des chiens, sa capture après qu'elle ait buté contre le grillage de la propriété, et la décision terrifiante de la cruelle Mme Berezan, en l'espèce régler définitivement le problème. A ce moment, on peut croire qu'il ne s'agit que d'un effet de scénario pour créer un suspense et que, en cours d'épisode, on découvrira que Casey a réussi à se tirer d'affaire. Hélas ! La suite infirmera ce pronostic. La mort d'un membre du groupe est une entorse au principe très américain du « happy end », et confirme l'orientation de la nouvelle série vers plus de réalisme.

Après la délivrance de la mission, Jim apprend au reste de l'équipe que Casey a commencé l'enquête sur place et reprendra contact avec eux lorsqu'ils interviendront à leur tour. Puis il présente une nouvelle partenaire qui va les renforcer sur cette mission, en l'occurrence Shannon Reed, brillamment interprétée par la belle Jane Badler.

Peter Graves joue sur la gamme de l'émotion, et avec un talent certain. Pour preuve, il suffit de voir la réaction de Jim lorsqu'il découvre sur son récepteur le visage de Casey, présentée comme un cadavre inconnu qui vient d'être retrouvé. Son trouble n'échappe pas à ses partenaires puisqu'il se trouve alors en plein briefing sur les lieux de la mission. Il préfère ne pas prévenir tout de suite ses collègues, le temps d'achever les préparatifs et de s'assurer que la femme retrouvée morte est bien leur partenaire.

Jim va se décider à avouer la vérité à ses agents au cours d'une autre scène d'émotion réussie, un des rares points sur lesquels Vingt ans après surpasse la série originale. La nouvelle jette la consternation et le premier réflexe au sein du groupe est la volonté d'arrêter la mission. En particulier, Max ne supporte pas l'idée de devoir jouer les gigolos avec la femme responsable de la mort de sa camarade. Mais Jim fait remarquer qu'il est vital de poursuivre, ne serait-ce que pour trouver des preuves de l'assassinat de Casey et faire inculper les responsables. Max, très choqué, finit par se ranger à l'avis de son patron.

On peut se demander pourquoi le groupe ne s'était pas inquiété plus tôt de n'avoir plus de contacts avec Casey, alors que celle-ci était sensée les retrouver à leur arrivée : voilà un détail qui cloche, même s'il ne nuit pas à la qualité de l'épisode.

La suite de la mission se déroule selon les schémas traditionnels, avec une machination digne des meilleurs épisodes des années soixante. Le suspense lors de la phase finale, avec Grant qui a du mal à trouver le second mot de passe sur l'ordinateur, et transmet in extremis les informations vitales sur les lunettes noires de Nicholas, déguisé en général Luis Berezan, constitue le sommet de l'épisode du point de vue intrigue d'espionnage, hormis les scènes relatives à la disparition de Casey.

La nouvelle venue Jane Badler, présente au générique en tant que vedette invitée, se montre déjà fort à l'aise. Avec Jane Badler, dite « Madame V », la production a recruté une actrice non seulement parfaite sur le plan physique, mais aussi très douée pour la comédie, et dans tous types de rôles. Elle a de l'éclat, du punch, c'est une actrice que l'on remarque.

Pour jouer le rôle de la terrible Madame Berezan, Barbara Luna a été judicieusement choisie. Déjà vue sur la série des années 60 en tant que victime, avec vingt ans de plus elle s'est transformée en tigresse sur le retour, attirée par les jeunes mâles, même vénaux, et totalement dénuée de scrupules. Elle apporte à l'épisode une incontestable plus-value.

Une telle somme de qualités devrait valoir à cet opus la note maximum, mais -car il y a un « mais »...- la conclusion complètement ratée va tout remettre en question. Que l'épisode aurait été beau si, dès lors qu’Emilia Berezan se voyait signifier son inculpation, on était passé directement au générique de fin ! Mais pourquoi donc avoir ajouté cette scène ridicule du monologue mégalomane décliné sans conviction par une Barbara Luna probablement consciente de son aspect inutile et raté ? Et Jim qui ne sait arrêter ce flot de paroles et finit par quitter les lieux, exaspéré tout comme ses partenaires ! Il n'y avait vraiment pas besoin de ceci pour accentuer l'antipathie à l'égard de la cruelle Emilia.

Enfin, on se doit de relever un autre aspect intéressant si l'on veut bien aller au-delà des apparences, la mention du fait que le sinistre couple de dictateurs ait obtenu l'asile politique aux Etats-Unis. On peut y déceler une critique sous-jacente des années Reagan, lorsque l'idéologie conservatrice conduisait sans états d'âme au soutien inconditionnel des dictateurs de droite, même corrompus et tortionnaires, et ce au nom de la « liberté » ( !) et de la lutte sans concession contre le « Satan communiste ». Dénonciation qui ne surprend pas dans la mesure où l'on connaît les penchants démocrates affirmés de la série.

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13. DES DOSSIERS BRÛLANTS
(THE FIXER)

 

Un célèbre journaliste de télévision a constitué en ensemble de dossiers compromettants pour des personnalités en vue et l'utilise aux fins de chantage. L'IMF devra trouver ces dossiers et discréditer le personnage avant que la commission sénatoriale qui l'a mis en accusation ne rende son verdict.

Première mission à part entière pour Shannon Reed. Jane Badler, supérieurement élégante, en profite pour étaler son talent et sa classe au sein d'une mission rondement menée. Le principal atout de l'épisode est d'ailleurs la bonne prestation des acteurs de l'équipe d'espions, et notamment de Thaao Penghlis, pour qui ce n'est pas forcément une habitude...

Concernant le duo de malfaiteurs, il ne laissera pas un souvenir très marquant, surtout si on fait la comparaison avec les vedettes invitées des années soixante, autrement plus à l'aise que celles vues ici. Mais le gros point noir a trait au scénario, trop compliqué et constitué uniquement de redites : monter les adversaires les uns contre les autres et montrer leur turpitudes en direct à la télévision sont des spécialités bien connues de nos espions préférés.

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14. L'ESPION
(SPY)

 

Mission délicate pour Jim et ses amis, chargés de retrouver et de détruire un stock d'armes chimiques mises au point par John Christie, un ancien espion américain passé à la solde de groupes terroristes et autres dictateurs arabes. Après un test concluant, ces armes extrêmement dangereuses risquent d'être produites en masse et vendues aux pires criminels.

Preuve que le monde avait changé en cette fin des années 80, Jim fait appel sur cette mission à un médecin, expert en armes chimiques, de nationalité... russe, membre du KGB et ancien adversaire croisé dix ans auparavant ! Il porte une certaine estime à ce collaborateur occasionnel.

La mission démarre de façon pépère et ne s'accélère qu'à l'occasion d'un coup de théâtre qui sauve l'épisode de l'échec complet, lorsque Christie découvre la véritable identité de Phelps grâce à un procédé d'identification vidéo. Jim manque d'être tué, et ne doit sa vie qu'à l'intervention de Nicholas, déguisé en prédicateur barbu, et de Shannon, une « journaliste » désireuse d'écrire la biographie du saint-homme.

Bien soigné par son collègue russe, Phelps pense que la mission peut encore réussir si Christie est persuadé qu'elle a définitivement échoué. C'est alors qu'on retombe dans le moyen : le scénario devient confus et Max n'arrange rien en voulant jouer les gros bras, tout dans les muscles et rien dans la tronche, au cours d'une revanche ridicule contre un adversaire aussi caricatural que lui.

Le physique de Tim Hughes, l’interprète de Christie, est inapproprié pour jouer les dangereux gangsters. Avec sa mèche de cheveux sur le front, il fait penser à... Guy-Hubert, le personnage efféminé interprété par Martin Lamotte dans le film Papy fait de la Résistance. ( !)

Un épisode qui laissera donc des regrets car il n'en aurait pas fallu beaucoup plus pour qu'il soit réellement  réussi : un scénario moins brouillon par exemple.

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15. LES DIABLES
(THE DEVILS)

 

Un aristocrate anglais organise des rituels sataniques auxquels participent des hommes de pouvoir, qu'il fait chanter par la suite pour obtenir des secrets d'état vendus au plus offrant. Trois jeunes femmes, dont une touriste américaine, ont trouvé la mort au cours de ces cérémonies. Jim et ses collègues sont chargés de mettre fin à ces macabres agissements et de punir leur auteur.

Cela devient une habitude, la séquence pré-générique est encore une fois effrayante. Que voilà une évolution fort malvenue ! Quant à l'épisode, il sombre rapidement dans le grotesque absolu, et peut être regardé au second degré tellement il est parfois involontairement kitsch et comique. Exemple éloquent : l'arrivée au village de Jim et de Max, qui se font passer pour Satan lui-même et son adjoint, dotés d'yeux rouges et de pieds qui chauffent ! Non, vous ne rêvez pas, ils ont osé le faire ! Mais en oubliant que le Diable a les doigts crochus et les pieds fourchus...

On connaît bien Jane Badler, son physique et sa manière de jouer. Comment peut-on l'imaginer vêtue en bohémienne, avec de longs cheveux frisés ? Réponse dans cet épisode, où elle est accompagnée de Nicholas, tous deux en vadrouille avec leur petite roulotte...

Bref, cet épisode est du grand, de l'immense n'importe quoi, y compris en ce qui concerne l'adversaire du jour, inconsistant, veule, crédule, pas crédible pour deux sous. Idem pour le scénario, absolument invraisemblable, et le final surréaliste avec Shannon en victime désignée de Belzébuth. Un des pires épisodes de toute la série depuis ses lointaines origines : à oublier bien vite!

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16. LE FLÉAU
(THE PLAGUE)

 

Escale à Paris pour notre équipe d'espions, chargée de récupérer dans les plus brefs délais une souche de bactéries mortelles dont s'est emparée une certaine Madame Balzac, tenancière de boîte de nuit pour la façade. Cette arme terrifiante, qui doit être vendue par la criminelle à un groupe terroriste d'Europe de l'Est, risque de provoquer des millions de morts si elle n'est pas conservée dans de bonnes conditions.

Après la bohémienne de l'épisode précédent, voilà Shannon reconvertie en chanteuse de cabaret entonnant La vie en rose dans un français très approximatif. Elle joue ce rôle inattendu avec conviction, tout comme Nicholas transformé en scientifique et acheteur d'armes borgne, avec bandeau de pirate du plus bel effet.

La fausse note vient encore une fois de Max, passablement ridicule en homme de main maladroit exécutant une fausse fuite en moto peu avare en cascades trop spectaculaires pour être réelles. Heureusement qu'il y a le sérieux de Grant et de Jim, et le jeu convaincant de Maud Adams dans le rôle de Catherine Balzac (Déshonorée de Balzac sans doute ?), ainsi que de Gary Day dans celui de Laroux, son homme de confiance.

Il faut reconnaître que l'IMF manœuvre très habilement pour arriver à ses fins et récupérer la bactérie meurtrière, mais aussi que cet épisode ne laissera pas un souvenir impérissable.

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17. LE MASQUE
(REPRISAL)

 

L'ancien concepteur des masques et gadgets de l'IMF, interné en hôpital psychiatrique depuis des années, est farouchement décidé à se venger de Phelps et de ses agents, responsables de son arrestation pour meurtres. Son plan consiste à assassiner les trois assistantes de Jim à l'époque de sa capture, parmi lesquelles figure Lisa Casey, tout en portant un masque de... Jim Phelps, afin de faire accuser ce dernier des meurtres.

Enfin un épisode consistant doté d'un scénario digne de ce nom ! La séquence pré-générique, excellente, réserve une fameuse surprise : Jim retrouve une ancienne partenaire de travail et l'étrangle ! On ne tarde pas à en savoir plus, les choses étant clarifiées dès la délivrance de la mission.

Bien que certains éléments de scénario soient faciles à anticiper, tels le coup du masque à l'effigie de Phelps ou l'identité du gardien complice du tueur, l'épisode ménage un suspense certain et efficace. Sans le climat général anxiogène, avec un meilleur acteur que David Cameron, qui en fait trop dans le rôle de Russel Acker, le déséquilibré, et une réalisation style années soixante, on aurait probablement assisté à un très grand épisode.

Ne boudons pas notre plaisir de retrouver Lynda Day George, notre Casey des saisons 6 et 7, encore fort belle malgré ses vingt ans de plus. Il est regrettable qu'elle soit prénommée « Lisa » dans la version française, alors qu'elle était « Casey » dans la série originale traduite dans notre langue, et que Jim et elle se vouvoient, ce qui ne sonne pas très juste, quoique le fait se soit parfois produit antérieurement.

Le corollaire de la présence de cette vedette invitée de prestige est le relatif effacement de Jane Badler. Shannon est réduite à de la figuration, alors que ses partenaires ont tous un rôle très actif.

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18. LE SOUS-MARIN
(SUBMARINE)

 

Le plus beau fleuron des sous-marins américains a disparu à la suite d'une attaque par un virus qui a détruit tout le système informatique du vaisseau. Suite à cette démonstration réussie, des trafiquants s'apprêtent à vendre le virus à une puissance totalitaire. Il est vital pour les Etats-Unis de s'emparer du programme de ce virus afin de créer un antidote, seul moyen d'empêcher la destruction de l'ensemble de la flotte américaine.

Une séquence pré-générique en forme de film catastrophe médiocre, qui ne présage rien de bon, mais la surprise qui va suivre n'en sera que plus agréable. En effet, l'épisode s'avère dans un premier temps sérieux et efficace. Les manigances d'approche de l'adversaire, exécutées par un Thaao Penghlis qui s'améliore d'épisode en épisode, constituent de loin la partie la plus intéressante du récit.

Malheureusement, l'épisode renoue ensuite avec la tradition des machinations simulant une gigantesque catastrophe, afin d'amener l'ennemi à dévoiler ses secrets. Et c'est à ce moment-là, au cours du dernier quart-d’ heure, que le scénario sombre, justement à cause des outrances de la pseudo-catastrophe, sans même parler de son manque total de crédibilité. Là où la série d'antan faisait preuve de finesse dans le développement de la machination, la nouvelle mouture donne dans la caricature, le film catastrophe de seconde zone.

Ces quelques ratés sont d'autant plus regrettables que l'épilogue ne manque pas de saveur, avec la découverte progressive par l'amiral Sheppard de la façon dont il a été berné, autre classique de la série, mais plus réjouissant que le précédent. On retiendra également les bonnes performances de Peter Graves, une habitude, et de Jane Badler, plus belle que jamais.

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19. LE BAYOU
(BAYOU)

 

Phelps et ses agents doivent démanteler un réseau de « traite des Blanches » dirigé depuis la Louisiane par un notable du nom de Jake Morgan, et dont la dernière victime est la fille d'un important industriel.

Agréable surprise que cet épisode, dont le titre ne présageait rien de bon. L'ambiance de la Nouvelle-Orléans est toujours un atout de choix, avec son bayou, ses bateaux à roues navigant sur le Mississippi, son quartier français et ses clubs de jazz.

Cette saison a eu son lot d'adversaires médiocres, donc on apprécie d'autant plus celui présent ici, implacable et aussi sérieux que l'épisode. Saluons les rouages parfaits de la machination et les superbes performances des acteurs habituels.

Grant se fait engager comme trompettiste de jazz dans la boîte appartenant à Morgan, lieu probable de « recrutement » des futures prostituées. Il utilise une trompette équipée d'une caméra vidéo et d'un système d'écoute à distance, afin de surveiller ce petit monde ! Il ne s'agit pas du seul gadget de l'épisode, qui offre un vrai festival d'innovations plaisantes : gaz anesthésiant dans un coffre de voiture, fausses balles pour simuler l’exécution de Pepper Leveau, l’adjointe de Morgan, et, cerise sur le gâteau, appareil reproduisant le roulis d'un bateau, grand classique de la série, qui nous a déjà offert l'équivalent avec un train, un sous-marin...

Comme il se doit, le méchant finira dévoré par son cheptel d'alligators, à la suite d'une scène un peu moins enthousiasmante où Grant joue le revenant sorti de dessous la terre. Il n'empêche que l'on a passé un bon moment avec l'épisode probablement le plus réussi de la saison hormis le pilote, et il est très satisfaisant de voir la saison se terminer sur une bonne note.

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Crédits photo: CBS.

Images capturées par Phil DLM.

 saison 1 saison 3

Mission Impossible, 20 ans après

Saison 2


PRÉSENTATION DE LA SAISON 2

On prend les mêmes et on recommence à l'aube de cette seconde saison. Il ne serait même pas scandaleux de considérer cette saison 2 comme la seconde partie de la saison 1. Parce que le cumul des deux saisons aboutit à 35 épisodes, ce qui représente à peine plus que la moyenne d'une saison. Parce que le générique utilisé pendant la première partie de la saison est identique à celui de la fin de la saison 1, après le remplacement de Terry Marckwell par Jane Badler. Les producteurs n'ont même pas cru bon de remplacer les extraits de la saison 1 par des extraits d'épisodes de la saison 2 ! Cette modification n'interviendra qu'à partir du 10ème épisode.

Continuité aussi avec les personnages et les acteurs, avec l'éternel retour de Greg Morris, et avec une majorité de scénarios insipides. La qualité n'est donc pas au rendez-vous, et son absence scellera l'arrêt définitif de la série. Hormis de rares épisodes réellement intéressants, cette saison va surtout alterner épisodes acceptables, mais sans relief, et épisodes désastreux. Pourtant, l'essentiel des missions se déroulent à l'étranger, dans la tradition interventionniste des débuts de la série. Voilà qui était a priori plus alléchant que les sempiternelles opérations menées dans les milieux de la pègre, mais le résultat n'a pas été à la hauteur des espérances suscitées par ce retour aux sources.

Comment renouveler une série lorsque les idées manquent et que les scénaristes rivalisent de médiocrité ? Les producteurs ont choisi d'adopter la recette présentée de manière satyrique dans « Amour, quand tu nous tiens », un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : dans cette aventure délirante, l'auteur de romans de gare se contentait de fournir à une machine un certain nombre de situations romanesques, jouait de la musique sur le clavier de l'appareil, et une nouvelle histoire à l'eau-de-rose combinant les éternels éléments de base selon une forme renouvelée était aussitôt éditée.

L'impression que donnent la plupart des épisodes de cette saison  - tout comme ceux de la précédente... - est en effet l'utilisation d'une machine à assembler sous une nouvelle apparence des éléments de scénarios épars déjà utilisés à la « grande époque » de la série. Un amateur de musique pop pourrait comparer sans exagérer cette saison à une succession de remixes. Pour quiconque dispose d'un peu de mémoire, la forme nouvelle n'efface pas la sensation de déjà-vu. Qui plus est, la platitude de la réalisation et les insuffisances de certains acteurs n'arrangent rien : la comparaison entre Martin Landau et Thaao Penghlis, et plus encore celle de Tony Hamilton avec Peter Lupus, ne sont pas flatteuses pour la nouvelle génération, mais elles sont d'autant plus faciles à établir que les « jeunots » se retrouvent parfois dans les mêmes scénarios que les anciens.

Quel bilan tirer de cette seconde saison, et de l'ensemble de la série 20 ans après ? Que la nouvelle mouture ne mérite d'être vue que pour Peter Graves, Terry Marckwell et Jane Badler, ainsi que pour ses rares bons épisodes et pour les anciens acteurs revenus de temps à autre en vedettes invitées, autant de clins d'œil à un passé prestigieux qu'elle n'aura jamais su égaler, ni même approcher.

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1-2.LE SERPENT D'OR
(THE GOLDEN SERPENT)



 

Jim et son groupe doivent démanteler une puissante organisation criminelle qui sévit en Extrême-Orient, et dont la spécialité est le trafic de stupéfiants.

Dès les quinze premières secondes de la séquence pré-générique, on a deviné ce qui allait se passer : encore un agent américain trop téméraire dont l'espérance de vie tourne court, d'où l'intervention programmée de Jim et de son équipe pour prendre le relais. Rien de nouveau sous le soleil très affadi de la série, plombée dès le départ par une séquence trop caricaturale de ce qui a été vu, revu et re-revu lors des précédentes saisons.

Collationner les autres défauts de manière exhaustive serait une tâche tellement ardue que l'on se contentera de ne citer que les principaux d'entre eux, à commencer par le choix d'une opposition trop puissante. Cette organisation criminelle tentaculaire, de la même envergure que la véritable mafia russe, ne saurait être anéantie par la seule intervention d'une poignée d'espions américains, aussi talentueux soient-ils. Aussi, on a beau regretter l'excès de redites, en ce domaine il eut été judicieux de rester dans la continuité des épisodes années 60 et 70, qui décrivaient l'IMF aux prises avec des syndicats du crime locaux beaucoup plus modestes.

La participation aux activités criminelles d'un prince, fût-il à la tête d'un état modeste, est peu crédible. En réalité, même les chefs d'état corrompus ne s'engagent pas aussi directement dans le crime organisé ; ils utilisent des intermédiaires ou des prête-noms, ou bien se contentent de tolérer les gangsters, au pire de collaborer de loin avec eux.

Les locaux souterrains gigantesques du Serpent d'Or, dotés d'une porte d'entrée automatisée ornée d'un immense motif du fameux reptile, font plus penser au repaire de Fantômas qu'au siège d'une organisation criminelle. Le cap du romanesque, qui aurait été de bon aloi, est allégrement franchi pour confiner au loufoque, voire au grand-guignolesque, en contraste total avec la gravité du thème abordé. Voilà qui peut passer, et même s'avérer génial, dans des séries parodiques telles que Chapeau melon et bottes de cuir, mais qui vire à la catastrophe dans une série comme celle-ci, totalement dénuée d'humour et aspirant à être sérieuse. Où se trouve le sérieux dans cette débauche de décors outranciers ?

Le pire est certainement l'éternel retour de Barney Collier. Lors de la saison précédente, l'IMF avait pu le sauver de justesse d'une mort certaine à l'issue d'une apparition sympathique en tant que vedette invitée. Il aurait été préférable que sa participation se limite à une unique mission, tout comme celle de Linda Day George, et qu'il coule par la suite une retraite bien méritée. Les scénaristes en ont décidé autrement : après avoir posé ses valises en pays arabe lors de la première saison, voici le toujours jeune retraité Barney qui reprend du service en Extrême-Orient en tant qu'homme de confiance de trafiquants de drogue, travaillant en sous-main pour les services secrets américains : bonjour la crédibilité !

Mais s'ils ne pouvaient pas se passer de Greg Morris, pourquoi ne pas l'avoir engagé à la place de son fils pour l'ensemble des deux saisons, tout comme Peter Graves, qui est encore plus vieux que lui ? La déception est d'autant plus forte que, aux antipodes des scènes d'émotion réussies de la saison précédente, la fausse mort de Barney suite à des tortures au rayon laser infligées par un médecin sadique, après qu'il ait bien entendu réussi un ultime exploit au profit de ses jeunes successeurs, sonne aussi juste qu'un clairon bouché à l'émeri.

Dans ces conditions, ce n'est pas la débauche d'innovations technologiques qui peut sauver ce qu'il reste à sauver. Les inventions et gadgets sont insérés dans une histoire trop compliquée, là où les machinations de la grande époque étaient géniales de simplicité.

Quant aux prétendues scènes d'action, elles sont désolantes de débilité, à l'image de celle qui fait office de lien entre les deux parties. Le grotesque Max  joue comme toujours les Rambo indestructibles, et les effets spéciaux sont très mal réalisés lors de la chute de l'adversaire, et plus encore sur celle de Max : le trucage est bien trop apparent, et forcément décevant pour une série de la fin des années 80. Le summum de l'absurde est atteint par le sauvetage miraculeux de Max par un parachute providentiel. Et il était caché où, ce fameux parachute? On voit parfaitement pendant la poursuite et la bagarre qui précèdent que l'inénarrable Max Harte ne pouvait l'avoir nulle part sur lui.

Le final en forme de film-catastrophe, dont l'indestructible quinquagénaire Barney, déjà rescapé de l'enfer, va à nouveau se tirer d'affaire tel un phœnix qui renaît éternellement de ses cendres (et ce après avoir tout de même reçu une flèche bien sentie...), s'avère tout aussi épouvantable. A la limite, une telle accumulation d'idioties pourrait passer pour de l'humour au second degré et séduire par son aspect kitsch, si cet aspect était lui-même assumé et si on ne savait pas que l'objectif était évidemment tout autre.

N'en jetez plus, la coupe est pleine ! Il est fort dommage de gâcher des acteurs aussi talentueux que Peter Graves et Jane Badler pour de telles sottises. Au contraire du piteux Tony Hamilton, parfaitement calibré pour cette piètre production - à épisode  mauvais, acteurs mauvais... - ces deux-là ne sont pas à leur place ici. Quand on pense que ce navet de première catégorie, bâti en deux parties tels les épisodes « prestigieux » d’antan, avait pour objectif de devenir la locomotive de la saison, on ne peut s'empêcher de penser qu'il est avant tout de fort mauvais augure pour la suite...

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3. LA PRINCESSE
(THE PRINCESS)

 

La « Garde Rouge », groupement lié au bloc de l'Est, a engagé un tueur professionnel pour éliminer l'épouse du prince souverain d'un micro-état d'Europe centrale. Cette américaine a poussé son mari à rompre son alliance avec les soviétiques pour se rapprocher des Etats-Unis, et sa mort pourrait faciliter le retour de la principauté dans le giron de Moscou.

Un épisode qui s'améliore de façon continue jusqu'à son dénouement final à suspense. La séquence pré-générique ne met pas en appétit, en raison de son goût prononcé de déjà-vu : on comprend tout de suite que le traître va être abattu par Karon, le chef de la Garde Rouge de Valence. Un nouvel épisode décevant, dans la lignée du précédent, semble alors se profiler, mais le fait sera en partie infirmé puisque l'on va assister à une intrigue beaucoup plus dans la lignée historique de la série que le triste Serpent d'Or.

La délivrance de la mission et la réunion préparatoire mettent en exergue la tentative de retour à un scénario classique, avec intervention à l'Est contre les « méchants Rouges ». L'insertion dans la principauté sous forme de prétendue équipe de cinéastes et de comédiens, avec un entrepôt transformé en studio, n'est guère crédible. La plongée dans la pègre pour contacter Karon l'est encore moins, mais la fausse attaque du fourgon blindé et surtout l'interrogatoire musclé et la prétendue exécution de sang-froid de Nicholas par Jim, qui produisent un effet dévastateur sur Karon, sont de qualité plus acceptable.

Le plus intéressant reste la partie finale, centrée sur le tueur surnommé Coyote. La recherche d'un assassin inconnu a généralement fourni de bons épisodes, et cette vieille recette fonctionne encore. L'originalité de cette version est que Coyote s'avère être une femme, qui plus est trahie par Camion, son parfum !

Shannon devine la présence de Coyote dans l'entrepôt en fleurant les effluves de Camion, et du même coup encaisse deux balles de 22 Long Rifle à la place de Jim. On peut remarquer que la version moderne de la série ne ménage pas la gent féminine : après la mort de Casey Randall et de deux anciennes collaboratrices de Phelps lors de la première saison, c'est au tour de Shannon d'être visée. Heureusement, elle n'est que blessée. Opérée en urgence, elle doit terminer l'épisode en convalescence à l'hôpital. La détermination de Jim, à qui les coups de feu étaient destinés, n'en sort que renforcée : cela devient entre Coyote et lui une affaire personnelle allant au-delà de la mission.

Grant utilise un appareil qui transforme les parfums féminins en spectres lumineux pour tester toutes les femmes approchant la princesse Hélène pendant la réception où elle risque d'être exécutée. Le suspense est réel puisque l'IMF ignore que Coyote s'est déguisée en homme, et a donc toutes les chances d'échapper aux tests de Grant. On ne connaît pas les raisons qui ont poussé Coyote à se donner une  apparence masculine, puisqu'elle ne pouvait savoir que l'IMF recherchait une femme. Le motif semble essentiellement dû au scénario, afin de créer un suspense...

Hormis la séquence du parfum, les recettes utilisées par Jim et ses acolytes sont bien connues, mais convenablement panachées, du camouflage sous forme d'artistes au faux interrogatoire, en passant par le hold-up simulé. Si l'on ajoute l'incontestable montée en puissance, on doit admettre que l'ensemble est loin d'être mauvais, sans toutefois atteindre, ni même approcher, les sommets des époques Bain-Landau-Nimoy.

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4. SOIRÉE DE GALA
(COMMAND PERFORMANCE)

 

Un opposant au régime policier instauré par Ivan Savic, le ministre de la défense d'un état balte, s'est emparé de la croix de Saint-Boniface, un emblème national sacré, et a dissimulé à l'intérieur un microfilm contenant les preuves des exactions commises par son ennemi. Avant d'être abattu par la milice, il a donné à un complice, le père Willis, des indices permettant de retrouver le précieux objet. Savic a fait arrêter Willis et espère le faire parler pour détruire les preuves de ses turpitudes. Les agents américains sont chargés de libérer le père Willis et de trouver la croix avant Savic.

Le seul point noir de cet épisode est le final ahurissant, avec cette évasion trop loufoque du prêtre et de l'équipe d'espions par-dessus le chapiteau d'un cirque en pleine représentation, puis en hélicoptère. Comme si le chef de l'armée Ivan Savic n'avait pas les moyens de faire détruire l'appareil avant qu'il n'ait franchi la frontière...

Cette fin ratée empêchera l'attribution de la note maximum, et c'est bien dommage car tout ce qui précède est excellent : un scénario astucieux, un adversaire sérieux flanqué d'un adjoint non moins sadique et redoutable, des moments de suspense intense, à l'image de la séquence du piège à ours, une équipe d'agents secrets soudée et efficace, des gadgets inventifs, en particulier un faisceau de rayons capable de fendre les briques en deux, et de remarquables performances d'acteurs.

On ne peut rien reprocher aux comédiens incarnant les adversaires, excellents tout comme les acteurs récurrents. Mentions particulières pour Jane Badler, rayonnante de beauté (on comprend que le ministre Savic soit séduit...) et pour Peter Graves épatant en bateleur, juste avant le final décevant. C'est à l'occasion de cette performance qu'il prononce la phrase culte de l'épisode et sans doute de l'ensemble de la seconde série : alors que le directeur du cirque lui fait remarquer que remplacer Monsieur Loyal au pied levé est une « mission impossible », il rétorque « c'est justement ma spécialité » ! On ne va pas se plaindre de trouver pour une fois un brin d'humour sur la série...

Ultime satisfaction avec le piège habilement évité, bien que tentant dans ce genre d'épisodes, de centrer le scénario sur le cirque, faire jouer aux agents américains de véritables numéros. Jane Badler en bohémienne ou Peter Graves en acrobate auraient été ridicules. Le rôle succinct de Monsieur Loyal, taillé sur mesure pour Phelps, et quelques apparitions de ses complices déguisés en clowns pour les besoins de l'évasion – mais heureusement sans avoir besoin de se livrer à d'affligeantes pitreries- étaient bien suffisants. Alors coup de chapeau au scénariste pour avoir limité l'aspect « Barnum Circus » à ces quelques passages.

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5. BELLE, FANATIQUE ET TERRORISTE
(COUNTDOWN)

 

En Extrême-Orient, un tyran sanguinaire veut faire exploser une bombe atomique afin de s'emparer du contrôle total de son pays. Il s'est procuré l'arme grâce à une fanatique religieuse à qui il a promis d'autoriser le retour du « Saint-Homme », le chef spirituel opposé au régime et exilé par les autorités.

Comme d'habitude, la séquence pré-générique déçoit par son aspect ultra prévisible : il ne faut pas plus de dix secondes pour deviner que la terroriste va se débarrasser de son comparse trop naïf... Les scènes suivantes, centrées sur le général et ses rapports compliqués avec notre belle fanatique, décrivent des adversaires trop caricaturaux pour qu'on se passionne pour eux.

Ce mauvais départ est relativement compensé par la partie centrale de l'épisode, de loin la plus intéressante car riche d'une vraie machination bien préparée et exécutée, même si ses ressorts ne sont pas inédits, à l'image de l'accident ferroviaire simulé. L'action est menée en parallèle avec une étude psychologique de la criminelle non dénuée d'intérêt.

Le caractère de la terroriste se révèle plus nuancé qu'on ne l'aurait cru, et elle finit par inspirer plus de pitié que de dégoût. Sa mort surprise parachève le basculement du téléspectateur vers plus de sympathie à son égard. Grant en personne ne cache pas son émotion face à la triste fin de sa compagne de cavale.

Ce rebondissement conduit l'IMF à modifier son plan. Thaao Penghlis endosse le costume du « Saint-Homme », pour une performance à la limite du ridicule, suivie d'une séquence finale médiocre : contraint de désamorcer la bombe sous peine d'en devenir lui-même victime, l'immonde général y parvient... à trois secondes de l'explosion ! En matière de suspense bidon, difficile de faire mieux ! Il est navrant que le scénariste n'ait rien trouvé de plus original en guise de conclusion que la reprise à l'identique du final consternant de L'Ultimatum, un fort médiocre épisode de la saison 7.

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6. ASTROLOGIE ET ART MILITAIRE
(WAR GAMES)

 

Le chef de l'armée de Sardavie, un état socialiste d'Europe centrale, a l'intention, sous couvert d'exercices militaires, et à l'insu de son propre gouvernement, d'envahir un pays voisin afin de s'emparer de ses ressources pétrolières. Phelps et ses agents sont chargés d'empêcher l'accomplissement de ce sinistre projet.

Les deux seuls éclairs dans la grisaille de cette histoire désolante sont la délivrance de la mission dans une splendide Rolls Royce de collection, et la scène du coffre de la voiture de Jim : les adversaires exigent qu'il soit ouvert alors que Max, évadé du camp ennemi, vient de s'y réfugier. Suspense, puis surprise : en apparence, le coffre est vide ! En fait, Max Harte avait eu le temps de mettre en place un camouflage de type double fond.

Ces deux courtes embellies ne peuvent faire oublier la piètre qualité de l'épisode, due à un scénario invraisemblable, une réalisation quelconque et de pâles performances d'acteurs. L'ennemi est sans aucune envergure et caricatural à l'extrême, mais les acteurs récurrents ne font guère mieux. Rien d'étonnant en ce qui concerne Tony Hamilton, toujours égal à lui-même dans la nullité. Plus surprenant pour Jane Badler, qui nous a habitués à beaucoup mieux. Multipliant les fanfaronnades, elle sur joue son rôle d'astrologue doublée d'une aristocrate arrogante. Quand on se souvient de la subtile et magnifique prestation de Barbara Bain dans l'épisode justement appelé L'astrologue, le contraste est saisissant.

Comme il se doit, la scène finale est au diapason du reste, voire pire, avec un général tellement grotesque que l'on a envie de couper avant la fin. Il est évident que, dans la « vraie vie », aucun régime politique, fût-il stalinien pur jus, ne pourrait employer un tel hurluberlu. Sur ce coup, l'anticommunisme de la série est d'autant plus obsolète que le tournage a eu lieu en 1989, année de la chute du Mur de Berlin.

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7. SOS, PLANÈTE EN DANGER
(TARGET EARTH)

 

La première mission spatiale entièrement financée par le secteur privé est menacée par un groupe terroriste désireux d'utiliser son potentiel aux fins de chantage sur les principaux états de la planète. Jim et ses associés vont tenter de neutraliser les agresseurs.

Un très bon épisode spectaculaire et à suspense. Quelques défauts néanmoins : les effets spéciaux sont décevants, une habitude de la série évidemment ennuyeuse pour un épisode se déroulant en partie dans l'espace. Shannon paraît énorme dans sa combinaison flottante, lors de scènes d'apesanteur aux trucages grossiers. La séquence du retour au vaisseau par propulsion d'oxygène est tirée par les cheveux : il y a des bornes aux limites, tout de même !

Le scénario ne donne pas de réelles explications quant aux motivations des terroristes, à leur but ultime. Et l'IMF s'est bien trop facilement introduite au grand complet sur la base, ce qui pose un problème évident de crédibilité.

Mais les points positifs l'emportent largement. Certes, pas de machination à proprement parler, mais un thème alléchant qui rappelle tant de bonnes séries de science-fiction, une action soutenue, aucun temps mort, une Jane Badler étonnante dans le rôle d'une prétendue astronaute contrainte de se débrouiller dans l'espace, à la fois contre les dangers du cosmos et contre l'ennemi qui s'est emparé du vaisseau. C'est Grant qui lui sert de guide, par le truchement d'un récepteur de radio camouflé dans une de ses boucles d'oreilles.

Jim et ses compagnons jouent une partie remarquable depuis la base, surfant sur la peur du commando face à la prétendue radioactivité. La façon d'enfermer les gardes armés de leur plein gré dans un pseudo-abri souterrain, afin de les protéger de l'attaque annoncée de missiles américains, est très habile, tout comme l'usurpation de l'identité du chef des terroristes par Nicholas, grâce à un masque à son effigie.

Le retour des fameux masques est toujours efficace, et Nicholas mène la danse avec brio dans cet exercice délicat. Pour une fois, la fin surgit bien vite, sans que l'on se soit impatientés le moins du monde, et voilà bien le signe le plus éclatant de la réussite de cette aventure dans l'espace.

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8. LES ENFANTS DU FUHRER
(THE FUHRER’S CHILDREN)

 

Le chef d'un parti nazi américain s'apprête à unifier les mouvements hitlériens du monde entier au sein d'une seule organisation dont il prendra la tête. L'IMF est chargée de le discréditer auprès des autres dirigeants de cette internationale brune, car un parti néo-nazi planétaire chapeauté par un tel fanatique, disposant qui plus est de moyens financiers conséquents, constituerait une menace pour les démocraties.

Si l'on se replace dans le contexte de l'époque, il est évident qu'une telle mission n'aurait jamais été confiée à l'IMF. Il semble que les scénaristes aient oublié qu'ils ne vivaient plus sous l'ère démocrate des années 60 et 70, mais en plein cœur de l'époque républicaine Reagan-Bush, et que l'ambiance était plus orientée vers l'anticommunisme inconditionnel que vers la lutte contre le fascisme.

Mais passons outre l'absence de crédibilité historique pour saluer l'agréable surprise procurée par cet épisode. La série « historique » offrait régulièrement des épisodes centrés sur l'univers nazi, tous assez décevants. La séquence pré-générique laisse croire qu'il va en être ainsi une fois de plus, avec un discours caricatural conclu par de ridicules « A nous la victoire ! » au lieu des traditionnels « Sieg, heil ! »

Curieusement, la suite va être d'une qualité tout à fait satisfaisante. Le scénario est fort bien conçu, avec la mainmise de Shannon sur l'hôtel où se réunissent les nazis et le joli numéro de Jim en génie de l'informatique prêt à tout pour faire fortune. Jane Badler et Peter Graves démontrent s'il en était encore besoin qu'ils sont les vedettes incontestées de la série.

La découverte des « enfants du Führer » relance l'action au milieu de l'aventure. Ainsi donc, on découvre que « l'arme secrète » mystérieuse de Kester est inscrite dans le titre de l'épisode, à prendre non seulement au sens figuré, mais aussi au sens propre...

Plusieurs scènes à suspense parsèment un déroulement agréable : l'arrestation de Grant, sauvé de justesse par Jim, puis son sauvetage in extremis lors de la « partie de chasse ». En fin d'épisode, Shannon neutralise la blonde prénommée évidemment Eva (on ne nous dit pas si son nom est Braun...), qui avait réussi à s'extirper de la cave où Nicholas et Max l'avaient enfermée. Mais il s'en faut de peu que cet escamotage en douceur ne soit surpris par le chef nazi.

La scène finale constitue un couronnement presque jouissif : alors que Kester vient d'être adoubé par ses pairs et se prépare à leur offrir un beau spectacle, ses « enfants » entonnent un hymne pacifiste et le film projeté montre des discours de Martin Luther King et des frères Kennedy, en lieux et places de chants nazis et autres discours du führer !

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9. LA DAME BLANCHE
(BANSHEE)

 

En Irlande, un trafiquant d'armes a perpétré un attentat contre un car transportant des personnes âgées, afin de relancer la lutte armée entre catholiques et protestants, lucrative pour son commerce. Les agents américains sont chargés de démanteler le trafic, de traduire son organisateur devant la Justice et d'inciter les chefs de chaque camp à entamer des pourparlers de paix.

Le seul intérêt de cet épisode est la délivrance de la mission, parmi des modèles de trains miniatures qui rappellent le fameux train de l'épisode « Les fossoyeurs » de la série Chapeau melon et bottes de cuir.

Pour le reste, on a affaire à une succession de scènes affligeantes. Le scénario n'a pas une once de crédibilité, avec ses trafiquants d'armes de pacotille et ses leaders politiques campagnards à casquettes, caricatures d'Irlandais vus par les Yankees – tout comme des Français seraient décrits avec le béret basque, la baguette et le litron de rouge... - qui donnent de l'Irlande l'image d'un pays d'opérette, à des années-lumière de la réalité de la verte Erin, une contrée sérieuse s'il en est. Les Américains montrent ici qu'ils ne connaissent rien de rien au problème irlandais.

Comme si cela ne suffisait pas, il a fallu qu'on nous inflige, outre les chants irlandais de Shannon et une bagarre pénible entre Max et Grant, une histoire de malfaiteur superstitieux effrayé par la « Dame Blanche », en fait un hologramme de Shannon. Parce que, c'est bien connu, les Irlandais sont des abrutis arriérés qui croient aux fantômes...

On sait que les scénarios basés sur le surnaturel n'ont jamais produit d'épisodes mémorables, mais une collection de navets, et celui-ci ne fait pas exception. Les courageux qui tiendront jusqu'au bout assisteront comme il se doit à un final d'un grotesque accompli, avec « carrosse de la mort » conduit par Phelps et fantôme de Grant revenu d'outre-tombe, ce qui est digne du calamiteux épisode de la saison précédente intitulé Les diables.

Bien entendu, cette machination ridicule suffit à convaincre les adversaires irréductibles de commencer à négocier. Il a suffi que les représentants de l'oncle Sam débarquent et réunissent les ennemis de toujours pendant deux heures pour que tout finisse dans le meilleur des mondes Bisounours...

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10. POUR L'AMOUR DE L'ART
(FOR ART’S SAKE)

 

Un tableau de Montoya, prêté aux Etats-Unis par la république de San Marcos, a été dérobé par un certain Travers du musée de New-York où il était exposé. Collectionneur et receleur de tableaux volés, propriétaire d'une chaîne d'hôtels pour la façade, Travers agit pour le compte du ministre de la culture de San Marcos, qui veut ternir auprès de son peuple l'image des Etats-Unis afin de servir ses ambitions politiques.

L'épisode se laisse regarder sans ennui, avec une mission attrayante, Jane Badler remarquable en trafiquante de tableaux cynique et Peter Graves plus chef d'orchestre que jamais.

L'échec inattendu de la stratégie du faux Degas, conçu et peint par une machine à partir de l'analyse informatique de l'œuvre du maître des pastels, oblige l'IMF à trouver un autre moyen pour débusquer la galerie secrète de Travers. Ce second plan, qui sera couronné de succès, est basé sur une habile substitution entre Ochoa et Nicholas, nanti d'un masque à l'effigie du ministre. L'opération se déroule à la faveur d'une diversion provoquée par Shannon et un groupe de chiens, alors que Grant joue les vendeurs de hotdogs ambulants.

Le sans-faute des quarante premières minutes fait regretter le dénouement décevant. Hologrammes de flammes peu crédibles, règlement de comptes invraisemblable entre Travers et Ochoa : le scénariste aurait pu trouver mieux pour conclure cette mission d'assez bonne facture.

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11. LES MOISSONS DE LA MORT
(DEADLY HARVEST)

 

Youssef K, le ministre de la recherche scientifique d'un pays du Moyen-Orient hostile aux Etats-Unis, a fait appel à un chercheur pour mettre au point un virus capable d'anéantir toute la production de blé des Etats-Unis pour plusieurs années. L'IMF devra s'introduire dans le laboratoire secret protégé par Youssef K et détruire le virus et sa formule de fabrication.

La substitution de Jared par Nicholas, sans masque mais suite à une prétendue opération de chirurgie esthétique, est assez osée mais permet à Thaao Penghlis de montrer d'intéressantes capacités de comédien. Pour une fois qu'il ne doit pas céder la place à un autre acteur après avoir revêtu un masque, on se rend compte qu'il tient la route, même s'il n'égale pas ses prédécesseurs Martin Landau et Leonard Nimoy.

La meilleure séquence de cet épisode acceptable reste le danger encouru par Shannon, enfermée dans une cabine d'où Nicholas doit l'extirper avant qu'un laser mortel ne se déclenche.

La scène finale, la seule où Jim joue un rôle réellement actif, déçoit. Qu'est-ce que c'est que ce procès à la noix ? Comme si tous ces magistrats avaient pu être convoqués et réunis dans la minute ! La naïveté des Arabes, qui croient sur parole les accusations de Jim et du faux Jared contre Youssef K, est déconcertante. Quant à la destruction du laboratoire secret juste au moment opportun pour les desseins de Jim, elle est tout bonnement invraisemblable.

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12. LE CULTE DE L'OISEAU DE FER
(CARGO CULT)


Sur une petite île d'Océanie, trois occidentaux exploitent une mine d'or en utilisant la crédulité des indigènes, contraints d'extraire le précieux minerai à l'aide de cyanure, ce qui provoque des morts par centaines.

Encore une fois, c'est la délivrance de la mission qui constitue le seul aspect attrayant de l'épisode. Jim échange les phrases codées avec un organiste qui joue le Toccata et fugues en ré mineur de Bach. En dehors de cette séquence, il n'y a guère que la présence de bons acteurs tels Peter Graves, Phil Morris et Jane Badler pour rendre l'épisode regardable. Parce que, n'ayons pas peur des mots, l'histoire est complètement idiote.

Sous couvert d'humanisme, les indigènes sont ridiculisés, montrés comme des imbéciles superstitieux, victimes de la cupidité des « méchants Blancs » qui exploitent leur naïveté supposée, et sauvés par les « gentils Américains », grâce à un stratagème basé sur... leur naïveté supposée ! Au secours ! Tintin au Congo est de retour !

Sans surprise, le dénouement offre un feu d'artifice de débilité, de kitsch involontairement drôle, avec Phelps désigné par les adversaires comme le « méchant sorcier aux cheveux blancs » ( !) et un hologramme géant de Grant flottant au-dessus du volcan pour désigner aux indigènes leurs véritables ennemis. Ainsi, l'outrance, déjà remarquée lors de la séquence pré-générique, conclut en toute logique cette aventure désolante.

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13. LA CIBLE
(THE ASSASSIN)

 

Une succession d'assassinats d'hommes politiques par des personnes de leur entourage, tuées aussitôt après avoir commis leurs forfaits, a attiré l'attention des services secrets américains. Il pourrait s'agir de l'entreprise criminelle d'un seul homme, capable de conditionner n'importe qui à tuer, et louant ses services au plus offrant. A l'IMF de démasquer et neutraliser le coupable.

Le conditionnement psychologique d'innocents dans le but de perpétrer des assassinats est un thème intéressant, mais il a été tellement galvaudé dans la plupart des séries qu'il finit par devenir lassant. A force, le téléspectateur devient capable d'anticiper chaque phase de l'histoire, ce qui nuit au suspense, élément essentiel dans une série comme celle-ci.

Ici, des efforts ont été fournis au niveau du scénario. L'adversaire est un homme au QI de génie : il est logique qu'il ait rapidement deviné le rôle d'appât joué par Nicholas. Il invente donc la fausse piste du cheik pour neutraliser l'action de l'IMF. Nicholas ne peut résister au conditionnement et se fâche avec ses compagnons : bagarre avec Max qui s'achève au fond d'une piscine, et surtout affrontement physique intense avec Shannon, au cours d'une scène très spectaculaire.

Tout ceci est bel et bon, et aurait probablement produit un très bon épisode si l'on était à la grande époque de la série. Hélas ! Le défaut récurrent de 20 ans après vient gâcher les atouts incontestables du scénario. Encore une fois, le final n'est pas à la hauteur, à la limite du grotesque. Sans cette scène surréaliste du psychologue dévoré par des lions après avoir utilisé l'image de ce prédateur pour conditionner Nicholas, l'épisode aurait été tout à fait convenable.

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14. COW-BOY
(THE GUNSLINGER)

 

Un agent du FBI a disparu alors qu'il enquêtait au sein d'une reconstitution touristique de ville du Far-West, propriété d'un ancien politicien d'extrême-droite soupçonné de vendre des armes à des groupes terroristes européens.

On n'en voudra pas aux scénaristes d'avoir tenté de bâtir un épisode original parmi la multitude de missions stéréotypées qui peuplent cette saison. Le résultat, trop atypique, n'est pas réellement convaincant, à l'image de « Musique douce », l’épisode de la série Le Prisonnier auquel cette aventure singulière fait penser.

Le plus grand intérêt est sans conteste la performance de Jane Badler, parfaite en serveuse de saloon, et vraiment très belle dans ses robes de style 19ème siècle. Bon point aussi pour la partie de poker avec cartes truquées. Le principe a été déjà vu sur la série, mais demeure efficace. Grant utilise un ordinateur pour changer la face des cartes pendant la partie, puis Jim révèle la supercherie à son adversaire vaincu, histoire de provoquer le duel final attendu.

Hélas ! L'invraisemblance de la mission, l'effacement quasi total, et inhabituel, de Nicholas, l'aspect ridicule de Max et de ce même Nicholas dans leurs vêtements de cow-boys, et surtout l'histoire incongrue de la mine et des fûts radioactifs, vont provoquer une nouvelle déception, certes relative, mais incontestable.

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15. REGRETS DE BOGOTA
(CHURCH BELLS IN BOGOTA)

 

Le pouvoir d'Esteban Magdalena, l'organisateur du trafic de drogue en Colombie, est tel qu'il menace le gouvernement colombien, garant de la stabilité du pays. Phelps et ses collaborateurs sont chargés de s'emparer de lui et de le ramener aux Etats-Unis, où il pourra enfin être jugé.

Magdalena est évidemment une caricature de Pablo Escobar, le célèbre trafiquant colombien, chef du Cartel de Medellin, qui sera tué par la police en 1993. Le fait, déjà évident, est corroboré par la description que le neveu de Magdalena fait de son oncle : un « bienfaiteur qui a construit des hôpitaux, des écoles, des orphelinats ». Voilà exactement la vision qu'une partie des Colombiens avaient d'Escobar...

Malgré une mission alléchante, la première partie de l'épisode se révèle extrêmement décevante. Shannon accepte de jouer le rôle de la chanteuse Sarah Parsons, mais avec une appréhension évidente car elle a peur de l'avion et elle sait qu'elle devra traverser une partie de la Colombie dans un petit avion privé, en compagnie du neveu de Magdalena. On pourrait faire remarquer que lorsqu'on prétend travailler comme agent spécial dans les services secrets, qui plus est américains, on ne doit pas avoir peur de l'avion. Mais surtout, ce qui devait arriver, ce qui était si maladroitement téléphoné, arrive : l'avion est victime de la foudre et doit se poser en catastrophe...

Pire encore : Shannon ressort de l'accident amnésique (quelle imagination, les scénaristes : les histoires d'amnésie, on n'avait jamais vu ça dans une série télévisée...), et tombe amoureuse du neveu de Magdalena ! Et voilà notre espionne favorite chantant avec ravissement dans le cabaret de Magdalena, la mine ébahie de bonheur en contemplant son amoureux !

Heureusement, la seconde partie est meilleure. Jane Badler et Peter Graves sont excellents, voir notamment la belle scène d'émotion lorsque Shannon retrouve la mémoire. Thaao Penghlis est tout aussi convaincant déguisé en prêtre : un curé plus vrai que nature, à croire qu'il était prédestiné pour jouer ce rôle !

L'épisode se conclut sur une note nostalgique : Shannon a conservé une photo de son amoureux. Elle a retrouvé la mémoire et accompli son devoir, mais elle conserve un trouble sentiment envers son ex-fiancé, mélange d'horreur pour le trafiquant de drogue meurtrier et d'attirance pour le jeune séducteur.

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16. LES SABLES DE SETH
(THE SANDS OF SETH)

 

Nos agents américains doivent démasquer l'assassin de plusieurs hommes politiques égyptiens modérés, favorables au monde occidental et à la paix avec Israël. Très vite, leurs soupçons se portent sur un fanatique, féru d'Egypte ancienne et désireux de restaurer le régime des Pharaons.

Il fallait s'y attendre : la série s'achève par un épisode sans intérêt. Normal, il n'y avait plus de téléspectateurs à fidéliser pour la saison suivante. Donc on a conservé une des pires missions pour la fin. Qu'il est triste de voir la série tomber aussi bas ! Alors que l'atmosphère égyptienne était propice à un épisode de qualité, l'impression dominante est celle d'une succession de scènes toutes plus ridicules les unes que les autres.

L'adversaire du jour est une espèce de sataniste, adorateur du Dieu égyptien Seth, équivalent du Diable chez les chrétiens. Son bras droit est chargé de liquider les opposants, déguisé en momie de pacotille. Un temple souterrain abrite d'étranges messes noires, conclues par le sacrifice d'un opposant, étranglé puis enseveli dans les sables du Dieu Seth. Le maître de cérémonie ambitionne de devenir pharaon, après avoir liquidé la totalité des personnalités favorables à l'Occident.

Pour retourner son âme damnée contre lui, Grant se fait passer pour un Dieu égyptien. Oui, ils ont osé le faire ! En toute logique, le comble de l'absurde est atteint lors de la séquence finale, sorte d'orgasme de la nullité : l'apprenti pharaon meurt enseveli dans les sables où il immergeait ses victimes, après que Phelps et ses amis aient retourné ses invités contre lui. Puis tout ce joli monde finit enterré par l'effondrement du temple provoqué par l'IMF, à l'issue d'une scène qui pourrait constituer une candidate sérieuse au Grand Prix du grotesque, s'il existait. Triste conclusion pour la série !

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Crédits photo: CBS.

Images capturées par Phil DLM.