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Saison 1Saison 3

Inspecteur Morse

Saison 2


PRÉSENTATION SAISON 2

La deuxième saison d’Inspecteur Morse démarre lentement, mollement même. Mais après deux épisodes en dents de scie, assez oubliables, deux petites perles s’offrent au regard du spectateur. Episodes charnières, le Soleil se lève top tôt et le Dernier autobus sont des épisodes marquants, très importants pour l’évolution de la série et du personnage de Morse. Celui-ci s’aventure en effet sur le chemin de la compassion et de la compréhension comme jamais il ne l’avait fait auparavant. 

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1. UNE LANGUE DE VIPÈRE
(THE WOLVERCOTE TONGUE)

Première diffusion : 25 décembre 1987 (GB)

D’après le roman Bijoux de famille (1991)

Scénario : Julian Mitchell, d’après un synopsis de Colin Dexter

Réalisation : Alastair Reid

Résumé : Un groupe de riches touristes américains vient visiter la ville d’Oxford et s’arrête à l’hôtel Randolph. Là, Laura Pointdexter succombe à une crise cardiaque en ayant, semble-t-il, surpris un voleur dans sa chambre, en train de lui dérober un précieux bijou. Celui-ci, l’ardillon de Wolvercote, devait être cédé par Laura Pointdexter à l’Ashmolean Museum. Bientôt, le mari de la victime disparaît... 

Critique :

Cet épisode, décevant pour l’ouverture de la deuxième saison, s’inspire d’un synopsis de Colin Dexter qui en rédigera finalement un roman en 1991, avec une conclusion différente, un autre coupable et un autre mobile. Et force est de constater que sa fin alternative est bien plus intéressante que le film dont il s’inspire. C’est peut-être en raison de la faiblesse de l’intrigue que Dexter a modifié sa fin.

En effet, le scénario ne brille pas par son originalité et la galerie de personnages qu’il transporte avec lui, ainsi que toutes les sous-intrigues allant avec, ne l’aident guère. Trois affaires s’entremêlent pour compliquer l’épisode, et aucune n’a de lien avec l’autre. Le vol, provocant une crise cardiaque entraîne une disparition (puis une réapparition) puis rebondit sur un meurtre, pour enchaîner sur un suicide hors-champ et se conclue sur un assassinat aussi grotesque qu’improbable. Trop de rebondissements, trop de digressions nuisent à un ensemble parfois à la limite de la compréhension. Le scénario s’enlise en conversations bavardes, spéculations oiseuses et supputations gratuites de la part de Morse. Celui-ci, plus que jamais ici, est totalement à côté de la plaque.

Le spectateur a fréquemment un coup d’avance sur lui, l’inspecteur enquêtant au feeling, au petit bonheur la chance. Morse fait fausse route pratiquement tout l’épisode, mettant plus d’une heure et quart de film à se mettre enfin sur la bonne piste, perturbé une fois de plus par une présence féminine en détresse. Et ce n’est que grâce à la sagacité du sergent Lewis que l’inspecteur commence à, enfin, entrevoir la lumière…

Pourtant, il y a de jolies choses dans ce film. Il présente une belle carte postale d’Oxford, magnifiant l’hôtel Randolph, filmé sous toutes les coutures, de même que l’Ashmolean Museum. La peinture peu flatteuse des touristes américains est à mettre sur le compte d’un chauvinisme tout britannique mais s’avère très drôle. L’humour sauve l’épisode à bien des égards, comme les scènes montrant un Lewis exténué refusant de rentrer chez lui pour cause de travaux à son domicile ou bien l’amusement de Morse à son égard lorsqu’il s’aperçoit que son adjoint est particulièrement mal à l’aise à l’idée d’évoquer les choses du sexe.

Comme toujours chez Morse, l’interprétation est de grande qualité. Si les figures féminines sont pratiquement toutes insupportables il faut reconnaître à leurs interprètes la justesse de leur jeu, en particulier de Roberta Taylor dans le rôle casse-gueule de l’alcoolique Sheila Williams envers qui Morse éprouve tant de compassion. Ses homologues masculins, tout de suffisance, de fatuité et de médiocrité ne sont pas en reste, du sublime Simon Callow à Kenneth Cranham, les rivaux terribles.

Côté technique, on note une certaine amélioration dans la façon de filmer d’Alastair Reid, le réalisateur du pilote de la série. S’il abuse encore trop du caméra-épaule, il déploie des trésors d’imagination pour rythmer une histoire assez lente. De l’utilisation des miroirs, aux cadrages au sol en passant par une image parfois en biais, il réalise de jolis jeux de caméra, rendant plaisante une image qui a été particulièrement bien nettoyée, sans grain. Saluons ses travellings léchés, et son utilisation des arrière-plans, très soignés.

Un épisode en-deçà, mais qui possède quelques très beaux moments et le rendent un minimum attachant. 

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Anecdotes :

  • Morse apprécie sa bière bien chambrée.

  • En matière de musique classique, Morse adore Berlioz mais n’aime ni Madame Butterfly, ni Haendel. Il réserve une place pour aller voir les Troyens, opéra de Berlioz.

  • Lewis a une tante habitant Wolvercote.

  • LEWIS : (à Morse) « Vous êtes obsédé par le sexe, monsieur ».

  • MAX : (à Lewis) « Lewis, veillez à ce que Morse ne boive pas autant, cela nuit à ses facultés mentales ».

  • Simon Callow (né en 1949) est un des plus célèbres comédiens britanniques, œuvrant sur les planches comme à la télévision. On l’a vu par exemple dans Doctor Who et il reviendra dans Inspecteur Lewis, dans un tout autre rôle.

  • Kenneth Cranham (né en 1944) est une figure régulière de la télévision et du cinéma. Jouant aussi bien dans des superproductions (Maléfique) que dans des films plus confidentiels (Layer Cake), il campe un superbe Pompée dans Rome.

  • John Bloomfield (né en 1942) a occasionnellement fait l’acteur, comme dans cet épisode, mais il est surtout l’un des costumier les plus célèbres d’Angleterre, ayant notamment créé de nombreux costumes pour Doctor Who, la Momie 1 et 2, Robin des bois, Waterworld, Conan le barbare, Open Range ou Solomon Kane.

  • Colin Dexter fait son caméo habituel à la 32e minute. Lewis et Morse sont au pub. Derrière eux, à l’arrière plan, Dexter discute à une table en compagnie de Julian Mitchell, le scénariste de l’épisode. 

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2. UNE VISION DIFFICILE
(LAST SEEN WEARING)

Première diffusion : 8 mars 1988 (GB) 

D’après le roman Portée disparue (1976)

Scénario : Thomas Ellice

Réalisation : Edward Bennett

Résumé : Morse se voit confier, malgré lui, une affaire de jeune fille disparue. Immédiatement persuadé qu’elle est morte, il s’obstine à vouloir chercher un cadavre malgré l’insistance du père de la victime, un industriel exécrable. Rapidement, l’enquête s’oriente vers le pensionnat où la jeune fille faisait ses études. 

Critique :

Une vision difficile est sans conteste un drôle de titre pour cet épisode. S’il se justifie vaguement dans sa conclusion, lorsque la vérité se fait enfin jour, on lui aurait préféré Portée disparue, nom du roman originel dont il est tiré. Adaptation assez fidèle, l’épisode construit son intrigue autour de la disparition d’une jeune fille et de son meurtre probable. Morse évolue au milieu des jolies camarades de la disparue et de son collège privé – où tout respire le suranné et les faux semblants – tout en étant harcelé par le père de la victime. Ce dernier, financier plein de suffisance exaspère l’inspecteur au plus haut point qui a grand peine à prendre sur lui.

Morse se montre d’ailleurs lui aussi particulièrement désagréable et semble obstiné à se fourvoyer. Si cela s’avère intéressant de prime abord pour le développement du personnage, cela finit surtout par être pénible et redondant, tant ce côté « tête de mule » est exaspérant et conduit de toute évidence dans une mauvaise direction. Heureusement que le brave Lewis est là pour apporter un peu de bon sens dans cette histoire, une fois encore !

La réalisation s’avère inégale, brillant aussi bien par des bonnes idées que par son manque total d’imagination. L’image est grise, terne et les éclairages sont sans relief. L’enquête est lente et presque laborieuse, peuplée des personnages féminins typiques de Morse, ces quarantenaires esseulées, à la blonde chevelure opulente, portées sur la bouteille, trompées et trompeuses, assommées par l’ennui et obsédées par des hommes qui ne les aiment plus. Le schéma « Morsien » le plus classique est mollement mis en scène, platement et sans grande saveur, en particulier dans sa dernière partie, plutôt ennuyeuse. Si les décors du pensionnat sont bien mis en valeur, ce sont bien les seuls, malheureusement. Quant à l’assassinat de Cheryl Baines, il tient du grotesque, particulièrement mal tourné, faute de moyen et sans doute de savoir-faire en la matière. La découverte du cadavre achève dans le ridicule une des scènes les plus stupides de la série toute entière. 

L’exploration de l’univers des pensionnats, de ses cours, de ses élèves et de leurs relations à leurs professeurs est cependant très intéressante. Morse y révèle certains penchants de sa psyché, comme son obsession sexuelle et c’est également l’occasion de quelques développements de sa relation avec Lewis mais surtout de celle qu’il entretient avec son patron, Strange. L’un des sommets de l’épisode se situe dans la scène où Morse se fait littéralement remonter les bretelles par un Strange furibond, mais clairvoyant. Il faut dire que son inspecteur est particulièrement « ailleurs » dans cet épisode, d’une façon assez inexplicable, comme c’était déjà le cas dans le roman.

L’épisode manque le naufrage total grâce à son interprétation hors pair, une fois encore. Le final en particulier aurait pu être une véritable catastrophe tant la mise en scène sur-dramatise la scène. Mais les interprètes sauvent les meubles en apportant finesse, subtilité et intelligence. 

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Anecdotes :

  • Morse tente de lire un recueil du poète Thomas Hardy lorsqu’il est interrompu par des travaux derrière chez lui.

  • Morse écoute le concerto pour violon numéro 1, de Mozart.

  • Une fois de plus, Lewis se montre très prude en matière de sexualité.

  • Loin de son cynisme habituel, Max apparaît plein de compassion et d’indulgence à l’égard de Morse.

  • « LEWIS : (acide) Vous l’avez eu votre cadavre, hein ?

  • MORSE : Quoi ?

  • LEWIS : Vous désiriez tant avoir un petit meurtre, vous devez jubiler ?

  • MORSE : (triste et amer) : Oui… »

  • Edward Bennett (1950) réalise ici son seul épisode de la série. Prolifique, il a longtemps œuvré sur les débuts d’Hercule Poirot et, plus récemment sur The Musketeers et Grantchester.

  • Peter McEnery (1940) joua le rôle de Jeff aux côtés de Bourvil, dans le dernier film de celui-ci, le Mur de l’Atlantique.

  • Suzanne Bertish (1951) est apparue dans nombre de séries (Rome, Hercule Poirot, Mercy Street) mais également au cinéma (les Prédateurs, le 13e guerrier).

  • Colin Dexter apparaît relativement tardivement, au bout d’une heure et neuf minutes. On le voit descendre les marches du bâtiment dans lequel Morse s’apprête à entrer. 

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3. LE SOLEIL SE COUCHE TROP TÔT
(THE SETTLING OF THE SUN)

Première diffusion : 15 mars 1988 (GB)

Scénario : Charles Wood, d’après un synopsis de Colin Dexter

Réalisation : Peter Hammond

Résumé : Des étudiants étrangers débarquent en masse à Oxford. Morse a été convié par son amie Jane Robson à participer à leur accueil pour leur concocter un petit concours de mots croisés. Mais en plein repas, un étudiant japonais est victime d’un malaise et se retire dans sa chambre. Peu après, il est découvert mort, poignardé et crucifié sur le sol en une étrange mise en scène. Selon toute vraisemblance, le crime a eu lieu alors que l’inspecteur se trouvait encore dans les murs…

Critique :

Nouvel épisode adapté d’un canevas de Colin Dexter, le Soleil se couche trop tôt est une histoire très sombre, tragique, cruelle et violente. De retour dans le monde universitaire, la critique oxfordienne y fait merveille, peuplée de personnages falots, insensibles ou monstrueux. C’est dans l’univers des « Collèges » que les épisodes de Morse excellent et celui-ci n’y fait pas exception.

Le scénario en lui-même est tout à fait « morsien », et aurait fait un excellent roman. On y retrouve tous les ingrédients qui font les grandes réussites de la série : meurtres multiples, importants mots croisés, usurpation d’identité, femme en détresse, humour acide. Le tout pourrait être indigeste tant leur concentration est forte mais il n’y a pas de fausse note. Si la mécanique meurtrière est difficile à appréhender dans un premier temps, nous nous y retrouvons rapidement. Traitant du meurtre, du sadisme, de la torture, des crimes de guerre et de la difficile notion de justice, le puzzle du crime est extrêmement complexe mais sa révélation se met en place d’une façon totalement limpide. L’intelligence de la réalisation, qui nous met sous le nez tous les indices, prouve la maturité qu’atteint cet épisode, dévoilant un coupable insoupçonnable et pourtant totalement crédible. Le mobile est effrayant mais on ne peut qu’y soustraire et compatir à la peine du meurtrier. Cette empathie est remarquable. L’explication est totalement surprenante et la fin inattendue.

La technique évoque les films d’horreur de la Hammer, dans des éclairages savamment étudiés et des mouvements de caméra emprunts au passé. Puisqu’il faut regarder en arrière dans cette histoire, cela se justifie parfaitement. Des jeux de miroirs complètent une réalisation au cordeau, jusque dans les rares scènes d’action de l’épisode. La musique se fait plus discrète, comme pour ne pas parasiter une histoire où les silences ont leur importance et donnent le rythme. C’est au gré de ces moments sans bruits que l’affaire progresse.

Pour une fois, si Morse se fourvoie, c’est parce qu’on l’a égaré avec soin. Et il sent bien que la femme dont il est – encore une fois – éperdument tombé amoureux est mêlée de près à cette histoire. Il déploie dès lors des trésors de patience et une psychologie, qu’on ne lui connaissait pas encore à cette époque, pour parvenir à lui faire avouer la vérité. Jane Robson est en effet une personnage très complexe, difficile à appréhender pour l’inspecteur comme pour le spectateur. Morse ne prend pas pour acquis ce qu’elle lui raconte et c’est tant mieux : il fait enfin preuve d’intelligence alors que certains épisodes précédents il paraissait avoir oublié son cerveau au vestiaire. Dans la fine découverte de l’envers du décor des universités, avec ses petites gens (gardiens, femmes de ménage, etc.),  il se montré posé, ne se lance pas dans des spéculations hasardeuses et trie rigoureusement le bon grain de l’ivraie, exhumant une sombre et dérangeante histoire de vengeance et de haine vieille de quarante ans.

Les deux dernières scènes du film, dans la chapelle avec la petite fille, annoncent un tournant dans la série : la compassion dont est capable l’inspecteur Morse lorsque justice ne rime pas avec ce qui est juste. La série s’apprête à évoluer et pour le meilleur.

Un grand, un très grand Morse, où John Thaw se montre impérial de justesse.

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Anecdotes :

  • Nous pouvons entendre du Elgar et du Beethoven pendant l’épisode.

  • Lewis confond Pucini et Madame Butterfly.

  • Erreur de continuité : dans l’avant-dernière scène, dans la chapelle, on voit clairement que le sac à main sur le sol est rouge. Lorsque Morse sort de la chapelle avec le sac dans la main, celui-ci est subitement devenu blanc.

  • « MORSE : (parlant de Lewis) « Les films d’horreur et les polars ont été les deux mamelles du flic de choc qu’il est devenu ».

  • Charle Wood (1932) a écrit avec succès durant vingt ans pour le théâtre. Ancien de l’armée, on lui doit nombre de téléfilms et de scripts de série. Il retrouvera John Thaw à plusieurs reprises, signant des scénarii pour Kavanagh et Monsignor Renard.

  • Anna Calder-Marshall (1947) est une actrice shakespearienne et une habituée du petit écran (les Souvenirs de Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Inspecteur Barnaby)

  • Colin Dexter apparaît à la toute fin du film, dans la dernière scène à l’hôpital, sous les traits d’un médecin passant furtivement devant la caméra. 

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4. LE DERNIER AUTOBUS
(LAST BUS TO WOODSTOCK)

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Première diffusion : 22 mars 1988 (GB) 

D’après le roman  Le Dernier bus pour Woodstock (1975)

Scénario : Michael Wilcox

Réalisation : Peter Duffell

Résumé : Deux jeunes femmes attendent, par une nuit pluvieuse, le dernier autobus pour Woodstock. L’une d’elle est finalement prise en autostop par un mystérieux automobiliste. Pendant ce temps, le petit ami de cette jeune femme piétine d’impatience à l’attendre dans un pub. Sortant prendre l’air, il finit par la découvrir morte sur le parking du pub. 

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Critique :

La deuxième saison d’Inspecteur Morse s’achève sur l’adaptation du premier roman de Colin Dexter. Si cette histoire s’avérait quelque peu maladroite par moments, elle bénéficie ici de l’expérience acquise au cours des deux premières années de production de la série.

Le scénario est resserré et s’égare peu en conjectures oiseuses et autres digressions comme cela a pu être le cas par le passé. Sombre, à l’atmosphère grisâtre autant que poisseuse, il y est, une fois de plus, question d’identité. De nombreux indices nous sont fournis dès le commencement de l’enquête et le grand nombre de suspects n’empêche pas la clarté de l’intrigue et l’enquête se déroule calmement, en un rythme lent et posé mais plaisant. De nombreuses pistes s’offrent aux inspecteurs pour élucider cette mort étrange : l’argent tout d’abord, la vengeance ensuite et enfin, comme le dit Lewis : « le sexe ». Et c’est une fois de plus de ce côté qu’il faudra se tourner. Etonnamment, et plaisamment, Morse n’est pas impliqué personnellement dans l’histoire. Ici, s’il y a bien une femme en détresse, l’inspecteur n’est pas là pour la sauver, cela ne le concerne pas. Ce changement de ton est assez rafraichissant au milieu d’une affaire qui ne l’est guère. Et la présence de Max, proche d’un des suspects, amène une petite touche supplémentaire, d’autant plus qu’il s’agit de l’ultime apparition du personnage. 

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La réalisation est sobre, les jeux de caméras discrets, mais bien employés. On pourrait regretter une teinte un peu trop grisâtre, mais elle renforce un style visuel étouffant, où la pluie joue un grand rôle et où la nuit se révèle trompeuse. Peter Duffell met parfaitement en scène cette dissertation sur l’écrivain libertin Rochester qui sert de base au scénario.

Plusieurs très bonnes scènes sont à relever : l’interrogatoire « littéraire », très original, les nombreux échanges piquants entre Morse et Lewis qui enfin apprennent à se connaître et à s’apprécier, de même que les discussions avec la vieille madame Jarman, extrêmement drôles et savoureuses. De plus, son témoignage s’avère déterminant pour clore l’enquête.

Si l’ultime scène médicale est ridicule à souhait, la conclusion de l’affaire est néanmoins très convaincante. Le coupable est à nouveau des plus inattendus et son arrestation un exemple de la finesse de Morse, ici aussi très compatissant. Les flashbacks qui ponctuent l’explication finale sont bien montés, limpides, amenant à une compréhension confondante de limpidité et de simplicité de l’intrigue.

Une belle conclusion pour la deuxième saison de Morse.

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Anecdotes :

  • La complicité entre Morse et Lewis s’accentue durant cet épisode. John Thaw et Kevin Wathely s’accordent parfaitement.

  • On peut apercevoir une belle affiche pour Othello dans le bureau de Morse.

  • Très élégant, Morse se montre sous un jour plus plaisant que dans ses incarnations précédentes. Plus posé, plus réfléchi, bien moins désagréable et cassant, il écoute avec soin les suggestions de Lewis.

  • Un fait rare : Morse paie une pinte à Lewis et non l’inverse comme d’ordinaire.

  • Les universitaires ne semblent boire que du Gin-tonic dans cet épisode.

  • « MORSE : (citant Rochester) Ces longs moments d’extase et d’amour ne faut-il pas les payer un jour ? »

  • « LEWIS : Je crois que le moment est venu de vous payer une bière, monsieur.

  • MORSE : Que je mérite depuis longtemps, Lewis… »

  • Peter Duffell (1936) Réalisateur de télévision (le Club des Cinq), il a également œuvré au cinéma dans la Maison qui tue avec notamment John Pertwee, Denholm Elliott, Peter Cushing et Christopher Lee. Celui-ci voyait en Duffell l’un des réalisateurs les plus sous-estimés du cinéma britannique.

  • Colin Dexter apparaît à la 56e minute pendant la conférence sur Rochester, assis juste derrière Morse.  

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