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 saison 1 saison 3

Cannon

Saison 2


1. GARDEZ-MOI DE MES AMIS
(BAD CATS AND SUDDEN DEATH)



Michael Tolan, district attorney, est accusé du meurtre de sa femme Alice, une peintre. Il fait appel à Cannon pour le sortir de là. Il vivait au-dessus de ses moyens, mais Alice donnait des informations à un réseau de trafiquants de voitures volées.

Quelques changements avec cette saison 2. Plus de pré-générique, on attaque directement avec la présentation et la musique. Bonne nouvelle, Marj Dusay est de l’épisode. Je l’ai découverte en 1974 dans « Les mystères de l’ouest » dans « La Une est à vous », puis la même année dans ce « Cannon »,  et dans « Cimarron » (« Huit ans après ») et retrouvée en janvier 1976 en agent secret  de la CIA , Andréa Dupres, venant de l’extrême orient aider Mc Garrett dans l’épisode de « Hawaii Police d’état » : « Trafic d’or ». Je lui avais trouvé alors quelques ressemblances avec Diana Rigg.

Malheureusement, elle a ensuite poursuivi sa carrière dans les soap opéras. C’est dommage car Marj n’est pas une beauté genre nunuche et a tout de la femme d’action genre Emma Peel. Mc Garrett dans l’épisode « SOS Singapour » tombe amoureux d’elle en tant que Nicole Fleming témoin contre la mafia jouant les bodyguard Kevin Costner avant l’heure,  et elle est la belle-sœur de Christopher George/Ben Richards dans le tout dernier épisode de « L’immortel », rediffusé dans « Samedi est à vous » en février 1976. Hors ces rôles, elle a joué un épisode des « Rues de San Francisco » (pas vu), sinon « Haine et passion », « Dallas » et « Santa Barbara ». Brian Clemens aurait dû songer à cette américaine pour prendre la suite de Diana Rigg.

Pas d’autres invités vedettes connus dans l’épisode.

Entre deux saisons, Cannon n’a pas maigri, mais sachant qu’il mange des tacos, des hamburgers et boit de la bière rien d'étonnant, cependant personne n’attendait que William Conrad maigrisse.

Pour la première fois, Cannon est réticent à défendre son client. Il connaissait la victime, Alice, et Michael Tolan vivait bien au-dessus de ses moyens.

Cannon agit donc avant tout pour venger Alice plus que pour sauver son client. Dès qu’il commence son enquête, une femme le met en joue avec une arme :  Zunie Mitchell (Marj Dusay, quand je disais que c’était une femme d’action). En fait, elle est l’alter-égo de Frank Cannon puisqu’elle aussi détective. Ils sympathisent. Dans toute autre série, ils auraient eu un flirt, mais le gros détective fera juste la loi dans sa cuisine en lui interdisant de lui donner des ordres pendant qu’il prépare une omelette.

L’enquête dirige Frank Cannon vers Sascha Dorn qui achetait les toiles peintes pas Alice. Dorn est mêlé à un trafic de voitures volées. Il était l’amant d’Alice, et le meilleur ami de Michael.  « Avec des amis comme vous, il n’avait pas besoin d’ennemis », tranche le détective.

Autre ami de Michael : Sonny Birns. Il fait voler des voitures dont les épaves sont dans sa casse et les immatricule au numéro d’épaves. Pour construire son affaire, il s’est fait financer par Dorn.

Regardez cet épisode, le premier dans lequel deux privés agissent ensemble : cela ne joue pas en faveur de William Conrad. En Ford décapotable rouge, non seulement Marj Dusay lui vole toutes ses scènes, mais elle vous fera regretter amèrement de ne pas avoir été choisie pour incarner Tara King, le sergent Anderson ou Super Jaimie. C’est d’ailleurs son personnage bien plus que Cannon qui élucide l’affaire.

Nous avons droit à notre lot de cascades, poursuites, épave qui tombe sur Cannon depuis une grue d’une casse de voitures, action non stop sur fond d’une intrigue solide.

Mais bon, on aurait aimé que cet épisode donne lieu à un spin off avec les enquêtes de Zunie Mitchell/Marj Dusay qui si elle avait existé serait certainement une série culte.

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2. OBJECTEUR DE CONSCIENCE
(SKY ABOVE, DEATH BELOW)

Le chef d’un syndicat qui a refusé de s’allier à la mafia est tué par celle-ci qui maquille le crime en accident. Le seul témoin du meurtre est un objecteur de conscience en fuite.

Sacré Cannon ! Il vient de voir une pièce de théâtre où les acteurs jouaient nus, accompagné d’une jolie journaliste, et au lieu de lui proposer d’aller boire un dernier verre comme on dit, il veut l’inviter manger une salade niçoise à l’ail ! Il est alors entouré de deux jolies filles, la journaliste Irene Plevin (Elaine Devry, vue dans « Le jour du dauphin ») et une cliente, Kate Matchen, dont il a refusé de s’occuper et qui pour attirer son attention lui a dégonflé un pneu,  Leslie Charleson (qui n’a joué dans rien d’intéressant, et on le regrette).

Je me suis souvenu de cet épisode avec les télésièges, et le tueur au lance-pierre qui provoque la chute du père de Kate. Les décors (Les forêts du Colorado) sont superbes, et encore une fois la série vaut beaucoup pour cette façon systématique de filmer en décors naturels plutôt qu’en studios.

De nouveau, il est question de collusion entre les syndicats et la mafia. Il semble que pour compenser le manque de glamour de William Conrad, on nous abreuve de filles plus jolies les unes que les autres. Mais Conrad avait en 1972 déjà 52 ans, et nous montrer des aventures avec des filles comme Leslie Charleson (27 ans) si cela pouvait être admis dans les derniers James Bond avec Roger Moore ne serait pas du tout passé à l’époque à la télévision américaine. Il se contente donc de les aider dans les enquêtes. On l’admettrait peut-être aujourd’hui, les mœurs ayant évolué.

Le jeune témoin, Lyle Barry,  est joué par l’insupportable Richard Hatch de « Galactica », fade remplaçant de Michael Douglas dans « Les rues de San Francisco ». Il a l’air de toujours se demander ce qu’il fait là et son aspect juvénile qui va de pair avec un manque de maturité  qui affiche un sourire niais au possible.

Le mafioso Ron Flagg veut engager Cannon afin d’étouffer la version du meurtre de Matchen, et nous avons une savoureuse réplique : « Je vous engage », « J’ai déjà une cliente », « Elle ne peut vous offrir autant que moi », « Si, elle aime ma cuisine ! ». L’humour n’est pas absent. Au détour d’un dialogue, on comprend que l’on est à la fin de la guerre du Vietnam et que Lyle est l’un des derniers déserteurs.

Après un acte 1 sur les chapeaux de roues, l’épisode accuse malheureusement quelques longueurs. Avec son bronzage et son sourire, Richard Hatch n’a rien d’un objecteur de conscience, on dirait Erik Estrada de « Chips » ou un chanteur latino.

Surprenant que l’on ait des leçons de morale dans « Cannon » en 1972 du style : « C’est mal d’être objecteur de conscience mon petit Lyle, prends cette carabine pour sauver ta vie contre les maffiosi, puis va vite servir ton pays », ou encore la belle fille de riche Kate Matchen qui assure qu’elle a eu un flirt avec Lyle mais qu’ils n’ont pas couché ! Elle se rajeunit (déclare avoir 23 au lieu de 27 ans) et un sous-entendu lors d’un échange avec Cannon laisse penser qu’elle n’a jamais vu le loup (mais bien sûr !).  Quinn Martin devait aller à la messe tous les dimanches. « Cannon » est vraiment une série prude, heureusement « Baretta » trois ans plus tard donnera un coup de pied dans la fourmillière.

Notons que les actes 1 et 2 ont été assez longs, puisque l’acte 3 ne dure que de la 37e à la 43e minute, soit un découpage inégal pour 51 minutes de métrage.

Un bon épisode qui aurait eu quatre étoiles sans les quelques longueurs.

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3. LE MAGICIEN
(BITTER LEGION)

Cannon doit retrouver Doug Rowan, l’époux américain d’une jeune vietnamienne, Le Vahn (Yvonne dans la VF), or ce dernier s’est laissé enrôler à son retour de la guerre dans une bande de mercenaires dirigée par  un certain Ambrose et qui prépare un gros coup.

Episode diffusé dès 1974. Très daté aujourd’hui par le contexte de la guerre du Vietnam, et du mauvais accueil qu’ils ont reçu au retour au pays, étant notamment au chômage. Rambo n’est-il pas basé sur ce sujet ?

Si beaucoup d’épisodes de « Cannon » peuvent aujourd’hui être vus comme de bons polars pour passer un agréable moment, avec les décors naturels en prime, celui-ci, comme certains opus de « Hawaii police d’état », collant trop à l’actualité de ce début 1972, risque fort de paraître désuet.

Irène Tsu jouait l’une des filles de Chin Ho dans « Hawaii Police d’état dans l’épisode  05.22 « Dernier avertissement ». Elle incarne Le Vahn.

L’équipe d’Ambrose cambriole l’armurerie d’une caserne. En regardant un témoin à la télé, évoquant l’un de ses agresseurs, un black, Cannon découvre qu’il s’agit de Buddy Loomis, meilleur ami de Doug Rowan, et qui lui a dit ce dernier est mort d’une overdose.

Cannon se fait passer auprès d’Ambrose, qu’il retrouve dans un bar en cherchant Loomis, comme un privé fauché, recherchant un travail de mercenaire, il dit avoir été chassé de la police pour avoir dit la vérité dans une affaire impliquant des ripoux. Ambrose se révèle bien naïf pour tout gober, et engager Cannon.

On retrouve donc un canevas archi connu, dont un exemple est l’épisode du « Saint » : « Les Mercenaires ». Cannon est engagé mais doit prouver sa loyauté en tuant Loomis qui parle trop.

Episode très prévisible, dont le téléspectateur devine d’avance la suite.  Doug, mal reçu par son pays à son retour, s’est vu refuser par toutes les banques un prêt pour monter son affaire. Il va donc chercher l’argent lors du casse prévu par Ambrose : braquer la billetterie d’un stade, où  100 000 dollars sont l’enjeu du butin, et que doivent venir récupérer des convoyeurs de fonds.

On passera sur plusieurs invraisemblances : la facilité avec laquelle Cannon trompe la vigilance d’Ambrose pour entrer dans le gang, ou encore La façon de Le Vahn échappe aux balles alors qu’elle est une cible immanquable dans les gradins du stade géant désert.

« Cannon » se révèle une série tout à fait regardable aujourd’hui. Moins bon que « Kojak », « Hawaii Police d’état », « Baretta », « Serpico » et «Matt Helm », mais bien meilleur que « L’homme de fer » ou que « Mannix » qui a pris un terrible coup de vieux, la série ne se prétend pas culte et propose des divertissements agréables. Les enquêtes ne nous prennent pas la tête, les actrices sont jolies et le héros sympathique. Que demander de plus ?

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4. LES DROITS DE LA DÉFENSE
(THAT WAS NO LADY)

L’avocate Jane Butler qui défend deux minables qui ont volé une œuvre de charité est menacée de mort. Elle demande à Cannon de la protéger.

Cet épisode nous permet de voir l’une des plus jolies actrices des années 70, et ce n’est pas Clint Eastwood qui me démentira, il en fit la vedette de sa première réalisation « Un frisson dans la nuit » : Jessica Walter. Très belle et sexy, mais intelligente, Jessica joue ici la cliente de Cannon, Jane Butler.

William Conrad est franchement gâté : dans le pilote, Lynda Day-George en maillot de bain, dans « L’imposteur » 01.18, Katherine Justice très suggestive  en bottes et mini-jupe, dans « Traquenards » (01-13), la regrettée Charlene Polite en bronzant a enlevé le haut (rare à l’époque dans les prudes séries us),  maintenant Jessica Walter.

Jessica, à la différence de tant de starlettes en blue jean, sait s’habiller et être féminine. On retrouve ici Robert Webber qui jouait dans la saison 1 épisode 14 « Cauchemars ». Il est cette-fois  Clay Spencer, le dirigeant de l’œuvre de charité qui a été volée.

L’intrigue multiplie les rebondissements : alerte à la bombe et meurtre en plein procès,  explosion de la voiture dans laquelle aurait dû prendre place Jane et qui tue son assistant, accusation de corruption contre Jane et Cannon. Très vite, le propre dirigeant de l’institution de charité, Spencer, devient le suspect du détective qui aurait manipulé les deux voleurs, dont l’un a été tué en plein tribunal.

Il n’existe vraiment qu’un seul privé au monde, se trouvant seul avec l’une de ses plus jolies clientes, pour lui susurrer : « Vous pensez certainement à manger quelque chose ? » et à l’entraîner dans un restaurant.

Il nous vient une sérieuse envie de tordre le coup au scénariste Dick Nelson. Il a gribouillé une histoire ennuyeuse à mourir. Pas de décors naturels comme la forêt du Colorado ou de vieilles usines abandonnées, une intrigue compliquée et alambiquée.

Le seul intérêt de cet épisode, c’est de voir les genoux de Jessica Walter et ses jupes printanières. Bon, pas suffisant pour dépasser une étoile, et si l’on veut voir la dame sous toutes les coutures, il y a « Play Mitsy for me » de Clint Eastwood. Un crime : avoir Jessica Walter sur le plateau et nous pondre un épisode aussi poussif. Quelle tristesse ! D’autant plus que c’est sa seule et unique participation à la série.

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5. FAUX TÉMOIGNAGE
(STAKEOUT)

Cannon surprend une fille de bonne famille, Anne Hemming, en train de participer à un hold-up d’un restaurant qu’il surveille, et où deux braquages ont déjà eu lieu en un mois.

On retrouve dans cet épisode Patrick O’Neal (vu deux fois dans « Columbo ») et Belinda J Montgomery (« L’homme de l’Atlantide »). Le père d’Anne, Arlo Hemming (O ‘Neal), ex policier devenu riche homme d’affaires veut innocenter sa fille (Belinda). Plutôt à l’aise dans les rôles de saintes nitouches, Belinda J Montgomery n’est pas très crédible en complice de hold-up par rébellion envers son père.

Lequel père s’avère vite une ordure de la pire espèce, achetant tout avec son argent, jusqu’à la liberté de sa fille, faisant pression sur les témoins, les intimidant, engageant un tueur à gages pour liquider l’encombrant détective. Frank Cannon lui dit vite qu’il se doute  quelle sorte de policier il était. Un violent, un corrompu.

Nous ne comprenons pas trop le jeu du chat et de la souris auquel se livre Cannon, s’approchant de la suspecte (Anne), prenant avec elle un cours de planeur (qui nous vaut de belles images de décors sauvages et fabuleux). Cet artifice du scénario devient vite le point faible de l’épisode, avec la mauvaise interprétation de Belinda J Montgomery qui n’est pas l’actrice de la situation.

Comment comprendre que Cannon, seul témoin à charge, et qui vient de trouver l’identité du boy friend gangster d’Anne, Ron, se conduise ainsi ?

En s alaud, Patrick O’Neal est parfait. Son talent nous fait croire à ce père dont les motivations pour sauver sa fille sont plus à chercher du côté de la rentabilité et l’honorabilité de ses affaires que de l’amour paternel.

C’est l’acteur d’origine irlandaise qui non seulement sauve un épisode qui était mal parti, mais en fait un chef d’œuvre. Roméo et Juliette ne comptent pas ici, Anne l’apprendra à ses dépends lorsque son père tuera froidement le boyfriend Ron qui a refusé de se laisser acheter et de filer en Afrique avec un magot. Certes, nous sommes à la télévision, dans la fiction, et on doute qu’un honnête détective puisse dans la réalité triompher d’un despote qui dispose de tous les moyens pour établir sa vérité basée sur des mensonges, des cadavres et des pots de vin. L’intrigue n’a plus rien d’une enquête de privé (Cannon n’a plus de client dès lors que la patronne du restaurant se laisse intimider), et l’on se dit que cette histoire aurait mieux convenu à Mike Stone, voire à Kojak ou Mc Garrett, avec le flic honnête qui parvient à tout surmonter et à faire coffrer le magnat.

Les décors urbains sont exploités à satiété, avec cette usine d’épuration de l’eau cadre de poursuites en voiture démentes dans des canaux vides. Ne vous laissez pas décourager par les premières images, c’est là un des meilleurs épisodes de la série.

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6. LES PRÉDATEURS
(THE PREDATORS)

Un homme est retrouvé mort, tué par un piège explosif à coyottes au cyanure, sur la propriété de Rita Mc Bain. Elle fait appel à Cannon.

En voyant le générique, je me suis dit qu’il n’y avait déjà aucune guest star intéressante, mais dès les premières images, mon impression a été mauvaise et la suite des cinquante minutes l’a confortée.

Cette histoire de Cannon au pays des éleveurs de brebis et où transitent des immigrants mexicains illégaux est d’un ennui à mourir. Sur place, Cannon retrouve une vieille connaissance, un malfrat qu’il a connu quand il était policier. L’homme est venu se recycler dans le trafic d’immigrants. Il fait aussi de la spéculation pour vendre des terrains.

Côté distribution, c’est la catastrophe.  Phyllis Thaxter en propriétaire terrienne évoque davantage la plus miséreuse des campagnardes au lieu de nous faire penser à Barbara Stanwyck dans « La Grande vallée ». Sa fille est jouée par Pamela Franklin, inexpressive et fade, avec de grands yeux qui la font ressembler à un personnage de manga. Maffioso venu se refaire une virginité à la terre, policier corrompu, mexicains méfiants et peureux face à Cannon, toute cette cour sert de toile de fond à une intrigue totalement décousue et mal construite, au point que « Le cercueil électrique » (01-08) à côté fait figure de chef d’œuvre, c’est dire. Or c’était le plus mauvais épisode jusqu’ici, largement battu par « Les prédateurs ».

Même les scènes d’action sont mollassonnes et mal fagotées, Cannon joue à stopper un tracteur conduit par un vieux fou. Il n’y a vraiment rien à sauver ici, pas une prise de vue, pas un décor, pas un comédien. En fait supporter ces cinquante minutes et ne pas zapper relève de l’exploit. Les intrigues se multiplient (trafic d’immigrants clandestins, vague flirt entre Cindy- Pamela Franklin et un camarade de collège mexicain qui a voulu jouer les fortes têtes, corps déposé sur le mauvais terrain et donc provocant des ennuis à la mauvaise personne). Pourquoi faire des saisons de 24 opus si c’est pour avoir des épisodes comme celui-là ?

Même William Conrad a l’air de s’ennuyer, c’est dire ! Notons qu’une scène de poursuite en voiture révèle un mauvais raccord qui n’a pas été corrigé au montage (Une image part en accéléré). Arthur Heinemann a pondu là un script d’une rare indigence.  Si vous voulez dégoûter quelqu’un de la série, dites-lui de commencer par cet épisode : il n’en regardera pas un second.

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7. STUPÉFIANTS
(A LONG WAY DOWN)


 

Un jeune médecin black, le docteur Grant, est accusé de faire du trafic de narcotiques dans l’hôpital où il exerce et d’avoir feint une agression. Le directeur de l’hôpital, Walter Ryan, engage Cannon afin de savoir la vérité.

Episode diffusé très tôt en France (mars 1974) qui commence très bien mais tourne vite en rond. Pas de vedettes connues à part Dana Eclar (l’adjoint de Mc Gyver) dans le rôle du directeur.  Entièrement tourné en studios, l’intrigue ne permet pas à Cannon de sortir de l’hôpital ce qui exclut toutes cascades ou beaux décors naturels. Daté par son époque (1972), « Stupéfiants » présente le médecin noir comme un héros de Blaxploitation, coupe afro, air chic, l’alter-égo de Shaft. Face à lui, le racisme, mais en 1972, les américains blancs se comportent ici comme si l’on était en pleine ségrégation des années 40. Ce manichéisme fait perdre beaucoup en crédibilité. Ainsi, le flic ami de Cannon révèle qu’à seize ans, Grant fréquentait les dealers, chose qui s’avère vraie, et l’on se demande comment il a réussi ensuite à devenir médecin et un modèle de réussite pour sa communauté. Une patiente refuse de se laisser soigner par un noir. Mais chez Grant perce un racisme anti-blanc qui évoque le docteur Kananga/Yaphet Kotto dans « Vivre et laisser mourir ».

L’enquête est une suite de conspirations contre ce pauvre Grant tant pour le rendre coupable que pour ensuite l’occire. Une infirmière méchante (et âgée), Miss Marsh (Rosemary Murphy) est au centre du complot. Pas de beauté comme dans tant d’épisodes de « Cannon », une Tracy Reed (qui n’a rien à voir avec son homonyme anglaise qui était en concurrence avec Linda Thorson pour jouer Tara King). Tracy interprète Bonnie Davis, mais c’est un personnage secondaire, une infirmière black, dont on comprend qu’elle est la petite amie du docteur Grant.

L’ennui s’installe assez vite après un bon départ. Pourtant les épisodes diffusés tôt en France étaient souvent une bonne sélection, ce qui n’est pas le cas ici. En raison du début prometteur, je mettrai deux étoiles, mais on est loin d’une réussite.

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8. CHANTAGE EN DIVORCE
(THE RIP-OFF)

Cannon trouve son appartement entièrement dévalisé. Il fait le lien entre ce cambriolage et son enquête sur le caïd Paul Stubber qui organise des vols à partir d’ordinateurs. En tentant de retrouver ses affaires, le détective découvre que l’ex-femme de Stubber, Renee, fait l’objet de pressions pour qu’elle cède la garde de son fils Justin.

Diffusé en France en avril 1974, cet épisode est sans doute celui dont les amateurs de la série se souviennent le plus. Tout d’abord en raison de la présence de Stéphanie Powers, auréolée chez nous du succès de « Annie, agent très spécial ». A ce titre, l’épisode sert de preuve nous montrant une Stéphanie jouant bien, ce que cinq saisons de « Pour l’amour du risque » où elle incarne avec une inquiétante conviction une insondable cruche avait fini par nous avait faire oublier. Ensuite, la présence d’ordinateurs, chose innovatrice lors de la première diffusion. Les ordinateurs semblent sortir des entreprises d’Edgar Scoville  et de son groupe les défenseurs  dans « Les  Envahisseurs » ou de « Chapeau melon et bottes de cuir », voire de la saison 1 de « Mannix ».

Paul Stubber, le méchant, est joué par George Maharis, qui a bien failli être l’un de nos héros détectives des années 70. En 1969, il jouait Gus Monk dans un pilote, « The Monk », qui n’a jamais eu de suite. Nous avons vu ce téléfilm en France le 4 juillet 1972 sous le titre « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Maharis a bien davantage le look d’un héros que William Conrad. A noter que « The monk », cela ne peut être une coincidence, était réalisé par George Mc Cowan qui signe cet épisode.

Pour planifier ses cambriolages, Stubber se sert de l’informatique. Il peut ainsi à distance détourner un wagon de marchandises sur une voie ferrée et dérober tout ce qu’il contient. Mais Stéphanie Powers, côté interprétation, est l’atout de l’épisode. Elle joue bien, est très jolie, et nous attendrit en mère apeurée.

Il est dommage que quelques détails comme la fameuse moto gadget que Stubber offre à son fils aient mal vieilli. A trop jouer sur les modernités technologiques de l’époque, la réalisation s’en ressent, ce qui nous rend imbuvable aujourd’hui la vision de la saison 1 de « Mannix » où le détective travaille pour l’agence Intertect et reçoit ses missions sur cartes perforées.

Le trio Stephanie Powers-William Conrad-George Maharis brille par une interprétation qui elle n’a pas pris une ride. Cannon ici ne fait pas d’exploits particuliers, cascades ou autre, mais l’enquête ne connaît aucun temps mort, ajoutant même une dose d’humour avec le frisbee boomerang qui permet à William Conrad une belle scène fine et drôle. Le début n’est pas en reste montrant la colère du détective cambriolé face à son assureur. Fin gourmet, Cannon dispose d’ustensiles de cuisine uniques et donc irremplaçables. Un bémol cependant concernant le script de Douglas Day Stewart : pourquoi Paul Stubber fait-il dévaliser l’appartement de son ennemi, s’aliénant ainsi davantage un ex-policier qui n’avait pas de preuves contre lui, et qui désormais en fera une affaire personnelle ? Constante de la série, Frank Cannon (qui ici n’a pas de clients) travaille pour la gloire et non pour vivre.

En dehors de ces quelques défauts évoqués, « Chantage au divorce » permet de passer un excellent moment. 

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9. L'EXCÈS EN TOUT EST UN DÉFAUT
(CHILD OF FEAR)

Un couple de citadins de Los Angeles pour fuir la ville a acheté un ranch près de la frontière du Mexique. Pour se défendre contre des hippies et des voleurs, ils ont engagé une milice privée. Mais le mari disparaît et sa femme fait appel à Cannon.

Diffusé dès 1974 en France, cet épisode est le meilleur opus que j’ai eu à chroniquer depuis le pilote. Nous avons un scénario en or signé Robert W Lenski, une réalisation alerte de David Lowell Rich, et le méchant le plus effrayant que l’on ait vu dans la série, Burdick, joué par Clu Culager.

Cet épisode n’a pas pris une ride et pourrait être tourné en 2014. Il mélange un suspense hitchockien et une action menée tambour battant. Il nous invite surtout à méditer sur ce que deviendrait la société si à la place de la police, si souvent critiquée, les milices privées, n’ayant de comptes à rendre à personne, tenaient les rennes du pouvoir.

Meg Lucas (Julie Adams 1926-) qui en 1972 lors du tournage faisait déjà vieille et tue l’amour, appelle Frank Cannon car son mari Dale a disparu depuis six jours. Le ranch Lucas est pourtant ultra-protégé, d’où le titre français, à l’excès. Alors on comprend dès l’arrivée de Cannon que le disparu, c'est-à-dire le mari, n’a pas été conter fleurette à une Jessica Walter ou une Lynda Day-George pour trouver quelque espoir de réanimer sa libido. Car Emmett Burdick, engagé par les Lucas, inspire la peur, et disons le même, la terreur. Il dispose d’une telle armée privée que même le shérif ou Cannon doivent prendre des gants pour enquêter. Le téléspectateur sait que Dale Lucas est prisonnier (de Burdick). Mais il sait aussi de quoi la milice est capable, lors du passage à tabac des hippies qui ont violé la propriété privée.

On ne regardera plus Clu Culager avec l’œil bienveillant qu’on jetait sur lui en Trampas, le co-héros de la série « Le Virginien ». Ici, il fait une création de méchant absolument diabolique. Le remède devient pire que le mal. Meg Lucas elle-même en a peur, et lorsque Cannon arrive, ils n’arrivent pas à parler tant l’équipe de Burdick s’entraîne un peu partout au tir.

Nous sommes au pays du billet vert et Burdick n’a pas d’états d’âme idéologiques : ce qui l’intéresse, c’est de posséder la propriété des Lucas, endroit idéal pour que des trafiquants de drogue venant en avion s’en servent pour passer leur marchandise au Mexique (et vice versa).

Burdick fait même peur au shérif qui avoue à Cannon que dans cette contrée pourtant champêtre et bucolique, il y a un policier pour dix gardes privés. On imagine vite la suite. Dès qu’il fait un faux pas, Cannon manque de peu se faire tuer. Burdick lui jure pourtant que c’est une méprise, et qu’il est lui-même un ancien policier, mais notre gros héros lui répond qu’ils n’ont pas été à la même école.

Pendant cinquante minutes, les séquences d’action sont non stop, avec un côté far west : Frank Cannon contre toute une armée privée. Le seul de la bande à Burdick qui ait gardé deux sous de raison, un jeunot du nom de Jeff, tente de parler à Mrs Lucas. Il ne tarde pas à trouver la mort, avec une mise en scène montée par son patron pour faire brûler vif Cannon dans une caravane bouclée à double tour.

C’est bien joué, bien ficelé, et le téléspectateur se laisse prendre à l’intrigue. Burdick a créé autour de lui un univers cauchemardesque dans lequel tout inspire la peur. Les hippies sans gêne du début ne sont pas sans évoquer certains groupes et peuplades qui occupent illégalement la propriété privée voire l’espace public chez nous aujourd’hui, ces hippies nous exaspèrent, mais le remède Burdick est pire que le mal. La morale de cet épisode est que force doit rester à la loi et à la police officielle.

Bien sûr, nous sommes dans « Cannon » et le happy end est obligatoire mais le malaise que l’on ressent à la fin est tenace : autant le personnage de William Conrad, seul contre une armée, relève de la pure fiction, autant les Burdick sont tout à fait concevables. Malgré quelques pitreries culinaires en épilogue, l’angoisse ne quitte pas le téléspectateur. Je ne pensais pas que Clu Culager était aussi doué. On apprécie les pauses souriantes que William Conrad nous permet de faire : ainsi lorsque Meg Lucas dit « Nous n’aurions jamais dû quitter la ville », il lui sourit et lui dit « Chut, les vaches pourraient vous entendre ».

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10. L'OMBRE
(THE SHADOW MAN)

Roger Dean, promoteur immobilier dans l’hôtellerie, emmène sa jeune femme Linda dans un endroit désert où il compte faire construire un complexe touristique. Il lui demande de la laisser seul une minute et elle l’entend crier. Il est tombé d’une falaise et s’est écrasé sur les rochers. Lorsqu’elle revient avec des secours, le corps a disparu.

Cet épisode est une première dans la série : Frank Cannon accepte de travailler pour une cliente qu’il croit coupable et il n’arrête pas de la critiquer et même de la mettre en difficulté (elle fera un court séjour en prison). Or, nous, téléspectateurs, savons qu’elle est innocente. Tant lors de la chute de son mari de la falaise que plus tard lorsqu’elle est attirée dans un piège par un rival de Roger, Kehoe. On ne comprend pas dès lors pourquoi elle garde Cannon comme détective, ou inversement pourquoi ce dernier continue l’enquête.

Lois Nettleton (1927-2008) n’a aucun charme et c’est une erreur de casting. Elle est la pauvre et jeune épouse d’un homme riche dont elle était la secrétaire et qu’elle ne connaissait que depuis un an. Veuve, elle se retrouve à la tête d’une fortune et a tout d’une suspecte. Ethan Kehoe, qui devait faire une transaction avec le défunt Roger, fait tout pour charger la suspecte. Il est incarné par Simon Scott (1920-1991) cinq fois guest star dans la série, une par saison. Le personnage le plus inquiétant est celui de Spear (Scott Walker), un employé de Kehoe. Nous avons notre dose de scènes époustouflantes comme Cannon échappant à un éboulement de pierres sur les lieux de la chute fatale, provoqué par Spear. L’épisode multiplie les faux semblants et les intrigues secondaires, réussissant (sans atteindre les sommets du précédent opus) à nous passionner.

Après Burdick, nous revenons aux méchants à dimension « humaine », et Kehoe n’est pas un adversaire trop coriace pour Cannon. Jared Martin (qui sera Dusty Farlow dans « Dallas ») joue un jeune médecin légiste improbable fils du lieutenant Asher, chargé de l’enquête. Incarné par Bert Freed, Asher a plus le look d’un gangster que d’un flic. Le principe que le détective défende une personne qu’il croit coupable montre que la production est soucieuse de défricher de nouvelles terres. On passe cinquante minutes agréables, sans temps mort. Jusqu’à la fin, les soupçons de Cannon envers Linda Dean sont présents, ce qui installe un climat assez particulier entre les deux personnages. L’épisode fut tardivement acheté par la France.

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11. LES MURS ONT DES OREILLES
(HEAR NO EVIL)

Ex-policier, condamné pour des écoutes illégales, et libéré sur parole, Dale Corey, un ami de Cannon, est menacé par deux hommes qui veulent l'obliger à faire ce qu’ils veulent sous peine de se voir renvoyer en prison pour fausses accusations. Il engage Cannon pour le tirer de ce mauvais pas.

Si « Cannon » se traîne une mauvaise réputation auprès des amateurs de séries policières, il le doit à des épisodes comme celui-là. Intrigue minimaliste mais compliquée, spoiler révélé en plein milieu de l’histoire, absence de suspense, l’équipe nous a proposé là le minimum syndical. On est au niveau de séries comme « Brigade criminelle » et « Sam Cade », c'est-à-dire banales et sans saveur.

Larry Manning (Linden Chiles, essentiellement connu pour avoir été le frère de David Vincent dans une autre production QM) est marié à une femme riche… et moche. Eh oui, on ne peut pas tout avoir. Il engage donc un tueur pour s’en débarrasser. Ce qu’il ne savait pas, c’est que les écoutes illégales surprendraient ses conversations compromettantes.

« Les murs ont des oreilles », qui ne fut pas sélectionné en 74 par l’ORTF, ne se situe pas au niveau des épisodes infâmes dont « Les prédateurs » (02-06) est le triste exemple. Mais il n’y a rien ici pour nous captiver. Les deux actrices sont laides (la femme elle aussi ex-flic de Dale Corey et la femme de Manning), les décors sont ternes et principalement faits en studios, l’intrigue est inutilement alambiquée sans surprise  (Il aurait fallu laisser le mobile de Manning  pour le final). Cannon passe son temps à défendre cet ex-policier  que joue sans conviction William Daniels. Le scénario n’était déjà pas terrible, mais la mauvaise interprétation de Daniels le coule. Il ne semble pas du tout concerné par l’histoire. Louise Troy (1933-1994) qui incarne la riche Mrs Manning joue bien, ce qui compense son physique ingrat. Bref un épisode très moyen et dispensable.

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12. LA PARTIE DE CHASSE
(THE ENDANGERED SPECIES)

Bill Coates, un constructeur de bateaux ami de Cannon, est accusé du meurtre de son fils dont il a pris la petite amie et fait sa compagne. Or l’avocat de Coates, Ralph Bellamy, est le meurtrier.

Cet épisode pourrait être une immense réussite si les différents spoilers n’étaient pas révélés en plein milieu de l’enquête. Katherine Justice fait sa seconde apparition dans la série. Elle incarne ici la jeune Liza Carter, qui était la petite amie du fils, Doug. Le père en fait sa copine et a menacé de mort le fils s’il tentait de la lui reprendre. Katherine Justice est malheureusement le plus souvent mal habillée, à la différence de sa tenue sexy, mini-jupe et bottes dans la saison 1. (« L’imposteur », épisode 18). Tout au plus la trouve-t-on charmante avec un polo blanc moulant sa très féminine poitrine lors d’une scène en mer.  Pour nous faire fantasmer, il lui reste un épisode de la saison 5, « Scandale à la une ».

Cela dit, on comprend qu’elle puisse être, comme son personnage le dit à Frank Cannon, « le mobile » car on tuerait bien pour se l’arracher. Voilà la situation de départ de « La partie de chasse » dans laquelle le héros de la série « Le Ranch L », Andrew Duggan, en Coates père, a sans scrupules piqué à son fils ce trésor. Pour maintenir le suspense, il aurait fallu que le scénariste Del Reisman évite de nous désigner très vite le coupable, l’avocat marron Ralph Bellamy (Carl Betz). Quant on sait que Bellamy il y a un an était menacé de voir sa carrière s’écrouler par les accusations de parjure d’un juge, Roy Spain, lequel magistrat a eu le bon goût de disparaître tout de suite après,  l’identité du meurtrier ne fait plus de doute. Très vite, Bellamy est le méchant, et nous sommes dans une situation à la « Columbo » : comment Cannon va-t-il le coincer et non pourquoi ? La série « Cannon » n’est pas faite pour cela.

Maladroitement, le scénariste tente de nous égarer sur une fausse piste : le mobile du crime serait le fait que Doug Coates aurait découvert les parties de chasse sur des animaux protégés organisées par Bellamy, au lieu des safaris-photos autorisés. Pour cela, un comparse de Bellamy, le moustachu Finney qui ne semble pas être une lumière, va tenter de convaincre le détective d’un faux mobile en tentant sans grande habileté de le tuer. Lorsque Cannon découvre au trois quarts de l’épisode le squelette du juge Roy Spain avec bien en évidence des preuves assez naïves de la culpabilité de Bellamy, on sait ce que le fiston ex de Liza/Katherine Justice n’aurait pas dû voir. L’attitude placide de l’avocat gangster alors qu’il est confondu de toutes parts est également incohérente. Alors que tout l’accable, il semble certain de s’en tirer sauf. L’interprétation est excellente : Andrew Duggan en tête, mais aussi  Carl Betz et Katherine Justice, ainsi que la juge Eleanor Cable interprétée par  Neva Patterson. Seule ombre au tableau,  Billy Green Bush en Finney qui en comparse de Bellamy n’est guère convaincant. Un bon épisode dont il n’aurait pas fallu dévoiler les habiles ficelles si tôt.

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13. LE PIGEON
(NOBODY BEATS THE HOUSE)


Joueur compulsif, Toby Hauser doit 200 000 dollars à un maffioso, Ben Logan. Ce dernier décide de se venger et met en péril la vie de la femme de Toby, Cathy, qui engage Cannon.

Dès le début, on comprend que cela va être cinquante minutes de torture et de mauvaise télévision. Aucun invité vedette connue (« Paul » Glaser, crédité au générique de fin n’était pas encore Paul Michael Glaser alias Starsky), une histoire à la morale douteuse (Cannon venant un secours d’un joueur de poker qui veut toujours se refaire et ment comme un arracheur de dents) et une actrice principale même pas belle ! Bref, voilà un sérieux concurrent au prix de pire épisode de la série avec « Les prédateurs ». Celui-là nous laisse un goût amer tant le script est fondé sur des absurdités.

Avec quel argent l’épouse, Cathy, engage-t-elle Cannon ? Pourquoi ce dernier au lieu de sauver des clients innocents perd il son temps et le nôtre à tenir la tête hors de l’eau à un looser qui n’arrête pas de se mettre dans les ennuis et est à sa façon un voleur ? Toby Hauser non content d’aligner les dettes chez le père, Ben (John Marley) continue avec le fils (notre futur Starsky). Malgré cela, Frank Cannon, au nom de la justice ( ?) le défend et monte une machination pour le sauver. Toby est joué par Tom Skerritt (« Alien » mais surtout la série « Un drôle de Shérif »). C’est une vraie tête à claques qui ne mérite pas le moindre coup de main. Ce scénario de Meyer Dolinsky a dû être écrit après un repas sur la serviette de table, ou bien sur un timbre poste. A sa façon, Dolinsky a aussi volé son argent. Inutile de dire que cet opus ni fait ni à faire est à fuir, sous peine de passer pour un dangereux pervers aimant la télévision la plus exécrable.

L’histoire nous apprend long sur la civilisation américaine et les joueurs qui se mettent dans des situations impossibles, puisque Cannon ira jusqu’à proposer un « deal » à Ben Logan pour arrêter les frais : lui donner 10% de la somme (20  000 dollars que prête un ami de Toby) et la promesse de ce flambeur de « rembourser ». Comment la série a-t-elle pu durer cinq saisons avec des épisodes comme celui-là ? Cela restera un mystère insondable. Notons que le détective manque perdre la vie dans un accident provoqué par la bande à Logan, et nous avons droit à des images d’un William Conrad le visage plein de poussière et mal en point comme on l’a rarement vu jusqu’ici se battant pour de justes causes, alors que sa nouvelle affaire n’en est pas une. La mise en scène comporte son lot de poursuites et de bagarre mais l’on a vraiment le sentiment que la machine tourne à vide et c’est désolant.

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14. UN HOMME DANS LE PARC
(HARD ROCK ROLLER COASTER)

Un contrebandier de diamants,  Ross Mc Clintok, est drogué afin qu’il révèle l’endroit où il a caché la marchandise rapportée de Hong Kong. Cannon, à son insu, est engagé par le commanditaire, Raymond Durstin,  qui prétend agir pour des raisons humanitaires envers l’inconnu devenu amnésique.

Cet OFNI (Objet Filmé Non Identifié), sans doute écrit par le scénariste Bill S. Ballinger après avoir fumé quelque champignon hallucinogène, est à ce stade de la série le plus déroutant des opus. Nous voyons deux hommes, Lee et Carl, attaquer sauvagement un troisième qu’ils appellent Ross, lequel a été drogué. Pour le faire parler, ils vont lui injecter tellement de drogue que l’homme deviendra amnésique et à moitié fou. Après cette introduction plus que bizarre, l’épisode commence.

On retrouve Fritz Weaver (l’ambassadeur soviétique dans « Les Envahisseurs : la capture », et guest star dans la saison 1 de Cannon , épisode « Cauchemars ») en client du détective. Le collectionneur d’art Raymond Durstin et sa nièce Dawn (Charlotte Stewart) constituent donc les personnages socles de cet épisode tellement idiot que même Internet Movie Data Base (IMDB) a renoncé à en résumer l’intrigue. Dawn est riche mais simplette, pour ne pas dire demeurée, et son interprète, pas gâtée par la nature, semble vouloir par une interprétation outrancière enfoncer le clou. Heureusement, quelques bonnes surprises de casting vont nous redonner le sourire. Ainsi, Frank Cannon pour identifier l’inconnu, le fameux amnésique Ross, collabore avec une bien jolie femme policier, Rea Eller (superbe Kathryn Reynolds). Puis, au cours de la suite de l’enquête avec  une hôtesse de l’air, Miss Hanson,  qui effectuait le voyage depuis Honk Kong  en qualité de chef stewart. Miss Hanson révèle à Cannon qu’un homme qui se faisait passer pour le frère de ce Ross lui a téléphoné pour l’interroger. L’hôtesse a noté que le passager Ross « qui avait une tête de pirate de l’air » était accompagné d’une chanteuse de rock, Ariel.

Cannon devra donc démêler les écheveaux de l’intrigue pour confondre les divers trafiquants (dont son client !) qui recherchent les diamants. De toute évidence, cet épisode OVNI a voulu surfer sur la mode pop rock hippie, nous assenant à plusieurs reprises des chansons de Crosby, Still et Nash, et à trop vouloir « faire moderne », au lieu de se limiter à une pure intrigue de détective, nous déroute totalement. Nous avons droit au groupe rock branché avec visage peint à la Kiss. Tout cela est très daté et même avarié. Témoin de cette désinvolture, l’un des personnages principaux verra sont sort final inconnu à l’épilogue.

John Vernon 1932-2005 (vu dans « L’inspecteur Harry » et « Josey Wales hors la loi », deux Clint Eastwood) incarne avec finesse le personnage le plus curieux, Ross Mc Clintok. La très belle Anita Alberts (1944-2002) est la chef stewart Hanson qu’interroge Cannon tandis qu’elle se prélasse en bikini sur une chaise longue au bord d’une piscine au point que l’on se croit un instant dans « Amicalement vôtre ». On sera moins enthousiaste envers l’insupportable Charlotte Stewart qui cabotine en nièce demeurée amoureuse de Ross (car dans l’état où il est, le malheureux ne peut protester). On termine sur une bonne nouvelle, le lieutenant Rea Eller va revenir deux fois, toujours sous les traits de la plantureuse Kathryn Reynolds, dans les épisodes 2-24 (« Le testament de la mort », multidiffusé en France dès 1974) et 03-16 « Portrait dédicacé ».

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15. DETTES DE JEU
(THE DEAD SAMARITAN)

Dan Seldon, homme d’affaires d’âge mûr et  cardiaque se trouve avec  son associée Ruth Gardner. Cette dernière s’éclipse pour aller chercher un papier et une blonde se jette au cou de Seldon, puis feint d’avoir été agressée et se débat. Un quidam, Gordon Bell, arrive et en voulant porter secours à la fille donne un coup de poing à Seldon qui s’écroule mort. Bell se voit accuser de meurtre.

Enfin un bon épisode. David Hedison (« Voyage au fond des mers », « La Mouche noire » et deux fois Felix Leiter dans la saga Bond) incarne Gordon Bell, l’homme qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Car c’est un autre qui était chargé de corriger Seldon, tombé dans un piège, un certain Alvin Bo Gorman (Michael Witney), complice de Ruth Gardner (Barbara Babcock). Le hasard faisant mal les choses, la blonde (qui porte une perruque) s’est sauvée et Bell avait un mobile pour tuer le cardiaque. Cet homme richissime est un playboy (malgré ses problèmes cardiaques !) et a été l’amant de la femme de Bell, Rita (Beverlee Mc  Kinsey).

Cannon, qui a accepté de défendre des causes limite comme un joueur de poker perdant se montre ici odieux, refusant d’abord de travailler pour le couple Bell. Sur le coup, on ne comprend pas notre héros. L’enquête se dirige très vite sur Melissa B J Franklin (Arlene Golonka), fausse blonde mais vraie idiote, au grand cœur, qui sauvera d’ailleurs la vie de Cannon dans l’épisode. B J fait partie de ces millions de filles qui partent pour Hollywood en voulant devenir actrice et s’accrochent à la moindre chance pour arriver à leur but. Son petit ami, Bo Gorman, lui a dit être cascadeur et pouvoir l’aider à percer dans le métier d’actrice ou de mannequin.

Dans une scène assez gênante, dans un motel, elle propose même à Frank Cannon de devenir sa maîtresse (elle le prend alors pour un certain « Fred ») et il feint une mine assez dégoûtée, l’hypocrite, mais il est vrai qu’il pourrait être son père et préfère de toute façon la grande cuisine aux jolies filles. On remarque vite que David Hedison, en tête de distribution pourtant, se fait voler la vedette par Arlene Golonka. L’actrice joue bien, tout en étant c’est une erreur de casting malgré tout car elle est loin d’avoir le look d’une starlette à tomber raide. Barbara Babcock en tueuse froide et cynique est plus à sa place. Mais l’épisode fait tout de même une place de choix à Miss Golonka, introduisant même des scènes d’humour au milieu de ce monde de brutes. Un aspect de Frank Cannon est ici développé, son sens humain, voulant préserver la vie même d’une crapule comme Bo Gorman. Il se rapproche ainsi beaucoup de Mike Stone/Karl Malden dans « Les Rues de San Francisco ». Cet opus nous fait remonter « Cannon » à un bon niveau, après les désastreux « Un homme dans le parc » et « Les prédateurs » qui décourageraient les amateurs les plus indulgents.

Toutefois, notons quelques incohérences dans le présent épisode : Bo a le QI d’un moineau, et il est l’amant de Ruth Gardner, femme puissante qui va s’emparer d’une fortune, celle de son associé, qu’elle gérera. Bo n’est même pas un gigolo style playboy. Ensuite, on voit mal Dan Seldon, cardiaque au point de mourir d’une pichenette, folâtrer avec le harem de blondes et fausses blondes que découvre Cannon au cours de l’épisode. Cela ne lui suffisait pas puisqu’il avait fait de la femme de Bell sa maîtresse. Il a une fortune mais il faut aussi avoir la santé pour mener ce genre de vie ! Ces réserves émises, on passe un bon moment, avec du suspense, une intrigue solide, et nous ne demandons rien de plus à la série.

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16. OPÉRATION ALBÂTRE
(DEATH OF A STONE SEAHORSE)

Le docteur Paul Bridges, un biologiste marin, découvre qu’un trafic de drogue est organisé sur une plage par Sean Cadder. Bien qu’il veuille épouser sa sœur Trish, il décide de le dénoncer. Sean le tue et laisse accuser sa sœur, qui a passé deux ans dans un asile suite à une tentative de viol.

Pour la première fois, toutes les guest stars sont des vedettes connues : Sondra Locke, ex-compagne de Clint Eastwood et actrice-réalisatrice est Trish Cadder, qui a tué il y a deux ans un homme qui voulait la violer alors qu’elle était en panne sur l’autoroute. Son frère Sean, l’assassin, est incarné par David Soul, ici avec de fines moustaches, le futur Hutch de « Starsky et Hutch ». Malachi Throne, le chef de Robert Wagner dans « Opération vol » est  le lieutenant Norris qui mène l’enquête, parallèlement à celle de Cannon engagé par le dirigeant de la fondation de recherches, Peter Collister que joue Tim O’ Connor de « Peyton Place ». Collister pense qu’il doit bien cela au père de Trish et Sean, le docteur Cadd, qui avec ses deniers créa la fondation de recherches marine biologique.

Si l’identité du coupable est connue, ce dernier tente de jeter les soupçons sur sa sœur, puis sur Collister qui venait de terminer un travail de dix ans de recherches sur les molécules cancéreuses que la victime, Paul Bridges, a publié en son nom. Le capitaine Bart Weller (Don Eitner) est aussi un suspect puisqu’il savait où se trouvait le poignard qui a servi à tuer Bridges.

Une bonne distribution ne fait pas une bonne histoire. On va ici chercher un coupable de remplacement à celui que le téléspectateur a vu, mais le script d’Anthony Lawrence manque de conviction. Une fois de plus, vouloir faire du « Columbo » chez « Cannon » n’est pas une bonne idée. La mise en scène de William Wiard nous réserve quelques séquences chocs : ainsi vers le début de l’épisode, pour protéger sa sœur, Sean harponne Cannon au bras (on souffre pour lui), il y a également une bagarre mémorable entre le capitaine Bart Weller et notre héros qui le met KO avec une prise de judo et du karaté. C’est la sculpture d’un hippocampe en albâtre fait par Sean Cadder qui met Cannon sur la piste.

Il est dommage que des longueurs réduisent l’efficacité de l’épisode pourtant doté de bons comédiens. Si l’on avait conservé secrète l’identité du coupable  jusqu’à la fin, l’épisode aurait eu une autre allure. Sinon, l’interprétation est brillante, Sondra Locke en tête.

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17. LA CIBLE MOUVANTE
(MOVING TARGET)

Cannon doit protéger Philip Trask, un auteur qui a publié une fausse biographie du milliardaire A.R. Benning, et qui est désormais menacé de mort.

Voilà un épisode que j’avais aimé lors de sa première diffusion en 1974, et qui aujourd’hui a mal vieilli. Cannon regarde la télévision où, en direct, l’auteur Philip Trask accompagné d’un témoin, Fred Gander, qui travaille pour Benning, fait des révélations fracassantes. Soudain, Gander s’écroule mort. Il a pris une capsule d’insuline au lieu de son médicament pour le cœur, substitution qui a été faite au sein de l’entreprise de Benning. Pour protéger Trask, et lui permettre d’écrire un second livre, l’authentique biographie du milliardaire, il sera protégé par Cannon à bord d’une sorte de camping car, devenant ainsi une « cible mouvante ».

La délicieuse Susan Oliver (1932-1990) incarne ici la photographe Jill Thorson, petite amie de Trask. C’est elle qui intercède auprès du détective pour qu’il accepte l’enquête. Pour le téléspectateur des années 70, Susan Oliver n’était pas une inconnue. On l’a vue en décembre 1971 dans la fausse saison 2 des « envahisseurs » qui mixait des épisodes des deux saisons jouer à la fois Stacey, la femme infidèle du héros du « Rideau de lierre » (01-10), puis deux mois plus tard apparaître dans « Inquisition » (02-26, soit l’ultime opus) jouant la journaliste Joan Seeley qui perd la vie en se tuant en auto parce-que son fiancé procureur, joué par March Richman, menait une fronde contre David Vincent et Scoville. Susan Oliver, fort jolie brin de fille que l’on voit sous la douche dans « le rideau de lierre » (images rares en 1971 en France, courantes aujourd’hui) a aussi montré son joli minois dans de nombreuses séries comme « Les mystères de l’ouest : la nuit de la mort du Dr Loveless », « Le Magicien » avec Bill Bixby et « Les rues de San Francisco ». Elle joue le premier rôle ici, bien devant ses partenaires Gordon Pinsent (1930-) qui incarne Trask et Keith Andes (1920-2005) qui joue Benning.

Malheureusement, le camion home de Cannon, qui lors de la première diffusion évoquait beaucoup le « camion stop », jeu télévisuel  de Jacques Solness, et les qualités de Susan Oliver ne suffisent pas à faire un épisode. Ce qui était novateur en 74 (les cassettes vidéos) est devenu obsolète. Lorsque l’on regarde l’épisode, trois scènes se déroulent dans la même boutique de photographe, ce quid date terriblement l’épisode. L’intrigue en soit n’est pas originale, et la montagne accouche d’une souris, spoiler que l’on se gardera de révéler. Les secrets du milliardaire Benning ont une odeur de pétard mouillé, et le côté odieux du client de Cannon, Philip Trask, qui ne fait confiance à personne (Il a dû être un Mulder de son époque, mais surtout un égoïste insupportable), font se demander comment le détective a pu accepter l’enquête.

Le mystère de la « mort naturelle » de Gander nous vaut des images bien ennuyeuses de Cannon en régie demandant à un technicien de la TV d’avancer et de reculer à l’infini une bande vidéo. Les plaisanteries de Cannon envers  Jill/Susan Oliver à qui il fait de la cuisine japonaise qu’il rate tentent de nous arracher un sourire. On mettra deux étoiles pour la nostalgie, pour toutes ces images de la société 70’s révolue, qui en font une sorte de documentaire sur l’époque.

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18. ŒIL POUR ŒIL
(MURDER FOR MURDER)

Il y a sept mois, Peggy Abel, fille d’un professeur d’ébenisterie, est morte en tombant, droguée, d’une fenêtre lors d’une surprise party chez les frères Edgar et Norman Bruce, rois de la cosmétique. La sœur de Peggy, Janice Rogers, qui sait que son père se met en danger en menant une enquête personnelle, fait appel à Cannon.

Cet épisode part d’un postulat totalement idiot : le fait qu’un homme riche qui veuille s’offrir une fille pour une partie fine aille chercher une étudiante innocente et se mettre dans le pétrin au lieu de faire appel à quelque call-girl consentante. Ici, ce sont de riches frères qui ont reçu lors d’une party des étudiants qui se sont encombrés d’un cadavre. Déjà, pour leur image de marque, c’est de la mauvaise publicité. Mais cela donne aussi un épisode de « Cannon » poussif et moralisateur difficile à supporter jusqu’au bout.  Jason Evers, figure bien connue des amateurs de séries des années 60-70, incarne l’un des frères Bruce, Edgar. L’actrice qui joue Janice, la sœur de la victime, Mary Frann, mourut en 1998 et on pensa à une overdose. Ce n’est qu’après une autopsie que l’on décela une rare maladie du cœur qui l’emporta durant son sommeil. A ce titre, cet épisode de 1973 était prémonitoire.

On s’ennuie ferme d’un bout à l’autre de cette enquête où rien n’est crédible. Tant Janice que son père ne sont pas riches, et on les imagine mal se payer les services d’un privé. Nous n’arrêtons pas de voir la grille de la propriété des frères Bruce s’ouvrir et se fermer, avec ou sans leur accord. En effet, non contents de s’être fourvoyés dans une histoire scabreuse, ils ont engagé un ex-détective , Charlie Owens, qui a perdu sa licence pour s’être compromis dans des chantages. Les coupables sont riches, mais très bêtes aussi. Tel le petit poucet, ils sèment les indices accablants comme des cailloux. Il y avait des étudiants à la réception qui a mal tourné, et chacun s’est vu offrir l’un un voyage à Hawaii, l’autre des études dans une université au Canada pile au moment où Cannon se met à enquêter. Le scénario gruyère d’Arthur Heinemann est consternant de platitude. Bref, un épisode où il n’y a rien à sauver.

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19. L'AVOCAT SANS DÉFENSE
(TO RIDE A TIGER)

L’avocate Anne Grainger, amoureuse d’un repris de justice qui  plaide non coupable du meurtre du policier  Luke Stocker et œuvre au sein d’un groupe de réinsertion « Halwfay house », demande à Cannon de retrouver l’avocat de son amant, David Rackham qui a été kidnappé.

En janvier 1974, les téléspectateurs français faisaient connaissance avec Banacek, incarné par George Peppard, héros d’une série de détective dans laquelle foisonnaient les jolies femmes. Parmi elles, l’actrice Christine Belford avait l’avantage d’être un personnage récurrent, Carlie Kirkland. Véritable bombe, cette comédienne n’a malheureusement pas eu ensuite la carrière qu’elle méritait. Lorsqu’elle tourne ce « Cannon », elle est déjà connue des américains comme la rivale de Banacek, l’enquêtrice des compagnies d’assurance qui vise à récupérer les objets perdus et empêcher le détective de toucher 10% de leur valeur. Ici, elle est Anne Grainger, avocate, dont Cannon remarque qu’appartenant à une certaine bourgeoisie, il s’étonne qu’elle soit la compagne d’un ex taulard accusé de meurtre et qui milite pour la réinsertion des anciens délinquants.

Poppy Harris est ce repris de justice, incarné par Scott Marlowe (1932-2001) aux faux airs de Richard Bohringer jeune. L’homme agace la police et notamment le sergent Nelson (John Larch), qui n’est pas spécialement progressiste, on le voit notamment lors d’une scène d’arrestation arbitraire de Cannon typiquement « ricaine ».  L’épisode a le mérite de proposer des personnages consistants, et l’inconvénient d’en montrer trop : L’avocat David Rackham (Stewart Moss,  1937-dont on croit au premier coup d’œil qu’il s’agit de Bradford Dillman) est la brebis sacrifiée, détenue quelque part en manque d’insuline et qui risque mourir à tout moment. Son crime ? Aux yeux des gens comme Nelson, défendre  Poppy Harris. Il y aussi le policier intègre, dit « le chef », incarné par Ramon Bieri, policier qui veut atteindre la retraite sans faire de vagues mais en gardant son intégrité. Et puis le partenaire de l’infortuné Luke Stocker, Orville Britton (Michael Pataki), policier coriace et obtus qui n’a peut-être pas la conscience tranquille mais qui veut la peau de Poppy. C’est le seul problème de l’épisode : trop de personnages avec chacun ses motivations, ses alliances. Au bout d’un moment, on ne sait plus qui est qui.

On retrouve quasiment à l’identique l’usine abandonnée d’une autre production QM, celle de l’épisode « Le mur de cristal » de la série « Les Envahisseurs ». John Larch est une « gueule » de l’époque, il fut le sinistre Joseph Trinian de « Hawaii police d’état : Demain ne naîtra jamais » et se fait poignarder façon Norman Bates par Jessica Walter dans « Un frisson dans la nuit », le premier film signé Clint Eastwood. « L’avocat sans défense » n’est cependant pas un des meilleurs Cannon, en raison d’une intrigue qui multiplie les fausses pistes et les retournements de situation au détriment de la crédibilité. Notre héros ne sait trop quoi penser tiraillé entre la « vigilante » de Nelson et au trop poli pour être honnête bon samaritain repenti Poppy.  Quinn Martin ne milite pas ici pour un camp ou l’autre, il s’agit de pur spectacle de fiction destiné à captiver le spectateur. On aurait donc tort de voir un quelconque message.

D’ailleurs l’épisode est riche en coup d’éclats, et pour une fois Frank Cannon asphyxié dans un incendie criminel ira aux portes de la mort. On passe un bon moment, mais ce n’est pas un chef d’œuvre. On regrette aussi  qu’avec l’affluence de personnages, Christine Belford  soit absente de l’acte 4, ne revenant qu’à l’épilogue.

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20. LE PRISONNIER
(THE PRISONERS)

Un jeune américain, Tim Jardine, condamné à dix ans de prison en Turquie pour possession de drogue, peut être libéré par l’intermédiaire d’un fonctionnaire turc corrompu, Alexandre Korfezy, qui demande 50 000 dollars aux parents.

On s’attend à un épisode « exotique » mais le budget de la série ne le permet pas. Cet épisode est un pur copié collé d’un script de la saison 1 de « Hawaii police d’état : le piège » (écrit par Sy Salkowitz). Robert Lewin, le scénariste, ne s’est donc pas trop cassé la tête avec ce faux enlèvement d’un fils à papa manigancé par ce dernier et un copain pauvre, si ce n’est qu’il fait bien sûr allusion à la véritable histoire de Bill Hayes, le héros de « Midnight Express ». Lors des diffusions américaines et françaises, Bill Hayes était en prison en Turquie, dont il ne s’évadera par miracle qu’en 1975.

Mais ici, jamais Tim Jardine n’a été prisonnier en Turquie, il veut extorquer à son père 50 000 dollars. Lorsque ce dernier refuse, et que Claude, le co-instigateur, veut rançonner la mère, le fils n’est plus d’accord et devient alors un vrai otage en danger. Les scènes dans le bar turc de Los Angeles sentent le studio à plein nez, comme les faux tours du monde du Saint aux studios d’Elstree. Après « Meurtre sur la plage » (01-10), Harold Gould revient dans  « Cannon » en « gentil ». Il est un père ruiné, spoiler que l’épisode nous révèle bien trop tôt, voulant sauver son fils. Lorsque l’on sait que l’ex-femme et mère de Tim, Nina (excellente et regrettée Geraldine Brooks) n’a pas le moindre sou et pense vendre ses bijoux, on constate qu’une fois de plus, et au mépris de toute crédibilité, Frank Cannon travaille pour la gloire. Si les comédiens jouent bien, avec la fiancée Amy (Julie Cobb), le vilain Claude (Jim Mc Mullan), l’intrigue est sans surprises.

Voilà un opus où le scénariste aurait gagné à faire durer le mystère, car dès lors qu’il nous a tout révélé, le suspense perd en efficacité. On ressent même quelques longueurs vers la fin. Richard Angarola (1920-2008) se débrouille bien en intermédiaire turc Alexandre Korfezy qui fait porter des prisonniers imaginaires sur les listes des américains retenus dans son pays. A l’arrivée, un épisode moyen malgré une très juste interprétation d’Harold Gould. Quelques moments d’humour relèvent l’ensemble, comme cet échange dans le bar turc entre le serveur et Cannon : Le serveur : « Vous connaissez la Turquie », Cannon « Non », Le serveur « Mais vous connaissez la bonne nourriture », ou aussi les échanges plein de sous-entendus avec la gérante de location de voitures, une femme mûre, qui se souvient de Claude parce-que « c’est son type d’homme » et fait dire à Cannon que la jeune Amy est son type de femme. Pour le reste, rien d’autre qu’une intrigue très convenue.

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21. DU PAIN SUR LA PLANCHE
(THE SEVENTH GRAVE)

Episode réalisé par John Badham, qui a signé au cinéma  « La fièvre du samedi soir », « Wargames »,  « Tonnerre de feu », « Dracula » entre autres. Notons également la présence d’une comédienne alors inconnue, Shelley Duvall, qui trouva la gloire au grand écran avec « Shining », « Annie Hall », « Trois femmes ».

Six jeunes femmes ont été enlevées, violées et tuées, et leur cadavre brûlé. Le rédacteur en chef d’un journal engage Cannon pour prouver la culpabilité d’un notable local.

Si  Sean Connery a été le premier James Bond au cinéma dans « James Bond contre le docteur No » en 1962, un américain l’a précédé à la télévision en 1954 dans une version peu connue de « Casino Royale ». Il s’agit de Barry Nelson (1917-2007) qui est ici le client de Cannon, Quigley. Rédacteur en chef d’un journal, il veut prouver la culpabilité d’Henry Rawdon, propriétaire fermier et pétrolier. Ce dernier est incarné par Jim Davis (1909-1981), le Jock Ewing de « Dallas ». Malheureusement, son jeu outrancier nous le rend difficile à supporter.

Et puis, si l’on veut maintenir le suspense, pourquoi dès les premières images nous révéler que Lou Shain (Lou Frizzel), le médecin légiste, est corrompu et dissimule les dentitions des victimes en les intervertissant ? Shelley Duvall ne fait que passer : on la voit monter dans une voiture et on la retrouve en cadavre ! L’épisode manque tuer notre héros à deux reprises : il loue une chambre dans un motel de Rawdon et manque mourir asphyxié, puis un peu plus tard commet l’imprudence de toucher une ligne de barbelés qui est en fait alimentée par l’électricité à haut voltage.

Toujours chez le même Rawdon. Le moins que l’on puisse dire est que le scénariste E. Arthur Kean a commis quelques erreurs qui nous privent de suspense et de mystère. Dans nombre de scènes, Lou Shain fait preuve d’une telle culpabilité évidente que l’on se demande bien ce qu’attend la police pour l’inculper, et surtout  pourquoi Cannon a recours à un spécialiste du microscope pour le confondre. La mise sous les verrous du client de Cannon, Quigley, accusé avec des preuves fabriquées (on retrouve avec le cadavre de Liz Christie/Shelley Duvall le stylo en or du journaliste), n’est qu’un pis aller pour atteindre les cinquante minutes.

Lou Shain, nonchalant, mâchant des bonbons (il finira par en offrir un à Cannon), semble tranquillement attendre qu’on l’arrête. Il ne prend aucune précaution pour se rendre chez Rawdon. A partir de ce script mal écrit, John Badham ne fait pas de miracles et signe un épisode qui atteint tout juste les deux étoiles. A voir pour la curiosité d’une mise en scène de Badham avant la gloire, ou pour les inconditionnels de Shelley Duvall.

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22. À CACHE-CACHE
(CATCH ME IF YOU CAN)

Un tueur fou, Morris Talbot, demande à Cannon de l’arrêter avant qu’il ne continue à sévir. La police, pour l’aider, lui adjoint une psychiatre, mais le privé se sent vite dépassé par l’étrange situation.

Deuxième participation d’Anthony Zerbe après « L’incendiaire » (01-23).

Voilà une enquête parfaite pour Kojak ou Mc Garrett, mais pas du tout appropriée pour Frank Cannon. Le schizophrène qui défie la ville, et ne donne pour cela que 200 dollars à un détective, est un artifice de scénario difficile à concevoir. William Conrad n’est pas aidé par la distribution, en particulier William Sargent en lieutenant Driscoll qui compose un flic stéréotypé. Anthony Zerbe lui semble se régaler dans le costume d’un personnage taillé sur mesures pour lui. Il faut le voir passer les barrages de police, ses journaux à la main annonçant le prochain meurtre, savourant avec jubilation sa victoire sur les autorités, déguisé en employé. Dana Wynter en psychiatre dessert plus qu’autre chose l’intrigue.

Lorsque Talbot appelle en pleine nuit Cannon en pleurnichant parce que personne ne lui a parlé depuis six mois, on demande un peu trop de psychologie à une série de pure distraction qui n’est pas conçue pour cela. Le fait que le fou demande sans arrêt une aide médicale à Cannon devient assez redondant. C’est bien la première fois que quelqu’un prend le gros privé pour une nounou. Les intuitions de notre héros (dès le début, il a compris que cette affaire avait trait à une histoire de compagnies d’assurance) semblent quelque peu tirées par les cheveux.

L’épisode finit par vraiment nous ennuyer, ce qui est un comble pour cette partie de cache-cache mortelle. Lorsque l’on voit cette loque s’en prendre à une femme, le docteur Pace (Dana Wynter), un sursaut d’indignation nous réveille. Le téléspectateur se dit que quelquefois, Harry Callahan et une balle en plein front valent mieux que des discours à l’infini, et que vraiment, notre ami Cannon n’est pas du tout à la hauteur. D’ailleurs, les plaisanteries culinaires de fin d’épisode nous restent un peu sur l’estomac.

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23. SECRET PROFESSIONNEL
(PRESS PASS TO THE SLAMMER)

Une amie de Cannon, Molly Stoner, détient un scoop pour le meurtre d’un certain Benje Canto, syndicaliste au passé douteux, mort dans un soi-disant accident de la circulation à son arrivée à Los Angeles. Mais elle refuse de donner ses sources au juge Holcomb. Cannon, qu’elle n’a pas engagée, découvre une filière permettant d’entrer illégalement aux Etats-Unis depuis le Mexique.

Cannon une fois de plus ( !) n’agit pas ici pour un client. Dans cette aventure, notre détective désintéressé est simplement un ami de la journaliste Molly Stoner (jouée par la fade Marlyn Mason) qui veut le prix Pulitzer et se retrouve en prison pour avoir refusé de révéler ses sources, en l’occurrence le propre fils de la victime, Benje Canto Junior, qui a assisté au meurtre de son père. Toutefois, loin d’être une enquête de plus sur les syndicats douteux et la mafia, «Secret professionnel », grâce à une mise en scène enjouée de Léo Penn et à une bonne histoire de Meyer Dolinsky, est une véritable aventure pleine d’action et de rebondissements.

On est tout à fait ancré dans les productions QM avec le désert (si habituel à une autre série QM « Les envahisseurs »). Le méchant ici est incarné par Ron Hayes que l’on a vu dans « Daktari ». Ce n’est pas un plaidoyer pour la justice contre la mafia, puisque le meurtre de Benje Canto est bêtement l’objet du non paiement du (dernier) voyage du syndicaliste exilé. Pour Harry Gibbons (Ron Hayes), le meurtre de Canto va servir d’exemple aux candidats à l’entrée clandestine sur le territoire us qui n’en ont pas les moyens. Si les décors mexicains sont d’un exotisme de pacotille, William Conrad s’en donne à cœur joie. Il prend ici l’identité d’un riche étranger qui vient se payer une agence de voyages un peu spéciale. Elle propose à la fois des séjours enchanteurs dans les îles grecques ou des safaris en Afrique mais aussi de faux papiers, une fausse identité à des gens qui pour 1000 dollars veulent s’offrir le rêve américain. Cela nous vaut un moment de pure comédie, riche en humour et qui permet à l’acteur de faire un rôle de composition, éloigné des marques du détective habituel.

 En 1973, la seconde guerre mondiale datait de moins de trente ans, et le personnage de la juive russe Natasha Mosoroff, rescapée d’Auschwitz, qui se trouvait aux côtés de Benje Canto Senior lors du meurtre déguisé en accident, provoque un certain malaise. Elle disparaît et nous ne savons rien de son sort à la fin de l’épisode, alors qu’elle était venue en Amérique pour fuir les nazis. Marlyn Mason cabotine en femme de tête qui vient de divorcer et jure qu’on ne l’y reprendra plus.  Mais même si la dame est loin d’être laide, on doute qu’avec son attitude amère et agressive, elle attire les candidats au mariage. Cet opus permet de passer un bon moment sans prise de tête, avec une histoire originale, et l’on ne demande rien d’autre à la série « Cannon ».

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24. LE TESTAMENT DE LA MORT
(DEADLY HERITAGE)

Cecilia Thatcher a jadis refusé que le fils naturel de son mari, un certain Martin Newcomb, soit accueilli dans la famille. A présent, le jeune homme a 25 ans et veut se venger. Cecilia fait appel à son ami Frank Cannon.

Episode bien connu, diffusé deux fois de suite, 1974 et après « Aujourd’hui madame » 1975, « Le testament de la mort » marque la fin des épisodes diffusés tôt en France. On retrouve avec un grand plaisir la comédienne Kathryn Reynolds dans le rôle du lieutenant Rea Eller (02-14 « Un homme dans le parc », dont elle était le seul atout). Toutefois, elle passe comme un éclair. Cecilia licencie vite Cannon lorsqu’il lui dit que son « fils » veut la tuer mais ce dernier se trouve un client (gratuit) de remplacement, Jamal, un musicien que veut produire le major (John Anderson, le syndicaliste père de Ramona dans « Les héritiers »). Martin Newcomb (David Macklin), brave garçon mais mal entouré, dont la femme Lorna (Lynne Marta) est la maîtresse de Jess, homme de main du major, est pris dans une toile d’araignée, mais il n’est lui-même qu’un des pions du major qui n’en est pas à son premier meurtre pour s’approprier un héritage.

L’épisode, sans temps morts, et avec des moments d’humour (Jamal demande à Cannon si la cuisine est un bonus offert aux clients), nous balade de la haute société (la villa de Cecilia, le paquebot « Queen Mary ») aux endroits les plus miteux (Le van de Jamal, la maison du major). Cannon ne reste pas inactif et doit sauver contre son gré une ex-cliente mais toujours amie menacée non par un beau-fils dont elle fait son légataire universel mais par la clique du major.

Côté interprétation, pas de fausses notes.  Beverly Garland (1926-2008) nous fait croire à cette Cecilia bien naïve, très riche et à côté des réalités. John Anderson est bon comme d’habitude, quel que soit le rôle, tandis que la bonne surprise vient de Glynn Turman, acteur musicien, qui eut son heure de gloire pendant la blaxploitation et a a su se recycler depuis. Ex-mari d’Aretha Franklin, il est ici drôle et son jeu est juste. David Macklin quitte vite l’habit de voyou pour le jeune homme bien sous tous rapports, tandis que Lynne Marta incarne une Cosette qui  aurait mal tourné. Le final a bord du paquebot reste un des grands moments de la série. On aurait aimé que la série maintienne ce niveau de qualité tout le temps.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)