Vampires

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camarade totoff
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Messagepar camarade totoff » dim. janv. 08, 2017 8:48 pm

Petit essai de définition de ce qu'est un vampire

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J'ai l'impression que, de nos jours, il suffit d'affubler n'importe qui de canines proéminentes pour "faire" vampire.

Je me propose de tenter une définition (ce qui me fera les dents).

Un vampire, c'est un "revenant en corps" selon l'expression de Dom Augustin Calmet dans son Traité des apparitions (1751). Ce qui le différencie des "revenants en esprit" (les fantômes pour faire simple). Jusque là, tout le monde est d'accord.

Ensuite, pourquoi le vampire se nourrit-il exclusivement de sang ? Parce que le sang est symbole de la vie. Il me semble que la dimension métaphysique est plus importante que la biologie stricto sensu.

En outre, il ne faut pas oublier que le vampire est un mort (le premier titre de Dracula était d'ailleurs The Undead -Le Non-Mort plutôt que l'Immortel) et que, par conséquent, son corps n'a plus de fonction vitale : ni digestion, ni, forcément, d'activité sexuelle. Toute la tradition issue des œuvres de Stocker et Le Fanu est claire : le vampire est une pulsion de mort, un destructeur ; en aucun cas un bâtisseur.

Maintenant, le vampire est un mythe éminemment plastique et donc sujet à réinterprétation.

Bon, je l'avoue aussi, je suis quelque peu puriste.

Le meilleur vampire à ce jour demeure pour moi Christopher Lee dont j'ai adoré "Le Cauchemar de Dracula".

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"Entretiens avec un vampire", je l'avais lu (les trois premiers romans des "Chroniques des Vampires" sont de toute beauté ; ça va moins bien après) et j'ai un soucis avec Tom Cruise mais je tâcherai de passer outre.

Sur "Twilight", je partage l'avis de Séribibi sur le 1er volet notamment parce qu'avec le soin que prend Catherine Hardwicke à filmer les paysages (l'Oregon je crois), elle crée une atmosphère sombre et romantique. Le 2 est niais, nous sommes d'accord et je me suis abstenus de voir la suite. Comme je suis un esprit taquin, j'ai pris l'habitude de demander : "Il y a des vampires dans Twilight ?" pour dire que l'accent est nettement mis sur le côté fleur bleue que sur le fantastique.

"Underworld", je le classe dans les catastrophes. C'est du n'importe quoi avec beaucoup de fric et de la pyrotechnique comme scénario. Après avoir vu cette horreur, j'ai pris Kate Beckinsale en grippe...et elle a par la suite confirmée tout le mal que j'en pensais !

Pas d'accord avec le "Dracula" de Coppola que je trouve bon justement parce qu'il s'en tient au roman. Keanu Reeves n'était peut-être pas le meilleur choix mais Gary Oldman et Wynona Ryder ont emporté ma conviction.
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Re: Vampires

Messagepar camarade totoff » mer. janv. 18, 2017 1:43 pm

Question rhétorique : y a-t-il des vampires dans Twilight ?

La réponse est évidemment non et je le prouve.

Un vampire est un monstre. Qu'y a-t-il de monstrueux dans cette saga, hormis son scénario ?

Le vampire inspire la crainte et le désir simultanément. Robert Pattinson ne suscite ni l'un ni l'autre. L'ennui peut-être.

Le vampire est un non-mort par conséquent son corps n'a pas de fonction vitale. Il n'est donc pas capable d'activité sexuelle. Edward ne peut donc mettre Bella enceinte.

Un vampire ne brille pas. Or, c'est ce que fait Edward dans le second volet.
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Re: Vampires

Messagepar Dearesttara » mer. janv. 18, 2017 6:09 pm

Je serais plus nuancé si je prends comme référence Buffy (qui est pour moi une tout à fait valable).

Depuis Buffy contre les vampires, Il existe aussi des vampires qui sont des quiches, prétexte à pas mal de vannes de la Tueuse : cela dépend du degré d'imbécilité du précédent humain ayant occupé le corps. On a des génies du mal, des ambivalents, et des débiles gratinés. Ces derniers n'incitent absolument pas le désir.

Pattinson apparemment suscite le désir : quelques millions de jeunes filles nubiles seraient prêtes à témoigner sous serment.

Pour l'activité sexuelle, grand écart : dans Buffy et dans Angel, les vampires baisent, plus ou moins fréquemment. Pour la progéniture, un vampire est en effet incapable d'en avoir... à moins de passer trois épreuves mortelles destinées à guérir une humaine, mais que oh désolé, finalement on peut pas la guérir, alors pour pas fâcher le client, l'humaine devenue entretemps vampire va tomber enceinte après une copulation en bonne et due forme. Donc en suivant ce mode d'emploi il est vrai très WTF, un vampire peut avoir un enfant.

Sinon, dans Buffy, les vampires peuvent briller la nuit, lorsque la Tueuse les transforme en feu de joie.

Je pense qu'Edward est réellement un vampire, c'est juste que pour les vrais fans de Fantastique, il est comme le Q de Hawaï : il n'existe pas.
D'après une théorie, le jour où on découvrira à quoi sert l'Univers, ledit Univers disparaîtra pour se voir remplacé par quelque chose d'encore plus bizarre et inexplicable.
Selon une autre théorie, la chose se serait en fait déjà produite (Douglas Adams)

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Re: Vampires

Messagepar camarade totoff » ven. janv. 20, 2017 1:50 pm

Je commence par apprécier la phrase "Pour l'activité sexuelle, grand écart". Sans commentaire !

Je suis très puriste sur la conception du vampire mais, vu qu'il s'agit d'une construction intellectuelle personnelle, je suis ouvert pour qu'on me critique.

Chez Anne Rice, l'état d'intelligence du vampire semble rejoindre ce que tu dis sur le précédent humain. Si Lestat et Louis ou Marius sont des pointures, il y a beaucoup de dégénérés.

Les vampires ne peuvent en effet pas avoir d'enfants. Mais, il me semble avoir lu dans une (excellente) critique d'Angel que Darla avait eu un enfant. Opération du Saint-Esprit ?

Je partage entièrement ton avis sur Edward ! Dans mes bras ! (métaphoriquement parlant bien sûr !)
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Re: Vampires

Messagepar Dearesttara » ven. janv. 20, 2017 8:15 pm

Je dois avouer que ce que je sais du vampire est restreint à Buffy/Angel, au Nosferatu de Murnau, au Dracula de Coppola, et à ceux de Supernatural (qui une fois n'est pas coutume s'est lourdement planté à ce sujet), donc, niveau autorité sur le thème, tu me bats largement, et je préfère m'appuyer sur ce que tu dis dans ton message initial.

Oui, Darla a bien un enfant, parce qu'elle et Angel ont suivi rigoureusement le mode d'emploi bien barré que je citais dans mon message.

On ne peut que rendre grâce à Pattinson d'avoir tout fait pour se dégager de Twilight, comme Kristen - qui y a quand même mieux réussi : Edward demeure un passif difficile pour un acteur, mais honnêtement, qui pourrait lui en vouloir d'avoir accepter un premier rôle d'une saga à succès quand il était un acteur non reconnu ?
D'après une théorie, le jour où on découvrira à quoi sert l'Univers, ledit Univers disparaîtra pour se voir remplacé par quelque chose d'encore plus bizarre et inexplicable.
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Re: Vampires

Messagepar camarade totoff » mer. janv. 25, 2017 2:06 pm

Question bibliographie, un début commode serait le recueil sobrement intitulé "Vampires" (Editions Bartillat)

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C'est un recueil de nouvelles édité par le regretté Francis Lacassin. Ce fut mon premier contact avec le vampire et je n'ai pas arrêté de lire depuis !

On y trouve "L'invité de Dracula " (la première version du chapitre 1 du roman de Bram Stocker), "La famille du vourdalak" d'Alexis Tolstoï (cousin éloigné de Léon Tolstoï). Cette nouvelle est intéressante parce que les Balkans ont une sensibilité différente des Occidentaux (dont la tradition commence véritablement avec Stocker et Le Fanu qui font toujours autorité). Ainsi, un "vourdalak" est un vampire qui choisit ses victimes parmi sa propre famille.

Une petite bibliographie historique est à venir et quelques avis de lecture aussi.
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Re: Vampires

Messagepar camarade totoff » ven. févr. 03, 2017 1:25 pm

Petite histoire littéraire du vampire

Chapitre I : Le Vampire (1819)


Tout d'abord, l'apparition du "vampire littéraire" procède de plusieurs sources mais, une des principales, c'est l'achèvement de la veine des romans "gothiques" (voir Maurice Lévy, Le roman "gothique" anglais, Bibliothèque de l'Evolution de l'Humanité. Pour lecteurs motivés) qui, durant les cinquante années précédentes ont abreuvé les lecteurs (et lectrices surtout) de moines concupiscents, de manoirs et d'abbayes en ruines, de fantômes et de demoiselles en détresse. Forcément, à un moment, le répétitif devient cliché.

Au XVIIIème siècle, la très paperassière administration des Habsbourg a produit nombre de rapports sur des situations locales étranges et, notamment, l'histoire d'Arnold Paole, soldat autrichien mort en 1727 en Serbie, et qui serait sorti de sa tombe après sa mort. C'est dans ce rapport de 1732 que le mot "vampire" est officialisé.

En 1816, le romantisme se lève en Europe et, sur les bords du Lac Léman, des Anglais en villégiature s'ennuient comme des rats morts à cause de la météo. Ils décident d'écrire des histoires effrayantes. Parmi eux, Mary Shelley, qui écrira Frankenstein en 1818, et John William Polidori.

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John William Polidori (1795-1821) a fait des études de médecine mais il est en Suisse comme secrétaire de Lord Byron. Lui aussi écrit et ce sera Le Vampire (1819). L'histoire est celle d'un certain Lord Ruthven (on note que le vampire est d'emblée associé à l'aristocratie) qui sème des cadavres derrière lui.

Si ce n'est pas exactement la première apparition du vampire en littérature, c'est le premier texte à en populariser le thème. Doté d'un ego assez fort, Polidori vit mal que son texte soit attribué à Byron (plus vendeur !) et, ayant contracté des dettes, il succombe à la "maladie du siècle" : il se suicide.
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Re: Vampires

Messagepar camarade totoff » mer. mai 10, 2017 2:16 pm

Petite histoire littéraire du vampire

Chapitre II : Le Fanu et Stocker (1871-1897)


Tout au long du XIXè, de multiples récits mettent en scène le vampire sans faire preuve d'une inventivité folle (Gauthier, Dumas côté français) voire en tombant dans le complet contre-sens (Mérimée dans Lokis). En 1845, Alexis Tolstoï publie de son côté La Famille du vourdalak.

La fin du siècle est donc à la fois habitué à la figure du vampire littéraire mais pas tout à fait préparé au double coup de tonnerre qui survient.

En 1871, Joseph Sheridan Le Fanu (1814-1873) publie Carmilla.
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Dans cette histoire, plusieurs orignalités. La première, le vampire est une femme. La seconde, elle regrette son état. Le choix de sa victime est, par contre classique, puisqu'il s'agit d'une jeune femme, Laura, mais, du coup, cela devient nettement plus sulfureux puisque la dimension de séduction du vampire demeure. Si le style aujourd'hui désuet de Le Fanu, très emphatique, pourrait laisser croire à un public non averti qu'il s'agit d'une amitié un peu passionnée entre Carmilla et Laura, les contemporains, eux, ne s'y sont pas laissé tromper. N'oublions pas que nous sommes en pleine période victorienne ; un ordre moral puritain est tombé sur l'Angleterre. Ecrire un roman abordant l'homosexualité féminine était donc une certaine attaque contre la société anglaise. Détail : Le Fanu est Irlandais. En tout cas, avec Carmilla, il est le premier à lier vampirisme et lesbianisme. Le cinéma ne l'oubliera pas.


Vingt-cinq plus tard, un autre Irlandais, Abraham "Bram" Stocker (1847-1912) publie la Bible du vampirisme, Dracula (1897).
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Le roman relance complètement le vampirisme littéraire. Mieux ! Il fige, il cristallise la figure du vampire au point que, même encore aujourd'hui, il est difficile de s'en défaire. Le roman demeure le maître-étalon du genre et le principal pourvoyeur du cinéma et de la télévision. L'explication tient à ce que l'auteur a réussi à synthétiser diverses sources tout en s'abreuvant à toute la tradition. Il use d'abord de la forme épistolaire, forme plutôt désuète mais qui a un avantage narratif : tous les personnages parlent de Dracula sauf le vampire lui-même ! Cette absence crée une attirance. Ensuite, Stocker récupère la légende noire d'un personnage historique, Vlad III (1431-1476), prince de Valachie (aujourd'hui province roumaine) et non de Transylvanie. De son vivant, celui-ci était surnommé "L'Empaleur" pour sa propention à user de ce supplice atroce. Une fois mort (assassiné), il fut présenté comme un monstre. Enfin, Stocker parvient par son talent à créer un personnage à la fois séduisant (il accueille avec courtoisie Jonathan Harker et saura séduire Lucy Westenra) et monstrueux. Cette perfection explique la force et la persistance de cette figure littéraire
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Re: Vampires

Messagepar camarade totoff » lun. juin 26, 2017 1:19 pm

Les créateurs de "Sherlock" veulent se faire le comte Dracula. Pari risqué mais, avec Moffat et Gatiss, c'est quand même plutôt une bonne nouvelle.
http://www.20minutes.fr/serie/2091435-2 ... he-dracula
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