L’ÉLÉPHANT BLANC
( THE WHITE ELEPHANT)
Tournage : novembre 1963 Diffusion : ITV, 4 janvier 1964 – 13ème Rue, 14 mai 1998 Scénario : John Lucarotti Réalisation : Laurence Bourne Résumé Les tueries d’éléphants liées au trafic d’ivoire prennent des proportions considérables en Afrique. Steed s’intéresse aux réseaux développés en Grande-Bretagne, quand Snowy, un éléphant blanc, disparaît des locaux de Noah Marshall, grand fournisseur en animaux exotiques des zoos et cirques d’Europe. Intrigué par cette coïncidence il y envoie Cathy Gale qui, forte de son expérience africaine, s’y fait engager comme superviseuse des safaris. Steed mène, lui, l’enquête auprès des différents partenaires de l’entreprise. Il apparaît que c’est le Professeur Lawrence, ethnologue officiellement disparu, qui dirige ce trafic, en dissimulant l’ivoire dans les cages de Noah en partance pour le continent, à l’insu de ce dernier. Lawrence a fait enlever Snowy, dont il est le propriétaire légitime, pour pouvoir diriger les opérations nocturnes de transfert chez Noah, sans que l’éléphant ne se manifeste. L’organisation de Lawrence se trouve par ailleurs minée par une dissension interne avec son associé Conniston. Les Avengers profitent de cette rivalité et, après avoir remonté l’ensemble de la filière, mettent le gang hors d’état de nuire après un combat final se déroulant dans le zoo de Noah. CRITIQUES Estuaire44 11 juin 2008 L’intrigue de L’éléphant blanc souffre d'une complexité inutile et, comme conséquence, d’une multiplication ahurissante des personnages secondaires. Basée au départ sur une idée originale, l’histoire se perd en vaines ramifications, sans pour autant trouver un véritable souffle. L’histoire offre néanmoins de bons moments (notamment autour de Steed), mais ils demeurent fort isolés. On reste perplexe devant cette organisation criminelle de bric et de broc, multipliant à foison les indices à destination des Avengers et montrant un amateurisme des plus grossiers. On éprouve l’impression que Lucarotti tente maladroitement d’imposer une histoire de triangle amoureux en total décalage avec le sujet initial de l’épisode, avec pour résultante une artificialité fréquente. Reste une défense sympathique des animaux en péril et une teinture écologiste rendant ce récit sympathique. La conséquence de telles dérives est que les personnages secondaires ne disposent chacun que de brefs instants pour se mettre en valeur, ce qui les réduit quasi infailliblement à de simples silhouettes. On s’attriste ainsi de voir une excellente actrice comme Judy Parfitt réduite à un rôle aussi creux que transparent. Edwin Richfield apparaît aussi convaincant qu’à l’accoutumée, mais doit se contenter de défendre quelques répliques particulièrement conventionnelles et caricaturales. Le jeu de Scott Forbes semble lui vraiment pesant, avec une accumulation d’effets démonstratifs trop marqués. Les seconds couteaux de l’organisation paraissent certes plaisants. Leurs confrontations successives avec Steed comptent parmi les meilleures scènes de l’épisode, mais elles demeurent trop passagères. La seule exception à ce néfaste éparpillement des seconds rôles demeure Noah, solidement campé par Godfrey Quigley, qui dispose de l’espace nécessaire pour établir une originale relation amicale avec Cathy. Leurs personnalités et leurs souvenirs communs de l’Afrique concordent dans une complicité plaisante à suivre. La mise en scène de Laurence Bourne, nouveau venu dans la série, se révèle agréable à suivre, d’autant qu’il ne se contente pas de filmer platement l’étonnant décor de l’Arche de Noah et ses animaux vivants. La caméra sert efficacement l’action et le combat final entre Steed et Conniston se révèle assez spectaculaire. Cathy Gale se montre particulièrement attachante dans cet épisode illustrant une partie importante de son passé. Honor Blackman sait rendre communicatif l’attachement de son personnage aux animaux, de même que sa complicité avec Noah. Si Cathy participe activement à l’enquête, elle reste néanmoins ici en retrait face à Steed. On doit en effet à celui-ci les scènes les plus amusantes de l’épisode. Lors de ses visites aux boutiques d’armement de cages, on retrouve la saveur des futurs Excentriques de la série, avec une pointe de perversité chez Madge Jordan ne semblant pas laisser notre héros indifférent ! Ces rencontres successives apportent un humour particulièrement bienvenu à l’épisode. Macnee y excelle, tandis qu’il se montre également convaincant lors du duel final, alors que les scènes d’action n’ont pas jusqu’ici constitué son point fort. Steed nous offre au passage une nouvelle anecdote de tante imaginaire ! Les deux associés contre le crime produisent également des étincelles durant leurs scènes communes. Les séquences d’improbable yoga (nettement moins fatigantes pour Steed que pour Cathy…) ou la partie d’échecs servant de réunion de travail constituent autant de moments particulièrement divertissants et très Avengers. Quasiment absentes durant la saison précédente, ces scènes d’appartement n’ont cessé de prendre de l’ampleur et de se teinter de fantaisie au cours de cette saison 3, jusqu’à faire, comme ici, directement songer à la période Emma Peel. Même s’il y a encore de l’audace à gagner dans la mise en scène, c’est bien un pilier important de la série qui se met en place sous nos yeux ! EN BREF : Plombé par une intrigue inutilement alambiquée, l’épisode retrouve des couleurs grâce à des moments d’humour dans une veine très "Avengers". VIDÉO Steed chez la marchande de chaînes ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité o Le perroquet perché sur l’épaule de Quigley tente de saisir dans son bec la pipe de celui-ci. Honor Blackman ne peut dissimuler un sourire devant cette scène (5’15’’). o Du fait de la proximité des décors, les différents bruits causés par les animaux s’entendent plus ou moins distinctement durant l’épisode. L’un d’entre eux, particulièrement fort, fait sursauter Macnee alors que Steed discute avec les marchands d’armes (10’46’’). o Quigley omet de présenter Cathy à Conniston, puis se reprend alors que la conversation entre ses partenaires a déjà commencé ! Il s’ensuit une légère confusion, au cours de laquelle Honor Blackman ne dissimule pas non plus un lumineux sourire... (22’57’’) : o D’une manière assez ironique, dans cet épisode comprenant déjà de nombreux animaux, un insecte se déplace sur l’image durant de longs instants, à partir de 8’45’’ (ici à droite du visage de Steed) : o Cette apparition tient sans doute au mode d’enregistrement pratiqué à cette époque : le kinescope. Cette caméra spécialement aménagée filmait l’image sur un téléviseur, l’insecte en question s’étant sans doute installé sur son objectif ! La copie produite (ou cinégramme), était ensuite reproduite en vue de diffusion dans les zones non touchées par la diffusion originale, en ces temps où les antennes d’émission n’avaient pas assez de puissance pour couvrir tout le territoire. Appareil utilisé pour convertir un format vidéo en pellicule film, le kinescope représentait, avant l’apparition du magnétoscope, l’unique mode de conservation des émissions diffusées en direct, telles Les Avengers en ces saisons 2 et 3. Il fut utilisé par les diverses télévisions du début des années 50 à la fin des années 70 et le développement des cassettes vidéo. Jusqu’en 1969, Hawaï et l’Alaska ne recevaient les programmes américains que par cette méthode. De nombreuses séries des années 60 nous sont parvenues uniquement grâce à ce procédé, nullement considéré à l’époque comme un moyen de préservation future de ces chefs-d’œuvre ! Détails o Outre le serpent Samba, l’épisode s’illustre pas la présence de nombreux animaux : aras, tigre, kangourou, singes… Manque seulement à l’appel le fameux éléphant blanc Snowy, à l’évidence pour des raisons pratiques ! o Steed reconnaît et date d’un coup d’œil un ancien pistolet à amorces de 1650. Mrs Peel fera encore plus fort dans Remontons le temps (saison 5). En regardant simplement une balle, elle y détermine que celle-ci a été tirée par un modèle spécial d’un fusil de chasse de calibre moyen, datant du XVIe siècle, utilisé par les gentilshommes sous le règne élisabéthain ! o UNESCO : Steed évoque un rapport de l’UNESCO sur les espèces animales menacées (8’03’’). L’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture a été fondée en 1945 et se base à Paris. En promouvant la culture et l’éducation à travers de vastes programmes, elle entend favoriser la paix entre les nations. Elle comporte des dizaines de bureaux et d’instituts divers disséminés à travers la planète. Une de ses actions les plus célèbres consiste en l’édification progressive de la liste du patrimoine culturel de l’humanité. Elle y inscrit les sites les plus remarquables, naturels ou créés par l’homme, et participe éventuellement à leur sauvegarde. La France y apparaît pour 31 sites, contre 27 pour le Royaume-Uni. L’Unesco se soucie également de l’environnement et a effectivement publié d’importantes communications du type de celle citée par Steed. Acteurs – Actrices À noter que… o John Lucarotti (1926-1994) a écrit cinq épisodes des Avengers : The far-distant dead (saison 1), La baleine tueuse (saison 2), Mort à la carte, L’éléphant blanc (saison 3) et Le fantôme du château De’Ath (saison 4). D’origine canadienne, il partage sa carrière entre ce pays et l’Angleterre. Il est notamment connu pour sa participation à The Troubleshooters (10 épisodes, 1965-1969) et à Dr Who (15 épisodes, 1964-1966). Parlant Français, il travaille également pour la télévision française (Faites entrer M. Ariman, 1974). Fiche de L'élephant blanc des sites étrangers : En anglais En espagnol
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