Bruce Lee (1940-1973)

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séribibi
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Bruce Lee (1940-1973)

Messagepar séribibi » mer. déc. 28, 2016 12:58 pm

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Tout comme James Dean ou Marilyn, Bruce Lee fait partie des "mythes et légendes" du cinéma : même ascension fulgurante et brève, même symbole de toute une génération, même destin tragique, fauché en pleine gloire et en pleine jeunesse...

Bruce Lee (Li en mandarin) est né dans le Chinatown de San Francisco.
Enfant-star du cinéma en Asie (mais inconnu dans le reste du monde) où il joua de petits rôles dans des films quasi-invisibles -grace à un père acteur-, il se dirigea à son adolescence dans les arts martiaux où il se fera rapidement remarquer. Par la suite, il créera sa propre école, tout en mettant au point une technique de combat - le Jeet Kune Do (dans les années 60s) - variante du kung-fu qui fait fi du superflu des techniques de combats asiatiques traditionnelles, en mélangeant volontiers les genres (karaté, boxe, escrime, aikido...), et met l'accent sur l'extrême agilité (poings, déplacements).

Tandis qu'il multiplie les compétitions, Bruce Lee se fait remarquer par les américains pour jouer le second rôle de la série télé "Le Frelon Vert", sorte de démarquage de "Batman" (qui est arrivé peu de temps aprés).
La série est en fait surtout célèbre et culte pour les diverses apparitions de Bruce Lee et ses séquences de combats. Malgré un succés certain de part le monde, elle restera invisible chez nous jusqu'en 1984 (où elle fut diffusée pour la 1ère fois sur Canal+), néanmoins, René Château, qui avait libéré les droits de diffusion des Bruce Lee en 1974, sortira en salles 3 (ou 4) épisodes rassemblés en film sous le titre opportuniste de "Le retour du Dragon".
Il sera ensuite commercialisé par l'éditeur en VHS dans sa collection Bruce Lee, en n°5 (Aprés "Big Boss", "La fureur de vaincre", "Le fureur du Dragon" et "Le jeu de la mort").

Le Frelon vert :
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Au milieu des années 60s, Bruce Lee peaufine et crée un nouveau style de kung fu : le Jeet Kune Do, beaucoup plus efficace et direct, et mettant en avant son agilité, rarement égalée.
Le succés relatif du "Frelon vert" et les performances de Bruce au combat l'amène à être à nouveau appelé en tant qu'acteur : il fera dés lors des apparitions -le plus souvent en 3ème ou 4ème rôle- dans quelques films américains, notamment "La valse des truands" (avec James Garner), où il apparaît 2 fois et où l'on peut voir lors d'une scène brève mais assez délirante les prémice de son art.

La valse des truands (Marlowe) - 1969 :


C'est néanmoins de retour à Hong Kong, et sous la direction de Lo Wei, que la carrière de Bruce Lee démarre vraiment avec le film "Big Boss" (1971) -qui révéla le roi du kung fu au monde entier- puis de "La fureur de vaincre" (1972) qui assoira sa réputation.
Il faudra néanmoins attendre 2 ans en France pour voir ces 2 films.
En effet, c'est tout d'abord André Génovès qui sortira chez nous, et de manière assez confidentielle, "Big Boss" (en salles le 4 mai 73), qui sera suivi assez rapidement de "La fureur de vaincre" (août 73).

L'affiche de "Big Boss" à sa première sortie française, avant que René Château n'en rachète les droit quelques mois plus tard :
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A cette époque, hors Asie, et plus particulièrement en France pour ce qui nous interresse, les films d'art martiaux sont rares voire quasi-inexistants (les films de la Shaw Brothers apparaîtront dans nos contrées, et au compte-gouttes, à partir du début des 70s) et le phénomène Bruce Lee amènera une vague de "films de karaté", souvent puisés dans de vieux films asiatiques dont nous ne soupçonnions jusqu'alors même pas l'existence, notamment les célèbres films de la Shaw Brothers (L'hirondelle d'or, La main de fer...) spécialisée dans le Wu Xia Pian .

Il faut préciser que, pour l'époque, "Big Boss" fait fort dans la brutalité (le film sortira chez nous avec une interdiction aux moins de 18 ans) et le nihilisme ambiant.
Ce qui frappe le plus dans ce film est son extrême violence graphique et souvent décomplexée :
ici, on parle de proxénétisme, de drogue, de racisme entre ethnies (Bruce Lee incarne un émigrant chinois cherchant du travail en Thaïlande) ; on tue à qui mieux-mieux à la hache, à coup de chaînes... On congèle des corps dans des blocs de glace... On y tue même un enfant.

Un tel nihilisme laisse pantois, et, avec "Big Boss", nous assistons ici au plus violent film de Bruce Lee, et à la naissance d'un mythe.

Paradoxalement, "Big Boss" reste le film le plus chiche en combats de Bruce Lee, celui-ci n'intervenant vraiment qu'à partir de la seconde moitié du film, suite à une promesse faîte du personnage à sa mère de "ne pas se battre". C'est néanmoins bien avec ce film que la pureté de son style commence à éclater.
"La fureur de Vaincre" (toujours réalisé par Lo Weï), sortira chez nous 3 mois plus tard, et ce fut la consécration, entamée avec "Big Boss".
Ce second film de Bruce Lee (souvent considéré comme le meilleur de sa courte filmo), mettra davantage en avant son art du combat, et certaines séquences resteront cultes, aujourd'hui encore. Le film demeure là-aussi violent, avec encore en toile de fond cette haine ethnique (sino-japonaise)...
Entre temps, Bruce Lee ayant postulé pour jouer le rôle principal dans la série Kung-Fu, se verra tout bonnement échaudé par la Warner, qui lui préféra l'américain David Carradine, américain n'ayant pourtant aucune formation martiale !
On rêve de ce qu'aurait pu donner la série mettant en vedette le Petit Dragon...

Fin 1973, André Génovès cède ses droits des films de Bruce Lee à René Château.
C'est ainsi que le 3ème film de Bruce Lee ("La fureur du Dragon", réalisé en 72, et qui sera un succés mondial) sortira chez nous en décembre 74, mais sous le label "René Château", qui en profitera d'ailleurs pour ressortir les 2 premiers films du petit Dragon exploités àl'époque sous le label Génovès.
Le succés est toujours au rendez-vous, et la Brucemania atteint alors des sommets.
Cependant, et malgré qu'il ait été réalisé par Bruce himself, ce film marque un tournant en se dirigeant davantage vers la comédie . "La fureur du Dragon" s'avèrera en effet être aussi léger que "Big Boss" et "La fureur de vaincre" étaient noirs et oppressants.

A cette date, Bruce Lee est connu est vénéré dans le monde entier, plus pour sa personnalité et les personnages qu'il incarne que par les films eux-mêmes, d'ailleurs.

En 1972, il décide à nouveau de passer à la réalisation avec un autre projet dont il a écrit le scénario : "Le jeu de la mort", dont le tournage commence cette même année.
Drôle d'histoire que ce "Game of the death" en fait, et qui aura une place toute particulière parmi les autres 5 films majeurs que celui-ci aura tournés.

Pour commencer, voici le pitch initialement écrit par Bruce Lee pour "Game of the death" (source Wiki) :
Hai Tien (Bruce Lee), un champion d'art martiaux invaincu et en retraite, est approché par la mafia coréenne pour prendre part à une descente sur une pagode de 5 étages censée détenir un trésor au dernier étage. Après son refus de participer, sa sœur et son jeune frère sont kidnappés, ce qui l'oblige à participer à l'opération.

Lors d'un briefing à la maison du patron mafieux, Hai Tien rencontre ses 4 complices futurs, qui sont tous des experts chevronnés en arts martiaux. Le patron montre un film de reconnaissance de la zone du temple, expliquant aux complices que les armes à feu étant interdites dans le village, la pagode est gardée par des mercenaires des arts martiaux. Il y en a un par étage. Leur consigne est de progresser jusqu'en haut de la pagode en se battant pour récupérer le trésor.

Après une bagarre en extérieur face à plusieurs karatéka, Hai Tien et ses complices parviennent à entrer dans la pagode et affrontent un adversaire différent à chaque étage :
1er étage : Un expert du coup de pied (Wang In Sik). Un premier complice meurt.
2ème étage : Un combattant qui mélange le Kung-Fu style mante religieuse et le Wing Chun (Taky Kimura). Un second complice meurt.
3ème étage : Un combattant qui mélange le Karaté Kempo et l'escrime Philippine... c'est aussi un maître du nunchaku (Dan Inosanto). Hai Tien armé d'un bambou combat en donnant un cours à son adversaire, puis le tue en l'étranglant avec un nunchaku.
4ème étage : Un maître d'Hapkido (Ji Han Jae). Après l'avoir fatigué suffisamment pour le saisir, Hai Tien lui brise le dos.
5ème étage : Les 2 derniers complices (James Tien et Chieh Yuan) meurent face à un combattant de 2m20 (Kareem Abdul-Jabbar) ayant un style inconnu (l'essence du Jeet kune do). Découvrant involontairement que son adversaire souffre de photosensibilité, Hai Tien s'aide de la lumière pour pouvoir le frapper et le faire tomber, puis l'achever avec un étranglement.

Après tout ces combats difficiles, Hai Tien, seul survivant, sort de la pagode épuisé.




Bruce Lee n'aura en réalité le temps de mettre en boîte que la séquence finale, avec les combats successifs dans la pagode (qui comprenait en définitive 2 des 4 complices). De cette séquence désormais mythique d'env 40 min, la version complétée du film sorti en 1978 n'en retiendra que 11 (uniquement les scènes où ses complices ne sont pas présents, ceux-ci n'ayant plus lieu d'être dans l'histoire totalement remodelée).



En plein cours de tournage de "Game of the death", Bruce Lee est contacté par la Warner pour tourner "Opération dragon" (ce sera son seul film américain), dont l'aura "internationale" ne pourrait que lui être bénéfique pour son prestige de part le monde. Ce film sera le plus cher des 5 films tournés par Lee, le plus ambitieux même si, en même temps, le personnage y perd un peu de son côté iconique, d'autant plus qu'il se partage la vedette avec John Saxon.
Lee accepte donc forcément, en se disant qu'il continuerait le tournage de "Game of the death" une fois "Opération Dragon" terminé.
Le destin en décidera hélas autrement, puisque Lee décèdera peu aprés la fin du tournage, ne pouvant même pas voir par lui-même le succés mondial de son seul film américain.

La mort de Bruce Lee a un retentissement énorme, son enterrement étant bien à la mesure de la légende qu'il suscita de son vivant (et encore maintenant, bien sûr).
Officiellement, Bruce Lee meurt d'un réaction allergique à un analgésique, le 20 juillet 73 à Hong Kong, mais la cause la plus "vraisemblable" seemble être une rupture d'anévrisme, même si des "on dit" parlent de réglements de compte de la Maffia Chinoise.
Raymond Shaw déclarera en 2005 que Bruce Lee est décédé suite à une mauvaise prise médicamenteuse.

Son fils, qui décèdera lui-aussi en 93 dans des circonstances bizarres (renvoyant au final de "La fureur de vaincre" et au passage trafiqué du "Jeu de la mort") alimentera les discussion sur les destins "pas clair" de la famille Lee.



Quant au"Jeu de la mort", il reste donc inachevé, et le restera 5 années durant.
C'est en effets plusieurs années aprés qu'il est décidé de "conclure" (en réalité, seules 35 minutes furent tournées, et 11 récupérées) ce film, par n'importe quel biais...y compris les démarches les plus opportunistes.
Lee n'étant plus, il fallait bien trouver un superfuge pour compléter le métrage sans sa présence physique.

Ainsi, en premier lieu, il fut décidé de chercher un "sosie" pour le remplacer pendant les 3/4 du film : le choix se porta sur un acteur (Kim Tai-chung) dont la vague ressemblance demeurera néanmoins bien trop vague pour le faire passer pour Bruce, si bien que des tas de superfuges seront utilisés pour créer "au mieux" l'illusion : lunettes noires, déguisement (dans l'histoire), filmé souvent de 3/4 dos, ou de façon furtive lorsque cela est de face.
Pour parachever le tout, des inserts extraits de ses films précédents, et tiré de séquences où on le voit en gros plan, seront disséminées de-ci de-là dans le métrage.
Ainsi, si avant le célèbre combat final on a vraiment cru voir le visage de Bruce Lee à quelques reprise, c'est parfaitement normal ! C'est bien de lui qu'il s'agit, mais par le biais d'extraits de "La fureur de vaincre" et "La fureur du Dragon".
D'ailleurs, en ce qui concerne ce dernier film, "Le jeu de la mort" utilisera même une séquence entière du combat entre Lee et Norris au Colisée, pour l'inclure dans l'intro de "Game of the death" !
On pourrait aussi longuement parler de ce plan fumeux où lon voit la photo de la tête du petit Dragon incrustée sur le corps d'une doublure.
Cette brève scène catastrophique fut retirée de la version sortie par René Château.

L'incroyable plan-bidouillage de la tête incrustée, du Jeu de la mort, fort heureusement coupé par René Château. En réalité une photo de la tête de Bruce Lee collée sur un miroir. Il fallait oser ! :
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Néanmoins, le bidouillage le plus contestable du "Jeu de la mort" demeure la célèbre scène de l'enterrement, qui est en fait un véritable extrait des funérailles de Bruce Lee.

"Le jeu de la mort", pour tout distrayant qu'il soit, fit donc hurler les puristes par tant de mauvais goût. Il faut savoir que le film ne contient qu'1 scène avec Lee, et qui se situe dans le final (env 11 minutes conservées).


Quant au scénario du film achevé par Raymond Shaw et Robert Clouse, qu'en reste-t-il par rapport au script original de Lee ? Pas grand chose...et même : plus rien du tout si l"on compare :
(Source Wiki)

Billy Lo, star mondiale du cinéma, refuse de travailler pour un syndicat du crime de Hong Kong dirigé par le sinistre Dr Land (Dean Jagger), malgré plusieurs « avertissements » donnés par Carl Miller (Robert Wall), le champion de karaté des malfaiteurs. Steiner (Hugh O'Brian) décide alors de faire supprimer Billy par le tueur de l'organisation, Stick (Mel Novak).

Au cours du tournage d'un film par Billy Lo, le tueur agit. Billy est atteint d'une balle en plein visage qui le laisse pour mort. En fait, il est toujours en vie et doit subir une opération de chirurgie esthétique qui change son apparence physique (il porte une épaisse barbe). Billy profite alors de sa « métamorphose » et du fait que le syndicat du crime le croit mort pour se venger. Il s'introduit dans la propriété du Dr Land et tente de l'étrangler mais doit rebrousser chemin après avoir repoussé plusieurs hommes de mains de « l'organisation ».

Billy décide de s'attaquer à Carl Miller à l'issue du championnat du monde de karaté au cours duquel Miller recouvre son titre (après avoir dissuadé sa fiancé Ann Morris (Colleen Camp) de tuer le Dr Land lequel assiste au championnat). Au cours d'un mémorable combat de karaté dans le vestiaire, Billy tue Miller réveillant les soupçons de Land et Steiner au sujet de sa mort supposée.

Steiner fait enlever Ann et ordonne à Jim Marshall collègue de travail d'Ann et ami du couple Ann-Billy de faire dire à Billy que ce dernier doit se rendre dans un entrepôt où l'attend Stick (Mel Novak) en embuscade, entouré des motards-tueurs du syndicat. Billy neutralise tous ses ennemis et oblige Stick à lui révéler où le Dr Land réside, un restaurant de quatre étages. À chaque étage Billy affronte un ennemi redoutable :
Pasquale (Dan Inosanto), un champion de nunchaku.
un champion d'hapkido (Jin Han Jae).
le redoutable Hakim (Kareem Abdul-Jabbar), terrifiant combattant de 2,20 m (à comparer avec les 1,70 m de Bruce Lee).
Steiner, très habile avec sa canne qui lui sert d'épée et qui défend l'accès aux appartements personnels du Dr Land.
Finalement Billy poursuit le Dr Land sur le toit du restaurant, ce dernier glisse tombe dans le vide en traversant des panneaux publicitaires électriques et se tue.



On le voit donc parfaitement : de l'histoire originale de Lee, il ne reste rien ! Le scénario n'est plus du tout le même et les nouveaux acteurs, qui n'avait même jamais croisé Lee, interviennent dés lors post-mortem.


Ainsi, "Le jeu de la mort" demeure le film le moins orthodoxe du petit Dragon : remplacé dans 80% par un sosie où des acteurs masqués, contenant des rushs des films précédents, et bénéficiant d'un scénario qui n'est plus en aucun cas celui d'origine.


La bande-annonce française du "Jeu de la mort" :
Dernière modification par séribibi le mer. déc. 28, 2016 1:31 pm, modifié 3 fois.

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Re: Bruce Lee (1940-1973)

Messagepar Denis » mer. déc. 28, 2016 1:09 pm

Je me souviens parfaitement d'une de ses premières apparitions dans La valse des truands. Superbes scènes.
A ses obsèques, Steve McQueen fit partie de ceux qui porta son cercueil. Je crois aussi qu'il y avait James Coburn.
Chapeau melon et bottes de cuir est un témoignage historique et un refuge de valeurs dans une Grande-Bretagne devenue excessivement multiculturelle dont les traditions tendent à se liquéfier en magma insipide (critique de Bright Horizon).


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