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Présentation Le HobbitLe Hobbit : la Désolation de Smaug

Saga Tolkien au Cinéma

Le Hobbit : un voyage inattendu (2012)


 LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU
(THE HOBBIT : AN UNEXPECTED JOURNEY)

classe 4

Résumé :

Alors qu’il vit tranquillement chez lui, Bilbon Sacquet, un Hobbit, est entraîné malgré lui dans une aventure dangereuse. Il s’agit, avec Gandalf le magicien, d’aider une compagnie de Nains à reconquérir leur royaume. Le voyage s’annonce pleins d’embûches et de rencontres.

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Critique :

Les premiers mots du film – « Mon cher Frodon » - et plus largement l’introduction d’une dizaine de minutes présente franchement le projet de Peter Jackson. Faire du « Hobbit » le prologue du « Seigneur des Anneaux » de manière à remercier les fans de la première trilogie et à amener les nouveaux spectateurs à découvrir celle-ci. Rien qu’en 10 minutes, il y a trois occurrences. Un projet intéressant même s’il force un peu l’interprétation du roman par rapport à la trilogie. Bilbo le Hobbit (« Bilbon » en français) est un court roman pour enfants quand Le Seigneur des Anneaux vise un public plus adulte (les enfants de Tolkien avaient grandi eux aussi). Néanmoins, avec ses limites (qui se verront plus nettement par la suite), cette idée donne une structure et une cohérence au projet de seconde trilogie.

Le démarrage est un peu maladroit cela dit. Alors qu’en voix off, Bilbon nous a présenté les enjeux et l’histoire du royaume nain d’Erebor, il faut ensuite se farcir l’interminable arrivée des Nains qui se montrent d’une goujaterie confondante ! Lorsque arrive Thorin « Ecu-de-Chêne », à qui Richard Armitage confère une réelle noblesse, le sérieux revient et l’objectif est présenté : la reconquête d’Erebor jugée possible suite à des « signes » montrant que la montagne est à nouveau libre et le dragon Smaug n’ayant pas donné signe de vie depuis 60 ans. La présence d’un dragon (qu’on ne verra pas, sa présence est suggéré lors de la dévastation d’Erebor dans une scène où la caméra se montre virevoltante et use de la contre-plongée et de la plongée avec un vrai sens du placement) et le côté grotesque des Nains montrent que nous sommes dans un univers résolument « merveilleux ». Il est inutile de comparer avec le côté « réaliste » du Seigneur des Anneaux. La base du récit n’est pas la même.

Evidemment, après avoir d’abord refusé, Bilbon décide de suivre la compagnie. Les Sacquet ne sont pas des Hobbits tranquilles ! Le Hobbit est épris du confort petit-bourgeois à l’anglaise (confort des intérieurs) mais certains aiment prendre le risque de sortir de chez eux. Ce démarrage un peu poussif réalisé a tout de même permis de nous familiariser avec Martin Freeman qui campe avec bonheur et talent ce Hobbit. Il est un peu emprunté au départ mais c’est le rôle qui veut cela. Signalons ensuite de très beaux paysages. Une des marques de la première trilogie qu’on apprécie de ne pas voir sacrifiée. 

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Le récit s’encombre cependant de sous-récits qui ne sont pas dénués d’intérêts en eux-mêmes mais montrent que la matière du roman et le projet du réalisateur ne coïncident pas tout à fait. Le passage avec les trolls ne sert pas à grand-chose mais l’ambiance burlesque avec ces trois balourds, outre que c’est fidèle à Tolkien, c’est aussi un autre signe du caractère enfantin du Hobbit. Peter Jackson a parfaitement eu raison de garder cet esprit comique et Martin Freeman est assez drôle quand, avec le sérieux qui sied à un Hobbit parlant de cuisine, il essaye d’expliquer aux monstres comment assaisonner un Nain ! Le décalage du visage fermé et des paroles absconses est savoureux ! Autre moment mi- sérieux mi-comique, la survenue de Radagast le Brun, un des Magiciens. Bien que mentionné dans Le Seigneur des Anneaux, il n’apparaissait pas. Sylvester McCoy est absolument hilarant dans ce rôle qu’il maîtrise avec bonheur ! Le personnage est fantasque, complètement allumé mais rigolo et sympathique. Il est un peu l’opposé du sévère Saroumane (qui le méprise ouvertement) ; Gandalf est un point d’équilibre. Moment de dire tout le bien possible de Sir Ian McKellen qui reprend les oripeaux de Gandalf dix ans plus tard avec toujours autant de maestria. Il est une valeur sûre du film qui le met d’ailleurs plus en valeur que la première trilogie. Radagast est venu avertir qu’un Nécromancien utilise la forteresse abandonnée de Dol Guldur comme repère. Sa silhouette est familière au public du Seigneur des Anneaux mais il est parfaitement crédible que le lien entre Sauron et ce Nécromancien ne se fasse pas ici. L’histoire se passe 60 ans avant et, comme le rappellera Saroumane plus tard, le « Seigneur des Anneaux » a été vaincu.

On sera moins indulgent avec le faux-raccord qui nous fait passer d’une forêt à une lande d’un coup. C’est sûr que pour montrer une poursuite entre la compagnie et des orques montés sur des ouargues (des loups géants mâtinés de hyènes féroces) c’est plus simple mais quand même. Par contre, que Gandalf les ait menés à Fondcombe contre l’avis de Thorin, c’est normal ! Le magicien a un esprit malin qui sait utiliser les chemins de traverse pour faire aller où il veut. Qu’on atteigne Fondcombe par un défilé étroit est cohérent avec l’univers de Tolkien. Le film mentionne par exemple « Gondolin » qui était un royaume elfique dont l’histoire est contée dans Le Silmarillon (très belle lecture) et ce royaume, comme d’autres, a cette particularité d’être installé dans une vallée. C’est aussi l’idée des locus amoenus, ces lieux hors du temps (« lieu agréable » en latin) où se reposent les guerriers. Fondcombe joue dans le Hobbit le rôle que tient la Lorien dans le Seigneur des Anneaux. C’est un plaisir de revoir Hugo Weaving en Elrond. Notons qu’il porte une armure. Le seigneur elfe était plus combattant à l’époque. Il décrypte la carte des Nains, ce qui leur permettra d’entrer dans Erebor. On ne peut s’empêcher de sourire devant la facilité scénaristique de la coïncidence du calendrier. Arriver à Fondcombe, le seul endroit de toute la Terre du Milieu où quelqu’un peut décrypter un langage qui ne se révèle qu’à un certain moment de l’année ; précisément, celui où se passe l’action ! C’est quand même énorme !

Si la scène du Conseil n’a pas une grande utilité dans le récit proprement dit, elle joue cependant un double rôle. D’abord, et principalement, c’est une révérence envers les fans du Seigneur des Anneaux en redonnant leurs rôles à Cate Blanchett (seule présence féminine du film) et à Sir Christopher Lee. Ensuite, c’est un point d’étape et il est intéressant de voir comment Peter Jackson crée les liens avec la première trilogie. Le projet de prologue prend ici tout son sens. On découvre un Saroumane avant sa Chute quoique le doute existe car c’est lui qui remet en cause les conclusions de Gandalf (voir le magicien dans le rôle de celui qui doit rendre des comptes, c’est assez savoureux) et semble vouloir calmer le jeu. C’est aussi lui qui mentionne pour la première fois le nom de Sauron. Face à ce sévère maître d’école, il y a un côté facétieux dans l’usage de la télépathie entre Gandalf et Galadriel comme ces gamins qui se passent des petits mots (ou s’envoient des textos !) derrière son dos ! Là, on applaudit les performances de Ian McKellen, qui se fait tout petit devant une poupée, et Cate Blanchett rayonnante et plus mutine que ne le deviendra Galadriel !

La dernière partie du film n’est pas exempt de longueur et tout le passage chez les Gobelins est un peu long mais, outre son caractère burlesque approprié dans cet univers (il faut voir la fuite de la compagnie et le côté « space mountain » !), il signe l’arrivée de Gollum. Andy Serkis maîtrise les facettes de son personnage : le visage et les expressions de la bestiole sont plus véridiques que jamais ! C’est aussi, bien sûr, l’entrée en jeu de l’Anneau. Le passage du jeu de devinette entre Bilbon et Gollum est par contre sinistre et la pirouette par laquelle s’en sort Bilbon un peu facile. Mais il fallait relâcher la tension et c’est aussi à ça que sert la course poursuite dans les souterrains des Gobelins.

La nouvelle attaque des ouargues apporte quelque chose de nouveau. Outre qu’elle bénéficie d’une somptueuse lumière spectrale, elle confronte enfin le méchant de l’histoire, l’orque pâle Azog, et le Nain Thorin qui sont opposés par une longue querelle personnelle. Que Thorin n’ait pas voulu croire jusque-là qu’Azog avait pu survivre aux blessures qu’il lui avait autrefois infligé est parfaitement crédible là aussi. Le coup porté était violent et il s’est passé pas mal de temps depuis. Des gens meurent quand le temps passe, les orques aussi ! Ce passage marque aussi l’adoubement définitif de Bilbon par Thorin grâce à l’héroïsme dont le Hobbit a su faire preuve.

Erebor n’est désormais plus très loin.

Anecdotes :

  • Sortie Nouvelle-Zélande : 28 novembre 2012 Sortie France : 12 décembre 2012 Sortie Etats-Unis : 14 décembre 2012

  • Peter Jackson fait un caméo sous l’apparence d’un Nain d’Erebor.

  • Le budget était de 250 millions de dollars. Le film a rapporté 1 017 003 568 millions de dollars

  • Selon Tolkien, les Nains sont durs comme le roc, obstinés, prompts à l’amitié ou à l’hostilité, endurants, égoïstes, avides d’or. Dans le roman, il écrit que ce sont « des calculateurs ».

  • Titulaire du rôle de Radagast le Brun, Sylvester McCoy aurait pu intégrer la Terre du Milieu quelques années plus tôt, puisqu'il avait été l'un des acteurs envisagés pour interpréter Bilbo dans Le Seigneur des Anneaux.

  • Curiosité : les Nains connaissent l’expression « De Charybde en Scylla ».

  • Le personnage d'Azog n'apparaissait initialement pas dans l’œuvre originale de J.R.R. Tolkien. Celui-ci était simplement mentionné dans le livre en tant que chef orque ayant provoqué la guerre entre les Nains et son espèce, dans les Monts Brumeux. C'est l'acteur Manu Bennett qui a été choisi pour l'incarner.

  • Le point de départ du Hobbit est raconté ainsi par Tolkien : « Sur une page blanche, j’ai griffonné : « Dans un trou vivait un Hobbit » Pourquoi l’ais-je fait ? Je ne l’ai jamais su, je l’ignore encore ». Clin d’œil à l’auteur, c’est exactement le début du journal de Bilbon. Tolkien raconte aussi que la découverte de l’anneau fut autant une surprise pour Bilbon que pour lui !

  • Les noms de la plupart des Nains se retrouvent dans le Prose Edda, un texte islandais du XIIIème siècle. Gandalf est ainsi un Nain d’Islande ; son nom signifie « Elfe-Sorcier ».

  • Dans toutes les traditions, le voyage a une signification spirituelle et symbolique et « aventurier » veut dire « homme en devenir ».

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