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Les deux visages du docteur Jekyll (1960)La Gorgone (1964)

Saga Hammer

La nuit du loup-garou (1961)


LA NUIT DU LOUP-GAROU
(THE CURSE OF THE WEREWOLF)

Résumé :

Dans l’Espagne du XVIIIème siècle, un enfant naît dans des conditions affreuses qui le marqueront d’une effroyable malédiction.

Critique :

Troisième monstre de la galaxie Hammer, le loup-garou, dont c’est l’unique apparition dans les films du studio britannique, a cependant droit à une somptueuse adaptation. Le scénario, pour linéaire qu’il soit (d’autant qu’il est chronologique), ce qui est la marque de John Elder, n’en développe pas moins des thèmes forts servis par des acteurs magistraux, et surtout par le jeune premier Oliver Reed, et une mise en scène inspirée de Terence Fisher.

On pourrait s’étonner que le film se passe en Espagne, d’autant que le scénario est inspiré du roman de Guy Endor, Le loup-garou de Paris ! La raison n’est pas logique mais financière comme toujours avec la Hammer. Celle-ci disposait de décors en Espagne pour un film qui ne put se faire (dommage puisqu’il parlait de l’Inquisition, ça aurait donné de belles images !) et donc il fallait les utiliser ! Si Terence Fisher trouvait que cela nuisait à la crédibilité du film, le spectateur ne sera pas si sévère puisque le thème sous-jacent est, lui, parfaitement intemporel.

Dès la scène d’ouverture, un peu longuette mais colorée, on sent la patte de Fisher. Cette noce sinistre et qui met très mal à l’aise où un marquis détestable humilie un mendiant et le fait jeter au cachot ressemble à une scène similaire du Chien des Baskerville quand sir Hugo et ses séides cherchent à violenter une servante. La similitude n’est pas copie mais elle montre la sensibilité de Terence Fisher au thème des rapports de classe. C’est parce qu’il rabaisse le mendiant au rang de bête que celui-ci perd toute humanité ; ce qui initie la malédiction. Et ce sont encore les rapports de classe qui feront obstacle à la seule solution de rompre la malédiction. Le Mal est dans l’abus de pouvoir. Peu importe donc quand et où se situe l’action : les rapports de force sont toujours les mêmes. Fisher critiquait la volonté de pouvoir et son abus qui conduit à l’échec ou, comme ici, au malheur.

Le film est donc une tragédie. Tout porte la marque de la fatalité : les circonstances de la conception, celles de la naissance, même le baptême avec cette ambigüité que met parfaitement en valeur Fisher, bien aidé par le chef opérateur Arthur Grant : est-ce une scène prémonitoire ou juste un orage et le reflet d’une gargouille dans le bassin ? Comme d’habitude, Terence Fisher frôle le blasphème sans y tomber, comme avec la curieuse théorie du prêtre sur les « esprits animaux » fort peu chrétienne ! Toute l’histoire paraît être celle d’une lutte contre la malédiction. Le plus beau, et le plus tragique aussi, c’est qu’on y croit jusqu’au bout.

Si le « remède » contre la lycanthropie n’est pas foncièrement canonique, il a le mérite d’enrichir la psychologie des personnages en leur fournissant un moteur. Oliver Reed, neveu du réalisateur Carol Reed (Le troisième homme) débute pratiquement sa carrière ici et il réalise une prestation éblouissante rendant compte à la fois de la bestialité et de l’humanité du monstre. Il concrétise la théorie de Fisher pour qui le monstre est une « dualité subie ». Remarquable dans l’émotion, poignant quant il demande à ce qu’on le mette à mort, il est saisissant sous les oripeaux d’une Bête invisible jusqu’à la toute fin du film (à l’exception de ses bras puissants et de ses paumes poilues).

Pour l’essayiste Nicolas Stanzick, c’est tout simplement « le plus beau loup-garou de l’histoire du cinéma » et il rappelle que, dès l’origine, on compara le maquillage avec celui de la Bête de Jean Cocteau. Le cinéma de Terence Fisher est puissant parce qu’il traite de la dualité qui est en chacun. Esthétiquement, dramatiquement, ce film est une réussite et un authentique chef-d’œuvre.

Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 1er mai 1961 Sortie américaine : 7 juin 1961 Sortie française : 4 octobre 1961

  • Scénario de John Elder (Anthony Hinds). Né Anthony Hammer, fils de William Hammer, fondateur du studio dont il hérite en 1952. Il crée d’abord sa propre société, Exclusive Films, qui fusionnera avec la Hammer. Sous le pseudonyme de Hinds, il produira une cinquantaine de films de 1955 à 1971. La nuit du loup-garou est son premier scénario. Il a du goût pour l’occultisme mais ses scripts sont souvent linéaires.
  • Le chef opérateur de la Hammer était habituellement Jack Asher mais il fut viré pour faire des économies ! Son remplaçant Arthur Grant, talentueux, avait une approche plus réaliste.

  • Le magazine professionnel The Hollywood Reporter écrivit que c’est « un film d’horreur typique de la Hammer. Cela signifie que l’on reconnaît la richesse visuelle unique et le soin accordé à la mise en scène digne d’une production théâtrale de la compagnie ».

  • Le script fut censuré et le film subit cinq minutes de coupes à cause du « mélange d’horreur et de sexe » (lettre de John Trevelyn à Anthony Hinds, 2 février 1960).

  • Dans le film, la mère meurt en couches alors qu’une photo de tournage la montre étranglée par le monstre qui est son fils. Cette photo sert de couverture au n°1 de la revue Midi-Minuit Fantastique (mai – juin 1962).

  • Parmi les serviteurs du marquis, on reconnaît brièvement Desmond Llewelyn, futur Q des James Bond. Il n’est pas crédité au générique.

  • Clifford Evans/Alfredo : acteur britannique né au Pays de Galles (1912-1985), vu au cinéma dans La route de la mort (1952), Le baiser du vampire (1963), Les drakkars (1964) et à la télévision dans Douglas Fairbanks Jr presents (8 épisodes, 1953-1956), The Vise (1954-1955), Armchair Theatre (6 épisodes, 1960-1965), Chapeau melon et bottes de cuir (3 épisodes, 1965-1968), Le Prisonnier (1968), Les Champions (1968), Le Saint (1969), Jason King (1972).

  • Oliver Reed/Léon : acteur britannique (1938-1999), il avait déjà tourné pour Terence Fisher Le serment de Robin des Bois (1960). Lancé par La nuit du loup-garou, il tourne ensuite dans L’attaque du San Cristobal (1962), Le fascinant capitaine Clegg (1962), Paranoiac (1963), Oliver ! (1968), Assassinats en tout genre (1969), Les trois mousquetaires (1973), Dix petits nègres (1974), Le Prince et le pauvre (1977), Chromosome 3 (1979), Le lion du désert  (1981), Les aventures du baron de Münchhausen (1988), Larry Flint (1996). Alcoolique, il meurt d’une crise cardiaque à Malte pendant le tournage de Gladiator.

  • Yvonne Romain/la servante : actrice anglaise née « Yvonne Warren » d’un père anglais et d’une mère maltaise, elle est encouragée par celle-ci à devenir actrice. Elle apparaît dans Au bord du volcan (1957), Le cirque des horreurs (1960), Le fascinant Capitaine Clegg (1962), Le rebelle de Kandahar (1964), Les invitations dangereuses (1973). On l’a vu à la télévision dans Le Saint (1963).

  • Catherine Feller/Christina : actrice britannique vue à la télévision dans Le Saint (1966), The little world of Don Camillo (1981)

  • Hira Talfrey/Teresa : actrice néo-zélandaise (1926-2011), vue au cinéma dans Le grand inquisiteur (1968), Le cercueil vivant (1969) et à la télévision dans Chapeau melon et bottes de cuir (1962), Jane Eyre (1963), L’homme à la valise (1967), The Savage (1977)

  • Warren Mitchell/Pepe : acteur anglais né Warren Misell (1926-2015), sa carrière est très longue et riche. Au cinéma, il a joué dans Il était un petit navire (1957), Les étrangleurs de Bombay (1959), Le paradis des monte-en-l’air (1960), Dans les griffes de la Gestapo (1962), L’espion qui venait du froid (1965), Assassinats en tout genre (1969), Jabberwocky (1977). On l’a beaucoup vu à la télévision : Drake’s Progress (1957), Destination danger (1960-1961, 3 épisodes), Le Saint (1962, 3 épisodes), Chapeau melon et bottes de cuir (1963-1967, 4 épisodes).

  • L’ivrogne qui parle des « choses étranges » qui se passent les nuits de pleine lune est joué par Michael Rippert.

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Suite au meurtre d’une jeune fille, les villageois de Kleinenberg décident d’incendier le château du comte Dracula, espérant être débarrassé du monstre. C’est très loin d’être le cas ! Plus tard, un jeune homme, fuyant un père furieux, arrive au château. Séduit par une femme, il est victime de Dracula. Le frère de ce jeune homme et sa fiancée se lancent à sa recherche et découvrent la vérité. Ils doivent alors affronter Dracula.