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Mes meilleurs copains (1989)Les Sous-Doués (1980)

Comédies françaises Années 80

On a volé la cuisse de Jupiter (1980) par Sébastien Raymond


ON A VOLÉ LA CUISSE DE JUPITER (1980)

Résumé :

Au cours de leur voyage de noces en Grèce, le coupe Lemercier/Tanquerelle fait la connaissance de l’archéologue Charles-Hubert Pochet juste au moment de sa plus grande découverte : un élément de statue de Jupiter. Or, un marchand d’art fait dérober la statue avec la complicité de l’épouse de Pochet. Mais très vite, un homme est tué et Antoine Lemercier et Charles-Hubert Pochet sont accusés de l’avoir commis. Les deux couples sont obligés de partir en cavale pour trouver le véritable assassin.

Critique :

Fausse suite de "Tendre poulet", dans le sens où le ton va tout de même changer. Au niveau des personnage, cela reste une suite, on est d’accord : nos deux amoureux Annie Girardot//Philippe Noiret filent maintenant le parfait amour et ont décidé de roucouler sous les oliviers athéniens. Si dans le premier épisode, ils formaient un petit couple de quinquas pimpants, dans celui-là ils ne cachent plus leurs aspirations de pré-retraités. Monsieur descend au restaurant en charentaises, madame compte ses gouttes avant l'apéro. Les petits pépères sont gentillets et paraissent partis pour roupiller au bord de la mer Egée, mais bien entendu, c'est sans compter sur un scénario cette fois-ci virant volontiers à la pantalonnade sous figure de road-movie débridé, par moments cartoonesque et pourtant un peu plan-plan en fin de compte.

D’aucuns diront que le bât blesse avec la présence vite fatigante du couple Alric/Perrin. La plastique avantageuse de Catherine Alric livrant son lot de dénudés aquatiques ou ménagers donne dans l'érotique pépère encore (mais pas pervers). Le pire vient des grimaces et des cris hystériques de Francis Perrin singeant un de Funès qu'il aurait sans doute voulu être et n'a jamais pu être faute de talent et de justesse. Sur toutes les revoyures que j’ai faites de ce film, je confesse qu’il est arrivé que mes pensées soient parsemées de “chut, tais-toi” sur certaines apparitions du trublion “tic-tac-toc, ciiiitizen bien sûr” et ont pu altéré mon modeste plaisir. Je suis plutôt du genre spectateur patient avec les acteurs de comédie. Je sais être bon public. Je me demande si ce type de jeu n’est pas passé de mode de nos jours, auquel cas, il risque d’irriter un grand nombre. Je serais tenté de dire que ce couple n’est pas non plus un écueil considérable. D’autant que le sel du film n’est décidément pas sur leur relation, mais il est vrai que cette dernière n’est pas anecdotique. Elle ne pèse pas, mais n’apporte pas non plus grand chose.

Le scénario moins réaliste, accumulant beaucoup trop de personnages secondaires ordinaires, voire débiles (Marc Dudicourt et Francis Perrin en tête), versant plus dans la farce, la comédie d'aventure rigolote à la crédibilité mise à mal, m'a quelque peu déçu. J'appréciais quand j'étais marmot, mais là l'excès tue un peu l'enthousiasme.

Heureusement, le couple Noiret/Girardot m'émoustille toujours autant. J’ai dit tout le bien que je pensais de l’alchimie que les deux acteurs ont su créer dans “Tendre Poulet”. Incroyable gageure, le scénario parvient à la conserver malgré le changement de tonalité générale.

Parce qu’effectivement, le film malmène le couple de façon très différente. Alors que dans le premier, l’engagement, le conflit interne propre à l’idylle naissante entre eux deux était au coeur du film. Cette fois-ci, ce sont des éléments extérieurs qui viennent bousculer la tranquillité des deux amoureux. Mais ils font preuve d’une foi l’un envers l’autre inébranlable, d’une complicité qui fait vraiment plaisir à voir. 

Quant à Michel Audiard, il se lâche beaucoup plus dans ses dialogues, au détriment d'ailleurs de ces belles teintes poétiques, méditatives et pleine de réminiscences. Toutefois, on y gagne en bons mots, en répliques incisives et parfois tordantes. Il faut absolument entendre Lemercier (Philippe Noiret), professeur en Sorbonne, devenu criminel en cavale (en goguette surtout) en train de s'entraîner au tir et dire : "Il faut viser les gendarmes à la tête... pour ne pas abîmer les peaux". Le côté provocateur et anar de Michel Audiard trouve dans le personnage de Noiret une parure affriolante. Il prend ses aises et le public avec. On est plus dans le rire éclatant, le burlesque.

On doit éviter de s’attarder sur les incongruités, la crédibilité malmenée, l’aventure est tout entière dans le mouvement de ces deux couples en cavale. L’histoire de vol et de meurtre n’a désormais que peu d’importance (fameux McGuffin hitchcockien). En cela, le rythme cher à Philippe de Broca est à l’honneur. Une course. De Broca court après la vie. Et c’est heureux.

Voilà pour quelques dialogues assez savoureux, pour quelques plans exotiques d'une Grèce disparue (sans touristes), pour quelques moments tendres entre ces deux géants adorables que sont Noiret et Girardot, on peut prendre quelque plaisir sur cette deuxième partie, diptyque inégal et légèrement décevant. J’ai bien écrit “légèrement”, j’ai encore pris du plaisir. Et ce à chaque fois que je le revois.

Anecdotes :

  • Outre Philippe Noiret et Annie Girardot, héros principaux, Catherine Alric est aussi une comédienne qui jouait dans le premier opus “Tendre poulet”. D’ailleurs, au cours du film, la commissaire Tanquerelle ne manque pas d’évoquer avec malice qu’elle a déjà rencontré une fille dans son genre…

  • Le film connut un succès honorable de 1.6 millions de spectateurs.

  • Philippe de Broca a tourné notamment des scènes rares dans un des monastères des Météores où un James Bond a été tourné aussi (“Rien que pour vos yeux” avec Roger Moore).

Séquences cultes :

J'ai horreur de ces machins là

Tout va bien

Qu'on sorte de la ville discrètement !

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