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Saga Bertrand Blier

Les Côtelettes (2003)


LES CÔTELETTES

classe 4

Résumé :

Deux sexagénaires, tristes et nostalgiques, tombent amoureux de la même personne, qui n'est autre que leur femme de ménage.

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Critique :

L'énorme échec commercial de ce film apparaît injustifié dans la mesure où il n'est certes guère meilleur, mais en tous cas pas pire, que les autres œuvres du Blier de l'époque.

Pourtant, le cinéaste avait bétonné sa distribution en faisant appel à deux poids lourds confirmés pour les rôles principaux. L'âge n'a pas enlevé à Philippe Noiret sa verve légendaire, ni sa gouaille naturelle, et Michel Bouquet continue à faire du Michel Bouquet, avec sa façon de jouer et sa diction, inimitables.

Peut-être le public de l'époque avait-il besoin de renouvellement ? Ou bien avait-il été refroidi par la singularité du film précédent ?

On a affaire ici à un Blier typique, constellé de propos salaces et d'aspects surréalistes. On assiste même à un certain renouveau concernant les dialogues, qui suscitent nombre de sourires complices.

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L'entame est accrocheuse, avec son côté absurde dans le bon sens du terme, dont Blier a le secret. Léonce (Philippe Noiret), âgé de 64 ans, est un bourgeois qui se flatte de voter à gauche. A l’opposé, Michel Bouquet, le « Vieux » de 70 ans, se définit comme un « pauvre de droite ».

Léonce, touché par l'attitude humble de Nacifa, sa femme de ménage, se trouve pris de scrupules en raison de son mode de vie, qu'il commence à trouver indigne de ses idées progressistes : comme n'importe quel vulgaire riche de droite, il s'est mis en couple avec une beauté de 30 ans après son divorce.

Il fallait vraiment être Bertrand Blier pour inventer ces histoires d'excréments : Léonce explique que la différence entre un « imbécile » de gauche et un « imbécile » de droite, c'est que le premier nettoie les WC après avoir déféqué, alors que le second ne le fait pas car il paye des gens pour le faire à sa place ! Et il avoue que lui-même ne nettoie pas, en dépit de ses idées affichées.

On le voit, la politique est omniprésente, et oriente le film vers une comédie sociale, genre déjà abordé par Bertrand Blier et qui, à mon avis, n'est pas celui qui lui convient le mieux. Je préfère le Blier auteur de cinéma populaire des années 70 et 80 au Blier plus « bobo » des années 90 et 2000, et il semble que la majorité du public soit de mon avis, vu le flop du film.

Parti sur cette voie, le scénario s'enlise et le film se délite, ne confirmant pas les espoirs suscités au commencement. Pourtant, tout n'est pas à rejeter, loin de là. Il y a le donc un bon début, avec le « Vieux » qui débarque chez Léonce sans crier gare avec l'intention avouée de l'ennuyer. Puis l'idée originale de personnifier la Mort, que l'on retrouve sous les traits de Catherine Hiégel, idéale pour ce rôle.

« La Mort » arrive un jour chez Michel Bouquet, qui est prêt à la suivre, mais elle ne veut pas de lui, elle préfère les gens moins consentants, qui s'accrochent à la vie. Elle va resurgir un peu plus tard, d'abord pour faire du gringue au « Vieux », mais ce dernier ne se montre pas intéressé, ensuite pour tenter d'emmener Nacifa, atteinte d'un cancer. Du 100% Blier !

Tout ceci n'est pas dénué d'intérêt, et fait d'autant plus regretter le final décevant. Cette « sodomisation » de La Mort par Noiret et Bouquet, sous les regards d'un groupe de handicapés physiques qui, subitement, quittent leurs fauteuils roulants pour se mettre à danser, très peu pour moi. Voilà qui ne rime à rien, et n'est même pas drôle.

Cette fin ratée s'apparente à un écho de celle, tout aussi surréaliste, de Calmos, et confirme la difficulté de Bertrand Blier à bien terminer ses films.

Anecdotes :

  • Il s'agit de l'adaptation par Bertrand Blier de sa pièce du théâtre du même nom, jouée pour la première fois en 1997 au Théâtre de la Porte Saint-Matin, avec les deux mêmes acteurs dans les rôles principaux. Michel Bouquet avait remporté le Molière du comédien.

  • Très gros échec populaire pour ce film puisqu'il n'atteint même pas les 100 000 entrées. Blier retombe ainsi dans les mêmes eaux qu'à ses débuts, avec Si j'étais un espion.

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