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 saison 1 saison 3

The L Word (2004-2009)

SAISON 5

 


PRÉSENTATION

Cette cinquième période  paraît plus inégale que les précédentes. En effet alors que jusqu’ici chaque saison apportait un véritable renouvellement dans les intrigues de la série, voire dans son atmosphère générale, celle-ci se contente de continuer les grands axes issus de la précédente (tournage de Lez Girls, chemin vers la réconciliation de Tina et Bette, les démêlés de Tasha et Alice), sans réellement marquer d’inflexion de l’ambiance générale, désormais plus proche des soaps traditionnels.

Les quelques créations de la saison 5 ne convainquent guère, telles Nikki et Molly, ainsi que leur relations assez peu captivantes avec Jenny et Shane. Le même manque de réussite s’observe dans les tentatives d’évolution des personnages, dont Shane retombant de façon désespérante dans ses travers de toujours, après avoir connu une progression intéressante avec son demi-frère, ou Alice, moins sympathique qu’à l’accoutumée  en seconde partie de saison. La saison souffre plus généralement d’usure, The L Word semblant connaître des difficultés à innover, après avoir exploré l’essentiel de ce que son modèle, quasi uniquement basé sur le relationnel, avait à offrir.

Néanmoins cette saison 5 n’est pas synonyme de crépuscule, il s’en faut de beaucoup. Le savoir-faire des auteures,  mais aussi des réalisatrices demeure intact, conférant un véritable intérêt à cette poursuite de fils narratifs. Le tournage de Lez Girls séduit par son atmosphère électrique, mais aussi par sa relecture originale de la saison 1, non exempte d’une évocation de l’aventure The L Word elle-même.  La longue marche vers la résurgence du couple Tina-Bette se montre, la plupart du temps, fort joliment narrée. Il en va de même pour ce duo passionnément conflictuel formé par Tasha et Alice avec, en point d’orgue, une évocation éloquente et bien ajustée du refus de l’homosexualité par l’armée américaine, alors en pleine actualité.

La saison parvient tout de même à susciter deux adversaires à nos héroïnes, la véhémente Dawn Denbo (and her lover Cindy) et l’énigmatique Adèle, qui, chacune dans son genre, vont parvenir à pimenter l’intrigue. Et les fondamentaux de la série perdurant dont l’humour souvent acidulé et surtout cette humanité sensible des personnages, les rendant captivants jusqu'en leurs errements. Surtout, les actrices apparaissent toujours aussi talentueuses et impliquées avec, particulièrement mis en évidence cette saison, l’épatante Mia Kirshner et le duo si fusionnel de Laurel Holloman et Jennifer Beals.

En définitive, si la saison, c’est vrai, nous laisse plus partagés qu’à l’ordinaire, l’essoufflement de la série apparaît loin d’être généralisé. The L Word continue à représenter le plus prenant et audacieux des dramas sentimentaux contemporains.

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1. LUTTE D’INFLUENCE
(LGB TEASE)


Après la traditionnelle et réussie séquence souvenir de la saison précédente, l'épisode démarre sur les chapeaux de roue avec cette hilarante écriture d'une page de Lez Girls par une Jenny clairement sauvée des eaux. Jen demeure visiblement sur la lancée de la saison 4, très satisfaite d'elle-même et se délectant de passer au vitriol ses amies. Si on peut ne pas apprécier le personnage, il faut reconnaître que son travail se montre hilarant, aidé il est vrai, pas des comédiennes s'amusant beaucoup à varier leur personnage (tiens, on aura au moins vu Bette et Tina ensemble cette saison...).

L'ahurissant succès de Lez Girls se comprend mieux, de même que la colère des filles ! On se prend à songer fugacement au Milagro des X-Files et à se dire qu'il est heureux que Jenny ne soit pas Padgett, car The L Word deviendrait vraiment bizarre !

Comme à chaque saison, la découverte du générique nous apporte quelques enseignements. Tout d'abord, la série semble mettre la pédale douce sur la création de nouveaux personnages. Tant mieux, elle s'était montrée quelque peu prolixe là-dessus et approfondir l'existant constitue l'option la plus judicieuse. Ironie du destin des personnages de série télé  : alors que Tasha semblait sur le point de partir pour l'Irak elle reste dans la série, et c'est Papi qui disparaît !

Les auteurs tirent les conséquences de la période écoulée, Papi donnait l'impression de ne plus avoir grand-chose à exprimer, il en va très différemment pour Alice/Tasha. Angus s'évanouit pareillement, de manière expéditive même si justifiée, car Long Time Coming Up montrait une réconciliation en cours avec Kit (celle-ci miraculeusement guérie de l'alcoolisme...).

Hélas le vaste mouvement de bascule de l'univers de la série ne s'arrête pas là, la caractéristique majeure de LGB Tease étant d'accumuler les rebondissements les plus invraisemblables, visiblement forgés de toutes pièces pour relancer le récit dans d'autres directions, parfois au mépris de la vraisemblance la plus élémentaire.

On était près à admettre que Shane reculasse en définitive devant la perspective de vivre en couple avec Paige. Mais le modus operandi s'avère vraiment consternant, non crédible. Non crédible, parce que, même pour Shane, c'est énorme, on peut ici parler de pathologie. Sans même parler du gamin se trouvant sur les lieux et pouvant tomber sur le théâtre des opérations (c'est bien pire qu'Hélèna en saison 2). C'est également négatif car tout au long de la saison 4, notamment avec Shay, on a aimé voir émerger une nouvelle Shane, plus mure et responsable. Or ici on assiste à un total retour en arrière.

Dès lors quel crédit peut-on accorder à ce que raconte la série sur l'évolution psychologique de ses personnages, s'il suffit d'un claquement de doigts pour effacer le chemin parcouru ? Cette histoire parvient à aller encore plus loin dans l'absurde et la facilité, avec l'incendie du Wax, qui ne correspond en rien à ce que l'on nous a montré de Paige jusqu'ici. C'est vraiment lourd, même si non dénué d'humour (involontaire ou non) car l'une des deux armes de prédilection de la Terminatrice était précisément le lance-flammes... On voit bien que les scénaristes ont désiré que Shane retrouve sa liberté afin de pouvoir la projeter dans une toute autre direction et sortir Paige est positif en soi, mais y aller à la hussarde et en saccageant le travail accompli reste inadmissible.

Pareillement ahurissante demeure la succession d'évènements autour du tournage de Lez Girls. Cette histoire de Jenny voyageant au Mexique (on n'ose comprendre que cela soit suite  à sa dérive nautique de fin de saison), y rencontrant un milliardaire vaguement excentrique en pinçant pour elle et assurant le financement du film (excellent Wallace Shawn), c'est du n'importe quoi massif. Et on ne parle même pas du bagage technique important dont doit disposer un metteur en scène, et dont Jen est évidemment dépourvue. On tient ici un conte de fées aux relents de cauchemar (pour Tina). On regrette aussi le départ précipité de Kate, qui avait gagné en intérêt en tout fin de saison.

Surtout, on tient toujours ici la même Jen mégalomane, dingue et odieuse que précédemment, voire accentuée. Mia Kirshner, en roue libre, se montre aussi épatante qu'à l'accoutumée sur ce créneau, mais l'on craint fort que ce registre d'humour, divertissant sur quelques épisodes, ne finisse par lasser au fil d'une saison dont Jen se présente comme un élément central. Ce n'est pas la première fois que The L Word use complaisamment de l'intersaison pour se réorienter, mais là on tire vraiment sur la corde. On espère néanmoins que les différentes étapes de la production se montreront aussi bien explicitées que précédemment

Une autre usure d'un ressort comique se distingue chez Hélèna. On se retrouve toujours face à la litanie des malheurs, toujours plus accentués. On se lasse de cet acharnement. Qu'elle échoue en prison après son vol n'apparaît pas absurde en soi, mais tout de même bien vif après une période n'excédant pas deux ou trois semaines. Quid du procès, ou d'une intervention de Peggy Peabody ? Le fait que celle-ci reste toujours aussi injoignable depuis la conclusion de la saison 2  est un peu gros.

L'intérêt de cette histoire proviendra de la relation se développant entre Hélèna et sa compagne de cellule (depuis Bette et Candace on sait que dans The L Word bien des choses peuvent y survenir) mais, pour l'heure on a surtout droit aux clichés sur les prisons pour femmes, maintes fois vus ailleurs. Et, dans une prison, aucun visiteur ne passe jamais par les cellules, c'est absurde et juste écrit pour l'effet. On n'est pas emballé non plus par la trajectoire parcourue par Phyllis. Outre Cybill et sa fantaisie, l'intérêt du personnage sur la fenêtre ouverte sur une autre population que celles du Planet, plus mûre. Cela semble donc un contre-sens de voir se prolonger un jeunisme peu crédible chez Madame la Vice-Chancelière. Et puis sa fille se montre crispante au possible, médiocrement interprétée par Clémentine Ford, elle nous tape déjà sur les nerfs.

Heureusement, malgré ces évolutions agencées à la truelle, les valeurs sûres perdurent. On adore le passage du podcats (Alice in Lesbo Land, sic) entre Max et Alice à propos des relations semble-t-il complexes entre trans et lesbiennes, Max parle juste, sans emphase, et on peut compter sur Alice pour instiller l'humour nécessaire à ce que le passage ne prenne pas la tournure d'un pensum. Voir Alice verte de jalousie quand Phyllis explique que leur relation était « sympa » est un pur délice.

À travers elle, la série semble effectuer son mea culpa à propos de la mise à l'écart quasi continuelle de Max la saison dernière, c'est positif (pas un mot pour Tina...). On apprécie bien l'intégration renouvelée de Max au groupe, tout en espérant qu'il ne se limite pas à camper le gars sympa derrière la caméra. Beaucoup d'émotion également dans la communication entre Alice et Tasha. Après le retour surprise de celle-ci, on se demande comment les Instances Supérieures vont se débrouiller pour maintenir la militaire auprès d'Alice.

Et puis, bien entendu, Tina et Bette poursuivent leur délectable partition, entre regards et expressions plus éloquents que des discours. Le passage de maternelle est très complice et amusant, la grosse engueulade la saison dernière sur ce sujet n'était décidément pas si méchante... La scène de la piscine se montre à la fois sensuelle, drôle et acidulée. Quand elle et Tina (Jennifer Beals et Laurel Holloman) se retrouvent ensemble, quelque chose se passe à l'écran, il s'agit décidément de la plus belle réussite de The L Word et, par son intensité,  le couple apparaît vraiment au-dessus du lot. Bon, vu à quel point on en est déjà rendu, on se dit que cela ne va pas rester longtemps en l'état.

Tina, très touchante, ses sentiments sont évidents, tient le bon bout. Jodi, ses ferrailles et ses bouts de bois, sont assis sur une bombe dont une étincelle va infailliblement allumer une mèche plus ou moins longue. On ne se lamente pas franchement pour elle, d'autant qu'elle constitue un vivant portrait de ce qu'elle reproche à Bette. Et puis, faire une table ce n’est pas non plus régenter l’univers, tout de même.

Ce pilote de saison, taillé à la serpe, ne prédispose pas forcément en faveur de la saison 5, mais le roman Tina/Bette se montre toujours aussi gouleyant à suivre. Il devrait constituer l'axe fort du récit sur la période, avec ce tournage déjà haut en couleurs de Lez Girls.

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2. LUXE ET LANGUEUR
(LOOK OUT, HERE THEY COME !)


Tout comme le précédent, l'épisode débute par une très amusante scène jouant sur le contraste entre le monde réel et celui fantasmé par Miss Schecter. À l'instar jadis du producteur de Mark, Aaron veut plus de sexe entre lesbiennes, et peu importe la vraisemblance. Cela semble une constante à Hollywood...

Outre les amusantes apparitions de couples tous plus improbables les uns que les autres dans un décor quasi vide à la Matrix (on est vraiment dans le virtuel), le passage vaut pour les commentaires de Jenny et Tina, très révélateurs du regard qu'elles portent sur leurs amies. Et Jen en a visiblement toujours après Tina ! On assiste aussi à une mini mise en abyme, sans doute involontaire, car l'on se dit que c'est un peu pareillement que les auteurs travaillent durant l'intersaison, en cherchant qui va se connecter avec qui...

À la suite, Look Out, Here They Come ! va se révéler quasi totalement orienté vers la comédie, à l'exception de Alice/Tasha. On ne s'ennuie pas, car l'humour se montre souvent au rendez-vous et parce que les actrices se révèlent toujours épatantes dans leur interprétation de personnages que l'on aime bien. Par contre les grands moments de tension ou d'émotion, qui participaient également à l'originale identité de The L Word, brillent par leur absence.

Si quelques destinées individuelles se sont vues redistribuées, on demeure globalement sur la lancée de la saison 4, l'impression de renouvellement se ressent nettement moins que lors des périodes écoulées. Plaisante, souvent pétillante, mais dépourvue d'intensité, la série prend des allures de  soap quatre étoiles.

On discerne clairement que, si les auteurs ont employé l'artillerie lourde pour libérer Shane des conséquences de la période écoulée, c'était pour mobiliser sa liberté retrouvée au service de cette inclination vers la comédie constituant pour l'heure la seule vraie entreprise de la présente saison. Son épopée avec les trois filles et l'épouse de William se montre en effet très drôle, même si un peu théâtralisée.

On retrouve complètement la Shane de la saison 1 et ses embrouilles, même si la totale oblitération des expériences passées demeure un peu artificielle. Le passage se déroule de plus dans une grande demeure absolument splendide et ornée avec le meilleur goût, ce qui ne gâche rien. On se demande à qui Shane fait allusion quand elle déclare à la mariée qu'elle lui rappelle quelqu'un ? Après tout elle n'a pas vraiment vu Carmen ainsi habillée...

L'annonce de l'intégration de Shane au staff de Lez Girls centre encore davantage l'intrigue sur ce tournage. Jenny s'en tient à sa personnalité détestable et ridicule, mais il faut avouer que Mia Kirshner réalise ici une authentique performance. Elle parvient à rendre toujours hilarant son personnage de cinglée égocentrique, ce qui ne semblait pas évident à première vue. Reste à savoir si elle pourra maintenir l'exploit sur toute une saison.

Pour l'heure l'air affligé de Tina fait toujours mouche ainsi que les péripéties suscitées par les auteurs. Jenny passe la démultipliée avec l'entrée en lice d'Adèle, groupie absolue de l'écrivaine. Adèle fait nettement songer à la Jen de la première saison, reste à savoir si cette dernière sera sa Marina !  Espérons aussi que cela permettra de libérer Tina pour autre chose...

La même Tina amuse elle aussi, par sa manière  de saboter ses rendez-vous avec de sémillantes jeunes femmes (ne parler que de Bette et Angélica), au grand désespoir d'Alice s'étant déclarée en croisade pour lui trouver quelqu'un. Tout ceci divertit mais reste un tantinet inconsistant, ce n'est pas vraiment ce que l'on a envie de voir concernant Tina/Bette. Il faut dire que cela faisait longtemps que l'on avait aussi peu vu Bette dans un épisode. Elle se limite à quelques apparitions, permettant de constater au passage à quel point aucune alchimie n'existe dans le couple Jodi/Bette.  On dirait ce bois sec que l'artiste utilise pour ses « créations ». Stand up, Bette ! Look Out, Here They Come !  exprime l'amour véritable existant toujours ressenti par Tina pour Bette, tandis que cette dernière a l'œil bien rivé sur les éphémères rencontres de son ex. Mais l'action traverse un calme plat.

Les auteurs s'essaient pareillement à l'humour avec les mésaventures d'Hélèna en prison. Malheureusement la cascade de clichés se poursuit (la scène des douches...), ensevelissant ce que la personnalité de l'héroïne pourrait apporter comme originalité. Il en va de même pour sa liaison avec sa codétenue, The L Word ressasse des poncifs mis en scène maintes fois ailleurs (déjà dans Drôles de Dames...), sans insuffler suffisamment de spécificité. Sur ce point on peut clairement lui préférer Les Condamnées ou Capadocia. On éprouve comme une nostalgie de Candace...

L'arrivée de Kit dans le couloir des cellules représente par contre une joyeuse référence, soulignée par la musique, à ces films 70's de la Blaxpoitation dont Pam Grier fut la reine incontestée et où elle apparut à plusieurs reprises en prison (Women in Cages, The Big Doll House, Black Mama-White Mama, The Big Bird Cage...). Un nouvel emprunt réussi de la série à la pop culture des années 70/80, d'autant que Pam Grier joue le jeu à fond, y compris durant sa discussion avec Hélèna.

Le couple Phyllis/Joyce, même si dans la tempête, tient ses promesse en matière de tonus et de fantaisie. Cybill Shepherd et Jane Lynch, en roue libre, se complètent à merveille tandis qu'il s'avère particulièrement divertissant de découvrir Phyllis inverser ce qu'elle a connu avec Alice et Terminatrix Joyce prise aux filets de la passion amoureuse. Qu'elles restent ensemble, ce serait dommage de saboter une telle association. Max/Tom, il faut voir, cela se montre bien anodin pour l'instant.

Le seul passage plus âpre et ressortant davantage du drame provient du couple toujours si apprécié Alice/Tasha. Le procès en lesbianisme de Tasha apparaît comme une astucieuse idée pour la faire demeurer dans les parages, tandis qu'il exacerbe les confrontations d'opinion entre les deux compagnes. La manœuvre est intéressante d'un point de vue dramatique car une bonne part de l'intérêt de Alice/Tasha résulte de ce clash frontal et perpétuel, où chacune réalise des efforts parfois quasi désespérés pour intégrer la façon de voir de l'autre et sauvegarder leur si belle relation.

On pense à l'affirmation de Kit durant la saison 1, selon laquelle l'amour dépasse toutes les différences, on tient là une démonstration ouverte et captivante sur ce thème. Pour l'heure Alice accepte tant bien que mal que Tasha veuille se battre pour une institution la forçant à se renier, et Tasha se contraint à s'ouvrir davantage au monde de sa partenaire de vie. L'épreuve est franchie mais l'avenir demeure à écrire.

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3. LADY À L’EAU
(LADY OF THE LAKE)


On ne pourra certes pas reprocher à ce premier quart de la saison d’avoir raté ses introductions d’épisode. Ce pastiche lesbien du mythique Drôles de Dames se montre gonflé, bourré d’humour et sexy en diable. Une vraie réussite, même si les amateurs de la série d’Aaron Spelling pourront tiquer devant l’aspect nunuche donné aux pseudos héroïnes. Et oui, audacieux en son temps, les Anges de Charlie contiennent néanmoins des clichés sexistes les datant terriblement aujourd’hui.

Le passage (résultat d’un concours d’écriture ouvert aux fans) joue également habilement du caractère (sexualité)  des héroïnes  de The L Word, cette surexposition des personnages titille astucieusement le spectateur. Un coup de chapeau pour le staff car les looks se montrent également performant, on reconnaît aisément Jill, Sabrina, Kelly, Bosley en Alice, Shane, Hélèna et Tina. Les actrices s’en donnent à cœur joie, à commencer par Rachel Shelley, qui a dû fumer avant le tournage, ce n’est pas possible autrement.

Malheureusement on déchante après ce brillant lancement car la saison 5 retombe vite dans ses travers. Plus encore qu’au début de la précédente, on assiste à une atomisation du récit en de multiples scènes composant autant de tranches de vie certes amusantes, mais signifiant au total  un surplace massif de l’action.

On s’aperçoit que la saison capitalise sur les personnages et leur caractère, ainsi que sur la complicité établie avec les spectateurs, mais stagne en ne créant quasiment aucune intrigue véritable. Arrivée déjà à son premier quart, on constate que les seuls axes de la narration (Tina/Bette, Lez Girls et Alice/Tasha)  sont directement issus de la quatre, alors que les deux premiers de ces éléments paraissent presque en friche durant Lady of the Lake (titre français nullissime par ailleurs).

Avec une Jenny apparaissant très peu à l’écran (mais se débrouillant toutefois pour apparaître crispante au possible), Lez Girls n’avance pas d’un pouce, alors que l’on désire vraiment que débute ce tournage dont on entend parler depuis si longtemps. De même Tina/Bette et Jodi ne progresse que par ce week-end à la campagne. Le passage, hormis l’hilarant bain forcé de Bette, ne sert qu’à souligner les différences de caractères et d’environnement existant entre les deux femmes.

Si on apprécie que la série ait la finesse de ne pas se montrer manichéenne, (Bette ne sortant  pas épargnée  de l’aventure), on se fatigue du statu quo et de voir Bette singer ce qui ressemble fort à de la soumission à Jodi, ainsi que Tina se morfondre,  y compris au sein d’une liaison passagère avec sa cardiologue (Tina a le cœur qui souffre, c’est certain). Il est grand temps que les auteurs se décident à bouger les lignes.

Autrement consistante apparaît l’histoire d’Alice et Tasha, cette dernière étant singulièrement mise en valeur grâce à une forte et émouvante composition de son interprète. Tasha se montre bouleversante dans l’expression de son engagement et de sa fierté d’être militaire, parvenant semble-t-il à émouvoir son avocat, assez borné jusqu’ici. Rose Rollins exprime avec conviction et sensibilité l’apparente détermination de Tasha et le désespoir qui la ronge sous la surface.

Alice assiste admirablement sa compagne, il est judicieux de la voir soutenir la solide Tasha. Alors que leurs différences et leurs empoignades s’estompent logiquement face à l’épreuve qui s’approche, on assiste au passage le plus émouvant de l’épisode quand Tasha refuse qu’Alice s’éloigne, malgré l’enquête en cours ; tout cela sonne très juste, et Alice/Tasha demeure le segment le plus convaincant de cette saison.

Le reste de l’épisode est rempli d’un salmigondis de scènes de réunion (Planet, salle  de gym, maison, restaurant…) certes le plus souvent amusantes mais ne développant aucune action, ou presque. Shane décidant de s’interdire tout contact sexuel pour éviter les problèmes, c’est distrayant et bien interprété, mais reste limité. La série joue sur les traits des personnages et leur capital de sympathie acquis auprès du public mais oublie de développer une histoire prenante et crédible. Les podcasts d’Alice restent une bonne idée grâce à l’abatage de Lesha Hailey, mais celui de Phyllis apparaissait plus enlevé et original que  celui de Jodi. Tom et Max cela se développe gentiment, on  apprécie davantage le retour de la charmante Grace, dont l’absence inquiétait et qui démontre toujours une belle complicité avec Max. Joyce et Phyllis, toujours épatantes, poursuivent leur pas de danse, tandis que Bette tente désespérément de s’en mêler le moins possible.

Autant d’historiettes sympathiques et drôles individuellement mais qui s’agrègent en un ensemble disparate et trop éclaté pour pouvoir faire progresser le récit. On note tout de même l’annonce d’une course de vélo organisée au profit de la lutte contre le cancer du sein. Cela touche par la référence explicite à Dana et par la perspective d’un de ces épisodes spéciaux que l’on apprécie vivement, se déroulant hors de West Hollywood.

Mais la partie la plus décevante de l’épisode dans le lac concerne Hélèna. Cela débute par de nouveaux poncifs des films et séries de prison, cette fois le trafic de cigarettes (quel catalogue !). Survient enfin Peggy, mais voici qu’Hélèna ne veut plus sortir car elle aime sa compagne de cellule, et ne veut pas bénéficier de privilège. Quelle vaste blague, quand on peut sortir de prison, on en sort et plus vite qu'au pas. S’ensuivent des péripéties au terme desquelles Hélèna décide de s’extirper du giron maternel protecteur, et, toujours en ayant la justice aux trousses, de s’enfuir, de récupérer son magot planqué on ne sait où, de s’en servir pour faire sortir Dusty de prison (comment ?) puis de partir avec elle vivre de la terre sur une île du Pacifique. Et de s’en aller fièrement du Planet. Tout cela s’est dessiné en deux épisodes. Euh…

En fait on perçoit clairement que les auteurs ont intégré qu’ils avaient déjà beaucoup de personnages, qu’Hélèna n’a sans doute plus grand-chose à raconter et que tout ce salmigondis cousu de fil blanc est uniquement destiné à la faire sortir (durablement ?) de la série, tout comme son exil en prison, mais de manière plus accentuée et prolongeable. Pour parvenir à ce brillant résultat on emploie les même méthodes que lors du pilote de saison, on y va à la hache : Peggy est brusquement rendue antipathique et les malheureux enfants d’Hélèna se voient de nouveau annihilés. Elle n’a pas une parole pour eux, aucun désir de les revoir, avant de partir pour sa cavale. Quelle désinvolture dans l’écriture, vraiment.

So long, Hélèna !

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4. LANÇONS LA FÊTE
(LET'S GET THIS PARTY STARTED)


Et oui, lançons la fête, car après un certain surplace la saison 5 se décide en fin à ouvrir les chantiers laissés en friche : la production de Lez GirlsThe Movie débute enfin, de manière très divertissante et… il se lève un vent mauvais pour Jodi Lerner avec le retour, superbement agencé, de Tina/Bette. La série semble ici trouver un second souffle.

Après une succession de concepts originaux ou totalement décalés, la scène d’introduction se rapproche du cours du récit, mais en demeurant percutante et franchement drôle. Ce casting évoque furieusement les célèbres casseroles de la Nouvelle Star, par la nullité crasse des actrices (même Nikki, ce n'est pas le Pérou....) et par le show du jury.

Le passage indique clairement la césure qui devrait, si tout va bien, faire de ce tournage un joli duel au soleil : Tina veut produire le meilleur film possible et Jenny, outre l'exaltation de soi, prendre une revanche sur la vie en général et sur Tim, Marina et Francesca en particulier. La voir retenir celle qui balance la plus forte torgnole à « Karina » est assez irrésistible. On attend le casting du probablement seul acteur masculin du film... Danny de Vito ?

L'épisode indique d'entrée son élévation qualitative par la meilleure scène de groupe de la saison, nettement supérieure à celles proposées dans Lady of the Lake. Cette séance d'autodéfense (un must pour les personnages féminins des séries américaines) crépite de bout en bout, grâce à d'excellents dialogues et à de bonnes vannes acidulées entre amies (il faut voir Alice ainsi que Tina et sa liaison, ainsi que la cure de chasteté de Shane). Elle prolonge également la séquence Lez Girls avec une nouvelle querelle Tina/Jenny, qui nous fait le même type de mini crise de nerfs que lors de la critique défavorable de son personnage. Mia Kirshner assure toujours le spectacle.

Par la suite on rit franchement de la colère rouge vif d'Aaron. De mielleux et obséquieux envers Jen, il est ensuite devenu plus irrité, avant d'exploser totalement ici. Et oui, notre Jenny fait cet effet-là aux hommes, aux femmes aussi. Seul bémol, la rencontre de conciliation entre Nikki et Jenny (orchestrée par une Adèle qui, mine de rien, cache bien son jeu), sonne faux, car trop appuyée et démonstrative, de plus médiocrement interprétée par Kate French.

Comme, rendu à la cinquième saison, on a vaguement compris comment fonctionne The L Word, on voit venir gros comme une maison une relation Jenny/Nikki, et cela ne suscite pas réellement l’enthousiasme tant ce nouveau personnage, à l’épaisseur d’un papier de cigarette, se montre peu relevé.

L’excellente scène de groupe que constitue ce cours permet aussi de mesurer à quel point la convergence entre Tina et Bette rend le statu quo insoutenable. Les deux femmes ont désormais toutes les peines du monde à contenir leur flamme, chacune l’exprimant à sa manière, Bette se maîtrisant globalement davantage mais se lassant aller à de brusques explosions (comme d’habitude). La scène mêle habilement humour et violence du sentiment.

Comme un pendant terriblement symétrique lui fait face la froideur  de la confrontation entre Jodi et Bette. Mezzo voce, jouant avec finesse du non-dit, le passage illustre le fossé béant désormais ouvert entre elles. Bette, au cours des épisodes précédents, a pu mesurer à quel point elle est différente de sa compagne et voici que le fondement de leur relation (la perception de l’art) diverge à son tour. Bette ne fait aucune déclaration mais Jennifer Beals sait admirablement exprimer par ses expressions l’ébranlement de son personnage. Et c’est ainsi que, solitaires et totalement décalées dans le festoiement festif du She-Bar, nos héroïnes finissent par se retrouver.

L’instant apparaît particulièrement intense, on n'a tout simplement rien connu d’aussi fort dans la série depuis les derniers épisodes de la saison 3. Les deux actrices sont grandioses et transportent littéralement le spectateur dans ce moment totalement fusionnel. En couronnement les sanglots de Bette vont vraiment droit au cœur, tandis que la chanson se montre admirablement choisie, comme souvent dans cette série.

Attention, grand moment à la X-Files dans The L Word, avec cette « visite » très à la Men In Black des deux militaires chez Alice. Le passage ‘avère réellement éprouvant, genre Scully nourrissant les poissons. Mais Alice n’est pas l’emblématique agent du FBI et, davantage ancrée dans la réalité, panique, commet des erreurs, demeure en quasi état de choc plus tard. Leisha interprète à nouveau magnifiquement son rôle. L’expression de l’émoi d’Al atteint son pic avec la destruction de la Toile originelle, véritable emblème de la série (on ressent à peu près la même chose que lors de la crémation du premier poster I Want To Believe), un choix audacieux. Cette forte histoire inspire visiblement les actrices puisque Rose Rollins impressionne à son tour lors de l’algarade chez son avocat.

L’intrigue instaure d’ailleurs un habile parallèle entre le comportement des deux militaires et celui de Tasha, qui s’efface avec beaucoup de dignité dès qu’elle prend conscience de troubler une famille. On apprécie également le revirement de l’avocat, campant un homme positif (certes aiguillonné par son épouse…) au moment où la représentation masculine hétéro n’a jamais été aussi réduite dans la série (lui et Aaron !).

The L Word a toutefois la judicieuse idée de ne pas cantonner ce couple au récit du procès. Alice peut ainsi  être elle-même avec son site, mais aussi lors de cette soirée people gay ultra confidentielle, où bien entendu elle filme tout ce qu’elle peut avec son portable (étonnant qu’elle ait pu le conserver). Comme elle a promis une discrétion exemplaire à son hôte, on devine sans peine ce qui va advenir au prochain épisode…

Si la saison exploite enfin pleinement ses trois axes narratifs principaux, Let's Get This Party Started comporte bien d’autres réussites. Un duo de concurrentes vient lancer une pierre dans le jardin de Kit, ce qui nous vaut une fort plaisante scène à la Godfather (Je vous souhaite bonne chance, d’autant que nous ne sommes pas en concurrence.). On tient ici un beau potentiel pour une rivalité, ce serait dommage que la série laisse passer l’occasion de donner quelque chose à exprimer à Kit.

Pour l’heure celle-ci nous divertit avec un nouveau clin d’œil à ses périodes Blaxpoitation et Tarantino. Bon, on a déjà eu les voitures d’Ivan et la prison, mais, honnêtement, on ne s’en lasse pas. Jenny B. avait aussi eu droit à son revival Flashdance, apparaissant à l’ouvrage en bleu de travail dans l’atelier de Jodi, énorme.

On se perd un peu dans les méandres de la sexualité complexe de Max, mais il demeure sympathique de le voir enfin heureux et épanoui entre Tom et Grace (incandescente au She-Bar, au passage). La série semble lui  donner raison face à Alice dans la controverse Bi/Lesbienne, mais elle-même l’isole depuis la saison dernière, quoique que de manière plus discrète désormais. C’est assez ambivalent comme discours.

Shane, avec la série de gags de sa cure de chasteté, amusante mais sans consistance, semble cantonnée à un second rôle cette saison. En renouant avec son caractère des débuts de la série, elle en retrouve également la place. Mais on lui doit deux superbes scène, celle de rupture du jeûne (spectaculaire dans son genre) et surtout le très beau moment d’amitié et de complicité avec Jen.

Cette relation très profonde, un peu négligée durant la saison précédente, s’impose de nouveau. Si les autres filles s’accommodent plus ou moins bien de Lez Girls et de la nouvelle Jen, Shane reste la seule qui s’en moque éperdument. Par amitié, mais aussi peut-être parce que, à tout prendre, elle la préfère ainsi  plutôt qu’en train de s’écorcher vive. Et nous aussi.

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5. LIMITES DÉPASSÉES
(LOOKIN' AT YOU KID)


Lookin' at You Kid est un épisode surprenant, par ses choix polémiques, par une évolution de Tina/Bette nettement moins fulgurante que ce à quoi l'on pouvait s'attendre après leurs retrouvailles, par l'exploitation du décor de scènes fondatrices de la saison 1. Il déconcerte ou parfois prend  à contre-pied le spectateur. Cela ne constitue pas un mal en soi, mais  ces péripéties connaissent un succès bien inégal.

Lez Girls continue sa trajectoire et cet aspect du récit continue à intéresser. La présentation des interprètes est bien agencée, permettant au public de les comparer à leur modèle. Plutôt pas mal pour Hélèna, Marina, Shane ou Alice, pas du tout pour Tina ou Bette. Nikki ne représente pas Jen, mais la vision auto-glorifiée développée par celle-ci. Donc, elle convient.

On s'amuse de voir l'acteur masculin (un crétin), fier « d'être le seul à représenter les mecs ». Il devrait lire plus attentivement ce que Jenny a sans doute concocté pour Tim. La "boum" (comme on disait au temps de Flashdance)  en découlant s'avère le moment fort de l'épisode mais suscite des sentiments mêlés. Dans cette authentique party organisée par la production de The L Word (comme expliqué dans les suppléments), on apprécie l'ambiance véridique et survoltée, tandis le trio endiablé Leisha-Laurel-Kate crève joyeusement l'écran. Les confrontations personnages/interprètes divertissent, on pense au Hollywood des X-Files, en plus audacieux ou conflictuel, comme dans le cas de Bette.

On goûte nettement que cette envolée soit due explicitement à de la drogue, présentée comme quelque chose de fun et festif. Ces « pot brownies » ont l'air tellement innocents, tellement conviviaux... En fait ils assurent une ingestion d'une quantité très élevée de cannabis, passant de plus directement dans le sang via la digestion. Par alleurs ils accompagnent idéalement la consommation d'alcool démultipliant l'effet de la drogue (et ses conséquences sur l'organisme). 

Les adeptes de la chose désignent parfois un « capitaine de soirée » sobre, chargé de gérer des comportements pouvant facilement devenir totalement irrationnels et dangereux, tant le shoot est potentiellement fort. C'est tout sauf rigolo, et voir une série télé en assurer ainsi la promotion, jusqu'à en exposer le mode d'emploi, est navrant au plus haut point, ainsi que dangereux. On croyait avoir atteint un pallier avec Weeds, The L Word va encore plus loin.

Malgré cette apparence réjouie, une ombre plane sur Lez Girls en la personne d'Adèle, un choix scénaristique intéressant et innovant pour la série. Elle apparaît de plus en plus trouble à chaque épisode, de même que ses motivations. L'épisode consacre sa montée en puissance comme élément perturbateur, avec sa découverte en pleine action de Jenny et Nikky ou l'échec de Max à ouvrir les yeux de ses amies. Elle prend du galon, étant promue  « observatrice »  de Jenny par Tina. Si cette dernière n'apparaît pas sous son meilleur jour, on peut comprendre que le fait que quelqu'un d'aussi inexpérimenté et instable que Jenny (et son clebs n° 2) soit à la barre suscite des inquiétudes.

Et on la croit sincère quand elle déclare que c'est aussi pour le bien de Jen. Quand on sait comment un simple papier négatif sur son livre l'a fait disjoncter, un massacre critique de son film serait une catastrophe. En tout cas Adèle a désormais bien plus de latitude pour jouer sa partie... À suivre !

Évidemment, à travers Nikky qui l'incarne, Jenny est passionnément amoureuse d'elle-même. Ce n'est pas incongru, mais ce couple éminemment narcissique ne nous captive pas. Il reste dommage d'avoir en partie gâché la reconstitution de la scène fondatrice de la salle de bains en la faisant si vite glisser vers la comédie polissonne. À un moment il semble fugacement que Jenny ressent un trouble authentique face à ce souvenir si crucial, mais on en revient bien vite à la fête et au rire. Dommage.

Tina et Bette définitivement réconciliées ce n'est apparemment pas pour tout de suite, tant les deux s'emploient à déployer le contre-feu après leur brusque éruption de passion. Même si cela s'avère en partie frustrant, on comprend que les auteurs désirent éviter un happy end trop facile ou artificiel, et qui gâcherait une histoire pouvant encore s'étirer un tantinet... Il ne faudrait pas trop tirer sur la corde, car si l'on perçoit que Tina s'en tient à sa ligne de conduite de ne pas interférer, on voit moins pourquoi Bette prolonge ainsi avec Jody, alors qu'il est évident que ce qu'elle ressent pour Tina est autrement plus fort (le souvenir de l'enfer froid de la saison 3 perdure peut-être).

Faire durer indéfiniment la situation deviendrait artificiel, tandis que  donner une allure d'adultère à Tina/Bette serait assez sordide. En tout cas Laurel Holloman et Jennifer Beals nous stupéfient toujours par leur aisance à passer de la comédie au drame sentimental, d'une scène à l'autre, comme un résumé de la série à elles seules. Le moment le plus intense de l'épisode survient quand Bette contemple les effets catastrophiques de ses déclarations sur Tina. Elle semble enfin devenir moins égocentrique et intégrer le drame vécu par sa compagne de toujours. Jennifer Beals apparaît une nouvelle fois admirable, tandis que Bette va décidément devoir assumer son choix.

L'outing à la Act Up, mené par Alice, provoque une violente algarade avec Tasha, mais l'on n'est pas vraiment inquiet pour le couple que l'on n'imagine pas voler en éclat. Plus étonnante paraît l'attitude d'Alice. Cette question de la révélation de la vie privée d'un individu, aussi hypocrite et détestable soit-il, met franchement mal à l'aise. On imagine toutes les victimes collatérales pouvant en souffrir (le partenaire gay, l'hôte ayant accordé sa confiance à Alice en lui ouvrant les portes de sa maison...), en ayant désormais l'attention de la presse braquée sur eux. La série reste (relativement) neutre sur cette question, même si les arguments d'Alice semblent davantage mis en valeur que ceux de Tasha.

On se dit qu'à tout le moins Alice aurait dû professionnellement prendre le temps de réfléchir aux conséquences de tout cela, comme le lui conseillait Max, plutôt que de foncer tête baissée. Il est exact qu'elle ne s'arrête pas aux éventuelles conséquences pour le procès de Tasha car même si elle ne parvient pas à joindre celle-ci, on ne voit pas trop ce qui l'empêchait de remettre son action au lendemain ? Une vision désagréable nous vient, celle d'une Alice pour qui la griserie du succès médiatique ne serait pas tout à fait étrangère à cette histoire. Certes elle s'en défend avec conviction, mais on connaît la faculté des humains à s'illusionner eux-mêmes sur les motivations de leurs actions. Et pourquoi aurait-elle filmé le couple gay si ce n'est en ayant en tête, même vaguement, de s'en servir ? On craint une montée du melon chez Alice. La série a déjà perdu de la sorte la Jenny des origines, si maintenant c'est notre Alice qui se voit altérée, on n'est plus du tout d'accord.

La révélation de l'épisode reste notre nouvelle idole dans The L Word, Dawn Denbo. Elle a de la personnalité, du bagout, elle cogne fort : on adore sa tirade devant le trio hilare. Liz Keener se montre vraiment épatante. Shane et ses aventures ont encore semé le chaos, ce qui est déjà amusant en soi, mais le conflit se profilant à l'horizon entre SheBar et Planet/Lez Girls promet beaucoup. Peut-être même que Kit Mama aura quelque chose à exprimer, car depuis le départ d'Angus, elle se limite vraiment à quelques clins d'œil.


6. LUMIÈRE ! CAMÉRA ! ACTION !
(LIGHTS! CAMERA! ACTION!)


Lights! Camera! Action! a sans doute le tort de trop multiplier les scènes courtes, donnant un aspect haché à la narration (hormis pour Bette et Tina, visiblement privilégiées) mais il manifeste néanmoins une belle énergie, finissant par devenir communicative quand commence le tournage hors normes de Lez Girls.

Comme l’indique judicieusement le titre, le récit se centre sur Lez Girls, dont le tournage débute enfin. On retrouve la saveur de mini-documentaire que l’on aime bien, même si évidemment les auteurs n’ont pas le loisir de trop s’attarder dessus. Ils prennent néanmoins le temps d’insérer quelques ultimes scènes de pré-production, parfaitement  hilarantes grâce à une Jenny totalement lâchée.

La scène d’introduction montre ainsi celle-ci face à une difficulté prévisible : les actrices hétéros ont le plus grand mal à simuler les scènes d’amour lesbien. Après quelques dialogues verts et acides assez craquants, Jenny décide de faire appel à un « coach de sexe ». Cela peut surprendre mais on a pu lire dans des interviews qu’Ilène Chaiken avait procédé de même avant le lancement de la série.

En fait on se rend compte qu’à travers Lez Girls celle-ci développe une espèce de métarécit très intéressant sur l’aventure The L Word en elle-même, et pas uniquementt une relecture au vitriol psychotique des évènements de la saison 1. C’est original et audacieux, mais il faudrait sans doute bien mieux connaître la série et son histoire pour pouvoir l’apprécier pleinement.

On observe également ce double niveau de lecture à travers l’obligatoire repérage des lieux de tournage. Jenny se rend à Vancouver, Aaron voulant limiter les coûts, et pique une colère absolument jouissive sur la nature arriérée et ennuyeuse de cette ville, s’époumonant que le film doit être réalisé à Los Angeles (les amateurs des X-Files connaissent le sujet). L’effet comique s’avère d’autant plus fort quand on sait que The L Word est justement tournée à 90% à Vancouver et quand on connaît la sensibilité locale sur la question. D'ailleurs une employée canadienne du studio s’offre une jolie prise de bec avec Jen.

La manière dont Mia propulse Jenny comme un incroyable personnage de comédie reste un show dans le show.  Finalement Adèle sauve la situation (of course), le tournage aura lieu à LA grâce à l’enthousiasme du sponsor. Difficile de démêler  les sentiments d’Ilène Chaiken après ce passage aussi pétillant que conceptuel. On reste plus dubitatif sur l’interminable séance de shopping entre Jenny et Adèle dans un grand magasin luxueux de Vancouver. Il existe sans doute un public pour trouver captivant un long défilé d’articles de mode, maquillages et accessoires, on n’y appartient pas.

On imagine  que la scène veut montrer l’empire d’Adèle sur Jenny, alors que cette dernière s’imagine justement le contraire, mais l’on craint fort qu’il ne s’agisse aussi d’un énième placement de marque, cette fois au profit de ce magasin. On ne cite plus les incessants inserts de ce type dans la série, il y en a trop.

Survient le tournage, prenant bien entendu place dans l’arrière-cour de la série elle-même. Il prend immédiatement les allures de Titanic que l’on prévoyait. Le manque du moindre bagage technique de mise en scène  chez Jenny, son côté diva plus  accentué que jamais, l’ego de Nikki, mine de rien aussi irritante dans son genre, et leur liaison exacerbant ces difficultés font joliment capoter le tout. Ceci culmine quand l’actrice vedette et la réalisatrice plantent tout le monde puis s’envoient en l’air dans la loge, en oubliant de débrancher le micro. Aaron est fou de rage, Tina effondrée, le spectateur secoué d’un rire incrédule, on est à deux doigts de la catastrophe... Quand un basculement s’opère.

D’une manière factuelle, par l’activisme d’une Adèle se plaçant toujours plus dans les petits papiers du milliardaire (danger) tout en demandant à Shane de lui faire la même coupe que Jenny (how strange). Mais en dernier ressort ce qui sauve le projet reste l’implication et l’énergie des tous ses participants, avec en tête une Jenny qui, à sa manière désaxée, par sa totale conviction et son dynamisme, s’avère finalement une vraie locomotive pour le film. Lez Girls, c’est un peu tout ça : de grands morceaux de n’importe quoi, un tournage perpétuellement conflictuel, foutraque et au bord de la crise de nerf, mais un enthousiasme et une énergie en passe de surmonter ces difficultés.

Décidément on se demande à quel point Ilène Chaiken, à la barre du navire The L Word, se projette en Jenny. Cet épisode rendant palpable cette atmosphère se conclue fort joliment par Bette déclarant à Tina, comme Jennifer Beals sait le faire, que Lez Girls sera un succès car c’est celle–ci qui s’en occupe.

Car Lumière ! Caméra ! Action ! c’est aussi la reconstitution définitive, mais encre celée, du couple Tina/Bette, au cours de deux scènes absolument magnifiques. Tandis que Bette devient vraiment désespérante dans son indécision, c’est finalement Tina qui débloque la situation en ne réprimant plus les élans du cœur, lors du très beau passage de la cuisine (que de superbes déclarations dans les cuisines, dans cette série). Ce moment est aussi naturel que fort, et écrit avec sensibilité.

On demeure toujours aussi impressionné de voir à quel point les deux actrices, excellentes séparemment, se subliment quand elles jouent ensemble, c’est juste fou. Bette rend les armes et avoue, à elle-même comme à Tina, que celle-ci reste son véritable amour. On retrouve ici l’intensité de The L Word première version, tandis que la mise en scène restitue bien le caractère à la fois magique et crucial du moment. Avec à la clef deux scènes d’amour filmées avec émotion et sans aucune vulgarité, évoquant celle du pilote de la série. Décidément on en revient toujours à cette saison 1 !

Il reste six épisodes à Bette pour évacuer la Jodi, le plus vite sera le mieux car il est triste de voir un tel couple se dissimuler dans le mensonge. Avec une habileté diabolique, les auteurs viennent encore lui compliquer la tâche car Jodi sacrifie son poste d’enseignante pour ne pas compromettre Bette dans cette affaire de pistolet en savon. On n’a pas trop de peine pour Jodi, car l’on n’a pas oublié comment elle a viré l’autre sourde pour pouvoir batifoler avec Bette. Vae Victis.

D’une manière générale les filles convergent vers le tournage de Lez Girls, on s‘aperçoit que progressivement elles passent l’éponge sur le mauvais coup de Jenny, leur amitié résiste décidément à bien des choses. La scène de rupture entre Alice et Tasha se montre éloquente et bouleversante parce que sobre et excellemment jouée. Son impact se voit néanmoins diminué parce que l’on continue à ne pas croire à un seul instant que l’histoire va se terminer ainsi.

L’évènement permet toutefois à Leisha Hailey de briller une nouvelle fois dans le registre ardu du tragi-comique. Voir Alice au bord des larmes tenter de faire bonne figure et de jouer l’indifférence, c’est à la fois drôle et terriblement émouvant. Planifié ou non par elle, l’impact de sa révélation fait d’Alice une vedette médiatique, en passe de participer à une émission télé nationale, à suivre !

Le retour de Joyce, cette fois comme avocate de Phyllis dans son divorce, se montre crépitant (bon courage à Léonard). Phyllis est toujours aussi amusante mais sa fille également ennuyeuse. Voir Phyllis demander à Bette et Jodi de montrer à celle-ci  que les lesbiennes peuvent former des couples solides paraît aussi ironique que répétitif par rapport aux scènes la concernant durant la saison écoulée. Max n’exprime, hélas ! plus grand-chose, il est devenu le gars sympa derrière la caméra.

Shane reste encore reléguée au second plan. Comme prévu, la guerre de Dawn apporte du piment à l’histoire, après une tentative avortée de réconciliation menée par Shane (scène hilarante). Dawn perturbe le tournage en suscitant une mini révolte du voisinage, et obtient même la fermeture temporaire du Planet en y déversant des  caisses entières de rats. Liz Keener continue à donner une gouaille et un allant incroyables à son personnage et il s’avère bien difficile de ne pas adorer détester Dawn. Kit rigole nettement moins que nous, avec une Pam Grier toujours plus flingue et retour de flamme 70’s. Le Retour de la Vengeance s’annonce festif…

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7. LA LOI DU TALION
(LESBIANS GONE WILD)


Après avoir suscité un intérêt accru au cours des trois épisodes précédents, la saison 5 retrouve ici ses vieux démons, avec du verbiage et un surplace de l’action. Avec Molly/Shane succédant àt Nikki/Jenny, elle semble également incapable de susciter des couples présentant un réel intérêt intrinsèque.

Alors que, durant l’épisode précédent, l’action s’était coordonnée dans un tout homogène autour du tournage, on assiste ici à un émiettement. Le tournage n’apparaît plus que comme un décor, certes non dénué d’intérêt, et non plus comme le moteur de l’action. On se concentre plutôt sur les aventures et mésaventures personnelles de ses actrices, notamment Nikki et Jenny dont la relation nombriliste suscite toujours aussi peu d’emballement dès lors qu’elle se montre sans réelle incidence sur le tournage.

On remarque toutefois une introduction une nouvelle fois percutante, très à la X-Cops (pour poursuivre le jeu des comparaisons avec les X-Files), avec ce reportage sur place destiné déjà aux suppléments du futur DVD ! L’engueulade entre Bégonia, la très séduisante interprète de Marina (excellemment choisie), et Nikki divertit, mais, vraiment, les poses puériles et nunuches de cette dernière, on n’en peut plus.

La seule péripétie d’importance se déroulant continue dans une nouvelle progression dans les machiavéliques manigances d’Adèle. Le complot visant à inciter Nikki à se rendre au fameux combats de catch lesbien organisés par Dawn semble avoir pour conséquence finale d’avoir encore rapproché l’actrice et la réalisatrice, qui se sont bien éclatées face- à-face sur le ring. Et pourtant Adèle s’en réjouit, genre esprit diabolique des séries Sixties. L’énigme qu’elle représente gagne en épaisseur… Cette charmante jeune femme demeure l’une des meilleures idées de la période.

Cette fameuse session de "catch lesbien dans l’huile" (sic) se veut le morceau de résistance. Mais une version améliorée de ce poncif voyeuriste ne constitue pas vraiment ce que l’on attend de la série. Alors, certes, les actrices se donnent à fond (nouveau show de Mia Kirshner, totalement survoltée cette saison), la mise en scène et la musique sont de qualité et l’ensemble reste souvent davantage joyeux qu’égrillard.

Tout de même on s‘interroge sur l’intérêt réel de cette session ? Dans ses premières saisons, la série savait nous emmener dans des endroits parfois déroutants mais à la découverte souvent intéressante. Cette saison nous avons droit à un défilé de fêtes/discothèques assez standards et répétitives, ainsi qu’à des défoulements généralisés comme ces combats en petite tenue et la session Pot Brownies. Il n’est pas certain (du tout) que l’on y gagne. La scène vaut néanmoins par l’abattage de Dawn en maîtresse de cérémonie vicieuse ainsi que par la vengeance attendue de Kit, dénonçant ce joli monde à la police (Nikki est mineure). La confrontations des deux grandes gueules est à pleurer de rire. Un partout, balle au centre.

Dans sa mission d’apprentissage du monde saphique, Bette emmène la terne Molly visiter les coulisses du tournage, et là, quel fantastique rebondissement, la fille révoltée par la personnalité lesbienne se connecte presque aussitôt à Shane. Ce nouveau couple en formation rapide se renforce lors d’un catch à quatre – il est vrai endiablé – face à Dawn/Cindy.  La ficelle est un peu grosse, même avec les antécédents de Shane ; on lui bricole vraiment une relation improbable avec les moyens du bord pour lui donner quelque chose à raconter.

On augure mal de l’intérêt de cette histoire, tant Molly paraît peu captivante et le jeu de Clémentine Ford limité comparé à celui de Kate Moennig. Après un Nikki/Jenny plus irritant qu’autre chose, la saison n’a pas la main heureuse avec ses couples. Bette avait déjà dû jouer les coachs durant la période écoulée, et elle risque maintenant d’avoir à gérer cette relation comme jadis Alice/Phyllis. Se montrer répétitif est rarement indiqué dans l’écriture d’une série.

Pas grand-chose de nouveau  du côté de Bette et Tina, même si l’impromptu dans le décor de leur chambre à coucher fantasmé par Jen (une horreur rougeoyante, très dans son style) se montre amusant et assez sexy, disons-le. Par contre l’on ne comprend pas l’espèce de remord tourmenté qu’exprime Bette lors de sa scène d’amour violente comme désespérée avec Jodi. On pensait que l’épisode précédent avait tranché la question de l’aveu même de l’intéressée. Les auteurs semblent bien décider à prolonger Bette/Jodi au maximum, même au prix d’une crédibilité écornée. La même Jodi déjeune avec son ex sourde : la scène est charmante, certainement positive pour la représentation des malentendants, mais d’un intérêt quasi nul dans le récit. Max est cette fois totalement absent, quelle tristesse.

Tasha et Alice, même si pour l’heure séparées, viennent à la rescousse de l’épisode avec la réactivation réussie de l’intrigue du procès, même avec des airs de JAG. Et là, excellente surprise, la coriace et impitoyable procureure  est interprétée par Kelly McGillis ! Une nouvelle guest80’s pour une série n’ayant certes  pas perdu son talent en la matière.

Et puis avec Kelly McGillis (tout à fait convaincante) en uniforme, on a forcément des images de Top Gun plein les yeux… On pense bien sûr aussi à Cercle Intime. La confrontation avec Alice s’avère remarquable de cruauté froide et tranchante. L’émotion existe par contre toujours entre Tasha et Alice, on voit bien que cette histoire n’est qu’entre parenthèses.

L’évolution négative d’Alice, que l’on redoutait, semble se préciser.  Suite à son envolée médiatique elle a une chance de co-présenter une importante émission télé. La voir accepter de réaliser d’autres outings, sur des personnes n’ayant rien à se reprocher, pour assurer cette promotion reste réaliste, toujours superbement interprété mais dur à encaisser. On est d’autant plus abasourdi que l’émission se montre totalement cynique et criarde, bien loin des sessions radio intimistes, drôles ou émouvantes de jadis.

De plus Alice n’hésite pas à outer Nikki (avec un anonymat transparent) et manifeste une indifférence passablement orgueilleuse et de mauvaise foi devant Tina et les conséquences professionnelles pour l’actrice. Que Nikki tourne dans un film évoquant des personnages lesbiens n’est en rien une excuse ou une circonstance atténuante pour violer sa vie privée. On croirait presque du Jen avec son bouquin, on espère qu’Alice n’ira pas plus loin sur cette voie… La saison joue ici un jeu prenant mais risqué.

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8. LIGNE DE CONDUITE
(LAY DOWN THE LAW)


Lay Down the Law parvient à conclure de manière satisfaisante l’arc narratif du procès de Tasha et à rendre nettement plus convaincante cette valse hésitation de Tina et Bette, entre humour et émotion. Le tournage de Lez Girls ressemble de plus en plus à un terrain de jeu pour la machiavélique Adèle, mais Mia Kirshner a l’occasion de varier  son personnage et ne la laisse pas passer. Dans l’ensemble un épisode de fort bonne tenue.

La crise lancée par le outing de Nikki par Alice se développe, avec une menace pour la carrière de la jeune actrice rendant hystériques ses agents, tous deux aussi caricaturaux qu’hilarants. Derrière le rire pointe une critique acerbe du persistant conservatisme d’Hollywood sur cette question, même si l’on préférait sur ce point la bouleversante rencontre entre Jenny et la star secrètement gay durant la saison 2.

Nikki (comme son interprète) achève de nous souler avec sa nunucherie et son caractère à l’emporte-pièce. Mais le fait que le couple doive se dissimuler, notamment lors d’une première sous les flashs des photographes, projette Jen dans une grande détresse, tranchant avec le petit nuage rose où elle lévite depuis le début de la saison.

La voir restée seule et abandonnée à l’extérieur de la fête est réellement poignant, d’autant que Mia Kirshner continue à nous impressionner par la force de son jeu. Cette piqure de rappel de la gamme étendue de son talent s’avère particulièrement bienvenue. Elle semble désormais parvenue plus loin que cet émerveillement réciproque, nombriliste et puéril, qui caractérisait le couple à ses débuts, il n’est pas du tout certain qu’il en aille de même pour Nikki. Une situation intéressante du point de vue dramatique, d’autant que la diabolique Adèle s’emploie à aggraver les choses autant que possible, tout en s’imposant toujours davantage dans le dispositif.

Contrairement à l’épisode précédent, le pas de danse entre Tina et Bette (affligée d’une coiffure épouvantable) se voit exploité avec pertinence et réussite. On comprend mieux les évolutions respectives des deux femmes, et le récit nous offre plusieurs scènes délectables, mêlant émotion à fleur de peau et un humour assez caustique. Même les petits tiraillements de jalousie chez Bette, ou l’irritation de Tina, trahissent une évidente complicité. Ainsi explicitée et magnifiquement interprétée par des actrices toujours aussi fusionnelles (on est au spectacle comme au premier jour), on prend un plaisir des plus vifs à au prolongement de cette période transitoire. Tant mieux, car visiblement cela va durer jusqu’au final…

Cette saison abuse des fêtes et des dîners pour assurer sa progression narrative, mais l’indéniable rayonnement de Bette et Tina fait de celui organisé par Jodi une vraie performance. On apprécie particulièrement le moment où, après une petite brouille, elles évoquent le souvenir d’un voyage galère en Inde. D’un coup il ya comme un rayon de soleil au souvenir de leur si longue vie commune, exprimé silencieusement mais avec une émotion évidente entre les deux femmes. Un moment particulièrement lumineux. Et puis, bien sûr, dès qu’elles sont seules, l’élan du cœur balaie toutes ces résolution qu’elles s’obstinent à prendre. Cette histoire fonctionne parfaitement dès lors qu’elle s’écrit avec talent et sensibilité.

Ce véritable saut qualitatif entre cet épisode et le précédent demeure un intéressant exemple des résultats divers que peuvent obtenir deux plumes différentes à partir d’un même matériau. Plus égocentrique que l’a jamais été Bette, Jodi apparaît à la remorque, malgré les méritoires efforts de l’irréprochable et excellente Marlee Matlin, son personnage se réduit à un obstacle à gérer. Bette et Tina décident de retourner chez le psy de la saison 1, une scène certainement captivante pour l’épisode 5-09. Ces passerelles incessantes entre les saisons 1 et 5 deviennent vraiment un intéressant exercice de style.

Le procès de Tasha est mis en scène avec sobriété et efficacité, en tenant compte qu’il ne s’agit pas du « cœur de métier » de The L Word. Celle-ci supporte bien la comparaison avec d’autres, du style de JAG. Tout juste regrette-t-on qu’au préalable Tasha et la procureure se soient un peu trop souvent croisées par hasard, mais il est vrai que ces passages expriment déjà la nature réelle de la sexualité de cette dernière.

Les échanges crépitent et l’on aime bien la manière dont l’avocat se bat pour Tasha face au dragon, on se croirait à la Table Ronde. On assiste également à une belle confrontation d’actrices, les émotions d’une Tasha silencieuse se lisant comme à livre ouvert sur le visage de Rose Rollins, tandis que Kelly McGillis campe avec conviction son personnage à la fois minéral et fielleux.

La mise en scène et la personnalité de Leisha Hailey rendent irrésistible l’arrivée d’Alice, en total contraste avec ce cénacle d’officiers très guindé. Après sa dérive, on ressent un grand plaisir à retrouver ici la Alice qu’on adore, pétillante, spirituelle et incisive. Elle et son fameux « Gaydar » poussent la procureure dans les cordes mais la conclusion du procès, Tasha renonçant à l’armée pour vivre pleinement son amour avec elle, réjouit encore davantage.

Leur baiser public de réconciliation conclue de manière particulièrement joyeuse et lumineuse cet épisode réussi, tandis que la perspective de la vie en couple et de la reconversion civile ouvre la voie à de nouveaux développements. Alice/Tasha reste décidément le couple le plus riche et enthousiasmant parmi ceux suscités par les saisons 4 et 5.

On regrette par contre que Max soit totalement absent pour la deuxième fois de suite. C’était bien la peine de réaffirmer la place des Trans en début de saison pour ensuite l’exclure plus que jamais. On va lui souhaiter de couler des jours heureux avec Tom et Grace mais Daniela Sea manque vraiment à la série. Kit est aussi quasiment invisible, sans doute parce que sa bonne amie Dawn se remet de sa rouste. Disons que c’est la mi-temps du match et que l’espace ainsi dégagé a été judicieusement exploité par les trois histoires principales.

Shane et Molly continuent à se tourner autour, et nous on continue à n’en avoir à peu près rien à cirer. Visiblement les auteurs ont perçu qu’un énième retour de Shane la serial heartbreaker risquait de lasser et ont décidé de corser la chose avec une vraie-fausse hétéro. C’est aussi cousu de fil blanc que lourd (faites revenir Carmen, bon sang !). Et en plus ils nous rendent Phyllis moins sympathique.

Clémentine Ford s’intègre mieux à la série et paraît plus à son aise, mais son jeu demeure trop limité face à celui de Kate Moennig pour ne pas déséquilibrer le duo. En progrès, mais doit mieux faire.


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9. LIENS CANICULAIRES
(LIQUID HEAT)


The L Word s’essaie à l’épisode décalé avec ce Liquid Heat mettant Los Angeles aux prises avec une effroyable canicule, aggravée par les incessantes coupures de courant d’un réseau sollicité jusqu’à la rupture. On reconnaît là une allusion aux affligeantes difficultés endémiques que connaît la Californie mais cette bonne idée donne surtout lieu à un opus à l’ambiance très particulière.

Les scènes se trouvent  souvent plongées dans la pénombre et surtout la température influe sur le comportement des filles, faisant tomber les masques et nous valant un nombre impressionnant de scènes… chaudes. Dans le petit jeu des comparaisons avec les X-Files on retrouve un peu de l’ambiance de Syzygy, où un alignement planétaire influait pareillement sur les personnalités (oui, avec aussi une scène caliente).

Tout en exploitant efficacement les décors des plateaux, le tournage de Lez Girls se montre toujours hilarant et chaotique, un aspect bien entendu porté au paroxysme par la chaleur et les pannes aléatoires de courant que la mise en scène utilise à plaisir. L’épisode exploite cela avec une grande efficacité, la scène d’introduction expose d’ailleurs une jolie crise de nerfs de Tina ! Jen n’est pas en reste quand elle réalise la liberté que s’est octroyée Nikki avec le crétin interprétant Tim, mais au-delà de cette hystérie froide dont elle a le secret, son amour apparaît vraiment déchirant tant il devient de plus en plus évident qu’il s’agit d’une simple liaison pour la très jeune actrice. Une scène se montre terrible là-dessus, après réception de la lettre de réconciliation envoyée par Jen, quand Nikki répète au mot près son discours après l'imposture d'Adèle, toujours plus inquiétante dans son appropriation de la vie de Jenny. Rien de très spontané là-dedans.

De douloureuses désillusions attendent Jen, décidément le personnage maudit par excellence de la série. Cette histoire de couple est assez originale par son intérêt axé sur un seul de ses membres. Elle réintroduit  habilement de l'émotion chez une Jenny jusqu'ici limitée à son hilarante lévitation égocentrique, sans sacrifier cet aspect pour autant. Mia Kishner montre toujours le même talent inouï dans l'expression des différents sentiments de son personnage si tourmenté. Grâce à elle ce nouveau virage apparaît totalement convaincant.

La fournaise et les pannes de courant influent également sur la relation renaissante entre Tina et Bette, avec à la clé de nouvelles scènes enthousiasmantes. La chaleur entraîne plusieurs effeuillages durant le récit (dont un assez spectaculaire de Joyce) mais le plus mémorable demeure celui de Bette durant sa conversation téléphonique avec Tina. Ce dialogue compose un joli récapitulatif de leurs difficultés, avec en arrière fond un plan amusant de Jodi se jetant tout habillée dans la mythique piscine. Un bon point pour elle, au moment où elle s'apprête justement à boire la tasse.

Surtout l'arrêt de l'ascenseur quand elles se rendent chez le psy leur permet de parler à cœur ouvert, de se convaincre l'une l'autre qu'il ne s'agit pas d'une liaison un peu spéciale mais bien d'un « retour à la maison ». Ce passage s'avère superbement écrit et interprété (l'épisode compte comme atout d'être un grand millésime Jennifer Beals), tout en évitant le mélo grâce à de petites pointes d'humour, comme Bette perdant pied durant une brève crise de claustrophobie.

On regrette cependant d'être privé de la séance en elle-même, un moment toujours particulièrement réussi durant les saison 1 et 2. Et il est grand temps que nos deux tourterelles se révèlent au grand jour, car leur revival commence à filtrer : Kit devine la vérité et surtout Jodi perçoit comme un malaise. L'épisode lance ainsi avec dextérité la marche vers le final de saison, avec sans doute une grosse bombe au bout. Pour l'heure Bette remet encore la discussion avec Jodi à après la course cycliste. Suspense !

Les autres segments de la narration s'expriment avec un succès presque entier. Tasha se montre absolument sublime, d'autant qu'elle peut désormais pleinement exprimer sa féminité. Si ce récit paraît moins mis avant  que lors du paroxysme du procès, il nous vaut cependant une scène très fine, montrant Tasha simplement écouter les bruits de la rue depuis l'appartement d'Alice. On voit bien le vide laissé par son départ de l'armée, et à quel point elle doit se rebâtir une existence. Un nouveau défi pour Alice/Tasha devant désormais aborder le virage toujours délicat de la vie en couple et pour qui, décidément, rien n'est simple.

Dawn propose une trêve (à des conditions passablement élevées !) ce qui conduit à une scène plus Corleone que jamais, où les deux « familles » se confrontent. Le passage se montre très drôle et chaque personnage y joue sa partition selon sa sensibilité particulière. Un bel exercice de style, avec une série choyant toujours autant ses héroïnes. Bette apparaît plus que jamais comme l'aigle du clan, et on aime ça. Malgré l'entente cordiale restaurée, inutile de préciser que l'on attend la traîtrise suivante...

Max revient dans la série, où il refait un podcast avec Alice, tout comme au début de saison, consacré à la place des Trans au sein de la communauté lesbienne. Tout cela sonne juste, mais l'on regrette vivement que Max semble ne plus rien avoir à raconter et doive se contenter de représenter, d'une manière particulièrement littérale.

Fort heureusement l'épisode réactive également  sa romance avec Tom, nettement plus tendre et charmante qu'avec Bill. Maw semble désormais complètement déconnecté de la sexualité de la personne qu'il chérit, ayant de ce point de vue trouvé sa vérité intérieure, ce qu'exprime parfaitement Daniela Sea. Max a parcouru du chemin depuis son arrivé à LA, on s'en réjouit. Cependant on regrette vivement le prompt escamotage de Grace, la série ne voulant pas visiblement accorder davantage d'espace à l'arc de Max. Grace est partie à San Francisco, tout comme Lara. Frisco, ou la voie de garage de The L Word.

Sinon, quel rebondissement, Shane et Molly finissent par concrétiser. Assez logiquement au sein de cette histoire à la scénarisation trop évidente et capillotractée, elles sont surprises par Phyllis, comme de juste. Le débat qui s''ensuit entre mère et fille sur l'impossibilité d'avoir une vraie relation avec Shane du fait du manque de bagage culturel de celle-ci ressort non seulement déplacé mais aussi ridicule. Chez les actrices on ressent tout de même l'enthousiasme à jouer ensemble, assez communicatif.

Cet épisode chaud-bouillant se conclue par une revue générale des couples en train de faire l'amour, un plan assez similaire (dans sa technique seulement) au panorama accompagnant le départ de Dana. Les scènes se montrent le plus souvent esthétiques et sans réel exhibitionnisme, elles expriment avant tout le prolongement du bouillonnement des sentiments marquant l'épisode (notamment entre Bette et Tina, vraiment fusionnelles). Leur accumulation tend tout de même au procédé, ce qui n'entame pas la réussite concluante de cet épisode à thème.

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10. LE CYCLE DE LA VIE
(LIFECYCLE)


Annoncé à plusieurs reprises au cours de la saison, Lifecycle permet de renouer avec ces épisodes, souvent particulièrement réussis, où le clan participe à de grands évènements festifs, comme les croisières-conférences lesbiennes, le week-end Dinah Shore ou la Marche des Fiertés.

Cet épisode présente également comme agréable originalité d'être peut-être le plus choral de la série : la famille est cette fois réunie au grand complet, avec une Bette  enfin présente (pas sûr qu'elle s'en réjouisse) et surtout le récit se compose essentiellement de scènes de groupes, hormis quelques segments en fin de parcours. Il lance la dernière droite vers le final de saison avec efficacité, mais aussi, en dernier ressort, avec beaucoup d'amertume.

Les filles  participent cette fois au Subaru Pink Ride, randonnée cycliste organisée au profit de la lutte contre le cancer du sein. La première moitié de l'épisode s'organise autour du rallye lui-même, et se révèle un moment particulièrement chaleureux et lumineux. D'abord pour l'ambiance de l'évènement lui-même, festif, coloré et solidaire, à l'enthousiasme particulièrement communicatif.  Ensuite pour le moment joyeux que connaît un groupe laissant ses soucis pour simplement s'amuser entre amies.

La mise en scène a l'habileté de supprimer de nombreux dialogues au profit d'une bande sonore une nouvelles fois idéalement choisie, procédé permettant à la complicité entre actrices et personnages de s'exprimer visuellement avec beaucoup d'impact. Même Molly nous amuse, cette fois-ci, pédalant après Shane pour recoller les morceaux. Elle se montre sous un meilleur jour mais demeure terriblement bavarde, la série soulignant habilement ce fait par Shane, qui établit ainsi une connivence avec le spectateur.

On se surprend à apprécier ce couple pour la première fois. Bette et Tina demeurent les seules à ne pas profiter pleinement de la fête, car tourmentées par le coupable secret de leur liaison. Elles ont raison de l'être.

Un autre atout de cette séquence collective est de nous emmener à la rencontre de ces somptueux paysages canadiens que l'on aime tant retrouver de série en série, depuis Twin Peaks en passant par les X-Files. Lacs miroitants, forêts d'émeraude et montagnes couronnées de brume se succèdent, somptueusement  filmés et portés par une musique toujours sublime. L'émerveillement de la balade n'empêche pas un pur moment d'émotion de se dérouler quand la Dana Team pénètre dans la chapelle ardente dressée par les participantes en mémoire de leurs disparues.

On pourrait craindre que le passage souligne trop l'émotion jusqu'à avoisiner dangereusement le mélo, mais la conviction et la sincérité de l'ensemble crèvent les yeux, de plus portées par de formidables comédiennes toujours aussi fusionnées à leur rôles. Difficile de n'être pas touché au cœur quand Alice rajoute le portrait de Dana à ceux des autres victimes de ce fléau, le moment est vraiment intense. On apprécie également l'esthétique de ce lieu refusant le funèbre au profit de teintes chaudes, dans un ensemble très féminin.

Arrivé au camping du soir, le récit se rapproche à nouveau d'héroïnes dont les histoires, un temps suspendues, reprennent alors leur cours. Dans la meilleure tradition de The L Word cette soirée va comporter simultanément de jolies pépites d'humour et de grands moments d'émotion, voire de drame.

Plusieurs scènes se montrent ainsi volontiers hilarantes, comme Bette s'acharnant, malgré les conseils, à vouloir parvenir à monter seule sa tente et se retrouvant les quatre fers en l'air, ou Shane et Molly faisant dégringoler la tente d'empereur romain de Jenny et Nikki, alors que celles-ci y sont en « pleine action ».  Jen et Nikki ont d'ailleurs leur revanche quand elles se déguisent en Jason pour effrayer leurs amies, c'est bien vu car l'on est tout près d'un lac. Et puis une apparition de Jason Voorhees, cela fait toujours plaisir, à la base.

Du sentiment surgit quand les couples s'isolent pour se préparer à la grande veillée autour du feu de camp, notamment avec Alice/Tasha. Celles-ci tentent d'envisager de quoi le futur sera fait mais un malaise diffus se ressent quand on se rend compte  que chacune se réfugie très vite dans des généralités. L'avenir apparaît toujours comme un grand point d'interrogation qu'elles sont incapables de préciser, ce qui ne lasse pas d'être inquiétant. Cette histoire d’emménagement a l’air d’une tentative pour précipiter les choses envers et contre tout, comme le fut le mariage avorté de Shane et Carmen… Il se confirme que la saison 5, après une pause assez marquée durant la 4, remet les scènes d'amour à l'honneur, avec Molly/Shane (encore et toujours du coaching, cette fois explicitement sexuel) et surtout Jenny/Nikki. Ce passage  s'avère bien trop long pour ne pas lasser mais se montre néanmoins pétillant et agréablement juvénile.

On apprécie vivement de découvrir Jen enfin heureuse, même si cette relation relève toujours du narcissisme entrecroisé. Jenny, totalement éprise, a la lucidité de demander à Nikki si leur relation n'est pas un éphémère amour de tournage. La jeune actrice répond par la négative, alors qu'elles viennent de se livrer à un interminable jeu de rôle, uniquement sur ce sujet. On pressent un final de saison amer pour Jen, d'autant que la diabolique Adèle s'est emparée de l'enregistrement de leurs émois, l'on ne sait pour quel dessein...

Mais le pic de l'épisode consiste dans cette veillée, débutée dans la meilleure tradition du genre, pour d'un coup virer au drame le plus noir. Avec les histoires et les jeux de questions/réponses autour du feu, on retrouve dans un premier temps l'atmosphère chaleureuse de la randonnée. Mais, est-ce dû aux bières ou à son allant naturel pour vanner ses amies, Alice, en voulant plaisanter un peu lourdement, provoque une crise en chargeant Bette à propos de sa tendance passée à l'infidélité.

D'un coup la situation devient insoutenable pour Tina (qui se perçoit sans doute comme Candace), qui s'enfuit, faisant comprendre à Jodi de quoi il en retourne. Alors que Bette et Tina avaient prévu de lui révéler le pot aux roses après le rallye, elle part en furie, ayant appris son infortune de la pire des manières possibles. On retrouve ici, superbement écrit et interprété, un mécanisme proche de la tragédie classique, où le destin terrasse les humains et suscite un malheur que nul n'a désiré. L'impact en est considérable, encore accentué par le tranchant contraste avec  la joyeuse première partie.

La saison 5 aura eu le mérite de, globalement, réussir la narration des retrouvailles Tina/Bette mais aussi de faire de cette révélation un moment dramatique puissant et parfaitement agencé. Les différents dialogues suivant le choc (notamment une excellente scène entre Alice, Shane et Tina, ou une Kit bien trop véhémente envers Bette) conduisent à un petit matin blafard, à la saveur d'un champ de ruine. Jennifer Beals, toujours aussi prodigieuse, nous offre un grand récital avec une Bette totalement dévastée (hum, le lac derrière elle a comme un air de déjà vu dans les X-Files, comme dans Supernatural).

À son retour au camp on apprécie que Max ne lui fasse, lui, aucun reproche alors qu'il est une victime collatérale de l'affaire, Tom étant bien entendu parti avec Jodi. L'ultime image de l'épisode se monte terriblement éloquente, les filles pédalant désormais dans un silence affligé. À l'issue de cet épisode parfaitement maîtrisé de bout en bout, nous les observons ainsi s'éloigner vers un final de saison probablement empreint de mélancolie.

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11. LEÇON DE CHANTAGE
(LUNAR CYCLE)


La fin de saison approche à grands pas et The L Word s’emploie ici avec efficacité à boucler ses divers fils narratifs, parachevant la rupture entre Jodi et Bette, ainsi que la reconstitution du foyer avec Tina et Angelica. Adèle jette le masque et triomphe plus fermement que Dawn, dont on sent que la mainmise apparente sur le Planet annonce un final tonitruant. Les filles peuvent perdre Lez Girls, certainement pas leur quartier général emblématique.

Le scénario insère astucieusement ces divers développements dans une seule journée dense et éprouvante pour nos amies (on se croirait chez Jack Bauer), mais où l’épreuve renforce leurs liens. Bien tardivement au sein de la saison, et totalement à contre-courant, Alice semble débuter ce qui ressemble fort à une future liaison.

Une nouvelle fois cette saison, l’introduction se montre percutante puisque, devant nos yeux exorbités, se déroule la scène mythique du lancer de table par Tina en début de saison 2, revue et corrigée par Jenny. Le passage se révèle très amusant, visiblement l’histoire a dû faire le tour de West Hollywood car Jenny n’était pas présente ce jour-là. Elle transforme la conclusion du choc en un happy end sucré, mais raconter tout Tina/Bette nécessiterait plus d’un film. Mine de rien le passage tient la route, Jen est en train de réussir son pari.

L’action se poursuit par une scène divertissante où les filles,  encore tendues après la renversante issue de la Pink Ride, sont à cran lors du traditionnel petit déjeuner au Planet. Les coups de griffes se succèdent et on s’en amuse franchement, tout comme Max et Kit, contents d’être à la marge, pour le coup. Nos héroïnes sont fortes à ce jeu-là. Détail touchant, Shane lit le New York Times (l’équivalent du Monde en France), elle cherche visiblement à se mettre à niveau pour Molly.

Soudain surgit Dawn Denbo (« and her Lover Cindy »), annonçant avoir racheté les 51% du Planet d’Ivan. On est très surpris de cette mauvaise action d’Ivan envers Kit, même si elle n’est peut-être pas au courant de la guerre et qu’on l’ait, de fait, perdue de vue depuis fort longtemps. Mais qu’importe cette entorse à la vraisemblance, le show DD apparaît une nouvelle fois à la hauteur, ainsi que la réaction de Kit. Sous nos yeux exorbités (derechef) se déroule un nouveau remake du lancer de table ! Ces liaisons réitérées avec les premiers temps de la série virent au conceptuel, mais pour le coup c’est franchement amusant (d’autant que personne ne croit à la victoire de Dawn).

Ce récit nous vaut également le pic du revival 70’s organisé autour de Kit, la voyant saisir son arme et prendre sa somptueuse Ford Gran Torino pour occire Dawn. Encore une fois personne n’imagine que The L Word va virer au carnage style Blaxpoitation, mais la scène divertit, la nostalgie aidant. On prend par contre un grand coup dans l’estomac  quand Angelica s’amuse avec  le revolver chargé, sans doute l’un des passages les plus éprouvants nerveusement de la série. Un message contre la détention d’armes est toujours le bienvenu dans une série américaine, surtout quand il se montre aussi bien tourné.

À côté de ces scènes tragicomiques, on verse dans le drame psychologique avec le putsch réussi d’Adèle. Utilisant le fatidique enregistrement pour faire chanter la production, elle prend la place de Jenny, proprement virée du studio. Bien entendu toutes ces péripéties sont seulement crédibles dans le plan astral chamarré où se déroule la série, de même que l’hyper compétence d’Adèle comme réalisatrice, dont on se demande bien d’où elle provient au juste. Cependant on apprécie vivement la composition de Malaya Rivera Drew en méchante grand train, ainsi que l’énigme maintenue autour de la personnalité d’Adèle.

Tout ceci était-il prémédité depuis longtemps, ou s’agit-il d’un dépit amoureux face à l’historiette de Jen avec Nikki. Quelles sont les parts de machiavélisme et de névrose chez elle ?  Ce côté mystérieux d’Adèle est assez troublant et parachève la réussite comme deuxième grande figure adverse de la série, après Fae Buckley. Cette grande gueule de Dawn Denbo ne boxe définitivement pas dans la même catégorie.

Bien entendu la répercussion sur Jenny résulte catastrophique. On découvre l’une des scènes les plus poignantes des saisons 4 et 5 au moment où Jenny, désespérée (quel talent que celui de Mia Kirshner) appelle l’équipe technique et surtout Nikki à la suivre dans son départ. Le refus prévisible de Nikki, « sous contrat », finit de la foudroyer. La scène ressort aussi terrible que remarquable, tandis que seule Shane (bien entendu) répond à la supplique de Jen. La position de Tina apparaît à la fois ambivalente et réaliste, elle assure professionnellement la poursuite de la production mais trouve les mots pour parer à un possible drame, que l’on devine entre les lignes, chez Jen.

On sent qu’elle se préoccupe sincèrement de son amie et, d’une manière inattendue mais crédible, cette douloureuse péripétie scelle leur réconciliation. On aurait pu rêver à une Tina claquant la porte, mais cela serait excessif, même pour le Monde Merveilleux de The L Word. À partir d’un postulat à peu près invraisemblable, la série parvient à bâtir des portraits psychologiques crédibles et émouvants, c’est assez remarquable.

Comme un fil rouge à ces divers évènements, Lunar Cycle narre la longue et déchirante scène de rupture entre Jodi et Bette, on pourrait d’ailleurs aisément plutôt parler de journée de rupture (journée portes fermées, en quelque sorte). Jodi nous sidère en révélant bien vite qu'elle veut poursuivre son couple avec Bette, et va tout au long de l’épisode mener avec flamme un combat désespéré pour retenir Bette. Il y avait longtemps que Jodi ne nous avait touchés comme cela, et elle semble d’ailleurs guère loin de parvenir à ses fins... Marlee Matlin et Jennifer Beals se donnent totalement dans ce duel où Bette finit par venir à bout de la résolution de Jodi en lui expliquant avoir en vain tout tenter pour créer avec elle ce qu’elle trouve si naturellement avec Tina. Jodi/Bette connaît une digne fin avec ce passage aussi long que prenant et éloquent. On en serait presque désolé pour l’artiste.

Cet affrontement perpétré successivement en plusieurs lieux permet d’enfin redécouvrir les bureaux de Dean Porter, et même ce bon vieux James, porté disparu cette saison. L’épisode ne rate pas l’occasion de lui faire encore des misères, décidément il s’en souviendra de la patronne. On se perd en conjectures en observant que Jodi et Bette sont vêtues de manière quasi identiques, ces couleurs grises et fuchsia se retrouvant d’ailleurs sur le siège d’Angelica et sur les vêtements de celle-ci. Bette arborait également cette tenue lors de la discussion avec Shane dans le pilote de saison.

À contre-courant de ces histoires  se terminant ou en voie de trouver leur conclusion, Alice semble sur le point de débuter une liaison, bien trop tardivement dans la saison. Tasha et Alice, après avoir pourtant tant traversé ensemble, semblent en effet butter sur une énième difficulté, peut-être celle de trop, la différence de revenus et de niveau social. Alice trouve le succès dans son émission stupide,  avec son personnage de lesbienne drainant tous les poncifs admis socialement  possibles. C’est assez triste de sa part, mais pas irréaliste et, au moins, elle a renoncé au outing

Pendant ce temps Tasha connaît une reconversion difficile. C’est bien observé via le problème du choix de l’appartement commun, mais pourquoi susciter une tierce personne (il est vrai douce et charmante) arrivant comme un cheveu sur le pouce, alors qu’il serait bien plus judicieux de creuser les causes de la crises existant au sein du couple ? On éprouve le même sentiment que lors de l’entrée en scène du père de Shane lors de l’échec de son mariage avec Carmen. À suivre, mais au total, cette saison n’aura pas vraiment mis en valeur Alice, on le regrette vivement.

À l’issue de cette journée marathon singulièrement éprouvante pour nos héroïnes, l’épisode a l’excellente idée de conclure sur une note positive aussi convaincante que les amertumes précédentes. L’amitié entre Shane et Jen (mais aussi Max) sort encore renforcée par leur solidarité face à l’épreuve. On déplore que cette scène chaleureuse nous montre une nouvelle fois le cannabis comme quelque chose de réconfortant et convivial, mais il faut bien admettre que Shane raide défoncée est franchement hilarante. Kate Moennig et son duo avec Mia Kirshner fonctionne à merveille. 

La cellule familiale  de Bette et Tina se reconstitue et le lumineux sourire de cette dernière conclue idéalement le récit. Au total Lunar Cycle se montre très fonctionnel, tant l’on ressent une ambiance de dossiers se refermant, mais cela ne l’empêche pas de se révéler tour à tour drôle et émouvant, avec réussite. Tout de même, un regret : qu’avec un tel titre Cybill Shepherd n’apparaisse pas frôle la faute professionnelle.


12. LOYAUTÉ ET FIDÉLITÉ
(LOYAL AND TRUE)


Le final de la saison 5 déçoit par l’absence de l’élévation du récit que l’on attend de ce genre d’évènement, et qu’avait su accomplir son équivalent de la saison précédente. Au contraire plusieurs éléments du récit fonctionnent plus médiocrement qu’à l’ordinaire, même si Bette/Tina et Los Angeles répondent pleinement à l’appel et que l’on enregistre enfin le retour d’Hélèna.

Le grand rebondissement apporté par l'épisode demeure le spectaculaire retour d'Héléna. Il se produit d'une manière quelque peu curieuse car alors que Peggy est conduite en urgence à l'hôpital, sa fille est déjà là à l'attendre, venue depuis... Tahiti. Si la scène reste avant tout amusante (s'il y a bien  quelqu'un qui les enterrera toutes dans cette série, c'est Peggy Peabody), la concordance de temps étonne quelque peu, de même qu'il suffise d'un court séjour à  L.A. pour que la jadis exaltée Héléna tire quasiment un trait sur sa relation avec Dusty. Ses enfants demeurent de plus toujours perdus dans le néant.

Tout comme lors de son départ, cette histoire apparaît construite de bric et de broc, sans souci de vraisemblance même si la confrontation entre mère et fille tient ses promesses. Mais qu'importe, que l'irrésistible Anglaise de la série soit en piste pour la saison 6 demeure une excellente nouvelle en soi.

Pour l'heure elle revient en sauveur, renversant totalement le fil des évènements de la Guerre du Planet. L'on doit avouer une certaine gêne à voir Dawn Denbo (mais pas son ex-lover Cindy) être anéantie par la toute puissance Peabody. On ne peut s'empêcher de trouver cela unfair, surtout que la série a la main particulièrement lourde avec ce personnage qui nous aura tout de même bien diverti au long de la saison.

On apprécie de lui voir conserver son allant face aux ultimes railleries de Kit, un peu superfétatoires dans la mesure où celle-ci n'est strictement pour rien dans la victoire finale. Bon retour à DD au pays des flamants roses, des hors-bords, des courses de chiens et des saladiers copieusement remplis (sans oublier les éphèbes français).

Le tournage hors normes de Lez Girls en vient à son terme, ce qui constitue quasiment le seul événement de l'épisode évoquant une fin de saison. Notons qu'alors que les saisons 4 et 5 nous ont semblé abuser des célébrations, jusqu'à susciter une lassante répétitivité, Loyal and True n'en compte pas moins de trois : cette fête de fin de tournage, le cocktail autour de l'œuvre de Jodi et le triomphe au She-Bar. On sature.  On apprécie par contre vivement l'absence d'un happy end rocambolesque contrant le succès d'Adèle, assez fascinante dans la perversité.

On la découvre fumer artistiquement la cigarette, un indice bien connu d'adversaire grand train dans une série télé. Il reste dommage, et peu crédible, que Tina lui oppose une aussi faible résistance quand Adèle l'expulse à son tour du plateau. Si l'ultime rebondissement de la soirée (le travestissement opportuniste de la conclusion du fil) paraît bien trouvé et renforcer l'intérêt, la mise en scène trop sensationnaliste de l'ensemble en minore l'effet. Que tout ceci est démonstratif...

Un des moments forts de l'épisode survient néanmoins au cours de cette soirée, avec le discours de Jenny. On s'attend à une énième manifestation de l'égocentrisme puéril de la belle brune, mais c'est le contraire qui survient. Jenny parle avec une émotion aussi sincère que sobre, en remerciant avec élégance son équipe plutôt qu'en s'apitoyant sur elle-même. On se dit que l'écrivaine va sortir par le haut de cette aventure et peut-être même enfin surmonter ses démons quand, patatras ! voici la liaison maladroite de Shane et Nikki qui lui tombe dessus, la ramenant dramatiquement en arrière.

On espère que Jen va rebondir, car on se lasse de voir la série s'acharner sur elle comme à plaisir, cela devient prévisible et un peu ridicule. Occasionnant cette dérive de Shane, la rupture entre elle et Molly, orchestrée par Phyllis, apparaît bien théâtrale, même s'il est difficile de donner entièrement tort à la mère. Shane/Molly nous aura rarement intéressés, il en va de même pour cette séparation cousue de fil blanc et considérablement accélérée. Il faut bien avouer que Molly, tout comme Nikki, pèse négativement à l’heure du bilan de cette saison.

Alice et Tasha semblent désormais  vivre un processus d’inexorable délitement, comparable à ce qu’ont connu Tina et Bette en saison 3, quoique dépourvu de l’aspect empoissonné et pervers de l’époque. Qu’elles s’éloignent l’une de l’autre pour des inégalités financières ou sociales, après avoir tant combattu pour leur couple, n’est pas absurde en soi, simplement on n’a aucune envie de voir cela. Si le fond désole, la forme ne convainc pas.

On trouve ici beaucoup de scènes verbeuses, notamment entre Alice et son flirt dont on ne comprend toujours pas l’intérêt de l’introduction. Cela semble une malédiction dans cette série que de faire intervenir une tierce personne, alors que l’érosion d’un couple suscite plus d’intérêt quand elle se développe en interne, avec  la désynchronisation inéluctable de deux personnes s’aimant encore. L’arrivée d’un(e) tiers précipite les choses, tout en perdant en subtilité. On a eu Lara face à Alice/Dana, Henry face à Tina/Bette mais aussi  Gabriel face à Shane/Carmen ou encore Phyllis face à Shane/Molly, et maintenant cela. On déplore aussi que le récit se focalise bien davantage sur Alice que sur Tasha, il nous semblait pourtant qu’en deux saison celle-ci était entrée de plein pied dans la série.

Par ailleurs, non seulement  Grace n’a pas eu le droit de revenir, ce qui paraît réellement navrant, mais de plus, également privé de Tom, Max n’a visiblement plus rien à dire. On se demande ce que les auteurs vont pouvoir lui trouver à exprimer en saison 6.

Fort heureusement l’épisode conserve quelques atouts à son actif. Sans doute afin de marquer le coup, la réalisation accomplit l’effort de tourner l’ensemble de l’épisode à Los Angeles, ce qui nous vaut de superbes panoramas de la ville, ainsi que quelques scènes se déroulant en des lieux emblématiques parfaitement mis en valeur, comme le très chic Venice ou Pacific Avenue. On y observe d’ailleurs que Tasha et Alice s’y promènent à deux pas de l’endroit où Hank croisait Surfer Girl à l’issue de la deuxième saison de Californication.

Malgré les efforts héroïques, et le plus souvent performants, déployés à Vancouver, cette saveur authentiquement californienne se savoure avec délice.

Mais c’est bien le radieux bonheur retrouvé de Tina et Bette qui en définitive constitue le meilleur de Loyal and True. Cette lumière qui n’appartient qu’à elles transcende plusieurs scènes, comme celle de la famille en voiture, où Tina (sinon Laurel elle-même) paraît particulièrement amusée par le charmant babil d’Angelica. Cette scène chaleureuse nous indique également qu’à propos de la querelle de la saison dernière, quant au choix de la maternelle, c’est bien elle qui a eu le dernier mot ! On adore également leur discussion dans le jardin en forme de bilan d’après la tempête, et où l’avenir se dessine à nouveau. Les deux actrices sont admirables et rayonnent de concert comme rarement.

La vengeance assez mesquine et perverse de Jodi (cette manière de rassembler les amies avec force risettes, afin que l’humiliation de Bette soit la plus publique possible) paraît invraisemblable pour plusieurs raisons, comme l’absence de tout rapport entre cette installation high tech et les assemblages de bric et de broc coutumiers de l’artiste. D’ailleurs c’est bien la première fois qu’une de ses œuvres apparaît intéressante visuellement parlant ! On s’étonne également de la vitesse avec laquelle elle a dû tout reprogrammer, ainsi que de la provenance mystérieuse de vidéos aussi  nombreuses de Bette.

Mais qu’importe, c’est très bien que Jodi ait eu sa petite revanche, comme cela Bette a payé le prix et pourra poursuivre sans remords ni regrets avec Tina. Tina consolant Bette l’éplorée paraît comporter une pose quelque peu théâtrale, mais le talent et la conviction des artistes permettent de dépasser cela. On aime la nouvelle Tina, plus affirmée et entreprenante, tandis que Bette a appris à mieux aimer Tina en se mettant moins en avant dans leur relation. Cette crise si longue et parfois insoutenable leur aura au moins permis de reconstruire leur couple sur des bases plus saines et équilibrées.

On touche du bois tout en leur souhaitant de ne pas dilapider cette précieuse et rare seconde (troisième…) chance au cours de la saison 6 ! Hormis quelques errements passagers, la saison présente aura admirablement réussi ce segment du récit. Leur slow final apparaît comme l’un des moments les plus beaux, tendres et sensuels de la série, d’autant qu’il se voit porté par la somptueuse adaptation de Walk on By par Isaac Hayes (on recommande également chaudement celle de Diana Krall dans l’album Quiet Nights).

Une chanson une nouvelle fois admirablement choisie, comme The L Word sait si bien le faire. L’incomparable version originale de Dionne Warwick vient idéalement conclure cette saison certes inégale, mais contenant toujours bon nombre de pépites, tels ces superbes génériques de fin rivant à l’écran jusqu’au dernier instant.

Crédits photo : FPE.

Images capturées par Estuaire44.