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Saison 1Saison 3

NCIS : Enquêtes spéciales

Saison 2



1. LA RANÇON
(SEE NO EVIL)



Scénario : Chris Crowe

Réalisation : Thomas J. Wright

Résumé :

Un homme kidnappe l’épouse et la fille d’un capitaine et exige de lui une énorme rançon.

Critique :

Un début de saison de haute volée : histoire solide, une alternance maîtrisée de dureté et d’émotion et un soupçon d’humour.

Le scénariste ne s’embarrasse pas de préliminaires : en une minute, il nous met dans le bain : un homme entre en contact avec le capitaine Watson : celui-ci a jusqu’à 18H pour trouver 2 millions de dollars sinon le ravisseur tuera l’épouse et la fille de 8 ans, aveugle. C’est littéralement « entrer dans le dur » et l’idée de filmer les kidnappées via l’écran ne rend pas la chose plus facile à supporter mais c’est brillant. Une réalisation Thomas J. Wright est une réalisation solide. Sans transition évidemment, nous voilà au NCIS où la clim’ est en rade. A cet instant, on apprécie de rire grâce à McGee qui a une bonne raison d’être là.

Le NCIS est averti via la secrétaire de Watson de ce qui se passe. McGee explique comment le ravisseur s’y est pris pour entrer dans l’ordinateur du capitaine, ce qui nous vaut une bonne scène avec une équipe qui n’y entend rien et Gibbs moins qu’un autre ! Comparé au début de la saison 1, on note une nette amélioration de Mark Harmon. Moins rigide, l’acteur a aussi gagné en profondeur et dans l’empathie. Il suffira de voir comment il interprètera Gibbs dans une scène d’interrogatoire ultérieurement. Michael Weatherly et Sasha Alexander ainsi que Pauley Perrette et David McCallum sont égaux à eux-mêmes, c’est-à-dire excellents mais c’est Sean Murray qui retient notre attention. Agent du NCIS, McGee n’a pas la qualité d’agent spécial (habilité à aller sur le terrain) mais il est volontaire, décidé et même capable d’improviser. Sean Murray lui donne une allure pataude (notamment quand il s’agit d’entrer chez les Watson), parfois lent à la compréhension (notamment pour décrypter le sens de l’humour de ses collègues) mais son visage est un livre ouvert et il est très expressif.

Toute la partie « enquête » est traitée avec suffisamment de dynamisme pour ne pas ennuyer. Ici, pas de corps mais un homme « emprisonné » dans son bureau. Les moyens employés pour entrer en contact avec lui sont à l’honneur du NCIS. On aura aussi un peu de légèreté avec le tandem McGee/Abby et son humour geek absolument savoureux. Un non-initié n’y comprend rien et il en rit !

Mais c’est la partie « émotion » qui est la mieux réussie. L’image de la petite Sandy menacée par le ravisseur est éprouvante. La gamine est en pleurs et elle pousse un cri quand il la frôle. Abigaïl Breslin est certainement un des enfants-stars les plus doués de sa génération. Elle est juste parfaite. Quand elle est libérée (« geste de bonne foi »), et que, en larmes, elle appelle son père (et David Keith est lui aussi très bon surtout qu’il est régulièrement filmé en gros plan), seul un cœur de pierre ne se serrerait pas. A plusieurs reprises, nous aurons les yeux humides. Humainement, c’est le premier épisode aussi fort et, probablement, un des meilleurs dans ce registre.

Sandy au NCIS, elle est interrogée par l’équipe et c’est là aussi un moment très fort. La première image de l’épisode nous a montré le talent de la petite qui a un « plus » qui sera très utile aux enquêteurs. Un esprit chagrin trouverait que c’est exagéré mais certainement pas. C’est impressionnant certes mais c’est aussi traité avec douceur et le réalisateur a la bonne idée de zoomer sur la face réjouie d’Abigaïl Breslin quand Sandy, un instant délesté de ses craintes, se retrouve en terrain connu.

Grâce à elle, DiNozzo découvre l’identité du ravisseur. C’est le moment d’envoyer la scène d’action avec tension et quelques coups de feu. Classique, attendu, mais bien amené et bien réalisé. On apprécie aussi l’humour quand McGee fait croire au ravisseur que c’est le FBI qui intervient ! Eh ! Oui ! Le NCIS reste un service méconnu !

On pourrait s’arrêter sur un happy end mais, avec une certaine férocité, Chris Crowe donne une signification très ironique à l’adage bien connu « Suivez l’argent ».

Mais nous aurons quand même notre fin heureuse grâce à Sean Murray !

Anecdotes :

  • Premier (mais pas dernier) épisode sans climatisation.

  • Ducky et Palmer sont occupés à reconstituer un « puzzle humain » fait de bouts de cadavres. L’explication viendra dans un épisode ultérieur.

  • Référence à Alien quand le ravisseur dit à l’épouse que, si elle veut crier personne ne l’entendra ?

  • McGee est définitivement embauché au quartier général du NCIS.

  • David Keith/Mike Watson : acteur américain, vu dans Officier et gentleman (1981), Les Intrus (1993), Daredevil (2003) ; à la télévision dans Les Experts : Miami (2008) et Nikita (201) notamment.

  • Abigaïl Breslin/Sandy Watson : actrice américaine, elle lance sa carrière d’actrice à 3 ans en jouant dans une pub et participe à son premier film à 5 ans. Son premier grand rôle est dans Little Miss Sunshine (2006). En 2007, elle débute au théâtre. On a pu la voir dans L’île de Nim (2008), Bienvenu à Zombieland (2009), Happy New Year (2011), La stratégie Ender (2013), Un été à Osage County (2014). Elle a également tourné pour la télévision : Ghost whisperer (2006), Scream Queens (2015). 

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2. POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
(THE GOOD WIVES CLUB)

Scénario : Gil Grant

Réalisation : Dennis Smith

Résumé :

Le corps momifié d’une femme est retrouvé sous un bungalow désaffecté à Norfolk.

Critique :

Si l’histoire est intéressante, l’épisode souffre par contre d’un manque de rythme qui le rend plutôt long à suivre.

La découverte du corps n’est pas banale et McGee est un peu notre représentant car, lui, n’a jamais vu ça. Le réalisateur s’amuse à pasticher les films d’horreur avec ce long corridor obscur et étroit menant à la chambre mortuaire et l’on comprend le teint verdâtre de Palmer ! D’autant que l’historiette du jour de Ducky est absolument atroce mais contée de manière plaisante ! Quant à la chambre, elle n’est pas piquée des hannetons puisqu’elle reproduit une pièce des années 1950, « guide de l’épouse parfaite » à l’appui et la morte portait une robe de mariée ! Guide qui fera beaucoup parler les différents protagonistes.

Sasha Alexander ne rate pas sa mise en avant via les compétences de profileuse de Kate. Elle nous plonge avec conviction (et nous convainc sans peine) dans la psyché dérangée du tueur qui recherche la relation de couple parfaite. Par définition, il ne la trouvera jamais donc tuera sans cesse. La reconstitution de la chambre pour se plonger dans ce qu’à vécu la morte est aussi vivifiante et montre que les relations Gibbs/Kate se sont de beaucoup améliorées. Esprits criminels n’aurait pas mieux fait sur ce passage.

Une analyse d’Abby amène la seconde partie de l’épisode ; direction Jacksonville, en Floride où un quartier-maître, correspondant au profil des victimes, a disparu. Cette partie ne met pas du tout DiNozzo en valeur en le ravalant au rang de profiteur du travail d’autrui, jaloux (parce que l’agent Jane Melankovic - à qui Kate Hodge donne un caractère fort qui s’exprime parfaitement dans ses mimiques et ses silences – semble préférer McGee) et machiste à grande eau. Heureusement, Michael Weatherly ne se prend pas au sérieux. Mais on aurait aimé plus de finesse.

Malgré ses qualités, l’épisode s’enlise franchement avec des discussions, certes utiles, mais menées sans rythme d’un côté et de l’épluchage de dossiers de l’autre. Les acteurs tentent de distiller un peu d’humour mais c’est inégal. On apprécie assez peu aussi l’énorme hasard qui permet soudain à DiNozzo qui n’en avait pas fichu une rame jusque-là de trouver l’indice capital qui donne l’identité du psychopathe. Meurtrier qui préfère se suicider dans une scène brutale mais un peu exagérée aussi.

Après le hasard, c’est une intuition qui met DiNozzo sur une bonne piste, celle de l’album du tueur. C’est glauque mais « conforme » à ce qu’on peut attendre d’un malade de ce genre (le tueur, pas DiNozzo). Le sérieux de la scène est par contre un plus appréciable. Placée entre deux moments plus légers mettant DiNozzo en valeur, la scène de l’album prend une certaine force. Finalement, c’est la fouille finale pour retrouver la disparue qui est le moment le plus dynamique de l’épisode bien lancée par une musique martiale.

L’épisode a aussi un « fil rouge » comme souvent mais il est mince : DiNozzo se demande pourquoi Gibbs l’a nommé en dernier et il va se poser la question et tenter d’y donner une réponse tout du long. C’est parfois drôle grâce à l’abattage de Michael Weatherly mais le souci c’est qu’il renforce l’image négative de DiNozzo dans cet épisode et, donc, à la longue, c’est désagréable.

Anecdotes :

  • Palmer est claustrophobe.

  • McGee lit « Arts ménagers » et « Femme active » pour « mieux connaître les femmes ». D’où commentaire caustique de DiNozzo.

  • Le même McGee avoue avoir fumé un joint « une fois » et « ne pas avoir aimé ». D’où commentaire ironique de DiNozzo (et Kate).

  • Betsy Brandt/Barbara Swain : actrice américaine, surtout active à la télévision. Elle est surtout connue pour avoir joué dans Breaking Bad (2008-2013) et Parenthood (2012-2015).

  • Kate Hodge/agent Jane Melankovic : actrice américaine, surtout vue à la télévision : Les contes de la crypte (1990), She-Wolf of London (1990-1991), Les Dessous de Palm Beach (1994-1995), Xéna, la guerrière (1995), JAG (1997), Unité 9 (2000-2001), New York Unité spéciale (2003), As the World Turns (2007)

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3. AUX FRONTIÈRES DU RÉEL
(VANISHED)

Scénario : George Schenck et Frank Cardea

Réalisation : James Whitmore Jr

Résumé :

Un hélico est découvert sans pilote au milieu de cercles dans un champ.

Critique :

Un épisode un peu paresseux, largement prévisible et aux personnages stéréotypés. La réalisation de James Whitmore Jr et les prestations des acteurs permettent cependant d’avoir un récit intéressant.

La découverte de l’hélico sans pilote au milieu de cercles ufologiques est une ouverture intéressante puisque, comme nous ne sommes pas chez les X-Files, l’explication ne peut être que « terrienne » et nous sommes en attente d’une explication. Les habitants du cru ne sont pas traités avec beaucoup de délicatesse par le duo de scénaristes pourtant parmi les meilleurs du pool de la série. Entre le fermier peu éclairé, le shérif vraiment bouseux et le pompiste crasseux, on comprend que, vu d’Hollywood, la Virginie Occidentale c’est « Ploucland » !

Le premier rebondissement c’est la découverte rapide du copilote…chez lui ! Le réalisateur a d’abord endormi notre attention avec une atmosphère de fouille routinière par Kate et DiNozzo avant de la tendre grâce à un rais de lumière sous une porte. Le tout suivi d’une agression rapide mais franche ! Il s’agit du capitaine Bartnett. D’abord pas coopératif du tout, il craque sous l’interrogatoire de Gibbs. Classique mais, là, les scénaristes et le réalisateur se combinent pour nous garder avec eux : le final se passe derrière la glace avec Kate et DiNozzo et l’humour de ce dernier prédisant quand Gibbs va faire avouer Bartnett est assez drôle. La mine réjouie de Michael Weatherly et celle stupéfaite de Sasha Alexander font merveille !

Le pilote, Newell, avait reçu un appel téléphonique venant du bled de Virginie Occidentale où son hélico s’est posé. Les investigations de Gibbs et Kate renforcent la suspicion autour des habitants. C’est assez banal le coup de la petite communauté fermée sur elle-même et qui fait front contre les « intrus ». Même si James Whitmore Jr va réussir par moment à créer une atmosphère inquiétante, ça ne prendra pas car on ne sait pas vraiment sur quel pied voulaient danser George Schenck et Frank Cardea : angoisse ? Humour ? Suspense ? Un peu de tout ça sans que l’un prenne le pas sur l’autre. Cette absence de choix va progressivement enlever de son intérêt à l’épisode car sa structure ultra-classique de rivalités internes émerge. Cependant, cette « révélation » va arriver assez tard pour qu’on ne soit pas déjà parti.

La découverte d’un corps calciné, son identification vont relancer l’intrigue mais dans un sens plus banal. Reste l’astuce de Gibbs pour piéger tant les locaux meurtriers que le capitaine Newell dont le rôle s’explique. Ses aveux, d’une grande dignité, sur le fond musical de la série, sonnent néanmoins justes.

Un élément est irritant dans ce scénario : la grossièreté de DiNozzo, surtout envers Kate. On ne comprend pas cette réduction du personnage. Dans la saison précédente, il était « gamin » et « chien fou » mais pas lourd. C’est déplaisant et il n’est pas sûr que Michael Weatherly apprécie aussi tant il joue ces moments sans éclats. Le contraste avec celui où il fait une blague potache à McGee montre la voie qu’il faut suivre pour le personnage : un grand gamin.

En revanche, c’est Abby’s Festival ! Passionnée de paranormal et d’ufologie, la gothique du labo tanne McGee pour avoir des échantillons de tout et se lance dans des analyses hautement spéculatives. Il faudra d’ailleurs que ce dernier lui explique comment les cercles ont été faits. C’est une version « miniature » de Mulder et Scully avec Abby en Mulder ! Sauf qu’ici, « Mulder » a tort (ce qui n’arrive jamais à l’original paraît-il). Pauley Perrette est magnifique : elle donne une version encore plus enthousiaste de son personnage, totalement excitée voire azimutée et qui n’admet sa défaite que du bout des lèvres. Sa tirade sur le thème « Je travaille trop/ Je suis mal payée » amuse davantage qu’elle ne sonne comme une revendication. On apprécie aussi que, malgré sa croyance dans les petits hommes verts (ou gris si l’on en reste à la comparaison avec X-Files), notre laborantine garde sa lucidité scientifique pour donner les résultats sérieusement.

Anecdotes :

  • DiNozzo aurait aimé être pilote. Kate déteste les hélicos.

  • Gibbs fait parler Barnett par API selon DiNozzo : « Aveux par Intimidation » !

  • La pompe à essence mesure en gallon. Unité de mesure anglo-saxonne définie aux Etats-Unis comme mesurant 231 pouces cubes soit 3,785 litres. Il est divisé en 128 onces liquide.

  • Les OVNI : Objets Volants Non Identifiés (en anglais UFO : Unidentified Flying Object) ; ce sont des phénomènes aériens rapportés par des témoins mais qui n’ont pu être clairement identifiés. Le langage courant parle de « soucoupes volantes ».

  • L’ufologie ou ovniologie au Québec : discipline consistant à recueillir et analyser toutes les données possibles sur ce phénomène. En 1968, le rapport Condon (du nom de l’universitaire Edward Condon) synthétise trois ans de recherches à la demande de l’US Air Force et conclue qu’il n’existe aucune preuve de l’existence d’engins extraterrestres et que 85% des cas s’expliquent par des méprises ou des canulars. Il fut violemment attaqué par les partisans de la thèse extraterrestre.

  • Tom Bower/Miller Thompson : Ralph Thomas Bower est un acteur américain qu’on a pu voir dans 58 minutes pour vivre (1990), Nixon (1995), Cœurs perdus en Atlantide (2001), La colline a des yeux (2006), Appaloosa (2008). Pour la télévision, il a tourné dans La famille des collines (1975-1978), Deux flics à Miami (1985), X-Files (1999), Esprits criminels (2014)

  • Jennifer Hall/Daphné Everett : actrice américaine, vue dans Anna Karénine (1997), New York Unité Spéciale (2000), Confession d’un homme dangereux (2002), Esprits criminels (2005), Dr House (2007), Private Practice (2009)

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4. JANE DOE
(LT. JANE DOE)

Scénario : Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle ; d’après une histoire de Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle, Donald P. Bellissario et Gil Grant

Réalisation : Dan Lerner

Résumé :

La découverte du corps d’une femme violée et étranglée fait ressurgir une affaire non résolue du passé de Ducky

Critique :

Pour leur unique contribution à NCIS, Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle ont concocté une histoire très intéressante, reliée au passé de Ducky, et qui est bien conduite. Seule la musique n’apporte rien. Cet épisode est aussi important dans l’histoire de la série car il est le premier à avoir recours à ces flasforwards en noir et blanc illustrée par un bruitage d’une ou deux secondes dénommés phoofs en raison de leur son pour scander ses actes. L’identité visuelle de la série est désormais en place.

Après une ouverture assez drôle mettant en œuvre de braves matelots, on fait connaissance avec le quartier-maître Cluxton qui a trouvé le corps et procédé à quelques investigations. Si Kate la félicite, Gibbs se montre plus réservé et n’a pas tort. Amy Sloan ne rate pas son entrée. Cluxton est un soldat qu’on sent plein de bonnes intentions et qui a cru avoir correctement fait son travail. Et surprise ! Cluxton connaît McGee ! C’est d’ailleurs assez formel quoique chaleureux. Ce formalisme décalé, qu’on retrouvera ultérieurement, fait sourire, voire franchement rire, tellement les duellistes sont empruntés ! On retrouvera un fait similaire dans le film, Des saumons dans le désert, qui procèdera ainsi entre Ewan McGregor et Emily Blunt. Dans les deux cas, c’est hilarant. Ici, Amy Sloan et Sean Murray sont impeccables. Soudain, plus question de rire. La mention dite en passant que la victime est « un lieutenant inconnu » trouble Ducky qui n’en dit rien aux autres mais regarde soudain le cou…et y trouve ce qu’il cherchait.

 Du coup, le comportement du bon docteur débonnaire change. Il se montre dur et autoritaire avec Abby, qui n’apprécie guère et avec Palmer qui n’en peut mais. Il ne va consentir à parler que lorsque le NCIS bute sur un mur : l’inconnue n’est pas référencée dans la base de la Navy, et pour cause ! C’est une civile ! David McCallum approfondit Ducky comme jamais depuis le début de la série. Il accompagne son changement de comportement de manière parfaitement crédible. La douleur qu’il donne à voir marque que ce n’est pas le Ducky habituel qui est là sous nos yeux. L’expérience Ari avait certes été traumatisante mais elle était contemporaine alors qu’ici, c’est son passé qui revient le hanter. Un passé qui prend la forme d’une affaire non résolue. Un marronnier absolu dans les séries policières mais qui est rendu à sa dimension de drame humain par l’excellent acteur écossais qu’est David McCallum.

Ducky va raconter d’abord à Gibbs puis à toute l’équipe (rendue visible par la présence de tous les acteurs et par l’excellente idée de Dan Lerner de les filmer de haut renforçant l’idée de groupe). Cet exposé ouvre la deuxième partie de l’épisode qui entre dans sa phase « active ». On aura le traditionnel interrogatoire de l’innocent mais dont l’alibi date l’épisode. Et les investigations de DiNozzo qui nous fait un festival à la fois sérieux et comique. Tout l’épisode suit les effets du « mauvais karma » de DiNozzo et Michael Weatherly est génialissime avec son visage de dédain souriant qui finit par se poser des questions. Prétexte à des gags dont un complètement visuel, ce qui est rare dans la série. Il est aussi policier et ses investigations vont faire avancer l’enquête. Avec McGee (un duo extrêmement drôle), il fouille l’appartement d’un suspect et, avec Kate, trouve l’identité de la victime…dans un bar lesbien. Légère incohérence du scénario à ce propos. Dans le bar, DiNozzo ne semble pas avoir conscience qu’il parle à une barmaid lesbienne. Par contre, au NCIS, c’est lui qui dira qu’ils ont trouvé l’identité dans la victime « dans un bar lesbien » et ne s’étonnera donc plus de l’indifférence de la barmaid à son charme. Le spectateur découvre soudainement cette information au moment où elle est révélée comme un fait connu.

Le scénario, décidément très riche, fait aussi la part belle à notre Abby. Son exposé médico-légal, dynamique et plein d’entrain, qui synthétise les recherches des uns et des autres, est une merveille de Résumé : et elle énonce l’impossible avec une joie communicative ! Par ailleurs, on sent une légère pointe de jalousie et aussi d’humour caustique quand elle chambre McGee sur sa relation avec le quartier-maître Cluxton. Dernier coup de maître du scénario : c’est McGee qui démasque le coupable grâce à son intuition. Gibbs n’a plus qu’à porter l’estocade lors d’un interrogatoire qui est davantage un duel à fleurets à peine moucheté, au formalisme froid et ferme. Un épisode solide à revoir.

Anecdotes :

  • Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle ont créé la série Le Caméléon (1996-2000).

  • Kate a fait quatre ans de latin.

  • La plus longue période de DiNozzo sans femme a été de 11 jours.

  • McGee s’est occupé de la « boîte chaude » d’Abby. Son explication geeko-technologique devant Gibbs impassible est un monument de drôlerie. Mais, il a raison.

  • L’épisode fait référence à des militaires homosexuels. Jusqu’à une loi demandée par Barack Obama et votée en 2010, l’orientation sexuelle des militaires ne devait pas être révélée (loi de 1993 dite "Don't ask, Don't tell" ("Ne rien demander, ne rien dire")).

  • Les flashforwards correspondent aux coupures publicitaires.

  • Amy Sloan/quartier-maître Cynthia Cluxton : actrice américaine, vue dans Le loup-garou du campus (2001), Gothika (2003), Cold Case (2004), Les Experts (2005), Gilmore Girls (2005-2006, 3 épisodes), Grey’s Anatomy (2008), NCIS : Los Angeles (2010), The Closer (2011), Call me Fitz (2012-2013), 12Monkeys (2015)

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5. TERRAIN MINÉ
(THE BONE YARD)

Scénario : John C. Kelley

Réalisation : Terrence O’Hara

Résumé :

La mort d’un homme dans un champ de tir amène le NCIS sur une enquête du FBI contre un chef mafieux.

Critique :

Un épisode assez médiocre. Dénué de surprise, et sans acteurs invités de grande envergure, il ne se sauve que par l’humour et une bonne réalisation.

Terrence O’Hara montre son savoir-faire d’emblée avec cette course entre un homme et un lâcher de bombes (ce qui occasionnera une blague assez noire de Gibbs !). C’est une entrée en matière brutale mais tonique, fluide dans son déroulement avec un excellent passage du gros plan au plan large pour dramatiser la scène. Dommage qu’ensuite, toute l’enquête sur le champ de tir s’étire et ne serve au final qu’à placer des confrontations asymétriques et vaines entre Gibbs et un sergent-chef du CID (service d’enquête de l’armée de terre). Plus tard, on apprendra que le champ de tir est un cimetière sauvage.

Un piratage informatique donne lieu à un grand moment entre Abby et McGee. L’alliance des geeks – au terme d’une double séquence rendue haletante et qui nous a aussi fait sourire comme à chaque fois que McGee parle le geek comme d’autres leur langue maternelle ainsi que par une devil mind en français (« Branche-moi McGee ») – aboutit à l’entrée en scène du FBI en la personne des agents Fornell et Charles ! La laborantine cherchait à identifier la victime : l’agent Gerard, infiltré au sein de la famille Napolitano.

A partir de là, le scénario déroule du très connu voire de l’archi-rabattu. Le mafieux qui a toujours un coup d’avance et le sempiternel coup de la taupe. C’est sans originalité aucune et ce n’est même pas bien fait. Quand Fornell est accusé d’être cette taupe, on sait aussitôt que ce n’est pas le cas et, par ricochet, on perce à jour le vrai traître. Curieusement, c’est le personnage dont l’utilité paraissait la plus sujette à caution. Étrange, n’est-ce-pas ? Avec ça, le décor de la prison est atroce et sonne faux. Même la « surprise » ne surprend guère vu qu’on s’attendait à un rebondissement. Alors, celui-là ou un autre…

Par contre, on est plié quand, pour récupérer l’ADN du fils du mafieux pour une comparaison, Kate et Tony jouent le couple désirant faire un test de paternité. Ils sont outranciers et c’est hilarant ! Tout est énorme, tenues, propos mais c’est joué avec un tel plaisir et une telle aisance.

Le dernier bon moment sera la discussion sur un ton faussement badin entre Jimmy Napolitano – Robert Constanzo a un faux air de Danny DeVito – qui s’interrompt brusquement. Gibbs ose menacer un parrain de la pègre ! Pour ce coup, Mark Harmon marque ses progrès dans sa connaissance de son personnage. On se souvient des menaces idiotes de Gibbs en saison 1 face à deux dealers. Ici, le ton est moins exacerbé, la colère est rentrée ; on sent la puissance et la conviction ferme de l’agent spécial. Le regard de Mark Harmon a pour le coup plus d’expressivité que l’acteur lui-même.

La dernière partie de l’épisode sombre dans la banalité mais on sourit quand même (quand on est fan) à la fausse surprise finale. Il n’y a que les agents du NCIS pour avoir un regard de merlan frit !

Anecdotes :

  • Première apparition du CID. On retrouvera ce service dans des saisons ultérieures.

  • DiNozzo s’est acheté une paire de chaussures à 500$.

  • Robert Constanzo/Jimmy Napolitano : acteur américain, il a joué tant au cinéma (Un après-midi de chien, La fièvre du samedi soir, Total Recall, 58 minutes pour vivre )qu’à la télévision (Drôles de Dames, Hôpital Saint-Elsewhere, Sacré Famille, Arabesque, Des jours et des vies). Il est également comédien de doublage (Batman).

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6. DOMMAGES COLLATÉRAUX
(TERMINAL LEAVE)

Scénario : Roger Director

Réalisation : Jeff Woolnough

Résumé :

L’explosion d’une bombe qui détruit la voiture d’une femme vétéran de l’Afghanistan fait surgir la menace d’Al-Qaïda. Pendant que le FBI enquête sur cette piste, le NCIS assure la protection de la famille.

Critique :

Un épisode qui laisse une impression mitigée. Laisser le NCIS au bord de la route pouvait paraître une idée intéressante à explorer sur le papier mais, à l’écran, c’est inopérant. On s’ennuie ferme durant une bonne partie de l’épisode.

L’explosion résonne sinistrement ; le terrorisme s’en prend au quotidien pour détruire toute impression de sécurité et, cela, chacun peut le comprendre et le ressentir. Dommage que le soufflet retombe vite. Pourtant, le scénariste a voulu mettre de la tension dans son texte : le capitaine Micky Shields est une cible car, dans sa carrière de pilote de l’aéronavale, elle a tué des civils par erreur. Mais, elle est en congé de fin de service. Dans quatre jours, elle redeviendra civile. Puisque le FBI dirige l’enquête, le NCIS ne peut assurer la protection de la famille que durant le laps de temps où Micky Shields reste militaire. D’emblée, l’agent Reyes nous est présentée comme « la méchante » poursuivant son but de démanteler une cellule terroriste même en exposant la famille tandis que Gibbs est « le gentil », celui qui pense à l’humain d’abord. Classique mais un peu trop schématique. Heureusement qu’Elizabeth Pena tient la barre car nous avons un Mark Harmon des grands jours. Le jeu posé de l’acteur fait bien ressortir l’autorité naturelle de Gibbs. Dommage par contre que le duel entre les deux acteurs se focalise beaucoup trop sur la venue ou non dans les locaux du NCIS d’un suspect important. Le suspense n’est pas bien grand et en faire tout un fromage comme le fait Roger Director n’est pas sérieux.

On doit donc se farcir la surveillance de la famille qui charrie son lot de lieux communs (garçon pénible, fille en révolte contre sa mère etc.). Jeff Woolnough ne s’échine pas non plus à emballer la machine. Il a raison ; le jeu n’en vaut pas la chandelle. Par contre, la discussion entre le capitaine Shields et Kate est un moment important et d’une grande justesse. Si elle s’avère assez monolithique, Mary Page Keller parvient ici dans la confession de son personnage expliquant pourquoi elle quitte si tôt l’armée à nous toucher et à nous émouvoir ; en partie grâce à Sasha Alexander. L’actrice était en effet toute indiquée pour cette scène. Avec peu de mots mais un visage ouvert, elle sait nous guider dans cette pièce où une militaire de carrière avoue son désarroi et veut apprendre à être une mère. Très émouvant. Sasha Alexander aura une autre occasion de se mettre en valeur. Lorsque Kate enguirlande le FBI en leur rappelant les bases d’une opération de protection, la scène  a beaucoup de force parce que l’on sent la colère rentrée de Kate qui s’efforce de demeurer polie et professionnelle. C’est une belle preuve de talent d’acteur. Dommage que Michael Weatherly de son côté n’hérite quasiment que de scènes pénibles (mais au moins, il nous fait sourire). Sauf celle de la salle de bain mais pas certain qu’elle améliore son portrait. En retrait, Sean Murray a des moments amusants sans plus.

Mais si l’épisode se sauve, c’est grâce à nos « rats du laboratoire ». L’autopsie du caniche brûlé dans l’explosion par Ducky et Palmer est un moment cocasse et qui fait avancer l’enquête ! Et une nique au FBI, une ! David McCallum aura une autre occasion de se mettre en valeur lors de la « préparation » à l’interrogatoire. Une procédure inhabituelle mais pas intéressante. Le « bon » docteur Mallard s’y montre d’un professionnalisme caustique, matois comme jamais ! Ne manquez pas le sourire de Mark Harmon quand Gibbs surveille le suspect : c’est tout juste s’il ne nous dit pas « Je le tiens ». Si Dieu existe, il est geek ! Pauley Perrette réalise un grand numéro. Le réalisateur a la bonne idée de prendre son temps pour l’opération nettoyage d’image. Au lieu de brèves scènes Abby dispose d’un long temps d’exposition. La jouer azimutée eut été contre-productif. Plus sobre, le personnage ne lasse pas. Et le langage technico-geek (le nettoyage d’image, comment ça marche ?) est toujours un régal. Cerise sur le gâteau, les relations entre Pauley Perrette et Mark Harmon pétillent toujours autant. L’enthousiasme que mets l’actrice lorsqu’Abby entrevoit une publication grâce à sa potentielle découverte ne peut que mettre en joie.

C’est encore Abby qui fait avancer l’enquête mais c’est elle aussi qui relance l’histoire en toute fin d’épisode. Une fin que le scénariste voulait certainement tendue et surprenante. Pas tout à fait convainquant ; pas vraiment même. Le coup de théâtre survient trop tard pour dynamiser l’épisode et ne donne qu’une conclusion convenue pas très bien jouée. On aura cependant un dernier sourire grâce à McGee.

Anecdotes :

  • DiNozzo commande ses lunettes de soleil.

  • D’après lui, Kate chante plutôt bien.

  • Elizabeth Pena/agent Reyes : actrice américaine (1959-2014), elle est diplômée en théâtre en 1977. Elle alterne cinéma et télévision : Cagney et Lacey (1985), La Bamba (1987), Blue Steel (1990), La loi de Los Angeles (4 épisodes, 1994), Rush Hour (1998), Les Experts : Miami (2003), Off the Map (4 épisodes, 2011). Elle succombe à une cirrhose du foie.

  • Amanda Fuller/Jen Shields : actrice américaine, essentiellement vue à la télévision : Buffy contre les vampires (2003), Les Experts (2006), Grey’s Anatomy (2012)

  • Rebecca Staab/Greta Boyen : actrice américaine, peu de films notables (Les Quatre Fantastiques, 1994) mais vue à la télévision dans Haine et Passion (1985-1987), Columbo (1990), Beverly Hills (1991-1992), Nip/Tuck (2004), Dexter (2013)

  • Mary Page Keller/Micky Shields : actrice américaine, elle tourne surtout pour la télévision : Providence (1999), JAG (3 épisodes, 2002-2003), New York Police Blue (4 épisodes, 2004), Commander in Chief (4 épisodes, 2005), 24 heures chrono (2 épisodes, 2009), Castle (2010), NCIS : Los Angeles (2011), Supernatural (2011), Pretty Little Liars (4 épisodes, 2012).

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7. SEMPER FI
(CALL OF SILENCE)

Scénario : Roger Director

Réalisation : Thomas J. Wright

Résumé :

Le caporal Ernie Yost vient au NCIS s’accusant du meurtre de son meilleur ami durant la bataille d’Iwo Jima. Gibbs et son équipe veulent comprendre et lui éviter la prison.

Critique :

Une histoire intéressante, un grand morceau d’histoire, de l’émotion mais ce scénario aurait davantage eu sa place dans Code Quantum. Quand on regarde NCIS, c’est pour suivre une enquête policière et non explorer l’histoire américaine.

Une grande partie de l’épisode manque de rythme. Tout le départ voit Frost ressasser sa culpabilité sans pouvoir donner un mobile ou un lieu et cela devient lassant. Charles Durning se montre bon comédien. Si l’épisode ennuie quelque peu, l’acteur donne corps à son personnage, tantôt vieillard sympathique, tantôt homme désorienté, que la mort de son épouse a profondément éprouvé. Il saura nous toucher à la fois par son côté humain mais aussi parce que c’est un authentique héros, titulaire de la médaille d’honneur. La lecture par Gibbs des faits ayant valu cette distinction au caporal a vraiment de la grandeur.

Le NCIS n’a pas vraiment envie d’ouvrir une enquête sur des faits auxquels personne ne croit. Mais, bonne idée de Roger Director, il fait revenir le capitaine Coleman. L’uniforme sied parfaitement à Alicia Coppola que l’on remercie d’être là car la comédienne va dynamiser plusieurs passages à venir, nous évitant une sédation fatale. Premier acte, par visioconférence, elle exige l’ouverte d’une enquête. Par écran interposé, nous assistons à une passe d’armes entre Gibbs et Coleman. L’intéressant, c’est qu’il n’y pas d’hostilité entre eux. Leur opposition n’a rien de personnel ; ce sont deux professionnels. Second acte, elle vient chercher Frost mais il n’est pas là et toute l’équipe se paye la tête du capitaine – qui n’est pas dupe – avec une histoire à dormir debout. C’est un passage assez drôle mais on a connu bien mieux en termes d’humour même si le visage fermé d’Alicia Coppola reflète à merveille un mélange d’agacement et de commisération assez savoureux. Troisième acte, elle débarque avec deux soldats pour arrêter Frost mais DiNozzo révèle astucieusement la médaille d’honneur provoquant un garde à vous général (avec une légère seconde de retard pour Coleman) !

La clé, c’est Iwo Jima. La victime pRésumé :, Wade Kean, y est mort, la veille du jour où Frost a mérité sa médaille. L’exhumation donne lieu à un déploiement militaire (on sent la marque Bellisario) mais l’examen par Ducky va dans le sens de ce dont s’accuse Frost. Gibbs s’obstine ; comme il le dit à Coleman, il veut un mobile. Là, on a une amélioration nette de Gibbs à qui Mark Harmon donne plus d’épaisseur humaine. Il ne « sait » pas que Frost est innocent ; il veut « comprendre ». Il n’y a pas à proprement parler de « duel » avec Coleman (qui nous rappelle que nous sommes dans une série dérivée de JAG qui vit toujours) mais un pas de deux. Abby et McGee – les Geeks associés – ont reconstitué numériquement la bataille. Le récit que fait Pauley Perrette a un petit ton plaisant, presque « Alain Decaux raconte » mais la trame est épouvantable !

La reconstitution donne un autre tournant à l’enquête, semblant innocenter Frost. Sauf que DiNozzo a trouvé une photo qui pourrait expliquer un geste criminel. DiNozzo qui a passé beaucoup de temps avec Frost. Le moment a permis à Charles Durning de jouer la gamme du vieux soldat racontant ses souvenirs avec humanité et modestie. Michael Weatherly montre les progrès de son personnage. Ici, pas de « chien fou » mais un homme jeune respectueux de la vieillesse et du véritable héroïsme. Ce calme, cette pondération font un peu grandir DiNozzo mais qui reste DiNozzo avec une remarque qui déclenche une brusque colère de Frost !

Une réflexion de Kate – relativement en retrait et c’est bien dommage - a fait tilt chez Gibbs qui obtient de Coleman un peu de temps. L’agent spécial se livre alors à un interrogatoire cognitif, plutôt rare dans la série. Il s’agit de faire revivre à un témoin les circonstances d’un événement. Gibbs recrée Iwo Jima et c’est un moment fort, le plus fort de l’épisode mais qui arrive tardivement. Thomas J. Wright, qui a plutôt bien géré le cruel manque de rythme, trouve ici matière à travailler. La scène se passe dans la pénombre et Gibbs craque des allumettes tandis qu’une télévision crache des images de la bataille. Cette reconstitution in vivo est très émouvante et fait jaillir la vérité. Coleman, les larmes aux yeux (Alicia Coppola confère une grande dignité à son personnage) rend les armes.

Anecdotes :

  • Iwo Jima : île du Pacifique appartenant à l’archipel d’Ogasawara à 1046 km au sud de Tokyo. L’île fut le théâtre d’une violente bataille entre les Japonais et les Américains entre le 19 février et le 26 mars 1945. Sur environ 20 000 Japonais, un millier survécut. DiNozzo fait référence au film Iwo Jima avec John Wayne. Depuis, Clint Eastwood a tourné Mémoire de nos pères.

  • La médaille d’honneur : « décernée pour des actes de bravoure exceptionnels en dehors et au-delà du devoir militaire » (citation de Gibbs)

  • Charles Durning/Ernie Frost (1923-2012) : acteur américain, il sert en Europe durant la Seconde guerre mondiale. Après avoir fait de petits boulots, il joue au théâtre (1962) puis au cinéma. Brian de Palma le fera tourner trois fois (Hi, Mom, 1970 ; Sœurs de sang, 1973 ; Furie, 1978). Il tourna également dans L’Arnaque (1973), Nimitz (1980), Tootsie (1982), Dick Tracy (1990), O’Brother (2000).

  • Retour d’Alicia Coppola dans le rôle du capitaine Faith Coleman. 

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8. ULTIME RECOURS
(HEART BREAK)

Scénario : George Schenck et Frank Cardea

Réalisation : Dennis Smith

Résumé :

L’équipe de Gibbs enquête sur la mort d’un homme qui paraît avoir été victime d’une combustion humaine spontanée à l’hôpital militaire !

Critique :

Après un passage plutôt moyen, la série reprend de la vigueur avec cette histoire bien écrite, bien jouée et une réalisation qui ne manque pas de malice.

Le coup de la « combustion humaine spontanée » est hilarant dans la mesure où c’est invraisemblable mais il fallait bien que quelqu’un la fasse. Que ce soit McGee est la seule erreur du scénario ; on aurait mieux vu Abby (qui y croit) ou Palmer. La science reprend ses droits tout de suite mais cette entrée en matière réussie donne à l’épisode une coloration d’humour sympathique. La grande réussite de nos duettistes du feu de Dieu est d’avoir réussi à conserver l’humour tout en introduisant une part dramatique et aussi de romantisme. Chacun de ces éléments est mesuré au cordeau et l’équilibre ainsi obtenu garantit l’attention et l’intérêt du spectateur.

L’enquête s’oriente vers un meurtre assez astucieusement mené (reconstitution numérique menée par une Abby que cet étrange meurtre met en joie car il la sollicite intellectuellement) mais qui déconcerte les enquêteurs qui peinent à le reconstituer et, surtout, à en saisir le mobile. La victime était un homme qui avait le don d’exaspérer son prochain et de se faire des ennemis. Le genre donc que tout le monde voudrait voir mort !

Humour donc. DiNozzo cherche à savoir qui est le mystérieux petit ami de Kate, un certain Harrison. On ne le verra pas mais on a bien compris au bâillement de l’agent Todd que sa nuit a été courte ! Ces deux-là récidivent à bord d’un porte-avion sur l’air de « C’est moi qui sait où on est ». Dennis Smith place alors sa caméra derrière une échelle et s’éloigne doucement pour qu’à travers la volée de marche on voit passer en courant l’agent qui a eu tort ! Dernier point, la scène à l’hôtel qui ne manque pas d’une certaine causticité.

Pour la part de drame, c’est le principal suspect qui la fournit. Le lieutenant Hayes a subi les réprimandes continues de la victime. A l’issue d’une entrevue avec son entraîneur de natation, il nous apparaît fragile émotionnellement (mais on peut l’être avec un crime sur le dos) ; il en voulait à la victime, il n’a jamais voulu servir et, surtout, il est armé. Sa traque est aussi l’occasion de voir qu’entre l’agent Gibbs et l’agent Paula Cassidy, les relations ne sont pas au beau fixe. Cette dernière a voulu faire preuve de compassion envers Hayes ; elle a peut-être causé la mort du tortionnaire de ce dernier. Mais c’est la mort de Hayes, tué par Kate qui est le bouquet. Kate n’a fait que son devoir mais elle a tué un innocent et Sasha Alexander restitue avec sobriété mais force le désarroi de cet humaniste devant cette situation.

Mais c’est le romantisme qui est l’ingrédient bonus, le petit plus qui donne une saveur intéressante à cet épisode et lui gagne le quatrième melon. Passons sur le couple DiNozzo/Cassidy qui est un chapitre clôt malgré les efforts de Tony pour revenir dans la vie de Paula. Michael Weatherly est en forme. DiNozzo crépite d’humour aux dépens de ses collègues mais il est particulièrement sobre, quoiqu’aussi plein d’humour, envers Paula. L’acteur nous convainc sans peine de l’attachement véritable de son personnage. Mais là ou le fan se régale c’est en donnant un rôle important à David McCallum. Quand le digne légiste aperçoit le capitaine Janice Byers, médecin militaire qui a opéré la victime, il fait preuve d’encore plus de courtoisie que de coutume. Lorsque celle-ci lui apporte un dossier, il fait lourdement comprendre à Gibbs qu’ils ont fini (ce qui fait bien rire le policier). Cerise sur le gâteau, le dîner dans le sous-sol du Muséum d’histoire naturelle où le docteur Mallard est un guide plein de verve et de chaleur. Pour faire un couple, il faut être deux et Stacy Edwards se montre à la hauteur. Ravissante au naturel, elle se montre très en beauté au rendez-vous. Par sa simplicité, son sourire chaleureux, l’actrice rend parfaitement le vif plaisir que prend Janice à être ainsi courtisée. David McCallum et Stacy Edwards réussissent sans le moindre mal à nous convaincre de l’idylle qui se noue entre leurs personnages.

Il faut maintenant résoudre l’énigme. C’est le résultat d’un travail d’équipe qui aboutit à ce résultat. Un mot d’Abby à Ducky amène ce dernier à reprendre l’autopsie et à demander un certain document. Alors qu’il reprend les indices matériels devant une Abby amusée, DiNozzo comprend ce qui s’est passé et en fait la démonstration devant l’équipe mais c’est Ducky qui portera l’estocade.

Fait rare : le coupable avouera sans peine, soulagé d’avoir été démasqué.

Anecdotes :

  • Si l’on en croit Ducky, c’est Charles Dickens qui popularisa la « combustion humaine spontanée » en s’en servant pour tuer un de ses personnages (dans La maison d’âpre-vent).

  • Stacy Edwards/commandant Janice Byers : actrice américaine, ancienne danseuse, pas vraiment de film notable mais une présence certaine à la télévision : Santa Barbara (1986-1988), Code Quantum (1990), La vie à tout prix (1997-1999), New York Unité spéciale (2004), Veronica Mars (2006), Esprits criminels (2007), The Unit (2008-2009), The Lying Game  (2011, avec Charisma Charpenter).

  • Retour de Jessica Steen (Paula Cassidy)

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9. INTRUSION
(FORCED ENTRY)

Scénario : Jesse Stern et John C. Kelley

Réalisation : Dennis Smith

Résumé :

Une femme tire sur un homme entré chez elle mais le NCIS découvre qu’il y a été invité.

Critique :

Un épisode palpitant avec une histoire mêlant le glauque à l’humour, confrontant le réel et le virtuel sans se perdre et en maintenant un bon rythme. Dommage que les décors soient si pauvres.

Seul, John C. Kelley ne nous avait pas emballé jusque là mais il semble avoir trouvé un bon partenaire d’écriture. L’entrée en matière est excellente avec cette femme, Laura Rowan, qui commente avec ironie une scène de film d’horreur avant d’être brutalement concernée elle-même ! Joli mouvement de Dennis Smith qui nous plonge tout de suite dans le dur ! Qu’elle tire sur l’intrus est par contre inédit mais nous sommes dans NCIS : c’est une femme de Marine ! Megan Ward tient d’emblée parfaitement le rôle de Laura Rowan, cette femme esseulée, qui s’ennuie, mais qui a une certaine force de caractère (ce n’est pas tout d’avoir appris à utiliser une arme, il faut pouvoir le faire !). Dans les deux interrogatoires auxquels sera confronté son personnage, l’actrice jouera avec justesse soit la femme choquée par l’intrusion et le tir puis choquée par les accusations lancées par Gibbs. Manière en miroir de voir aussi la justesse de Mark Harmon. Compatissant et chaleureux puis froid et formel. Neil Hopkins, qui joue l’intrus nommé Jeremy Davidson, ne marquera pas par contre les esprits. Certes, il passe l’essentiel de son temps dans un lit d’hôpital mais d’autres ont eu besoin de moins que ça pour impressionner. Il joue sans éclat mais ça passe.

L’équipe du NCIS est en pleine forme dans cet épisode. Michael Weatherly se délecte à jouer le moqueur (avec McGee) ou le supérieur hautain (avec Kate, mais dans ce cas, ça déverrouille l’accès à Davidson !) mais la palme revient à Pauley Perrette que l’épisode met particulièrement en valeur pour ses qualités professionnelles. Abby a cru que Laura Rowan avait invité Jeremy à entrer chez elle pour jouer un fantasme de viol (il faut voir l’équipe peu encline à interrompre Gibbs !) mais c’était un leurre informatique. Pour remonter la piste du pirate, mission d’infiltration ! Passons sur la facilité scénaristique de la recherche d’un poste de programmeur informatique qui permet à Abby d’entrer chez « Secrets d’alcôves ». La présentation du job aurait pu être barbante mais c’est drôle et l’embarras d’Abby, elle si à l’aise dans son labo et qui parlait de « parcourir les profondeurs du cybersexe » avec McGee, notamment invitée à poser nue si elle le souhaite, est à croquer. Le choix de son pseudonyme est tout aussi cocasse. La manœuvre informatique coordonnée avec le MTAC est rendu parfaitement fluide et dynamique. Pauley Perrette aura deux autres occasions de nous régaler quand Gibbs pousse Abby à se dépasser (le sourire de l’actrice est lumineux ; elle prend visiblement plaisir à jouer avec Mark Harmon faussement hiératique et vraiment joueur) et lorsqu’Abby découvre la vérité mais que Gibbs l’a devancé ! Son désappointement est hilarant.

Que le pirate soit mort permet à Ducky et à Palmer de faire une apparition. Donald McCallum n’a pas besoin de dix minutes pour être intéressant et nous faire sourire avec son histoire de cannibales. Sa réflexion sur leur localisation géographique est à savourer et à méditer. On ajoute un peu de glauque avec ce cadavre aux yeux crevés (étrange qu’un épisode ultérieur s’intéresse aussi aux yeux) et, hop ! Tout de suite de l’humour avec cette caméra à récupérer. Pour la seconde fois de la saison, Kate s’y colle et, par « coïncidence », elle est à nouveau en jupe pour monter sur les épaules de ses collègues. Mais ici, c’est DiNozzo et c’est bien plus drôle !

Presque tout se joue sur un détail. L’épisode aura su maintenir le suspense jusqu’au bout.

Anecdotes :

  • DiNozzo a invité McGee a participer à une soupe populaire…pendant laquelle des playmates feront le show !

  • Kate a deux frères (« ce qui explique pas mal de choses ! ») et a passé 12 ans dans l’enseignement catholique.

  • En VF, quand Abby explique à Gibbs en langage geek comment elle a découvert le piratage, celui-ci dit « En français, ça donne quoi ? ». En VO, l’acteur dit juste « In english ? ». On avouera que la traduction aurait pu être plus pertinente.

  • Gibbs compare le pirate à Œdipe. Après avoir découvert la vérité sur son compte, celui-ci s’est en effet crevé les yeux…mais il a survécu.

  • Megan Ward/Laura Rowans : actrice américaine, on a pu la voir dans La vie à cinq (1994-1995), Dark Skies (1996-1997), Boomtown (2002-2003), Hôpital Central (2007-2010)

  • Neil Hopkins/Jeremy Davidson : acteur américain, surtout vu à la télévision : Lost (5 épisodes, 2004-2010), Les Experts (2005), Women’s Murder Club (2008), Castle (2010), Mentalist (2012)

  • Lindsay Price/lieutenant Pam King : actrice américaine, elle joue exclusivement pour la télévision : Parker Lewis ne perd jmais (1991), Beverly Hills(1998-2000), Les Experts (2001), Las Vegas (2004), How I Met your mother (2007), Les mystères d’Eastwick (2009-2010), Hawaï Five-0 (2013), Major Crimes (2014-2015),

  • Règle n°23 : Ne jamais toucher au café d’un Marine si l’on veut vivre.

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10. ENCHAÎNÉS
(CHAINED)

Scénario : Frank Military

Réalisation : Thomas J. Wright

Résumé :

Pour remonter la piste d’un vol d’objets d’arts irakiens à Norfolk, DiNozzo se fait passer pour un prisonnier en cavale. Mais le NCIS perd sa trace.

Critique :

L’histoire de Frank Military a le mérite de sortir des canaux habituels de la série mais ne sort pas de ceux du policier infiltré et de la cavale. La réalisation énergique de Thomas J. Wright pallie cette carence et l’implication de Michael Weatherly en vedette nous tient suffisamment en haleine.

L’évasion de Tony et du dénommé Jeffrey est déjà un bon moment. Nous ne voyons pas le visage de Tony et rien ne laisse présager ce qui va suivre. Sa voix nous alerte mais l’action est déjà enclenchée et la fuite commence avant le départ du générique ! Gibbs et Kate sont en soutien mais une chute dans un cours d’eau met le traceur GPS HS (séquence auparavant hilarante quand Abby raconte d’un ton songeur les endroits où elle pensait l’implanter). Le NCIS a heureusement prévu une solution de repli – ce qui permet de voir qu’il s’agit une opération minutieusement montée. Précision nécessaire par rapport à McGee ! On y reviendra. Malheureusement, un accident grille cette cartouche. On admire cependant – avant de rire de bon cœur –  à la présence d’esprit de Tony pour la façon dont il éloigne le motard secourable. Ayant volé sa moto, Tony et Jeffrey partent rejoindre un copain de ce dernier. On est obligé de sourire en les voyants habillés de défroques colorées, sur une moto et qu’on entend de la musique country !

Jusqu’à présent, l’épisode a baigné dans une ambiance plutôt de comédie. Lorsque les fugitifs retrouvent Lane, le complice de Jeffrey, ça se tend et ça ne va faire que monter. Sa façon de souhaiter une « bonne nuit » à Tony donne plutôt le frisson. Coup de théâtre ; il a disparu le lendemain matin ! Pour Jeffrey, il a fui pour retrouver un acheteur. Il avoue à cet instant ce que le spectateur sait déjà : il a participé au vol de plusieurs objets d’art irakiens d’une valeur de 3 millions. Bien entendu, Tony accepte de suivre Jeffrey mais on notera que le policier se montre méfiant. Il a bien raison d’ailleurs même s’il ignore ce que nous, nous savons de la véritable identité de Jeffrey. C’est crispant et le suspense est bien maintenu (coup des appels de téléphone dans le vide). Lors de l’ultime confrontation, impossible de ne pas frissonner et de sursauter.

En arrière-plan, il y a deux fils rouges comiques. Si celui des appels pour la décapotable est mal relié à l’histoire et n’a donc pas réellement d’intérêt, en revanche, les têtes à tête entre McGee et la secrétaire d’Etat à la Défense sont hilarants. Gibbs étant sur le terrain, c’est donc McGee qui est envoyé au charbon pour faire un rapport. Le premier topo est très maladroit et on est de tout cœur avec McGee dont on partage le trouble. Le fait d’envoyer « le bleu » permet une identification entre Sean Murray, impeccable dans le côté gauche de son personnage qui s’enferre à vouloir bien faire, et le spectateur. Ce topo a le mérite de l’efficacité. En deux minutes, Frank Military a posé les enjeux de l’épisode sans s’attarder et en nous faisant rire. La répétition est un des ressorts du comique ; aussi le scénariste va reprendre ce schéma trois autres fois, permettant aussi au réalisateur de varier les angles. Grossir le visage de la secrétaire d’Etat – qu’on ne verra jamais que sur l’écran géant du MTAC – donne à la fois un effet comique tout en la présentant comme une « méchante » ; renforçant notre identification à McGee et le soutien moral que nous lui apportons. Mais Frank Military a suffisamment de métier pour savoir qu’une simple reproduction de la situation initiale serait contre-productive. Aussi chaque scène est-elle légèrement différente tout en permettant à Sean Murray – finalement, l’autre vedette de l’épisode – de travailler son personnage. En effet, l’agent spécial se montre à chaque fois un peu plus sûr de lui, plus professionnel pour finalement trouver le courage d’oser balancer l’insanité que Gibbs lui a dit d’envoyer. On se demande s’il osera le dire (même si l’avant dernière ligne de texte de la secrétaire d’Etat est une véritable perche) puis on éclate de rire ! Que McGee se fasse applaudir puis féliciter ne peut que nous plaire. Ces moments de comédie permettent de soulager la tension que la fuite sans filet de Tony nous inflige.

Mark Harmon, Sasha Alexander, Pauley Perrette et David McCallum sont plus en retrait dans cet opus mais les deux premiers se débrouillent bien. Si Mark Harmon la joue plutôt à l’économie, Sasha Alexander rend palpable l’inquiétude qu’éprouve Kate pour son collègue. Si la scène de « l’aveu » n’a pas beaucoup d’utilité, elle souligne la grande humanité de l’agent Todd tout en nous faisant sourire car Gibbs la laisse faire et s’en tire par une pirouette. Et la scène avec le motard permet également à Sasha Alexander de jouer sur une autre gamme, celle de la légèreté.

Un épisode qui indique que la voie pour NCIS, ce sont ses personnages plus que les enquêtes.

Anecdotes :

  • Le numéro de la cabine téléphonique d’où appelle Jeffrey est le 804 555 0178. On reconnaît le « 555 » qui indique qu’il s’agit d’un faux numéro. C’est une convention dans les fictions américaines.

  • Quand Gibbs conduit vite pour aller secourir DiNozzo, Abby dit à Kate « qu’elle va prier dans toutes les langues » ! La conduite de l’agent Gibbs est en effet aussi bonne que sa vue.

  • Frank Whaley/Jeffrey White : acteur américain, vu dans Né un 4 juillet (1989), JFK (1991), Pulp Fiction (1994), Broken Arrow (1996), Dragon Rouge (2002). A la télévision : Docteur House (2008), Gotham (2014)

  • Don S. Davis/officier de contrôle MTAC (1942/2008) : acteur américain, particulièrement connu pur avoir joué dans les séries Twin Peaks (1990-1991) et Stargate SG-1 (1997-2007). Durant sa carrière sur les deux écrans, il a joué dans 21, Jump Street (1987-1990), Hook (1991), Cliffhanger (1993), X-Files (1994), Le Fan (1997), Stargate Atlantis (2004), Supernatural (2007). Il est terrassé par une crise cardiaque foudroyante.

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11. EN EAUX TROUBLES
(BLACKWATER)

Scénario : John C. Kelley et Juan Carlos Coto, d’après une histoire de Juan Carlos Coto

Réalisation : Terrence O’Hara

Résumé :

Un corps retrouvé dans un lac réveille une histoire de disparition vieille de deux ans.

Critique :

Décidément, John C. Kelley écrit bien mieux en duo ! Deux essais en duo et deuxième réussite ! Le scénario est brillant, astucieux, tortueux (normal, Juan Carlos Coto a travaillé sur Le Caméléon, série compliquée s’il en est !) et qui ne néglige pas l’humour.

L’entrée de l’épisode est spectaculaire et sinistre et pose d’emblée la question : le lieutenant Brian McAllister, porté disparu, est-il mort d’un accident ou a-t-il été assassiné ? Mais l’histoire se complique avec ce privé, Monroe Cooper -très américain comme patronyme ! – qui prétend avoir retrouvé le corps (il donne une explication très crédible à défaut d’être très ordonnée) et qu’il a la certitude que McAllister a été assassiné. Mike Starr s’impose d’emblée, « mélange de Columbo et de Sherlock Holmes » selon McGee, qui en est fan, et c’est vrai qu’il y a du Columbo dans l’allure mais Cooper se rapproche plus du privé classique américain que du « roi des détectives ». Peu de réflexions mais beaucoup de recherches. Mike Starr donne un côté sympathique, très « vieille école » à son personnage ainsi qu’une faconde réjouissante tout autant qu’une opiniâtreté aussi appréciable qu’inquiétante.

L’examen de la voiture par McGee et Abby est un beau moment. Terrence O’Hara la présente sous tous les angles avec chacun une utilité : la trouvaille hilarante d’Abby et celle plus grave de McGee, une balle. Déterminer sa trajectoire permet de retrouver une des marottes de la série, la reconstitution numérique par Abby. Pas grave, c’est toujours un plaisir car Pauley Perrette se montre toujours pimpante. Sauf que l’interprétation qu’en fait Ducky est troublante. Quelque chose ne colle pas.

S’il y a eu crime, il y a un mobile et l’équipe le trouve facilement : l’argent. D’autant que le défunt avait un frère à la jeunesse compliquée. Kate et DiNozzo vont l’interroger et, surprise Thomas McAllister, devenu PDG, est resté simple et il se montre d’un abord ouvert avec les agents. Surtout avec Kate qui n’y est pas, mais alors pas du tout insensible. Sasha Alexander est une nouvelle fois magnifique ; elle montre Kate séduite mais pas midinette. La mine de Mickael Weatherly, quand DiNozzo comprend ce qui se passe, est un régal ! McAllister est un suspect tout trouvé et Cooper le pense. Sa démonstration devant l’équipe est convaincante et Abby l’appui. Il n’y a que Kate pour le penser innocent mais le scénario a bien joué le coup et entretien la suspicion : comment prendre son avis pour fiable quand elle nous a été montré sous le charme ? Mais Gibbs n’est pas là pour décrocher la prime d’un million promise pour la famille à qui trouverait l’assassin du lieutenant McAllister ; il veut du concret.

Premier acte, aller parler au médium qui s’était immiscé dans la vie du père du lieutenant et aurait largement bénéficié de ses largesses justement. Pas le meilleur moment car la figure du médium ambigu ne s’écarte pas des standards du lot et, quand on a vu Patrick Jane en action, les autres « mediums » paraissent fades. Mais celle-ci a un côté sarcastique et l’humour grinçant de la scène de tournage est intéressant. Ce ne sera pas pour autant un moment inutile car le médium manque de se faire assassiner ! La balle provient de la même arme qui a tiré le projectile retrouvé dans la voiture du défunt.

Deuxième acte, pendant que Gibbs et McGee fouilleront l’appartement de McAllister, Kate l’occupe en dînant – de bonne grâce – avec lui. En tenue de soirée, Sasha Alexander est somptueuse et on rigole bien à la plaisanterie pocharde de DiNozzo. Terrence O’Hara va alterner les deux plans, juxtaposant une atmosphère chaleureuse propice aux confidences et une autre plus sèche et nerveuse.

Le twist final est de toute beauté. Quelque chose ne collait pas en effet et, comme souvent, c’est un détail qui fait la différence.

Impossible de conclure sans s’arrêter une seconde sur l’hilarante scène d’ouverture dans les bureaux (un classique de la série) : le portable de DiNozzo sonne sans arrêt car il est harcelé par une ex. Il demande à Kate de répondre en prétendant être sa femme ! La chute est malicieuse et amorale mais tellement drôle ! Il y a aussi la scène du déjeuner de l’équipe apporté par Kate qui est…un régal !!

Parfaitement équilibré, un épisode qu’on apprécie en le visionnant plusieurs fois.

Anecdotes :

  • Abby adorait les films de la sécurité routière…pour leur côté glauque !

  • DiNozzo a eu une enfance dorée. C’est la première mention du passé privé de DiNozzo.

  • Première mention du côté écrivain de McGee.

  • Mike Starr/Monroe Cooper : acteur américain, vu dans Né un 4 juillet (1989), Les Affranchis (1990), Bodyguard (1992), Ed Wood (1994), Snake Eyes (1998), Le Dahlia noir (2006). A la télévision, Ed (2000-2002).

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12. ALTER EGO
(DOPPELGÄNGER)

 

Scénario : Jack Bernstein

Réalisation : Terrence O’Hara

Résumé :

Alors qu’il est en ligne avec un client, un téléopérateur est témoin de ce qui semble être un meurtre !

Critique :

Épisode plutôt inégal. Il se suit sans déplaisir mais sans grand intérêt non plus. La faute a un scénario qui ne va pas au bout de ses bonnes idées.

Ça commence bien toutefois avec ce crime en direct que l’on suit depuis le siège de la compagnie de démarchage. Au passage, on apprend comment et pourquoi se constituent les fichiers clients ; ce qui est très édifiant ! Chez la victime, le quartier-maître Lambert, l’équipe du NCIS trouve celle du lieutenant Cheney, de la police.  Sous les yeux ahuris des agents fédéraux – et des nôtres – c’est la copie conforme de leur équipe, jusque dans les cafés des chefs ! C’est très comique, merci mais ensuite ? Quel intérêt ? Il y a finalement trop peu d’interactions entre les deux équipes pour qu’un jeu de miroir qui aurait pu être drôle s’installe. Les personnages de Rachel et de Monteleone sont trop peu dessinés pour avoir une existence en dehors de la caricature de leurs « modèles ». Seul John Doman  a assez de carrure et de métier pour donner une étoffe à Cheney. Lui parvient à créer un lien avec Mark Harmon. Leur interrogatoire d’un lobbyiste soupçonné de trafic de médicaments sera assez jubilatoire !

Chez Lambert, il y a du sang mais pas de corps. Et pour cause. L’enquête révèle des incongruités qui pointent vers une seule conclusion : Lambert a simulé sa mort. Terrence O’Hara trouve une scène à réaliser en survolant McGee et Abby sous l’œil vigilant de Gibbs. Sur une musique bien rythmée, c’est un passage très agréable à suivre. Comme Lambert était informaticien à l’hôpital militaire de Bethesda, Gibbs emmène McGee pour qu’il lui traduise leur langage. C’est assez drôle, il faut le reconnaître. La superviseuse de Lambert, Karen, tape dans l’œil de Gibbs qui, tout en l’interrogeant courtoisement, la drague en même temps ! Assez surréaliste tout de même d’autant que la belle (qui n’est pas non plus un canon) n’est même pas rousse. Peut-être que cet élément n’était pas encore entré dans la « Bible » de la série !

Après avoir failli périr d’ennuis (le concours du job le plus mortel est vraiment hilarant- l’épisode fonctionne plus avec des scènes qu’avec un réel fil), Abby et McGee découvrent que Lambert se servait de son poste pour faire du trafic de médicaments. Malheureusement, l’histoire devient alors plus paresseuse avec l’inévitable fausse piste qu’on a senti venir ainsi que le « rebondissement » inévitable. Certes, la méthode employée par Gibbs et Cheney pour obtenir des aveux n’est pas d’une pure orthodoxie (mais Brenda de The Closer aurait sans doute adoré) mais elle nous procure la dernière scène intéressante. C’est une analyse de cigarettes qui sera déterminant. Comme quoi, le tabac est vraiment mauvais pour la santé !

Anecdotes :

  • Dans une discussion autour des super-héros, Abby se compare successivement à Super-Girl et à Wonder Woman. Kate avoue un faible pour Xéna.

  • Abby est accro aux pistaches.

  • John Doman/lieutenant Cheney : acteur américain, diplômé en littérature anglaise et ancien officier du corps des Marines et vétéran du Viêtnam, il est d’abord publicitaire avant de devenir acteur. On  a pu le voir dans les films Die Hard 3 (1995), Mystic River (2003), The Company Men (2011) mais surtout à la télévision : Oz (2001), Les Experts (2003), Rizzoli & Isles (2010), Borgia (2011-2014), Person of Interest (depuis 2014).

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13. VENGEANCE D'OUTRE-TOMBE
(MEAT PUZZLE)

Scénario : Frank Military

Réalisation : Thomas J. Wright

Résumé :

Trois corps en morceaux dans un baril indiquent que Ducky est menacé suite à une affaire vieille de dix ans. Mais le coupable est mort !

Critique :

L’histoire est simple, le coupable évident mais cet épisode est néanmoins intéressant à la fois par son atmosphère glauque et parce qu’un des membres de l’équipe est menacé. Les « affaires personnelles » sont, à l’instar des ennemis des Avengers comme dans le remarquable Jeux ou Le Joker pour ne citer que ceux-là, celles qui permettent d’impliquer le spectateur qui craint et espère pour « ses » personnages. NCIS n’est pas Game of Thrones pour immoler ses acteurs tous les quatre matins mais, dans une série policière, nul n’est à l’abri d’une vieille affaire. L’épisode se permet en outre deux tranches d’humour pas désagréables.

D’entrée de jeu, le docteur Mallard se sait visé. Donald McCallum est en vedette et il nous fait ressentir l’effroi qui envahit Ducky petit à petit. Trois corps dans un baril ont été laissés il y a six mois (on a déjà vu la reconstitution des corps dans des épisodes précédents) et le légiste est certain que ce n’est pas une coïncidence s’ils ont été laissés dans sa juridiction. Désormais reconstitués, les cadavres vont révéler leurs identités : le juge, le procureur et le président du jury lors du procès de Vincent Hanlan condamné suite au témoignage de Ducky. Sauf qu’il ne peut pas être coupable : il est mort voici un an. Sa famille ? L’équipe va les interroger. Le moins que l’on puisse dire c’est que Frank Military n’avait pas mangé un clown au petit déjeuner le jour où il a imaginé la famille Hanlan. Les parents de Vincent sont dans les pompes funèbres et le frère taxidermiste ! C’est d’un noir ! Mais un noir lourd, malsain et l’agressivité de Mme Hanlan ne détend pas l’atmosphère. Lee Garlington tient bon la barre : elle nous donne à voir la haine et l’amertume d’une mère pour qui son fils a été sacrifié par la justice. Qu’il ait été coupable ne la déstabilise même pas ; c’est un amour maternel total, aveugle et qui met mal à l’aise. Fred Hanlan n’est pas non plus désopilant et l’entendre dire calmement qu’il aurait bien empaillé son frère dans son sinistre atelier (la caméra se promène doucement au milieu des bêtes et nous donné la chair de poule) amène le cœur bien près des lèvres !!

A ce moment de l’histoire, le scénariste a bien senti qu’il lui fallait alléger la tension et il nous présente Victoria Mallard, 96 ans, mère de Ducky. Là aussi, on serait intéressé de savoir quelle substance a prise Frank Military parce que la mère Mallard n’est pas piquée des vers ! On voudrait aussi l’avis de son psy sur son rapport à sa mère !! Nina Foch (qui avait 80 ans au moment du tournage) campe une femme à qui l’âge et la sénilité n’ont pas fait perdre sa belle énergie ! DiNozzo, qui a été affecté à sa protection, manque de devenir chèvre puisqu’elle oublie ce qu’elle a dit une minute avant et le prend alternativement pour un gigolo, un déménageur et un voleur ! Michael Weatherly nous fait bien ressentir la solitude et le désespoir de Tony et on est plié. Son sourire quand il passe le relais à Kate est aussi hautement réjouissant ! Dernière chose, la maison Mallard est un véritable manoir absolument somptueux, meublé et décoré avec un goût certain qui cadre parfaitement avec l’onctuosité et l’érudition de Ducky.

Kate sera bien malheureuse car, bernée, elle est impuissante à empêcher l’enlèvement de Ducky. L’enquête semble enlisée mais elle va rebondir grâce à un duo improbable : Palmer et Abby ! L’apprenti légiste a une idée « glauque mais géniale » qui provoque un coup de théâtre ! Le scénario donne du temps de jeu à Brian Dietzen qui est loin de faire de la figuration. Bien sûr, Palmer est encore un « bleu » dans son domaine mais il est compétent, capable d’initiatives et sa fraîcheur et sa spontanéité en font un personnage vraiment sympathique. Si, ici, il ne nous régale pas de son humour très personnel, Brian Dietzen le montre suivant son maître dans le long chemin de la digression ! C’est à la fois drôle et touchant.

Le final est épouvantable tant par la violence du processus de mise à mort de Ducky (et le réalisateur, par ses gros plans, met l’accent sur le côté douloureux particulièrement atroce), par la violence des aveux du frère et par le sanglant choix final.

L’épisode est aussi parcouru par un fil rouge comique. Le petit ami de Kate, un certain Steve (où est passé Harrison ?), était dans la même confrérie d’étudiants que Tony et lui a donc, au nom de leur « serment », tout raconté sur leur couple ! Si la curiosité est une qualité chez un policier, avouons que, chez Dinozzo, elle atteint des niveaux stratosphériques ! Heureusement, la mine réjouie, très gamine de Michael Weatherly désamorce ce qu’elle pourrait avoir de dérangeant pour la situer sur le terrain de la franche comédie. Et la réponse de la bergère au berger sera de la même eau, et celle-là, il ne l’avait pas vu venir !

Anecdotes :

  • Première apparition de la mère du docteur Mallard. Il est amusant que Nina Foch et David McCallum jouent la mère et le fils quand seulement neuf ans séparaient les acteurs au moment du tournage !

  • On apprend que la mère de Tony est morte.

  • Lee Garlington/Mme Hanlan : actrice américaine, vue dans Psychose 2 (1983), Psychose 3 (1986), Le Pic de Dante (1997), American Pie 2 (2001)

  • Holmes Osborne/Fred Hanlan : acteur américain poursuivant une carrière tant au cinéma (La tête dans le carton à chapeaux, 1999 ; Un Américain bien tranquille, 2002 ; All About Steve, 2009) qu’à la télévision (Sept jours pour agir, 1998-2001 ; Invasion, 2005-2006)

  • Nina Foch/Victoria Mallard (1924-2008) : actrice américaine, vue dans Un Américain à Paris (1951), Les Dix Commandements (1956), Des amis comme les miens (1971), L’Amour est une grande aventure (1989), Sliver (1993), Pumpkin (2002). A la télévision, elle a tourné dans Rebecca (1962), Columbo (1968), Les Mystères de l’Ouest (1968), Les Chroniques de San Francisco (1993), Dharma et Greg (1999), The Closer (2007).

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14. LE TÉMOIN
(WITNESS)

Scénario : George Schenck et Frank Cardea

Réalisation : James Whitmore Jr

Résumé :

Une jeune femme prétend avoir vu un meurtre se passer dans l’immeuble en face de chez elle. Envoyé déterminer la crédibilité du témoin, McGee pense qu’il y a bien eu crime.

Critique :

Un épisode dont l’intrigue est bien écrite, mais qui est surtout important pour l’évolution de McGee.

L’ouverture est habile. James Whitmore Jr nous montre quelque chose d’indistinct tout en alternant avec une jeune femme, qui a plutôt bien descendu son verre de vin rouge (boisson classique dans les fictions télés américaines) : réalité ou fantasmagorie ?

Comme la victime serait un marin, le NCIS est dans la boucle. Gibbs charge McGee de déterminer la fiabilité du témoin…copieusement démolie par la police et Jack McGee (c’est le nom de l’acteur !) campe un policier un peu blasé et qui n’y croit pas une seconde. Comment lui jeter la pierre ? Le témoignage d’Erin Kendall est pour le moins…mince et l’interprétation de Danica McKellar n’arrange pas les affaires puisque l’actrice la joue à cran. Ce qui va faire basculer l’épisode, c’est…un bouquin très compliqué ! Le rapport de McGee sera un peu brouillon mais ferme sur le fond. Gibbs semble sceptique mais ordonne cependant une enquête. Ce début d’épisode nous scotche littéralement. Le doute existe bien qu’on sache qu’il y a bel et bien eu crime (sinon pas d’épisode !) mais, surtout, c’est la personnalité de McGee qui nous intéresse. Sean Murray accompagne la professionnalisation de son personnage, son aguerrissement avec conviction et crédibilité. Un enquêteur doit parfois se fier davantage à son flair qu’aux indices et McGee applique les conseils de Gibbs. Évidemment, il ne s’est pas mué en super-policier mais, justement, ce sont ses approximations, ses doutes, ses erreurs qui nous le rendent proche et rendent convaincants ses actes. Mark Harmon la joue avec simplicité. Pas de discours, pas de conseils, pas d’attitude de professeur ; juste le supérieur qui juge son subordonné sur ses actes. La scène où Gibbs demande à McGee la marche à suivre est symptomatique.

Le disparu est un certain quartier-maître Keith Dillon mais l’appartement où Erin a vu le crime est loué par un certain Robert Sorn qui…n’existe pas. La fouille approfondie dudit appartement apporte des éléments intéressants. Puis c’est la police qui retrouve le corps de Dillon. Il a bien été étranglé ainsi qu’Erin avait vu. Pour le côté chaleureux de l’épisode, notons le net rapprochement entre les deux « grosses têtes » que sont donc Erin Kendall et Tim McGee. La jalousie évidente d’Abby, ainsi qu’un nouveau discours technico-geek sont les moments comiques de l’épisode. Le fil rouge  - on pourrait oser « fil dentaire » - concernant la dent de Kate et son recours final à une hypnotiseuse (quelle absurdité ! On ne croit pas une seconde que Kate puisse y avoir recours. Le personnage est trop rationnel pour cela) n’est là que pour faire ultérieurement intervenir cette personne dans l’enquête. Une intervention surtout intéressante pour ce qu’elle révèle de l’histoire des séries télés à cette époque.

La relance de l’histoire se joue sur un joli coup. Le duo de scénaristes géniaux l’a écrite sur deux tableaux et sur du velours. Erin et McGee discutent au téléphone ; elle chez elle et lui en planque chez Sorn. Et soudain elle est agressée ! C’est quasiment la même scène que celle d’ouverture ! James Whitmore Jr, qui passait doucement de l’un à l’autre en début de scène, accélère brusquement et accompagne avec dynamisme l’élan que prend McGee se précipitant chez son amie, hélas trop tard. C’est aussi très bien vu que ce soit Kate qui réconforte le malheureux. On voit une différence avec Amnésie (1-10) quand Gibbs et DiNozzo l’avaient laissé seule. C’est cohérent avec les personnages et Sasha Alexander est vraiment excellente dans l’émotion. Elle n’en fait jamais trop et ce n’en est que plus fort. La douleur qui étreint McGee est aussi très bien montrée par le réalisateur faisant tourner sa caméra autour d’un Sean Murray au regard absent. Même à son bureau entouré de ses collègues, McGee est seul.

C’est là que l’hypnotiseuse entre en scène pour permettre à McGee de revivre la scène. L’épisode a été diffusé le 15 février 2005. A cette époque, la série Esprits criminels n’existait pas encore. Or, c’est notamment cette série qui a popularisé le concept d’entretien cognitif qui sert justement à replonger le témoin – au passage, jolie inversion des rôles entre Danica McKendall et Sean Murray – dans ses souvenirs. On sourit donc à cette ficelle un peu grosse qui fait assez amateur. Heureusement, l’interprétation inspirée de Sean Murray nous replonge dans le drame. Impassible, le regard dans le lointain, l’acteur égrène avec lenteur les différents moments. C’est très troublant.

Grâce à une découverte d’Abby et à un détail dont se souvient McGee, les deux crimes sont résolus. Sean Murray arbore un visage très dur qu’on ne lui connaissait pas quand il tient l’assassin en joue. On a bien l’impression qu’il va tirer !

La scène finale est très émouvante. McGee réclame le silence pour écrire (Kate et Tony s’amusent à se jeter des pistaches comme deux gamins !). Ils pensent qu’il ré-écrit son rapport mais, quand ils découvrent que c’est une lettre de condoléances à la famille d’Érin, ils sont touchés par l’attention. Même DiNozzo a le tact de ne pas plaisanter ; preuve de la sincérité de son émotion. Une émotion que nous ressentons.

Anecdotes :

  • Abby aime aller chez le dentiste : une légère douleur est un plaisir !

  • Selon Abby, 4 billets américains sur 5 sont contaminés à la cocaïne ! Ce sont d’excellents conducteurs car l’encre n’est jamais totalement sèche et donc absorbe la drogue si le billet sert à se faire un rail avant d’être remis en circulation.

  • Échange savoureux entre Kate et DiNozzo sur le mariage : « Les hommes mariés vivent plus longtemps » prétend-elle. « Rectification, la vie leur paraît plus longue » ! C’est quand même Kate qui remporte l’échange

  • Kate a écrit deux fois son premier rapport et DiNozzo cinq fois.

  • Danica McKellar/Erin Kendall : actrice, scénariste et productrice américaine, on a pu la voir dans Walker, Texas Ranger (1993), A la Maison-Blanche (2002), How I met your mother (2007), The Big Bang Theory (2010).

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15. RANDONNÉE MORTELLE
(CAUGHT ON TAPE)

Scénario : Chris Crowe, Gil Grant et John C. Kelley

Réalisation : Jeff Woolnough

Résumé :

Un Marines fait une chute mortelle dans le parc de Shenandoah. Le NCIS penche pour l’hypothèse criminelle.

Critique :

Trois scénaristes pour ça ? Si certaines choses sont meilleures à plusieurs, l’écriture du scénario ne l’est pas forcément ! On a nettement l’impression que l’on a absolument voulu retaper un scénario sans intérêt et, du coup, on a plein d’éléments parasites qui n’occultent pas une intrigue principale squelettique.

On ne croit pas longtemps évidemment à l’hypothèse accidentelle : combien y a-t-il d’accidents dans une série policière ? Aucun ! C’est quasiment une convention du genre. L’arme du crime est classique : une batte de base-ball, l’arme blanche américaine par excellence ! Niveau suspect, on a le choix entre un couple adultère supposé et un défoncé avec qui la victime avait eu une altercation la veille. Cette fois, la vérité est difficile à deviner et les éléments à décharge paraissaient convaincants. D’autant que la fausse piste était hautement plausible.

Ce qui pêche, c’est l’absence de profondeur des personnages. Tant l’épouse de sergent Moore, son meilleur ami, le sergent Kent et le défoncé, David Ronion sont platement dessinés et interprétés sans flamme ni conviction. La palme a l’épouse d’une fadeur patentée ! Ronion s’en sort mieux mais c’est sans éclat. Le meilleur moment, c’est l’interrogatoire des amants présumés. Jeff Woolnough n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Il a certes bien présenté la scène de crime en tournant autour de ce pic d’où le défunt est tombé mais, ensuite, le soufflé est retombé. La faute à beaucoup de parlotes et de brassage d’air.

Malgré de multiples adjonctions, difficile d’ignorer que tout le suspense repose sur la lecture d’un caméscope qui a fait un séjour prolongé dans l’eau. Pauley Perrette est comme toujours fabuleuse avec l’énergie qu’elle sait mettre mais elle ne peut créer de magie sans rien. On le sait qu’elle va réussir à la nettoyer cette cassette numérique donc on attend.

Heureusement, on a de quoi se distraire. Ducky fait réciter sa leçon à Palmer (excellente composition de Brian Dietzen dont le visage passe instantanément de la satisfaction intense à l’angoisse quand il craint de « sécher ») et McGee est victime du sumac vénéneux. Cette plante irritante, que l’on retrouvera ultérieurement dans la série, nous offre un arc narratif à épisode à l’intérieur de l’épisode. C’est rigolo, on souffre pour McGee (et Sean Murray est très convainquant) mais on sent le remplissage à dix lieux à la ronde. Pour meubler, on a donc un second fil rouge comique centré sur cette question : peut-il y avoir de l’amitié entre les hommes et les femmes ? L’épisode n’a pas la prétention d’apporter une réponse mais juste de nous distraire. Ça, c’est réussi mais c’est trop peu pour rendre l’épisode intéressant.

Anecdotes :

  • Mention de Mme Mallard (mais sans la voir) et de son régime alimentaire tout à fait personnel

  • Tony admet qu’il trouve Kate attirante mais qu’il la connaît trop pour la draguer. Curieux argument.

  • Kevin Sizemore/Sergent William Moore : acteur américain, il tourne principalement pour la télévision : Le Caméléon (1999), JAG (2001), 24 heures chrono (2005-2006), Dollhouse (2009), Rizzoli & Isles (2011-2012).

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16. BULLDOG
(POP LIFE)

Scénario : Frank Military

Réalisation : Thomas J. Wright

Résumé :

Un homme prétend que le cadavre de femme retrouvé à côté de lui n’est pas celui de la femme avec qui il a couché la veille. Le NCIS remonte jusqu’à un propriétaire de club plutôt brutal.

Critique :

Épisode de bonne facture mais trop classique pour convaincre pleinement. Ça manque d’humour malgré quelques saynètes plaisantes.

La première partie consacrée à cette histoire effarante de cet homme, propriétaire de bar, qui se réveille à côté d’un corps qui n’est pas celui de la femme avec qui il s’est couché la veille, est menée tambour battant. Le type, Willy Taylor, a des accents de sincérité dans la voix quand il raconte son histoire et on a de la peine pour lui. On imagine ce que Rod Sterling aurait fait dans La Quatrième Dimension avec ce début ! Ici, c’est la science qui remet les choses à l’endroit. Il a été piégé et un nom lui vient, Hitch.

Ce dernier, surnommé « Bulldog » (le titre français est plus percutant et plus juste aussi) tient un club et il profiterait de la chute de Taylor. C’est au tandem Kate/Tony de prouver qu’une des danseuses a piégé Willy. C’est un moment assez drôle surtout quand la très prude et catholique Kate se rend compte qu’elle a un « ticket » avec l’une d’entre elles ! Et puis Abby en coordination depuis le MTAC nous régale avec ce mélange unique comme seule Pauley Perrette sait faire entre la criminalistique et l’humour à plein tube. Ils ont la surprise d’y retrouver Samantha, la sœur de la victime, Amanda King, qu’ils avaient interrogée à l’hôpital où elle veille sur leur père mourant. Cela peut paraître pathétique et décoratif mais Frank Military saura au final remettre tout cela en perspective. C’est en fait un élément capital. Samantha chante dans le club sous le nom de Jade.

Comment interroger une chanteuse sans faire trop « flic » ? Tony et Kate se font donc passer pour des « dénicheurs de talents ». Ils ont beau s’écharper à longueur de temps (comme au début de l’épisode ; c’est une des plus mauvaises scènes de bureau de toute la série. Elle ne sert à rien et n’a même pas de conclusion), ils forment un superbe duo complémentaire et efficace. C’est un régal de voir Michael Weatherly capable de passer du « chien fou » au porte-flingue en un instant et l’empathie de Sasha Alexander fait de Kate une enquêtrice propre à recevoir des confidences. De son côté, Steven Brand en « Bulldog » n’a pas grand-chose à nous montre. Il doit jouer le patron dur et dominateur. L’acteur ne sort pas du cliché et ne nous transcende pas vraiment mais il fait le job. Et on comprend aussi que My’a Harrison n’est pas vraiment fait carrière comme actrice. Ce n’est pas mauvais certes mais elle ne parvient pas à nous accrocher suffisamment pour que l’on ait peur pour elle, pour que l’on veuille qu’elle réussisse. My’a Harrison n’insuffle pas suffisamment de vie dans Samantha.

La mort d’une danseuse semble mettre « Bulldog » hors de portée du NCIS mais c’est à nouveau la science qui va donner la solution. Ce n’est jamais très bon signe quand un scénario de NCIS joue trop la corde scientifique. Même si c’est son pitch de départ, ce n’est déjà plus dans son ADN et cela dénote une incapacité à dépasser les codes du genre policier. La série sait faire mieux. D’autant que faire appel à une technique peu courante, onéreuse et aléatoire (ce qui fait quand même beaucoup) fait davantage penser à une mauvaise parodie des Experts, alors en pleine apogée, qu’à autre chose. Reste l’humour que savent créer Pauley Perrette et Brian Dietzen.

Anecdotes :

  • McGee a travaillé dans une banque.

  • Sous couverture, Kate appelle DiNozzo « Bruce ». DiNozzo étant cinéphile, on suppose un clin d’œil aux Dents de la mer puisque Bruce est le nom du requin mécanique.

  • Visiblement, Gibbs continue à mettre McGee à l’épreuve et, une nouvelle fois, le « bleu » ne le déçoit pas.

  • Kate est bonne pâtissière.

  • Le « méchant » de l’épisode s’appelle « Alfred Hitch » ; clin d’œil à Sir Alfred !

  • Steven Brand/Ian Alfred « Bulldog » Hitch : acteur écossais vu au cinéma dans le Roi Scorpion (2002) mais, plus souvent, à la télévision : Les Experts (2004), Les Experts : Miami (2009), NCIS : Los Angeles (2010), Castle (2012), Teen Wolfes (2014-2016), Secret & Lies (2015)

  • My’a Marie Harrison/Samantha King : chanteuse, danseuse et actrice américaine, elle a tourné dans Chicago (2002), Shall we dance (2004). Elle se consacre principalement à la scène ayant sorti 5 albums. En 2009, elle participe à Dancing with the star.

  • Daya Vaidya/Keisha Scott : actrice américano-népalaise née au Népal et immigré aux Etats-Unis à l’âge de deux ans. Elle a surtout tournée pour la télévision : Dexter (2007), Unforgettable (2011-2012), Castle (2015).

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17. ŒIL POUR ŒIL
(AN EYE FOR AN EYE)

Scénario : Steven Kane

Réalisation : Dennis Smith

Résumé :

Une erreur postale amène le NCIS à enquêter sur un espion.

Critique :

Un épisode totalement ubuesque doté d’un scénario abscons, réalisé paresseusement et manquant cruellement soit d’humour soit de noirceur.

La progression de l’histoire se fait en crabe ; on glisse d’un colis postal contenant une paire d’yeux humains envoyé à un quartier-maître transsexuel à une histoire d’enlèvement d’une adolescente exploitée par un espion pédophile ! Sans compter un final relevant du mauvais cliché de film d’espionnage. C’est simple : on n’y comprend jamais rien. Les acteurs n’ont d’ailleurs pas trop de mal à donner l’impression que leurs personnages rament. Quant au passage entre Gibbs et un colonel du Commandement Sud des Forces armées américaines, c’est pathétique et risible tellement c’est nanardesque ! Au lieu d’être grave, Mark Harmon se rend monolithique avec ce sérieux qu’ont les acteurs qui ne savent pas qu’ils jouent dans une daube. A la décharge de l’acteur, ce n’est clairement pas ce qu’on attend d’un épisode de NCIS. Ajoutons l’éclairage tamisé et l’étalage de bons sentiments et c’est le bouquet !!

On aurait pu s’attendre à quelque chose de fort avec ce colis hautement glauque suivi d’une scène cocasse dans les bureaux du NCIS. Michael Weatherly sera mis en vedette dans cet épisode et s’en tirera avec les honneurs. Grâce en partie à lui, et à son duo savoureux avec Sasha Alexander, à défaut de suivre l’intrigue, on aura tout de même plaisir à le regarder jouer. L’acteur passe avec aisance de l’agent plus que détendu (mais efficace au point de sidérer ses collègues !) à l’agent de terrain sérieux et tout aussi efficace et qui, en même temps, ne perd jamais une occasion de se payer la tête de sa collègue ! On rit de bon cœur aux chamailleries de ces deux là ! Merci à eux ! Ils seront notre bouffée d’oxygène.

Donc le colis devait aller à un quartier-maître – joué de manière complètement transparente – qui se révèle être un transsexuel qui se suicide la nuit suivante ! On se demande bien ce que la sexualité particulière du suspect (traité ceci dit avec respect, notamment par Ducky) vient faire là-dedans. Il suivait les cours d’un consultant qui enseigne le renseignement. Anthony Heald est emprunté sur cette première apparition et sera grotesque sur la vidéo de cours qu’Abby découvrira. Par contre, quand il joue l’espion, il donne soudain une ambigüité, une profondeur et une aura détestable à Purcell. La caméra, qui se focalise sur son visage qui transpire de morbidité et de suffisance, nous fait enfin ressentir quelque chose, et c’est de l’écœurement. L’acteur densifie le passage au « Paraguay » (qui est aussi faux que la Colombie de la saison précédente) à lui seul. La confrontation avec les agents fédéraux produira des étincelles, surtout avec le sourire satisfait qu’il arbore. Purcell est un salopard de la plus belle eau ; ça, nous n’en doutons pas ! Dommage que la toute fin sombre dans le ridicule.

Anecdotes :

  • Lors de l’examen de la scène du suicide du transsexuel, McGee rappelle l’affaire dans laquelle DiNozzo s’était laissé piégé par un autre transsexuel (1-19)

  • Anthony Heald/ Gamon Purcell : acteur américain, surtout connu pour ses rôles à la télévision : Deux flics à Miami (1985), Arabesque (1994), X-Files (2000), Boston Public (2000-2004), Boston Justice (2005-2008), Monday Morning (2013). Au cinéma, il a joué dans Le silence des agneaux (1991), L’affaire Pélican (1993), Le droit de tuer ? (1996), Un cri dans l’océan (1998), L’échange (2000), Dragon rouge (2002)

  • Tanya Raimonde/Anna Real : actrice américaine, elle débute dans la série Malcom (2001-2003) puis enchaîne avec Lost (Alex Rousseau, 2005-2007, 2010) et Cold Case (8 épisodes, 2009). Vue également dans : Chicago Police Department (2014), The Big Bang Theory (2014), The Last Ship (2015).

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18. BEAUTÉ VOLÉE
(BIKINI WAX)

Scénario : David J. North

Réalisation : Stephen Cragg

Résumé :

Une femme quartier-maître est retrouvée morte alors qu’elle devait participer à un concours de bikini.

Critique :

Épisode bien construit, de l’humour et une bonne intrigue. Pour son premier travail sur la série, c’est un joli coup réussi par David J. North. Pour sa première réalisation, Stephen Cragg se débrouille bien mais n’évite pas trop de flou ou de plans inutiles.

Le contraste du début d’épisode est bien construit ; d’un côté l’ambiance extérieure, lumineuse, chaude, érotisée, et de l’autre, une scène de crime en intérieur, grise, humide, glacée. Le concours de bikini n’est pas abusivement mis en valeur sauf à travers les yeux grands ouverts de DiNozzo ! David J. North a bien saisi ce personnage et va en faire le pilier de l’épisode. Michael Weatherly rafle, seul ou en duo, les meilleures scènes et il ne va pas se rater. Entre la demande de relevé d’empreintes dans des toilettes (mais ça aurait pu être pire !), la déclaration d’intentions louables suivie d’une déconcentration express (la séance de yoga et, aussi, le pourquoi de la séance de yoga !), l’interrogatoire du détenu ancien de la même fac, l’organisation d’une « pause printemps » etc. c’est à la fois extrêmement drôle et toujours utile.

La victime était le quartier-maître Tiffany Jordan. Si elle était dans les toilettes, c’est qu’elle avait des nausées. Si elle avait des nausées, c’est qu’elle était enceinte. Oui, mais de qui ? Petit accroc au scénario, ça ne va pas être trop dur à deviner. Par contre, la piste de l’harceleur est très crédible. En sus, elle nous vaut une prestation comique de Sean Murray. Auparavant, la manière dont Kate a récupéré le courrier de la victime pour y dénicher cette piste, montre d’une manière certes légère la grande efficacité de l’agent Todd ! Malgré le net déséquilibre mental de ce suspect, il s’en dégage malgré tout une certaine dignité et une tristesse que nous ressentons.

C’est DiNozzo qui amorce le final grâce à une lecture attentive (!) d’un magazine de charme pour lequel Tiffany avait posé. Au passage, le prénom de la victime est un peu cliché de la jolie fille. Cliché, c’est justement ça qui va amener les enquêteurs sur la bonne piste (et aussi nous faire rire ! C’est un twist inattendu !). Ceci couplé à une étrange découverte de Palmer (l’idée de tourner la scène dans l’obscurité avec les légistes maniant la lumière noire, c’est…brillant !) et aux analyses d’Abby. Pauley Perette a retrouvé de la fougue et les réparties d’Abby fusent dans cet épisode !

C’est grâce à un interrogatoire à deux temps (amorcé par DiNozzo ; signalons que Michael Weatherly porte vraiment bien le costume) que la vérité jaillira. Jaillira comme le rire de Michael Weatherly en toute fin d’épisode et qui résonne encore après la dernière image !

Anecdotes :

  • McGee a le mal de mer. Comme le fait remarquer ironiquement DiNozzo, c’est pas de chance quand on est flic dans la Navy !

  • « Il y a parfois d’excellents articles de fond » affirme DiNozzo pour se « justifier » de lire les magazines de charme. Playboy avait par exemple décidé de publier « Madame Bovary » !

  • Spring Break : en français, la « pause printemps » est une tradition estudiantine américaine justement décrite par DiNozzo : « 90% du temps est consacré au sexe et à l’alcool ; le reste c’est la fraternité ». Le réalisateur Alexandre Aja s’en est servi comme toile de fond de son excellent Piranha 3D.
  • L’ultime image de l’épisode qui fait tant rire DiNozzo connaîtra une suite.

  • Lochlyn Munro/Kevin : acteur canadien, vu dans Highlander (1994), JAG (1999), Monk (2004), Hawaï Five-0 (2012), Rizzoli & Isles (2015). Au cinéma, dans Dracula 2001 (2000), Freddy contre Jason (2003), Assaut sur Wall Street (2013)

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19. LA THÉORIE DU COMPLOT
(CONSPIRACY THEORY)

Scénario : Frank Military

Réalisation : Jeff Woolnough

Résumé :

Le quartier-maître Jessica Smith est victime, selon elle, de « monstres ». Bien qu’elle soit manifestement déséquilibrée, le NCIS prend l’affaire au sérieux.

Critique :

Episode plutôt intéressant qui démarre très fort mais embrasse une intrigue trop large. Certains personnages sont ainsi trop peu dessinés.

Le départ de l’épisode est de toute beauté. Filmé comme un film d’horreur, cette ouverture avec cette voix sortie de nulle part et la panique de la malheureuse est bluffante. Elle est aussi d’autant plus troublante qu’elle pourrait n’être qu’une fantasmagorie car le quartier-maître Jessica Smith souffre, selon son psy le capitaine Witten, de troubles psychotiques. Witten est sûr de lui et de sa science et ne peut s’empêcher de dire aux agents fédéraux ce qu’ils doivent penser. Ce que bien sûr ils ne feront pas. Ils découvrent qu’elle travaillait au Pentagone sous les ordres d’un certain capitaine Vetter, sur lequel le FBI enquête. Vouloir par contre à tout prix interroger Jessica et se confronter à Witten n’est pas vraiment crédible. Rien ne le justifie. Du moins jusqu’à ce que Jessica appelle en pleine nuit avant de se « suicider ». Difficile de ne pas apprécier l’admonestation que Ducky assène avec colère à Witten.

Rebondissement avec l’entrée en scène de Tobias Fornell ! On apprécie sa réponse du berger à la bergère sur les conflits de juridiction mais l’agent Fornell va jouer le jeu. Joe Spano rend bien toute l’amitié qu’il y a entre son personnage et Gibbs. Il nous fait ressentir que, sous la carapace bourrue, il y a un agent capable, sensible et qui ne voit pas dans les personnes de simples dossiers. Cette humanité et son humour en font un des personnages secondaires les plus attachants de la série. Le FBI soupçonne Vetter de toucher des pots-de-vin (ce que l’intéressé a nié devant Gibbs et McGee, se posant en victime du « complexe militaro-industriel »). Par contre, le Bureau a sans doute contribué à la dégradation de l’état mental de Jessica pour l’avoir interrogé sans ménagement. On ne doute pas que Fornell n’aurait pas été aussi loin mais, avec le recul, il faut se rappeler que nous sommes dans l’Amérique post-11 septembre et qu’à cette époque, plus que maintenant si l’on se base sur la fiction, on ne prenait plus de gants pour obtenir des aveux !

L’autopsie de Ducky et les recherches d’Abby établissent sans nul doute possible la thèse de l’assassinat. La reconstitution de celui-ci est un de ces moments jouissifs où Pauley Perrette mêle avec bonheur discours scientifique irréprochable et délire. Le coup du mannequin c’est génial ! Les interrogatoires du centre psychiatrique de Bethesda où Jessica était internée après sa crise du départ sont un mélange de comédie et de policier savoureux. Brigit Brannagh qui joue Catherine Reynolds nous campe une patiente qui apprécie hautement le sexe. Son rentre-dedans à DiNozzo est très drôle d’autant que « Sex Machine » est plus que gêné ! Elle se montrera tout aussi taquine avec McGee. Sean Murray montre dans ce passage les progrès de son personnage – et les siens propres. Il donne une vraie autorité à McGee exigeant de parler à Catherine Reynolds et un vrai professionnalisme lorsqu’il parvient à l’interroger malgré les questions indiscrètes et les propositions tendancieuses de celle-ci ! Un élément important en sort. Élément qui décide de la chute du capitaine Vetter et se montre tout aussi déterminant, quoiqu’indirectement, pour la résolution du meurtre de Jessica. En fait, Frank Military a joint deux grands clichés du récit policier pour s’en moquer ; à savoir suivez l’argent et suivez la femme !

L’épisode a un fil rouge comique mais, exceptionnellement, il prend la suite de l’épisode précédent : la photo osée de Caitlin Todd (même si on doute beaucoup qu’elle date de 1994 !). Tout au long de l’épisode, DiNozzo va jouer avec les nerfs de sa collègue. Elle trouvera une parade mais, en voulant enterrer la hache de guerre, les deux agents sont responsables d’une des meilleures fins d’épisode de toute la série !

Anecdotes :

  • Kate sort toujours avec le copain de lycée de DiNozzo. C’est de lui qu’elle tient le surnom de « Sex Machine » dont était affublé Tony.

  • McGee avait 18 ans quand il est entré au MIT.

  • Gibbs est diplômé en sciences.

  • McGee ignore ce qu’est un schtroumpf !

  • Définition involontaire de Gibbs par Abby : « Renard futé à poils gris »

  • Abby a vu tous les films de la saga Vendredi 13 mais n’y a rien compris. Elle espère que le prochain lui expliquera tout !

  • Hilary Salavatore/Jessica Smith : actrice américaine, elle tourne surtout pour la télévision : The Secret World of Alex Mack (1995-1998), Dharma & Greg (1998), Gilmore Girls (2001), A la Maison-Blanche (2002), Cold Case (2004), Sean saves the World (2014)

  • Brigid Brannagh/Catherine Reynolds : née Brigid Conley Walsh, cette actrice américaine tourne essentiellement pour la télévision : La loi est la loi (1989), Urgences (1994), Sliders (1997), Ally McBeal (1998), Angel (2000-2001, Virginia Bryce), Les Experts (2001), American Wives (2007-2013), Esprits criminels (2011) Grimm (2014), Major Crimes (2016)

  • Jennifer Dundas/Lynn Simmons : actrice américaine, elle a tourné notamment dans L’Hôtel New Hampshire (1984), Le club des ex (1996), Desperate Housewifes (2006)

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20. CELLULE ROUGE
(RED CELL)

Scénario : Christopher Silber

Réalisation : Dennis Smith

Résumé :

La mort d’un sergent (r)amène le NCIS sur un campus.

Critique :

Pour son arrivée dans l’équipe de scénaristes (on notera d’ailleurs un profond renouvellement par rapport à la saison 1, signe d’émancipation), Christopher Silber nous concocte un épisode prometteur.

Le démarrage est savoureux avec ce côté tragi-comique du bizutage qui se termine par la découverte d’un cadavre ! Ce qui nous vaut un croustillant souvenir de DiNozzo !! Par contre, l’intrusion de Kate et de DiNozzo chez McGee, c’est plus méchant que réellement drôle.

La victime, le sergent Turner suivait des cours à l’université Waverley pour devenir officier. Passons sur la nullité de la police locale qui, encore une fois pense à un accident (ils ne regardent pas les séries policières ?) pour filer en autopsie : non seulement c’est un meurtre mais il a été particulièrement brutal. Turner a été battu et on lui a brisé la nuque. Autre maladresse (mais c’est un début et Silber fera bien mieux par la suite), les allées et venues inutiles dans le labo d’Abby pour des analyses qui ne les justifient en rien. Par contre, premier indice : Turner avait reçu un courriel menaçant.

Les enquêteurs découvrent qu’un certain Blake, ami de Turner, a disparu. Pendant un temps, il sera même le suspect du crime. C’est d’ailleurs tout à fait plausible. La fouille de sa chambre amène McGee et DiNozzo à faire la connaissance d’un étudiant nommé Simon, très volontaire mais pot de colle au point d’exaspérer Tony qui se le paye avec une joie un peu cruelle. Jon Wellner est très bon dans ce rôle. La motivation évidente de Simon le rend à la fois sympathique et lourdingue. Sa mine ouverte en fait quelqu’un de positif mais l’acteur saura le rendre plus ambigüe. Le plus drôle, c’est sa connaissance de la criminalistique quand on sait que l’acteur fera ensuite carrière comme « rat de laboratoire » chez Les Experts ! Un autre suspect surgit alors : un activiste anti-guerre. En 2005, la guerre en Irak avait deux ans et le recul commençait à dévoiler l’inanité de cette opération militaire. Si le type est un brin cliché, son combat, lui, n’est pas traité avec méfiance, hostilité ou condescendance. Christopher Silber donne le la d’une prise de distance avec la chose militaire. JAG annulé, l’ode à l’armée américaine orchestrée par Donald P. Bellisario touche à sa fin.

Multipliant les suspects (d’où un aspect un peu brouillon parfois et des personnages pas tous bien dessinés), le scénario amène un pirate informatique qui se paye la fiole du NCIS ! McGee, dont le cursus informatique est rappelé avec insistance, le traque et envoie l’équipe…dans une soirée entre filles ! Gibbs est furax, DiNozzo hilare et nous avec !! Le décalage entre les agents fédéraux armés et les gamines en nuisette est sa-vou-reux !!! C’est tout de même ce pirate (dont on n’a pas trop de mal à percer l’identité tout de même) qui amène les enquêteurs sur la piste d’un club secret, la « cellule rouge ». Ce qu’ils y font n’a aucun rapport avec le meurtre mais l’interrogatoire de deux Marines qui en font partie, permettra de relier les cas de Blake et Turner. La découverte du corps de Blake n’est pas une surprise à cet instant. La réflexion de Gibbs – « Sa tête n’est pas dans le bon sens » - si elle nous tord les boyaux est le premier pas vers la résolution du crime. Une résolution qui passe d’abord par une démonstration de Gibbs sur Tony très énergique ! On notera le regard amusé de Brian Dietzen ; Palmer a failli y passer !

La science est certes utile mais Christopher Silber a déjà compris qu’elle n’est pas la substantifique moelle de la série. Ce n’est pas grâce à la technique de McGee que le pirate sera démasqué ; c’est sur une idée de DiNozzo qui se charge ensuite de l’interrogatoire. Michael Weatherly se montre brillant : il manipule des dossiers (sans doute vides) comme un jeu de bonneteau tout en parlant d’un ton badin avant de sortir ses arguments et de laisser le suspect, finalement innocent, s’enferrer et parler tout seul. Un élément nouveau émerge cependant (signe que le scénariste n’a pas perdu son objectif de vue) qui va conduire à la sordide révélation finale. Elle est par contre trop tardive pour jouer à plein son rôle dramatique. Par contre, on profite d’une rare scène de combat menée par Mark Harmon très convainquant !

Anecdotes :

  • Détail intriguant : il y a une jeune femme dans l’appartement de McGee qui y a visiblement dormi. Son identité ne nous est pas révélée mais, lors du générique de fin, un nom émerge.

  • DiNozzo fait plusieurs fois référence au film Fight Club (1995) où Brad Pitt intègre un cercle de combats clandestins. La « première règle du Fight Club » est devenue un marronnier.

  • Gibbs dit que DiNozzo est son « meilleur agent ».

  • Premier scénario de Christopher Silber. Il participera ultérieurement à la série dérivée, NCIS : Nouvelle-Orléans

  • Jon Wellner/ Simon : acteur américain, surtout connu pour son rôle d’Henry dans Les Experts (2005-2015).

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21. L'ÉTOFFE DES HEROS
(HOMETOWN HERO)

Scénario : George Schenck et Frank Cardea

Réalisation : James Whitmore Jr

Résumé :

Lorsqu’un hangar loué par un Marine mort en Irak est ouvert, il y a un squelette dedans ! Le soldat est un suspect idéal mais c’est aussi un héros de guerre.

Critique :

Bon épisode avec de l’humour et une intrigue correcte mais on a connu le duo Schenck-Cardea plus inspiré.

Ça commence moyen : l’amie du défunt, Amy Pool, n’a guère de présence et le gérant étant du genre lourd, on a du mal à s’intéresser à ce qui suit. Le coup de la bâche à l’arrière de la fourgonnette se devine à cent lieues à la ronde. Que ce soit un squelette plutôt qu’un cadavre est une question de degré plus que de nature. Amy pense qu’il s’agit de son amie Nora Webb, disparu deux ans avant…un peu avant que le quartier-maître Justin Dobbs ne loue le hangar. Suspect tout trouvé et c’est ce que pense la police. Ah ! Les polices locales ! Toujours à côté de la plaque ! On devrait en faire une étude universitaire ! Problème, en Irak, Dobbs s’est conduit en héros et son supérieur demande qu’il soit décoré de la Silver Star. Du coup, le JAG se rajoute dans la boucle. Pas question de décorer un meurtrier ! Avec sa bienveillance accoutumée, le capitaine Coleman attribue royalement vingt-quatre heures au NCIS pour déterminer dans quel sens penche la balance. C’est une joie de revoir Alicia Coppola. L’actrice dégage une autorité et porte l’uniforme avec élégance, même si le noir lui va mieux.

Pour ajouter une dose d’humour, c’est le week-end et Kate et Abby devaient aller au spa ! DiNozzo s’est fait, lui, voler sa voiture et en fait une jaunisse. Ambiance chaleureuse garantie !

Le problème pour avancer, c’est le refus général de coopération. Pour la police, comme pour les parents de Nora, Dobbs est l’assassin et son uniforme n’y change rien. Gibbs serait d’accord si le comportement en Irak de ce dernier ne révélait autre chose. Le titre français n’est pas mal trouvé : qu’est-ce qui fait les héros ? La question n’a évidemment pas de réponse unique mais elle irrigue le scénario et montre les progrès de la série qui prend du recul par rapport à la chose militaire. Ce n’est pas parce qu’on meurt en héros qu’on en est un mais il y a tout de même une possibilité que ce soit le cas. La psychologie n’est pas évacuée dans NCIS ; c’est un moyen utile comme l’ADN. La série commence à trouver ses marques.

Le suicide d’Amy relance l’enquête car le NCIS la soupçonnait de n’avoir pas tout dit. Comme le temps presse, Gibbs joue les maquignons et Mark Harmon est excellent dans ce rôle-là. Il prévient Coleman qu’il va demander un examen du corps de Dobbs : c’est inutile mais c’est du temps de gagné ! Toujours aussi méticuleuse (un régal !), Coleman regarde Gibbs avec une mine mi-lassée mi-consternée. Le tandem entre Mark Harmon et Alicia Coppola fonctionne très bien. Comment ne pas partager l’état d’esprit de l’avocate militaire ? Les manœuvres de Gibbs lui sont devenues coutumières alors elle choisit de laisser faire. En fait, c’est une preuve d’intelligence. Alicia Coppola – qui est magnifique, ce qui ne gâche rien - a donné de l’autorité, de l’intelligence à Coleman ; elle ne l’a jamais montré raide comme la justice. Lorsqu’elle lui rendra sa visite impromptue, café en main, on notera que, le dimanche, elle laisse ses cheveux libres (et Alicia Coppola n’en est que plus belle) et que, poliment, mais fermement, elle s’incruste au NCIS ! Le sourire de Coleman à Gibbs est plus qu’un armistice : c’est un traité de paix en bonne et due forme ! Si JAG n’avait pas été annulé, on peut prendre le pari que le personnage de Coleman serait resté et qu’une idylle aurait pu se nouer avec Gibbs.

Pour une fois, ce n’est pas Abby qui trouvera l’élément capital mais le duo DiNozzo/McGee. Le mobile du véritable meurtrier est d’un sordide ! Par contre, on a un rire coupable quand la voiture de DiNozzo refait surface !

Anecdotes :

  • Troisième et dernière apparition d’Alicia Coppola dans le rôle du capitaine Faith Coleman.

  • Pour ses 16 ans, McGee a reçu une voiture américaine des années 50…qui a fini sous un bus.

  • Abby va à la messe donc on suppose qu’elle est catholique (comme Kate).

  • Shashawnee Hall/Bruce Webb : acteur américain, vu dans les séries Urgences (1996), JAG (2003), Life (2006-2008), The Closer (2010)

  • Zack Ward/ Billy Krieg: acteur canadien vu dans Freddy contre Jason (2003), Residence Evil : Apocalypse (2004), Transformers (2007) mais aussi à la télévision : Vendredi 13 (1988), New York Police judiciaire (1995, 1998), Deadwood (2004-2005), Dollhouse (2009-2010), Les Experts : Miami (2012).

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22. LE BAISER DU TUEUR
(SWAK)

Scénario : Donald P. Bellisario

Réalisation : Dennis Smith

Résumé :

Une lettre ouverte par DiNozzo répand une fine poudre blanche dans les bureaux du NCIS. Toute l’équipe est mise en confinement.

Critique :

Un épisode parmi les plus forts de toute la série. Emotionnellement, il est dans le top. L’histoire est simple mais elle est solide et la réalisation nous met dans le vif pour que nous ressentions l’impatience, la colère, l’angoisse et le désespoir.

Dès le départ, Dennis Smith jongle avec les atmosphères ; du ludique au grave lorsque l’enveloppe est ouverte. A nouveau, l’épisode se concentre sur DiNozzo et Michael Weatherly défend très bien son personnage. Au moment de l’ouverture, il faut voir son visage incrédule ! Même la scène où ils doivent tous se doucher reste légère. Dennis Smith nous survole la scène, ce qui reste pudique et cocasse tout en nous disant aussi que cette procédure est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Impression renforcée par cette brève mais saisissante « visite » des bureaux vides parcourus par des scaphandriers silencieux.

Kate, enrhumée, et Tony, qui a inhalé la poudre, sont placés en confinement en attendant des résultats d’analyse de sang. Le bloc médical sous ultraviolet est assez impressionnant. Progressivement, la tension s’installe. Donald P. Bellisario va réussir à monter la mayonnaise avec un talent certain. Dans l’enveloppe, il y avait une missive très bien calligraphié qui affirme que la poudre n’est rien de moins que…la peste ! Et modifiée génétiquement !! Le choix du porteur de mort n’est évidemment pas un hasard. La peste est LA maladie qui a marqué de façon indélébile la conscience occidentale. On mesure un peu l’effroi qu’elle a causé dans le simple fait que ce mot continue de faire peur aujourd’hui.

La lettre accuse le NCIS d’avoir protégé l’auteur d’un viol. L’agent Pacci qui s’en occupait étant mort (cf.1-19), c’est l’agent Cassie Yates qui travaillait avec lui qui doit venir. Faire venir un autre personnage dans cette histoire n’est pas la meilleure idée de Bellisario. Le talent de Tamara Taylor n’est pas en cause mais elle n’a pas grand-chose à défendre et se contentera le plus souvent de suivre Gibbs. A ce moment, la tension monte d’un cran : tous les échantillons sont revenus négatifs sauf ceux de DiNozzo. A nouveau, Dennis Smith fait glisser sa caméra dans les bureaux vides, bleus, effrayants. Dans ce drame, Abby est aussi mise en valeur par la multitude de tests qu’elle doit effectuer mais, en fait, elle ne fait que planter les clous dans le cercueil de l’agent DiNozzo car chacune de ses découvertes aggrave la situation ! Ce n’est pas d’elle que viendra la solution mais la raison en est bonne.

Sasha Alexander est à nouveau impeccable. Enjouée malgré son rhume, sortant les griffes quand DiNozzo parle de Travolta, Kate est alors dans son rôle accoutumée mais, quand, malgré le fait qu’elle n’est pas contaminée, elle prend la décision de rester auprès de Tony, c’est vraiment émouvant et l’actrice n’a aucun mal à nous convaincre de sa sincérité, de son sens du devoir. Quand elle partira, ébranlée et en larmes, notre gorge ne peut que se serrer. Michael Weatherly donnera, de son côté, une interprétation sans faute. Grâce à un bon maquillage, à la lumière bleue, il va nous convaincre de la détérioration de l’état de santé de DiNozzo. Quand il crache du sang, nous ne pouvons qu’avoir peur. La peur, Gibbs l’a aussi ressenti mais il l’exprime à sa manière. Comme lors de l’intrusion d’Ari (1-16), elle se manifeste par une impatience et une agressivité. Mais, Mark Harmon n’est plus le Gibbs première manière. Il montre certes son personnage autoritaire mais finissant par laisser travailler Abby par exemple. Il joue sur l’ironie ou se montre faussement détaché face à l’assassin. La meilleure preuve de l’empathie gagnée par le leader de l’équipe, c’est sa dernière scène quand il donne l’ordre à DiNozzo de rester en vie. C’est dit d’un ton ferme mais l’acteur fait passer une chaleur derrière ses mots.

La découverte de l’auteur de la missive n’est pas compliquée grâce à Cassie et l’assassin avouera son crime avec aplomb mais aussi colère et dégoût.

Avec un sens consommé du coup de théâtre, Donald P. Bellisario va nous asséner un double twist époustouflant ! Chapeau l’artiste !

Anecdotes :

  • L'acronyme « SWAK » signifie en anglais « Sealed with a Kiss », soit en français « scellé par un baiser », d'où le titre de l'épisode.

  • Quand Gibbs parle du PDA de Ducky, il fait allusion à un bloc de papier et à un stylo !

  • De Gibbs cette phrase tragi-comique : « Si DiNozzo ne s’en sort pas, il va m’entendre ». Ou comment cacher son inquiétude sous la boutade.

  • A l’hôpital, le médecin que croise Gibbs c’est Donald P. Bellisario en personne !

  • Le terme de « peste » est un terme générique par lequel les populations appelaient tous types d’épidémies. La plus connue car la plus redoutable est la Grande Peste de 1347-1349 qui raya la moitié de la population européenne de la carte. La fiction a relayé cette peur ancestrale. Ainsi, les romans Chroniques des années noires et Pars vite et reviens tard.

  • Tamara Taylor/Cassie Yates : actrice canadienne, ancien mannequin, pas de films notables mais une longue présence télévisuelle : Dawson (1998), FBI : Portés Disparus (2003), Six Feet Under (2004). Elle est principalement connue pour son rôle de Camille Saroyan dans Bones (2006-2017).

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23. IN EXTREMIS
(TWILIGHT)

Scénario : John C. Kelley

Réalisation : Thomas J. Wright

Résumé :

L’équipe du NCIS doit démêler l’écheveau d’un double assassinat suivit d’un vol pour empêcher un attentat. Mais les agents sont également des cibles.

Critique :

Memento Mori. « Souviens-toi que tu es mortel » : l’injonction religieuse des « vanités » d’antan scande chaque chapitre de cet épisode terrifiant. Même si John C. Kelley, cette fois bien inspiré, parsème son scénario des scènes humoristiques habituelles (notamment l’hilarante scène avec Burt, l’hippopotame péteur d’Abby !), l’atmosphère est lourde. Il nous est ainsi constamment rappelé que DiNozzo a frôlé la mort et le maquillage donne en effet une superbe teinte de déterré à Michael Weatherly ! DiNozzo va essayer de reprendre ses marques mais on le sent en difficulté.

L’épisode commence avec un double assassinat de marins dont l’un a eu les mains coupées. Grâce à une plaisanterie de DiNozzo qui lui a valu de finir par terre, l’équipe est sauvée in extremis d’une bombe placée sous la voiture ! Le titre français est excellent car les agents fédéraux seront constamment sur le fil du rasoir. Le titre original a plus valeur symbolique car les atmosphères « crépusculaires » sont propices aux départs. La scène de crime était un piège pour que le NCIS soit contacté.

C’est alors que Fornell débarque pour asséner la terrible nouvelle : Ari Aswari est de retour aux Etats-Unis et, bien qu’il affirme que le FBI a la situation en main (mais on sent que c’est plus par habitude que par conviction qu’il le dit), il apprend à Kate, DiNozzo et McGee qu’il le soupçonne de vouloir tuer Gibbs ! Ce qu’Ari confirmera au dit-Gibbs quand ils prendront un café ensemble ! Surréaliste ! La mort de Gibbs est le prix à payer pour entrer dans une cellule terroriste d’Al-Qaeda qui veut frapper aux Etats-Unis. Rudolf Martin est plus serpent à sonnette que jamais. Il annonce qu’il va tuer (ça, c’est la sonnette) mais feinte et manque de réussir ! Toujours suave, élégant dans ses manières, le discours toujours posé, l’acteur dégage une sûreté glaçante.

Gibbs est retiré de l’enquête par le directeur Morrow. Alan Dale est toujours aussi crédible en homme d’autorité. Il est à noter que le Gibbs de cette époque est plus enclin à obéir aux ordres qu’il ne le sera ultérieurement. La patte Bellisario sans doute. C’est l’agent Todd qui assurera la protection de Gibbs. Excellent choix, Kate a l’expérience de ces situations (et des personnalités ingérables) et, scénaristiquement, cela évite de faire venir un agent inconnu qui aurait fait tapisserie. L’enquête se poursuit néanmoins et l’équipe découvre que l’amputation est liée au vol d’un aéronef tout à fait hors d’âge technologiquement mais qui, correctement préparé, se transformerait en bombe volante !

Pour empêcher le crime, le NCIS repère Ari avec l’aide plus ou moins consentie de Fornell. La réalisation se fait ultra-nerveuse quand l’équipe se met à fouiller les entrepôts de Norfolk où les terroristes sont postés. C’est fusillade au gros calibre. On a ainsi des sueurs froides successivement pour chacun d’eux. La bombe est détruite in extremis.

On ne s’attendait pas au coup de théâtre final brutal, sanglant, qui laisse pantois et incrédule.

Ainsi s’achève la première époque de NCIS. Sic transit gloria mundis

Anecdotes :

  • « Twilight » signifie « crépuscule » en anglais. C’est le titre original de La Quatrième Dimension (« The twilight zone »).

  • Selon Kate, DiNozzo est un mélange d’obsédé sexuel et de Peter Pan.

  • Sasha Alexander voulait quitter la série car elle était épuisée par le rythme des tournages. Deux fins avaient été tournées et, jusqu’au bout, l’équipe ne savait pas laquelle avait été choisie.

  • Le final de l’épisode se déroule le 24 mai. Jour de diffusion de l’épisode.

  • Depuis son départ, l’actrice a fait les beaux jours de la série Rizzoli & Isles (2010-2017).

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