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 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 1

 


PRÉSENTATION DE LA SAISON 1

Cette saison met en place toutes les caractéristiques de la série. Les enquêtes médicales, façon Experts, fascinent tout de suite par l’importance donnée au vocabulaire scientifique, aux tests, et à la méthode socratique du diagnosticien, échangeant ses hypothèses avec celles de son équipe. La première ère de la série (qui va jusqu’à la saison 3) est caractérisée par un soin scrupuleux du cahier des charges demandé : peu d’interférence dans la vie privée des docteurs, les enquêtes médicales d’abord, absence d’arc narratif principal (n’empêchant pas de brefs arcs secondaires)… Si les ères suivantes de la série assoupliront ce cadre, il restera de première importance. Cependant, d’autres ingrédients comme le mélange parfait entre humour (acide) et dramatisme, la complexité et le charisme de House, la compétence et la complémentarité des médecins, les répliques qui font mouche, l’éthique déontologique allégrement balancée à la corbeille etc. resteront fermement jusqu’à la fin. Hormis House, les trois médecins sont Eric Foreman (Omar Epps), neurologue, Allison Cameron (Jennifer Morrison), immunologue, et Robert Chase (Jesse Spencer), chirurgien. Cette équipe sera remplacée en saison 4 sans que les personnages disparaissent cependant de l’écran. Ils ont environ 30 ans, viennent juste de sortir de leurs longues études de médecine. Chacun a son caractère, et participe à la diversité de la série.

Présentation également de deux autres personnages importants : James Wilson (Robert Sean Leonard), oncologue, et Lisa Cuddy (Lisa Edelstein), endocrinologue, et directrice de l’hôpital où officient nos héros. Le premier est l’unique ami de House mais dont la relation tranchante et souvent agitée en fait une relation curieuse et déséquilibrée, très « amour vache ». Le « Hilson » (House-Wilson) est au rendez-vous dès le pilote, s’imposant comme la plus improbable (et une des plus riches) histoire d’amitié du petit écran. La deuxième a avec House une relation conflictuelle, pleine d’enguelades et de tension sexuelle, dans la lignée des grands couples mixtes qui ont jalonné l’histoire de la télévision. Evidemment, ce conflit n’exclut pas le respect mutuel.

Les « ships » amoureux de la série sont pour le moment absents ou simplement évoqués. Dans le « Hameron » (House-Cameron), Cameron tente de séduire son patron et de briser sa glace. D’abord implicite, il devient un sujet central dans les épisodes 19 et 20 avant de s'estomper. Le « Houcy » (House-Stacy) est évoqué à partir de l’épisode 21. Il fascine derechef par son contenu turbulent, alternant (beaucoup d’) éclairs et (peu de) calme. Curieusement, alors que Dr.House admet l'influence des Experts ; l’interprète de Stacy, Sela Ward, intégrera l’équipe de Mac Taylor dans la saison 7 des Experts : Manhattan !

Deux petits arcs secondaires pimentent cette saison. La première allant de l’épisode 14 à l’épisode 18 met en scène l’affrontement acéré entre House et le nouveau directeur du conseil d’administration Edward Vogler qui goûte fort modéremment ses méthodes. Le deuxième commence à l’épisode 21 et reste en suspens à la fin de la saison, faisant entrer en scène l’ex-compagne de House et son nouveau mari.

Enfin, une note légère. Jennifer Morrison et Jesse Spencer se rencontrèrent sur le plateau de la série, et commencèrent à sortir ensemble dès le début de la saison. Il est possible que cela ait influencé les scénaristes par la suite…

Cette saison réussit parfaitement son contrat en présentant idéalement tous les atouts de la série. Le traitement scénaristique s’avère génialement architecturé grâce aux thématiques proposées (amour possessif, dilemmes moraux, dérapages de l’industrie pharmaceutique, maturité précoce forcée, attaque contre les règles canoniques sociales…). La saison 1 de Dr.House ouvre on ne peut mieux la série.

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1. LES SYMPTÔMES DE REBECCA ADLER
(PILOT – EVERYBODY LIES)



Scénario : David Shore
Réalisation : Bryan Singer
 
- Everybody lies. [...]
- Isn't treating patients why we became doctors ?
- No, treating illnesses is why we became doctors. Treating patients is what makes most doctors miserable.

Une jeune institutrice de 29 ans, Rebecca Adler, s'écroule dans sa salle de classe, victime de convulsions. Son cas provoquant la perplexité des médecins, elle est confiée à une équipe de jeunes docteurs créée et dirigée par le brillant mais cynique Dr. Gregory House. Ce dernier a accepté de mauvaise grâce son cas à la demande du Dr.Wilson. Tout en essayant de la soigner, les médecins de House s'aperçoivent que ce dernier ne les a pas choisis pour leurs facultés mais pour un motif bien à lui, ce qui n'est pas sans les contrarier. Parallèlement, Lisa Cuddy, directrice de l'hôpital, ne cesse d'entrer en conflit avec lui. Pendant ce temps, la santé de Rebecca Adler se détériore rapidement...

La série prend un excellent départ avec cet épisode pilote qui introduit efficacement les personnages principaux de l'histoire tout en exposant les atouts de la série. En premier lieu, les personnages.

Nous rencontrons d’abord le Dr.House, médecin tout à fait hors normes et qui tranche avec toutes les autres figures de médecins des précédentes séries médicales (voir Présentation de la série). La célèbre citation "Everybody lies" (Tout le monde ment), titre original de l'épisode et qui est la devise du docteur, est prononcée dès cet épisode et sera presque toujours le soubâssement des intrigues. Ce docteur sans blouse qui différencie patients (sans intérêt) et maladies (sa passion), vérité et bonheur, médecine et humanisme, attire tout de suite le public par son originalité.

Les cinq autres personnages principaux de la série sont bien rendus. Un exploit de la part de David Shore et Bryan Singer qui nous donnent des esquisses poussées de chacun des personnages en seulement un épisode. La sensibilité de Cameron, le professionnalisme de Chase (ici en retrait), la rigueur de Foreman, se rejoignent harmonieusement pour former une équipe compétente, mais parfois en proie aux dissensions. Foreman doit renouer avec les démons de son passé pour éviter le décès de sa patiente tandis que Cameron avoue une fragilité qu’avait détectée House. Nous nous situons loin des sentiments élémentaires et des problèmes classiques de certains héros de séries télé.

Mais les deux personnages qui se détachent le plus (hormis House) sont James Wilson et Lisa Cuddy. Le premier, seul ami de l’irascible docteur, entretient pourtant avec lui des relations tendues (la dernière scène, bien que calme, ne cache pas le malaise entre les deux amis) et ce dès la première scène où ils discutent du cas Adler. Aimable, souriant, et chaleureux, c’est le personnage le plus sympathique de la série, porté par l’interprétation de Robert Sean Leonard. La deuxième se distingue par sa relation crépitante, corrosive et tendue avec House, accentuée par la composition cynique de Lisa Edelstein. Ce duo étincelant n’est pas sans rappeler la relation entre Steed et Cathy dont elle est quasi un copié/collé. D’ailleurs, la suite des événements nous montrera que Cuddy respecte House en dépit de ses manières ampoulées. Ce duo est donc dans la tradition des duos mal assortis qui se disputent tout le temps, atout considérable dans les mains de scénaristes intelligents. C’est le cas ici : toutes leurs scènes tournent au vinaigre (scène de l’ascenseur, dans le bureau de Cuddy…) pour des rafales de piques tout à fait réjouissantes !

En parallèle, quelques rituels de la série sont déjà posés comme le walk and talk : ce procédé (crée par le scénariste Aaron Sorkin et le réalisateur Thomas Schlamme) où les personnages parlent tout en marchant vers la caméra qui ne cesse de reculer, dynamisent les scènes dialoguées en leur donnant une impression d'urgence - les 1m85 de Hugh Laurie sont un plus indéniable. Également, les séances de diagnostic différentiel où l’équipe, via les symptômes du malade, émet des hypothèses pour trouver le diagnostic. Le langage essentiellement scientifico-médical est difficile, mais la rapidité de ces scènes ainsi que les explications finales (incluant schémas et vidéos) font que le public lambda comprend tout ce qui se passe. Il y a aussi les poilantes séances de consultation : Cuddy ayant réussi à contraindre House à en faire (chose qu’il abhorre), nous survolons, comme contrepoint au cas grave de Rebecca, trois cas annexes très drôles. House carbure à l’humour noir (et au Vicodin) dans ces scènes où il se moque ouvertement des patients, balance son diagnostic sans fioritures pour terminer au plus vite ce détestable travail : la scène avec le patient « orange » est un excellent exemple où il lui annonce en même temps ses ennuis de santé… et conjugaux ! Pendant les premières saisons, nous aurons droit à ces « intrigues secondaires » qui apportent un humour noir seyant à l’atmosphère de la série.

Le pilote prenant le parti de présenter les personnages et les atouts de la série, l’intrigue est un peu au second plan. Mais nous nous attachons rapidement à la descente aux enfers de Rebecca qui sombre dans la maladie au point de devenir méconnaissable. L’interprétation de Robin Tunney est magistrale en tous points, touchante et vibrante au fur et à mesure que la mort se rapproche, donnant une grande émotion lors de son unique rencontre avec House. Leur scène, sommet de l’épisode, présente deux fiertés blessées à fleur de peau. Nous apprenons pourquoi House est condamné à vie à marcher avec une canne. En même temps, lui et Rebecca doivent faire face à leurs contradictions idéologiques. Dès le début, la série se montre capable d'émotion dépourvue du pathos classique hospitalier tout en posant des questions éthiques et philosophiques au spectateur : Que signifie vivre "dignement" ? Y'a-t-il une mort "belle" ? Pourquoi nous jugeons-nous par rapport aux autres puisque nous n'en tirons aucun profit ?

Quelques longueurs desservent l’ensemble mais il y a aussi des scènes assez fortes comme la crise convulsive (un gimmick de la série) et la trachéotomie, filmées en montage rapide, qui donnent quelques coups de fouet à l’épisode. La chanson des Rolling Stones You can't always get what you want, utilisée dès cet épisode, reviendra de temps à autre dans la série, jusqu'à en devenir sa chanson emblématique.

Bref, une entrée en scène assez réussie !

 

Infos supplémentaires :

- Le pilote durait originellement 47 minutes 30. David Shore dut couper 4 minutes pour qu'il puisse être diffusé. Il fut nommé aux Emmy awards dans la catégorie meilleure musique d'épisode.

- House et Cuddy font référence à Mick Jagger (le philosophe Jagger déclame House) avec la chanson des Rolling Stones : You can’t always get what you want, entendue à la fin de l’épisode. Cette chanson deviendra indissociable de la série qui la réutilisera de temps en temps. Elle fut d'ailleurs également la première chanson entendue dans le pilote de Californication. Cette référence est la première manifestation de la grande érudition de House en matière de culture contemporaine. Cuddy mentionne également le médecin nazi Mengele et la sinistre affaire Tuskegee (1932-1972) où à leur insu, 399 patients noirs atteints de syphilis ne furent pas soignés à la pénicilline dans le cadre d'une expérience sur l'évolution de la maladie quand elle n'est pas traitée.

- Le nom de la patiente, Rebecca Adler, est une référence claire à Irène Adler, seule femme ayant tenu tête à Sherlock Holmes (Un scandale en Bohème). Dans l'épisode Le divin enfant (saison 5), Wilson prétendra que House est tombé amoureux d'une patiente appelée Irène Adler.

- Foreman a été choisi parce qu’il était un ancien cambrioleur qui avait volé à 16 ans une famille (les Felker). Ce fut son professeur de gym qui le signala à House. Cameron parce qu’elle est très jolie, et Chase parce que son père (un ancien médecin) a téléphoné à House. Cameron a tenu sans casier judiciaire jusqu’à 17 ans mais on ne saura jamais ce qu'elle a fait.

- Nous en saurons davantage sur les circonstances de l’irréversible infarctus de House dans le 21e épisode de cette saison : Cours magistral.

- Foreman a étudié à l’université Johns-Hopkins. C’est une des meilleures facultés de médecine américaines. Fondée en 1876 à Baltimore, elle accueille la crème des étudiants en médecine de tous bords avec ses cours de très haute qualité. Sa sélection drastique (seul 1 postulant sur 4 parvient à y entrer) en fait une école très exigeante et de renommée internationale. Elle est classée 13e meilleure école de médecine à l’échelle mondiale.

- House regarde en secret des magazines érotiques (Les 100 célébrités les plus sexy). Il est également fan de la série médicale Hôpital Central (General Hospital en VO) dont il préfère regarder les épisodes plutôt que de soigner ses patients. Cette série existe réellement : c'est un soap opera toujours en cours de production depuis 1963. Plus de 12 000 épisodes (de 52 minutes chacun) ont vu le jour, et la série est encore un grand succès outre-atlantique. Il s'agit des premiers indices de la prédilection de House pour l'érotisme et la pornographie, et pour les soap operas.

- Erreurs de continuité : Rebecca Adler a un pull bleu dans le bus qui vire au vert quand elle entre dans l'école. Quand elle entre en classe, une petite fille aux longs cheveux marrons est assise au premier rang, mais est debout l'instant suivant. Erreur médicale : Rebecca Adler prend de l'Albendazole mais ce médicament devrait en fait empirer son état, des stéroïdes seraient plus appropriés. La présence d'objets en métaux pour la trachéotomie d'urgence est douteuse car la machine d'IRM devrait les attirer comme un aimant. Les bandages de Rebecca après la trachéotomie sont placés trop haut. Erreurs factuelles : General Hospital est diffusé au New Jersey à 15h, et non à 13h comme le dit House. Le générique de fin crédite Rekha Sharma comme "Reika".

Acteurs

Robin Tunney (1972), d’origine irlandaise, fait ses études à la Chicago Academy for the Arts puis apparaît dans quelques séries (Corky, Perry Mason…) avant de parvenir à la reconnaissance dans son rôle d’une jeune fille suicidaire dans Empire Records (1995). Elle continue depuis de tourner au cinéma (meilleure actrice à la Mostra de Venise dans Niagara, Niagara) : Vertical Limit, The Zodiac, La Fin des temps… Mais c’est dans les séries qu’elle trouve le plus de succès avec son personnage de Veronica dans la première saison de Prison Break et surtout celui de Teresa Lisbon, la cheftaine de Patrick Jane dans Mentalist (151 épisodes).

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2. TEST DE PATERNITÉ
(PATERNITY)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Peter O'Fallon

— What are you doing back here ? A patient ?
— No, a hooker. Went to my office instead of my home.

Un adolescent de 16 ans s'écroule pendant un match de cross. Il souffre depuis de terreurs nocturnes et de troubles moteurs inquiétants. De nouveaux symptômes apparaissent par la suite, invalidant systématiquement les diagnostics successifs de l'équipe. House soupçonne non seulement que les parents du malade lui ont menti mais aussi que le père de l'enfant n'est pas son véritable père biologique et en fait le pari avec son équipe. Cependant, une surprise l'attend en fin de course...

Après nous avoir donné un très bon pilote, la série accuse déjà une petite faiblesse dès le 2e épisode. En cause une distribution encore un peu maladroite des atouts de la série.
Alors que le pilote nous offrait de bons moments d'humour noir, force est de constater que House n'est ici guère en verve à quelques exceptions près (lecture de magazines dans la salle d'examen), il se contente uniquement de poser des diagnostics qui foirent. Le principal intérêt de l'épisode est justement ce comique de répétition bien noir voyant nos docteurs se tromper et aggraver l'état du patient à chaque échec. Pour secouer une action un peu indolente est ajouté la réussie scène de suspense de la disparition de Dan, et la scène du toit où le spectateur peut tout supposer, même le pire. Le recours utilisé par House pour savoir qui est le vrai père est assez hilarant... et le résultat sera très surprenant, belle idée du scénariste ! Le diagnostic final est également bien trouvé, un concours de circonstances improbable bien que crédible ayant abouti à une maladie rarissime.

L'équipe de House ne brille guère dans cet épisode (on notera quand même le "plaquage" de Chase et le talent de faussaire de Cameron), tout comme Cuddy, malgré un amusant pari entre elle et son employé. Les "intrigues secondaires" marchent une fois sur deux : on se moque absolument du patient blessé au genou pour s'intéresser à la mère "contre les vaccins", plus piquante ; elle est d'ailleurs symptomatique des dérives auxquelles certains pharmaciens et médecins peuvent se laissent entraîner, causant une défiance parfois légitime. House admet que quelques confrères ont un peu abusé de la confiance de ses patients. On signalera que pour la première fois, House résout le cas principal en s'occupant d'un cas secondaire qui lui inspire la solution. Par la suite, ce sera plus en s'occupant d'une tâche non médicale qu'il aura l'illumination (reconnaissable à la tête caractéristique de House à ce moment-là, le running gag le plus fameux de la série).

Le jeune Scott Mechlowicz est trop lisse dans son personnage d'adolescent tourmenté. Les parents, un peu absents, sont plus marquants par leurs zones d'ombre. La scène de la cafétéria où House leur débite tous les symptômes de leur fils, alors qu'il ne l'a jamais vu devant leur air hébété est une première manifestation de son prodigieux esprit de synthèse utilisé ici pour épater le spectateur (et on marche). Le gag final - car c'est bien un gag - termine l'épisode sur une bonne note, car House aurait pu éviter une coûteuse analyse de 3 200 $ s'il avait mieux observé son patient, comme quoi, la méthode House n'est pas parfaite !

On l'aura compris, cet épisode a du suspense mais ni l'humour (transparent) ni l'interprétation (inégale) ni le scénario plein d'idées et de longueurs, ne suivent véritablement. Tous les atouts de la série sont présents mais à petite échelle.

Infos supplémentaires

- L'épisode fut nommé au Golden Reel award du meilleur montage sonore.

- Premier épisode de la série à comporter un pari de House. Cela deviendra une running joke de la série.

- House réalise un test ADN en s'emparant du gobelet de café laissé par le père qui y a laissé ses empreintes. Il (ainsi que Wilson) réutilisera la même idée dans l'épisode De confessions en confessions (saison 8) pour obtenir l'ADN de Taub ; mais ce dernier se montrera plus vigilant !

- Nous découvrons le générique de la série. Originellement, il s'agit d'une brève (une trentaine de secondes) version instrumentale de la chanson Teardrop du groupe Massive Attack. Cependant, pour une question de droits, il n'est pas diffusé en France. À la place, un morceau électronique composé spécialement est entendu. La musique originale sera quelque peu modifiée dans les saisons suivantes.

- Cameron n'est pas fille unique. Nous apprendrons ultérieurement qu'elle a un frère aîné, sans plus de précisions. Durant leur temps libre à l'hôpital, Cameron trie le courrier de House, tandis que Foreman et Chase font des mots croisés. Cette scène avec Foreman et Chase est en fait extraite d'une scène coupée du pilote.

- On aperçoit pour la première fois une partie de l'appartement de House. On remarque un piano. Il est en effet musicien et joue souvent de cet instrument. Il s'agit entre autres d'un hommage à Sherlock Holmes qui était lui aussi musicien (il jouait du violon).

- La chanson de l'épisode est On Saturday Afternoons in 1963 de Rickie Lee Jones.

- Quelques erreurs dans cet épisode :
Lorsque Chase fait des mots croisés, on peut voir le mot cretinism écrit sur la grille, pourtant il demande ce même mot à Foreman juste après ! Erreur de House : pour ne pas oblitérer les empreintes digitales, il met les gobelets dans du sac plastique. Problème : le plastique peut modifier l'ADN. Il aurait mieux valu des sacs en papier. Enfin, à la fin de l'épisode, on fait passer l'aiguille à travers la cornée : c'est très dangereux car cela peut endommager la vision, même sous anesthésie. Il vaut mieux passer à travers la sclère (le blanc des yeux). Enfin, House a changé de chaussures entre le moment où Wilson le surprend en salle de consultation et le moment où il établit le diagnostic différentiel.

Acteurs :

Scott Mechlowicz (1981) a commencé sa carrière avec un rôle comique dans un film d'ados (Eurotrip) puis se tourne rapidement vers le drame (il reçut un prix pour son interprétation dans Mean Creek, un film indépendant). Sa participation à Dr.House, un de ses premiers rôles, est son seul référencé pour la télévision.

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3. CHERCHEZ L'ERREUR
(OCCAM'S RAZOR)


Scénario : David Shore
Réalisation : Bryan Singer

— I think your argument is specious.
— I think your tie is ugly.

Après un rapport sexuel fougueux avec sa petite amie, Brandon, 22 ans, s'écroule, inanimé. L'équipe de House est perplexe : aucune maladie n'explique les symptômes du jeune homme. House pense qu'il a attrapé deux maladies simultanées tandis que Foreman pense qu'il n'y en a quand même qu'une seule. L'équipe s'interroge sur House, doivent-ils toujours lui obéir en tous points ? De plus Chase paraît troublé par l'influence que Cameron exerce sur lui...

Cet épisode s'impose d'emblée comme un chef-d'œuvre, car contrairement au précédent, tous les atouts de la série sont distribués avec brio, avec en plus un scénario enchaînant les rebondissements avec maîtrise.
L'intrigue du jour prend le contrepied habituel des intrigues traditionnelles de la série : alors qu'en temps normal House et son équipe hésitent devant plusieurs maladies, ici aucune ne convient ! Cela permet un suspense plus incisif, notre équipe étant tout à fait sans repères. La complication du cas, classique dans la série, aide normalement les docteurs grâce aux symptômes supplémentaires ; mais ici, l'absence de repères dès le début ne les éclaire pas davantage. Nous sommes vraiment en plein "polar" médical où le but n'est pas de chercher le symptôme "coupable" qui débloquera tout mais le symptôme "innocent", le symptôme en trop qui paralyse la recherche. Un jeu perpétuel sur la corde raide, couronné par un triple rebondissement final. Ce cas joue avec virtuosité sur différents registres : humour noir, malaise, attente, inquiétude...

Les cas secondaires sont très gratifiants, provoquant le rire par les vannes de House qui se prend comme d'habitude pour Sherlock Holmes : le cas de la femme aux ennuis professionnels ou encore le gars qui a avalé un mp3 - entre autres - permettent à House de sortir tout son humour corrosif pour notre plus grande joie entre deux parties de Game Boy Advance (on connaît son amour des consultations).
En filigrane, un défilé de scènes amusantes pimente cet épisode. Ainsi, l'introduction de la scène sexuelle vigoureuse - avec femelle dominatrice - annonce certains épisodes qui démarreront similairement (bon, Kevin Zegers porte toujours son caleçon pendant la scène, mais on est sur la puritaine FOX). La série posera souvent un regard ironique sur le sexe, optique médicale oblige), les séances de diagnostic différentiel sont très drôles (la grande tirade jem'enfoutiste de House), Foreman surprenant le regard intéressé de Chase sur la belle Cameron, Chase mettant un point d'honneur à nier en bloc avec autant de conviction que s'il disait manger des araignées Tchernobylisées au p'tit dej, les sérénades discordantes entre Cuddy et House (répliques mortelles à tout va !), sans oublier le petit cours de Cameron : que se passe-t-il dans notre corps quand on fait l'amour ? La réponse, tragi-comique, devrait décourager les obsédés de la "chose" !

Cependant, la gravité demeure présente : tension entre la fiancée et sa future belle-mère, implicite mais bien réelle (scène de la pharmacie, parents ignorant superbement la compagnie de leur fils), Foreman s'opposant à House, Wilson reprochant à House d'humilier sans cesse son équipe sans oublier la confrontation entre House et les parents de Brandon, assez malaisée (quand on connaît le doigté de House !).

L'épisode bénéficie par ailleurs d'une excellente interprétation : Kevin Zegers joue correctement son rôle de malade tandis qu'Alexis Thorpe, qu'on a rarement vu aussi bien, joue excellement la fiancée inquiète. Faith Prince et John Kelly sont des parents un peu caricaturaux mais pas désagréables. Les acteurs sont en grande forme, Lisa Edelstein et Hugh Laurie en tête bien sûr. Robert Sean Leonard existe davantage, ses scènes avec House où il parle des différences entre réalité et rêve ou de respect de l'autre sont astucieusement dialoguées. Jennifer Morrison, bloquant son jeu, joue en-dessous de ses capacités. Généralement, l'actrice ne sera pas au même niveau de jeu de ses partenaires - c'est particulièrement visible en saisons 1 et 2 - voguant entre monolithisme et cabotinage entre deux prestations plus abouties. Cependant, son jeu s'améliorera au fil de la série.

Bref, un superbe épisode, à ne pas rater !

Infos supplémentaires

- House est médecin depuis 20 ans. Malgré ses méthodes peu déontologiques, il a toujours refusé de faire du "lèche" à sa patronne pour obtenir une faveur. Il admettra toutefois un point de rupture dans Acceptera... ou pas ? (saison 3). Il joue pendant les consultations à la Game Boy Advance SP. Le jeu en question est Metroid Zero Mission - bien que les effets sonores ne correspondent pas à ce jeu. Nous le voyons pour la première fois réfléchir pendant plusieurs heures sur le cas de son patient. Lorsqu'un cas s'annonce ardu, il est prêt en effet à rester dans son bureau pour y réfléchir jusqu'à ce qu'il trouve la solution, quel que soit le temps que cela prenne.

- Nous voyons également pour la première fois Cuddy pratiquer sur un patient.

- La légère calvitie de Hugh Laurie est en partie visible durant cet épisode. Pendant toute la suite de la série, les producteurs le feront coiffer de telle manière qu'elle n'apparaisse pas.

- Le rasoir d'Occam, titre et thème de l'épisode, est un principe logique formulé par le moine franciscain Guillaume d'Occam (1285-1347) : Pluralitas non est ponenda sine necessitate (Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité). Il signifie qu'entre plusieurs hypothèses, la plus simple et la plus élégante logiquement est la meilleure. Base de la logique scientifique, il encourage devant des phénomènes ou problèmes compliqués à rechercher une solution claire (claire et non "facile"). Cet outil, qui a pourtant plus d'intérêt théorique que pratique, est très utilisé dans les œuvres de fiction, en premier lieu Sherlock Holmes qui, sans la nommer, applique cette théorie dans de nombreuses déductions. L'épisode en question montre bien l'application de cette méthode : la solution du jour en effet est claire, d'une logique implacable mais terriblement difficile à trouver... On orthographie parfois Occam en Ockham.
L’anti-rasoir de Chatton, exprimé par un contemporain d’Occam, est un contre-argument à cet outil logique…

- La chanson de l'épisode est One is the loneliest number (1967) de Harry Nilsson et interprétée par le groupe Three Dog Night, leur version permit à ce groupe pop-rock-soul d'atteindre le succès.

- Erreurs :
House dit que la sinusite et l'hypothyroïdie couvrent tous les symptômes du patient : mais l'éruption cutanée (rash) n'est pas un symptôme de ces deux maladies. Foreman provoque involontairement un battement ectopique (battement de cœur irrégulier), mais lorsqu'on regarde l'écran du moniteur, on s'aperçoit que le battement est tout à fait régulier.

Acteurs :

Kevin Zegers (1984) est à la fois mannequin et acteur. Il est surtout connu pour avoir joué dans la franchise Air Bud le rôle de Josh Framm. Il a tourné également dans plusieurs films d'horreur canadiens. Son rôle dans le film Transamerica lui a valu le trophée Chopard au Festival de Cannes. Il continue de tourner au cinéma sans dédaigner la télévision, étant déjà apparu dans plusieurs séries comme X-Files (épisode Révélations, saison 3), Titans, Smallville... Il joue depuis à la télévision dans des rôles récurrents (10 épisodes de Gossip Girl) ou principaux dans des mini-séries (Titanic : Blood and Steel, Gracepoint...)

Alexis Thorpe (1980) est surtout connue pour avoir joué pas moins de 228 fois le rôle de l'étudiante Cassie Brady dans le soap opera Des Jours et des Vies. Cette ravissante jeune femme commit également le rôle de Jennifer dans American Pie 3, apparut deux fois dans le soap Les Feux de l'Amour, une fois dans un épisode de Nip/Tuck et fit un caméo dans F.R.I.E.N.D.S. Elle a mis cependant sa carrière entre parenthèses depuis 2007.

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4. PANIQUE À LA MATERNITÉ
(MATERNITY)


Scénario : Peter Blake
Réalisation : Newton Thomas Siegel

— I'm still amazed you're actually in the same room with a patient.
— People don't bug me until they get teeth.

Deux nourrissons attrapent la même maladie à quatre heures d'intervalle, il n'en faut pas plus pour que House soupçonne une épidémie et demande de fermer la maternité. Cuddy refuse mais doit se rendre à l'évidence quand d'autres bébés commencent à être atteints des mêmes maux. House se voit forcé, pour trouver la solution du problème, d'accepter un terrible sacrifice... Parallèlement, les bébés atteints n'ayant aucun lien, comment ont-ils pu attraper la maladie ?

Ce quatrième épisode dévoile une autre des facettes de la série : un sens consommé du drame psychologique, caractéristique de l'écriture puissamment sombre et intense de Peter Blake, qui va devenir le scénariste le plus prolifique de la série (24 épisodes) et un de ses tous meilleurs. On ne s'étonne pas que David Shore fit appel à lui pour co-écrire l'épisode final de la série. Peu d'humour dans cet épisode qui fait la part belle à une intrigue inhabituellement plus sombre, mais qui n'évite pas de nombreuses maladresses.

L'idée est excellente : le cas du jour est constitué de six bébés gravement atteints par la même maladie. Le fait que les malades soient des nouveaux-nés permet un plus grand sentiment de sympathie envers eux. Ainsi la classique étape de la dégradation de la santé des patients est-elle plus forte. De plus, cet épisode est bien emblématique du "polar médical" : il y a deux énigmes, quelle est la maladie et quelle est sa cause ? La première énigme ne sera résolue qu'après bien des épreuves assez dures. Quant à la deuxième, la solution, révélée in extremis à la dernière minute, se révèle d'un humour noir terriblement ironique ; une fin qui détournerait la fameuse citation d'Oscar Wilde : On tue ce que l'on aime deviendrait ce que l'on aime vous tue !

On apprécie les séances de diagnostic plus fiévreuses qu'à l'accoutumée (participation exceptionnelle de Cuddy en prime), ces séances d'urgence psychologique au rythme haletant. Aussi, d'autres scènes comme la confrontation des méthodes de Cameron et de Foreman. Le sommet de l'épisode, le cruel dilemme de House contraint d'assumer une décision lourde de conséquences est remarquablement mis en scène ; le diagnosticien y fêle son armure de froideur. Hugh Laurie est ambigu à souhait dans cet épisode, entre désinvolture feinte et trouble réel. Parallèlement, l'épisode traite des différences entre Cameron et le reste du groupe : sa sensibilité lui interdit d'accomplir certains actes pourtant tout à fait classiques pour un médecin comme dire des mauvaises nouvelles, ce qui lui est justement reproché par House et Wilson. Jennifer Morrison est convaincante quand elle est submergée par des pics d'émotion malgré quelques affleurements de surjeu. Cuddy n’échappe pas non plus à la gravité de l’épisode, devenant plus expressive, et anticipant sur ses plus ou moins heureuses interférences futures dans certains cas, quand sa sensibilité dépassera son devoir de réserve médical.

Peu d'humour ou de vannes, mais on citera la première scène dans le bureau de Cuddy et surtout la séquence où, perdant ses nerfs, elle coupe froidement la cravate d’un étudiant !! L'hilarant cas de la patiente atteinte d'un déni de grossesse permet à House de flamboyants dialogues sarcastiques, apportant une lumière bienvenue. Hedy Burress, excellente dans le registre de la blonde un peu bébête, a d'autant plus de mérite de jouer un rôle comique qu'elle venait de perdre son mari d'un accident d'avion. Surprise : House, à la fin, s'humanise en agréant la demande de sa patiente, mais pour des raisons cependant moins altruistes que l'on pourrait croire : House reste lui-même !

En dépit de ses atouts, l'épisode a du mal à convaincre à cause d'un défaut que la série corrigera heureusement très vite : une surcharge de pathos. La scène des couvertures de l'enfant apparaît bien naïve, les dialogues sont très conventionnels, la souffrance des parents est appuyée (malgré l'émouvante Ever Carradine). L'on compte pas mal de dégoulinades comme l'effondrement du couple endeuillé, qui en fait beaucoup trop. La fin "idyllique" tournée au ralenti très "hollywoodienne" agace encore davantage. La main lourde dans l'émotion est de plus appuyée par un considérable essoufflement du rythme dans la 2e partie. Au final, un épisode fondamental pour comprendre toutes les facettes de la série, mais inabouti.

Infos supplémentaires

- Premier échec de House. Il essuie plutôt un semi-échec ici car si l'un de ses patients meurt, il parvient à sauver les autres.

- House a 45 ans, aime l'eau gazeuse et il semble qu'il ait été viré de son précédent travail. L'épisode Culpabilité (saison 2) apportera plus de précisions sur ce point.

- C'est la première fois que nous voyons Cuddy participer à un diagnostic différentiel. Première fois aussi que nous voyons des étudiants stagiaires à l'hôpital.

- Wilson appelle Cameron pour la première fois par son prénom : Allison. Nous découvrons qu'elle a perdu un être cher. Nous saurons son identité dans l'épisode Question de fidélité.

- Quoi de plus logique que d'appeler un épisode Maternity après un épisode Paternity !

Deux références cinéma dans l'épisode :
Au lieu de rabbits, House prononce wabbits comme dans le court-métrage animé de la Warner A wild hare (1940) où Elmer le chasseur le prononce comme ça. Ce court marque la première apparition de Bugs Bunny au cinéma.
House demande dans le premier diagnostic différentiel les usual suspects. C'est bien entendu un hommage au film éponyme (1995) de Bryan Singer (producteur de la série) et dont le directeur de la photographie s'appelle Newton Thomas Sigel... qui est le réalisateur de l'épisode ! Ce terme de Usual Suspects [suspects habituels] est tiré du film Casablanca (1942) où il est prononcé par le capitaine Renault (Claude Rains).

Erreurs de continuité : Lorsqu'à la fin de l'épisode, la famille sort de l'ascenseur, le père tient des fleurs. L'instant d'après, c'est la personne poussant le fauteuil roulant qui les tient. À la fin aussi, House déclare qu'il y aura un accouchement dans cinq mois, fin mars... sauf que nous sommes début décembre (donc 4 mois avant !). Wilson déclare, lors du diagnostic des virus, qu'il faut éliminer le RSV. Il est cependant ajouté peu après au tableau.
Erreurs médicales : Lors du diagnostic des virus, Foreman invoque une toxoplasmose comme conséquence d'un virus... sauf qu'il s'agit d'une conséquence d'un parasite. Cuddy écarte l'idée d'un virus herpès mais Chase cite comme possibilité le cytomégalovirus... qui est un virus herpès. Pas d'erreur sur le tableau cependant : ce virus particulier doit bien aller dans la colonne "yes" et les autres virus herpès dans le "no". Un des bébés a une pression de 80/40, ce que l'équipe considère comme une tension basse... sauf que cette tension est plutôt bonne pour un nourrisson ! Chase confond asystolie et fibrillation ventriculaire. Dans l'introduction, les parents disent que leur bébé n'a rien mangé mais il paraît improbable qu'un bébé ne soit pas nourri pendant les 36 premières heures de sa naissance.

Acteurs

Ever Carradine (1974) appartient à la prestigieuse famille de comédiens Carradine (Robert, John, Keith, et bien sûr le grand David dont elle est la nièce). Elle a surtout joué dans des séries télés : Deuxième Chance, Les Experts, Grey's Anatomy, 24 Heures Chrono (5 épisodes), Eureka (8 épisodes), Supernatural, Castle, Mentalist, Rizzoli & Isles, Les Experts (2 épisodes), Bones, Major Crimes (4 épisodes)... Elle a interprété également quelques petits rôles au cinéma.

Hedy Burress (1973) est une actrice de théâtre qui a parallèlement prêté sa voix à des jeux vidéo (Final Fantasy...). Elle a joué dans plusieurs séries comme The Closer (les deux séries ! 10 épisodes dans la première), Cold Case, Urgences (4 épisodes), Les Experts, Lie to me, Esprits Criminels, Shameless (US), Southland (8 épisodes)... et parfois devant le grand écran.

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5. L'ERREUR EST HUMAINE
(DAMNED IF YOU DO)


Scénario : Sara B. Cooper
Réalisation : Greg Yaitanes

Sister Augustine believes in things that aren't real.
— I thought that was a job requirement for you people.

Une religieuse souffrant d'allergie est soignée par House, mais ce dernier, en la traitant, provoque accidentellement un arrêt cardiaque. House et son équipe se demandent quelle est la cause de son allergie tandis que chacun s'interroge : House se serait-il trompé de dosage ? L'intéressé, se croyant infaillible, refuse d'admettre qu'il ait pu faire une erreur. House enquête sur le passé de sa patiente qui va se révéler chaotique...


Cet épisode fut le premier de la série que vit votre serviteur et qui le fit devenir fan de la série. Il n'y a pas à s'en étonner car il s’impose comme un des meilleurs de cette saison. La raison en est principalement un superbe scénario tournant autour du personnage de la religieuse, des concepts de foi, culpabilité, Dieu… notamment à travers les scènes entre Sœur Augustine et Chase. Nous voyons House confronté à la possibilité d’avoir commis une erreur professionnelle (chose qui ne lui est jamais arrivé). La conjonction de ces éléments forme un petit bijou télévisuel, magnifié par la mise en scène très inspirée de Greg Yaitanes, qui va devenir le metteur en scène le plus important de la série (30 épisodes), mais aussi son plus audacieux, et qui sera même un de ses futurs producteurs exécutifs.

L’épisode fascine grâce à cette religieuse hypocondriaque, mentant comme elle respire, et honteuse de son passé. Pour une fois, son cas médical est moins mis en avant, car la scénariste Sara Cooper préfère se pencher sur elle. Le succès est total, et la série va bientôt donner plus d'importance aux patients dont la personnalité sera souvent un facteur important dans la conduite d'un épisode. Une histoire émouvante, avec secrets cachés, culpabilité, foi violemment ébranlée, mensonges débités... cet épisode joue beaucoup sur des émotions rentrées qui ne demandent qu’à se libérer.
Le personnage de la religieuse, atypique, est le sujet du récit, disant tout haut qu’elle a confiance en Dieu avant de se rétracter et de subir une « nuit de la foi ». Son entrée au monastère s’expliquant non par choix mais par volonté de fuir un monde extérieur trop cruel pour elle. Jamais le poids du mensonge et de la culpabilité (entretenue par d’autres religieuses peu secourables) n'a été aussi visible à l’écran tout en gardant une certaine retenue. Allergique à Dieu ? s’interroge Wilson. Non, allergique à elle-même, tout simplement. Il n’est donc pas surprenant que la cause de son cas se trouve en elle. La maladie de son corps devenant la personnification de son âme brisée.

Le cas conduit nos docteurs à s’interroger sur le concept de foi et de Dieu. Surtout Chase, en vedette dans cet épisode. Il a une aversion des bonnes sœurs que House diagnostique comme conséquence d’une éducation religieuse rigoriste, un passage d’ailleurs superbement réalisé. La scène la plus forte émotionnellement est le moment où Chase, pourtant en colère contre Dieu, réconforte la religieuse en crise de « foi » (sans jeu de mots). Une scène formidable, bouleversante. Le voir, à la fin, rester un moment dans l’église, prouve qu’il n'est pas sorti indemne de cette rencontre. Elizabeth Mitchell incarne à la perfection cette nonne tour à tour fataliste, résignée, délirante, souriante, effondrée. Jesse Spencer trouve lui aussi le ton juste.

L’humour reste présent puisque House, pour tenir le coup devant la perspective de l'erreur médicale, se doit d’être au meilleur de sa forme. L’unique cas secondaire, expédié en une minute, est très réjouissant par le traitement hallucinant qu’il exige. Enfin, entre House et Cuddy, ça crépite toujours autant mais aussi avec les autres médecins, ou avec Sœur Eucharist (Lucinda Jenney, remarquable en bonne soeur cynique) : il lui envoie des piques, elle répond en pointant ses contradictions. Un dialogue brillant ! Cependant, il a beau se montrer plus désinvolte et ironique que jamais, il ne peut cacher son malaise.

Le suspense de l’épisode est dû à la possible erreur de House. Pris en position de faiblesse car finissant par douter de son « infaillibilité » (crise de foi pour tout le monde aujourd’hui !), House cache mal son inquiétude. Wilson le remarque et le remet à sa place. L'épisode positionne ainsi Wilson en tant que conscience de House, le seul à réussir à lui imposer des limites (un élément-clé de leur relation). House est athée, le revendique et endosse même le rôle de « tentateur » dans la chapelle, son pessimisme s'opposant à l'angélisme de la religieuse. Hugh Laurie est toujours aussi méchamment réjouissant, tandis que Robert Sean Leonard exprime les deux pôles de l'amitié du "Hilson" : il contredit, tourne House en dérision, mais pourtant passe Noël avec lui pour le sauver de sa solitude, même si ça implique que sa femme doit réveillonner seule. Un épisode parfait.

Infos supplémentaires :

- Le titre de l'épisode est extrait d'une citation d'Eleanor Roosevelt : Do what you feel in your heart to be right, for you'll be criticized anyway. You'll be damned if you do, and damned if you don't. L'épisode fut nommé au Prix Humanitas.

- Le cas secondaire où House prescrit au patient des cigarettes s'inspire du sketch Doctor Tobacco de la série Fry & Laurie. Hugh Laurie jouait un patient que Stephen Fry, en médecin, tentait de persuader de se mettre à fumer.

- House mange une barre de chocolat Cadbury Dairy Milk dans la chapelle. Hugh Laurie avait prêté sa voix pour une publicité de ce produit.

- L'introduction est d'une longueur inhabituelle : 4 minutes et 20 secondes. Elle se passe pour la première fois à l'hôpital et en présence de House.

- Nous en apprenons un peu plus sur les croyances des personnages. Nous savions déjà que Wilson était juif (épisode pilote). Nous apprenons que House est athée, Chase croyant mais en conflit avec Dieu, Foreman croyant, Cameron déiste. Nous saurons ultérieurement ce qu'il en est de Cuddy. Chase déteste les bonnes sœurs. Il a séjourné, enfant, au petit séminaire. Nous apprenons que sa mère est morte il y a 10 ans.

- Les passages bibliques de l'épisode sont extraits de plusieurs livres : le passage préféré de Chase est la première épître de Pierre (chap.1, v.7), celui de la religieuse, la conclusion de la parabole du fils prodigue (Luc 15.32). Dans une crise de délire, Sœur Augustine cite Jonas : il s'agit d'un homme envoyé par Dieu pour prêcher sa Parole mais Jonas, craintif, préféra fuir. Il lui faudrait connaître trois longues nuits d'angoisse dans le ventre d'une baleine qui l'avait avalé vivant lors du naufrage de son bateau pour retrouver sa foi et sa confiance. Une fois ceci fait, la baleine le recracha (Jonas 1-2). Il s'agit d'une référence à la propre épreuve de la religieuse.

- House regarde dans la chapelle un épisode de la série North Shore : Hôtel du Pacifique. Cette série était alors en cours lors de la diffusion de l'épisode. Il mentionne l'écrivain Dante Alighieri, un des plus importants auteurs italiens, auteur de la Divine Comédie.

- La chanson de l'épisode est un chant traditionnel The Twelve Days of Christmas de la fin du XVIIIe siècle. Interprétée par Paul et Brenda Neal.

- House cite une fameuse chanson de La Mélodie du bonheur (1965) en disant How do you solve a problem like dermatitis ? Référence à la chanson How Do You Solve a Problem Like Maria ?

- Erreurs de continuité : une mèche de cheveux de Chase tombe sur sa blouse dans la chambre stérile lorsque les docteurs arrivent pour sauver Augustine, elle disparaît cependant au plan suivant. Entre le moment où Chase tend la main pour prendre le poignet de la sœur et le moment où il le saisit, le cardiofréquencemètre a changé de côté. Enfin, un musicien remarquera que lorsque House joue Douce Nuit au piano, la mélodie sonne une octave trop basse par rapport à ce qu'il joue en réalité. C'est cependant bien l'acteur qui exécute le morceau au piano (Hugh Laurie étant aussi musicien). Erreur médicale : Chase prend le pouls de la sœur. Mais le bandage du poignet devrait l'empêcher de l'entendre ! De même, House oublie d'accrocher son stéthoscope à ses oreilles quand il écoute le coeur de la religieuse. Foreman prononce le mot eophinosil au lieu de eosinophil.

Acteurs

Elizabeth Mitchell (1970) obtient une licence de théâtre à la Stephen College de Columbia avant de jouer dans beaucoup de théâtres américains. Malgré sa carrière théâtrale (tant classique que contemporaine), elle reste connue du grand public pour avoir interprété le rôle régulier de Juliet Burke dans Lost : Les Disparus (46 épisodes). Cette actrice, très appréciée pour son professionnalisme, a joué dans une douzaine de films et participa à quelques séries comme JAG, Spin City, Urgences (14 épisodes), Les Experts, V (22 épisodes), New York unité spéciale (2 épisodes), Once upon a time (9 épisodes), etc.

Lucinda Jenney (1954) a joué dans plus de 80 films et séries. Sur le grand écran, on retiendra entre autres ses seconds rôles dans Rain Man, Panic sur Florida Beach ou Treize jours. Sur le petit, elle a tourné dans nombre de téléfilms et de séries comme The Shield (sept épisodes), 24 Heures Chrono (quatre épisodes), Cold Case, Battlestar Galactica, Urgences, New York Section Criminelle, Six Pieds sous Terre, Monk, Los Angeles police judiciaire...

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6. UNE MÈRE À CHARGE
(THE SOCRATIC METHOD)


Scénario : John Mankiewicz
Réalisation :
Peter Medak

It turns out your best judgment is not good enough. Here's an idea - next time, use mine.

Pendant un rendez-vous administratif avec son fils, une mère schizophrène s’écroule. Elle attire l’attention de House qui se demande comment une femme de 38 ans a pu attraper si tôt une thrombose veineuse. House doit également composer avec le fils de sa patiente, relié par un attachement viscéral et anormal à sa mère, ainsi que la mère elle-même, perdue dans son monde à elle. Commence alors un véritable jeu de manipulations…

À l’inverse de l’épisode précédent, Une mère à charge s’intéresse davantage à la maladie de la patiente qu’à la patiente elle-même. Cela donne un épisode médical plus classique. Cependant, nous sommes toujours chez le Dr.House, et ce cas, qui aurait pu rester banal, se voit relevé par une superbe succession de détails croustillants et de jeux de dupes. On s'attendrait presque à voir débarquer les Lannister ou les Stark tellement tout le monde veut duper tout le monde pour arriver à ses fins : Lucas se garde bien de tout dire à House, House force son secret en faisant du bluff, Cuddy trompe House pour savoir ce qu’il est en train de faire, Lucy trompe son propre fils pour ne pas être un poids, Lucy et House dupent Lucas pour ne pas envenimer la situation, House trompe le chirurgien pour qu’il opère sur une tumeur… Pas mal pour un seul épisode !

Cette incessante succession de tromperies et trahisons permet de brillants moments d’humour et d’émotion et fait la valeur de l’épisode. Mais il tire aussi sa force de l’humanisation inattendue de House qui prend en sympathie sa malade. Mais entre quelqu’un qui a laissé son cœur au vestiaire et l’autre sa raison, il est normal que ces deux-là se soient compris, ce qui renforce les scènes plus émotionnelles.



Le personnage central est davantage le fils que la mère. Attaché à l’excès à elle, il essaye d’être fort et de se croire capable de l’aider alors qu’il n’est qu’un ado. Aaron Himmelstein, trop statique, ne convainc cependant qu'à moitié, alors que Stacy Edwards a le bon sens de ne pas surjouer son rôle de folle. La scène où Chase et Foreman fouillent le domicile est assez glaçante, voyant que le fils veut contrôler l’incontrôlable : alimentation, vêtements, médicaments, carnets de notes... Du coup, la sensation de culpabilité étouffe sa mère qui, dans un moment de lucidité, voudra couper le cordon pour libérer son enfant. Elle apporte beaucoup d’émotion par son comportement cyclothymique et imprévisible (scène-choc de la prise de sang), y compris à la fin où les illusions, peu à peu, se dissipent.

L’épisode aborde plusieurs sujets sociologiques en dehors du complexe d’Œdipe de Lucas : La malbouffe qui causr l’aggravation de l'état de Lucy ; grave phénomène qui s'est aujourd'hui, hélas, banalisé. L'amour possessif : dans un des cas secondaires, House doit faire face à une mère possessive qui prive sa fille de sucre pour qu’elle ne grossisse pas et qu’elle puisse lui ressembler (jusqu'à leurs bracelets). Ainsi, elle paraîtrait plus jeune tout en privant sa fille de son individualité. House, plus holmésien que jamais, le devine et ne se gène pas pour y aller franco en donnant un conseil amoral mais justifié par la situation ! Le syndrome Florence Nightingale : Cameron (très bonne Jennifer Morrison) montre clairement les premiers signes d’un attachement affectueux à son irascible patron. C’est la jeune fille sensible qui ne peut aider son monde qu’en s’y attachant profondément. Ce comportement sera développé jusqu’au sommet que sera la fameuse scène de dîner dans Des maux d’amour. Nous voyons ici que Dr.House affiche une ambition étonnante en se voulant être une étude de l'humanité, ambition réservée qu'aux séries les plus exigeantes (telle Six feet under). Si la série connaîtra des périodes plus creuses, elle n'abdiquera jamais de ce côté-ci, ce qu'on ne peut que saluer.

L’épisode ne serait pas intéressant sans l’humour (Foreman dérobant la clé de Lucas) et le lot de piques habituelles : House et Wilson s'envoyant des vannes, House en verve devant son équipe ou devant Cuddy (hilarante scène des toilettes) dont une superbe devil mind qui devrait ravir les amateurs des Avengers. Sinon, attention aux âmes sensibles qui pourraient être choquées du brutal vomissement de sang de Lucy : la scène, courte, est quand même assez réaliste ! La série n'usera que très occasionnellement de telles scènes, gardant l'effet de chaque occurrence.

Infos supplémentaires

Pour la première fois, House sympathise avec un patient, cas rarissime étant donné sa misanthropie légendaire. Cet événement se reproduira de temps en temps au sein de la série. Dans cet épisode, il parle au téléphone avec un accent anglais. Ce n'est pas étonnant car Hugh Laurie est un acteur anglais et non américain. Pour la série, il parle avec une parfaite imitation de l'accent américain. C'est la seule fois où on l'entend parler avec son véritable accent d'Oxford (il le fit avec l'accord de la production).

Cameron ferait du charme au personnel pour obtenir des résultats d'analyse plus rapidement. Elle ne le ferait cependant que dans des cas urgents ! Pour la même raison, House se verra obligé de payer de sa personne avec une belle infirmière dans Faux-semblants (saison 2).

Chase se trouble lorsqu’on lui parle des alcooliques qui n’arrivent jamais à revenir dans le droit chemin. Sa réaction sera expliquée dans l'épisode Le mauvais oeil.

Lucy et son fils vivent dans l'appartement 101 de leur immeuble. Il s'agit peut-être d'une référence à 1984 de Georges Orwell car la chambre de tortures tant redoutée du roman est la n°101. Ce numéro revient parfois dans quelques séries ou films (comme Matrix) comme une allusion à une pièce où il se passe quelque chose de grave.

Le livre lu par Lucas, House, et enfin Lucy est un livre du poète et dramaturge irlandais William Butler Yeats (1865-1939), prix Nobel de littérature en 1923. Cet immense poète irlandais a laissé une œuvre importante et toujours riche. Le livre lu est le recueil de poèmes Les Cygnes sauvages à Coole, exaltant le patriotisme et l'esthétique de son pays natal.

La chanson de l’épisode est Rudolph the Red Nosed Reindeer, interprétée par Johnny Marks. C’est un chant de Noël.

House dit de Galen qu'il est "Le Marcus Welby de la Grèce Antique". C'est une référence à la série Docteur Marcus Welby (1969-1976), une des premières séries médicales jamais réalisées, avec Robert Young dans le rôle-titre. Chase mentionne le roi George III quand Cameron parle de porphyrie. Il s'agit d'une allusion au film La Folie du Roi George (1994). George III a en effet été atteint par cette maladie.

Erreurs de continuité :
Quand House parle de la déficience en vitamine K de sa patiente, le couvercle de la boîte de sauce tomate est tantôt ouvert, tantôt fermé.
Quand Cuddy rencontre House dans le hall, elle a un collier de perles, qui disparaît quelques minutes plus tard !
Erreur médicale : le diagnostic final est confirmé par la présence d'un anneau de Kayser-Fleischer dans l'œil de Lucy... mais il n'est pas de la bonne couleur ; il devrait être gris-vert et non cuivré.

Acteurs

Stacy Edwards (1965) mène parallèlement une carrière d'actrice et de danseuse. Elle se fit connaître en obtenant le rôle récurrent de Hayley Benson dans 194 épisodes du soap opera Santa Barbara (1986-1988), rôle qu'elle obtint au détriment de Julia Roberts. Elle joua également 44 fois le rôle de Lisa Catera dans la série médicale La Vie à Tout Prix. Elle a depuis tourné dans une vingtaine de films et dans de nombreuses séries : Arabesque, La Loi de Los Angeles (2 épisodes chacun), Matlock, Code Quantum (épisode Le sauvage), FBI, Portés Disparus, NCIS, Les Experts, Les Experts : Manhattan (2 épisodes), La loi selon Harry (2 épisodes), Cold Case, Numb3rs, Esprits Criminels, Ghost Whisperer, Lie to Me, Veronica Mars, Mentalist, New York unité spéciale, Private Practice, Hawaï 5-0, Grey's anatomy, Castle, Shameless (2 épisodes)... et bien d'autres.

Aaron Himelstein (1985) est surtout connu pour avoir interprété le rôle du jeune Austin Powers dans le troisième volet de la saga éponyme : Austin Powers dans Goldmember. Il a joué depuis quelques seconds rôles au cinéma mais joue surtout dans quelques séries télé américaines nationales depuis le rôle récurrent de Friedman dans Le Monde de Joan (33 épisodes). Mais il a aussi joué dans L'Hôtel du Pacifique, Community, Las Vegas. Il a également réalisé, écrit ou produit quelques courts-métrages.

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7. QUESTION DE FIDÉLITÉ
(FIDELITY)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Bryan Spicer

- You want me to ask a man whose wife is about to die if he cheated on her ?
- No, I want you to be polite and let her die.

Depuis trois jours, Elise Snow ne se lève pas de son lit, dormant jusqu’à 18 heures par jour et ayant des sautes d’humeur brusques. Son mari, Ed, la fait admettre à l’hôpital, mais elle devient de plus en plus fatiguée et angoissée. House découvre que sa patiente souffre d’une maladie rare qu’elle n’a pu attraper que par voie sexuelle. Conséquence : l’un des deux époux a eu une relation extraconjugale. Pendant ce temps, Cameron cache mal sa dépression actuelle, due à ses douloureux souvenirs…

Cet épisode avait tout pour être intéressant car pose la question de la pérennité des couples (cible favorite de la série) : peut-on pardonner à l’autre ? Quelle est la force de notre amour face aux révélations douloureuses ? La confiance absolue est-elle possible ? Hélas, le scénario, traînant en longueur et ne reposant que sur les dernières minutes, déçoit, s'attachant plus à la maladie qu'au couple lui-même, point qui eut pu être mieux exploité. A posteriori, Thomas L. Moran nous dit déjà qu'il sera le scénariste le plus inégal de la série.

Les séances de diagnostic différentiel sont moins travaillées, moins intenses, sans la fièvre habituelle. Quelques scènes font remplissage comme la séquence du restaurant et la mammographie. Les « moments forts » de l’épisode sont répétitifs (crises de convulsion, serments de confiance mutuelle entre les deux époux lassante…), et l’interrogatoire des époux manque d’intensité. Les états d’âme des Snow ne nous touchent guère en raison d'une maladroite fragmentation des intrigues. Toutefois, la scène du coma et l’apparition des petites bébêtes font leur petit effet.

Mais si l’essentiel passe à l’as, des détails hilarants pimentent l’histoire avec bonheur, notamment le cas secondaire de la jeune femme à la poitrine généreuse. House et Wilson ont l’air très intéressés par cette patiente, ce qui nous vaut des scènes drolatiques avec Cuddy (Vous faites des examens pour couvrir votre lubricité ?). La fameuse cravate de Wilson nous vaut aussi des pointes housiennes à se tordre !

À la fin de l’enquête, l’épisode rebondit grâce à un dilemme que le scénariste amène habilement : si le traitement rate, la patiente meurt, s’il réussit, la preuve de l’infidélité sera définitive et minera le couple. Une terrible situation qui enfin donne du tonus à l’épisode qui menaçait de s’endormir (sans jeu de mots). Pendant ce temps, Cameron dévoile son secret : une tragique histoire sentimentale passée très originale, qui de plus, nous en dit beaucoup sur la jeune doctoresse. L’interprétation de la scène, clou de l’épisode, est superbe et ouvre quelques horizons inattendus : House a-t-il subi une histoire pareille qui serait cause de sa misanthropie ? Jennifer Morrison ose plus d'expressivité, et domine le cast.

Très bon choix aussi que de faire un unhappy end. Le dénouement, triste et inexorable, prouve l’agilité de la série dans tous les domaines, y compris celui du drame. Cependant la fin est gâchée par un rebondissement final peu crédible (qui étonnera même le rationaliste House) ; il pourrait être excusé si la toute fin suivait le même sens, ce qui n’est pas le cas, prenant le virage opposé ! Cet épisode n’est vraiment pas un plaidoyer pour le mariage, la confiance mutuelle étant décrite ici que comme une chimère. Il sera toujours intéressant de voir comment la série traite les couples présentés, avec une variété de situations et de questions recoupant une grande partie du comportement amoureux humain. La question de la culpabilité est également abordée avec la souffrance de l’infidèle qui cache sa faute et la personne trompée qui ne sait si elle doit pardonner ou pas. A Dominic Purcell, parfois confus, on préférera l'émouvante Myndy Crist. Un épisode aux bonnes idées mais au traitement inégal.

Infos Supplémentaires

L’identité du proche perdu par Cameron (Panique à la maternité) est révélée : il s’agit de son mari. À 21 ans, elle tomba amoureuse de lui à la faculté, mais apprit qu’il souffrait d’un cancer de la thyroïde métastasé au cerveau, ce qui ne lui laissait que quelques mois. Malgré cette terrible échéance, Cameron l’épousa. Il mourut six mois plus tard. C’est sans doute depuis cet événement qu’elle se montre d’une sensibilité confondante. Si l’amour fut une raison de la courageuse décision de Cameron (épouser un homme condamné), il y a également une autre raison, expliquée par House dans Des maux d’amour et par Cameron elle-même dans Peine de vie (saison 2). On apprend qu'elle n'a jamais pris de vitamine B9.

La femme de Wilson s’appelle Julie. Wilson possède cinq cravates (dont une en cachemire) et en met une différente chaque jour. Il arbore parfois (quand il déjeune avec une jolie fille), des chaussures noires françaises.

House parle couramment le portugais (premier exemple de son talent de polyglotte) et aime regarder la télévision quand il doit réfléchir sur un cas épineux (!) Il aime également regarder dans les dossiers de son équipe.

Erreur de continuité : quand Elise tombe dans le coma, trois fils conducteurs et un tuyau d’oxygène traversent l’oreiller par le haut mais lors des plans suivants, les fils vont tantôt vers le bas, tantôt vers le haut.

Acteurs

Myndy Crist (1975) a principalement tourné dans des téléfilms et surtout dans des séries comme Urgences (2 épisodes), Le Protecteur, FBI Portés Disparus, Six Pieds Sous Terre (4 épisodes), Cold Case, 24 Heures Chrono, Les Experts : Miami, Grey’s Anatomy, Mentalist, Bones, NCIS : Los Angeles, 90210 Beverly Hills nouvelle génération, Les Experts...

Dominic Purcell (1970) est principalement connu pour avoir tenu le rôle régulier de Lincoln Burrows dans 81 épisodes de la série Prison Break. D’origine australienne, il obtient un des rôles principaux de la courte série Raw FM (13 épisodes) avant de décrocher son premier vrai rôle en jouant le héros éponyme de la série John Doe (22 épisodes). Il a joué également dans Castle, North Shore : Hôtel du pacifique (5 épisodes)... Il semble cependant préférer le cinéma depuis la fin de Prison Break où il joue régulièrement des seconds rôles remarqués : Visitors, Mission Impossible 2, Blade Trinity…

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8. EMPOISONNEMENT
(POISON)


Scénario : Matt Witten
Réalisation :
Guy Ferland

- Who are you ?
- I'm the doctor who's trying to save your son. You're the mom who's letting him die. Clarification, it's a beautiful thing.

Pendant un examen, Matt Davis, un étudiant, est pris de nausées et s’effondre dans la salle de classe. L'équipe de House fait face à plusieurs difficultés dont la moindre n’est pas la mère surprotectrice du patient, qui refuse à plusieurs reprises leurs interventions. House et son équipe avancent plusieurs théories qui sont balayées lorsqu’un autre lycéen, qui semble n’avoir aucun lien avec Matt, présente les mêmes symptômes…

Cet intéressant épisode renoue avec ce qui est un des points forts de la série : le portrait d’un personnage au caractère peu commun et son influence sur le cas médical. Ici, ce n’est pas le jeune ado qui nous préoccupe (un simple « McGuffin ») mais sa génitrice au tempérament bien trempé.

Margo Davis, jouée par une Roxanne Hart très pro, est une mère carrée, froide, sévère, même austère : un adversaire redoutable qui met des bâtons dans les roues des médecins. Notre équipe a fort à faire : trouver le poison inconnu et gérer les excès de la mère. Aveuglée par son amour maternel, elle est sur la défensive lorsque quelqu’un s’approche de son fils. Cet excès d’amour, qui ressemble fort à un complexe d’Œdipe inversé, est exploité finement, ayant également la force d’une attaque contre l’attachement excessif qui existe entre certains parents et leurs enfants ainsi privés de leur liberté (thématique analogue aux deux cas d’Une mère à charge). House ne manque pas de le lui dire. Mais son amour maternel rend finalement le personnage moins antipathique qu'il n'y paraît, sans excuser son attitude. Un portrait de femme bien croqué qui – surprise – s’adoucira vers la fin. Le reste du temps, son attitude produit des étincelles, instaurant une tension qui sert l’intrigue.

Pas vraiment de rebondissements dans l’épisode, si ce n’est la découverte du second cas qui remet en question toutes les théories précédentes, ou la révélation finale, assez ironique. Si l’épisode se laisse voir, c’est surtout pour la succession étonnante des échecs de nos héros qui, à chaque fois qu’ils trouvent un indice, se heurtent à un mur. Cette suite d’obstacles, divertissante et pleine de suspense, est un atout précieux pour un épisode très CSI (notamment lors de la seconde fouille). Malheureusement, ce scénario linéaire et prévisible est le revers d’Empoisonnement. S’il n’y avait la mère, le cas serait désespérément dépourvu d’originalité. De plus, la mise à l’écart du fils ne donne pas de scènes qui auraient pu approfondir davantage la relation avec sa mère, observée uniquement du point de vue de cette dernière. Enfin, le second étudiant et ses parents font tapisserie, leur seul intérêt étant de faire contrepoint au cas principal.

L’humour, caractéristique essentielle de la série, a la part belle : Foreman constatant avec effroi que son attitude se rapproche de House, et les toujours délicieuses piques du docteur, surtout en présence de Cuddy. Mais surtout grâce au personnage loufoque de Georgia, octogénaire qui redécouvre le goût de fantasmer sur des « cute butts » et qui se paie le luxe de draguer ouvertement House ! Ajoutez à cela son fils collet monté et cul serré, et vous obtenez un feu d’artifice de répliques et de situations irrésistibles. A l'opposé des "vieilles qui jouent au canasta", Georgia a un décalage mordant (qu'on retrouvera avec le vieux couple de Des maux d’amour). Shirley Knight s'amuse et nous aussi. Un bon épisode.




Infos supplémentaires

Chase, comme son interprète Jesse Spencer, est australien.

Pour la première fois, le patient n’est pas le personnage central de l’épisode. C’est ici sa mère qui joue ce rôle.

Par suite de tableau blanc indisponible pendant le tournage (le précédent ayant cassé), Hugh Laurie écrit sur un tableau transparent. Bientôt, un nouveau tableau blanc, plus solide, prendra définitivement sa place dans la salle de diagnostic.

Premier épisode où les personnalités de Foreman et House commencent à se révéler similaires.

La robe de Cameron, quand elle fouille la première fois la maison des Davis, est celle qu’on voit à la fin de l’épisode précédent Question de fidélité.

House achète sa sauce tomate sur internet.

Georgia déclare avoir un faible pour Ashton Kutcher. C’est une référence au film L’Effet papillon car Kutcher jouait dans ce film le rôle d’Evan qui, quand il avait 13 ans, était incarné par John Patrick Amedori (Matt Davis).

Référence par Wilson à Godot, arlésienne de la célèbre pièce En attendant Godot de Samuel Beckett où ce personnage, attendu en vain, n’apparaît jamais.

Erreurs de continuité :
Lorsque Matt se met à convulser sous les yeux de sa mère, elle apparaît tantôt avec tantôt sans ses lunettes !
Lorsque Cameron fouille la maison des Davis, un chat s’assoit en face d’elle. Deux secondes et un autre plan plus tard, le chat a disparu !

Acteurs

Roxanne Hart (1952) joue souvent au théâtre, en particulier à Broadway, tout en tenant des rôles dans des films, téléfilms et séries. Elle est surtout connue pour avoir joué le rôle de Brenda Hyatt dans Highlander (1986) et pour avoir tenu dans 46 épisodes le rôle récurrent de Camille Shutt dans la série médicale La Vie à Tout Prix. On l’a également vue dans Urgences (2 épisodes), Oz (3 épisodes), Médium (7 épisodes), Cold Case, Numb3rs, Grey’s Anatomy, Daybreak, Bones, Ghost Whisperer, Walker, Texas Ranger, Private Practice, Les Experts, Mentalist, Hung (8 épisodes), etc.

John Patrick Amedori (1987) mène parallèlement une carrière de guitariste-chanteur dans le groupe de rock indépendant Ceesau, et une carrière d’acteur. Son rôle le plus notable fut celui du jeune Evan dans le film L’Effet papillon (2004), prélude à sa carrière cinématographique naissante. Il joue également dans plusieurs séries comme Le Protecteur, Ghost Whisperer, Nip/Tuck, Numb3rs, New York, Unité Spéciale, Les Experts (Miami et Manhattan), Los Angeles police judiciaire, Esprits criminels, et joue un des rôles principaux de la série Hindsight (10 épisodes en 2015)… Il a également commis six fois le rôle récurrent d’Aaron Rose dans la série Gossip Girl.

Shirley Knight (1936) a joué dans plus de 160 films et séries au cours de sa carrière audiovisuelle. Elle commence par un rôle récurrent dans la série Buckskin, et fut nominée deux fois à l’oscar de la meilleure actrice dans un second rôle (1960 et 1962). Elle a cependant préféré se tourner vers le petit écran en enchaînant sans faiblir plusieurs seconds rôles remarquables dans quelques grandes séries : Maverick, The Eleventh Hour, Au-delà du Réel, Le Fugitif (3 épisodes), Les Envahisseurs (épisode Les espions), Les Rues de San Francisco (épisode Chambre d'en face), Dr. Marcus Welby, The Equalizer (épisode Passé, présent, avenir), Arabesque (2 épisodes), etc. Plus récemment, on l’a vue dans Ally McBeal, Urgences, New York, Unité Spéciale, Cold Case, Desperate Housewives (5 épisodes)... Cette infatigable comédienne continue encore de tourner sur les deux écrans.

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9. VIVRE OU LAISSER MOURIR
(DNR)


Scénario : David Foster
Réalisation : Frederick King Keller

- My pants tell you I have diabetes ?
- No, they tell me you're an idiot.

John Henry Giles, célèbre trompettiste de jazz, est cloué sur un fauteuil roulant depuis deux ans. Pendant un enregistrement, il a une crise respiratoire et perd connaissance. Transporté à l'hôpital, il redoute une mort douloureuse, et signe un papier (un DNR) exigeant qu'il ne soit pas réanimé s'il tombe dans le coma. Hélas, c'est ce qui arrive. Mais House, bravant l'interdiction et sûr qu'il peut guérir non seulement sa maladie mais aussi sa paralysie, le réanime, ce qui lui vaut un procès. Peu de temps après, un ami de Giles arrive pour, à sa demande, le débrancher...

Cet épisode est très étrange, il fait partie de ces épisodes qui ont une intrigue guère développée, où le cas médical est insuffisamment traité, pour se concentrer sur les détails. Un tel choix est très osé car passer les détails au détriment de l'essentiel peut engendrer un épisode ennuyeux. Force nous est d'admettre que David Foster s'en sort bien en nous offrant un épisode très divertissant, riche en situations et personnages intenses.

L'intérêt de l'épisode réside dans l'opposition de quatre personnages : Foreman, Giles, Hamilton et House, les trois premiers se disputant avec le quatrième. Le quatuor donne lieu à des scènes assez fortes lors de leurs éclats de voix. Non seulement Foreman empiète sur les prérogatives de House (dirigeant le cas de Giles), mais il reçoit une proposition alléchante d'Hamilton, son ancien patron, qui lui permettrait de quitter l'hôpital et son colérique supérieur pour un poste (et un salaire) très avantageux. Par conséquent, House ne peut être que désagréable envers Foreman (et vice-versa). Le choix que fera Foreman, s'il est prévisible, n'est cependant amené qu'après de longs et instructifs dialogues entre lui et House sur les vues bien différentes sur la médecine des deux docteurs. En même temps, nous voyons le paradoxe Foreman : il partage les mêmes sentiments que House sur son métier, mais est le plus rétif de l'équipe à ses ordres. Omar Epps a bien saisi son personnage, le plus intéressant du trio qu'il compose avec Chase et Cameron (jusqu'à la saison 4 du moins).




La tension entre Giles et House est très palpable. Leurs confrontations se déroulent dans une atmosphère faussement apaisée, donnant une intensité tout à fait équivalente à un grand déballage décibelique. La tirade de Giles sur le sort des « élitistes » - le sacrifice des artistes pour son public, souvent au détriment de leurs vies personnelles - est très touchante et d’un amer réalisme ; même House semble gêné d’être renvoyé en face de lui-même, gêne qu’il dissimule avec sa froideur habituelle. Leur différend vient de la façon dont ils voient la Vie et cet affrontement calme entre eux deux apporte beaucoup à l’épisode.,Le peu de cas que House fait de la volonté de son patient est lié en réalité à un souvenir très difficile qui sera exposé dans Cours magistral. La scène finale, qui voit leur réconciliation, reste très mélancolique, avec toujours ce goût aigre-doux des fins « heureuses » de la série. Très bonne interprétation d’Harry Lennix, qui donne une grande épaisseur à son personnage. Ce qui déçoit en revanche est la confrontation entre les deux médecins. Le transparent Hamilton ne parvient pas à captiver. Simple faire-valoir binaire, on aurait pu en faire largement l'économie d'autant que David Conrad est terriblement tête à claques ici. Dans une idée similaire, Être ou paraître (saison 2) évitera mieux cet écueil, même s’il n’échappera pas à d’autres défauts.


L’ironie de House n’est pas au beau fixe : son humour noir, en petite forme, ne fait pas de contrepoint au sérieux global de l’épisode (à l’exception de la trop courte scène du procès). Heureusement, Cuddy et Wilson permettent de passer quelques bons moments, ce qui compense un cas secondaire un peu bâclé. La scène où Cuddy – plus blasé tu meurs – explique à House qu’elle savait ce qui l’attendait lorsqu’elle a engagé le diagnosticien est la plus drôle de l’épisode, surtout grâce aux mimiques des acteurs. Mentionnons aussi le gag énorme que trouve House pour ne pas aller en consultations. On notera, dans la scène d’introduction, l’apparition en guest star de la chanteuse de pop/R’n.b Brandy (Norwood). La saison 1 a trouvé un bon rythme, mais on sent que la série traîne encore un peu les défauts du formula show qui n'implique pas le public autant que la forme semi-feuilletonesque qui est aujourd'hui l'apanage de la majorité des séries actuelles. Durant la saison, la série va chercher un supplément d'âme avec plus d'audace et d'ambition, pour devenir graduellement ce chef-d'oeuvre de richesse philosophique et psychologique qu'elle est devenue.


Infos supplémentaires

Wilson dit que House a le complexe du Rubik’s cube : il veut à tout prix résoudre une énigme quand il en a une devant lui.

House appelle Foreman par son prénom, Eric, pour la première fois. C’est également la première fois qu’il nomme Wilson par le diminutif affectueux de son prénom : Jimmy.

À demi-mot, nous apprenons que Foreman vit en concubinage. Rencontre sportive nous apprendra qu'en réalité, il préfère les brèves aventures. D'autre part, il a été en internat avec Hamilton qui fut son boss pendant un temps.

Cuddy envoie des strip-teaseuses à House... du moins c’est ce qu’il prétend.

Comme le précise House, DNR veut dire Do Not Ressucitate, c’est le formulaire demandé par Giles qui consiste à le laisser mourir s’il devait sombrer dans le coma.

À la sortie du procès, House évoque la série Matlock (1986-1995). C’est une série judiciaire américaine qui met en scène un brillant avocat (joué par Andy Griffith) qui se donne le pari de gagner n’importe quel procès par tous les moyens. Il est vrai que House se comporte ici comme le manipulateur Benjamin Matlock !

Lorsque House, allongé sur le sol, écoute un disque de jazz, la musique entendue est en fait un morceau composé par Jon Ehrlich et Michael Wayne Jones : Harmon Jazz. La chanson entendue à la fin de l’épisode est le célèbre What a wonderful world de Bob Thiele et George David Weiss. Évidemment, on l’entend dans la célébrissime interprétation de Louis Armstrong.

Erreur de continuité : lorsque Giles s’évanouit dans la scène d’introduction, son chapeau tombe sur le sol, l’instant d’après, il se retrouve sur sa tête !
Erreur médicale : La SLA (Sclérose latérale amyotrophique) n'entraîne pas de déficit sensitif or dans l'épisode, le patient souffre d'une perte de sensibilité de ses jambes. Pourquoi House et Hamilton n’en ont-ils pas déduit que ce n’était pas la bonne maladie ?

Acteurs

Harry Lennix (1964), troisième du nom, est surtout connu pour avoir joué les rôles de Boyd Langton dans la série Dollhouse (27 épisodes) et Harold Cooper dans The Blacklist (36 épisodes en 2015). Il est très actif au cinéma (Matrix reloaded, Matrix Revolutions, The five heartbeats, Ray, Man of Steel, H4, Batman v. Superman, William Shakespeare's Macbeth…) et a joué dans plusieurs séries comme Urgences (6 épisodes), Ally McBeal, 24 Heures Chrono, JAG, Los Angeles police judiciaire, Emily Owens MD (6 épisodes), etc. Il a obtenu 3 Joseph Jefferson Awards en tant que comédien de théâtre.

David Conrad (1967) est célèbre pour avoir joué 107 fois aux côtés de Jennifer Love Hewitt le rôle régulier de Jim Clancy dans la série Ghost Whisperer de 2005 à 2010. Excepté des apparitions dans des films, il a été vu dans quelques autres séries comme Les Experts : Miami, The Good Wife, New York unité spéciale, Roswell (5 fois), Boston Public, Agents of S.H.I.E.L.D (7 épisodes chacun)…

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10. L'HISTOIRE D'UNE VIE
(HISTORIES)


Scénario : Joël Anderson Thompson (crédité comme "Joël Thompson")
Réalisation : Daniel Attias

- And what is the treatment for advanced ovarian cancer ?
- Pine box.

Victoria Madsen, une SDF crevant de froid, entre dans une boîte glauque pour se réchauffer, mais l'ambiance psychédélique la fait vaciller. Lorsque les policiers arrivent pour interdire la fête illégale, elle reçoit plusieurs coups et s'écroule. Transportée à l'hôpital, elle ne parvient pas à se rétablir, mais Foreman soupçonne que sa patiente simule la maladie pour pouvoir rester au chaud. Ce dernier trouve son cahier où elle a dessiné plusieurs histoires qui pourraient bien avoir un sens et expliquer sa confusion mentale...


Épisode triste à tous les sens du terme. À la fois baignant dans une atmosphère chagrine et construit sur un scénario faiblard, l’épisode tente de nouveau de mettre l’émotion au premier plan. Alors que la série réussit généralement à émouvoir, il faut avouer que là, la sauce ne prend pas.

Passée la saisissante introduction, l’épisode se complaît dans une routine classieuse. L’obstination de Foreman à penser que Victoria simule la maladie éveille la curiosité mais est contreproductif car nous savons dès l’introduction qu'elle est malade. Le suspense repose donc sur le temps que mettra Foreman à reconnaître son erreur : inefficace. Les scènes de diagnostic différentiel déçoivent : multipliées à l'excès et avec moins de housismes que de coutume, elles enferment l’épisode dans l'atonie.
La faiblesse principale d'Histories est qu’il se concentre trop sur l’examen du cas médical. Corollaire : le personnage de la patiente est complètement passé à l’as, à l’exception des dernières minutes. L'épisode ne s'attarde pas non plus sur les dessins de la patiente, leur secret n'étant révélé que lors d'une scène vite expédiée à la fin : une autre bonne piste gâchée. La révélation de la 2e maladie est cependant une bonne surprise, attirant l'attention. Curieusement, c’est le cas secondaire qui est le plus intéressant dans cet épisode. Deux étudiantes, sous le parrainage pas super chalereux de House (litote !), doivent résoudre cet hilarant cas (les mimiques de Leslie Karpman valent le coup d'oeil).


Heureusement, un coup de fouet est donné à la 25e minute : la patiente a fugué de l’hôpital et House « cuisine » un policier irresponsable cherchant à dissimuler une faute professionnelle. L'épisode prend ainsi des allures de réquisitoire contre l'abus de pouvoir des policiers, et le malaise social que constitue la mise à l'écart des SDF et des laissés-pour-compte. Ca y’est, l’épisode a trouvé sa vitesse de croisière, mais le réveil est un peu tardif !

Lorsque l’équipe trouve enfin la maladie finale, la gravité de la situation est prenante, nous prenant au dépourvu car c’est la première fois que House et son équipe sont impuissants. Les docteurs ne sont pas invincibles nous rappelle la série : même Gregory House et son équipe de choc ne peuvent empêcher l’inexorable. Tout au long de la série, House et son équipe devront digérer des échecs, ce qui rend intact le suspense de chaque épisode : on est jamais sûr que les patients seront sauvés. La révélation sur le passé de la SDF est précipitée mais reste émouvante. La scène finale rattrape le niveau en offrant une courte mais superbe fin avec Foreman consolant par un mensonge la pauvre Victoria qui souffrait d’un terrible complexe de culpabilité. Plus que Hugh Laurie, c'est Omar Epps qui est sur le devant des projecteurs, grâce aux différentes émotions que ressent son personnage. La sad end ne l’est cependant pas totalement, et nous dit que la mort n’est pas forcément une malédiction. Pour Victoria, elle est synonyme de délivrance. C’est bien joué de la part du scénariste car habituellement, la mort chez les médecins est toujours vécue comme un échec. Ici, c’était peut-être la meilleure issue possible. On est pas loin du final de l'opéra Pélleas et Mélisande de Debussy où l'héroïne quitte sereinement un monde de souffrances trop dur pour elle, Victoria part l’âme apaisée. Leslie Hope est une grande comédienne, mais n'a cependant pas grand-chose à défendre.


On regrettera que l’épisode ne se termine pas par cette scène mais par une surcharge de pathos avec la révélation appuyée de Wilson sur son frère qui ne vient vraiment pas à point.

Tout n’est pas mauvais dans cet épisode, loin de là, mais il est sans aucun doute le plus faible de la saison.

Infos supplémentaires

Deuxième échec de House. C’est ici le premier échec total car l'unique patiente décède alors que dans l’épisode Panique à la maternité, cinq des six bébés survécurent.

Nous apprenons que Wilson a deux frères. Il s'est brouillé avec l'un des deux il y a neuf ans. Depuis, il ne l'a plus revu et il ignore s'il est encore vivant. Il est encore très affecté par cette disparition. Nous aurons plus de précisions sur ce sujet dans Je dis tout ce que je pense (saison 5).

House semble avoir des notions de yiddish et connaît les mœurs juives. Lorsque Wilson dit ironiquement Mazel tov ! (Bonne chance ou félicitations), il répond Kenahora. Littéralement, ce mot signifie sans le mauvais œil. En effet, dans la culture juive, lorsqu'on adresse des félicitations à quelqu'un, ce quelqu'un, traditionnellement, atténue le compliment par un ou deux mots de souhait ou de prière pour se garder du mauvais œil. C'est une manière de rester modeste... Plus légèrement, House regarde la série Newport Beach.

Deuxième et dernière fois que House appelle Foreman par son prénom : Eric.

Foreman aurait passé son concours en obtenant la note maximale (20/20) d'après Wilson. Ses parents, mariés depuis 40 ans, sont à la retraite. Nous verrons son père dans ... Au suivant (saison 2), et sa mère dans Mauvaises décisions (saison 3). Il semble avoir bien connu les SDF, et depuis, a une sorte d'aversion envers eux.

Lorsque Foreman se rend dans le coin où "vit" la sans-abri, on peut voir une affiche vantant l'entreprise "Kaplow's". Il s'agit d'un clin d'œil à Lawrence Kaplow, un des scénaristes et producteurs de la série.

Les chansons de l'épisode sont On fire like this de Buck A. E. Down et Atom Smith, interprétée par The Mutaytor et Trip like I do de et par The Crystal Method.

Acteurs

Leslie Hope (1965) est surtout connue pour avoir joué (24 fois) Teri Bauer, la femme de Jack Bauer dans la saison 1 de 24 Heures Chrono. Diplômée d'une université en droit, elle renonce à sa carrière d'avocate en devenant actrice. Elle commence par un petit rôle dans Love Streams de John Cassavetes qu'elle suit à Los Angeles pour pouvoir intégrer son équipe. Son apprentissage terminé, elle fonde sa propre compagnie de théâtre – The Wilton Project – et continue depuis de tourner, réaliser, scénariser et produire pour le cinéma, la télévision et le théâtre. Elle a joué dans quelques films (comme le Bruiser de George A. Romero) et surtout dans des séries : Star Trek, La Vie à Tout Prix (2 épisodes), Au-Delà du Réel - l'Aventure Continue, Robocop, The Eleventh Hour, Les Experts : Miami, New York - Section criminelle (2 épisodes), Mentalist, NCIS (4 épisodes chacun)...

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11. À BOUT DE NERFS
(DETOX)


Scénario : Lawrence Kaplow et Thomas L. Moran
Réalisation : Nelson McCormick

About how big your ass has gotten lately ?

Keith Foster, 16 ans, fait une virée en voiture avec Pam, sa petite amie. Mais il se met subitement à saigner, provoquant un grave accident. Pam est indemne, mais Keith souffre toujours de l'hemorragie qui l'a saisi avant l'accident. Cuddy fait un pari avec House : pour l'obliger à reconnaître sa dépendance à la codéine, il doit tenir une semaine sans prendre d'anti-douleur, et le dispensera d'un mois de consultations s'il y parvient. House accepte, mais la douleur le fait bientôt souffrir horriblement, l'empêchant de traiter efficacement le cas de l'adolescent...

Cet excellent épisode est un sommet d'humour noir, ponctué de dialogues incisifs et de situations à fleur de peau. Le cas médical du jour cède la place à l'épreuve de House, au premier plan. Le chemin de croix du diagnosticien influe profondément sur le déroulement de l'épisode.

L'introduction est à coup sûr une des meilleures de la série avec une minute de dialogue à double sens, et trois rebondissements consécutifs en vingt secondes. Voilà un début tonique ! Évidemment le tempo se relâche ensuite mais ce n'est pas très génant car relayé par la douloureuse expérience de House. Touché dans son ego (sa plus grande qualité et son plus grand défaut) par une Cuddy qui sait comment le provoquer, il arrête le Vicodin et les choses se gâtent très vite : House devient plus irritable et difficile que de coutume (oui, oui, c'est possible !), d'où une rebellion de son équipe - dont il n'a évidemment rien à faire - Comme tentative de compensation, House crache plus de fiel que de coutume, un spectacle repoussant.

Le sevrage se manifeste par le visage de plus en plus hagard du docteur (félicitations aux maquilleuses !) et surtout par le prodigieux effort qu'il fait pour se mentir à lui-même : Déniant son addiction, il ne stoppe pas ce pari dangereux pour lui mais aussi pour Keith qui en est le dommage collatéral. Le crescendo s'opère par des scènes de plus en plus fortes : inattention, halètements pathétiques, scène avec la jolie masseuse, puis un premier pic de tension lorsqu'il lâche une blague noire à la limite de la méchanceté pure, indignation de la sensible Cameron à la clé. C'est sans doute à ce moment-là qu'il réalise sa dépendance irréversible, mais l'ego du diagnosticien continue de batailler contre sa raison en ne voulant pas donner satisfaction à Cuddy, allant jusqu'à l'auto-mutilation pour calmer la douleur !


Après la douleur physique, le psychologique prend le relais. House décide carrément de jouer avec la vie du patient pour prouver qu'il a raison et devient d'une antipathie incroyable. Cuddy, pourtant habituée à ses frasques, en est dégoûté. C'est la première fois qu'il va aussi loin dans la noirceur, et en cela, Hugh Laurie anticipe le comportement de son personnage durant les saisons suivantes où il repoussera sans cesse les limites, quitte à perdre la sympathie du spectateur (la série est fidèle à donner du plaisir et non du confort au spectateur). Parallèlement, il devient totalement méconnaissable, transpirant, souffrant à chaque pas. Il provoque ainsi une émotion complexe sur le spectateur qui ne sait s'il veut le voir capituler ou résister, soit tout à fait un genre de situation que n'aurait pas renié Sir Alfred Hitchcock, maître de l'ambiguité. On peut regretter alors que la scène avec le chirurgien soit anticlimatique car cassant la relation complexe que House entretenait avec le spectateur. Malgré cela, le passage est réussi car House n'est jamais aussi régalant que quand il sabote sans subtilité une opération qui lui vaut un coup de poing dans la tronche ! Immense Hugh Laurie dans cette très expressive descente aux enfers de son personnage.

La scène la plus intéressante se revèle la dernière où House reconnaît enfin sa dépendance. Mais House est House, et donc déclare qu'il n'a pas de problème : il est accro à la codéine et alors ? Du moment qu'il fait son boulot et que ça calme sa douleur, pourquoi arrêterait-il d'en prendre désormais ? Cette coda dont il sort totalement indemne et sans en tirer de leçon est d'un amoralisme et d'un pessimisme stupéfiant, et à contrecourant du dépassement de soi-même via les leçons apprises de ses erreurs (une pierre fondatrice de l'american way of life).
On remarquera quelque chose d'important : House, aveuglé par la haute opinion qu'il a de lui-même, ne tire jamais des leçons de ses échecs, et cela lui sera préjudiciable à plusieurs reprises, notamment lorsque Stacy entrera en scène.


Le cas Foster est très agréable à suivre. Malgré quelques longueurs et des dialogues assez mièvres entre les deux amoureux, heureusement rares, (Amanda Seyfried, pas encore la célébrité qu'elle est maintenant est certes excellente, mais Nicholas d'Agosto est très plat), la complication de la maladie, tout en suspense, et les quelques scènes d'électrochoc (vomissement brutal, foie pourri ou l'autopsie de "Jules") dynamisent à intervalles réguliers le tempo de l'épisode. Tous les personnages et acteurs tiennent une forme olympique à l'exception d'une Jennifer Morrison en surjeu : Foreman révolté, Chase malaisé, Wilson cynique, Cuddy, froide et révulsée.. la tension est partout et ne se relâche pas. L'ironie, maîtresse de l'épisode, domine tout, y compris le twist final. L'épisode attaque aussi à mots couverts le manque de moyens dans les hôpitaux qui ne servent pas toujours une nourriture convenable. Detox ouvre une fenêtre sur les futurs grands chefs-d'oeuvre noirs de la série.

Infos supplémentaires

Premier épisode où House se fait frapper, ce ne sera pas la dernière !

Première apparition du Dr.Hourani, joué par Maurice Godin. Il apparaîtra dans 3 autres épisodes de la série : Tout seul (saison 4), 16 heures de la vie d'une femme, et Comme à l'école (saison 6).

L'introduction, qui débute par une scène de lit entre un garçon et sa petite amie, n'est pas sans rappeler celle de Cherchez l'erreur. Dans les deux cas, c'est la fille qui domine ! Il y'aura d'autres introductions "sexuelles" qui dégénereront dans la série.

D'après House, Wilson n'a jamais "emballé" au lycée. Par contre, nous ne savons pas si House était dans le même cas !

Chase est un garçon issu d'une famille aisée tandis que Foreman vient d'une famille plus modeste. Foreman a cependant un beau cursus derrière lui : quatre années de faculté, quatre années d'école de médecine, deux années d'internat et quatre années de spécialisation !

House, d'après lui-même, fait fuir les gens depuis qu'il a trois ans. À la fin de l'épisode, il reconnaît être addictif à la codéine mais dit que cela ne lui pose pas de problème.

Deux chansons dans l'épisode : Feelin' Alright de Dave Mason, interprété par Joe Cocker, et You don't have to worry par Wayne Jones et Windy Wagner, chantée par cette dernière.

Acteurs

Nicholas d'Agosto (1980) a baigné très tôt dans le théâtre et dans les spectacles musicaux. Diplômé en Histoire et en théâtre, il choisit une carrière d'acteur et obtient son premier rôle dans le film L'Arriviste. Depuis, il joue aussi bien au cinéma (Destination Finale 5...) qu'à la télévision où il a joué dans des séries comme Six Feet Under, Cold Case, Supernatural, FBI : Portés Disparus, Grey's anatomy (2 épisodes), Urgences (2 épisodes), The Office, Gotham (3 épisodes chacun), etc. Ses rôles les plus connus sont West Rosen, dans Heroes (9 épisodes) et Ethan Haas dans Masters of sex (14 épisodes).

Amanda Seyfried (1985) est une des comédiennes les plus prometteuses de sa génération. Sa vocation naît quand elle regarde à 10 ans Romeo + Juliette de Baz Luhrmann (avec Leonardo di Caprio). Elle commence toutefois comme mannequin tout en prenant des cours de chant et de comédie. Elle débute sur le petit écran grâce au rôle de Lucinda Montgomery dans le soap opera As the World Turns (27 épisodes), mais elle se fait vraiment remarquer en jouant un second rôle dans le film Lolita malgré moi. Pressentie pour jouer le rôle éponyme de la série Veronica Mars (qui échut à Kristen Bell), elle apparut dans cependant 11 épisodes de la série (rôle de Lilly Kane). Ayant reçu plusieurs récompenses, elle continue sa fructueuse carrière jouant dans des films comme Nine lives, Mamma mia !, Jennifer's body, Le chaperon rouge, Time out, Les Misérables, Lovelace, Albert à l'Ouest... Elle n'a joué que dans peu de séries sauf le rôle majeur de Sarah Henrickson de la série Big Love (43 épisodes)...

Mark Harelik (1951) est un acteur de télévision, de théâtre et des musicals de Broadway. Il est également dramaturge (sa pièce The Immigrant fut en 1991 un succès phénoménal dans tous les Etats-Unis). D'abord au théâtre, il ne vient vraiment devant le petit écran qu'à partir de 1993. Il a obtenu un rôle récurrent dans Getting on (10 épisodes) et a joué dans de nombreuses séries : Star Trek : Voyager, Angel (épisode Les coulisses de l'éternité), Les Experts : Miami, Desperate Housewives, Six Feet Under, Numb3rs, Grey's anatomy, Bones, Urgences, Medium (épisode Le cougar), Breaking bad (épisode Kafkaïen), Lie to me, The Good Wife, Scandal, Castle, Mentalist... et beaucoup d'autres ! On l'a peu vu au cinéma, mais on peut noter qu'il joue un petit rôle dans Jurassic Park III.

Maurice Godin est un acteur canadien connu pour ses participations à Robocop, Seinfeld, Lois & Clark, The practice, Spin City, Ally McBeal, Alias (épisode Véritable identité), NIH alertes médicales, Monk, Friends, Chair de Poule (2 épisodes chacun), Malcolm, Jericho, Tell me you love me (épisode 3), Los Angeles police judiciaire, Suits : avocats sur mesure, etc.

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12. RENCONTRE SPORTIVE
(SPORTS MEDECINE)


Scénario : John Mankiewicz et David Shore
Réalisation : Keith Gordon

- See ? Steroid use shrinks the testicles.
- I am clean, man - no steroids, no nothing.
- Your lips say no, your prunes say yes.

Hank Wiggen, champion de baseball, tourne un clip de prévention contre la drogue ; lui-même est un ancien drogué. Mais pendant le tournage, l'os de son bras se casse net. House est certain qu'il continue à se droguer aux stéroïdes ce qui expliquerait son ostéoporose (os d'une excessive fragilité) mais son épouse et lui-même démentent. Les analyses faites montrent qu'ils disent vrai. Pendant ce temps, House cherche quelqu'un pour l'accompagner à un match...

Bon épisode renouant avec le thème du secret plus ou moins honteux du patient, qui a déjà fait le succès de plusieurs épisodes. Tout au long de l'intrigue, le déroulement du cas médical ne nous ennuie jamais. L'histoire du jour a beau être classique, elle n'en est pas moins plaisante à suivre.

Le patient du jour, assez rétif, capte tout de suite notre attention par le sourd conflit qu'il instaure entre lui et ses médecins. Tout au long du premier quart d'heure, riche en dialogues acides, la tension est bien perceptible. La complication du cas (rein pourrissant), routinière dans la série, est cependant réhaussée par le dilemme de la situation : Lola est enceinte, elle accepterait une IVG pour donner un rein à son mari, mais Hank refuse : il veut son enfant (ils ont eu du mal à en avoir un), quitte à y laisser la vie. Scott Foley passe complètement à côté de son personnage, avec des mimiques outrancières. Mais Meredith Monroe est sobre juste ce qu'il faut. C'est là qu'on s'aperçoit de l'étendue de la sécheresse sentimentale du docteur : pour lui, une IVG est quelque chose de normal, il n'y voit qu'un moyen de guérir le champion, et non pas la mort d'un enfant/foetus. Mais cette absence de compassion est caractéristique de ce personnage qui ne cherche pas à être aimé ou approuvé. La conversation qui s'ensuit entre House et Hank est tendue : le premier veut outrepasser la volonté du deuxième (House et le serment d'Hippocrate, ça fait deux). Lorsqu'arrive la pirouette finale, on se dit que tout le programme a été suivi à la lettre, mais qu'on a eu droit à de bonnes surprises : la fausse piste de l'entraîneur (Art LaFleur, qui ressemble étonnamment à Guy Roux) est bien trouvée. L'épisode fait réfléchir par ses sujets : l'avortement - l'épisode ne tranche pas, mais admet au moins son utilité dans les cas "extrêmes" - les cas de conscience, et la confiance en l'autre avec l'harmonie du couple Hank-Lola brutalement fragilisée par les évènements. Tout cela crée un contraste avec la détente des scènes secondaires, drôles et bon enfant.


La redoutable performance de Hugh Laurie de l'épisode précédent pouvait laisser penser qu'il subirait un contrecoup. Il n'en est rien : souffrant ou pas, House n'est jamais infidèle à sa réputation. On retrouve ses échanges électrisants avec Cuddy (Si vous voulez vraiment me contrarier, demandez-moi un truc que je peux accepter !). Sans oublier une scène tordante : House tente de partir un quart d'heure en avance, mais Cuddy l'en empêche car il y a quatre patients à traiter en consultation. Une minute plus tard, il a diagnostiqué tout le monde, laissant une Cuddy sciée ! Ses réparties face à son patient et surtout face à son équipe sont plus énergiques que de coutume, un vrai régal de dialogues qui fusent. D'autres scènes comme celle où Cameron, Chase et Foreman discutent de leur boss, notamment de sa sexualité, ne sont immanquables !

En parallèle, deux petites histoires pimentent l'épisode : Foreman vient de sortir d'une nuit d'amour avec une jolie black, leur petite discussion entre eux est très savoureuse. Moment à déguster car la vie privée des protagonistes de la série, contrairement aux autres séries médicales, n'est que très rarement mise en avant (du moins dans les 4 premières saisons). Cette histoire est source de quelques scènes d'humour : House s'étonnant que Foreman s'excuse pour un retard de seulement deux minutes, ou pendant la scène du restaurant, quand il débarque chez ses subordonnés sans avoir été invité et cherchant à deviner lequel des trois (Cameron comprise !) couche avec la fille ! Mais ce qui est le plus intéressant, c'est House qui veut absolument inviter Wilson puis ses collaborateurs à une course de Monster truck (course de 4x4). On notera que House exprime rarement des émotions devant des situations difficiles, mais ce simple refus semble l'embêter profondément (bon, il faut dire qu'il a payé très cher les places) ! Finalement Cameron acceptera l'offre, et, autre surprise, fèle sa posture de Sainte-Nitouche en se "lâchant" quelque peu. Mais il faudra attendre Partie de chasse (saison 2), pour la voir vraiment à l'opposé de son image habituelle. Très craquante, Jennifer Morrison force toutefois son jeu. On préferera ses collègues masculins.


Toutefois, un certain malaise naît de cette histoire d'invitation car Wilson a menti à House pour ne pas aller au show pour des raisons assez délicates. Raisons qui font disparaître la morgue de House, pour une fois gêné et hésitant. C'est la première fois que nous entendons parler de cette personne qui apparaîtra bientôt dans la série. Encore un peu de patience...

Infos supplémentaires

Première référence à "Stacy", une avocate en droit constitutionnel avec qui doit dîner Wilson. Nous apprendrons plus tard (dans l'épisode Cours magistral) qui est réellement Stacy.

Première apparition de la canne noir et argent de House (à la toute fin), on ne la verra cependant plus avant l'épisode Douze ans après (saison 2).

Bryan Singer, réalisateur et producteur de la série, fait un caméo dans l'introduction : il joue son propre rôle en interprétant le réalisateur du spot.

Le titre VF est ridicule : il ne correspond à rien.

La vie privée de Foreman est pour une fois évoquée : il est célibataire, mais a quelques aventures. Une boîte de preservatifs magnum coûte 5.57 $ d'après Sharon : le plaisir n'a pas de prix !

Premier rendez-vous entre Cameron et House. Il est purement amical bien qu'on puisse sentir les sentiments de la doctoresse envers son patron. House est un fan de courses de monster truck. Cameron, moins, mais ça semble quand même lui plaire.

Pendant la discussion au café, l'équipe de House s'interroge s'il voit des prostituées ou pas. Les saisons suivantes nous apporteront la réponse à cette question.

Cuddy dit ironiquement que sa raison de vivre est de s'opposer incessament à House. L'épisode Culpabilité (saison 2) nous apprendra cependant qu'elle s'en veut de toujours avoir cette attitude.

L'épouse de Scott Foley (Hank), Marika Dominczyk, jouera dans l'épisode Flou artistique (saison 5).

Erreur de continuité : dans la scène du dîner au restaurant, Cameron tient la fourchette de la main gauche et le couteau à la main droite. L'instant d'après, elle tient la fourchette à la main droite et rien à la main gauche.

House dit en VO " I'm Dr. House, and this is the coolest day of my life. " C'est une distorsion de la fameuse phrase de Jack Bauer dans la saison 1 de 24 heures chrono " I'm Federal Agent Jack Bauer, and this is the longest day of my life." House fera de temps à autre référence à l'insubmersible agent de la CAT de Los Angeles. Après Panique à la maternité, il y a une nouvelle référence à Usual Suspects de Bryan Singer (cette fois par Chase).

Pas moins de quatre chansons dans l'épisode : "You Better Stop" par Wayne Jones et Robbie Wyckoff, chantée par Robbie Wyckoff. "I Never Saw It Coming" et "I Found Out" par Wayne Jones et Windy Wagner chantées par cette dernière. "I'm Not Afraid To Tell You" par Wayne Jones et Melanie Taylor chantée par cette dernière.

Acteurs

Scott Foley (1972) perça sur le petit écran en jouant 84 fois Noel Crane, un des rôles principaux de la série Felicity, et en tenant le rôle principal de Bob Brown de la série The Unit : Commando d'Élite (69 fois). Son rôle cinématographique le plus connu reste celui de Roman Bridger de Scream 3. À ce jour, il a joué des rôles récurrents dans plusieurs séries comme Dawson (5 épisodes), Scrubs (12 épisodes), Cougar Town (4 épisodes), Grey's Anatomy (15 épisodes), True Blood (10 épisodes). Son role le plus connu est celui de Jake Ballard dans Scandal (41 épisodes).

Meredith Monroe (1968) est surtout connue pour avoir joué à 69 reprises le rôle d'Andie McPhee (16 ans dans la série soit 13 ans de moins que son interprète !) dans la série adolescente Dawson. Elle commenca à apparaître sur les écrans à la fin des années 90. Elle a davantage tourné dans des séries que dans des films. On a pu la voir dans Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Hawai 5-0 Cold Case, Bones, Californication (épisode Vaginatown), Mentalist, NCIS, NCIS : Los Angeles, Esprits Criminels (14 épisodes), The Closer L.A. (épisode Conflit parental) etc.

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13. LE MAUVAIS ŒIL
(CURSED)


Scénario : Matt Witten et Peter Blake
Réalisation : Daniel Sackheim

— How would you feel if I interfered in your personal life ?
— I'd hate it.
That's why I cleverly have no personal life.

Lors d'une séance de spiritisme entre adolescents, la ouija (planchette de bois permettant aux esprits de s'exprimer) révèle que l'un d'entre eux, Gabriel Reilich, mourra dans l'année. Une semaine plus tard, il attrape une forte fièvre et son état s'aggrave subitement. Rowan Chase, célèbre rhumatologue vient rendre visite à son fils, mais Robert n'apprécie pas son arrivée. House s'interroge sur le motif de cette venue subite...

Cet épisode est intéressant au niveau de la construction scénaristique, qui sait toujours nous captiver : nous sommes d'abord curieux du vindicatif personnage de Jeffrey, le père de Gabe, puis de l'énigmatique Rowan Chase ; puis, dans un subtil contrepoint, du parallèle entre les deux rapports filiaux, donnant une scène finale d'une grande beauté. L'interlude du secret de Jeffrey achève de donner à l'épisode une architecture solide mais qui ne laisse pas place à des scènes très vives ou originales.

L'introduction où l'adolescent tombe malade après avoir été maudit pouvait laisser présager beaucoup, mais l'épisode ne suit pas dans cette veine (pseudo-) fantastique. C'est dommage car on aurait eu un épisode atypique, mais La malédiction reste un simple McGuffin, qui ne sera plus abordé par la suite. Jeffrey Reilich, colérique et bouillonnant, est la première chose qui nous frappe. Comme Margo Davis (Empoisonnement), il est trop protecteur vis-à-vis de son fils. Cachant un honteux secret sous des dehors ostentatoires et autoritaires. S'énervant, gesticulant, criant parfois, il gène profondément le travail des médecins et cet antagonisme donne de la force à l'épisode. On peut cependant regretter qu'il reste à cette attitude excessive, sans réel changement. Nestor Carbonell déçoit, cabotinant à l'excès une fois l'effet de surprise passé. On préférera Tracy Middendorf, une comédienne hors de pair encore trop sous-employée, dans un rôle hélas anecdotique.

C'est l'autre père, celui de Chase, qui est le plus intéressant.

Dès son entrée, on pressent un malaise, qui n'est pas désamorcé par les déductions "holmesiennes" et ironiques de House. D'ailleurs, Rowan se montre très mystérieux : ses dehors calmes, son air de vieux sage, intriguent. Il se contente de participer aux séances de diagnostic, et d'essayer de discuter sereinement avec son fils qui s'y refuse, trouvant tous les prétextes possibles pour éviter de lui parler. Rowan lui-même, ne dit à aucun moment qu'il regrette ce qu'il a fait. On ne saura pas si c'est le cas ou pas, le personnage demeurant assez sphinx. Ce mystère, la fine écriture des dialogues et la prestation des comédiens font du passage obligé (et parfois lourd) de la famille dysfonctionnelle, une histoire divertissante.

La grande scène de l'épisode est évidemment le déballage de Chase, qui lâche ses quatre vérités à son paternel. Puis, disant à House, de manière moins passionnée mais toujours avec autant de force, ce qu'il ressent réellement envers son père. Cette relation qui s'apparente à de l'amour-haine sans qu'elle le soit pour autant est vraiment bien trouvée. Elle montre la difficulté du pardon, et plus terriblement : l'indifférence sèche, la négation des sentiments comme antidote aux souffrances psychologiques : Chase fuit son père car il ne veut plus souffrir à cause de lui. Ce choix confirme son sentiment permanent de peur qu'il avait déjà avoué à Sœur Augustine dans L'erreur est humaine, et qu'il confirmera plus tard par différentes attitudes de traîtrises ou de lâcheté. Attitudes motivées par son désir d'ambition mais surtout à cause de sa peur intérieure. Ce faisant, Chase montre le point commun qu'il a avec House : il est toujours dans une fuite en avant, se noyant dans son travail...



La scène finale est un faux happy end dans toute sa splendeur : Chase quitte son père l'âme plus apaisée, mais pas guérie ; rien ne s'est vraiment passé entre eux. Si grâce au comportement de Gabriel, déçu par son père qui n'avait jamais voulu lui dire son humiliant secret, il fêle la glace entre lui et le rhumatologue, on sent bien que la blessure ne cicatrisera jamais (et l'épisode L'Erreur en saison 2 confirmera l'échec de leur lien)... Patrick Bauchau, énigmatique, avec un jeu monolithique impressionnant, marque durablement ses temps de présence. À l'inverse, Jesse Spencer est en force contenue, en pleine tension nerveuse. Leur talent éclate dans leurs intenses scènes communes.

Le cas médical se regarde sans peine, malgré un second patient non développé (David Henrie, le fils de Ted Mosby pour les amateurs de How I met your mother). On notera une scène de bravoure : l'équipe, en état d'urgence, devant débloquer la respiration de Gabe aidée par Cuddy (une première). Cette scène, inhabituellement longue, énergise l'épisode. La recherche policière de la maladie, avec Chase s'improvisant en Sherlock Holmes est suffisamment prenante pour que l'on soit pleinement dans l'épisode. Comme d'habitude, l'humour noir de House fait merveille, se montrant désobilgeant dans des moments qui demanderaient pourtant plus de tact - quand il cuisine Chase par exemple - On regrettera l'absence de cas secondaire extravagant qui aurait pimenté l'épisode.

Infos supplémentaires

Nous en apprenons plus sur Chase : il ne supporte pas son père qui a divorcé et quitté sa mère il y a quinze ans. La mère de Chase sombra dans l'alcoolisme et mourut cinq années plus tard. Si Chase ne déteste pas son père, il l'a trop déçu et le désigne comme responsable de la mort de sa mère. Rowan Chase, le père de Robert, est un rhumatologue renommé. Atteint d'un cancer du poumon en phase 4 (terminale), le Dr.Wilson lui donne trois mois à vivre. Il mourra en fait seulement deux mois plus tard dans l'épisode L'erreur (saison 2). Il est australien mais d'origine tchèque.

House a une excellente oreille car il trouve rapidement quel est l'accent de Rowan Chase en l'écoutant parler (tchèque avec 30 années d'Australie).

Première fois que nous voyons Cuddy participer activement à une opération sur un patient.

Quatre erreurs médicales :
– Le nerf ulnaire ne passe pas par le canal carpien contrairement à ce que dit House.
– La thalidomide ne s'injecte pas en intraveineuse comme le dit House, uniquement par pilules ou injection.
– Chase (Jr.) dit que les médicaments utilisés pour l'anthrax soignent aussi la lèpre. Ce n'est pas le cas.
– Chase, encore, dit que l'anthrax ne peut causer des nodules respiratoires. En réalité, c'est possible.
Erreur historique : House demande qu'on aille chercher la thalidomide dans la léproserie de Carville. Problème, elle est fermée depuis 1998 ! (L'épisode date de 2005)
Erreur de continuité : dans le dernier diagnostic différentiel, Rowan Chase est, d'un plan à l'autre, tantôt debout, tantôt assis.

Acteurs

Patrick Bauchau (1938) est le fils de l'écrivain belge Henry Bauchau (et beau-frère de Brigitte Bardot). Polyglotte (il parle cinq langues couramment), il a mené sa carrière en Europe aussi bien qu'en Amérique. Son premier grand rôle est celui d'Adrien dans La Collectionneuse d'Eric Rohmer qu'il a co-dialogué. S'ouvre alors dans les années 80 une fructueuse carrière internationale pour ce comédien réputé, avec des films comme Dangereusement vôtre (Scarpine), puis vinrent Phenomena, Conseil de famille, Le Maître de musique, Lisbon Story, Panic Room, Ray, 2012... Il a joué dans beaucoup de séries, son rôle le plus emblématique étant celui de Sydney dans Le Caméléon (86 épisodes). On citera aussi Colombo, Arabesque, Nestor Burma, Les Experts : Manhattan, Alias (2 épisodes : A l'air libre, et L'Horizon), 24 heures chrono, Castle, Numb3rs, Burn notice... Soit en tout plus de 140 séries et films différents.

Nestor Carbonell (1967) est particulièrement réputé pour avoir joué à 34 reprises l'ambigu Richard Alpert dans la série Lost : les Disparus. Sa carrière d'acteur se joue principalement dans les séries télé. Il a ainsi tenu trois rôles principaux : Luis Rivera dans Suddenly Susan (93 épisodes), Victor Machado dans Ringer (17 épisodes), et Alex Romero dans Bates Motel (21 épisodes en 2015). Mais il a joué aussi dans New York, Police Judiciaire, Melrose Place, Ally McBeal, Scrubs, Monk, DayBreak, Cold Case (3 épisodes), Person of interest, The Good wife, etc. Il a joué quelques seconds rôles au cinéma comme le major Garcia dans The Dark Knight : Le Chevalier noir.

Tracy Middendorf (1970) est un des meilleurs seconds rôles américains télévisuels. Elle obtient son premier rôle en jouant temporairement le personnage de Carrie Brady dans le téléfilm et le soap opera Des Jours et des Vies. Depuis, elle enchaîne les seconds rôles d'importance à la télévision. Elle a peu joué au cinéma mais on a pu la voir interpréter Julie dans Freddy sort de la nuit, 7e volet de la franchise Freddy ou dans Mission : Impossible III (Ashley). Elle est plus active dans les séries comme dans Beverly Hills (6 épisodes), Arabesque, La vie à tout prix, X-Files (épisode La morsure du mal), MillenniuM (épisode L'oeil de Darwin), Six Pieds sous Terre, JAG, Cold Case, NIH : Alertes Médicales, Mentalist, Bones, NCIS, Esprits criminels, Ally McBeal (2 épisodes), Lost (2 épisodes), 24 heures chrono (4 épisodes), Boardwalk Empire (9 épisodes), Scream (9 épisodes en 2015)... qui ne sont que quelques titres de sa longue liste de rôles. Elle a joué également Tina dans le pilote d'Angel, peut-être son rôle le plus connu.

Daryl Sabara (1992) est apparu devant une caméra dès sa naissance dans la série Murphy Brown ! Il n'est donc pas étonnant qu'il se soit engagé dans la voie d'acteur assez vite ! Il a commencé à apparaître au cinéma dans la franchise Spy Kids (Juni Cortez) puis dans Pôle express, Un drôle de Noël de Scrooge, Machete, John Carter... Parallèlement, il a joué dans beaucoup de séries (une soixantaine à l'âge de 20 ans !) comme Roswell, Will and Grace, Friends, Esprits Criminels, The Closer (épisode Un enfant enragé), Weeds (7 épisodes), Grimm etc.

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14. CHANGEMENT DE DIRECTION
(CONTROL)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Randall Zisk

— I need you to wear your lab coat.
— I need two days of outrageous sex with someone obscenely younger than you. Like half your age.

Carly, 32 ans, PDG d'une entreprise et bourreau de travail, est soudain prise en pleine réunion de violentes douleurs à la jambe. Princeton-Plainsboro est chamboulé par l'arrivée d'Edward Vogler. Ce milliardaire, contre 100 millions de dollars, devient président du conseil d'administration de l'hôpital. Vogler voit la santé comme un business : il faut guérir le plus possible pour bien la vendre. Ainsi, dès son arrivée, il entretient un contact tendu et difficile avec le sardonique diagnosticien qui l'irrite par son anti-conformisme, et par le fait qu'il ne soigne pas beaucoup de patients...


Épisode décevant. Malgré l'entrée en scène d'un nouveau personnage dont la présence n'a d'égal que sa corpulence, il faut admettre que le scénario repose trop sur son arrivée. Du coup, le cas médical du jour se trouve moins pensé. Les scènes trop rallongées témoignent de ce sentiment de remplissage. Cependant, quelques moments assez tendus, et l'inititation d'une exploration psychologique du trio de docteurs vont permettre à Changement de direction d'éviter le fiasco total.

Le cas clinique de Carly est inintéressant au possible : diagnostics, échecs, améliorations... s'enchaînent mollement. La patiente n'a pas grand-chose à cacher et n'a aucun trait de caractère particulier. L'interprétation déchirante de Sarah Clarke est un exemple type d'une actrice plus intéressante que son personnage. Les docteurs, sauf Cameron (Jennifer Morrison est plus convaincante qu'à l'habitude), se mettent en mode automatique, on les oublie assez vite. Le cas secondaire est aussi peu reluisant. Heureusement, notre docteur favori est le moteur de plusieurs scènes intenses : D'abord, sa première scène avec Carly est plutôt réussie, il demande d'elle une sincérité totale, de dépasser sa honte (plus psychologique que réelle) pour qu'elle retrouve le goût de vivre à tout prix, toutefois moins par altruisme que par raison médicale. La scène n'est pas un pep talk optimiste mais plutôt une tirade stressante faite pour qu'elle craque (méthode House) ! Le final, avec un House inhabituellement doux, est le pendant apaisé de cette scène, donnant un chiasme dramatique réussi. Entre les deux scènes, celle du comité de greffe (avec une Cuddy inquiétante) est d'une tension très forte : House met son avenir professionnel en jeu en mentant effrontément pour sauver sa patiente.


Il y a aussi la "traîtrise" de Chase qui confirme que la peur et l'ambition sont les sentiments dominants chez lui ; il est prêt à tout pour se faire bien voir, quitte à avoir une attitude de "lèche" qui se confirmera dans les épisodes suivants avant que son évolution - sous l'influence de Cameron et House le tirent hors de cette attitude négative. On assiste ici au début d'un intéressant parcours psychologique. Quant à Cameron, à l'instar d'une Tara King, elle commence à dévoiler ses sentiments envers son patron. Les personnages se craquèlent, atténuant la froideur clinique de leurs portraits passés. Sans doute la série avait-elle besoin d'un délai pour mieux appréhender leurs personnages. On verra qu'à l'inverse, la seconde équipe de la saison 4 sera instantanément sur les rails, preuve d'une plus grande aisance d'écriture de la part des scénaristes.

Le sujet majeur de l'épisode est Edward Vogler. Ce personnage, sous des dehors débonnaires, s'avère prodigieusement antipathique de par sa tendance ultra-libérale. Ce milliardaire ne voit que le côté business des choses. Tout est business et la Santé doit être pour lui un service rentable : il faut guérir beaucoup et vite, ce qui n'est pas sans rappeler quelques méthodes de management de triste mémoire encore en cours aujourd'hui. La rentabilité à tout prix détruit la vision humaniste de l'art de la médecine qui consiste à sauver des vies. Cuddy elle-même cache mal son malaise quand elle commence à découvrir la face sombre de Vogler. Mais que peut-elle faire face au pouvoir de l'argent ? Lisa Edelstein brise pour la première fois le cynisme de Cuddy pour mettre l'accent sur son côté plus humaniste.
La réaction de House est intéressante : si froid et détestable soit-il, il a toujours à cœur de guérir une maladie, et s'il le faut, d'y consacrer tout son temps, son énergie, son argent (parfois sa vie même). Vogler, lui, n'est intéressé ni par les maladies ni par les patients : sa volonté de fermer le service de House, non rentable, en dit long. Sa volonté de transformer l'hôpital en laboratoire d'essais thérapeutiques choque profondément House qui juge cette orientation contraire à "l'éthique", terme pourtant peu familier dans sa bouche (excellent dialogue à l'humour noir avec Wilson). L'épisode tire sa force de ses thèmes toujours actuels : l'ostentation de certains riches à montrer leur "charité", le triomphe des apparences doucereuses qui cachent un esprit bien moins bienveillant que l'on pourrait croire. Voilà des sujets tout à fait propres à une autre série : Le Prisonnier, qui dénonçait déjà en 1967 la fausseté des dirigeants et des relations humaines. Il y'a en effet du Numéro 6 chez Gregory House... En réalité, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une OPA : Vogler achète du pouvoir pour satisfaire son désir de puissance même s'il est hors de doute qu'il tient sincèrement à aider la Recherche. Ainsi, s'aveuglant volontairement sous ses belles apparences, n'a-t-il aucune honte de ce qu'il fait. La scène finale nous montre que House n'a pas peur de lui, même après le frisson menaçant que fait passer Vogler lors de sa dernière pique. En passant, House jouant le générique des Experts : Manhattan au synthétiseur est un amusant clin d'oeil à CSI, série dont House n'a jamais caché l'influence.


Toutefois, le beau soin apporté à ce changement est affaibli par la description binaire de Vogler, dont on sent trop qu'il ne sert que de repoussoir pour faire dire au spectateur que finalement House n'est pas si noir que ça. Mais nous sommes dans les tous premiers pas de la série, au sujet et au héros déjà extrêmement audacieux, et l'on comprend que David Shore ait voulu se rassurer par cette facilité pour ne pas trop choquer le public des grandes chaînes, plus amateur d'héros aseptisés que ceux du câble. Il n'aura d'ailleurs plus jamais recours à une telle stratégie (Tritter aura une tout autre stature). D'ailleurs l'entrée en scène de Vogler où il narre sa vie (avec violons grinçants de rigueur !) est franchement manquée, d'autant que Chi McBride n'est absolument pas crédible. Ce n'est que lorsqu'il entre en conflit avec le héros que ses airs faussement bonhommes font mouche. En lui-même, il faut avouer que le scénario de l'épisode reste assez plat et que la mise en scène est souvent bancale et peine à donner tout le suspense voulu. Un épisode pas mauvais, mais en-dessous de la qualité habituelle.

Infos supplémentaires

Première apparition sur cinq épisodes du personnage d'Edward Vogler (Chi McBride) qui devient ainsi le premier personnage récurrent de la série.

Sunny Mabrey (Jenny) était alors l'épouse d'Ethan Embry qui jouera Mickey, le patient de Brouillages (saison 6). Ils ont cependant divorcé en 2012.

Vogler insinue que Cuddy aurait déjà couché avec House. Curieusement, Cuddy se garde bien de répondre. Nous saurons dans l'épisode L'homme de ses rêves (saison 3) qu'ils ont en fait déjà passé une nuit ensemble quand ils étaient à la fac.

Le service de House, nécessaire mais peu rentable (un patient par semaine environ) coûte trois millions de dollars par an à l'hôpital même si, comme le dit Cuddy, il trouve à chaque fois le diagnostic.

House aime jouer au yo-yo et a vu tous les films d'horreur jamais réalisés.

Chase flirte avec Jenny, une collègue. Il passe souvent ses vacances à faire du snowboard à Gstaad (Suisse).

Cameron a une tante : Elysa, qui vit à Philadelphie. Dans cet épisode, elle appelle ses collègues "Eric" et "Robert". En retour, ils l'appellent "Allison".

Il existe un autre Dr.Wilson à l'hôpital, il est ophtalmologue.

Le patient secondaire, le père muet et son fils, portent le nom de famille de van der Meer ; c'est un clin d'œil à Gerrit van der Meer, un des producteurs exécutifs de la série.

Lorsque House évoque comme signe de mauvais augure un chœur de garçons et deux jumelles de six ans devant un ascenseur ensanglanté, il s'agit de références respectives à La Malediction (de Richard Donner) et à Shining (de Stanley Kubrick). Foreman, lui, évoque la série L'Île des Naufragés (en VF, ça devient Bambi !).

Deux chansons dans l'épisode : Hava Nagila, une chanson juive traditionnelle chantée par The Klezmer Fiesta, et Baba O'Riley de Pete Townsend interprété par The Who (chanson du générique de CSI : NY).

Acteurs

Sarah Clarke (1972) est surtout connue pour avoir joué Renée Dwyer, la mère de Bella Swan (Kristen Stewart) dans l'adaptation cinématographique des tomes 1, 3 et 4 de Twilight. Elle est connue aussi pour avoir interprété Nina Myers dans 24 heures chrono (36 épisodes) Etudiante en Italien, Beaux-Arts et photographie, elle prit des cours de théâtre avant de connaître la notoriété grâce à 24. Elle a joué dans quelques séries comme Sex and the City, Life, Las Vegas, Nikita (3 épisodes), Covert affairs (10 épisodes), etc. et alterne séries et cinéma.

Chi McBride (1961) en dehors du rôle de Vogler, est surtout reconnu pour avoir joué Emerson Cod dans la série Pushing Daisies (22 épisodes), Winston dans Human Target : la Cible (25 épisodes), et Lou Grover dans Hawai 5-0 (32 épisodes en 2015). Son prénom "Chi" est en fait le diminutif de Chicago, sa ville natale (son vrai prenom est Kenneth). Il a enchaîné des rôles recurrents dans des séries populaires comme The John Larroquette Show (84 épisodes), Boston Public (81 épisodes), Killer Instinct, The Nine (13 épisodes chacun), How I met your mother, Suits, etc. On l'a vu au cinéma souvent dans des rôles d'homme de main comme Code Mercury (avec Bruce Willis) ou Le Terminal (avec Tom Hanks) et dans d'autres films plus divers...

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15. UN TÉMOIN ENCOMBRANT
(MOB RULES)


Scénario : David Foster et John Mankiewicz
Réalisation :
Tim Hunter

— Need the lawyer.
— Who'd you kill ?
— Nobody, but it's not even lunch.

Joey Arnello, un mafioso repenti, s'apprête à témoigner contre son milieu lors d'un important procès. Son frère, Bill, qui est son avocat et lié à la Mafia, veut l'en empêcher car, attaché à lui, il pense que la procédure de protection des témoins ne sera pas suffisante pour le protéger. Mais Joey s'évanouit dans son appartement et est transporté à l'hôpital. Bill veut retarder voire même empêcher House de trouver un traitement contre sa maladie pour dissuader son frère de témoigner. Pendant ce temps, Vogler se montre de plus en plus menaçant envers House...

Bon épisode qui renoue avec le thème du personnage-pas-commode-qui-donne-du-fil-à-retordre-aux-docteurs. À travers un passionnant cas médical, deux portraits de mafiosos bien différents et un cas secondaire très rigolo, on ne s'ennuie pas un seul instant dans cet épisode qui, sans être un chef-d'œuvre, est très caractéristique de la série.

L'épisode trouve vite sa vitesse de croisière grâce à Bill Arnello : glacial, menaçant, acharné, d'un calme presque terrifiant ; il laisse le malaise partout où il passe. La pression est accusée par House, avec un stoïcisme Steedesque qui laisse pantois. Mais ses emportements soudains, sa condescendance envers le monde indiquent une âme tordue, capable d'émotions que violentes. Si l'on ajoute ses manières et ses idées ampoulées, il semble tout droit sorti de la famille Corleone ! Bien sûr, on peut arguer que le nom italien, le costard impec, et ses airs fuyants sont autant de clichés inhérents à ce type de personnage, mais son écriture subtile les dépasse, et fait projeter une ombre anxiogène sur chaque scène. À l'inverse, Joey est plus anecdotique. Le jeu compact et acéré de Danny Nucci est complémentaire de celui moins rugueux de Joseph Lyle Taylor.

Le scénario raconte très bien l'évolution du cas de Joey, et se double d'une autre intrigue : House cherchant à découvrir le "traître" qui a prévenu Vogler. Les scènes de "remplissage" acquierent ainsi un intérêt par les petites phrases innocentes, les non-dits, les retraits soudains de House pour forcer le "coupable" à se dévoiler. Les rebondissements du cas sont toujours intéressants, on notera le cadeau empoisonné offert à House : peut-on accepter le fastueux présent d'un gangster ? Ce sujet grave, pour une fois, est résolu par un humour léger peu courant dans la série. On note aussi l'ahurissante apparition d'un cochon en plein hôpital !!!


Le diagnostic final place Bill dans une délicate situation : pour son frère, sera-t-il capable de dépasser ses préjugés ? Il doit "pardonner" à son frère un penchant qu'il considèrera toujours comme honteux. Ainsi, la scène finale est-elle ambiguë : tel Le Parrain, il place l'amour fraternel au-dessus de tout, mais c'est plus par "obligation familiale" qu'il consent à lui lâcher la bride : il choisit de n'y plus penser plutôt que d'y faire vraiment face. Joey et Bill ne se reverront plus et leurs adieux sont tout sauf chaleureux. Encore une belle démonstration d'une fin aigre-douce, typique de la série. A l'inverse, le cas secondaire est extrêmement drôle, avec House extrayant du nez d'un enfant un, deux, trois, puis quatre objets qu'il avait fourrés dans sa narine !! Le choix des figurines est d'ailleurs bien pensé car témoigne d'une certaine précocité dans la logique de l'enfant !

Bien que Vogler soit moins présent, son ombre traverse l'épisode. Cuddy tente d'assurer un rôle de médiatrice mais échoue devant les persistances de Vogler et de House. Son inquiétude, son stress, inhabituels chez elle, sont palpables et renforcent une atmosphère déjà bien lourde. Vogler accentue sa pression sur House d'autant plus efficacement qu'il n'agit pas vraiment, mais se contente de menaces suspendues : le fait que House consente enfin à porter une blouse (le choc !) ou à se montrer moins acide, prouve que, bien qu'il ne le laisse pas paraître, il commence à avoir peur.


Fait rare, cet épisode se termine sur un cliffhanger inattendu, voyant la mécanique Housienne routinière se grippant. Cela est d'autant plus fort que House est prisonnier d'une volonté de contrôle absolu sur ses actions (Cuddy demeure tolérante des excès de House) qu'il perd à cette occasion. Terminé sur une note suspensive, cet épisode est décidément un modèle de construction avec surprises astucieusement insérées. Il bénéficie aussi d'une réalisation tellement épatante qu'elle mérite d'être signalée, l'utilisation notamment des plongées impressionnantes et une caméra nerveuse et fluide. Félicitations à Tim Hunter pour ce remarquable travail !

Infos supplémentaires

On apprend que cela fait huit ans que House travaille à Princeton-Plainsboro. Cependant, d'autres indices dans les saisons ultérieures font penser qu'il est en réalité dans cet hôpital depuis plus longtemps que ça. Prudent, House dépasse rarement la troisième vitesse quand il est en ville.

Âmes sensibles s'abstenir : House porte pour la première fois... une blouse !! Cet événement ne se produira en tout que cinq fois.

Chase se fait frapper dans cet épisode. Ce genre d'incident sur un médecin autre que House restera occasionnel. Chase recevra toutefois un autre coup, par House lui-même, dans Rendez-vous avec Judas (saison 3) ; il lui renverra la pareille dans Heureux les ignorants (saison 6).

Il y a une ménagerie au sous-sol de l'hôpital, où sont élevés des animaux. Très instructive, cette série...

Erreurs de continuité :
– Le médicament chinois contre le tabac de l'épisode est en fait un flacon contenant des pastilles contre la toux... japonais !
– Dans les dernières images de l'épisode, le tableau est vierge? mais l'instant d'après, il est couvert d'annotations sans que House ait eu le temps d'écrire quoi que ce soit.
– La Corvette offerte à House date non de 1965 comme il le dit mais de 1963, cela se voit en observant les dents des pneus avant.
– Lorsque House et Foreman discutent de la transplantation, le T-shirt de Foreman vire du bleu au vert, puis du vert au bleu, et enfin du bleu au vert encore !
– Lorsque House fait sortir les objets du nez de l'enfant, certains objets ont tantôt une partie couverte de mucus, tantôt sont totalement propres !

Erreur médicale : lorsque Joey tombe dans le coma, il est à 8 sur l'échelle de Glasgow et donc serait "presque mort". En réalité, le degré 8 ne correspond pas à cet état gravissime, ce serait plutôt le degré 3.

House fait clairement allusion à Babe, le cochon devenu berger lors de la scène où le sang de Joey circule dans le foie du cochon. Le jeu vidéo que colle House à l'oreille de Joey est Metroid Prime : Hunters

La chanson de l'épisode est Crazy World de et par Daniel Moynahan.

Acteurs

Joseph Lyle Taylor Jr. (1964) n'a que peu tourné devant les écrans, si ce n'est quelques petites participations à des séries comme les New York unité spéciale, New York Police Judiciaire (3 épisodes de chaque), New York 911 (2 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Grey's Anatomy, Dexter, Numb3rs, Lie to Me, Justified (11 épisodes), Mentalist, Masters of sex...

Danny Nucci (1968) est surtout connu pour avoir joué le rôle de Fabrizio, l'ami de Jack Dawson, dans Titanic (1997) de James Cameron.Il est très actif au cinéma, comme dans des blockbusters des années 90 (L'Effaceur, Rock, Les Survivants...). On l'a surtout vu à la télévision, où il incarne le, rôle régulier de Mike Foster dans The Fosters (33 épisodes en 2015), dans des soap operas comme Falcon Crest (16 épisodes) ou Des jours et des Vies mais aussi dans bien des séries comme Code Quantum, La Cinquième Dimension, Magnum... et plus récemment Joey, Mentalist, FBI : Portés Disparus, Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Castle (3 épisodes), Esprits criminels, NCIS, NCIS Los Angeles, etc.

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16. SYMPTÔMES XXL
(HEAVY)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Fred Gerber

It will be more cost-efficient once I've grabbed Cameron's ass, called Foreman a spade, and Chase... well... I can grab his ass, too.

Jessica Simms, une fillette de 10 ans, est atteinte d'obésité morbide, et fait une crise cardiaque alors qu'elle sautait à la corde. House et son équipe se demandent si son obésité est la cause de sa crise, mais sa mère en a assez que l'on ne voit que l'obésité de sa fille. Les diagnostics sont perturbés par le poids du renvoi qui pèse sur les trois jeunes médecins. L'équipe, en proie aux dissensions, se déchire, et House va devoir rendre sa décision...


Superbe épisode qui est certainement le premier à fêler l'harmonie apparente qui existe entre les trois membres de l'équipe de House. Jusque-là, Cameron, Chase, et Foreman semblaient bien s'entendre, mais la menace du licenciement les change et les font s'étriper furieusement. Indépendamment de cette situation, le cas principal, traitant d'une très jeune obèse, est fort bien raconté à l'écran. Adroitement, le cas secondaire, est tout à fait réjouissant pour lui-même mais aussi par son miroir envers le cas principal.

La série continue à poser ses pessimistes fondations en jetant un regard sardonique sur une tristement célèbre tare humaine : l'instinct de conservation jusqu'à l'égoïsme dès lors qu'une menace fait voler en éclats l'illusion de respectabilité d'apparence façonnée par une société encourageant le paraître et l'individualisme dévoyé. Chase est la cible principale : ambitieux et opportuniste, il est prêt à tout pour garder son emploi et préfère jouer "perso" plutôt que de respecter l'esprit d'équipe : il se montre soudain plus prolixe pour parler de Jessica dans les diagnostics, entraînant une joute féroce avec Cameron. Ce comportement culmine une première fois dans la scène où il "lâche" Cameron en disant qu'elle a peut-être commis une erreur médicale. Et la deuxième fois, quand on apprend qu'il s'est "abaissé" à être l'informateur de Vogler sur ce qui se passe dans l'hôpital (et c'est lui qui traite Cameron de lèche-cul !). Même Foreman fragilise sa position traditionnelle de neutralité. Lorsque House le cuisine, il parvient à lui soutirer le fait qu'il n'aime pas trop Chase qu'il accuse de paresse. Vogler, également, le met en face de ses contradictions lorsqu'il met en balance le désir d'indépendance de Foreman et sa féodalité envers House, même si elle est tendue. Les scènes communes entre docteurs sont sous tension (gêne mutuelle lors de l'opération de la patiente).

Finalement, Cameron est la plus "pure" des trois. Malgré la pression, elle ne se renie pas. Au contraire, elle n'hésite pas à se disputer avec son patron (alors que ce n'est pas le meilleur moment), refuse de laisser tomber ses collègues, pensant même démissionner de son propre chef pour éviter les ennuis. Son "angélisme" est mis à mal par la dure réalité autour d'elle : ici, c'est chacun pour soi et elle ne le supporte pas. A posteriori, cela apparaît tragique car Cameron parvient encore à conserver son idéalisme, mais sera à la fin éclaboussée par la noirceur de House qui l'endurcira pour le meilleur comme pour le pire. Il est ironique qu'elle perdra la partie en luttant là où Martha Masters se préservera grâce à une arme souvent sous-estimée, et en particulier aux Etats-Unis : la fuite. En attendant, c'est sa colère qui domine, la scène qu'elle a avec House est d'une splendide intensité, portée par la superbe interprétation de Jennifer Morrison, qui ne joue jamais aussi bien que quand son personnage quitte ses postures d'angélique battant des cils.

Nous nous passionnons également pour Jessica, dont l'obsésité cause un terrible dégoût de soi, renforcé par le regard que les autres portent sur elle - thème repris dans le très abouti Le divin enfant (saison 5) - ses petits camarades vachards mais aussi les médecins qui ne regardent que ça. Encore une fois, l'amour maternel est également un frein car sa mère n'exige pas de sa fille qu'elle maigrisse, parce que de son regard de parent, elle aime sa fille quelle qu'elle soit. Le cas se déroule très bien avec complications (ablation des seins envisagée !), secrets, et suspense de rigueur comme dans le dernier diagnostic différentiel, établi dans l'urgence. Jennifer Stone est la précurseure des acteurs invités de Dr.House dont la jeunesse n'exclut pas un talent précoce dans la comédie. Elle prélude au succès de l'épisode Autopsy de la saison 2 qui poussera la production à engager plus d'enfants ou adolescents acteurs talentueux. Cynthia Ettinger en mère aveuglée est convaincante.

Mais l'épisode est assez habile pour nous proposer une autre vision de l'obésité. Thomas Moran a la géniale idée d'exposer un autre cas d'obésité mais vu cette fois sous un angle positif : Mme Hernandez aime son corps pulpeux et ne veut pas maigrir. Si son attitude s'explique par le secret ahurissant qu'elle garde, elle est sincère quand elle dit aimer son corps. Ce cas secondaire est hilarant car elle est sanguine et a des dialogues percutants avec ses médecins sur sa condition !

Finalement cet épisode illustre très bien la morale d'Epictète : Ce ne sont pas les choses qui nous rendent malheureux, c'est l'idée que nous en faisons. Grâce à ce cas secondaire, cet épisode est un véritable plaidoyer pour la différence : nous n'avons pas à nous sentir honteux de notre corps. De fait, la tirade de Chase sur la dictature de la minceur, imposée par la société (ou la mode), pour que nous puissions "plaire", rejoint la thèse de Mme Hernandez. Susan Slome fait un tabac en "forte en gueule". Chase, décidément en grande forme (tout comme Jesse Spencer), dénonce également le phénomène de l'obésité, grandissant dans le monde mais surtout en Amérique. Il n'y a pas de contradiction, car l'obésité dont parle Chase est l'obésité "négative" qui vous rend malade, pas celle qui est assumée - celle de Mme Hernandez. De nos jours, bien des gens, en particulier les jeunes, ne font plus d'exercice physique et se gavent de nourriture industrielle, de malbouffe (déjà dénoncée dans Une mère à charge). Au final, l'épisode sonne une charge bourrée d'acide contre le triomphe des apparences, combat éternel de la série résumé par son fameux "Everybody lies".

Infos supplémentaires

Pour donner l'impression d'être obèse, Jennifer Stone dut porter des prothèses et un énorme pull durant tout l'épisode, ce fut selon ses dires une expérience très fatigante.

Erreur de continuité : lorsque House écrit au tableau, des mots sont entourés et non entourés d'un plan à l'autre.

Lorsque Foreman prétend avoir été gros quand il était enfant et qu'on l'appelait "Rerun", il s'agit d'une référence à un personnage d'une sitcom populaire des années 70 What's happening !! qui était lui aussi obèse.

La chanson de l'épisode est Got To Be More Careful de et par Jon Cleary.

Acteurs

Jennifer Stone (1993) est surtout connue pour avoir joué le rôle d'Harper Finkle dans la sitcom adolescente Les sorciers de Waverly Place (106 épisodes) ainsi que dans son adaptation cinématographique. Montée sur les planches à six ans après avoir vu son frère répéter, elle décroche un premier contrat publicitaire à huit ans et obtient rapidement deux Young artist awards, dont un pour sa participation à cet épisode. Elle a joué surtout dans des téléfilms et parfois dans des séries (comme FBI : Portés Disparus ou Body of proof).

Cynthia Ettinger est une actrice de télévision et de théâtre. Après un petit rôle dans Le Silence des agneaux, elle se tourne vers le petit écran où elle se fait connaître par son rôle régulier de Rita Sue Dreyfuss dans la série La Caravane de l'Étrange (23 épisodes). Cette comédienne a surtout joué, hors théâtre, dans des séries comme Gilmore Girls, Larry et son nombril, Seinfeld, Lois & Clark, The practice, Felicity, New York : Unité Spéciale, Urgences (2 épisodes chacun), Smallville, FBI : Portés Disparus, Grey's Anatomy, Cold Case, Deadwood (10 épisodes), etc.

Susan Slome (1967) est actrice et chanteuse. Elle a souvent joué dans des comédies musicales à la scène et consacre également son temps à la télévision, jouant dans des téléfilms ou dans plusieurs séries comme Mariés deux enfants, X-Files (épisode Appétit monstre), FBI : Portés Disparus, F.R.I.E.N.D.S, Angel (épisode Conviction), Tout le Monde Déteste Chris, Scrubs, Grey's Anatomy, The Mindy project, Mentalist, Les Experts, etc.

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17. DOUBLE DISCOURS
(ROLE MODEL)


Scénario : Matt Witten
Réalisation
: Peter O'Fallon

- Look, if this case is as trivial as you think, it'll take you three minutes to diagnose.
- Uh-huh - three minutes that I could sit on the toilet with the funny pages.

Gary.H.Wright, un sénateur noir-américain, s'écroule à la fin de son discours. House qui diagnostique le SIDA. Mais le patient refuse de croire qu'il ait pu contracter cette maladie, et lui ordonne de chercher une autre cause. Vogler passe un marché avec House : si le diagnoticien vante le nouveau médicament produit par la boîte de Vogler, il consentira à lui laisser son équipe au complet. Mais House est dégoûté de faire la réclame de ce produit qu'il considère comme inutile. Sa conscience essaye de résoudre ce dilemme...

Les scénaristes continuent à tirer tout le profit possible de la présence de Vogler. Dans l'épisode précédent, la série avait parlé des réactions possibles face à une menace : marchandage, illusion de force, courage... Ici, la porte de sortie que Vogler offre à House nous interroge sur nos valeurs morales, absolues (incorruptibles), et relatives (supportant une entorse). Le cas de conscience de House est relevé par le fait qu'il n'a rien à gagner personnellement de la situation : les conséquences de son choix concernent ses employés ; son dilemme : vendre son âme, ou saborder son équipe, gagne donc en intérêt mais aussi en complexité, car sa misanthropie notoire joue également sur ses décisions. En contrepoint, le cas difficile du senateur est excellent, et permet à House de trancher ce nœud gordien. Au total, un épisode de bonne facture qui interroge le téléspectateur sur des points qui méritent réflexion.

Le cas du sénateur occupe une place importante. Il est riche en rebondissements et situations fortes (méthode "hard" de House pour le faire parler, à la limite de la torture physique). Sa foi en lui, son refus de la fatalité, et son indépendance concourent à faire de ce politicien un homme droit et intègre, plus proche de The West Wing que de la réalité. Candidat à la présidence des USA, il sait que la couleur de sa peau joue contre lui et qu'il n'a aucune chance de gagner au fond de lui-même. L'épisode date de 2005, et a donc un peu vieilli depuis l'élection de Barack Obama (dont Wright est assez voisin). Mais Matt Witten a l'acuité de ne pas se focaliser sur les problèmes des politiciens noirs pour parler plus généralement des problèmes raciaux. Les préjugés ont la vie dure et les mandats semés d'embûches du premier président noir des USA font que la situation décrite dans cet épisode n'est pas si inactuelle. Les hommes d'origine africaine, généralement, ont du mal à faire valoir leurs droits dans une société hypocrite. Même les non-racistes montrent une attitude ambiguë ; et les noirs eux-mêmes peuvent développer un racisme contre les blancs comme l'attestera l'épisode Culpabilité (saison 2).

L'opposition entre House et Wright est finement dessinée : House est cynique, misanthrope, désabusé ; Wright est gentil, philanthrope et idéaliste. House ne veut plus croire en la bonté des gens car il sait qu'il sera déçu, Wright a le comportement inverse : il sait qu'il pourra être déçu mais il ne le regrettera pas quoi qu'il arrive. Sa foi en l'homme est diamétralement opposée au réalisme pessimiste de House. En cela, il accepte de prendre des risques tandis que House, qui passe son temps à risquer la vie de ses patients, au contraire ne prend pas de "risques". House est donc en face de ses contradictions et ne peut que fuir le sujet lorsque le sénateur le remet à sa place. Pour Wright, c'est se battre qui est le plus important, pour House, c'est le résultat qui compte. Qu'importe à Wright qu'il ne soit jamais élu s'il pense qu'il a eu raison de lutter et ait contribué à changer un peu le cours des choses, ce n'est pas grave si on ne gagne pas toutes les parties. Fait rare, House en sera troublé !

Mais la série prouve alors son adresse dans le maniement de l'ironie : House, influencé par le sénateur, optera finalement dans son dilemme la décision la plus égoïste, mais qui lui permettra d'être en paix avec lui-même et avec ses valeurs : la recherche éternelle de la justice à tout prix, quelles qu'en soient les conséquences. Un homme entier, qui préfère la vérité au bonheur, une philosophie très platonicienne, difficile à assumer... Ce fanatique de la justice qu'est notre héros est torturé par son cruel dilemme. Il doit en effet renier le peu d'éthique qu'il a en lui pour en faire la publicité. L'amertume du personnage transparaît en permanence, comme lors de sa scène où il repousse sèchement les remerciements de Cameron. Justement, le discours de House est un grand moment de la série. House se déchaîne dans un violent pamphlet en dénonçant la spirale déshumanisée infernale du profit incontrôlé. Thème tristement actuel avec les dérives de certains laboratoires pharmaceutiques. La coda avec Cameron, sans épanchements, mais avec une noble pudeur, montre un House honteux de lui-même, pas suffisamment cependant pour serrer la main que lui tend son ex-assistante ; complexifiant encore son portrait. Une fin émouvante mais sombre.


En prime, nous avons droit à un cas secondaire assez rigolo avec une jeune femme qui est enceinte mais qui affirme n'avoir pas eu de rapports sexuels depuis un an et qui n'a pas été droguée. Comment est-ce arrivé ? La réponse est d'une ironie drôlissime. Quant à la maladie du sénateur, elle est fructueuse en rebondissements, le cas est merveilleusement traité :
Côté interprétation, Joe Morton accomplit une superbe performance, aidé par le dessin d'un personnage précis et sympathique. Jennifer Morrison, en avant dans cet épisode, est généreuse et sensible grâce à des dialogues tendus et claquants mais sur la corde raide. Le départ de Cameron est admirablement mis en scène. Missy Crider est une patiente amusante, qu'on adore voir sans cesse étonnée par ce qui lui arrive.

Infos supplémentaires

Première apparition de l'infirmière jouée par Bobbin Bergström. Infirmière réelle, Bergström est conseillère sur la série en indiquant les gestes des figurants jouant les infirmiers. Toujours en rôle muet, elle apparaîtra dans 134 épisodes (sur 176) de la série, faisant d'elle une des figurantes les plus régulières dans une série télévisée ! Bergström jouera toujours des rôles d'infirmière dans ses épisodiques apparitions télévisuelles, tout en conseillant les séries.

House ne vote jamais. Ça vous étonne ?

Cameron déteste les métaphores sportives. On apprend que son attirance pour House vient aussi du fait que malgré son caractère, elle pensait qu'il aimait aider les gens. Elle est détrompée dans cet épisode. Cependant, la vraie raison de son attirance sera exposée dans Des maux d'amour.

Erreur médicale : Lorsque les docteurs trouvent la toxoplasmose, ils disent qu'elle est causée par un champignon, soit un parasite pluricellulaire. En réalité, cette maladie est causée par le toxoplasma gondii qui est un parasite monocellulaire. Erreur de continuité : Lorsque le sénateur passe un scan complet de son corps, il croise les bras sur sa poitrine. Mais lorsque le scan devient visible à l'écran, le sénateur a ses bras repliés sur sa tête.

La chanson de l'épisode est It's OK to think about ending de et par Earlimart.

Acteurs

Joe Morton (1947) est un acteur de théâtre, de cinéma et de télévision. Il est surtout connu pour avoir joué Miles Dyson dans Terminator 2. Il fait des débuts remarqués en participant à la comédie musicale Hair. Il a joué dans plus de 70 films dont La Malédiction de la panthère rose, L'Héritier de la panthère rose, Speed, Blues Brothers, Des Souris et des Hommes... et a tourné dans un grand nombre de séries. Hormis les rôles principaux de Equal Justice (26 épisodes, Mike James), Watch your mouth (26 épisodes, Raymond Greeter), d'Eureka (76 épisodes, Henry Deacon), et ses rôles récurrents dans Scandal (33 épisodes) et The Good Wife (11 épisodes), on a pu le voir dans Mission : Impossible, Deux flics à Miami, M.A.S.H, Madame est servie, Equalizer (4 épisodes), X-files (épisode Combattre le passé), JAG, New York : Unité Spéciale, Numb3rs, Warehouse 13, Les Experts : Manhattan (2 épisodes), Homicide (2 épisodes), Smallville (4 épisodes), New York : Police judiciaire (5 épisodes), etc.

Melissa Lahlitah (dite Missy) Crider (1974) fut d'abord violoniste country avant de bifurquer vers le métier de comédienne. On l'a souvent vue au cinéma, parfois figurante, parfois en premier rôle (Mulholland Drive, Instinct to kill, Emprise, Amours troubles... ) et également à la TV, que ce soient des téléfilms ou des séries. Cette très belle actrice est visible dans des séries comme New York : Section Criminelle, MillenniuM (épisode Un enfant en Arcadie), FBI : portés disparus, 90210 Beverly Hills : Nouvelle génération, Les Experts, Les Experts : Miami, 24 heures chrono (4 épisodes), Esprits criminels, etc.

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18. SACRIFICES
(BABIES & BATHWATER)


Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake
Réalisation :
Bill Johnson

— So, there is some hope.
— Always. But just in case, I special-ordered a jumbo-sized coffin.
— Hey...
— Don't thank me.
It's just who I am.

Naomi Randolph, enceinte de sept mois, s'effondre. Elle est atteinte d'un grave cancer et doit subir un traitement dangereux qui pourrait coûter la vie à son bébé. Ayant déjà fait trois fausses couches, Naomi veut absolument ce bébé et refuse l'opération immédiate, préfèrant attendre pour augmenter les chances de survie de son fœtus, quitte à en mourir. Sean, son mari, veut au contraire l'opération immédiatement. Pendant ce temps, Vogler demande au conseil d'administration d'ordonner le renvoi de House, malgré l'opposition de Wilson...


Comme le titre le laisse supposer, cet épisode est un des plus sombres de la série, renforcé par l'absence d'humour : même le cas secondaire est traité de manière grave. Fait rare, la maladie est trouvée au bout de dix-huit minutes seulement ! Et encore, même pas par House mais par Wilson ! Un choix surprenant qui permet de se concentrer sur le dilemme terriblement douloureux de Naomi et le duel Vogler-House, qui atteint ici son climax de tension. Loin de la retenue usuelle de la série, les sentiments débordent, les larmes coulent, le chagrin envahit l'écran, la douleur morale augmente de minute en minute, et Sacrifices réussit là où Panique à la maternité avait échoué : l'émotion passe, toute entière, avec ses séquences plus poignantes les unes que les autres.

Naomi est courageuse et égoïste à la fois. Courageuse car prête à mourir pour son enfant. Égoiste car, enfermée dans un drame qu'elle a vécu, elle refuse de prendre en compte l'amour de son mari. On remarque que l'on a affaire à la situation inverse de celle de Rencontre sportive. L'on sent dès le début et tout au long de l'épisode cette marche vers une tragédie inelcutable : l'on a beau attendre que la situation se débloque ; House peut bien éructer, les médecins déployer tout leur savoir-faire, ils sont impuissants. Sans rémission possible, le récit suit son cours jusqu'à sa fin tragique, que n'éclairera que faiblement une petite lueur. C'est vraiment un épisode très dur, avec un House nettement plus affecté que de coutume, utilisant même l'émotion comme arme pour faire plier le mari. Sacrifice d'une vie mais aussi sacrifice du bonheur, décidément, ce n'est pas un épisode roboratif ! Si Michael Goorjian est inégal, Marin Hinkle est d'une ultra-expressivité saisissante.

En parallèle, le duel à distance Vogler-House nous captive.

Le compte à rebours est lancé : Vogler veut éjecter House de l'hôpital. Il se montre plus odieux et plus méchant que jamais, pourrissant la vie de son (in)subordonné jusqu'à annuler l'opération salvatrice qui eut pu sauver Naomi. Ce choix, qui la tuera d'une certaine manière, donne naissance à une scène où House et Vogler se hurlent dessus. Ce genre de scènes n'est pas typique de la série qui n'a pas besoin de faire crier les gens pour faire passer les sentiments, mais est justifié ici par sa situation extrême et par le crescendo de tension, l'effet est remarquable et tombe a tempo.
Les deux scènes du conseil d'administration sont chargées de suspense : Vogler, haineux, tient le conseil à sa botte, menaçant de partir, lui et son argent, s'il ne lui obéit pas. On voit donc la prédiction de House accomplie : Vogler règne en dictateur et l'hôpital est devenu une "entreprise où l'on vend de la santé" avec rentabilité exigée ou comment transformer le noble art de la médecine en industrie ultralibérale à la recherche du profit. Il suffit de 100 millions de dollars et d'avoir de la gueule et même la personne la plus revêche devra se rallier à vous. Peter Blake et David Shore ont l'audace de pousser ce postulat jusqu'à déchoir Cuddy qui a toujours été sympathique pour le spectateur : elle se corrompt et abandonne House à son sort. Les auteurs sous-entendent cependant que ses reponsabilités de directrice et ses obligations de résultat ne sont pas étrangers à ce coup de Jarnac, ce qui explique à défaut d'excuser son geste.

L'amitié Wilson-House est mise à rude épreuve, Wilson accusant House d'être responsable de sa chute et de placer ses principes plus haut que leur "amitié débile" ; House, embourbé dans ses contradictions, ne peut que faire profil bas. Cet épisode est décidément riche en surprises ! Nous voyons ici toute l'ambiguité du "Hilson" : profond, sensible, implicite, bouleversant derrière la comédie de l'amour vache, et ses nombreuses fêlures que rien ni personne ne parviendra pourtant à rompre. Le Hilson se montre déjà abyssal d'intelligence et d'émotion à travers cette première rupture. Robert Sean Leonard, toujours sympathique, donne le meilleur de lui-même dans le rôle de celui qui ne reçoit qu'ingratitude en échange de son amitié.


C'est via un cas secondaire dramatique que House retrouve le crédit auprès de Cuddy. Son retournement fait tout basculer : elle s'oppose à Vogler, trouve le courage de lui jeter ses quatre vérités, dénonçant son OPA sur l'hôpital. La scène est d'une grande force, sans éclats de voix, où elle s'en prend à ses collègues – muselés par l'argent – qui vendent leur conscience pour ce soutien financier ainsi que leur liberté de choix. Une fois elle, Wilson et House disparus, qui pourra s'opposer à Vogler ? Cette situation fait terriblement penser au Prisonnier où, en échange d'une captivité dorée et luxueuse, les habitants du Village acceptent de se laisser gouverner. Lisa Edelstein accomplit une prodigieuse performance avec une Cuddy lâche et "méchante" avant son réveil moral tardif. Vogler se voit poussé vers la sortie (hourra !). Chi McBride se donne à fond en saligaud pur et simple, il réussit parfaitement sa sortie. Mais ce dénouement n'est pas heureux pour autant. La fin garde un arrière-goût amer édifiant : House et ses collègues sablent le champagne pour arroser la victoire de Cuddy (les fans des Avengers ne peuvent qu'être ravis devant cette tradition Steedesque)... mais quand elle arrive, elle casse l'ambiance en énonçant tous les sacrifices que le comportement de House a impliqués, brisant l'euphorie de cette fin dont on espérait qu'elle contrebalancerait celle de Naomi. C'est donc sur une note discordante que se termine cet épisode très rude, annonciateur des futurs grands diamants noirs de la série, et qui apporte une inflexion clé dans le développement des personnages.


Infos supplémentaires

Premier épisode sans Cameron, le personnage ayant démissionné à la fin de l'épisode précédent. Elle est la seule à savoir où se trouve le sucre dans la salle de diagnostic différentiel.

Troisième échec de House : Naomi meurt. Mais son bébé étant sauvé, House n'essuie donc qu'un semi-échec.

Cinquième et dernier épisode avec le personnage de Vogler (Chi McBride).

House et Wilson font parfois du bowling le mercredi soir. House prétend certaines nuits regarder du porno sur Internet.

Erreur médicale : après l'opération de Naomi, elle a un estomac tendu et une sonde endotrachéale. Normalement, l'opération aurait dû lui rendre un estomac normal, et elle ne devrait plus porter la sonde.

La chanson de l'épisode est Happiness de et par Grant Lee Buffalo.

Acteurs

Marin Hinkle (1966) ne s'engage dans une vocation d'actrice qu'à 30 ans. Elle connaît la popularité grâce à deux séries TV où elle interprête les rôles principaux : Deuxième Chance (58 épisodes, Judy Brooks) et Mon Oncle Charlie (84 épisodes, Judith Melnick). Elle a joué plusieurs seconds rôles dans une trentaine de films (comme En quarantaine, le remake du film d'horreur [REC]), et a participé à plusieurs séries comme Spin City, FBI : Portés disparus, Urgences, Private Practice, Deception (11 épisodes), The Affair, Brothers & sisters (3 épisodes), et les New York : Unité Spéciale, Section Criminelle et Police Judiciaire (3 épisodes)

Michael A. Goorjian (1971) s'intéresse au théâtre dès 13 ans. Il étudie la comédie, la danse, et la réalisation. Il cofonde avec des amis le renommé Buffalo Nights Theatre. Bien qu'attaché principalement aux planches, il a joué tant au cinéma qu'à la télévision où son rôle le plus fameux fut celui de Justin Thompson dans la série La Vie à Cinq (41 épisodes). Tantôt acteur, réalisateur, monteur, producteur, ce comédien complet a joué dans plusieurs séries comme FBI : Portés Disparus, Alias (épisode Confusion mentale), Monk, Chicago Hope, Les Experts, Les Experts : Miami, Lie to MeCovert affairs (3 épisodes), etc.

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19. EN PLEIN CHAOS
(KIDS)


Scénario : Thomas L. Moran et Laurence Kaplow
Réalisation :
Deran Sarafian

— Dr. House ! We need you here.
— Sorry, lotta sick people.
I might catch something.

C'est la pagaille à Princeton-Plainsboro : une épidémie de méningite s'est répandue et tous les docteurs sont réquisitionnés pour canaliser l'infection. House s'aperçoit que Mary Carroll, une jeune nageuse de 12 ans, présente d'étranges symptômes et décide de traiter son cas à elle en particulier malgré la pression de Cuddy et le manque de lits disponible. House tente sans succès de convaincre Cameron de revenir dans son équipe. Ne digérant pas ce refus, il se montre intransigeant envers les candidats au poste de Cameron...


Centré quasi uniquement sur la maladie de la jeune patiente, l'épisode ne semble pas très mémorable. Mais une succession de détails délicieux permettent à cet épisode mineur d'être amplement recommandable. La guest star du jour, Skye McCole Bartusiak, montre malgré son jeune âge des talents indéniables d'actrice. Celle qui nous a tragiquement quittés à seulement 21 ans est pour beaucoup dans la réussite de cet épisode.

L'épisode se déroule dans une atmosphère d'urgence. L'épidémie, objet de stress, donne un surcroît d'intérêt à l'histoire qui gagne en tension. House est pressé par le peu de temps que Cuddy daigne lui accorder et doit donc tout faire à la va-vite. Cependant, les auteurs dosent mal la conduite dramatique et l'ambiance anxiogène diminue peu à peu... et l'intérêt du spectateur tout autant (le revirement tardif de Cuddy passe mal). Le cas médical ne se distingue pas vraiment malgré quelques scènes pas piquées des vers (ponction lombaire dans une morgue). Par contre, le rebondissement final est absolument renversant. Dans cet épisode apparaît pour la première fois ce qui va devenir une des plus grandes forces de la série : les twists finaux, généralement spectaculaires et très noirs, qui entraînent la guérison (ou pas) du patient tout en le brisant psychologiquement. Cette pratique du faux happy end sera une constante de la série, et prendra parfois des dimensions énormes.

Mary est une fille extrêmement précoce pour son âge. Pas pudibonde, d'un calme olympien malgré sa maladie, très directe, et d'une grande patience ; elle met un point d'honneur à ne jamais se plaindre, anticipant l'Andie de Leçon d'espoir (saison 2). Voilà un rare et beau portrait d'adolescente (en plus très jolie). La scène finale, où elle avoue d'elle-même à ses parents ce qu'elle a fait, le montre bien : elle assume ses actes. On ne peut qu'applaudir le talent de Skye McCole Bartusiak qui, avec un jeu froid et rentré, parvient à établir un grand décalage entre son âge et la maturité de son personnage. On ne regrette que davantage la disparition prématurée d'une si prometteuse actrice. Quelques détails amusants pimentent cette intrigue un peu compassée : diagnostic foldingue d'un cas secondaire, House pastichant Tartuffe avec un Cachez ce sein que je ne saurais voir à propos du décolleté de Cuddy, House asticotant quelqu'un qui a du mal à déféquer, Wilson et ses mimiques d'impuissance. Le diagnostic différentiel en pleine séance de dépistage vaut également le détour.

On aime bien aussi le délire sur les remplaçants de Cameron : trois postulants se présentent et House à chaque fois envoie dans le décor leurs aspirations. Le premier se la joue anti-conformiste branché, mais House lui indique la porte avec intelligence : l'anticonformisme est un mode de pensée et non une allure extérieure. House en est l'exemple type : il n'a pas besoin de jouer au yippie pour ne pas être dans le rang. La deuxième donne la scène la plus réjouissante de l'épisode : à la hauteur de House, la jeune femme (incisive Erin Foster) se lance dans un déluge de piques qui arrive à destabiliser le diagnosticien en surenchérissant dans la provoc'. Pour équilibrer avec la subtilité précédente, les auteurs décident de choisir une raison de refus pour un motif joyeusement ridicule. On atteint un sommet avec la troisième où il ne donne aucune raison ! Notre cher docteur est décidément en grande forme.

House veut à tout prix récupérer Cameron, c'est pour cette raison qu'il ne donne aucune chance aux postulants et qu'on le voit dans la première scène la supplier de revenir. Le spectateur croit alors que House ressent quelque chose, et Cameron aussi. Le suspense sentimental naît de l'attente de voir House avouer clairement qu'il est attaché à elle lui aussi. Ce début est remarquable car proposant une inversion de rôles : Cameron a les cartes en main et House est en infériorité. Le final en miroir est un splendide trompe-l'oeil : House avoue enfin qu'il tient à Cameron, mais sans le savoir, Cameron tout comme le spectateur se trompe sur le véritable sens de cet aveu, ce qui amènera la dramatique méprise de l'épisode suivant. Le piège que préparent les scénaristes est admirablement construit et camouflé, et tout le monde va gaîement tomber dans le panneau dans l'épisode suivant. La véritable explication du comportement de House ne sera jamais explicitement formulée, mais une clé sera apportée dans les épisodes 4x01 et 5x22 où apparaîtront deux traits de caractère du diagnosticien qui expliqueront son attitude. En attendant, Cameron accepte de revenir à une condition sine qua non stupéfiante, mais logique, finalement ! La scène, toute en justesse et en émotion, est d'une grande force, bien que grêvée par une Jennifer Morrison trop excessive dans un moment pensé comme sobre.

Infos supplémentaires

Première apparition de l'infirmière Brenda Previn, jouée par Stéphanie Venditto. Elle apparaîtra dans 11 épisodes, jusqu'à la saison 3 ; son rôle sera le plus souvent muet.

Cameron est très sportive. Elle prend souvent tout au premier degré. Première fois que nous voyons son appartement, sobre et rangé, à son image...

Erreurs de continuité :
– La doublure de Skye McCole Bartusiak, lors de son saut, est clairement visible dans la scène d'introduction quand elle est au fond de l'eau. Elle a notamment une poitrine plus développée ! À côté, la fameuse doublure de Diana Rigg dans Le mort vivant (saison 5 des Avengers) est un modèle de discrétion.
– House orthographie mal hemorrage (hémorragie) en l'écrivant hemorrhage.

Erreurs médicales :
– Lorsque les docteurs de l'hôpital examinent les patients à la chaîne pour la méningite, aucun ne pense à changer de gants et à se laver les mains entre chaque patient. C'est une négligence des règles de sécurité très grave.
– Quand Foreman examine Mary avec une sonde à ultra-sons, il la tient près du côté gauche de sa tête, du mauvais côté, entraînant son réveil. Un plan plus tard, la sonde est près du côté droit (le bon côté).

Wilson, après avoir vu Petra Gilmar, s'exclame That's our Hitler !! reprenant une citation d'un film de 1968 : Les Producteurs. À noter que la VF, comme à son habitude, passe à l'as cette référence pas forcément connue du public français.

Acteurs

Skye McCole Bartusiak (1992-2014) a commencé à tourner dès l'âge de 7 ans. Elle joua tant au cinéma qu'à la télévision. Sur le grand écran, on l'a vue dans Dans les cordes (avec Omar Epps), The Patriot, ou jouer la fille de Michael Douglas dans Pas un mot. Elle joua dans beaucoup de films indépendants avec à la clé quelques récompenses pour ses rôles souvent dramatiques (Boogeyman). Elle est également montée sur les planches (jouant avec Hilary Swank). À la télévision, elle est surtout connue pour avoir joué dans 8 épisodes de la saison 2 de 24 heures chrono, mais a aussi joué dans JAG, New York : Unité Spéciale, Lost, Les Experts... Elle est décédée d'une surdose de médicaments considérée comme accidentelle.

Erin Foster (1982) est la fille du compositeur David Foster. Elle s'est tournée jeune vers la télévision. Bien qu'elle n'ait pas eu à ce jour de rôle marquant, son rôle d'Heather, l'ennemie de Marissa Cooper dans la série Newport Beach (5 épisodes) l'a fait remarquer. Elle a tourné dans Roswell, Les Experts, Gilmore Girls, FBI : Portés Disparus, Castle, Tell me you love me (2 épisodes), Los Angeles police judiciaire, NCIS Los Angeles, etc.

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20. DES MAUX D'AMOUR
(LOVE HURTS)


Scénario : Sara B. Cooper
Réalisation : Bryan Spicer

— Wow. Well, you've certainly given me a lot to think about. If only I was as open as you.
— Well...
— Actually, it was your blouse I was talking to.

Harvey Parks, un jeune homme de 22 ans, subit une attaque après que House lui a crié dessus. Amené dans une chambre, il reçoit la visite de son amie Annette qui semble avoir un fort ascendant sur lui, ce qui n'est pas sans étonner les médecins. Pendant ce temps, l'hôpital ne parle que du rendez-vous que House a consenti à avoir avec Cameron, et dont tout le monde se demande comment il se terminera...

Ce brillantissime épisode inaugure avec force cette fin de saison qui place la barre très haut niveau qualité. Le cas médical du jour est du plus grand intérêt, la relation Cameron-House atteint son climax et un cas secondaire à mourir de rire achève d'élever l'épisode vers les sommets. Émotion, humour, suspense, surprises... cet épisode est véritablement un incontournable de la série.

L'introduction enjouée avec House se défendant contre les plaisanteries de Wilson et d'un patient au sujet du retour de Cameron est d'un grand comique. Le cas présenté est un régal dès le premier diagnostic différentiel avec le retour de Cameron. La mystérieuse Annette intrigue : elle a un tempéramment de cheftaine, et semble régir la vie d'Harvey. Cette dominance est accentuée par le saisissant jeu froid de Christina Cox. La relation Annette-Harvey est en fait une relation de perversion. Elle est une dominatrice et il aime être dominé. Cependant la série reconsidère ce jeu de rôles comme composante fondamentale de leur relation et non pas comme un jeu purement sexuel. Cette révélation apparaît dans la spectaculaire scène de strangulation. Annette est un vrai sphinx et apporte beaucoup à l'épisode, dommage qu'elle soit par la suite un peu écartée. En parallèle, Harvey est un candide. Sa "perversion", libre et consentie, est également un manifeste pour la liberté sexuelle. Même si ces pratiques sont de moins en moins taboues à l'heure actuelle, il demeure une certaine opposition puritaine, surtout dans une Amérique toujours aussi schizophrénique sur la question. Opposition ici incarnée par les parents d'Harvey qui l'ont renié. House devra d'ailleurs recourir à deux bobards hallucinants pour pouvoir arriver à ses fins. Le faux happy end, typique de la série, émeut, avec une réconciliation qui n'a pas lieu, un couple sans repères, et un House mal à l'aise. John Cho et Christina Cox forment un couple déséquilibré, improbable, mais sincère et même émouvant.

Tout le monde s'interroge sur le date : Foreman voit ce rendez-vous d'un mauvais œil et s'inquiète pour sa collègue. Excellent mélange cynisme-sérieux chez Omar Epps. Chase invite Cameron à sauter carrément House si elle veut l'avoir, Cuddy approuve en disant que Cameron sera la seule à le supporter tandis que Wilson s'inquiète pour House car il a peur qu'elle lui brise le cœur. Ce défilé de joyeuses saynètes donne lieu à des dialogues vifs et un humour permanent tandis que nous attendons avec impatience le rendez-vous. L'attitude de Cameron, inhabituellement souriante et ironique (C'est mon patron, j'ai le droit de le harceler sexuellement !) donne une autre allure à son personnage. L'hilarante scène qui précède le dîner permet de voir Wilson en conseiller séduction - technique du DHA à retenir - tandis que House tente de trouver une excuse pour ne pas y aller.

La série ne déroge pas à sa règle de ne pas rater les scènes les plus attendues ; et en effet, la scène du dîner est magistrale. Jennifer Morrison n'a jamais été aussi belle et désirable, à se damner ! House se montre d'un banalisme impossible - impressionnant silence de 16 secondes qui font l'effet d'un siècle - Cameron tente de limiter la casse en dérivant la conversation sur une orientation freudienne (!!) où elle tente de le convaincre qu'il l'aime quelle que soit son attitude (on reste pantois devant la persistance de Cameron à nier l'évidence) mais la tension demeure et on sent que le dîner ne se passe pas très bien. Finalement, Cameron ose enfin demander à son boss ce qu'il ressent pour elle. House sort alors une des plus belles tirades de la série qui casse défintivement tout espoir pour Cameron. Le climax émotionnel de la scène dévoile totalement la personnalité de Cameron, amoureuse non d'un homme, mais des blessures d'un homme. House démontre toute sa perspicacité et son amour de la vérité plus fort que tout : il ne supporterait pas une relation basée sur un double mensonge de départ, quand bien même sa subordonnée possède la beauté d'une madone. Le retour à la réalité est brutal pour Cameron. On peut accuser House de se montrer si léger à propos de l'événement mais c'est dans le ton du personnage. Mille bravos pour Sara B. Cooper qui a écrit une scène d'une puissance remarquable, ainsi qu'à Hugh Laurie et Jennifer Morrison, qui signe là sa meilleure prestation de la saison.

En parallèle, un cas secondaire très drôle pimente cet épisode...


...avec un vieux couple qui se pose des questions sur sa sexualité. Ses réactions et ses répliques sont cependant celles d'ados plus ou moins immatures (la première scène avec Ramona !), décalage garanti ! Pilules bleues or not pilules bleues ? C'est la question du jour et House a l'air à la fois amusé et consterné par ce cas abscons. Une chute finale d'un comique ravageur couronne ce cas désopilant. Quel plaisir de retrouver maître Peter Graves, à cent mille lieues de son personnage de Jim Phelps, mais pourvu toujours de son même génie d'acteur qui lui permet ici de se montrer très poilant, d'autant que June Squibb lui donne parfaitement bien la réplique.

Le meilleur épisode de la saison.

Infos supplémentaires

Fait rare, l'introduction (une des plus réussies de la série !) se déroule à l'hôpital.

Cameron dit qu'elle a un salaire de misère à l'hôpital. Ses boucles d'oreilles sont un cadeau de sa mère. Durant le dîner, elle commande des raviolis et du vin. Elle est amoureuse non de House mais du fait que House soit un homme brisé moralement, transformant sa compassion en attachement affectueux.

House a eu une relation amoureuse qui s'est mal terminée il y a cinq ans. Stacy, son ex, apparaîtra dès l'épisode suivant. House, au cours du dîner, prétend que le café Spoleto était avant une boîte de strip-tease. Or, dans l'épisode Peine de vie (saison 2), nous apprenons que House a rencontré Stacy dans une boîte de strip-tease. Et s'il avait rencontré Stacy au café Spoleto ? D'après Wilson, House n'est plus sorti avec une fille depuis la fin des années disco... Plus anecdotiquement, il a commandé du pain à l'ail et de la puttanesca. La puttanesca est un accompagnement de pâtes (souvent les spaghettis) à la tomate, à l'ail, et aux olives noires.

Chase est sorti avec une banquière qui adorait se faire brûler. La relation a fait long feu ! Il connaît vaguement Annette ce qui prouve qu'il est sans doute allé à des soirées... particulières ! (SM ?) Plus légèrement, il aime les pastilles à la menthe.

Au début de la première scène, Chase termine une blague par "Et le renard s'essuie avec le lapin". La blague complète, d'une subtilité Bergmanienne, est la suivante : C'est un lapin qui fait ses besoins dans une clairière. Arrive un renard qui lui dit : "Beurk, tu es dégueulasse, tu chies sans t'essuyer le derrière". Le lapin lui répond : "Tu sais, ça ne me dérange pas d'avoir un peu de merde sur les poils". Et le renard s'essuie avec le lapin (oui, je vous avais prévénu que c'était subtil).
 
Référence cinéma : House appelle ironiquement Annette Maîtresse Ilsa. C'est une référence au film Ilsa la louve (1975).

Les chansons de l'épisode sont Need to be with you de Wayne Jones et Windy Wagner, chantée par cette dernière, et Some Devil de et par Dave Matthews.

Acteurs

Peter Graves (1926-2010) restera dans les mémoires pour avoir été Jim Phelps, le cerveau de l'équipe de la série culte Mission : Impossible (143 épisodes) et de sa suite (35 épisodes) qui lui vaudra un Golden Globe Award. Il commence au cinéma en étant le compagnon de cellule de Robert Mitchum dans un classique du 7e art : La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Il a parallèlement beaucoup de premiers rôles au cinéma, surtout dans des thrillers ou des films noirs comme Rogue River, Le Fort de la vengeance, The congrégation, Stalag 17 (de Billy Wilder) et bien d'autres. Son premier succès à la télévision est la série Fury où il joue 116 fois le rôle principal de Jim Newton. Après c'est Mission : Impossible qui le rend célèbre et le film parodique Y'a-t-il un pilote dans l'avion ? et sa suite (où il parodie son ancien rôle de Jim Phelps), puis la suite de la série qui l'a tant fait connaître. Il a moins tourné par la suite mais resta actif jusqu'à sa mort. Ayant à son actif une quarantaine de téléfilms (et autant de films) et un grand nombre d'apparitions dans des séries comme Match contre la vie, Les Envahisseurs, Arabesque, L'Île fantastique (6 épisodes), La croisière s'amuse (4 épisodes), Cold Case, Sept à la maison (11 épisodes), il demeure l'une des figures les plus importantes de l'histoire de la télévision.

John Cho (1972) étudie la comédie et la littérature anglaise. Il travaille ensuite à l'Asian American Theatre Company tout en commençant une carrière de musicien dans un band de Los Angeles. Il retient l'attention avec un petit rôle dans les trois premiers volets de la sous-saga American Pie. C'est le début de sa carrière cinématographique avec des premiers rôles dans les comédies Harold et Kumar, dans Star Trek, Better Luck Tomorrow... ou des seconds rôles comme dans Smiley Face, Solaris... Dans l'univers des séries, il est surtout familier avec son incarnation de Demetri Noh, un des personnages principaux de la série FlashForward (22 épisodes) mais on l'a aussi vu dans Charmed, Grey's Anatomy, How I met your Mother, Ugly Betty (3 épisodes), etc. Il fut considéré comme un des hommes les plus sexy au monde en 2006 et 2009 par le People Magazine.

Christina Cox (1971) se destinait à la danse et à la gymnastique de haut niveau. Des problèmes de hanche avortèrent ses souhaits et elle se tourna vers une carrière d'actrice. Sportive accomplie (Tae Kwon do, kickboxing, boxe, Muay Thai...), elle est d'abord une comédienne de théâtre renommée depuis sa sortie de l'Arts York. Elle est principalement connue pour ses rôles dans les films Better than chocolate, Les Chroniques de Riddick et pour les séries F/X, Effets Spéciaux (38 épisodes) et surtout Blood Ties (22 épisodes) où elle joue le rôle principal. On l'a vue dans Kung Fu, Au-delà du Réel : l'Aventure Continue, Stargate SG-1 (2 épisodes : Les esprits, et La sentinelle), Stargate Atlantis, Spy Girls, Cold Case, Andromeda, Les Experts : Miami, Numb3rs, Bones, Dexter, 24 heures chrono, Mentalist, NCIS, Castle, Defying gravity (13 épisodes), etc.

June Squibb (1935) a eu une carrière exclusivement consacrée au théâtre et aux music-halls de Broadway, elle ne s'est tournée devant les écrans qu'à 55 ans en 1990 ! Elle n'a pas joué beaucoup au cinéma (on citera Rencontre avec Joe Black avec Brad Pitt) et est plus familière des séries télé. On l'a vue dans Urgences, Mon oncle Charlie, Larry et son nombril, Sept à la maison, Cold Case, Ghost Whisperer (6 épisodes) ou encore jouer Pearl dans 23 épisodes des Feux de l'Amour, etc.

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21. COURS MAGISTRAL
(THREE STORIES)


Scénario : David Shore
Réalisation :
Paris Barclay

- Why is it always me ?
- Because the world hates you. Or because it's a class of diagnostics. Pick whichever reason feeds your narcissism better.

Stacy Warner, avocate en droit constitutionnel et ex petite-amie de House, débarque à l'hôpital. Elle s'est remariée et est certaine que son nouveau mari est malade. House décline sa demande de le soigner. Parallèlement, Cuddy ordonne que House fasse un cours de diagnostic à des étudiants. Bon gré mal gré, il accepte et interroge les étudiants sur trois cas imaginaires. Son équipe, présente dans la classe, se rend compte qu'un des trois cas est réel, et concerne quelqu'un qu'ils connaissent très bien...

Le final de la saison 1 commence par cet épisode devenu un classique de la série. Il est souvent considéré par les fans comme le meilleur épisode de cette saison et un des tous meilleurs de la série. Au risque d'attirer les foudres des fans, l'auteur de ces lignes, s'il conçoit que Three stories est brillant dans bien des domaines, critique une histoire confuse dans les deux premiers tiers. Il reste malgré tout un must see de la série, capital pour comprendre l'histoire de House. Le créateur de la série a écrit un magnifique scénario, même s'il n'échappe pas à des développements tortueux.

L'arrivée de Stacy Warner crée l'évenement. Ayant partagé la vie du diagnosticien, elle le connaît très bien. Aussi leur dialogue, très tendu, où House a bien du mal à dissimuler son agacement, est un passage très fort où elle cherche à trouver la faille. Dans ce premier contact, Stacy réussit très bien son entrée, elle échappe à tout poncif, à tout cliché inhérent à ce type de scènes. Quant à House, le voilà pris dans les rêts d'un sentiment normalement incompatible avec sa misanthropie : la jalousie. Revenant au niveau des hommes "normaux" qui éprouvent des sentiments, House se voit humanisé, alors même que son égoïsme lui donne le mauvais rôle. Un paradoxe psychologique remarquable.
L'épisode débute pleinement avec le cours de House qui va parler de trois cas de patients qui ont des douleurs à la jambe. Cet épisode est en fait construit comme une fugue musicale à trois voix : le sujet de la fugue est la douleur à la jambe, et ce sujet intervient pour les trois patients. Le sujet passe ainsi aux différents malades avec une telle rapidité qu'on en est hélas perdu. Ainsi le "divertissement" (développement) de cette fugue cinématographique est desservi par le fait qu'on passe d'un malade à l'autre trop rapidement, rendant l'ensemble décousu. Toutefois, Shore ne rate pas son unisson : les trois patients doivent tous être opérés de la jambe et peut-être même amputés ! Cet accord est très réussi et fait son effet.
Quelques détails très drôles parsèment l'ensemble comme Carmen Electra - une des patientes - qui s'autoparodie légèrement et nous rappelle qu'elle a des jambes très... Purdeyiennes. La dame a le bon sens de s'en tenir qu'au "sois belle et tais-toi", Alerte à Malibu nous ayant rappelés que le cerveau humain n'est pas adapté pour apprécier ses qualités de jeu d'actrice.

En même temps, House exhorte ses étudiants à être pleinement matures, leur filant une pression monstrueuse, à assumer une situation où ils doivent faire face à la mort prochaine d'un patient, et surtout leur faire prendre conscience que tôt ou tard, ils commettront des erreurs qui tueront un patient. Bref, House casse la tête au mythe du gentil docteur en le transformant en un homme responsable, faillible, et sans émotion. Une pointe qui vise non seulement les fadasses docteurs du tout-venant des séries médicales, mais aussi Cameron dont l'angélisme lui brouillerait la vue et tuerait sa patiente. House invite les étudiants à avoir de grandes connaissances pour pouvoir trouver l'espèce d'un serpent coupable (qui sera en réalité un drôle de serpent !!), et un bon esprit d'analyse pour déterminer si un patient simule ou pas. Il leur fait voir la dure réalité du métier.

Le twist nous plongeant dans le passé de House réoriente l'histoire, du cours magistral au mélodrame poignant, supérieurement écrit et interprété. Cuddy, dans ce flashback, est devenue plus compatissante, mais c'est bien entendu le désaccord entre Stacy et House qui domine. House s'obstine à refuser l'amputation qui le sauverait, préférant prendre le risque de mourir pour guérir totalement, tandis que Cuddy et Stacy essayent de le faire changer d'avis. Mais Stacy n'est pas qu'une amoureuse attachante. Pour exister face à House, elle a dû batailler et ce trait de caractère est visible quand elle accomplit un superbe sacrifice d'amour. Elle sait à ce moment-là que c'est la fin de son couple car House ne pourra lui pardonner une telle décision, lui qui place le libre-arbitre au-dessus du tout. Sacrifier son couple pour sauver son compagnon, c'est une éblouissante preuve de courage. Il est à noter que House a les larmes aux yeux quand il évoque ce triste souvenir, et semble si faible quand un étudiant lui dit qu'il a agi comme un con. C'est là un des rares moments de laisser-aller du docteur. Toute cette séquence démontre la progression qualitative de la saison dont la fin est le couronnement. Ce cours a été d'autant plus fort que House sait aujourd'hui qu'il a mal agi envers Stacy. Un changement s'est déjà produit en lui comme l'atteste la coda ouverte, qui déroule le tapis rouge pour le finale de la saison.

Remarquons que la mise en scène de Paris Barclay est éblouissante, avec un montage craquant (l'apparition truquée et successive des trois étudiants dans la chambre de Carmen et du fermier, ou les 16 personnes agglutinés chez l'adolescente) et une fluidité qui fait vraiment plaisir !

Tant de scènes magnifiques... pourquoi seulement trois H ? Parce que l'épisode accuse un second défaut : Sela Ward. En effet, l'interprétation de l'actrice est décevante. Elle emprunte fortement son jeu et sa scène de "sacrifice" est amputée d'une bonne partie de sa force par son cabotinage. Elle se rattrapera heureusement dès l'épisode suivant. Hugh Laurie est protéiforme, il passe du cynisme à la tristesse, de l'ironie à la révolte, de la violence à la sobriété avec une aisance bluffante. Un incontournable.

Infos supplémentaires

Première apparition de Stacy Warner, ex-compagne de House, interprétée par Sela Ward. Elle apparaîtra dans en tout 10 épisodes de la série. L'actrice confessa avoir été en larmes en lisant les scripts des deux derniers épisodes de la saison, et fut décidée à obtenir ce rôle.

L'introduction, fait rare, a lieu à l'hôpital, et en présence de House.

Un des rares épisodes où House ne traite pas un patient, n'étant constitué que du cours qu'il donne aux étudiants.

On en apprend beaucoup sur House : sa rupture avec Stacy vient de ce qu'elle avait pris la décision qu'on lui enlève son muscle mort contre sa volonté, le condamnant à une douleur incurable permanente alors qu'il voulait tenter de récupérer l'usage complet de sa jambe, quitte à risquer sa vie. Il subit d'ailleurs une mort clinique d'une minute. Nous apprenons qu'il aime les chiots et se balader sous la pluie (il reste encore un peu de romantisme chez House !). Il a de très bonnes notions d'herpétologie (étude des reptiles). Nous apprenons qu'il déteste les compromis (ça, on s'en doutait !) et qu'il donne 10$ à Wilson chaque fois qu'un patient remercie son ami quand il lui annonce qu'il va mourir (ce qu'il réussit très souvent). Il considère enfin Carmen Electra comme une golfeuse-née.

Erreurs médicales :
– House prétend que trois serpents vénimeux habitent le New Jersey : le copperhead, le serpent à sonnette et le serpent corail. En réalité, on ne trouve pas de serpent corail dans le New Jersey.
– Durant l'opération des trois patients, on constate qu'aucun d'entre eux n'a les yeux fermés avec du ruban adhésif, ce qui est nécessaire dans ce type d'opération.

Erreur de continuité : le tableau derrière House ne cesse de changer durant tout le cours : tantôt un tableau blanc, tantôt un tableau où il peut écrire avec une craie.

La présence de Carmen Electra permet une référence à la série Alerte à Malibu, mentionnée par un des étudiants lorsque House évoque la playmate.

Acteurs

Sela Ward (1956), aujourd'hui, est surtout connue et appréciée par son rôle dans la série. Elle aime beaucoup Hugh Laurie, qu'elle admire. Elle tente sa chance comme mannequin pendant cinq ans, puis comme actrice. Elle fait ses débuts dans la série Emerald Point N.A.S (22 épisodes) mais c'est son premier rôle dans la série Les Sœurs Reed (122 épisodes, Teddy Reed) puis de Deuxième Chance (63 épisodes, Lily Manning) qui la fait connaître à la télévision où elle joue depuis régulièrement. Candidate malheureuse au casting de Demain ne meurt jamais, elle a néanmoins percé quelque peu au cinéma comme dans Studio 54, Dirty Dancing 2, Le Jour d'après, Le Beau-Père... À la télévision, elle a joué dans beaucoup de téléfilms mais pas beaucoup de séries quoiqu'elle ait décroché le rôle régulier de Jo Danville dans les deux dernières saisons des Experts : Manhattan (57 épisodes, Jo Danville).

Carmen Electra (1972) née Tara Patrick est surtout connue pour avoir joué 13 fois la voluptueuse Lani McKenzie dans Alerte à Malibu ainsi que dans les adaptations en téléfilm. Cette célèbre playmate (couverture de Playboy historique en 1996) a d'abord commis un disque de rap, soutenue par Prince qui lui donna son surnom. Le flop de l'album l'incita à s'orienter devant les caméras. Au cinéma, ses rôles les plus marquants sont dans les Scary Movie 1 et 4 dont elle assura la promo en posant nue dans des magazines, mais joue souvent en guest star grâce à son physique pulpeux (Sexy Movie, Big Movie, Naked Movie, Starsky et Hutch...). Si elle continue de tourner fréquemment, elle est cependant davantage adepte des shows et divertissement télé dans lesquels elle ne se prive pas de mettre en avant ses atouts. On l'a vue dans quelques séries comme Joey, 90210 (2 épisodes chacun), Monk, etc.

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22. LE CHOIX DE L'AUTRE
(HONEYMOON)


Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz
Réalisation : Frederick King Keller

— What happened to "Everybody lies" ?
— I was lying.

House drogue Mark Warner, le mari de son ex, pour pouvoir le soigner à l'hôpital. Mais tous les examens sont négatifs. Mark serait donc en excellente santé ce qui n'est pas l'avis de House, aussi convaincu que Stacy qu'il a quelque chose. House, durant le traitement de Mark, cherche à se rapprocher de son ex mais elle le tient à distance. Leur relation devient de moins en moins supportable tandis que Mark, régulièrement harcelé par House, angoisse à l'idée que Stacy pourrait le quitter...


La saison 1 se termine en un splendide bouquet final avec cet épisode, suite du précédent. L'épisode sacrifie à un marronier des séries télévisées : la rencontre avec l'ex. Alléluia, la version proposée par la série dépasse le cliché du fond par une forme soignée : la tension (sexuelle entre autres) entre House et Stacy est électrisante, les anciens amants échouant à garder un ton correct. L'impuissance du mari, souffre-douleur d'un House plus féroce que jamais, face à cette situation, termine de rendre cet épisode intense.

On démarre fort avec un concours de vannes entre House et Mark sous l'œil froid de leur belle. Cet échange méchamment acéré prend fin de manière spectaculaire mais tout à fait caractéristique des méthodes fortes du docteur. Le cas de Mark prend rapidement une direction particulière : tous ses symptômes sont bénins, mais House, têtu, persiste, allant même jusqu'à commander une opération chirurgicale sans diagnostic formel. House a déjà avoué quelques fissures dans son coeur de glace, mais ici une fêlure importante s'y creuse : cette foi aveugle en l'instinct de son ex, sa perte d'objectivité qui le pousse à poursuivre un cas sans symptomes est un premier coup de projecteur sur ses faiblesses et sa psychologie abyssale, que très peu de personnages de série télé comptent, et qui ira crescendo tout au long de la série, surtout à partir de la saison 6. L'évolution de House vers plus de fragilité et de lumière sera un des axes majeurs de la série. Cette enquête médicale où l'on cherche ze indice qui débloquera tout est de plus riche en suspense, privilégiant une atmosphère épaisse à la vitesse - impressionnante scène de convulsions, dont la violence expressioniste sera seulement surpassée par celle de Protection reprochée (saison 2). L'absence quasi totale d'humour renforce le côté sombre de cet épisode. Mark dynamise le tout par son oppostion systématique à House.

Bien entendu, c'est l'explosive relation entre Stacy et House qui est l'atout majeur de cet épisode. Stacy connaît bien House, donc elle connaît ses moyens pour arriver à ses fins. Elle lit dans la tête de House comme dans un livre ouvert. Ce jeu psychologique où House essaye de trouver la faille dans le ménage Warner permet un suspense moral très prenant. House, en effet, n'est pas guéri d'elle tandis que la volonté farouche, presque exacerbée que met Stacy à s'éloigner de son ex est une protection, un bouclier contre la tentation de l'adultère car elle n'est pas sûre d'elle.
L'épisode se paye le luxe de nous offrir des scènes plus climatiques les unes que les autres : House joue avec les nerfs de Mark en lui posant des questions intimes sur son mariage sous couvert de médical, provoquant la colère de Stacy. Mark, angoissé, supplie que Stacy reste auprès de lui et ne parle plus au diagnosticien. Une scène splendide nous montre House, attablé à un bar, expliquant à Wilson qu'une partie de lui souhaite sa mort qui lui permettrait de récupérer Stacy ou bien de la faire souffrir. Ce sadisme inconscient jete une ombre sur House. A l'avenir, sa face sombre s'exprimera toujours sous forme d'autodestruction, plus tôt que contre quelqu'un d'autre. Rétrospectivement, l'épisode apparaît comme franchement audacieux car le seul sentiment de haine (hormis contre lui-même) qu'éprouvera House est dû au plus noble des sentiments : l'amour, ici dépeint comme étant égoïste et noir, une face enténébrée que seuls les films et séries les plus ambitieuses exploreront vraiment.

Finalement House applique la théorie Freudienne que Cameron lui avait expliqué dans Des maux d'amour : il veut dominer Stacy pour pouvoir la reconquérir ou bien lui faire mal en retour de ce qu'elle lui a fait il y a cinq ans : il refuse de pratiquer un test important sur Mark, prétextant que c'est la volonté du patient d'où un gros coup de gueule de Stacy devant tant de mauvaise foi : House respecte rarement les volontés de ses patients !
Mais le climax est atteint quand Chase, Cameron et Foreman s'interposent pour empêcher House d'administrer un "cocktail" à Mark. Currie Graham est un excellent choix en mari tourmenté par la peur et la jalousie.

La scène finale est un sommet de romantisme. Les dialogues prennent une certaine emphase mais ne sont jamais exagérés. La superbe déclaration de Stacy est pleine de justesse. La décision de House d'accepter que Stacy travaille désormais à l'hôpital finit cette saison sur un point d'interrogation : que va-t-il se passer ? Entre House et Stacy, sera-ce l'entente cordiale ou bien le conflit ouvert ? Sela Ward maîtrise davantage son jeu. Acide, déterminée, émouvante, elle énergise son interprétation qui soutient solidement cet épisode. Hugh Laurie crève l'écran et repousse les limites du cynisme avec un jeu acerbe et glacial, mais aussi triste et plus doux quand il s'interroge sur ses souhaits. L'épisode se termine comme s'achevait le premier : par la chanson des Rolling Stones You can't always get what you want. Dommage que Jennifer Morrison accomplit une de ses pires prestations en sentimentale. Tout au long de la saison, elle fut inférieure à ses partenaires, sauf quand elle sortait de l'habitude de son personnage (comme dans Love hurts). Heureusement, le meilleur est à venir pour elle.

En bref, un épisode grandiose, digne de conclure cette première saison qui nous a initiés avec une réussite complète à l'univers du plus désagréable médecin de l'histoire des séries télé.

Infos supplémentaires

Première apparition de Mark Warner, mari de Stacy, joué par Currie Graham. Il jouera en tout dans 4 épisodes de la série.

Le premier rendez-vous entre House et Stacy fut calamiteux et elle jura de ne plus jamais le revoir. Une semaine plus tard, elle emménageait chez lui et commençait une relation qui durera cinq ans. Stacy est athée mais garde toujours sur elle la croix de sa mère, unique bijou qu'elle consent à porter. D'après Mark, elle ne porte pas de lingerie. Elle prend son milkshake sucré (elle le prenait sans sucre quand elle était avec House). Son rêve d'adolescente était de partir à Paris (ce qu'elle n'a pas encore fait). Apparemment les USA continuent de penser Paris comme la cité romantique par excellence (qui s'est plaint ?).

Mark est professeur. De quoi ? Nous n'aurons pas plus de précision. Ses parents sont morts dans un accident de voiture et il est marié à Stacy depuis trois ans. Il faisait du VTT avant sa maladie avant de se mettre au yoga.

D'après Stacy, House était "à peu près le même" avant son intervention. Donc, le caractère aigri du docteur ne vient pas de ce triste événement. Par ailleurs, s'il voit une lettre timbrée sur le sol, il ne la poste pas. Comme c'est étonnant...

À noter que House prononce le mot français Garçon ! pour appeler un serveur.

Erreurs de continuité :
– Quand Mark subit son attaque causée par son angoisse, une infirmière se rue vers son lit. Quelques secondes plus tard, la même infirmière sort de l'ascenseur avec Stacy et House ! Aurait-elle le don d'ubiquité ?
– Lorsque House prélève l'urine de Mark, la seringue ne contient pas d'air. Dans le plan suivant, elle a une grosse poche d'air !

À deux reprises, Foreman est surnommé Dr. "Mandingo", référence à l'esclave noir du film du même nom (1975) de Richard Fleischer (avec James Mason).

En plus de la chanson des Stones, deux autres chansons dans l'épisode : Delia de et par Blind Willie McTell et I call it love de Wayne Jones et Windy Wagner par cette dernière.

Acteurs

Currie Graham (1967) a étudié à l'American Academy of Dramatic Arts de New York. Actif aussi bien au théâtre que devant les écrans, il a joué dans une dizaine de films dont Stargate, l'arche de vérité. On l'a vu sur le petit écran dans de nombreuses séries telles New York - Police Judiciaire, Urgences, Monk, Les Experts : Miami, Esprits Criminels, Ghost Whisperer, Lie to Me, Castle, The Closer (épisode Voir les étoiles et mourir), Weeds, Private Practice, 24 heures chrono, Mentalist, Los Angeles police judiciaire, House of lies (2 épisodes pour ces cinq derniers), Dallas 2012, Les Experts (3 épisodes chacun), Suits, Grimm, Fringe, NCIS Los Angeles, La loi selon Harry, Arrow, Grey's anatomy, etc. et des rôles récurrents chez Les Experts (3 épisodes), Desperate Housewives (9 épisodes), Men in Trees (10 épisodes), Boston Justice (9 épisodes), Murder in the first (20 épisodes)...

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TOP 5 DE LA SAISON 1

1. Des maux d'amour : Le cas principal du plus réjouissant intérêt, et le personnage troublant d'Annette dominent cet épisode rempli de surprises. Le cas secondaire (avec Peter Graves) est un des plus décalés de la série. La scène du dîner est un classique pour les fans. Réussite totale.

2. L'erreur est humaine : Très bel épisode sur une religieuse qui n'arrive pas à suivre ses convictions. Le poids de la culpabilité et la honte d'avoir peur sont les thèmes de cet épisode grave et méditatif mais finalement optimiste. Elizabeth Mitchell et Jesse Spencer sont au sommet de leur talent.

3. Le choix de l'autre : Bouleversant épisode à la tension et à l'émotion débordantes, dominé par le duel psychologique entre House, Mark, et Stacy. Climax sur climax, cet épisode est un miracle de précision scénaristique jusqu'à sa fin ouverte. Lumineuse interprétation de Sela Ward.

4. Sacrifices : Épisode tragique sur un dilemme terrible, impossible à trancher sans tomber dans la culpabilité et le chagrin. L'épisode flirte avec le pathos mais n'y sombre jamais. Unhappy end intégral, y compris dans la résolution de l'affaire Vogler. Triste mais beau.

5. Cherchez l'erreur : Le polar médical à l'état pur, une enquête passionnante avec rebondissements à la chaîne. L'essence de la série n'a jamais été aussi présente que dans cet épisode.

Accessits d'honneur : À bout de nerfs, Cours magistral, Symptômes XXL

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.