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 saison 2 saison 4

Alias

Saison 3


1. POST MORTEM
(THE TWO)

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney est retrouvée amnésique à Hong Kong deux ans après avoir tué le sosie de Fran. Kendall a été remplacé par … Dixon. Vaughn a quitté la CIA pour devenir enseignant et s’est marié. Tippin a miraculeusement survécu à la tentative de meurtre de Allison/Fran. Jack Bristow est en prison depuis un an, au secret, pour avoir travaillé à nouveau avec son ex femme Irina. Kingsley, un agent de la CIA, a été assassiné en France par un groupe appelé « Le covenant ».

La critique de Patrick Sansano


Le thème du héros que l’on retrouve amnésique en Orient a déjà été exploité dans l’excellent double épisode de « Hawaii Police d’état » : « Les neufs dragons » qui inaugurait la saison 9, s’étant déjà inspiré des romans de Ian Fleming où 007 est considéré mort au Japon et où M rédige sa nécrologie, alors que l’agent amnésique ne réapparaîtra qu’un an plus tard au début de « L’homme au pistolet d’or », tentant de tuer M après un lavage de cerveau par le KGB. Jennifer Garner joue toujours aussi mal et plus personne n’attend d’évolution de côté-là, son cas étant désespéré. Victor Garber en prison et à l’isolement ressemble beaucoup à Carlos le terroriste et gagne un peu d’épaisseur au propre comme au figuré. Cela ne dure pas et il retrouve son physique fâlot lors de sa libération. Il n’est plus question pour Sydney de venger son fiancé Danny Hecht. Quant à la fameuse révélation d’Irina à sa fille, selon laquelle elle est celle qui a été choisie par Rambaldi pour accomplir la prophétie, il n’y est plus fait allusion alors que c’était la grande nouvelle de la fin de saison 2, d’ailleurs Lena Olin est absente de l’épisode.

Parlons donc des bonnes nouvelles, et autant que faire se peut des bons comédiens : un nouveau salaud fait son apparition dans la série, Lindsey, et le comédien Kurt Fuller, aux faux airs d’Anthony Hopkins, y est sublime. Ron Rifkin parvient à nous faire croire à sa rédemption, au fait que depuis Zurich, il se dédie à une fondation luttant contre le cancer. Cet exercice de style périlleux entre bien et mal dans lequel Lena Olin n’a jamais été convaincante avec ses grimaces et sourires à deux sous, Rifkin le franchit avec son jeu subtil habituel. Michael Vartan joue comme un cochon, et il fait vraiment pitié à voir dans une scène où il vient demander des nouvelles de Sydney. Il n’est pas aidé par sa partenaire qui est aussi nulle que lui. On a gardé Dixon, personnage autant inutile que Peter Lupus dans « Mission Impossible », sans doute pour conserver un quota de blacks dans la série. La série est de plus en violente (scène du meurtre dans le TGV) mais lorsque Sydney tue un agent russe, on a l’impression d’être dans un mauvais clip vidéo ou dans une pub pour un parfum.

Jennifer Garner joue comme les héroïnes d’il y a quarante ou cinquante ans, alors que le monde a changé et que le jeu des comédiens a évolué. Absents de l’épisode, Sark, Tippin, Irina laissent la place à des seconds couteaux montés en épingle et aussi médiocres que Flinkman. C’est particulièrement le cas du descendant de Houdini, le fatman Eric Weiss, joué par Greg Grunberg, version Obélix de Flinkman. Dès la saison 2, ce personnage était surestimé et sa présence à l’écran injustifiée. Il monopolise de nombreuses scènes, on se demande bien pourquoi. On espère que le niveau sera réhaussé par l’arrivée de Lauren Reed/Melissa George, l’épouse de Vaughn, encore en coulisses. Enfin, le ridicule ne tue pas. Le puceau Flinkman a enfin trouvé chaussure à son pied et sa copine (voisine de bureau) est enceinte de ses œuvres. Son humour est toujours au raz des pâquerettes.

On ne sait plus trop dans quelle direction « Alias » va aller. Kurt Fuller hélas ne semble pas là pour longtemps (six épisodes seulement). On l’aurait bien échangé contre Jennifer Garner.

La critique de Clément Diaz

 
L’ouverture de la saison 3 partage bien des points communs avec le pilote de la série. Sydney est confrontée à un traumatisme écrasant qui brise tous ses repères, et doit jouer au déserteur freelance pour gagner la confiance du chef de la NSA. Cette similitude est voulue par Abrams qui peut ainsi redémarrer sa série sur de nouvelles bases. Davantage un prélude présentant cette nouvelle saison qu’un vrai épisode, The two n’en est pas moins réussi ; il cultive par ailleurs le mystère des deux années volées à Sydney. La révélation finale, loin d’éclairer, ne fait que renforcer l’étonnement. L'épisode accomplit son office : le public mord à l’hameçon.

Le créateur tient à nous rassurer : deux ans ont peut-être passé, mais les habitudes de la série demeurent. L’épisode commence donc par une fracassante baston de Sydney qui nous met en appétit. Le premier tiers de l’épisode va être principalement dédié à la difficile accoutumance de Syd au « nouveau monde ». Soient donc Dixon promu chef des opérations de la CIA, Carrie portant l’enfant de Marshall, Jack en prison à perpétuité pour insubordination, contacts de Sydney désormais inactifs, Vaughn démissionnaire et nouvellement marié, et un sacré emmerdeur du nom de Robert Lindsey. Interprété par un Kurt Fuller d’une férocité absolue, Lindsey est rapidement plus désagréable que l’antipathique mais objectif Kendall. Leur affrontement est plein d’étincelles.

Les deux changements les plus importants sont la nouvelle épouse de Vaughn (J.J.Abrams nous asticote en reportant l’entrée de l’heureuse élue à l’épisode suivant), et surtout l’incroyable rédemption d’Arvin Sloane. Désormais philanthrope respecté qui a donné de précieux renseignements à la CIA, et maintenant un de leurs meilleurs alliés - une nouvelle que Syd a du mal à avaler. Sa scène unique est pensée comme le centre de gravité de l’épisode. Sloane veut se montrer bon et généreux, et Ron Rifkin, tout en intériorité, est si talentueux que le spectateur se surprend à croire (un peu) au revirement du Big Bad n°1 de la série. Bon, Sydney remet les pendules à l’heure en le sermonnant (et pas qu’en paroles), mais malgré tout, c’est elle qui ironiquement a le mauvais rôle : le culot bien connu du scénariste. On passera sous silence la plus grande importance accordée à l’agent Weiss, qui ne sort pas de la case « second rôle de remplissage ». Au final, c’est vraiment une nouvelle série qui ressort de ce deuxième changement d’ère (après la révolution Phase One).

Sydney est à peine revenue dans le monde des vivants qu’elle est déjà en pleine tourmente. Elle montre cependant toute sa puissance en piégeant tout le monde d’un coup de bluff magistral, puis se lançant dans une croisade solitaire pour révéler au monde qu’elle est de retour, et que ça va chauffer !! Elle y arrive au-delà de toute espérance : sa mission à Prague, aussi brève soit-elle, nous régale d’une scène d’action (et d’une tenue sexy) spectaculaire. Tandis que le guet-apens parisien renoue avec le suspense cher à la série. La coda, en deux temps, est inégale : si on se réjouit de voir Lindsey plier sous le chantage de Sydney, voir cette dernière démolir Vaughn sous un injuste torrent de paroles blessantes est malheureusement d’un ridicule mortel. Sydney attendait donc de Vaughn qu’il ne crut pas à sa mort alors que tout l’indiquait ? La dame a sacrément élevé ses exigences pour ses petits amis ! Retenons enfin le cliffhanger qui nous donne une petite idée de ce qui s’est passé pendant le hiatus de deux ans : Ouch, eh ben ça promet !

Un épisode qui a valeur de prologue à une nouvelle période, mais à l’action, au suspense, et au mystère savamment dosés. Que la saison 3 commence !

Les infos supplémentaires

Robert Lindsey (Kurt Fuller) a remplacé Jack Bristow. Le personnage apparaîtra dans en tout six épisodes de la saison.

Melissa George (Lauren Reed) est créditée au générique. Elle n’est cependant pas présente dans cet épisode. Greg Grunberg (Eric Weiss), après deux saisons en tant qu’en acteur récurrent, est promu en acteur régulier, son nom étant lui aussi au générique.

Une superbe coquille de la part des chargés de décor, la mission à Paris se déroulant près de la Société de fabrication de « Monmartre » !

Sloane mentionne que Volkov était un ancien membre du MVD. Il s’agit du Ministerstvo Vnoutrennikh Diel ; l’équivalent du Ministère de l’Intérieur russe.

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2. MONNAIE D'ÉCHANGE
(SUCCESSION)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Jack montre à sa fille un film pris durant sa disparition, et sur lequel on la voit tuer un homme. Deux agents de la CIA sont enlevés à Berlin dans un ascenseur par le groupe Covenant. L’un des otages est décapité, pour rendre l’autre vivant, Covenant réclame Sark.

La critique de Patrick Sansano


Geignarde, pleurnicheuse, Jennifer Garner est insupportable face à un Michael Vartan juste bon pour « Les feux de l’amour ». Le contraste est saisissant lorsque dans la scène suivante, Ron Rifkin fait face à Victor Garber. Rifkin lui n’a pas trouvé son talent de comédien dans une pochette surprise. David Anders manque toujours de la maturité nécessaire pour le rôle de Sark. Kurt Fuller confirme tout le bien que l’on pensait de lui dans sa composition d’un immense s alaud, même si l’on comprend que ces fous de scénaristes ont décidé d’écarter l’un des seuls bons comédiens présents sur le plateau. La réintégration du falot Vaughn à la CIA est bien maladroitement présentée, caprice des scénaristes ou plutôt de la production. Les apparitions de Sloane et de Fuller sont distillées au compte goutte mais quel régal de voir ces deux acteurs.

Vu la médiocrité ambiante (Garner, Garber, Vartan et l’inutile Lumbly), ils n’ont aucun mal à émerger du lot. Sydney qui s’habillait jadis lors de ses missions en sexy girl est maintenant déguisée en moche intello binoclarde. Dixon est un très mauvais choix pour jouer un rôle important à la CIA. Autant son insignifiance passait en simple comparse, autant il plombe à son tour la série comme s’y ingénient Sydney et Vaughn depuis longtemps.

Il n’est plus question ici du trésor de Rambaldi, et on le regrette. J J Abrams ayant décidé d’être enfin un peu charitable avec le public masculin nous propose une alternative au laideron aux oreilles décollées en la personne de Melissa George, qui cumule à la fois le rôle d’un agent et de la femme de Vaughn. Mais ce qu’elle offre ici ne nous permet pas de nous prononcer sur ses talents de comédienne. Brillent par leur absence Irina et Tippin. Cette troisième saison a choisi une direction différente, une suite plus grave et avec moins d’humour, avec un SD6 du pauvre en la matière du Covenant. On en revient, somme toute, toujours à la même question. Comment une série aussi faible a-t-elle pu éviter l’annulation pendant cinq saisons ?

La critique de Clément Diaz


Pour leur dernier épisode pour la série, le duo Orci-Kurtzman n’est hélas pas dans son élément. Nous ne sommes qu’au début d’une saison occupée à ramasser les nombreuses pièces du puzzle découlant du hiatus entre la saison 2 et 3. Conséquence : dialogues nombreux, intrigues sages, pas d’accumulation délirante, et surtout rythme très modéré, soit l’opposé de l’habitude du duo. Mais la mécanique convenue de Succession est tout de même bien huilée, avec quelques rebondissements et révélations qui font leur effet. Les auteurs s’amusent en repoussant la rencontre de Sydney avec la femme de son ex à la dernière minute.

Il y’a quelques scènes énervantes comme la triste anamnèse de Vaughn sur son deuil passé (Vartan ne s’améliore pas), la discussion informatique entre Jack et Irina ; Lena Olin ayant plié bagage, les scénaristes ont recours à cet expédient peu glorieux. Ou encore la discussion très exogène au ton de l’épisode entre Sydney et Sark (malgré un David Anders toujours aussi régalant). Le reste est correct, mais s’inscrit dans une histoire qui met un temps infini à se développer. Les auteurs se rattrapent donc avec la recette classique de la série : on répond à quelques questions, mais on en pose beaucoup d’autres. Le mystère, carte ultime de la série, continue de tenir sur la durée : que s’est-il passé pendant les deux ans ? Quel est le lien entre l’échange de Sark et l’assassinat de Lazarey (dont la véritable identité est l’objet d’un twist très surprenant) ? Que recherche le Covenant ? Et puis, il y’a bien sûr Sloane qui jure sur ses grands dieux qu’il a trouvé la rédemption devant Jack qui ne cache pas son scepticisme. Cette kyrielle de questions fascine. Dommage qu’elle soit engendrée par des dialogues à rallonge.

Les deux missions au Mexique et en Allemagne sont d’intérêt inégal. La première voit l’échange Sark-Rotter qui va génialement foirer grâce à la traîtrise de Lindsey (Kurt Fuller se surpasse en salaud total). Le suspense prend. La mission allemande est plus classique avec une infiltration peu mémorable de Sydney sous la couverture d’une chimiste spécialisée dans les drogues. Le coup du faux code secret est un peu trop tiré par les cheveux, mais on retient ce nouveau mystère lorsque le chirurgien meurt après avoir prononcé quelques paroles énigmatiques à Syd. On retient aussi le début de l’épisode avec la méthode d’enlèvement la plus délirante imaginée par un scénariste, ainsi que le colis cadeau que réceptionne Sydney dans un cinéma porno (bon appétit !).

L’épisode s’achève par l’entrée en scène de Lauren Reed, campée par une Mélissa George très « bombasse » : cheveux blonds dénoués, minois sublime, jambes dénudées, et veste élégante ; une entrée remarquable et… remarquée !

Les infos supplémentaires

Vaughn devenu enseignant recommande à ses étudiants de voir à la cinémathèque « Les 400 coups » de François Truffaut.

Première apparition de Lauren Reed (Melissa George).

On trouve dans la liste des agents morts de la CIA beaucoup de noms de l’équipe technique :  Scott Chambliss, Nicole Carrasco, Frederick Toye, Maryann Brandon…

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3. ARME SECRÈTE
(REUNION)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Jack Bender

Résumé

La femme de Vaughn, Lauren, est chargée d’enquêter sur l’homme que Sydney a égorgé durant son absence de deux ans. Après s’être crêpée le chignon durant une réunion de la CIA, les deux femmes se retrouvent lors d’une mission à Mexico, Laureen derrière son écran , Sydney dans la forte place ennemie, pour capturer Sark qui rencontre Boris Orantsky du Covenant.

La critique de Patrick Sansano


Comment faire des économies sur la distribution ? En engageant à la place de Fran, Tippin, Charlie, le professeur qui tous constituaient la vie « privée » et hors espionnage de l'héroïne le fade Weiss/Greg Grunberg qui, s’il appartient à la CIA, est aussi « le confident » hors missions. Le suspense ici consiste pour Jack Bristow d’empêcher que Laureen n’identifie sa fille sur le film d’archives en train d'égorger un homme. Pour rendre Lauren encore plus détestable aux yeux de Sydney, non seulement celle-ci lui a piqué son homme, mais elle a en plus obtenu la grâce de l’assassin du bien oublié Danny Hecht. Le talent de Ron Rifkin, c’est de rendre Arvin Sloane humain et crédible avec sa façon de considérer Sydney comme sa fille, sa protégée, alors qu’il est un ignoble assassin.

Loin de Lena Olin et de ses remords et repentances pitoyables en Irina dans la saison 2, Rifkin insuffle à Sloane une crédibilité dans son action humanitaire contre le cancer, sans que le téléspectateur ne soit dupe et oublie quel monstre il est. Il est bien plus difficile de jouer un méchant qu’un héros, et Rifkin y excelle. Concernant Lauren/Melissa George, on en a fait une sorte d’anti Sydney. Elle est aussi blonde que Sydney brune.

Les admirateurs de la brunette doivent la détester. On regrette beaucoup l’absence de Lindsey/Kurt Fuller. Il est dommage aussi de laisser autant de bonnes scènes à David Anders/Sark qui croisement hasardeux de David Hallyday et de Bénabar n’a pas du tout le look du terroriste qu’il est censé être. Melissa George joue mieux que Jennifer Garner, chose qui n’est pas bien difficile, mais son travail d’actrice jusqu’ici ne mérite pas des louanges comme celles destinées à Rifkin. Le personnage n’est pas encore suffisamment développé, mais elle le joue tout en nuances au lieu d’en rajouter dans le côté odieux, ce qui est de bonne augure pour la suite. Mark Ivanir est plausible en Orantsky. Son personnage reste hélas celui d’un comparse mineur et n’atteint pas la galerie des grands vilains de la série. On retrouve ici des ralentis façon 007/Brosnan dans lesquels Sydney et Vaughn échappent par miracle aux plus dangereuses des explosions à la seconde près.

La critique de Clément Diaz


Reunion
appartient sans difficulté aux meilleurs épisodes d’Alias avec des missions pleines d’adrénaline. L’affrontement Lauren-Sydney vaut aussi le détour, tandis que la superposition des intrigues dans la dernière partie de l’épisode provoque un suspense du tonnerre.

Dans une situation évoquant irrésistiblement Ally McBeal, voilà un homme, sa femme, et son ex qui travaillent au même endroit. Vaughn doit jouer les médiateurs entre Sydney et Lauren qui lors des deux briefings de l’épisode ne trouvent rien de mieux que de gueuler de concert. Melissa George unit sa sensualité à de très bonnes mimiques d’actrice, rendant crédible le mariage entre Lauren et Michael. Elle compose une alternative à Sydney : dépassionnée, à l’énergie plus intérieure, et plus chaleureuse ; Jennifer Garner demeure dans son registre fonceur et lutteur : leur affrontement tient ses promesses, même si l’armistice est signé à la fin.

Pinkner, touché par l’inspiration, a d’excellentes idées : le satellite explosant en plein parc est une secousse, et l’instant d’après, on rit en voyant Sydney et Weiss dans une scène de beuverie hilarante. Greg Grunberg, pour une fois, est très supportable. Sloane reste encore à l’écart, mais même avec une seule scène, il nous marque toujours autant ; on adore l’entendre répondre à une Sydney le menaçant des pires sévices : Vous m’avez manqué ! Sourires fielleux, airs satisfaits, et roublardise pince-sans-rire, Ron Rifkin confirme d’épisode en épisode sa suprématie dans le casting. La mission au Mexique avec surveillance à distance et prise d’otages nous colle à l’écran, d’autant que Boris Oransky (fantastique Mark Ivanir) est un méchant aussi effrayant que déterminé. Sark continue son numéro d’opposant efficace et flegmatique. La deuxième mission à Moscou enchaîne fusillades et explosions avec célérité, le coup de poker joué par Vaughn et Sydney (dans une robe de soirée à tomber par terre) est d’une audace incroyable. Elle se superpose à Jack qui doit tout faire pour empêcher Marshall et Dixon de déchiffrer la vidéo montrant Syd en train de tuer Lazarey. Un double suspense haletant, mené tambour battant par l’expérimenté Jack Bender. Au final, une nouvelle réussite !

Les infos supplémentaires

Avec le hiatus de deux ans, nous ne savons plus en quelle année nous sommes. Flinkman dit à Sydney qu’en musique, la seule chose qu’elle ait ratée est Justin Timberlake.

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4. CHAÎNON MANQUANT
(A MISSING LINK)

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Des mercenaires dirigés par un certain Simon Walker volent des fioles de virus d’Ebola qu’ils fournissent au Covenant. Sydney est chargée de rencontrer Walker à Séville, le but étant de remonter jusqu’au Covenant. Elle doit s'infiltrer dans le gang, mais va y parvenir mieux qu'elle aurait pu l'espérer, étant déjà connue sous un autre nom par l'homme.

La critique de Patrick Sansano


Début d’épisode typiquement américain où Sydney tente de faire parler un ennemi mourant en faisant appel à la foi chrétienne. Après ce prologue mièvre, l’épisode s’améliore avec un face à face Sloane-Lauren et une scène où Sydney cumule les rôles d’Arsène Lupin, de l’homme de l’Atlantide et de Pierce Brosnan/007 dans le pré-générique de « Goldeneye ». Si Jennifer Garner est crédible dans la séquence d’action où elle infiltre le gang de Walker, dès que la comédienne est confrontée à des scènes de comédie, comme par exemple la jalousie de Vaughn, véritable boulet ici, l’intérêt s’effrite. La disparition durant deux ans de l’héroïne est un peu comme le hiatus dans Sherlock Holmes. Elle sert de fil rouge à la saison. Dixon est toujours aussi peu à sa place en chef de la CIA.

Désormais, dans chacune des préparations des commandos de Sydney, nous devons supporter la jalousie de Vaughn, son regard de chien battu. Tout cela s’insère plutôt mal dans les intrigues, affaiblissant l’aspect noir du monde de l’espionnage. Notons que Lauren se substitue à Sydney dans le rapport étrange père fille que distillait Arvin Sloane jusque là. On retrouve l’aspect feuilleton avec le cliffhanger traditionnel en fin d’épisode.

Les meilleurs moments sont dus aux apparitions trop courtes de Ron Rifkin, dont l’éclat du personnage de Sloane ne s’effrite pas. On regrettera devant certaines scènes croustillantes que Jennifer Garner incarne Sydney. Là où d’autres comédiennes auraient rendu l’atmosphère torride, Garner désamorce immédiatement par son côté gnan gnan boy scout toute sensualité. Bien que fort jolie, Melissa George joue dans un autre registre et n’a pas le côté vulgaire et primitif du personnage de Sydney. Quant à Michael Vartan, il joue toujours aussi mal. « Alias », une série où les méchants ont plus de charisme que les gentils.

La critique de Clément Diaz


Un corollaire de la célèbre maxime Hitchcockienne Plus réussi est le méchant, plus réussi est le film pourrait être Plus le héros est dans la mélasse, plus le spectateur est captivé. Le duo Breen-Schapker l’a bien compris, et offre à Sydney une de ses missions les plus dangereuses : l’infiltration d’un camp ennemi. Mais cette idée assez commune est renouvelée ici par le fait que Sydney doit se faire passer pour Julia, la tueuse à gages qu’elle a été pendant ses deux ans d’absence, mais dont elle n’a aucun souvenir ! Un mélange détonnant qui dépasse la légère surcharge de dialogues.

Livrée à elle-même, Syd joue un double jeu périlleux, devant se faire passer pour l’ancienne maîtresse d’un mercenaire dont elle ne connaît rien. Elle improvise à la vitesse de l’éclair : mots bien choisis, attitudes sensuelles dosées, et surtout actions calibrées face à l’imprévu perpétuel de ses situations. Sydney doit duper Simon sur son identité, doit passer un « test d’admission » en volant le collier d’une princesse en sept minutes chrono - scène d’un suspense à vif, finissant par un superbe plongeon en petite tenue - doit se cacher quand Sark arrive dans la place, doit jouer à la tentatrice pour troubler Simon (la scène de la recherche informatique est une mini-course contre la montre à fouetter le sang), doit ouvrir un coffre plus coriace que prévu en une minute… et au final, doit passer une épreuve de loyauté terrifiante, objet d’un cliffhanger foudroyant et d’une excellente réplique à double sens (You shouldn’t betray me !). Jennifer Garner, toute en tenues aguicheuses, fait ici une de ses meilleures prestations dans une brillante mission qui n’est pas sans rappeler le très réussi Inter-Crime (saison 2) des Avengers !

Qu’importe devant un tel spectacle l’abus de scènes dialoguées, surtout que certaines, comme la première entre Syd et Lauren, bénéficient d’un walk and talk évoquant la formule gagnante du duo Aaron Sorkin-Thomas Schlamme. Sloane, caché derrière sa « respectabilité », s’autorise quelques pointes méchantes en déstabilisant la pauvre Lauren. Rifkin et ses sourires diaboliques sont un enchantement de chaque instant. Comme le spectateur sait qu’un jour ou l’autre Vaughn et Sydney seront de nouveau ensemble, il analyse le secret que Vaughn doit désormais cacher à Lauren à propos de Sydney comme étant la première fêlure de leur ménage. Melissa George a encore peu à défendre, mais n’incite qu’aux éloges. Un magistral épisode !

Les infos supplémentaires

Sydney découvre que durant les deux dernières années, elle s’est appelée Julia.

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5. BLACK JACK
(REPERCUSSIONS)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Pour sauver Vaughn qui allait être tué par Simon Walker, Sydney a été obligée de poignarder l’agent de la CIA l’envoyant aux portes de la mort. Sark prend possession des armes volées par Walker. Arvin Sloane révèle avoir inventé le premier virus informatique intelligent qui peut ruiner l’économie.

La critique de Patrick Sansano


Cet épisode illustre bien le problème Jennifer Garner. En garce prise au piège dans sa mission « Un flic dans la Mafia », elle use de ses atouts féminins et jette ses sous vêtements et prend une douche. A ce seul prix, le bien naïf méchant n’aura aucun soupçon. Mais la vertu de la dame sera sauvée par une pirouette du scénario, Simon Walker étant obligé de prendre un avion (il n’a pas le temps de le différer comme 007 dans « Docteur No » avec Sylvia Trench). La scène suivante, Garner retrouve son rôle de boy scout tue l’amour dans une scène gnan gnan au possible. S’ensuivent les bla-blas interminables entre Sydney et Lauren. Cette-fois la guerre est déclarée entre les deux égéries de Vaughn, mais si elle joue bien, Melissa George est hélas confinée à un rôle qui ne lui permet pas de montrer la palette de ses talents. Le téléspectateur est en permanence invité à croire les choses les moins vraisemblables, comme Jack Bristow en client de Simon Walker (juste après Sark).

Heureusement, le sauveur permanent de la série, Ron Rifkin, arrive tel un Zorro du mal. « Alias » souffre de façon constante de la contradiction entre un bon comédien et une médiocre starlette. Cela crée un déséquilibre qui nous fait mesurer l’étendue de notre frustration si le casting avait permis d’avoir une bonne actrice dans le rôle de Sydney. Melissa George rehausse quand même le niveau et fait ce qu’elle peut aux côtés d’une Jennifer Garner transparente.

Rifkin insuffle à Arvin Sloane une dimension rarement atteinte dans une série télé. Avec son talent, il nous fait croire à un s alaud qui à chaque masque qui tombe se révèle encore plus ignoble, mais retombe toujours sur ses pieds. Ici, face à un nouveau méchant que sert Sark, Bomani du Covenant, Sloane qui aurait été ridicule avec n’importe quel acteur lambda évoque une araignée qui continuerait à tisser sa toile et à prendre dans celle-ci ses proies alors qu’elle est sous la menace d’être piétinée. Sloane parvient à ne pas être ridicule en disant à Sydney qu’il remet sa vie entre ses mains. Oublié le pilote et la mort de Danny Hecht. Sloane devient agent double, triple.

Au jeu des chaises musicales, Sloane a toujours une longueur d’avance. Il est trahi par Sark mais constitue le pire des evil mastermind en trouvant toujours par une pirouette (que le talent du comédien rend vraisemblable) son salut. Le téléspectateur est tellement abreuvé d’informations que suivre la série devient de plus en plus complexe, mais est-ce important ? Ce sont les coups d’éclat qui comptent, et « Alias » va de surenchère en surenchère dans ce domaine. Les déguisements de Sydney n’étonnent plus personne et sombrent dans la répétition (voire dans le ridicule).

Beaucoup de personnages ont été perdus en cours de route : Tippin, Irina, et le raccord avec les premiers épisodes devient improbable. Les combats chorégraphiés de Sydney servent ici à meubler un scénario gruyère. Heureusement, les vilains disposent toujours de grands talents pour sauver les meubles : ici le comédien Djimon Hounsou en Bomani joue dans la cour des grands (revu depuis dans « Gladiateur » et « Blood diamonds »). On se demande bien pourquoi la production n’a pas aussi bien soigné le casting des héros. En une scène de pleurnichage jaloux voyant Lauren et Vaughn s’embrasser, Sydney plombe l’ambiance en nous entraînant dans une atmosphère « La petite maison dans la prairie ».

Ô rage, ô désespoir. Le pire côtoie en permanence le meilleur dans « Alias ». L'épisode, grâce à Rifkin et Hounson parvient quand même à atteindre un bon niveau malgré le gâchis involontaire de Jennifer Garner, Victor Garber et de David Anders, méchant le plus faible en Sark.

La critique de Clément Diaz


Jesse Alexander enchaîne les péripéties à un tempo délirant, le spectateur est pris tout le long dans la cavalcade. Malheureusement, l’auteur commet plusieurs contresens et facilités qui pénalisent son script. On le regrette au vu des nombreux coups de génie qui rythment régulièrement Repercussions, en particulier dans sa seconde partie.

Alexander joue un coup classique : l’espionne sur le point d’être découverte se déshabille en vitesse et attend nue l’ennemi dans sa chambre. Que l’ennemi en question ait par miracle un avion à prendre, et n’arrange pas ses plans pour prendre du bon temps est une excuse faiblarde pour sauver Syd de ses ardeurs. De même, pourquoi Sydney révèle à Lauren qu’elle a poignardé Vaughn ? Elle s’attendait à ce qu’elle lui envoie des fleurs pour la remercier de son honnêteté ou quoi ? Une peu reluisante idée pour maintenir la tension entre Lauren et Sydney. Le rétropédalage de Lauren qui se calme après s’être emportée contre Sydney est grotesque. On se demande aussi comment Jack découvre qu’il a été percé à jour par Walker. Qu’il l’abat froidement au lieu de lui soutirer des renseignements est une faute, même s’il vient d’apprendre que sa fille a été une nympho dépravée quand elle était Julia !

Heureusement, l’épisode est rythmé par des rebondissements électrisants : la première mission de Lauren, avec l’enlèvement spectaculaire de Sloane, nous entraîne dans une folle course-poursuite, filmée avec maestria par Ken Olin. Le nouveau méchant, Bomani, joué avec une totale conviction par Djimon Honsou, est une opposition digne de ce nom, même si derrière lui, Sark tire pas mal de ficelles. L’ironie de la situation est d’un humour noir ravageur : Sloane doit maintenant jouer le rôle… d’un agent double qui espionne le Covenant et renseigne la CIA ! Mais malgré son épée de Damoclès, il demeure d’une prestance et d’une acuité percutantes. Rifkin est toujours au top. On aime aussi la mission chez les yakusas où Marshall fait sa deuxième expérience de mission. Marshall, moins lourd que dans Désigné coupable (saison 2), provoque l’hilarité en texan moustachu compteur de cartes, tenant le bras à une Sydney bimbo ! Suspense, humour, et action s’emmêlent efficacement. Contrairement à la saison 2, cette saison a pris tout de suite son rythme !

Les infos supplémentaires

2e mission de terrain de Marshall (après Désigné coupable), il fera une 3e et dernière mission (en solo !) dans Fantôme (saison 4).

 

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6. NOIR ET BLANC
(THE NEMESIS)

Scénario : Crystal Nix Hines

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Allison Doren (le sosie de Fran) revient du royaume des morts. Elle a survécu aux balles de Sydney et le Covenant l’a soignée pendant deux ans. Désormais elle fait équipe avec son amant Sark et veut se venger de Sydney.



La critique de Patrick Sansano


Une fois de plus, tel Kaa du « livre de la jungle », Sloane joue les charmeurs avec Sydney, évoquant l’amitié avec son père, la confiance que la jeune femme lui manifestait (en ce sens, Sloane prend le rôle du père), la mort de sa femme Emily. Mais pour une fois, il renvoie à la face de Sydney ses mensonges : il lui demande comment jouer les agents doubles, ce que la jeune espionne a fait au SD6. Le problème, c’est que Ron Rifkin n’a pas une partenaire à la hauteur, et que le comédien tel un tennisman envoie des balles – des répliques – que l’autre encaisse mais ne renvoie pas. La réapparition de Merrin Dungey est surprenante.

Mais le retour qui nous fait plaisir est celui de Kurt Fuller/Robert Lindsey. Les bons comédiens sont rares alors que nous avons une pléthore de gravures de mode dans « Alias », aussi Fuller amène sa pierre à l’édifice des meilleurs épisodes. Le personnage de Lauren se développe et prend de l’ampleur, des scènes lui sont consacrées sans son fade mari. On ne tirera pas sur l’ambulance Garner en la voyant en pitoyable blondasse, ressemblant ici à un travesti.

La tension de l’épisode baisse à chaque passage consacré à Vaughn et Sydney et remonte avec Sloane, Lindsey, et même Allison et ce en dépit du fait que la comédienne qui l’incarne a un jeu assez limité. Notons que « Alias » multiplie les séquences déjà vues, et se plagie : combien de fois avons-nous vu Sydney en discothèque en femme fatale pour infiltrer l’ennemi ? Cela devient répétitif. Victor Garber semble s’ennuyer à mourir et se demander quand la série sera annulée. Melissa George interprète à merveille le personnage de Lauren, mais hélas il est n’est pas assez construit. Nous en savons peu sur la pyschologie de la dame, son passé, ses émotions. La nouvelle confrontation entre Sloane et Sydney aboutit une fois de plus à un KO sans discussion, le premier surnageant nettement et de façon écrasante sur l’insignifiance du second.

Le rythme continue à être celui d’un TGV loin de nos téléfilms nationaux soporifiques. Arvin Sloane, de spectateur, redevient agent de terrain. Il est savoureux dans la rencontre avec Allison et Sark, la métamorphose d’Allison plongeant la série dans l’univers de la science-fiction. Nous partons désormais sur un nouvel arc narratif, qui est situé dans le hiatus de la disparition de deux ans de l’héroïne. Comme dans « Le Caméléon », au lieu de donner des réponses au spectateur, on soulève de nouvelles interrogations. Cet épisode est celui de l’affrontement supposé final entre Sydney et Allison devenue une sorte de Michael Meyers de « Halloween ». L’intérêt envers « Alias » revient malgré la médiocrité de Jennifer Garner et Michael Vartan.

 

La critique de Clément Diaz


Dans Alias, c’est une tradition de mourir plusieurs fois. Après Irina Derevko, voilà maintenant Alison Doren qui ressuscite, et ça va saigner !! On apprécie le retour de Merrin Dungey, tellement plus intéressante qu’en Fran. Ici, elle est là pour bagarrer, baiser, tirer, tuer… tout ce qu’on attend d’elle ! Son duel avec Sydney tient ses promesses tout le long. Parallèlement, Lauren commence à prendre sa place au sein de l’équipe en étant elle-même en mission, et c’est le baptême du feu pour Sloane qui s’initie à l’art d’être agent double. L’action domine cet épisode tonique et trépidant.

Crystal Nix Hines ne lésine pas sur l’atout Alison. Plus hot et dangereuse que jamais, Merrin Dungey campe la femme fatale avec intensité. Elle forme avec Anders un duo diabolique très réussi. On aime son apparition en pleine nuit tout comme le flash-back de l’assassinat de Fran. Cet événement fait que Sydney est promue agent de liaison de… Sloane ! Leurs scènes sont un régal : Syd, très revancharde, fait tout pour rendre la tâche de Sloane impossible, espérant en secret qu’il échouera et que le Covenant le tuera. Peine perdue, Sloane est un bluffeur hors catégorie et se tire royalement des épreuves de son ancienne employée. Garner et Rifkin se renvoient très bien la balle. J.J.Abrams continue de dévoiler au compte-gouttes le mystère du hiatus de deux ans : il sait jouer avec les nerfs du spectateur !

Dixon perd toute objectivité en ordonnant à Syd de tuer Alison, pour venger sa femme (très bon Carl Lumbly). Tout le monde semble un poil survolté ! Alison gagne la première manche contre Sydney en l’assommant lors d’une mission où les coups de feu pleuvent. Mais c’est pour mieux laisser à l’héroïne une revanche lors de la mission finale, une bombe de suspense et d’action avec une poursuite et une baston d’anthologie. Le cliffhanger fait un sacré effet, mais se révélera hélas un pétard mouillé dans les épisodes suivants, dommage. Pendant ce temps, Lauren continue de se construire, et Melissa George confirme qu’elle est un atout de choix, y compris physiquement (superbe apparition en tenue légère). La rivalité entre la CIA et le NSA (toujours impeccable Kurt Fuller) est désormais consommée avec Lindsey avançant ses propres pions pour devancer la CIA. Ambiance décontractée, décidément ! 

Parenthèse comique : ne manquez pas Marshall qui fait une session jam pour faire sa demande en mariage à Carrie. C’est la scène la plus drôle de toute la série !

Les infos supplémentaires

Nous en apprenons plus sur le mythe Rambaldi.

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7. SANS ISSUE
(PRELUDE)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Faisant des cauchemars, Sydney cherche à retrouver la mémoire. Elle décide alors de suivre une thérapie. Mais une opération au cerveau risquerait d’en faire un légume comme cela est arrivé à un autre agent de la CIA prisonnier cinq ans en Corée du Nord. Sloane réapparaît à la CIA pour partir en mission avec Sydney afin de neutraliser une arme que le Covenant veut dérober à la Chine et qui permet de tuer des gens depuis l’espace. Sark veut révéler à Lauren le nom de l’assassin du diplomate Lazaré.

La critique de Patrick Sansano

 


On s’éloigne de l’espionnage pour entrer dans le gore et le fantastique. La scène où Sydney s’ouvre le ventre aurait pu figurer dans un film d’horreur ou un épisode de X Files. Les rivalités entre les services secrets NSC et CIA échappent sans doute au téléspectateur français. Bien sûr, l’histoire de l’arme mortelle de l’espace relève plus d’une bande dessinée que d’autre chose. Néanmoins, lorsque Sydney refuse de prendre le bras de Sloane pendant la réception chinoise, mettant en péril leur couverture, on retombe un peu sur Terre. Cette simultanéité comics/tentative de réalisme ne convainc pas et l’on reste dans le domaine de l’incroyable. La petite voiture gadget est directement pompée sur la fin du Bond « Dangereusement vôtre ». « Alias » devient un recyclage un peu fourre-tout de l’histoire du cinéma d’action et des séries TV. « Alias » est un feuilleton décousu, écrit de façon hasardeuse, et on a bien du mal à relier le pilote à cette saison 3.

Pendant une bonne partie de l’épisode, et bien qu’il dispose de nombre de scènes ici, Ron Rifkin est moins intéressant que d’habitude. Arvin Sloane sert essentiellement de couverture à l’opération et n’est pas dans un de ses fameux et redoutables tours démoniaques. On retrouve plus tard le personnage et son charisme, mais là, les scènes sont brèves hélas. Profitant des protagonistes locaux (la Chine), l’épisode fait la part belle aux combats. Seul un enfant peut croire à la victoire de la Lara Croft au petit pied sur les héritiers de Bruce Lee, et tout le monde veut bien admettre contraint ou forcé que les américains dominent tous les arts martiaux comme tout le reste en ce monde. Vous ne l'aviez pas deviné, mais Jennifer Garner n'existe pas, c'est Chuck Norris déguisé, le QI restant au même stade.

Mais sortie du terrain où l’on acquiert la victoire à coup de poings et de savates, Sydney devient bien fragile. L’incroyablement geignarde Jennifer Garner devient carrément insupportable en se victimisant et on n’ose qualifier la bêtise de Vaughn/Michael Vartan de lui préférer l’ex à la présente, tant il n’y a pas photo sur tous les plans entre l’une et l’autre. Le pauvre est non seulement complètement idiot, mais a négligé de faire surveiller sa vision par un bon ophtalmo. On sombre dans le mélo niais. Vaughn affiche le visage le plus pitoyable possible de chien battu. L’épisode se termine par un cliffhanger mais franchement, nous ne sommes plus du côté de la boy scout looser.

Une fois de plus, il y a des coups de pistolets qui se perdent et des changements d’héroïne en cours de série qui ne seraient pas superflus. J J Abrams, il n’y a pas de honte à s’être trompé d’actrice, il y a crime à persister à nous l’infliger. Pourquoi pas une passation de pouvoir Garner/George en cours de saison 3 ? Un épisode qui donne envie de rejoindre le Covenant pour éliminer définitivement de la surface de la terre la plus cul cul la praline des espionnes de l'histoire de la télé.

 

La critique de Clément Diaz


Aussi doué, sinon plus, que son grand frère, J.R.Orci élabore une intrigue palpitante qui contient toutes les qualités d’Alias : multiplication démente d’intrigues superposées, suspense paroxystique, bagarres fulgurantes, tour du monde ultra rapide, héroïne plongée dans des emmerdes abyssales, cliffhanger ravageur… un des épisodes les plus aboutis de la série. Jack Bender est à l’unisson de ce script rempli à ras-bord, avec une caméra au rythme soutenu.

Les histoires partent dans tous les sens, et le spectateur peut prendre plaisir à être ballotté sans cesse. L’attention est déjà attirée par Javier Perez qui accepte de révéler à la NSA l’alias de Sydney pendant ses deux ans d’absence ; Jack doit prendre donc des mesures drastiques pour empêcher Perez de parler à Lauren et Vaughn. La scène-clé de leur kidnapping, suivi de la violente dispute entre Jack et Vaughn qui a tout compris, sont le corps de cette petite intrigue 100% efficace. Mais malgré leurs rapports tendus, le duo s’apaise et s’unit lorsqu’ils doivent aider Sydney. Leur réconciliation fait plaisir à voir. La réapparition cataclysmique de Sark devant Lauren piégée dans une voiture explosive met une tension du feu de Dieu ! Le rythme cardiaque du spectateur s’accélère brutalement lorsque Lauren avoue à Vaughn que Lindsey est désormais au courant de la double identité de Sydney : quel merdier !! Leur petite discussion sur leurs mensonges et leurs ordres respectifs sonne tout à fait juste. Melissa George irradie d’excellence. Le repêchage in extremis de Syd par Vaughn autorise une scène émouvante entre eux, avec Michael Vartan beaucoup plus convaincant que son habitude (dommage que Jennifer Garner cabotine). 

La mission en Chine est menée par Sydney et… Sloane ! Aussi à l’aise que Syd en agent double, Sloane se montre très sympathique et prévenant devant une Sydney qui a juste envie de vomir. Le décalage de leurs sentiments procure toujours autant de plaisir. Ajoutons la voiture téléguidée brouilleuse de système de sécurité de Marshall, la valse Straussienne du duo, et l’époustouflante scène d’action contre deux gardes, et la mission est un vrai must see ! A peine la mission finie, La lettre de Sloane relance une nouvelle fois l’affaire Sydney/Julia. Le final à Rome entrouvre des issues frissonnantes interrompues par le terrible cliffhanger ! Un épisode quasi parfait.

Les infos supplémentaires

Le Covenant, en voulant voler une arme secrète à la Chine, démontre qu’il s’agit d’une organisation qui n’est au service d’aucun pays.

Le personnage d’Irina Derevko est souvent évoqué par Jack Bristow sans que la comédienne réapparaisse.

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8. VOLTE-FACE
(BREAKING POINT)

Scénario : Breen Frazier

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Sydney est arrêtée en Italie pour le meurtre de Lazaré. Dixon est destitué de son poste. Le couple Vaughn se dispute. Sydney enfermée dans un lieu style Guantanamo est soumise à la torture pour avouer ce qu’elle a fait durant les deux dernières années sur les ordres de Lindsey dont Lauren refuse d’être complice. Sloane, Jack et Vaughn préparent l’évasion de Sydney. Sloane est blessé durant l’opération. Sydney va être lobotomisée.

 

La critique de Patrick Sansano


Voilà un épisode sublime qui nous offre deux superbes numéros d'acteur.

Tout d'abord Ron Rifkin en Arvin Sloane. Un autre acteur aurait pu rendre le rôle ridicule. A la base, Sloane est un s alaud intégral. Ici, il nous joue les victimes, en s'auto-félicitant d'être le protecteur de Jack Bristow et de sa fille. Sloane n'est pas à une contradiction près, il se prend pour un saint. Il assume en perte et profits les crimes qu'il a commis, ne retenant que ses "bonnes actions". Il est une sorte d'Hannibal Lecter à la fin du premier film avec Jodie Foster. Serpent venimeux qui se dissimule en innocente souris, l'homme est très dangereux et est un manipulateur né. Est-il dupe de ce qu'il raconte, certainement pas. Mais le personnage est un bon comédien qui sert son discours en jouant les victimes. Lorsqu'il affirme qu'une injection de morphine le tuera, il a un sursaut d'égocentrisme et d'instinct de survie, mais le chat retombe sur ses pattes tel un diable sorti d'une boîte. Arvin Sloane est le mal absolu car le mal sait qu'il faut tromper l'adversaire en paraissant ce qu'il n'est pas. Qui peut croire en le voyant jouer les bons samaritains pour sauver celle dont il a tué le fiancé qu'il recèle autant de venin en lui ?

Kurt Fuller lui a un rôle plus facile à jouer qu'il assume avec justesse : le s alaud au grand jour. Ici, Robert Lindsey atteint des sommets de cynisme (le faux prisonnier torturé) que l'on a rarement vu dans une série télé. Plus direct que Sloane, il ne s'embarrasse pas de fioritures pour arriver à ses fins. En ce sens, on peut dire qu'il est un agent de la CIA crédible bien plus que l'insipide Vaughn. On peut aisément supposer que les vrais agents de la CIA n'ont pas d'états d'âme, ce n'est pas leur but. Lindsey joue au chat et à la souris avec une Sydney qui pour une fois est en dessous de son niveau. Ses tentatives d'évasion qui ont réussi en Russie et en moult endroits "peu démocratiques" de la planète tombent systématiquement à l'eau. Lindsey sait également se montrer cruel avec Dixon dont il ne fait qu'une bouchée, mais a plus de problèmes avec Lauren.

Enfin, Melissa George peut montrer l'étendue de ses talents de comédienne. Le personnage de Lauren, tout en nuances, n'accablant pas Sydney, fait preuve d'une grande subtilité. Elle sait ne pas se montrer dupe du second serpent à sonnettes de la série, Lindsey. Le personnage a une conscience et le fait savoir au mal incarné par Lindsey, qui pourtant dispose de tout le pouvoir.

Rifkin a tellement de talent qu'on s'apitoierait presque sur Arvin Sloane blessé en venant au secours de Sydney. Le téléspectateur qui prendrait la série en route le trouverait un "type bien". Lorsque l'on a un tel passif de crimes derrière soi, il faut vraiment une hypocrisie massive pour dissimuler à autrui en jouant avec les apparences que l'on est un immonde personnage.

Par contre, on peut reprocher un manque de discernement à Lindsey : y-a-t-il vraiment quelque chose à extraire de l'écervelée Sydney ? Lobotomiser une décérébrée, mission impossible.

La critique de Clément Diaz


Breen Frazier se penche sur un nouveau cas classique des séries d’espionnage : une évasion. Prisonnière du NSA, Sydney n’a qu’un seul espoir : qu’on la fasse évader. Breaking point lance un crescendo de tension tant dans les scènes sordides de la prison que dans le plan minutieusement fomenté par les amis de Syd. Entre deux rebondissements massifs, l’action avance à grande vitesse, aidée par la preste caméra de Daniel Attias. Un épisode très énergique ! Et Richard Roundtree, le fameux interprète de Shaft, rejoint la cohorte des grandes guests de la série !

Une intrigue, deux fronts uniques. C’est un des épisodes d’Alias les plus économes au niveau narratif ! Mais le scénariste tire tout le jus de son idée : Sydney est torturée par électrocution (comme dans le Ciel jaune, saison 1), mais ne pipe mot. Niveau action, elle fait une louable tentative d’évasion, avortée toutefois. Niveau frayeur, elle se lie d’amitié avec Campbell, un détenu devenu fou. Pruitt Taylor Vince est mémorable en homme divaguant dans son monde. Il est l’objet d’un stupéfiant twist final, élaboré par Lindsey. Le chef du NSA est décidément un cerveau aussi machiavélique que Sloane : ne reculant devant rien, il utilise LA faille de Syd avec un brio indéniable, avec plus de succès que Sloane dans In extremis (saison 1). Kurt Fuller fait un superbe show, rendant des points à Rifkin lui-même.

L’organisation du plan est impeccable. La « cache » de Jack est la preuve la plus éclatante qu’il est un homme prévoyant et plein de ressources. Cet ersatz de Quartier Général est fascinant dans ses moindres détails. Le trio central Vaughn-Jack-Sloane délaisse ses animosités pour une alliance virile et puissante, tendue vers un même but. L’infiltration de la FEMA est remarquablement minutée, avec en point d’orgue, un rebondissement inattendu aboutissant au courageux sacrifice de Sloane. Cet acte, ainsi que la performance de Rifkin, font que la certitude du spectateur quant au double jeu de Sloane, vacille. Ce démon incarné est plus magnétique que jamais, même allongé sur une table d’opération. Le rebondissement final avec l’arrivée du 4e larron conduit à un final explosif, dirigé par Brill (Richard Roundtree, très bien), et couronnant ce splendide épisode.

Les infos supplémentaires

L'épisode fait allusion à l'implication de la CIA dans la chute de Salvator Allende en 1973.

Lorsque Jack se résout à s’allier à Sloane, ce dernier lui lance : Je te l’avais dit Jack, qu’on retravaillerait ensemble ! Il s’agit d’une allusion à Faux amis (saison 2) où Sloane faisait cette promesse à Jack. Plus de deux ans se sont écoulés entre les deux épisodes : la patience est toujours récompensée !

Un des personnages de l’épisode s’appelle Schapker. Un clin d’œil à Alison Schapker, scénariste et productrice de la série.

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9. SALLE 47
(CONSCIOUS)

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney est libérée par son père, Sloane et Vaughn qui espèrent faire croire à Lindsey à un enlèvement par le Covenant. Sloane a une thérapie pour retrouver la mémoire. Le revirement de Sloane laisse sceptique Sydney. Dixon est arrêté pour entrave à la justice.

La critique de Patrick Sansano


Alors que les kidnappeurs suggèrent pour faire « vrai » que Lauren Reed soit maltraitée, Sydney se fait un plaisir de le faire. Jusqu’à présent, Sydney était une cruche, maintenant on se met à la détester. Les notions de bien et de mal voltigent ici où Sloane s’avère plus humain et compréhensif que Sydney, alors qu’il a sur les mains le sang de Danny Hecht. Dans cet épisode, on nous invite à mélanger rêve et réalité. David Cronenberg est bien entendu un élément décisif de l’aspect SF/Fantastique que prend la série.

Retour de la prophétie. Elle est le serpent de mer de la série. D’un épisode à l’autre, celle-ci est négligée. Notons une scène savoureuse : la cruche croit qu’elle embrasse Vaughn et dans son rêve se réveille les lèvres collées contre celles de…Sloane.

On se prend à rêver, devant la nullité crasse de Jennifer Garner, à ce qu’aurait été « Alias » avec Sarah Michelle Gellar ou Jessica Alba. Hélas, mauvaise pioche. Garner n’a que deux ou trois expressions à son registre et plombe la série autant qu’elle le peut. Ici, pourtant le script est bon, l’ambiance fantastique et ténébreuse, mystérieuse et angoissante à souhait. L’épisode construit sous forme de rêve évoque « La maison du docteur Edwardes » d’Alfred Hitchcock. A sa décharge, Garner n’est guère aidée par ses partenaires Michael Vartan et Victor Garber. Les bons moments de l’épisode sont dus à David Cronenberg acteur (i
l est infiniment plus convaincant que Quentin Tarentino en tant qu’invité de prestige), car ici Ron Rifkin n’a pas beaucoup de scènes à défendre. Kurt Fuller assume quant à lui la part royale d’infâme méchant que le rôle de Lindsey impose.

Episode onirique, il serait un chef d’œuvre télévisuel, un joyau, sans l’actrice principale. Melissa George a du mal à s’imposer. Son rôle en demi-teinte ne lui permet pas de nous montrer l’étendue de son talent. Mais la perspective amorcée ici d’en faire une « méchante » est une heureuse initiative pleine de promesses. Les niaiseries à l’eau de rose du couple Sydney/Vaughn viennent entâcher la qualité de l’histoire dont l’intrigue était noire à souhait.

Erica Leerhsen est difficile à supporter en poupée gonflable droguée comparse de Cronenberg. On se prendrait presque à lui préférer Jennifer Garner, c’est dire.

« Alias » est la première série dans laquelle on préfère les méchants aux gentils tant ces derniers en boy scout sont inodores et sans saveur.

La critique de Clément Diaz


Alias
semblait avoir à peu près tout fait jusque-là, mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un nouveau duo d’auteurs très efficace : Josh Appelbaum et André Nemec. Ces derniers explorent le monde toujours fascinant des rêves. Le voyage fantastique qu’ils imaginent, entre exaltation de l’imaginaire et symbolisme, font de Conscious un épisode de très bonne facture. Mais la réalisation de Ken Olin n’atteint pas le vertige escompté. L’épisode dégaine une nouvelle guest star : l’immense David Cronenberg dans le rôle du neurologue ! Son personnage un peu givré partage d’ailleurs quelques points communs avec les créatures peuplant ses films.

Le gros coup de poing que Sydney flanque à la femme de son ex (cas de force majeure) ne manque pas de piquant, et contrairement à ce qu’elle le dit, est moins une réponse à la dénonciation de Lauren qu’à la place qu’elle lui a prise dans le cœur de Vaughn. La scène tragi-comique où Sydney embrasse Vaughn croyant qu’il s’agissait d’un rêve le montre bien. Dans cet épisode, Lindsey qui demande carrément l’élimination de Sydney sert de révélateur de plusieurs personnages : Lauren montre son courage en lui mentant effrontément, mais ce dernier n’est pas dupe (Kurt Fuller n’est pas dans la demi-mesure, il le rend le plus odieux possible). Dixon profère avec un calme effrayant des menaces contre lui, tandis que Sloane voit sa belle assurance vaciller quand il subit un chantage, mettant en cause sa loyauté. Allons bon, qu’est-ce qu’il manigance encore ? Mystère, encore et toujours. On note aussi la vision de la main coupée à demi-décomposée dans la boîte enterrée. Pas très ragoûtant…

Erica Leerhsen fait un sacré numéro en étudiante sexy et dingo (quelques gâteaux de hachisch doivent traîner quelque part), et David Cronenberg campe un médecin un peu fou mais qui sait ce qu’il fait. Le postulat génial élaboré par les auteurs (nos souvenirs sont inclus dans nos rêves), permet un développement excellent. Il nous fait voir Sydney errer dans les contrées de son royaume mental, poussant des portes et des passages fantasmagoriques, à la recherche de sa mémoire perdue. Visions idylliques et d’horreur, extérieurs paradisiaques ou salles souterraines cauchemardesques (et arrêt cardiaque de l’héroïne), en passant par la mémorable bagarre onirique de Sydney contre Lauren, puis… contre elle-même !! Toutefois, les décors comme la caméra statique d’Olin restent trop sages et ne transcendent pas l’histoire. On finit quand même sur un cliffhanger à en être vert de rage. Bien joué !

Les infos supplémentaires

David Cronenberg, le réalisateur de « Dead zone », le remake de « La mouche » et « Existenz » joue ici le docteur Brezzel. Comme acteur, il avait joué dans « Jason X » l’opus futuriste spatial de « Vendredi 13 ».

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10. JEUX DE PISTE
(REMNANTS)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Dans son rêve, Sydney se dédouble. Elle a perdu la mémoire à cause du Covenant. Elle a vu Tippin dans son rêve. Lindsey croit que Sydney est aux mains du Covenant. Supposé mort, Adrian Lazarey réapparaît. Sydney part en mission avec Tippin.

La critique de Patrick Sansano


Retour de Tippin/Bradley Cooper. Ici sous sa couverture de témoin protégé. A chaque fois que l’on désespère de « Alias », ce bon vieux Ron Rifkin vient nous proposer une scène inoubliable. Ici, plus vrai que nature, son personnage de Sloane affirme « aimer » Sydney et vouloir la sauver. La séquence montrant ensemble les deux infâmes Sloane et Lindsey est un sommet de jeu de comédiens, une seconde après les gémissements larmoyants de Sydney face à Tippin nous font mesurer la différence entre les acteurs qui savent jouer et les autres.

Bradley Cooper dont le come back du personnage arrive comme un cheveu dans la soupe est totalement inutile à l’intrigue. Il y a bien longtemps d’ailleurs que c’est le cas. Mais ici, en agent sur le terrain, Tippin devient ridicule. Il n’est revenu que pour des séquences de minauderies avec Sydney. Beau gosse, il est sans doute là pour booster l’audience en captant l’audience féminine. Mais pas seulement : Sydney se sent si seule, la pauvre. Et Vaughn n’est plus libre. Tippin doit être sérieusement en manque pour assumer ici le rôle d’amant. Ensuite, il est conduit à remplacer le Dixon de jadis dans les missions de Sydney déguisée. Petite question en passant : où Tippin a-t-il appris à se battre comme un agent secret ?

Les scènes rassemblant Michael Vartan et Victor Garber tournent à vide. Heureusement, le personnage de Sloane a encore des surprises à nous réserver. Eternel démon qui se cache derrière un repenti, il permet à Ron Rifkin de jouer des scènes fabuleuses. Arvin Sloane pourrait vendre des réfrigérateurs aux esquimaux.

Il nous faut malheureusement supporter le trop juvénile Sark/David Anders absolument pas à la hauteur de ses comparses des forces de l’ombre. Sa quête du père ici nous laisse indifférent. Le retour de Merrin Dungey en Allison n’est pas non plus une idée pertinente. Le combat qu’elle livre avec Tippin souligne le côté invraisemblable du script.

La critique de Clément Diaz


La saison 3 conservait encore des vestiges (les
Remnants du titre) des saisons passées : Will et Allison. Jeff Pinkner se charge de boucler le dossier en les faisant intervenir ici. De fait, l’épisode tourne autour du duo Sydney-Will faisant équipe pour récupérer un indice sur la mémoire perdue de l’héroïne. La sortie de scène de Lindsey est à la hauteur de ce personnage fort. En dépit de quelques facilités scénaristiques, et d’une lenteur générale, l’épisode convainc, aidé par quelques twists surprenants.

En regard de la fadeur du couple Sydney-Vaughn, le « ship » Sydney-Will paraît bien plus relevé. Cela doit beaucoup à Bradley Cooper, parfait en homme tranquille brutalement réveillé par un blast from the past. On n’a qu’à citer les retrouvailles entre Will et Sydney où le premier braque un révolver sur la deuxième tellement il n’y croit pas ! Par la suite, leur complicité donne tout le sel de l’épisode. Leur association commune dans l’action comme le rendez-vous avec l’informateur de Will (attention, twist massif en vue !), ou la mission en Allemagne sont des réussites. On peut tiquer en voyant Will métamorphosé en agent bling-bling qui en fait des caisses, et qui bastonne comme 007, mais ça s’inscrit bien dans la fantasmagorie de la série.

On partage les sentiments de Will, excité à l’idée de tuer Alison pour venger Fran. La tueuse du Covenant n’a qu’une réplique, mais Merrin Dungey est toujours aussi létale, et subjugue rien que par sa présence. Son mano a mano avec Will tient ses promesses. Pinkner rappelle cependant combien la vengeance a un goût éphémère, Will ne se sentant aucunement libéré à la fin de l’épisode. On grimace cependant quand Sydney, dévastée par sa tristesse, se jette sur Will et fait l’amour avec lui ; psychologiquement c’est limite. Bon, mais faut bien que Will ait des compensations...

Plus affreux, sale, et méchant qu’il ne l’a été, Lindsey laisse exploser toute sa tyrannie (tout le monde au cachot ou au casse-pipe). Kurt Fuller, pour sa dernière prestation, est plus brillant que jamais, et sa sortie se fait par la grande porte. Même après son départ, il nous régale d’un pied de nez à distance : délicieux ! Il est dommage que le plan de Sloane soit si évident dès le départ. On se console avec Sark, démon blond au sens de la famille limité (euphémisme !) et flingueur gentleman (ah, ce clin d’œil quand il chipe l’artefact de Rambaldi !). David Anders fait une parfaite composition. Un épisode hautement recommandable.

Les infos supplémentaires

Cet épisode nous présente la mort de deux personnages importants, mais est-on jamais sûr dans « Alias » ?

Dernière apparition de Lindsey.

Will et Syd se connaissent depuis huit ans.

Bradley Cooper (Will Tippin) réapparaîtra une dernière fois dans L’Élue (saison 5). Merrin Dungey (dans le rôle de Fran) dans un flash-back filmé à cette occasion dans le finale de la série Un sentiment d’éternité (saison 5).

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11. PASSÉ RECOMPOSÉ
(FULL DISCLOSURE)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Lawrence Trilling

- Tu t'appelles Julia Thorne. Tu es née à Londres le 2 août 1973.

- Je m'appelle Sydney Bristow, et je t'emmerde !

Résumé

Sydney est enlevée par … Kendall. Il fait partie de l’organisation gouvernementale TSR chargée d’examiner l’artefact de Rambaldi, un cube. Kendall prétend tout savoir sur la 
disparition pendant deux ans de Sydney.


La critique de Patrick Sansano


Voilà qui ressemble à un épisode clip, même si les scènes sont inédites et illustrent le récit de Kendall. Ce genre d’exercice est périlleux. En général, nous subissons des éllipses. Des pans entiers du scénario sont balayés par quelques images. Le résultat final est décevant. J J Abrams ne maîtrise plus les rouages de sa mécanique et est condamné à la surenchère permanente. Verbeux, l’épisode se perd en « vérités » assenées par Kendall qui rappellent certaines explications fumeuses de X Files. Ponctué de chansons gnan gnan façon « Alerte à Malibu », « Passé recomposé » est vite ennuyeux à mourir. Le téléspectateur, noyé d’informations et de spoilers, est déconcerté. Les prophéties de Rambaldi nous sont offertes jusqu’à outrance, avec en voix of Kendall. C’est très vite indigeste.

Episode censé se dérouler entièrement dans un avion, égrené de souvenirs de Kendall, nous devons subir ici deux fois Jennifer Garner : celle actuelle et celle du hiatus enregistrée par Kendall sur un ordinateur. Cela devient une véritable torture. Tombant les méandres qu’ont connu « Le Caméléon » et « X Files », « Alias » devient « hélas ». Parce qu’à bout de révélations, nous tombons alors dans l’épisode clip, qui récapitule des scènes et évènements déjà vus. Cette-fois, c’est Sydney qui s’y colle. Grève des scénaristes ? Vacances de J J Abrams ? Nous sommes consternés. On prend le téléspectateur pour un imbécile en lui refilant un épisode fourre tout.

A dix minutes de la fin, nous quittons l’avion pour rejoindre le QG de la CIA. Dixon, personnage inintéressant depuis le début, nous fait perdre notre temps avec une énième scène de révélation inutile. La collecte des artefacts de Rambaldi a des goûts de chasse au trésor pour enfants un jour de Pâques avec des œufs en chocolat. Il n’y a en fait que les dernières secondes de l’épisode qui valent la peine, avec une révélation inattendue et cruciale sur l’un des personnages clefs de la série. Tout le reste a plongé le spectateur dans un profond sommeil.

Mais, tant qu'on y est, Abrams ne va-t-il pas nous révéler que dès le pilote de la saison 1, Sydney Bristow n'était pas la vraie Sydney, que Sloane est mort et remplacé par un frère jumeau, que Vaughn a été conçu dans des éprouvettes de laboratoire, que tout cela est un complot extra-terrestre datant de Rambaldi ? A force de mélanger les donnes de cartes, on arrive à un grand n'importe quoi. Un véritable gâchis.

 

La critique de Clément Diaz


J.J.Abrams avait prévu de révéler petit à petit tout ce qui s’était passé pendant les deux années d’absence de Sydney. Mais sous la pression des spectateurs impatients, le créateur accepta de tout révéler en un seul épisode, clôturant ainsi prématurément le fil rouge de la saison. Jesse Alexander hérite de cette tâche fastidieuse car Full disclosure se résume en tout et pour tout à un long dialogue ininterrompu. Mais dans cet épisode, nous voyons combien le scénario général de la série est en poupées russes quasi infinies. Tout ce que nous avons vu pendant les dix premiers épisodes n’était qu’un immense écran de fumée. La grande discussion de trente minutes, grâce à des flash-backs révélateurs, et le charisme de Terry O’Quinn, n’est jamais lassante. Nous sommes pendus à ses lèvres. C’est l’occasion ici de remercier le comédien et son personnage pour qui c’est la dernière apparition.

Jesse Alexander sème en passant une nouvelle graine dans la Mythologie Rambaldi : première mention du fameux « Passager ». Aux nombreuses réponses apportées, succède immédiatement une autre batterie de questions. Le monde selon J.J.Abrams !

Le récit de Kendall nous immerge dans un bain de révélations. Chaque moment de l’épisode a son importance, sa force. On citera entre autres les terribles scènes de conditionnement du Covenant sur Sydney (on pense à l’inhumain traitement Lodovico d’Orange Mécanique), l’origine de la main coupée de Lazarey (une scène spectaculaire !), l’apparition de Jennifer Garner en blonde (couleur qui lui va à ravir), la froide exécution de « l’homme sans importance » (qui en aura énormément dans Sueurs froides) avec la voix de McKenas Cole alias Quentin Tarantino en arrière-plan… Et surtout, la raison de la cicatrice de Sydney, qui est tout droit tirée des X-Files : c’est presque la même chose que le plan des extraterrestres à propos de Dana Scully ! Un épisode rempli de scènes chocs et surprenantes. A la fin, on repasse à l’action pure avec l’invasion du laboratoire clandestin, et une coda au lance-flammes.

La révélation finale, sous les accords furieux de Giacchino, a l’impact d’un fracassant coup de tonnerre qui renverse encore une fois les enjeux de la série. Elle inaugure immédiatement un second fil rouge qui va cette fois tenir jusqu’à la fin de la saison.

Les infos supplémentaires

Cet épisode nous éclaire sur la disparition de Sydney.

Episode sans Ron Rifkin.

Première mention du "Passager". Nous saurons ce qu'est le Passager dans l'épisode Compte à rebours (3.19).

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12. ENNEMI INTÉRIEUR
(CROSSINGS)

 Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney et Vaughn sont chargés de ramener un transfuge dissident du Covenant caché en Corée du Nord. Lauren Reed est un agent du Covenant et a tué Lazarey, père de Sark. Elle est maintenant chargée de faire échouer la mission du couple.

La critique de Patrick Sansano

 


Après Jack Bristow, voilà Michael Vaughn qui lui aussi a épousé une espionne russe. Moyen prévisible d’éliminer Melissa George de la distribution et de réconcilier les tourtereaux Garner-Vartan. Ah, Jennifer Garner et ses pulls à col roulé en laine. C’est la conception d’Abrams de l’héroïne sexy. Petit pompage sur le pré-générique de « Octopussy », le missile à tête chercheuse qui n’arrive pas à toucher sa cible. Que serait « Alias » sans 007 ? Le problème, c’est que désormais, on devine tout d’avance dans « Alias ». Une incursion en Corée du Nord se révèle une partie de pique nique certes un peu hard pour nos deux héros.

Nul ne s’étonnera que Sloane connaisse Pierre et Irina (bien qu’absente) Paul, donc ne vous faites pas de soucis, Vaughn et Sydney ne risquent pas plus leur vie que s’ils étaient sur la planète Mars ! Cette Corée de pacotille a des allures d’Amérique profonde : on y trouve une vieille bagnole à rafistoler, on se chamaille parce que Tippin est l’amant de Sydney. Puisque l’on est plus à ça près, continuons dans l’invraisemblable : les paysans coréens ne sont pas surpris de voir deux jeunes américains au volant d’une jeep.

Leonid Lisenker, homme coincé en Corée pour le compte du Covenant, est le seul à dire quelque chose de censé : il s’ennuie dans ce pays dont la culture manque de pep’s et il ne peut écouter sa chanteuse préférée Gloria Estefan. Il est à peu près certain que ce pays est le plus ennuyeux de la planète question loisirs.

Isabella Rossellini est crédible en sœur d’irina. Sloane une fois de plus est au courant de tout, manipule tout et se confirme le plus grand méchant de l’’histoire des séries télé. Les grandes déclarations d’amour Vaughn/Sydney sont assommantes. Reste que la Corée d’opérette de l’épisode aurait méritée des décors plus étoffés comme ces longues allées sans fin que l’on voit aux actualités. Il faut passer sur les invraisemblances montrant les américains et une russe plus forts au karaté que les asiatiques, les avions en perdition qui ont le bon goût de ne pas s’écraser, les pelotons d’exécution qui ratent les condamnés et j’en passe.

 

La critique de Clément Diaz


Au sein d’une saison 3 très relevée, Crossings est une déception majeure. La faute au scénario du duo Appelbaum-Nemec. Aucune péripétie ne convainc à cause du parti pris réaliste des auteurs, en contradiction avec les outrances usuelles de la série. Cette irritante intrigue est marquée de plus par des scènes pleurnichardes entre Vaughn et Sydney. Mais l’épisode trouve le salut grâce à la guest star du jour : Mme Isabella Rossellini ! Cette fabuleuse actrice forme un duo avec Victor Garber qui marche à la perfection. Son personnage est déjà mystérieux, ambigu, et… imprévisible.

Plus on avance, plus on est stupéfait des efforts des auteurs à nous présenter des scènes toujours plus stupides. Déjà, que le Covenant imagine un moyen aussi tordu pour tuer Sydney et Vaughn fait qu’on partage tout à fait l’avis de Sark quant à leurs problèmes d’organisation. La chute de l’avion, filmée au petit bonheur, sabote toute tension. Nos deux héros s’en sortent presque indemnes, ça aussi on y croit pas. La rencontre avec Leonid, perturbée par notre trouble-fête international de Sark, comporte un mexican standoff assez régalant, mais se termine en eau de boudin. La scène du peloton d’exécution, à la résolution éventée dès le début, peut faire penser à Emma Peel transformant en confettis un peloton similaire dans Le Mort-Vivant (saison 5) mais là, les coïncidences miraculeuses sont trop forcées.

Sydney réagit comme une enfant boudeuse (une des pires prestations de Jennifer Garner), et ses chamailleries infantiles avec Vaughn trouvent une sorte de péroraison dans la scène de prison où on nage dans le sirupeux le plus infâme.

Volens nolens, on se console avec Katya Derevko, sœur d’Irina. Grâce au jeu coloré d’Isabella Rossellini, le spectateur subit des ruptures de ton bien minutées, où madame vous sourit puis vous perce les mains la seconde d’après pour ne citer qu’un exemple. Son double jeu n’a rien à envier à celui d’Irina/Lena Olin. La scène où Sloane faisant une nouvelle fois l’épreuve de la trahison, est superbe. Katya dirige toutes les opérations, et l’expérimenté Jack n’est bientôt plus qu’une marionnette qu’elle manipule à loisir, y compris dans son rigolo baiser final. Prometteur !

Les infos supplémentaires

Isabella Rossellini incarne ici Katya Derevko. La soeur d'Irina apparaîtra dans en tout cinq épisodes de la série.

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13. NID D'AIGLE
(AFTER SIX)

Scénario : Alison Schapker et Monica Breen

Réalisation : Maryann Brandon

Résumé

Grâce à la trahison de Leonid Lisenker, le Covenant peut être anéanti en contactant une certaine Toni Cummings. Sloane dit à Jack Bristow qu’il est inconsolable de la mort d’Emily. Sydney, qui connait maintenant son passé des deux dernières années, se sent soulagée. Elle avoue à la psy être toujours amoureuse de Vaughn. Sark rejoint Lauren. Il veut s’affranchir du Covenant et y prendre le pouvoir avec la femme de Vaughn.

La critique de Patrick Sansano


Pour compenser les immenses dégâts causés par la cruche boy scout, la production met les petits plats dans les grands et fait appel à des guest star prestigieuses : après Isabella Rossellini, Ian Buchanan et un retour de Quentin Tarentino. Melissa George dont les étreintes sont… poignantes et coupantes est sexy mais son personnage mal développé depuis le début ne parvient pas à faire oublier les carences artistiques de certains de ses partenaires. Royal et majestueux en version humaine du serpent Kaa du livre de la jungle, Ron Rifkin fait ce qu’il peut pour rehausser le niveau mais il n’est guère aidé par ses partenaires. Toutefois, sa confrontation avec la psy est le grand moment de l’épisode. Elle ressemble à une partie d’échecs avec des pions humains. Manipulateur, il donnerait des leçons à Machiavel en personne. Quel sublime comédien comparé à la collection de médiocres pantins avec lesquels il doit jouer, de Vartan à Garber, de Garner à Lumbly.

L’idée d’utiliser le fade Greg Grunberg/Eric en remplacement de Dixon est stupide, car le gros bonhomme n’a aucun charisme. Les pitreries de Flinkman deviennent insupportables et atroces. « Alias » continue à tourner à vide en ayant perdu son âme. Ainsi, une bonne scène (avec Rifkin) est plombée la séquence suivante avec les minauderies de Sydney. Avec un Kurt Fuller débarqué de la série et un Terry O’Quinn absent, Rifkin doit se sentir bien seul. On atteint péniblement les deux melons grâce à la prestation de Rifkin face à la psy, et le ridicule ne tue pas sinon Flinkman et sa copine/épouse enceinte ne seraient plus de ce monde. Les scènes d’action n’étonnent plus personne et tombent dans les redites soporifiques. Missions et évasions trop facile, absence de tout suspense, c’est de la mauvaise bande dessinée.

 

La critique de Clément Diaz


Deux intrigues ici : la course mortelle de Lauren et Sark, et la mission de Chamonix. Lauren prend plus d’ampleur en imposant son image de femme fatale (dont la duplicité atteint quelques pics ici) devant un Sark, qui pourtant en a vu d’autres, médusé. Elle, ainsi que l’apparition de McKenas Cole/Quentin Tarantino en fin d’épisode, sont les grands points d’ancrage d’
After six. La mission de Chamonix a quelques bons moments, mais est pénalisée par quelques choix malheureux, en particulier la continuelle valse-hésitation de Sydney/Vaughn qui tourne en rond.

En plus de Tarantino, la série invite la prestigieuse Vivica A. Fox. La comédienne venait de jouer dans Kill Bill du réalisateur : sans doute un clin d’œil. Son interprétation d’une créatrice de systèmes de défense froide et sûre de son génie est à retenir. L’invasion du chalet avec chausse-trappes délirantes et gadgets « Marshalliens » qui ne le sont pas moins, serait délectable si elle n’était pas aussi téléphonée, et cassée par une des idées les plus malencontreuses des auteurs : le mariage express de Marshall et Carrie, artifice destiné à mettre de la tension avec Marshall faisant face à deux fronts, mais qui crispe. C’est d’un grotesque hallucinant.

On sera plus sensible au partenariat des deux anges blonds exterminateurs qui assassinent leurs chefs pour monter les échelons. Mais Sark, qui croyait être le cerveau de cette affaire, se voit bientôt dépassé par les prouesses démoniaques de son acolyte. L'absence de trouble de Lauren quand il la surprend en petite tenue, vire bientôt à un jeu de séduction pervers. Le premier assassinat, avec une étreinte charnelle létale, donne une idée de ses capacités ! La voir dire des mots d’amour à son mari pendant que Sark étrangle une cible est une image saisissante. Mais que dire du coup de théâtre final, avec la réapparition de McKenas Cole ?!! Tarantino s’éclate toujours autant. David Anders joue vraiment bien son personnage, mais Melissa George, en néo-Xenia Onatopp, est vraiment au centre. Ca, plus le mystère du secret de Sloane, qui fait mariner le Dr.Barnett (toujours juste Patricia Wettig), plus la réunion des deux intrigues, voyant les efforts de la CIA rendus caducs, c’est de la bonne ouvrage !

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Ian Buchanan (qui incarne Gathrid) fut Dick Tremayne dans « Mystères à Twin Peaks » de David Lynch.

Dernière apparition de McKenas Cole (Quentin Tarantino).

Épisode réalisé par la monteuse de la série : Maryann Brandon.

La réapparition de McKenas Cole, qu'on avait quitté emprisonné par la CIA, ne sera jamais expliquée.

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14. DUEL MASQUÉ
(BLOWBACK)

Scénario : Laurence Andries

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

La CIA doit neutraliser un groupe terroriste, « L’épée étincellante », responsable de l’attentat de Bali, qui doit faire exploser une bombe à plasma. Dixon est au courant qu’une taupe se trouve dans le service et a trahi durant la mission en Corée du Nord. Sloane tente de séduire la psy, le docteur Judy Barnett.

La critique de Patrick Sansano


Flinkman continue de multiplier les séquences de « remplissage » qui ne font rire que lui. Après une scène creuse entre Vaughn et Sydney, nous avons droit à un formidable affrontement entre la psy et Arvin Sloane. L’ex chef du SD6 fait preuve d’un narcissisme inimaginable. Qui est le vrai Sloane et le sait-il lui-même ? Nous apprenons une révélation trop incroyable pour être vraie. Quant à ce grand dadais de Vaughn facile à duper, Lauren ne s’en prive pas avec un raffinement sadique. Les jeux de cache cache entre d’une part Lauren et Sark et de l’autre Sydney et Vaughn lassent vite. Parmi les invraisemblances flagrantes ici, le fait que Vaughn ne reconnaîsse pas les yeux de sa femme derrière une cagoule montre à quel niveau « Alias » est tombé bien bas après un brillant pilote de la saison 1. Une chanson sirupeuse et niaise accompagne les retrouvailles de Sydney et de son père. Mais quid du groupe terroriste qui se résume à un couple de méchants que nous connaissons ?

Ici, Michael Vartan et Jennifer Garner plombent complètement l’épisode et trouent la coque du navire « Alias » qui prend l’eau de tous les côtés. Il n’y a plus aucune cohérence si ce n’est une accumulation de poncifs éculés, de scènes d’action en roue libre sans aucune structure narrative. Seul intérêt, le mystère de la taupe dont on ne sait quand les agents de la CIA vont connaître l’identité. Le téléspectateur lui s’ennuie ferme. L’arc Rambaldi est seulement évoqué au détour de souvenirs évoqués par Sloane et la psy. De toute évidence, J J Abrams a l’esprit ailleurs et ne s’occupe plus de la série qui devient un avion sans pilote. Navrant !

La critique de Clément Diaz

 


Cet épisode est une mise en abyme : l’action est d’abord vue du point de vue des « gentils », puis est reprise avec le point de vue des « méchants ». On accroche à l’originalité du scénario de Laurence Andries, auteur freelance (qui a notamment écrit pour MillenniuM l’épisode Trauma), tout en constatant qu’elle est aussi un moyen commode pour étendre sur 42 minutes une histoire n’en durant que la moitié.

Première partie : l’action vue par Sydney et Vaughn. La mission de Vancouver (on remarque que Jennifer Garner porte la même tenue peu avantageuse de Monnaie d’échange) avec coups de feu et course de voitures est certes routinière, mais elle va être complétée dans sa reprise. Idem pour l’infiltration du bateau.

Deuxième partie : Point de vue du duo démoniaque Lauren-Sark. Leur relation, d’une tension sexuelle concentrée, a le charme des grands duos amoureux paroxystiques du cinéma (Bonnie and Clyde, Raymond et Martha des Tueurs de la lune de miel…). La scène où Lauren se jette fougueusement sur son amant après qu’ils aient tué un homme et provoqué un accident, a un effet choc brillant. Leur relation dominant/dominé, avec Lauren en dominatrice, se voit aussi dans leur travail : Sark supervise tandis que Lauren est plus dans l’action. David Anders est irrésistible quand il commente les qualités de sa chérie sur un ton ravi, tandis que Melissa George campe sans équivoque une Sydney Bristow de l’autre côté du miroir, avec autant d’énergie. La scène de Vancouver a ainsi plus de cachet, tout comme celle du bateau avec la partie de double cache-cache, sous la caméra véloce de Lawrence Trilling. On retient le moment où Lauren s’apprête à jeter sa cagoule devant Vaughn…

Sloane demande à Barnett une séance… sous forme de rencard ! Plus ambigu que jamais, le Big Bad n°1 fait tourner en bourrique la charmante Judy en faisant de grands préludes à son « secret », avant de se raviser. On ne peut s’empêcher de penser qu’il le fait exprès, et qu’il cherche à la manipuler. Il crache finalement le morceau : une bombshell énorme qui devrait momentanément vous rendre knock-out. Boum !

Les infos supplémentaires

Cet épisode évoque l’attentat de Bali du 12 octobre 2002.

Encore un emprunt bondien avec une séquence de poursuite dans un parking ressemblant à celle de « Demain ne meurt jamais ».

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15. SUEURS FROIDES
(FACADE)

 

Scénario : R.P.Gaborno et Christopher Hollier

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Un certain Daniel Ryan, ex-activiste de l’IRA, fait sauter une bombe pour attirer l’attention du Covenant. Jack Bristow propose que la CIA se fasse passer pour le Covenant. Sydney, après avoir feint d’assassiner Eric Weiss, se présente à Ryan comme un membre du Covenant. Ryan est drogué et on lui fait croire qu’il est en Russie. Mais en fait, l’homme veut venger la mort de son frère due au Covenant.

La critique de Patrick Sansano


Les irlandais boivent de la bière. C’est donc dans un pub que Weiss prend contact. Nous avons ici tous les clichés que l’américain lambda s’attend à trouver lorsque l'on évoque un terroriste de l’IRA. L’épisode est construit comme un « Mission Impossible » des années 60-70 où le méchant est manipulé. Aucune innovation ici. En fait, Vaughn et Sydney sont bien moins doués que Jim Phelps et son équipe. Le scénario est fondé sur des suppositions : Untel ne connaît pas untel. On fait ainsi passer Vaughn pour Sark.

Le téléspectateur s’ennuie ferme. Même l’apparition (ultra brève) de Sloane ne vient pas sauver l’épisode. Quant à Jennifer Garner, son jeu ne s’améliore pas, elle est toujours aussi mièvre et verse dans la guimauve. On ne peut retenir un soupir en écoutant Sydney supplier l’irlandais : « Pensez à tous les innocents qui sont à bord ». Elle est pathétique, voulant convaincre un terroriste irlandais que tuer, c’est mal. Jennifer Garner s’est vraiment trompée de prairie, pardon de maison ou de série. Marshall entre deux vannes est là pour désamorcer les bombes. Il n’y a aucun bon comédien dans cet épisode et l’on souffre.

Alors que doit-on retenir de cet épisode ? Les américains sont gentils, les irlandais sont de méchants terroristes. Il est vrai que Ryan n’est pas charitable avec nous : d’une bombe, il aurait pu nous débarrasser de tous les pantins de la distribution. Cela vaut la chaise électrique ce crime contre le bon goût. Sur fond d’une chanson sirupeuse, avec Sydney en pleurs, on se croit en plein épisode de « Dawson ». La série privée d’un bon comédien (Rifkin, O’Quinn) ne vaut pas un kopek.

La critique de Clément Diaz


Personnellement, il s’agit de mon épisode préféré de la série (et également un des préférés de J.J.Abrams lui-même). Le suspense est un des atouts maîtres d’Alias. Facade constitue certainement l’épisode qui en est le plus chargé. Pas une seule minute ne s’écoule sans qu’on ait la chair de poule. Le jeu dangereux de la CIA pousse nos agents à accumuler faux-semblants et illusions massifs, rendant plus fragile à chaque fois leur édifice. Deux twists éclatants électrisent une histoire déjà en surtension pour changer la donne. R.P.Gaborno et Christopher Hollier ont frappé très fort. Le titre français est on ne peut mieux choisi pour ce chef-d’œuvre d’angoisse.

L’introduction où deux démineurs tentent de désamorcer une bombe dernier cri est à l’image de ce que sera l’épisode : une chevauchée dionysiaque de suspense. Les scénaristes ont une riche idée en imaginant la CIA reconstruire une chambre d’hôtel russe dans un studio dans le but de piéger Daniel Ryan. On admire tous les détails de l’ensemble : tables, tableaux, télé russe, voire même faux journal télévisé (une idée qui n’est pas sans rappeler Good bye Lenin!). La série nous a offert pas mal de batailles de bluff, mais rarement aussi prenantes que celle opposant Sydney et Vaughn à Ryan, notamment la scène où il continue de marcher alors que Sydney pointe son révolver sur lui. Léonid, dans un rôle d’informateur, est ici un personnage-clé, le seul à pouvoir vaincre les chausse-trappes tendues par son ancien collègue. Dans le rôle du méchant, Ricky Gervais (créateur de la série The Office) est un choix improbable, mais il réussit à nous convaincre sans forcer, une belle surprise !

Grâce à une impeccable conjonction d’événements, Vaughn et Sark se retrouvent dans le même lieu. Vaughn a l’avantage, mais on reste ébahi devant le flegme absolu de Sark qui fait comme s’il causait avec une vieille connaissance (David Anders est vraiment à fond dans le rôle). Le rebondissement central est explosif (sans jeu de mots), et bouleverse complètement l’orientation de l’épisode lorsque le masque du Manipulateur de l’histoire tombe. Cela entraîne une scène de désamorçage de bombe classique mais diablement efficace, obligeant Marshall et Vaughn à collaborer avec Sark !! Le deuxième twist, bien que plus prévisible que le premier (étant amené de manière assez forcé), n’en est pas moins redoutable car empirant la situation avec une deuxième alerte à la bombe. Panique sur tous les fronts, où seul Jack parvient à garder la tête froide et applique des méthodes brutales, allant droit au culot. Et lorsqu’on croit que la situation est rétablie, paf, une petite bagarre pour relancer la machine à stress ! Dans une telle intensité, on remarque à peine l’absence de Lauren.

En prime, on nous offre Sloane au lit avec sa psychiatre, petite cerise sur le gâteau…

Un épisode totalement amphétaminé.

Les infos supplémentaires

Lisenker qui dit aimer l’Amérique cite cette-fois la série « Deux flics à Miami » comme lui plaisant beaucoup après nous avoir parlé de Gloria Estefan.

Sydney se souvient d’un meurtre qu’elle a commis sous contrôle en tant que Julia Thorne durant ses deux ans de captivité au Covenant.

La plupart des dialogues de Ricky Gervais furent improvisés par le comédien. Le réalisateur Jack Bender déclara que cela avait aidé à rendre plus naturel son personnage.

L’hôtesse de l’air est interprétée par la belle Stana Katic. Qui triomphera en 2009 dans le rôle de Kate Beckett dans la série Castle.

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16. TROU NOIR
(TAKEN)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sark prisonnier, il est extradé par la France, il est décidé de piéger la taupe au sein de la CIA. Sark n’est pas protégé par la convention de Genève, et va être torturé. Les enfants de Dixon sont kidnappés. Dans l’avion qui ramenait Sark, tout le monde est mort, Sark s’étant enfui. Il a été averti par la taupe.

La critique de Patrick Sansano

 

La psy Judy Barnett est devenue la maîtresse de Sloane. Un personnage qui a du goût, à la différence de Vaughn et de sa brunette. L’arrivée d’un nouveau comédien, Raymond J Barry, en sénateur, n’apporte rien au casting. L’épisode met en avant le surestimé Carl Lumbly (Dixon) qui n’a aucun charisme. Lauren qui a fait de Sloane un bouc émissaire provoque la vengeance de Dixon, dont Sloane fit tuer Diane, l’épouse. Lumbly ne fait pas le poids comme comédien face à Rifkin.

Le feuilleton « Alias » continue de s’enfoncer dans les méandres de l’ennui. Dixon rejoint Jennifer Garner dans la catégorie des comédiens mièvres et larmoyants qui confondent sensiblerie et sensibilité. Ron Rifkin est bien le seul talent dans cette galère.

L’épisode renoue avec la mythologie Rambaldi, oubliée depuis quelques épisodes. Notons que pour Jack Bristow, la vie de sa fille vaut que l’on arrête l’opération, pas celle de la fille de Dixon. Melissa George se sort à merveille de son rôle de ver dans le fruit. Hélas, la médiocrité de la majorité des comédiens, donc Sark/David Anders, plombe le peu de suspense qui commençait à s’installer. Sydney joue les blandines dans la fosse aux lions, se sacrifiant pour sauver la fille de Dixon. Ah, si seulement Sark pouvait nous en débarrasser, on finirait par trouver le Covenant sympathique.

 

La critique de Clément Diaz


Taken
se scinde en deux parties distinctes, l’une médiocre, l’autre brillante. En lui-même, le scénario de J.R.Orci est très bon, mais toute la première partie se contente de recycler des situations similaires de précédents épisodes, donnant l’impression qu’on les a collés arbitrairement, avec un lâche fil rouge pour maintenir le tout. La deuxième partie, grâce à un suspense savamment dosé est bien plus convaincante, finissant sur un des cliffhangers les plus originaux de la série !

A première vue, tout est simple : Le Covenant kidnappe les enfants de Dixon et demande en échange la libération de cinq prisonniers. Sauf que dans Alias, rien n’est simple, et bientôt, nous voyons tout le plan magistral de Sark et Lauren (bien qu’assez tordu). Le problème est que nous devons passer par des redites, comme le coup du bâtiment piégé (vu entre autres dans Post mortem), ou le bouc émissaire injustement accusé et contre lequel Dixon se déchaîne (copié sur Faux amis, saison 2). Carl Lumbly répète d’ailleurs exactement le même numéro, même bon. Arvin Sloane en accusé ne manque pas d’ironie : coupable impuni de tous ses crimes passés, le voilà emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis ! Sloane est par ailleurs plaqué par sa psychiatre. Bien sûr, on ne croit pas à sa rédemption, mais elle le quitte alors qu’il n’a encore rien fait. Le parcours de Sloane, avec ses hauts, ses bas, ses revirements, ses objectifs cachés, excite sans cesse notre curiosité.

La deuxième partie renoue avec le bon vieux temps de l’alliance Dixon-Sydney au SD-6, le premier supervisant la deuxième dans la base secrète. Une mission tonique et toute en tension, avec en point d’orgue une bagarre de Sydney contre… un système de défense à trois bras ! L’extravagance est décidément héréditaire chez les Orci ! L’échange, dirigé par un Sark roublard et au calme déphasé avec la situation, vaut aussi le coup d’œil. Si dans pas mal de fictions, les beaux sentiments sont assez lourds ; ici, l’acte de courage de Sydney (scène du collier) est sans fausse note. Tout comme le conflit d’intérêts entre Dixon et Jack qui ont chacun leur enfant en danger. On termine par un cliffhanger très inattendu : Lauren prononce une phrase de trop devant Jack. Ouch !

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L’artefact que dérobe Sydney est un coffret avec écrit dessus « Irina », comme celui de l’intégrale DVD.

Raymond J.Barry joue ici le sénateur George Reed, père de Lauren, ce qui est très amusant vu qu’il incarnait déjà un sénateur, le sénateur Matheson, dans trois épisodes mémorables des X-Files !

Dixon envisage au début de l’épisode de faire subir à Sark le Inferno protocol (Protocole Enfer), qui d’après Lauren tue une personne sur deux ! Vaughn subira cette terrible technique de torture dans l’épisode homonyme : Protocole Enfer.

Sur la liste des gens présents sur les lieux d’étude du projet Trou Noir, on relève des noms des scénaristes et de l’équipe technique : Larry Trilling, Robert Orci, Alison Schapker, Jesse Alexander, Breen Frazier, Michael Mosley, Maryann Brandon…

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17. LE PASSAGER
(THE FRAME)

 

Scénario : Crystal Nix Hines

Réalisation : Max Mayer

Résumé

Vaughn a une piste au sujet du Covenant. Il part au Mexique avec Sydney. Il s’agit de trouver la clef de la boîte de l’épisode précédent. Sloane croupit en prison. Vaughn quitte Lauren. Jack Bristow commence à soupçonner Lauren d’être la taupe. Son père, le sénateur George Reed la défend.

La critique de Patrick Sansano



On retrouve l’excellent Djimoun Hounsou (qui joue du sabre comme Isaach de Bankolé dans « Casino Royale ») crédible en Bomani, l’un des s alauds de la série. Quant à Vaughn, il dit plusieurs fois « c’est sans espoir » et l’on est tout à fait d’accord avec lui : sans espoir quand on préfère un laideron à une fort jolie blonde. Jennifer Garner est d’ailleurs plus laide que d’habitude, avec une queue de cheval. La pauvre, ne l’accablons pas, elle ne sait déjà pas jouer la comédie. Michael Vartan n’est pas en reste pour la médiocrité. Ils jouent tellement faux tous les deux qu’on en arriverait, par comparaison, à apprécier Flinkman soit Kevin Weisman. Les missions (à nouveau plusieurs par épisode) ont un goût de déjà vu et n’étonnent plus personne.

Cette saison 3 est en perdition totale. Ron Rifkin ne suffit plus à rehausser le niveau, il n’a ici que quelques scènes de prison sans grand écho. L’ennui commence à pointer son nez sérieusement. La supposée surprise relève de la mauvaise bande dessinée, faisant de Lauren une personne moins cruelle que l’on aurait cru après l’avoir vu abattre Lazarré. Dans « Alias », tout le monde du jour ou lendemain peut devenir un traître au point que la non crédibilité est dépassée sans vergogne.

Peggy Lipton, que l’on reconnaît à peine, est mal employée en mère de Lauren. Elle fut célèbre jeune mais avait encore du panache dans « Twin Peaks ». Son personnage n’est pas construit par les scénaristes qui tournent à vide. De toute évidence, J J Abrams n’est pas parvenu à renouveler son feuilleton. Jennifer Garner, par contre, n’a pas fini de nous étonner : geinarde, pleurnicheuse, on suppose qu’elle n’a pas encore touché le fonds absyssal de son incompétence.

La critique de Clément Diaz

 


Hitchcock disait que le public sera toujours du côté d’une personne qui se cache et sur le point d’être découverte, même si elle n’est pas sympathique. Crystal Nix Hines utilise ce principe pour que l’on ait envie que la « méchante » Lauren s’en sorte. L’idée marche, et les quelques touches d’humanité de l’agent double, ainsi qu’un surprenant twist, la renforcent. Malheureusement, la scénariste est beaucoup moins inspirée pour son intrigue « Rambaldienne », qui ne convainc pas, et qui est la plus développée. Dans l’ensemble, The frame peine à maintenir l’attention.

Les scènes Sydney-Vaughn sont du mauvais mélo. Vaughn, toujours amoureux de Sydney, envisage de divorcer de Lauren. Vaughn, présenté comme un héros dans la série, chute pas mal dans notre estime quand il refuse d’avouer que c’est à cause de Sydney qu’il en vient à cette décision. Le jeu en plomb de Michael Vartan s’oppose à l’élégante ambivalence de Mélissa George (très bien dans le faux apitoiement), preuve si besoin de la différence d’intérêt entre les deux personnages. Les scènes où Sydney et Vaughn entament leur rapprochement, via des dialogues frelatés, sont réduites à néant par leur cabotinage. On retient spécialement le chagrin final de Sydney, avec une Jennifer Garner totalement décalée. On la préfère de loin en espionne de choc. Quant à l’intrigue Rambaldi, même si elle nous vaut un voyage au Mexique et une plongée dans une caverne sous-marine, les dialogues à rallonge et les scènes d’action chorégraphiées à la hâte ôtent tout plaisir. L’atonie de la réalisation de Max Mayer ne dynamise pas ce script maladroit.

En revanche, la petite intrigue centrée sur Lauren est développée avec plus de panache. Jack est un traqueur tenace, montrant une détermination franche. Sloane fait preuve d’une assurance tranquille alors que tout est contre lui, permettant quelques scènes finement écrites. Par contre, la scène finale le voit dans une situation fortement compromise. Les scénarios ne sont pas tous géniaux, mais l’adrénaline faiblit rarement ! Le plan cruel, mais redoutablement psychologique de Sark, qui choque même Lauren, électrise le spectateur. Lauren pour récupérer Vaughn (indispensable à sa couverture) ET éloigner Jack doit commettre un meurtre très difficile, objet d’un fulgurant rebondissement. Une intrigue bien dirigée.

Les infos supplémentaires

Staline s’intéressait à Rambaldi.

Peggy Lipton, qui joue la mère de Lauren, était la vedette de la série d’Aaron Spelling « La nouvelle équipe ».

Le contact de Vaughn est Kishell, l’homme défiguré par l’Iceberg (Face cachée, saison 1) qui lui avait déjà servi d’indicateur. Il est toujours joué par Stephen Spinella.

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18. « IL DIRE »
(UNVEILED)

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Jack Bender

Résumé

L’accord entre la CIA et Sloane ne tient plus et il va être exécuté par injection létale. Dixon refuse de conclure le moindre marché avec lui. Sydney pense que Lauren est la taupe. La CIA est victime d’une cyber-attaque. Il est démontré que le passager est une personne.

La critique de Patrick Sansano


Scénario assez improbable, tant la culpabilité de Lauren saute aux yeux du téléspectateur, mais pas de la CIA. Encore un emprunt à 007 avec les lunettes gadgets rappelant celles de « Meurs un autre jour ». Grosse erreur de distribution, David Anders n’est pas crédible en Sark et gâche les scènes avec Bomani. Melissa George, elle, mérite mieux que cette série. Nous repartons dans les missions TGV aux quatre coins du monde mais tournées à Hollywood avec des bandes sons généralement atroces. Michael Giacchino (« Star Trek into darkness ») a été bien peu inspiré ici, alors qu’il a signé des scores excellents même pour des jeux vidéo. Que des CD aient été édités pour « Alias » par saison relève vraiment du scandale quand tant de bandes originales ne voient pas le jour.

Les disputes que nous infligent Sydney et Vaughn sont insupportables et relèvent du mauvais soap opéra. Sydney tente de piéger Lauren non plus pour accomplir sa tâche d’agent de la CIA mais par jalousie. Les acteurs semblent s’ennuyer et cachetonnent, la faute à un scénario répétitif et exangue. Pour atteindre les quarante minutes (il ne s’agit même plus de quarante deux !), le réalisateur nous propose des déplacements de personnages au ralenti et les pitreries de Marshall se multiplient. Déjà plombé par de mauvais comédiens, « Alias » devient un spectacle sans cohérence. La comparaison Irina/Lauren faite par Jack Bristow est un des exemples des errements d’un script totalement creux. On devrait ressentir le suspense de la traque de la taupe, mais la série présente une tension digne d’un encéphalogramme plat. On comprend que Lauren est le personnage à éliminer pour rendre toute sa place à la cruche. Navrant et désolant. Pourquoi ne pas avouer que cet épisode a été fait pendant la grève des scénaristes ? Ah bon, ce n’était pas le cas ? En ce qui concerne les combats, si l’on nous remettait ceux de la saison 1, nous n’y verrions que du feu.

La critique de Clément Diaz

 

A cinq épisodes de la fin de la saison, le tempo décolle brutalement. Le duo Breen-Schapker réunifie à vitesse effrénée les deux grands pans actuels de la série : le double jeu de Lauren, et la Mythologie Rambaldi. Malgré son coup d’éclat précédent, l’étau se resserre sur Lauren, qui dans cet épisode prend des risques beaucoup plus considérables pour devancer la CIA. Elle est ainsi menacée quatre fois de suite d’être découverte, et à chaque fois s’en sort in extremis ! Dans le même temps, la quête du « Passager » se poursuit avec frénésie.

Chapitre 1 : voyage à Berlin pour Syd et Vaughn dans une boîte gothique pour rencontrer le hacker payé par le Covenant. Leurs déguisements très « hard » comptent parmi les plus mémorables de la série (chapeau aux maquilleuses !). Dans un déguisement similaire, Lauren doit s’approcher au maximum de Sydney pour tenter de tuer le hacker. Sueurs froides en vue… Chapitre 2 : pendant que Sydney et Vaughn téléchargent les données, Lauren entre chez eux, et doit les pirater sous leur nez. Chapitre 3 : Vaughn, soupçonneux, suit sa femme et demande à Weiss de pirater son téléphone pendant qu’elle parle avec Sark ! Suspense incroyable où Lauren est en danger de voir sa conversation écoutée… finalement Weiss réussit le piratage, mais n’obtient que la phrase finale qui ne prouve rien ! Et lorsque Vaughn l’interroge, Lauren trouve sans le savoir une excuse s’accordant avec la dernière phrase !!

Chapitre 4 : Sydney et Vaughn tentent de trouver la seule personne qui connaît le Passager, un médecin disciple de Rambaldi ! Cela nous vaut un affrontement dantesque entre Lauren devant le faire parler avant d’être repérée, Sydney et Vaughn là pour le même but… et des disciples de Rambaldi surgis de nulle part pour leur compliquer la tâche ! Un galimatias infernal avec en prime deux magnifiques scènes d’action, et un raccordage avec la Prophétie de la saison 1 absolument génial. Au terme de cette épique journée, Lauren peut souffler un peu… ben non, elle fait un geste innocent qui rallume les soupçons de son mari qui découvre le pot-aux-roses ! Échouer sur la ligne d’arrivée, c’est vraiment pas de bol. Mélissa George a l’adhésion du spectateur, son physique angélique et son jeu surpuissant parlent pour elle.

Djimon Honsou est superbe en supérieur de Sark et Lauren, violent, vindicatif, intolérant à l’échec. Sa théâtrale exécution est une digne sortie du personnage. Les scénaristes, décidément en pleine forme, n’oublient pas l’émotion avec une superbe scène où Jack parle de son mariage avec Irina, et où Vaughn pour une des rares fois de la série, ose enfin dire ce qu’il pense à Jack. Victor Garber et même Michael Vartan sont d’une intensité contenue mais palpable. Le jeu de mots sur Irina est une flamboyante trouvaille qui relance encore la Mythologie !

D’autres graines sont lancées pour les épisodes suivants : l’identité du Passager bientôt dévoilée, et le groupe « The Trust », qui cache bien des choses. Paranoïa à 200%, action trépidante, scénario survitaminé : un must !!

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19. COMPTE À REBOURS
(HOURGLASS)

 

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Ken Olin

- Has it occurred to you that your half-sister might be a danger to you?

- Yes of course. But it's equally possible that I can help her. She could be an innocent victim.

- With Irina Derevko and Arvin Sloane as her parents, I don't think so…

Résumé

Bien qu’il sache que Lauren trahit, Vaughn doit continuer à faire comme si de rien n’était afin que la CIA rattrape son retard sur le Covenant concernant « le passager ». En Inde, Vaughn et Sydney doivent sauver Conrad kidnappé par Sark qui détient des secrets concernant le passager. Quant à Sloane, l'heure de son exécution approche.

La critique de Patrick Sansano

Nous nageons toujours dans les eaux de l’invraisemblable. Echappant à toute cohérence, « Alias » est une série qui tourne en roue libre. La participation de bons comédiens comme Peggy Lipton, Ron Rifkin et David Carradine s’avère être du plâtre sur une jambe de bois. L’apparition de nouveaux personnages (maintenant une sœur à Sydney) rend encore plus complexe la compréhension de l’intrigue. Avec presque la distance d’une décennie sur cet épisode, on se rend compte de la vanité et de la médiocrité d’une série surestimée. Les personnages sont autant de pantins qui gesticulent devant un téléspectateur qui ne s’intéresse qu’aux scènes d’action. On a le sentiment que les comédiens eux-mêmes n’y croient plus et assurent le minimum syndical. Le niveau des comédiens a été nivelé par le bas, c'est-à-dire au stade de Jennifer Gardner.

Aux claviers, un bon compositeur, Michael Giacchino qui signera plus tard le reboot de « Star Trek » et a commencé sa carrière en mettant en musique le jeu vidéo « Medal of honor », est la piètre consolation de l’auditeur. Et encore, la partition de Giacchino est souvent gâchée par des chansons rock à deux sous dignes de « Alerte à Malibu ».

On peut être à peu près certain qu’ Alias ne franchirait pas le cap de la saison 1 aujourd’hui. Bénéficiant de l’engouement pour le Da Vinci Code, le show a fait illusion mais a mal vieilli. Michael Vartan réussit l’exploit d’être plus médiocre comédien que Jennifer Gardner, ce qui n’était pas facile à faire.

C’est le genre de programme aussitôt vu aussitôt oublié. Le suspense ne peut prendre dans la mesure où l’on sait qu’un personnage comme Sloane ne peut être exécuté (c’est le suspense du jour).

« Alias » étant un feuilleton et non une série, il est difficile d’espérer une quelconque amélioration. Ron Rifkin a l’air d’y croire encore. Fort heureusement pour le comédien, il a trouvé d’autres bons rôles par la suite. La scène de l’exécution ne parvient pas à nous faire bondir de notre fauteuil. Petite consolation, « Alias » nous permettra de mieux apprécier d’autres séries. Il suffira de se souvenir de la profondeur abyssale du script.

L’absence d’émotion à l’écran est totale, alors que ce n’était pas le but de la production.

 

La critique de Clément Diaz

 

On a souvent la tentation de réduire Alias à ses missions à la 007, ses intrigues enchevêtrées en casse-tête chinois, et à ses scènes d’action. C’est oublier qu’elle est tout aussi remarquable dans les guerres psychologiques entre les personnages. Hourglass joue dans cette catégorie. Le résultat est aussi captivant, et les acteurs font tous des prestations impeccables, grâce aux dialogues cousus main du duo Appelbaum-Nemec. Le cœur de l’épisode est (enfin !) l’explication de la révélation qu’a eu Sloane à la fin de la saison 2 (Risque maximum) : un vrai coup de massue !!

Dans cet épisode, toutes les situations sont ultra dingues ; pourtant, tout demeure crédible. Vaughn est sommé de faire comme s’il n’avait pas découvert la duplicité de sa femme : du coup, lui et Lauren jouent tous les deux à être ce qu’ils ne sont pas !! Conséquence, ils se rabibochent, et comme 007 à l’occasion, Vaughn « se sacrifie » en couchant avec l’ennemie (Sydney est tragi-comiquement témoin de la scène). Sloane est victime d’une mordante ironie : condamné pour un crime qu’il n’a pas commis, et parce qu’il a eu une liaison avec la femme du seul homme capable de le sauver. Le coup de bluff de Sydney contre son propre père n’est pas mal non plus. Alias est à son meilleur niveau ! Le piège de la CIA qui manipule Lauren culmine avec Vaughn copiant les documents pendant que Lauren le cherche dans la maison… Michael Vartan et Mélissa George se surpassent dans leurs jeux !

Les dernières heures et l’exécution de Sloane sont magistralement filmées par Ken Olin. Même si on y croit pas, l’intensité des scènes est indéniable, renforcée par les dialogues ciselés des auteurs. Sloane est réduit à supplier Sydney de protéger sa fille dans une scène bouleversante. Sa dernière discussion avec Jack autour d’un bon verre de vin est un des meilleurs échanges de la série. La vibrante tirade finale du condamné, grâce à un Ron Rifkin transcendant achève de faire de Sloane un Big Bad avec une âme et des émotions. Bon, le coup de théâtre final ne surprend pas mais on admire l’ingéniosité des auteurs à le rendre crédible. Dans sa mission, Syd très en colère, sort deux flingues et fait un carnage monstrueux tout à fait surprenant ! Cependant, une chanson métal hors sujet casse toute l’émotion de l’exécution. C’est là le seul reproche qu’on puisse faire à cet épisode irréprochable par ailleurs.

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20. PROTOCOLE ENFER
(BLOOD TIES)

Scénario : J.R.Orci, d’après une histoire de Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Jack Bender

Résumé

L’exécution de Sloane était un simulacre : Jack Bristow lui a donné dans du vin un contrepoison à l’injection létale. Arvin Sloane explique que le passager est une prophétie de Rambaldi, il s’agit d’une personne qui pourra transmettre un message qui sera la « clef de l’objectif ultime ». Sloane veut protéger sa fille que le Covenant veut retrouver. Lauren va être piégée en croyant avoir le champ libre, pensant Sloane mort. Vaughn apprend une « autre vérité » sur la mort de son père. Vaughn tombe dans les mains de Sark qui le torture.

La critique de Patrick Sansano


Lorsque Sloane  jette au sol une fiole d’un produit improbable, « Alias » bascule de l’espionnage à la science-fiction. A force de révélations qui infirment ce que le téléspectateur sait déjà, on est perdus. On est tombés dans le piège du « Caméléon », et d’une partie de la série « X Files » lors des ultimes saisons (rappelez-vous Samantha Mulder, la sœur de Fox, enlevée, morte, pas morte, morte). Plus que jamais, « Alias » colle au « Da Vinci Code ». L’aspect sensationnel, les révélations spectaculaires, ne durent qu’un temps. Sydney sans Vaughn continue ses improbables missions impossibles à la Jim Phelps sauce 2000. Melissa George joue bien la scène d’une sous Irina soit disant sensible devant les souffrances de son « mari ».

On a, vis de vis de Sydney, aucune crainte : elle parle toutes les langues ce qui lui permet de duper les tortionnaires des quatre coins de la planète, elle a déjà été en Corée du nord, là voilà dans une prison de femmes en Tchétchénie, mais au fond, rien de grave ne peut lui arriver, elle est indestructible comme un personnage de dessin animé. Personne n’est vraiment en danger, parce que dans le monde d’Alias, les morts reviennent en bonne santé parmi les vivants. C’est de la bande dessinée qui nous est vendue en guise de série d’espionnage. L’arrivée de la « sœur » de Sydney n’est même pas une surprise. Le seul à ne pas s’ennuyer semble être Marshall Flinkman avec ses vannes à deux balles.

La nouvelle venue, Mia Maestro qui est Nadia, la sœur de Sydney entre avec aisance dans la série et ce pour 31 épisodes. On a oublié Bradley Cooper, l’apparition sans lendemain de Roger Moore, l’incursion de Quentin Tarentino. « Alias » est la seule série où d’une saison à l’autre, vous oubliez ce qui s’est passé mais cela n’a pas au fond grande importance tant le script vous plonge dans l’instant présent immédiat. Quant à Arvin Sloane, à force de passer du « gentil » (mais salaud) au salaud intégral, il perd en crédibilité et Ron Rifkin, malgré son talent, ne peut faire des miracles face aux incohérences d’un script qui semble écrit sur un bord de nappe de table.

 

La critique de Clément Diaz

 

Monica Breen et Alison Schapker achèvent la quête du Passager avec action, mises en scène, et twist final de haut niveau. Le Passager, alias Nadia Santos, est joué par Mia Maestro, qui allie son charme argentin à de vrais talents d’actrice. Sark et Lauren, qui dévoile enfin ses cornes au grand jour, torturent Vaughn par des méthodes sanguinolentes, ce qui nous vaut quelques scènes éprouvantes, et Sloane gagne encore en complexité. Deux intrigues menées tambour battant par J.R.Orci.

Votre mission, Sydney, si vous l’acceptez, est de vous infiltrer dans une chambre froide via cinq empreintes rétiniennes appartenant à des membres d’un consortium gouvernemental, de retrouver votre demi-sœur dans une prison tchétchène via des ondes cérébrales envoyées par un prophète du XVe siècle, et lui dire qu’elle est la fille du criminel mondial n°1 !! Comme on le voit, Alias va toujours plus loin dans ses délires scénaristiques, mais chaque étape est bien réalisée. Le face-à-face entre Sloane et ceux qui l’on trahi est une étape de la mission ET une scène forte aux répliques tranchantes (Greetings from the Deads !). Sydney arrête de jouer les femmes fatales et se montre charmante en étudiante timide. Un changement mignon et agréable.

Le clou du spectacle est évidemment l’entrée en scène de Nadia. Mia Maestro se débrouille bien dans les scènes physiques (combats contre les gardes), et sait parfaitement jouer l’émotion quand Nadia rencontre son père : un personnage et une interprète prometteurs ! Elle est l’objet d’une autre prophétie « Rambaldienne » qui sera développée dans les saisons suivantes, et projettera une ombre dans les rapports harmonieux des deux sœurs. Sloane subit un déchirement terrible entre sa volonté de retrouver sa fille et sa quête de Rambaldi, indissolublement liées pour le pire. Sa trahison finale, digne du Diable en personne, achève l’épisode sur un cliffhanger sinistre ! Ron Rifkin joue avec une facilité confondante la dualité de Sloane.

Pendant ce temps, Vaughn apprend des choses déterminantes sur son père (un disciple de Rambaldi évidemment), se fait capturer par Sark, et morfle grave en recevant des charges qui lui trouent la peau ou agressent son cœur. Anders et George, totalement emportés, crèvent l’écran par leur rôles plein de sadisme et de perversité (ah, le numéro de charme de Lauren !). Avec un tel spectacle - agrémenté de touches pyrotechniques - on sent que le finale de la saison va être déchaîné !

Les infos supplémentaires

Entrée en scène de Nadia Santos (Mia Maestro), « Passager » de la prophétie de Rambaldi, et fille d’Arvin Sloane et d’Irina Derevko (et donc demi-sœur de Sydney). Elle sera un des personnages principaux de la saison 4, et apparaîtra dans 6 épisodes de la saison 5, apparaissant dans en tout 30 épisodes.

Native d’Argentine, Mia Maestro, depuis « Alias », est devenue Carmen dans la saga « Twilight ».

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21. TRAQUE INFERNALE
(LEGACY)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sark et Lauren sont en fuite. Droguée par Sloane, Nadia écrit des textes dans une langue inconnue. Avec un mouchard, Sydney et Michael doivent récupérer l’elixir de Rambaldi que détient Sloane.  Ils sont braqués par une armée mais sauvés par Katya Derevko. Sark et Lauren proposent à Sloane de s’associer, il a le passager, ils ont l’elixir.

La critique de Patrick Sansano


On peine à terminer cette saison. Même Ron Rifkin d’ordinaire majestueux commence à devenir ennuyeux. Le personnage de la sœur de Sydney est un peu arrivé comme un cheveu sur la soupe, c’est  « le personnage de trop ». L’ambiance est artificielle et on a parfois l’impression d’être en train de lire un album de Tintin. Isabella Rosselini avait sûrement un arriéré d’impôt à payer pour participer à cette série à bout de souffle. Il y a trop de retournements de situations pour que l’on puisse suivre l’action. Les scènes de torture de Sloane sur sa fille Nadia ne nous émeuvent pas. « Alias » est un feuilleton qui semble tourner en boucle. La série est de plus en plus bavarde et les comédiens semblent prendre au sérieux ce que le téléspectateur trouve empesé. « Le dentiste », un des personnages les plus déments de la série, réapparaît comme un sphynx. On se souviendra que le docteur Zhang Lee avait arraché des dents à Sydney, alors qu’il tremble ici comme une mauviette capturée par sa victime et Vaughn. Mais ce dernier n’aura pas la charité de Sydney avec l’affreux bonhomme. Jennifer Garner est égale à elle-même, avec son  jeu monolithique. En bikini, bien qu’elle ne soit pas une beauté question visage, elle donne envie de passer un bon quart d’heure en privé avec elle (on passerait bien plus de temps avec Melissa George !), mais cela ne suffit pas pour en faire une actrice. Il y a tellement d’évènements au fil des saisons de « Alias » qu’on a presque oublié que Marshall lui aussi a eu affaire au dentiste.


Dans « Alias », les gentils passent leur temps à faire des marchés avec les méchants en leur proposant des réductions de peine pour capturer d’autres méchants. Mia Maestro a parfois des faux airs de Penelope Cruz du pauvre. On envie tout de même Jack Bristow de son "rapprochement diplomatique" avec la belle Katya, mieux conservée que sa soeur.

La critique de Clément Diaz

 

Dans la course galopante vers le final de la saison 3, cet épisode est un peu celui en trop. On s’y agite beaucoup, mais l’action reste curieusement en surplace, attendant la 32e minute pour vraiment décoller. Cependant, l’intérêt du scénario de Jesse Alexander réside dans un trio de personnages, ici très à l’honneur : Katya Derevko, Arvin Sloane, et Michael Vaughn, chacun a une partition très intéressante à jouer.

Sloane torture sa fille avec l’élixir de Rambaldi pour qu’elle livre le message de son énigme finale. Les scènes d’écriture automatique sont stressantes et fascinantes (le dessin mural et les signes cabalistiques intriguent fortement). Pendant ce temps, réapparition remarquable de Katya Derevko, porté par le charme mutin et canaille d’Isabella Rossellini (ah, ce numéro de charme au jeune garde blondinet !). Ses avances massives à Jack introduisent une dose d’humour très appréciable. Vaughn se laisse consumer par sa haine envers Lauren, alors même qu’il avait détourné Sydney de sa volonté de faire justice elle-même. Effet de non-miroir : Sydney est incapable de retenir Vaughn qui franchit plusieurs fois la ligne jaune, notamment en torturant le dentiste fou (sa dernière apparition) à l’acide, ou en abandonnant Sydney en danger pour se lancer à la poursuite de Lauren. Prestation ébouriffante de Michael Vartan.

Mais le roi de l’épisode, c’est Arvin Sloane : son conflit entre ses sentiments paternels et Rambaldi le fait vaciller. Il tente de faire taire les premiers en invoquant dans une scène de pure folie le sacrifice d’Isaac dans la Bible, mais les reproches continuels de Nadia suffisent à le tourmenter. Son dilemme devient encore plus insoutenable lorsque nos anges de la mort Sark-Lauren lui forcent la main. Sloane n’a jamais autant montré le côté lumineux de son cœur, choisissant de sauver la vie de sa fille au mépris de la prophétie, même Lauren-la-garce en est impressionnée. On pense évidemment à son dilemme Emily-Rambaldi deux ans plus tôt. Ron Rifkin accomplit une performance titanesque. La bagarre de fin est brillamment filmée avec comme cerise sur le gâteau… un tir de bazooka par Lauren ! Du délire pur, on vous dit ! Déception en revanche pour la réapparition de Vivica Fox, ici réduite au rôle de passe-plats. Allez, tout le monde est bien énervé, c’est le moment de finir la saison !

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22. OBJECTIF ULTIME
(RESURRECTION)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Dixon veut qu’on résolve vite l’équation Rambaldi. Déguisée avec un masque de Sydney, Lauren dérobe l’équation sur un ordinateur et sème des bombes à retardement au QG de la CIA que Sark à distance actionne. Sark est fait prisonnier mais Lauren s’échappe. Sydney se retrouve accusée suite à la duperie de Lauren. A peine emprisonné, Sark se met à vouloir « négocier » avec Vaughn. Ce dernier capture son épouse et la torture mais quelqu’un le poignarde.

La critique de Patrick Sansano


Hommage ou plagiat, on a recours ici au masque, vieil astuce de « Mission Impossible ». Dans les derniers épisodes de saison, on peut tout envisager : les acteurs peuvent ne pas renégocier leur contrat et leur personnage meurt. Ici, on a l’impression que la production chercher à durcir le fade Vaughn, qui après avoir torturé le dentiste dans l’épisode précédent, s’affaire sur Sark. Le gentil devient ici aussi sadique que ses bourreaux. La photographie est sombre avec la pluie et à l’image des états d’âme de Vaughn. Sans crier au génie, l’épisode réévalue  un peu à la hausse le niveau de la série. Sydney n’apprécie pas le nouveau Vaughn et en impute la faute à son père. Ce conflit père fille avait été laissé en plan en cours de route comme tant de choses dans la série. Voyant sa dernière heure arriver, Lauren est moins convaincante et rusée qu’Irina. Pour tenir en haleine le téléspectateur, nous allons avoir droit à un coup de théâtre toutes les cinq minutes. Vaughn et Marshall se retrouvent aux portes de la mort.

Combien de pronostics vitaux vont être engagés pour faire grimper l’audience ? La transposition du passé de Jack Bristow sur les évènements récents devient quelque peu lassante. « La femme est la seconde erreur de Dieu » de Nietzsche sert ici de code, mais la première erreur de J J Abrams est d’avoir engagé Jennifer Garner. Le script n’est pas un chef d’œuvre, mais on l’aurait mieux digéré avec une bombasse. On change de camp comme de chemise et les gentils de l’épisode d’avant deviennent ou redeviennent des méchants. Ici, une fille semble aimer un père qui vient de la torturer, une autre se rend compte que sa victoire sur sa rivale va être brisée par une vengeance d’outre tombe consistant en une révélation terrifiante et au lieu de retrouver la paix, elle fond en larmes.

« Sark a craqué, c’est cela ? » demande Sydney à Vaughn, moment d’humour involontaire quand on voit l’épisode.

Sortie de scène regrettable d’un des meilleurs personnages de la série, mais prévisible. La saison 3 se termine encore sur un cliffhanger. Les talents d’Isabella Rossellini, Melissa George, Mia Maestro  et Ron Rifkin donnent une qualité à cet épisode qui lui permet de renouer avec les deux melons : Jennifer Garner et Michael Vartan, eux, n’y sont pour rien.

 

La critique de Clément Diaz


En lui-même, le finale de la saison 3 mérite la note maximale. Le scénario et la réalisation sont captivants, les acteurs sont tous très bons, l’affaire Lauren est clôturée avec art, il y’a un fantastique twist final et un cliffhanger frissonnant. Mais voilà, Objectif ultime n’est pas le feu d’artifice attendu. Dans Alias, les finales se doivent d’être spectaculaires, de nous en mettre plein la vue. Ici, on a l’impression d’être devant la fin de la première partie d’une saison (comme l’étaient Phase One ou Full Disclosure), plutôt qu’une fin de saison. Dans l’ensemble, Jeff Pinkner s’est montré à la hauteur des attentes espérées.

On commence très fort par Sydney qui entre tranquillement à la CIA, pirate l’équation de Rambaldi pour Sark, blesse Marshall et fait tout sauter ! Bon, c’est évidemment Lauren qui a un masque, mais la scène a un côté déphasé qu’on goûte fort. Le centre de gravité se déplace alors sur Vaughn, submergé par une folie vengeresse. Le thème de l’autodéfense, un de nos sujets de société les plus controversés, est traité avec adresse. Vaughn est ainsi peint de la manière la plus sombre : violence aiguë contre un homme sans défense (même aussi salaud que Sark), plaisir de se montrer sadique sur Lauren (prestation ultra expressive de Mélissa George en proie terrorisée), fuite lâche des mains tendues de Sydney… dans ce rôle d’un Vaughn passé presque du côté obscur, Michael Vartan livre une performance miraculeuse. Dans cet épisode, il ressemble énormément à Jack. Complice de sa croisade, il veut sauver l’amour de sa fille de la haine et des regrets qui menacent de briser son humanité. Seule la catharsis de tuer Lauren de ses mains pourra empêcher Vaughn de devenir un second Jack Bristow : un homme pour toujours prisonnier de sa haine envers sa femme qu’il n’a pas réussi à tuer.

De très bonnes scènes se succèdent, comme la torture de Sark où ce dernier, comme Sloane dans Jeux dangereux (saison 1), provoque son bourreau pour ne pas perdre la face. Même en sang et un bras cassé, Sark continue de fanfaronner ; il n’y a que David Anders qui peut nous y faire croire. On retient aussi la scène où Sark et Lauren se retrouvent en prison (attention au twist !), Vaughn lançant Hi honey ! en assommant sa femme, ou s’évadant de l’hôpital. Sloane pénétrant dans la résidence de Nadia et l’encourageant à fuir avec lui. Leurs retrouvailles donneront d’ailleurs lieu à un twist final infernal. Sacrée Nadia : c’est son 3e épisode, et elle a déjà tout compris au double jeu ! La mission de Palerme vaut pour l’incroyable traîtrise de Katya Derevko (non, mais, sincèrement, y’a combien d’agents doubles dans Alias ?), menée par la toujours solide Isabella Rossellini.

Et surtout, le règlement de comptes entre Lauren et Sydney, dense et haletant, même s’il n’est pas aussi spectaculaire que celui à la fin de la saison 2. La dernière scène de Mélissa George permet à la comédienne de se lâcher totalement, quelle belle sortie ! Mais Lauren se venge d’outre-tombe en guidant Sydney vers un cliffhanger où nous la voyons s’effondrer en découvrant un terrible secret… un moyen élégant de terminer cette saison de grande qualité.

Les infos supplémentaires

Aka. Résurrection.

Mélissa George (Lauren Reed) quitte la série après cet épisode marquant la mort de son personnage. Elle fera toutefois un bref caméo dans l’épisode Dernier recours (saison 4) où l’on voit le cadavre de son personnage. Par ailleurs, dans le bêtisier de la saison 4 (voir DVD), elle interrompra une scène en faisant une apparition inattendue qui fera s’esclaffer les acteurs alors présents !

Premier finale de saison non écrit (et non dirigé) par J.J.Abrams. Les deux suivants ne seront pas non plus écrits (et dirigés) par lui.

Vaughn a 35 ans.

Weiss dit que « Brandon » ne sortira pas du service de soins intensifs. Un clin d’œil à Maryann Brandon, monteuse de la série.

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Toucher le fond… (Broken - Part 1)