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 saison 6 saison 8

Hercule Poirot

Saison 7

 

  
 

1. LE MEURTRE DE ROGER ACKROYD
 (THE MURDER OF ROGER ACKROYD)

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Lassé par les crimes, Poirot a décidé de faire retraite dans le paisible village de King’s Abbott. Il y cultive son jardin et se lie d’amitié avec l’industriel Roger Ackroyd, mais  ce dernier est assassiné à son domicile. La victime était sur le point de découvrir l’identité d’un maître-chanteur ayant conduit au suicide une femme dont il s’était épris. De nombreux suspects sont à envisager, mais le Belge va de nouveau s’associer à l’Inspecteur Japp.

Le roman original avait marqué les esprits par son style et sa chute, particulièrement originale et déstabilisante. Ceci jusqu’à choquer une partie non négligeable du lectorat de la Duchesse de la Mort au moment de sa publication, estimant que celle-ci n’avait pas respecté ses propres règles. Le procédé était difficilement adaptable à l’écran et le biais choisi, la lecture a posteriori du journal fatidique par Hercule Poirot (au lieu de l’être directement par le public) relativise grandement son impact, en le normalisant. L’épisode se rattrape partiellement en assimilant astucieusement le hiatus de trois ans vécu par la série au retrait campagnard de Poirot. Cela nous vaut plusieurs scènes drôles et touchantes, notamment lors des retrouvailles avec l’inspecteur Japp et Whitehaven Mansions, autant de moments qui iront droit au cœur de l’amateur d’une production ici relancée. On demeure néanmoins avec l’impression qu’un roman profondément singulier a été délibérément coulé dans le moule de la série.

Même s’il n’égale pas son tonitruant et quasi expérimental alter ego littéraire, le scénario s’avère toutefois non dénué d’intérêt, animé par quelques rebondissements et surtout un pénétrant portrait de la psychologie distordue de la personne ourdissant le complot. L’opposition de deux femmes aux parcours divers mais se ressemblant dans leur lutte pour s’affranchir de l’impécuniosité nous vaut de beaux portraits, superbement interprétés. Une mise en scène toute en élégance et en excellentes localisations tire un fort bon parti du pittoresque village de Castle Combe, connu pour avoir conservé intégralement son apparence d’avant la Grande Guerre, ce qui lui a permis d’accueillir de nombreux tournages. On regrettera toutefois le recours derechef à une vaine poursuite en fin de parcours, afin de susciter un brin d’action, un exercice superflu et ici très maladroit.

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2. LE COUTEAU SUR LA NUQUE 
(LORD EDGWARE DIES)

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Le mari de la belle et talentueuse actrice Jane Wilkinson, Lord Edgware, est fort opportunément assassiné, ce qui va permettre à la dame de convoler en nouvelles noces avec l’une des plus grandes fortunes du royaume. Malgré un alibi inespéré, tout désigne Jane comme étant la coupable. Mais Poirot, qui reprend son activité, estime probable qu’elle soit la proie d’un complot utilisant les services d’une imitatrice très douée, Miss Carlotta Adams.

L’épisode exprime à la perfection les qualités éminemment  ludiques de l’œuvre d’Agatha Christie, en adaptant admirablement et fidèlement l’un de ses romans les plus stimulants pour les petites cellules grises du lecteur. Les indices se disposent en jeu de pistes, grâce aux cinq questions énumérées à plusieurs reprises par Poirot et titillant admirablement la perspicacité du spectateur. La résolution de l’énigme peut s’articuler de diverses manières, mais seule l’exacte permet de découvrir les cinq réponses, ce qui est magistralement ordonnancé. Tous les indices nécessaires sont bien évidemment à la disposition du public. La mise en scène, toujours élégante et sans préciosité, contourne pour une fois admirablement l’obstacle des maquillages repérables à l’écran (semi obscurité, angles de vue), ce qui s’avère particulièrement déterminant ici. L’opus ne se contente toutefois pas du jeu logique de la déduction. Celui-ci s’anime grâce à son insertion dans le monde particulier du théâtre, avec ses egos et ses personnalités hors normes.

Cet univers à la fois fascinant et cruel trouve un développement naturel dans la conspiration mise en place, machiavélique et si narcissique. La scène constitue évidemment l’endroit rêvé pour que Poirot nous délivre l’une de ses scènes de révélation les plus abouties. Alors que les localisations relevant de l’Art Déco demeurent sublimes,  la distribution brille particulièrement, notamment avec une Helen Grace campant une irrésistible Jane Wilkinson. Lord Edgware est incarné avec tempérament par John Castle, le Colonel 'Mad Jack' Miller de l’épisode Commando très spécial des New Avengers. Dans le très bref rôle de la servante de Jane Wilkinson, les amateurs de Doctor Who reconnaîtront Fenella Woolgar, à qui échoira l’honneur d’incarner Dame Agatha Christie dans l’épisode The Unicorn And The Wasp, dédié à la grande écrivaine. La réouverture du bureau de Whitehaven Mansions s’accompagne judicieusement d’un joli portrait de groupe de la bande à Poirot. Un moment heureux, car celle-ci s’apprête à gagner les coulisses à l’issue de la courte saison prochaine, du moins avant le rappel final. David Suchet incarna l’Inspecteur Japp dans une autre adaptation du roman, voyant le rôle de Poirot être tenu par Peter Ustinov (1985).

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Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide