Open menu

 saison 1 saison 3

Sherlock Holmes (1984-1994)

SAISON 3 (1991)

 


1. LA DISPARITION DE LADY FRANCES CARFAX
(THE DISAPPEARANCE OF LADY FRANCES CARFAX)

De son lieu de vacances, Watson éveille l’attention de Sherlock Holmes dans ses lettres sur une femme indépendante et énigmatique. Persuadé qu’elle est en danger, le détective accourt sur place mais elle a déjà disparu.

Un bon, pas excellent, mais un solide épisode tourné un an et demi après les précédents en raison des problèmes de santé de Jeremy Brett. L'intrigue peut paraître un peu lente mais la beauté des paysages et des décors compense. Jeremy Brett a changé mais il reste un excellent Holmes. Trois temps forts sont très bien filmés : la lettre de Watson interprétée par Holmes avec diverses figurines et la scène décisive où la bleue représentant Lady Carfax tombe sur le journal (plus de deux heures de tournage pour la bonne prise), la banque (Watson faisant le coup de poing avec le mystérieux cavalier barbu, une ancienne relation de la disparue) et la séquence finale au cimetière.

Un épisode où le mystère s’épaissit au fil de l’intrigue, culminant avec le corbillard et le cercueil déjà occupé. Deux questions se posent inévitablement : pourquoi Shlessinger n'a-t-il pas tué Lady Frances Carfax au lieu de la chloroformer ? Et le poids du cercueil ! Les porteurs ne se rendent-ils pas compte qu'il est exagérément lourd ? Dans la nouvelle, cela se passe en Suisse mais, évidemment, le budget ne permettait pas de tourner aussi loin. On ne perd pas au change. Comme le personnage, Brett doute, suite à sa maladie, et Watson est plus entreprenant qu’à l’accoutumée.

o Après 18 mois d'interruption, le tournage des nouvelles séries de Granada, Les archives de Sherlock Holmes, reprit au printemps 1990.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Disappearance of Lady Frances Carfax, qui fut publiée dans le Strand en décembre 1911. Pour combler le scénario assez faible, le scénariste prit des distances avec l’œuvre originale en modifiant le début et en rendant la fin de l’histoire plus tragique.

o Cet épisode fut diffusé le 9 avril 1991 sur FR3.

o Edward Hardwicke souligne que Jeremy Brett eut un peu de mal à reprendre le rôle, souffrant toujours de dépression et sous médicaments. Brett aimait beaucoup le lieu de tournage, le Lake District, région de montagnes et de lacs, au nord-ouest de l’Angleterre.

o La scène de la banque fut tournée dans un bâtiment du port de Liverpool. 

Retour à l'index


2. L'ÉNIGME DU PONT DE THOR
(THE PROBLEM OF THOR BRIDGE)

Un ancien propriétaire de mines d'or et sénateur excessivement riche demande à Sherlock Holmes d'innocenter la gouvernante accusée d'avoir assassiné sa femme. Un superbe pont, lieu du drame, est au centre de l'intrigue.

L'énigmatique début de l'épisode à la musique envoûtante laisse deviner un drame passionnel, mais la conclusion est néanmoins surprenante et ingénieuse. On retrouve des personnages, une nouvelle fois, parfaitement interprétés et aux caractères finement analysés. Le richissime Gibson, aux manières rustres (remarquez comment il se débarrasse de son allumette à Baker Street), est détestable au possible et sa rudesse contraste avec le calme d’Holmes. L’épouse brésilienne Maria est vraiment la femme passionnée et désabusée. L'intrigue peut paraître tirée par les cheveux mais cela change, en tout cas, de beaucoup d'histoires policières où les meurtres sont déguisés en suicides. Tout accuse Miss Dunbar, la douce gouvernante des enfants (le message dans la main de la défunte, le revolver dans sa commode), et c’est une course contre la montre pour le détective, avant la tenue du procès.

De très bons seconds rôles, de beaux décors, et pas seulement le pont mais aussi la grande demeure, accompagnent cette histoire au suspense prenant. Les deux femmes au caractère opposé sont au centre de l'intrigue. L'automobile fait son apparition et gâche un peu le plaisir, mais c'est surtout l'absence de Mrs Hudson qui est regrettable. Un seul être vous manque...C’est en fait la théorie de Watson qui met le détective sur la voie de la vérité. Une très bonne histoire conclue par une ‘happy end’ surprenante. Un épisode rythmé, fidèle à la nouvelle, dans lequel les scènes sur le pont sont superbes.

o L’épisode est basé sur la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, The Problem of Thor Bridge, qui fut publiée dans le Strand en février 1922. 

Cet épisode fut diffusé le 8 avril 1991 sur FR3.

o L'énigme du pont de Thor est l’épisode le plus court : moins de 48 minutes.

o Jeremy Brett pratiquait le tir à l'arc et il a donc parfaitement joué la scène où il en fait.

o La demeure, Capesthorne Hall, un manoir du 18e siècle, se trouve dans le Cheshire, près de Manchester. Lors de la courte scène où Miss Dunbar brûle la note, la production a failli mettre le feu à la demeure ! Quant à la prison de Winchester, c’est Abbey Gateway dans le Chester. 

Retour à l'index


3. LE MYSTÈRE DE SHOSCOMBE
(SHOSCOMBE OLD PLACE)

Un propriétaire de chevaux de course a, depuis quelque temps, un comportement très étrange avec son entourage et en particulier avec sa sœur.

Le monde du cheval est de nouveau à l'honneur après Flamme d'argent, épisode moyen, mais celui-ci est encore moins intéressant. Il y a beaucoup trop de fausses pistes, qui ralentissent le rythme d'une aventure sans action (le lad renvoyé- la découverte du fémur - l'animosité entre Sir Robert et Brewer). Il n'y a pas de meurtre, encore moins de meurtrier, et l’intrigue se résume à un décès naturel camouflé, une ruse de Sir Robert, un aristocrate couvert de dettes, pour éviter la ruine. Beaucoup de mystères pour pas grand-chose en définitive.

Il y a néanmoins quelques passages agréables: les échanges Holmes/Watson, les scènes en extérieur, Holmes se promenant avec Jasper – un adorable toutou -  dans les bois, la visite du détective dans la chambre de Lady Beatrice et la consultation de Watson pour les problèmes de Stephens : 'The other trouble !'. Le docteur ne pourra pas lui prescrire du viagra ! De beaux paysages et décors ainsi qu’une splendide photographie ne suffisent pas. Le mystère de Shoscombe a également des longueurs et certaines invraisemblances. Pourquoi le fémur est-il brûlé dans le four et que fait le créancier en France ? En bref, une histoire simple beaucoup trop alambiquée.

o L’épisode est basé sur la nouvelle, The Adventure of Shoscombe Old Place, qui fut publiée dans Liberty en mars 1927. C’est la dernière aventure du détective écrite par Sir Arthur Conan Doyle.  L'adaptation est meilleure, chose rare pour être soulignée, car le suspense est maintenu. Holmes ne déclare pas à Watson dès leur arrivée que Lady Beatrice est probablement morte et qu'un complice de son frère doit jouer son rôle. De plus, Holmes découvre la vérité par lui-même et ne bénéficie pas d’une bourde de l’imposteur.

o Cet épisode fut diffusé le 11 avril 1991 sur FR3.

o Shoscombe fut filmé à Dunham Massey Hall (l’intérieur, le moulin et le lac), à Peover Hall (les étables) et à Tatton Park (l’extérieur et le hall d’entrée).  La campagne anglaise fut filmée aux alentours de Knutsford dans le Cheshire.

o Jude Law qui sera le docteur Watson dans le Holmes de Ritchie...est ici un lad.

Retour à l'index


4. LE MYSTÈRE DE LA VALLÉE
(THE BOSCOMBE VALLEY MYSTERY)

Une jeune femme demande à Holmes d'innocenter son prétendant, accusé du meurtre de son propre père après une violente dispute. Le détective découvre que les racines du mal se trouvent en Australie.

C’est un bon épisode dans l'esprit de l'œuvre de Sir Conan Doyle. On y retrouve l'atmosphère, et les personnages sont très bien interprétés. Les excellents seconds rôles font apprécier les nombreux dialogues du récit (notez l'accent en VO du garde-chasse !); un phénomène récurrent dans ce coffret vu que Brett, souffrant, bougeait moins qu'auparavant. John Hawkesworth, pour son dernier scénario de la série, a adapté la nouvelle avec une fidélité habituelle, mais elle ne nécessitait pas de grands remaniements. Peter Vaughan est grandiose en Turner diminué par la maladie (dix minutes de présence seulement pourtant) dans cette histoire de vengeance et de faute commise dans le passé, deux thèmes récurrents des écrits doyliens.  

Comme pour L’énigme du Pont de Thor, Holmes doit éviter la corde à un condamné que tout accuse. Les scènes de la pêche et de la déduction sont mes préférées. Holmes à plat ventre, devant l'inspecteur et Watson perplexes, est cocasse. Un cas typique de la méthode holmésienne : le détective observe, relève des indices ignorés par la police et en déduit les caractéristiques et les actions du meurtrier dans les moindres détails. L'aventure se passe exclusivement dans la superbe et verdoyante campagne anglaise et aucune scène, chose rare, ne se déroule à Baker Street. Une bonne aventure où le coupable, interprété par l'inoubliable Peter Vaughan, sera laissé libre par le détective, fin qui rappelle celle, entre autres, du Pied du Diable.

o L’épisode est basé sur la nouvelle, The Boscombe Valley Mystery, qui fut publiée dans The Strand en octobre 1891. 

o Cet épisode fut diffusé le 10 avril 1991 sur FR3.

o Les amateurs des Avengers reconnaîtront en Peter Vaughan (1923-2016) le psychiatre Jaeger de l'incontournable Mon rêve le plus fou tourné 22 ans plus tôt. Quant à Joanna Roth (Alice Turner), née au Danemark, elle avait 25 ans à l'époque et pas 18 comme précisé dans l’épisode.

o Le flashback ‘australien’ style western fut tourné dans la carrière de Bromley Cross, près de Bolton. La prison est reconstituée dans les sous-sols du château de Peckforton, et Boscombe Hall, la demeure des Turner, est Arley Hall dans le Cheshire. 

Retour à l'index


5. L'ILLUSTRE CLIENT
(THE ILLUSTRIOUS CLIENT)

Holmes est confronté au baron Gruner, un redoutable adversaire, calculateur, machiavélique, collectionneur de femmes et meurtrier.

Un des meilleurs épisodes toutes saisons confondues, même s’il n’y a aucune enquête cette fois-ci. Sherlock Holmes doit dissuader Violet Merville d’épouser ce baron raffiné, cynique et dangereux, surnommé ‘l’assassin autrichien’, qui collectionne femmes et porcelaines chinoises. La première scène fait froid dans le dos rétrospectivement: 'My dear wife... you're dreaming’, 'No. Dying'. Le baron Gruner est un adversaire à la hauteur, de la même trempe que Moriarty à qui Holmes fait allusion. La rencontre tendue entre les deux protagonistes est un excellent round d'observation. Dans un passage crucial, Holmes a de la compassion envers Kitty Winter, une femme martyrisée qui veut se venger de Gruner, ce qui la rend bien plus sympathique que Violet, et on croit même que le détective va lui donner une bise dans le fiacre quand il apprend l’existence du carnet.

Notre détective se fait corriger et perd de sa splendeur, et il a recours à ses indics des bas-fonds (‘the underworld’) pour contrer cet adversaire redoutable. Il y a deux belles scènes de combat bien filmées, ce qui n’est pas ordinaire pour la série. On note que le commentaire de Gruner est prémonitoire : 'They've engaged the very best'. Un très bon épisode : suspense, action et machiavélisme sont au rendez-vous, et le jeu des acteurs, le scénario et la mise en scène rehaussent encore les personnages de Conan Doyle. Le passage où le baron colle les photos de ses conquêtes dans son petit cahier en écoutant Don Giovanni de Mozart est phénoménal ! Ce n’est pas dans la nouvelle, mais cela est un ajout avantageux. Pour finir, on n’évoque pas assez la superbe musique très variée de Patrick Gowers présente durant toute la série, celle de la poursuite est particulièrement rythmée.

o L’épisode est basé sur la nouvelle, The Adventure of the Illustrious Client, qui fut publiée dans le magazine Collier's en novembre 1924. 

o Cet épisode fut diffusé le 12 avril 1991 sur FR3.

o Le lendemain de l’attaque sur Holmes, Watson achète le journal. Dans sa précipitation, il en prend deux, le second tombe par terre.

o Violet devait être un prénom à la mode à l'époque car c'est au moins la troisième après Violet Hunter et Violet Smith.

o Watson s'empare de l'édition de Who's Who de 1902. Il est curieux de connaître l’identité de l’illustre client.

o A noter l’erreur dans les sous-titres. Lorsque Holmes déclare à Sir James : ‘The Austrian murderer ?’, cela est traduit par : ‘Le tueur australien ?’ au lieu d’autrichien !

Retour à l'index


6. LE MYSTÈRE DE L'ANTHROPOÏDE
(THE CREEPING MAN)

La fille d'un professeur est réveillée la nuit par une créature qui apparaît à sa fenêtre, pourtant inaccessible. Le comportement du chien de la maison, le courrier du professeur et des vols de singes mèneront Holmes vers la solution.

Un très bon épisode surprenant et étrange pour terminer ce coffret, égal aux deux précédents quant à la qualité des aventures. Le titre français laisse perplexe, mais ceux qui ont lu la nouvelle ne peuvent pas l'avoir oubliée ! La série côtoie le fantastique dans cette aventure peu classique, ce qui ne l'empêche pas d'avoir de l'humour. La quête du professeur est sordide et épouvantable, alors que le trafic d'animaux, les expérimentations et la violence dans le seul but de contrer la nature font que l'ambiance générale est plus glauque qu'à l'accoutumée.

Holmes, inhabituellement armé, se fait traiter de 'common detective' et Watson est bousculé par des voyous. L’idée de mettre les bandits dans la même cage que le gorille est excellente. A noter la brève apparition de Lestrade, tandis qu’Holmes est remarquable lorsqu'il déclare à Watson : 'Maybe, I'll see you tomorrow' et lorsqu'il se tape le front, ayant mis beaucoup trop de temps, à son gré, pour découvrir la solution. Le dénouement, rythmé par une superbe musique de Patrick Gowers, est prenant.

o L’épisode est basé sur la nouvelle, The Adventure of the Creeping Man, qui fut publiée dans le magazine The Strand en mars 1923. 

o Cet épisode fut diffusé le 15  avril 1991 sur FR3.

o Le scénariste Robin Chapman modifia la nouvelle pour que le suspense soit préservé concernant l'identité de l'intrus, et l'énigme des vols de singes fut ajoutée au scénario pour brouiller les pistes. A noter que Presbury n’attaque pas le chien comme dans la nouvelle, mais son ex-fiancée.

o Michael Cox apparaît pour la dernière fois de la série en tant que producteur, et on l’aperçoit dans le rôle d’un membre du personnel du zoo, en arrière-plan, lorsque Lestrade interroge le directeur du zoo. Le producteur mentionne le fait dans "A Study in Celluloid: A Producer's Account of Jeremy Brett as Sherlock Holms" by Michael Cox, 1999, Rupert Books Cambridge.

o La scène 'choquante' de l'œuf ; Jeremy Brett a regretté de l'avoir tournée. Le réalisateur lui avait demandé d'écraser sa cigarette dans un œuf à la coque.

o La lettre, que reçoit le détective au début, est datée du 18 octobre 1902.

Retour à l'index

Crédits photo : ELEPHANT FILMS.