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 saison 1 saison 3

Thriller (1973-1976)

Saison 3


1. UN TOMBEAU POUR LA MARIÉE
(A COFFIN FOR THE BRIDE)

Cette histoire est un bijou et je la conseille à tous, fan ou non. La troisième saison commence tout simplement par le meilleur épisode de la série, mais, également, un modèle de suspense et de manipulation. Mark Walker, le tueur cynique de dames d'âge mûr fortunées, est Michael Jayston, déjà vu dans le même genre de récit, en valet empoisonneur la saison précédente dans Ring Once for Death. Le téléspectateur est tout de suite dans le bain- sans jeu de mots- lorsque, dans l'introduction,  Walker ricane devant le corps de sa femme qu'il vient de noyer: Did you really think I could fall for someone like you - all flab and indulgences? Terrible réplique !

Si la transformation physique de Walker est prodigieuse (barbe, moustache, cheveux teints, imberbe…), elle ne trompe pas Oliver Mason, un homme de loi, qui s'est juré de coincer l'individu, adepte d'exercices de remise en forme. Quand une autre femme est découverte morte dans sa baignoire de 'cause naturelle', Mason est persuadé de la culpabilité de Walker, malgré les résultats contradictoires du médecin légiste. L'enquêteur retrouve sa proie à une station thermale, mais l'assassin a d'autres chats à fouetter…Il vient de rencontrer la superbe Stella McKenzie, dont il est tombé amoureux, 'this one strictly for pleasure !' comme il aime à préciser, et, évidemment, cela change le criminel des vieilles peaux flasques qu'il trucide lucrativement.

Tout occupé avec Stella, il ne peut néanmoins réfréner ses vieux démons en voyant Angela, riche veuve entamée aux verres de lunettes épais, dent en or et voix de poissarde…. Entre plaisir et business, Walker trouve le temps de supprimer le gênant Mason et de faire passer le meurtre pour un suicide. Il demande ensuite en mariage Angela, qui, malgré quelques réticences, finit par accepter, et tout tourne rond jusqu'au moment où deux policiers l'arrêtent. Walker est accusé de la disparition soudaine d'Angela ; la rombière plutôt drôle, qui semblait être son pendant féminin, est introuvable et l'intérieur de son cottage laisse présager le pire. Walker est finalement condamné à trente ans de prison malgré l'absence de cadavre. La distribution est parfaite et c'est un grand plaisir de revoir Michael Jayston dans un rôle infâme. Michael Gwynn (Mason), disparu deux ans après ce tournage, est Bill Bassett, l'ami de Steed, dans Noël en février.

Le meilleur pour la fin : je ne fus pas surpris de voir le nom d'Helen Mirren parmi ceux d'autres acteurs illustres sur une plaque au Shakespeare's Globe Theatre à ma dernière visite à Londres. La comédienne britannique a, en effet, fait ses débuts au théâtre au sein de la prestigieuse Royal Shakespeare Company, bien avant d'avoir son heure de gloire avec son interprétation d'Elisabeth II dans The Queen en 2006.  En tout cas, elle eut mérité un award pour sa prestation époustouflante dans cet épisode de Thriller, dans lequel elle est, entre autres, la pimpante et mignonne Stella McKenzie.

Le suspense est rarement à un tel paroxysme dans un final ! Il faut attendre la dernière image et réplique de l'entretien au parloir pour avoir envie de revoir l'épisode et de vérifier l'incroyable ! Je n'en dis pas plus car cela serait gâcher le plaisir de ceux qui vont le découvrir. Si vous voulez ne regarder qu'un épisode de la série, choisissez celui-là ! C'est d'ailleurs un des rares opus qui soit sorti en vidéo au début des années 90 au Royaume-Uni. Pour finir, un petit détail : le pont Tykes Water Lake des Avengers est visible au commencement de la seconde partie lors de la découverte du corps de Mason. 

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2. TÉMOIN MALGRÉ MOI
(I'M THE GIRL HE WANTS TO KILL)

Un excellent Thriller avec une histoire classique superbement menée. Aux aurores, une jolie jeune fille descend d'une voiture pleine de fêtards et s'apprête à mettre la clé dans la serrure, lorsqu'elle entend un bruit et remarque un individu dans l'alcôve. Elle lui sourit mais l'homme la poignarde froidement sans dire un mot.

Cette scène d'introduction a une conclusion très bien pensée avec le lâcher de ballons, que tenait la victime. Peu après, une secrétaire, Ann Rogers, découvre sa voisine de palier assassinée et elle réalise rapidement qu'elle a dû croiser le meurtrier sans pour autant pouvoir l'identifier. Pourtant, sur le chemin du bureau, son regard tombe sur celui d'un homme qui travaille dans une bijouterie : c'est l'assassin. Ce dernier se lance à la poursuite de la secrétaire qui arrive traumatisée sur son lieu de travail. Son ami, policier, la rassure en lui assurant que le coupable vient d'être arrêté. Ann oublie l'incident et elle reste travailler tard, mais le tueur s'infiltre dans le bâtiment, liquide le garde de nuit et bloque les portes.

Passé le premier quart d'heure, le suspense et la tension montent crescendo avec un superbe jeu du chat et de la souris dans les ascenseurs de l'immeuble vide. Le tueur aux baskets, silencieux (à part la fameuse scène du téléphone) et essoufflé, est particulièrement convaincant, et le fait qu'il soit muet ajoute à sa dangerosité. Peu de bavardages et un scénario, certes connu, mais parfaitement huilé dans lequel les deux protagonistes font preuve, chacun leur tour, d'ingéniosité pour arriver à leurs fins.

Dans une telle histoire, il ne peut y avoir de dénouement complètement inattendu, même si celui-ci est en deux parties. A noter que Julie Sommars, Ann Rogers dans l'épisode, a joué dans de nombreuses séries américaines et que l'assassin, Robert Lang, est Félix Kane dans Le dernier des cybernautes. Classique, efficace, inoubliable.

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3. LA MORT POUR SŒUR MARIE
(DEATH TO SISTER MARY )

L'histoire de ce timbré obsédé, qui prend une série télévisée pour la réalité, est ennuyeuse, répétitive et sans intérêt. On n'a pas encore d'individus comme ça sur le forum ! L'actrice Penny Stacey joue le rôle d'une nonne dans un soap et elle est assez flattée de trouver Rook, un jeune homme distingué, qui veut créer un fan club dédié à son personnage. Elle pense pouvoir booster sa carrière de cette manière mais, en divulguant certains détails, Penny expose ses proches à des accidents graves voire fatals.

Tous ces évènements sans que personne ne soupçonne Rook, dont l'esprit perturbé mélange fiction et réalité: improbable. Beaucoup de bavardages, peu de suspense et un jeu d'acteurs pauvre émaillent l'épisode. La façon, avec laquelle le malade, larmoyant, caresse sa télé, est pathétique ! La meilleure scène est le final où 'Sister Mary', droguée, lutte contre le sommeil, alors que Rook est prêt à l'étouffer avec un coussin pour la mettre dans un cercueil de verre. L'actrice naïve, Penny Stacey, est jouée par Jennie Linden (Shelley Masterton dans Le coureur de dot/Amicalement vôtre).

A noter que le dérangé est Robert Powell, le vilain de Lady Killer, premier épisode de Thriller, mais celui-ci est un des plus mauvais jusqu'à présent ; la tache de la troisième saison, la meilleure de la série. Encore un exemple qui démontre que cette anthologie est très hétérogène, on passe de la passion à l'ennui. Comme le dit si bien le névrosé : "Stay away from Sister Mary!"  

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4. LE MUR
(IN THE STEPS OF A DEAD MAN)

Cet épisode fait partie des dix, pour moi même des cinq, meilleurs de la série. Je l'ai vu deux fois en l'espace d'un mois avec une satisfaction comparable. Alors que George Cornfield montre à sa femme sa dernière invention, un arrêt sur image pour la télévision (un peu dépassé de nos jours), Sheila vient leur annoncer le retour de la guerre de leur fils, Tommy, qui est également son fiancé. A peine ont-ils le temps de se réjouir que l'image de la télévision se fige sur Tommy, agonisant sur un champ de bataille.

Le couple Cornfield a beaucoup de mal à se remettre de cette perte incommensurable et George a une grosse dépression. Peu après, Marty Fuller, un soldat orphelin, rend visite aux malheureux et se présente comme étant le meilleur ami de leur fils et réconforte les deux parents inconsolables sur les derniers instants de Tommy. Marty remplace petit à petit le vide pour le couple et il est même présenté à Sheila, qui tombe sous son charme.

Tel un coucou, Marty a pris la place de Tommy, avec la bénédiction des parents, mais Grace, une amie américaine de Sheila, a commencé à percer ses réelles motivations  et à évaluer la dangerosité de l'individu. Marty est en réalité un déserteur et la découverte d'un calepin du défunt prouve qu'il n'était pas son ami, loin s'en faut. Sa ruse pour se faire accepter par les Cornfield, et être couché sur le testament,  le pousse à éliminer les premiers obstacles, le carnet et Sheila, qui s'est confiée à lui.

Il règne un suspense prodigieux et l'impression nauséabonde que le tortueux Marty va réussir son 'œuvre', mais la fin époustouflante, que je ne déflore pas, est la force des épisodes exceptionnels et la référence directe au Chat noir de Poe est évidente. L'histoire est cruelle,  choquante  (Tommy agonisant sur l'écran, Sheila morte dans le lit) et très immorale, mais la satisfaction du final est d'autant plus délectable.

L'intrigue est portée par des personnages très intéressants et bien interprétés ; Marty, le mystérieux 'ami' de Tommy (excellent John Nolan), le père dépressif (Richard Vernon est splendide), Sheila la fiancée pour qui la découverte du calepin est fatale, et Grace la copine de la future mariée, qui voit la vérité. On reconnaît aussi, dans le rôle du médecin militaire, Christopher Benjamin, Hooter des Avengers. Un épisode sublime à ne pas manquer.

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5. DISPARITION
(COME OUT, COME OUT WHEREVER YOU ARE)

C'est finalement avec celui-ci, le quarante-troisième, et ultime épisode, que je clos la série Thriller. Il est treizième dans mon classement et renforce la suprématie de cette troisième saison, la meilleure à mon avis. Cet opus est une très bonne histoire avec une solide interprétation et un final imprévisible, gage de qualité et caractéristique de la série. Cathy More (Lynda Day George, connue pour Mission Impossible) est une touriste américaine, qui signale la disparition de sa cousine, Jane, qui voyage avec elle.

Cathy se heurte à l'incompréhension du couple propriétaire du motel et du policier, qui doute de son état mental ('There isn't any Jane'). Tout change lorsqu'un pensionnaire se souvient d'avoir vu Jane… Lynda Day George, Peter Jeffrey (le détective Dexter), qu'on ne présente pas aux fans des Avengers, et John Carson, le tueur Fitch de Meurtre par téléphone et l'assassin de l'épisode Possession, sont les atouts d'une intrigue sans véritable rebondissement avant un dernier quart d'heure 'hallucinant' et une judicieuse utilisation de flashbacks. Cathy a rencontré un amant de passage, Paul, et ils ont prévu de se débarrasser de Jane, la riche cousine, pour hériter.

Arthur Lewis (Carson), le tenancier, est le bouc-émissaire idéal à cause de son passé, mais comment le couple peut-il faire confiance à la femme de ce poivrot pour interpréter son rôle convenablement ? Deux autres questions restent sans réponse : qui retire la feuille du calepin ? Le cri du début est-il un véritable cauchemar ? En définitive, tout le monde est dans le coup sauf le pauvre Arthur Lewis : sa femme, qui a eu 'une faiblesse' avec Paul, est utilisée par les amants diaboliques contre une part du magot de la défunte Jane.

Un petit détail enraye la machine ; Paul donne stupidement la pochette d'allumettes provenant de l'autre motel au policier, qui, lors d'une conversation banale, trouve ainsi la clé de l'énigme ! Dans la dernière scène révélatrice ('Sucker !'), on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec Vertigo ; encore un clin d'œil de la série au maitre du suspense ('Where did I drop him ?). La phrase de l'épisode est néanmoins pour Cathy: 'Anything is better than working!'  

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6. UN COUP MONTÉ
(THE NEXT SCREAM YOU HEAR)

Qui a assassiné Mrs Peel? Oui, vous avez bien lu! Est-ce un fantasme de Brian Clemens ? Si l'accroche semble palpitante, le reste de l'histoire ne l'est pas. Personnellement, je n'ai pas douté un seul instant de l'issue finale. C'est assez rare dans cette série, et généralement pas facteur de bons épisodes. L'homme d'affaires, Bernard Peel (Christopher George alias L'immortel), a-t-il tué sa femme ? Pour le policier (Edward Hardwicke, le docteur Watson, ici sans moustache), cela ne fait pas de doute, mais le détective Matthew Earp s'efforce de prouver le contraire.

Ce personnage, bien pompeux et déplaisant, est déjà présent dans le calamiteux An Echo of Theresa. Les conclusions d'Earp vont à l'encontre de celles de la police, mais certains doutes subsistent. Peel est-il vraiment innocent ou plus intelligent qu'on le pense ? A noter les belles vues du centre de Londres des années 70 (Big Ben, Parliament Square, statue de Churchill) et les nombreuses références comme la réflexion de Bernard Peel : 'Poor cast, gale and rain' et Earp dans la boutique : 'The girl from Uncle'.

L'épisode peut être intéressant si on ne devine pas d'emblée la vérité ; sinon, c'est un ensemble long et bavard. Dès la première réplique, Mrs Peel reconnaît la voix de son mari au téléphone. A partir de là, dès le début, j'ai regardé l'épisode en ne changeant pas ma théorie. De plus, la mémé fait 'fake', l'échange de voitures identiques est irréalisable et le combat final de karaté est mollasson.

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Captures photo : Denis Chauvet.