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 saison 2 saison 4

Le Club des Cinq

Saison 1


1. LES CINQ DANS L'ILE DE KERNACH
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ JOUE ET GAGNE****
et de : LE CLUB DES CINQ ET LE TRESOR DE L'ILE****)





François, Mick et Annie Gauthier vont passer les vacances d'été à Kernach, en Bretagne, où ils font la connaissance de leur oncle Henri Dorsel, de leur tante Cécile et de leur cousine Claudine, qui se fait appeler Claude. L'oncle Henri est un scientifique qui mène une série d'expériences sur une petite île située dans la baie de Kernach, propriété de sa famille et d'ores et déjà attribuée à Claude, très fière de ce don. Un espion indépendant qui vend ses renseignements au plus offrant et un fonctionnaire félon du ministère de la recherche cherchent à s'emparer de l'invention de l'oncle Henri...

Avec les moyens financiers limités alloués à la série, il était difficile d'adapter Le Club des Cinq et le Trésor de l'île, première aventure de nos cinq amis, mais comportant le retour à la surface, au cours d'une tempête, d'un bateau de l'ancien temps devenu épave, ainsi que de multiples séquences se déroulant dans des catacombes : tout ceci était forcément onéreux à mettre en scène... Et le dénouement de l'intrigue, avec ses voleurs qui réussissent à s'échapper, posait un problème évident. L'adaptation du roman en français avait d'ailleurs été repoussée pour cette raison, et la traduction finalement réalisée avec un épilogue totalement modifié.

Mais ce roman est aussi celui relatant la rencontre de Claude et de ses cousins, donc la véritable genèse de la série. Cet aspect ne pouvait décemment être éliminé : les scénaristes ont choisi de reprendre les principaux éléments fondateurs du Club des Cinq et le Trésor de l'île (rencontre des jeunes Gauthier avec leur cousine, le secret de Dagobert, Claude difficile à apprivoiser...) et de les intégrer à une autre aventure, en l'espèce l'excellent Club des Cinq Joue et Gagne. Ceci a entraîné un changement forcé de scénario : M. Dorsel ne peut demander à Claude de lui « prêter » Dagobert sur l'île pour se protéger puisqu'il ignore que sa fille a conservé son chien malgré ses ordres...

On regrettera quelques autres modifications malvenues. Le jeune Martin, dont l'espion est le tuteur, et qui constitue le personnage central du Club des Cinq Joue et Gagne hormis les Cinq eux-mêmes, a été zappé, remplacé par Johnson, le fonctionnaire malhonnête décidé à voler de ses propres ailes, et dont la voix française est celle de Jean Berger (la voix de John Steed...). L'île de Kernach aurait été donnée à Claude par son père alors que, selon Blyton, elle était la propriété de Cécile, et non de son mari.

On ne peut escalader la tour, d'ailleurs très sommaire, bâtie dans l'île. M. Corton est aussi affable en apparence que dans le roman, mais il se fait passer pour un observateur d'oiseaux et non pour un journaliste. L'épisode n'insiste guère sur le difficile apprivoisement de Claude, dont le caractère rugueux n'apparaît qu'en filigrane. On rencontre également une erreur avec François affirmant que Dagobert revenant de l'île est mouillé (alors qu'il a accompli tout le trajet en passant par un souterrain...), et une grosse maladresse de mise en scène : il est visible que les signaux lumineux donnés par l'oncle Henri sont constitués par un montage de photographies...

La trahison pure et simple est atteinte lorsque Mick est présenté comme le bavard distrait qui donne sans s'en rendre compte de précieux renseignements à Corton, alors qu'au contraire il était dans le roman celui qui s'emportait et faisait taire Claude, la véritable bavarde en cette occasion.

Cependant, on note avec satisfaction que l'île de Kernach, bien qu'un peu petite et trop proche du rivage, correspond assez bien à l'île telle qu'on l'imagine. Les travaux de l'oncle Henri, des expériences de conversion de l'énergie, sont plus vraisemblables que la mise au point d'un nouveau carburant inventée par Blyton, et le détail des expériences menées en un lieu entouré d'eau, y compris au-dessus, est heureusement conservé. De plus, la qualité de l'intrigue, le suspense et le choix de l'excellent Oscar Quitak pour interpréter l'espion permettent à cet épisode en deux parties de rester captivant jusqu'à son dénouement.

*Oscar Quitak est un comédien spécialisé dans les rôles de crapules cyniques, probablement en raison de son physique et de sa façon de jouer : voir son interprétation de Malow dans Le Dernier des Cybernautes, épisode de la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir, ou sa composition de fournisseur de gaz Zyklon B pour les SS dans Holocauste.

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3. LES CINQ REPARTENT POUR L'AVENTURE
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ****)



En vacances à Kernach, François et Mick, qui ont été malades pendant le dernier trimestre scolaire, doivent suivre des cours de rattrapage avec un professeur appelé M. Rolland. Leur cousine Claude, dont le bulletin scolaire n'est pas fameux, est elle aussi de corvée. M. Rolland incite l'oncle Henri à reléguer Dagobert dans une niche à l'extérieur de la maison, après avoir été surpris par le chien à fureter en pleine nuit dans le bureau où M. Dorsel mène ses expériences. Claude soupçonne Rolland d'avoir pris des clichés des précieuses notes de son père, en liaison avec deux photographes installés à la ferme de Kernach, et qu'il prétend ne pas connaître.

Pour les admirateurs du fameux roman d'Enid Blyton, et surtout de sa magnifique traduction française originale signée Hélène Commin, cet épisode ne peut que constituer une déception. En premier lieu parce que l'atmosphère particulière du roman ne se retrouve pas à l'écran. Enid Blyton avait situé l'action en hiver, ce qui ne s'est produit que deux fois dans la série, et une seule fois pendant la période de Noël. Noël avec la neige, le sapin, les guirlandes, les cadeaux... Et ici, une aventure se déroulant comme les autres en été : facilité et faible budget obligent...

En Angleterre, ce roman a toujours été considéré comme faible, donc il n’est pas surprenant de voir son adaptation réduite à un seul épisode de 24 minutes. Pourtant, il y avait tant et tant à montrer ! La lente montée des soupçons envers M. Rolland, l'équipée de François sous la neige, sur les traces du répétiteur, l'injustice insoutenable endurée par Claude et par Dagobert, aux prises avec un Henri Dorsel totalement sous l'emprise de Rolland, et si peu indulgent avec sa propre fille...

Tous ces éléments essentiels, qui avaient créé l’atmosphère magique du récit de Blyton, ont été éliminés. A la place, un M. Rolland sans barbe et avec de grosses lunettes d'écailles, donc physiquement éloigné du personnage du roman, et qui plus est très rapidement désigné comme le malfaiteur de service, ce qui enlève la majeure partie du suspense. Il faut dire que les premières scènes n'auguraient rien de bon, avec les uniformes scolaires de François, Mick et Annie. Blazers et cravates n'ont rien à faire dans l'univers du Club des Cinq « francisé », mais n'ont, hélas !, pu être expurgés de la version télévisée anglaise...

La transformation de Dulac et Rateau, les artistes peintres, en photographes, est moins critiquable car elle permet d'étoffer l'intrigue policière : il ne s'agit plus d'un vol de documents mais de secrets photographiés à l'insu du savant. Claude est beaucoup moins valorisée que dans le récit original puisque c'est François lui-même qui décide de surveiller Rolland et exécute l'opération en compagnie de Mick et Annie. Cette dernière envoie un signal lumineux à l'aide d'un miroir pour prévenir ses frères de la sortie imminente du répétiteur.

Le matériel de M. Dorsel a été brisé par maladresse lorsque M. Rolland a manqué d'être surpris par Claude : voilà qui fournit une explication à ce point de scénario présent dans le roman, sans qu'Enid Blyton ne donne la moindre piste à ses lecteurs au sujet du mobile qu'aurait eu le professeur félon de détruire les travaux de son hôte. Au contraire, il avait intérêt à ce que les travaux avancent le plus vite possible pour s’emparer d’un maximum de secrets lors de son séjour aux Mouettes, forcément limité aux vacances scolaires.

Ces éléments policiers additionnels renforcent le seul élément positif issu du roman, à savoir le chemin secret partant de la ferme de Kernach. La découverte de l'autre entrée dans le bureau de l'oncle Henri et la récupération des précieux clichés en passant par le souterrain produisent une fin d'épisode convenable, et l'on échappe ainsi à l'échec total. Hormis ces maigres satisfactions, que de regrets !

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4-5. LES CINQ DANS LA TOUR DU CONTREBANDIER
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ EN VACANCES****)


 

Les Cinq passent leurs vacances au Pic du Corsaire, une étrange demeure perchée au sommet d'une colline, propriété de M. Lenoir, un savant ami de M. Dorsel. Les Lenoir ont deux enfants, Pierre, un camarade de pension de François et de Mick, surnommé Noiraud en raison de son teint bronzé, et la blonde et douce Mariette. Dagobert est contraint de rester dans un passage secret qui longe les différentes pièces de la maison car M. Lenoir déteste les chiens. Alors que l'oncle Henri est venu rendre visite à M. Lenoir, il est enlevé en pleine nuit, de même que Noiraud. Le coupable n'est autre que M. Vadec, un contrebandier qui veut forcer M. Dorsel à renoncer à son plan d'assèchement des marais alentours, dont la réalisation ruinerait ses trafics si lucratifs. Les Cinq soupçonnent Vadec d'avoir bénéficié d'une complicité au sein du Pic du Corsaire. Mais de la part de qui ? Simon, le domestique sournois qui se prétend sourd pour mieux espionner tout ce petit monde, ou M. Lenoir lui-même, dont l'attitude ambiguë paraît suspecte à nos enquêteurs ?

Le Club des Cinq en vacances est sans nul doute le meilleur roman de la série. Non seulement son atmosphère mystérieuse et envoutante est caractéristique des « grands » Club des Cinq, mais il bénéficie d'une intrigue policière consistante et captivante, ce qui fait souvent défaut dans l'œuvre de Blyton. Le titre français original du roman, tout banal qu'il soit, offrait l'avantage de laisser le mystère entier, là où le titre de l'épisode dévoile beaucoup trop des tenants et aboutissants de l'intrigue.

Le gros défaut de l'épisode est justement l'excès de révélations prématurées: plan d'assèchement du marais, complicité de Simon et Vadec sont dévoilés dès les premières scènes. Quel contraste avec le roman, où le  mystère est savamment entretenu pendant la majeure partie de l'aventure !

Quelques modifications de scénario s'avèrent peu judicieuses, à l'image de M. Lenoir devenu le beau-père de Mariette et de Noiraud, au lieu de leur propre père, ou du caractère mystérieux et coléreux de ce même Lenoir, très largement affadi par le scénario. A cet égard, la scène où il découvre Claude en train de chercher l'entrée du passage secret dans son bureau est significative : il appelle l'intruse « Claudine », alors que dans le roman il la prenait pour un garçon, et sa colère n'est guère effroyable...

Du côté des anomalies de mise en scène, on peut reprocher le fait de montrer M. Lenoir tout habillé lors de la scène de découverte par Noiraud, Mick et François des signaux donnés depuis le haut de la tour. En toute logique, un homme tiré de son sommeil par des bruits suspects n'aurait pas eu le temps de s'habiller : il aurait dû se trouver en pyjama ou en robe de chambre.

Néanmoins, le fil de l'histoire a été globalement respecté, et suffit à assurer une certaine réussite à cet épisode fort heureusement tourné en deux parties. La fin de la première partie ménage le suspense, avec l'enlèvement de Noiraud et de M. Dorsel, et la seconde partie est remarquablement fidèle à l'aventure originale.

On doit saluer des choix d'acteurs judicieux : Jonathan Wilmot et Charlotte Avery ressemblent étonnamment aux Noiraud et Mariette dépeints par Blyton. Ronald Fraser compose un remarquable M. Vadec, avec son allure excentrique et ses vêtements désuets. Même remarque concernant Ron Pember, antipathique à souhait dans le rôle de Simon, le domestique félon.

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6. LES CINQ EN ROULOTTE
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ ET LES SALTIMBANQUES**)


 

Nos cinq aventuriers passent leurs vacances dans des roulottes installées en pleine campagne. Un cirque fait escale à proximité, et deux des saltimbanques semblent intéressés par l'emplacement où campent Claude et ses amis. Intrigués, les jeunes gens décident de tendre un piège aux deux hommes : ils vont faire semblant de partir, mais l'un d'entre eux se cachera dans une roulotte...

Un épisode moyen avec un duo de malfaiteurs peu convaincants. Carlos, l'oncle de Pancho, appelé ici « Dent de Tigre », est doublé par Henri Djanik. Le fait est hautement appréciable, mais le personnage est tellement caricatural qu'il ne parvient pas à susciter un réel intérêt. Pancho est trop rouquin pour ressembler réellement à un gitan. Les roulottes des Cinq sont passablement ridicules avec leurs couleurs criardes et leur petite taille, qui leur donnent l'aspect de jouets.

Dans le roman, les Cinq campaient à l'écart, sur les flancs d'une montagne. L'entrée des souterrains à partir d'une grotte était donc cohérente, beaucoup plus que l'ersatz de labyrinthe à accès dissimulé derrière un fourré qu'on nous inflige ici.

L'équipée dans les grottes est assez sommaire, mais les éléments essentiels du roman sont bel et bien présents : la tentative d'empoisonnement de Dagobert, dont se retrouve victime un des chiens de Pancho, le pittoresque du chimpanzé et des chiens savants, la surveillance en solitaire de François, la rivière souterraine et la sortie des grottes opérée en douce par Mick pour aller chercher du secours. Parvenir à caser tout ceci dans un épisode de 24 minutes relève presque de l'exploit... On saluera également la suppression des interminables temps morts présents dans le roman, très loin d'être un des meilleurs de la série.

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7-8. LES CINQ ET LE TRAIN FANTOME
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ VA CAMPER****)




En vacances sur un plateau désertique, le Club des Cinq est intrigué par une histoire de trains qui surgiraient de nulle part pendant la nuit pour rouler sur une ligne abandonnée depuis des années. Mick et François, renforcés par Jacquot, le fils de la fermière du coin, décident d'aller espionner ces mystérieux trains fantômes. Claude, exclue de l'expédition, n'entend pas laisser les garçons lui voler sa part de l'aventure...

Cet épisode est incontestablement le meilleur de la saison et de la série. Ce n'est évidemment pas une coïncidence si c'est aussi celui dont le scénario respecte le plus scrupuleusement le superbe roman d'Enid Blyton. L'ambiance particulière a été très bien adaptée, et elle est tellement envoûtante avec sa gare désaffectée, le vieux Thomas-à-la-jambe de bois, la voie unique aux rails rouillés, les terrifiants trains fantômes, l'équipée nocturne, le panneau amovible derrière lequel la vieille locomotive est dissimulée...

Les personnages de Jacquot, de Mme André et surtout de M. Clément, avec sa voiture rouge et sa remorque, sont remarquablement fidèles au Club des Cinq va camper. M. Clément est un enseignant distrait mais qui, l'air de rien, comprend très bien la volonté d'indépendance des jeunes gens, et sait se faire discret lorsqu'il constate que sa présence n'est pas souhaitée.

La séquence du « volcan » d'Annie a heureusement été conservée. Il s'agit du bruit et de la fumée produits par les trains à vapeur qui circulent sous le plateau, et qu'Annie prend pour un volcan en éruption ! M. Clément, bienveillant, lui donne l'explication, et Annie pourra jouer les savantes avec le reste du groupe lorsque le phénomène se reproduira et provoquera un brin d'inquiétude général... sauf chez la petite Annie !

Dans l'esprit des garçons, Claude ne peut participer à l'aventure car elle doit rester au campement avec Annie. Toujours téméraire, et décidée à s'imposer coûte que coûte même à l'insu de ses cousins, Claude a préparé un système de fils reliés à ses orteils, destiné à servir d'avertisseur lorsque François et Mick partiront pour l'aventure en compagnie de Jacquot. Mais François repère les fils, le trio les évite et quitte les tentes sans emmener Claude...

Dans les derniers développements de l'aventure, Claude partira enquêter avec Dagobert dans les parages du tunnel, dans lequel elle s'introduira en passant par une cheminée d'aération équipée d'échelons métalliques, ainsi que Blyton l'avait imaginé. Les garçons seront très heureux de la voir venir à leur secours lorsqu'ils auront été faits prisonniers par les bandits.

Comme dans l'épisode précédent, on retrouve Henri Djanik au doublage. Cette fois-ci, il prête sa voix à Pierre, le principal homme de main de M. André. Et ce M. André, le chef des voleurs, est décrit beaucoup moins bête et falot que dans le roman. Pour une fois, le développement de l'aventure sur deux parties permet l'insertion de scènes de complément, non essentielles au scénario mais si sympathiques et créatrices d'atmosphère : la présence des chiots, à la ferme, est un bel exemple.

Avec ses trains fantômes qui paraissent surnaturels, mais s'expliqueront finalement par une supercherie inventée à des fins criminelles, la trame de cet épisode fait curieusement penser à une aventure de Scoubidou, le dessin animé américain qui semble lui-même inspiré par les personnages du Club des Cinq. Mais ce n'est probablement qu'une coïncidence, puisque le roman de Blyton a été écrit bien avant la création de Scoubidou.

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9. LES CINQ ET LA JOLIE JANE
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ EN RANDONNEE ****)


 

Alors qu'il dort dans une grange, Mick est interpelé par un évadé de prison qui le prend pour un complice prénommé lui aussi Mick. Le malfaiteur délivre un mystérieux message codé et un plan écrit à la main, le tout de la part d'un autre prisonnier. Le lendemain matin, les Cinq comprennent ce qui s'est passé : le message doit comporter des indications pour découvrir le butin d'un cambriolage. Il s'agit pour nos jeunes héros de le déchiffrer et de s'emparer des biens volés avant Mick-qui-Pique et une certaine Margot, les complices du détenu.

Ce roman magnifique aurait amplement mérité une adaptation sur deux épisodes au lieu d'un seul. Faute de quoi, on ne retrouve pas l'esprit du récit de Blyton, ni son atmosphère extraordinaire. Passe encore que les scènes de pensionnat initiales aient été éliminées (de cela, on a l'habitude...), mais il est anormal et même inadmissible que l'on ait totalement supprimé la longue soirée de marche sous la pluie vécue par Mick et Annie alors que Claude et François sont allés à la recherche d'un vétérinaire pour soigner la patte blessée de Dagobert, avec en summum de l'inquiétant les cloches de la prison, qu'Annie prend pour des cloches fantômes.

La suppression de ces éléments essentiels dans la constitution de l'univers si magique du roman se double d'un contresens avec le tournage en été, alors que les couleurs de l'automne seyaient si bien à l'ambiance poétique de l'aventure. Et le troisième fait qui achève la démolition totale de l'atmosphère originale est aussi une triste habitude sur la série, en l'occurrence les changements de noms : Maggie à la place de Margot, c'est pénible, tout comme la Belle-Berthe, ce si joli nom de bateau transformé en hideux Jolie-Jane. Deux-Chênes, Eaux-Dormantes, Belle-Berthe : ces noms mystérieux et poétiques figurant dans la version française du roman étaient pour beaucoup dans l'atmosphère envoutante de l'aventure, et leur transformation en noms ridicules est évidemment préjudiciable.

Exit également M. Gaston, la vieille femme sourde apeurée, le policier désagréable et les aventures dans la maison en ruines. A la place, on sait dès la première scène qu'un prisonnier s'est évadé, et l'action située aux Eaux-Dormantes, qui se déroulait sur plusieurs jours, est réduite à un seul après-midi, récupération du trésor incluse. Les Cinq se contentent de plonger à l'endroit où Margot et Mick-qui-Pique ont laissé un bouchon, le temps d'aller chercher dans leur voiture un équipement de plongée, ce qui est bien court ; Blyton les faisait longuement tâtonner avant de trouver le seul point du lac d'où les quatre repères peuvent être vus simultanément.

N'oublions pas les maladresses de mise en scène : Margot et Mick-qui-Pique sont d'aspect beaucoup moins glauque que dans le roman, avec notamment Prentis Hancock dans le rôle de Mick-qui-Pique. L'acteur écossais, connu pour son rôle de Paul Morrow dans la série Cosmos 1999, n'a guère de points communs avec la fripouille misérable imaginée par Enid Blyton...

Oncle Henri est encore présent dans l'épilogue, où il n'avait strictement rien à faire. Le dessin présent sur le massage est mal fait, les différents points de repère n'étant pas reliés entre eux. Enfin, comble du ridicule, on voit une menotte coupée qui pend au poignet du prisonnier évadé : mais comment un détenu échappé de sa cellule pourrait-il être menotté ? A-t-on déjà vu des prisonniers menottés en prison (et non au bagne...) ? Et pourquoi pas aussi avec des chaînes aux pieds ?

C'est en toute logique que l'on aboutit à une nouvelle déception, même si la qualité d'ensemble de l'intrigue, ou plutôt du peu qu'il en reste, le thème de la recherche du trésor, la présence de bijoux, toujours efficace, et l'innovation agréable de la bonde du bateau ennemi subtilisée par Mick, évitent une catastrophe complète. Les apports positifs du dernier point doivent néanmoins être nuancés, car du coup le final s'oriente vers un comique de mauvais aloi, bien éloigné de l'ambiance oppressante produite par la fuite des Cinq, version Blyton.

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10. LES CINQ DANS LA LANDE MYSTÉRIEUSE
(adaptation de: LA LOCOMOTIVE DU CLUB DES CINQ***)


 

Les Cinq explorent une lande mystérieuse noyée dans les brumes. Ils découvrent une ancienne voie de chemin de fer, ainsi qu'un sombre trafic de fausse monnaie mené avec la complicité d'un groupe de bohémiens.

Sur le plan sonore, on est au moins en terrain connu avec Jean Berger qui prête sa voix à M. Girard, appelé ici « Capitaine Johnson », version anglaise oblige. Paule/Paulette devient Henry/Henrietta (mais rien à voir avec Comment réussir un assassinat, l'épisode bien connu de la série Chapeau melon et Bottes de Cuir...).

L'ambiance de la Lande du Mystère est assez bien transposée à l'écran, et il s'agit sans nul doute du meilleur atout de cet épisode. Le récit sur l'entrepreneur disparu à jamais dans la lande, heureusement conservé, concourt efficacement à l'instauration de ce climat inquiétant. Satisfaction relative avec la description de la rivalité entre les deux garçons manqués Claude et Paule, même si elle n'est pas suffisamment mise en exergue et si, physiquement, je ne voyais pas du tout Paule sous les traits de l'actrice retenue, trop féminine.

Le passage le plus réussi est celui du maréchal-ferrant qui narre les démêlés des frères Barthe, les exploitants de la carrière de sable, avec les gitans. A ce moment, on a vraiment l'impression d'être dans le roman, c'est du  Blyton pur jus !

La déception vient de l'absence de la vieille locomotive, dont l'immense cheminée est pourtant bien pratique pour cacher les billets. Le scénario se contente de faire allusion à cette cachette, mais sans doute était-ce trop compliqué ou onéreux de nous la montrer. Dommage que Mario n'ait pas de chien, et surtout que Dagobert aime Paule : une belle hérésie !

On recense une incohérence de scénario : les gitans, après avoir fait envoyer un message aux garçons par Dagobert, aux fins de les faire venir au camp et de récupérer les billets, vont tranquillement se coucher au lieu de guetter leur arrivée... Et cette incohérence n'est rien si on la compare avec une grossière erreur: Claude demande à Dago de porter le billet « A la maison ! », alors que François et Mick sont perdus dans la lande, en pleine nuit et dans un brouillard à couper à la hache. Le seul fait d'indiquer le prénom de Paule (ici « Riri »...) était suffisant pour que Dagobert se rende effectivement au haras, mais prononcer ostensiblement « A la maison ! » n'aurait pu que susciter la méfiance des gitans.

De plus, l'intrusion d'une certaine police de la pensée dénature le récit. Il est explicité en fin d'épisode que les bohémiens sont en fait de braves gens qui étaient exploités par les trafiquants, mais n'ont rien à voir avec eux. Pensez donc, ils ramassaient et convoyaient régulièrement des quantités énormes de faux billets, mais ne savaient pas ce qui se passait : bonjour la crédibilité ! En fait, Enid Blyton les décrivait comme des complices actifs, en particulier le père de Mario, qui maltraitait ce dernier et n'avait pas hésité à tenter de reprendre un cheval blessé chez M. Girard, où il était au repos, pour faciliter son odieux trafic. Les gens du voyage ne peuvent-ils plus compter parmi eux des gens malhonnêtes ? Visiblement non aux yeux des scénaristes, et ce même au prix d'une trahison pure et simple du roman...

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11. LES CINQ ET LE CHEMIN SECRET
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ SE DISTINGUE***)


 

Claude et ses cousins, qui campent sur la lande de Kernach, ont trouvé refuge dans une vieille maison abandonnée. Quelqu'un cherche à les effrayer afin de les faire fuir. Mais les Cinq ne sont pas dupes, et vont tenter de découvrir ce qui attire un trio d'aigrefins dans cette ruine.

Agréable surprise que cet épisode. Le roman est sympathique, et cette adaptation s'avère une réussite. Je m'attendais à l'élimination du point de départ, la collerette de Dagobert, mais ce point a été conservé, même si limité à l'entame de l'épisode. Le scénario ne précise pas que Claude a décidé d'aller camper sur la lande pour éviter les moqueries des gamins à l'égard de son chien, mais les amateurs du roman peuvent reconstituer la genèse.

Le coup des jumeaux est lui aussi bien adapté, malgré le regret de les retrouver avec les cheveux bruns. Les membres du club sont intrigués par le mystérieux Guy, qui a l'art de se trouver dans deux endroits à la fois et de changer sans arrêt de personnalité. Bien entendu, on peut penser que nos détectives en herbe auraient pu comprendre plus tôt qu'ils avaient affaire à des jumeaux normaux, et pas à un seul « fou », mais c'est la même chose dans le roman...

Pour une fois, le scénario a été suivi quasiment à la lettre, tout comme l'esprit du roman. Même le chien  Radar, propriété de Guy et Hubert, est bel et bien présent. J'apprécie particulièrement la maison abandonnée, la façon dont les bandits tentent de faire peur aux enfants (bruits et lumières constituent une jolie réussite), l'entrée du souterrain située près d'une source, l'aventure dans les méandres du passage secret, pour une fois pas du tout bâclée malgré l'adaptation sur un seul épisode. Bon point aussi pour les gangsters : le chef à l'accent étranger, Mado. Très bon également le détail de la sacoche qui semble vide lorsque les gendarmes réussissent à l'ouvrir, avant la découverte des documents dans la doublure, véritable soulagement pour nos héros.

A l'arrivée, il s'agit sans doute du meilleur épisode en une seule partie de toute la série. Une fois n'est pas coutume, la structure du roman adapté, avec peu d'action sauf dans la partie finale, se prêtait bien à une adaptation courte.

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12. LES CINQ CONTRE LES ESPIONS
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ ET LES PAPILLONS***)


 

Le Club des Cinq campe à proximité d'une base militaire aérienne. Nos amis s'approvisionnent dans une ferme où ils rencontrent un jeune garçon qui leur présente son cousin, pilote à la base. Peu après, le sympathique officier est accusé d'être un traître. Il se serait enfui à bord d'un prototype et aurait trouvé la mort en conduisant l'appareil à l'ennemi. Les Cinq ne croient pas à la version officielle et enquêtent dans les parages d'un éleveur de papillons, dont la ferme semble investie par des espions.

Enid Blyton avait beaucoup plus insisté sur la description de la ferme des papillons que sur l'histoire d'espionnage, laissée en second plan jusqu'au final de l'aventure. Le choix de centrer l'aventure sur ses seuls aspects d'espionnage est probablement une conséquence de la fierté ressentie par tout Anglais qui se respecte à la seule évocation de la Royal Air Force, mais s'avère hautement contestable car il dénature l'esprit du roman pour faire ressembler l'épisode à une série d'espionnage quelconque.

Que vient faire cette espèce de château abandonné où l'aviateur est retenu prisonnier, fait que l'on devine d'ailleurs dès le début de l'épisode ? Si le message écrit sur le dos du petit cochon Dudule est conforme au roman, c'est dans les méandres d'un labyrinthe de grottes qui font vaguement penser à celles de Lascaux que devait conduire le cochonnet, et non dans une bâtisse délabrée. Voilà comment le final dénature un scénario pourtant convenable... du moins au départ.

En effet, avant cette trahison, on avait recensé quelques motifs de satisfaction, à commencer par la ferme des papillons, dirigée par un très bon M. Grégoire, cet éleveur passionné par son métier. Celui qui se présente comme son associé M. Rousseau est inquiétant avec ses lunettes noires et son allure mystérieuse. Les quelques papillons qu'on daigne nous montrer sont réellement jolis. Jeannot et Dudule sont tout aussi conformes au récit de Blyton.

D'autres personnages n'auguraient rien de bon : le cousin Rolland est sympathique, mais il est le seul aviateur soupçonné de trahison, alors qu'Enid Blyton lui avait adjoint un compagnon. La vieille Jeanne n'a pas conservé son aspect piteux, presque misérable. Le chien Clairon n'est pas évoqué, et on ne voit même pas le « Gros Marcel » !

Le goût amer laissé par le final sans grottes est accentué par l'arrivée comme un cheveu sur la soupe de l'oncle Henri. Même si nos héros étaient partis sur la Lune, les scénaristes se seraient arrangés pour y faire débarquer M. Dorsel, qui pourtant n’aurait rien eu à y faire... ou en tous cas pas plus que sur le plateau où campe le Club.

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13.  LES CINQ ET LE TRÉSOR DU CHÂTEAU ENFOUI
(adaptation de: LE CLUB DES CINQ ET LE COFFRE AUX MERVEILLES***)



Vacances à la campagne pour les cinq amis. La ferme où ils se trouvent est située sur un site qui cacherait les ruines d'un château détruit plusieurs siècles auparavant, et dont les souterrains renfermeraient un trésor. La bande à François espère retrouver le précieux coffre, mais devra subir la concurrence d'un riche antiquaire américain et de son fils, deux personnages particulièrement désagréables.

On retrouve un niveau convenable grâce à une adaptation conforme à l'original. Le côté désagréable des Américains est bien décrit, tout comme l'hostilité initiale des Daniels envers les Cinq, qu'ils présument être de la même trempe que les Yankees. A noter l'antipathie notoire d'Enid Blyton pour les ressortissants d'outre-Atlantique, décrits comme des parvenus infatués et impolis, obsédés par l'argent au point de faire fi de toutes les traditions.

Si les caractères des protagonistes donnent satisfaction, ce que l'on va bien entendu regretter, c'est le manque de conformité physique des personnages avec leurs homologues du roman. M. Henning et Junior n'ont pas du tout l'air d'être américains, et d'ailleurs le fait qu'ils le soient n'est même pas mentionné ! Les Daniels ne se ressemblent pas, alors que Blyton précisait qu'ils sont « comme deux gouttes d'eau ». Danièle a les cheveux longs et on voit tout de suite qu'il s'agit d'une fille. Le fidèle Roger paraît plus vieux que le grand-père, et ce dernier lui-même s'avère tout aussi raté, car son aspect majestueux a été gommé. M. Durleston et l'antiquaire Francville ne sont pas plus crédibles. Côté animaux, le caniche Friquet a disparu et la pie Zoé s'est transformée en corneille Julie.

Heureusement que le scénario tient la route : Claude s'amuse bien à donner la leçon au garnement Junior, qui est une véritable peste. Ce dernier se venge en espionnant nos amis, et en révélant à son père ce qu'ils ont découvert au sujet de l'emplacement des souterrains où doit se trouver le trésor.

Il s'ensuit une compétition de bon aloi entre les Américains, qui mobilisent une armée de pelleteuses, et les Cinq qui, aidés par les Daniels, préfèrent emprunter un passage secret pour aboutir (grand classique de la série...). Le match est remporté comme de juste par les « gentils » au détriment des « méchants ». Tout ceci est fort sympathique, mais pas d'un niveau exceptionnel. On termine donc cette première saison convenable de façon mitigée.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)