Saison 8 Date de diffusion originale : 02 janvier 1981. Résumé : Herbert Junker et Elizabeth Röder sont amants, et viennent régulièrement à une auberge. Mais ce soir, Herbert a le sentiment d’être en danger. Le lendemain, il est retrouvé mort près du canal. Critique : Cette huitième saison s’ouvre par une histoire plutôt classique de cocufiage. Pour Reinecker, tromper sa femme et son mari semblait être quelque chose de diabolique : il condamne clairement ses personnages, d’abord l’homme qui est tué et la femme qui apparaît comme une harpie. Nous notons également que leurs conjoints respectifs sont présentés comme des victimes : Jürgen, le mari d’Elizabeth est un infirmier qui laisse les événements passés sur lui, lorsqu’il demande à sa femme si elle voit d’autres hommes que lui, celle-ci répond : « Imbécile ! Pauvre minus ! », quant à Hannelore, la femme d’Herbert, c’est une femme discrète sachant parfaitement que son mari va voir ailleurs mais refuse de réagir. Jürgen est vite considéré comme le principal suspect, mais la vérité qui émergera sera toute autre… L’introduction de l’épisode est vraiment magnifique, soutenue par le tube « Love to love you baby » de Donna Summer, sur des décors naturels de toute beauté, nous montrant Herbert se rendre à l’auberge où il attend de retrouver son amante. L’aubergiste, qui est un brave type apprécie ce couple de clients discrets (il vaut mieux) et aimables : il aidera beaucoup Derrick et Klein dans leur enquête. Pendant celle-ci, les inspecteurs tenteront de reconstituer ce qui s’est passé – ce qui nous sera montré à coups de flash-back souvent incomplets. Étrangement, ils sont plutôt neutres concernant l’adultère et se montrent tendres avec les victimes trompées. Anecdotes :
2. AU BORD DU GOUFFRE Date de diffusion originale : 30 janvier 1981. Résumé : Une call-girl a été tuée. Le seul témoin est un sans domicile fixe alcoolique. Derrick et Klein vont tenter de reconstituer son parcours… Critique : Cet épisode est très particulier car le meurtre a été vu par un clochard alcoolique : suite à sa cuite, il a des trous de mémoire, et sa peur d’être tué à son tour si il parle n’aide pas. Mais Derrick va devoir compenser avec lui. Il l’aidera, patiemment, à essayer de retrouver la mémoire et le rassurer afin qu’il n’ait plus peur. Ce personnage est interprété prodigieusement par Klaus Behrendt, déjà excellent dans l’épisode « Le mouchard » (saison 5, épisode 10) : il aurait été facile de tomber dans le piège du surjeu, mais lui n’y arrive pas. Il n’est qu’un brave type, se retrouvant bien malgré lui dans une sale histoire. Mais comment en est-il arrivé là ? C’est une histoire tragique, nourrie par la culpabilité, qui nous est racontée. « Au bord du gouffre » nous rappelle que l’on ne naît pas sans domicile fixe, on le devient. Jakob était un enseignant, qui a vu ses élèves mourir devant lui, lors d’une sortie scolaire : donc culpabilisant énormément, il a pris les chemins les plus évidents : l’alcoolisme, son mariage en a vite pris un sacré coup et il s’est retrouvé à errer dans les rues, s’enivrer dans les bars qui veulent bien lui accorder crédit. Côtoyant des truands et assistant finalement à un meurtre. L’épisode est également une immersion dans les rues crasseuses et glauques de Munich, nous sommes au tout début des années quatre-vingt, où chacun tente de sauver sa peau comme il peut. C’est terrifiant, et à la fois très triste, avec le recul, bien entendu nostalgique. Jakob, avec le soutien sans bornes de Derrick, finira par dire tout ce qu’il a vu et peut être, enfin pouvoir se reconstruire, auprès de son ex-femme. Si Reinecker lui laisse une chance de s’en sortir, ce ne sera pas le cas pour le meurtrier qui se donnera la mort, après que ses complices auront essayés de tout faire pour le couvrir. Il y a des gens qui sont plus humains que d’autres. Anecdotes :
3. PAS D'ÉDEN Date de diffusion originale : 13 mars 1981. Résumé : Ingo Rolfs, un jeune homme rend visite à Derrick pour lui signifier que son beau-père, avec qui il entretient de mauvaises relations, a reçu des menaces de mort. Et qu’il n’est pas l’auteur de ces menaces. Peu après, son beau-père est découvert mort. Critique : Casting excellent pour cet épisode très intéressant, à la fois enquête à charge contre un jeune homme que tout accuse (incarné avec énergie par Markus Boysen, acteur hyper-expressif) et le portrait profond d’un homme (charismatique et touchant Thomas Holtzmann), qui faisait tout pour combler un vide dans son existence, sans jamais y arriver et une histoire de complexe œdipien. Les nombreux flash-backs de l’épisode nous permettent de rencontrer les personnages, les évolutions dans leurs rapports, se déroulant dans un petit immeuble où résidaient la victime : Rudolf Voss, sa femme, son beau-fils et un couple, Ute et Ullrich Reber, à l’étage. Nous apprenons que Voss avait une liaison avec Ute, même si cette dernière affirme tout d’abord qu’ils n’ont jamais consommés leur relation. Voss est montré comme un être difficile à cerner, dont les rapports avec sa femme se trouvaient de plus en plus tendus, alors qu’Ingo emménageait et ne voulait sa mère que pour lui tout seul. Se servant de sa colère envers le nouveau mariage de sa mère, considérant que celle-ci a abandonné son père, musicien fauché, pour cacher ses sentiments amoureux envers sa mère, et que pour avoir une relation exclusive avec elle, il fallait tuer le beau-père. Mais la résolution sera toute autre, plutôt surprenante d’ailleurs – utilisant comme souvent le montage pour nous dévoiler des éléments que nous n’aurions pas vraiment devinés. Un scénario puzzle, extrêmement précis, formidablement bien construit. Anecdotes :
4. UNE VIEILLE HISTOIRE Date de diffusion originale : 27 mars 1981. Résumé : Arne Reuter enquête sur le meurtre de son oncle tué… en 1946 ! Il est persuadé que c’est Alfred Answald, un important homme d’affaires qui est le meurtrier et tente d’en convaincre nos inspecteurs… Critique : Un épisode à la sauce « Cold Case ». Pour la première fois de la série, Derrick et Klein vont enquêter sur un meurtre commis bien des années avant : en l’occurrence trente-cinq et dans un contexte très particulier. Confronté à l’obsession d’un jeune homme désirant rendre justice à son oncle, mais qui ne leur donne des informations qu’au compte-gouttes, ce que provoquera, sans surprise, la colère de Derrick. De son côté, Alfred Answald, ayant très bien réussi sa vie, voit un passé qu’il veut oublier, revenir à la surface, à coup de pelleteuse. Harcelé par Arne Reuter, questionné par les inspecteurs qui trouvent de quoi enquêter, perdant sa famille progressivement s’inquiétant de son comportement de plus en plus nerveux – alors qu’il est généralement un homme très calme : jure son innocence mais ne peut pas la prouver. Poussé à bout : il ne trouvera qu’un seul moyen de s’en sortir : se donner la mort, après avoir laissé un mot indiquant, jurant sur sa vie, qu’il était innocent. Ayant un charisme dingue, un visage rond (dont des yeux verts mélancoliques) d’une expressivité hors-norme, il interprète ses scènes de plus en plus intenses, de plus en plus éprouvantes avec une vraie passion et un respect pour son métier. Je suppose que Reinecker a écrit ce personnage pour lui. Celui qui est l’objet de toutes ses misères, Arne est incarné avec dynamisme par Mathieu Carrière, dont nous pouvons comprendre les intentions, mais qui apparaît détestable en s’acharnant sur un homme qui semble innocent (mais dont le comportement est teinté d’ambiguïté), à la fin : Derrick ne le ratera pas : « N’oubliez jamais que vos accusations ont tuées un homme. » L’intrigue en elle-même, a très peu d’importance, c’est le jeu des acteurs, particulièrement celui d’Herbert Fleischmann qui est le plus intéressant, le plus passionnant. Soutenue par une mise en scène directe et un montage sec, achevant d’en faire l’un des épisodes les plus captivants et bouleversants de la série. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 1er mai 1981. Résumé : Un soir, des policiers sont alertés par un cambriolage se déroulant dans une société. Arrivés sur les lieux, ils constatent le garde mort. Peu après, Derrick et Klein viennent à leur tour et recherchent les assaillants qu’ils pensent être encore là… Critique : Le titre français dit tout... ou presque. Cela commence simplement par une alerte banale à la patrouille du coin, avant de continuer vers une traque qui se poursuit dans l’immeuble, dont le parking souterrain, puis une course-poursuite dans les rues enneigées munichoises, en voiture puis à pied, où Klein se fera très violemment tabasser, avant de s’achever dans un petit immeuble où semblent s’être caché l’un des assaillants. Un démarrage aussi palpitant, sur une musique à la fois rock et électro très efficace de Frank Duval, long de près de dix minutes, nous n’en verrons sûrement pas d’autres, espérons alors que tout l’épisode sera comme ça : violent et sec. Et bien en fait… non. Après une scène de transition où Derrick montre son attachement envers Klein culpabilise d’avoir tué un gosse qui allait lui tirer dessus, l’épisode bifurque vers une traque, mais plus psychologique : Derrick sera sur le terrain et Klein lui s’approchera dangereusement de Doris, la sœur du jeune homme qu’il a tué dans le parking sous-terrain un peu plus tôt. Celle-ci s’étant, involontairement, occupée de lui après son arrivée dans l’immeuble là où il cherchait son suspect. Entre ces deux-là, ça va virer tout doucement à l’histoire d’amour, Doris se retenant en vérité d’exprimer sa colère pour ce qu’il a fait à son frère, mais le voyant s’occuper de sa petite fille, elle commence à éprouver des sentiments amoureux, bien que la toute dernière scène, montre qu’il n’y a aucune issue possible à leur relation. Un épisode où se succèdent l’action et la psychologie de manière radicale, offrant quelques belles scènes, mais qui aurait pu être plus violent encore. Anecdotes :
6. MORT D'UN ITALIEN Date de diffusion : 10 juillet 1981. Résumé : Klein emmène Derrick dans un nouveau restaurant italien qu’il apprécie beaucoup mais les employés semblent terrifiés. Ils décident de passer tout le monde au gril. Critique : L’épisode s’ouvre par une séquence humoristique où Klein emmène Derrick à son nouveau restaurant italien, lui présentant Ursula, sa nouvelle petite amie, qui est la serveuse. Derrick la drague de manière un peu vieillotte en lui disant : « Je ne me consolerais jamais d’avoir perdu tant d’années avant de vous connaître », mais elle ne comprend pas ce qu’il dit, ce à quoi il répond que c’est « un peu de poésie » et Klein, un peu gêné, réplique : « Oh, laisse tomber. ». La deuxième scène est nettement plus tendue, se déroulant en cuisine, où Anna suggère à son mari Mario de parler aux inspecteurs des menaces qu’il subit de racketteurs depuis quelques temps. Peu après, Mario est tabassé à mort par ceux-ci. Et une enquête palpitante quoi qu’un peu brouillonne, multipliant les suspects et les fausses pistes, démarre alors, alternant scènes d’actions crues (violences physiques extrêmes, maquillage très réaliste de visages tuméfiés) et pauses philosophiques entre Derrick et Klein – les dialogues de cet épisode sont particulièrement inspirés notamment lorsque Derrick répond à Klein qui se demande pourquoi Ursula n’est pas venue leur parler des soucis de son père : « On écoute que soi lorsqu’on a peur. ». « Mort d’un italien » rappelle que la série dit souvent des choses très justes de manière limpide, avec des personnages et des comédiens attachants. Anecdotes :
7. LA SIXIÈME ALLUMETTE Date de diffusion originale : 14 août 1981. Résumé : Un chauffeur de taxi contacte la police pour signaler le meurtre d’un propriétaire de boite de nuit. Critique : Un épisode intense et finalement bouleversant portée par l’interprétation vive de jeunes comédiens familiers de la série (Pierre Franckh, Jacques Breuer et Thomas Schüke), très bien dans des rôles écrits avec soin. D’ailleurs, non seulement les personnages sont fort bien écrits mais également les dialogues, énergiques. Quand à Derrick, il sera particulièrement sarcastique dans cet épisode, je note ce dialogue très drôle où Egon, le frère de la victime ne cesse de poser des questions, ce à quoi Derrick lasse, rétorque : « Dis donc, ça vous plairait d’entrer dans la police, vu le nombre de questions que vous posez ? », juste après demande à Jo, le rival du défunt, où il était vers une heure et demie, qui lui répond : « C’est l’heure à laquelle il a été assassiné ? » et Derrick, du tac au tac envoie : « Tiens, lui aussi il s’y mets. ». Pour en revenir à l’enquête, nous spectateurs seront mis dans la confidence, connaissant assez vite le meurtrier rongé par la culpabilité, n’allant plus au lycée, « malade », qui a vraiment peur de se faire prendre mais son ami Jo (car tous les suspects sont dans le coup, et ça aussi nous le savons, contrairement à Derrick) le rassure en disant que pour le moment, il n’a rien à craindre. Toute la bande s’est lié pour commettre un assassinat, ayant calculé leur plan à la perfection, en oubliant toute fois qu’un vieil homme, qu’ils « achèteront », a aperçu le meurtrier : qu’a donc fait la victime pour qu’on veuille le tuer ? Et bien la réponse sera une nouvelle charge anti-drogue – décidément un thème récurrent de la série – et comme il était difficile d’aller plus loin que dans « Du sang dans les veines », épisode précédant traitant de cela : Derrick fera preuve d’une compréhension très étonnante (mais logique du point de vue du scénario) envers les responsables et tout particulièrement le meurtrier dont la culpabilité l’a quasiment détruit. L’assassin n’est pas forcément celui que l’on pense. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 28 août 1981. Résumé : Le comptable d’un usurier est assassiné, c’est bien entendu ce dernier qui était visé. Un couple de clients sont témoins de la scène, mais décident de le faire chanter, négociant leur témoignage contre un prêt à intérêt moindre de ce qu’il leur avait proposé jusque-là… Critique : Un épisode assez étrange par ses personnages atypiques, presque burlesques. Hollerer – incarné par Rolf Boysen, sosie germanique de l’acteur Charles Bronson - un usurier ayant la sale réputation de pratiquer des prêts à des taux d’intérêts exorbitants est victime d’une tentative de meurtre, mais hélas pour lui, comme seuls témoins : c’est un couple de clients : Suzanne et Martin Schlehdorn, avec qui il n’a pas vraiment de bons rapports. De leur côté, Derrick et Klein qui ne sont donc pas, pour le moment, aidés par ces derniers, fouillent dans les dossiers d’Hollerer et découvrent ses méthodes très particulières : c’est un escroc en fait. Difficile pour eux alors, de le protéger puis qu’ils ne le portent pas dans leurs cœurs : le métier de flic à ses inconvénients parfois. Afin que l’on puisse quand même éprouver un peu de pitié pour lui, il a une fille, très jolie au visage d’Ange, qui est, selon les mots de Klein, « rayonnante », coincée dans un fauteuil roulant, dont il s’occupe le plus possible. Nous pouvons supposer c’est pour lui payer ses différents soins qu’il entube les gens. Derrick et Klein remontent la piste de Siebert, fils d’une ancienne cliente qui s’est suicidée après un procès d’Hollerer. Peu après, il est poignardé chez lui. Et Siebert est arrêté avouant avoir tué le comptable, qu’il prenait pour Hollerer, mais nie son meurtre, ce que Derrick croit. Le dénouement sera peut-être un peu trop facile, centré sur l’entourage de Siebert. La toute dernière scène, qui montre Martin Schlehdorn appeler Hollerer, sans savoir qu’il est mort, est plutôt drôle. La dernière réplique de l’épisode, philosophique et métaphorique, de Derrick : « Chacun veut son pourcentage, c’est la vie. ». Dans cet épisode, nous retrouvons un Gerd Baltus espiègle, après une performance impressionnante dans l’épisode « La mort de l’usurier » (décidément) (saison 4, épisode 5) et également Martin Semmelrogge, très bien, qui joue Siebert. Anecdotes :
9. LE SOUS-LOCATAIRE Date de diffusion originale : 09 octobre 1981. Résumé : Buschmann vient de sortir de prison après y avoir passé dix ans. Il se rend illico chez son ex-compagne Gudrun vivant avec son mari et le fils qu’ils ont eu ensemble. Et va s’incruster. Critique : Sur la variation du taulard qui sort de prison et retourne voir son ex-femme recasée, cet épisode est plutôt drôle. Il fait penser beaucoup d’ailleurs à « La rentrée de Schubach » (saison 6, épisode 3), avec l’exception près qu’ici, l’ex-taulard Buschmann va squatter de force chez son ex : il veut rencontrer son fils, qu’elle a accouchée pendant sa détention, ayant été élevé par son nouveau mari. Acceptant, pour le protéger, de rien dire sur qui il est réellement – en premier temps. Chez elle, vit déjà un jeune étudiant qui va devoir partager sa chambre déjà exiguë avec Buschmann qui à ses habitudes, disons quelque peu, dégoûtantes. Pour interprèter cet incruste, la production a fait un choix idéal : Peter Kuiper. Cet acteur était vraiment parfait pour jouer ce genre de personnages : il a un physique et une présence qui fait que l’on s’amuse dès qu’on le voit commencer à faire son numéro de glu, mais nous sommes également terrifiés par les dégâts qu’il pourrait faire. Que fait-il justement de mal ? Rien, en apparence. Derrick a, de ce fait, peau de zob’ pour l’envoyer de nouveau en prison mais lui demande poliment d’abord de partir, ce qu’il refuse : pourquoi faire ? Comptant, de son propre aveu, bien profiter du temps perdu en prison. Que veut-il réellement ? Reconquérir son ex-femme, dire à son fils qui il est, quitte à le briser ? Et / ou autre chose encore ? La réponse sera vraiment surprenante et extrêmement bien pensée : se faire tuer par le nouveau mari de son ex, afin de l’envoyer en prison ! (C’est, du moins, ce que l’auteur de ces lignes a compris). Ce type est complètement malade ! La scène, où Derrick veut empêcher son ex qui a récupérée l’arme de le tuer, est pleine de suspense. Nous regretterons la fin manichéenne. Anecdotes :
10. LA MORTE DU LAC Date de diffusion originale : 06 novembre 1981. Résumé : Rudolf Wiegand est accusé par son beau-père d’avoir tué sa femme lors d’une sortie dans un lac où elle se serait noyée. Il tente de prouver son innocence face aux inspecteurs… Critique : Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu un épisode à la sauce « Columbo ». Un homme a tué sa femme nettement plus âgée que lui, pour se mettre avec sa jeune maîtresse : il pense avoir commis le crime parfait mais hélas ils tombent sur des inspecteurs obstinés. Le gros défaut de cet épisode, très bien écrit, rythmé et réalisé (avec des plans aux angles originaux) : c’est le personnage du beau-père qui charge, à raison certes, un peu trop le meurtrier, ce qui le saoule, et du coup nous aussi, qui avons compris qu’il est persuadé que Wiegand a tué sa fille mais pas besoin de le répéter encore et encore ! De s’emporter même physiquement après lui – alors qu’il n’a aucune preuve. Nous éprouvons même de la compassion pour Wiegand, qui apparaît pourtant comme un homme très sûr de lui, hautain et bien décidé à commencer sa nouvelle vie avec sa maîtresse : c’était sans doute un stratagème de Reinecker : créer un sentiment de compassion envers le meurtrier, pour qu’il ait moins de certitude concernant sa culpabilité. Après tout, nous n’avons pas vu le meurtre, donc nous pouvons parfaitement douter de qui a fait le coup : les seuls indices et témoignages affirment que ce pourrait être un accident et la seule témoin, indirecte du meurtre, bah c’est la maîtresse, que Derrick et Klein vont charger (ça m’a rappelé le tout premier épisode de « Columbo » où le lieutenant colle une pression énorme à la maîtresse du meurtrier). Après un petit rôle dans l’épisode « La sixième allumette » (c’était lui le frère de la victime), Robert Atzorn est l’acteur au centre de l’épisode : il est très intense dans ce rôle d’assassin, qui voudrait tellement se débarrasser de ce beau-père et de ces flics qui lui pourrissent sa nouvelle vie. Des faces à face verbaux, très nerveux, même parfois amusants, tellement les échanges sont à couteaux tirés. Dans la version française de cet épisode, il est excellemment doublé par Bernard Tiphaine. 11. L'HEURE DU CRIME Date de diffusion originale : 4 décembre 1981. Résumé : Le directeur d’une maison de retraite soupçonné d’avoir euthanasié plusieurs de ses pensionnaires est déclaré innocent suite à son procès. Peu après avoir retrouvé sa liberté et son travail : il se fait tuer. Quelques jours plus tard, c’est le violeur d’une jeune fille, lui aussi déclaré innocent qui se fait assassiner. Aurait-on affaire à un justicier ? Critique : Nous nous demandons pendant un certain temps où est ce que cet épisode qui conclut ce huitième épisode veut nous emmener. Il faut être assez patient pour le découvrir. Dès lors, nous ne lâcherons quasiment pas le meurtrier (ou ce que nous croyons l’être) : sans que les meurtres soient montrés, nous comprenons qu’il les commet et pourquoi, avant même bien sur Derrick. Le scénario est sans nul doute l’un des plus intelligents de la série. Tout en abordant des thèmes assez durs (euthanasie, viol), utilisant le procédé de l’énigme inversée, cet épisode offre une réflexion sur l’insuffisance de la justice, sur la frustration générée en nous lorsque des criminels ressortent libres et peuvent à nouveau commettre des délits. « L’heure du crime » s’apparente à un « vigilante movie » qui trouve sa principale inspiration dans le célèbre « Un justicier dans la ville » où Paul Kersey, le personnage incarné par Charles Bronson tue froidement des criminels, car le Système n’a pas fait ce qu’il faut pour les condamner. Sauf que contrairement à Paul Kersey, Mahler (incarné avec une très grande finesse par l’excellent Hans Caninenberg) n’a aucune motivation personnelle : il est juste répugné par les carences du système judiciaire. Passant le plus clair de son temps à assister à des procès, les choisissant scrupuleusement, prenant des tas de notes, et se renseignant le maximum sur les protagonistes, à commencer par les criminels. Par pure provocation, il fait en sorte de leur rendre visite quelques heures plus tôt et de se forger un excellent alibi en passant la soirée avec sa petite fille pendant qu’un de ses amis commettra le meurtre. Les échanges qu’il aura avec Derrick et Klein lorsque ceux-ci commenceront à avoir des soupçons sont d’une très haute richesse philosophique, réflexion non seulement sur la justice mais également plus globalement sur l’état du monde, et nous offrant, ce qui est très rare car il n’est pas homme à évoquer se dévoiler, les sentiments de Derrick : « Je ne me sens pas comblé si on m’annonce qu’il y a eu un meurtre. J’ai toujours un sursaut, sursaut de plus en plus intense en avançant dans mon métier. La justice immanente n’est pas de mon ressort. » et plus tard, après avoir coincé Mahler et complices, et que celui-ci affirme qu’ils avaient décidés de ne plus accepter le meurtre dans ce monde, Derrick répond cette tirade exceptionnelle : « Vous disiez ne plus admettre le meurtre dans ce monde, mais nous, nous vivons sans arrêt dans le meurtre. Nous vivons sans cesse dedans parce que le meurtre existe dans le monde, cela fait partie de notre vie quotidienne. Je le sais aussi bien que vous que nous ne faisons pas parti d’un monde ou d’une société idéale, alors, je ne pense pas qu’il y ait plusieurs moyens d’agir, sous notre société, il y en a qu’un seul, vous saisissez ? Je vous conseille d’y réfléchir, afin que vous compreniez bien : la loi et la justice. Nous y sommes soumis tous, TOUS, vous aussi monsieur Mahler. Autrement, nous arriverions à l’anarchie et je pense que l’anarchie, c’est le triomphe des meurtriers. » Anecdotes :
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