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Saison 4Saison 6

Alfred Hitchcock Présente

Saison 5

1. Arthur - Inédit en France

2. The Crystal Trench - Inédit en France

3. Appointment at Eleven - Inédit en France

4. Le Coyote de la lune (Coyote Noon)

5. Rapide et indolore (No Pain)

6. Anniversary Gift - Inédit en France

7. Galop d'essais (Dry Run)

8. La Méthode Blessington (The Blessington Method)

9. Poids mort (Dead Weight)

10. Paquet recommandé (Special Delivery)

11. Road Hog - Inédit en France

12. La Spécialité de la maison (Specialty of the House)

13. Le Pont du hibou (An Occurrence at Owl Creek Bridges)

14. Abus de confiance (Graduation Class)

15. L'Homme du Sud (Man from the South)

16. L’Icône d’Élijah (The Ikon of Elijah)

17. Une cure radicale (The Cure)

18. Flagrant délit d'opinion (Backward, Turn Backward)

19. Pas le genre à s’enfuir (Not the Running Type)

20. Mort en différé (The Day of the Bullet)

21. Auto-stop (Hitch Hike)

22. L’Autre Côté (Across the Threshold)

23. Le Testament de Craig (Craig's Will)

24. Madame Mystère (Mme Mystery)

25. Le Petit Homme (The Little Man Who Was There)

26. Maman est-ce que je peux me baigner ? (Mother, May I Go Out to Swim ?)

27. La Pendule à coucou (The Cuckoo Clock)

28. Quarante détectives plus tard (Forty Detectives Later)

29. Le Héros (The Hero)

30. Insomnie (Insomnia)

31. Je sais me défendre (I Can Take Care of Myself)

32. Un mort de trop (One Grave Too Many)

33. Party Line - Inédit en France

34. Cellule 227 (Cell 227)

35. La Méthode Schartz-Metterklume (The Schartz-Metterklume Method)

36. Que justice soit faite (Letter of Credit)

37. Échappé dans le désert (Escape to Sonoita)

38. Petit poisson deviendra grand (Hooked)



1. ARTHUR
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Arthur Williams. Adaptation :  James P. Cavanagh. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Avec Patrick Macnee dans le rôle de John Farrell, sergent de police.

Arthur Williams raconte en s'adressant au téléspectateur qu'il a commis le meurtre parfait. Il nous parle de son exploitation de poulets en Nouvelle-Zélande où il adore vivre seul, et de la qualité de la chair de ses volailles.

Arthur est aigri, il y a un an, il devait épouser Helen (Hazel Court), jeune femme cupide qui lui a préféré un riche financier. Celle-ci revient le voir démunie, espérant qu'il la reprenne, mais Arthur l'étrangle, de la même façon qu'il a étranglé une volaille lors du monologue du début.

Peu après, entre en scène son meilleur ami, un policier, John (Patrick Macnee). Il semble soucieux pour son ami. Le futur John Steed de « Chapeau melon et bottes de cuir » est visiblement très à l’aise dans son personnage.

Malgré les recherches, la police ne retrouve pas le corps d'Helen, qu'Arthur a broyé et donné comme aliment à ses volailles, lesquelles y ont pris goût

Humour noir, comme toujours dans l'univers du maître du suspense. On apprécie cette apparition anté-avengers de John pas encore Steed.

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2. THE CRYSTAL TRENCH
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de A.E.W. Mason. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Mark Cavendish, en 1947, se souvient d’un voyage qu’il fit au même endroit, en Autriche, il y a tous justes quarante ans. En 1907, s’y trouvant,  il apprend qu’il y a eu un accident de montagne survenu à des alpinistes amateurs et doit annoncer la mauvaise nouvelle de la mort à la femme de l’un d’eux, jeune mariée.

Bien qu’il doive composer avec des décors de studios, et des stock shot de montagnes, Sir Alfred nous propose une mise en scène tout à fait digne de lui. C’est son deuxième épisode à la suite dans cette saison 5, et pour le plus grand plaisir des fans de « Chapeau melon et bottes de cuir », Patrick Macnee est lui aussi de retour, chose rare dans l’anthologie. Enfin, signalons que pour cette saison 5, le générique « marche funèbre » bénéficie d’une nouvelle orchestration.

A noter que les autrichiens appellent ici le personnage principal « Cavendidge » alors qu’IMDB mentionne ce dernier comme « Cavendish », ce qui peut être un problème de prononciation de nos amis germaniques. Mais ensuite, les comédiens anglo-saxons l’appellent également ainsi.

Stella Ballister (Patricia Owens) apprend la nouvelle avec beaucoup de courage. L’accident est survenu sur un pic très dangereux, le Schwarzhorn. Stella demande à Cavendish de tout faire pour récupérer le corps de son mari, mais ce dernier tombe dans une crevasse. Mark Cavendish tombe amoureux de la veuve.

C’est un Patrick Macnee moustachu que l’on retrouve à la 19e minute de l’épisode dans le rôle du professeur Kersley, que viennent consulter Stella Ballister et Mark. Le professeur est un spécialiste des montagnes enneigées, et il explique qu’avec les cristaux, il y a des déplacements naturels de glaciers. Nous sommes en 1907 et le professeur estime qu’en juillet 1947, Stella pourra récupérer le corps de son mari. Mais elle fera alors une terrible découverte.

Episode sentimental et non horrifique, avec une apparition fugitive de Patrick Macnee, et une très bonne composition de Patricia Owens en veuve inconsolable.

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3. APPOINTMENT AT ELEVEN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert Turner. Adaptation : Evan Hunter. Réalisation : Robert Stevens.

Un jeune homme de 17 ans, David Logan, a été traumatisé par le départ de son père du domicile conjugal avec une blonde quand il avait douze ans. Depuis, il le hait au point de vouloir le tuer.

On touche avec cet opus au gros problème de cette anthologie : à côté de perles, nous proposer des histoires poussives. Ici, nous devons subir les tourments d’un gamin de dix-sept ans, d’abord avec sa mère, puis avec une entraîneuse de bar (une blonde), ensuite avec un marin (Clu Gulager de la série « Le Virginien »), enfin avec le client d’un bar qui accepte de lui servir de l’alcool alors qu’il n’a pas sa carte d’identité prouvant qu’il est majeur (ce qu’il serait bien incapable de démontrer).

Nous devons supporter le jeu totalement hystérique de Clint Kimbrough dans le rôle de cette adolescent perturbé, mais en regardant l’épisode, on se demande bien quel intérêt on peut trouver à cette histoire.

La chute sera une réponse à la quête de David, mais le téléspectateur a depuis longtemps décroché devant ses monologues de schizophrènes. Clint Kimbrough joue dans l’excès, on peut parler de performance, mais cela n’a rien à faire dans l’anthologie Hitchcock.

Norma Crane (l’entraîneuse de bar) et Sean Mc Clory (le patron de bar irlandais qui devient une représentation du père haï) gardent, comme Clu Gulager, plus de sobriété dans leur jeu. L’opus frôle parfois l’improbable, comme lorsque le jeune homme détruit un poste de télévision dans le bar sans que personne ne semble s’en offusquer outre mesure. On est stupéfait d’apprendre, dans sa conclusion, que Sir Alfred a aimé cette histoire.

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4. LE COYOTE DE LA LUNE
(COYOTE NOON)

Histoire de Kenneth B. Perkins. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Herschel Daugherty.

Un honnête professeur, en route pour rejoindre sa famille en Californie, a le malheur de prendre une autostoppeuse. Elle lui demande de prendre en route son père, un homme sans gêne, et très vite, avec le « frère », notre héros se rend compte qu’il est tombé dans un guet apens.

Edgard Buchanan servait la justice aux côtés de Glenn Ford dans « Sam Cade », mais ici, mufle, voleur, menteur, racketteur, il vous dégoûte à vie de prendre un autostoppeur. Le professeur, joué par  MacDonald Carey (« L’ombre d’un doute ») et dont nous ne connaîtrons pas le nom, a pourtant pris en stop plus par pitié qu’autre chose sa fille Julie, qu’incarne Collin Wilcox.

Ce qu’il y a de terrible dans cet épisode, c’est que tourné en 1959, il est toujours actuel. Au mieux, il vous rappellera le sketch de Coluche « l’autostoppeur », au pire les tragédies de braves gens victimes de marginaux qui profitent de lieux déserts pour dépouiller voire pire.

Ici, le professeur trouvera sa revanche, et l’on est vraiment content pour lui. On ne dira pas comment, c’est la chute, mais il s’en sort bien quand on voit dans quels ennuis il s’est mis en voulant jouer les bons samaritains. Le père de Julie est odieux, volant les cigarettes par cartouches entières dans le minibus, faisant preuve d’un sans gêne et d’une mauvaise foi qui met vite le conducteur mal à l’aise. Heureusement pour lui, il a flairé le danger derrière cette famille de voleurs.

On passe un excellent moment. Et l’on se dit que sur certaines choses, la société n’a pas changé.

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5. RAPIDE ET INDOLORE
(NO PAIN)

Histoire de Talmage Powell. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Lyod.

Dave Rainey à la suite d’un accident se retrouve dans un respirateur artificiel. Sa jeune épouse n’a pas l’intention de divorcer quand il est si facile de débrancher la machine…

Les anciens téléspectateurs qui verront cet inédit se souviendront immédiatement d’un des meilleurs épisodes de « Mannix » : « Le retour » (03-03), maintes fois diffusé en France à partir de 1972, dans lequel le détective retrouvait son père, mais défendait un accusé emprisonné dans un « poumon d’acier », un respirateur artificiel. Dans le rôle de Dave Rainey, Brian Keith se retrouve ici comme le client de Mannix à l’état de légume. C’est assez impressionnant à voir, avec un miroir qui permet à l’homme allongé à vie de montrer son visage à ses interlocuteurs.

Les comédiens sont fabuleux : Brian Keith, que l’on vient de voir dans la série dans « Le témoin » (04-31) est magistral en infirme conscient de son impuissance. Sa jeune épouse Cindy incarnée par Joanna Moore est garce à souhait, et ne se cache pas de flirter avec un jeune et beau garçon, Arnold (Yale Wexler), tandis que la mort du mari est savamment planifiée pendant l’absence de l’infirmière.

Comme toujours, chez Hitchcock, il ne faut pas se fier aux apparences, et la chute est à la hauteur  de la situation désespérée de Dave Rainey. Elle est cruelle et pleine d’humour noir, mais l’on peut regretter qu’elle soit surtout évoquée dans l’épilogue par Sir Alfred, même si nous savons à quoi nous attendre dans les dernières minutes.

La scène où Cindy débranche pendant dix minutes le respirateur artificiel, ce qui est le maximum pour laisser en vie son mari qui sue à grosses gouttes, est digne des suspenses du maître. Une réussite.

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6. ANNIVERSARY GIFT
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John Collier. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Norman Llyod.

Myra Jenkins, qui a l’âge mental d’un enfant de dix ans, ne vit que pour les animaux de toutes sortes, ce qui horripile son mari Hermie. Voyant la vie calme et sereine que mène son voisin veuf George Bay, Hermie décide d’offrir à sa femme un serpent venimeux pour la tuer.

On ne comprend pas pourquoi Hermie a épousé Myra (Barbara Baxton, ici horripilante) qui ne vit que pour les hippocampes, perroquets, reptiles et autres animaux digne d’une ménagerie, ne divorce pas, au lieu de se fourvoyer à tenter de la tuer en se faisant passer pour un professeur de la NASA décidé à acheter un crotale à un vendeurs d’animaux en tous genres, Hansel Eidelpfeiffer, qui propose des crocodiles, tortues, serpents, grenouilles comme un boulanger des petits pains.

Si Harry Morgan est parfait dans son rôle d’Hermie, Barbara Baxton en fait des tonnes au point qu’on doute qu’aucun homme raisonnable ne l’aurait épousée. Jackie Coogan, en veuf éploré George Bay, passe son temps à pêcher et à boire des bières, vie dont rêve Hermie.

On devine très vite la fin de l’épisode, et c’est regrettable car lorsque la chute est téléphonée, les opus ne sont généralement pas bons. Le téléspectateur est censé être surpris par la chute.

J’ai trouvé que le personnage et l’acteur qui incarne le vendeur de serpent sont totalement improbables.  Michael J. Pollard est bien trop jeune pour le rôle. Le marchandage que fait Hansel avec le mari est ridicule.

Sans être nul, l’épisode laisse à désirer et ne parvient jamais à passionner.

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7. GALOP D'ESSAIS
(DRY RUN)

Histoire de Norman Struber. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : John Brahm.

Un caïd de la mafia, Barberosa, qui traite avec mépris ses tueurs, demande à une nouvelle recrue, Art, d’abattre un certain Moran. Ce dernier désarme et piège Art, et lui montre qu’il a agi pour un cachet dérisoire. Il lui offre une fortune et une place de bras droit dans sa propre organisation s’il tue Barberosa.

L’intérêt de cet opus est sa distribution, avant tout Robert Vaughn, bien avant son rôle de Napoléon Solo dans « Des agents très spéciaux ». On a tellement l’habitude de David White en patron du mari de Samantha la sorcière bien aimée qu’il nous paraît peu convaincant en Barberosa. En revanche, dans le rôle de Moran, Walter Matthau a la tête de l’emploi.

Robert Vaughn joue ici un jeune truand hésitant, qui ignore quel est le bon cheval qu’il faut jouer. Son manque de maturité est évident, mais le comédien recèle en lui les promesses de lendemains de carrière plus grandioses. S’il y a beaucoup de suspense, on peut s’étonner que cette intrigue policière classique ait sa place dans l’anthologie.

Les scènes sont constituées de deux huis clos : David White/Robert Vaughn, Walter Matthau/Robert Vaughn, et cela manque un peu de variété dans les décors et les situations. La chute est assez prévisible, mais on passe un bon moment.

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8. LA MÉTHODE BLESSINGTON
(THE BLESSINGTON METHOD)

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Halsted Welles. Réalisation : Herschel Daugherty.

Dans un futur situé en juillet 1980, l’espérance de vie a augmenté tellement que les personnes âgées atteignent environ 125 ans. La belle mère de John Treadwell, insupportable, a 82 ans et lui pourrit la vie. Une société, représentée par un certain J J Bunce, se propose de tuer les vieillards encombrants.

Contrairement aux apparences, Stanley Ellin, dont est adapté une nouvelle pour cet épisode digne de « La quatrième dimension » est un auteur de romans policiers et non de science-fiction.

Il a imaginé ici un futur où l’espérance de vie a énormément progressé. Le manque de moyens flagrant de l’épisode nous empêche de constater ce qu’était, pour l’américain lambda de 1959, la vision du « futur proche » en 1980. On se croit parfois dans « Chapeau melon et bottes de cuir » et notamment « L’invasion des terriens », « Meurtre au programme » ou « Les cybernautes », avec les portes qui s’ouvrent toutes seules, la secrétaire robotisée.

Bien que j’accorde quatre étoiles à cet excellent suspense, j’ai relevé plusieurs incohérences : le mari, John Treadwell (Henry Jones) dit être dans la cinquantaine, ce qui correspond à peu près à l’âge de l’acteur, qui avait 47 ans en 1959. Ce qui par contre est surprenant, c’est qu’il a deux enfants, deux adolescents, qui vivent encore chez lui. Son épouse, jouée par Irene Windust (38 ans) en fait avec ses vêtements de grand-mère et son air austère dix voire quinze de plus. En aucun cas, ce couple n’est crédible si l’on se réfère à leur situation de parents ayant des adolescents au foyer.

Nous sommes en 1980, mais la musique, les costumes, la mode, sans parler de la sacro-sainte messe du Dimanche devenue obligatoire, évoquent les années cinquante. Le coût de la vie n’a pas augmenté : Treadwell  paie 2000 dollars pour faire tuer sa belle-mère horripilante. Bref, la seule chose qui ait changé dans ce futur antérieur, c’est l’espérance de vie.

Dick York, dans le rôle de Bunce, joue une fois de plus un méchant, après l’épisode 04-33 « Le tiroir secret ». Curieux comme ensuite, ce comédien restera figé dans le personnage de Jean Pierre, le mari un peu benêt de la sorcière bien aimée.

Elizabeth Patterson est odieuse à souhait en belle-mère que le héros est obligé de supporter à demeure, car elle est veuve, et Bunce lui explique que cela va durer de son âge actuel, soit 82 ans en 1980, jusqu’au minimum à 125 ans.

Encore une fois, le sujet relève plus de « La quatrième dimension » que de la série « Alfred Hitchcock présente ». Très bonne histoire, avec une chute glaciale à souhait – on s’y attendait – mais une réalisation qui fait ce qu’elle peu avec le budget alloué. L’histoire rappelle parfois « L’âge de cristal », la surpopulation étant cependant (en 25 minutes) à peine évoquée ici. Notons une perte précieuse de temps lorsque Bunce se présente la première fois au bureau, et peine à convaincre le très pieux et très croyant Treadwell de l’utilité de liquider la belle-mère. L’impunité des meurtres au grand jour, ou si l’on veut des « euthanasies », est assez incohérente. Dans le prologue, Bunce tue un vieil homme de la même façon qu’il effacera de la terre la vieille mégère. C’est à la fois un manque d’imagination et un une petite entaille dans la crédibilité de l’intrigue.

Néanmoins, si tous les épisodes de l’anthologie étaient de cette qualité, on applaudirait des deux mains.

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9. POIDS MORT
(DEAD WEIGHT)

Histoire de Herb Golden. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Un couple illégitime s’embrasse en voiture dans un endroit isolé. Une fripouille les surprend, arme à la main, mais n’a pas l’intention de se limiter à voler l’argent. Il veut enfermer l’homme dans le coffre de la voiture et violer la femme.

Joseph Cotten campe ici Courtney Masterson, chef d’entreprise dans la force de l’âge, qui a la chance d’avoir une jolie maîtresse, Peggy Valence (Julie Adams). Il est marié à une grande bourgeoise encore désirable (Angela Greene), dont nous ne saurons pas le prénom (elle n’a qu’une scène dans l’épisode et il n’est jamais prononcé). Bref, Masterson a la vie rose jusqu’au soir où une petite frappe, Rudy Stickney (Don Gordon) le menace d’une arme et veut violer Peggy après avoir – c’est son intention – enfermé le héros dans le coffre de la voiture.

Dans le rôle de Rudy, Don Gordon est odieux à souhait, et on se demande comment Masterson peut attendre si longtemps avant de lui régler son compte, ce que souhaite d’ailleurs Peggy qui a échappé au viol.

Rudy ayant pris les papiers de sa victime pendant un court moment a compris que Peggy n’était pas sa femme mais sa maîtresse et veut le faire chanter. Il atteint là le sommet de l’ignominie et Masterson qui le tient en joue le tue.

Ensuite, il se présente à la police, et Rudy étant un repris de justice, n’a aucune peine à convaincre les autorités de ce qui s’est passé, en omettant seulement la présence de sa maîtresse (délicieuse Julie Adams sexy et glamour). Mais il n’est pas au bout de ses peines, car nous sommes dans l’anthologie Hitchcock où rien n’est si simple.

Très daté, le machisme du héros ne passerait plus la barre du politiquement correct aujourd’hui. Idem pour la justice que se fait l’homme, il se trouverait des tas d’associations de bien-pensants pour lui trouver des excuses. Ici, Rudy cherche bien son sort, d’autant plus que sa victime était prête à le laisser partir.

Les comédiens sont tous impeccables, et l’histoire si bien rodée que l’on regrette de s’arrêter sur la chute à 25 minutes. « Poids mort » aurait mérité un long métrage. La chute n’est pas cruelle comme la plupart du temps, et l’on se dit que notre héros s’en sort à bon compte, même s’il va au devant de quelques ennuis.

Un opus sans fautes.

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10. PAQUET RECOMMANDÉ
(SPECIAL DELIVERY)

Histoire de Ray Bradbury. Réalisation : Norman Lloyd.

A noter : cette histoire a été à nouveau adaptée en 1989 sous le titre « Boys ! Raise giant mushrooms in your cellar ! » dans le cadre de l’anthologie « Ray Bradbury présente ».

Des extra-terrestres décidés à envahir la terre en décimant les humains font expédier à des enfants des champignons empoisonnés que ces derniers font pousser dans leur cave.

J’ai du mal avec l’acteur Peter Lazer, qui incarne pour la deuxième fois un gosse insupportable dans cette série après l’épisode 04-02 « Silence ». Il a un jeu outrancier et se révèle plus une tête à claques qu’autre chose.

Ici, Ray Bradbury propose une histoire ambitieuse, mais le problème, c’est qu’il fallait 1h30 voire deux heures pour la développer. En 25 minutes, on ne pouvait arriver qu’à un condensé qui évoque tout à la fois « L’invasion des profanateurs de sépultures » de Jack Finney (surtout dans la première adaptation de 1956 de Don Siegel), « Le village des damnés » (en raison des enfants), « Les envahisseurs » (l’invasion extra-terrestre invisible). Bref, l’entreprise était perdue d’avance.

Les comédiens font se qu’ils peuvent pour sauver les meubles, mais dans la mesure où l’on ne fait qu’effleurer le sujet sans jamais l’approfondir, l’horreur ne nous atteint pas. Ces caves remplies de champignons menaçants devraient nous glacer d’effroi, mais tout va trop vite, et l’on ne laisse pas le temps au téléspectateur de se retourner. N’aurait-il pas fallu envisager un double voire triple épisode, comme cela fut le cas dans la saison 2 avec « I killed the count » ?

L’épisode est donc bâclé et ressemble à un résumé. C’est infiniment dommage lorsque l’on a la chance d’avoir Ray Bradbury comme scénariste.

L’interprétation est particulièrement fade : Ce ne sont pas Stephen Dunne et Beatrice Straight, qui semblent traverser l’intrigue en touristes, qui nous feront oublier un David Vincent/Roy Thinnes ou un Fox Mulder/David Duchovny.

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11. ROAD HOG
 INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Harold Daniels. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Un représentant sadique, Ed Fratus, qui a beaucoup de mépris pour les fermiers, empêche sciemment sur une petite route des agriculteurs de  dépasser sa voiture, alors qu’ils doivent emmener d’urgence uns de leurs fils gravement blessé par un taureau.

On peut décerner au comédien Robert Emhardt depuis l’épisode « Crackpot » (02-15) le prix de meilleur comédien de la série. A chacune de ses apparitions, il fait merveille dans les rôles de sadiques, disons même de personnages diaboliques.

Ici, il est au début le monstre et ensuite la victime. Par bêtise, méchanceté, mépris, il empêche des « bouseux » de fermiers de les dépasser sur la route et finit même par la leur faire quitter. Or, ces fermiers, les Pine, filaient à l’hôpital de la bourgade voisine car un de leurs fils venaient d’être blessé par un taureau. Faute de transfusion sanguine à temps, le jeune homme meurt. La famille Pine décide de retrouver l’homme et de se venger.

De chasseur, Fratus passe ici à bête traquée. Il se fait empoisonner par le père de la victime, et l’un des fils va ensuite s’ingénier à lui rendre œil pour œil dent pour dent ce qu’il a fait : le coincer sur la route au point de la lui faire quitter.

Bien sûr, cette histoire de vengeance a une chute diabolique à souhait, pleine d’humour noir. L’un des fils Pine est incarné par Richard Chamberlain alors très jeune et fort peu reconnaissable en futur héros de la série « Les oiseaux se cachent pour mourir ». Le père Pine est incarné par Raymond Massey vu au cinéma dans « A l’est d’Eden ».

Le suspense est constant pendant 25 minutes, ce qui est la démonstration d’un opus quatre étoiles. Même si le téléspectateur pense avoir tout deviné, la chute va le surprendre.

Quant à Robert Emhardt (1914-1994), que les amateurs des « Envahisseurs » n’oublieront jamais pour son rôle diabolique dans l’épisode « Cauchemar », on peut regretter qu’il soit si méconnu. Sa seule présence donne des frissons d’angoisse.

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12. LA SPÉCIALITÉ DE LA MAISON
(SPECIALTY OF THE HOUSE)

Histoire de Stanley Ellin. Adaptation : Victor Wolfson et Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Robert Stevens.

Laffler, un homme d’affaires, invite son collaborateur Costain dans un restaurant privé haut de gamme, Spirro,  où est servi un plat unique au monde : une viande d’agneau venant d’un plateau d’Ouganda, Amirstan.

Tout d’abord, sans avoir vu la chute, on comprend tout de suite ce qu’elle contient, il faut dire que les anthologies d’Hitchcock en livres ont abordé déjà ce sujet. Une viande spéciale, que l’on ne peut manger nulle part ailleurs que dans un club huppé de quarante personnes, on devine facilement – humour noir aidant – ce que cela peut être.

Ce qui est gênant ici, c’est le cabotinage de Robert Morley (« La reine africaine », « Topkapi ») qui en fait des tonnes dans son personnage précieux de rondouillard Laffler. Je n’ai pas aimé non plus l’interprétation outrancière de l’actrice qui joue la chef culinaire Spirro, Spivy. Nous sommes dans une sorte de bal des monstres, où l’on fait des bonnes manières, mais où chacun affecte des attitudes et des manières précieuses et hautement ridicules.

Kenneth Haigh, qui incarne Costain, tranche par son naturel et sa spontanéité dans cet endroit où l’on s’offusque que quelqu’un puisse demander le menu, où l’on ne met pas de sel ni de condiments dans les plats pour en apprécier la saveur, où seul le vin est toléré, pas question de prendre un apéritif ou un cocktail. Et puis les membres de ce « cercle » attendent tous cette spécialité de la maison avec une sorte de fanatisme.

Nous sommes ici en plein humour noir. L’épisode est raté parce que même le plus naïf des téléspectateurs comprend ce qu’est l’agneau Amirstan.  Seul Laffler semble l’ignorer, si l’on se fie à la scène finale. A partir de là, on suit l’épisode péniblement.

Il n’y a aucun suspense, que des ronds de jambes, des amabilités de salon, on se demande même si l’on ne va pas voir la baronne de Rotschild à une table nous faire un cours sur les bonnes manières. Un épisode pompeux.

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13. LE PONT DU HIBOU
(AN OCCURRENCE AT OWL CREEK BRIDGES)

Histoire d’Ambrose Bierce. Adaptation : Harold Swanton. Réalisation : Robert Stevenson.

1862. En pleine guerre de Sécession, Peyton Farquar, un homme qui va être pendu au dessus d’une rivière sur un pont, réussit à s’échapper lorsque la corde casse et qu’il plonge dans la rivière.

Ambrose Bierce (1842- ? vers 1913) est un écrivain américain célèbre pour cette nouvelle.  Il est mort à une date incertaine, vers 1913, en rejoignant l’armée de Pancho Villa au Mexique. Dans la nouvelle de Gerald Kersh « The secret of the bottle », publiée dans le recueil de nouvelles d’Hitchcock « Histoires à faire peur », Kersh, mais cela paraît hautement fantaisiste, prétend avoir retrouvé un manuscrit inédit de 1914 de Bierce, inachevé, selon lequel ce dernier aurait été victime au Mexique d’un cannibale.

Pour revenir à cette adaptation de son œuvre en épisode de l’anthologie, on y retrouve James Coburn dans le rôle d’un sergent. Nous sommes ici en plein fantastique, et la nouvelle est fidèlement adaptée. La corde va-t-elle casser au moment où  Farquar va être pendu par les soldats, c’est ce que notre homme espère. Mais quelle est la part de rêve et de réalité dans cette histoire ? Il faudra attendre la chute pour l’apprendre, mais la nouvelle figurant dans beaucoup de recueils fantastique , les amateurs savent à quoi s’en tenir.

Après la fuite dans la rivière, Farquar est pourchassé. Il y a beaucoup d’action et de rebondissements. Le téléspectateur a sa dose de suspense. En voix of, on entend les monologues intérieurs que fait notre homme, ses pensées, ses angoisses, ses espoirs.

La meilleure scène se situe au milieu de l’épisode, vers la seizième minute, lorsque Farquar (Ronald Howard) retrouve son cher Josh, un noir (Juano Hernandez) qu’il croyait mort. Il est trop difficile d’en dire plus au risque de tout dévoiler.

Un classique pour les amateurs.

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14. ABUS DE CONFIANCE
(GRADUATION CLASS)

Histoire d’Edouard Sandoz. Adaptation : Stirling Siliphant. Réalisation : Herschel Daugherty.

Miss Siddons est la nouvelle professeure de littérature européenne. Elle fait la connaissance d’un voisin envahissant, Ben Prowdy, et lui confie ses craintes concernant une de ses étudiantes, Gloria, qui se rend chaque soir dans un night club où elle retrouve un homme.

Histoire moralisante, d’un autre temps. On comprend mal pourquoi Miss Siddons, la nouvelle professeure qui semble porter sur elle toute la misère du monde (aidée en cela par l’interprétation de Wendy Hiller), se mêle de la vie privée de Gloria Barnes (Gigi Perreau), une de ses étudiantes, dont la mère est souffrante et le père en mission en Irak.

L’épisode, qui date de décembre 1959, montre le pouvoir qu’avaient les enseignants à l’époque. Ils se faisaient respecter, pouvaient intervenir sur le comportement de leurs élèves. Mais ici, l’enseignante, qui apprend à ses élèves l’œuvre de la créatrice de Frankenstein,  Mary Shelley, dépasse nettement ses prérogatives. Que la jeune Gloria passe ses nuits avec un jeune homme ne la regarde en rien.

Robert H Harris, au physique inquiétant, fait ici son avant dernière apparition dans l’anthologie. On l’a vu précédemment dans six épisodes dont « Toby » (02-06).

Malgré une intrigue fortement ennuyeuse et puritaine, le réalisateur Herschel Daugherty réussit à distiller une atmosphère inquiétante. Ainsi, dans la dernière scène avant la chute, les étudiantes semblent toutes déshumanisées, comme des femmes robots façon « The Stepford wives », alors que le fantastique est loin de faire partie de l’intrigue.

Notons aussi que la façon dont Miss Siddons, au début très méfiante avec son voisin Ben qui veut l’inviter boire un verre ou aller au cinéma, change d’attitude envers lui est peu crédible. L’opus mérite tout juste deux étoiles tant l’histoire est creuse et ennuyeuse.

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15. L'HOMME DU SUD
(MAN FROM THE SOUTH)

Histoire de Road Dahl. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un casino de Las Vegas, un milliardaire, Carlos, offre à un joueur une partie macabre : si l’homme est capable d’allumer dix fois son briquet, il gagnera une belle décapotable. Si la flamme ne s’allume pas, le joueur aura son auriculaire tranché. Sa main est attachée sur la table, et Carlos tient un hachoir à viande en mains.

Deux étoiles pour Steve Mc Queen, mais l’épisode m’a paru malsain au possible. On a dans cet opus les prémices de films comme « Saw ». Peter Lorre en Carlos joue ici les fous dangereux et hallucinés, sadiques également. Neile Adams incarne une belle jeune femme russe qui arrive de Moscou. Certes, il y a du suspense, mais cela donne plus des hauts le cœur qu’autre chose. Bien évidemment, nous avons également une chute fortement macabre, mais tout ce qui fait le charme de cette anthologie est réduit ici à un spectacle absolument répugnant.

Tout d’abord, l’épisode manque de crédibilité : Tyler Mc Vey par exemple est le « référent », le témoin, pour démontrer que ce pari malsain est légal et fait entre personnes consentantes. Peter Lorre dans un de ses derniers rôles est pathétique, fort loin de « M le maudit ». Il est ici une caricature de lui-même. Heureusement demeure un Steve Mc Queen royal et magistral. C’est vraiment la seule bonne chose de cet opus, avec la beauté de Neile Adams.

Si l’on regarde la filmographie de Steve Mc Queen, on constate qu’il a très peu tourné (41 rôles seulement), alors nul doute que ses fans ne feront pas l’impasse sur cet épisode. Mais l’on aurait pu trouver mieux que cette histoire dérangeante où l’on a du mal à retrouver le talent de Road Dahl, grand écrivain de suspense, et qui a signé l’adaptation (en fait le scénario original) d’un des meilleurs James Bond, « On ne vit que deux fois », dont le roman se prêtait mal à une transcription fidèle au cinéma.

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16. L’ICÔNE D’ÉLIJAH
(THE ICON OF ELIJAH)

Histoire d’Avram Davidson. Adaptation : Victor Wolfson et Norah Perez. Réalisation : Paul Almond.

Un antiquaire véreux, Carpius, a promis à un riche client étranger de lui procurer une icône datant d’avant le 11e siècle. Il veut devenir riche, notamment pour garder auprès de lui la belle Malvira, à laquelle il a fait tant de promesses non tenues. Un jour, un moine vient lui proposer de faire une copie, et il décide de voler l’original au monastère.

Oskar Homolka (1898-1978) rappelle beaucoup des comédiens comme Pedro Armendariz. Ce comédien autrichien, qui fut contraint de s’exiler à Hollywood pour fuir le nazisme, a été souvent mis à contribution pour jouer les espions soviétiques. On l’a vu dans « Agent secret » (1936) du maître Sir Alfred. Ici, il cabotine beaucoup en antiquaire voleur oriental.

L’histoire n’est pas très originale. Nous sommes à Chypre, et Carpius vend surtout des copies à bon marché (dans une scène, il tentera d’escroquer un major anglais mais devra réduire son  prix de vente à la vraie valeur, 5 livres). Un certain Chiringirian lui propose un marché : il doit procurer à un client une véritable icône, lui qui est habitué à vendre des contrefaçons pour touristes. Il se décide alors à voler l’icône et pour cela doit entreprendre un périple dans un monastère isolé du monde.

L’appât du gain transforme ce médiocre brocanteur en meurtrier. Mais le suspense ne prend jamais ses marques dans l’épisode. Oskar Homolka semble se comporter comme s’il n’y avait aucune direction d’acteurs, autant dire qu’il cabotine à outrance, voulant montrer au public américain de ce début de décennie 1960 l’escroc type pour touristes.

Il en résulte un épisode prévisible et quelque peu ennuyeux. Il n’y a que la chute qui est savoureuse, cruelle à souhait, mais c’est peu pour 25 minutes. D’autre part, on ne parvient jamais à croire que Carpius ait pu séduire la belle Malvira. Il suffit de voir la belle Danielle De Metz, comédienne française née en 1938, et Homolka.

Bref, un épisode destiné surtout à fournir 38 opus pour cette cinquième saison à la chaîne CBS qui passait là sa dernière commande. Les saisons 6 et 7 seront reprises par NBC.

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17. UNE CURE RADICALE
(THE CURE)

Histoire de Robert Bloch. Adaptation : Michael Pertwee. Réalisation : Herschel Daugherty.

Marie Jensen tente un soir de poignarder son mari. Nous sommes sous les tropiques et le mari, Jeff, pense que son épouse est atteinte de fièvres et n’a plus toute sa raison. Un domestique indien propose à Jeff de la tuer.

Avec Nehemiah Persoff dans le rôle du mari Jeff Jensen, et dans celui de son associé Mike l’acteur Peter Mark Richman, nous disposons d’une bonne distribution. C’est Cara Williams, vue dans « La chaîne » avec Tony Curtis et Sidney Poitier, qui interprète l’épouse. A noter que cette actrice eut droit à sa série, inédite en France, en 1964-65, « The Cara Williams show ».

Marie Jensen est supposée avoir eu un coup de folie. Elle a tenté de tuer son mari Jeff. Mais ligotée sur son lit pour la protéger de sa propre folie, elle ne tarde pas à séduire Mike, l’associé de Jeff. Il est toutefois convenu de l’emmener à la ville consulter un docteur. Jeff, fiévreux, alité, attendra dans la jungle.

La vraie vedette de cet opus, c’est Luiz (Leonard Strong), un indien serviteur fidèle, qui va appliquer des méthodes radicales pour sauver son maître, un peu trop peut être.

On retrouve avec la chute absolument horrifique la signature de Robert Bloch de « Psychose » qui œuvre toujours un peu dans le même registre. On a droit à du grand guignol et à une chute comme la série ne nous en avait pas offerte depuis longtemps.

Quelques longueurs et un script un peu trop prévisible empêchent cependant cet opus d’atteindre la perfection.

Michael Pertwee (1916-1991), qui a fait l’adaptation, fut le scénariste d’épisodes de « Destination danger », « Le Saint », « Amicalement vôtre » et « Le retour du Saint ».

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18. FLAGRANT DÉLIT D'OPINION
(BACKWARD, TURN BACKWARD)

Histoire de Dorothy Salisbury Davis. Adaptation : Charles Beaumont. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Agé de 59 ans, Phil Canby aurait une liaison avec la toute jeune Sue , 19 ans, dont il pourrait être le grand-père. Le père de Sue est assassiné, et la ville entière réclame la tête de Phil. Le shériff Willetts doit établir la vérité.

Un des épisodes les plus pénibles de toute l’anthologie, partant surtout d’un postulat incroyable, l’histoire d’amour entre une gamine et un homme de 59 ans (l’acteur  Tom Tully qui incarne Phil en avait en fait 52 en 1960).

Dès le début, il est plus question de morale puritaine que d’affaire criminelle ou de suspense. L’arme du crime a été lavée. Tous les soupçons se portent sur Phil.

Notons que loin d’avoir 19 ans, la comédienne Phyllis Love qui incarne Sue, bien que faisant « adolescente » avait… 35 ans en 1960.

L’intrigue est ennuyeuse à mourir, multipliant les interrogatoires. J’ai bien cru reconnaître le regretté Rod Taylor qui vient de nous quitter dans le rôle de Saul, mais il s’agit d’un comédien nommé Paul Maxwell, que l’on a vu dans « Indiana Jones et la dernière croisade ».

Le shérif est confronté à des témoins qui tous réfutent la réalité. La mère du bébé que Phil le présumé coupable était censé surveiller refuse de croire que si l’enfant criait, c’est qu’il n’était pas surveillé, et que pendant ce temps son père commettait le crime. Et ainsi de suite, jusqu’à la révélation finale qui rappelle les films de Sir Alfred sur la psychanalyse.

Difficile à supporter jusqu’au bout.

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19. PAS LE GENRE À S’ENFUIR
(NOT THE RUNNING TYPE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Jerry Sohl. Réalisation : Arthur Hiller.

Un homme, arrêté en 1947 pour avoir escroqué à sa compagnie 200 000 dollars, vient de sortir de prison. Le policier qui l’avait arrêté jadis, et jamais pu récupérer l’argent, tient à le rencontrer.

Episode sympathique, sans plus, où tout est dans la chute, mais qui est tristounet et fade à l’image de son antihéros, l’employé terne et sans histoires Milton Potter (Paul Hartman). Ernest Fisher, autrefois lieutenant, maintenant capitaine (Robert Bray) éprouve presque de la compassion pour ce « brave homme » si l’on peut dire.

L’épisode se déroule surtout en flash back, où Fisher raconte à son nouvel adjoint cette vieille affaire. L’employé modèle, après avoir détourné l’argent, s’est absenté trois jours puis rendu à la police.  Il n’a jamais voulu dire où se trouvait l’argent – on comprend pourquoi dans la chute – et pendant 25 minutes, il y a essentiellement des dialogues. Aucune action. Histoire totalement immorale, où le crime (enfin le vol) paie, on cherche quand même l’intérêt de cette intrigue.

C’est l’interprétation qui sauve l’entreprise du naufrage. Paul Hartman est presque attendrissant en employé modèle qui a dû passer toute une vie à s’ennuyer, et dont le seul rêve est de voyager. Il explique au policier qu’à la bibliothèque de la prison, il a fait le tour du monde en empruntant tous les récits de voyage et ouvrages géographiques.

Fisher fait davantage penser à un gros nounours qu’à un capitaine de police, à sa façon de considérer l’escroc. On se dit quand même que tout cela était limite de la part d’Henry Slesar pour en faire un épisode.

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20. MORT EN DIFFÉRÉ
(THE DAY OF THE BULLET)

Scénario : Stanley Ellin. Adaptation : Bill S Ballinger. Réalisation : Norman Llyod

Deux gamins, Iggy et Clete, assistent à la rossée que prend un truand par un caïd, Mr Rose, et l’un de ses hommes. Iggy, l’un des deux enfants, veut en parler à la police, à la différence de son copain qui estime que ce ne sont pas leurs affaires. Mais le père d’Iggy ne le soutient pas.

L’histoire se passe à 35 ans d’intervalle, bien que nous soyons surtout dans le passé, en 1925, à Brooklyn. Il n’y a pas de chute, puisqu’elle nous est révélée dans le prologue, lorsque Clete Vine adulte (John Craven) apprend par la presse que son ami d’enfance Iggy vient d’être abattu dans un règlement de comptes. Dans le passé, c’est Clete qui s’est montré lâche. Tout l’épisode consiste en une évocation du passé, de la façon dont Iggy n’a pas été soutenu par son père, et a été acheté finalement par « Mr Rose » qui lui a donné dix dollars.

Dans la mesure où l’on sait tout d’avance, on ne comprend pas l’intérêt de l’épisode. Besoin de faire une pause nostalgie à mi-saison avec cette histoire émouvante ? C’est vraiment un cas à part dans l’anthologie dont la chute est le principe de base. Le téléspectateur est donc forcément frustré, il cherche à s’intéresser à ce récit du passé de deux petits anges, mais si l’on passe en revue les thèmes de la série : suspense, humour noir, crime, vols, on n’entre ici dans aucun de ces registres.

Un épisode atypique, et qui ne parvient pas à capter notre attention.

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21. AUTO-STOP
(HITCH HIKE)

Histoire d’Ed Lacy. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Paul Henreid.

Anne, une jeune femme,  vient d’être mise en probation après avoir roulé dans une voiture volée avec son petit ami, et son oncle Charles Underhill pense que c’est un jugement de complaisance eu égard à sa réputation à lui. Il est furieux.

Underhill (John Mc Intire), vieil oncle aigri, est venu chercher sa nièce Anne (Suzanne Pleshette, trois ans avant « Les oiseaux ») qui est à sa charge. Un automobiliste en reculant heurte la voiture et provoque la mise en route ininterrompue du klaxon. Le jeune Len (Robert Morse) qui passait par là, aide Underhill et s’invite comme autostoppeur. L’autre voudrait refuser, mais Len insiste, estimant que l’homme lui doit bien cela. Peu à peu, le comportement peu orthodoxe du jeune, qui fait les yeux doux à la nièce, ennuie l’oncle. Puis, Len se fait menaçant, prétendant avoir un couteau. Underhill fait un excès de vitesse pour alerter la police.

C’est un épisode qui reste dans le ton de la comédie, prenant partie contre l’oncle rébarbatif, la chute d’ailleurs est drôle. On regrette que Suzanne Pleshette soit confinée à un personnage totalement inexistant, qui se contente de regarder l’affrontement entre Len et son oncle qu’elle n’aime guère.  Notre Charles Underhill, très préoccupé par sa réputation, va aller de mauvaises surprises en galères, sans que jamais le sang ne coule ni la violence ne soit exercée. Len finit par nous paraître sympathique. Cependant, nous ne sommes jamais captivés et il s’agit vraiment d’un épisode très moyen.

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22. L’AUTRE CÔTÉ
(ACROSS THE THRESHOLD)

Histoire de L.B. Gordon. Adaptation : Charlotte Armstrong. Réalisation : Arthur Hiller.

La riche Sofie Winter est inconsolable de la mort de son mari. Est-il impatient qu’elle le rejoigne ? C’est la question qu’elle veut poser à des médiums. Le fils, Hubert, persuade sa petite amie de se faire passer pour une médium qui lui dira de vite retrouver son époux en s’empoisonnant.

Nous sommes dans une savoureuse comédie d’humour noir, qui mériterait quatre étoiles sans l’erreur de casting que constitue Barbara Baxley, dans le rôle de la fausse médium, Irma. La mère est digne de figurer dans « Arsenic et vieilles dentelles » et semble bien plus maligne que l’on pourrait croire.

C’est George Grizzard, en fils indigne, qui tire le mieux son épingle du jeu. Il est cupide, mais la fin lui montrera (nous ne révélerons pas la chute) qu’il n’a pas bien compris la situation. Il cherche surtout à se disculper par rapport à la police et a menti à sa petite amie sur ses vrais intentions, puisqu’elle pense que tout ceci n’est qu’une vaste plaisanterie.

C’est le ton de la comédie qui prime, il n’y a donc pas vraiment de suspense, mais l’épisode est plaisant à regarder. Barbara Baxley joue le rôle d’une mauvaise actrice, mais elle n’a pas trop à se forcer. Il lui suffit d’être naturelle. Elle fait également  plus vieille que son âge en tant que petite amie d’Hubert.

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23. LE TESTAMENT DE CRAIG
(CRAIG'S WILL)

Histoire de Valerie Dyke. Adaptation : Arthur E. Lewin et Burt Styler. Réalisation : Gene Reynolds.

Thomas s’attendait à hériter de la fortune de son oncle, or celui-ci a légué la majeure partie, soit 800 000 dollars à Casper, son chien. Judy, la petite amie de Thomas, qui rêve d’être milliardaire, décide de tuer Casper.

Dès le départ, le ton est donné, c’est une comédie. On y retrouve Stella Stevens (« Docteur Jerry et Mister Love ») et Dick Van Dyke (« Mary Poppins », « The Dick Van Dyke show », la série « Diagnostic : meurtre ») alors très jeune.

L’opus ne peut être pris au sérieux une seconde et même la chute est à l’avenant.  Dick Van Dyke a l’air d’un parfait crétin durant tout le film, tandis que Stella Stevens a tendance à se prendre pour Marilyn. Le tueur qu’elle engage, et fait passer pour son cousin, Vincent (Paul Stewart) ne ferait pas de mal à une mouche, et l’épisode accumule les situations burlesques et improbables.

Le téléspectateur n’adhère jamais à l’histoire en raison de la situation totalement absurde. D’autre part, Thomas se fait vite à l’idée d’attendre toute la vie de Casper soit environ 16 ans pour hériter. Dès lors, on voit surtout Stella Stevens en Judy s’efforçant d’accélérer le cours du destin, mais elle est trop blonde écervelée pour être crédible en machiavélique criminelle. L’épisode nous arrache quelques sourires, comme le défunt qui n’était pas dupe sur le fait que sa bonne le volait un peu sur les dépenses domestiques, mais tout cela est bien trop bon enfant pour vraiment captiver l’intérêt. Et avouons-le ,  le jeu un peu insupportable de Dick Van Dyke qui force trop le trait de la niaiserie finit par lasser.

Un épisode vraiment très moyen.

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24. MADAME MYSTÈRE
(MME MYSTERY)

Histoire de Robert Bloch. Adaptation : William Fay. Réalisation : John Brahm.

Un écrivain, Steven, est sollicité par un jeune homme ambitieux travaillant pour les studios de cinéma Goliath, Jimmy Dolan, afin de rédiger une campagne publicitaire sur la vedette maison qui vient de se noyer mystérieusement.

Si j’ai trouvé l’épisode très mauvais, ennuyeux au possible, j’ai noté des ressemblances avec « Pyschose », comme l’une des trois est dans la chute, je ne peux en parler, la seconde est la signature de Robert Bloch, et enfin la troisième le fait que Joby Baker ressemble beaucoup à Anthony Perkins.

Harp Mc Guire en Steven est le vrai héros de l’épisode d’un bout à l’autre. Pour trois cent dollars, il accepte de travailler à une biographie de l’actrice Betsy Blake, qui s’est noyée dans un accident en mer et dont on vient de retrouver le corps. Les studios Goliath veulent en faire un phénomène semblable à Rudolf Valentino et James Dean, qui sont évoqués dans l’épisode, sauf que l’actrice n’en avait pas l’envergure.

Aussi, lorsqu’au bout de trois mois, Betsy Blake réapparaît bien vivante (Une inconnue a été identifiée à sa place, il faut dire qu’une noyée retrouvée au bout de plusieurs jours est difficilement reconnaissable), cela n’est pas sans poser problème à Jimmy Dolan, dont toute la campagne publicitaire s’écroule.

L’épisode est parsemé de personnages pittoresques, comme cette fille Lois (Meri Welles) qui apparaît trempée jusqu’aux os à l’écrivain Steven au début de l’épisode, ou Alfredo (Mike Ragan), le complice de l’écrivain. Cela ne suffit pas à faire passer les carences du scénario. La chute nous rapproche de « Psychose », mais cela ne permet pas de faire un bon épisode.

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25. LE PETIT HOMME
(THE LITTLE MAN WHO WAS THERE)

Scénario : Larry Ward, Gordon Russell. Réalisation : George Stevens Jr

Nous sommes au temps du Far West dans un saloon d’une petite ville paisible, Copper Pocket. Deux frères, Jamie et Ben Mc Mahon, sont les points d’attraction du saloon où ils rivalisent de force. Entre alors dans le bar un petit homme en noir, vêtu d’un chapeau haut de forme, aux airs de croquemort, qui se fait passer pour le diable.

En général, les épisodes de l’anthologie qui se déroulent dans le passé sont médiocres. Ce dernier, qui mélange western et fantastique, est un cran au dessus. Norman Lyod est assez convaincant dans son personnage de petit homme, pas si petit que cela d’ailleurs, semblant sortir tout droit de l’enfer. Il est entouré de trucs de magiciens, tel cet éclair de fumée qu’il peut provoquer en épouvantant le badaud. Mais surtout, il défie les frères Mc Mahon.

Si l’on se laisse « prendre » à cette histoire, le décor et l’endroit distillent un ennui certain par leurs séquences répétitives de démonstration de force. Pas de femmes dans ce bar, uniquement occupé par des mineurs, pas vraiment des freluquets. Aussi lorsque l’inconnu défie les frères et réussit par des moyens surnaturels à les terrasser, le téléspectateur est abasourdi, mais sceptique.

L’épisode souffre de trop de bavardages, notamment les échanges entre le barman et le petit homme qui s’éternisent, et la présentation de ce dernier qui n’en finit pas pour un épisode de 25 minutes. Il y a deux chutes, celle qui nous est montrée à l’image, astucieuse, et celle que nous révèle le maître en épilogue.

L’opus n’est jamais terrifiant, et l’interprétation (à part un Norman Llyod parfait) n’a rien d’extraordinaire. On passe un moment agréable, sans plus, mais on est en droit d’attendre de meilleures histoires dans cette série.

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26. MAMAN EST-CE QUE JE PEUX ME BAIGNER ?
(MOTHER, MAY I GO OUT TO SWIM ?)



Histoire de Q. Patrick. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Herschel Daugherty.

Un homme, John Crane,  attend avec angoisse son jugement pour meurtre. Il se rappelle les évènements qui l’ont conduit devant la cour.

Enfin un excellent épisode, avec un scénario solide, et une interprétation brillante. Dans un rôle de fils qui n’a pas coupé le cordon, William Shatner va en étonner plus d’un. Il fait ici une prouesse en fils passif totalement sous la coupe de sa mère abusive et possessive Claire (Jessie Royce Landis de « La mort aux trousses ») et qui se fait draguer par une jolie vendeuse de magasin de souvenirs, Lottie Rank (Gia Scala), émigrée allemande dont la famille a été décimée pendant la seconde guerre mondiale.

Dans cet épisode de 1960, la seule chose invraisemblable est le fait qu’une fille bien sous tous rapports fasse des avances à un homme. Elle veut se faire épouser, et visiblement l’amour entre les deux jeunes gens est réciproque, il est le fruit d’un coup de foudre en venant acheter des pellicules pour un appareil photo.

Mais John doit chaque soir appeler sa mère au téléphone à une heure précise, et cela ajouté à une série d’autres manies rebuterait n’importe quelle femme. Lottie s’en rend vite compte et lui met le couteau sous la gorge : ou il l’épouse et coupe les ponts avec sa mère (qui est veuve et vit seule), ou elle le quitte et il ne la reverra jamais. John va faire un étrange choix.

La chute est ici à évoquer au sens propre comme au figuré puisque la victime du meurtre va tomber dans une cascade vertigineuse, que Lottie, au début de l’épisode, a fait découvrir à John, lequel victime de la polio à 18 ans a dû fournir un effort pour gravir le chemin escarpé de montagne.

Jessie Royce Landis en belle-mère potentielle est détestable à souhait. Elle rend visite à la boutique de la jeune allemande sans dévoiler son  identité et en se montrant désagréable, ce qui va hautement altérer leurs futures relations.

William Shatner nous offre ici une interprétation à des lieues de son personnage de capitaine Kirk de « Star Trek ». Beau gosse, il parvient à vite apparaître pour un faible, avec des tendances incestueuses envers sa mère, ce qui nécessite, en 25 minutes de faire une vraie prouesse puisqu’il faut construire toute la psychologie du personnage.

Citons enfin Gia Scala, qui s’est suicidée en 1972 à 38 ans. Célèbre pour « Les canons de Navarone », elle était une belle comédienne que des problèmes de dépression et d’alcoolisme ont écarté d’une carrière au cinéma. Elle a tourné beaucoup pour la télévision, jouant dans « Voyage au fond des mers », « Tarzan », « Les règles du jeu », « Match contre la vie » et « Opération vol » où son apparition fut son dernier rôle.

Un des bons moments de cette cinquième saison.

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27. LA PENDULE À COUCOU
(THE CUCKOO CLOCK)



Histoire de Frank Mace. Adaptation : Robert Bloch. Réalisation : John Brahm.

Une veuve, Ida Blythe, revient dans la maison où il y a un an son mari est mort d’un infarctus. Un fou dangereux vient de s’évader d’un asile.

Oublions d’abord Patricia Hitchcock, qui si elle est citée dans la distribution, n’a qu’un rôle secondaire, celui de la fille d’Ida Blythe, et qui disparaît vite de l’épisode qui repose sur les épaules de la comédienne Beatrice Straight (1924-2001) que l’on a revue dans « Network » et « Poltergeist ». Elle est brillamment aidée par une autre actrice, Fay Spain (1933-1983, vue dans « Le Parrain 2 »), dans le rôle de Madeleine Hall que l’on prend pour la folle échappée de l’asile. Nous allons la supposer pendant longtemps être le véritable danger pour la vie d’Ida dans l’intrigue. Son comportement est assez singulier, et le jeu de Fay Spain se prête à merveille à ce quiproquo.

Episode à rebondissements et propre à glacer les sangs du téléspectateur, « La pendule à coucou » est un joyau de suspense dont le scénario accumule les fausses pistes. Donald Buka, qui interprète l’homme qui frappe à la porte vers la fin de l’épisode, et se révèle le véritable évadé de l’asile, est inquiétant à souhait, tandis que dans le rôle de Burt, Don Beddoe inspire confiance en propriétaire de magasin qui a bien connu le défunt mari d’Ida et lui rappelle sa disparition sans prendre de gants, d’une façon plutôt rustre qui met mal à l’aise l’héroïne. Loin de s’excuser de sa brutalité, il va évoquer la mort d’une crise cardiaque de son frère récemment à l’âge de 55 ans. Notons aussi l’histoire du canari massacré, raconté par Madeleine, et la présence du coucou mécanique de l’horloge  dans la maison, qui présentent des similitudes étranges.

La mort et la folie sont évoqués de façon constante d’un bout à l’autre de cet opus de 25 minutes, au climat oppressant,  qui joue avec nos nerfs. Tout est fait pour nous plonger dans le film d’épouvante, à commencer par l’héroïne coincée la nuit un soir d’orage dans une demeure isolée dans la campagne, le téléphone coupé. Les films d’horreur récents n’ont rien inventé.

On passe un excellent moment et l’on souhaiterait que tous les opus de l’anthologie du maître soient de cette qualité. Robert Bloch, qui adapte l'histoire, nous distille ici l'horreur de "Psychose". Bref, un vrai régal pour les amateurs.

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28. QUARANTE DÉTECTIVES PLUS TARD
(FORTY DETECTIVES LATER)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : Arthur Hiller.

En 1948, l’épouse de Munro Dean a été assassinée. On n’a pas trouvé le coupable. Le mari a payé une quarantaine de détectives pour trouver le meurtrier, et pense cette-fois le tenir en la personne d’Otto, un vendeur et collectionneur de disques de  jazz.

Un très bon polar mené par James Franciscus (« Hunter », « Le secret de la planète des singes »), qui est le 41e détective privé engagé par Munro Dean pour trouver l’assassin de sa femme. Si l’intrigue nous passionne, racontée au passée par le privé William Tyre (James Franciscus), on n’a pas le sentiment d’être dans l’anthologie de Sir Alfred, excepté pour l’aspect « chute » qui est bien présent ici.

Otto a l’air d’un gros nounours inoffensif, et l’interprétation de Jack Weston en fait tout sauf le portrait du meurtrier potentiel. Ivre de vengeance, Munro Dean (George Mitchell) dépense son argent depuis des années pour retrouver l’assassin de sa femme que la police a renoncé à chercher.

Il y a un côté tragédie grecque dans cette histoire policière. En effet, une fois sa mission achevée, Tyre qui a sympathisé avec Otto va vouloir en savoir davantage alors qu’il n’est plus rémunéré, c’est une sorte de quête personnelle.

Tyre joue en fait le rôle de facilitateur de vengeance personnelle, en permettant à Munro Dean après tant d’années de tuer impunément Otto. Sa motivation n’est pas l’argent, car son client a beau lui proposer une fortune (3000 dollars de 1960), il renâcle à la tâche.

Moins bon que l’opus précédent « la pendule à coucou » qui est plus dans l’esprit de la série, « Quarante détectives plus tard » se regarde sans ennui aucun, mais pourrait être une enquête de Joe Mannix ou de Mike Hammer.

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29. LE HÉROS
(THE HERO)



Histoire d’Henry De Vere Stacpoole. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : John Brahm.

Le riche Sir Richard Musgrave est à bord d’une croisière lorsqu’il croit voir un fantôme, un prospecteur d’or qu’il a lâchement abandonné à son sort jadis en Afrique, Jan Vander Klaue.

On retrouve dans cet épisode passablement ennuyeux le comédien Oskar Homolka, vu dans le 16e épisode de cette cinquième saison « L’icône d’Elijah ».

Richard Musgrave voit sa respectabilité et son empire menacé le jour où il découvre que Jan Vander Klaue, qu’il a jadis trahi en Afrique, est toujours vivant. Mais l’homme prétend s’appeler  Keyser et ne rien comprendre à l’histoire. Pourtant, Musgrave en fouillant la cabine de l’homme trouve une coupure de presse datant du 19 octobre 1939 et relatant la mort de Jan Vander Klaue battu à mort par les indigènes à Kimberly en Afrique du Sud. Alors pourquoi ce jeu du chat et de la souris ?

Malgré une bonne idée de départ, le scénario s’avère vite creux, et manque de cohérence et de suspense. Si Oskar Homolka était parfait dans l’autre opus, il est ici une erreur de casting. Il ne représente jamais une menace réelle. Musgrave est adroitement interprété par Eric Portman, le parfait gentleman britannique.

Les deux personnages de Musgrave et de Vander Klaue/Keyser ne se rejoignent jamais. On perçoit mal pourquoi le riche anglais a peur de cet homme qui ne lui demande rien. La chute est un peu surprenante mais l’on ne la révèlera pas. L’un des deux hommes va se voir consacrer « héros ». On rage en pensant à ce qu’un tel épisode aurait donné avec, dans le rôle de Vander Klaue un Robert Emhardt. Ici, si j’ose dire pour ceux qui ont vu l’épisode, le suspense tombe à l’eau faute d’une grosse erreur de distribution.

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30. INSOMNIE
(INSOMNIA)



Histoire et adaptation : Henry Slesar. Réalisation : John Brahm.

Charles Cavender souffre d’insomnie et consulte un psychiatre, ayant à cause de son trouble perdu plusieurs emplois. Il ne trouve pas la paix car son beau-frère le rend responsable de la mort de son épouse Linda dans un incendie.

Je n’aurais pas reconnu, treize ans avant « Duel », le comédien Dennis Weaver, vu aussi dans la série « Un shérif à New York ». Il est ici Cavender, le patient du docteur Tebaldi, psychiatre chargé de le guérir à la fois de ses insomnies et de la tragédie de ne pas s’être réveillé dans sa maison en flammes, incendie qui a provoqué la mort de sa femme. S’il ne se sent pas coupable – c’est ce qu’il dit au docteur – le beau frère, Fletcher (John Ragin),  lui a pourri la vie en rejetant sur lui la cause de la mort de sa sœur.

James Millhollin est parfait dans le rôle du psychiatre. Il tente de comprendre. Le beau-frère vit très loin et Cavender ne l’a jamais rencontré. Il a appris la mort de Linda par les journaux. Fletcher persécute son beau-frère en lui téléphonant la nuit. Ce qui cause à nouveau un renvoi de son nouvel emploi au malheureux insomniaque.

Cavender finit par retrouver Fletcher dans un fauteuil roulant. Il est privé de ses jambes depuis la seconde guerre mondiale. Mais l’homme est armé, et en se défendant, Cavender le tue.

Et c’est au moment où notre malheureux veuf pense avoir  mis à un terme au « cauchemar vivant » que représentait son beau-frère que Cavender va faire face à son destin.

L’épisode veut explorer trop de pistes en un temps limité, et les situations ne sont souvent qu’esquissées sans être approfondies. On a du mal à croire aussi à l’absence de remords de Cavender d’avoir survécu à Linda. La fin est prévisible, ce qui n’est pas bon signe puisque le téléspectateur n’est jamais censé deviner la chute.

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31. JE SAIS ME DÉFENDRE
(I CAN TAKE CARE OF MYSELF)



Histoire de Fred Mc Morrow. Adaptation : Thomas Grant. Réalisation : Alan Crosland Jr

Une chanteuse, Georgia, est menacée par un gangster, Little Dandy Dorf. Elle décide de se défendre toute seule.

Dès le début, j’ai senti que cet opus allait être raté. Dans un night club, Georgia (Linda Lawson), une chanteuse, se produit avec un pianiste, Bert Haber (Myron Mc Cormick) . Un gangster s’éprend d’elle, c’est un homme tout petit, et elle lui renvoie ses fleurs et lui jette un verre de whisky à la figure. Peu après, Bert est menacé et on lui conseille de prendre une « assurance ».

Il devient vite évident que Georgia, une fois rentrée chez elle, a été assassinée. Un policier, Jack Simpson (Edmon Ryan) arrive au night club et s’attable. De la 13e minute, moment où cela intervient, à la fin, nous n’avons droit qu’à un long échange verbal  entre le policier et le pianiste sur le drame. Bert ne fait que répéter ce que le téléspectateur sait déjà, rien de plus, et l’on se demande vraiment l’intérêt de cet épisode.

La chute est elle-même mauvaise, c’est dire. Georgia a prouvé qu’elle ne savait pas se défendre, et Fred Mc Morrow nous a pondu un script navrant, où il n’y avait franchement rien à sauver. C’est verbeux, ennuyeux à mourir, bref un épisode à zapper sans regrets.

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32. UN MORT DE TROP
(ONE GRAVE TOO MANY)



Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Eli Jerome. Réalisation : Arthur Hiller.

Joe Helmer est au chômage et son épouse Irene le lui reproche. Ils ont besoin d’argent. Il demande alors un prêt à sa banque. Mais il reçoit un refus. Un passant s’effondre victime d’une crise cardiaque et Joe le dépouille.

Voilà une des cruelles farces macabres auxquelles nous a habitué le maître dans son anthologie. Joe Helmer est pris de remords et d’un cas de conscience : dans le portefeuille du passant qu’il a volé, et qu’il pense mort, se trouve un mot disant qu’il est sujet à des états cataleptiques pouvant laisser croire à un état de décès apparent. L’homme dans cette carte supplie que l’on contacte son médecin et que surtout on ne l’enterre pas vivant.

Angoissant d’un bout à l’autre, « Un mort de trop » nous plonge dans un suspense palpitant, mâtiné de crise conjugale. Son épouse Irene est lasse de leur manque d’argent. Le personnage est interprété par la jolie brune Neile Adams,  partenaire de Steve Mc Queen dans l’épisode « L’homme du sud ». On comprend que Joe Helmer ne veuille pas perdre une si jolie femme, mais doit-il pour autant laisser le passant être enterré vivant ? Il appelle le médecin, ce dernier est en vacances, quant à la police, elle ne le croit pas et le prend pour un fou.

Joe est un « looser » tel que l’Amérique en génère des tas. Ni un sale type ni un criminel, mais un homme qui a désespérément besoin d’argent. On passe avec lui par tous les stades de l’angoisse et l’intrigue, comme souvent, aurait mérité un développement sur une durée plus longue.

Jeremy Slate compose l’antihéros parfait, et il sert à merveille un script sans failles. On passe un bon moment et ne voit pas le temps passer. C’est presque à regret que l’on voit apparaître Sir Alfred pour son sketch final, alors que l’on serait bien resté encore un peu dans cette intrigue passionnante.

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33. PARTY LINE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Eli Jerome. Réalisation : Hilton A. Green

Helen Parch a l’habitude d’occuper inutilement la ligne téléphonique pour des  bavardages sans fin avec ses amies. Cela cause la mort d’une femme, dont le mari, Heywood Miller ne parvient pas à joindre à temps le docteur. L’heure de la vengeance a sonné.

Formidable épisode sur l’égoïsme et son châtiment. L’épisode bénéficie de la présence de l’inquiétant Royal Dano vu dans la série « Cimarron ».

Un certain Atkins se présente chez Helen (Judy Canova)  et lui rappelle des souvenirs qu’elle a enfoui au fonds de sa mémoire. Il y a neuf ans, un voisin, Miller (Arch Johnson), n’a  pas pu joindre le médecin  car elle occupait la ligne en permanence. Cette histoire est évidemment très datée, puisque se déroulant entre 1951 et 1960, nous sommes à une époque où la communication par téléphone était « rustique ». Mais le sujet pourrait de nos jours être remplacé par un autre, le thème étant universel, quand une personne ne pense qu’à elle alors que la vie d’un autre est en danger, et n’en a cure.

Ici, la visite de M Atkins (Royal Dano) provoque un flash back. On se rend compte qu’Helen Parch n’est pas la seule en cause, car ses amies, bavardes, ont déjà mis à bout de nerfs d’autres usagers du téléphone, notamment une première fois Miller qui devait passer un coup de fil urgent pour affaires, et qu’elles ont empêché de mener à bien. Miller a fini par insulter Helen. Elle ne l’a pas, la fois suivante, laissé prévenir le médecin en occupant la ligne.

Malgré l’ambiance « Arsenic et vieilles dentelles », avec toutes ces demoiselles d’âge avancé, le ton n’est jamais à la comédie mais au drame.

Atkins explique à Helen que Miller a ensuite mal tourné, devenant un voleur. Il purgeait depuis six ans une peine de prison, et vient de s’évader.

A la douzième minute, on apprend que Royal Dano incarne le psychiatre pénitentiaire d’Atkins, et il vient la prévenir du danger. L’homme en fuite a juré de la tuer.

La suite est prévisible. On aurait aimé que Royal Dano fût le tueur, tant son physique s’y prête. Il n’est ici que le messager du malheur. Il n’est pas pris au sérieux, ce qui rappelle Donald Pleasence alias le docteur Loomis dans le premier opus de la saga « Halloween ».

Notons que l’une des vieilles dames bavardes est incarnée par Ellen Corby, Tante Sarah dans le pilote des « Envahisseurs ».

Un opus excellent où rien ne manque pour faire frissonner le téléspectateur.

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34. CELLULE 227
(CELL 227)



Histoire de Bryce Walton. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Paul Henreid.

Le professeur Herbert Morrison, accusé d’avoir tué une de ses jeunes étudiantes, est dans le couloir de la mort d’un pénitencier. Il semble accepter son sort et refuse la notion même d’espoir. Il en discute avec un prêtre et son avocat.

L’épisode commence par l’exécution du jeune De Baca (Sal Ponti). Nos nerfs sont mis à vif et l’on est donc très vite dans l’ambiance. Le professeur Morrison (Brian Keith), lui, attend sereinement la peine capitale. Cela ne manque pas d’agacer les autres détenus.

Puis c’est la confrontation entre l’aumônier et Morrison. Il lui oppose son athéisme, et le prêtre finit par renoncer à discuter et s’en va.

Hennessy (James Best), voisin de cellule de Morrison, l’entend parler dans son sommeil, mais ne comprend pas à quoi le rêveur fait allusion. Brian Keith nous propose à nouveau un rôle fort, comme l’homme prisonnier du respirateur artificiel dans l’épisode 05-05 « No pain ».

Lors d’une seconde confrontation, le prêtre se voit interroger par Morrison sur la différence morale entre le meurtre commis par un criminel et la peine capitale, où l’état agit.

L’avocat, Berg (Frank Maxwell) arrive un peu tard dans l’épisode, à la 13e minute. Le suspense est ici sacrifié à de longues considérations verbeuses et philosophiques sur la peine de mort, l’innocence et la culpabilité.

On s’attarde ensuite sur l’un des gardiens, Pops (James Westerfield) que Morrison trouve sadique. Pour le professeur, Pops aime la mort des autres. Aussi, bien que cela soit invraisemblable, et difficilement réalisable, Morrison a décidé de tuer Pops en l’étranglant.

La chute est particulièrement cruelle. Elle est vertigineuse, mais pour autant, on a dû attendre 23 minutes pas vraiment passionnantes pour le résultat. De ce fait, l’épisode mérite à peine deux étoiles.

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35. LA MÉTHODE SCHARTZ-METTERKLUME
(THE SCHARTZ-METTERKLUME METHOD)



Histoire de Saki. Adaptation : Marian Cockrell.  Réalisation : Richard Dunlap

Charlotte Hope, une préceptrice aux méthodes peu orthodoxes, vient s’occuper de l’éducation de quatre enfants. Les parents sont vite sceptiques devant sa pédagogie.

Comme d’habitude, les histoires situées dans le passé sont moins bonnes que les contemporaines de 1960, et celle-là ne fait pas exception. Charlotte Hope est une drôle de vieille dame, qui refuse de voir fouetter un cheval, et l’achète aussitôt. Elle a des idées bien arrêtées sur l’enseignement à domicile. Dès les premières images, on comprend qu’il ne faut pas attendre de cet opus un quelconque suspense. On est plus dans « La petite maison dans la prairie » que chez Hitchcock.

Cela aurait pu être un sujet pour Claude Chabrol, car Miss Hope attaque ici fortement la bourgeoisie et remet en question tout le système. Elle ne tarde pas à scandaliser les parents par ses remarques certes justifiées, mais qui ne lui laissent pas espérer un long avenir comme enseignante à domicile dans la maison. Elle est vite populaire auprès de la domestique, ainsi que des enfants.

Parfois, l’épisode évoque un peu « Le cercle des poètes disparus » par sa démarche. Mais l’on se demande vraiment ce que cet opus vient faire dans l’anthologie. Trop atypique. Même si Hermione Gingold fait un beau numéro de comédienne.

Dans un petit rôle, Rose, une bonne, Patricia Hitchcock fait une apparition.

On se doute du sort qui va être réservée à Miss Hope. Celle-ci continue à s’occuper du cheval qu’elle a acheté au début de l’histoire, alors qu’elle est renvoyée.

Tout nous est expliqué dans la chute, mais le problème c’est que l’épisode devient drôle au bout de la 22e minute. C’est un peu tard, et encore une fois, par rapport à la série, nous sommes hors sujet.

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36. QUE JUSTICE SOIT FAITE
(LETTER OF CREDIT)



Scénario : Helen Nielsen. Réalisation : Paul Henreid

Henry Taylor arrive de Chicago dans la petite bourgade de Kirkland avec une lettre de crédit. Il vient pour élucider une affaire à laquelle fut mêlé un employé de banque, qui vient de mourir en s’évadant de prison.

Très bonne histoire, mais bavarde, sans aucune action, ce qui fait un bon livre ne fait pas forcément un bon film.

Ce scénario nous donne du théâtre filmé. En 1957, un employé de banque, qui avait fait quelques bêtises dans sa jeunesse, a été injustement accusé de vol. Trois ans plus tard, il a été tué en voulant s’évader. Son innocence ne fait aucun doute dès les premières images, et l’on comprend qu’Henry Taylor (Robert Bray) est venu établir cette innocence post mortem.

La culpabilité dans le vol du directeur de la banque, Spengler (Bob Sweeney) ne fait aucun doute également. Mais on note quelques invraisemblances dans cet épisode qui fonctionne par flash back au fur et à mesure que Taylor parle.

Pourquoi Spengler se laisse-t-il percer à jour par un inconnu, alors qu’il lui suffirait de le chasser ? Comment Taylor, dont l’identité est révélée dans la chute, a-t-il pu obtenir cette fausse lettre de crédit et pourquoi a-t-il échafaudé toute cette mise en scène ?

Si l’interprétation est impeccable (Bob Sweeney en petit homme chauve, lâche, qui a mis le vol sur le compte d’un pauvre bougre honnête en raison de son passé, Robert Bray en justicier qui dévoile au téléspectateur à son arrivée en ville qu’il porte une arme), le scénario est rempli d’incohérences.

Cela aurait pu être une bonne histoire pour l’anthologie, mais il aurait fallu ménager davantage de rebondissement et distiller un peu d’action. Bien que l’on ne s’ennuie pas, le suspense ne s’insinue jamais dans cet opus.

 

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37. ÉCHAPPÉ DANS LE DÉSERT
(ESCAPE TO SONOITA)

hitchcockpr 5 37

Histoire de James A. Howard. Adaptation : Bill S. Ballinger. Réalisation : Stuart Rosenberg.

Deux camionneurs, Bill et Andy Davis, se sont arrêtés avec leur semi-remorque dans le désert, lorsqu’une voiture arrive, avec à son bord deux ravisseurs et leur otage, une jeune femme.

On retrouve dans cet épisode Burt Reynolds, qui a commencé sa carrière à la TV (« Hawk, l’oiseau de nuit ») et Murray Hamilton (un familier des séries des années 60-70 comme « Les envahisseurs », « Madigan », « Cannon », « Kojak », « Les rues de San Francisco »).

Il faut avouer que cette histoire, si elle ne manque pas d’action, s’étire en longueur, et sent le tournage en studio et les décors en carton-pâte. Burt Reynolds est convaincant en chevalier sans peur et sans reproche, risquant sa vie face à deux gangsters, dont l’un quelque peu demeuré, pour protéger l’otage.

L’importance de l’eau comme élément de survie est constante dans cet épisode, plus que l’argent qui semble dérisoire. Notons quelques invraisemblances : la jeune otage, Stephanie (Venetia Stevenson) bâillonnée avec du sparadrap dans le coffre de la voiture des ravisseurs. Pourquoi donc ?  Marsh (Murray Hamilton) qui prend un malin plaisir à ne pas permettre à l’otage de boire. Pourquoi les ravisseurs laissent-ils leur voiture dont seul un pneu est crevé aux deux camionneurs et à l’otage, alors qu’en un tournemain, Bill Davis (Burt Reynolds) change le pneu et que les trois personnes disposent d’un moyen de locomotion pour alerter les autorités ? Les deux autres s’embarrassent du camion, mais ils savent le conduire.

L’accumulation d’invraisemblances nuit à la crédibilité et l’on finit par s’ennuyer, sachant de dénouement prévisible.

Le suspense ne s’installe jamais vraiment, l’intrigue est linéaire, et au final, malgré de bons interprètes, l’épisode s’avère très moyen.

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38. PETIT POISSON DEVIENDRA GRAND
(HOOKED)

hitchcockpr 5 38

Histoire : Robert Turner. Adaptation : Thomas Grant. Réalisation : Norman Llyod.

Dans un club de pêche, Ray Marchand, marié à une femme plus âgée et riche, fait la connaissance de la fille du propriétaire des lieux, Nyla. Elle est jeune, belle, sensible à ses belles paroles, et il décide de tuer sa femme.

On retrouve ici en nymphette Anne Francis, belle à damner un saint en Nyla, jeune étudiante, et Ray Marchand (Robert Horton) ne résiste pas longtemps à son charme. Malgré des airs de Sainte Nitouche, Nyla se laisse vite séduire. L’histoire est assez osée pour l’époque. Décor oblige, Anne Francis est en maillot de bains deux pièces. Plutôt qu’une vie d’étudiante, Ray Marchand fait miroiter à Nyla une carrière de modèle ou d’actrice.

Dès la onzième minute, nous avons droit à une scène d’amour, allongés sur la plage, entre l’homme marié et la fille du propriétaire du club.

Gladys Marchand (Vivienne Segal), s’étonne de l’intérêt soudain de son époux pour la pêche, qui est son passe-temps à elle. Mais elle ne se doute de rien et accepte une sortie en mer alors que le père de Nyla, M Foster (John Holland) a déjà des clients et un bateau occupé. Bien évidemment, Ray compte sur cela pour noyer sa femme qui ne sait pas nager.

Norman Llyod filme comme Hitchcock, avec de gros plans sur les visages, et le suspense est à son comble. Mais la chute va se révéler saisissante, renversant complètement la situation et le téléspectateur, qui croit tenir les cartes en mains, n’est pas au bout de ses surprises.

C’est sur cet excellent opus que ce clôt la saison 5. A noter que l’épisode fut diffusé à la rentrée 1960, une semaine avant le début de la saison 6.

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Images capturées par Patrick Sansano.