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LE POINT DE MIRE

( BULLSEYE)

Tournage : Septembre 1962

Diffusion : ITV, 20 Octobre 1962– 13ième Rue, 15 Janvier 1998

Scénario : Eric Paice

Réalisation : Peter Hammond Ronald Radd (Henry Cade), Charles Carson (Brigadier Williamson), Judy Parfitt (Miss Ellis), Felix Deebank (Young), Mitzi Rogers (Jean), Robin Wentworth (Foreman), Fred Harris (Inspector), Bernard Kay (Karl), Laurie Leigh (Dorothy), John Frawley (Reynolds), Graeme Bruce (Shareholder).

Résumé

Des armes anglaises sont exportées en contrebande vers l’Afrique, déstabilisant la région. Dans ce contexte, l’attention de Steed se porte sur le dirigeant d’une importante société d’armement, assassiné au moment où Cade, financier brutal, tente de s’emparer de l’entreprise. Il fait nommer Cathy Gale au conseil d’administration pour tenter d’y voir plus clair…


CRITIQUES


Estuaire44 26 août 2007

Le point de mire se caractérise avant tout par une excellente intrigue, bien dans la manière d’Eric Paice, sachant mêler un suspens rondement mené et une belle description d’un milieu. Cette écriture relevée tranche efficacement avec les déroulements bien trop linéaires et sans surprises, caractérisant nombres d’épisodes de cette saison. Nous nous retrouvons ici face à une énigme dans la grande tradition d’Agatha Christie, résolue par une habile association de malfaiteurs, mais également confrontés à une atmosphère délétère digne d’un roman noir de la plus belle eau. En effet la description de la Anderson's small arms Ltd montre, sous une apparence d’une ancienne et respectable entreprise, un groupe de personnages singulièrement peu reluisants. Cette vue en coupe prend cette fois des allures de Simenon : rivalités sourdes, cupidité, couples sordides…

Cette superbe écriture va de pair avec la mise en scène inventive de Peter Hammond, auteur de nombreux effets de caméra réussis, évitant aussi souvent que possible les sempiternels plans fixes. Bien que la qualité de l’image et du son oit, pour une fois, très correcte, la faiblesse des moyens, apparaît particulièrement criante dans les divers décors de l’épisode, hormis le somptueux (et très nouveau riche) appartement de Cade. Pour y pallier, la mise en scène abuse de la technique éprouvée des gros plans sur les personnages, afin de cacher la misère. Les rencontres de Steed et Cathy à la Bourse deviennent ainsi presque étouffantes avec de plus, des inserts s’avérant assez maladroits. On a l’impression que l’épisode, déjà bien rempli cherche à trop en faire sans en avoir vraiment les ressources matérielles.

La qualité d’écriture du scénario se retrouve chez les personnages secondaires. Les membres de la société, excellemment interprétés, montrent tous une personnalité peu reluisante, la prime en revenant au bouillant Brigadier, dont l’opposition se révèle due à des questions bien plus terre à terre que morales. Malgré ses rodomontades, il finit d’ailleurs par se faire acheter, comme les autres, par Cade. Il en va de même pour toute la hiérarchie, de la simple secrétaire jusqu'aux directeurs. Judy Parfitt incarne avec brio une des trop rares opposantes féminines de cette saison. Avec efficacité et parfaite maîtrise de soi, Miss Ellis constitue un pendant de choix à Cathy Gale, leur duel final concluant l'action avec à-propos.

Mais c'est surtout le flamboyant Cade qui focalise l'attention. Ouvertement cynique mais aussi intelligent et charismatique (superbe composition de Ronald Radd), il semble finalement plus honnête que les tristes sires précédents. Utilisant des outils financiers modernes (OPE, démembrements brutaux d 'entreprises, téléscripteurs...) il tranche avec l'aspect passéiste de la firme d'armement et illustre l'émergence du capitalisme contemporain, essentiellement financier et détaché des réalités industrielles. Les outrances du personnage (il va jusqu'à vouloir fusionner des fabricants de stylos et de biscuits!) annoncent ainsi la verve satirique que développera brillamment la saison 4 de la série.

Pour démêler l'écheveau complexe de cette histoire, il,fallait bien tout le courage, la finesse d'esprit et l'esprit d'initiative d'une Catherine Gale. Au fil des épisodes on s'amuse à voir s'accroître la liste déjà impressionnante de ses compétences, rappelant, de ce point de vue, Emma Peel... On s'aperçoit ici qu'elle maîtrise parfaitement la lecture des bilans comptables ainsi que les rouages de la haute finance, tandis qu'elle se révèle tireuse d'élite... Elle semble de plus éprouver beaucoup d'entrain à mener à bien cette affaire, sans doute notre ethnologue prend-t-elle plaisir à découvrir une population aussi pittoresque! Incarnée avec fougue et tempérament par Honor Blackman, Cathy s'avère une enquêteuse avisée, sachant user aussi bien de ses petites cellules grises que de ses aptitudes au combat, toujours plus affirmées. Ses duels avec Cade ponctuent l'épisode de morceaux de bravoure réjouissants, d'autant qu'elle se découvre plus d'une affinité avec cette homme très direct et caustique...

Toutefois l'on ne peut que regretter qu'elle accomplisse seule cette performance. En effet Steed apparaît singulièrement en retrait, revêtant plus le rôle épisodique d'un One-Ten que d'un véritable partenaire. Ce parti-pris semble étonnant, sas doute se justifie-t-il par les nécessités de l'écriture d'une intrigue déjà très riche, mais cette quasi absence demeure un prix bien lourd à payer... Cette carence se voit du moins partiellement compensée par la qualité et la vivacité des interventions de notre héros, où ne manquent ni son cynisme amusant, ni les crispations toujours piquantes avec Cathy. Steed pénètre enfin directement dans l'histoire lors de la scène finale, où sa petite compétition avec Cade donne lieu à l’un des meilleurs tags de la saison. Décidément, Cathy ne considère pas son partenaire comme unique point de mire!

EN BREF : Un excellent épisode, bénéficiant d'un solide scénario et d'une belle galerie de portraits. Le duo Cade-Cathy Gale s'avère très amusant, de quoi s'inquiéter pour la cote de Steed, très en retrait !


VIDÉO


Un duel au féminin!


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Tournage


Continuité

o Alors que Jean est censée écouter des messages, on s’aperçoit que le magnétophone ne fonctionne pas (1’07’’) :

o L’ombre du micro défile sur la nuque du policier interrogeant Jean (32’37’’) .

 


Détails

o On peut s’étonner de voir Steed choisir un lieu aussi passant que la Bourse pour montrer un pistolet à Cathy !

o Il est également surprenant qu’une entreprise d’armement, fournissant le Ministère de la Défense puisse être ainsi vendue du jour au lendemain à des étrangers. Même à la City, le secteur stratégique échappe aux règles du libre marché !

o La brochure tenue par un inconnu puis ultérieurement par Cathy indique : The Stock Exchange : a free market through which your money is put to work and employment is created « La Bourse, un libre marché grâce auquel votre argent travaille et des emplois sont créés ». Tout un programme!

o Même chargés à blanc, à une aussi courte distance, l’impact des tirs de Miss Ellis devrait, pour le moins, couper le souffle à Cathy Gale.

o I think it’s better to not get mixed up with types like him. You never know where you'll end up! déclare Steed à Cathy, avec le sourire, à propos de Cade. On appelle cela un culot d’acier...

o Tanger : Il n’est guère étonnant de voir Steed désigner Tanger comme point névralgique du trafic d’armes. En effet, suite à la crise diplomatique aboutissant à la Conférence d’Algésiras, un statut international est conféré à ce port ouvert sur le monde, entre Atlantique, Méditerranée et Afrique, de 1923 à 1956. Cette situation favorisera un grand développement du négoce, mais aussi de la contrebande comme de l’espionnage. Le rattachement au Royaume du Maroc s’accompagnera d’ailleurs de la création d’une zone franche en 1960, avec une grande liberté de commerce maintenue. La culture populaire s’emparera de cet état de fait en l’amplifiant, conférant à Tanger une aura interlope et un statut de carrefour mondial des agents secrets de la Guerre Froide. Ce thème apparaîtra dans un nombre considérable de romans comme de films. C’est ainsi que Red Grant, le tueur blond du film Bons baisers de Russie (1961) y sera recruté par le SPECTRE. De même Brad Whitaker y établira son quartier général dans Tuer n’est pas jouer (1987).

Acteurs - Actrices

o Ronald Radd (1929-1976) a participé à deux autres épisodes de la série : Le retour du traître (saison 3) et Mission très improbable (saison 5). Egalement vu dans Destination danger (2 épisodes), Le Prisonnier (c'est la tour dans Echec et mat), Le Saint (3 épisodes), Les champions, Département S, Jason King, L'aventurier, Thriller, Poigne de fer et séduction. Il est décédé d'une hémorragie cérébrale après une représentation.

o Charles Garson (1885-1977) s’est fait connaître sur scène durant les années comme comédien shakespearien, avant de réaliser une belle carrière au cinéma (The Dreyfus Case, 1931). Il a participé activement durant la guerre aux productions théâtrales ENSA, destinées à soutenir le moral des troupes. A la fin du conflit, il se spécialise dans les rôles de vieil homme distingué, apparaissant dans de nombreuses séries prestigieuses (Z-Cars, Gideon’s way, Dixon of Dock Green…).

o Judy Parfitt (1935) est apparue dans trois autres épisodes : L’éléphant blanc (saison 3), Remontons le temps (saison 5) et George et Fred (saison 6). Comédienne shakespearienne réputée, issue de la Royal Academy of Dramatic Arts, elle connaît de grands succès sur scène durant les années 50. Elle reste une des actrices ayant le plus fréquemment apparue dans les séries des années 60 et 70 (Adam Adamant lives !, Z-Cars, Poigne de fer et séduction, Le Saint…) Elle a également participé à de prestigieuses adaptations littéraires (Hamlet, 1969). Encore active aujourd’hui, elle a tenu un des rôles principaux du magnifique film La jeune fille et la perle (2003).

o Felix Deebank demeure essentiellement connu comme comédien de théâtre, ayant connu de grands succès à Broadway durant les années 50. Sa participation aux Avengers sera son dernier rôle à l’écran.

A noter que…

o Titre original : Dead on target.

o L’épisode Les oeufs d’or de cette même saison verra également Steed demeurer en retrait.

o Pour la première fois Cathy Gale porte le chapeau noir, vaguement espagnol, qu’elle arborera avec superbe à de multiples reprises au cours de la saison.

o Steed semble avoir des relations dans le monde de la finance et être coutumier de la Bourse, cela se vérifiera dans Meurtres à épisodes (saison 5), où il apparaît très proche de millionnaires.

o Eric Paice (1926-1989) sera l’auteur de sept épisodes : Dead of winter (saison 1), Mort en vol, Le décapode, Le point de mire, Le festin de pierres (saison 2), Le cinq novembre, Les petits miracles et Esprit de corps (saison 3). Il fera parfois preuve d’une belle astuce, notamment dans Mort en vol, Le point de mire et Les Petits Miracles.

o Peter Hammond (1923-2011) est une figure importante de la série car il a réalisé pas moins de 19 épisodes, durant les saisons 1 (neuf épisodes, dont Passage à tabac), 2 (Warlock, Le point de mire, Mort d’un grand Danois, Les œufs d’or, La loi du silence) et 3 (Plaidoirie pour un meurtre, La toison d’or, Ne vous retournez pas, Le piège à rats idéal, Seconde vue). Il a participé à de nombreuses autres séries (Rumpole of The Bailey, Shades of greene…). Plus récemment il a tourné neuf épisodes du Sherlock Holmes de Jeremy Brett.

Fiche du Point de Mire des sites étrangers :

En anglais

http://theavengers.tv/forever/gale1-4.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/season2/204.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS1-04-Bullseye.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale05.htm

En espagnol

http://losvengadores.theavengers.tv/cathy_bullseye.htm