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L’ARGILE IMMORTELLE

(IMMORTAL CLAY)

Tournage : janvier 1963

Diffusion : ITV, 12 janvier 1963 – 13ème Rue, 13 décembre 1997

Scénario : James Mitchell

Réalisation : Richmond Harding Paul Eddington (Richard Marling), James Bree (Miller), Bert Palmer (Josh Machen), Gary Watson (Allen Marling), Steve Plytas (De Groot), Rowena Gregory (Anne), Didi Sullivan (Mara Little), Douglas Muir (One-Ten), Frank Olegario (Blomberg).

Résumé

Un fabriquant de porcelaine, Allen Marling, aurait réussi à en élaborer une totalement incassable, ce qui présenterait d’immenses retombées militaires. Lors d’une visite de Cathy Gale, qui écrit un ouvrage sur la porcelaine d’art, le cadavre d’un professionnel de l’espionnage industriel est découvert. Craignant que des agents ennemis ne cherchent à s’emparer de cette découverte, Steed s’infiltre dans la société, sous la couverture d’un expert en céramiques. Il découvre un milieu trouble, où s’entrechoquent des passions amoureuses pouvant, elles aussi, conduire au meurtre…


CRITIQUES


Estuaire44 4 novembre 2007

L'argile immortelle a le mérite de nous présenter la belle tradition anglaise des porcelaines et d'annoncer ce qui demeurera une constante de la série : la méfiance devant le progrès technologique condamnant, ici, une petite entreprise au prestigieux passé. Pour le reste...

Après une scène d'introduction très faible, on observe la mise en place d'une intrigue particulièrement squelettique, même si elle a l’habileté de conserver le suspense à propos de l’existence de la céramique incassable. Constituée de poncifs brossés à grands traits du roman d'espionnage, cette très faible histoire manque de continuité et se voit de plus parasitée par deux vaines intrigues secondaires. Celles-ci tournent autour de deux couples aussi caricaturaux qu'inintéressants, dont les peines de cœurs tendent à devenir le centre de gravité de l'intrigue.

Les bavardages inutiles à ce sujet viennent délayer excessivement le récit, conduisant les Avengers dans une direction inédite, la sitcom. C'est alors que, lors d'une discussion particulièrement plate entre Cathy et Anne, le pub où elles se situent prend comme des allures de cafétéria... La description du milieu semble également nettement moins fine et approfondie qu'elle n'a pu l'être dans Le point de mire. En demeurant à la surface des choses et aux errements amoureux des personnages, les nombreuses scènes d'atelier distillent principalement de l'ennui.

La réalisation de Harding apparaît également en deçà de ce qu'il a pu montrer par ailleurs. S'il évite de demeurer totalement statique, il peine à trouver des angles de vue et des mouvements mettant en valeur le peu d'action de l'épisode. La bagarre finale résulte particulièrement confuse, s'assimilant plus à une agitation désordonnée qu'à autre chose. La musique de Dankworth reste discrète durant l'épisode, tandis que les décors s'en tiennent à une honnête performance : si l'atelier reste schématique, on découvre avec plaisir de beaux spécimens de porcelaine anglaise.

Les personnages secondaires ne se précipitent guère au secours de l'épisode. Ils se résument à une galerie de portraits caricaturaux, de la blonde écervelée au traître jaloux, en passant par le vieux compère toujours alerte.... L'interprétation, tout en demeurant très correcte, ne suscite pas non plus l'enthousiasme. La seule exception demeure le duo De Groot et Blomberg. À défaut de rôles marquants, les interprètes réalisent une jolie prestation, apportant une bouffée d'humour et de fantaisie à un épisode en manquant singulièrement par ailleurs. Leur duo dissymétrique fonctionne à merveille !

Dans la grisaille de l'épisode on goûte particulièrement les toujours savoureuses prestations de One-Ten. L'excellent Douglas Muir lui apporte la même présence que de coutume et sa complicité bougonne avec Steed demeure un authentique régal. Leurs lieux de rencontre quelque peu étranges (dont des bains turcs !) font véritablement de lui l'authentique précurseur de Mère-Grand, lors de cette ultime apparition.

À l'unisson des seconds rôles, le duo vedette ne scintille guère au cours de cet épisode.

Cathy Gale apparaît singulièrement en retrait durant toute l'histoire, n'agissant qu'en indicatrice de Steed ou pour lui fournir une diversion lors du déjeuner avec De Groot. Elle nous a habitués à autrement plus d'initiative et d'influence sur le cours du récit. Son impact traditionnel de combattante se voit lui aussi minoré par le traitement particulièrement confus de la bataille finale.

Steed lui-même, qui alterne inégalement chapeau melon et casquette douteuse, n'a guère l'occasion de se mettre en valeur, tant il intervient finalement assez peu. Il est symptomatique de constater que l'affaire demeure finalement autant résolue par la providentielle intervention du veilleur de nuit que par tous les efforts conjugués des Avengers. Steed déploie un humour et une inventivité moindre que de coutume, se rapprochant de l'agent secret classique de la première saison.

Les scènes entre les deux protagonistes sont néanmoins toujours plaisantes, mais un échange entre eux se détache néanmoins :

Steed : “It's bad to feel sorry for people in our business, it slows you up. Cathy : — I’m not in your business !”

Leur relation, bien moins fusionnelle que le deviendra l'association avec Mrs Peel, aura rarement été aussi clairement définie, et l'aspect sombre du Steed de l'époque aussi crûment montré !

EN BREF :Le spectateur paie les pots cassés du manque d’intérêt de cet épisode faisant un vrai four !


VIDÉO


Steed et One-Ten ont rendez-vous aux bains turcs !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Tournage


Continuité

o Lors de sa discussion avec Patrick Macnee au sauna, Douglas Muir commet une erreur, parlant de plastique au lieu de céramique (3’45’’) : « But other people have been trying to make an unbreakable plastic ». Les deux acteurs, très professionnels, ne laissent transparaître aucune surprise.

o L’ombre du micro passe sur le visage de Miller, lors de son entrevue avec De Groot (31’24’’).

o La caméra percute quelque chose, provoquant un violent à-coup (35’58’’) :

 


Détails

o Quand Richard Marling montre un aigle en céramique à sa femme (7’18’’), on remarque un carton de vodka Smirnoff en arrière plan.

o Il apparaît tout de même singulier de décréter qu’une céramique est incassable sous prétexte qu’une tasse ne se brise pas : les exigences industrielles ou militaires sont bien supérieures !

o Porcelaines allemandes et anglaises : À l’origine la porcelaine est importée de Chine, puis les Européens en cherchent le secret de fabrication à partir du XVIIe siècle. Ce sont les Allemands qui y parviennent les premiers, en 1708. La porcelaine est en réalité une céramique fabriquée avec un mélange à base d’une argile blanche spécifique, le kaolin. Cette découverte est à l’origine d’une forte industrie allemande, autour de Dresde et Meissen (porcelaine de Saxe), à laquelle fait allusion Cathy Gale. L’ancienneté de la porcelaine anglaise évoquée par la même Cathy (qui, bien évidemment, maîtrise parfaitement le sujet), est bien réelle car des terres riches en kaolin y ont été très vites découvertes et mises en valeur, dans les manufactures de Chelsea puis Strafford (1745). Cette tradition d’excellence de la porcelaine anglaise se maintient encore de nos jours, les Britanniques nommant toutefois toujours leur porcelaine la plus fine China ou Bone China.

o Céramiques : Une fois de plus la série s’est montrée visionnaire à propos des céramiques composites modernes. Les capacités thermo résistantes de ces céramiques, constituées d’éléments réfractaires (comme la magnétite), sont utilisées pour les avions et les navettes spéciales, la réalisation de tuiles protectrices permettant de parer aux effets abrasifs du frottement dans l’atmosphère. Les éléments de moteurs en céramique deviennent fréquents, car autorisant de fortes économies d’énergie. L’indestructibilité n’est pas en reste : des plaques de céramique en carbure de silicium, insérées dans des gilets en kevlar, servent d’armures ultra légères (2,2 kg) aux fantassins modernes, notamment en Irak.

Acteurs – Actrices

o Paul Eddington (1927-1995) connut le succès dans les années 70 avec la série The Good Life mais la série Yes, Prime Minister le propulsa star du petit écran. Le rôle d'un premier ministre incompétent enthousiasma Margaret Thatcher qui le nomma Commander of the Order of the British Empire. Souffrant d'un cancer, il continua néanmoins à faire du théâtre et à tourner pour la télévision, cachant sa maladie jusqu'au jour où la presse suggéra qu'il avait le sida.

o James Bree, également apparu dans Meurtre au programme (saison 6), est une figure familière de la télévision et des conventions de fans britanniques. Il a en effet participé à un grand nombre de séries (Z Cars, Le Prisonnier, Amicalement Vôtre, Dr Who, Les Professionnels etc.). Au cinéma, il joue notamment dans Au service secret de sa majesté (1969), en tant que Grumbold, l’avoué aidant Blofeld à s’établir une noble ascendance.

o Douglas Muir (1904-1966) s’est fait connaître dans The Appleyards, considéré comme le premier soap opera anglais. Après une première collaboration avec Patrick Macnee dans Scrooge (1951), il incarne One-Ten, le supérieur de Steed, dans pas moins de 10 épisodes des Avengers : Diamonds cut diamond, The springers, Death on the slipway, The tunnel of fear, The deadly Air (saison 1), Missive de mort, Warlock, Monsieur Nounours, Tueurs à gage et L’argile immortelle (saison 2). Il participera par la suite à quelques autres séries (Z Cars, Le Saint).

o Gary Watson (1930) a participé à trois autres épisodes : Death on The slipway (saison 1), Le quadrille des homards (saison 3) et Étrange hôtel (saison 6). Comédien estimé au théâtre, il connaît une grande popularité durant les années 60 avec l’édition de disques reprenant l’ensemble des pièces de Shakespeare, où il interprète les plus grands rôles du répertoire. Ses dons de lecteur lui valurent d’autres succès du même ordre, mais il n’obtint jamais que des rôles secondaires à la télévision (Le Saint, Dr Who, War and peace…).

o Steve Plytas (1913-1994) participe à l’épisode Le club de l’Enfer (saison 4). Né à Istanbul, sa présence et son accent exotique lui valent de nombreux rôles dans le registre de l’espionnage (Destination Danger, Le Saint, Les Professionnels…). Au cinéma il interpréta, dans Au service secret de sa Majesté (1969), le milliardaire grec assis à la table de Baccara où Diana Rigg/Tracy réalise une mémorable apparition.

o Rowena Gregory (1929) participe également à l’épisode L’éléphant blanc (saison 3). Sa carrière ne s’est pas prolongée au-delà de quelques apparitions durant les années 60 (No hiding place, Dixon of Dock Green…).

À noter que…

o L’épisode marque la dernière apparition de One-Ten, le principal supérieur de Steed durant les saison 1 et 2.

o Quand Richard Marling montre un aigle en céramique à sa femme (7’18’’), on remarque un carton de vodka Smirnoff en arrière plan.

o One-Ten confie à Steed un document intitulé « Form » pour qu’il puisse se documenter sur les céramiques, et passer pour un expert en 24 heures ! Sixth Form étant la période de fin de collège en Angleterre (de 16 à 18 ans), juste avant l’Université, on peut se demander s’il ne s’agit pas tout simplement d’un ouvrage scolaire !

o Le statut de Cathy Gale ne semble pas toujours très clair : One-Ten manifeste ici de la défiance envers celle qu’il appelle « amateur » (en français dans le texte), alors que lui-même l’envoie comme couverture de Steed dans son périple sud-américain de Missive de mort. Cela paraît pour le moins contradictoire !

o L’épisode Les marchands de peur (saison 5) mettra également en scène des fabricants de céramiques.

o James Mitchell (1926-2002) a écrit cinq épisodes : Death on the sleepway, Kill the King (saison 1), L’argile immortelle, L’école des traîtres (saison 2) et L’homme aux deux visages (saison 3). Il a également participé à d’autres séries (Z Cars, Callan…)

o Richmond Harding (1923) a réalisé en tout sept épisodes, exclusivement au cours cette saison 2. Mort en vol a dû être son coup d’essai, car il de montrera souvent plus inspiré ! (Mr Nounours, Mauritius Penny, Un traître à Zebra, L’argile immortelle, La naine blanche et Six mains sur la table). Même si sa mise en scène restera toujours de facture classique, ces épisodes comptent souvent parmi les meilleurs de la saison !

 

Fiche d'Argile immortelle des sites étrangers :

En anglais

http://theavengers.tv/forever/gale1-16.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/season2/216.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS1-16-ImmortalClay.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale17.htm