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NEIGE BRÛLANTE

( HOT SNOW )

Tournage : décembre 1960

Diffusion : ITV, 7 janvier 1961

Scénario : Ray Rigby

Réalisation : Don Leaver

Philip Stone (Dr. Tredding), Catherine Woodville (Peggy), Godfrey Quigley (Spicer), Murray Melvin (Charlie), Charles Wade (Johnson), Alister Williamson (Det-Sup. Wilson), Moira Redmond (Stella), Astor Sklair (Det.-Sgt Rogers), June Monkhouse (Mrs. Simpson), Robert James (Ronnie Vance).

Résumé

Un colis contenant de l’héroïne est déposé par erreur au cabinet du Dr Keel. L’envoi est réceptionné par Peggy, secrétaire et récente fiancée du docteur. Les trafiquants désiraient en fait transmettre la drogue à un autre cabinet médical. Ils viennent récupérer l’héroïne et assassinent Peggy pour l’empêcher de témoigner. Ivre de douleur et constatant l’inefficacité de la police, Keel décide de mener sa propre enquête. Il va recevoir l’aide inattendue d’un dénommé John Steed, mystérieux agent secret s’intéressant également à ce gang. Faisant équipe, ils parviennent à démanteler le réseau dont le chef, Vance, arrive cependant à leur échapper.


CRITIQUES


Estuaire44 14 septembre 2008

C’est avec une réelle émotion que l’on découvre ces premiers pas d’une série appelée à s’inscrire parmi les meilleures et les plus excitantes jamais réalisées. Tout paraît ici différent des Avengers que nous connaissons : l’intrigue s’inscrit résolument dans le réel et demeure une histoire policière des plus classiques, sans aucun élément de fantaisie. De plus Steed reste absent, son entrée en scène demeure encore mystérieuse…

Malgré tout, certaines des qualités premières des Avengers répondent déjà à l’appel : une grande qualité d’écriture, jointe à une mise en scène dynamique. En effet le récit apparaît nerveux à souhait, dépourvu des temps morts qui deviendront si nombreux au cours de la saison 2... Un véritable suspense s’installe lors de la visite de Spicer et ne se dément pas par la suite. La mise en place de la situation et des personnages se déroule tout naturellement, avec une grande fluidité. La convergence vers le terrible cliffhanger de fin d’acte s’effectue avec une inexorable efficacité, et on demeure fort dépité de ne pas découvrir la suite.

La réalisation de Don Leaver s’impose avec brio, grâce à une caméra élégamment mobile, des plans judicieusement élaborés et d’étonnantes trouvailles de mise en scène, comme la découverte des semelles du gangster, la mise en scène faisant très James Bond avant l'heure du « Grand homme », ou encore la vue par la lunette du fusil. L’épisode s’offre également le luxe de débuter par une scène en extérieur, alors que celles-ci demeureront rares jusqu’à l’ère Emma Peel. Un joli récital, donnant beaucoup de vie et de tonus à l’épisode. La qualité de l’image et du son, sans atteindre des sommets, semble plus correcte que durant les saisons 2 et 3, sans doute du fait de travail de restauration. Voici qui ouvre des perspectives !

Si l’on ne découvre pas encore Patrick Macnee en ce matin des Avengers, c’est avec un vif plaisir que l’on rencontre un Ian Hendry confondant de finesse de jeu. En quelques touches il crée un personnage captant d’emblée l’attention, dynamique et à la forte présence. C’est bien volontiers que l'on aurait suivi ses aventures tout au long de cette saison. La comparaison avec le Docteur King, du début de la saison 2, fait peine à voir pour ce dernier… La grande qualité de l’interprétation de Hendry parachève celle du reste de la distribution. On constate d’ailleurs que la plupart des comédiens présents étaient des artistes reconnus, sinon au fait de leur popularité : la série met toutes les chances de son côté pour son lancement, dans la grande tradition des pilotes. Si les adversaires demeurent classiques, chacun des membres du gang a son cachet et apparaît joliment croqué.

EN BREF : Un parfait lever de rideau pour cette première saison, avec un Ian Hendry déjà impressionnant. Les seuls regrets demeurent la brièveté de l’ensemble et… l’absence de Steed !


 VIDÉO


La premières minute d'une série de légende !

L'assassinat de la fiancée du Dr Keel !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité

o Un effet d’écho trouble le son durant un très bref instant (9’19’’).



Détails

o Le titre Neige brûlante reprend l’expression "neige" désignant en fait l’héroïne.
o Le chef du gang, dont on ne voit pas le visage et qui caresse un chat tout en parlant avec un accent particulier, fait furieusement penser au N°1 du SPECTRE, soit Ernst Stavro Blofeld, l’archi ennemi de James Bond !
o Le tableau présent dans le cabinet du Dr. Tredding est judicieusement choisi : il s’agit en effet de La leçon d’anatomie du Docteur Tulp, de Rembrandt (1632). Le peintre a immortalisé l’unique leçon publique donnée annuellement par la corporation des chirurgiens d’Amsterdam.

  

o Le générique montre des images de Steed et Keel en imperméables blancs. À ce propos Macnee déclare dans ses mémoires : « Notre garde-robe se composait alors, en tout et pour tout, d’un vieil imperméable miteux. Quand nous escaladions les murs, Ian et moi, pour nous cacher dans les ruelles de Soho, nous ressemblions certainement plus à deux vieillards crasseux qui tentaient d’échapper à la police après avoir piqué la caisse dans une boite de strip-tease, qu’à des justiciers en train de pourchasser des criminels »

Acteurs – Actrices
o Philip Stone (1934-2003) apparaît également dans l’épisode Brought to book, cette même saison. Il fut un acteur régulier de Stanley Kubrick, pour lequel il participa à pas moins de trois films : Orange mécanique (1971), Barry Lyndon (1975) et Shining (1980). Il participa également à Opération Tonnerre et fut la voix de Théoden de Rohan dans le dessin animé tiré du Seigneur des Anneaux. Il fut également aperçu dans de nombreuses séries (Le Saint, Z Cars, Jason King…).

o Godfrey Quigley (1923-1994) est apparu dans deux autres épisodes : Brought to book (saison 1) et L’éléphant blanc (saison 3). Cet acteur irlandais connu une belle carrière au théâtre ainsi qu’au cinéma où il a notamment participé, à l’image de Philip Stone, à deux films de Kubrick : Orange mécanique (1971) et Barry Lindon (1974). Il fut également une figure familière des séries britanniques : Le Saint, Z Cars, Les Champions… Il décéda de la maladie d’Alzheimer.

o Murray Melvin (1932) est une importante figure du théâtre anglais. Il remporta la Palme du meilleur acteur au Festival de Cannes de 1961 pour son rôle dans A taste of honey, soit l’année du lancement des Avengers. Il tint également le rôle récurrent de Caravaggio dans Starhunter (2000-2003). Encore actif, il participe en 2007 à Torchwood, la série dérivée de Doctor Who.

o Allister Willamson (1918-1999), apparu également dans Le mort vivant (saison 5), connut une grande popularité durant les années 60 et 70 dans les films et séries britanniques, du fait de son embonpoint et de sa personnalité haute en couleurs. Il se spécialisa dans les productions policières (Police Surgeon, Z Cars, Detective, Le Saint, Adam Adamant lives !…) mais aussi d’épouvante. Il fut ainsi une figure régulière des films de la Hammer, où il donna la réplique à Christopher Lee et Vincent Price (The Oblong Box, 1969).

o Moira Redmond (1928-2006) participa également à l’épisode Kill The King, cette même saison. Issue d’une grande famille de comédiens et de metteurs en scène de théâtre, elle connut une belle carrière sur les planches, et, avec Ian McKellen, fut à l’origine de l’Actor’s Company. Dans les années 60 et 70 elle fut très demandée également à la télévision, notamment dans les reconstitutions historiques de prestige de la BBC.

o Robert James (1924-2004) participe également à la suite de l’épisode, Brought to book, mais aussi à Mort à la carte (saison 3), Faites de beaux rêves (saison 4), et à Clowneries (saison 6). Il était un acteur écossais talentueux qui a œuvré pendant cinq décennies, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Il faisait autorité dans la profession... Il a fait une apparition remarquée dans Dr Who et a tourné dans Les Professionnels et Taggart. Il est décédé de la maladie d'Alzheimer.

o Coral Atkins a joué dans Dixon of Dock Green.

o Catherine (ou Katherine) Woodville (1938) a également participé à l’épisode Combustible 23, (saison 2). Elle a de plus joué dans de nombreuses séries durant les années 60 et 70 (Z Cars, Destination Danger, Star Trek, Wonder Woman…). Après s’être retirée à la fin des années 70, elle a créé un vaste haras avec succès. Mais elle demeure surtout connue pour avoir été la seconde épouse de Patrick Macnee, de 1965 à 1969. Dans ses mémoires, Macnee raconte son coup de foudre pour cette jeune femme lui rappelant Vivien Leigh, qu’il avait connu avant-guerre (il dira plus loin la même chose de Linda Thorson…). Il lui achète d’ailleurs son premier cheval avec les cachets de la série. Il explique l’échec de leur relation, conclue par un divorce, par la différence d’âge (dix-sept ans) et son accaparement par les Avengers. « Kate » fut également une candidate malheureuse à la succession d’Honor Blackman.

À noter que…
o Pour l'édition Optimum sortie en 2009 au Royaume-Uni, un commentaire audio de cet épisode a été fait avec Leonard White, producteur.

o Notes édition DVD Optimum:

A noter un défaut lors du lancement de Neige brûlante, où l’on se retrouve sur des images de Passage à tabac. L’épisode débute ensuite. Le DVD a la bonne idée de conclure l’épisode par un résumé écrit des évènements, succédant à la première partie conservée.

Les suppléments comportent par ailleurs une présentation de Police Surgeon, ainsi que le pilote de cette série, Easy money.

On trouve également des photos des différents épisodes de cette première saison (où Steed arbore déjà à l’occasion parapluie et chapeau melon), mais aussi des textes écrits (scripts articles de presse). Il en ira de même pour la quasi-totalité des épisodes du coffret.

Livret

Inséré dans ce premier coffret (saisons 1 et 2) se trouve un superbe guide papier des épisodes de la saison 1. Il se décompose en une présentation synthétique de chacun (distribution, auteur metteur en scène, résumé), accompagnée d’une quantité impressionnante de photos et d’articles de presse de l’époque. Un petit bijou, avivant cependant le regret de l’absence de la majeure partie de ces épisodes, car on n’aura jamais eu autant l’impression de les toucher du bout des doigts. Parmi les informations contenues dans les textes figurent notamment les suivantes.

Peu avant la diffusion d’Hot Snow, un article souligne la similitude du Dr Keel avec le rôle déjà tenu par Ian Hendry dans Police Surgeon, le Dr Brent. L’absence de relation avec la police apporte cependant une nouveauté, la croisade solitaire de Keel contre le mal s’avérant un concept très porteur. Ian Hendry estime que Keel est plus intéressant à jouer que Bent, par son mélange de dureté et de compassion. Sa connexion personnelle avec le drame initial le rend plus dur et suscite d’avantage d’action. L’intérêt du personnage et des scénarios l’ont convaincu, alors qu’au départ il n’avait pas envie de jouer de nouveau un médecin. Leonard White confirme avoir donné instruction au pool d’auteurs (où figure déjà Brian Clemens) de mettre l’accent sur l’action mais aussi sur la recherche d’endroits originaux, évitant autant que possible les clichés.

 Un certain Patrick Macnee, 38 ans, ancien d’Eton, interpètera un mystérieux individu aidant le docteur. Le jovial Macnee est de retour d’un séjour à Hollywood et au Canada et son personnage est destiné à contrebalancer l’idéalisme de Keel. Macnee confie que son alter ego sera un prédateur (A wolf with the women) ne reculant devant aucun moyen pour parvenir à ses fins. Quoique travaillant indirectement avec les policiers, il n’est guère populaire chez eux. Le seul personnage féminin récurrent sera tenu par Ingrid Hafner (23 ans), qui servait déjà d’assistante infirmière à Hendry dans Police Surgeon. Le journaliste peut cependant déjà affirmer que les filles glamour ne manqueront pas, invitées pour un seul épisode.

Dans deux articles écrits durant la diffusion de cette première saison, Patrick Macnee indique à un journaliste qu’il désire revenir à sa maison de Malibu, même si aucun travail ne l’attend aux Etats Unis. Il éprouve de la nostalgie pour la Californie ensoleillée. Il avoue avoir été nomade toute sa vie, estimant que découvrir de nouveaux endroits et de nouvelles personnes est plus important que l’argent. Il apprécie cependant de travailler sur les Avengers, car les producteurs ne craignent pas d’y insuffler de l’humour. Macnee avoue également qu’il existe de nombreuses similitudes entre lui et Steed : bonnes manières, éducation anglaise et goût pour l’aventure. Il évoque également plusieurs éléments de sa biographie, que l’on peut d’ailleurs retrouver dans ses mémoires.

o En son début, la série s’inscrit totalement dans le réel, bien loin de la fantaisie qui dominera sous la direction de Brian Clemens. C’est ainsi que, lors de l’assassinat de Peggy, on voit distinctement du sang sur les mains de Keel, ce qui deviendra totalement proscrit par la suite.
o La quête de vengeance du Docteur Keel donnera son titre à la série : The Avengers [Les Vengeurs].

o La musique du générique, de Johnny Dankworth, restera la même, très légèrement réorchestrée, durant les saisons 2 et 3.

o Ces 20 minutes, correspondant au premier acte de l’épisode, furent retrouvées aux États-Unis, en 2002. Cette décomposition en trois actes et accentuant parfois l’impression de théâtre filmé donnée par les épisodes de l’époque, structurera la série jusqu’à la fin de la période Cathy Gale.

o Don Leaver (1929) mettra en scène 20 épisodes des Avengers, majoritairement dans les saisons 1 (10 épisodes) et 2. Ses réalisations se révéleront souvent atones et assez plates, à la considérable exception du fameux L’héritage diabolique (saison 4). Il a l’habitude de travailler avec Ian Hendry, ayant également réalisé sept épisodes de Police Surgeon.

o Ray Rigby verra sa participation aux Avengers se limiter à l’écriture d’un autre épisode de la saison 1, Brought to book. Ayant également participé à Armchair theatre, il demeure principalement connu pour le scénario de La Colline des hommes perdus (1965), avec Sean Connery mais aussi Ian Hendry. Pour ce film décrivant les camps disciplinaires de l’armée britannique, il utilisera ses souvenirs personnels de la Seconde Guerre Mondiale, pendant laquelle il y séjourna. Il remporta grâce à ce film le prix du meilleur scénario du Festival de Cannes de 1965.

Fiche du Neige brûlante des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/keel-1.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/keel/101.html

http://deadline.theavengers.tv/keel-001-hotsnow.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/keel02.htm